OZAL ELU PRESIDENT MALGRE LE REFUS POPULAIRE
C'est au cours d'un nouveau
"show" à la turque qu'est intervenue, le 31 octobre dernier, l'élection
de Turgut Özal à la "Présidence de la République". L'ancien premier
ministre a été élu lors d'un scrutin boycotté par l'opposition. Turgut
Özal a été élevé à la Présidence non pas par la volonté des citoyens
turcs mais bien par celle du groupe parlementaire de son parti.
Lors des deux scrutins
parlementaires précédents qui avaient eu lieu les 20 et 24 octobre 1989
et ce toujours en l'absence des deux partis de l'opposition, il n'avait
pas réussi à réunir les 300 voix —sur 450— nécessaire à son élection.
Dès lors, c'est au 3ème tour qu'il a été élu puisque seule la majorité
simple est requise et que son groupe parlementaire lui en a fourni 263.
Özal, âgé de 62 ans, succède au
Général Evren, auteur du coup d'Etat de 1980. Il est le huitième
président de la République et seulement le deuxième n'ayant pas une
carrière militaire. Lors d'une courte allocution prononcée devant un
hémicycle à moitié vide, il a qualifié son élection de "victoire pour
la démocratie".
Bien que le départ du Général
Evren puisse être interprété comme un progrès vers la démilitarisation
du régime, la constitution de 1982 édictée par le pouvoir militaire
reste en vigueur et les institutions qu'elle a mises sur pied telle que
le Conseil de Sûreté Nationale, dominé par le chef d'Etat-major et les
commandants des forces militaires, continue d'exister. Par conséquent,
il est fort improbable que l'armée cesse de jouer le rôle de chien de
garde du régime qu'elle a tenu jusqu'à présent.
Ainsi, avant que les élections
présidentielles n'aient eu lieu, des rumeurs circulaient quant à un
éventuel nouveau coup d'Etat militaire au cas où les forces armées
n'auraient pas été satisfaites du résultat électoral.
Özal, homme sur-le-champ de l'IMF
et de la Banque mondiale, a toujours été le favori des militaires.
Après le coup d'Etat de 1980, alors que Demirel, premier ministre
déchu, était envoyé en prison, Özal était désigné par la junte comme
vice-premier ministre du gouvernement militaire.
C'est le même homme qui dirige le
pays depuis 1983, année où il a été désigné par le Général Evren comme
premier ministre et ce, toujours en étroite collaboration avec le
Conseil de Sûreté Nationale.
Un président de la République
impopulaire
Tous les leaders de l'opposition
ont décrit l'élection d'Özal comme "une erreur historique" et "une
prise de possession par la force". Bien que son parti dispose de 285
sièges sur 450 à l'Assemblée nationale, cette majorité parlementaire ne
représente en aucun cas la majorité de la population. Alors que le
score électoral de son parti était de 46% en 1983, il est tombé à 36%
des voix en 1987 pour plafonner à moins de 22% lors des élections
locales qui ont eu lieu cette année. De plus, selon les sondages
d'opinion, plus de 80% de la population était opposée à élection d'Özal
à la présidence de la République.
Quant à sa représentation
parlementaire actuelle, le parti de la Mère-patrie (ANAP) dispose de
67% des sièges alors qu'il avait obtenu 36% des voix lors des
législatives des 1987 et ce, grâce à un changement de la loi électoral
effectué en dernière minute.
En fait, la popularité d'Özal
chute depuis sa première victoire électorale en 1983. Alors qu'il avait
promis un miracle économique. le miracle s'est volatilisé ne laissant
qu'une inflation galopante et un niveau de vie de plus en plus bas. Le
coût de la vie a accusé une augmentation de 1000% durant la période de
six ans d'Özal.
Alors qu'Özal affirme que "la
Turquie prendra place parmi les dix nations occidentales les plus
avancées dans le 21ème siècle", de mauvais signes tels qu'un budget
largement déficitaire, un service à la dette énorme, des exportations
en chute libre ou encore un taux de croissance économique stagnant font
leur apparition.
En ce qui concerne le respect des
droits de l'homme, le bilan des six ans de pouvoir exercés par Özal
n'est pas plus brillant. Le jour de son élection à la présidence,
Amnesty International publiait un nouveau rapport dans lequel elle
annonçait qu'au moins dix personnes étaient mortes en Turquie en 1989
des suites des tortures qui leur ont été infligées, alors qu'elles se
trouvaient en détention préventive. AI poursuit en estimant que plus de
500 prisonniers politiques ont subi des sévices physiques et mentaux au
cours de cette année (Voir le rapport d'Amnesty International dans les
pages suivantes).
Erdal Inönü, leader du parti
social démocrate populiste (SHP) a déclaré: "Nous allons voir comment
on va pouvoir imposer un président en dépit de la volonté populaire".
Quant à Süleyman Demirel,
président du Parti de la Juste Voie (DYP), il a dénoncé le fait qu'Özal
ait été élu "non pas par le Parlement, mais par le groupe parlementaire
du parti au pouvoir." Il a continué en ajoutant: "Ce n'est pas parce
qu'elle a été mise devant un fait accompli que la nation va accepter à
sa tête, un président dont elle n'avait même pas voulu comme premier
ministre".
Mais le poids de l'argumentation
des partis de l'opposition a été hypothéqué par leur incapacité à
s'opposer de manière crédible à l'élection d'Özal. Les
parlementaires du SHP s'étaient engagés à démissionner en masse au cas
où cette nomination interviendrait, mais ils se sont rétractés
maladroitement juste avant le 3ème tour.
Lors de son septennat à venir,
Özal va sans nul doute essayer de rétablir sa popularité personnelle
ainsi que celle de son parti et ce malgré l'obligation faite au
président par la constitution de se cantonner dans un apolitisme de
circonstance. Cependant Özal a déjà annoncé qu'il ne desserrera pas ses
liens avec le gouvernement ou avec l'ANAP. Ses préférences quant à son
successeur au poste de premier ministre et à la présidence de l'ANAP
indiqueront de quelle ampleur sera le contrôle qu'il exercera sur
le gouvernement.
Un islamiste à la tête de l'Etat
Mais ce qui importe le plus est
le fait qu'il a ouvertement déclaré qu'il n'allait pas tenir compte de
la laïcité pendant sa Présidence. Traditionnellement, depuis Kemal
Atatürk, aucun président de la République n'a jamais participé à des
prières publiques. Or, un des premiers gestes d'Özal, après qu'il avait
été élu à la présidence, a été de se rendre à la Prière du Vendredi à
la plus grande mosquée de la Capitale et de prier au milieu de la
foule. Il a déclaré qu'il en sera de même chaque vendredi après qu'il
aura officiellement pris la succession du général Evren au poste de
président le 9 novembre 1989.
