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38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
E-mail:  info.turk@ping.be
 Chief Editor /Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Responsible editor/Editrice responsable: Inci Tugsavul


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23e Année - N°252

August/Août 1999

Cri de fureur!

SEISME/EARTHQUAKE

  • Colère dans la presse sur le "fiasco" des secours
  • L'économie turque a été frappée au coeur par le séisme
  • Earthquake Threatens Turkish Economy
  • Les sinistrés ont le sentiment d'avoir été "abandonnés"
  • Les constructions hâtives ou malhonnêtes mises en cause
  • Les voisins de la Turquie font assaut de solidarité`
  • Un nouveau coup au tourisme turc
  • Le séisme "volonté de Dieu", répond Demirel
  • Le centre de crise refuse les secouristes arméniens
  • Le séisme frappe de plein fouet les PME
  • A Minister Rejects International Assistance Offers
  • Turks Criticize The Government's Response to the Quake
  • "20 à 25 milliards de $ d'aide nécessaires."
  • Le séisme pourrait faire baisser le PIB de 1 à 1,5%
  • Les polémiques de la reconstruction commencent
  • La confusion totale dans les bilans du séisme
  • Government and Army Criticized for Inadequate Rescue
  • Le gouvernement repousse "la taxe de solidarité"
  • INTERIOR POLITICS/POLITIQUE INTERIEURE

  • Le parlement légalise un retour politique d'Erbakan
  • STATE TERRORISM/TERREUR DE L'ETAT

  • Amnesty scandal in Turkey
  • Libération du président du SP Dogu Perincek
  • Briefing on the death penalty
  • Human Rights Foundation Publishes Report on 1998
  • IHD Reports on Systematic Torture in 1999
  • Kurdish Mayor of Baykan Tortured in Detention
  • Torture Law Is Passed by Turkish Parliament
  • "Press Crimesì Law Includes Only Limited Amnesty
  • Le parlement part en vacances jusqu'au 1er octobre
  • IHD criticizes the law on partial amnesty
  • Another court action against human rights defenders
  • PRESSURE ON THE MEDIA/PRESSIONS SUR LES MEDIAS
  • Le chanteur Kaya fait l'objet de lynchage médiatique
  • Journalist Duzgoren repeatedly harassed
  • Newly enacted gang law: a potential trouble for the press
  • RSF calls for amnesty for imprisoned journalists
  • Television station banned for broadcast on earthquake
  • La chaîne TV suspendue accuse le gouvernement
  • RSF réagit contre la suspension
  • KURDISH QUESTION/QUESTION KURDE
  • ARGK annonce qu'elle va se retirer de Turquie
  • Ecevit exclut tout "marchandage" avec Ocalan et le PKK
  • Le procureur général réclame la pendaison pour Ocalan
  • La Cour de cassation examinera en octobre le cas d'Ocalan
  • Demirel reçoit les maires des provinces kurdes
  • Kurdish-Speaking MP Stirs Nationalist Anger in Parliament
  • "Le PKK prêt à rendre les armes contre une amnistie"
  • Une société britannique avait proposé d'assassiner Ocalan
  • Ecevit opposé à l'autonomie culturelle des Kurdes
  • Repentance Law for PKK Members Has Limited Scope
  • ARMED FORCES/FORCES ARMEES
  • L'expulsion des  58 officiers "extrémistes"
  • MAFIA RELATIONS/RELATIONS MAFIEUSES
  • Le gouvernement autorise le blanchiment d'argent
  • SOCIO-ECONOMIC-SOCIO-ECONOMIQUE
  • New Book Criticizes GAP Dam Project in Turkey
  • Réaction au projet de centrale nucléaire turque
  • Assassinat du secrétaire général de la Turk-Is
  • Adoption d'une loi sur l'arbitrage international
  • Grève contre une réforme de la sécurité sociale
  • La réforme des retraites votée par le parlement
  • RELATIONS WITH THE WEST/RELATIONS AVEC L'OUEST
  • Un dirigeant américain dénonce le manque de droit des Kurdes
  • Ankara critique les propos du responsable américain
  • REGIONAL RELATIONS/RELATIONS REGIONALES
  • Près de mille Chypriotes-grecs en pèlerinage

  •  

    SEISME/EARTHQUAKE

    Cri de fureur!

     La Turquie a été frappée par un tremblement de terre. Plus de 3.400 personnes ont été tuées selon un nouveau bilan provisoire dans le séisme qui a également fait plus de 16.000 blessés dans le nord-ouest du pays.
     Le feu qui s'était déclenché à la raffinerie d'Izmit, dont tout le personnel a été évacué, n'a toujours pu être maîtrisé et menace la ville. Le feu a gagné pendant la nuit 3 réservoirs sur une trentaine, et tous les habitants dans les 5 kilomètres à la ronde ont été évacués. "Si le feu n'est pas maîtrisé, il pourrait gagner des installations voisines et créer un nouveau désastre", a souligné le gouverneur de la province.
     Comme il est révélé par les médias, les ravages du violent tremblement de terre ont mis en évidence pour la quantième fois l'incapacité des dirigeants du pays de gérer une crise de cette ampleur et le degré des irrégularités et des escroqueries dans le secteur du bâtiment.
     Fiasco total dans l'opération de sauvetage
     Alors que les civils fouillaient, souvent à main nue, des enchevêtrements de poutres métalliques tordues, de morceaux de bois et de plaques de béton brisées, à la recherche d'un proche, les équipes de sauvetage des instances publiques ou de l'Armée étaient presque absentes pendant toute la journée.
     En effet, le quotidien libéral Radikal accuse l'Etat d'avoir été incapable de fournir une aide suffisante à la région frappée par le séisme. "Nous nous sommes effondrés", titre le journal. "La région la plus industrielle de Turquie est en ruine... L'opération de secours est un fiasco total".
     Le quotidien islamiste Zaman soulignait aussi l'inefficacité des secours. "Désastre la nuit, scandale le jour", résumait-il en titre.
     Le quotidien libéral Milliyet souligne que les officiels restent démunis devant le violent séisme qui a écrasé des immeubles en emprisonnant des centaines de personnes sous les décombres.
     Protection des entrepreneurs voleurs
     "Mon Dieu", écrivait le quotidien populaire Sabah. "C'est comme si quelqu'un avait lâché une bombe atomique. Des immeubles de sept ou huit étages se sont effondrés comme des châteaux de carte".
     "Assassins! Lâches!"", s'exclame le quotidien à grand tirage Hurriyet avec une photo d'une jeune femme gisant inconsciente sous des morceaux de béton. Le journal accuse "des constructeurs indécents" d'avoir bâti des immeubles sans le moindre souci des règles de sécurité minimales.
     Le quotidien accuse également le gouvernement d'avoir préparé une amnistie pour 18 entrepreneurs traduits devant le tribunal pour irrégularités dans la construction des
    bâtiments effondrés l'année passée au tremblement de terre à Adana et jugés actuellement en vertu de l'article 455 du Code pénal turc. Alors que les prisonniers d'opinion sont
    exclus d'une amnistie partielle, le gouvernement d'Ecevit a proposé à l'Assemblée nationale d'amnistier ces entrepreneurs.
     La presse turque rappelle également un rapport des experts japonais concernant l'état des bâtiment publics à Istanbul et à ses environs dans lequel les entrepreneurs sont accusés d'utiliser des matériels quantitativement et qualitativement insuffisants pour détourner les investissements.
     Réalisé suite à la demande de l'Administration des logements sociaux (TKI) avec le soutien de la Banque mondiale, ce rapport établissait qu'Istanbul et ses environs auraient entièrement été détruits en cas
    d'un séisme à l'échelle de 6,5. Le rapport suggérait de reconstruire ou de renforcer des bâtiments publics pour éviter une catastrophe comme celle d'hier.
     Hürriyet révèle également un rapport de la Chambre des architectes d'Istanbul qui affirme que depuis quarante ans quelque 90 pour-cent des bâtiments publics ont été construits avec matériels insuffisants.
     Selon le quotidien, ces deux rapports n'ont jamais été pris en considération par les autorités publiques.
     Crimes écologiques impardonnables
     Le sort réservé à Izmit est une autre preuve de la responsabilité irréfutable des dirigeants du régime.
     Izmit, où était situé l'épicentre du tremblement de terre d'hier matin avait été déjà ébranlée par des secousses sismiques le 6 juillet. Avec sa population de 500.000, Izmit est le centre industriel le plus important du pays. L'agglomération compte en particulier la plus importante raffinerie du pays, Tupras, qui était en feu hier matin, ainsi que de nombreuses usines chimiques, agro-alimentaires, et les principales papeteries de Turquie.
     Les autorités turques ont toléré depuis des années l'existence d'une raffinerie dans cette région fort peuplée et fort industrialisée. Malgré les critiques des milieux écologistes contre l'existence de cette bombe à retardement, elles n'ont pris aucune mesure pour éviter une catastrophe éventuelle.
     On ignore actuellement l'ampleur exacte des dégâts infligés aux industries de la ville et de sa périphérie, mais il est plus que probable qu'ils sont considérables et que l'économie turque va être durablement affectée.
     Aidez le peuple de Turquie!
     Aujourd'hui, ces mêmes autorités civiles et militaires, afin de combler leur défaillance, attendent le secours des pays étrangers y compris les pays qu'elles accusaient depuis des années comme "les ennemis de la Turquie."
     Malgré les accusations gratuites du régime d'Ankara, devant une catastrophe de cette ampleur, ces pays doivent se mobiliser pour aider le peuple de Turquie qui est la victime non seulement d'une catastrophe naturelle, mais également de l'irresponsabilité, de l'escroquerie et de l'incapacité de ses dirigeants. (Communiqué d'Info-Türk, le 18 août 1999

