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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


186

16e année - N°186
Avril 1992
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

CARNAGE AU KURDISTAN

    Le Syndrome du Printemps dans le Kurdistan turc a atteint son point culminant lorsque les forces de sécurité transformèrent les festivités du Nouvel An kurde (Newroz) en un sanglant bras de fer entre les troupes turques et la population kurde.
    Les premiers incidents violents sont survenus le 21 mars à Cizre après que la police et la gendarmerie aient essayé d'interdire l'entrée dans la ville d'une marche de villageois qui portaient le drapeau kurde et chantaient des slogans. Les manifestants tentaient de rejoindre un autre groupe de personnes réunies dans le cimetière local lorsque les soldats ont lancé des grenades lacrymogènes et de fumée avant de tirer avec de vraies balles pour chasser les gens de l'allée principale vers les ruelles avoisinantes.
    Les forces de sécurité ont mené des opérations répressives similaires dans d'autres villes kurdes. Dans certaines d'entre elles, des canons auraient été utilisés contre la population civile. Le 21 mars et les jours suivants, plus de 100 personnes, y compris des femmes et des enfants, furent abattues par les forces de sécurité et des centaines de personnes furent blessées.
    Selon un rapport publié à Bruxelles le 26 mars dernier par Le Front National de Libération du Kurdistan (ERNK), le nombre des victimes s'élève à 47 à Sirnak, 29 à Cizre, 15 à Nusaybin, 6 à Yüksekova, 5 à Van, 2 à Gercüs, 2 à Ergani, 3 à Adana et 1 à Istanbul.
    L'ERNK soutient également que pendant l'intervention militaire, de nombreuses maisons furent détruites par les canons, des milliers de personnes furent arrêtées sans mandat judiciaire et les soldats pillèrent de manière systématique les maisons et les magasins.
    La terreur d'Etat pendant le Newroz donna lieu à des actions de protestation à travers tout le pays. De nombreux manifestants furent dispersés de force et un grand nombre de personnes furent arrêtées.
    L'acte de protestation le plus dramatique fut le suicide par immolation de la jeune femme kurde, Resan Demirel, le 22 mars à Izmir.
    Avant les festivités du Newroz, le Syndrome du Printemps, qui avait été déclenché par les déclarations du Président de la République Özal (voir Info-Türk de mars 1992), fut aggravé par le Général Teoman Koman, chef de l'Organisation Nationale de Renseignements (MIT). Il déclara le 9 mars au quotidien Milliyet, "Nous courrons de grands risques dans les jours qui viennent. Lorsque le PKK mènera ses opérations, nous y répondrons par la force armée. Le PKK et ses partisans s'enfuiront alors vers l'Irak, près du 36e parallèle. Saddam Hussein mènera alors une opération dans le nord, où se trouvent les Kurdes, et tentera de les anéantir. Ce sera donc la plus grande inquiétude : un massacre kurde."
    Les forces de police, complices des l'organisation terroriste islamiste Hezbollah, intensifièrent à tout moment leurs actions contre les Kurdes. Le 5 mars, par exemple, les qui assistaient aux funérailles d'un de leurs collègues mort au cours d'une confrontation armée avec les guérillas kurdes, organisèrent une manifestation à Sirnak où ils criaient, "Sirnak sera une tombe pour les Kurdes". Alors qu'ils défilaient dans les rues de la ville ils harcelèrent 50 personnes, les insultant et les menaçant, et détruisirent de nombreux magasins.
    Par ailleurs, le 10 mars, le gouvernement ordonna à toutes les autorités locales d'intervenir si au cours du Newroz les gens déployaient des drapeaux ou transformaient les festivités en manifestations politiques.
    Le 12 mars, le Parti Travailliste du Peuple (HEP) indiquait qu'environ 200.000 commandos avaient été envoyés dans les régions agitées pour combattre les nationalistes kurdes.
    En réponse, le PKK fit savoir qu'il était disposé à déployer le drapeau rouge, vert et jaune et avertit le gouvernement : "Nous le célébrerons comme nous l'entendons et s'ils interviennent, ils seront responsables d'un massacre."

