editorslinks

A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


160

14e année - N°160
Février  1990
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

L'INSOLENCE D'ANKARA VIS-À-VIS DE LA JUSTICE EUROPÉENNE

        Le 5 février 1990, le Conseil des ministres a fermé la porte des Communautés Européennes à la Turquie jusqu'au moins la moitié des années '90 en adoptant la proposition de la Commission.
        Le rejet de la candidature de la Turquie a été présente en termes de besoin général de la Communauté de mener à bien son projet de marché unique. Une fois cet objectif atteint, les Communautés européennes décideront d'entamer ou non des négociations avec la Turquie à la lumière de la situation en Europe où la Communauté est déjà en train de nouer des liens avec l'Association Européenne de Libre Echange (AELE) et avec les pays d'Europe de l'Est.
        En plus de ces éléments objectifs, le refus de la Communauté est également basé sur le sous-développement économique et social de la Turquie par rapport aux Etats membres mais surtout sur le fait qu'Ankara viole continuellement les droits de l'homme.
        En fait, avant que le Conseil des ministres ne se réunisse, le régime d'Ankara, au lieu de s'efforcer de s'améliorer sur ce plan, avait commis de nouvelles violations des droits de l'homme, causant ainsi de violentes réactions au sein de l'opinion publique européenne.
        La plus scandaleuse d'entre elles est, sans nul doute, le refus du Premier Procureur de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara, de témoigner devant trois juges européens, venus en Turquie dans le cadre d'une enquête.
        Deux officiels du Parti Communiste Unifié de Turquie (TBKP), Nabi Yagci et Nihat Sargin, ont en effet déclaré avoir été torturés et drogués pendant les deux semaines d'interrogatoires qu'ils ont subi en novembre 1987, après avoir été arrêtés dès leur retour volontaire d'exil.
        Etant donné que les autorités turques refusent de prendre leur plainte en considération, les avocats des deux prisonniers ont fait appel à la Commission Européenne des Droits de l'Homme. L'année passée, cette dernière a décidé que le recours de Yagci et Sargin était recevable car ces hommes avaient épuisé toutes les voies de recours internes en Turquie mais n'avaient pas réussi à entamer des poursuites légales contre leurs bourreaux présumés.
        Trois juges européens, Sir Basil Howe (R.U.), Stephan Prexel (Suisse) et Albert Wertzel (Luxembourg) se sont rendus en Turquie à deux reprises afin de s'entretenir avec les parties concernées, la première fois en octobre 1989 et la seconde en janvier 1990.
        Cependant, le Premier Procureur Demiral a refusé chaque fois de témoigner, clamant que le procès de Yagci et de Sargin était toujours en cours et que le droit turc ne leur permettait pas de commenter ce cas avant que la Cours n'ait rendu son jugement.
        Trois policiers qui étaient également mis en cause par les allégations de torture des deux dirigeants communistes, ont aussi refusé de témoigner devant les juges européens. L'attitude du Premier Procureur et des trois policiers montrent une fois de plus que les conventions internationales ratifiées par Ankara ne sont absolument pas respectées, même par les fonctionnaires qui sont aux ordres du gouvernement.
        Le 8 janvier, le ministre de la justice, Altan Sungurlu, a déclaré que le gouvernement ne pouvait pas donner d'instructions au personnel judiciaire: "Nous ne pouvons pas forcer les Procureur à parler aux juges européens".

ARRESTATION EN MASSE DES MEMBRES DU TBKP

        Le fait que le procès de deux dirigeants du parti fasse l'objet d'une procédure légale devant la Commission Européenne des Droits de l'Homme n'a pas empêché la scandaleuse arrestation, en janvier et février 1990, d'autres dirigeants du TBKP qui avaient annoncé mi-décembre 1989 qu'ils ne se cacheraient pas plus longtemps et ce pour contribuer à la démocratisation de la vie politique du pays.
        La première apparition publique des dirigeants du TBKP a eu lieu le 13 novembre dernier. Les membres du Politburo se sont présentés eux-mêmes à la presse lors d'un cocktail organisé par le parti à Istanbul. Il a été suivi par une conférence de presse tenue le 8 décembre dernier, par les membres du Comité Central du TBKP à Istanbul. Lors de ce meeting, ils ont annoncé qu'ils allaient désormais opérer à la lumière du jour et conduire leur activités ouvertement et légalement que le gouvernement abroge ou non les articles 141 et 142 du code pénal turc qui ont causé leur mise hors la loi. Les officiels provinciaux du TBKP ont également tenu des meetings similaires à Istanbul, Izmir, Ankara et dans d'autres villes turques.
        Au début, la police n'est pas intervenue, cependant la Cour de Sûreté de l'Etat a montré les dents dans quelques semaines et ce, malgré le fait qu'Özal ait annoncé que la liberté d'opinion et d'organisation allait désormais être respectée.
        Le 8-9 janvier 1990, la police a arrêté 59 membres du parti dont 29 à Izmir et 30 à Zonguldak, après qu'ils aient annoncé lors de meetings, qu'ils cessaient d'opérer en secret. Fin février 1990, le nombre de membres du parti arrêtés dans plusieurs provinces s'élevait à 300.
        De plus, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara a également fait arrêter Mme Ayse Cicek Yagci, épouse de Nabi Yagci, dès son arrivée en Turquie, le 6 janvier 1990.

ARRESTATION D'UNE SOCIOLOGUE ALLEMANDE

        Une sociologue allemande travaillant dans le Sud-Est de la Turquie a été arrêtée et jugée pour avoir écrit ce qui a été décrit comme des "slogans séparatistes" dans le livre des visiteurs de la Station d'élevage de l'oiseau Ibis à Birecik.
        Un mandat pour l'arrestation de la sociologue, également membre de la Sorbonne, avait été lancé le mois dernier après qu'elle ait écrit: "Ibisses, je vous aime" et "Vive le Kurdistan, vive la liberté" dans le livre de visiteurs.
        Mme Schlumberger a été accusée d'avoir violé l'article 142 paragraphe 3 du Code Pénal Turc en se livrant à de la propagande qui pourrait nuire ou détruire les sentiments nationalistes.
        L'arrestation du Dr. Hella Schlumberger a entraîné un avertissement de la part du ministre ouest-allemand des Affaires Etrangères, Hans Dietrich Gencher au ministre d'Etat Ali Bozer disant en substance que les relations germano-turques pourraient se détériorer à la suite de cette affaire.
        Après cette intervention, elle a été relâchée le 23 janvier dernier.

PRESSIONS SUR UN JOURNALISTE BRITANNIQUE

        Le 4 janvier 1990, un journaliste britannique, M. Christopher Wildig, travaillant et vivant en Turquie depuis 1969, a reçu une ordre de quitter le pays dans les 24 heures. Il est employé par un service quotidien de presse, le Press Digest, qui fournit quotidiennement une revue traduite de la presse turque aux ambassades et au business étranger. De source officieux, le ministre de l'Intérieur aurait refusé de renouveler son permis de séjour parce qu'il est "un témoin de Jéhovah et qu'il se livre à de la propagande chrétienne".
        Or, après plus de 40 procès qui avaient eu lieu pour la plupart ces 20 dernières années, les Témoins de Jéhovah ont obtenu un statut légal en Turquie en tant que cemaat (confrérie). Ils sont autorisés à se réunir librement, à publier des articles, à louer et à acheter des biens ainsi qu'à propager leur religion.
        Le lendemain, l'ordre de quitter le pays a été revu par le ministère de l'Intérieur sous la pression conjuguée du ministère des Affaires Etrangères et du Conseil de la Presse et de l'Information.

PERSÉCUTION D'UN MILITANT ANTI-MILITARISTE

        L'animateur de la première campagne contre le service militaire obligatoire en Turquie, Tayfun Gönül, a été interrogé le 22 janvier 1990 par la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul pour un article qu'il avait écrit dans l'hebdomadaire Sokak  ainsi que pour une interview qu'il avait accordée au quotidien Günes. 
        Selon le Procureur, les articles découragent le public d'accomplir son service militaire et contiennent également des expressions dénigrant les forces armées de la nation. Les deux publications ont été confisquées sur ordre de la Cour et en vertu de l'article 155 du Code Pénal Turc qui prévoit la condamnation de toute propagande contre le service militaire.

