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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


191

16e année - N°191
Septembre 1992
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 
PROVOCATION PAR L'ETAT

    Porte principale de la ville de Sirnak... A l'arrière-plan, une entrée hantée par les coups de feu porte la fameuse phrase de Mustafa Kemal Atatürk: "Comme je suis fier de dire que je suis turc!" Imaginez le résultat si un Etat imposait une bannière aussi provocante dans une ville quelconque d'un pays démocratique où se côtoient plusieurs nationalités? Par exemple, "Comme je suis fier de dire que je suis flamand!" à Namur, ou "Comme je suis fier de dire que je suis wallon!" à Anvers.

SIRNAK RUINEE PAR L'ETAT

    En août, le Kurdistan turc fut victime d'une nouvelle provocation du régime turc visant à justifier le terrorisme d'Etat dont souffre tout le pays. Suite à cette provocation, la ville kurde de Sirnak fut complètement dévastée par les forces de sécurité et la quasi totalité de la population dut fuir pour échapper au massacre.
    Selon les communiqués officiels, "une force de 700 à 1.500 guérilleros lança une attaque massive contre les installations gouvernementales et militaires de Sirnak, le soir du 18 août. Après la riposte de forces de sécurité, les affrontements se sont poursuivis pendant trois jours." Le Ministre de l'Intérieur, Ismet Sezgin, affirme que "les assaillants semblaient faire partie d'une équipe suicidaire" et soutient que pas moins de 100 guérilleros furent tués alors que les forces de sécurité ne déplorent que cinq morts et 13 blessés.
    En fait, la dévastation de Sirnak survient trois jours après le huitième anniversaire du début de la campagne armée du PKK contre les forces de sécurité dans la région kurde du sud-est. Deux mille manifestants ont commémoré l'événement par un rassemblement dans la ville d'Adana et d'autres événements similaires à Istanbul et plusieurs villes du Sud-est. La plupart des magasins sont restés fermés à Diyarbakir, Batman, Tunceli, Nusaybin et Kulp. Une personne aurait été tuée et la police arrêta 488 autres.
    Auparavant, à la mi-juillet, le commerce turc avec le nord de l'Irak avait été pratiquement paralysé lorsque les militants du PKK décrétèrent la fermeture de la frontière.
    A première vue, la version officielle des incidents de Sirnak semblait acceptable pour bien des observateurs et nombreux furent ceux qui ont pensé à une nouvelle campagne du PKK.
    Cependant, lorsqu'au terme des trois jours de tragédie les armes se sont tues, de nombreuses questions sont restées sans réponses. Ni les députés, ni les journalistes ne furent autorisés à examiner les faits sur place.
    Le journaliste Mehmet Ali Birant du Sabah,  par exemple, écrit dans un article: "Selon la version officielle parue dans les journaux, des centaines de guérilleros du PKK ont effectué un raid dans la ville et ont causé d'importantes destructions avec leur énorme arsenal. Pourquoi le PKK détruirait-il les maisons et forcerait les gens à fuir? A Sirnak, la majorité des habitants sympathise avec le PKK. Pourquoi cette organisation punirait-elle ses sympathisants?"
    Le seul fait visible fut une fuite sans précédents de la population de Sirnak. La quasi totalité de la population dut quitter la ville pour échapper au massacre. Quelque 5.000 Kurdes furent placés dans des camps de fortune à environ 20 km de Sirnak. 15.000 autres sont partis chez des amis ou des parents dans le Sud-est et même au-delà.
    Au cours de cette période de "black-out", les autorités turques, profitant de la désinformation, ont encore renforcé le terrorisme d'Etat.
    Le Conseil de Sécurité Nationale, composé par des commandants de l'Armée et quelques ministres, fut immédiatement convoqué en séance extraordinaire par le Président Özal pour examiner la situation. Cette réunion, célébrée le 27 août dans des baraquements militaires à Diyarbakir, principale ville du Kurdistan turc, fut suivie sur place d'une réunion du Conseil des Ministres et les directives de généraux furent présentées au gouvernement.
    Le Conseil National de Sécurité explique dans une déclaration extrêmement élaborée: "Afin de protéger l'intégrité et unité de l'Etat, la lutte contre le terrorisme se poursuivra dans le cadre de la loi et aura recours à toutes les mesures nécessaires. Des coups seront certainement portés à l'organisation terroriste, qui sera traquée dans les montagnes, les zones rurales et les villes, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Nul n'a le droit d'encourager une organisation terroriste qui assassine d'innocents citoyens et martyrise des soldats et des policiers."
    Les directives du CNS, immédiatement adoptées par le gouvernement, furent commentées dans l'édition du 28 août du journal Hürriyet en les termes suivants: "La décision adoptée lors de la réunion fut interprétée comme un ordre pour tuer APO [Abdullah Öcalan, leader du PKK] et tous les autres leaders du PKK dès qu'ils seront trouvés, appliquant ainsi la méthode israélienne. Jusqu'à présent, la Turquie n'a lancé aucune attaque contre les terroristes du PKK à l'étranger excepté des bombardements aériens des camps de l'organisation dans le nord de l'Irak. Après la décision de Diyarbakir, on peut également s'attendre à des opérations terrestres contre les camps situés à l'étranger."
    En fait, le 29 août les avions turcs ont lancé une opération aérienne de grande envergure contre la partie turque et nord irakienne des monts Cudi et Gabar, où sont localisés les camps du PKK. Pendant que les avions bombardaient une grande zone, utilisant la célèbre méthode du "tapis de bombes", des commandos turcs lançaient une opération terrestre plus limitée.
    Le 30 août, cette opération était suivie d'une intervention militaire en Iran. Les autorités de Téhéran ont protesté contre cette première incursion militaire turque en territoire iranien.
    C'est au milieu de cette hystérie anti-kurde, savamment orchestrée, que les réformes judiciaires visant à réduire la période de détention et à imposer la présence d'avocats durant les interrogatoires furent retirées de l'agenda de l'Assemblée Nationale et que le président de la Cour de Cassation réclama le renforcement des mesures de répression.

