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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie

232

21e année - N°232
Mai-Juin 1997
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 


La Turquie entre l'enclume et le marteau

DILEMME

L'actuelle polarisation oblige les citoyens à choisir, dans des élections anticipées, le moindre de deux maux : les islamistes ou les militaristes.

    La tension créée depuis des mois par les militaires et leurs alliés laïques, d'une part, et les islamistes et leur complice diabolique Tansu Ciller, d'autre part, a finalement placé la Turquie devant un dilemme: la population devra choisir entre l'enfer et l'abîme. Suite à la démission du premier ministre turc, Necmettin Erbakan, le président Süleyman Demirel s'attelait le 19 juin dernier à la difficile tâche de trouver un nouveau gouvernement qui puisse mener le pays à des élections anticipées.
    Erbakan a déclaré aux reporters que, outre sa démission, il avait remis au président une lettre signée par lui-même, la leader du DYP et vice-premier ministre Tansu Ciller et le leader du BBP Muhsin Yazicioglu. Dans cette lettre il est dit que les trois partis vont soutenir Ciller dans la formation du nouveau gouvernement de coalition. Les trois leaders affirment qu'ils détiennent la majorité absolue à l'Assemblée nationale et que le président devrait demander à Ciller la formation du nouveau gouvernement.
    Ciller, en proie à de graves accusations de corruption et d'irrégularités, insiste sur la formation d'une coalition avec le parti islamiste RP qui l'avait sauvée à trois reprises d'une comparution devant la Cour suprême.
    Cependant, sous la pression des militaires, qui sont catégoriques sur la mise à l'écart du RP de tout futur gouvernement, le président Demirel, au lieu de désigner Ciller, a préféré charger le leader de l'ANAP Mesut Yilmaz de former un nouveau gouvernement de coalition.
    Bien que la pression des militaires demeure le facteur principal dans la formation du nouveau gouvernement, sans le RP, la position de minorité du total de tous les députés d'opposition à l'Assemblée nationale et les différences entre eux rendent très difficile la formation d'un nouveau gouvernement sans le soutien d'un des deux partenaires du gouvernement sortant.
    Dans la crise actuelle, le président de la République Demirel doit trouver une solution acceptable aussi bien par les militaires que par la majorité des partis politiques suivants qui sont représentés au parlement:
    ◊ Necmettin Erbakan: Son Parti du Bien-être (RP), islamiste, constitue le groupe parlementaire le plus important avec 156 députés. Il tente de renouveler sa coalition avec le DYP sous la direction de Tansu Ciller et pense que son parti, victime des militaires, reprendra le pouvoir après les élections anticipées avec davantage de sièges.
    ◊ Mesut Yilmaz: Leader du parti du deuxième groupe parlementaire le plus important avec 129 sièges. Son Parti de la mère patrie (ANAP) suit un modèle politique quasiment identique à celui du groupe de Ciller, bien qu'une aigre rivalité personnelle a fait échouer une courte coalition entre les deux partis en juin dernier et rend peu probable une nouvelle alliance. Yilmaz a brièvement été premier ministre à deux reprises mais les observateurs laïcs pensent qu'il n'a pas le punch nécessaire pour faire face aux islamistes.
    ◊ Tansu Ciller: La politicienne la plus corrompue de la République turque. Elle a choqué pas mal de personnes en juin dernier en amenant son parti à former une coalition avec les islamistes. Tacticienne politique rusée, elle sait très bien que si elle est écartée du gouvernement sa carrière politique aura touché à sa fin. Elle a réussi à convaincre Erbakan pour qu'il démissionne et lui lègue son pouvoir afin de diminuer la tension avec l'armée. Son Parti de la juste voie (DYP) a 116 sièges et a subi les défections de ceux déçus par l'alliance avec les islamistes.
    ◊ Bülent Ecevit: En 1974, Ecevit conquit une grande popularité en tant que premier ministre lorsqu'il ordonna aux troupes turques d'intervenir en Chypre. Cependant il n'a pas réussi à unir toutes les forces sociales-démocrates du pays dans un seul parti. Son Parti de la gauche démocratique (DSP) est toutefois la formation de gauche la plus importante et a une représentation de 67 sièges à l'Assemblée nationale.
    ◊ Deniz Baykal: Son Parti du peuple républicain (CHP) fut fondé dans les années 20 par Kemal Atatürk et dirigé ensuite par Ismet Inönü et Bülent Ecevit. Après le coup d'état de 1980, le CHP a perdu son monopole dans la sphère centre-gauche lorsqu'Ecevit en est sorti pour fonder un autre parti. Le CHP a perdu ce qui lui restait de crédibilité pendant sa coalition avec le DYP, particulièrement sous le mandat de Ciller.
    ◊ Muhsin Yazicioglu: Ancien leader du mouvement d'extrême-droite les "Loups gris", il est connu pour sa violence contre les militants de gauche dans les années 70. Yazicioglu et ses 7 députés du Parti de la grande unité (BBP) pourraient détenir la clef de l'équilibre dans un vote de confiance au nouveau gouvernement. Il a annoncé qu'il soutiendrait un effort pour ressusciter la coalition d'Erbakan sous la direction de Ciller.
    ◊ Hüsamettin Cindoruk: Ancien président de l'Assemblée nationale. Il a quitté le DYP pour protester contre les irrégularités de Ciller. Son Parti de la Turquie démocratique (DTP) a sept députés, transfuges de la faction Ciller contraires à son alliance avec les islamistes.

LE DERNIER COUP DES MILITAIRES QUI A PROVOQUE LA DEMISSION D'ERBAKAN

    Depuis des mois, les militaires sont brouillés avec la coalition gouvernementale dirigée par les islamistes. Un des points sensibles: les militaires pensent que le RP approuve et encourage la montée des activités pro-islamistes et du népotisme fondamentaliste et n'a pas mis en oeuvre les mesures préconisées par le Conseil de sécurité nationale (MGK) lors de sa réunion du 28 février, en particulier celle concernant une éducation continue obligatoire de 8 ans.
    Les critiques adressées par les militaires au gouvernement s'inscrivaient dans une nouvelle opération dont le but était de justifier une interférence croissante de l'armée dans le monde politique. Tout le monde sait très bien que la montée de l'islamisme en Turquie n'est pas le fait de cette dernière année de gouvernement islamiste mais d'un phénomène alimenté depuis des décennies par tous les gouvernements, y compris les juntes militaires de 1971 et 1980.
    Dans une ultime campagne destinée à renverser le gouvernement, l'état-major turc a élaboré une série de briefings sur les activités islamistes radicales en Turquie à l'adresse de hauts bureaucrates, juges, procureurs publics, professeurs d'université, syndicats, associations, journalistes, etc.
    Dans le briefing du 11 juin, les militaires disent que s'il s'avère nécessaire, les forces armées turques interviendraient pour protéger le système démocratique et laïc du pays qui sépare l'Etat de la religion et précisent que la juridiction turque et la constitution leur assigne l'autorité pour protéger et défendre la république. Finalement, ils considèrent que la rapide montée ces derniers temps des activités islamistes pour changer le régime turc est aujourd'hui aussi dangereuse que l'autre grande menace, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
    Découlant du "Concept d'opération de sécurité interne" pour faire face aux activités "séparatistes", le "Concept d'opération occidentale" et le "Groupe de travail occidental" ont été créés pour contrôler et évaluer les activités fondamentalistes radicales. Selon les porte-paroles de l'Armée, ce concept cherche également à régler le problème de l'Islam dans la politique turque.
    Les militaires, qui ont rappelé toutes les informations disponibles sur le mouvement islamiste, déjà reproduites depuis des années par les médias progressistes, ont demandé à la justice d'intenter des actions en justice contre tous ceux soupçonnés de participer dans le mouvement islamiste.
    C'est la première fois que même les grands hommes d'affaires de confession islamique sont déclarés dangereux et qu'on demande aux institutions publiques de bloquer leurs fonds et de refuser tout contrat avec eux. Le chef d'état-major à ordonné aux forces armées d'éviter l'achat de fournitures à des compagnies islamistes, affirmant que celles-ci financent l'avance de l'islam radical.
    Par ailleurs, suivant les directives des militaires, le procureur de la cour de cassation a introduit une action en justice auprès de la Cour constitutionnelle demandant l'interdiction du Parti du bien-être (RP).
    Dans ces circonstances, Erbakan a dû abandonner son poste en vue de conquérir une nouvelle victoire électorale aux élection anticipées avant que la Cour constitutionnelle n'interdise son parti.
    Quelle que soit la composition du nouveau gouvernement, la convocation d'élections anticipées semble inévitable soit à la fin de cette année soit dans les premiers mois de 1998.
    Ces élections s'apparenteront sans aucun doute à un référendum qui place la population entre l'enclume et le marteau.
    Le RP et ses alliés se présenteront en véritables défenseurs de la loi civile démocratique et demanderont aux citoyens leur vote pour empêcher la domination des militaires. Leur victoire donnera lieu à l'établissement d'un régime islamique incompatible avec les normes européennes de démocratie et de droits des hommes.
    D'un autre côté, les partis anti-RP se présenteront en tant que défenseurs du régime laïc et des valeurs occidentales et demanderont aux citoyens leur vote afin d'exclure les islamistes de la vie politique du pays. Etant donné que ces partis, y compris les sociaux-démocrates DSP et CHP, n'ont pas le courage de s'opposer aux interférences des militaires, leur victoire aboutira inévitablement a un renforcement de la domination de ces derniers sous le couvert de la promotion de la laïcité.
    La seule chance de la Turquie serait l'apparition d'une troisième alternative politique issue des forces civiles qui s'opposerait aussi bien aux islamistes qu'aux militaires avec un véritable programme politique et social conforme aux normes démocratiques européennes.
    Bien qu'on ait des indices de l'arrivée d'une telle alternative parmi les partis progressistes comme le Parti de la démocratie du peuple (HADEP), le Parti de la liberté et la solidarité (ÖDP), le Parti des travailleurs (IP) et le Mouvement de la paix démocratique (DBH) et particulièrement dans les cercles des droits de l'homme, les syndicats et les associations, son succès dépendra du degré de leur volonté de réunification et de l'intensité des mesures repressives qui seront exercées contre eux par des militaristes et des islamistes.

Furieux devant le fiasco de la dernière opération en Irak, les généraux turcs ont déclaré "ennemis" tous les pays voisins

    Juste après le début de l'opération anti-islamiste sur le territoire national, l'armée turque lançait une nouvelle opération militaire de grande envergure dans le nord de l'Irak sous le prétexte "d'anéantir ce qui reste des guérillas du PKK." Bien que l'état-major turc affirme avoir tué des milliers de guérilleros kurdes au cours de cette opération terrestre et aérienne, selon les derniers rapports de presse l'opération aurait été un désastre. Le porte-parole du PKK a démenti les affirmations de l'état-major et a rapporté de lourdes pertes dans les rangs de forces turques.
    Reuters rapportait le 11 juin que "deux attaques de missiles mortelles contre des hélicoptères turcs dans le nord de l'Irak avaient menacé de réécrire les règles militaires et politiques de combat dans une bataille que l'armée livre depuis 12 ans contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)."
    "La reconnaissance par les autorités que des missiles kurdes SA-7 avaient abattu deux hélicoptères, Cougar et Cobra, a ébranlé les forces armées d'élite turques et déclenché une déplaisante série de reproches. Est également apparu le spectre d'un humiliant retrait devant une confrontation directe avec le PKK, réminiscence du retrait soviétique d'Afghanistan une fois que les missiles Stinger de fabrication américaine ont permis aux Mujaheddin de disputer aux Russes le contrôle aérien", soulignait Reuters
    Les généraux turcs ont immédiatement accusé le gouvernement de tendance islamiste de sous-financer l'opération en Irak. Celle-ci fait partie d'une assignation annuelle chiffrée en milliards de dollars pour les activités contre le PKK.
    Les généraux ont également critiqué le Ministère des affaires étrangère pour n'avoir pu empêcher le PKK de s'emparer à l'étranger de 60 missiles SA-7 de fabrication russe.
    Un haut général a déclaré qu'à cinq reprises depuis 1992 l'armée avait averti les diplomates que les séparatistes recevaient des armes de l'Iran, la Syrie, l'Arménie, la Grèce et Chypre.
    Ces pays ont immédiatement réagi contre ces déclarations et ont accusé les militaires turcs de dégrader les bonnes relations qui existent entre les voisins.
    D'autre part, l'opération militaire turque en Irak a provoqué de vives réactions en Iran, en Irak, en Syrie et dans d'autres pays arabes qui ont accusé la Turquie d'essayer d'accroître sa domination dans la région en complicité avec les Etats-Unis et Israël.