DISCRIMINATION À L'ENCONTRE DES PROSTITUÉES

        La Cour Constitutionnelle a décidé qu'un homme coupable de viol, harcèlement sexuel ou d'enlèvement sur la personne d'une prostituée sera passible d'une peine inférieure de deux tiers à celle prévue pour les mêmes délits mais commis à l'encontre de non-prostituées.
        Cette décision a provoqué une série de protestations de la part des groupes de défense des droits de l'homme.
        Un groupe féministe qui a entamé l'année passée une campagne "notre corps nous appartient. Non au harcèlement sexuel", a protesté vivement contre cette décision lors d'une conférence de presse qu'il a tenu à Istanbul, le 15 janvier dernier:
        "La décision de la Cour de Suprême —qui n'est composée que d'hommes— prouve que la domination masculine prime sur toutes les lois. Cette décision a pour conséquence de légaliser la discrimination entre les femmes chastes et celles qui ne le sont pas, elle est supposée protéger les chastes des agressions ainsi, toute femme victime d'un viol aura à prouver qu'elle est chaste et non une prostituée. Par contre, tout agresseur pourra clamer que sa victime avait l'air d'une prostituée pour se disculper."
        La déclaration met également en exergue que "la prostitution est une profession légale en Turquie et que les prostituées payent des taxes comme n'importe quel travailleur, elles devraient donc bénéficier de la protection de l'Etat. Par cette loi, les prostituées sont punies par l'Etat."
        D'autre part, des brochures signées par les "Prostituées d'Istanbul" ont été distribuées. On peut y lire: "Nous protestons contre cette loi. Nous payons les taxes les plus élevées à l'Etat. Nous devons déjà faire face à la discrimination, et nous regrettons que l'Etat l'encourage".
        Une pétition, lancée le même jour à Istanbul par des artistes, circulera encore un mois avant d'être envoyée au Parlement et à la Fondation pour la Promotion de la Femme Turque.

BAYKAL: HOMME FORT AU SHP

        Le Congrès du parti populiste social-démocrate (SHP) qui s'est tenu à Ankara les 26-27 janvier 1990, suite à une série d'expulsions et de démissions, a vu la consolidation de la position au Secrétaire général du parti Deniz Baykal. Ce dernier est apparu, lors de ce congrès comme l'homme fort du SHP et ce par l'élection de 39 de ses supporters sur les 44 membres que compte l'Assemblée du Parti.
        Une autre particularité de ce congrès réside en l'acceptation à l'unanimité d'un quota de 25% pour des femmes dans tous les organes administratifs du SHP, système qui est le premier du genre dans la vie politique turque. Ainsi, 11 membres sur les 44 de la toute puissante Assemblée du Parti sont des femmes. Apparemment, 25% des cellules provinciales du SHP seront également des femmes.
        Bien qu'Erdal Inönü ait été réélu à la présidence du parti en obtenant 756 votes sur 863, il n'a pas réussi à faire élire ses candidats à l'Assemblée du Parti. Avant le congrès, Inönü avait proposé à Baykal, 19 candidats pour la liste des élus de l'Assemblée du Parti, mais pendant le scrutin, ils ont été exclus et remplacés par des candidats connus pour
leurs liens avec le Secrétaire Général.
        Les observateurs politiques à Ankara, partagent le point de vue suivant: l'autorité d'Inönü au sein de SHP a été quelque peu secouée par le coup administratif de Baykal. Kemal Anadol, ancien député SHP qui a quitté le parti en 1989 en même temps que d'autres députés de l'aile gauche a déclaré: "Inönü sera un leader symbolique, comme le Roi de Suède".
        Le porte-parole de l'autre aile gauche du SHP, "Les Rénovateurs", qui reste pour le moment dans le parti, a critiqué l'action du secrétaire général qui a eu pour effet de diviser le parti en plusieurs faction. Le porte-parole de ce groupe, Ertugrul Günay, a dit:"Nous devons arrêter de nous affronter et joindre nos forces. Nous devons instaurer une administration qui couvrira le parti en entier et de façon équilibrée".
        Les Rénovateurs ont obtenu cinq sièges aux élections de l'Assemblée du parti.
        Quant aux anciens députés SHP qui ont été expulsés ou qui ont démissionné du parti, ils se sont entretenus avec les autres groupes de gauche pour créer un nouveau parti socialiste.

LE CONGRÈS DE LA TURK-IS

        Le congrès de la Confédération des Syndicats turcs (TURK-IS) qui s'est tenu du 11 au 16 décembre 1989 à Ankara, s'est terminé avec l'élection de l'aile droite avec, à leur tête, le président Sevket Yilmaz.
        Sur les 420 délégués représentant 1.800.000 affiliés appartenant à 32 unions, 231 ont voté pour Sevket Yilmaz alors que le candidat des syndicalistes de gauche, Orhan Balaban, n'a obtenu que 173 voix.
        La Confédération  des Syndicats Progressistes de Turquie (DISK), est interdite depuis le coup d'Etat militaire de 1980 et le procès de ses leaders est toujours en cours devant la Cour de Cassation militaire.
        Bien qu'une partie des anciens syndicalistes progressistes ont lutté pour que ce procès finisse et pour le retour du DISK, beaucoup d'autres ont déjà pris part aux syndicats affiliés à la TURK-IS au sein de laquelle, ils constituent l'aile de gauche.
        Le Président ou cette vénérable Confédération, Sevket Yilmaz, qui a été accusé par les syndicalistes de gauche d'être trop proche du gouvernement, s'est défendu en clamant qu'il luttait contre le gouvernement à tous les niveaux: "Le gouvernement fait peser des difficultés économiques intolérables sur de larges parties de la population", a-t-il dit.
        Pendant le Congrès, le ministre d'Etat, Isin Celebi, a été hué par les délégués et a été obligé d'écourter son discours. Par contre, les leaders de l'opposition ont été ovationnés.