Points inexpliqués

    Ce n'est qu'après avoir appliqué les directives du CNS que les journalistes furent autorisés à se rendre à Sirnak et à converser avec la population. Voici ce que le journaliste Ismet G. Imset publia dans The Turkish Daily News de 5 septembre:
    "A Sirnak, tout ce que l'on peut voir c'est une ville dévastée. Chaque bâtiment du centre provincial porte des traces de coups de feu. La quasi totalité des fenêtres sont cassées. Les volets et les rideaux de fer qui protègent les magasins ont été pliés ou défoncés, prouvant qu'on a essayé de les ouvrir de force.
    "Des dizaines de maisons ont été brûlées pendant la violence. D'autres ont vraisemblablement été touchées par des projectiles tirés par des tanks.
    "D'après les témoins, immédiatement après le début des hostilités, quatre tanks ont été introduits dans la ville et ont commencé à tirer sur un ensemble de bâtiments.
    "Le gouverneur Mustafa Malay déclara que, sans aide extérieure, un mois serait nécessaire pour réparer les bâtiments publics. Les dégâts sont estimés à plus de 500 milliards de LT (70 millions de $).
    "Jusqu'à présent, en l'absence de preuves, la version selon laquelle des unités du PKK venant des montagnes ont attaqué Sirnak n'est malheureusement qu'une insinuation et les versions des témoins oculaires, qui la contredisent, ont tout naturellement concentré l'attention aussi bien dans la région qu'en Occident.
    "Le premier jour d'affrontements, des hautes autorités ont annoncé à Ankara que Sirnak était encerclée par les forces de sécurité. Après le cessez-le-feu, le Ministre de l'Intérieur, Ismet Sezgin, annonçait que les terroristes avaient quitté la ville emmenant leurs morts avec eux.
    "Si le PKK attaqua la ville de l'intérieur, où sont toutes les douilles utilisées, où sont tous les terroristes, plus de 1.000, qui auraient participé à l'attaque? Si des terroristes ont été affrontés pendant deux jours, comment expliquer que le nombre de victimes se réduise à 14 civils, dont des enfants, après l'affrontement initial le 18 août?
    "Si la ville était encerclée comment sont partis les terroristes? Si la ville n'était encerclée alors qu'elle était assiégée par les terroristes, pourquoi ne pas avoir pris cette mesure?
    "Après les combats, au milieu des questions à propos des armes du PKK, les explications concernant les cartouches utilisées attira également l'attention de l'Occident.
    "On sait que dans certaines attaques urbaines, où les milices du PKK peuvent être suivies grâce à une étude balistique des armes, les séparatistes préfèrent garder les douilles avec eux.
    "Dans les assassinats, la même méthode serait maintenant utilisée dans la région par 'd'autres forces clandestines' dans le cadre d'une campagne destinée à 'liquider' les activistes pro-kurdes.
    "Mais dans la majorité des cas, des sacs spéciaux adaptés aux Kalashnikovs recueillent l'équivalent de deux magazines remplis de douilles vides et dans las attaques programmées cela suffit.
    "Les autorités soutiennent maintenant que les terroristes, même les unités camouflées dans les montagnes, utilisent ces sacs dans leurs actions et cela explique qu'aucune douille de Kalashnikov n'ait été trouvée dans les rues de Sirnak.
    "Dans le cas de Sirnak, cependant, une réplique s'est produite.
    "Si la version officielle est acceptée, comme l'a fait une grande partie des autorités d'Ankara, les séparatistes ont maintenu une lutte pendant 46 à 48 heures, ont tiré des dizaines de milliers de balles, ont accumulé toutes les douilles dans des sacs spéciaux adaptés à leurs fusils, ont placé ces sacs dans d'autres plus grands et puis ont simplement quitté la ville.
    "En outre, selon le Ministre de l'Intérieur, Sezgin, ils ont emmené avec eux des dizaines de corps.
    "On peut tenir le même raisonnement pour tous les mortiers et lance-roquettes qu'on aurait utilisés à l'intérieur de la ville et que les terroristes auraient réussi à faire sortir alors que Sirnak était non seulement encerclée par l'armée mais un couvre-feu avait été décrété deux jours auparavant, empêchant quiconque de sortir dans les rues.
    "Selon une dernière déclaration faite par les autorités d'Ankara une fois confrontées à toutes ces questions, après l'attaque les terroristes auraient profité de la nuit pour prendre la fuite avec leurs morts, leurs armes et leurs douilles.
    "Même dans ce cas, se demande-t-on dans les milieux étrangers, contre qui ont lutté les forces de sécurité pendant deux jours?
    "D'autre part, si le PKK attaqua avec ses mortiers et ses roquettes, non depuis la ville mais depuis les collines environnantes et seules les milices ont participé aux affrontements, comment justifier touts les dégâts dont souffre la ville?
    "Où sont toutes les armes utilisées par les milices? Et où sont les terroristes si seuls 144 suspects ont été arrêtés?
    "Un autre point assez trouble et qui semble soulever de sérieuses questions de la part des diplomates et journalistes étrangers est la révision constante du nombre de militants du PKK qui auraient participé à l'attaque de Sirnak.
    "Le nombre initial, environ 1.500 terroristes, fut revu trois fois pour être ramené à quelque 500 (selon Malay, qui affirme que l'attaque s'est produite depuis l'extérieur) et celui-ci semble encore diminuer.
    "La première question qui se pose est comment le nombre a pu être aussi mal évalué. Si pour justifier l'opération de Sirnak on avançait le chiffre initial de 1.500 terroristes attaquant la ville et des militants séparatistes contrôlant chacune des maisons, une telle confusion et les raisons qui l'ont motivée apparaissent décisives.
    "Qui donc avertit Ankara en premier et lui fit savoir que 1.500 terroristes attaquaient Sirnak?
    "Qui rapporta aux autorités civiles de l'Etat que le PKK tirait depuis chaque maison?
    "Qui confirma cette information?
    "On peut se demander si cette information initiale, fournie à Ankara depuis Sirnak, n'était en réalité qu'un prétexte donnant à celle-ci le feu vert pour lancer une attaque tous azimuts contre la ville.
    "Autrement dit, est-ce que cette information ne fut pas déterminante dans la décision d'Ankara de lancer une opération contre Sirnak? D'autres questions furent soulevées.
    "Qu'est-il advenu des plus des 300 'terroristes présumés' qui auraient pénétré dans la ville se faisant passer pour des étudiants allant présenter leurs examens dans les lycées? - Déclaration faite depuis le Ministère de l'Intérieur.
    "Furent-ils arrêtés?
    "Si tel fut le cas, comment ont-ils été relâchés?
    "Qui révéla qu'en réalité ces étudiants étaient des terroristes?
    "S'ils ont été relâchés, et s'ils n'étaient pas des terroristes, a-t-on pris des mesures judiciaires contre les auteurs d'une telle information?
    "Est-il vrai qu'un régiment de gendarmerie fut dépêché en état d'alerte deux heures avant l'attaque et que des grandes quantités de munitions ont été distribuées?
    "Est-il vrai que la police ne fut pas informée de l'alerte (comme l'affirment certains officiers) et que certains policiers furent surpris chez eux lorsque les premiers coups de feu ont retenti?
    "Est-il vrai que les membres de la sécurité des régions en état d'urgence ont reçu l'ordre de tirer sur tout ce qui bougait pendant les nuits en état d'alerte?
    "Et même si une attaque du PKK s'est réellement produite, est-ce qu'elle justifie une réplique aussi féroce dans toute la ville?
    "Est-ce que tous les habitants de Sirnak, y compris les hommes politiques locaux et autorités civiles se plaignant d'un abus de force, appartiennent aux milices du PKK et se sont donc plaints d'un abus de force?
    "Est-ce que tout le monde a été influencé par la campagne de désinformation du PKK?
    "La population locale apporte des témoignages atroces qui ne manqueront pas de trouver un écho la presse étrangère dans un futur proche. Selon des témoignages, après l'opération, toutes les maisons furent fouillées, des bâtiments entiers furent arrosés d'essence et brûlés, on tira sur les jambes d'individus suspects pour les empêcher de fuir et les forces de sécurité ont détruit des maisons, des magasins, des voitures et tout ce qu'elles trouvaient sur leur passage pour punir la population locale. L'agence Reuters a déjà donné sa version sur base de ces témoignages.
    "Qu'elles soient ou non le résultat d'une bonne campagne de désinformation de la part du PKK, ces témoignages se font encore entendre et méritent une attention immédiate, ne fut-ce que pour démontrer leur non fondement.
    "D'après ce que nous a raconté la population, personne ne leur a encore demandé ce qui était arrivé à leurs biens au cours des incidents de Sirnak, du moins pas dans le cadre d'une enquête. Nous, qui appartenons à une génération de jeunes journalistes, sommes abordés dans les rues par des gens qui pourraient être nos parents et nous confient que des soldats ont brûlé leurs magasins et leurs maisons. Personne ne les a interrogés.
    "Dans les camps abritant ceux qui ont fui Sirnak, les gens affirment avoir été battus et torturés. Personne, à part les journalistes, ne leur a demandé leur opinion à propos de ce qui était arrivé.
    "Ankara soutient maintenant que les incidents de Sirnak sont mal perçus en raison de la désinformation du PKK et que les questions posées ne sont qu'une campagne séparatiste pour jeter le doute sur le succès remporté par l'armée dans la région.
    "Qu'en est-il?
    "Personnellement, je dirais aux autorités qu'en tant que chercheur et écrivain sur le thème du terrorisme depuis dix ans, cité à ce propos par de nombreux académiciens et experts en terreur étrangers, que si l'on s'en tient à cet argument il reviendrait à qualifier de terroristes potentiels -- ou de victimes de la désinformation terroriste -- bon nombre de diplomates, journalistes étrangers, agences, journaux et ne parlons pas des personnes qui comme moi rapportent l'évolution d'un fait social à des milliers de lecteurs.
    "Ce serait une grave erreur et pourrait donner lieu à une sérieuse confusion qui ne ferait que désigner de `nouvelles cibles' pour une autre sorte de `terrorisme.'
    "Ankara prétend également que les incidents de Sirnak étaient liés à l'unité nationale. En quelque sorte, c'est vrai. Cependant, il est de son devoir de ne pas prendre chaque explication pour un fait accompli mais d'examiner tous les témoignages et d'en dégager la vérité.
    "Nous aussi nous donnons priorité aux intérêts de la Turquie, et nous pensons que seule la vérité peut servir ses intérêts en ce moment.
    "Si des réponses ne viennent pas très vite satisfaire les questions auxquelles se trouve confrontée la Turquie, les révélations du PKK et des cercles pro-kurdes paraîtront évidentes et cela portera un nouveau coup à la crédibilité d'Ankara."