    Colère dans la presse sur le "fiasco" des secours

     La presse turque dénonçait le 19 août avec colère et amertume le "fiasco" de l'organisation des secours après le séisme qui a fait plus de 4.000 morts en Turquie, incriminant leur lenteur et le manque de mesures prises après les précédents tremblements de terre.
     Les journaux relevaient que des milliers de personnes prises sous les décombres attendaient toujours de l'aide et que les survivants manquaient de médicaments, de nourriture et de tentes dans la région sinistrée, deux jours après le séisme de magnitude 7,4 sur l'échelle ouverte de Richter qui a ravagé le nord-ouest densément peuplé.
     "Les efforts des centres de crise sont un fiasco complet", soulignait le quotidien libéral Milliyet. "Des morts partout, les gravats ne peuvent être déblayés, il ya des menaces d'épidémie et l'impuissance. L'Etat n'est qu'un spectateur", estimait-il.
     Selon Milliyet, un entrepreneur en bâtiment de Yalova, l'une des villes les plus durement frappées, sur la mer de Marmara, a failli se faire lyncher et sa voiture a été incendiée car 90% des immeubles qu'il a construits dans la région se sont effondrés.
     Pour Cumhuriyet (centre-gauche), "l'affaire du séisme se déroule comme prévu. D'abord les morts et les blessés, puis les accusations. C'est la même chose depuis 40 ou 50 ans. Et les précautions qui devaient être prises? Le débat surgit seulement quand le séisme est un sujet chaud, puis il disparaît."
     "Ou est l'Etat?", se demande un autre éditorialiste, critiquant les centres de crise mis en place et se demandant "si la seule fonction de l'Etat est de compter les mort."
     Il dénonce la quasi inexistence des contrôles et inspection des constructions, dont bon nombre ne respectent pas les normes de sécurité ou sont bâties sans permis. "Nous n'avons pas besoin d'un séisme pour que les maisons s'effondrent, une brise suffit", selon le journal.
     Hurriyet, qui fait sa une avec une photo de la patinoire d'Izmit transformée en morgue, relève que "le séisme a prouvé que les gouvernements (précédents) n'ont rien fait pour protéger les vies et les biens des citoyens ou les biens naturels et industriels du pays".
     "Que ce soit la dernière leçon!" s'exclame Turkiye (conservateur), en soulignant l'insuffisance des structures de secours.
     La Turquie, située sur une faille sismique, ne possède qu'un seule équipe spécialisée dans les secours aux victimes des séismes, Akut, une organisation non gouvernementale (ONG), rappelle le quotidien.
     Radikal (libéral) titrait: "Ils sont morts sous nos yeux à cause de négligences".
     "Les héros" titrait par ailleurs le journal populaire Sabah, saluant les "efforts extraordinaires" des équipes de secours turques et étrangères, notamment russes, italiennes, américaines, grecques, suisses, israéliennes et allemandes.
     Le quotidien déplore cependant qu'"aucun pays musulman" ne participe à la solidarité internationale mis en place en Turquie après le séisme. (AFP, 19 août 1999)

    L'économie turque a été frappée au coeur par le séisme

     Le séisme qui a ébranlé le nord-ouest de la Turquie a frappé au coeur l'économie turque dans la région où sont concentrées les principales industries, notamment le raffinage et la pétrochimie.  Avec Istanbul, le nord-ouest de la Turquie, notamment la rive asiatique de la mer de Marmara, représente la plus forte densité de population et d'industries.  Le nord-ouest, avec plus de 10 millions d'habitants pour la seule agglomération d'Istanbul, regroupe 45% de la population turque, selon le ministre du Logement et des Travaux publics Koray Aydin.
     Les sept provinces, qui ont été secouées à des degrés divers, hébergent selon les chiffres officiels plus de 45% de l'industrie turque et représentent quelque 34,5% du produit intérieur brut (PIB) total. En 1997 Istanbul à elle seule représentait 22,5% du produit intérieur brut de la Turquie.
     Les autorités qui se sont concentrées sur les secours aux personnes ensevelies sous les décombres, n'avaient pas commencé à évaluer les dégâts, ni fait le point sur les perturbations de l'activité industrielle. La presse turque se contentait d'évoquer des milliers d'immeubles détruits.  C'est à Izmit, important centre de raffinage et de pétrochimie que la situation, était la plus préoccupante. Le 18 août en fin de matinée, l'incendie qui s'était déclenché après le séisme faisait rage de plus belle à la raffinerie d'Izmit, la plus importante de Turquie.
     La raffinerie d'Izmit, opérée par le groupe public turc Tupras, a une capacité de raffinage de 11,5 millions de tonnes de brut et des installations de stockage de 861.000 m3 de brut (16 réservoirs) et de 838.000 m3 de produits raffinés (86 cuves), selon le rapport 1997 de Tupras.
     Selon une source informée, la raffinerie de Tupras produisait avant le séisme 86% de la consommation pétrolière turque, ce qui fait peser des risques de pénurie de carburant.  Des unités de pétrochimie de la société Petkim (groupe privé Sabanci) sont également installées à proximité.
     La province d'Izmit-Kocaeli, épicentre du séisme d'une magnitude de 7,4 sur l'échelle de Richter et où au moins 883 morts avaient été recensés, concentre 15% de l'industrie, 5% du total des exportations turques et 5% du PIB. (AFP, 18 aût 1999)

    Earthquake Threatens Turkish Economy

     Flames leap from a key oil refinery and roads and telephone lines are in ruins in Turkey's economic heartland, devastation that is likely to jeopardize government plans to carry out tough economic reforms.
     The earthquake, which struck on August 17, has left thousands of people dead and parts of western Turkey in ruins. The area accounts for some 35 percent of Turkey's gross domestic product.
     People in the devastated region are demanding aid to rebuild their homes from a government that is already struggling to cut back a state deficit estimated at more than $20 billion and reduce an annual inflation rate of 50 percent.
     Turkey's leading business newspaper, Finansal Forum, estimated that the earthquake could cost the country as much as $25 billion. The paper's estimate was based on the loss of production in the area struck. It was not clear if it also included the cost of rebuilding.
     Erkut Yucaoglu, the head of TUSIAD, the country's leading association of industrialists and businessmen, said the total cost could reach $40 billion.
     "The economy was already in a difficult position," Prime Minister Bulent Ecevit said. "Now, it will be worse."
     The disaster comes as Turkey is hoping to sign a crucial $5 billion loan with the International Monetary Fund later this year, and is working on reforms that are needed before the loan is approved.
     But as Turkey assesses the earthquake damage, reforms may become more difficult due to the need to rebuild.  In a statement from Washington, the World Bank pledged $120 million in new loans and said that $100 million in existing loans would be transferred to Turkey more quickly.
     Clouds of black smoke billowed today from the state-run Tupras oil refinery, which provides more than a third of Turkey's retail and industrial grade fuel.
     Several factories have had to close due to the earthquake. Roads in the region are shut, telephone lines are down and thousands of homes will have to be rebuilt.  Turkey's leading carmaker, Tofas, sent its workers on leave today and suspended production until Aug. 23 to allow employees to help relatives and friends affected by the earthquake. Tofas, said, however, that its factory was not damaged.
     There were also worries that the quake would scare tourists away from Turkey, especially given the damage to Istanbul.
     About 10 million tourists come to Turkey each year, but tourism was already faltering this year.
     Many tourists canceled trips to Turkey when Kurdish rebels, who have been fighting for autonomy in southeastern Turkey for 15 years, threatened to attack resorts and other tourist areas following the February arrest of their leader Abdullah Ocalan. (AP, August 19, 1999)

    Les sinistrés ont le sentiment d'avoir été "abandonnés"

     Les grues et les secours sont enfin arrivés le 19 août à Golcuk, où des centaines d'immeubles se sont effondrés le 17 août lors du tremblement de terre, mais les habitants restent amers, estimant avoir été "abandonnés" par les autorités.
     "C'est trop tard. Nous ne retrouverons que des morts", tempête Muge Aytekin, dont la tante et l'oncle ainsi que de nombreux amis sont encore sous les décombres, dans cette ville turque située à une quinzaine de kilomètres d'Izmit.
     "Ils ont préféré s'occuper d'abord des militaires" --le quartier général de la base aéronavale de la ville s'est effondré sur plusieurs officiers-- "les civils peuvent toujours attendre", s'insurge Bulent Ertekin.  Depuis 48 heures, ce jeune homme reste devant l'immeuble effondré de sa mère dans l'espoir qu'il soit exploré et que l'on retrouve son corps.
     "Hier soir, des militaires ont enfin commencé à travailler ici, mais ils se sont arrêtés au bout de vingt minutes car le soleil se couchait. Aujourd'hui, ils ont dû laisser la place à une excavatrice qui ne laisse aucune chance aux vivants", poursuit-il, priant pour que le cadavre de sa mère lui soit rendu entier.
     Un étudiant en médecine originaire d'Izmir, qui a mis en place avec quinze autres un service d'ambulances, explique que certains habitants se sont attaqués aux sauveteurs.
     "Ils sont devenus fous en voyant qu'on ne leur venait pas en aide et qu'on laissait des gens souffrir depuis deux jours sous les ruines".
     Le jeune homme ne leur donne cependant pas tort.
     "Jusqu'à aujourd'hui, pratiquement seuls soixante-dix Russes et l'organisation civile turque Akut, composée de volontaires, étaient sur le terrain. Malgré leur bonne volonté, ils ne disposaient ni de matériel pour couper le ciment ni de grues de levage", poursuit-il. "Maintenant les corps commencent à se décomposer sous les gravats mais personne ne semble, non plus, se préoccuper des risques d'infections".  Un habitant de Golcuk, Yusuf Arikan, juge de son côté, que "la désorganisation pouvait paraître normale, car personne n'est préparé à de telles catastrophes, mais pas au deuxième ni au troisième jour..."
     "Heureusement, il y a la solidarité", conclut-il.
     De l'aube au coucher du soleil, les habitants de Golcuk, comme des autres communes secouées par le séisme, s'activent. Ils piochent, poussent des briques, arrachent des pans de murs, pour retrouver des corps.
     Des milliers de voitures ont pris la route de la zone sinistrée, provoquant des bouchons sur plusieurs dizaines de kilomètres pour apporter de l'eau, des vivres et des couvertures et participer aux recherches improvisées.
     Parmi eux, 150 employés d'une usine de voitures de Bursa.
     "Ce ne sont pas des professionnels et peut-être que ce qu'ils font est dangereux pour les survivants", observe un passant. "On fait ce qu'on peut", rétorquent les sauveteurs.
     En fin d'après-midi, ils ont reçu l'aide de nombreux militaires turcs, de sauveteurs israéliens et espagnols, ainsi que d'une soixantaine de sapeurs-pompiers français arrivés de Lorraine. Une dizaine de grues et de pelleteuses ont commencé à déblayer les décombres. (AFP, 19 août 1999)