NOUVELLES TENSIONS GRÉCO-TURQUES

        La Turquie et la Grèce s'affrontent à nouveau sur le plan diplomatique à cause d'une flambée soudaine d'incidents entre les autorités grecques et les représentants de la minorité turque en Thrace occidentale.
        Les événements ont débuté le 26 janvier 1990 lorsque deux représentants de la minorité turque qui s'étaient vus interdite de se présenter aux élections du Parlement Grec du 5 novembre 1989, ont été condamnés par une cour grecque à 18 mois de prison chacun pour avoir causé des troubles au sein de la population en propageant de fausses informations et en l'incitant à la violence.
        Le 29 janvier, la minorité turque de Komotini avait décidé d'organiser des prières publiques pour dénoncer la pression exercée sur les musulmans par le gouvernement grec. Avant qu'elles ne commencent, des Turcs qui se rendaient à la mosquée ont été agressés par des Grecs et plusieurs personnes ont été battues. Trente personnes ont été blessés et près de 400 magasins et bureaux appartenant à des membres de la Communauté turque ont été saccagés.
        Deux des Turcs qui ont été blessés, Emin Aga (ancien député PASOK) et le mufti de Ksanthi (une autre ville de la zone où vit la minorité turque) ont été hospitalisés à Alexandropoulis.
        Le 31 janvier, Maria Damanaki, membre du Parlement Grec, et les personnes qui l'accompagnaient ont été agressés à Komotini, alors qu'elle faisait preuve de compassion pour les Turcs. Elle a dû se réfugier dans le bâtiment municipal, qu'elle n'a pas pu quitter avant deux heures.
        La condamnation du Dr Sadik Ahmet et d'Ibrahim Serif a été qualifiée de "violation des droits de l'homme inaliénables tels que le droit à un procès équitable et public, le droit de se défendre en personne ou avec une assistance légale, le droit de bénéficier des services d'un interprète lorsqu'on ne parle pas la langue utilisée par la Cour et la liberté d'expression" par le gouvernement d'Ankara.
        Quant au gouvernement grec, il clame que Ahmet et Serif sont deux nationaux grecs poursuivis devant un tribunal grec pour avoir essayé de perturber la paix sociale en Grèce.
        Depuis 1985, Sadik Ahmet est la bête noire du gouvernement grec. Cette année là, il avait été arrêté pour la première fois alors qu'il collectait des signatures des membres de la minorité ethnique turque pour une pétition qui énumérait les restrictions apportées aux droits de cette minorité.
        Ahmet a été élu au Parlement lors des élections du 8 juin 1989 mais il n'a pas été autorisé à se présenter lors des élections du 5 novembre. Les bureaux électoraux locaux ont déclaré que ses papiers étaient incomplet.
        Pendant leur procès, des personnes présentes dans la salle du tribunal les ont insultés et leur ont enjoint de quitter la Grèce et de retourner en Turquie.
        Alors qu'Ahmet était emmené pour être emprisonné, il a crié dans le tribunal: "Je suis emprisonné parce que je suis turc. Si le fait d'être turc est un crime, je le répète, je suis turc et je le resterai. Mon message à la minorité turque de la Thrace occidentale est qu'elle doit rester turque".
        Turgut Kazan, président du Barreau d'Istanbul, qui était présent au procès a déclaré qu'il avait assisté à "un triste épisode de l'histoire de la Justice".
        Kazan a été l'un des ardents défenseurs de l'amitié turco-grecque et a pris part à toutes les tentatives de mettre fin à la tension existant entre les deux Etats.
        Kazan a également critiqué les cercles grecs de défense des droits de l'homme pour ne pas avoir réagi contre le procès de Komotini et contre les pressions exercées sur la minorité turque de Grèce.

DISPUTE AQUEUSE AVEC L'IRAK ET LA SYRIE

        Le 13 janvier 1990, le conflit concernant l'eau a culminé lorsque la Turquie a commencé à restreindre le débit vers la Syrie et l'Irak pendant le remplissage du nouveau barrage Atatürk.
        L'Euphrate et le Tigre trouvent leur source en Turquie, et les officiels turcs, syriens et irakiens se rencontrent régulièrement pour discuter de l'usage de leurs eaux. Le barrage géant Atatürk est le 3ème barrage sur l'Euphrate qui traverse la Syrie avant de couler en Irak jusqu'au Golfe Persique. Le Tigre coule également en Irak.
        Des rapports récents parus dans la presse ouest-allemande et Arabe ont suggéré que si la Turquie utilise l'eau comme pression politique sur ses voisins, cela pourrait mener à un conflit armé dans la région.
        Lors d'un discours qu'il a prononcé lors de la cérémonie d'ouverture du barrage Atatürk, le président Özal a dit que la Turquie n'a pas l'intention d'utiliser les eaux de l'Euphrate comme une menace contre ses voisins. Özal a déclaré: "Ce qui est important, c'est que nos voisins ne s'immiscent pas dans nos affaires intérieures", dans ce qui a été présenté comme un commentaire destiné à la Syrie pour son soutien présumé à la guérilla kurde qui mène des opérations offensives le long de la frontière turco-syrienne.
        Le ministère d'Etat Kamran Inan, qui est chargé du Projet sur l'Anatolie orientale (GAP), a déclaré à la presse que la Turquie se prépare au siècle prochain au travers de divers projets et a ajouté: "Le GAP est l'une des pierres angulaires de cette construction. Le siècle prochain, la Turquie sera parmi les quatre super-puissances, avec le Japon pour l'Asie, l'Allemagne de l'Ouest pour l'Europe et les USA pour les Amériques".

JOURNÉE D'INFORMATION DES ATELIERS DU SOLEIL

        Les Ateliers du Soleil, fondés en 1982 par Info-Türk dans le but de contribuer à la défense des droits des immigrants en Belgique ainsi qu'au développement de leur vie sociale, culturelle et éducative, ont organisé une Journée d'information le 1er février dernier, à Bruxelles. A cette occasion, toutes les publications par Info-Türk et tous les objets créés par les Ateliers du Soleil étaient ont été exposés.
        Les adhérents des Ateliers du Soleil sont des homes, des femmes, des enfants de vingt nationalités différentes principalement des Belges, Turcs, Kurdes, Arméniens, Assyriens, Chaldéens, Marocains, Italiens, Espagnols, Iraniens, Egyptiens, Portugais, Boliviens, Chiliens, Péruviens, Mexicains, Indiens…
        Depuis qu'une nouvelle politique d'immigration, proposée par le Commissariat Royal à l'Immigration, était à l'ordre du jour des autorités nationales, communautaires et locales en Belgique, les adhérents des Ateliers du Soleil ont, à cette occasion, lancé un appel en faveur de la reconnaissance de la qualité de citoyen à tous les habitants d'origine étrangère de la ville de Bruxelles.
        "La plupart des propositions sont le produit d'une étude approfondie et méritent le soutien de toutes les forces démocratiques. Pourtant, nous constatons que les personnes qui font l'objet de toutes ces propositions sont une fois de plus écartées du processus de l'élaboration. De plus, les citoyens d'origine étrangère sont toujours privés de censurer par la vote les instances chargées de l'exécution de ces mesures. Les droits de vote et d'éligibilité s'inscrivent dans le contexte général de la lutte contre toutes les discriminations qui touchent les immigrés," dit l'appel des Ateliers du Soleil.

PERSÉCUTION RECORD DE LA PRESSE EN 1989

        En 1989, les poursuites légales entamées contre la presse turque ont battu les records. Selon une évaluation de l'agence de presse ANKA, 394 cas ont été intentés contre 16 journaux, dont 211 constituaient en des actions en dommages et intérêts pour violation de la vie privée et 183 étaient des poursuites pénales intentées par l'Etat contre des journalistes.
        Une réparation totale de 12,8 milliards de LT (5,6 millions de dollars) a été demandée alors que les peines de prison requises contre 400 journalistes, lors de poursuites pénales, atteignaient plus de 1000 ans d'imprisonnement. Près de 20% des actions en réparation et 21% des poursuites pénales ont été intentées par le Président Turgut Özal ou par des membres de sa famille. La plupart des affaires sont toujours en cours.