SUSPENSION DES REFORMES JUDICIAIRES

    Le 26 août, les partis de la coalition n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un ensemble de réformes qui promettaient la restauration de la démocratie et des droits de l'homme dans le pays.
    Le projet de loi imposait la présence obligatoire des avocats de la défense pendant l'interrogatoire; refusait comme preuve les témoignages obtenus sous la contrainte de la torture ou les mauvais traitements; excluait la détention de personnes soupçonnées de délits sanctionnés par des peines de prison inférieures à six mois. Ces réformes devaient empêcher la torture partout en Turquie. Lors du premier débat, le projet fut adopté par la majorité du Parlement.
    Cependant, devant la réaction du Conseil National de Sécurité, dominé par les commandants militaires, le Président Özal y avait tout d'abord opposé son veto et le 8 juin il renvoyait la loi au Parlement pour y être revue.
    Lors du second débat au Parlement, l'intransigeance du DYP, principal parti de la coalition, s'allia avec les députés de droite de l'opposition pour s'assurer que ceux inculpés en vertu de la Loi Anti-Terreur ne bénéficient pas des réformes. Ils ont également demandé que la loi ne soit appliquée que dans les provinces disposant d'une Cour de la Sûreté de l'Etat.
    En raison du manque de consensus entre les deux formations de la coalition, le projet de loi fut retiré du Parlement.
    Devant cet échec, le député de Sirnak du HEP, Mahmut Alniak, qualifia la coalition DYP-SHP de "gouvernement de l'Etat-major."
    Le 28 août, dans une conférence de presse, l'Association des Droits de l'Homme (IHD) critiqua durement le gouvernement pour avoir bloqué le projet de loi sur les réformes judiciaires.
    "En retirant du Parlement le projet de loi sur la procédure pénale, le gouvernement a dévoilé ses véritables intentions à l'égard des droits de l'homme et de la démocratisation. A son arrivée au pouvoir, celui-ci avait promis de débarrasser le pays des institutions créées après le coup-d'Etat de 1980, de mettre fin à la torture systématique et de réduire les périodes de détention. Ce projet de loi était perçu comme le premier pas vers le droit chemin. Mais, le système ne put l'admettre. Dorénavant, les déclarations du gouvernement affirmant leur opposition à la torture ne convaincront plus personne que ce soit en Turquie ou à l'étranger. Bien au contraire, l'Etat aura une fois de plus encouragé la torture," déclara l'IHD.

LE PRESIDENT DE LA COUR DE CASSATION FAVORISE LE TERRORISME D'ETAT
   
    Le 7 septembre, le président de la cour de cassation turque, au cours de la cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire, attaqua durement les réformes judiciaires et le programme de démocratisation du gouvernement, exigeant des mesures et des lois anti-terroristes plus sévères.
    Ismet Ocakcioglu déclara que les réformes judiciaires ajournées par le gouvernement étaient préoccupantes pour la défense de l'intégrité et la souveraineté turques. Il ajouta qu'il était tout à fait légitime pour un Etat de combattre les terroristes avec leurs propres "instruments et méthodes."
    Ces opinions, publiées également dans une brochure de 27 pages, constitue une vive critique contre la position initiale du gouvernement sur la démocratisation. "Considérer ou présenter la position de l'Etat comme hostile aux droits de l'homme, aussi bien en Turquie qu'à l'étranger, constitue une approche malveillante et directement contraire à la République Turque et ses citoyens. Une telle approche ne mérité pas la protection de la loi," précisa Ocakcioglu.
    Constatant que des modifications de la Constitution figuraient également au programme de la Turquie, Ocakcioglu indiqua que l'élaboration de la nouvelle Constitution ne devrait pas être soumise à la "relation action-réaction." Il souligna que certaines clauses de la Constitution ne pouvaient être modifiées, notamment les articles qui stipulent qu'il ne peut y avoir qu'un Etat, une république, une nation.
    Ocakcioglu ajouta que la nation turque n'était pas composée de plusieurs peuples, mais d'un seul peuple avec des caractéristiques et des valeurs communes. Il nia l'existence du peuple et de la langue kurdes en les termes suivants: "Il n'y a pas de minorité musulmane en Turquie, indépendamment de leur origine, les citoyens jouissent des droits et libertés fondamentaux. Aucune autre langue que le turc ne peut être enseignée, en tant que langue maternelle, aux citoyens turcs par les organisations de formation et éducatives," précisa-t-il.
    Le Premier Ministre Demirel, qui assistait à la cérémonie, répondit aux questions des reporters à propos des déclarations d'Ocakcioglu, que le gouvernement était ouvert à toute critique et qu'il trouvait très utiles les remarques du président de la cour de cassation.
   
