ASSASSINATS,
PERSECUTION ET ARRESTATION DE LEADERS KURDES
POLARISATION
Alors que l'Armée turque poursuit son offensive
contre la guérilla et les villages kurdes, des organisations pro-kurdes
légales font l'objet d'une persécution sans précédents. De nombreuses
personnalités du peuple kurde ont été victimes de l'hystérie fomentée
ou provoquée par les forces de l'Etat.
Notamment:
1. L'ancien président du HEP et actuel
vice-président du Parlement, Fehmi Isiklar fut privé de son siège au
Parlement et de son immunité suite à une décision prise le 19 août
Tribunal Constitutionnel, sous prétexte que ses déclarations sur la
Question Kurde en tant que leader de parti avaient abouti à la
dissolution du HEP.
2. Le député de Mardin pour le DEP, Mehmet Sincar, a
été assassiné le 4 septembre dans la cité d'une raffinerie à l'ouest de
Mardin. Le représentant local du DEP, Mehmet Özdemir a été également
assassiné et le député de ce même parti, Nizamettin Toguç, a été blessé.
3. L'attaque contre Sincar et ses collègues fut
suivie le lendemain par une tentative d'assassinat contre le député du
DEP, Mme Leyla Zana, et ses camarades.
4. Le président du DEP, Yasar Kaya, également
propriétaire du quotidien pro-kurde Özgür Gündem était arrêté le 15
septembre pour un discours qu'il avait prononcé lors d'un meeting de
Kurdes irakiens.
Il ne fait aucun doute que tous ces actes de
répression perpétrés par le Gouvernement ou les forces
pro-gouvernementales ont accentué la tension et que la Turquie
s'engouffre rapidement dans le piège de la polarisation.
Le rédacteur du Turkish Daily News, Ismet Imset,
accusé à maintes reprises par les journalistes pro-kurdes de défendre
les intérêts de l'Etat turc, résume dans l'édition du 23 septembre las
récents événements et attire l'attention sur cette dangereuse
polarisation de la manière suivante:
Montée de la tension et de la polarisation
La formation kurde Parti de la Démocratie (DEP),
soumise à des attaques tous azimuts, débat actuellement pour savoir si
elle doit rester au Parlement avec ses 17 députés ou si elle doit se
retirer complètement.
Depuis les élections générales du 20 octobre 1991,
qui ont permis à la coalition DYP-SHP de prendre le pouvoir, 54 hommes
politiques et activistes kurdes ont été tués en Turquie. Au moins 15
journalistes s'exprimant sur la question kurde ou les droits de l'homme
ont également été assassinés.
Un cessez-le-feu momentané décrété par le PKK en
mars dernier a quelque peu diminué le nombre d'assassinats, mais depuis
que les deux camps ont repris la guerre, la brutale campagne
d'attentats a une fois encore repris son cours.
La 54e victime est le député du DEP à Mardin, Mehmet
Sincar. Comme pour légitimer son assassinat, un journal d'Istanbul à
immédiatement filtré un document, prétendument le journal de Toguç, au
travers d'un organe officiel et ce dans le but de mener une guerre
psychologique contre le PKK. Le journal contenait des notes d'une
précédente réunion de Toguç avec le leader du PKK Abdullah Öcalan,
visant à prouver aux Turcs qu'il méritait la mort.
Cette attaque était suivie le lendemain par une
tentative d'assassinat contre le député du DEP, Leyla Zana, célèbre
pour son franc-parler. Elle était également l'épouse du célèbre
activiste kurde et ancien maire de Diyarbakir, Mehdi Zana.
Mais ce ne furent pas les seuls "attentats" contre
l'unique parti pro-kurde de Turquie.
En fait, la création du propre DEP est le résultat
d'attaques d'une autre nature.
Le Parti des Travailleurs du Peuple (HEP), auquel il
a succédé, fut fermé cette année et son président d'il y deux ans,
Fehmi Isiklar, fut privé de son siège parlementaire et de son immunité.
La décision du Tribunal Constitutionnel était si controversée qu'elle a
même choqué le porte-parole du Parlement, Hüsamettin. Bien qu'Isiklar
était le fondateur et premier président du HEP, il s'en était écarté
depuis longtemps et avait rejoint le Parti du Peuple Social Démocrate
(SHP), membre de la coalition. Par ailleurs, il était vice-porte-parole
du Parlement turc.
Le verdict prononcé contre Isiklar montre à quel
point la liberté d'expression est tolérée en Turquie, surtout lorsqu'on
s'exprime sur les droits des Kurdes.
Comme si cela ne suffisait pas, la semaine dernière,
la Cour de la Sûreté de l'Etat d'Istanbul engageait 11 actions contre
le journal pro-kurde Özgür Gündem, dont le propriétaire est le
président du DEP, Yasar Kaya.
Cette action, destinée à fermer Özgür Gündem une
bonne fois pour toutes, coïncidait avec l'arrestation de Kaya par la
Cour de la Sûreté de l'Etat d'Ankara.
Au cours des deux dernières années tout s'est passé
comme si on voulait étouffer complètement le mouvement légal kurde, le
pousser dans l'illégalité et l'éliminer en même temps que les forces
illégales kurdes. Comme s'il s'agissait d'une stratégie d'ensemble.
Commentaires de la presse
Les députés du HEP attaqués au niveau psychique par
d'autres députés au Parlement... A Izmir la police manifeste et crie
"Mort aux Kurdes!"... Leyla Zana menacée de mort par un officier de
l'armée... Le parlementaire Mehmet Sincar assassiné et Toguç blessé...
Özgür Gündem annonce l'assassinat de 54 activistes du DEP... 15e
journaliste kurde assassiné... Le HEP a été fermé... Isiklar privé de
son immunité et expulsé du Parlement... Un tribunal demande la
fermeture d'Özgür Gündem... Yasar Kaya placé en détention...
Comme dans le scénario d'un film, on peut énumérer
tant d'actions menées contre le HEP/DEP au cours des deux dernières
années qu'il est normal de se demander comment le mouvement légal
pro-kurde a réussi à survivre jusqu'à maintenant.
Aux dires des activistes kurdes et de leur journal
Özgür Gündem, "le DEP est cerné et on mène une campagne systématique
pour mettre fin à son existence en Turquie.
Selon de nombreux Turcs exaspérés par les attaques
du PKK revendiquant une nouvelle vie dans l'est et le sud-est du pays,
ces députés ne méritent pas d'avoir un siège au Parlement.
Et la tension augmente de jour en jour...
L'épreuve de force finale
D'après un observateur du conflit qui embrase le
Sud-est, que le gouvernement turc (ainsi que l'armée) refuse toujours
de qualifier de problème kurde, aussi bien Ankara que les mouvements
pro-kurdes de ce pays s'engagent à présent dans l'épreuve finale.
Si on prête l'oreille aux rumeurs selon lesquelles
une force officielle clandestine mais bien organisée pourrait être en
train de mettre au point une nouvelle "politique kurde" en Turquie, se
dégage alors un scénario plutôt bizarre. Il ne s'appuierait pas sur
l'harmonie sociale mais sur une totale aliénation.
Tellement de politiques erronées sont mises en
pratique dans le Sud-est, qui ne font qu'accentuer l'enrôlement dans
les guérillas, qu'il est difficile de croire que ces "erreurs" ne
poursuivent aucun objectif.
Durant des mois, Turkish Probe [un hebdomadaire en
anglais] a analysé les nombreux inconvénients de la campagne menée dans
le Sud-est de la Turquie; le comportement des équipes spéciales de
répression de la police, l'évacuation forcée et incendie de villages,
les violations des droits de l'homme, l'incapacité de faire la
distinction entre militants et citoyens innocents, les opérations
causant du tort aux villageois, etc.
Chacune des pratiques énumérées, depuis que le PKK
commença sa campagne armée en 1984, n'a conduit qu'à l'aliénation des
populations locales, à l'enrôlement de nouveaux militants pour
l'organisation et au renfort du PKK au lieu de son affaiblissement.
Chaque année, les campagnes anti-PKK se suivant les unes après les
autres, les autorités n'ont cessé de vanter les succès. Chaque année on
promet de mettre fin au PKK une bonne fois pour toutes. Et chaque
année, le PKK subit des revers militaires mais semble encore plus fort.