RAPPORT DU PEN: LES JOURNALISTES ET ÉCRIVAINS EMPRISONNÉS EN TURQUIE

        Dans un rapport publié en septembre 1989, le Comité des Ecrivains en prison du PEN International a fourni une liste détaillée des prisonniers d'opinion en Turquie. Nous le reproduisons ci-dessous.
        Kazim ARLI: né en 1953 dans un village d'Espakli dans la province de Burdur. Editeur en chef du journal Öncü  (Avant-garde) de juin à août 1980. Il a été arrêté le 11/9/85 pour des articles figurant dans les numéros 3, 4 et 5 (16, 30 juin et 14 juillet) et condamné à 23 ans et 6 mois de prison par la Cour militaire n°2 d'Istanbul le 27.6.86. Le verdict se basait sur l'article 142 du Code Pénal Turc visant la "propagande communiste". Un autre procès est en cours, cette fois-ci l'accusation se base sur l'article 141 du CPT et vise les numéros 1 et 2 du journal dont il était le rédacteur. En août 1989, le PEN a appris qu'il était également jugé sur base de l'article 140 du CPT pour avoir écrit une lettre à un membre du PEN, lettre qu'on a jugée "injurieux" à l'égard du gouvernement turc. Il est passible d'une peine supplémentaire de 5 ans d'emprisonnement. Son adresse en prison: Özel Tip Cezaevi, Bloc-C, 16001, Bursa, Turquie. Il a été adopté par le PEN suédois et par le US PEN Center West.
        Irfan ASIK: né en 1953, célibataire, sa famille vit dans la province de Bolu. Professeur et éditeur d'un journal politique Partisan  jusqu'à ce qu'il soit interdit après le Coup d'Etat militaire. Il a été arrêté dans sa classe le 4.12.80 et jugé 13 fois pour divers numéros de Partisan.  Il a été condamné à un total de 111 années d'emprisonnement qui ont été réduites, en appel à 36 ans. Il sera probablement remis en liberté en 1995 avec remise de peine. Son adresse: B-4, Özel Cezaevi, 17100 Canakkale, Turquie. Il a été adopté par la section néerlandophone en Belgique.
        Güzel ARSLANER: rédacteur en chef du journal modeste Halkin Birligi  (Unité du Peuple). Condamné à 31 ans de prison sur base de l'article 142 le 30.6.83 pour 5 articles qu'il avait fait publier avant le Coup d'Etat de 1980.
        Mehmet BAYRAK: journaliste au Özgür Gelecek  (Un futur libre) arrêté le 22 juillet 1989. (Pour plus de détails: voir à Bekir RESEN).
        Oral CALISLAR: né en 1946 à Tarsus, Turquie. Rédacteur en chef du quotidien Aydinlik  (Eclaircissement), qui a été interdit en 1980. Marié et père d'un enfant. Emprisonné en 1980-1982 pendant que son procès continuait. Arrêté en 1986 après que le tribunal l'ait finalement condamné à 8 ans de prison sur base de l'article 141. De 1980 à 1986, il a été membre du comité central du Parti des Travailleurs et des Agriculteurs turcs. Pendant son premier emprisonnement, il a écrit un livre intitulé: "L'école des langues" que le quotidien Milliyet  a publié sous forme de série. Il a remporté le prix "Yunus Nadi" pour un article écrit dans le quotidien Cumhuriyet  au sujet d'un jeune garçon emprisonné.
        Mehmet CETIN: né en 1955. Il a travaillé dans un théâtre, a écrit des pièces, des histoires et des poèmes. Il a été arrêté après le Coup d'Etat. Il a été, selon certains, torturé alors qu'il se trouvait en détention préventive. Il a été condamné à 20 ans de prison le 1.9.81 pour avoir "dirigé une organisation illégale". Ce qui constitue 5 ans de plus que le maximum légal prévu pour un tel délit. Ces 5 ans supplémentaires ont été ajouté arbitrairement sous le couvert de la loi martiale. il aurait été torturé à 3 reprises depuis son emprisonnement. En prison, il a continué à écrire des poèmes et des essais. Certains de ses travaux ont été publiés en Turquie et à l'étranger et le bureau du PEN dispose de son recueil de poèmes "Saison du Vent et des Roses" en turc, dont deux ont été traduits en anglais. Il a été adopté par le San Miguel Allende PEN Center.
        Mehmet COBAN: journaliste au journal d'Ankara Iktibas  (Citation). Il a été accusé de "propagande anti-laïque" en vertu de l'article 163 pour avoir écrit un article intitulé "Les Principes qui guident noter voie", paru en septembre 1985. Il purge actuellement une peine de 6 ans et 3 mois.
        Süleyman COSKUN: journaliste né en 1945. Arrêté une première fois en avril 1981 pour son appartenance au PC turc (TKP) qui était déjà illégal à l'époque. Après avoir passé 3 ans en détention préventive, il a été relâché provisoirement en 1984. En mars 1985, il a été condamné à 8 ans et 10 mois de prison. Verdict qui a été confirmé par la Cour d'Appel militaire en Octobre 1987. En septembre 1988, Coskun a commencé à purger sa peine à la prison du District de Haymana dont il devra probablement purger 40%.
        Ilker DEMIR: né en 1953, marié et père d'un enfant. Editeur des revues Ilke  et Kitle  de 1975 à 1977. Il a été arrêté le 3.4.1984 à Istanbul et condamné à un total de 23 ans et 1 mois de prison par un certain nombre de cours militaires. Il est accusé de s'être livré à la propagande communiste. Il était détenu dans la prison civile spéciale d'Aydin jusqu'à ce qu'il entame une grève de la faim le 17 octobre 1988 date à laquelle il a été transféré à la toute nouvelle prison de Nazilli. Souffrant d'asthme, il a à nouveau entamé une grève de la faim le 23 avril 1989 dans le but d'obtenir une amélioration des conditions de détention. Il semblerait qu'il ait été battu et blessé par les gardes. Il a alors été placé dans une cellule d'isolation où les conditions de vie sont nuisibles à sa santé puisque l'atmosphère y est humide et poussiéreuse. Il souffre également d'un ulcère à l'estomac. Dans une de ses lettres, il dit qu'il espère être libéré en juin 1993 (en tenant compte des lois turques sur les remises de peine). Les 15-16 juillet 1989, il a à nouveau été battu et isolé après avoir protesté contre une décision qui ne permettait qu'à sa  femme et pas à sa fille unique de venir le voir, alors qu'elles avaient voyagé des centaines de km pour lui rendre visite. Il est adopté par AI comme prisonnier de conscience.
        Fettah ERKAN: éditeur de Devrimci Derlenis,  accusé par la Cour militaire d'Ankara d'avoir insulté l'armée qui l'a condamné le 5.6.81 à 11 ans et 8 mois de prison.
        Ersin Ergin KELES: né en 1960, étudiant à l'Université Technique du Moyen-Orient d'Ankara. Il a été arrêté en juillet 1981 à Samsun et la Cour militaire n°2 d'Erzincan l'a accusé de faire partie d'une organisation de gauche Devrimci Yol  (la voie révolutionnaire). Son procès, ainsi que celui de 212 autre défendeurs a commencé en 1982. Initialement, le procureur Nuh Mete Yüksel a requis la peine de mort contre 22 d'entre eux. Le 24.1.84, le verdict a été rendu: 16 peines capitales étaient prononcées. Ergun faisait dorénavant partie des 291 personnes condamnées à mort à ce jour. En juin 1983, la Cour d'Appel militaire d'Ankara en a confirmé certaines et en a cassé d'autres, dont celle d'Ergun. En 1988, il a été à nouveau été jugé et condamné à la prison à perpétuité. Ergun, dans une déclaration publiée par le quotidien Cumhuriyet,  déclare qu'on l'a forcé à signer une "confession" sous la torture et qu'il n'a jamais porté d'arme. Bien qu'il lisait le journal Devrimci Yol, il ne savait rien d'une organisation illégale appelée DEV-YOL. Ersin Ergun a écrit  des poèmes en détention qui ont été publiés en Turquie. Le 28.10.1988, il semblerait qu'il ait été battu d'une manière tellement sauvage par les gardes qu'il a été hospitalisé. Ses poèmes récents et leur traduction ont été détruits et certains de ses effets personnels confisqués. Il a été transféré à la prison d'Eskisehir durant l'été 1988. Le 29 juin 1989, il a entamé une grève de la faim, après que les droits des prisonniers aient été réduits suite à la découverte d'un tunnel. Le 2 août 1989, la prison d'Eskisehir a été évacuée et Ersin Ergun a été envoyé à la prison d'Aydin. A leur arrivée, après avoir eu une discussion au sujet des soins médicaux avec l'administration de la prison, les gardes ont battu certains des prisonniers. Deux d'entre eux sont décédés et Ersin Ergun Keles a dû à nouveau être hospitalisé, il semblerait qu'il ait été sérieusement blessé. Au courant du mois d'août (aux environ u 20 août), les prisonniers ont cessé leur grève de la faim et ont obtenu gain de cause pour certaines de leur revendications. Il a été adopté par les centre catalan et Suédois du PEN.
        Yasar KAPLAN: étudiant en littérature anglaise et éditeur du magazine littéraire Aylik Dergi  (revue mensuelle). Arrêté en mai 1985 et accusé de "propagande anti-laïque" en vertu de l'article 163 après avoir écrit un livre intitulé "Le Livre de la Démocratie". Condamné par la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara en février 1986 à 6 ans et 3 mois de prison. Actuellement en détention à la prison de Bursa (Özel Tip E Cezaevi, Bursa, Turquie). Adopté par AI.