LE HEP JUGE PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE

    Le 8 septembre, après un mois et demi de vacances, la Cour Constitutionnelle reprenait la discussion des cas qui figuraient dans son agenda.
    Un des cas les plus importants est le procès pour la fermeture du Parti Travailliste du Peuple (HEP).
    Le procès pour la fermeture du HEP fut intenté par le bureau du Procureur principal qui inculpa ce parti "d'exercer des activités contraires à l'unité du pays et de la population". Cette accusation est devenue "le point essentiel des activités illégales." Le procès se trouve actuellement au stade de la défense préliminaire par l'avocat du HEP.
    La Cour Constitutionnelle avait déjà ordonné la fermeture de deux autres partis de gauche: Le Parti Communiste Uni de Turquie (TBKP) et le Parti Socialiste (SP), celle de ce dernier s'est produite durant le mandat du nouveau gouvernement.

SUSPENSION D'UNE GREVE

    Le 12 août, le Conseil des Ministres, ajournait pour 60 jours la grève des travailleurs municipaux qui sévissait depuis 14 jours dans les centres urbains du pays. Le gouvernement précisa qu'un prolongement de la grève supposerait un grand risque pour la santé en raison des ordures qui s'accumulent dans les rues.
    La Confédération des Syndicats Turcs (TURK-IS) et le Syndicat des Travailleurs Municipaux (BELEDIYE-IS) sollicita du Conseil d'Etat l'annulation immédiate de la décision du gouvernement.
    Soulignant que les salaires des employés varient entre 1,2 et 1,5 millions de LT (170 à 214 $), les représentants des syndicats ont demandé que les travailleurs ne soient pas privés de leurs droits constitutionnels.
    Par ailleurs, le 1e août, le salaire mensuel minimal pour toute la Turquie fut fixé à 1 million de LT (143 $) par une commission tripartite. Avec ce salaire, la Turquie arrive en queue de peloton des pays européens, dont le salaire mensuel minimal est de 1.025$.

LA TURQUIE ACCUSEE DE TORTURE

    La Fédération Internationale Helsinki pour les Droits de l'Homme (IHF), dont le siège est à Vienne, a accusé la Turquie de torturer les prisonniers politiques.
    Dans un rapport publié le 29 juillet, la IHF affirme qu'entre 80 et 90 pour cent des personnes détenues pour des raisons politiques sont torturées ou soumises à des mauvais traitements. Les méthodes le plus souvent dénoncées font état de traitements où les détenus sont frappés avec des matraques, sont pendus par les pieds pendant que leurs bras sont tendus derrière le dos, subissent des chocs électriques dans les parties les plus sensibles de leur corps, sont frappés dans la plante des pieds, sont soumis à des jets à pression d'eau froide, etc.
    "En outre, il a été rapporté à IHF que la quasi totalité des femmes torturées sont sexuellement harcelées," affirme le rapport.

DES MEDECINS COMPLICES DE LA TORTURE

    L'Association Médicale Britannique soutient dans un nouveau rapport publié à Londres que certains médecins turcs sont complices de la torture.
    "Le problème de la complicité médicale, le consentement ou dissimulation de la torture est permanent dans certains pays et occasionnel dans d'autres. Le nombre des médecins impliqués est impossible à déterminer en raison de la nature secrète et illégale de l'abus," explique le rapport.
    Le comité cite des rapports remontant à 1989 où des médecins sont complices d'actes de torture au Salvador, au Chili, au Koweit et en Yougoslavie.
    "Nous avons découvert que des médecins prenaient part au processus de torture. Ceux-ci certifient l'aptitude du prisonnier à subir le traitement, le raniment après l'évanouissement, contrôlent son état pendant le processus et prodiguent des soins inadéquats à la personne torturée," précise le rapport. "Tout aussi important, nous avons trouvé que des médecins qui savent que des tortures et autres abus se produisent ne font rien pour l'empêcher."