NOUVEAU RAPPORT D'AMNESTY INTERNATIONAL METTANT EN CAUSE LE REGIME TURC

    Le rapport annuel d'Amnesty International, publié le 18 juin dernier, décrit la Turquie comme un des principaux pays du continent européen où les violations des droits de l'homme demeurent graves. Le rapport souligne que la torture est encore omniprésente dans les postes de police et les gendarmeries du pays.
    Le rapport, qui analyse les violations des droits dans 151 pays et territoires en 1996, souligne qu'en Turquie au moins 11 personnes sont mortes en détention au cours de l'année dernière.
    Le document précise également que la critique à l'égard des politiques menées par le gouvernement dans le sud-est de la Turquie donne lieu à la persécution d'écrivains, de journalistes et d'activistes politiques, et ajoute que les articles 168, 169 et 312 du Code pénal turc ont servi de base à ces persécutions.
    Parmi les incidents cités comme exemples de violations des droits de l'homme figurent les procès de 184 membres de l'élite littéraire et culturelle pour la publication du livre Liberté de pensée.
    Selon le rapport, Seyfettin Kizilkan, président de l'Association médicale de Diyarbakir, avait été arrêté et accusé d'appartenir à une l'organisation illégale PKK mais par la suite il est apparu que sa détention était due à une déclaration sur les droits de l'homme qu'il avait faite devant une délégation de visiteurs étrangers.
    L'arrestation et le procès de Sanar Yurdatapan, porte-parole de Ensemble pour la paix, est un autre exemple de "procès de la pensée". Le rapport d'AI explique que l'unique raison de l'arrestation de Yurdatapan est son ouvrage pour réclamer davantage de paix et de liberté d'expression. [Il est encore en prison cette année suite à un complot de la police].
    A propos des plaintes de torture, le rapport met l'accent sur les victimes, y compris celles arrêtées pour des délits communs en vertu de la Loi anti-terreur. "Parmi les victimes on trouve des enfants et des adolescents", poursuit le rapport qui cite l'exemple de 16 élèves d'une école supérieure qui auraient été torturés au centre de police de Manisa.
    "Des officiers de police auraient violé des détenus hommes avec des matraques et leur auraient écrasé les testicules, tandis que les femmes auraient été forcées de se soumettre à des tests gynécologiques et auraient été menacées de viol", lit-on dans le rapport sur les plaintes de torture des 16 détenus.
    Le décès de Metin Göktepe fait l'objet d'une grande attention dans le rapport, qui précise qu'il est mort en janvier 1996 lorsqu'il fut arrêté par la police parce qu'il tentait de prendre des photos lors des funérailles de prisonniers battus à mort dans la prison d'Istanbul.
    Le rapport cite également la deuxième déclaration publique du Comité européen pour la prévention de la torture et des traitements et châtiments inhumains ou dégradants, qui décrit le phénomène de la torture comme "étendu et commun en Turquie".
    La décision de la Cour européenne des droits de l'homme, qui a déclaré les forces de sécurité turques coupables de torture envers Zeki Aksoy en novembre 1992, est également mentionnée dans le rapport. "La CEDH a jugé les forces de sécurité turques coupables d'incendier des maisons dans un village du sud-est de la Turquie, causant la fuite des villageois kurdes", explique le rapport.
    Selon l'organisation des droits de l'homme, 10 prisonniers ont été battus à mort par des gendarmes dans une prison de Diyarbakir. "Les circonstances, comme il est souligné dans le rapport élaboré par l'Association du barreau de Diyarbakir, incitent fortement à croire que les décès ont été la conséquence d'un assaut prémédité des forces de sécurité", souligne le rapport.
    Le rapport indique que l'incident de Güclükonak, où 11 villageois ont été abattus à la mitrailleuse et le bus dans lequel ils voyageaient incendié en janvier 1996, fut attribué par les militaires et le gouvernement au PKK. "Cependant, une importante délégation organisée par Sanar Yurdatapan a recueilli des preuves selon lesquelles les villageois auraient été tués par les forces de sécurité pour essayer, semblerait-il, de discréditer un cessez-le-feu unilatéral déclaré par le PKK en décembre 1995", précise le rapport.
    Toutefois le rapport met également en évidence la violence des groupes armés d'opposition, tels que le PKK, le Front du Parti de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), et dénonce qu'ils sont responsable de 40 assassinats délibérés. AI, précise le rapport, avait condamné ces abus et avait demandé publiquement aux groupes armés d'opposition de respecter le droit humanitaire et les normes internationales des droits de l'homme.
    Le rapport indique aussi qu'AI en avait appelé aux autorités turques pour qu'on relâche les prisonniers de conscience et avait sommé le gouvernement d'ouvrir une enquête impartielle sur les plaintes de torture et les exécutions extrajudiciaires et les "disparitions".

VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN MARS-AVRIL-MAI 1997

    Ce relevé des violations des droits de l'homme en Turquie pendant les mois de mars, avril et mai 1997 provient de l'Association des droits de l'homme de Turquie (IHD) :
    * 33 assassinats non élucidés.
    * 21 personnes ont perdu la vie suite à des exécutions sans procès, à des tortures ou pendant leur détention.
    * 718 personnes sont mortes au cours d'affrontements armés.
    * les attentats contre des civiles ont provoqué 35 morts et 24 blessés.
    * 30 personnes sont "disparues" pendant leur détention.
    * 91 personnes ont été torturées ou s'en sont plaintes.
    * 5.812 personnes ont été arrêtées par la police, dont 98 appartenaient au monde de la presse.
    * 542 personnes ont été placées en détention par les tribunaux.
    * 6 villages et hameaux ont été évacués.
    * 45 localités ont été bombardées.
    * 25 associations, syndicats et agences de presse ont été fermées.
    * 51 associations, syndicats et agences de presse ont souffert des perquisitions.
    * 70 publications ont été confisquées.
    * les tribunaux ont imposé des peines de prison de plus de 31 ans et des amendes pour un total de 1,203 milliards de TL pour des délits d'opinion.
    * Actuellement, il y a 150 prisonniers de conscience en prison.

LA HONTE DE LA TURQUIE : MARRAINE CILLER

    Depuis son arrivée au pouvoir en tant que ministre des Affaires économiques et sa nomination comme premier ministre en 1993, nous n'avons cessé d'informer l'opinion mondiale sur ses intentions, préjudiciables aussi bien pour la Turquie que pour ses amis.
    Malgré ces avertissements, charmées par son aspect moderne et sa démagogie, les institutions occidentales ont soutenu cette "dame de fer turque" aux moeurs douteuses.
    Même le Parlement européen n'a pas hésité à ratifier l'accord sur l'union douanière de manière à augmenter ses chances dans les élections générales de 1995 sous prétexte de faire obstacle à la puissance islamique dans le flanc sud-oriental de l'Europe.
    La Turquie se trouve depuis un an sous domination islamique grâce au soutien de Ciller, c'était là la rançon à payer pour éviter d'avoir à répondre de ses relations occultes avec la mafia et de la mystérieuse origine de son incroyable fortune. La Turquie, sans entrer dans le problème des droits de l'homme, se trouve plongée dans un chaos sans précédents résultant d'une part d'une interminable sale guerre dans le Kurdistan turc, et d'une dangereuse querelle entre les forces islamiques et les laïques d'autre part. L'armée, responsable de deux coups d'Etat en 1971 et 1980, s'affirme une fois de plus comme le véritable maître du pays.
    Maintenant, au lieu de nous répéter à propos de cette lady de la honte, nous reproduisons un récent article du New York Times, un des quotidiens les plus influents des Etats-Unis et connu pour avoir des liens rapprochés avec l'administration démocrate.
    L'article de Steven Kinzer publié le 7 avril 1997 dit ceci:
    "Aujourd'hui, Mme Ciller est ministre des Affaires étrangères et membre élevé d'une coalition dirigée par un parti de base musulmane. De nombreux leaders politiques turcs l'accusent d'être entrée dans cette alliance pour éviter des investigations sur ses finances personnelles.
    "Les enquêteurs parlementaires, les principales figures politiques, et les journaux turcs ont cherché à savoir comment Mme Ciller et son mari, Özer Ciller, sont devenus multi-millionnaires. Ils ont soulevé des questions concernant le prétendu héritage de plus d'un million de dollars en liquide et en or que lui aurait laissé sa mère, une femme que ses anciens voisins décrivent comme une pensionnée sans ressources.
    Les opposants à Mme Ciller ont également examiné l'acquisition par une compagnie américaine dirigée par son mari de propriétés pour une valeur de 5 millions de dollars à New Hampshire. Ils affirment que M. et Mme Ciller se sont enrichis par l'utilisation illicite de fonds publics à l'époque où elle était premier ministre, de 1993 à 1996.
    "Selon certains chiffres de l'opposition Mme Ciller aurait été par le passé en possession de la citoyenneté américaine. Si c'était vrai, cela pourrait compliquer sa situation politique. Un recours a été présenté devant une cour fédérale de New York pour obtenir le registre de son passeport.
    "Bien que les Etats-Unis n'ont confirmé ni démenti l'existence de tels documents, ils s'opposent à l'action en justice. Le Département d'Etat a fait savoir que la divulgation de registres de passeports de fonctionnaires étrangers pouvait causer des dommages ou des dangers personnels ou familiaux à l'étranger.
    "Mme Ciller se défend d'avoir commis un quelconque délit. Tim Platt, l'avocat qui la représente à New Hampshire, affirme qu'elle n'a jamais été en possession d'un passeport américain ou de la citoyenneté américaine. Il a ajouté que ses investissements aux Etats-Unis sont tout point conformes à la loi américaine.
    "Mais est-ce que c'est vrai ?
    "Certains aspects de son ascension vers le statut de multi-millionnaire demeurent cependant troubles. Elle a dit, par exemple, qu'une partie de sa fortune provient de l'investissement judicieux du million de dollars qu'elle a hérité de sa mère, décédée en 1995.
    "Mais des voisins de Muazzez Ciller ont déclaré que celle-ci avait vécu au le seuil de la pauvreté dans un vétuste appartement d'Istanbul, et qu'ils doutaient qu'elle ait pu laisser un telle somme.
    "`Cette pauvre femme était malade et avait à peine de quoi se nourrir', précise un résident de l'immeuble où habitait Mme Ciller mère. `Elle avait coutume de faire ses courses, la vaisselle et aider le cuisinier parce qu'elle ne pouvait s'offrir une femme d'ouvrage. Elle a eu des ennuis avec le propriétaire parce qu'elle payait toujours son loyer en retard.  Si elle avait eu de l'argent, je suis sûr qu'elle l'aurait utilisé pour rendre sa vie un peu plus agréable'.
    "Selon Platt Mme Ciller mère avait `choisi son mode de vie' pour ne pas dépenser ses économies. Le fait qu'elle ait gardé de l'argent à la maison ou dans un coffre-fort n'allait pas à l'encontre des coutumes des gens dans la société d'alors.
    "Les questions sur les finances de Mme Ciller n'avaient pas grand intérêt hors de Turquie jusqu'à juin. C'est alors qu'elle a décidé de former une coalition gouvernementale avec le Parti du Bien-être, d'idéologie islamique. Jusqu'alors, elle avait durement critiqué ce parti, le qualifiant de menace fondamentaliste et s'engageant à ne jamais collaborer avec lui. En vertu de l'accord de coalition, le leader du Parti du Bien-être, Necmettin Erbakan, est devenu premier ministre et Mme Ciller vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
    "Une fois conclue l'alliance, les partisans d'Erbakan au Parlement ont aidé Mme Ciller à rejeter une série de propositions -certaines avaient été déposées par eux-mêmes lorsqu'ils étaient dans l'opposition- pour le transfert de certaines questions sur sa fortune à la Cour suprême.
    "Ceci a amené les opposants à la conclusion qu'un accord a été conclu en vertu duquel Mme Ciller maintient le Parti du Bien-être au pouvoir et, en échange, celui-ci la protège contre d'éventuelles enquêtes judiciaires".
    "Des accusations de corruption et d'abus de pouvoir ont commencé à affleurer autour de Mme Ciller une fois terminé son mandat comme premier ministre. Au cours des derniers mois, ces accusations sont devenues un grand thème de discussion publique. Cette année, Mme Ciller a dû faire face à une série de votes au Parlement, où on l'accusait d'avoir détourné illégalement des fonds de plusieurs compagnies publiques, y compris une entreprise d'électricité, un constructeur automobile et une chaîne hôtelière. Le vote le plus serré n'était cependant pas le fruit de motions concernant ces accusations mais il concernait une demande adressée à la Cour suprême pour qu'elle enquête sur l'origine de sa fortune.
    "Mme Ciller avait accepté une interview en février dernier pour répondre des accusations qui pesaient sur elle, mais l'annula peu après que le Parlement ait décidé par 270 voix contre 263 de ne pas renvoyer les accusations contre elle devant la Cour suprême. Le vote a respecté la ligne des partis. Par la suite, son bureau a émis la déclaration suivante : `La Commission parlementaire a mené une investigation en profondeur sur les finances de Mme Ciller, publié des déclarations fiscales confidentielles et des documents financiers qu'elle avait fourni volontairement. La Commission a émis un rapport de plus de 300 pages et l'a déclarée libre de charges. Le Parlement a confirmé ces conclusions et l'affaire est à présent conclue'.   
    "Des enquêtes parlementaires sur deux autres allégations, clairement de nature politique, sont également arrivées à la conclusion qu'elle avait oeuvré dans la légalité. Elle est totalement libre de charges. Il n'y a pas d'autres enquêtes concernant Mme Ciller en suspens".
    "En vertu de la loi turque, le Parlement ne peut rouvrir une enquête endéans l'an de sa fermeture. Mais certains turcs pensent que les accusations contre Mme Ciller persisteront.
    "`Ces dossiers seront rouverts tôt ou tard et portés devant une instance judiciaire indépendante', prévoit Mehmet Kececiler, vice-président du Parti de la Mère-patrie, dans l'opposition.
    "Nombreux anciens alliés de Mme Ciller se disent furieux parce qu'elle a formé une coalition avec le parti islamique qu'elle avait combattu si vigoureusement. Parmi eux il faut citer Hüsamettin Cindoruk, un des patriarches de la politique turque, ancien président du Parti de la Juste Voie et président du Parlement de 1991 à 1995.
    "`C'est Tansu Ciller qui a permis au Parti du Bien-être d'accéder au pouvoir', souligne Cindoruk. `Elle a accepté de former une coalition avec le Parti du Bien-être car ce denier lui a promis de la protéger contre les investigations. Cette situation a amené de grands problèmes à la Turquie.
    "Les reportages de presse sur les propriétés de Ciller en Turquie, faites de maisons, blocs d'appartements, et grands lotissements de terrains, chiffrent leur valeur totale à des dizaines de millions de dollars. Selon Mme Ciller, elle et son mari ont bâti leur fortune principalement à partir de l'héritage de sa mère et de quelques milliers de dollars laissés par son père.
    "Parmi les investissement de la famille Ciller figure l'achat au début des années 90 d'une auberge de vacances à Salem, N.H., et le Granite State Business Center, à Hooksett, N.H. La propriété fut achetée par GCD, une compagnie de New Hampshire. Ciller et sa famille ont une participation de contrôle dans la compagnie, affirme Platt, son avocat à New Hampshire.
    "L'acquisition pour une valeur d'un million de dollars fut réglée avec cinq chèques du trésor émis en faveur de la Banque de New Hampshire, ainsi que l'a démontré l'opposition turque en apportant cinq copies des chèques. Platt n'a pas révélé comment cet argent avait été réuni, ou s'il avait été emprunté".
    "Mme Ciller a fréquenté des universités et enseigné pendant un certain temps aux Etats-Unis, mais a fermement démenti les rapports selon lesquels elle ait détenu un passeport américain  à une certaine époque. Son avocat, Platt, soutient qu'elle n'a pas pu en avoir un car elle n'a pas vécu pendant les cinq ans requis aux Etats-Unis".
    "Un avocat de New York qui représente un membre de la commission parlementaire turque qui enquête sur Mme Ciller, Jerrold Morgulas, a introduit une requête auprès d'une cour fédérale pour que soient remis les documents sur le passeport et l'immigration de Mme Ciller. Un juge fédéral qui auditionne l'affaire s'est montré sceptique à propos de cette requête au cours d'une récente audience".
    "Outre l'accusation de délit financier, Mme Ciller s'est trouvée impliquée dans un des plus graves scandales de l'histoire récente de la Turquie. Celui-ci a commencé à affleurer lorsqu'un officier de police est décédé dans un accident de circulation en compagnie d'un trafiquant d'héroïne condamné et recherché par Interpol.
    "Dans la voiture se trouvait également un influent parlementaire du parti de Tansu Ciller. Les questions soulevées autour de cet incident ont vite provoqué la démission du ministre de l'Intérieur, un proche allié de Mme Ciller, et ont suscité une série de révélations sur l'appui fourni par le gouvernement aux escadrons de la mort au cours des 20 dernières années.
    "Plusieurs des `assassinats mystérieux' les plus spectaculaires se sont produits alors que Mme Ciller était premier ministre, et divers hommes politiques soupçonnent des fonctionnaires de son gouvernement de les avoir commandités et approuvés. De nombreuses victimes étaient soupçonnées d'avoir des liens avec la guérilla du PKK.
    "Des faits mis en lumière depuis novembre semblent indiquer que des hauts fonctionnaires gouvernementaux ont approuvé ces assassinats. Il n'y a aucune preuve de l'implication de Mme Ciller, mais plusieurs figures politiques l'ont accusée publiquement.
    "`En novembre 1993, Mme Ciller déclarait au cours d'une conférence de presse qu'elle possédait une liste d'hommes d'affaires, d'artistes et d'autres personnes qui aidaient le PKK', déclarait Esat Canan, membre du Parlement à l'époque. `Elle a dit qu'elle allait résoudre ce problème. Suite à cela, se sont produits une série d'assassinats. Je pense qu'il y a là un lien. Si elle connaissait les noms des personnes coupables d'actes illégaux, pourquoi ne les a-t-elle pas fait juger ?
    "Cette année, des fonctionnaires de plusieurs gouvernements européens ont laissé entendre que les trafiquants de drogue turcs semblaient jouir d'une protection officielle. `Il découle de plusieurs incidents que des informations ont été fournies aux trafiquants de drogue', soulignait Tom Sackville, membre du Ministère britannique de l'Intérieur.
    "Un juge allemand qui instruisait une affaire contre trois trafiquants d'héroïne turcs déclarait aux journalistes en janvier dernier qu'il croyait que les trafiquants avaient des `contacts personnels' avec Mme Ciller".