        Celal GÜL: professeur et collaborateur au journal politique Özgür Gelecek  (un futur libre), arrêté le 22 juillet 1989 en même temps que Bekir Kesen (voir Bekir Kesen pour plus de détails).
        Bayram KAZAKLI: propriétaire et éditeur responsable de la compagnie d'édition Devrimci Kurtulus Yayinevi.  Condamné à 15 ans de prison pour avoir publié 4 livres et brochures et pour son appartenance à une organisation illégale. Kozakli a admis avoir publié ces livres mais a nié être un "militant" et a déclaré avoir subi des tortures. Il a été arrêtés en 1983.
        Bekir KESEN: rédacteur en chef du journal mensuel politique Özgür Gelecek  (un futur libre), dont la publication a commencé en décembre 1988 et qui se concentre essentiellement sur la question kurde. Presque tous ses numéros ont été saisis. Il risque, ainsi que Mehmet Bayrak (propriétaire du journal) et Celal Gül (professeur et collaborateur), d'être condamné pour "appartenance à une organisation séparatiste" en vertu des articles 141/4 du code Pénal turc. Kesen et Gül, qui a passé 30 mois en prison au début des années 80, ont tous deux été arrêtés dans les bureaux de la rédaction du journal le 22 juillet 1989 t emmenés aux Q.G. de la police d'Ankara où ils ont été interrogés. Le même soir, Mehmet Bayrak et le docteur Nuray Özkan (M.D) qui avait écrit un rapport pour le journal sur une conférence au cours de laquelle la situation des femmes kurdes avait été abordée, ont été également mis en état d'arrestation. Leurs domiciles ont été fouillés. Le 1er août, Bekir Kesen, Celal Gül et Mehmet Bayrak ont comparu devant la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara et ont été accusés formellement. Ils sont actuellement détenus à la Prison d'Ankara en attendant leur procès prévu pour le début du mois de septembre 1989. Entre-temps, Kesen et Bayrak avaient déjà été accusés de s'être livrés à de la "propagande séparatiste" (142/3) dans des articles du journal. Ils avaient été arrêtés après que le 2ème numéro du journal ait paru dans lequel Bayrak avait écrit un article intitulé: "Le 87ème anniversaire de Nazim Hikmet". Le même article avait déjà paru en mai 1988 dans l'hebdomadaire 2000e Dogru  et avait déjà donné lieu à des poursuites légales, mais l'éditeur du 2000e Dogru  avait finalement été acquitté à Istanbul. Cependant, le Procureur d'Ankara n'a pas tenu compte de ce verdict dans le cas Bayrak-Kesen. Ces derniers auraient été battus à la prison d'Ankara. Ils ont été libérés sous caution en mars 1989.
        Recep MARASLI: né en 1956 à Erzurum, célibataire. Editeur et propriétaire de la maison d'édition Komal  à Istanbul. Il a été arrêté une première fois en 1978-79 pour ses activités d'éditeur. Il éditait des livres sur l'histoire kurde, la culture et la question kurde en général. Il est lui-même kurde. Il a publié des livres d'Ismail Besikci, qui a été libéré depuis. Il a été arrêté en janvier 1982 et jugé à 6 reprises, un autre procès est en cours. Il a été condamné à une peine de prison de 36 ans qu'il a commencé à purger à la prison militaire de Diyarbakir. Le PEN anglais a reçu deux cartes de lui à la fin de l'année 1987. En novembre 1988, le PEN a appris qu'il allait mal et qu'il avait été transféré à la prison d'Eskisehir d'où il a envoyé une lettre le 2.1.89 à un membre du PEN anglais disant qu'il avait fait une attaque en 1984 et qu'on refusait toujours de le soigner de manière suivie. Un membre du PEN canadien lui a rendu visite après qu'il ait à nouveau entamé une grève de la faim. Le 2 août 1989, la prison d'Eskisehir a été évacuée, vraisemblablement pour faire cesser la grève suivie par près de 320 prisonniers (voir ci-dessus à Ersin Ergun Keles pour plus de détails). Il se trouve actuellement à la prison d'Aydin. Il a été adopté  par les sections norvégienne, anglaise, canadienne et belge.
        Orhan ÖRGÜCÜ: propriétaire de la maison d'édition Simge  (symbole), arrêté le 20 janvier 1989 et détenu en garde à vue à Ankara. La maison d'édition avait publier un livre contenant les défenses des défendeurs au procès DEV-YOL (la voie révolutionnaire), cependant ce livre ne contenait aucun commentaire et les plaidoiries des défenseurs des militants du DEV-YOL avaient déjà été publiées par la presse. Ce livre a été saisi alors qu'il n'était pas encore relié et en plein milieu de son impression. Osman Tayfun Mater, à l'origine du projet du livre, s'est présenté de plein gré aux autorités d'Ankara le 24 janvier 1989 qui l'ont immédiatement arrêté et formellement accusé de propagande communiste et séparatistes (art. 141/2 -3-6). Il est actuellement détenu à la Prison d'Ankara.
        Candemir ÖZLER: né le 19.2.57, arrêté le 1er mai 1981 pour des articles publiés dans le Savas Yolu  dont il était l'éditeur. Il a été accusé de propagande communiste sur base de l'art. 142 et condamné à 23 ans et 10 mois de prison. Il est détenu à la prison de Canakkale et a été adopté par AI.       
        Alaattin SAHIN: né en 1948 et éditeur de l'hebdomadaire Halkin Yolu  de janvier à novembre 1977, 44 cas ont été ouverts contre lui et 25 d'entre eux ont mené à sa condamnation à 108 ans de prison qui ont été commués en 36 ans. Il est actuellement emprisonné à la prison de Canakkale.
        Orhan SELEN: né en 1953, marié, père de 3 enfants, poète dont 4 recueils ont été publiés dont "les Enfants du Soleil" en 1977, par la maison d'édition Ileri. Il a été arrêté en juillet 1985, un an après sa peine de 8 ans de prison était confirmée. Accusé d'avoir "essayé d'établir la domination d'une classe sociale sur les autres classes sociales" (art. 141/1) par la publication dans le Katki  (contribution) d'un article proposant qu'on autorise l'institution d'un parti communiste en Turquie. Sept acteurs dont Selen, étaient impliqués. Adresse: E-Tip Cezaevi, D-4, Bursa, Turquie. Il a été adopté par AI.
        Erhan TUSKAN: né en 1957 à Denizli, éditeur responsable du journal de l'Organisation de la Jeunesse Progressiste (IGD). Il a été arrêté le 24.10.80 après le coup d'Etat militaire de 1980 en raison de 4 articles qui ont été publiés dans le journal. Erhan TUSKAN a apparemment lui-même écrit des articles critiquant le terrorisme bien qu'il ne soit pas certain qu'il soit l'auteur des articles en cause. Il a été condamné à 48 ans et 10 mois de prison qui ont été réduits à 36 ans en appel. Il est détenu à la prison de Canakkale et a été adopté par AI et le PEN irlandais.
        Hasan Fikret ULUSOYDAN: né en 1955, jugé depuis 1976. Il a été pendant 9 mois, en 75 et 76, rédacteur en chef du périodique Halkin Sesi  (la voix du peuple). 23 charges différentes ont été retenues contre lui pour différents articles qui apparaissaient à la lumière des articles 142 comme faisant de la "propagande communiste", art. 159 comme "insultant les autorités de l'Etat". Il a été condamné à une peine totale de 75 ans de prison et deux poursuites n'ont pas encore abouti. Ulusoydan purgera cependant au maximum 36 ans de prison. Emprisonné du 25 mars 1980 au 5 juillet 1980 et arrêté une seconde fois le 17 novembre 1980. Il est resté à la prison militaire de Metris jusqu'en 1988. Halkin Sesi a été publié légalement dans les années '70 et faisait partie d'un groupe appelé Aydinlik  (illumination) qui, plus tard, sera à la base du Parti des Ouvriers et des Agriculteurs de Turquie (TIKP) qui a été interdit en 1980 et dont la plupart des membres ont été condamnés à de lourdes peines. Le 30 septembre 1988, Ulusoydan a été battu par les gardes de la prison et a été soigné à l'hôpital pendant 2 jours pour hémorragie interne. Plus tard, une grève de la faim a éclaté à la prison et 60 prisonniers, qui avaient été déclarés les meneurs du mouvement, ont été déplacés vers la prison de Canakkale. Parmi eux se trouvait Ulusoydan. Le 3 août 1989, il a entamé une grève de la faim qui a duré deux semaines en guise de protestation contre la mort de deux prisonniers à la prison d'Aydin. Fiancé à Fatma Yazici (voir ci-dessous). Il a été adopté par le centre anglais d'AI (adresse: E Tip Cezaevi, C-4, Canakkale, Turquie).
        Mecit ÜNAL: poète publié dans de nombreux magazines turcs, il a publié une interview de Nevzat Celik dans Yeni Demokrasi  (nouvelle démocratie). Il a été arrêté en novembre 1980 et son procès est toujours en cours. L'accusation est basée sur les art. 141 et 142. En 1er lieu, il a été détenu à la prison de Bayrampasa puis il a été emprisonné à la prison de Zonguldak. il a apparemment dû payer des droits de visite. Il a été adopté par le PEN ouest-allemand.