Le Chef d'Etat-Major, Général Dogan Güres, n'a cessé
de répéter la même rengaine au cours des derniers mois. L'année
dernière, le PKK devait être écrasé avant la fin de l'hiver. Après
l'hiver, le PKK devait être écrasé cet été. Par après, l'échéance était
reportée à l'automne et maintenant elle est fixée à "la fin de l'hiver
prochain".
Cependant, au cours des deux dernières années est
intervenue une grande nouveauté, la population est soumise à une forte
aliénation.
D'une part, on mène une campagne systématique sur le
terrain juridique contre les rassemblements kurdes. D'autre part, on
tente d'aliéner les populations. Les deux ensemble forment un mélange
explosif.
La tension ne cesse d'augmenter.
Et il devient de plus en plus difficile de croire
que tout n'est qu'une grande coïncidence ou que les grands cercles qui
tirent les ficelles de la campagne anti-PKK ne s'aperçoivent pas de
répercutions de cette campagne.
Alors que penser?
Se pourrait-il que certains cercles turcs, dont les
intérêts dépassent les intérêts nationaux de ce pays, cherchent en fait
à provoquer une épreuve de force finale?
Se pourrait-il qu'ils soient responsables de cette
aliénation et que la politique en cours cherche à provoquer
intentionnellement une aliénation sociale? Espérons que tel ne soit pas
le cas. Mais il est vraiment difficile de croire que tout le monde soit
à ce point ignorant pour ne pas s'apercevoir des retombées de la
campagne.
Chaque village attaqué, évacué (et parfois brûlé
pour empêcher qu'il ne soit réutilisé), chaque souffrance infligée aux
populations locales kurdes du Sud-est et chaque violation des droits de
l'homme ne fait que renforcer le PKK. Non seulement il se renforce
politiquement mais il gagne de nouvelles recrues, parfois massivement.
Le revers de la monnaie est que les "indécis", ceux qui nagent entre
deux eaux, sont forcés de prendre une décision et par la nature de la
campagne officielle dont ils sont témoins, ils finissent du mauvais
côté.
Mais est-ce vraiment le mauvais côté?
Il y a quelques mois, au cours d'une battue dans la
région, la cause de mécontentement la plus souvent avancée par les
responsables locaux de la sécurité était la pression politique d'Ankara
pour "différencier les personnes innocentes des terroristes".
Aussi bien les hauts que les bas responsables
disaient alors que si le PKK avait été un phénomène d'un pays étranger
les choses auraient été plus faciles. Un responsable tenait ces propos,
"si nous agissions dans un pays différent, nous pourrions résoudre le
problème du PKK en l'espace de quelques mois. Nous saurions alors qui
est notre ennemi". En effet, connaître "l'ennemi" est un des pas vers
la solution du problème, mais dans la région reculée du sud-est, où le
PKK est en train d'organiser une résistance dans le style vietcong et
où les Turcs assimilent la plupart des villageois aux milices, il est
difficile de voir la différence. Il sera difficile -ou impossible- de
distinguer l'ami de l'ennemi si les gens restent où ils sont.
Solution: l'aliénation.
Si par une quelconque politique, les gens de la
région qui, d'une façon ou d'une autre, sympathisent ou soutiennent le
PKK, sont forcés de choisir et de rejoindre l'organisation, l'ennemi
commencera à apparaître.
Si grâce aux fouilles de villages, à l'oppression et
aux migrations forcées de ceux qui sont "indécis" mais sympathisent
secrètement avec les guérillas peuvent se voir contraints de partir
pour les montagnes, l'ennemi commencera à prendre forme.
Et si les milices (déguisées mais armées secrètement
par les militants du PKK qui vivent dans les logements urbains et
ruraux) sont forcés de s'intégrer aux unités des montagnes, ou plutôt
si les membres de l'organisation secrète ERNK [organisation de front du
PKK] sont forcés de s'intégrer à l'organisation armée ARGK [guérilla du
PKK], l'ennemi commencera à prendre forme.
Le scénario peut être complété par une récente
suggestion émanant des forces armées: l'utilisation d'armes chimiques
aux effets durables dans la région.
Une fois que toutes ces personnes auront été
obligées de rejoindre ouvertement le PKK et d'aller se réfugier dans
les montagnes, le "territoire ennemi" sera également déterminé.
Une des suggestions serait d'utiliser des gaz
chimiques aux effets durables dans cinq chaînes de montagnes et de
mettre fin au problème une bonne fois pour toutes.
Le hic
Le seul obstacle évident à l'application d'un tel
scénario serait l'existence d'un mouvement pro-kurde légal à Ankara ou
un cadre alternatif pour les activistes pro-kurdes. La polarisation de
masses de personnes destinée à les transformer en "ennemis déclarés" ne
leur laisserait qu'une seule alternative: entrer dans l'illégalité.
Concrètement, cela reviendrait à partir pour les montagnes.
Et dans ce scénario, le seul obstacle est le DEP.
Car, aussi longtemps que les Kurdes auront une issue légale, aussi
longtemps qu'il existe une alternative à l'insurrection armée, la
polarisation totale ne pourra être atteinte.
Encore une fois, "l'ennemi secret" continuera de se
dissimuler "parmi les amis" et il y aura aussi le problème de
l'application d'une campagne de destruction à part entière.
Si un tel scénario devait donc être appliqué, le DEP
et autres obstacles comme Özgür Gündem et les formations pro-kurdes
légales doivent également être supprimées.
Liquidation.
Ce n'est peut-être pas la solution finale, mais la
liquidation a donné de bons résultats au cours des deux dernières
années, avec l'assassinat de 54 hommes politiques proches des Kurdes et
d'au moins 15 journalistes, avec toujours un même message: Les
activités pro-kurdes légales ne seront pas tolérées.
Persécution.
Il y a eu des menaces, notamment celle d'assassiner
Leyla Zana et/ou d'enlever et torturer à mort sa fille. Parallèlement
aux assassinats et aux menaces on a également intenté des procès. Le
HEP fut fermé, le leader du DEP a été placé en détention et on s'attend
à la fermeture d'Özgür Gündem. Le message est clair: la Turquie ne
tolérera aucune personne ou formation qui d'une manière quelconque
sympathise avec le séparatisme. Le Président Süleyman Demirel
déclarait: "ceux qui sympathisent avec ceux qui versent le sang... sont
des assassins".
Trois jours après ces remarques des tireurs non
identifiés attaquaient les députés du DEP à Batman, tuaient Sincar et
un autre représentant local du parti et blessaient Toguç. En l'absence
d'une politique kurde concrète et démocratique, le PKK a étendu son
influence et maintenant ceux qui sympathisent avec cette organisation
uniquement parce qu'ils n'ont pas confiance en l'Etat, son considérés
comme des assassins.
Des tueurs qui doivent être abattus.
Elimination des obstacles
Actuellement, on est en train d'éliminer les
obstacles qui s'opposent encore à une totale aliénation du peuple kurde
et ce d'une façon qu'on peut soupçonner de systématique.
Le DEP se trouve "encerclé". Özgür Gündem est sur le
point de fermer ses portes. Ceux qui évitent la persécution judiciaire
grâce à leur immunité ou à l'absence de preuves concrètes sont tués.
L'objectif pourrait être de pousser le mouvement
pro-kurde dans l'illégalité. Les plaintes des membres du Parlement
jouissant de l'immunité parlementaire ne seraient donc plus un
problème. On n'entendrait plus commenter que le PKK a accédé au
Parlement et si le DEP décide vraiment de "quitter Ankara" comme l'ont
annoncé des activistes kurdes de nombreuses personnes seraient ravies.
L'Analyse de l'Information du 9 septembre dans le
Turkish Daily News avait souligné que le DEP se trouvait à un moment
crucial et que s'il ne condamnait pas ouvertement le PKK, il perdrait
sa crédibilité ainsi que son rôle de médiateur entre les peuples kurde
et turc.