PERINCEK, LEADER DU IP : "CILLER TRAVAILLE POUR LA CIA"

    Le leader du Parti ouvrier (IP), Dogu Perincek, déclarait lors d'une conférence de presse le 2 mai dernier à Istanbul que la vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Tansu Ciller, travaille pour la CIA depuis 1967. Selon Perincek, tout a commencé lors de son voyage aux Etats-Unis en 1967 pour  compléter ses études après l'obtention de son diplôme au Département économique de l'Université d'Istanbul. Ciller a également déposé sa candidature auprès de l'Ambassade et s'est déclarée disposée à "entrer en service" dans l'intérêt des Etats-Unis, pays qui lui a permis d'obtenir une bourse pour aller compléter ses études sur territoire américain.
    Perincek a également déclaré :
    - Elle a pu entrer aux Etats-Unis grâce à un visa spécial délivré par l'ambassadeur à des personnes particulières et dans des conditions extraordinaires. Elle s'est vu délivrer une carte verte portant le numéro A 149 33 25 N 95 le 10 août 1970, année où elle a terminé ses études post-universitaires à l'Université du Connecticut.
    - Ciller a reçu une formation spéciale de la CIA à Camp Peary, en Virginie, où elle est passée maître dans l'art du mensonge.
    - Elle a été enregistrée parmi le personnel "walk in" (entrant) de la CIA, qui comprend les candidatures de volontaires, et est considérée comme un "asset" (atout), nom donné à certains agents de la CIA qui serviront l'organisation dans leur propre pays.
    - Ciller fut assignée à la section du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord du Ministère américain des Affaires étrangères en tant que "personnel invité" une fois terminés son doctorat et sa formation à Camp Peary. Pendant l'hiver de 1973 Ciller avait dit à ses amis qu'elle allait skier alors qu'elle s'était rendue en Libye pour y effectuer une mission spéciale de la CIA. Celle-ci se déroulait sous la couverture d'un projet de marketing agricole.
    - Dans un passé récent Kaddafi avait déclaré que son amitié avec Ciller remontait à des années. Après ce premier voyage en Libye, Ciller s'est rendue dans d'autres pays du nord de l'Afrique en tant que personnel du Ministère américain des Affaires étrangères. Elle a visité Kaddafi dans sa tente en 1992 alors qu'elle faisait office de secrétaire d'Etat chargée d'économie. Cette visite débordait le cadre du Ministère dont elle était responsable.
    - Ciller a demandé la citoyenneté américaine le 23 avril 1973. Sa demande fut acceptée le 3 mai 1973. Ses références provenaient du Département d'information sur les étrangers de la CIA, du FBI et du Bureau de recherche et investigation du Ministère des affaires étrangères. La citoyenneté lui fut finalement accordée en 1979 avec le numéro Ph 195 000 318. Le chemin vers la citoyenneté américaine est parsemé d'embûches. Elle les a surmontées grâce à une lettre spéciale du président de la CIA. Les autorités judiciaires compétentes permettent au président de la CIA de demander la citoyenneté directement au Ministère de la justice.
    - Elle a remis des rapports périodiques à la CIA sur les activités anti-américaines en Turquie. Ces rapports ont été imprimés dans la presse.
    - Le Consul américain à Adana, Elizabeth Shelton, était collègue de Ciller et un personnage très important dans sa vie. Leur amitié date de 1971 lorsqu'elles se sont connues au Ministère américain des affaires étrangères. Shelton fait également partie du personnel de la CIA et a participé dans l'organisation de l'assassinat du général Esref Bitlis en 1994. On sait que le consulat d'Adana est le bureau kurde des Etats-Unis.
    Perincek a tiré la conclusion que les liens de Ciller avec la CIA ne peuvent plus être dissimulés et qu'il est une grande responsabilité et vraiment honteux pour la Turquie que la CIA puisse assister aux réunions du Conseil de sécurité nationale et du cabinet par l'intermédiaire de Ciller.

LES LEADERS DE HADEP CONDAMNES A DE LOURDES PEINES DE PRISON

    Le 4 juin dernier, la Cour de la sûreté de l'Etat d'Ankara condamnait les leaders du Parti de la démocratie du peuple (HADEP) à de lourdes peines de prison. Ils sont accusés d'"entretenir des liens avec l'illégal Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Par ailleurs, la CSE a annoncé l'envoi d'une mise en accusation à la cour de cassation pour la fermeture du HADEP comme conséquence de connexions présumées.
    L'affaire fait suite aux incidents qui se sont produits au cours du deuxième congrès général de HADEP le 23 juin dernier, au cours duquel un individu a déchiré le drapeau turc.
    Yusuf Alatas, avocat de HADEP, a déclaré que l'issue du procès était prévisible vu que l'affaire était totalement politique. Il a ajouté qu'ils présenteraient un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.
    Près de 30 membres de HADEP ont été condamnés à quatre ans de prison pour "assistance à des terroristes". Le président du parti, Murat Bozlak, et Hikmet Fidan ont été tous deux condamnées à six ans de prison. Bozlak se trouverait à l'étranger pour un certain temps.
    Faysal Akcan, accusé d'avoir baissé le drapeau turc pendant le congrès, a été condamné à 22 ans de prison. Des agents de la sécurité présents dans la salle seront également mis en accusation parce qu'ils n'ont émis aucune objection à ce que soit baissé le drapeau, c'est ce qu'ont annoncé des représentants de la cour.
    La police a procédé à l'arrestation des principaux membres du parti peu après le congrès célébré l'année dernière et le procureur a formulé des charges contre eux.
    HADEP était fondé en 1994 suite à la fermeture du Parti de la démocratie (DEP) par la Cour constitutionnelle sous présomption de séparatisme et l'expulsion du Parlement de 13 de ses députés. Quatre membres du DEP accusés d'avoir des liens avec le PKK se trouvent encore en prison.

LE CONGRES DU MHP INTERROMPU PAR LA VIOLENCE DES LOUPS GRIS

    Quelques semaines après la mort d'Alparslan Türkes, le mouvement ultra-nationaliste des Loups gris a dévoilé son vrai visage et rétabli le climat de violence au sein de ses propres rangs. La tension dans laquelle s'est déroulé le congrès du Parti d'action nationaliste (MHP) le 18 mai dernier, organisé pour désigner le prochain président du parti, s'est transformée en combats de boxe et le congrès a finalement dû être ajourné. Les disputes ont surgi après que cinq candidats au poste -Devlet Bahceli, Ramiz Ongun, Muharrem Semsek, Enis Öksüz et Ibrahim Ciftci- se soient unis contre le candidat restant, Tugrul Türkes, fils de l'ancien leader du MHP.
    Le deuxième tour d'élection fut remis après que la violence, des coups de feu se sont même produits, ait gagné la convention. Le congrès sera convoqué à nouveau dans deux mois.
    La tension avait déjà augmenté suite à une disputé entre délégués pour décider qui devait présider le congrès. Le maire d'Erzincan, Talip Kaban, qui avait le soutien de tous les candidats sauf de Türkes, fut finalement choisi.
    Après le premier tour du vote pour l'élection du leader du parti, Türkes recueillit 412 votes, Bahceli 359, Ongun 231, Öksüz 104, Semsek 80 et Ciftci 13. Une fois les résultats annoncés les quatre autres candidats se sont désistés en faveur de Bahceli. Mais Tugrul Türkes les a accusés de craindre la force de Bahceli et s'est engagé à poursuivre lui-même la course à l'élection.
    Il semblerait qu'un groupe comprenant Azmi Karamahmutoglu, ancien chef des jeunesses du MHP, est alors entré en scène et a commencé à détruire les chaises et les bureaux. Karamahmutoglu s'est emparé de force du micro et a annoncé que lui et son groupe n'abandonneraient pas le parti aux "traîtres" et qu'à l'avenir il agirait en dehors de la loi.
    Les partisans de Karamahmutoglu ont alors commencé à se battre avec ceux de Bahceli et on a pu entendre cinq coups de feu. Les forces de sécurité éprouvaient des difficultés pour contrôler la situation. Plusieurs reporters de télévision auraient été blessés et dans certains cas leurs caméras auraient été endommagées. Finalement, les autorités ont ajourné le congrès.
    Après le premier vote, Türkes n'aurait aucune chance d'être élu étant donné que les voix recueillies équivalait au tiers du nombre de délégués alors que la victoire requiert la majorité absolue. Bahceli semblait en mesure de pouvoir remporter le deuxième tour (sur trois possibles) puisque les autres candidats lui prêtaient leur soutien. Mais une déclaration du groupe Ülkücü (idéalistes) selon laquelle ils ne reconnaîtraient pas les résultats du prochain congrès, laisse présager la possibilité d'affrontements durs et peut-être encore plus sanglants au sein du MHP.

LES SUSPECTS DE SUSURLU SAUVES UNE NOUVELLE FOIS PAR LA MAJORITE PARLEMENTAIRE

    Le 20 mai, une commission parlementaire différait une nouvelle fois sa décision de lever l'immunité parlementaire de deux députés du DYP, Mehmet Agar et Sedat Bucak, impliqués dans le scandale de Susurluk, jusqu'à ce que soit acceptée une modification de la constitution qui limite la portée de l'immunité parlementaire.
    La commission conjointe sur la constitution et la justice a ajourné les délibérations sur les 62 cas qui requièrent la levée de l'immunité parlementaire, dont ceux de Sedat Bucak et Mehmet Agar, jusqu'à ce que soit modifié l'article 83 de la Constitution.
    Le Parti de la juste voie (DYP), malgré la résistance de son partenaire de coalition islamiste, était arrivé à un accord avec les partis de l'opposition pour limiter la portée de l'immunité législative. Cependant, depuis lors, les partis du gouvernement ont bloqué le vote au Parlement de la proposition d'amendement et les observateurs pensent qu'il y a peu de chances pour que l'amendement soit approuvé.
    La commission parlementaire a également approuvé la formation d'une sous-commission chargée spécifiquement d'examiner les cas Bucak et Agar. On a appris que les députés de la coalition, ainsi que Metin Emiroglu du Parti de la mère patrie (ANAP), ont voté pour que soit postposée une décision concernant Agar et Bucak.
    La présidente du groupe d'opposition du Parti du peuple républicain (CHP), Oya Arasli, a déclaré que la décision de postposer la levée de l'immunité des deux députés était une nouvelle tentative d'étouffer l'affaire. Arasli a ajouté que la décision allait à l'encontre de la Constitution et du règlement du Parlement.
    Le RP est le parti dont les membres ont subi le plus de demandes de levée de l'immunité parlementaire. Ses députés ont font l'objet de 29 demandes, dont celle concernant le premier ministre Necmettin Erbakan. Le DYP est concerné par 7 demandes, le CHP par 6 et l'ANAP par 16.
   
L'USAGE D'AUTRES LANGUES QUE LE TURC SERA INTERDIT

    Au début de cette année, un projet de loi concernant l'usage correct de la langue turque était soumis au gouvernement. S'il est accepté par l'Assemblée nationale, les inscriptions dans les entreprises, les magasins, les produits, les biens et les services devront être exclusivement en turc.
    Le dictionnaire de l'Institut la langue turque (TDK) servira de référence pour les noms turcs.
    Les institutions publiques et privées devront utiliser la langue turque dans tous leurs accords, documents, réunions et annonces.
    Les médias sont également concernés par la nouvelle loi et ceux qui ne s'y plient pas seront sanctionnés par des amendes. Les présentateurs de télévisions et leurs invités devront suivre certaines règles sur l'usage de la langue.
    Il sera créé un comité général de contrôle de la langue et des sous-comités dans les villes pour suivre l'usage du turc dans les publicités et les annonces.
    La nouvelle réglementation dit ceci:
    * Les entreprises qui utilisent une deuxième langue dans leurs logos devront écrire la version étrangère après la turque et cette dernière prendra le double d'espace par rapport à la première. Les entreprises et magasins qui toutefois utilisent des noms étrangers devront payer des taxes quatre fois plus élevées que pour les enseignes en turc.
    * Des noms turcs seront également obligatoires pour les produits, les biens et les services, leur introduction, affichage et promotion. Le dictionnaire turc TDK servira de référence pour les marques, les noms de produits, de biens et de services.
    * Toutes les publicités, les réclames et les promotions seront en langue turque. Dans le cas contraire, les auteurs s'exposent à de lourdes amendes. Toutes les institutions publiques et privées devront utiliser le turc dans leurs activités et leurs documents.
    * Les comités de controle de la langue devront vérifier toutes les publications du point de vue de la grammaire, de la ponctuation et de la prononciation.
    * En cas d'usage incorrect de la langue la publication et l'organisation médiatique seront sanctionnées d'une amende et la persistance de l'infraction donnera lieu à l'interdiction de la publication ou de la diffusion pendant une période comprise entre un et quinze jours.
    * Les présentateurs de radio et de télévision devront se munir d'un certificat délivré par le "Comité de certification des présentateurs".
    * Les organisations de publications et de médias visuels devront employer entre un et dix experts de la langue turque.
    Le leader de l'Association des jeunes entrepreneurs turcs (TUGIAD), Murat Bedik, a expliqué que l'usage correct du turc ne pouvait être encouragé via l'application de lois. Il a souligné que le problème se situait au niveau du système éducatif et a ajouté: "Les sociétés possèdent un niveau de langue parallèle à celui de leur développement. Si nous considérons que le turc n'est pas employé de manière correcte, nous devrions augmenter le niveau de développement. La solution au problème ne réside pas dans l'application de la loi mais dans la réforme du système éducatif".