    Les constructions hâtives ou malhonnêtes mises en cause

     Les Turcs, comme plusieurs experts étrangers, évoquent les modes de construction des immeubles écroulés pour expliquer l'ampleur des dégâts causés par le séisme dans l'ouest de la Turquie.
     L'honnêteté des promoteurs immobiliers est notamment mise en cause ainsi que la corruption qui aboutit au manque de contrôle. Comme dans une grande partie de la Turquie, ces immeubles, hauts de 5 ou 6 étages, se sont multipliés dans cette région. On en voit tout au long de la route entre Istanbul et Imzit ainsi que sur les côtes de la mer de Marmara.
     Dans un pays où l'inflation atteint 70% l'an, c'est avantageux. "La construction a suivi l'inflation", explique Guy, un ingénieur-géologue canadien installé depuis 7 ans en Turquie et qui souhaite rester anonyme.   "Les produits bruts -béton, sable, tuiles, tôles- sont très accessibles et le gouvernement encourage l'immobilier afin notamment d'héberger les populations qui arrivent de l'est du pays" explique-t-il.
     "Mais il est facile de blâmer la Turquie, il faut tenir compte de la complexité de la population" poursuit-il en vantant le dynamisme d'un pays qui est selon lui "en train de passer de l'Orient à l'Europe". "Il faudrait peut-être limiter la hauteur des constructions", suggère-t-il.
      En 1992 déjà, un séisme avait touché le pays qui se trouve sur une fracture géologique appelée "faille anatolienne".
     Pour le chef de l'équipe de sauveteurs suisses, Beat Kunzi, "les Turcs ont des normes de construction très sévères, bien calculées" mais "il y a tellement de constructions, il ne peuvent pas suivre, ça va trop vite".
     La plupart des immeubles écroulés semblent récents. Diverses rumeurs circulent sur le fait que dans certains quartiers d'Izmit, tous les bâtiments édifiés par la même entreprise auraient connu le même sort.  A Yalova, plus loin sur la côte, le promoteur de plusieurs immeubles détruits aurait même dû prendre la fuite pour échapper à la vindicte populaire. Sa voiture a été brûlée, a annoncé la radio. "Ce sont des voleurs qui ont construit ça" a dit à l'AFP un père de famille devant l'immeuble où sa femme et ses enfants sont morts écrasés.
     La résistance d'un immeuble de béton est notamment liée à l'armature de fer qui assure la rigidité de l'ensemble. Can Erden, un technicien du bâtiment turc venu de Zonguldak, au nord du pays, pour aider aux secours, a expliqué à l'AFP qu'il avait vu dans certains immeubles détruits des piliers qui auraient dû compter une armature de fer tous les 10 centimètres et où ils étaient trois fois moins nombreux.
     Sur la colline qui domine Imzit, une cité de 2.000 logements encore inhabités et quasiment intacts, semble confirmer que les normes sont aussi respectées. Toutefois, "on a vu écroulées des maisons très solides ainsi que d'autres mal faites", relativise Fred Lauener, le responsable de la communication des sauveteurs suisses.
     "Avec un tel tremblement de terre, il y aurait eu de gros dégâts en Allemagne et aux Etats-Unis" ajoute Stephen Kristen, un ingénieur suisse de cette équipe. (AFP, 20 août 1999)

    Les voisins de la Turquie font assaut de solidarité`

     La Turquie, frappée par l'un des pires désastres naturels qu'elle ait jamais connu, a été entourée d'une vague de solidarité sans précédent par ses voisins, en particulier ceux avec lesquels elle entretient de difficiles relations en temps normal.
     Emus de l'ampleur du violent séisme qui l'a frappée de plein fouet  en faisant plus de 7.000 morts et des dizaines de milliers de blessés, tous ses voisins ont exprimé à la Turquie leur sympathie ou envoyé de l'assistance humanitaire.
     En tête est venue la Grèce, elle aussi à haute sismicité, frère ennemi de la Turquie au sein de l'OTAN.
     Fait sans précédent, le ministère grec de la Santé a appelé les Grecs à des dons de sang afin de parer aux besoins des victimes turques et plusieurs donneurs se sont présentés dans les hôpitaux publics.
     "Nous n'avons certes pas réglé nos problèmes, mais pour nous c'est le problème humanitaire qui l'emporte. En ce moment il faut donc aider nos voisins à surmonter ce fléau", a déclaré le chef de la diplomatie Georges Papandréou, qui a spécialement écourté ses vacances.
     Athènes a aussi dépêché plusieurs équipes de secours et des avions C-130 et CL 415 Canadair ainsi qu'un hélicoptère spécial utilisé dans l'extinction d'incendies.
     Le 20 août, les médias turcs saluaient unanimement cette aide, relevant que le séisme a rapproché les deux voisins de la mer Egée.
     "La Grèce agit comme si elle était un ami de 100 ans", s'émerveillait le quotidien populaire Sabah, qui ne rate en temps normal aucune occasion de fustiger Athènes.
     L'Iran a immédiatement exprimé sa sympathie envers le peuple turc et son président Mohammad Khatami a proposé l'aide humanitaire de son pays.
     Quatre jours auparavant, le deux pays signaient, après de difficiles négociations à Ankara, un accord de coopération dans la lutte anti-terroriste qui vise principalement la rébellion kurde de Turquie, désamorçant plusieurs semaines de tension.
     Téhéran avait accusé les forces turques d'avoir bombardé son territoire, ce qu'Ankara avait démenti.
     Le gouvernement irakien a lui annoncé une aide gratuite en pétrole d'une valeur supérieure à celle de l'aide américaine.
     "Nous sommes assiégés, nos conditions difficiles sont bien connues" mais "notre peuple tient à jouer un rôle lorsqu'il s'agit de cicatriser les blessures des frères et voisins musulmans", a-t-il indiqué dans un communiqué.
     L'armée turque fait de fréquentes incursions dans le nord de l'Irak pour frapper les bases arrière de la rébellion kurde. La Turquie accueille en outre dans sa base d'Incirlik les avions américains qui bombardent régulièrement le nord de l'Irak.
     La Syrie a annoncé qu'elle enverrait de l'assistance humanitaire d'urgence. Le Premier ministre Mahmoud al-Zohbi a adressé un message de solidarité et de condoléances à son homologue turc Bulent Ecevit.
     Moins d'un an auparavant, la Turquie menaçait Damas de représailles militaires si elle n'expulsait pas Ocalan.
     Les deux pays avaient ensuite signé, en octobre 1998, un accord à la suite duquel Damas a expulsé Ocalan, qui a ensuite été capturé par la Turquie et condamné à mort.
     Même le gouvernement chypriote s'est mobilisé en faveur de la Turquie, bien qu'elle maintienne 35.000 soldats dans le nord de l'île divisée depuis son intervention armée en 1974: Chypre a envoyé un médecin et une infirmière de l'organisation Médecins du Monde.
     Quant au président arménien Robert Kotcharian, il a adressé un message de condoléances à son homologue turc Suleyman Demirel, proposant l'aide de son Etat, bien que les deux pays n'entretiennent pas de relations diplomatiques. (AFP, 20 août 1999)

    Un nouveau coup au tourisme turc

     Le séisme, qui a ébranlé le 17 août le nord-ouest de la Turquie risque de porter un nouveau coup au tourisme, bien que tous les lieux historiques et les stations balnéaires fréquentés par les étrangers aient été épargnés.
     Alors que le bilan ne cesse de s'alourdir --plus de 10.000 morts à 11H00 GMT-- et que le gouvernement estime à des dizaines de milliers les bâtiments qui se sont effondrés sur leurs occupants, peu d'étrangers ont été victimes du séisme de magnitude 7,4 sur l'échelle de Richter.
     Selon les chiffres fournis par les gouvernements, six Allemands, cinq Américains, deux Israéliens et une Française ont été tués.
     A Istanbul, fleuron du tourisme, "il n'y a pas une fêlure" à la mosquée Sainte-Sophie, au palais des sultans de Topkapi ou à la Mosquée Bleue, souligne le porte-parole du ministère du Tourisme Vahit Aras. "Les régions touristiques n'ont pas été touchées", ajoute-t-il.
     Mais le tremblement de terre risque de décourager l'arrivée des visiteurs étrangers, qui ne font pas la différence, alors que le tourisme en Turquie battait déjà de l'aile depuis le début de l'année.
     La capture d'Ocalan, puis son procès et sa condamnation, les attentats et les menaces proférées par le PKK contre les touristes ont fait chuter la fréquentation.
     Au cours des six premiers mois de l'année, la Turquie a accueilli 3 millions de touristes contre 3,9 millions sur la même période de 1998, soit une baisse de fréquentation de 21,74% à fin juin.
     Selon M. Aras, la fréquentation avait commencé à remonter à partir du 15 juillet, notamment dans les stations balnéraires très prisées d'Antalya, sur la côte méditerranéenne et de Bodrum, au bord de la mer Egée.
     Selon Kasim Zoto, propriétaire de l'hôtel Armada au coeur du quartier historique d'Istanbul, le taux de remplissage des hôtels quatre étoiles à Istanbul est tombé de 70-80% à quelque 50% depuis le début de l'année. Après le tremblement de terre, "ça va être un peu inférieur".
     Les voyagistes français spécialisés sur la Turquie, Marmara et Pacha Tours, n'avaient pratiquement pas enregistré d'annulations.
     Le séisme en Turquie n'a entraîné ni annulation de réservations en Allemagne ni baisse des ventes de voyages à destination de ce pays, selon les compagnies aériennes Lufthansa, Turkish Airlines, les tours opérateurs Touristik Union International et Tuerktur.
     En été  "les gens vont plutôt sur les côtes sud de la Turquie", souligne Leonhard Reeb, le gérant de la Fédération allemande des agences de voyage.
     "Pour le moment nos ventes sont plutôt en hausse car beaucoup de Turcs d'Allemagne sans nouvelles de leurs proches veulent se rendre sur place", note-t-on chez Turkish Airlines à Hambourg.
     "Tous les Turcs d'Allemagne en vacances dans leur famille en Turquie ont voulu rentrer plus tôt que prévu. Les vols retours sont pleins en ce moment", ajoute-t-on.
     Selon M. Zoto, il est trop tôt pour enregistrer des annulations de réservations.
     Les touristes "arrivent à Istanbul en croyant que la ville est complètement détruite", indique de son côté M. Zoto. "Mais une fois à Istanbul, ils voient qu'il n'y a rien".
     Seuls des quartiers neufs à la périphérie de la métropole ont été touchés.
     "La saison était déjà mauvaise, on va encore souffrir un peu plus", conclut M. Zoto, qui s'empresse d'ajouter qu'il serait indécent de se plaindre au milieu d'une telle tragédie.
     L'industrie touristique est l'un des secteurs les plus dynamiques, de l'économie turque et lui fournit le quart de ses rentrées en devises.
     En 1998, quelque 9,4 millions de touristes ont visité la Turquie, soit 2,9% de moins que l'année précédente. Les recettes du tourisme se sont élevées à 7,2 milliards de dollars en 1998, selon la Banque centrale.
     Près d'un quart des touristes viennent d'Allemagne, suivis des Britanniques (9%), Russes (7%), Roumains (5,4%), Américains (4,9%) et Français (4,6%), selon l'Institut des statistiques. (Isabelle HOURCADE, AFP, 20 août 1999