Ses relations avec les cercles
islamistes et plus particulièrement avec le fondamentalisme saoudien
sont connues depuis sa première apparition en tant que personnalité
publique en Turquie (Voir Intégrisme islamique et l'immigration,
Info-Türk, 1987).
Özal, en tant que premier
ministre, a souvent été la cible des humoristes et des caricaturistes,
qu'il n'a pas hésité à poursuivre lorsqu'il estimait avoir été insulté
ainsi que les membres de sa famille. Ses avocats ont intenté 26 fois
des poursuites dont 17 contre des journalistes. Le montant total des
dommages intérêts qu'ils ont été amenés à demander est d'un milliard de
LT (500.000 dollars). La veille de l'élection d'Özal à la présidence,
ils intentaient un procès de diffamation contre le quotidien
Hürriyet et réclamaient 70 million de LT (35.000 dollars).
En tant que président de la
République, Özal ne sera plus obligé de poursuivre en diffamation les
gens qui le critiquent. Légalement, ce sont les procureurs de la
République qui s'occuperont d'ouvrir les procès. En vertu de l'article
158 du Code pénal turc, quiconque insulte le Président de la République
sera condamné à une peine de prison d'au moins trois ans.
cerceve
UN AVENIR DIFFICILE POUR EVREN
Deux semaines avant le 7ème
anniversaire de son entrée en fonction, le Général Evren disait "Il y a
certaines personnes qui ne m'aiment pas" aux journalistes massés devant
sa nouvelle maison à Marmaris au bord de la mère Egée. Il a poursuivi
en leur confiant qu'il comptait y rester jusqu'à l'automne 1990 après
quoi, il compte passer les hivers à Istanbul.
Bien que le président sortant
aspire à vivre des jours tranquilles, ses victimes ne semblent pas
prêtes à accorder ce luxe. Ses neuf ans de pouvoir, deux en tant que
chef de la junte militaire et sept en tant que "Président de la
République", lui ont attiré de nombreuses inimités.
Ainsi, l'humoriste turc bien
connu Aziz Nesin, qui avait organisé la pétition des intellectuels en
1983, a déclaré qu'il était décidé à entamer des poursuites contre
Evren pour ses commentaires, émis au sujet des signataires.
La tentative précédente de Nesin
de poursuivre Evren a été refusée par les tribunaux turcs. Il avait
même déposé une plainte auprès de la Commission Européenne des Droits
de l'Homme, mais le cas avait été ajourné sous prétexte que la plainte
avait été introduite devant la Commission avant que l'Etat turc n'ait
accordé à ses citoyens le droit de s'adresser à la Commission.
Maintenant qu'Evren ne bénéficie
plus de l'immunité présidentielle, Nesin est certain que les cours
donneront suite à sa plainte. Il a estimé que "d'autres poursuites
doivent être ouvertes contre Evren parce qu'il a été l'architecte en
chef du Coup d'Etat. Elles doivent être menées de telle façon qu'aucun
autre général ne trouve à l'avenir, le courage de se livrer à un coup
d'Etat militaire."
Craignant sans doute des
représailles plus radicales, Evren a fait entourer sa maison de
Marmaris d'un système électronique de sécurité et s'est assuré les
services de trois équipes de sécurité différentes pour la garder.
AMNESTY INTERNATIONAL ACCUSE L'ADMINISTRATION OZAL
En octobre 1989, Amnesty
International a publié un nouveau rapport sur la torture et les procès
irréguliers de prisonniers politiques, basé sur des cas se situant sur
une période d'un an, entre août 1988 et août 1989.
Selon ce rapport, au moins 500
prisonniers politiques ait été torturés par la police lors de leur
détention préventive. Il estime que dix personnes sont décédées suite à
de tels traitements. Il continue comme suit: "Il y a maintenant plus de
cinq ans que la Turquie connaît à nouveau un régime civil, instauré en
novembre 1983, et ce après 3 ans de régime militaire. Amnesty
International n'a observé aucun changement fondamental sur le plan du
respect des droits de l'homme en Turquie. Le principal sujet de
préoccupation de l'organisation réside en l'utilisation systématique de
la torture qui cause, dans certains cas, le décès de la victime.
"Amnesty International estime que
la nature systématique de la torture en Turquie peut être déduite des
faits suivants:
"1. Le nombre des cas présumés de
torture (lors des huit derniers mois, AI a reçu, à lui seul, des
centaines d'allégations en plus de rapports selon lesquels des
prisonniers sont morts en détention des suites des mauvais traitements
qu'ils ont subis);
"2. Ce sont presque toujours les
mêmes méthodes que les prisonniers décrivent à savoir passage à tabac
de prisonniers nus et dont les yeux sont bandés, les coups sont surtout
concentrés sur la plante des pieds, arrosage avec de l'eau glacée et
application de chocs électriques;
"3. Les confessions arrachées aux
détenus par la torture, sont souvent utilisées comme preuve maîtresse
lors de leur procès politique devant des cours militaires et des cours
de Sûreté de l'Etat;
"4. La mauvaise volonté du
gouvernement turc à prendre les mesures nécessaires pour faire cesser
de telles pratiques, à savoir, par exemple, de permettre aux
prisonniers de communiquer rapidement avec leurs avocats, leurs parents
et des médecins.
"Amnesty International continue à
se sentir concerné par la détention des prisonniers de conscience et
par l'application de la peine de mort en Turquie. Cependant, cette
étude ne concerne que la torture infligée aux prisonniers politiques et
prouve que les aveux arrachés sous la torture contribuent au déni du
droit à un procès équitable des prisonniers politiques en Turquie".
Décès récents en détention
"Mehmet Yalcinkaya, condamné pour
appartenir au PKK, et Hüseyin Hüsnü Eroglu, inculpé pour la même
accusation, sont décédés le 2 août dernier. Ils avaient entamé une
grève de la faim à la fin du mois de juin à la prison d'Eskisehir. Le
35ème jour de cette grève, ils avaient été transférés ainsi que 257
autres détenus, à la prison d'Aydin. Lorsqu'ils avaient atteint cette
destination après 15 heures de voyage, ils avaient été passés à tabac
et douchés à l'eau glacée. Le Procureur de la République d'Aydin a
annoncé qu'une autopsie a montré que les deux prisonniers sont morts de
déshydratation. Une seconde autopsie pratiquée sur le corps de Hüseyin
Hüsnü Eroglu a montré que le corps portait la trace de multiples
contusions.