Disparu:

        Nurettin ÖZTÜRK: éditeur responsable de la revue politique Kurtulus,  il a vécu pendant des années en exil politique en Suisse. Fin 1983, il est retourné en Turquie et y a immédiatement été arrêté ainsi qu'une autre personne. Depuis ni sa famille, ni ses amis n'ont plus aucune nouvelle. Sa mère pense qu'il a été assassiné alors qu'il était en garde à vue. Le quotidien Cumhuriyet  a rapporté le cas le 21 avril 1988.

Enquête

        Hasan Selim ACAN: éditeur responsable de Halkin Kurtulusu,  condamné à 331 années de prison qui ont sans doute été commuées en 36 ans. Le quotidien Milliyet  a annoncé en mai 1989 qu'il était en prison ce qui a été confirmé de source officielle. En juin 1989, il se trouvait toujours à la prison de Canakkale.
        Ibrahim ACAN: arrêté le 18 janvier 1989, âgé de 71 ans, colonel en retraite qui est devenu avocat. Il avait fait sortir un livre contenant les plaidoiries de la défense des membres de l'Union Révolutionnaire des Agriculteurs et des Travailleurs en Turquie.
        Felemez AK: éditeur du mensuel Toplumsal Kurtulus,  arrêté avant le 8 octobre 1988 et toujours détenu.
        Fuat AKYÜREK: éditeur de Saglikcinin Sesi,  condamné à 10 ans et 6 mois de prison pour avoir imprimé 5 numéros (le magazine traitait des sujets médicaux). Relâché en avril 1988. A nouveau arrêté au début 1989, et détenu à Sagmalcilar Özel Tip Cezaevi, Bayrampasa, Istanbul. Son procès s'ouvrira apparemment le 12 avril 1989, il est accusé d'avoir organisé une "presse illégale" et d'être le dirigeant du Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP).
        Ibrahim ARIK: éditeur de Savas Yolu,  condamné à 15 ans de prison le 16.10.1982 par la Cour militaire d'Izmir.
        Ahmet Cevdet ASKIN: il a écrit à un membre de l'administration d'AI qu'il avait traduit en turc deux livres sur l'Amérique latine et qu'il était sur le point d'en traduire un 3ème qu'il est prisonnier politique depuis plus de 8 ans. Il est détenu à la Prison de Canakkale (Kogus C-1) et il a apparemment protesté contre le port de l'uniforme pendant les séances de son procès. En 1988, il lui a été interdit de recevoir tout courrier pendant un mois.
        Erdal CAYIR: journaliste au magazine politique Yeni Cözüm  (nouvelle solution), arrêté le 9 novembre 1988 pour son affiliation à une organisation illégale Devrimci Sol (Gauche Révolutionnaire). Arrêté formellement le 22 novembre. Le 14 novembre, on lui aurait coupé les poignets. Un reporter du 2000e Dogru  a déclaré qu'il a été torturé avant son arrestation officielle et a attesté les tortures d'autres prisonniers. Il semblerait que Cayir ait finalement fait une confession.
        Mehmet CERIT: éditeur du périodique Halkin Yolu.  Condamné à 18 ans et 11 mois de prison, le 22.4.81 par la Cour militaire d'Istanbul.
        Mete DALGIN: éditeur responsable du journal Halkin Birligi,  condamné à une peine de 30 ans de prison.
        Mustafa DUM: éditeur responsable du journal Ileri.  Condamné à 13 ans et 6 mois de prison. Sentence confirmée, il la purge à la prison de type E de Canakkale.
        Mustafa EKER: éditeur responsable de Kurtulus Sosyalist Dergi,  condamné à 13 ans et 5 mois de prison, peut être plus. Emprisonné à Istanbul.
        Bektas ERDOGAN: né en 1954, musulman non-pratiquant de Merzifon en Anatolie orientale mais vit et travaille à Istanbul. Avant son arrestation, il était l'éditeur d'un journal. Il a étudié la médecine et la linguistique à l'université. Emprisonné en 979 et condamné à 36 ans de prison. Adresse: E Tip Cezaevi, 17100 Canakkale, Turquie. Membre honoraire du centre anglais du PEN.
        Mehmet Resat GÜVENILIR: éditeur de Emegin Birligi,  périodique mensuel du parti marxiste-léniniste. Il était étudiant en journalisme au moment de son arrestation, également membre du DEV-YOL. Sa famille est originaire de Gaziantep (il a 4 frères et ses parents sont tous les deux vivants). Il est marié, sa femme vit à Istanbul et lui rend visite 2 à 3 fois par an. Il aurait été condamné en avril 1984 à 10 ans de prison pour son appartenance au Parti Communiste travailliste de Turquie (TKEP) et à Devrimci Yol  (la voie révolutionnaire). Adresse: Özel Tip Cezaevi, C-4, Ceylan/Adana.
        Nurettin KARAKOC: journaliste et propriétaire du magazine politique Hedef  (cible). Il a été arrêté à la fin du mois de novembre 1988 avec 17 autres personnes et était l'une des 12 qui ont été officiellement arrêtées et emprisonnées le 13 décembre 1988 pour leur appartenance à une organisation illégale TKP-B (Parti communiste turc/unité).
        Remzi KÜCÜKERTAN: éditeur de Devrimci Proletarya  qui purge une peine de 7 ans et 6 mois, selon le quotidien Cumhuriyet  d'octobre 1988, en mai 1988, il était toujours en prison.
        Reha MADEN et sa femme Aysegül MADEN: Reha Maden est journaliste et travaillait pour l'agence de presse semi officielle Anadolu Ajansi,  il a été arrêté le 19 novembre 1988 et mis en garde à vue, on craint qu'il ait été torturé. Sa femme, Aysegül, a aussi été interpellée le 24 ou le 25 novembre. Le 29 novembre, le quotidien turc Günes  rapportait que leur détention était liée à leur appartenance au PC turc illégal (TKP-B). Cette semaine là, ils ont comparu, ainsi que 14 autres personnes, devant la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara. 4 d'entre eux ont été relâchés mais les 13 autres ont été emprisonnés, dont les Maden.  Ces derniers seraient accusés de mener des activités politiques illégales et suspectés de préparer des assassinats.
        Ertugrul MAVIOGLU: journaliste au Yeni Cözüm  (nouvelle solution). Condamné en septembre 1988 à 3 ans de prison pour propagande communiste.
        Hatice ONAT: elle a travaillé pour le journal politique Emegin Bayragi  (drapeau du travail) et a été arrêté en même temps que Nadir Nadi Usta (fr. infra).
        Cemal ÖZCELIK: journaliste au Medya Günesi  et convaincu, en août 1988, de propagande communiste, sa peine n'est pas clairement connue.
        Haci Ali ÖZER: éditeur du journal Emegin Birligi,  toujours emprisonné depuis mai 1988 selon le quotidien Cumhuriyet  d'octobre 1988, sa peine est inconnue. On n'a plus jamais entendu parler de lui depuis.
        Mehmet ÖZGEN: né en 1954, éditeur de Bagimsiz Türkiye  et du Devrimci Militan. Il a été condamné à 33 ans et 6 mois de prison au terme de 6 procès. Il est détenu à la prison de Canakkale.
        Ali RABUS: éditeur au Birlik Yolu  et condamné à 18 ans de prison. Détenu à la prison de Canakkale.
        Abdullah SOYDAN: propriétaire du magazine mensuel Kawa  dont seulement 7 numéros sont paru de septembre 1978 à mars 1979 à Istanbul. Ce magazine aurait été mis en cause car il évoquait la question kurde et protégeait les droits des Kurdes en Turquie. Condamné à un total de 50 ans de prison, probablement en vertu de l'article 142. Marié et père de 3 enfants. Sa 1ère adresse était: Özel E Tipi Cezaevi, 16 Kogus, Aydin, Turquie. Mais, il semblerait, de source officielle, qu'il ait été transféré à la prison de Nazilli.
        Osman TAS: né en 1957, éditeur du journal Halkin Kurtulusu. Condamné à un total de 215 ans de prison dont 155 ont été confirmées. Arrêté le 13.1.81. Sa peine a été automatiquement commuée en 36 ans.
        Hasan USAK: éditeur général du journal mensuel Toplumsal Dirilis  qui traite de sujets culturels kurdes. Arrêté en novembre 1988 en même temps que ses propriétaires (voir infra: Cemal Yalvaç) et apparemment arrêté officiellement un peu plus tard, puis transféré à la prison de Sagmalcilar Cezaevi, Bayrampasa, Istanbul.
        Nadir Nadi USTA: rédacteur en chef du magazine politique Yeni Asama  (Ere Nouvelle). Arrêté en compagnie d'Hatice Onat (voir supra) ainsi que de 3 autres journalistes le 17.9.88 et emprisonné dans le Q.G. de la police d'Ankara après qu'ils aient essayé de déposer une couronne noire devant l'ambassade d'Irak. Le 30 septembre, leur arrestation était confirmée par la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara et emprisonné à la prison d'Ankara. Les charges qui pèsent contre eux ne sont pas exactement définies. Ils ont dit à leurs avocats avoir été torturés durant leur détention incommunicado au moyen de coups, des chocs électrics et d'eau glacée.
        Esber YAGMURDERELI: né en 1945, aveugle depuis l'âge de 10 ans. Avocat de profession, diplômé en droit et e philosophie. Editeur au magazine Yeni Eylem,  fondé en 1968. Ecrit de courtes histoires dont l'une d'elles remporta un concours national en 1986 (on ne sait pas laquelle), il a continué sa carrière d'écrivain en prison. Il a également édité de nombreux magazines et écrit des articles sur la loi, la littérature et la politique durant ces 20 dernières années. Arrêté le 5 mars 1978 et condamné à mort. Sa peine a été commuée à la prison à vie soient à 36 ans à moins de bénéficier d'une libération anticipée ou que sa peine ne soit alourdie, il semblerait qu'un autre cas le concernant soit pendant. Les raisons de sa condamnation ne sont toujours pas éclaircies, bien qu'il ait été de temps à autres, accusé d'organiser des activités clandestines. Il semblerait qu'il ait été sauvagement torturé pendant ses interrogatoires.
        Cemal YALVAC: propriétaire du journal mensuel Toplumsal Dirilis.  Arrêté en compagnie de son éditeur (voir Hasan Usak ci-dessous) en novembre 1988 et emprisonné à Sagmalcilar Cezaevi, Bayrampasa, Istanbul après que son arrestation ait été confirmée. Yalvac et Usak sont tous les deux kurdes. Leurs bureaux ont vraisemblablement été fouillés lors de leur arrestation, opération qui a causé de gros dommages.
        Ali Haydar YILDIRIM: né en 1951, l'éditeur responsable de cinq numéros du périodique Militan Gençlik  et acquitté dans deux des cinq cas ouverts contre lui. Condamné à une peine totale de 14 ans et 6 mois. Arrêté en 1981. Diplômé de la Faculté de médecine de Capa. Marié et père d'un enfant.
        Veli YILMAZ: né en 1954, éditeur de Halkin Kurtulusu  et de Halkin Kurtulusu Yolunda Gençlik,  condamné à 1?170 années de prison dont 750 ont été ratifiées. Toutes les peines de cette importance sont automatiquement commuées en 36 ans.
        Mustafa ZÜLKADIROGLU: directeur de la maison d'édition Emek,  mais en prison le 24 novembre 1988 pour purger une peine de 6 ans et 3 mois à laquelle il a été condamné en 1977 pour avoir publié une brochure le 1er mai.