TERRORISME D'ETAT EN AOUT

    Le 2.8, à Sirnak, des gendarmes ont tiré sur des paysans qui faisaient de la contrebande de charbon causant la mort à trois d'entre eux.
    Le 2.8, sept personnes accusés d'avoir pris part à des actes politiques violents furent amenés devant la CSE de Malatya. Un des défendeurs risque la peine capitale et les six autres des peines de prison allant jusqu'à 15 ans.
    Le 2.8, trois personnes sont mortes victimes de la terreur du Hezbollah: le commerçant Celal Pekgul, de 24 ans, à Batman, l'employé municipal Mehdi Kaydu, de 27 ans, à Silvan et Zeki Korkmaz, de 70 ans, à Nusaybin.
    Le 2.8, deux membres du Comité des Droits de l'Homme de l'Assemblée Nationale, le député d'Urfa, Halil Ibrahim Celik et celui d'Istanbul, Halil Dumankaya, ne furent pas autorisés à visiter la Prison de type E de Diyarbakir pour y avoir conversé avec des prisonniers politiques.
    Le 3.8, deux officiers de gendarmerie et 23 soldats accusés d'avoir tiré sur des villageois à Mardin furent disculpés sans avoir été traduits devant un tribunal.
    Le 4.8, à Diyarbakir, Abdülkadir Dindar, de 23 ans, fut abattu par un inconnu.
    Le 4.8, à Istanbul, douze personnes furent arrêtées pour avoir pris part aux activités du PKK.
    Le 4.8, commençait à la CSE d'Istanbul le procès contre, Murat Gül, militant présumé du Dev-Sol. Le défendeur, qui risque la peine capitale pour avoir participé à des actes politiques violents, rejeta l'accusation et ajouta que la police l'avait torturé pour qu'il l'admette.
    Le 5.8, à Ankara, dix membres de Parti des Travailleurs (IP), fondé après que le Tribunal Constitutionnel ait ordonné la fermeture du Parti Socialiste (PS), furent arrêtés alors qu'ils distribuaient des tracts concernant la grève des travailleurs municipaux.
    Le 5.8, à Diyarbakir, Ibrahim Ergen, de 50 ans, fut abattu par des inconnus.
    Le 5.8, à Istanbul, huit personnes qui avaient été arrêtées le 2 août au cours d'une descente policière dans un club culturel, déclarèrent une fois en liberté avoir été torturés au poste.
    Le 5.8, à Siirt, une équipe spéciale qui effectuait une descente dans une maison arrêta deux personnes.
    Le 5.8, les présidents du HEP et du défunt PS, respectivement Feridun Yazar et Dogu Perincek, furent jugés à la CSE d'Ankara pour la conférence de presse qu'ils ont donnée à propos des événements du Newroz.
    Le 6.8, le gouverneur de la province d'Usak introduisit un recours administratif contre 300 fonctionnaires publics pour s'être affiliés à des syndicats.
    Le 7.8, à Istanbul, une jeune fille, Nermin Alkan, fut condamnée à une peine de prison de huit mois et 20 jours pour avoir affiché des posters contre la guerre à l'école supérieure de Pendik en 1990. A l'époque, Alkan avait 16 ans et son inculpation avait soulevé des protestations dans le monde entier.
    Le 7.8, dans un village de Temat (province de Diyarbakir), un paysan kurde de 50 ans, Rifat Cetiner, fut assassiné par des inconnus.
    Le 7.8, le Conseil Central du Syndicat de Médecins Turcs (TTB) fit savoir que deux de ses membres, Hüseyin Usta et Nesrin Usta, avaient été torturés à Kocaeli et accusa le gouverneur et le chef de police d'avoir ordonné la torture.
    Le 9.8, à Diyarbakir, Muhittin Senol, de 28 ans et Nurettin Gizli, de 38 ans, furent abattus par des inconnus.
    Le 9.8, à Kocaeli, 13 personnes arrêtées en juillet et accusées d'appartenir à une organisation illégale déclarèrent une fois en liberté avoir subi des tortures pendant leur détention de 15 jours. Les traces de torture furent certifiées par un médecin.
    Le 10.8, pour empêcher des groupes de Kurdes de se réunir autour de la tombe du militant du PKK Sehmuz Kaya, tué par les forces de sécurité le 6 août à Lice, le gouverneur de la région en état d'urgence interdit l'accès et la sortie de la ville de Diyarbakir. A cette occasion, les forces de sécurité arrêtèrent plus de 100 personnes dont quatre membres du HEP. Le même jour, également à Diyarbakir, Nezihi Erkan était abattu par des inconnus.
    Le 10.8, le corps d'une femme de 32 ans, Ayten Öztürk, enlevée le 27 juillet à Mazgirt, fut trouvé dans le cimetière d'Elazig et portait des traces de torture.
    Le 12.8, à Batman, la police fit une descente dans une maison et arrêta Mediha Yavuz, une femme enceinte de neuf mois. Son mari et trois autres membres de sa famille avaient été arrêtés auparavant.
    Le 12.8, dans la ville de Bismil (province de Diyarbakir), Mahmut Ceylan, de 50 ans, arrêté à deux reprises les 6 et 7 août, déclara avoir été torturé au poste de police. Selon les rapports, il avait plusieurs côtes cassées.
    Le 12.8, la section d'Istanbul de l'Association des Droits de l'Homme (IHD) subit une descente de police ordonnée par le gouverneur.
    Le 13.8, les forces de sécurité arrêtèrent 50 personnes à Adana et huit autres à Batman. Parmi les personnes arrêtées à Adana figurait la petite fille Fatma Adigüzel.
    Le 16.8, à Izmir, la police fit une descente dans une cérémonie de mariage kurde et arrêta 12 personnes. Le même jour, à Edirne, la police annonçait l'arrestation de quatre membres présumés du PKK.
    Le 16.8, dans le district de Midyat (province de Mardin), le tailleur Nazim Demir fut assassiné par des inconnus.
    Le 17.8, commençait à la CSE d'Istanbul le procès contre 19 personnes accusées de faire partie des Guerriers de l'Est Islamique (IBDA-C). Chacun d'eux risque une peine de prison de 10 ans. Certains défendeurs déclarèrent avoir été torturés pendant leur interrogatoire, mais le tribunal refusa de retenir ces plaintes. Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour dénoncer cette attitude. La police eut recours à la force et arrêta 30 manifestants.
    Le 18.8, Dogan Baygürler, blessé le 15 août par la police pendant une manifestation pro-kurde, est décédé dans un hôpital d'Antalya. Deux autres blessés sont toujours sous traitement.
    Le 18.8, à Istanbul, Birsen Gülünay annonçait qu'elle était sans nouvelles de son mari, l'agent d'Etat Hasan Gülünay, depuis le 20 juillet. Des témoins ont déclaré l'avoir vu ce jour-là au département de la Police Politique.
    Le 18.8, les soldats ont arrêté neuf villageois dans le village d'Elmabahce (province de Mardin).
    Le 19.8, Seyithan Kardas, de 20 ans, fut abattu par des inconnus dans le district de Nusaybin (province de Mardin).
    Le 20.8, à Corlu, deux représentants du Syndicat des Travailleurs de l'Alimentation (Gida-Is), Mustafa Pacal et Agah Kafkas, furent arrêtés pour avoir incité les travailleurs à se manifester.
    Le 20.8, à Istanbul, les forces de sécurité ont arrêté 38 personnes au cours des funérailles de deux individus tués pendant une opération policière menée le 13 août à Ankara.
    Le 21.8, à Van, la section locale du Syndicat des Travailleurs du secteur Educatif et Scientifique (Egit-Sen) fut fermée par ordre du gouverneur.
    Le 21.8, la CSE de Kayseri commençait à interroger les 80 commerçants accusés d'avoir fermé leurs magasins les 15 et 17 août dans le cadre d'un acte pro-kurde dans les districts de Kars, Agri et Igdir. En outre, 27 commerçants arrêtés pour le même motif dans le district de Digor furent interrogés à la division de la police de Kars.
    Le 21.8, douze personnes furent arrêtés dans le district de Pazarcik (province de Mars), six dans celui de Nizip (province de Gaziantep) et trois autres dans celui d'Erzin (province d'Hatay).
    Le 22.8, à Istanbul, 83 personnes furent arrêtées alors qu'elles manifestaient contre la campagne "Dénoncez les suspects!" lancée par la police. Parmi ces personnes figuraient également plusieurs membres de l'IHD.
    Le 23.8, à Antalya, 43 personnes furent placées en détention pour avoir participé à une manifestation pro-kurde le 15 août. Onze membres présumés du PKK furent également placés en détention par les tribunaux.   
    Le 23.8, dans le district de Siverek (province d'Urfa), les enfants Murat et Orhan Dagkeser furent victimes de l'explosion d'une bombe placée chez le commerçant Murat Dagkeser. Le même jour, dans ce même district, une autre bombe fit explosion chez un directeur d'école, Ahmet Nasanli, et ôta la vie à sa fille de dix ans. Sa mère, Ayse, sa femme, Selime et trois autres enfants furent gravement blessés.
    Le 24.8, dans le village de Tekebasi, province de Diyarbakir, 27 gardiens de village furent arrêtés par la police après avoir démissionné de leurs postes.
    Le 24.8, au cours d'un raid mené dans le village de Yolac, situé dans le district de Silvan (province de Diyarbakir), des personnes inconnues ont abattu trois villageois. A Batman, le commerçant Ekrem Göynü fut également assassiné. Cette dernière victime est le fils d'un représentant local du HEP.
    Le 24.8, à Izmir, 86 fonctionnaires publics qui participaient à une grève de la faim pour marquer leur désaccord avec l'opération de Sirnak furent arrêtés. 14 d'entre eux auraient été blessés par la police.
    Le 24.8, à Kayseri, l'avocate Meryem Erdal annonça que son client, Yemeni Karabulut, avait subi des tortures dans un poste de police après son arrestation dans le village de Karaözü pour avoir soutenu une organisation illégale.
    Le 24.8, dans le district de Karatas (province d'Adana), dix personnes, dont des membres de l'Association pour les Droits et la Liberté (Özgür-Der), furent arrêtés parce qu'ils avaient plusieurs publications politiques interdites en leur possession.
    Le 24.8, dans le district de Savur (province de Mardin) deux personnes furent trouvées assassinées.
    Le 25.8, à Istanbul, Baki Gökce et Cafer Kilinc affirmèrent, lors d'une conférence de presse, avoir subi des tortures dans un commissariat de police après avoir été arrêtés en compagnie de 81 personnes qui manifestaient contre la campagne "Dénoncez les suspects!" lancée par la police.
    Le 25.8, dans le district de Gercus (province de Batman), Mehmet Sait Keskin, de 34 ans, fut abattu par des inconnus.
    Le 27.8, à Adana, la police annonça l'arrestation de 35 membres présumés du PKK.
    Le 27.8, à Istanbul, la police arrêta neuf militants présumés du Dev-Sol.
    Le 27.8, à Izmir, un médecin légal certifia que 12 personnes, arrêtées lors d'une manifestation illégale contre l'opération de Sirnak, avaient été torturées au commissariat de police. Une des victimes, Ümmühan Caliskan, enceinte de trois mois, aurait fait une fausse couche après avoir été battue.
    Le 27.8, dans le district de Viransehir (province d'Urfa), six personnes furent placées en détention par un tribunal pour avoir fermé leurs magasins le 15 août dans le cadre d'un acte pro-kurde.
    Le 27.8, la CSE d'Istanbul plaça 63 personnes en détention pour avoir participé le 15 août à une manifestation pro-PKK.
    Le 28.8, dans une lettre adressée au Premier Ministre, huit députés des partis de la coalition manifestèrent que les déclarations officielles à propos de l'opération de Sirnak ne correspondaient pas à la réalité et exigèrent du gouvernement l'ouverture d'une enquête pour déterminer des responsabilités. "Si les témoignages sont vrais, des villages ont souffert des bombardements aériens et des gens sans défense ont servi de cible aux roquettes des tanks pendant trois jours. Le nombre de victimes innocentes n'est pas encore connu," précisèrent-ils.
    Le 28.8, à Adana, le professeur d'école primaire Abdurrahman Tamer et le colporteur ambulant Musa Yücedag furent abattus par des inconnus dans deux incidents séparés. A Midyat, Ibrahim Kardes, qui avait été blessé par le Hezbollah le 20 août, est mort à l'hôpital.
    Le 28.8, à Istanbul, le jeune Coskun Kücükaslan déclara avoir subi des tortures au poste de police de Sehremini après avoir été arrêté pour un délit non politique. Les traces de torture furent certifiées dans un rapport de la médecine légale.
    Le 28.8, la CSE d'Istanbul plaça 15 personnes en détention pour activités pro-PKK.
    Le 29.8, à Diyarbakir, des personnes non identifiées assassinèrent Ahmet Siddik Turhalli, frère aîné du président local du HEP.
    Le 29.8, à Hekimhan (province de Malatya), l'ancien prisonnier de gauche Haci Osman Sungur fut abattu par des inconnus.
    Le 29.8, les présidents et représentants de 49 sections locales de l'IHD commencèrent une grève de la faim de 24 heures pour protester contre la croissante violation des droits de l'homme. Le Secrétaire Général de l'IHD, Akin Birdal précisa que la région soumise à l'état d'urgence dans le Sud-est était devenue la scène d'une guerre voilée et demanda l'intervention des Nations Unies. "Cette zone est à la merci de l'armée, la police et les forces subversives. Au lieu de chercher une solution démocratique et pacifique au problème, ils ont recours à des méthodes répressives basées sur la violence et les opérations armées. Les civils de cette région sont les otages de cette guerre non déclarée," dit-il.
    Le 30.8, à Batman, le fonctionnaire public Ömer Aslan fut abattu par des inconnus.
    Le 30.8, le journal Özgur Gündem rapportait qu'une femme enceinte de 8 mois, Nurcan Özatak, et une fille de deux ans, Nurcan Özatak, avaient été abattues le 28 juillet alors qu'elles se rendaient du village de Caylica à celui de Üzümlü, dans la province d'Hakkari.
    Le 31.8, cinq employés de la Municipalité de Fethiye (province de Mugla) furent inculpés pour avoir participé à un sit-in. Chacun d'eux risque une peine de prison de 3 ans.     Le 31.8, à Batman, le restaurateur Ali Basak fut abattu par des inconnus.
    Le 31.8, à Istanbul, 20 femmes furent arrêtées pour avoir organisé une manifestation contre l'opération de Sirnak.
    Le 31.8, dans le district de Malazgirt (province de Mus), les forces de sécurité arrêtèrent le président local du HEP, Celalettin Yayla, et six autres représentants du parti.
    Le 31.8, le député du SHP, Mustafa Kul, déclara que les cinq personnes tuées durant une descente effectuée le 13 août dans une maison auraient pu être capturées vivants. "Ce matin-là, quelqu'un me téléphona pour me dire que leur maison était encerclée par des policiers armés et qu'ils étaient prêts à se rendre si la police cessait le feu," rapporta-t-il.