    Le séisme "volonté de Dieu", répond Demirel

     Le président turc Suleyman Demirel a appelé la religion à la rescousse pour apaiser les habitants en colère à cause de l'insuffisance des secours dans la région du séisme le 20 août, a rapporté l'agence Anatolie.
     "Ne vous rebellez pas contre Dieu en face d'un événement envoyé par Dieu", a répondu M. Demirel lors d'une visite dans la province de Bolu. "Nous sommes musulmans. Nous attendrons aussi une solution de Dieu".
     Le séisme qui a frappé tôt le 17 août le nord-ouest de la Turquie densément peuplé a fait plus de 9.000 morts, selon un bilan provisoire officiel.
     La presse turque critique durement depuis plusieurs jours l'Etat pour son imprévoyance et son manque d'organisation dans les secours. Bon nombre d'habitants des zones sinistrés ont également exprimé leur sentiment d'avoir été "abandonnés".
     "La cause du sinistre, c'est le séisme. Il est inutile de le mettre de côté et de se plaindre de l'Etat", a dit M. Demirel, ajoutant: "L'Etat n'est pas une agence de miracles", cité par l'agence Anatolie.
     Alors qu'une jeune femme répétait ses plaintes sur l'insuffisance des secours, des officiels sont intervenus pour la calmer, selon Anatolie.
     "Les gens sous les décombres sont mes êtres chers", a dit la jeune femme en pleurant.
     M. Demirel s'est engouffré dans sa voiture et a quitté les lieux, après un ultime appel au calme. (AFP, 20 août 1999)

    Le centre de crise refuse les secouristes arméniens

     Le centre de crise mis en place par le gouvernement turc après le séisme a refusé la semaine dernière une offre de l'Arménie d'envoyer une équipe de secouristes pour contribuer à la recherche des survivants, rapporte  la presse turque.
     L'Arménie avait offert d'envoyer dans la zone sinistrée une équipe d'experts constituées après le séisme de Leninakan en 1988, selon le quotidien Radikal.
     L'offre a été acceptée par le ministère des Affaires étrangères mais bloquée au niveau du centre de crise, souligne le journal.
     "D'après nos sources, la permission a été refusée par les membres du MHP (parti de l'Action nationaliste, extrême droite) au centre", selon Radikal.
     "Parce qu'ils sont Arméniens, ils n'ont pas pu venir en Turquie", a dit le journal, condamnant un "obstacle raciste" aux efforts de secours.
     La quotidien Posta publiait la même information.
     Le MHP est l'un des trois partis du gouvernement de coalition du Premier ministre Bulent Ecevit.
     La Turquie n'entretient pas de relations diplomatiques avec l'Arménie et la frontière entre les deux pays est fermée depuis des années. (AFP, 23 août 1999)

    Le séisme frappe de plein fouet les PME

     Le violent séisme qui a dévasté la région la plus riche de la Turquie a frappé de plein fouet les petites et moyennes entreprises (PME), déjà en situation difficile en raison de la crise de l'économie turque, épargnant les grandes entreprises et leurs investissements.
     "Une majeure partie des PME ont été rasées dans les zones les plus touchées. L'activité pour la plupart ces entreprises ne reprendra pas", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'influente l'Association des Hommes d'Affaires indépendants (Musiad), organisation patronale proche des milieux islamistes.
     Selon les informations qui lui sont parvenues, des centaines de propriétaires de PME d'Adapazari et de Kocaeli ont indiqué avoir perdu "tous leurs biens". Celles-ci se concentraient surtout dans le textile, la fibre synthétique et l'agro-alimentaire.
     Yilmaz Kanbak, président de la chambre de commerce de Kocaeli, cité par le journal Hurriyet, indique qu'il existe plus de 1.100 entreprises de tailles différentes dans sa région et qu'elle reprendront leurs activités "dès que les ouvriers reprendront le travail".
     "Personne n'a pu encore surmonter le choc du séisme. Les ouvriers ont perdu au moins un membre de leur famille dans le désastre", précise M. Kanbak, qui estime que "tout dépend de leur moral".
     Le porte-parole du gouvernement turc, Sukru Sina Gurel, avait annoncé peu après le séisme que les PME avaient le plus souffert de la catastrophe.
     Déjà une crise frappait depuis un an ces entreprises. La Turquie a en effet souffert de la défiance généralisée des investisseurs envers les pays émergents, suite à la crise russe d'août 1998.
     Les sept provinces turques secouées à des degrés divers par le séisme du 17 août hébergent quelque 45% de l'industrie turque, Istanbul compris.
     Pour le président de la chambre de commerce d'Istanbul, Husamettin Kavi, "le PNB annuel de la Turquie est de 200 milliards de dollars. La région frappée par le désastre représente 67 milliards de dollars".
     A Sakarya, "80% de la vie commerciale se trouve sous les décombres", selon le président de la chambre de commerce de cette province, cité par l'agence Anatolie. "Les plus gravement touchées sont les PME", ajoute-t-il.
     Le séisme a cependant laissé quasiment intacts les grandes entreprises et leurs investissements dans la région dévastée.
     Sabanci Holding, deuxième groupe industriel du pays, a indiqué dans un communiqué que les dégâts dans ses installations étaient minimes et que la production se poursuivait dans une très grande partie de ses complexes.
     Il en est de même pour Koc Holding, premier groupe du pays, selon les médias.
     Les présidents des chambres de commerce et d'industrie des zones touchées ont demandé au gouvernement que leurs provinces figurent dans la liste des régions "prioritaires" pour une aide de l'Etat, à l'instar des provinces du sud-est anatolien en proie à la rébellion de séparatistes kurdes.
     Selon les experts, le gouvernement avait déjà des difficultés pour financer les investissements dans le sud-est et il aura encore plus de mal à trouver des financements pour restaurer l'activité des PME dans le nord-ouest sinistré.
     Selon le quotidien Milliyet, le ministère des Finances prépare un projet de loi pour imposer une "taxe de solidarité" unique devant contribuer à financer le secours aux rescapés du séisme.
     Le projet prévoit que cette taxe, qui doit entrer en vigueur d'ici juin 2000, représente de 10 à 15% de l'impôt sur les revenus des particuliers et des sociétés, selon le journal.
     M. Ecevit a confirmé que son gouvernement allait soumettre au parlement un projet de loi "pour augmenter les ressources afin d'affronter les conséquences du séisme", interrogé par CNN.
     Le ministre d'Etat chargé de l'Economie Recep Onal avait annoncé que le gouvernement envisageait un emprunt spécial séisme pour financer la reconstruction. (Burak Akinci, AFP, 24 août 1999)

    A Minister Rejects International Assistance Offers

     International aid groups from Germany, Russia, the USA, Italy, France, Sweden, Japan and other countries arrived in the area around Izmit in northeastern Turkey, which was the hardest-hit by the earthquake. They joined the local population in rescue efforts and brought  food and medical assistance to the survivors, including the more than 200,000 people who have been made homeless. Observers' shock over the natural catastrophe and its devastating effects was mixed with criticism over the Turkish state's failure to take appropriate precautionary measures and its ineffectual response to the disaster.
     A major target of criticism was the Turkish Minister of Health, Osman Durmus (a member of the Nationalistic Movement Party - MHP) and his cynical refusal of a number of aid offers from abroad. According to the Turkish mass-circulation daily "H¸rriyet",  Durmus and his crisis staff have rejected the US Navy's offer of three ships from its Sixth Fleet that would serve as floating hospitals, offers of well-equipped medical teams from the Greek and Rumanian governments, and an offer by the Armenian government to send a well-trained rescue team that specializes in digging out victims that have been buried for a long time.
     A high government official who wished to remain unnamed told "Hurriyet": "The Foreign Ministry has informed the crisis staff in the Office of the Prime Minister about the assistance offers that are coming in from abroad. Unfortunately, some circles are continuing to pursue their own political aims even in times of catastrophe. Natural catastrophes should not be exploited in order to further political agendas." (Hurriyet-IKM, 22.8.99)