Le 19 septembre, un homme utilisant le pseudonyme de
Seyit Ciya attaquait durement l'article dans une critique du livre en
turc "PKK" et affirmait qu'on avait l'impression de lire des
déclarations du Premier Ministre Ciller ou du General Güres.
Selon lui, la "terreur du PKK" ne peut être
condamnée. De nombreux militants pensent que même le DEP devrait
quitter le Parlement.
La campagne lancée contre les activités pro-kurdes
destinées à aliéner le peuple et à forcer la sortie du DEP du Parlement
semble donc réussir.
Le PKK lui-même, sous l'influence de nombreux
extrémistes qui influencent la position de dirigeants, craint que la
présence du DEP au Parlement ne fasse qu'attirer des problèmes.
La semaine dernière, le représentant européen
d'ERNK, Kani Yilmaz, a convoqué une conférence de presse et en a appelé
au DEP pour qu'il quitte Ankara. Ultérieurement, un article
prétendument écrit par un haut commandant du PKK et publié par Özgür
Gündem précisait: "le DEP ne peut rester au Parlement. Il devrait
retourner au peuple et être avec lui. Celui-ci le protégera". Au moins
un des flancs de l'organisation fait pression sur le DEP (et son
électorat du Sud-est) pour un retrait total qui supposerait la fin des
activités pro-kurdes libres et légales en Turquie.
Et au moins un autre flanc du PKK fait pression sur
le DEP pour qu'il rejoigne leur lutte armée.
"Après ces attaques", le leader du DEP Yasar Kaya
déclarait avant d'être jeté en prison la semaine dernière: "nous avons
décidé de ne pas renouveler notre appel en faveur de la paix".
Au sein du DEP, il y a des partisans inconditionnels
du PKK et d'autres qui croient (ou croyaient) aux activités légales
modérées. Le deuxième groupe perd rapidement du terrain et a perdu
pratiquement tout appui local.
En mars dernier, alors que le cessez-le-feu du PKK
était en vigueur, une très haute autorité turque avait confié à un
médiateur qu'ils attendaient que la population turque -l'électorat de
son parti- soutienne les réformes en faveur des Kurdes.
"S'ils soutiennent ces réformes, ils nous aideront
et nous pourrons les adopter", avait-il dit. En d'autres mots, il
s'agissait d'une réflexion précisant que l'administration s'est mise au
diapason de la population et agit selon ses désirs.
Quelle est la différence avec le DEP?
Les députés du DEP ont été élus au Parlement en
vertu de la Loi Electorale et tous leurs droits sont garantis par la
Constitution.
Que cela plaise ou non, ils représentent le peuple
au même titre que les autres. Leur représentation, au sens populaire
pourrait même être plus forte. Mais cela implique également que le DEP
-au même titre que le gouvernement- agit en accord avec son électorat
qui, il ne fait aucun doute, a des sympathies pour le PKK. Le DEP
semble donc s'être engagé sur la voie qui le conduira hors du Parlement.
Une fois que ce sera un fait accompli, et que la
situation dans le Sud-est aura encore évolué, on aura franchi un autre
étape vers l'épreuve de force finale.
Aujourd'hui, on peut évoquer de nombreux scénarios
concernant ce qui se passe vraiment dans la région du Sud-est. Mais le
seul fait évident est que la tension augmente non seulement dans cette
région mais dans toute la Turquie.
[Manifestations anti-Kurdes]
Tout est parti de ce qui semblaient être
d'innocentes manifestations dans les plus grandes villes, tandis
qu'Ismet Sezgin était Ministre de l'Intérieur turc. Premièrement, des
foules organisées se sont concentrées devant les bâtiments fouillés par
la police et, alors que des extrémistes de gauche étaient assassinés à
l'intérieur, elles agitaient des drapeaux turcs et chantaient l'hymne
national. Des activistes des droits de l'homme affirment que des
policiers en civil étaient présents dans les foules.
Par après, lorsque tous les soldats et officiers de
sécurité retournaient dans leurs villes, des foules se rassemblaient
dans la rue pour chanter des slogans pro-turcs, agiter des drapeaux et
chanter l'hymne national.
Bientôt, la nature des slogans changea. Ils ne
visaient plus uniquement le PKK, mais les Kurdes en général et plus
particulièrement les parlementaires kurdes. "Mort au PKK dans le
Parlement", criaient des centaines de personnes. L'année dernière, à
Istanbul, Izmir et Adana, des manifestants et des policiers criaient
que leur ville serait une "tombe pour les Kurdes".
"Je crains que nos propres partisans ne deviennent
de plus en plus racistes", disait récemment Cemil Bayik, leader du
Conseil Militaire du PKK.
"Il est évident que ceux qui nous rejoignent, les
partisans du PKK, sont très différents du leadership politique. Je dois
admettre qu'il y a des gens qui haïssent totalement les Turcs". Le
racisme parmi les Turcs est dû essentiellement, comme le soulignait
récemment Demirel, aux martyrs soldats et policiers renvoyés chez eux
dans des cercueils.
Le racisme au sein du PKK provient soit des cadres
qui ont fait de pénibles années de prison ou de très jeunes gens.
Certaines personnes ne voient en la Turquie ou les Turcs que des
gendarmes fouillant leur village ou des personnes qui ont enfreint les
droits de l'homme.
La tension augmente
Dans le sud, l'ouest et le centre de la Turquie, les
hommes d'affaires turcs ont déjà commencé à licencier la main-d'oeuvre
kurde et la remplacent par de la main-d'oeuvre turque bien qu'elle soit
plus chère. Dans plusieurs centres de vacances des groupes de jeunes
parcourent les rues et vérifient si les piétons sont kurdes. Au cours
des récentes funérailles de Sincar à Ankara, la police fut protagoniste
le premier incident de discrimination raciste. Celle-ci s'est postée à
l'entrée de certaines rues bien spécifiques et a vérifié l'identité des
passants pour contrôler leur lieu de naissance. Mais il y a bien
d'autres exemples.
Le cas le plus surprenant, survenu à un moment
d'intense polarisation de la population, s'est produit récemment à
Sivas, au même endroit où une foule de Sunnis en colère a brûlé 37
Alawis. Maintenant, les forces de sécurité mènent là-bas une campagne
systématique pour armer les villages Sunnis de Turquie.
Selon Ciller et Demirel, tout le monde a le droit de
se protéger, c'est quelque chose de naturel. Mais c'est là un autre
élément de polarisation.
D'une part les Turcs et les Kurdes, de l'autre, les
Alawis et Sunnis. Selon des estimations non officielles, il y a environ
20 millions d'Alawis en Turquie, ce qui équivaut à un tiers de toute la
population. Il y a également entre 12 et 15 millions de Kurdes. Rien
qu'à Istanbul, les deux tiers de la population diurne de la ville
seraient des Alawis et des Kurdes. Pour certains c'est eux "l'ennemi
secret".
L'animosité est en train de s'étendre très
rapidement. Au sein du mouvement kurde, poussé à agir en accord avec
ses partisans, le PKK pousse également à la polarisation. Peut-être que
l'aliénation amorcée devient attrayante pour l'organisation. Peut-être
est-elle consciente qu'à long-terme, cette polarisation jouera en sa
faveur.
Est-ce que la Turquie utilisera un jour des armes
chimiques? Il es possible que non. Peut-être que ces suggestions ne
soient perçues que comme des idées de quelques fous incapables de
maintenir leurs positions actuelles.
Mais une répression militaire massive dans le
Sud-est semble inévitable, surtout lorsqu'il s'avère que les promesses
faites cette année, tout comme celles faites antérieurement, ne peuvent
être tenues. Et le PKK sera toujours actif le printemps prochain.
Jusqu'alors, le plan pourrait passer par la création
d'un ennemi concret et c'est là que se cache la menace. On ne connaît
pas le réel pouvoir de ces scénarios...
VERS UNE GUERRE TOTALE
Alors que les déclarations belliqueuses et les
décisions du duo Demirel-Ciller ainsi que de leurs alliés militaristes
sont en train de conduire la Turquie vers une guerre totale, le leader
du PKK, Abdullah Öcalan a fait le voeu de renforcer sa lutte contre
l'Armée Turque.