"Un autre cas de mort récente,
est survenue le 18 juillet 1989. Seyhmus Orhan, du village de Yoncali
près de Hakkari, est décédé suite à un interrogatoire mené par les
forces de sécurité. Le 18 juillet, un groupe de soldats dont les
véhicules étaient tombés en panne se sont rendus au village de Yoncali,
à la recherche de membres de la guérilla kurde qui avaient été signalés
dans la région. Des villageois se sont enfuis des champs où ils
travaillaient lorsqu'ils ont entendu des coup de feu. Deux d'entre eux,
Bunyamin et Sabri Orhan ont été abattus, mais au moins six villageois
se sont rendus peu de temps après, Seyhmus Orhan en faisait partie.
"Ils ont été transportés par
hélicoptère au commandement du 118ème régiment de Gendarmerie, le
lendemain Seyhmus Orhan était mort. Selon la version officielle, il a
été abattu alors qu'il essayait de s'échapper. Par contre les
villageois disent qu'il est mort des suites des tortures qui lui ont
été infligées et qu'après il a été tué par balle. Les cinq autres
villageois affirment avoir aussi été torturés et ont dû être soignés à
l'hôpital.
"Il est difficile de réunir des
informations sur la situation dans la partie sud-est de la Turquie où
on sait qu'il y a eu de violents affrontements opposant la guérilla
kurde et les forces de sécurité turques et ce depuis août 1984.
Parfois, des faits sont connus des années après qu'ils aient eu lieu.
En février 1989, les médias turcs et internationaux ont rapporté la
découverte d'une fosse commune à Siirt. Près de 60 corps semblent avoir
été enterrés dans cette fosse surnommée la Rivière des Bouchers
(Kasaplar Deresi) mais les premiers rapports ne livraient que huit
noms. La presse turque a publié, plus tard, 18 autres noms.
"Amnesty International continue à
se préoccuper du fait que le gouvernement turc ne fournisse aucune
explication satisfaisante au sujet de près de 170 cas de morts en
détention échelonnés sur ces 10 dernières années ainsi que du fait
qu'elles semblent être intervenues consécutivement à des pratiques de
torture. L'organisation pense que la plupart de ces cas n'ont jamais
été sérieusement étudiés lors d'une enquête. Elle presse le
gouvernement d'ordonner que des enquêtes impartiales aient lieu dans
tous les cas où les causes du décès ne sont pas claires.
Mauvais traitement dans les
prisons
"Dans la plupart des cas, ce sont
des policiers qui infligent des tortures et ce dans les postes de
police et les centres de détention, mais Amnesty International a
également reçu des récits détaillés de tortures qui ont été infligées
dans des prisons civiles et militaires.
"En septembre et octobre 1988,
Amnesty International a reçu des témoignages de prisonniers politiques
concernant les prisons de Gaziantep, Bursa et Sagmalcilar. Ils ont été
suivis par une vague de grèves de la faim qui a duré jusqu'au début du
mois de décembre 1988.
Des procès irréguliers
"Malgré le fait que la loi
martiale ait été levée en juillet 1987, on dénombrait encore des procès
menés par des cours militaires en août 1989. Depuis mai 1984, des cours
spéciales, connues sous l'appellation de Cours de Sûreté de l'Etat, ont
été établies dans huit villes de Turquie. Cependant, ces cours n'ont
commencé à fonctionner qu'après la levée de la loi martiale dans les
zones soumises à leur juridiction. Ainsi, la Cour de Sûreté de l'Etat
de Diyarbakir a seulement été opérationnelle à partir de juillet 1987.
Ces cours traitent des cas impliquant des délits politiques commis
après le 1er mai 1984. Leur compétence qui fait l'objet de l'article
143 de la constitution de 1982 comprend les crimes contre l'Etat et les
délits ayant des répercussions sur la sûreté interne et externe de
l'Etat.
"Les cours ont remplacé les cours
militaires et s'occupent des délits politiques. Elles semblent avoir
été influencées par le système judiciaire militaire. Les juges qui y
officient sont, pour la plupart, des magistrats qui exercaient dans les
anciennes cours militaires. De plus, un des trois juges qui les
composent doit obligatoirement être un magistrat militaire du premier
rang.
Recommandations d'Amnesty
International
"Amnesty International a, à
plusieurs reprises, pressé le gouvernement turc de prendre les mesures
nécessaires à la prévention de la torture. Les projets d'amendements au
Code de procédure criminel turc annoncés par le Conseil des ministres
en septembre dernier sont loin au-dessous des standards internationaux
ainsi que des recommandations d'AI au gouvernement turc quant à la
prévention de la torture. Elle comprennent l'obligation de faire
paraître promptement tous les détenus devant une autorité judiciaire,
de leur permettre de communiquer rapidement avec leurs avocats mais
aussi avec des médecins ainsi que leurs parents, et enfin, de s'assurer
que les prisonniers en détention préventive aient l'occasion de
s'entretenir avec un conseiller légal. De plus, Amnesty International a
demandé au gouvernement turc d'élaborer au plus vite une procédure qui
permettra l'examen de chaque allégation de torture par une institution
indépendante de la police et du bureau du Procureur.
"Amnesty International demande
expressément au gouvernement turc d'assurer des procès réguliers et
rapides aux détenus politiques et ce, si nécessaire, par le biais de
l'amendement au code de procédure criminelle turc. L'organisation
presse le gouvernement turc d'appliquer tous les standards
internationaux actuellement en cours en ce qui concerne les procès des
prisonniers politiques, en particulier:
"1. de s'assurer que les aveux
obtenus sous la torture ne soient pas utilisés lors des poursuites;
"2. de s'assurer que tous les
détenus bénéficient de toutes les facilités possibles lors de leurs
conversations avec leurs avocats et en particulier que celles-ci soient
à caractère privé.
"3. de rendre les Cours
responsables du fait que les défendeurs aient en tout le temps
nécessaire ainsi que toutes les facilités possibles afin de préparer
leur défense.
"4. de s'assurer que les
prisonniers politiques soient jugés par une cour compétente,
indépendante et impartiale."
PROTESTATIONS DANS LES UNIVERSITES
Au début du mois d'octobre
dernier, les universités turques ont débuté leur nouvelle année
académique dans un contexte marqué de manifestations estudiantines.
Le premier ministre Turgut Özal a
prononcé un discours à l'université technique du Moyen-orient (ODTU)
devant quelque 50 étudiants, dans une salle pouvant facilement
accueillir 300. Le vide était cependant comblé largement par les
professeurs et des policiers. Ces derniers ont empêché un groupe
d'étudiants d'entrer dans la salle durant le discours d'Özal et les
forces de sécurité en ont arrêté une vingtaine dont un a dû être
transporté à l'hôpital après avoir été brutalisé.