LE PREMIER MINISTRE TURC: UN DES PRINCIPAUX ENNEMIS DE LA PRESSE

    Le premier ministre turc Necmettin Erbakan était déclaré, début mai, un des dix principaux ennemis de la presse dans le monde par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) aux Etats-Unis. Sur le même thème, Freedom House, qui est une autre organisation sans but lucratif visant la surveillance des droits politiques et des libertés civiles dans le monde entier, a décrit la Turquie dans sa récente étude mondiale sur les libertés de la presse comme un pays où il n'y a pas de liberté de presse".
    La liste des dix "ennemis majeurs de la liberté de presse" sont les suivants:
    1. Antar Zouabri d'Algérie. 2. le président chinois Jiang Zemin. 3. le président cubain Fidel Castro. 4. le général nigérien Sani Abacha. 5. le premier ministre turc Necmettin Erbakan. 6. le président biélorusse Alexander Lukashenko. 7. le premier ministre éthiopien Meles Znawi. 8. le président indonésien Suharto. 9. le haut général de Birmanie Than Shwe. 10. le président albanais Sali Berisha.
    Le CJP expliquait de la manière suivant pourquoi il incluait Erbakan dans cette liste:
    "Erbakan maintient en Turquie la répression contre les journalistes indépendants. La presse demeure sous la menace des dispositions répressives de la loi anti-terreur et du code pénal, qui permettent l'arrestation et la persécution de journalistes auteurs de reportages critiques à l'encontre du conflit que mène le gouvernement contre les insurgés kurdes".
    "Il intensifie les agressions contre les journalistes, qu'il soumet a des détentions et des procès arbitraires lorsqu'ils expriment des opinions politiques contraires aux siennes. Sous le régime d'Erbakan, 78 journalistes ont été emprisonnés depuis le début de 1997, plus que dans n'importe quel autre pays", précise le rapport du CPJ.
    Freedom House a inclus la Turquie dans la catégorie de pays dans lesquels la presse ne jouit pas de liberté. Le rapport sur la "Liberté de la presse en 1997: Épidémie de lois" place la Turquie parmi des pays où il n'y a pas de liberté de presse tels que l'Arabie Saoudite, la République Centrafricaine, le Yémen, Sierra Leone, Singapour, la Syrie, la Zambie, le Togo, Oman, Nigeria, Laos, etc.
    Selon FH, le journalisme audiovisuel ainsi que de presse ont particulièrement souffert des "lois et réglementations ayant une influence sur le contenu des médias" ainsi que des "pressions politiques et les contrôles sur le contenu des médias".

CILLER DECLARE LA GUERRE AUX GROUPES MEDIATIQUES LES PLUS IMPORTANTS

    La vice-premier ministre Ciller, brouillée depuis longtemps avec la presse, a effectivement lancé une aigre guerre contre les deux principaux groupes médiatiques de Turquie. S'adressant à une foule de supporters le 10 mai dernier à Istanbul, Ciller a accusé le "cartel des médias" d'essayer d'"accaparer le pouvoir public" en exigeant "le départ de tel ou tel gouvernement et l'arrivée de tel ou tel autre".
    Le leader du DYP a également eu des paroles désobligeantes à l'égard du Holding KOC, un des plus grands holdings de Turquie qui regroupe des compagnies allant d'entreprises de construction de voitures à celles produisant des systèmes électroniques, du linge blanc et autres appareils électroménagers.
    "Vous en remettriez-vous à gouvernement formé par un capital monopolistique et un cartel de médias ?", demandait Ciller à une foule de 6.000 à 10.000 supporters.
    Ciller révéla alors des chiffres qui prétendument représenteraient des centaines de millions de dollars en crédits d'encouragement concédés au groupe Aydin Dogan -qui possède les quotidiens Hürriyet et Milliyet- et le groupe Dinc Bilgin -qui représente le quotidien Sabah.
    Ciller soutient que le groupe Dogan a reçu 424,8 millions de dollars et le groupe Bilgin 200,4 millions de dollars en crédits d'encouragement concédés par l'Etat.
    Selon elle ces crédits représentent près de 90 pour cent de tous les crédits concédés aux médias en général en Turquie.
    Elle a également affirmé que le groupe Koc, dont elle assure qu'il est derrière les groupes Dogan et Bilgin, avait lui-même reçu de l'Etat 311 millions de dollars au titre de crédits d'encouragement à l'exportation.
    Les deux groupes médiatiques, qui possèdent une série de publications subsidiaires, n'ont pas tardé à répondre aux déclarations de Ciller, l'accusant de "mentir" et donnant leur propre version sur ses allégations.
    "Elle n'en a jamais assez de mentir" soulignait la manchette de Hürriyet. "Le mensonge de Ciller", lisait-on dans Milliyet. "Elle ment", écrivait Sabah.
    Le groupe Dogan, dans sa réponse officielle à Ciller, publiée le 11 mai dernier, ajoutait qu'il présenterait une plainte en justice contre elle pour "avoir trompé le public et porté préjudice au nom du groupe par une fausse déclaration".

FLASH TV ATTAQUEE PAR DES PARTISANS DE CILLER

    Le 2 mai 1997, un groupe de quelque 50 assaillants armés non identifiés ont pénétré dans le bureau d'Istanbul de Flash TV et ont ouvert le feu, tirant au hasard. Après l'attaque, qui selon les témoins a duré approximativement cinq minutes, les hommes armés ont quitté les lieux. Bien que personne n'ait été blessé pendant l'incident, le bureau a subi d'importants dommages.
    Selon plusieurs reportages, l'acte des assaillants, qui ont proféré des menaces aux employés de la chaîne pendant l'attaque, serait motivée par une interview téléphonique en direct avec Alaattin Cakici, personnage du crime organisé en fuite, diffusée la veille sur Flash TV. Dans cette interview, Cakici impliquait le mari de la ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller dans des opérations financières illicites et l'accusait de maintenir des contacts avec le monde du crime.
    Fait également inquiétant, le lendemain la police turque scellait les locaux de Flash TV à Bursa, obligeant la chaîne à interrompre ses émissions. Pour justifier son acte elle invoquait une licence des connexions satellites non conformes. Actuellement, Flash TV a pu reprendre ses émissions par des systèmes de diffusion alternatifs, mais s'est vu interdire l'utilisation de ses connexions satellites, réduisant considérablement son niveau d'audience.

TENTATIVE D'ATTENTAT CONTRE LE BUREAU D'HÜRRIYET

    Le matin du 12 mai 1977, Hüseyin Vuran, un étudiant en théologie à l'Université de Marmara, pénétrait dans le bâtiment qui abrite les locaux du quotidien Hürriyet et, armé d'un couteau, menaçait le garde et s'emparait de son arme. Vuran se dirigea alors vers le cinquième étage et tira une balle dans la jambe d'un travailleur chargé de l'entretien après que celui-ci ait refusé de lui dire où se trouvaient les locaux de Hürriyet. Vuran devait ensuite se rendre à la police qui l'a emmené à la section anti-terroriste d'Istanbul.
    Le 20 mai 1977, trois individus non identifiés sont arrivés à pied au bâtiment qui abrite les locaux du quotidien Sabah et de la chaîne de télévision privée ATV, deux médias appartenant au groupe médiatique basé à Istanbul Sabah. Les individus étaient armés et ont ouvert le feu sur les fenêtres du bâtiment sans toutefois provoquer des blessés. Ils ont alors pris la fuite à pied. La police a ouvert une enquête sur l'incident.

LA CSE D'ISTANBUL FERME LE JOURNAL DEMOKRASI

    Le journal Demokrasi, qui traite surtout des droits de l'homme et du problème kurde, fut fermé le 3 mai dernier pour une période d'un mois suite à une décision de la Cour de la sûreté de l'Etat d'Istanbul.
    Dans un communiqué, le journal a condamné la décision de la manière suivante :
    "L'Etat, dans sa lutte pour réduire au silence toute forme d'opposition, a fermé notre journal au moment même où on célébrait la Journée internationale de la liberté de la presse et ce pour avoir publié un article intitulé "Direnisin Sonrasi" (Après la résistance).
    Depuis 1992, les quotidiens pro-kurdes Özgür Gündem, Özgür Ülke et Yeni Politika ont également été fermés suite à des décisions de la CSE.

HUIT JOURNALISTES INCULPES PAR LE GOUVERNEMENT

    Le Ministère de la Justice a intenté des actions en justice contre huit journalistes auteurs d'articles publiés en avril et considérés comme des "appels à l'insurrection et au coup d'Etat". Les journalistes en question sont Ertugrul Kürkcü, du quotidien Radikal, Necati Dogru, Fatih Cekirge et le caricaturiste Salih Memecan, de Yeni Yüzyil, Ömer Tarkan, de Posta, et Mustafa Basoglu, de Son Cagri, auteur d'un article publié le 28 avril dans le quotidien Yeni Asir.
    Les actions en justice contre ces journalistes font suite aux commentaires du premier ministre Necmettin Erbakan dans lesquelles il accusait publiquement les médias de "publier des mensonges" et de créer de "fausses crises" par leur attitude critique à l'égard des événements politiques concernant la coalition gouvernementale.
    Le 6 mai, s'adressant aux membres du Parlement, Erbakan exprimait son intention de présenter une nouvelle loi contre la diffamation afin de mettre un frein juridique aux journalistes commettant des excès verbaux. Cette proposition avait déjà été débattue fin 1996 mais était restée sans suite en raison des protestation de plusieurs journaux.

INQUIETUDE POUR LA SANTE DE L'EDITEUR MARASLI EN PRISON

    L'éditeur Recep Marasli, en détention depuis le 6 mars 1997, est actuellement en plein procès. En fuite depuis 1995, il était arrêté à l'aéroport d'Istanbul alors qu'il tentait de quitter le pays. Il avait été condamné pour au moins trois inculpations en vertu de la loi anti-terreur suite à des déclarations publiées dans Sterka Rizgari, une publication qui selon les autorités soutient le terrorisme.
    Marasli se trouve actuellement en détention pour avoir utilisé le passeport de quelqu'un d'autre lors de sa tentative frustrée de quitter le pays. Le titulaire du passeport fut brièvement détenu le 6 mars et se trouve actuellement en liberté. Le procès pour détention de faux passeport suit son cours, ainsi que les actions en justice concernant ses écrits.     Détenu suite à des accusations d'ordre politique entre 1982 et 1991, Marasli aurait été sévèrement torturé pendant ces années, ce qui lui aurait causé de graves troubles neurologiques. Il serait extrêmement malade. La raison première de sa tentative de fuite du pays aurait été la nécessité de recevoir un traitement médical.

LA PRESSE N'A PU ACCEDER A LA QUATRIEME AUDIENCE DU CAS GÖKTEPE

    Le 28 mai 1997, a eu lieu à Afyon la quatrième audience du procès des officiers de police accusés du meurtre du journaliste Metin Göktepe. Dès le début, la cour a décidé de faire abandonner la salle aux journalistes, en dépit même des objections de ceux impliqués dans l'affaire et des avocats plaignants. Certains des juristes ont quitté la salle pour laisser de la place aux journalistes, mais la cour n'a pas cédé.
    En réponse aux requêtes des avocats de la famille de Göktepe, le juge qui instruit l'affaire a ordonné l'arrestation de cinq des onze policiers accusés. Il s'agit de Seydi Battal Köse (un des chefs de police du district d'Eyüp), Selcuk Bayraktaroglu, Saffet Hizarci, Suayip Mutluer et Ilhan Sarioglu. Ces hommes doivent être recherchés, vu qu'après la première audience, célébrée le 18 octobre 1996, ont circulé des rumeurs contradictoires quant à l'endroit où se trouveraient les onze accusés. RSF espère que, pour la première fois, certains des officiers inculpés seront présents dans la salle d'audience lors de la prochaine audience, prévue pour le 26 juin 1997.

LE DEFICIT COMMERCIAL DE LA TURQUIE A AUGMENTE EN 1996

    Après des mois d'attente, les chiffres sur le commerce extérieur ont finalement été révélés et les nouvelles ne sont pas bonnes pour la Turquie, dont le déficit commercial s'élève à 19,382 milliards de dollars, augmentant de 37,7 pour cent par rapport à 1995.
    Les chiffres n'ont été révélés avant en raison de l'introduction de nouveaux systèmes pour quantifier le commerce après l'entrée en vigueur au 1er janvier 1996 d'une union douanière entre l'UE et la Turquie.
    Selon les chiffres publiés par l'Institut des statistiques de l'Etat le 27 mai dernier, les importations ont atteint 42,464 milliards de dollars en 1996, elles atteignaient 35,709 milliards en 1995, alors que la Turquie n'a exporté que pour une valeur de 23,082 milliards de dollars, accumulant un déficit commercial pour cette période de 19,382 milliards de dollars.
    Si on compare ces chiffres avec ceux de décembre 1995, on constate que les exportations durant ce mois-là ont diminué de 0,1 pour cent, tandis que les exportations ont augmenté de 5,2 pour cent. Le déficit mensuel est passé de 1,921 milliards de dollars en décembre 1995 à 2,150 milliards en décembre 1996.
    Les exportations agricoles turques ont augmenté de 16,9% et les exportation industrielles de 5,7% tandis que les exportations minières ont diminué de 5,9%.
    Pas moins de 53,4% des importations turques en 1996 étaient des matières premières, 31% étaient des biens d'équipement et 15,6% des biens de consommation.
    L'Union douanière entre la Turquie et l'UE, entrée en vigueur le 1er janvier 1996, pourrait avoir eu une grande influence sur ces chiffres. Début 1996 les chiffres de l'importation étaient grossis car fin 1995 les importateurs turcs ont préféré attendre jusqu'à ce que les tarifs diminuent ou soient abolis avec l'entrée en vigueur de l'union douanière. Mais cela n'explique pas la forte augmentation du déficit pendant les derniers mois de l'année.
    L'UE semble avoir tiré le plus grand profit de l'union douanière. En 1996, les importations turques en provenance des pays de l'Union ont augmenté de 32,5% par rapport à 1995, alors que les exportations n'ont augmenté que de 3,7%. Les produits de l'UE représentent 52,6% de toutes les importations turques et 49,8% de toutes les exportations turques étaient destinées à l'UE.
    L'Allemagne demeure le plus grand partenaire commercial de la Turquie. Celle-ci y a exporté pour 5,168 milliards de dollars et en a importé pour 7,464 milliards.
    L'Italie figurait en deuxième position sur la liste des meilleurs marchés d'exportation de la Turquie en 1996. Cette dernière y a vendu pour une valeur de 1,616 milliards de dollars. L'Italie est suivie de la Russie, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
    L'Italie est également le deuxième plus grand exportateur vers la Turquie, avec un volume de 4,175 milliards de dollars. Viennent ensuite les Etats-Unis, la France et Grande-Bretagne.