Le 29 septembre, s'adressant aux journalistes
étrangers au Liban, Öcalan manifesta: "La guerre a atteint le point de
non retour. Il est en train de se produire un génocide. Le chef
d'Etat-Major turc a dit qu'il nous supprimerait pour le mois de mars
prochain mais ils n'y arriveront pas. Nous faisons face à cette
politique avec une énorme détermination".
En mars 1994, des élections locales sont prévues en
Turquie. Les activistes kurdes y voient une occasion de les transformer
en un référendum de conception personnelle. Les militaires et
parlementaires extrémistes souhaitent que les élections soient
reportées pour des raison de sécurité. Le Général Güres a récemment dit
aux journalistes que, si le PKK n'était pas écrasé pour le printemps
prochain, la Loi Martiale serait décrétée.
Le Premier Ministre Ciller a eu recours
systématiquement à une solution militaire à la crise et a donné totale
autorité à l'armée. Le mandat du Général Güres a été récemment rallongé
d'un an en vertu d'un décret spécial du gouvernement. Bien que le
Tribunal Constitutionnel se soit opposé à la loi qui donne au
gouvernement le pouvoir d'adopter ces décrets, celui concernant Güres
est toujours d'application parce qu'il est resté en vigueur pendant 60
jours, limite légale pour l'introduction de tout recours légal contre
lui.
Depuis le début de la campagne armée du PKK en 1984
en représailles contre l'oppression nationale, plus de 7.200 personnes
son mortes. Mais la situation s'est rapidement détériorée au début de
l'année 1993 lorsqu'Ankara a ignoré toutes les suggestions de réforme
pour les Kurdes et chercha une solution militaire. Plus de 1.600
personnes ont été tuées dans l'est et le sud-est de la Turquie depuis
le 24 mai, date à laquelle Öcalan décréta un cessez-le-feu unilatéral
de deux mois qu'Ankara a également ignoré.
"Nous prendrons des mesures plus dures. En un jour,
50 personnes pourraient mourir. Nous n'avons pas le choix parce qu'ils
sont en train de détruire le Kurdistan", manifesta Öcalan.
Il accusa également l'armée turque de génocide et
d'avoir utilisé du napalm et des armes chimiques contre les villageois
kurdes dans les montagnes près du Mont Agri (Ararat).
Le même jour, Mesut Yilmaz, leader du principal
parti de l'opposition (ANAP) a également fait allusion à la province
d'Agri et a déclaré que suite à une attaque du PKK en septembre, 26
tanks avaient ouvert le feu dans la ville de Dogubeyazit, Agri, et
avaient détruit la maison du l'ancien Premier Ministre et député de
l'ANAP, Yasar Erylmaz.
Les officiers militaires ont annoncé qu'une nouvelle
opération, avec un renfort de 50.000 soldats qui vont rejoindre une
force d'environ 140.000 unités, devrait commencer au début du mois
d'octobre.
RÉSOLUTIONS DU PARLEMENT EUROPEEN SUR LES KURDES
Le Parlement européen a, au cours de sa session
plénière du 16 septembre 1993, adopté la résolution suivante sur la
situation des Kurdes en Turquie:
"Le Parlement européen,
"A. condamnant l'attentat commis à Batman (Kurdistan
de Turquie) le 4 septembre 1993, lequel a coûté la vie à M. Mehmet
Sincar, parlementaire kurde du parti démocratique (DEP, ex-HEP), ainsi
qu'à un autre membre du parti,
"B. considérant que M. Sincar faisait partie d'un
groupe de députés de la région qui enquêtaient sur la violence
politique à Batman (plus de 300 morts ces dernières années ),
"C. considérant que des présomptions pèsent sur les
forces militaires turques et leur supplétifs,
"D. considérant que M. Sincar est une des victimes
d'une longue s"rie d'assassinats politiques non élucidés,
"E. eu égard au nombre sans cesse croissant des
personnes tuées par des forces armées dans le sud-est de la Turquie,
"F. eu égard au l'accroissement du nombre des
interdictions de rassemblement, des restrictions a la liberté de presse
et d'opinion que traduisent la confiscation et l'interdiction de
journaux et de périodiques fournissant des informations sur la
situation qui règne réellement dans le sud-est du pays,
"G. rappelant que le respect des droits de l'homme
les plus élémentaires, tels qu'ils sont définis par la Convention
européenne sur la sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, est une condition essentielle pour toute adhésion a la
Communauté européenne,
"H. rappelant ses résolutions antérieures sur les
Kurdes de Turquie;
"1. déplore vivement la mort des deux responsables
du DEP;
"2. demande que la lumière soit faite sur ces
assassinats et tous les autres qui n'ont pas été élucidés et que les
coupables soient traduits en justice;
"3. condamne toute forme de violence et notamment le
terrorisme du PKK;
"4. demande aux autorités turques de mettre un terme
à l'état d'exception dans les provinces à majorité kurde et de garantir
le respect des droits de l'homme dans la région;
"5. invite le Conseil; la Commission et les états
membres à user de toutes les possibilités pour inciter la Turquie à
ouvrir un dialogue politique avec les Kurdes vivant dans le pays;
"6. charge son Président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, à la CPE, ainsi qu'aux
gouvernements des états membres et au gouvernement turc."
Le Parlement européen a également adopté la
résolution suivante sur les enlèvements perpétrés par le PKK:
"Le Parlement européen,
"A. choqué par les enlèvements de touristes,
notamment de ressortissants des états membres de la Communauté,
perpétrés par le PKK dans l'est de la Turquie,
"B. soulignant qu'il est de l'intérêt et du devoir
communs de la Communauté et des états membres de celle-ci de ne pas
céder au chantage exercé par les terroristes,
"C. rappelant ses résolutions .sur le problème de la
minorité kurde de Turquie;
"1. condamne les enlèvements de personnes totalement
étrangères au conflit qui oppose le gouvernement turc et le PKK;
"2. fait observer que ces actes scandaleux ne
peuvent qu'entamer la sympathie dont jouissent les Kurdes au sein de
l'opinion des états membres;
"3. charge son Président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, a la CPE ainsi qu'au
gouvernement turc et au bureau du PKK à Bruxelles."
LA REPONSE DU PRESIDENT DE LA CE A PROPOS DES KURDES
A une question soulevée par le sénateur Kuijpers à
propos de l'interdiction du Parti du Travail du Peuple (HEP), le
Ministre des Affaires Extérieures belge et Président du Conseil des
Ministres de la CE, Willy Claes, répondit le 3 septembre dernier de la
façon suivante:
"Le HEP (Parti du Travail du Peuple) a été crée en
juin 1990 et rejoint par des parlementaires qui avaient été exclus du
SHP (Parti Social-Démocrate Populaire) pour participation à un congrès
kurde à Paris 1989.
"En juillet 1992, la Cour de Cassation intente
auprès de la Cour Constitutionnelle une action en dissolution du HEP en
raison de déclarations faites au congrès de ce parti. Le 14 juillet
1993 la Cour Constitutionnelle a, par un arrêt, ordonné la dissolution
du HEP pour cause de séparatisme. Des parlementaires du HEP avaient
créé le DEP (Parti Démocratique) avant que l'arrêt ne soit rendu.
"On notera que la Cour Constitutionnelle a informé
le Parlement que, suite à la dissolution du HEP et en application de
l'article 84 de la Constitution, M. Isiklar, Président du HEP, est
déchu de son mandat parlementaire. M. Isiklar est poursuivi en justice
pour séparatisme.
"L'article 84 de la Constitution turque stipule que
"dans le cas où la Cour Constitutionnelle prononce la dissolution
définitive d'un parti politique, les députés qui sont désignés dans son
arrêt comme ayant provoqué cette dissolution par leurs activités ou
paroles et ceux qui étaient membres dudit parti à la date d'intentement
de l'action en dissolution cessent d'avoir la qualité de membre de
l'Assemblée à la date de la notification de l'arrêt au Bureau
présidentiel de la Grande Assemblée Nationale de Turquie."
"Le Président du Parlement, M. Cindoruk, a toutefois
refusé de prendre en considération un résumé de l'arrêt et est d'avis
que le Parlement est seul habilité à lever l'immunité d'un de ses
membres. Il s'est également déclaré partisan d'une abrogation de
l'article 84 de la Constitution. Le SHP rassemble dans ce but des
signatures pour une pétition parlementaire. M. Isiklar a rejoint
récemment le SHP, dont il fut membre précédemment.