Pour s'opposer à l'ouverture
officielle de l'année académique, des associations d'étudiants
d'Istanbul et d'Ankara l'ont célébrée en organisant des cérémonies qui
comprenaient des concerts de musique folklorique. Elles ont déclaré:
"Les autorités académiques ont choisi un étudiant pour prononcer un
discours sur le soi-disant développement des universités en Turquie et
cela, sans mentionner les problèmes multi-dimensionelles ainsi que les
enquêtes et punitions disciplinaires auxquels les étudiants doivent
faire face pour avoir violé les règlements édictés par le haut Conseil
de l'éducation (YOK). Notre cérémonie qui reflète notre nouvel état
d'esprit ainsi que notre nouvelle énergie a pour but de faire connaître
les problèmes des étudiants et d'en appeler à tous pour leurs trouver
une solution".
LES TOURMENTS DE JEUNES LYCEENS
Le lycéen âgé de 15 ans, Melih
Calaylioglu, a finalement été lavé de l'accusation de s'être livré à de
la propagande communiste. Le 10 octobre dernier, la Cour d'Izmir a
décidé que les charges retenues contre lui n'étaient pas suffisantes
pour prouver sa culpabilité. Cette décision a mis fin à l'un des procès
les plus controversés de l'histoire turque. A l'écoute du verdict, le
jeune lycéen s'est évanoui et a remercié ses juges aussitôt qu'il est
revenu à lui.
Ses problèmes avaient débuté le
19 octobre 1988 lorsque le principal du lycée de Esrefpasa, Turan
Baysal, avait informé le Procureur local que Calaylioglu se livrait à
de la propagande communiste à l'école en dessinant des symboles
communistes sur les pupitres et dans les cahiers et en prêchant les
idées communistes dans ses conversations avec les autres élèves. La
police politique d'Izmir l'avait alors arrêté et il était alors resté
87 jours derrière les barreaux. Au même moment, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Izmir entamait des poursuites contre lui et le procureur de la
République requérait 15 ans de prison.
En décembre 1988, Calaylioglu
était relâché et envoyé à Istanbul pour y subir un examen psychiatrique
au centre de médecine légale. Il y est resté "au secret" pendant trois
jours durant lesquels un groupe de médecins le maintenait constamment
en observations dans le but de déterminer s'il était responsable et
apte à être traduit en justice. Le rapport des médecins, adressé à la
Cour d'Izmir, stipulait que le jeune homme n'était atteint d'aucune
forme de débilité mentale susceptible de l'exemption de punition.
Toutefois, il soulignait que les différences culturelles existant entre
la Turquie et la RFA où il avait été élevé ainsi que ses problèmes
familiaux devaient être pris en considération lors de son procès.
La Cour n'a pas tenu compte du
rapport médico-légal, estimant qu'il était ambigu et a renvoyé
Calaylioglu à Istanbul pour y être à nouveau examiné. Le second rapport
ainsi obtenu déclarait que Calaylioglu était parfaitement justiciable.
Au début de l'année scolaire, le
gouverneur d'Izmir, M. Ayaz, a intercédé en la faveur de Calaylioglu et
lui a permis d'effectuer une rentrée des classes normales. Mais une
décision du comité disciplinaire du ministre de l'Education d'Ankara
lui interdit aussitôt de suivre les cours à Izmir et lui
"suggérait" de continuer ses études dans un établissement situé lors de
la ville.
Le cas Calaylioglu a été débattu
jusque devant l'Assemblée Nationale où deux députés de l'opposition ont
critiqué le traitement appliqué au lycéen par le ministère de
l'Education.
D'autre jeunes victimes de la
persécution
Bien que Melih Calaylioglu ait
été acquitté, d'autres sont encore soumis à des pratiques répressives
dans le pays.
Le 11 septembre dernier, à
Diyarbakir, un adolescent de 11 ans, a fait l'objet de poursuites
entamées par le Procureur de la République pour avoir présenté une
fleur à la chanteuse Bilgesu Erenus, lors d'un de ses concerts et lui
avoir dit "Je vous offre cette fleur au nom de tous les enfants du
Kurdistan".
Le 13 septembre 1989, 14 enfants
âgés de 8 à 12 ans ont été mis en état d'arrestation pour s'être assis
devant un mur sur lequel figuraient des slogans politiques. Ils ont été
détenus pendant huit jours.
Le 16 octobre 1989, à Denizli, le
procureur de la République a mis en accusation trois lycéens de 13 ans
—O.O., A.C. et O.A— pour avoir peint sur un mur le nom d'un
organisation politique clandestine. Chacun d'eux est passible d'une
peine de prison allant jusqu'à 2 ans.
L'hebdomadaire Sokak, du 15
novembre 1989, rapporte que deux étudiants, G.O. et I.A., ont été mis
en accusation à Istanbul pour avoir distribué les tracts d'une
organisation politique interdite. G.O. à été condamné à 5 ans de
prison, quant à I.A., il a été acquitté.
Selon le même magazine, en août
1989, un étudiant, Y.O., a été arrêté à Istanbul pour avoir inscrit des
slogans politiques sur les murs de son école et avoir participé à des
meetings politiques. Son procès est toujours en cours à la Cour de
Sûreté de l'Etat, il risque une peine de prison allant jusqu'à 24 ans.
LA TURQUIE SUR LA LISTE NOIRE
Deux organisations
internationales, Terre des Hommes et Défense internationale des
enfants, ont envoyé aux Nations-Unies des rapports selon lesquels la
Turquie est un des pays où les enfants sont mis en détention et sont
torturés.
Selon ce rapport, la période
moyenne de détention est d'un an et le tiers des enfants détenus sont
soumis à des mauvais traitements et torturés dans des centres
d'interrogatoires ou des maisons de détention. Les deux organisations
avancent l'exemple d'une jeune fille de 16 ans qui a été violée et
torturée pendant 15 jours au quartier général de la police à Istanbul
et maintenue en détention pendant trois mois en 1988.
LE GROUPE YORUM A NOUVEAU ARRETE
Après leur mise en liberté, les
neuf membres du groupe musical Yorum ont à nouveau été arrêtés en même
temps que les 69 personnes qui assistaient à leur concert du 8 octobre
dernier, donné en l'honneur du 20ème anniversaire de Dev-Genç (Jeunesse
révolutionnaire) au théâtre de plein air d'Istanbul. Alors qu'ils
étaient en détention préventive, les membres du groupe ont entamé une
grève de la faim et ont annoncé qu'ils ont été torturés.
Le 12 septembre 1989, les
musiciens avaient été remis en liberté par une Cour Criminelle d'Icel
après avoir purgé 63 jours de prison. Ils avaient été arrêtés à Mersin
alors qu'ils protestaient contre la décision du gouverneur d'interdire
le concert qu'ils devaient donner dans cette ville.
Les musiciens contestataires ont
dit qu'ils avaient subi des sévices durant leur détention et que les
trois membres féminins du groupe avaient subi un examen de virginité.