Passibles de peines de prison:

        Erbil TUSALP: journaliste au quotidien Cumhuriyet  d'Ankara, arrêté le 21.6.88 après que le journal ait publié les détails des témoignages de suspects de la tentative d'assassinat sur le 1er ministre Turgut Özal. Il a été libéré (date inconnue) mais le 23 novembre 1985 il était mis en accusation par le Procureur de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul pour avoir révélé les dépositions des auteurs présumés de la tentative d'assassinats contre Turgut Özal.
        Kerim KORCAN: né en 1918, romancier, il a comparu devant la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul qui l'a accusé de s'être livré à de la propagande communiste dans son livre "Un Pont de Feu" qui traite de la torture dans la Turquie des années '60. Son éditeur, Rabia Sen Süer, fait également l'objet de poursuites.
        Ismail BESIKCI: sociologue et écrivain, il a déjà été emprisonné pendant 10 ans pour ses cours sur la question kurde. Il a à nouveau été mis en accusation pour une interview qu'il a accordée à la revue Gelecek  sur la question kurde. Le 10 mars 1989, son procès débutait à la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara. Il est passible d'une peine de 5 ans.
        Zeki ÖZTÜRK: directeur de la maison d'édition Sorun. Inculpé par la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul. Passible d'une peine de prison allant jusque 15 ans.

Arrêtés mi-juin 1988, libres en attendant le résultat de leur procès:

        Les personnes suivantes dont été arrêtées à leur domicile et conduites au DAL (Laboratoire d'Enquête approfondie) à Ankara. Là, ils ont été questionnés et accusés de propagande Communiste et kurde en vertu des section 142.3.6 du CPT pour avoir collaboré pendant l'unique année d'existence du journal Toplumsal Kurtulus  (Libération Socialiste) qui traitait de problèmes kurdes. Ils sont tous jugés actuellement (leur procès a commencé le 18 août 1988) et la partie civile a requis une peine totale de 250 ans de prison pour 15 articles parus dans le journal.
        Orhan GÖKDEMIR: rédacteur en chef de Toplumsal Kurtulus,  et tenu responsable de quatre articles qui apparaissent dans les cas suivants.
        Dr. Yalçin KÜCÜK: auteur de nombreux livres, collaborateur au Toplumsal Kurtulus,  emprisonné pendant 10 mois en 1983-84 pour son livre "Pour une nouvelle République". Son accusation présente est dûe à une interview accordée du Kurdistan Press, publié en Suède et reprise dans le journal. Il a également été arrêté en avril 1989, pendant deux jours, pour les numéros 19 et 20 du journal (cfr. infra, Ilhan AKALIN).
        Hüsnü ÖNDÜL: juriste et collaborateur au Toplumsal Kurtulus.  Il a défendu les prévenus de nombreux procès politiques ainsi que les membres du comité exécutif de la branche d'Ankara de l'Association des Droits de l'Homme. Mis en accusation pour un article qu'il a écrit dans le numéro de février du journal sur la Turquie du Sud-Est où vit la majorité des Kurdes.
        Ilhan AKALIN: rédacteur en chef du journal politique Toplumsal Kurtulus,  détenu en détention incommunicado entre les 12 et 24 avril 1989 aux Q.G. de la police d'Ankara. Le Dr Yalçin Küçük était avec lui mais il a été relâché le 14 avril. Küçük a déclaré que ses interrogatoires concernaient les numéros les plus récents (19 et 20) du journal. Akalin avait déjà été arrêté les 14 et 15 septembre 1988 pour avoir propagé de la propagande communiste et séparatiste dans deux articles anonymes publiés dans le journal, dont l'un traitait de l'instauration du Centre Kurde du PEN International. Les poursuites légales consécutives à ces différentes charges suivent leur cours. (cfr supra: Yalçin Küçük).
        Bilgesu ERENUS: femme écrivain et propriétaire du journal socialiste Toplumsal Kurtulus,  elle a été libérée le 23 juin après 10 jours de détention.