"Il est en effet douteux que l'on ait dissout un
parti politique qui s'engageait pour des intérêts kurdes. Bien que cela
se soit fait par un arrêt de la Cour Constitutionnelle et sur base de
la Constitution, cette dernière est en partie un héritage du coup
d'état militaire de 1980. Des milieux parlementaires et gouvernementaux
ont leurs propres doutes quant à l'arrêt en question. Mon collègue turc
a déclaré lui-même que la Turquie courait le risque de perdre la bonne
volonté de la communauté internationale. Déjà, des membres du HEP
avaient été assassinés.
"Il me semble que le Gouvernement turc a des
difficultés à s'éloigner des traditions centralistes et unitaristes.
D'autre part, on ne peut en effet que désapprouver les méthodes du PKK.
"Conjointement avec mes partenaires de la Communauté
ainsi que sur le plan bilatéral, j'ai toujours appelé mes
interlocuteurs turcs à recourir au dialogue afin de dégager une
solution qui tiendrait compte de la spécificité kurde et qui
rencontrerait des aspirations kurdes, incluant leurs droits
démocratiques et culturels. Jusqu'ici toutefois avec peu de résultats
concrets : il n'y a pas eu de vrai dialogue, peut-être par manque de
volonté suffisante. Depuis plusieurs mois, les combats se sont à
nouveau intensifiés. Bien que le nouveau Premier Ministre turc
paraissait conciliant, l'on s'est apparemment à nouveau engagé vers une
"solution militaire", ce en réponse à la 'guerre totale' du PKK."
LA RESOLUTION EUROPEENNE SUR LES GRECS DE TURQUIE
Le Parlement européen a, au cours de sa session
plénière du 16 septembre 1993, adopté la résolution suivante sur les
actes de profanation qui ont été commis dans le cimetière chrétien de
Néohorion (Yenikoy) à Istanbul:
"Le Parlement européen,
"A. préoccupe par les actes de profanation commis
dans le cimetière chrétien de Néohorion à Istanbul,
"B. considérant que des actes de ce genre portent
directement atteinte à la quiétude et à la sécurité de la minorité
orthodoxe grecque qui est restée à Istanbul après les persécutions de
1955,
"C. vu sa résolution du 18 avril 1991 sur la mort de
fidèles de l'église orthodoxe dans l'incendie criminel d'un autocar à
Istanbul(l),
"D. considérant les dispositions relatives du traité
de Lausanne et de la Charte de Paris, ainsi que d'autres actes
internationaux visant à la sauvegarde des droits des minorités en
Europe;
"1. demande aux autorités compétentes de faire la
lumière sur les événements et de traduire en justice les coupables et
condamne fermement toute action suscitée par la recrudescence du
fanatisme religieux qui constitue une violation des droits de l'homme
les plus élémentaires;
"2. attire l'attention sur le fait que le climat
d'insécurité et de violation flagrante des libertés fondamentales des
minorités met en jeu les relations entre la Communauté et la Turquie;
"3. invite les autorités turques à prendre les
mesures nécessaires pour protéger la communauté orthodoxe grecque et
lui assurer une existence pacifique et à réparer les dommages causés
par la profanation du cimetière;
"4. demande aux ministres des affaires étrangères
réunis dans le cadre de la Coopération politique européenne
d'intervenir auprès du gouvernement turc afin que soit assuré le climat
de sécurité nécessaire à la minorité grecque d'Istanbul et souhaite que
le Conseil de coopération CEE-Turquie soit également saisi,
"5. charge son Président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, à la CPE et aux gouvernements
des états membres, ainsi qu'au Patriarcat œcuménique de Constantinople
et au gouvernement turc."
TERRORISME D'ETAT EN SEPTEMBRE
Le 1.9, à Bursa, les forces de sécurité arrêtent 16
membres du DEP pour avoir aidé le PKK. A Gebze, sept personnes,
accusées de participer aux activités du PKK, sont arrêtées sur ordre
d'un tribunal.
Le 2.9, à Batman, des inconnus abattent un
représentant du DEP, Habib Kilic, et blesse grièvement le frère de ce
dernier, Hikmet Kilic. Le même jour, on découvre le corps de
Nusret Güngörmez, tué par balle, à Siverek (Urfa).
Le 2.9, le Chef de l'Hôpital d'Etat de Silvan, le
Dr. Zeki Tanrikulu, est assassiné par deux inconnus alors qu'il
quittait l'hôpital. L'année dernière, un autre docteur du cet
établissement, Mehmet Emin Ayhan, subissait le même sort.
Le 3.9, à Silvan, Sakir Demirtas est abattu par des
inconnus.
Le 4.9, à Diyarbakir, un commerçant, Vedat Dayan,
est abattu par des inconnus. En outre, Abdulcabar Ek, qui avait
été kidnappé 15 jours auparavant, est retrouvé mort sur l'autoroute
Silvan-Lice.
Le 5.9, à Istanbul,le jeune Harun Cetin âgé de 20
ans et qui se trouvait dans le coma depuis le 15 mars, après avoir été
torturé par la police, meurt à l'hôpital.
Le 5.9, à Mersin, un détenu nommé Resul Üzer est
hospitalisé après avoir été torturé pendant cinq jours au poste de
police.
Le 5.9, une victime de la torture, Cuma Tepe, arrêté
après le Coup de 1980, meurt à l'hôpital d'Ankara d'une maladie rénale.
Les militaires ne l'avaient pas autorisé à suivre un traitement médical
pendant ses 5 années de détention. Acquitté après cinq ans, il
subit, en 1991, une opération, mais il était alors déjà trop tard pour
le sauver.
Le 7.9, à Diyarbakir, Abdullah Coban, serveur, est
abattu par des inconnus. A Bitlis, Seyithan Özcelik, un jeune
berger de 15 ans kidnappé le 30 août, est retrouvé mort.
Le 7.9, Sason (Batman), des forces de sécurité
attaquent le village d'Acar et ouvrent le feu sur des villageois, tuant
ainsi Mustafa Ekmen et blessant quatre autres personnes.
Le 10.9, une réunion commémorant le 73ème
anniversaire de la fondation du Parti Communiste de Turquie (TKP) est
interdite par le Gouverneur d'Istanbul.
Le 10.9, à Diyarbakir, des inconnus stoppent un
minibus et abattent Ramazan Deniz et Haydar Aslan, blessant ainsi deux
autres voyageurs.
Le 13.9, à Sirnak, des forces de sécurité attaquent
le village de Toptepe et abattent Yusuf Bozkurt, Nesim Akil, Ahmet
Duru, Nezir Emek et Halit Akil.
Le 14.9, un imam de 61 ans, Sefik Kaplan, arrêté le
5 septembre lors de l'attaque du village d'Oymapinar à Bitlis, serait
mort lors de son interrogatoire au poste de gendarmerie.
Le 14.9, à Bursa, 271 ouvriers du textile
manifestant devant leur usine pour protester contre les licenciements
sont brutalement dispersés par la police. Deux ouvrières sont
grièvement blessées et 51 autres personnes sont arrêtées.
Le 15.9, à Hazro, Dursun Gülun, un agriculteur
blessé par balle le 7 septembre par des protecteurs du village, meurt
dans un hôpital de
Diyarbakir.
Le 15.9, la CSE condamne deux membres du Dev-Sol à perpétuité et trois
autres à des peines de prison allant jusqu'à 16 ans et 8 mois.
Le 15.9, à Mersin, des inconnus abattent l'imam,
Talip Yüce, et blessent grièvement l'épouse de ce dernier.
Le 17.9, à Istanbul, la police effectue une descente
dans maison de militants présumés du Dev-Sol et abattent une jeune
femme, Gönül Dudu Özcan, alors que celle-ci n'a opposé aucune
résistance. En outre, la police annonce l'arrestation de quatre
personnes lors de leurs récentes opérations. L'avocat de l'un des
détenus déclare que son client, Muzaffer Öztürk, qui avait déjà purgé
une peine de prison de 11 ans, a été torturé. En effet, des
policiers l'ont battu et arraché les cheveux et les moustaches.