45.000 KURDES SE SONT MANIFESTES EN ALLEMAGNE POUR QU'ON METTE FIN AU CONFLIT DANS LE SUD-EST

    Quelque 45.000 Kurdes se sont manifestés dans la ville allemande de Düsseldorf le 27 avril dernier en faveur d'une solution pacifique au conflit entre les Turcs et les Kurdes dans le sud-est de la Turquie.
    Les manifestants demandaient à l'Allemagne qu'elle fasse pression sur la Turquie pour qu'elle établisse des négociations avec les groupes kurdes y compris le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opposent une résistance armée aux forces turques.
    En Allemagne vivent quelque 400.000 Kurdes. Les militants kurdes y ont fréquemment organisé des actions de protestation pour essayer d'attirer l'attention sur leur cause. Ceci a finalement provoqué l'interdiction du PKK en Allemagne.
    Selon la police cette dernière manifestation avait été pacifique, et elle a évité de confisquer les bannières et insignes du PKK, interdites, pour éviter la confrontation.
    Mais auparavant, ce même jour, une autoroute proche de l'endroit était bloquée pendant 90 minutes alors que la police des douanes arrêtait sept autocars qui transportaient les manifestants vers l'endroit de rassemblement, confisquant les bannières et les drapeaux et arrêtant une personne recherchée.

LES ETATS-UNIS ACCUSENT LA TURQUIE D'EMPOCHER L'OR PILLE PAR LES NAZIS

    A Washington, Stuart Eizenstat, sous-secrétaire du commerce pour le commerce international et représentant spécial du Département d'Etat, déclarait le 7 mai que les pays neutres comme la Suisse ou la Turquie avaient gardé une grande parti de l'or qu'ils avaient reçu de l'Allemagne nazie pendant la deuxième guerre mondiale.
    Dans un rapport du Département d'Etat intitulé "Les efforts des Etats-Unis et des alliés pour récupérer et restaurer l'or et les autres biens volés ou dissimulés par l'Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale" on affirme que les nations neutres avaient "coopéré avec l'Allemagne nazie pour leur propre profit".
    L'Argentine, le Portugal, l'Espagne, la Suède, la Suisse et la Turquie sont parmi les pays étudiés dans le rapport.
    "Il existe assez de preuves qui nous permettent de croire que les nazis ont caché des richesses en Turquie et qu'ils ont utilisé ce pays comme centre d'espionnage pendant la guerre pour s'assurer des contrôles portuaires sûrs", précise le rapport. "Par ailleurs, les Etats-Unis pensent que l'ambassadeur nazi en Turquie, Franz von Papen, avait dissimulé en Turquie, à la fin de son mandat, des pièces d'or, d'autres objets de valeur, et des documents qui pourraient porter sur les procès de Nuremberg".
    A partir du 25 janvier 1945, le gouvernement américain, au travers de l'ambassade américaine à Ankara, aurait fait plusieurs tentatives pour "prévenir" et "convaincre" les Turcs "pour qu'ils cèdent les biens allemands en accord avec la politique des alliés". La Turquie n'a pas donné de réponse satisfaisante aux alliés.
    En 1946, le Département d'Etat américain calculait qu'il y avait entre 28 et 44 millions de dollars en biens privés, et 23 millions de dollars en biens d'Etat, desquels la Turquie demandait un total de 15,5 millions de dollars de compensation" pour ses propres revendications vis-à-vis de l'Allemagne.