ASSASSINAT D'UN JOURNALISTE KURDE DE 75 ANS

    Après l'assassinat de neuf journalistes, le 20 septembre 1992, l'éminent journaliste et écrivain kurde de 75 ans Musa Anter fut abattu à Diyarbakir. Le tireur inconnu blessa également un autre journaliste kurde de 42 ans, Orhan Miroglu, qui se trouvait avec Anter.
    Anter avait écrit tout particulièrement sur la question kurde dans le quotidien Özgür Gündem et l'hebdomadaire Yeni Ülke.
Il était l'auteur de quatre livres, dont trois en kurde.
    En tant que grand défenseur des droits du peuple kurde, Anter avait été arrêté pour ses opinions en 1959, 1963, 1971, et 1980.
    Il aurait reçu des appels téléphoniques lui annonçant qu'il serait bientôt assassiné à son tour.
    Les funérailles de Musa Anter furent célébrées dans sa ville natale de Nusaybin en présence de plus de 5.000 personnes.
    L'assassinat d'un dixième journaliste a soulevé une vague de protestations aussi bien chez les Kurdes que les Turcs.
    Le député du HEP de Sirnak, Mahmut Alniak, affirma que cet assassinat, tout comme les autres, était l'oeuvre de l'Organisation Contre-Guérilla. Le président du HEP, Ahmet Türk, déclara que le déclenchement de cette série d'assassinats qui frappe les journalistes est imputable aux déclarations du président de la Cour de Cassation qui demandait un renforcement des mesures de répression contre le mouvement national kurde.
    Suite à ces directives, la justice turque, au lieu de trouver les tueurs persécute les médias d'opposition.
    L'édition du 22 septembre du journal Özgür Gündem, dont Anter était un des rédacteurs, fut confisquée par la Cour de la Sûreté de l'Etat d'Istanbul en vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur. La cour qualifia de propagande séparatiste une annonce parue dans cette édition intitulée "Oncle Musa [Anter] est immortel!" signée par le leader du PKK, Abdullah Öcalan.