DES MUSICIENS DANOIS POURSUIVIS
Un groupe musical danois, Savage
Rose, est devenu la cible des poursuites policières après qu'ils aient
donné un concert à Istanbul en guise de soutien au groupe musical
Yorum. Le 17 septembre dernier, la police a attaqué la résidence qu'ils
occupent et l'Association de solidarité avec les familles des
prisonniers (TAYAD).
Deux figures importantes du
groupe danois, Thomas Koppel et Anisette Koppel, ont échappé à
l'arrestation grâce à l'intervention du ministère danois des affaires
étrangères.
PERSECUTION DES MASS MEDIA
Le 5.9, le numéro de septembre du
mensuel Emek a été confisqué sur ordre de la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 6.9, le premier numéro d'une
revue mensuelle, Vatan Günesi, a été confisqué sur ordre de la
Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul, pour avoir publié des articles sur
la question kurde.
Le 10.9, l'éditeur de la maison
d'édition Yurt, M. Unsal Öztürk, a été mis en état d'arrestation par
une cour criminelle d'Ankara pour avoir édité un livre intitulé Les
interrogatoires sans adresses. La Cour a également ordonné la
confiscation du livre.
Le 13.9, le procureur de la
République d'Izmir a entamé des poursuites légales contre le célèbre
chanteur folklorique Ahmet Kaya pour avoir, durant un concert, fait
lever leur poing aux auditeurs et leur avoir fait répéter des slogans
politiques.
Toujours le 13.9, un des prévenus
du procès de Dev-Yol (Voie révolutionnaire), Tayfun Mater, a été
condamné à une peine de prison de 16 mois et 20 jours par la Cour de
Sûreté de l'Etat, pour avoir publié les plaidoiries de la défense dans
un livre intitulé Avant et après le 12 septembre.
Le 18.9, Mademoiselle Gülten
Demir, rédactrice en chef de la revue Devrimci Gençlik a été mise
en état d'arrestation sur ordre de la Cour de Sûreté de l'Etat
d'Istanbul. Dans un communiqué conjoint, les rédacteurs de quatre
autres revues ont protesté contre cette mesure et ont demandé que tous
les gens détenus pour des raisons politiques soient relâchés.
Le 19.9, à Ankara, le professeur
Yalcin Küçük, rédacteur en chef du mensuel Toplumsal Kurtulus a
été mis en détention préventive pour les interviews d'Abdullah Ocalan,
secrétaire général du Parti Ouvrier du Kurdistan (PKK) qu'il a publiées
dans le dernier numéro de la revue. Il a été détenu pendant cinq jours.
Le 20.9, le procureur de la Cour
de Sûreté de l'Etat d'Ankara a ouvert six procès contre le mensuel
Toplumsal Kurtulus, et a mis en accusation le rédacteur en chef
Yalçin Küçük ainsi que l'éditeur responsable Ilhan Akalin pour
propagande communiste et séparatiste.
Le 21.9, à Sivas, Tayip Bay a été
arrêté et mis en accusation par la Cour de Sûreté de l'Etat de Kayseri
pour avoir écouté des cassettes sur lesquelles figuraient des ballades
kurdes.
Le 26.9, Aytaç Varol, éditeur
responsable du mensuel Yönelis a été arrêté par la Cour de Sûreté
de l'Etat d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 27.9, un professeur de l'Ecole
des Aveugles d'Ankara, a été arrêté pour s'être opposé à l'ordre
d'emmener les élèves prier à la mosquée que lui intimait
l'administration de l'école.
Toujours le 27.9, les numéros de
septembre de deux revues mensuelles, Medya Günesi et Yeni
Demokrasi ont été confisqués sur ordre de la Cour de Sûreté de
l'Etat.
Le 28.9, le célèbre chanteur
folklorique, Rahmi Saltuk, a été traduit devant une cour criminelle
d'Istanbul pour sa musi-cassettes intitulée Hoy Nare sur laquelle il a
enregistré deux ballades kurdes.
Le 29.9, Okay Gönensin, éditeur
responsable du quotidien Cumhuriyet, a été traduit devant une
cour criminelle d'Istanbul pour avoir publié des annonces nécrologiques
contenant des expressions à caractère politique. Il risque un
emprisonnement de 6 ans.
Toujours le 29.9, Servet Engin,
éditeur responsable du quotidien Zaman, a été condamné à une
peine de prison d'un an par une cour criminelle d'Ankara pour s'être
livré à de la propagande religieuse. Sa peine a été commuée à une
amende de 855.000 livres turques (près de 400 dollars).
LE RAPPORT PEN SUR LA PRESSE TURQUE
Le Comité des Ecrivains
emprisonnés du PEN International a publié en septembre un rapport
détaillé sur les écrivains et les journalistes victimes de la
répression étatique.
Dix des 62 pages du rapport
concernent la Turquie et contiennent des noms de journalistes et
d'écrivains turcs et kurdes qui sont en prison ou qui attendent d'être
jugés.
D'autre part, le 54ème Congrès du
PEN s'est tenu à Montréal avec la participation de 600 délégués venant
de 62 pays. La Turquie n'y était pas représentée puisque le
gouvernement turc n'a pas encore approuvé l'affiliation du PEN turc.
Le congrès a spécifié dans un
communiqué que la censure gouvernementale devait être abolie en
Turquie, en Afrique du Sud, à Burma et en Roumanie.
L'un des congressistes a présenté
une requête au gouvernement turc pour qu'il libère un écrivain et
éditeur kurde, Recep Marasli, emprisonné en Turquie depuis 1982.
ARRESTATIONS ET PROCES EN SEPTEMBRE
Le neuvième anniversaire du Coup
d'Etat du 12 septembre 1980 à été marqué par une série d'actions de
protestation à travers la Turquie. La police a arrêté 160 personnes à
Istanbul pour avoir manifesté sans autorisation.
Quant aux autres arrestations et
procès de septembre:
Le 11.9, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul a condamné quatre prévenus à des peines de prisons
allant de cinq à huit ans et ce dans le cadre du procès de
l'organisation de Libération de Turquie et du Kurdistan du nord (TKKKO).
Toujours le 11.9, la police a
annoncé l'arrestation de dix militants du Parti Communiste de
Turquie/Union (TKP/B). De plus, une jeune fille a été arrêtée pour
avoir placé des charges explosives dans le Consulat américain
d'Istanbul.
Le 12.9, le procès de cinq
membres dirigeants de l'Association des Droits de l'Homme de Turquie
(IHD) a commencé à la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara. Le Secrétaire
Général de l'IHD, Akin Birdal, ainsi que quatre autres membres du
bureau administratif de l'organisation, Yavuz Onen, Mahmut Tali
Ongoren, Emil Galip Sandalci et Bulent Taner sont accusés d'avoir fait
des déclarations nuisibles à l'intérêt de la nation lors d'un meeting
ayant eu lieu au parlement français à Paris.