TERRORISME D'ETAT EN AVRIL-MAI 1997

    Le 1.3, à Istanbul, les professeurs Mahmut Öktem et Memnune Öktem seraient en détention policière depuis le 27 février.
    Le 3.3, le président du Parti de la démocratie et de la paix (DBP), Refik Karakoc, est arrêté par la police à l'aéroport de Diyarbakir.  Quatre-vingts étudiants universitaires sont expulsés du campus universitaire. Ils sont accusés d'avoir participé à une action de protestation.
    Le 4.3, à Istanbul, deux enfants de 12 et 13 ans accusés de vol, sont torturés et harcelés sexuellement après leur détention.  16 paysans kurdes du district de Refahiye sont traduits devant la CSE d'Erzincan pour avoir aidé le PKK.
    Le 5.3, sept personnes sont traduites devant la CSE d'Istanbul. Elles sont accusées d'appartenir au DHKP-C et d'avoir préparé un attentat contre l'ancien chef de la junte militaire, le général Kenan Evren. Trois des défendeurs risquent la peine capitale.  Le maire de Dicle, à Diyarbakir, Behrun Aygörun (RP), est arrêté pour avoir collaboré avec le PKK.  A Adana, les Loups gris attaquent un groupe de citoyens qui dénonçaient les liens Etat-mafia.  La CSE d'Istanbul condamne Özlem Erbek à trois ans et neuf mois de prison pour avoir aidé le DHKP-C.  La CSE de Malatya condamne Davut Avci à la prison à vie pour avoir aidé le PKK.  A Adana, les enseignants Günay Resit Sertasar et Sevgi Sertasar sont placés en détention par un tribunal pour avoir entretenu des relations avec le Parti révolutionnaire communiste de Turquie (TDKP).  Les forces de sécurité abattent deux enfants de la famille Adsiz alors qu'ils jouaient dans un pont près du village d'Arican, à Urfa.
    Le 6.3, le président de l'Association anti-guerre d'Izmir (ISKD), Osman Murat Ülke, est à nouveau condamné à cinq ans de prison par une cour militaire d'Eskisehir pour avoir refusé de porter l'uniforme militaire dans le Régiment de formation n° 9 de la gendarmerie de Birecik où il avait été assigné par décision de la cour militaire de l'Etat major pour y effectuer le service militaire obligatoire.  Le bureau d'Avcilar de l'HADEP à Istanbul subit une descente des forces de sécurité et son président, Mehmet Toguc, est arrêté en compagnie de six autres membres du parti.
    Le 7.3, vingt prisonniers politiques appartenant au PKK et au MLKP s'évadent de la prison spéciale d'Iskenderun par un tunnel qu'ils avaient creusé.  L'ancien député du DEP, Mahmut Alinak, est condamné à Sirnak par une cour pénale à six mois de prison et à payer une amende de 60.000 TL pour avoir prononcé un discours en kurde lors de la campagne électorale de 1991. La peine de prison a ensuite été commuée en une amende de 900.000 TL.
    Le 9.3, le maire des quartiers Esendere à Hakkari, Tahir Akarsu, est arrêté par la police à Ankara en compagnie de son frère.
    Le 10.3, à Istanbul, Osman Gültekin affirme avoir été torturé pendant douze jours après sa détention le 20 août 1996. Suite à cela, il est toujours incapable de se servir de ses bras.  Le président de l'IHD à Aydin, Abdurrahman Saran, et le président de l'Association des chefs, Hikmet Ersoy, sont inculpés en raison d'un communiqué de presse concernant le procès d'agents de police accusés de l'assassinat de Metin Göktepe.
    Le 11.3, à Istanbul, six personnes sont placées en détention pour activités en faveur du PKK.  Egalement à Istanbul, Nesin Celik, de 19 ans, est retrouvé assassiné.  A Izmit, le président local du Syndicat des employés municipaux (Belediye-Is), Remzi Polat, est arrêté en compagnie de dix autres personnes accusées d'appartenir au DHKP/C.
    Le 12.3, à Ankara, le bureau de Gaziosmanpasa du HADEP est détruit à l'aide d'un cocktail molotov par des assaillants inconnus. A Izmir, les représentants du HADEP, Lezgin Aiyan et Ismail Kaya, sont arrêtés par la police.  A Malatya, le président provincial du HADEP, Mustafa Türk, est arrêté par la police en compagnie de 12 activistes des droits de l'homme en raison d'un communiqué de presse émis le 8 mars à l'occasion de la Journée mondiale de la femme.  Les Loups gris attaquent des étudiants de gauche à l'Université Hacettepe à Ankara et un groupe d'étudiantes à Kirklareli.  Deux personnes à Diyarbakir et deux autres à Istanbul sont retrouvées assassinées.
    Le 14.3, la CSE d'Istanbul place en détention six personnes pour appartenance à l'Union des communistes révolutionnaires de Turquie (TIKB).  Une cour pénale d'Istanbul ouvre le procès de 433 étudiants de l'enseignement supérieur pour une conférence de presse à l'air libre organisée en 1996 pour protester contre le Conseil d'éducation supérieure (YÖK).
    Le 15.3, à Savur (Mardin), une femme de trente ans, Hatice Güler, est abattue en pleine rue par une patrouille militaire.
    Le 16.3, les forces de sécurité ouvrent le feu sur une voiture à Antalya, tuent Ibrahim Etli, de 37 ans, et blessent une autre femme. • Un ancien dirigeant de l'IHD, Mustafa Tüm, est arrêté par la police et battu au cours de l'interrogatoire.
    Le 17.3, à Isparta, l'étudiant universitaire Ertan Dag affirme avoir été torturé par des agents de police qui l'ont forcé à devenir un informateur.  La CSE d'Erzurum condamne cinq membres du Parti révolutionnaire de Turquie (TDP) à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 4 mois. Cette même peine de prison, appliquée à trois autres défendeurs, est augmentée jusqu'à 8 ans et 4 mois parce qu'ils ont moins de 18 ans.  La CSE de Malatya place en détention 10 étudiants universitaires pour avoir organisé un rassemblement pour commémorer l'anniversaire du massacre de Halapja.  La CSE de Diyarbakir place en détention 2 membres présumés du Hezbollah.
    Le 19.3, le bureau d'Adana du IHD subit une perquisition policière.  La CSE d'Istanbul condamne Cumali Karsu et Enver Özek à la peine capitale pour un attentat à la bombe qui a coûté la vie à cinq cadets militaires. Un autre défendeur est condamné à 12 ans et 6 mois de prison.  La CSE d'Izmir condamne les membres du PKK Fatma Tunc et Nuri Akbulut à la peine capitale et 21 autres défendeurs à des peines de prison allant jusqu'à 18 ans.  La CSE de Malatya condamne un membre du DHKP/C à la prison à vie.  La Cour constitutionnelle décide de fermer le Parti de la renaissance (DP) pour avoir omis de participé à deux élections législatives.
    Le 20.3, à Adana, le représentant de HADEP, Sait Eren, est condamné à un an de prison et à payer une amende de 100 millions de TL pour avoir utilisé le mot Kurdistan dans un meeting en 1993.  A Istanbul, le jeune O.K., de 17 ans, affirme avoir été torturé le 18 mars pendant sa détention policière.
    Le 21.3, au village de Kocan à Erzurum, Nuri Kaplan est abattu par des soldats.  Le président local de HADEP, Lezgin Biyan, et cinq autres membres du parti sont jugés par une cour pénale de Söke.  A Saray, des tireurs inconnus attaquent la maison du président local de HADEP, Kadir Ayyildiz.  A Sirvan, le représentant de HADEP, Sükrü Öngülü, doit quitter son village contraint par les forces de sécurité.
    Le 22.3, après un acte de protestation dans tout le pays par la Confédération des syndicats des fonctionnaires publics (KESK), les forces de sécurité arrêtent quelque 100 manifestants à Bursa et trois syndicalistes à Ankara.
    Le 24.3, le village d'Üzümlü à Eruh est bombardé pendant deux heures par l'artillerie turque, causant la mort d'Hamime Turhan de 45 ans.  A Mersin, Besir Gaman, de 55 ans, arrêté pour vol, meurt sous la torture au poste de police.
    Le 25.3, à Corlu, cinq membres du Parti du travail (EMEP) sont arrêtés.  La CSE d'Ankara condamne trois membres de l'Union des communistes révolutionnaires de Turquie (TIKB) à des peines de prison allant jusqu'à 21 ans et 8 mois.  Une cour pénale d'Ankara condamne 125 membres d'Aczmendi à deux mois de prison et à payer chacun une amende de 300.000 TL pour avoir insulté Atatürk au cours d'une manifestation le 20 octobre 1996 à Ankara.
    Le 26.3, à Suruc, le dirigeant de l'IHD Sevket Binici est arrêté en compagnie de 21 personnes.  A Mersin, le président local de EMEP, Abdurrahman Cakmak, et d'autres militants du parti sont condamnés pour avoir insulté la police dans une campagne de collage de posters contre la montée des prix.  A Istanbul, le bureau de HADEP de Güngören est détruit par un attentat à la bombe.
    Le 27.3, la CSE de Diyarbakir place en détention cinq personnes arrêtées pendant les célébrations du Newroz à Diyarbakir.  La CSE d'Izmir place en détention deux militants présumés du PKK.
    Le 28.3, le procureur de la CSE d'Istanbul ouvre le procès contre onze membres présumés de DHKP-C accusés d'avoir participé dans une tentative d'assassinat de l'homme d'affaires Özdemir Sabanci et sa secrétaire Nilgün Hasefe le 9 janvier 1996. Le procureur demande la peine capitale pour quatre des défendeurs tandis que les autres, y compris un avocat, risquent des peines de prison allant jusqu'à 7 ans et 6 mois.  Deux prisonniers politiques, Yasin Islek et Turhan Gecgel, affirment avoir été torturés après avoir échoué dans leur tentative d'évasion de la prison d'Iskenderun.
    Le 29.3, après les actes de protestation du KESK, les forces de sécurité arrêtent quelque 200 fonctionnaires publics à Istanbul. Les autorités interdisent deux actions similaires à Malatya et Diyarbakir.  A Istanbul, 20 membres de EMEP sont arrêtés.
    Le 30.3, le IHD avertit les autorités judiciaires que deux prisonniers de la prison d'Ankara, Mehmet Salih Celikpence et Resit Kayran, ainsi qu'un autre de la prison de Siirt, Selami Celik, risquent de mourir pour mauvais traitements.  Le président d'EMEP de Mardin, Mahmut Kilinc, est arrêté après avoir été battu dans son propre domicile devant son épouse et ses enfants.  A Samandag, vingt personnes, dont des dirigeants de l'IHD et de HADEP, sont arrêtées par la police alors qu'elles se recueillaient devant la tombe d'une victime de la répression décédée deux ans auparavant.
    Le 1.4, une cour pénale de Manisa place en détention deux membres présumés de DHKP-C.  A Istanbul, la police arrête le président local de EMEP, Kemal Cicek, et quatre autres personnes au cours d'un acte de protestation estudiantine.  La CSE de Kayseri condamne quatre membres du PKK à la prison à vie.
    Le 2.4, la CSE d'Izmir condamne deux militants du PKK à la peine capitale, un autre à la prison à vie et deux autres encore à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois.  Les forces de sécurité empêchent l'IHD de placer une couronne noire devant le ministère de l'Intérieur à Ankara.  A Kilyos, Mustafa Sami est battu par une patrouille militaire après un accident de la route.  La CSE d'Izmir condamne 20 membres du Parti communiste révolutionnaire de Turquie/Union des jeunes communistes (TSKP/GKB) à différentes peines de prison allant jusqu'à 30 ans.
    Le 3.4, Demokrasi rapporte que le prisonnier politique Mehmet Sirin Önen, évadé de la prison d'Iskenderun le 7 mars dernier, mourait sous la torture après son arrestation le 14 mars.  Le procureur de la CSE de Diyarbakir introduit une action en justice contre les dirigeants de l'IHD Mahmut Sakar et Cemil Aydogan pour propagande séparatiste faite dans des discours prononcés lors d'un meeting.  A Istanbul, des parents de prisonniers politiques son agressés au cours d'une manifestation et 17 d'entre eux sont arrêtés.  Le bureau d'EMEP à Sincan est fermé par le gouverneur du district.
    Le 4.4, à Igdir, les forces de sécurité tirent sur un groupe de paysans kurdes et tuent Halis et Ali Karatas.  A Kozluk, une personne inconnue est retrouvée assassinée.
    Le 5.4, à Sason, quatre paysans kurdes sont arrêtés parce qu'ils avaient dénoncé que les forces de sécurité les avaient obligés à marcher sur un champ de mines en décembre 1996.  Deux personnes sont retrouvées brûlées sur l'autoroute Bitlis-Batman.  A Ankara, un bus de propagande d'EMEP subit une attaque des Loups gris et deux membres du parti sont blessés.
    Le 7.4, cinq étudiants universitaires sont arrêtés à Istanbul alors qu'ils protestaient contre la visite en Turquie du ministre israélien des Affaires étrangères.  Une cour pénale d'Antalya ouvre un procès contre trois personnes pour s'être opposées aux forces de sécurité au cours d'un meeting.  Le dirigeant du HADEP à Antep, Ismail Polat, est arrêté par la police.  A Bursa, 24 étudiants universitaires sont arrêtés au cours d'une manifestation contre les connexions entre l'Etat et la mafia.
    Le 8.4, Demokrasi rapporte que le prisonnier Haluk Duran est devenu aveugle parce qu'il n'a pas été traité à temps malgré les avertissements d'autres prisonniers.  Le prisonnier politique Besir Gün se plaint d'avoir été torturé après avoir échoué dans une tentative d'évasion de la prison d'Iskenderun.  A Menemen, après une manifestation contre les connexions entre l'Etat et la mafia, vingt enseignants et cinq autres personnes sont arrêtés par la police.
    Le 9.4, la CSE d'Ankara condamne six membre de TDKP à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois.  A Mardin, le dirigeant de HADEP, Ramazan Kalkan, et trois autres personnes sont arrêtés par la police.
    Le 10.4, la CSE d'Ankara ouvre le procès contre le maire de Sincan, Bekir Yildiz, et dix islamistes, en relation avec la Soirée Jérusalem célébrée le 31 janvier, et après laquelle les tanks ont fait une démonstration de force dans les rues de la ville. Accusés de tenter de créer un Etat religieux en Turquie, chacun d'eux risque une peine de prison allant jusqu'à 12 ans.  Les Loups gris attaquent des étudiants de gauche a l'Université Gazi d'Ankara et blessent trois personnes. Le même jour ils blessent six étudiants à l'Université d'Hacettepe.  A Tokat, le maire de Yagmur (DYP), Hasan Utku, est abattu par des inconnus.