un rapport du shp contredit le gouvernement

    Bien que le gouvernement turc ait accusé le PKK d'avoir provoqué les incidents, une mission spéciale d'investigation du Parti Social Démocrate du Peuple (SHP), intégrant la coalition, contredit le gouvernement et accuse les forces de sécurité d'avoir provoqué ces sanglants incidents par l'usage d'une force excessive.
    Trois dirigeants du SHP et deux députés ont également affirmé que les autorités locales avaient perdu le contrôle des forces de sécurité dans les zones agitées.
    Dans deux rapports soumis le 7 avril à Erdal Inönü, président du parti et vice-premier ministre, les représentants du SHP décrivent de nombreux incidents dans lesquels les forces de sécurité furent les premières à tirer sur la population civile. Ils affirment que même dans les cas où il n'apparaissait pas clairement qui avait déclenché la violence, on soupçonnait l'intervention de provocateurs.
    Ils ont également demandé une révision de la politique menée par la Turquie dans le Sud-est, soulignant que tout ce que voulaient les gens était l'égalité et la démocratie.
    Le premier rapport, de 16 pages, fut élaboré par le trésorier du parti, Ziya Halis, le secrétaire général adjoint, Ercan Karakas, le membre du conseil exécutif, Mustafa Gazalci et le député de Malatya, Mustafa Yilmaz. Ce rapport affirme que "les forces de sécurité ont tiré sur les gens", lorsqu'un groupe tenta de franchir une barricade de la police. "A ce moment", précise le rapport, "17 personnes sont mortes et beaucoup d'autres furent blessées."
    "Après le massacre", poursuit le rapport, "les forces de sécurité continuèrent à tirer de 10 à 12 heures. Les blessés furent évacués dans des ambulances. Celles-ci furent arrêtées près de Nusaybin et leurs occupants furent frappés." Selon le rapport, les coups de feu reprirent le 22 mars à 19 heures et se poursuivirent sans arrêt pendant 22 heures.
    "Avec tant de tension, c'est une petite étincelle qui déclencha les incidents. Peut-être que ce fut réellement le PKK ou ceux impliqués dans des préparations pour un coup-d'Etat et qui veulent atteindre le gouvernement ou un provocateur au sein de l'Etat agissant pour une autre raison qui tira le premier coup.
    "Car les forces de l'Etat ne sont pas toujours en mesure de reconnaître les membres du PKK, qui frappent et s'enfuient, elles peuvent tirer pendant des heures et prétendre que le PKK se trouve parmi les gens. C'est ce qui est arrivé à Sirnak. Ils ont tiré pendant 22 heures. Les autorités disent qu'il s'agissait d'une confrontation mais les gens soutiennent qu'il s'agissait d'une attaque à sens unique par les forces de sécurité."
    Pour ce qui est des "déclarations officielles" provenant de cette région, le rapport indique que les autorités locales "ont cru ce que leur disaient les soldats. "En tout cas, ils ont perdu leur force et leur autorité face à la police et les soldats."
    Faisant remarquer que le PKK avait étendu son pouvoir dans la région en raison des politiques répressives suivies après le coup-d'Etat militaire du 12 septembre 1980, le rapport dit : "En fait on ne peut pas dire que la majorité des gens soutienne le PKK. Tout ce qu'ils veulent c'est vivre comme des êtres humains, sans répression, dans l'égalité, la démocratie et la paix. Il n'est toujours pas possible de déterminer qui déclencha les incidents, et il n'est pas clair que les gens qui seraient ‘apparus durant la nuit’ soient des militants du PKK descendus des montagnes où ceux vivant parmi la population. Pour cette raison, des mesures draconiennes ont été adoptées. La province et les districts soumis à une forte présence de la police et des soldats semble se trouver sous la loi martiale."
    Dans une section appelée "officiels d'Etat", le rapport affirme que personne ne peut parler d'un Etat démocratique judiciaire dans la région, précisant que les autorités adoptent des attitudes différentes selon le lieu où ils se trouvent et leurs opinions.
    "Certains se sont soumis à l'autorité militaire et sont trop effrayés, n'osant même plus téléphoner" dit-il se référant au gouverneur de Sirnak, Mustafa Malay. Faisant allusion à des rapports qui soutiennent que le gouverneur de Cizre, Cavit Erdogan, est un sympathisant du Parti Travailliste National (MCP), le document dit, "il peut parler librement de faire sauter le minaret."
    Le rapport critique également le gouverneur régional, Ünal Erkan, pour avoir pris position en faveur des sévères mesures et avoir accepté le fait que "n'importe quoi puisse arriver" dans la guerre contre le PKK, même la mort de civils. "Sous peu, l'administration ne sera plus composée de personnes qui s'approchent des gens avec affection ou comprennent la psychologie humaine et sociale", affirme le rapport. Soit ils ont cédé à l'autorité militaire soit ils considèrent que tout est acceptable sous prétexte qu'ils sont l'Etat."
    Le rapport souligne que dans le Sud-est tout n'est pas perdu et qu'en dépit du manque de confiance en l'Etat, des solutions démocratiques sérieuses pourraient encore trouver un écho favorable parmi les habitants de la région.
    Dans sa conclusion, le rapport souligne que le Newroz aurait dû se dérouler en paix en accord avec le mouvement de démocratisation suivi par la coalition gouvernementale. "Malheureusement, face aux manifestations et autres activités de la région, une partie des forces de sécurité s'est montrée impatiente, et en tirant sur la population civile ils ont abouti à une carnage et à une escalade des incidents. Ces expériences douloureuses ont démontré encore une fois que le problème kurde ne peut pas être résolu par la force. Le problème peut être résolu par l'adoption de nouvelles politiques qui tiennent en compte l'origine ethnique et l'identité culturelle," conclue le rapport.
    Ce rapport semble avoir été critiqué par le président Inönü qui le qualifia "être opposé au gouvernement et aux forces de sécurité."
    Le deuxième rapport fut préparé par le député de Sirnak du SHP, Mahmut Alniak, après le voyage qu'il fit dans le Sud-est en compagnie d'une délégation du parti."
    Dans son rapport, Alniak accuse la police et les soldats de s'être substitués à l'autorité civile dans la région, établissant une autorité indépendante du gouvernement. Il déclare qu'il n'apparaît pas clairement qui donne les ordres à la police et à l'armée, faisant allusion aux incidents de Sirnak où, en deux semaines, 23 personnes furent tuées et des dizaines d'autres furent blessées. Alniak rapporte que la délégation du SHP ne put trouver aucune autorité qui puisse leur donner la permission de parler aux personnes arrêtées.
    Devant les rumeurs selon lesquelles les femmes locales étaient en détention vêtues uniquement de leurs bas, la délégation demanda au gouverneur de Sirnak la permission de voir et parler aux personnes détenues. Le gouverneur leur fit savoir qu'il ne disposait pas de l'autorité nécessaire pour accéder à leur démarche.
    "Qui gouverne cette province ?" demanda Alniak, accusant l'autorité civile d'être tombée sous le pouvoir de l'armée.
    Selon lui, même les gens influents du SHP et du DYP pensent que les forces de sécurité sont les seules responsables des dégâts qui coûteront des millions de lires.
    Il conclut, "L'autorité n'est pas du côté du gouvernement mais du côté des soldats, de la police et des équipes spéciales."

bombardement turc des villages kurdes

    Après des semaines de tension croissante et d'attente dans l'agitée région du Sud-est, le 1e mars, les forces turques lancèrent une opération aérienne de grande envergure contre les camps du PKK dans le nord de l'Irak. Les raids aériens se sont poursuivis et les avions turcs ont lâché leurs bombes dix kilomètres à l'intérieur du territoire irakien.
    Les avions auraient bombardé également les montagnes de Cudi, du côté turc de la frontière.
    Le Parti Démocrate du Kurdistan Irakien dénonça auprès du Ministère des Affaires Extérieures turc le bombardement des villages kurdes en Irak. Le porte-parole du parti à Ankara, Safeen Dizai, expliqua que les avions turcs avaient touché les villages de Sejek, Lilkan et Bozan, tuant 12 civils. Il fit également remarquer que ces habitations se trouvaient à quelque 20 km en dehors de la route qui mène aux camps du PKK et à 40 km de la frontière turque.
    Le 11 mars, le leader kurde en Irak, Massoud Barzani, critiqua les politiques contradictoires menées par la Turquie, et indiqua que les récentes attaques aériennes contre les camps de réfugiés avaient causé la mort de 50 personnes.
    D'autre part, le 5 mars, le Haut Commissaire aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), Sadako Ogata, exprimait une "grande préoccupation pour la mort d'innocents civils" dans des bombardements.
    Neuf personnes, parmi lesquelles se trouvaient deux mères et leurs trois enfants, furent tuées à Khazhak, un des villages bombardés, situé à 30 km de la frontière turque et où les travailleurs du UNHCR arrivaient dans les 24 heures après le raid, déclarait Ogata. Les bombardiers détruisirent 29 des 40 maisons du village, ajouta-t-il.
    Les représentants du UNHCR dans la région affirmèrent que cinq autres villages reconstruits par l'agence des N.U. pour les Kurdes d'Irak avaient également été bombardés pendant le raid, causant de nombreux dégâts et plusieurs blessés.
    La Turquie avait déjà déclenché trois opérations contre des cibles supposées du PKK en Irak au cours de l'automne 1991 mais avait été sévèrement critiquée par les Kurdes d'Irak pour avoir bombardé des emplacements civils causant de nombreux blessés. Barzani, lui-même, rapporta la mort de 40 civils et la destruction par le feu d'arpents de terre cultivée lors des raids aériens en 1991 et ajouta que sa ville natale avait également été touchée.

soutien américain aux opérations turques

    Le 10 mars, les Etats-Unis déclaraient comprendre les raids aériens menés par la Turquie dans le nord de l'Irak qui n'étaient qu'une réponse aux continuelles attaques des séparatistes kurdes. Lorsque le Premier Ministre Demirel visita Washington en février dernier, les Etats-Unis lui avaient déjà promis la livraison d'armes sophistiquées, dont six hélicoptères Cobra, pour le mois suivant.
    Selon un rapport du UPI daté du 31 mars, la Turquie s'est servie d'informations américaines pour mener son raid contre les camps du PKK dans le nord de l'Irak. Les Etats-Unis avaient recueilli ces informations grâce à leurs satellites, à des agents sur le terrain et à la technologie électronique. Un des satellites d'information se trouve en orbite fixe au-dessus de l'Irak.
    Le rapport dit également que les opérations aériennes furent menées avec des avions vendus par les Etats-Unis à la Turquie, notamment des F-16 et des Phantom F4. Il souligne que le contrat de vente stipule que les armes ne peuvent être utilisées que dans le cadre de la sécurité interne et pour des opérations légitimes.