Le 27.9, douze membres présumés
de l'Union des Jeunes communistes de Turquie (TGKB) ont été remis en
liberté provisoire, alors que leur procès se poursuit à la Cour de
Sûreté de l'Etat d'Istanbul.
Le 30.9, le Président de
l'Association des Femmes pour la démocratie (DEMKAD) a été mis en état
d'arrestation.
ARRESTATION DE QUATRE CHRETIENS
Le 1er septembre 1989, quatre
citoyens suédois, Urban Thoreli, Nikel Anderson, Illiam Eliakson et
Olaf Dencel Sivenson ont été arrêtés à Mugla. Ils sont accusés de
s'être livrés à de la propagande chrétienne. Les autorités ont déclaré
avoir découvert des brochures de propagande dans leurs bagages.
UN DIRECTEUR D'HOPITAL TORTURE
Le 21 septembre 1989, la presse
turque rapportait que le directeur de l'hôpital d'Etat de Cizre à
Mardin, le docteur Adullah Bolcali, a été arrêté et torturé pour avoir
soigné des Kurdes blessés lors d'affrontements entre les forces de
sécurité turques et la guérilla kurde (PKK). Il a été maintenu en
détention pendant 10 jours.
Après sa mise en liberté, le
docteur Bolcali a déclaré: "Je n'entretiens aucune relation avec le
PKK. Mon devoir, en tant que médecin, est de soigner les blessés et les
malades. Je ne me préoccupe pas de savoir si le patient est ou n'est
pas un terroriste. D'autant plus que je ne suis pas obligé de le
vérifier. Cela ne fait pas partie de mon travail".
L'Union des médecins turcs (TTB)
a dénoncé la détention du docteur Bolcali et a déclaré qu'un médecin
doit prodiguer des soins même à un soldat ennemi en temps de guerre.
Le 11 septembre dernier, le Parti
Socialiste a annoncé qu'un de ses membres, Osman Gencer, a été passé à
tabac au poste de police de Tekirdag.
Le 28 septembre, le quotidien
Cumhuriyet a rapporté qu'un leader du monde étudiant, Erkan
Kalafat, ainsi que son frère, ont été torturés par la police lors de
leur détention, longue de 19 jours, au centre de police d'Icel.
UNE CAMPAGNE CONTRE LA TORTURE
Bientôt, les victimes de la
torture en Turquie pourront être traitées dans un centre de
réhabilitation créé par l'Association des droits de l'homme de Turquie
(IHD) si cette dernière obtient les autorisations nécessaires.
Nevzat Helvaci, président de
l'IHD, a déclaré que la procédure légale pour l'établissement de ce
centre a débuté à la fin du mois de septembre 1989 et qu'actuellement,
il attend la permission du magistrat compétent pour donner suite au
projet.
Helvaci a défini l'objectif
principal de la fondation comme le fait de soigner dans un centre les
gens qui présentent des séquelles physiques et mentales des tortures et
des pratiques inhumaines qu'on leur a infligées lors de leur détention
préventive ou leur emprisonnement.
Un autre objectif de la fondation
est de mener des études sur les droits de l'homme qui seront réunis
dans un centre de documentation.
ACCROISSEMENT DES HOLDINGS
En 1988, les deux groupes
industriels les plus importants de Turquie, Koç et Sabanci, ont comblé
la différence entre leurs chiffres de vente et de profits et ceux des
autres groupes industriels.
Koç a fait le plus de ventes: 8,1
milliards de LT: Sabanci a fait le pus gros profit: 750 milliards de LT.
En 1988, le chiffre total des
ventes des huit plus grands holdings turcs —à savoir: Koç, Sabanci,
Akkok, Profilo, Sönmez, Alarko, Sise cam et Yasar Holding— atteignent
19,5 billions de LT, alors que le budget 1988 de l'Etat s'élevait à 21
billions de LT.
Sur le plan des ventes:
Le chiffres des ventes de Koç
était le plus élevé, suivi par celui du groupe Sabanci qui s'élevait à
6 billions de LT. Immédiatement après ces deux rivaux de longue date,
venaient: Sise cam (une affiliée de la Isbank) avec 2 billions de LT;
le Yasar Holding (basé à Izmir) qui produit les produits alimentaires
Pinar-brand, avec 1,2 billions de LT; le groupe Akkok (dont le
propriétaire, Ömer Dinckok est le président de l'Association des
Industriels et des Hommes d'Affaires turcs) avec un billion de LT; le
holding Sönmez (basé à Bursa) avec 457 milliards de LT; Profilo avec
402,3 milliards de LT, et pour finir, Alarko avec 234,3 milliards de
LT. En 1987, le chiffre de ventes de Koç et de Sabanci était
respectivement de 4,3 et de 3,2 billions de LT.
Sur le plan des profits:
En 1988, Sabanci a fait un
chiffre record avec 750 milliards de LT. Quant à Koç, elle vient en
second position avec 688,6 milliards LT. Les autres groupes qui ont
publié leur balance de payements les suivent de très loin. Ainsi: Sise
cam a fait 135 milliards de LT; le groupe Akkok: 11 milliards de LT;
Sönmez: 67 milliards de LT; le Yasar Holding: 29 milliards de LT et
enfin Alarko: 26,5 milliards de LT.
Sur le plan des exportations: Le
chiffre des huit groupes se monte à 2,1 milliards de dollars de biens
exportés, c'est-à-dire 18% des exportations turques totales qui
équivaut à près de 12 milliards de dollars. Respectivement, on a: Koç
avec 552 millions de dollars; Sabanci avec 278 millions; Sise Cam avec
240 millions; Yasar avec 159 millions; Akkok avec 113 millions; Sönmez
avec 87,2 millions; Alarko avec 39,5 millions et Profilo avec 12
millions.
Sur le plan de la rentabilité:
Parmi ces compagnies qui ont publié leur balance des paiement, c'est
Sönmez qui a le ratio des rentabilité le plus élevé avec 14,6% de
profit sur chaque vente de 100 LT. Sabanci vient en second lieu avec
12,5% de rentabilité. Quant aux autres: Alarko, 11?"%; Akkok: 10,8%;
Koç: 8,5%; Sise cam: 6,7%: Profilo n'a pas encore publié ses ventes
pour 1988.
Sur le plan des bénéfices
individuels:
Ce ratio est calculé en divisant
les profits de l'entreprise par le nombre d'employés. Sabanci a le
ratio le plus élevé: en 1988: ce chiffre se montait à 25 millions de
LT. Si on pose que le salaire moyen d'un employé est de un million de
LT par mois, alors chaque membre du personnel rapporte à sa compagnie
deux fois plus que son salaire annuel. Koç vient en seconde place avec
un ratio de rentabilité individuelle de 20,4 millions de LT. Quant aux
autres groupes, ils font: Akkok: 10,9 millions LT; Sönmez: 10,5
millions; Sise cam: 7,3 millions; Alarko: 4 millions et Yasar: 2,8
millions.