    Turks Criticize The Government's Response to the Quake

     A Cabinet minister asserted on August 23 that the Government's response to last week's earthquake was "a declaration of bankruptcy for the Turkish political and economic system."
     The statement by Tourism Minister Erkan Mumcu was a sharp departure from the defensive tone that officials had been using. His comments, and others same day, suggested that at least some senior political leaders shared the bitterness and anger felt by many of the victims.
     "All ideological arguments were flattened by the earthquake," Mumcu said in a speech in Ankara. "Lying under the ruins is the Turkish political and administrative system."
     A member of Parliament from a district near the earthquake zone, Ibrahim Yasar, was equally forceful in expressing frustration with the Government's response to the quake, which has been widely criticized as slow and disorganized.
     "I am not saying that the civil defense organization collapsed," Yasar said. "It did not exist. I saw that there was not the slightest bit of preparation."
     Even President Suleyman Demirel, who telephoned a newspaper editor during the weekend to complain about what he said was negative coverage of the Government's relief effort, seemed chastened on August 23.
     "I want to tell my people that there will be better coordination among state institutions," a grim-looking Demirel said after emerging from a meeting with seismologists in Istanbul. "Foundations of buildings will be reviewed. We will follow movements under the earth more carefully. We will build structures  that can resist earthquakes."
     Demirel rarely apologizes for anything and usually portrays the Turkish state as sacred and all but infallible. His customary attitude reflects a widespread sense among Turks that attacking Government institutions is dangerous and unwise. Among political and military leaders in general, self-criticism is an exceedingly rare quality.
     The Government's faltering response to the quake has infuriated many Turks. More than a few victims seem to have lost much of their respect for the ruling elite.
     "This is the first time I have seen such rage against the state and politicians," one news commentator wrote in a column published August 23. Another wrote: "It is very clear that after this earthquake, Turkey will never again be the same. The millennium came to Turkey a year before other countries."
     But not all Government officials have softened their views. Health Minister Osman Durmus has ridiculed those who have called for his resignation because of positions he has taken in the days since the earthquake on Agust 17.
     Durmus, a member of the rightist Nationalist Action Party, has asserted that Turkey does not need medical aid from the United States, that Turks should not accept blood donated by Greeks, that sending portable toilets to the earthquake zone was unnecessary because there were sanitary facilities in many mosques and that foreigners should not be allowed to deliver relief aid because they "do not suit our culture."
     He also scorned Turkish volunteer groups that appeared in devastated towns long before Government workers, saying they were "putting on a show."
     Faced with growing calls for his resignation, including one in a newspaper editorial headlined "Shut Up and Go," Durmus replied at a news conference August 23, "I take being called ignorant and racist as a compliment, and thank them."
     The latest death toll from the quake, reported August 23 by the official crisis center, was 12,148. A United Nations official in Geneva said he had received a message from the Turkish Government on August 22 night asking for help in obtaining 45,000 body bags, suggesting that officials fear that the toll may rise much higher.
     In what some relief workers described as a near-miracle, Turkish and Israeli teams found a small boy August 23 beneath the wreckage of his home in the hard-hit town of Cinarcik. He was rescued at midmorning after surviving for six days.
     "A Turkish team discovered him, and they screamed for us to come and help," one of the Israeli rescuers, Noam Amit, said in an interview with Israel Radio. "We heard the baby calling out, and then we called back through a hole in the rubble. The Turkish team called out to him in Turkish to come closer to us."
     The child, identified by the Israeli Army as Ismail Cimen, 4, was taken to a hospital in Istanbul and was expected to survive. Rescue specialists said small children can sometimes survive under rubble longer than adults because they dehydrate less quickly and need less air and space to live.
     The Turkish military, which has been criticized for reacting too slowly to the quake, continued to expand its role August 23.
     Gen. Hayri Kivrikoglu, a senior commander assigned to help direct military operations in the disaster area, said troops would set up 500 tents a day in the area for the next 10 days. He said every site would be equipped with running water, toilets, electricity and medical supplies.
     "To a large extent, the search and rescue operations have now ceased," General Kivrikoglu said. "There are cases of theft, but we have increased guard and patrol duties. We are not allowing people to wander the streets after midnight."
     Heavy rain fell on parts of the earthquake zone August 23, creating new health problems in towns where sewer systems have been destroyed. Doctors and medical technicians were told to watch for signs of epidemic disease, but they have found none yet.
     "The correct response is the provision of clean water," said Erik Noji, an official of the World Health Organization, "and there is plenty of clean water there."
     Government officials said that Aug. 30, the national holiday that celebrates a key victory in Turkey's independence war, would be marked this year as a day of commemoration for earthquake victims.
     The Interior Ministry ordered nightclubs to control the volume of their music for the next 45 days and to avoid creating "the image that there is a great deal of enjoyment or entertainment." (New York Times, August 24, 1999)

    "20 à 25 milliards de $ d'aide nécessaires."

     La Turquie va avoir besoin d'une aide financière internationale de 20 à 25 milliards de dollars, selon le patronat turc qui a lancé le 20 août un appel à la générosité de la communauté internationale.
     "Le désastre va inévitablement affecter l'économie turque qui commençait juste à se remettre d'une sévère récession", indique l'Association des industriels et entrepreneurs turcs (TUSIAD), dans un communiqué reçu à Ankara.
     "La Turquie risque de souffrir encore plus en l'absence de flux nets d'aide internationale", ajoute la TUSIAD.
     "Entre 20 et 25 milliards de dollars seront nécessaires pour couvrir les dommages matériels et les pertes de production et pour limiter la détérioration des équilibres macro-économiques", indique l'organisation patronale.
     Elle souligne que le gouvernement turc n'a pour le moment reçu qu'une aide de 4 millions de dollars, notamment 2 millions USD de l'Union européenne. La TUSIAD rappelle que le Fonds monétaire international (FMI) a promis de débloquer 325 millions de dollars tandis que la Banque Mondiale va débloquer un prêt existant de 100 millions de dollars et s'est engagée à accorder de nouveaux prêts de 120 M USD.
     La région touchée par le séisme représente 45% de la production industrielle totale de la Turquie.
     "Même si aucun dommage majeur n'a été enregistré dans les installations industrielles, la production a été interrompue en raison des colossales pertes humaines", souligne le patronat qui estime à 300 millions de dollars par jour le coût de la cessation de l'activité économique dans la région.
     "Une aide accrue et plus généreuse de la communauté internationale est indispensable pour faire face au fardeau financier de ce désastre", souligne l'organisation.
     Selon la TUSIAD, les écarts par rapport aux objectifs du programme de stabilisation de l'économie du gouvernement qui s'ensuivront  --inflation accrue en raison d'une offre insuffisante, politique monétaire plus laxiste pour faire face aux besoins en liquidités ou accroissement du déficit budgétaire-- "ne devraient pas empêcher un accord avec le FMI".
     Le patronat indique par ailleurs qu'il canalise l'aide et les dons des entreprises membres de la TUSIAD vers ceux qui en ont le plus besoin. (AFP, 20 août 1999)

    Le séisme pourrait faire baisser le PIB de 1 à 1,5%

     Le séisme, qui a dévasté le nord-ouest de la Turquie, pourrait entraîner une baisse de 1 à 1,5% du PIB en 1999, mais la croissance devrait être plus forte que prévu en 2000, selon les calculs "très provisoires" d'un économiste de l'OCDE.
     "La chute du PIB, induite par le séisme, pourrait être de 1 à 1,5%", suivant les estimations que l'on peut faire des dégâts en l'état actuel des informations dont on dispose, a expliqué Alessandro Goglio, économiste spécialiste de la Turquie auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
     En revanche, l'argent injecté pour la reconstruction pourrait apporter un point de PIB supplémentaire à l'économie turque en 2000, selon M. Goglio, qui souligne que la Turquie se "trouve dans une phase cyclique où beaucoup de capacité industrielle reste inutilisée", ce qui pourrait accélérer la reprise.
     Dans ses prévisions sur l'économie turque, publiées un mois avant le tremblement de terre, l'OCDE tablait sur une progression de 1,4% du PIB cette année et de 4% l'année prochaine.
    L'agence de notation internationale Fitch Ibca avait estimé que le PIB turc pourrait reculer de 2% cette année, mais elle a relevé à 4,5% sa prévision de croissance pour 2000.
     Pour M. Goglio, le fait que seulement huit des 270 entreprises présentes à la bourse d'Ankara n'aient pu être cotées en raison des dégâts que leur a occasionné le séisme constitue un signe encourageant, qui montre que l'économie turque pourrait se relever assez rapidement.
     Le coût du séisme pour l'Etat est estimé de 5 à 7 milliards de dollars par le gouverneur de la banque centrale de Turquie. Un tiers de ce coût total devra être supporté en 1999 et les deux tiers restant en 2000, ce qui pourrait, selon l'estimation de M. Goglio, porter le déficit à quelque 13% du PIB.
     Il faut également tenir compte du manque à gagner que représente la perte de la valeur du complexe pétrochimique de Tupras -endommagé par un incendie lié au séisme qui devait être privatisé l'année prochaine.
     Les sept provinces affectées par le séisme, y compris Istanbul, représentent quelque 35% du PIB turc et "le coeur de la région affectée autour d'Izmit représente environ 8 à 10% du PIB", a rappelé M. Goglio, soulignant qu'il s'agissait également de la région la plus peuplée du pays avec un PIB par habitant "relativement élevé".
     Pour faire ses évaluations à l'estime, M. Goglio s'est basé sur les précédents du tremblement de terre de Kobé au Japon et celui de Mexico en les pondérant en fonction des particularités de l'économie turque.
     Ces hypothèses sont d'autant plus provisoires que le "secteur informel", qui par définition est exclu des statistiques, représente environ un tiers de l'économie turque, a souligné M. Goglio.
     M. Goglio a par ailleurs salué l'adoption par le Parlement turc d'une loi repoussant l'âge de départ à la retraite.
     "C'est vraiment un élément très important" qui s'inscrit "totalement" dans la politique de réforme et sur lequel l'OCDE avait beaucoup insisté, a déclaré M. Goglio.
     Les autorités turques "ont eu le courage de continuer" sur la lancée des réformes déjà adoptées avant l'été, malgré le séisme, et cela "est bon signe", a expliqué M. Goglio.
     Le projet de loi adopté porte l'âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 58 pour les femmes, contre une moyenne actuelle de 50 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes. (AFP, 26 août 1999)

    Les polémiques de la reconstruction commencent

     Les polémiques sur la reconstruction du nord-ouest de la Turquie ravagé par un séisme commencent, avec de dures critiques contre la taxe de solidarité envisagée par le gouvernement et les opérations de déblaiement des gravats.
     Le séisme a fait 13.040 morts et 26.630 blessés, selon un nouveau bilan officiel provisoire établi à 14H00 GMT le 26 août, alors qu'il ne restait plus aucun espoir de retrouver des survivants, neuf (BIEN: neuf) jours après le désastre du 17 août.
     Aucun chiffre officiel des disparus n'a été publié. Les médias turcs estiment leur nombre à quelque 30.000 ou 35.000.
     Les quelques mesures prises par le gouvernement pour affronter les conséquences du séisme étaient sous le feu de la critique de l'opinion publique et des médias, en particulier la "taxe de solidarité" unique qu'il envisage d'imposer pour contribuer au financement de la reconstruction.
     "Le gouvernement, qui arriva trop tard pour les secours, a agi trop vite pour la taxe", a estimé l'ex-Premier ministre Tansu Ciller, chef du parti de la Juste voie (DYP, droite). "Cette taxe ne fera qu'affecter la campagne d'aide volontaire de la population turque", a-t-elle ajouté.
     "Nous n'avons pas confiance" titrait à la une le journal libéral Radikal, qualifiant cette taxe d'injuste.
     Les travaux de déblaiement se poursuivent massivement dans les villes sinistrées, alors que les secouristes ont abandonné leurs ultimes recherches pour retrouver quatre enfants ensevelis sous les décombres d'un immeuble à Cinarcik, sur la côte sud de la mer de Marmara.
     Mais avocats, ingénieurs et architectes ont sévèrement critiqué qu'aucun effort ne soit fait pour préserver des preuves qui permettraient de lancer des poursuites légales contre les entrepreneurs véreux, parmi les principaux responsables de l'ampleur des dégâts, selon les experts.
     Les associations écologistes dénoncent quant à elles les conditions de déblaiement des gravats. Selon l'Association turque de la défense de la vie naturelle, des tonnes de débris ont été déversées dans la mer de Marmara et dans des secteurs inadéquats, comme des zones côtières et forestières, "menaçant sérieusement" l'écosystème et "tous les êtres qu'elles abritent".
     L'association appelle les autorités à ne pas prendre de "décisions hâtives" pour se débarrasser des détritus et demande que les débris, surtout en fer et ciment, soient recyclés.
     Une autre ONG, l'Association Mer Propre, a indiqué que plus de 70 tonnes de déchets pétroliers avaient été collectées par l'un de ses navires aspirateur dans la baie d'Izmit, à la suite de l'incendie dans la grande raffinerie Tupras à Izmit provoqué par le séisme.
     Les responsables de Tupras estiment qu'il faudra 40 à 45 jours pour que la principale raffinerie de Turquie soit prête à fonctionner de nouveau normalement. (AFP, 26 août 1999)