collaboration entre la police et le hezbollah

    En mars, le Hezbollah islamique (Parti de Dieu), soutenu par la police et l'Organisation Contre-Guérilla, intensifia ses attaques contre les leaders et militants nationalistes kurdes.
    Les attaques attribuées à l'Hezbollah ont causé la mort d'au moins 15 personnes, blessé 19 autres et embrasé 25 magasins.
    La plupart des attaques ont eu lieu dans des régions prétendument contrôlées par le PKK.
    Le Hezbollah surgit après que les forces de sécurité aient été infiltrées par des activistes islamistes radicaux pendant le gouvernement de l'ANAP.
    L'hebdomadaire 2000e Dogru, affirmait le 16 février dernier qu'un groupe de militants du Hezbollah était en train de suivre un entraînement dans les quartiers des équipes spéciales anti-térroristes à Istanbul. Le reporter de l'hebdomadaire, Halit Güngen, fut tué d'une balle dans la tête par le Hezbollah deux jours après la publication de cette information.
    Les sources du PKK affirment que ceux impliqués dans la récente vague d'assassinats et d'attaques sont de très jeunes militants de moins de 16 ans. "A cet âge-là on peut leur faire croire n'importe quoi et en faire des tueurs dès qu'on leur met une arme entre les mains", concluaient-elles.
    Dans certains villages, surtout autour de Mardin et à la frontière avec la Syrie, le Hezbollah mène également sa campagne avec la distribution gratuite dans les marchés de cassettes en arabe. Certains marchés, dans les grandes villes, sont en fait dirigés par les membres du Hezbollah et les sources locales soutiennent que la police est au courant.
    A Nusaybin, les voitures de patrouille de la police font souvent entendre les cassettes de l'Hezbollah, en arabe, lorsqu'elles passent dans les rues.
    Les villages situés à la frontière deviennent des villes fantômes durant la nuit avec les rideaux de fer des magasins tirés. Les gens s'enferment chez eux et dans les rues on ne voit que les équipes spéciales de lutte anti-terroriste.
    Quasiment chaque nuit, des inconnus frappent aux portes et s'identifient comme étant des "guérilleros" mais les gens ont appris à ne pas répondre. Ouvrir une porte pourrait signifier être tiré hors de chez soi, être interrogé à la manière du Hezbollah et être abattu ou exécuté.
    Récemment, le 6 mars, trois militants du Hezbollah tirèrent sur un technicien dentaire, Serif Akinci, au milieu de la rue. Bien que sérieusement blessé, Akinci survécut à l'attaque.
    Une équipe du PKK suivit les tireurs. L'un d'eux fut tué et deux autres furent blessés avant de s'enfuir.
    Le PKK a déjà capturé 10 militants du Hezbollah . Ils auraient avoué les noms d'un groupe de 200 personnes qui collaboraient avec la police locale.

L'etat d'urgence prolongé

    Le 17 mars, quatre jours avant le Newroz, le Parlement turc approuva par une majorité écrasante le prolongement de quatre mois de l'état d'urgence dans dix provinces du Sud-est. Ce prolongement était une des principales raisons de l'escalade du Syndrome du Printemps.
    D'un total de 450 parlementaires, 382 étaient présents à la session et 321 ont voté en faveur d'un prolongement de l'état d'urgence. 58 ont voté contre, un s'est abstenu et deux votes furent déclarés nuls.
    29 des députés qui ont voté contre le prolongement de l'état d'urgence sont des députés du SHP et 18 d'entre eux étaient des anciens membres du Parti Travailliste du Peuple (HEP). Les autres 29 votes négatifs provenaient des deux indépendants, Leyla Zana et Hatip Dicle, et de 27 députés du Parti du Bien-être (RP).
    Le néo-fasciste MCP vota comme les deux partenaires de la coalition, le SHP et le DYP, pour un prolongement de l'état d'urgence.
    Lorsqu'il était dans l'opposition, le SHP s'était montré contraire à ce régime extraordinaire dans le Kurdistan turc, et après les dernières élections législatives il était arrivé au gouvernement avec la promesse de le supprimer.
    Malgré une forte opposition des membres du parti, la majorité du groupe parlementaire du SHP vota en faveur d'un prolongement de l'état d'urgence.

plus de soutien au gouvernement
   
    Avant le Newroz, le Parti Travailliste du Peuple (HEP) adressa une série de mises en garde au gouvernement pour qu'il calme la situation, mais la coalition DYP-SHP ne les tint pas en compte et continua d'envenimer la situation.
    Sur ce, le 11 mars, le HEP annonçait qu'il retirait son soutien dans le Sud-est à la coalition gouvernementale d'Ankara, mettant fin à un "mandat kurde" de trois mois concédé à Demirel pour arranger les choses.
    Après une enquête de quatre jours dans plusieures porvinces de la région, le Secrétaire Général du HEP, Ahmet Karatas, affirma :
    "Nous avions déjà averti le gouvernement pour qu'il mette fin aux violations des droits de l'homme et à la violence dans le Sud-est. Maintenant nous avons décidé de retirer tout notre soutien et d'organiser des actes de protestation massifs contre les dirigeants gouvernementaux."
    Karatas accusa la coalition gouvernementale de poursuivre la "guerre spéciale" qui commença dans la région sous l'administration du Parti de la Mère-Patrie et fit remarquer que malgré les promesses de rétablissement du respect des droits de l'homme et des libertés et de transparence du système, au cours des trois derniers mois, les violations n'avaient fait que s'intensifier dans la région.
    Un groupe de représentants de la presse qui accompagnait la délégation du HEP dans son tour de la région ne cessa d'entendre parler de massacres, incendies criminels et harcèlements de la part des forces de sécurité et du Hezbollah.

les députés kurdes démissionnent du shp

    Etant donné que le gouvernement ne tient pas le moindre compte de tous les avertissement et que la direction du parti ne tient pas ses promesses sur la démocratisation du Kurdistan, 14 des députés du SHP d'origine kurde ont abandonné le parti le 31 mars dernier après avoir publié une lettre de 3 pages.
    La déclaration accuse le gouvernement de tenter d'assimiler la question kurde au "terrorisme." Rappelant qu'au début, les déclarations du Premier Ministre Demirel sur "la reconnaissance de la réalité kurde" avaient reçu le soutien de la population, la lettre dit ceci : "Nous avons donné notre soutien, du temps et du crédit. Mais le processus de démocratisation promis n'est pas appliqué."
    "En peu de temps, adoptant les méthodes préconisées par certains centres et cercles, il [le gouvernement] a mis en pratique des politiques de répression, d'intimidation, d'exécution sans jugement, de terrorisme, d'activités contre-guérilla et de bombardement d'objectifs civils, qui peuvent être résumées en un mot ‘destruction’. Il n'a laissé que douleur et larmes," précise la lettre.
    La déclaration refusait l'idée que le problème kurde soit un problème artificiel pour rompre l'intégrité de la Turquie et expliqua qu'il s'agissait "justement du contraire, ce sont le problème et la réalité propres du pays."
    Elle dit également que pour devenir un pays fort dans le monde et au Moyen-Orient, la Turquie devrait résoudre le problème kurde d'une manière contemporaine et démocratique.