Le 18.9, à Diyarbakir, des représentants locaux du
DEP, Abbas Demiroglu, Ali Ceylan et Selahattin Gencol sont abattus par
des inconnus.
Le 19.9, à Karakocan (Elazig), des policiers à bord
d'un véhicule blindé tirent, sans aucun motif, sur une lycéenne, Özlem
Yildirim, blessant celle-ci à la jambe. La jeune fille est
transportée à l'hôpital où on devra lui amputer la jambe droite.
Le 19.9, la police annonce l'arrestation de 18
militants présumés du Dev-Sol à Istanbul. Parmi eux se trouve
aussi Fethiye Peksen, avocat, qui a défendu plusieurs prisonniers
politiques.
Le 20.9, à Batman, deux inconnus à moto abattent
Yusuf Üzümcü.
Le 20.9, la CSE de Diyarbakir lance un mandat
d'arrêt contre 24 personnes qui sont, pour la plupart d'entre-eux, des
représentants d'associations des droits de l'homme, de syndicats et de
presse. Ils sont inculpés suite à la publication, le 27 mai 1993,
d'un communiqué commun dénonçant les violations des droits de l'homme.
Le 20.9, début du procès à, la CSE d'Istanbul, du
Secrétaire Général du Parti Ouvrier Communiste de Turquie (TKEP),
Teslim Töre, ainsi que de 12 autres membres du parti. Töre et
quatre autres représentants du parti risquent la peine capitale et sept
autres peines d'emprisonnement allant jusqu'à 15 ans. Ils sont
jugés en détention.
Le 20.9, à Diyarbakir, Ahmet Arcagök, enseignant, et
un jeune passant de 11 ans sont abattus par des inconnus.
Le 21.9, un gardien de parking, Hamza Aksu (57) et
quatre jeunes, Hasan Simsek, Ayhan Tusan, Oktay Akyol et Ismail
Vuruskan font appel à la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie
(TIHV) pour avoir été arrêté de manière arbitraire le 17 septembre et
torturé au poste de police lors de leur détention.
Le 21.9, à Diyarbakir, Ali Sahap Salik est abattu
dans son lycée par des inconnus.
Le 22.9, à Cemisgezek (Tunceli), des avions
bombardent des tentes d'agriculteurs dans la montagne de Munzur, tuant
ainsi le jeune Yeter Güler âgé de 18 ans et blessant sept autres
personnes.
Le 23.9, les avocats de prisonniers politiques de la
prison Buca à Izmir accusent la direction pénitentiaire d'être
responsable des conditions de détentions inhumaines et des mauvais
traitements auxquels sont soumis les prévenus. Dans la
prison Elazig du Type-E, les prisonniers politiques entament leur 90ème
jour de grève de la faim.
Le 23.9, à Konya, l'Association pour les Droits et
les Libertés (Özgür-Der) est fermée sur ordre du Gouverneur sous
prétexte que cette organisation mène des activités incompatibles avec
ses objectifs. Lors de sa fermeture, la police a arrêté cinq
membres de l'association.
Le 23.9, à Diyarbakir, Kudbettin Akbal et Hamit
Ülgen, commerçants, sont abattus par des inconnus. A Nusaybin,
Abdülkadir Bayrak, pharmacien, meurt lors d'une attaque armée.
Le 23.9, à Dogubeyazit (Agri), Mehmet Konyar,
étudiant, est retrouvé mort après avoir été kidnappé.
Le 24.9, à Batman, deux inconnus abattent Sabri
Özdemir.
Le 25.9, Ihsan Günes, commerçant, est abattu à
Batman.
Le 26.9, à Midyat, Kadir Elmas meurt lors d'une
attaque armée.
Le 27.9, l'Association des Droits de l'Homme (IHD),
porte plainte auprès du bureau du Procureur contre le commissaire Rasim
Gül, accusé d'harceler systématiquement des jeunes serveuses dans les
boîtes de nuit.
Le 27.9, les forces de sécurité annoncent
l'arrestation de 30 militants présumés du Dev-Sol lors d'opérations
menées à Adana, Mersin et Hatay. A Aralik (Igdir), plus de 500
agriculteurs auraient été arrêtés au cours d'opérations de 3 jours dans
dix villages différents.
Le 27.9, des inconnus abattent Mehmet Salih Cakir et
Mehmet Ali Kizmaz à Batman, et Halil Kiraz à Siverek (Urfa).
Le 28.9, dans le procès de 20 membres du PKK, la CSE
d'Izmir condamnent deux personnes à la peine capitale et 10 autres
accusés à des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 18 ans et 9 mois.
Le 28.9, des inconnus abattent Ahmet Öner à Bagivar
(Diyarbakir), Sükrü Yavuz et Muhittin Demir à Suruc (Urfa).
Le 29.9, à Malazgirt, après son arrestation le 26
septembre, Ethem Yükselir déclare avoir été torturé par les gendarmes,
qui voulaient faire de lui un informateur.
Le 29.9, la CSE d'Izmir condamne une personne à la
peine capitale pour activités liées aux PKK et 14 autres accusés à des
peines d'emprisonnement allant jusqu'à 22 ans et six mois.
Le 29.9, à Diyarbakir, Hüseyin Yildrim est abattu
par des inconnus.
Le 30.9, des inconnus abattent deux étudiants,
Abdülvahap Pala et Abdülhakim Aktürk, à Diyarbakir, et deux
commerçants, Sükrü Tekince et Mehmeddin Zeki Tuncer, à Batman.
PRESSIONS CONTRE ÖZGÜR GÜNDEM
L'éditeur du quotidien Özgür Gündem, Yasar Kaya,
également président du Parti de la Démocratie (DEP), se trouve en
prison depuis le 15 septembre. Il est accusé d'avoir prononcé un
discours dans le Kurdistan irakien.
Par ailleurs, Özgür Gündem est confronté à 11
accusations et risque la fermeture.
Six des reporters d'Özgür Gündem sont détenus et
deux de ses distributeurs ont été abattus.
Un reporter du quotidien basé à Istanbul, Aysel
Malkac, a été portée "disparue" pendant près d'un mois et demi après
avoir été arrêtée par la police. Pour protester contre la disparition
de leur collègue, les journalistes d'Özgür Gündem ont suivi une grève
de la faim pendant un mois.
UN ATLAS RETIRE A CAUSE DU KURDISTAN
Le 11 septembre, le quotidien Hürriyet retirait
toutes les copies d'un exemplaire de l'édition turque de Grosser
Weltatlas après avoir réalisé que dans le territoire turc il y avait
une région appelée "Kurdistan".
L'atlas devait être offert dans le cadre d'une
campagne de promotion en échange de 40 coupons du journal envoyés à
tous les marchands de journaux et à tous les kiosques.
PAS D'ECOLE POUR LE FILS D'UN DEPUTE KURDE
Le député du DEP à Sirnak, Mahmut Alniak, déclarait
le 13 septembre dernier que les écoles publiques d'Ankara refusaient
d'accepter son fils et que plusieurs directeurs d'école l'avaient
insulté.
Le député kurde, qui essayait d'inscrire son fils de
16 ans, Halit Sinan, dans une école secondaire turque, a soumis une
motion à la Grande Assemblée Nationale demandant au Ministre de
l'Education d'expliquer les raison de la discrimination dont il fait
l'objet. "S'ils ne m'avaient traité comme un ennemi, il n'y aurait eu
aucun problème", déclara-t-il.
PERSECUTION DES MEDIAS EN SEPTEMBRE
Le 1.9, la récente publication du Yeni Demokrat
Genclik et un livre intitulé Le Dossier de l'Affaire, qui contient des
documents sur un procès du Dev-Sol, sont confisqués par la CSE
d'Istanbul pour propagande d'une organisation illégale.
Le 3.9, un festival culturelle et artistique à
Divrigi (Sivas) est interdit par le Gouverneur.
Le 3.9, le bureau local de la Maison d'Edition Komal
fait l'objet d'une descente par la police, qui confisque près de 250
livres.