    La confusion totale dans les bilans du séisme

     La confusion la plus totale règne dans les bilans officiels du séisme en Turquie, le centre de crise du gouvernement ayant révisé d'environ un tiers à la baisse le nombre de morts le 25 août par rapport à un décompte de la veille, l'établissant à 12.514.
     Le décompte précédemment annoncé, arrêté le 24 août à 11H00 GMT, faisait état de 17.997 morts.
     Le nouveau bilan, arrêté le 25 août à 01H30 (22H30 GMT mardi), ramène le nombre des victimes à un niveau comparable à celui de le 22 août  (12.148 morts), mettant en question la fiabilité des bilans officiels publiés entre-temps.
     Cette révision est due selon une source proche du gouvernement à une série d'erreurs dans les chiffres des victimes comptabilisées dans la province la plus durement touchée, Izmit-Kocaeli.
     Le nombre de blessés a également été revu à la baisse, de 42.442 à 27.176, selon le dernier décompte.
     Aucun chiffre officiel des disparus n'est publié. Les médias turcs estimaient cependant que quelque 30.000 à 35.000 victimes se trouvent encore sous les décombres des maisons écroulées, huit jours après le séisme de magnitude 7,4 sur l'échelle ouverte de Richter qui a ravagé le nord-ouest de la Turquie.
     Le Bureau européen de la coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) à Genève avait indiqué lundi que le gouvernmeent turc avait demandé à la communauté internationale de lui livrer 45.000 sacs pour envelopper les corps des victimes du séisme encore ensevelies. (AFP, 25 août 1999)

    Government and Army Criticized for Inadequate Rescue

     In the wake of the devastating earthquake that struck the region around Izmit in the early morning of 17 August there is growing anger at the state and the military, which Turks once regarded as all-powerful institutions that would always come to their aid in times of need.
     Survivors and the Turkish media have vehemently criticized the public authorities and the armed forces for their inadequate and badly coordinated rescue efforts. The weekly newspaper Radikal proclaimed the government rescue operation a "total fiasco", and the Turkish Daily News complained: "We have seen one thing clearly: our state system is in shambles and the authorities simply cannot hide their incompetence."
     An estimated 35,000 corpses still lie buried under the rubble, and tens of thousands of homeless survivors are camping out in the open, filling up streets, parks and vacant lots. Most of the people who have lost their homes and possessions have no insurance and are waiting to see if and when the government will help them. The government has promised to erect tent facilities within the next month for the estimated 250,000 people who have been made homeless by the earthquake, but most areas have seen little or no help so far. Newspapers on 24 August criticized the tent cities set up by the Turkish Red Crescent outside stricken urban centers as outdated and unhygienic. The tents near Yalova, set up without foundations, were flooded by heavy rains, and survivors were forced to spend the night standing or trying to sleep leaning against tent posts.
     In the course of the rescue efforts it became obvious that there was no official contingency plan to deal with possible natural disasters. Turkey has the largest standing army in Europe, but the 500,000 troops were not mobilized by the government to support the rescue efforts. Only civilian volunteers and international rescue teams were available to help the dazed survivors who were digging in the rubble with their bare hands in search of family members. One diplomatic source said, "It is as though the military and everyone else have been paralyzed by the sheer enormity of this tragedy. The chain of command appears to have just broken down." Newspapers lambasted Red Crescent offices and clinics that were "closed for the weekend" and ? for example - the interruption of rescue work for several hours during a visit to the town of Cilimli by President Süleyman Demirel.
     When the public authorities did get involved, they often hindered rather than helped rescue efforts. In one case, rescue workers from Germany, Bulgaria and Turkey dug for three days at a site in the town of Cinarcik in hopes of reaching four children who residents said were still alive under the rubble. Journalists reported that the local military "crisis force" commander was putting pressure on the rescue workers, telling them to hurry up and finish so the bulldozers could come in and clear away the debris. Similar scenes took place throughout the quake area.
     The president of the Union of Turkish Architects and Engineers (UNCTAD), Yavuz Önen, said on 25 August that it would be wrong to say that "the government has given up rescue activities", since the government had not dealt with rescuing but from the very beginning had attempted to remove the debris and, with it, the evidence of criminal negligence on the part of builders.
     In Golcuk, residents complained that the armyís rescue efforts appeared to focus on collapsed buildings at a naval base, where more than 150 military personnel, including some top commanders, were missing. The local media in Golcuk reported that Israeli helpers had been sent by the local authorities to the naval base to rescue soldiers trapped under the rubble, while the civilians in the badly damaged city were left to fend for themselves.
     The Independent reported: "When President Demirel visited the ruins of Adapazari to meet local officials, there was the unedifying sight of troops sweeping the steps of the town hall of debris and then disappearing again. Armed police stood every few yards along the Presidentís route. But the men in uniform did nothing to help the civilian casualties."
     In response to the criticism, generals told the media they had offered to help by declaring emergency rule. That suggestion was reportedly rejected by a government mindful of the military coups that have overthrown three civilian governments in Turkey since 1960. The military says it now has 50,000 soldiers working on relief efforts, but there has been little evidence of such activities to date.
     There was also a chorus of  demands to sack Health Minister Osman Durmus, who asserted at the height of the disaster that Turkey did not need medical aid from abroad and sent back several rescue teams sent by foreign governments. His attitude stands in stark contrast to the countryís outpouring of gratitude to the foreign rescue workers sent speedily by 32 countries as soon as news of the disaster was known. Durmus, a member of the right-wing Nationalist Movement Party (MHP), asserted that Turks should not accept blood donated by Greeks, that sending portable toilets to the earthquake zone was unnecessary because there were sanitary facilities in many mosques, and that foreigners should not be allowed to deliver relief aid because "they do not suit our culture".
     He also scorned Turkish volunteer groups that appeared in devastated towns long before government workers, saying they were Ñputting on a showì. Faced with growing calls for his resignation, including one in a newspaper editorial headlined "Shut Up and Go", Durmus replied at a news conference on 23 August, "I take being called ignorant and racist as a compliment, and I thank them."
     The government response to the criticism in the media has been a request by Prime Minister Bülent Ecevit for "stricter controls over the press", newspapers reported on 25 August. Radikal said a decision by the Turkish Control Board for Radio and Television (RTUK) to close down the private television station Kanal 6 for a week from 30 August because of its coverage of the earthquake was "in line with the Prime Ministerís wishes".
     RTUK said that the station had allegedly violated rules that bar broadcasts from Ñinciting hatred, violence and ethnic separatism and fanning feelings of hatredì. Kanal 6 had run a program accusing the developer of an apartment building complex that collapsed in Cinarcik of being "a baby killer, just like Abdullah Öcalan".
     Health Minister Osman Durmus has lodged official complaints against five other television stations for making "severe attacks against his character" on their programs. (IMK - Associated Press, 18 and 23.8.99; Politik, Times ? UK, 21.8.99; Agence France Presse,  23 and 25.8.99; New York Times, 24.8.99; Cumhuriyet, Evrensel, Human Rights Foundation of Turkey - HRFT, 26.8.99)

    Le gouvernement repousse "la taxe de solidarité"

     Le gouvernement turc a décidé de repousser à octobre l'adoption au parlement d'une "taxe de solidarité" controversée destinée à soulager les pertes liées au séisme du 17 août, ont indiqué les responsables turcs.
     La taxe unique de "solidarité nationale séisme" a provoqué une levée de boucliers dans les milieux économiques et les médias.
     Le gouvernement de coalition tripartite de Bulent Ecevit projetait de faire voter la loi au parlement avant son départ en vacances le 28 août, mais elle ne sera débattue qu'à la rentrée parlementaire en octobre.
     "Il n'y a pas encore d'évaluation fiable des dommages entraînés par le tremblement de terre", a déclaré, pour expliquer le report, Mesut Yilmaz, chef du parti de la Mère patrie (ANAP), membre de la coalition gouvernementale, sur la télévision privée atv.
     "L'ampleur financière du désastre est immense" a-t-il souligné. "Les contributions volontaires seules ne suffiront pas. Des contributions supplémentaires sont nécessaires", a-t-il dit.
     La loi prévoit une augmentation de 10 à 15% de l'impôt sur le revenu et les sociétés, une double taxation sur la propriété foncière et les véhicules, un prélèvement supplémentaire sur les revenus de plus de 34.000 USD annuels, une taxe de 112 USD sur tous les téléphones cellulaires, et un point supplémentaires pour la taxe à la valeur ajoutée (TVA), qui varie entre 7% et 15%.
     Le projet a soulevé une vive opposition, y compris au sein de la coalition.
     "Le gouvernement a été en retard pour les secours mais agit trop vite avec la taxe", avait estimé l'ex-Premier ministre Tansu Ciller, du parti de la Juste voie (DYP, opposition). "Il devrait d'abord attendre les résultats de la campagne d'aide volontaire (...) La nouvelle taxe ne peut que faire du mal à cette campagne", avait-elle souligné.
     Un homme d'affaire d'Ankara qui a requis l'anonymat a indiqué avoir retiré son offre de donner des centaines de maisons préfabriquées aux rescapés parce qu'il ne pourrait pas en plus payer l'impôt.
     Les responsables économiques ont unanimement dénoncé la mesure, y voyant un coup supplémentaire à l'économie turque, déjà dans une passe difficile avant le séisme.(AFP, 27 août 1999)