les innocentes demandes de kurdes

    14 députes ont résumé en dix titulaires les innocentes demandes de la population du Sud-est :
    "1. Supprimer toutes les lois et réglementations antidémocratiques héritées du coup-d'Etat du 12 septembre et qui ont empêché la Turquie d'accéder à la démocratie.
    "2. Abolir l'état d'urgence avec toutes ses réglementations et institutions.
    "3. Garantir à tous les citoyens le droit de vivre en paix et fournir une explication pour les ‘crimes’ inexpliqués.
    "4. Inclure l'identité kurde dans la Constitution, les lois et les documents internationaux, admettre la langue kurde en tant que langue d'éducation, la diffusion en kurde et le droit de développer et étendre la culture, l'art, le folklore et la civilisation kurdes.
    "5. Favoriser les conditions permettant aux populations locales de s'exprimer librement, de s'organiser et de décider de leur avenir et donc supprimer les obstacles qui entravent ces droits et conduisent à une escalade du terrorisme.
    "6. Civiliser la société et abandonner le système des gardiens de village.
    "7. Supprimer le déséquilibre entre les différentes régions et accélerer les investissemente financés par l'Etat et encourager les investissements privés.
    "8. Supprimer l'interdiction qui empêche certains villageois de vivre dans les hameaux ou de monter dans les montagnes et donner une compensation immédiate à ceux qui ont été déplacés de leur village.
    "9. Approuver les réformes judiciaires tant évoquées et introduire des normes modernes dans les processus d'interrogation et les procès.
    "10. Améliorer les conditions de travail et leur appliquer les normes de l'Organisation Internationale du Travail."
    La lettre dit qu'au lieu de donner une réponse positive à ces "innocentes demandes", le gouvernement se tourne vers des mesures policières et la violence pour résoudre les problèmes dans le Sud-est de la Turquie. "Pour démontrer la puissance de l'Etat, du sang et des larmes ont été versés dans la région."
    La déclaration conclut par une promesse de soutien à toute démarche démocratique et à toute réforme que le Parlement puisse entreprendre sur la question kurde, précisant que les députés qui ont démissionné sont disposés à tous les sacrifices.

discrimination envers les prisonniers kurdes

    Le Tribunal Constitutionnel a confirmé récemment la discrimination à laquelle sont soumis les prisonniers kurdes en refusant un appel pour que soit annulée une partie controversé de la Loi Anti-Terreur.
    Cette loi, adoptée le 12 avril 1991, supprima plusieurs articles du Code Pénal Turc comme le 140, le 141, le 142 et le 163 et stipule la mise en liberté conditionnelle de quelque 40.000 prisonniers. Cependant, en vertu de l'article 4 provisoire de la nouvelle loi, la réduction des peines pour délit contre l'Etat (prévues par les articles 125 et 146 du Code Pénal Turc) fut plus limitée : la peine capitale fut commuée en 20 ans de prison; les condamnations à vie furent réduites à 15 ans de prison et les autres peines furent réduites à un tiers de la sentence totale.
    Le 22 juillet, le Tribunal Constitutionnel supprimait les restrictions concernant les victimes de l'Article 146. Ceux qui ont donc été condamnés en vertu de cet article, surtout des militants des organisations turques de gauche, ont été relâchés.
    Pour ce qui est des prisonniers politiques kurdes, principalement des militants du PKK, ils ont été condamnés en vertu de l'Article 125 du Code Pénal Turc.
    Le Tribunal Constitutionnel a examiné pendant près d'un an les appels concernant les victimes de l'Article 125 du CPT. Le 31 mars 1992, finalement, il prononça son verdict juste après le bain de sang du Newroz.
    Refusant de lever les restrictions dues à l'Article 125, le Tribunal Constitutionnel a condamné les prisonniers politiques des organisations kurdes à rester derrière les barreaux marquant ainsi son accord avec l'attitude discriminatoire que d'autres organes de l'Etat adoptent à l'égard des Kurdes.

tension germano-turque après le newroz

    Le 26 mars, après les incidents du Newroz, le gouvernement allemand décidait d'interrompre les livraisons d'armes à la Turquie car Ankara utilisait ces armes contre la minorité kurde du pays. Un cargo portant de l'aide militaire à la Turquie fut immédiatement rappelé.
    A la décision de Bonn, la Turquie riposta par une campagne anti-germanique et l'Allemagne fut accusée de soutenir le PKK. Plusieurs groupes de pression ont donc appelé à boycotter les produits allemands.
    En fait, la décision du gouvernement allemand d'interrompre les envois vers la Turquie fut provoquée par l'insolente attitude de Demirel devant les critiques des médias occidentaux à l'égard de l'oppression des Kurdes en Turquie. Le 24 mars, s'adressant au groupe parlementaire du DYP à propos des critiques de la presse occidentale et des organisations des droits de l'homme, Demirel dit : "Nous n'avons pas l'intention de nous incliner devant la pression occidentale. Je n'ai pas peur de la presse étrangère ni d'aucune autre réaction internationale."
    Après la décision du gouvernement allemand, Demirel continua de trouver justifiable le terrorisme d'Etat dans le Kurdistan turc.
    Au cours d'une conférence de presse, Demirel déclara que la réaction allemande s'appuyait sur de fausses informations de la presse. "Je demande à n'importe quel pays dans le monde: Que faites-vous des gens qui prennent des fusées, des mortiers, des armées anti-aériennes et versent le sang des enfants, des jeunes ou des soldats de manière sans discrimination? Et bien, la Turquie en fait de même. Ce qu'ils ont fait pour le Gang Baader-Meinhof, nous l'appliquerons aux incidents de notre pays. Nous sommes aussi justes qu'eux [les Allemands]," ajouta-t-il.
    Demirel contrasta également la réaction allemande avec celle des Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Hollande.
    Plus grave encore, Turgut Özal, Président de la République, alla plus loin et augmenta la tension entre les deux pays en évoquant le passé nazi de l'Allemagne.
    Le 29 mars, dans une interview pour le quotidien Cumhuriyet, Özal déclara : "L'Allemagne a beaucoup changé après l'unification. C'est comme si elle essayait d'intervenir partout, d'interférer auprès de tout le monde et de prouver qu'elle est une grande puissance. Il est clair que l'Europe doit prendre garde à cela. Il s'agit là d'un comportement erroné. Par le passé, l'Allemagne d'Hitler fit la même chose. Bien sûr, elle le fit d'une autre manière. Aujourd'hui l'Allemagne adopte ce même comportement, mais en utilisant mal sa puissance économique ou en proférant des menaces, elle découvrira très vite qu'elle n'a pas emprunté le bon chemin."
    Dans cette interview, Özal accusa également Genscher d'essayer de s'attirer l'alliance de groupes sympathisant avec le PKK.
    Le gouvernement du Chancelier Helmut Kohl réagit durement aux déclarations d'Özal qualifiant la référence au "Nazisme" "d'excessive et absurde."
    Après l'Allemagne, la Norvège annonça qu'elle avait retiré à une firme privée l'autorisation de vendre du matériel militaire à la Turquie. "Nous avons supprimé la licence d'exportation parce qu'en Turquie, la situation ne satisfait pas les conditions d'exportation," déclara le porte-parole du Ministère des Affaires Extérieures.
    Le 28 mars, l'Autriche s'est jointe à l'Allemagne et à la Norvège et remit une note diplomatique à la Turquie contestant l'action militaire turque dans le Sud-est.