Le 6.9, la CSE d'Istanbul condamne deux journalistes
de l'hebdomadaire Azadi, ainsi que le réacteur en chef, Sedat Karakas,
à six mois de prison et une amende de 50.000.000 de livres turques
(5.000$), et l'éditeur Ikramettin Kaya à une amende de 100.000.000 de
livres turques, pour certains articles publiés le 8 novembre
1992. En outre, le rédacteur en chef, Kamil Ermis, et l'éditeur,
Hikmet Cetin, du mensuel Deng sont condamnés par cette même cour à des
peines similaires.
Le 6.9, début du procès à la CSE d'Istanbul du
journaliste Adil Kurt, rédacteur en chef de la revue Newroz.
Arrêté il y a deux mois, Kurt risque jusqu'à 5 ans de prison pour
propagande séparatiste. Le procureur demande également une
interdiction de publication pour la revue.
Le 7.9, début du procès à la CSE d'Istanbul du
journaliste Mahmut Metin, rédacteur en chef du Medya Günesi, en vertu
de la Loi Anti-Terroriste. En détention depuis deux mois, il
risque une peine de prison de 5 ans. Le procureur exige également
une interdiction de publication de la revue.
Le 8.9, Ahmet Sümbül, correspondant à Diyarbakir
pour le quotidien Aydinlik, est jugé par la CSE de Diyarbakir pour
avoir aidé le PKK. Il avait été arrêté le 6 juillet après avoir
réalisé une série d'interviews de militants du PKK dans la montagne
Cudi. Sa demande de libération a été rejetée.
Le 9.9, le n°31 du mensuel Taraf est confisqué par
la CSE d'Istanbul pour la publication d'articles pouvant susciter des
querelles de sectes.
Le 10.9, la CSE d'Istanbul condamne deux éditeurs,
Sirri Öztürk des Editions Sorun et Murat Ilyas Burak des Editions
Melsa, à cinq ans de prison et 41.666.000 TL (4.167$) d'amende pour la
publication de Anthologie de Poèmes de Prison de 1980 à 1990.
Le 12.9, le bureau du quotidien Özgür Gündem à
Batman est détruit dans l'explosion d'une bombe. Au lieu de
rechercher les auteurs de l'attentat, la police arrêtent deux employés
du journal : Mehmet Sah Yildiz et Vecdet Birkay.
Le 13.9, l'arrestation du 22 août de Salih Tekin,
correspondant à Cizre pour Özgür Gündem, est confirmée par un tribunal
local. Tekin déclare avoir été torturé par la police pendant ses
22 jours de détention au poste. Le même jour, à Van, le
correspondant du journal Özgür Gündem, Aslan Saraç, et son traducteur,
Hasan Yildiz, sont mis en garde à vue alors qu'ils s'apprêtaient à
interviewer des parlementaires étrangers qui visitaient la ville.
Le 13.9, la CSE d'Istanbul confisque le n°70
de l'hebdomadaire Azadi et le n°62 de l'hebdomadaire Mücadele pour
propagande séparatiste et soutien à une organisation illégale.
Le 13.9, la police effectue une descente dans le
bureau de la revue Özgür Halk à Adana et procède à l'arrestation de 11
personnes.
Le 15.9, l'auteur du livre intitulé Nous Avons
Changé l'Aube en Newroz, Edip Polat, est incarcéré à la Prison Centrale
d'Ankara pour y purger une peine de deux ans. En plus de cette
peine d'emprisonnement, Polat a été condamné à une amende de 50.000.000
de livres turques (5.000$) pour son livre. L'auteur avait été
arrêté à l'aéroport Esenboga d'Ankara d'où il s'apprêtait à fuir le
pays après la confirmation de la sentence par la Cour de Cassation.
Le 16.9, Ragip Ersoy, correspondant à Adiyaman pour
le quotidien Zaman, a été battu et blessé par le Directeur du Bureau
d'Immatriculation alors qu'il menait un enquête.
Le 16.9, un total de 11 procès contre le quotidien
Özgür Gündem ont lieu à la CSE d'Istanbul. Dans sept de ces
procès, le procureur demande une interdiction de publication pour le
journal.
Le 17.9, début du procès à la CSE d'Istanbul de Seyh
Davud Karadag, correspondant du journal Özgür Gündem, qui se trouve en
détention depuis deux mois. Malgré son acquittement à l'issu du
premier procès, Karadag devra encore passer en jugement dans quatre
affaires différentes en vertu de la Loi Anti-Terroriste.
Le 19.9, la CSE d'Istanbul confisque le n°71 de
l'hebdomadaire Azadi pour propagande séparatiste.
Le 20.9, Yusuf Cacim, ancien rédacteur en chef de
l'hebdomadaire Yeni Ülke, aujourd'hui disparu, est condamné par une
cour pénale d'Ankara à trois mois de prison et une amende de 2.000.000
de livres turques pour avoir insulté le chef néo-fasciste du MHP,
Türkes.
Le 20.9, la CSE d'Istanbul confisque le n°24 du
mensuel Odak en vertu de la Loi Anti-Terroriste.
Le 21.9, suite à un calendrier publié par la défunte
section Aydin du HEP en 1992, la CSE d'Izmir condamne Mehmet Duyar et
Ünal Tümer à 20 mois de prison et une amende de 41.666.000 TL (4.167$)
chacun.
Le 21.9, Mehmet Bayraktar, correspondant à Izmir
pour le mensuel Özgür Halk, est condamné à 10 mois de prison et une
amende de 83.000.000 de TL (8.300$) pour un discours tenu lors d'une
réunion l'année dernière dans cette même ville.
Le 22.9, la condamnation du journaliste-écrivain
Günay Aslan, auteur d'un livre intitulé 33 Balles, est confirmée par la
Cour de Cassation. Il avait été condamné par la CSE d'Istanbul à
deux ans de prison et 55.000.000 de TL (5.500$) en vertu de l'article 8
de la Loi Anti-Terroriste.
Le 22.9, la CSE d'Istanbul confisque le n°4 du
mensuel Gencligin Sesi et le n°6 du mensuel Genclik ve Gelecek pour
propagande séparatiste.
Le 24.9, le président de l'Association des Droits de
l'Homme (IHD) à Istanbul est inculpé par le Procureur de la CSE de
cette même ville suite à deux de ses articles publiés par Özgür Gündem
et dans lesquels on lui reproche d'avoir insulté l'Etat et son système
judiciaire.
Le 25.9, la CSE d'Istanbul confisque trois nouveaux
livres pour propagande séparatiste : Le Patriotisme du Kurdistan et
Oeuvres Sélectionnés-2 par Abdullah Öcalan, leader du PKK, et
L'Histoire d'une Résurrection par Yalcin Kücük. En outre, le n°63
de l'hebdomadaire Mücadele est confisqué pour propagande séparatiste.
Le 26.9, des inconnus armés d'une hache agressent et
blessent grièvement Mehmet Balamir, distributeur du journal Özgur
Gündem à Diyarbakir.
Le 28.9, parce qu'il vendait le journal Özgür
Gündem, Zülküf Akkaya, distributeur de journaux à Diyarbakir, est
abattu par des inconnus.
Le 28.9, début du procès à la CSE d'Istanbul du
propriétaire du quotidien Cumhuriyet, Berin Nadi, et de son rédacteur
en chef, Celal Baslangic, pour la publication d'un article sur trois
policiers accusés de torture envers des prisonniers. Ils risquent
tous les deux une amende d'au moins 5.000.000 de TL (500$).
Le 28.9, la CSE d'Istanbul confisque les dernières
publications des mensuels Partizan et Yeni Demokrat Genclik, ainsi que
du bimensuel Özgür Gelecek, pour propagande séparatiste. Le
tribunal a également confisqué un livre intitulé Oeuvres
Sélectionnées-1, qui contient des écrits d'Ibrahim Kaypakkaya, figure
révolutionnaire mort sous la torture en 1973.
Le 29.9, des inconnus armés d'une hache agressent et
blessent grièvement Abdülkadir Altan, distributeur du journal Özgür
Gündem à Diyarbakir. A Yüksekova (Hakkari), l'unique kiosque à
journaux de la ville est détruit dans un attentat à la bombe.