RÉACTIONS INTERNATIONALES CONTRE LES ASSASSINATS

    Les assassinats de neuf journalistes en Turquie continue à préoccuper les organisations internationales. Dans ce numéro, nous avons fait part des réactions de la Fédération Internationale des Journalistes, Helsinki Watch et l'organisation française Reporters Sans Frontières.
    Le 8 septembre, au cours d'une conférence de presse à Istanbul suite à une enquête de trois jours en Turquie, le président de l'Institut International de Presse (IPI), Peter Galliner, et le président du Conseil d'Administration, Crushrow Irani, firent part de la consternation que leur produisait l'assassinat de journalistes.
    Galliner et Irani déclarèrent:
    "Le IPI est très préoccupé par la mort dans des conditions violentes de huit journalistes et nous ne pensons pas que des discussions académiques pour savoir si à ce moment-là ils avaient leur carte de presse accréditive ou travaillaient à plein temps pour des organisations d'information soient primordiales."
    A propos d'un commentaire de Demirel selon lequel la majorité des journalistes tués étaient en fait des militants terroristes, Irani précisa que le gouvernement turc ne leur avait fourni aucune preuve le confirmant. Il ajouta qu'en l'absence de toute preuve établissant que les journalistes tués étaient impliqués dans des activités terroristes, le IPI craignait que le sort d'autres journalistes ne suive le même chemin que celui de leurs collègues morts.
    D'autre part, le Comité de Protection des Journalistes, basé à New York, annonça le 9 septembre l'existence de certaines preuves démontrant la responsabilité des forces de sécurité dans la mort de journalistes turcs qui informaient sur la résistance kurde dans le Sud-est.
    Andrew Yurkovsky, représentant du comité, communiqua à la presse, après ses inspections à Istanbul, Diyarbakir et Ankara, que les assassinats s'étaient produits dans des zones soumises à une présence massive des forces de sécurité et qu'aucun des meurtriers n'avait été arrêté. Il ajouta que les articles des victimes dérangeaient l'armée et la police et que cette dernière leur avait adressé des menaces avant leur mort.
    Durant la conférence de presse, le Ministre de l'Intérieur Ismet Sezgin lui fit remarquer que les journalistes étaient des membres du PKK ou d'autres groupes "terroristes."
    M. Yurkovsky rétorqua: "Fournir des preuves et accusations d'anciens délits et infractions présumés, c'est oublier l'essentiel. S'il existe des preuves que ces journalistes étaient des criminels, le gouvernement aurait dû les traduire en justice."

PERSECUTION DES MEDIAS EN AOUT

    Le 4.8, l'édition N° 42 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait un article du Dr. Ismail Besikci où il critiquait le Président du Tribunal Constitutionnel.
    Le 6.8, l'édition d'août du magazine Penthouse Turquie fut déclarée "nocive" par le Conseil de Censure pour avoir publié des articles et des photos qualifiés "d'obscènes". Si un tribunal approuve la décision, toutes les copies du mois d'août seront détruites.
    Le 6.8, la CSE d'Ankara décida de confisquer le livre La Dernière Lutte Internationaliste publié par la maison d'édition Ortadogu.
    Le 8.8, la CSE d'Istanbul punissait trois journalistes pour des articles publiés dans le mensuel Toplumsal Kurtulus. Le rédacteur responsable Necdet Kanbir fut condamné à 12 mois de prison et à payer une amende de 100 millions de LT (14.000$). Deux coéditeurs de la revue, Ahmet Zengin et Sevki Omeroglu, furent également condamnés à payer l'amende.
    Le 11.8, le N°13 de l'hebdomadaire Azadi fut confisqué pour propagande séparatiste en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 11.8, le procureur de la CSE d'Istanbul intenta une action en justice contre le Dr. Ismail Besikci en raison d'une interview qu'il concéda au mensuel Yurtsever Genclik.
    Le 12.8, le N° 43 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut confisqué par la CSE d'Istanbul en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 15.8, le correspondant à Tatvan du mensuel Özgür Halk, Seyhmus Günuc, était arrêté. Après sa mise en liberté, le 17 août, il déclara avoir été torturé au commissariat de police.
    Le 16.8, à Istanbul, le procureur de la CSE d'Istanbul intenta une action en justice contre 18 journalistes de 18 publications différentes. Accusés d'avoir publié un communiqué de presse intitulé "Non à l'Offensive du Printemps!", chacun d'eux risque une peine de prison de cinq ans pour propagande séparatiste. Les journalistes condamnés sont Nazim Taban (Emegin Bayragi), Mehmet Cangi (Devrimci Mücadele), Erdal Cinar (Kurtulus), Salih Bal (Medya Günesi), Seyit Nusret Öztürk (Ekimler), Haydar Üc (Parti Yolunda), Zekeriya Özdinc (Barikat), Asli Günes (Hedef), Ertugrul Karatas (Yeni Demokrasi), Özer Degistirici (Direnis), Süleyman Altun (Özgür Halk), Zeynep Yengil (Haziran), Naile Tuncer (Devrimci Proletarya), Fatma Karabacak (Newroz), Sadik Gülec (Özgürlük Dünyasi), Fethi Özdemir (Komün), Garip Töre (Emek).
    Le 17.8, à Istanbul, trois journalistes, Nuray Kalci et Naki Erikli du journal Özgür Gündem et Murat Özdemir de Mücadele, furent arrêtés alors qu'ils couvraient un acte de protestation dans les quartiers pauvres de Kücük Armutlu.
    Le 18.8, deux hebdomadaires, Azadi et Yeni Ülke, et le mensuel Özgür Halk, furent confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste. Des 96 éditions de la revue Yeni Ülke parues à nos jours, 38 d'entre elles firent l'objet d'une confiscation.
    Le 18.8, le livre La Révolte de la Montagne Ararat d'Ihsan Nuri Pasha fut confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    LE 24.4, le N° 14 du bihebdomadaire Devrimci Proletarya et le N° 9 de la publication trimestrielle Secenek furent confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 26.8, un correspondant du quotidien Sabah, Ramazan Imrag, fut frappé après son arrestation par les forces de sécurité alors qu'il couvrait l'opération de Sirnak. Sérieusement blessé, Imrag fut soigné à l'Hôpital Universitaire de Diyarbakir.
    Le 27.8, commençait le procès contre le Dr. Ismail Besikci pour son livre Réflexions sur le PKK, confisqué en janvier 1992. Le procureur demanda une peine de prison de cinq ans. En outre, Besikci et l'éditeur du livre, Murat Ilyas Burak, risquent d'écoper d'une amende de 100 millions de LT (14.000 $).
   