    Le 11.4, Mehmet Salih Celikpence, de 46 ans, condamné pour activités en faveur du PKK, meurt à l'hôpital des suites d'une maladie du foie incorrectement traitée malgré de nombreux avertissements. Le IHD a émis des protestations contre l'attitude des autorités pénitentiaires et contre le président de la République pour sa non intervention.  Une cour pénale de Sakarya condamne six dirigeants syndicalistes à 15 mois de prison et à payer 575.000 TL d'amende pour avoir convoqué une manifestation non autorisée.  La CSE d'Istanbul condamne trois membres de TIKB à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois.  Commence à la CSE d'Istanbul le procès contre 13 membres présumés de DHKP-C.  La CSE de Diyarbakir poursuit le procès de 27 membres du Hezbollah.
    Le 12.4, à Mardin, Hikmet Duman et Veysel Bertan dénoncent avoir été torturés après leur détention le 5 avril par des soldats et des protecteurs de village.  A Istanbul, les bureaux d'Umraniye et de Kartal du Syndicat des travailleurs de la presse (Basin-Is) sont fermés par ordre du gouverneur.
    Le 13.4, à Kayseri, le dirigeant de HADEP, Vedat Gürbüz, est arrêté et torturé au poste de police.
    Le 14.4, la cour de Cassation ratifie la peine capitale prononcée contre le militant de DHKP-C Erol Özbolat et une peine de prison de dix ans pour un autre militant.  Le dirigeant de HADEP à Ankara, Babür Pinar, est inculpé pour avoir demandé l'établissement du dialogue avec le PKK.
    Le 15.4, une cour pénale d'Ankara condamne 22 étudiants universitaires à 20 mois de prison chacun pour avoir mené un acte de protestation contre la visite de Gorbatchov le 28 avril 1995.  Les dirigeants d'EMEP à Malatya, Tacettin Yasar, Cihat Kinik et Azmi Öztürk, sont arrêtés par la police et obligés de suspendre leurs activités au sein du parti.
    Le 16.4, à Istanbul, la police charge contre une manifestation qui dénonçait les connexions entre l'Etat et la mafia et arrête plus de 20 étudiants universitaires.
    Le 17.4, Emek rapporte qu'une femme, Zeki Iscan, arrêtée par la police le 15 avril à Izmir, meurt au poste de police.
    Le 18.4, à Adiyaman, l'enseignant Enis Sahin est arrêté et torturé par les forces de sécurité.  A Izmir, l'avocat Zeynep Sedef Özdogan déclare que les prisonniers politiques Salahattin Bagci, Selahattin Güven et Faruk Güven ont été brutalement battus pendant leur transfert vers une autre prison.
    Le 19.4, le procureur de la CSE d'Istanbul ouvre un procès contre cinq membres du PKK et demande la peine capitale pour quatre d'entre eux.  A Bursa, cinq travailleurs sont arrêtés au cours d'une action de protestation.
    Le 20.4, à Istanbul, une manifestation dénonçant les connexions entre l'Etat et la mafia est dissoute par les forces de sécurité et six personnes sont arrêtées.  Le dirigeant de HADEP, Kadir Dogan, est placé en détention par une cour pénale d'Osmaniye.  A Diyarbakir, la police a fait une descente dans plusieurs maisons et arrêté le dirigeant de HADEP, Ziya Okcu, et de nombreuses personnes.  A Van, Cevdet Isik, de 10 ans, meurt suite à l'explosion d'une grenade laissée par les forces de sécurité.  Le dirigeant de EMEP, Bilal Bilgic, est arrêté à Antalya.
    Le 23.4, à Istanbul, Tuncay Topyildiz est abattu par des gendarmes sous prétexte qu'il avait ignoré l'ordre de s'arrêter.  A Diyarbakir, Mehmet Akgül se plaint d'avoir été torturé suite à sa détention début avril.  A Mardin, une voiture blindée de la police écrase Mehmet Serif Özcelik, de 12 ans, et lui cause la mort pendant la célébration de la Journée des enfants.
    Le 24.4, à Erzurum, deux enfants, Muhammed Kulcur et Gökhan Kulcur, meurent suite à l'explosion d'une mine placée par les soldats.  A Istanbul, la police tue une personne inconnue alors qu'elle tentait d'empêcher une action de protestation.
    Le 30.4, la CSE d'Ankara condamne 122 membres d'Aczmendi à des peines de prison allant jusqu'à quatre ans et à payer une amende de 100 millions de TL pour avoir insulté Atatürk au cours d'une manifestation convoquée à Ankara le 20 octobre 1996.  Le président de HADEP à Tunceli, Serafettin Halis, est arrêté par la police.  A Adana, le docteur Tufan Köse est condamné par une cour pénale à payer une amende de 18,7 millions de TL pour avoir traité des victimes de la torture au centre de réhabilitation de la Fondation des droits de l'homme de Turquie (TIHV) sans autorisation officielle.
    Le 1.5, les détenus de la prison de Ceyhan annoncent qu'un groupe de prisonniers politiques ont été torturés pendant leur transfert vers une autre prison.
    Le 2.5, à Kiziltepe, une femme de 70 ans, Emine Can, se plaint d'avoir été torturée au poste de police après avoir été arrêtée en compagnie de sa soeur et de son fils.
    Le 4.5, une conférence internationale sur la question de la presse locale, organisée par l'Union des chambres d'architectes et d'ingénieurs de Turquie (TMMOB) et la Fondation de communication (IPS) est soumise à des interférences de la police sous prétexte qu'elle n'a pas la permission de faire participer des intervenants étrangers.
    Le 5.5, à Istanbul, les Loups gris attaquent un groupe de membres de EMEP et en blessent deux à l'arme blanche.  A Istanbul, Kadir Gül, de 17 ans, affirme avoir été forcé par la police à devenir un informateur.
    Le 6.5, une cour d'Ankara introduit une action en justice destinée à fermer l'Association des droits de l'homme de Turquie (IHD). Selon le procureur d'Ankara un des articles des statuts de l'IHD qui reconnaît le droit de refuser des affiliations est incompatible avec l'Acte sur les associations. Le même jour, une conférence organisée par l'IHD sur le thème de la peine capitale et le droit à la vie est interdite par le gouverneur. Une conférence similaire tenue à Elazig subit l'intervention de la police.  A Adana, le président local du Syndicat de l'éducation (Egitim Sen), Gülabi Köseoglu, est inculpé pour une conférence de presse où il dénonce les pratiques anti-démocratiques de la police. Il risque une peine de prison de six ans pour insultes à la police.
    Le 7.5, à Mersin, Aydin Gök affirme avoir été torturé après sa détention pendant les célébrations du premier mai.
    Le 8.5, à Ankara, un étudiant de 16 ans d'une école supérieure, I.C., dit avoir été enlevé et battu par des hommes en tenue civile dans une zone déserte.  A Eregli, 19 personnes sont jugées par une cour pénale pour avoir pris part à une manifestation de protestation contre les connexions Etat-mafia.  Un ancien dirigeant de HEP, l'avocat Hasan Dogan, est placé en détention par la CSE de Malatya qui l'accuse de maintenir des relations avec le PKK.  A Pasinler, Fedai Ögürce, de 4 ans, est tué par l'explosion d'une bombe posée par les forces de sécurité et quatre autres enfants sont blessés.
    Le 9.5, à Ankara, le Ministère de l'intérieur interdit l'Association pour la solidarité et l'amitié avec la Palestine.
    Le 10.5, à Ankara, Ismail Cengiz Mumcu affirme avoir été torturé par la police après sa détention le 6 mai dernier.
    Le 11.5, à Diyarbakir, les forces de sécurité abattent deux personnes pendant une descente dans une maison.
    Le 12.5, la CSE d'Istanbul ouvre le procès de la présidente de l'IHD d'Istanbul, Nimet Tanrikulu, et de six autres dirigeants sous prétexte qu'une cassette confisquée lors d'une descente de police dans les locaux de l'IHD le 26 novembre 1996 contient de la propagande séparatiste. Chacun d'eux risque une peine de prison allant jusqu'à dix ans.  Le président du Syndicat des transporteurs (Nakliyat-Is), Ali Riza Kücükosmanoglu, est arrêté à Bursa en compagnie de 12 travailleurs en grève.
    Le 13.5, à Izmir, Hüseyin Uludag se plaint d'avoir reçu des menaces des agents du MIT pour avoir accepté de devenir un informateur du MIT.  A Istanbul, un groupe de Loups gris attaque des étudiants de gauche à l'Université Mimar Sinan et blessent deux d'entre eux.  A Istanbul, la police arrête sept personnes accusées d'enfreindre la loi qui interdit le port d'habits religieux. L'opération est menée sous la direction du Conseil de sécurité nationale.  Les forces de sécurité arrêtent trois enseignants à Adana et Gaziantep.
    Le 14.5, à Istanbul, Fethullah Kaya, de 23 ans, meurt dans un poste de police où il avait été emmené après son arrestation.  A Gaziantep, l'avocat Burhan Veli Torun est abattu par des inconnus.  A Istanbul, la police arrête 28 personnes accusées de violer la loi qui interdit le port d'habits religieux.
    Le 15.5, à Istanbul, le nombre de personnes arrêtées pour avoir enfreint la loi sur le port d'habits religieux s'élève à 81.  A Izmir, les dirigeants d'HADEP Bedriye Celil et Osman Bor sont arrêtés.  A Ankara, huit personnes sont arrêtées pour avoir dénoncé la pression exercée sur les travailleurs de la construction qui s'affilient à un syndicat.  A Nigde, 20 membres d'Aczmendi, déjà en prison, sont à nouveau inculpés pour avoir insulté Atatürk.  A Izmir, le gouverneur interdit un meeting de EMEP en faveur des droits syndicaux.
    Le 16.5, au village d'Asmaköy, à Bingöl, les enfants Hatice Turan et Mesut Demir meurent suite à l'explosion d'une mine posée par les forces de sécurité.
    Le 17.5, à Antalya, l'étudiant universitaire Hakan Günaslan se plaint d'avoir été torturé après son arrestation le 15 mai.  A Ankara, la police disperse un groupe d'étudiants qui protestaient contre la privatisation des services sanitaires et blesse neuf d'entre eux.
    Le 18.5, à Tunceli, le gouverneur interdit un festival d'EMEP.
    Le 19.5, à Diyarbakir, la police arrête trois membres présumés du Hezbollah.
    Le 20.5, une nouvelle cour de la sûreté de l'Etat est ouverte à Adana pour traiter les "délits" politiques commis dans les provices d'Adana, Aksaray, Gaziantep, Hatay, Icel, Karaman, Kilis, Konya et Nidge. Au même moment, la CSE de Kayseri est fermée et les affaires qu'elle traitait sont transférées à la CSE d'Ankara.
    Le 21.5, à Kilis, un jeune de 17 ans, Yahya Polatli, décède suite à l'explosion d'une mine placée par les forces de sécurité.
    Le 22.5, les forces de sécurité font une descente dans une maison d'Istanbul, abattent le militant du PKK Selahattin Ückardes et arrêtent deux autres personnes.  A Diyarbakir, le président local du IHD, Mahmut Sakar, et le secrétaire Sinan Tanrikulu, sont arrêtés par la police. Plus tard, des équipes de police faisaient des descentes dans les locaux de l'IHD et de Egitim-Sen à Diyarbakir, confisquaient de nombreuses publications et arrêtaient une dizaine de personnes.  A l'Université d'Istanbul, les Loups gris agressaient des étudiants de gauche et causaient des blessures à des dizaines d'entre eux.
    Le 23.5, une cour pénale d'Izmir ouvre le procès du dirigeant de l'IHD, Alp Ayan, et de trois autres activistes des droits de l'homme. Ils sont accusés d'avoir insulté l'Etat au cours des funérailles d'une personnes décédée suite à une grève de la faim en prison en juillet 1996. Chacun d'eux risque une peine de prison de six mois.  La police agresse des étudiants qui tenaient une conférence de presse pour expliquer l'attaque des Loups gris de la veille: vingt étudiants sont blessés et 159 sont arrêtés.  La CSE d'Istanbul condamne cinq membres de IBDA-C à 15 ans de prison chacun pour activités religieuses radicales.  La CSE d'Izmir place en détention 13 membres présumés de DHKP-C et MLKP.
    Le 24.5, le gouverneur ferme le bureau de l'IHD à Diyarbakir qu'il accuse de mener des activités contre la sécurité de l'Etat.  A Istanbul, un membre de l'Initiative des jeunes avocats (GAG), Ilknur Yüksek, est arrêté par la police.
    Le 25.5, à Adana, un dirigeant du Syndicat des travailleurs unis du transport (BTS), Ilker Önal, affirme avoir été enlevé et torturé par la police le 24 mai dernier.  A Hozat, l'enfant Engin Singin est tué par l'explosion d'une mine posée par les forces de sécurité.
    Le 26.5, un procureur d'Istanbul intente une action en justice contre le président du Parti démocrate libéral (LDP), Besim Tibuk, qu'il accuse d'avoir insulté l'armée au cours d'un programme de télévision. Tibuk risque une peine de prison de six ans.  Un procureur d'Ankara inculpe le président du Parti de la paix (BP), Ali Haydar Veziroglu, pour insultes au premier ministre Erbakan. Veziroglu risque une peine de prison de quatre ans.  La CSE d'Istanbul condamne trois membres du Parti révolutionnaire de Turquie (TDP) à douze ans et six mois de prison.  A Silvan, Nimet Mecin est abattu par des inconnus.
    Le 27.5, à Izmir, les forces de sécurité font une descente dans une maison du dirigeant de l'IHD, Dervis Altun, arrêté au cours d'une conférence de presse où il dénonçait l'opération militaire turque en Irak.  La CSE d'Ankara condamne 13 membres présumés de DHKP-C à des peines de prison allant jusqu'à 26 ans.  A Suruc, des inconnus abattent Ümit Sahin.
    Le 28.5, les forces de sécurité arrêtent quatre membres du PKK à Istanbul.
    Le 29.5, dans un tribunal militaire d'Eskisehir, débute le procès contre Osman Murat Ülke, président de l'Association anti-guerre d'Izmir (ISKD) pour avoir refusé de porter l'uniforme militaire. Il risque une peine de prison de dix ans.  Les Loups gris attaquent des étudiants de gauche à Ankara et Denizli et blessent sept d'entre eux.  A Istanbul, la police arrête six personnes au cours d'un meeting de protestation contre le licenciement de 13 fonctionnaires publics.  A Ankara, la police fait une descente dans les bureaux de la Fondation de Vahdet pour la solidarité et l'amitié dans l'enseignement et arrête cinq dirigeants.
    Le 30.5, le procureur de la CSE d'Ankara inculpe le président de l'IHD, Akin Birdal, ainsi que quatre autres activistes des droits de l'homme. Il met en cause les discours prononcés lors de la Semaine des droits de l'homme en décembre 1996. Chacun d'eux risque une peine de prison de trois ans.
    Le 30.5, un procureur d'Istanbul intente une action en justice contre 35 personnes pour les incidents survenus lors des manifestations du premier mai de cette année à Istanbul.
    Le 31.5, une cour pénale inflige au président de EMEP à Mersin, Abdurrahman Cakmak, une amende de 528.000 TL pour ne pas avoir hissé le drapeau turc sur le devant du bâtiment du parti.