Le 29.9, la CSE d'Istanbul confisque deux livres
pour propagande d'organisations illégales : Correspondances Internes
-Conflits Internes et Grève Générale Politique, publiés par les
Editions Eksen.
Le 29.9, l'avocat Ulutan Gün, membre du conseil
d'administration de l'Association des Avocats Contemporains (CHD) à
Istanbul, est condamné par la cour pénale n°2 de la ville à 10 mois de
prison suite à la publication de deux de ses articles par
l'hebdomadaire Mücadele et dans lesquels on lui reproche d'avoir
insulté le système judiciaire. Le rédacteur en chef de la revue,
Namik Kemal Cibaroglu, se voit appliquer la même sentence.
Le 30.9, la CSE d'Istanbul condamne Dogan Karakuzu,
rédacteur en chef de la revue Newroz, à six mois de prison et une
amende de 50.000.000 de TL (5.000$) pour propagande séparatiste. En
outre, le tribunal ordonne l'arrêt de publication de la revue.
INDEXE DE LA 17e ANNEE DES BULLETIN INFO-TÜRK
Novembre 1992, N°193
Realpolitik: Les Communautés européennes renforces
leurs relations avec Ankara • La complicité européenne renforce
l'instabilité • La terreur de l'Armée vise l'intérieur de la Turquie •
Le choc islamiste aux élections partielles • 19 députés kurdes en grève
de la faim • 19 députés risquent la peine capitale • L'état d'urgence
prolongé une nouvelle fois • La mascarade de la réforme judiciaire •
Résolution modérée du Parlement européen • Chasse aux livres dans la
foire du livre • Deux journalistes assassinés • 6,5 millions de
magazine confisqués
Décembre 1992, N°194
1992: Annus Horribilis • La terreur néo-nazi contre
les Turcs en Allemagne • Trois mois de terrorisme d'état • Trois mois
de pressions sur les médias • Une amende de 222.250 $ pour un livre •
"Basic Instinct" réprimé • L'Armée demande que la TV soit poursuivie en
justice • Un reporter allemand arrêté • Özal oppose son veto aux
accords OIT
Janvier 1993, N°195
13e assassinat: Les diaboliques manipulations
destinées à réhabiliter l'Armée et Kémalisme • Grève de la faim des
députés kurdes • Les Assyriens de Turquie menacés • Terrorisme d'état
en janvier • Les incessants procès contre la presse • Confiscations et
interdictions • Özgür Gündem suspendu • Un journaliste allemand
condamné • Perincek condamné à deux ans de prison • Le port d'un badge
de Lénine sanctionné • Pressions sur les médias en janvier • Pressions
sur deux exilés politiques • Le rapport du Comité européen pour la
prévention de la torture en Turquie
Février 1993, N°196
La Contre-guérilla reste intouchable • Les
révélations d'Ecevit sur la Contre-guérilla • La version militaire de
la Contre-guérilla • La Contre-guérilla et le Hezbollah • Chiffres
alarmants concernant les violations des droits de l'Homme en 1992 •
Tentatives pour contrer les effets de "Midnight Express" • Réalité des
prisons turques • Une évasion spectaculaire • La guerre des
encyclopédies • Nesin compte publier les Versets Sataniques •
Propositions pour mettre fin à la torture en Turquie
Mars 1993, N°197
Guerre ou Paix: Après la proposition kurde pour une
solution politique, on attende une décision du gouvernement et l'Armée
• Deux rapports sur la violation des droits de l'homme en Turquie:
Rapport d'Helsinki Watch et des RSF • Droits fondamentaux des minorités
• Terrorisme d'état en février • Assassinat du 14e journaliste en un an
• La restauration de la nationalité de Nazim Hikmet refusée • La plus
grande amende demandée pour Besikci • Pressions sur les médias en
février
Avril 1993, N°198
500 Jours: La première période du gouvernement s'est
soldé par un échec • Morts de la période de 500 jours • le droit à la
vie • Exécutions sur place • Attaques contres les civils • Assassinats
et affrontements • Le problème kurde et l'état d'urgence •
Manifestations policières • Torture • Code modifié des procédures
criminelles • Morts en détention et disparitions • Les prisons •
Liberté de la presse et de pensée • Journalistes assassinés • La langue
kurde • Liberté d'organisation • Pressions sur les partis politiques •
Les droits des travailleurs et les syndicats • Peine de mort •
Universités et YÖK
Mai 1993, N°199
Süleyman le maléfique: le 8e président de la
république • Özal et Demirel: les hommes de la même cause • Le leader
du TKEP arrêté • Exécutions extrajudiciaires • Terrorisme d'état en
mars-avril • Non au congés du premier mai • Affaire des "excréments"
contre la Turquie • Deux journalistes assassinés • Journaliste
britannique arrêté en Turquie • La mission de la FIJ en Turquie • A
propos de la mort d'un journaliste • Déclaration de PEN à l'ONU •
Rapport américain sur les droits de l'homme • Pressions sur les médias
en mars-avril • Ordres des militaires aux universitaires • Extradition
d'un activiste tunisien • Explosion d'un dépotoir à Istanbul
Juin 1993, N°200
Une dame de fer pour la Turquie: Tansu Ciller à la
tête du gouvernement • Le premier ministre le plus riche • La
performance controversée de Ciller • SHP cherche un nouveau leader •
Situation comparative des femmes en Turquie • Vers un nouveau génocide
en Allemagne • Ankara a une nouvelle fois choisi l'option militaire
pour résoudre la question kurde • Un décret d'amnistie provocateur •
Perincek risque une lourde peine de prison • Terrorisme d'état en mai •
Montée alarmante du fondamentalisme • Un cheikh ul-islam en Allemagne •
Une école fondamentaliste en Belgique • Discrimination envers les
Alévis • Attaques contre Aydinlik à propos de Rushdie • Pression sur
les Arméniens et les Assyriens • Interdiction des radios privées •
Pressions sur les médias en mai
Juillet-août 1993, N°201-202
Ciller et ses alliés conduisent la Turquie à une
Guerre civile • Le pogrom de Sivas annonce une guerre des sectes en
Turquie • Une armée spéciale de Loups Gris • Est-ce que Ciller est
citoyenne américaine • La campagne de Ciller contre les travailleurs •
Bilan de neuf ans de guerre sale • Assaut de l'Armée contre des
villages kurdes • Intensification des agressions anti-kurdes • Echec de
la première coalition gouvernementale • Interdiction d'un symposium sur
les Kurdes • Le HEP fermé et remplacé par le DEP • Enlèvement de
touristes étrangers par le PKK • Rapport d'AI sur la terreur dans le
Kurdistan • L'appel d'Helsinki Citizens Assembly • Des membres du TKEP
risquent la peine capitale • Demande d'une peine plus lourde pour
Perincek • Un lord britannique arrêté en Turquie • Terrorisme d'état en
juin-juillet • Le quotidien Özgür Gündem devient la cible d'une "guerre
psychologique" • Nouvelles sentences contre Ismail Besikci • Deux mois
de pressions sur les médias
Septembre 1993, N°203
Armement frénétique de l'Armée turque: Contre qui? •
Les nouveaux plans anti-kurdes de Ciller • Le PKK annonce une nouvelle
escalade • Rapport d'Helsinki Watch sur les médias • Scandales de
corruption • Le régime militaire devrait être jugé • La leçon ridicule
de Ciller aux Allemands • Fiasco olympique pour la "Dame de fer" • Le
rêve d'Europalia '96 • 30 années de relations entre la Turquie et la
C.E. • SHP: nouveau leader mais même politique • Echec de la Turquie
dans les républiques turcophones • Terrorisme d'Etat en août •
Persécution des médias en août
Octobre 1993, N°204
Assassinats, persécution et arrestation des leaders
kurdes: Polarisation • Vers une guerre totale • La résolution
européenne sur les Kurdes • La réponse du président de la CE à propos
des Kurdes • La résolution européenne sur les Grecs de Turquie •
Pressions contre Özgür Gündem • Un atlas retiré à cause du Kurdistan •
Pas d'école pour le fils d'un député kurde • Terrorisme d'état en
septembre • Persécution des médias en septembre