    INTERIOR POLITICS/POLITIQUE INTERIEURE

    Le parlement légalise un retour politique d'Erbakan

     Le parlement turc a adopté le 12 août une loi qui rend possible un retour sur la scène politique de l'ex-Premier ministre islamiste Necmettin Erbakan, interdit d'activité politique pour cinq ans, et pourrait sauver de la fermeture le parti islamiste de la Vertu.
     Une clause de la nouvelle loi sur les partis politiques précise qu'une personne interdite de politique n'a pas le droit de se présenter comme député d'un parti, ouvrant ainsi la possibilité qu'il se présente comme député indépendant.
     Necmettin Erbakan, 73 ans, n'avait pas pu poser sa candidature en tant qu'indépendant aux législatives du 18 avril car la loi précédente l'interdisait.
     Le chef de l'ex-parti islamiste Refah, arrivé au pouvoir en juin 1996 dans une coalition avec le parti de la Juste voie (DYP) de Mme Tansu Ciller, avait été chassé un an plus tard sous la pression de l'armée, qui se considère comme le défenseur de la laïcité.
     Le Refah avait été dissous en janvier 1998 pour activités anti-laïques et M. Erbakan condamné à cinq ans d'interdiction de politique.
     Sa nouvelle carrière nécessiterait toutefois des élections, au moins partielles, ce qui n'est pas prévu dans l'immédiat.
     En outre, il est toujours sous la menace de deux procédures judiciaires, l'une sous l'accusation d'avoir voulu "renverser le système constitutionnel" et l'autre pour fraude, qui pourraient le mener en prison.
     Une autre clause de la loi adoptée rend plus difficile la fermeture d'un parti, en ajoutant des précisions sur les conditions qui peuvent l'entraîner. Le texte antérieur restait plus vague dans sa définition des atteintes à l'unité et à la laïcité de l'Etat.
     Cette clause pourrait sauver de la fermeture le parti de la Vertu (Fazilet), successeur du Refah, visé par une procédure d'interdiction. L'un des arguments basant cette procédure --atteinte à la laïcité de l'Etat-- devient en effet caduc car il se base sur des éléments antérieurs de plus de deux ans à la demande de fermeture, ce que la nouvelle clause réfute.
     Le Fazilet, 3-ème groupe au parlement, se serait en échange engagé, selon la presse, à soutenir un projet de loi crucial du gouvernement de coalition tripartite de Bulent Ecevit qui autorise un arbitrage international dans les différends commerciaux.
     Ce projet de loi entraîne un changement de la constitution, car il réduit les compétences du conseil d'Etat, et nécessite 367 voix sur 550 sièges au parlement pour être adopté. Le gouvernement n'en détient que 351 et a besoin du soutien de l'opposition lors du vote au parlement prévu le 13 août.
     Le projet sur l'arbitrage vise à favoriser les investissements en Turquie.
     Le gouvernement de M. Ecevit est en train de faire adopter au parlement une série de mesures pour tenter de sortir la Turquie de sa difficile situation économique. (AFP, 12 août 1999)

    STATE TERRORISM/TERREUR DE L'ETAT

    Amnesty scandal in Turkey

     As all the countries of the world were mobilised after the earthquake killing more than 14 thousand people and the European Union adopted a more comprehensive stand in its relations with Turkey, the Turkish Parliament adopted on August 28 a scandalous amnesty bill which releases Mafia chiefs, crooked businessmen and corrupt politicians, but largely keeps prisoners of opinion in jails.
     According to the new law 26,538 prisoners will be freed, while nearly 32,000 would serve reduced sentences,  11,000 mostly political prisoners will remain behind bars.
     "The remainder are those who cannot take advantage of the amnesty. They are those guilty of terror crimes whom we cannot forgive under the constitution," Justice Minister Hikmet Sami Türk told the assembly.
     As a reaction to public anger over the incredible devastation resulting from the Aug. 17 quake, the amnesty bill, drafted weeks ago, was amended to explicitly exclude contractors convicted of negligence for poorly made buildings from the amnesty.
     The gesture was mostly symbolic, however, as the few builders prosecuted after previous quakes have mostly received only fines.
     According to the law, Mrs. Leyla Zana and other former DEP deputies, the former head of Turkey's Human Rights Association (IHD) Akin Birdal and blind human rights activist-lawyer Esber Yagmurdereli, all serving terms for speeches about the country's bitter 15-year-old Kurdish conflict, will remain in prison.
     Dozens of journalists imprisoned on charges of "membership" of outlawed groups will not be pardoned.
     Although the legislature passed another bill that would pardon some journalists convicted or charged of "supporting" the Kurdish resistance, they will be put on a three-year probation and could be imprisoned again if courts find they wrote new articles supporting the separatists.
     On contrary, one special article was added by the government's ultra-nationalist wing (MHP) to the amnesty bill in order to free several far-right hitmen convicted for assassinations.
     So, while former IHD Chairman Akin, gravely wounded last year by right-wing gunmen in a murder attempt, will remain in prison for his opinions, those who shot him because of his opinions will be freed. (Info-Türk press release, August 30, 1999)

    Libération du président du SP Dogu Perincek

     Dogu Perincek, ancien président du Parti socialiste (SP), a été libéré le 8 août en Turquie après avoir purgé dix mois de prison pour propagande séparatiste.
     M. Perincek avait été emprisonné en septembre 1998 après que la Cour de cassation eut confirmé sa condamnation à 14 mois de détention. Il a été jugé coupable de s'être exprimé contre l'unité indivisible de l'Etat et la nation turque, dans un discours prononcé en 1991 alors qu'il était président du SP.
     Par le jeu des réductions de peine, M. Percincek n'a purgé que dix mois de prison.
     Le SP a entre-temps été banni, pour avoir préconisé une fédération où Turcs et Kurdes seraient représentés sur un pied d'égalité. M. Perincek a ensuite dirigé le Parti travailliste.
     En mars et juillet, le comité des ministres du Conseil de l'Europe avait appelé la Turquie a libérer Perincek et à respecter ainsi un arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme. (AFP, 9 août 1999)

    Briefing on the death penalty

     The Istanbul branch of the Human Rights Association (IHD) urged the suspension of the application of the death penalty during a press conference at the association's branch headquarters on August 7 organized in conjunction with a report on the death penalty issued by the association.
     Eren Keskin, chairwoman of the Istanbul branch of the IHD, said the issue of the death penalty had been forgotten until it recently came onto the agenda with Ocalan case. Ocalan was sentenced to death by a State Security Court (DGM) last month. The sentence is currently being reviewed by the Court of Appeals.
     Keskin condemned the death penalty as incompatible with human dignity and called on Turkey to outlaw it. She said capital punishment served only as a tool of vengeance and had no real power as a deterrent. She pointed out that once a death sentence is passed judicial errors are irreversible and that capital punishment conflicts with the legal system's efforts to rehabilitate criminal offenders.
     IHD representatives maintain that in order to eliminate capital punishment in Turkey, Turkish citizens must insist that "the death penalty isn't a punishment." However, Keskin asserted that "Turkey is seeking to influence its people and is rehearsing the implementation of the death penalty, which is a blatantly primitive method of vengeance."
     "Human rights are universal and cannot be considered the internal affair of any country," she said. "Under these conditions, our foundation has started a new campaign for the annulment of the death penalty, which has been part of our program from the beginning."
     Since its establishment in 1986, the IHD has opposed the death penalty.
     The new IHD report includes information about the death penalty in Turkey and around the world. According to the report, 102 countries abolished capital punishment in 1997. The same year, in countries where the death penalty was still in effect, 2,607 people were killed by the state. In China alone, 1,876 people were sentenced to death in 1997, and 10 children below the age of 18 were executed.
     IHD's report states that Turkey is the only member of the European Council that still permits capital punishment. There are 41 separate articles in four Turkish laws that specifically call for the death penalty, the report notes. It points out further that since the foundation of the Turkish Republic, 543 individuals, 16 of whom were deputies, received death sentences, and that at present there are 41 files on people facing the death penalty pending review in Parliament.
     The report points out that a 1988 survey showed that 60.2 percent of the Turkish public opposed the death penalty and 53.5 percent believed it should be lifted. It further notes that the U.N. Declaration on Human Rights, the Stockholm Convention on the Abrogation of the Death Penalty and eight other international conventions require lifting the death penalty. (Turkish Daily News, August 9, 1999)

    Human Rights Foundation Publishes Report on 1998

     The "1998 Report on Treatment and Rehabilitation Centers" published by the Turkish Human Rights Foundation (TIHV) concludes that the cases of torture in police custody that are reported to its treatment centers are not isolated incidents, and that despite government promises to improve the situation, systematic torture is still taking place in Turkey.
     According to the report, the two largest groups of torture victims - the 18-25 age group and  people born in the Southeast and East, i.e. people of Kurdish origin - make up half of the applicants to the treatment centers.
     Since its foundation in 1990 the TIHV has received 4,010 applicants for medical treatment, with 706 applicants in 1998 alone. The organization's report for 1998 was based on the findings of a questionnaire given to applicants in the Ankara, Istanbul, Izmir, Adana and Diyarbakir treatment centers. The report was prepared from information from 673 applicants out of the 706, due to incomplete information from 33 applicants.
     The socio-demographic section of the report classifies the age and region of origin of the torture victims. Out of
    the 706 applications, 196 of the victims were women and 477 were men. Victims were between the ages of
    three and ninety. The report also says that 63 people were tortured in the 0-18 age group, and that 206 people, or one third of the torture victims, were in the 18-25 age group.  The continuation of the practice of torture on children and young people indicates the serious dimensions of this problem in Turkey.
     The statistics also indicate that, as in previous years, the highest number of torture victims were born in the southeastern region (278), followed by people from the eastern region with 156. This finding supports the view that there is widespread torture of people of Kurdish ethnic origin and that the maltreatment continues in areas where they have migrated. According to the report, 92 percent of the victims were tortured for political reasons.
     When asked about the torture methods to which they had been subjected, 97.3% of the applicants said they had been insulted, 89.9% said they had been threatened with physical abuse, and 87.8% said they had been beaten. During torture, 75% of the applicants had been blindfolded; 49.7% were sexually harassed; 45.2% received electric shocks; and 26.2% were hung up by the arms or legs. The report also reveals that 19 of the 673 torture victims were raped. The torture victims also indicated that they were tortured by more than one method, and half of them stated that they were tortured by all of the aforementioned methods.
     When asked where the torture took place, 436 victims (64.8%) said they were tortured in police headquarters. This is followed by 80 in police stations, 39 in gendarmerie headquarters and 20 in gendarmerie stations. According to the questionnaires, 195 victims were tortured between one and five days, 133 were tortured between three and six years and 128 were tortured between seven months and two years.
     One of the report's most striking findings was that 231 of the 673 people tortured had not even been prosecuted. "The rate of those released without being taken to a public prosecutor's office and those released by the public prosecutor's office or court amounts 64.8% of all torture victims. This has to be evaluated within the context of discussions about the arbitrary usage of detention. In order to put an end to torture and effectively punish those who commit torture, urgent changes must be made in laws, regulations and decrees." (TIHV-TDN-IKM, August 10, 1999)