PAS DE PROGRES DANS LES RELATIONS TURQUIE-CE

    La réunion exceptionnelle du 7 septembre à Londres pour marquer l'accès de la Grande Bretagne à la présidence de la Communauté Européenne, et qui bénéficia d'une grande publicité, laissa bien clair que la demande d'adhésion de la Turquie ne figurait pas dans le programme immédiat de la Communauté.
    De toute la journée, pas un des orateurs ne prononça une seule fois le nom de la "Turquie" dans une conférence qui rassembla plus de 600 grands délégués du monde entier.
    Cependant, il a beaucoup été question d'un élargissement de la Communauté qui admettrait des pays comme la Suède, l'Autriche, la Suisse et la Finlande dans un premier temps et d'autres comme la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Pologne par la suite.
    D'autre part, lors de l'assemblée à huis-clos célébrée le 12 septembre dans la ville de Welwyn, les ministres de la Communauté Européenne ont décidé d'ajourner, à la demande de la Grèce, le renforcement des liens entre la Turquie et la CE.
    Les ministres de la CE, qui se sont rencontrés au début du mois de septembre dans le cadre d'une assemblée informelle dans les proximités de Londres, ont discuté "sur un ton général" du rôle croissant de la Turquie et de la nécessité de renforcer ses liens avec la CE.
    Cependant, les ministres ont concédé à la Grèce qu'une déclaration en faveur d'une intensification des relations politiques avec la Turquie avant la troisième ronde des pourparlers sur Chypre à New York donnerait à Ankara "des fausses idées."
    La prochaine étape sera la réunion du Conseil de l'Association Turquie-CE le 6 novembre prochain, où il sera possible de donner quelques indications quant à l'état des relations entre Ankara et la Communauté.
    Selon une analyse du commentateur Semih Idiz parue le 11 septembre dans le Turkish Daily News, "le futur immédiat des relations entre la Turquie et la CE, en ce qui concerne la demande d'adhésion d'Ankara, semble condamné à la routine. En d'autres termes, il n'est pas très rose."

LA TURQUIE ATTAQUE LE PARLEMENT EUROPEEN

    Lors de la réunion  de la Commission Parlementaire mixte de la Turquie et la Communauté Européenne les 29 et 30 juin à Istanbul, le Parlement Européen fut sévèrement attaqué par le co-président turc du comité, Tunc Bilget, membre du DYP, formation principale de l'actuelle coalition.
    Faisant allusion à la résolution du Parlement Européen sur les droits du peuple kurde (voir Info-Türk, juin 1992), Bilget dit du PE qu'il était si peu informé ou si mal informé que cela finissait par devenir suspect. Dans presque tous les thèmes de politique étrangère le PE apparaît maintenant comme le refuge de l'extrémisme." Par la suite il exhorta le PE à pondérer ses opinions sur la question kurde et à prêter moins d'attention aux agents qui s'appliquent à provoquer la confusion et un peu plus à ses propres émissaires.
    Ses déclarations trouvèrent un écho favorable chez le Ministre de l'Intérieur Ismet Sezgin qui, au terme de la première journée d'assemblée, déclara que les membres du Parlement Européen ne se montraient pas objectifs et se contentaient de regarder les événements à travers les "vitres de la CE."
    Cette attitude agressive de la part de la Turquie à l'égard des représentants européens constitue une preuve supplémentaire de l'intolérance d'Ankara, notamment à propos de la question kurde.

LE CONSEIL DE L'EUROPE CRITIQUE LA TURQUIE

    Lors de sa session du 30 juin à Budapest, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adopta une résolution exigeant de la Turquie qu'elle mette fin à la torture, analyse les rapports sur les violations des droits de l'homme plus attentivement et exerce un contrôle plus étroit sur les forces de sécurité.
    "Malgré les bonnes intentions du gouvernement, des violations très sérieuses des droits de l'homme, y compris des tortures et des disparitions, sont toujours d'actualité en Turquie," indique la résolution.
    Bien que la délégation turque déploya d'énormes efforts pour empêcher le vote et finit même par le boycotter, la résolution et le rapports préparés par Baarveld Schlaman (Hollande) et Lentz Cornette (Luxembourg) furent approuvés par une large majorité. (Pour le texte intégral du rapport, reportez-vous à Info-Türk, février 1992).
    "Malheureusement, nous constatons que le rapport approuvé est partial, exagéré, incompétent et donc inacceptable; il n'aidera certainement pas la Turquie dans ses efforts," déclara le président de la délégation turque, Engin Güner, avant de quitter l'assemblée.
    Les députés socio-démocrates turcs qualifièrent même l'adoption de la résolution de complot allemand contre les intérêts turcs. Le député du SHP, Istemihan Talay, déclara après le vote: "Le rapport est très néfaste. Tous les préjudices sont apparus parce que la Turquie est devenue une grande puissance dans le Moyen Orient, et l'Allemagne n'a pas une bonne opinion de la Turquie. Les Allemands considèrent la Turquie comme un obstacle à leurs relations avec l'Asie centrale et se sentent incommodés par l'amélioration des relations entre notre pays et les E.U.

CONDAMNATION DE LA TURQUIE PAR LES PARLEMENTAIRES

    Le Syndicat Parlementaire International, qui représente 118 parlements à travers le monde, établit une liste où figurent la Turquie et huit autres pays, tous accusés d'avoir violé les droits de l'homme des actuels ou anciens membres du parlement.
    Outre la Turquie, le SPI condamna la Bulgarie, la Birmanie, le Chili, la Colombie, Haiti, le Honduras, l'Indonésie et le Togo pour un total de 106 cas de violations présumées des droits de l'homme.
    Le 13 septembre, le SPI se déclara préoccupé par les inculpations prononcées contre le Parti Travailliste du Peuple (HEP) au Parlement turc. Les députés du HEP risquent d'être poursuivis pour atteinte à la souveraineté ou l'unité de l'état turc, délit sanctionné par la peine de mort.

LES GENERAUX TURCS EN ASIE CENTRALE

    Des rapports de presse récents attribuent les derniers succès de l'Azerbaïdjan, qui affronte l'Arménie dans l'enclave Azéri du Nagorno-Karabakh à la présence dans la zone d'experts militaires turcs.
    Bien que ces rumeurs ont été démenties par le Ministère des Affaires Extérieures turc, le 14 juillet, le Service de Presse de l'Etat-Major turc communiquait au Quotidien des Nouvelles Turques qu'un attaché militaire, général en grade, était en service à l'ambassade turque en Azerbaïdjan, tandis que deux autres attachés assignés dans les ambassades d'Uzbekistan et Kazakhstan étaient colonels.
    Plus important encore, après l'élection d'Elcibey, admirateur du mouvement turc néo-fasciste les Loups Gris, à la présidence de la République d'Azerbaïdjan, le Parti du Travail Nationaliste (MCP) assigna à d'anciens officiers de l'armée la mission d'organiser l'armée de ce pays.

COOPERATION ENTRE LA TURQUIE ET LES NAZIS

    A la fin du mois de juin, l'hebdomadaire Nokta fit des révélations à propos de la collaboration entre la Turquie et l'Allemagne nazi durant la Deuxième Guerre Mondiale.
    "Des turcs furent massacrés dans les camps de concentration destinés aux juifs. Ces personnes furent capturées en Turquie et envoyées en Allemagne." déclara Monika Herzog, historienne allemande et directrice du Musée Ravensbruck qui durant la guerre fut utilisé comme camp de concentration pour femmes.
    Selon les documents auxquels eut accès un reporter de Nokta dans le musée, 71 personnes d'origine juive et citoyens de la République Turque furent transférés en Allemagne via Bruxelles pour des raisons politiques.
    Selon l'hebdomadaire, 86 autres Turcs d'origine juive furent envoyés à partir de la Turquie vers un autre camp de concentration à Dachau.