soutien du gouvernement à un parti fasciste

    Dans une surprenante démarche, la coalition de centre-gauche a récemment décidé d'accorder une aide financière au Parti Travailliste Nationaliste (MÇP), organisation néo-fasciste de l'ancien colonel Alparslan Türkes.
    Le 23 mars, la Commission Parlementaire de Planification Budgétaire approuva une proposition visant à concéder une aide financière de l'Etat au MÇP aussi importante que celle que reçoit le Parti Démocratique de la Gauche (DSP).
    Le MÇP recevrait de la Trésorerie une somme tournant autour des 6 milliards de LT (1 million de $).
    La proposition fut signée au nom du SHP par le vice-président du groupe parlementaire du parti, Aydin Güven Gürkan, sans demander l'avis des autres membres du groupe.
    Ce fait accompli fut sévèrement critiqué par l'autre vice-président du groupe parlementaire, Mahmut Alniak, qui est un député d'origine kurde.
    Selon les observateurs politiques, en finançant le parti des néofascistes, le gouvernement paie le prix de leur soutien aux mesures répressives, tel que le prolongement de l'état d'urgence.

terrorisme d'état en mars

    Le 1.3, onze personnes furent arrêtées à Konya par la Cour de la Sûreté de l'Etat pour avoir collé des posters d'une organisation illégale.
    Le 2.3, la police empêcha par la force une manifestation de travailleurs devant le bureau d'une compagnie de transport. Onze d'entre eux furent battus par la police et 200 syndicalistes et travailleurs furent arrêtés.
    Le 2.3, à Rize, deux étudiants universitaires furent arrêtés pour avoir collé sur un mur le poster d'une organisation de gauche.
    Le 2.3, six étudiants furent blessés à l'Université d'Istanbul au cours d'une escarmouche entre groupes de gauche et de droite. La police arrêta dix étudiants.
    Le 2.3, au cours d'un raid dans une maison de Van, la police abattit trois personnes et en arrêta huit autres parmi lesquels se trouvaient des enfants. Au cours de l'opération, une femme de 90 ans fut blessée et hospitalisée.
    Le 3.3, à Izmir, la police empêcha de force que des travailleurs du transport dressent une tente. 35 d'entre eux furent arrêtés.
    Le 4.3, à Izmir, un étudiant universitaire de 20 ans, Eralp Yazar, fut abattu par la police qui tira sur une manifestation illégale. Quinze personnes furent arrêtées.
    Le 4.3, à Adana, la police arrêta dix personnes aux cours d'une série d'opérations menées dans les quartiers kurdes.
    Le 5.3, à Istanbul, l'avocat Seref Turgut fut frappé au poste de police où il se rendait pour voir sont client qui y était détenu.
    Le 5.3, à Izmir, des groupes de droite firent une descente dans la cantine de l'Université 9 Eylül et trois étudiants furent blessés au cours d'une confrontation entre des groupes opposés.
    Le 6.3, à Izmir, cinq personnes furent arrêtées alors qu'elles distribuaient des tracts du Parti Socialiste (SP) à l'occasion du Jour International de la Femme.
    Le 6.3, une confrontation entre des groupes de droite et de gauche causèrent dix morts à l'Université d'Ankara. Après l'incident la police arrêta 20 étudiants.
    Le 7.3, à Istanbul, une table ronde sur Atatürk, organisée par la Fondation des Recherches Scientifiques, fut interdite par le Gouverneur.
    Le 7.3, les forces de sécurité arrêtèrent quatre personnes au cours de diverses descentes effectuées dans plusieurs maisons à Bingöl.
    Le 8.3, à Karaman, le propriétaire d'une maison de thé, Mehmet Zeki Özirmak, fut torturé dans un poste de police où il avait été emmené dans le cadre d'une enquête.
    Le 8.3, à Diyarbakir, la police annonça l'arrestation de neuf personnes, dont cinq médecins, au cours des opérations de la semaine précédente.
    Le 8.3, à Adana, une manifestation de 150 personnes pour le Jour International de la Femme fut empêchée par la police et 50 personnes furent arrêtées. Le même jour à Istanbul, au cours d'une autre manifestation, la police blessa deux personnes et arrêta huit autres.
    Le 9.3, à Midyat (Mardin), Mehmet Emin Dimen, de 18 ans, déclara avoir été torturé au poste de police suite à son arrestation, le 24 février, et il eut deux côtes cassées.
    Le 10.3, la CSE d'Erzincan condamna un ressortissant syrien, Muhammed Isa Sahin, à la peine capitale en vertu de l'Article 125 du Code Pénal Turc pour avoir pris part à des actions du PKK.
    Le 10.3, les forces de sécurité arrêtèrent douze personnes à Adana et 34 à Diyarbakir au cours d'une série d'opérations anti-PKK.
    Le 10.3, à Izmir, la police arrêta un officiel du HEP, Mehmet Zeynettin Unay.
    Le 10.3, la police arrêta six étudiants au cours des opérations de ratissage à Adana.
    Le 11.3, la CSE d'Istanbul initia le procès de 23 personnes accusées d'avoir mis le feu à un supermarché à Istanbul causant la mort de 23 personnes. Le procureur demande la peine capitale pour huit des défendeurs et des peines de prison allant jusqu'à 20 ans pour les autres.
    Le 12.3, à Istanbul, trois femmes furent arrêtées pour avoir collé des affichés pour les festivités du Newroz.
    Le 13.3, à Antalya, un détenu non-politique, Seki Böckün, serait mort sous la torture pendant son interrogatoire au poste de police.
    Le 13.3, à Izmir, la police annonça l'arrestation de 60 personnes au cours d'une opération menée contre une organisation illégale.
    Le 13.3, à Cizre, un garçon de 12 ans fut abattu et un autre blessé au cours d'une attaque menée par le Hezbollah. La police empêcha une manifestation de protestation contre cet assassinat.
    Le 13.3, à Izmir, le Gouverneur interdit une réunion tournant autour de thèmes professionnels organisée par le Syndicat des Travailleurs de l'Education (Egit-Sen).
    Le 13.3, douze personnes qui commémoraient la mort de trois activistes de gauches exécutés après le coup-d'Etat de 1980 furent arrêtées devant leurs tombes.
    Le 14.3, les forces de sécurité arrêtèrent 43 personnes dans le village de Kilavuz, province de Mardin, et 11 autres dans la province de Batman.
    Le 16.3, deux personnes, Abdullah Bakir et Hanefi Yildiz, qui avaient été arrêtées à Elazig, révélèrent après leur mise en liberté qu'elles avaient été torturés pour les forcer à devenir des informateurs de la police.