Condamnés mais non encore emprisonnés:

        Fatma YAZICI: éditeur responsable du 2000e Dogru  depuis février 1989. En tant qu'éditeur, 46 charges différentes pèsent sur elle, surtout en vertu de l'art. 142 (3) du CPT à savoir: propagande séparatiste. Elle a été acquittée dans 10 cas et condamnée dans 3:
        - Condamnée à 16 mois de prison le 5.5.88  pour une histoire intitulée: "Kenanizm, la philosophie du régime du 12 septembre", publié le 4.10.87. La Cour a décidé du caractère irrespectueux de cette histoire envers le Président.
        - 12 mois de prison pour "sentiments anti-religieux": en cause, un article traitant de la vie sexuelle de Mohamed.
        - 6 ans et 3 mois de prison pour s'être livré à de la propagande séparatiste en publiant le Helsinki Watch Committee report sur les Kurdes. Ces 3 sentences ont été confirmées par la Cour d'Appel, elle peut donc être arrêtée à tout moment. Son adresse: 2000e Dogru, Basmusahip sok n°16, Talas Han, Kat 4, Cagaloglu, Istanbul. Elle a été adoptée par les centres canadiens (anglophone) et anglais. Il apparaîtrait qu'une des sentences ait été confirmée en février 1989 et que, depuis, elle se cache pour éviter d'être emprisonnée.
        Emin GÖKER: journaliste au 2000e Dogru,  condamné en même temps que Fatma Yazici.

Autres cas

        Les personnes suivantes ont probablement été libérées mais le comité n'a pas reçu de confirmation:

        Ferhat AKDAY: 8 ans et 6 mois; Zeki ATAS: 7 ans et 6 mois; Nurettin BAYDAR: 6 ans; Saban BILGIN: 8 ans et 6 mois; Yilmaz DINCBERK: 7 ans et 6 mois; Ali DUMAN: 7 ans et 6 mois;  Baki Karakol Ulviye KAYSERILIOGLU: 6 ans; Haluk Seçkin MERIC: 7 ans et 6 mois; Riza OLGUN: 7 ans et 6 mois; Mehmet OZDENUR: 5 ans; Abdurrahman PALA: 1 an; Orhan SENYÜZ: 7 ans et 6 mois; Necdet SEVINC: 1 an; Orhan TAGI: 7 ans et 6 mois; Ali Riza TURA: 7 ans et six mois; Fatih YIDLIZ: 4 ans et 2 mois.

Relâchés:

        Nevzat ACAN: relâché selon un article du quotidien Milliyet.  Mustafa COLAK: relâché au début 1989. Ersan SARIKAYA: relâché selon un article du Milliyet. Muhittin GÖKTAS: relâché selon un article du Milliyet.  Mustafa TÜTÜNCÜBASI: relâché selon un article du Milliyet.

Evadé:

        Abdülkadir KONUK: écrivain, échappé de prison (date précis inconnue), vit actuellement en RFA.
        Pour plus d'amples informations concernant cette liste, nos lecteurs peuvent écrire à l'adresse suivante:
        International PEN - Writers in Prison Committee - 38 King Street, London WC2E 8JT - GREAT BRITAIN, Tel: 01-379-6353)

LES PERSÉCUTIONS DE CES DEUX DERNIERS MOIS

        Le 3/12, deux poètes, Vecihi Timuroglu et Ahmet Telli, ont été détenus par la police après avoir participé à un festival organisé par les étudiants de l'université Gazi d'Ankara.
        Le 12/12, trois rédacteurs du mensuel Vatan Günesi,  Rifat Segah, Sükran Duran et Rifat Eroglu ont été détenus par la police à Istanbul. De plus, le 4ème numéro de la revue a été confisquée, comme les trois premiers.
        Le 13/12, à Mugla, le journaliste Ozcan Ozgur a été condamné à 2 mois et 15 jours de prison pour avoir critiqué un discours des autorités religieuses locales. La peine a été commuée plus tard en une amende de 38.000 LT.
        Le 13/12, le mensuel Yeni Demokrasi  a été confisqué pour "propagande communiste et séparatiste".
        Le 14/12, Yakup Karademir, éditeur responsable du mensuel Medya Günesi  ainsi que deux personnes séjournant chez lui, ont été détenus après une descente de police.
        Le 16/12, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a mis deux rédacteurs du mensuel Vatan Günesi  en état d'arrestation: Sükrü Duran et Rifat Eroglu.
        Le 21/12, les rédacteurs de 14 revues politiques ont lancé une campagne pour l'abrogation des articles 141 et 142 du Code Pénal Turc. L'appel était signé par les revues suivantes: Adimlar, Deng, Devrimci Mucadele, Genclik Dunyasi, Iktidar Yolu, Isci ve Politika, Sorun, Sinif Bilinci, Siyaset, Sosyalist Birlik, Toplumsal Kurtulus, Yeni Oncu.
        Le 26/12, Okkes Remzi Gökbel, correspondant à Adana du mensuel Yeni Cözüm,  a été condamné par la Cour de Sûreté de l'Etat de Malatya à une peine de prison de 4 ans et 2 mois.
        Le 27/12, la police a investi le bureau d'Ankara du mensuel Yeni Cözüm  et a arrêté le journaliste Erol Özpolat ainsi que 30 autres personnes qui visitaient le bureau.
        Le 30/12, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a condamné l'éditeur responsable du mensuel Devrimci Genclik,  à 15 ans de prison. Plus tard, sa peine a été commuée en une amende de 27 millions de LT.
        Le 4.1, Metin Yavuz, éditeur du mensuel Yeni Cözüm  et Ibrahim Bosnak, directeur de la Maison d'édition et de distribution Ilke,  ont été détenus à Istanbul.
        Le 6/1, à Van, la police a saisi 107 livres en vente dans une librairie en clamant qu'ils étaient interdits.
        Le 11/1, l'éditeur responsable du mensuel Hedef  a déclaré que tous les numéros de sa revue ont été confisqués et ce, depuis sa première parution.
        Le 19/1, à Konya, un étudiant (école supérieure), E.Y., a été arrêté pour avoir dessiné l'emblème d'une organisation kurde illégale. Il a été dénoncé par son professeur.
        Le 25/1, la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul a entamé le procès de deux rédacteurs de l'hebdomadaire 2000e Dogru,  Dogan Perincek et Tuna Arslan. Chacun d'eux risque une peine de prison allant jusqu'à 15 ans pour avoir publié une interview du leader du PKK, Abdullah Öcalan.
        Le 30/1, la star de cinéma Ilyas Salman, a été arrêtée sur ordre de la CSE d'Istanbul pour avoir ciré des "slogans séparatistes" lors des manifestations du 1er mai en 1989 qui avaient eu lieu à Strasbourg.
        Le 31/1, le rédacteur du mensuel Medya Günesi,  Cemal Özcelik, a été condamné à 12 ans et 6 mois de prison et à une amende de 648.000 LT par la CSE d'Istanbul, pour "propagande séparatiste".