PRESSIONS SUR LES MEDIAS EN AVRIL-MAI 1997

    Le 3.3, le président du Parti des travailleurs (IP), Dogu Perincek, et le directeur de la Maison d'édition Belge, Ayse Nur Zarakolu, sont condamnés par la CSE d'Ankara à un an de prison et à payer chacun d'eux une amende de 100 millions de TL en raison des discours qu'ils ont prononcés pendant le congrès de l'IHD en 1994.
    Le 4.3, la CSE d'Istanbul condamne le directeur de la Maison d'édition Akis, Ertürk Aksun, à un an de prison et à payer une amende de 850 millions de TL pour avoir publié le livre En marche de Yalcin Kücük.  La police arrête le rédacteur en chef de la revue culturelle Evrensel, Aydin Cubukcu.  Commence à la CSE d'Ankara le procès contre trois journalistes du périodique Kizil Bayrak, Erol Malkoc, Gönül Sayginer et Bahri Colak. Ils sont accusés d'appartenir à l'organisation illégale Ekim.  A Gaziantep, un correspondant du journal Antep Kurtulus, Mehmet Balci, est arrêté par la police et aurait subi des tortures.
    Le 5.3, le procureur public de la province d'Urfa, Ömer Kocarslan, est inculpé pour avoir écrit un livre intitulé l'Honnêteté du gouvernement et sera jugé par une cour pénale pour avoir insulté le gouvernement et le président de la République. Publié sous le pseudonyme Ferit Ergül, le livre a déjà été confisqué par la CSE d'Istanbul.
    Le 6.3, la CSE d'Ankara condamne l'écrivain-poète Odabasi à un an et six mois de prison et à payer une amende de 933 millions de TL pour son livre Rêve et vie. L'éditeur du livre, Niyazi Kocak, a également écopé d'une amende de 67 millions de TL. A l'annonce du verdict, Odabasi crie aux juges : "J'ai honte de vivre avec vous dans le même pays". Après quoi il a immédiatement été placé en détention.  L'écrivain de Nu Roj, Zeynel Abidin Kizilyaprak, arrêté par la police le 27 février, est mis en détention par la CSE d'Istanbul. Cette même cour confisque le livre d'Hidir Yesil Enseignement sur la construction d'un parti bolchevique.  A Izmir, les correspondants de Kizil Bayrak, Ahmet Subasi et Bülent Taskin, sont arrêtés par la police.
    Le 7.3, la CSE d'Istanbul place en détention 11 journalistes et délégués syndicalistes arrêtés par le police le 21 février. Parmi eux figurent le rédacteur en chef d'Özgür Atilim, Bayram Namaz, et les correspondants Sedat Senogul, Sultan Secik, Zabit Iltemur et Mukaddes Celik.  Le rédacteur en chef du journal disparu Newroz, Hüseyin Alatas, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an, onze mois et dix jours de prison et à payer une amende de 111 millions de TL.
    Le 8.3, les forces de sécurité arrêtent le correspondant de Kurtulus, Mehmet Kargilar, et le correspondant de Tavir, Ayfer Yildiz, à Adana, et le rédacteur de Mücadele, Cafer Cakmak, à Istanbul.  A Aydin, les correspondants de Demokrasi, Ferit Sever et Derya Bektas, sont arrêtés alors qu'ils couvraient la célébration de la Journée mondiale de la femme. Mme Bektas aurait été victime de harcèlement sexuel au quartier central de la police.
    Le 10.3, deux musiciens du groupe Yorum, Hakan Alak et Ufuk Ülker, le correspondant de Tavir, Aynur Cihan, et le correspondant de Partizan Sesi,  Haydar Sürgec, sont arrêtés par la police à Istanbul.  Le bureau d'Izmir de Kizil Bayrak subit une descente de police.  Le n° 62 d'Özgür Gelecek et le n° 62 d'Odak sont confisqués par décision judiciaire.
    Le 11.3, l'acteur de cinéma Mahir Günsiray est jugé par une cour pénale d'Istanbul pour avoir insulté la CSE d'Istanbul en lisant un passage du livre Le Procès de Kafka pendant son témoignage dans le procès contre un groupe d'intellectuels. Il risque une peine de prison de trois ans.  Le correspondant de Demokrasi, Düzgün Akbaba est arrêté à Erzincan.  Un des parrains ultra-nationalistes de la mafia, Ali Yasak (Drej Ali) agressait deux journalistes de l'agence de presse UBA, Cengiz Aldemir et Ahmet Ergen, à Ankara et s'emparait du film qui documentait sont entretien secret dans un hôtel avec un agent de MIT, Korkut Eken.
    Le 12.3, le bureau de Kizil Bayrak à Zonguldak subit une descente de police et le correspondant Orhan Kavci est arrêté.  La CSE d'Istanbul confisque l'édition spéciale du 12 mars de Kizil Bayrak.  A Malatya, les correspondants de Demokrasi Ali Kemal Sel, Ayse Oyman et Cem Dogan et les correspondants d'Özgür Halk, Erdal Söylemez et Serpil Kilic, sont arrêtés par la police pour un communiqué de presse émis le 8 mars à l'occasion de la Journée mondiale de la femme.
    Le 14.3, Mme Nadire Mater, représentante en Turquie de Reporters sans frontières est arrêtée à Diyarbakir en compagnie de deux journalistes finlandais.  Le correspondant de Kizil Bayrak à Zonguldak, Orhan Kavci, est placé en détention par une cour pénale.  Le correspondant de Kurtulus à Kocaeli, Sincan Demir, et deux autres correspondants du même journal, Gülay Yücel et Nihat Özcan, sont placés en détention par décision d'une cour pénale.
    Le 15.3, à Istanbul, le correspondant de Proleter Halkin Birligi, Hatun Temizalp, affirme avoir été torturé après sa détention le 7 mars.  Le bureau de Devrimci Genclik à Istanbul subit une descente de police et 32 personnes sont arrêtées. Le rédacteur de Kizil Bayrak, Gonca Dönmezer, est arrêté à Istanbul.  Le n° 14 de Sterka Rizgari est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 17.3, l'avocat et écrivain Ahmet Zeki Okcuoglu est jugé par la CSE d'Istanbul pour avoir traduit un livre intitulé Le Kurdistan et les Kurdes, écrit par Vlademir Minorsky, Thomas Boysand D.N. MacKenzy.  Le procureur chef d'Istanbul, Erdal Gökcen, interdit la présence de caméras de télévision pendant le procès de délits politiques. Selon une décision préalable, seuls les journalistes porteurs d'une carte officielle délivrée par le gouvernement son autorisés à couvrir les procès.
    Le 18.3, le procureur de la CSE de Diyarbakir interdit la présence de journalistes dans la salle d'audience pendant les procès politiques.  A Istanbul, le bureau de Devrimci Genclik subit une nouvelle descente de police et deux employés, Bünyamin Bicer et Nilüfer Altinkaya, sont arrêtés.  La CSE d'Istanbul confisque le n° 65 d'Hedef et le n° 50 d'Özgür Atilim.  L'ancien correspondant à Adana du périodique Alinteri, Hatice Gül, est placé en détention par décision judiciaire.  Une cour pénale d'Istanbul condamne la magazine satirique Leman à payer une amende d'un montant de 12,6 milliards de TL pour une caricature de Galip Tekin.
    Le 20.3, le rédacteur du journal aujourd'hui disparu Özgür Ülke, Veysi Harman, est condamné par la CSE d'Istanbul à 2 ans et 4 mois de prison et à payer une amende de 770 millions de TL, l'écrivain Ali Riza Yurtsever écope d'une peine de prison de 16 mois et d'une amende de 133 millions de TL et l'éditeur Hasan Kücükoba reçoit une amende de 704 millions de TL.  La CSE d'Istanbul interdit la parution de la traduction en turc d'une thèse de doctorat d'un étudiant de l'Université de Toronto, Emir Hasanpur, intitulée Politiques d'Etat à propos de la langue kurde et des droits à la langue.  A Istanbul, le distributeur de Demokrasi Hüseyin Yilmaz est arrêté.
    Le 21.3, à Ankara, le correspondant d'Özgür Halk, Tanju Kuruözü, est arrêté pendant des célébrations non officielles du Newroz et est torturé au poste de police.  Le rédacteur de Milliyet, Mehmet Murat Sabuncu, et le correspondant Eren Güvener sont jugés par la CSE d'Istanbul pour un reportage fait avec le leader d'Aczmendi, Müslüm Gündüz. Les deux journalistes et Gündüz risquent une peine de prison de six ans chacun.
    Le 22.3, à Kayseri, le correspondant d'Atilim, Ali Nihat Eroglu, et le dirigeant de l'IHD, Salahattin Ünsal, sont arrêtés en compagnie de 21 personnes.
    Le 24.3, commence à la CSE d'Istanbul le procès contre l'éditeur du quotidien Radikal, Aydin Dogan, et l'ancien rédacteur responsable, Yesim Denizel Bedük, pour la publication d'une déclaration du leader du PKK, Öcalan. Chacun d'eux risque une amende de pas moins de 50 millions de TL.
    Le 25.3, un procureur d'une CSE d'Istanbul, Mete Göktürk, est inculpé par le procureur public principal sur ordre du ministre de la Justice pour une déclaration faite au quotidien Yeni Yüzyil sur l'autonomie de la justice. Accusé d'insulte à la justice, Göktürk risque une peine de prison de douze ans.
    Le 26.3, la cour de cassation ratifie un total de 4 ans et 4 mois de prison et 333 millions de TL d'amende infligés au sociologue Besikci pour avoir fait de la propagande séparatiste dans ses 15 livres.
    Le 27.3, la CSE d'Istanbul condamne la rédactrice responsable d'Özgür Halk, Cavidan Dogan, à 1 an et 4 mois de prison et à payer une amende de 133 millions de TL pour un article qu'elle a publié. La cour a également décidé de fermer la revue pendant un mois.  Le procureur d'Istanbul confisque le livre de Gerald Messadi Ma vie d'amour et de crime avec Martin Heidegger qu'il qualifie de publication obscène.  A Istanbul, le Centre culturel de la Mésopotamie supérieure (MKM) subit une descente de police et 27 membres sont arrêtés.
    Le 29.3, la cour de cassation ratifie une peine de prison de six mois contre le journaliste du journal d'Adana Bölge, Erhan Ünal, pour avoir insulté le corps des fonctionnaires de l'Etat.
    Le 30.3, une journée culturelle organisée à Antep par HADEP est interdite par les autorités.  Le correspondant de Kizil Bayrak, Ahmet Subasi, arrêté le 6 mars à Izmir, affirme avoir été torturé au centre de police.
    Le 1.4, la cour militaire de l'état-major poursuit le procès contre 12 membres de l'IHD et de l'Association anti-guerre d'Izmir (ISKD) pour avoir publié un livre intitulé Panorama sur les droits de l'homme en Turquie. Chacun d'eux risque une peine de prison de deux ans.  Les dernières éditions d'Özgürlüge Yürüyüs sont confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.  A Urfa, le correspondant de Cumhuriyet, Özcan Günes, est arrêté. Le correspondant de Kurtulus, Hatice Köngec, est arrêté à Adana.  Le correspondant du journal Hatay, Hülya Döver, est agressé et battu par des inconnus à Iskenderun.
    Le 2.4, les membres de la troupe de théâtre Cansenligi Players sont inculpés par le procureur militaire pour avoir incité les  spectateurs à ne pas faire le service militaire dans une de leurs pièces. Ils seront jugés par le tribunal militaire de l'état-major en vertu de l'article 155 du CPT.  RTÜK interdit la diffusion des programmes de Kanal D pendant trois jours.  Deux procès différents contre 86 et 98 intellectuels pour avoir assumé la responsabilité du livre Liberté d'expression sont repris par la CSE d'Istanbul.  La CSE d'Istanbul condamne deux réalisateurs de la radio privée Cevre, Seyit Soydan et Nese Tükenmez, à un an et huit mois de prison et à payer 500.000 TL d'amende pour un programme sur l'assassinat de 11 paysans par les forces de sécurité le 15 janvier 1996 à Güclükonak.  Le président de l'Institut kurde d'Istanbul, Sefik Beyaz, écope d'une amende de 84 millions de TL pour avoir prononcé un discours lors du meeting "Nationalisme et racisme en Europe", organisé par le groupe des verts du PE à Istanbul en mai 1994.  A Istanbul, les Loups gris attaquent et battent un garçon qui distribuait le journal Emek.
    Le 3.4, a Istanbul, la voiture du journaliste de Show TV, Kadir Celik, est attaquée devant son domicile par des tireurs inconnus.
    Le 4.4, le correspondant de Kurtulus, Cenk Aksan, est arrêté à Sivas en compagnie de trois autres personnes.
    Le 5.4, RTÜK interdit la diffusion des programmes de Show TV pendant un jour.
    Le 6.4, le procureur militaire introduit trois actions en justice différentes contre Osman Murat Ülke, président de l'Association anti-guerre d'Izmir (ISKD), pour ses déclarations contre le service militaire. Ülke, qui sera jugé une nouvelle fois par le tribunal militaire de l'état-major, risque un total de 14 ans de prison.  Le président local du Centre culturel Mésopotamie (MKM), Servet Özkan, est arrêté.
    Le 7.4, le n° 24 de Kurtulus est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.  A Adana, le correspondant de Kurtulus, Mehmet Kargilar, est arrêté par la police.
    Le 8.4, l'édition d'avril de la revue Uzun Yürüyüs est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une organisation illégale.
    Le 9.4, la CSE de Diyarbakir condamne le représentant, Salih Tekin, le correspondant, Cemal Dag, et le distributeur d'Özgür Gündem, Ihsan Erdem, à trois ans et six mois de prison chacun.  Une cour pénale d'Ankara condamne le rédacteur responsable du magazine satirique Leman, Kutlu Esendemir, à 3 mois et 15 jours de prison et à payer une amende de 2,3 millions de TL pour avoir insulté le premier ministre Erbakan dans une caricature.  Le correspondant de Selam, Burhan Kavuncu et celui de Haksöz, Ridvan Kaya, sont arrêtés par la police après une manifestation de protestation contre Israël.
    Le 10.4, le procureur d'Istanbul ouvre deux procès contre le rédacteur de Atik, Abdurrahman Dilipak, et demande 12 ans de prison.  Nurettin Sirin, rédacteur en chef du journal islamiste Selam inculpé en même temps que le maire de Sincan, risque une peine de prison de 31 ans. Il est accusé d'avoir tenté de créer un Etat religieux.  Le bureau de Kurtulus à Ankara subit une descente de police; les correspondants de ce journal, Volkan Aydin et Halil Aksu, sont arrêtés en même temps qu'Enis Colak et Gönül Sayginer, correspondants de Kizil Bayrak, et huit autres personnes.
    Le 11.4, à Istanbul, le bureau d'Hedef est détruit par l'explosion d'une bombe.
    Le 13.4, la campagne de l'IHD pour la liberté d'opinion et la mise en liberté d'Ismail Besikci est interdite par le gouverneur de Mus.
    Le 14.4, le n° 25 de Kurtulus est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'une organisation illégale.
    Le 16.4, le correspondant de Demokrasi Zülfikar Ali Aydin est harcelé par la police à Istanbul alors qu'il couvrait une manifestation d'étudiants. Il est ensuite torturé pendant sa détention policière.  Le correspondant de Kurtulus, Murat Kuyumcu est arrêté à Istanbul.  La police arrête le représentant à Iskenderun d'Atilim, Altan Koman, alors qu'elle fait une descente dans son bureau.
    Le 17.4, le distributeur de Kurtulus, Mehmet Öztürk, est arrêté à Antalya.
    Le 19.4, une demande de la Fondation kurde pour la culture et la recherche (Kürt-Kav) afin d'organiser des cours de kurde est rejetée par la Direction nationale de l'éducation.  Les correspondants de Kurtulus Sinan Gürz et Baris Karatepe sont arrêtés à Malatya.
    Le 20.4, les correspondants de Kurtulus, Banu Gündogdu, Mehmet Yildiz, Ibrahim Caglar et Nilüfer Günes ainsi que celui de Devrimci Genclik, Bülent Özpolat, sont arrêtés à Istanbul.
    Le 21.4, le rédacteur de Devrimci Genclik, Cem Duman, et le correspondant Yalcin Hafci, ainsi que les distributeurs d'Atilim, Özgül Itmec et Gülay Coban, sont arrêtés à Istanbul.
    Le 22.4, à Istanbul, la police arrête le correspondant de Kurtulus, Ali Ihsan Kilic, après l'avoir blessé en tirant sur lui.
    Le 23.4, la gendarmerie fait une descente dans le bureau de Tuzla du journal Dayanisma et arrête les journalistes Mahsuni Yilmaz, Zafer Dolu et Nail Bozdemir.
    Le 24.4, le n° 8 de et le n° 3, une édition spéciale, de Partizan Sesi sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.  Trois membres du Théâtre Fetih d'Izmir, Mehmet Vahi Yazar, Memet Elmas et Ahmet Cakir, sont arrêtés à Izmir pour avoir insulté Atatürk dans une pièce qu'ils représentaient. Le procureur de la CSE d'Ankara ordonne également l'arrestation d'autres membres de la troupe.
    Le 25.4, des fondamentalistes islamiques attaquent un groupe de journalistes qui tentaient d'interviewer des religieux et battent brutalement un cameraman de HBB TV.  La CSE d'Istanbul inflige au rédacteur d'Özgür Halk, Ismail Cim, 6 mois de prison et une amende de 50 millions de TL et au rédacteur Mehmet Can Yüce 2 ans de prison et une amende de 400 millions de TL. La cour a également décidé d'interdire la publication du journal pendant un mois.  A Adana, le rédacteur du local Güney Uyanis, Hamdi Batman, est arrêté par la police.  Quinze personnes sont arrêtées à Amasya, Izmir, Eskisehir et Balikesir en relation avec l'affaire du Théâtre Fetih d'Izmir.
    Le 26.4, le correspondant de Demokrasi, Temel Demirer, est arrêté par la police à son domicile d'Ankara.  A Adana, la police fait une descente dans les bureaux de Kurtulus et Tavir. Pendant l'opération, un membre du groupe musical Nisan Günesi, Selcuk Eroglu, est arrêté avec d'autres personnes.
    Le 27.4, la CSE d'Istanbul confisque les dernières éditions de Devrimci Emek, Direnis, Alinteri, Kurtulus et Hedef pour propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
    Le 28.4, RTÜK interdit les émissions de Show TV et Radio D pendant un jour.  Ayse Kavci, l'épouse du correspondant de Kizil Bayrak, Orhan Kavci, affirme avoir été obligée de devenir une informatrice de la police après la détention de son mari le 11 mars.  Le directeur de la maison d'édition Belge, Ayse Nur Zarakolu, est condamné une nouvelle fois par la CSE d'Istanbul à six mois de prison pour avoir édité le livre d'Yves Ternon sur le génocide arménien intitulé Le Tabou arménien. La peine de prison a ensuite été commuée en une amende de 101 millions de TL. Pour ce même livre, Zarakolu avait été condamné à deux ans de prison mais la cour de cassation avait demandé à la CSE de revoir la sentence.  Le poète-écrivain Yilmaz Odabasi avait également été condamné pour ce livre à un an de prison et à payer une amende de 933 millions de TL pour propagande séparatiste. Dans le nouveau procès, le procureur demande une peine de prison allant jusqu'à 7 ans et 6 mois.
    Le 29.4, RTÜK interdit les émissions de Kanal D pendant un jour.  La police fait une descente de police dans les bureaux de Partizan Sesi à Adana et confisque des posters sur le premier mai.
    Le 30.4, la CSE d'Istanbul impose au rédacteur de Sterka Rizgari, Mete Demirkol, six mois de prison et une amende de 75 millions de TL et à l'éditeur Riza Dinc une amende de 150 millions de TL pour propagande séparatiste. La cour a également décidé d'interdire la publication de la revue pendant un mois.   A Tuzla, le correspondant de Dayanisma, Mahsuni Yilmaz, affirme avoir été torturé pendant quatre jours suite à sa détention le 23 avril.
    Le 2.5, la publication de l'hebdomadaire Aydinlik est interdite pendant un mois en accord avec une décision de la CSE d'Istanbul ratifiée par la cour de cassation. Cette dernière a également ratifié une amende de 105 millions de TL contre le rédacteur d'Aydinlik, Serhan Bolluk.
    Le 4.5, à Ankara, 25 membres du Parti du pouvoir socialiste (SIP) sont arrêtés alors qu'ils vendaient leur revue, Sosyalist Iktidar.
    Le 5.5, le gouverneur d'Ankara interdit une campagne d'affichage de posters de EMEP pour commémorer les leaders de la jeunesse révolutionnaire des années 60, Deniz Gezmis, Yusuf Arslan et Hüseyin Inan.
    Le 6.5, l'édition spéciale pour le premier mai de Proleter Halkin Birligi est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.  Le correspondant d'Atilim à Iskenderun, Mikail Vayic, est jugé par la CSE de Malatya pour appartenance à une organisation illégale.
    Le 7.5, le gouverneur de Yozgat interdit au Théâtre Birikim la mise en scène de deux pièces de théâtre sous prétexte qu'elles ridiculisent un général.
    Le 9.5, le livre d'Hasim Kutlu Discussion sur l'identité Alévi, publié par Belge Yayinlari, est interdit par la CSE d'Istanbul qui l'accuse d'inciter les Alévis à l'hostilité.  La présentation de la pièce Histoires du pays par le Théâtre Ekin est interdite par les gouverneurs de Diyarbakir, Batman et Adiyaman.
    Le 10.5, un concert du groupe Kizilirmak, organisé à Sivas par le Parti de la liberté et la solidarité (ÖDP) est interdit par le gouverneur.
    Le 12.5, le siège principal du quotidien Hürriyet à Istanbul est attaqué par un fanatique islamique armé suite aux provocantes déclarations de Ciller contre ce média.
    Le 13.5, à Batman, les émissions de la télévision locale Kanal 72 sont interdites par ordre du maire suite à un programme sur la question de l'eau dans la ville.  Le n° 64 d'Odak est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 14.5, à Gaziantep, le coordinateur général du journal Metropol, Burhan Veli Torun, est abattu par des tireurs inconnus. Dans un programma de télévision il avait accusé les chefs de la sûreté d'avoir kidnappé le propriétaire de Yaprak TV le 25 avril 1996.
    Le 15.5, les bureaux d'Adana de Kurtulus et Tavir subissent des descentes de police et plusieurs personnes sont arrêtées.
    Le 17.5, le procureur de la CSE d'Istanbul introduit une action en justice contre Emin Karaca, secrétaire général de l'Union des écrivains de Turquie (TYS) et l'éditeur Muzaffer Erdogdu pour avoir traduit et publié le livre de l'écrivain allemand Leo Müller intitulé Gladio Kontrgerilla.
    Le 20.5, les sièges principaux du quotidien Sabah et de la télévision ATV sont attaqués par trois tireurs inconnus.  A Gaziantep, le propriétaire de Yaprak TV, Mehmet Ali Yaprak, est arrêté en relation avec l'assassinat de Burhan Veli Torun le 14 mai.  L'éditeur responsable de Hedef, Celal Dönmez est arrêté à Istanbul.
    Le 21.5, le procureur de Sisli à Istanbul, ordonne la confiscation de toutes les éditions publiées de l'hebdomadaire Devrimci Aydinlik sous prétexte qu'il s'agit d'une continuation d'Aydinlik, fermé récemment par décision judiciaire.  A Edirne, le gouverneur interdit les posters d'EMEP contre la hausse des prix, le chômage, les agressions fascistes et la contre-guérilla.
    Le 22.5, la CSE d'Ankara impose au directeur de Yurt Yayinlari, Ünsal Öztürk, une amende de 220,6 millions de TL pour avoir publié quinze livres d'Ismail Besikci. Il est accusé de propagande séparatiste.  Au cours d'une attaque des Loups gris contre l'Université d'Istanbul, le cameraman de Kanal E, Deniz Dursun, le correspondant de Demokrasi, Cengiz Cinar, et le correspondant de Radikal, Sebnem Aksoy, sont blessés par les assaillants et les policiers.
    Le 23.5, le rédacteur de la revue islamiste disparue Taraf, Kazim Albayrak, est condamné par la CSE d'Izmir à 15 ans de prison pour avoir pris part aux activités de IBDA-C.  Le périodique Nu Roj est interdit pour une période indéfinie pour ne pas avoir déclaré à temps son changement d'adresse.
    Le 28.5, Bulent Balta, chimiste diplôme de 27 ans, est arrêté pour purger une peine de prison de deux ans et demi en vertu de la loi anti-terreur pour des articles publiés fin 1993 dans le journal, aujourd'hui interdit, Özgür Gündem. Balta n'a  travaillé que 12 jours comme rédacteur de ce journal avant d'être arrêté en novembre 1993.
    Le 30.5, le procureur de la CSE d'Ankara inculpe le rédacteur de Cumhuriyet Mustafa Ekmekci, décédé une semaine auparavant, avec quatre autres activistes des droits de l'homme pour un discours prononcé pendant la Semaine des droits de l'homme en décembre 1996.  Le procureur chef de la cour de cassation a demandé au procureur d'Ankara d'intenter des actions en justice contre huit journalistes de Milli Gazete, Akit et Yeni Safak pour avoir critiqué le procès intenté par lui-même pour demander la fermeture du RP.
    Le 31.5, la CSE d'Ankara interdit deux posters édités par le Syndicat des travailleurs de l'enseignement (Egitim Sen) pour propagande séparatiste.