    Le 16.3, la Cour de Cassation approuva la condamnation de 12 syndicalistes pour avoir organisé en 1990, à Istanbul, une manifestation du 1er mai sans y avoir été autorisés. Chacun d'eux avait été condamné par un tribunal local à une peine de prison de 18 mois et à payer une amende de 40.000 LT.
    Le 17.3, dix-neuf détenus politiques de la prison de Kayseri se sont mis en grève de la faim pour protester contre les conditions d'incarcération. Ils affirment qu'après l'évasion d'un groupe de prisonniers le mois dernier, ils sont souvent torturés et placés en isolement.
    Le 17.3, à Istanbul, un groupe de droite attaqua des étudiants de gauche à l'Université de Bosphore. Un étudiant fut sérieusement blessé.
    Le 17.3, dans la ville de Çukurca (Hakkari), un meeting organisé à l'occasion du 4e anniversaire du massacre de Halabja en Irak, fut empêché de force par la police et 20 personnes furent arrêtées.
    Le 18.3, à Istanbul, une jeune femme, Ayse Koç, affirma avoir été torturée et sexuellement harcelée au poste de Gendarmerie d'Alemdar où elle avait été emmenée pour une enquête.
    Le 18.3, cinq personnes furent inculpées par la CSE d'Ankara pour leurs exposés de la Convention du HEP du 15 décembre 1991. Chacun d'eux risque une peine de prison de cinq ans pour séparatisme.
    Le 18.3, s'ouvrait dans une cour criminelle de Bursa le procès contre trois personnes accusées d'avoir commis un meurtre politique. Ils risquent tous la peine capitale.
    Le 19.3, à Nusaybin, un étudiant d'une école supérieure fut abattu et un autre blessé par des inconnus.
    Le 19.3, à Derik, un enseignant fut trouvé mort d'une balle dans la tête. Le même jour, à Midyat, un fonctionnaire public fut tué par des inconnus.
    Le 20.3, à Gercüs (Batman), la police tira sur une foule qui célébrait le Newroz. Deux personnes ont été tuées et huit autres furent blessées.
    Le 20.3, à Istanbul, les bureaux de dix associations, y compris l'Association des Droits de l'Homme (IHD) et l'Association des Femmes Patriotiques (YKD), furent perquisitionnés par la police et tous les documents qui s'y trouvaient furent confisqués.
    Le 20.3, à Elazig, l'Association de Solidarité avec la Population d'Elazig fut fermée par le gouverneur.
    Le 20.3, la police arrêta sept personnes parmi un groupe de travailleurs du transport qui participaient à une action de protestation à Izmir.
    Le 20.3, à Ankara, quatre étudiants d'une école supérieure furent arrêtés pour avoir pris part à une manifestation non autorisée.
    Le 20.3, au cours du procès contre l'Union des Jeunes Communistes (GKB), les gendarmes de garde frappèrent les défendeurs qui essayaient de lire un communiqué sur le Newroz et quatre d'entre eux furent blessés.
    Le 23.3, à Izmir, 30 personnes arrêtées au cours des semaines précédentes furent amenés devant la Cour de la Sûreté de l'Etat. Leurs parents, venus les voir devant la cour, furent dispersés par la police. Cinq parents furent blessés.
    Le 23.3, les forces de sécurité arrêtèrent plus de 20 personnes au cours d'opérations anti-PKK menées dans sept villages de Mardin et en blessèrent deux.
    Le 23.3, les officiels provinciaux du HEP furent inculpés par la CSE d'Istanbul. Ils sont accusés d'avoir porté des affiches avec des slogans séparatistes lors d'une manifestation organisée le 1e mars.
    Le 24.3, l'ancien maire de Diyarbakir, Mehdi Zana, fut immédiatement jeté en prison après son retour de Paris pour y purger une peine de prison de deux mois et douze jours. Il fut condamné pour avoir déclaré aux journalistes, alors qu'il se trouvait en prison, qu'il soutenait la lutte de libération nationale du PKK.
    Le 24.3, la Maison du Peuple d'Adana fut fermée par le gouverneur pour activités incompatibles avec ses objectifis.
    Le 25.3, à la Prison du Type E de Diyarbakir, 260 prisonniers politiques entamaient une grève de la faim pour marquer leur désaccord envers le terrorisme d'Etat durant les festivités du Newroz.
    Le 25.3, à Istanbul, la police arrêta neuf personnes pour avoir participé aux activités du PKK.
    Le 25.3, à Izmir, trois personnes furent arrêtées pour avoir insulté un policier.
    Le 27.3, treize personnes qui avaient été arrêtées alors qu'elles se rendaient aux funérailles de Resan Demirel à Izmir, déclaraient avoir été torturés au cours de leur interrogatoire. Les traces de torture furent certifiées par un rapport médical.
    Le 27.3, à Istanbul, 72 des 159 personnes arrêtées au cours des manifestations du Newroz furent placées en détention par la Cour de la Sûreté de l'Etat.
    Le 27.3, à Ankara, une manifestation des étudiants de l'Université Technique du Moyen-Orient (ODTU) qui protestaient contre les attaques des islamistes fut dispersée de force par la police, 16 étudiants furent blessés. Par ailleurs, la police arrêta également trois étudiants à l'Université d'Ankara.
    Le 27.3, à Istanbul, 27 étudiants de moins de 18 ans furent arrêtés alors qu'ils tentaient d'occuper l'Ecole Supérieure d'Hasköy pour marquer leur désaccord envers la répression du Newroz.
    Le 27.3, à Nusaybin, les forces de sécurité abattirent une personne sous prétexte qu'elle tentait de s'enfuir lors d'un contrôle d'identité.
    Le 28.3, à Sirnak, la police annonça le suicide, au poste de police, d'une jeune femme, Biseng Anik, qui avait été arrêtée pendant les incidents du Newroz.
    Le 30.3, dans le district de Selçuk, douze personnes d'origine kurde, dont sept enfants, furent arrêtées pour avoir détruit le buste d'Atatürk dans une école primaire.
    Le 30.3, à Edirne, la police arrêta 48 étudiants qui tentaient d'occuper le bureau du SHP pour protester contre la répression du Newroz. De nombreux étudiants furent brutalement battus.
    Le 30.3, les forces de sécurité arrêtèrent onze personnes dans la ville de Dargeçit pour avoir donné refuge à des militants du PKK.
    Le 31.3, à Iskenderun, Bahattin Ekin, Ali Çelik, Hasan Aykal et Idris Yildiz déclarèrent avoir été torturés après leur arrestation, le 28 mars.
    Le 31.3, la police annonçait l'arrestation d'onze membres supposés du TKP-ML au cours des 15 derniers jours.
    Le 31.3, à Bursa, 19 personnes furent arrêtées pour avoir pris part à des actions du Dev-Sol.
    Le 31.3, à Adana, huit personnes essayèrent de placer une couronne noire devant le bureau du gouverneur pour marquer leur désaccord envers la répression du Newroz, ont été arrêtés.