SECTEURS PREFERES PAR LE CAPITAL ETRANGER
L'Organisation de planification
de l'Etat (DPT) a récemment annoncé que le nombre de compagnies à
capitaux étrangers en Turquie est monté à 1.401. Elles représentent un
apport de 1.536 trillions de LT. Les neuf premiers mois de l'année, 846
millions de dollars sous la forme de capitaux étrangers ont été
investis en Turquie.
Le secteur des services est le
terrain d'élection des investisseurs étrangers 67,4% des compagnies
étrangères implantées en Turquie s'occupent de commerce et d'opérations
bancaires.
Quant au secteur de la
manufacture, il comptabilise seulement 27,5% des compagnies étrangers.
C'est l'industrie alimentaire qui vient en tête avec 53 compagnies, les
produits chimiques non-industriels occupent la seconde place avec 40
compagnies.
Si on considère la totalité des
compagnies étrangères autorisées à opérer en Turquie jusqu'à la fin du
mois de septembre 1989, c'est la RFA qui occupe la 1ère place avec 216
compagnies: leur part dans le capital étranger investi en Turquie se
monte à 384,3 milliards de LT.
Après la RFA, l'Iran se place en
seconde position avec 161 firmes.
PROPOSITION DE CREER UN INSTITUT KURDE
Dans son numéro du 20 août 1989,
l'hebdomadaire 2000e Dogru a lancé l'idée de créer un département
d'études kurdes dans les universités turques.
L'article pose que "Xénophon, qui
vivait en 400 avant J.C., a été la première personne à mentionner le
kurde. Le père de la 'Kurdologie' est l'italien Maurizi Garzani, qui a
publié un dictionnaire kurde en 1787. Il s'agit de la première
recherche sérieuse dont le kurde a fait l'objet. Il existe de nombreux
départements kurdes dans un grand nombre d'universités à travers le
monde, parmi elles, on peut citer l'Institut kurde de Paris et les
académies kurdes en RFA ou aux Pays-Bas. Pourquoi n'existerait-il pas
un département d'études kurdes dans les universités turques?"
Le magazine a posé cette question
à un grand nombre d'hommes d'affaires, de politiciens et de
personnalités du spectacles.
Les présidents des deux partis
d'opposition les plus importants, Inönü et Demirel, ne se sont pas
opposés à cette idée. Inönü, leader du SHP, a déclaré qu'un institut
d'étude kurde devrait être instauré et qu'il apportera son soutien à
une telle entreprise. Demirel, leader du DYP, a dit n'y voir aucune
objection dès lors qu'un tel institut ne serve pas des buts
idéologiques.
Indexe de la 13ème Volume des
Bulletins Info-Türk
Novembre 88 - No 145
Grèves de la faim dans les
prisons - Nouvelles brochures d'Info-Türk - Une nouvelle force
para-militaire - Autre actions de protestation - La gendarmerie sous
les ordres de l'armée - Les putschistes accusés au parlement - Ozal
s'incline devant les militaires - Etat d'urgence étendu - Un bourreau
militaire abattu - Nouvel appel d'Amnesty International - Arrestation
d'observateurs étrangers - Quatre innocents assassinés par la police -
Un maire kurde condamné à 22 ans - Les autres procès politiques -
Arrestations à minuit - 27 journalistes en prison - Inculpations
d'intellectuels - Le professeur Küçük torturé - Une chorégraphe
inquiète - Des publications confisquées - Manifestations de médecins -
Pas de rétablissement de nationalité - Pas de citoyenneté pour Nazim
Hikmet - Victime de l'interdiction de voyager - Les conditions de vie
des réfugiés kurdes - Visite étrange de l'ambassadeur des USA - Le
drame des immigrés de retour - Action de protestation des étudiants.
Décembre 88 - No 146
Dangereuse escalade de
l'extrême-droite en Turquie - Duel entre l'Arabie Saoudite et l'Iran -
Alliance turco-islamique au sein de l'ANAP - Özal: l'homme de l'ordre
Naksibendi - Scission au sein des Loup gris - Des intellectuels
musulmans - Les Loups Gris dans l'Alliance Sacré - Défi à
l'autorité de Türkes en Europe - Nouvelles poursuites contre les Loups
Gris - Opération centriste au sein du SHP - Grève de la faim des
prisonniers - 227 peines de mort au Parlement - Persécutions politiques
récentes - Pressions sur la vie intellectuelle - Un centre de
réhabilitation post-torture - Nouveau coup du PKK à l'armée - Les
relations turco-européennes - Pas de soutien total pour Özal à Paris -
13.696 travailleurs en grève - 1.9 millions de jours de travail perdus
- Actes racistes et Xénophobes en Europe.
Janvier 89 - No 147
Un prisonnier politique de 15 ans
en Turquie… et en 1989 - Journalistes toujours en prison - Journalistes
traduits en justice - Actions récentes contre la Presse - Le général
Evren et les intellectuels - Extraditions illégale de cinq exilés
politiques - Les procès politiques en décembre - Chefs de
la pègre libérés - Trouble dans les prisons - Un juge
critique la constitution de 1982 - IPI critique le régime de la
presse en Turquie - Le parti socialiste légitimé - L'IHD
acquitté par la justice - Une année difficile pour l'économie
turque - Croissance du militantisme ouvrier - L'association
des Droits de l'Homme de Turquie candidate au prix européen 1989
- Un nouveau scandale financier - Des troupes turques en Europe
centrale - Amnesty International accuse le gouvernement
turc - Un tribunal international condamne le régime turc -
Le Fondamentalisme gagne du terrain - Le show anti-occident de
"l'Alliance" - Dispute au sujet des tenues islamiques -
Réfugiés kurdes meurent de froid - Archives sur la question
arménienne - Première session de la Commission parlementaire
mixte - CEE-Turquie en 8 ans.
Février 89 - No 148
Deux tests décisifs pour
Özal - Les militaires forcent des paysans kurdes à ingérer des
excréments - Un député kurde désavoué par son parti -
Motion pour les kurdes - L'IHD primée au Danemark -
L'arrestation des adolescents pour propagande communiste -
L'arrestation d'un avocat âgé de 71 ans - Les autres poursuites
politiques - Les tribunaux turcs débordés - Les capitaux
étrangers affluent - Un nouveau projet de loi anti-presse -
Monopolisation et décadence de la presse turque - Baisse de
l'édition des livres - Nouvelles poursuites contre la
presse - Pression sur les universités - Le président du SP
interdit de voyager - Un projet de loi pour la citoyenneté
- Second refus pour Nazim Hikmet - Contrôle européen de la
torture - Gouvernement turc contre-attaque Amnesty
International - Appel d'Ankara à des firmes publicitaires -
Özal s'adressera a Conseil de l'Europe - La Turquie occupe la 4e
position dans les dépenses militaires.