les journaux kurdes obligés de fermer

    Le 27 mars, le premier journal kurde du pays, Rojname, annonçait qu'il allait interrompre  ses publications en raison des pressions des autorités policières.
    Deux jours plus tôt la police faisait une descente dans les installations du journal et mena une profonde perquisition à la recherche d'imaginaires lance-roquettes et grenades après qu'un employé ait été emmené et torturé.
    Ahmet Zeki Okçuoglu, éditeur de Rojname, déclara dans une conférence de presse que le journal avait interrompu sa publication après être arrivé à la conclusion "qu'il était impossible de publier dans ces conditions."
    Okçuoglu affirma que, depuis sa première publication le 29 décembre 1991, des appels anonymes n'avaient cessé de menacer ses employés et il ajouta qu'un employé de 18 ans, Cengiz Çelik, fut presque tué par la police.
    Çelik fut arrêté et torturé par la police avant d'être jeté devant un minibus qui eut juste le temps de freiner pour ne pas l'écraser.
    Okçuoglu précisa que la police avait essayé de faire avouer à Çelik la présence de lance-roquettes et de grenades dans le bureau du journal et comme celui-ci résistait, elle lui avait brûlé le visage avec des mégots de cigarette, l'avait frappé aux pieds avec des bâtons et heurté sa tête contre le mur.
    Pendant la perquisition qui suivit la détention de Çelik, les voitures et minibus de la police encerclèrent littéralement le bureau au milieu du bruit de sirènes qui parcouraient les rues, mais rien d'illégal ne fut découvert dans les locaux du journal.
    Okçuoglu accusa la coalition gouvernementale d'avoir en fait accentué la pression sur les Kurdes de Turquie et accusa l'administration d'être incapable de protéger les employés du journal.
    "Comme ils le font avec tous les autres Kurdes, ils veulent nous tuer et sont en train de nous opprimer," dit-il.
    L'éditeur fit également savoir qu'il avait l'intention de demander la protection de plusieurs organes internationaux et introduirait également la demande aux Nations Unies "pour y dénoncer la terreur que la Turquie fait subir à ses citoyens."
    Après la fermeture du Rojname, il ne reste qu'un hebdomadaire kurde en Turquie, le Welat, publié par le député de Siirt, Zübeyir Aydar. Le premier numéro du Welat parut le 22 février et aurait un tirage de 40.000 exemplaires.

un journaliste tué par les militaires

    Au cours des incidents du Newroz, à Cizre, non seulement la population locale, mais également les journalistes et les observateurs étrangers furent victimes de la violence policière. Un journaliste turc fut tué le 23 mars.
    Izzet Kezer, un photographe du journal Sabah, fut abattu par les forces de sécurité qui, dans un blindé, firent feu sur un groupe de journalistes à Cizre, bien que ces derniers portaient des drapeaux blancs sur des perches.
    Le 22 mars, Sabah était le seul journal turc à rapporter en première page que la violence de Cizre avait surgi après que la police ait tiré sur la foule.
    Avant le massacre, la police avait dit au directeur de l'hôtel Kadooglu, où se trouvent la plupart des reporters de Cizre, d'informer les journalistes de ne pas s'aventurer dehors. "S'ils le font, nous ne sommes pas responsables de leur sécurité," aurait dit un policier selon le directeur.
    L'attitude hostile de la police à l'égard des journalistes et des observateurs fut confirmée par le correspondant du Guardian, Jonathan Rugman à Cizre. Dans son article du 23 mars, il rapporte : "Dans les faubourgs de Nusaybin, la police était tellement enragée de voir se détériorer la loi et l'ordre que l'un d'entre eux tabassa un groupe de journalistes et d'activistes des droits de l'homme. Certains d'entre nous avons reçu des coups de pied et avons été frappés au visage, et à un moment donné une arme fut mise sur la tête d'un journaliste. ‘Où sont les droits de l'homme lorsque nous sommes tués?’ cria le policier."
    Après la mort de Kezer, des centaines de journalistes ont marché le 24 mars à Ankara en direction du mausolée d'Atatürk pour exprimer leur désaccord envers le comportement de la police.
    La manifestation silencieuse qui fut organisée par l'Association des Journalistes Contemporains (CGD) se termina par un appel pour que soient capturés les meurtriers de Kezer et incita le gouvernement à adopter des mesures efficaces pour protéger les reporters qui travaillent dans des zones agitées.

poursuites contre les médias en mars

    Le 1.3, la journaliste suisse Barbara Kistler fut condamnée par la CSE d'Istanbul à une peine de prison de 3 ans et 9 mois pour avoir traduit les textes d'une organisation clandestine. Trois défendeurs turcs jugés en même temps qu'elle furent acquittés.
    Le 1.3, le correspondant de Yeni Ülke à Hani, Tahsin Acay, fut arrêté par la police puis placé en détention par un tribunal de Mardin.
    Le 3.3, s'ouvrait un nouveau procès contre trois journalistes de l'hebdomadaire Yeni Ülke à la CSE d'Istanbul. Yalçin Küçük, auteur d'un article intitulé "Öcalan [leader du PKK], Mon Frère", Serhat Bucak, éditeur de la revue, et l'éditeur responsable, Yusuf Cacim, risquent tous les trois des peines de prison allant jusqu'à 5 ans en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 8.3, le N_ 3 de la revue mensuelle Barikat fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 13.3, l'éditeur responsable du mensuel Devrimci Emek, Hüseyin Dumaz fut arrêté à Izmir pour un discours qu'il prononça lors de la cérémonie de commémoration de trois activistes politiques de gauche exécutés après le coup-d'Etat militaire de 1980.
    Le 14.3, à Diyarbakir, la police arrêta, après une cérémonie de fiançailles, quelque 100 personnes parmi lesquelles se trouvaient le chanteur kurde Nasir Rezazi, les membres du groupe musical kurde Koma Denge Azadi et ceux de la troupe de théâtre kurde Sanoya Roja Azadi. De nombreux détenus furent brutalement frappés.
    Le 15.3, le N_ 8 du mensuel Devrimci Proletarya fut confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande pour une organisation illégale.
    Le 18.3, le procureur public introduisit une action en justice contre Erol Simavi, éditeur du journal Hürriyet, et Hasan Kiliç, éditeur responsable, pour avoir rapporté un communiqué de presse d'une organisation de gauche. En vertu de l'Article 6 de la LAT, chacun d'eux risque une amende allant jusqu'à 50 millions de LT (7.700 $).
    Le 21.3, 110 membres du Parti de la Mère-Patrie (ANAP) - 83 desquels sont députés - ont introduit une demande d'indemnisation de 550 millions de LT (84 millions de $) contre le journaliste du Hürriyet, Emin Çölasan, pour un article où il les accuse de corruption.
    Le 26.3, le correspondant d'Urfa de l'hebdomadaire Yeni Ülke, Abdülvahap Turan, fut arrêté et accusé d'avoir pris part à un acte politique violent.
    Le 27.3, seize intellectuels furent arrêtés alors qu'ils essayaient de placer une couronne noire devant le bureau du Conseil de la Presse pour protester contre la partialité des grandes médias dans les événements du Newroz. Parmi les détenus se trouvaient également les sociologues Ismail Besikçi, l'éditeur Serhat Bucak, la musicienne Bilgesu Erenus et l'écrivain Musa Anter.
    Le 30.3, à Siirt, le rédacteur en chef du journal local Mücadele, Cumhur Kiliccioglu, fut condamné à une amende de 39.900.000 LT (6.138 $) pour avoir insulté des officiels de l'Etat dans un article concernant une affaire de corruption.
    Le 31.3, à Ankara, Murat Koç, correspondant du journal Günaydin, fut blessé par un policier qui le frappa à la tête avec un téléphone sans fil alors qu'il vérifiait une information selon laquelle le bureau de Çankaya du SHP serait perquisitionné par la police.

désastre dans une mine de charbon

    Le 4 mars, l'accident le plus grave survenu dans une mine de charbon turque causa la mort de 265 personnes après qu'une explosion de méthane se soit produite à 560 mètres de profondeur, à Kozlu, situé à 10 kilomètres de la ville de Zonguldak sur la Mer Noire.
    Les corps de 118 victimes seulement ont pu être récupérées, 147 mineurs furent ensevelis dans le puits embrasé.
    Un total de 525 travailleurs sont morts en Turquie depuis 1942 dans neuf accidents différents.
    Le Syndicat des Mineurs de Turquie déclara après le désastre que l'explosion était le résultat de la grande négligence des employeurs qui n'ont pas mesuré convenablement la concentration de méthane. "Les ingénieurs de la mine étaient supposés inscrire les niveaux de méthane dans un registre mais ni les ingénieurs ni les chefs n'avaient respecté cette procédure avant le désastre," disait la déclaration.
    Après le désastre, une série de manifestations fut organisée pour protester contre les responsables.
    Le 3 mars, à Zonguldak, la police eut recours à la violence pour faire face à la manifestation et arrêta 41 personnes. Le même jour, l'Association de la Culture Populaire et la Solidarité (ZOHAKAD) fut perquisitionnée par la police.

terreur policière à l'université bosphore

    Le 10 mars, un groupe d'étudiants de l'Université Bosphore à Istanbul occupait le bureau du Président pour protester contre la mort des mineurs dans l'explosion de Zonguldak.
    Après que les étudiants aient dit que leur occupation se poursuivrait pendant deux jours, un grand nombre de forces de sécurité spéciales arriva à bord d'hélicoptères "Puma" importés de France. Selon les étudiants, les hélicoptères firent un show dans la cour, "comme s'ils attaquaient les guérillas PKK dans le Sud-est."
    Le conseil d'administration de l'université, après avoir pris la décision dans une réunion d'urgence, demanda à la police de ne pas intervenir et de quitter l'université.
    Malgré cette demande, trois bus remplis de forces d'intervention rapide et de forces de sécurité se sont garés devant l'université pour une rapide intervention en cas d'incident.
    Le lendemain, la police arrêta de force 27 étudiants et les remit à la CSE d'Istanbul pour y être jugés. Le procureur demanda pour eux des peines allant jusqu'à 18 ans de prison.

tremblement de terre à erzincan

    Le 15 mars, la Turquie souffrait un nouveau désastre. Un tremblement de terre secouait la province orientale d'Erzincan causant 492 morts et des milliers de blessés.
    C'est la deuxième fois qu'Erzincan est détruite par un tremblement de terre. Celui de 1939, le plus violent dans la Turquie des temps modernes, tua 30.000 personnes.
    Cette ville fut entièrement reconstruite après le désastre de 1939 et compte maintenant près de 175.000 habitants. Cependant, de nombreux bâtiments construits après 1939 se sont effondrés comme des châteaux de cartes pendant le tremblement. Un grand bloc de bureaux moderne était en ruines, penché sur le côté. Un bâtiment de béton et cristal se fracassa et tout un pan de verre d'un mur glissa sur le sol. Le tremblement fit s'écrouler un hôpital, une école, un orphelinat, deux hôtels, un poste de police et des parties d'une usine de sucre.
    Les experts pensent que le désastre est dû à la négligence. Certains entrepreneurs responsables de la construction du quartier des bureaux d'Erzincan qui s'effondra causant le plus grand nombre de victimes, avaient eu les faveurs de l'Etat.
    Selon les chiffres officiels, pendant le tremblement, 1.084 maisons et 769 lieux de travail ont été complètement détruits, tandis que 2.077 maisons et 392 lieux de travail ont subi des dommages moyens et 3.220 maisons et 124 lieux de travail ont subi de légers dommages.
    Les familles des victimes accusent les autorités de l'Etat et les entrepreneurs d'être responsables du désastre.
    En outre, l'insuffisance de l'aide apportée a donné lieu à des manifestations de colère. Le 18 mars, des centaines de manifestants défilèrent dans les rues en ruines d'Erzincan pour manifester leur mécontentement au Gouverneur Recep Yazicioglu qu'ils accusaient de négligence dans la distribution de l'aide aux victimes de la catastrophe.
    Le prix au marché noir des tentes, qui sont arrivées par milliers, atteignait 2 millions de LT. Partout dans la ville, on entendait dire que la plupart de l'aide était en vente dans le marché noir et que des gens d'autres provinces arrivaient avec des camions, les chargeaient avec tout ce qu'ils pouvaient et repartaient.
    Le 18 mars, la chaîne de télévision CNN rapportait qu'aucune aide n'était parvenue même aux villages les plus proches d'Erzincan et qu'il n'existait aucun réseau efficace de distribution.

le week-end turco-kurde à bruxelles

    Alors que les autorités turques menaient une campagne en Turquie ainsi qu'à l'étranger pour inciter les ressortissants turcs à manifester contre le mouvement national kurde, les 3 et 4 avril 1992, Bruxelles fut témoin d'un événement culturel mettant l'accent sur l'amitié entre les peuples turcs et kurdes.
    Dans le cadre des rencontres interculturelles "D'ici et d'ailleurs", organisées par le Foyer Culturel d'Etterbeek, Info-Türk, l'Institut Kurde de Bruxelles et la Fondation Jacquemotte animèrent un week-end Turco-Kurde à l'Espace Senghor.
    Le 3 avril, une exposition de photos de Turquie et du Kurdistan, d'artisanat turque et kurde, d'objets créés par des jeunes dans les Ateliers du Soleil/Info-Türk et des tableaux de l'artiste turque Nazife Can, fut inaugurée en présence des autorités communales d'Etterbeek. Ce soir-là fut projeté le film Voyage vers l'espoir qui remporta l'oscar 1991 du meilleur film et qui met en scène le drame d'une famille immigrée clandestine.
    Le 4 avril, le deuxième jour s'ouvrait par la projection d'un autre film intitulé Metin traitant des problèmes des enfants immigrés.
    Ce film était suivi d'un débat sur les immigrés turcs et kurdes en Europe et particulièrement en Belgique. Le chercheur de l'Université de Liège, Altay Manço, la présidente de l'Institut Kurde, Perwine Jamil, et le Conseiller au Parlement Européen, Ali Yurttagül, informèrent le public des caractéristiques de ces deux communautés de Turquie.
    Finalement, des groupes de danse et de musique des Ateliers du Soleil/Info-Türk et de l'Institut Kurde ainsi que le groupe de musique, Frères Kubat, interprétèrent des chansons et des danses traditionnelles et modernes.
    Le programme du groupe des Ateliers du Soleil/Info-Türk se composait de danses turque, kurde, arménienne, azerbaïdjanaise et chaldéenne.