Mars 89 - No 149
Autodafés - La prise de
position satanique d'Ankara à propos des"Verset Sataniques" et les
manifestations intégristes à travers la Turquie - La Turquie
champion de la destruction de livres - Téhéran derrière les
incidents? - Controverse au sujet des manifestations - La
position Turque et l'Occident - Ankara face aux "Versets
Sataniques" - Investissements islamiques en Turquie - La
Turquie: champion de la destruction de livres - Persécutions en
février - Les livres interdits depuis 1955 - 442 privés de
la nationalité - Pas de passeport pour un cinéaste - La
défense d'Ankara au sujet de la torture - Un médecin rapporte des
cas de torture - Autres cas de torture - Réunions d'Amnesty
International en Belgique et l'attitude Hypocrite du Régime turc
- Grèves de la faim dans les prisons - Le DISK se
réorganise - Les syndicats américains contre Ankara.
Avril 89 - No 150
Özal en déroute - La
répartition des municipalités de grandes villes - La répartition
des municipalités de petites villes - Le premier meurtre lié à
l'affaire Rushdie en Belgique - L'appel par un groupe de
ressortissants de pays islamiques - Les privilèges des officiers
turcs - Des anciens généraux dans les affaires -
Monopolisation de l'économie turque - La terreur policière à
travers la Turquie - Autres opérations policiers en Février
- Les procès politiques - Un rapport médical sur
Calaylioglu - Une grève brisée par le gouvernement - Le
rapport du P.E. sur les relations économiques turco-européennes -
Le remboursement des exportateurs - Les concertations OTAN et la
Turquie - Le lobby juif soutient Ankara - Données sur
l'immigration turque - Business turc en Allemagne - Montée
de l'extrême-droite en Allemagne - Agressions xénophobes en
Allemagne.
Mai 89 - No 151
Carnage le 1er Mai - La
terreur policière de deux mois - Persécution contre les
étudiants - Lifting d'Özal après sa défaite électorale -
Les scores des partis d'extrême-droite - Arrestations d'un maire
islamiste - Les gestes ségrégationnistes des maries
islamistes - Islamistes prennent la défense du Christ - Le
rapport d'Helsinki Watch sur les prisons turques - Le nouveau
rapport d'Amnesty International sur la Turquie - Une conférence
internationale: les Droits de l'Homme au Kurdistan - Poursuites
récentes contre la presse - Rectification des Verts
Allemands - Le rapport d'Helsinki Watch sur la presse -
Retour de 6 autres réfugiés.
Juin 89 - No 152
Tumulte politique en
Turquie - Les détenus du premier mai torturés - Un
prisonnier politique atteint de leucémie - Une victime de la
torture au Parlement - Un juge accuse le gouvernement -
Attaque intégriste contre les journalistes - Protestations
internationales - Censure dans 50 provinces - 36 éditeurs
dans le box des accusés - Persécutions des médias en mai -
Les détenus du premier mai torturés - Nouveaux troubles dans les
prisons - Interdiction d'une conférence sur la torture -
7.000 peines capitales réclamées par les militaires -
Arrestations et procès en mai - 100.000 réfugiés politiques en
Turquie - Le cas Yagci-Sargin à Strasbourg - Un enseignant
britannique expulsé - Augmentation insuffisante des
salaires - Des investissements régionaux injustes - Foire à
l'armement à Ankara - Le marche Turco-Sud Africain - Les
bases US en Turquie sont à moderniser - Le parlement européen a
adopté 3 résolutions concernant la Turquie - La réunion
parlementaire turco-CEE - L'échec d'Özal à Bruxelles - La
colère d'Ankara contre Mme Mitterrand - Tension accrue entre la
Turquie et la Bulgarie - Ankara continue à nier la langue
kurde - Arrestations arbitraires dans l'Est - Une
prisonnière de 17 ans - Premier congrès de femmes en Turquie.
Juillet/Août 89 - No 153/154
Hypocrisie! - Décès de
grévistes de la faim dans les prison - Sept peines capitales pour
Dev-Yol - Evasion de 2 prisonniers malades - Le double
standard de la justice - Un nouveau tribunal d'exception -
Inculpation des dirigeants de l'IHD - L'affaire des excréments à
Strasbourg - Intensification du terrorisme d'Etat dans le
Kurdistan turc - Des réfugiés kurdes empoisonnés - La
persécutions de ces deux derniers mois - Terreur sur un campus
universitaire - Enquête intimidante dans une école -
Calaylioglu toujours sous surveillance - Evren allergique aux
démocrates - Manifestation des médecins interdite - Un
maire islamiste inculpé - Les mémoires non-écrites de Kenan
Evren - Le port d'armes sera légalisé - Des musiciens
torturés - Pressions sur les intellectuels - Scandale à la
télévision turque - Confiscations récentes de publications
- Deux rapports d'Helsinki sur la Turquie - Le drame des
immigrants turcs de Bulgarie - La Turquie accueille 2.5 millions
de réfugiés - Une mission de la FIJ à la Turquie - Le PEN
Turc attend l'autorisation - Hausse insuffisante des salaires
minima - Deuil de Khomeini en Turquie - Querelle de visas
Turco-Britannique - La Turquie sur la liste noire de l'OIT
- Un ambassadeur américain indésirable.
Septembre 89 - No 155
Le mensonges d'Özal à
Strasbourg - Le gouvernement turc insiste pour que les éditeurs
d'Info-Türk restent apatrides - Özal a également perdu l'appui de
son propre parti - Restrictions sur la peine capitale -
Manipulations constitutionnelles d'Özal - le SHP dans
l'internationale socialiste - Renforcement de l'aile gauche du
SHP - Le gouvernement insiste pour que les éditeurs d'Info-Türk
restent apatrides - Un docteur exilé arrêté de son retour -
Nouvelles menaces contre les réfugiés politiques - Campagne en
faveur des films de Yilmaz Güney - Les perspectives de la gauche
extra-parlementaire - Le malaise subsiste dans les prisons
- Le parlement européen au sujet des prisons turques - Rapport
d'Helsinki Watch sur les prisons turques - Mort d'un ancien
prisonnier politique - Révolte populaire contre la répression au
Kurdistan - La montée des opérations militaires -
Arrestations et procès en août - Pressions sur les
mass-média - La presse turque frappée des amendes - Des
centres de réhabilitation - Le coup d'Ankara à la communauté
turque de Bulgarie - Le parlement européen critique la
Bulgarie - La résolution du Conseil de l'Europe.