    IHD Reports on Systematic Torture in 1999

     The Istanbul branch of the Turkish Human Rights Association (IHD) has just issued its report on torture for the first six months of 1999. According to the report, torture is systematically practiced in every police station and gendarmerie station in Istanbul. It singled out the Political Department of the police headquarters on Vatan Street in Istanbul-Aksaray as one in which torture is especially frequent (84 cases in the past six months). Other sites of frequent torture are the police stations in Istanbul-Bayrampasa (13 cases) and Istanbul-Beyoglu, the Security Department, and the Police Bureau for Public Order.
     According to torture survivors who had come to the IHD office, the most frequently used torture methods are: sexual harassment, being hung up from the arms or legs, electric shocks, squeezing of the testicles, attempts to suffocate the person with a plastic bag, having the ears sprayed with water under high pressure, and being threatened with a weapon. Most of the torture survivors said their tormentors had threatened them during the torture, saying things like: "What we did to Metin Göktepe and Süleyman Yeter could also happen to you."
     Süleyman Yeter was the educational expert for the Limter trade union, a member of the Confederation of Revolutionary Workers' Unions (DISK). He was taken into police custody on 5 March and killed two days later. The IHD report drew attention to the fact that the police team that took Yeter into custody had been tried for torturing him in 1997. The report noted that the torturers' behavior is rooted in the system's failure to punish them. The prevailing atmosophere of impunity ensures that "the torturer is not afraid of being punished".
     According to the report, during the past six months 236 people applied to the Istanbul office of the IHD for help after being tortured. Of these, 206 were male and 30 were female; the total number included twenty children. The detentions had been made for non-political reasons in 79 cases and for political reasons in 157 cases. Of the 236 applicants, 75 had been sent to be examined at the state's facilities for forensic medicine, and 23 of them had filed lawsuits. (IHD-TDN-IKM, August 8-10, 1999)

    Kurdish Mayor of Baykan Tortured in Detention

     The mayor of Baykan, Muzaffer Cinar, who had been elected from the list of the pro-Kurdish People's Democracy Party (HADEP) in the municipal election on 18 April, was in serious condition on 14 August after being tortured during eight days of police detention.
     Cinar had been detained in the Baykan district of Siirt province on 21 July on the grounds that his name was in the telephone book of Ceval Soysal, the alleged PKK leader who was kidnapped by Turkish security forces in Moldavia on 13 July and brought back to Turkey. Cinar was tortured during eight days of detention at the Siirt Security Directorate and was released on 29 August. At a press conference at the Istanbul branch of the Turkish Human Rights Association (IHD) he disclosed that he had been tortured by various methods, including being laid naked on ice.
     On 8 August he was treated at Gunes Hospital in Istanbul and then referred to Cerrahpasa Medical Faculty Hospital. He was diagnosed as suffering from infections of the lungs and the kidneys as a result of the torture. He went into a coma, regained consciousness on 13 August and subsequently was put on hemodialysis.
     On the day before Muzaffer Cinar went into the hospital, 7 August, Turkish President Suleyman Demirel met with seven mayors of the Kurdish towns of  Diyarbakir, Van, Batman, Siirt, Hakkari, Bingol and Agri - all of them, like Cinar, HADEP candidates who had been elected on 18 April - and told them his door is always wide open to them, adding, "You can always call me or visit me." The mayors presented files about the problems of their cities, which have been hard-hit by the destruction of  Kurdish villages in the southeast and the resulting flood of three million displaced persons. They asked that exceptional financial resouces be made available to their towns. The president told them: "The state will always be at your side. There is no reason for concern." He did not, however, make any response to the mayors' requests.
     Since January, HADEP has been threatened with closure for its alleged links to the Kurdistan Workers' Party
    (PKK). A number of HADEP members have already been convicted by the courts. At his meeting with the HADEP mayors, the president told them they must respect the constitution. "All claims are legal if they are made within the framework of the constitution. If not, they can cause major problems," he said, adding, "All Turkish citizens enjoy the same rights, whether they are from the southeast or the west. We are under an obligation to preserve harmony in this country in order not to damage the social peace." The subject of the government's persecution of HADEP, its members and elected representatives, was not raised at the meeting. (Agence France Presse, 7.8.99; Turkish Daily News, 9.8.99; Ozgur Bakis-IMK 14.8.99)

    Torture Law Is Passed by Turkish Parliament

     Turkeyís parliament voted on 26 August to increase the penalties for torture and broadened the definition of the crime to conform with international standards. Despite objections from high-ranking government and police officials (see WIS Nr. 29, 12.8.99), deputies voted to increase the maximum jail term for torture from five years to eight years. Civil servants who have been convicted of torture will also be suspended from duty either temporarily or permanently. Security officers who Ñill-treat or physically harm othersì are liable to five years of prison. Government MPs who drew up the new law said it brought Turkeyís official definition of torture in line with the definition drawn up by the United Nations. Through these changes Turkey has responded at least nominally to pressure from abroad, especially from the European Union countries, to improve its human rights record.
     Additionally, doctors or medical officials who falsely give a clean bill of health to patients who have been tortured are liable to prison terms between six months and two years and fines between 100 million and 300 million Turkish lira. Turkish medical organizations have complained in the past that their members are often pressured by police or security forces not to report evidence of torture when they fill out health reports on people who have been taken into police custody. If the false reports have been issued for profit, the sentence can be increased to three to five years.
     It remains to be seen whether the tougher torture law will make a difference in the daily practice of police officers who routinely torture suspects, especially those of Kurdish ethnic origin. Convictions on charges of torture are rare in Turkey. Moreover, if the recently passed amnesty bill is implemented it will lead to the release of convicted torturers whose actions have caused widespread public outrage both in Turkey and abroad. Blatant examples are the murderers of the journalist Metin Göktepe and the torturers of the left-wing teenagers in Manisa. (Reuters-IMK, 26.8.99)

    "Press Crimesì Law Includes Only Limited Amnesty

     In a related development, President Demirel approved a limited amnesty law for "crimes committed via the press". Such crimes generally involve articles criticizing the governmentís policy on the Kurds and its military pursuit of the conflict in the Kurdish regions of Turkey.
     According to the new law, the jail sentences of journalists and editors who have been convicted for "press crimes" before 23 April 1999 will be suspended for three years and during this time the journalists will be on probation. Investigations and trials will also be suspended for three years. Only about twenty journalists, most of whom work for the socialist press, are expected to benefit from the law. During their three-year probation period the journalists could be imprisoned again if courts find they wrote new articles Ñin support of separatismì. Law No. 4304, which had a similar content and was enacted in 1997, also benefited about twenty journalists, but most of them were subsequently prosecuted for similar offenses.
     Critics of the new law pointed out that it does not affect most of the journalists who are in jail for Ñpress crimesì, and called the law a merely cosmetic measure aimed at misleading public opinion abroad. The law does not pardon dozens of journalists who have been prosecuted and convicted by the State Security Courts on charges of "membership in illegal organizationsì or "aiding an illegal organization". The 152 laws and more than 700 paragraphs in various laws that limit or penalize the right to the free expression of opinion remain unaffected by the new law. Critics pointed out that if Turkey genuinely wants to join the international Ñcommunity of shared valuesì it must implement Article 10 of the European Human Rights Convention, which would require it to eliminate all restrictions of free expression from its entire legal code. (TIHV, Radikal-IMK, 3.9.99)

    Le parlement part en vacances jusqu'au 1er octobre

     Le Parlement turc a entamé le 28 août une période de vacances jusqu'au 1er octobre après avoir voté ces derniers jours une série de loi controversées, a rapporté l'agence Anatolie.
     Le parlement devait en fait entamer les vacances début juillet, comme les années précédentes, mais avait dû y renoncer en raison de l'urgence de certains projets de loi.
     Les députés turcs ont voté dans une loi d'amnistie, qui exclut Ocalan et d'autres membres de son parti.
     L'adoption de cette loi aura pour conséquence la remise en liberté dans les vingt prochains jours de plus de 26.500 des plus de 60.000 détenus incarcérés dans les prisons du pays.
     Les députés ont voté un projet de loi autorisant le conseil des ministres à publier pour une durée de trois mois des décrets qui auront force de loi sur les mesures à prendre après le séisme meurtrier du 17 août.
     Ces décrets porteront sur la réhabilitations des zones sinistrées et la coordination des travaux visant à un retour à la normale dans ces régions, a-t-on précisé de source parlementaire.
     Les députés turcs avaient adopté un projet de loi sur les repentis qui prévoit une amnistie pour les rebelles kurdes prêts à se rendre mais exclut Ocalan.
     Le projet concerne les rebelles qui n'ont pas participé à des actions armées et fournissent aux autorités des renseignements facilitant la lutte contre leur organisation.
     Et le 25 août, les parlementaires turcs ont voté une loi réformant les retraites, dont l'adoption conditionnait l'octroi de prêts du Fonds monétaire international (FMI), devenus urgents après le séisme qui a dévasté le coeur industriel du pays.
     Le projet de loi, qui porte l'âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 58 pour les femmes, contre une moyenne actuelle de 50 ans pour les hommmes et 45 ans pour les femmes, avait déclenché des manifestations et des actions syndicales le mois dernier quand il avait été soumis à l'Assemblée.(AFP, 28 août 1999)

    IHD criticizes the law on partial amnesty

     The government compromised regarding Amnesty Law and pardoned the perpetrators who are public officials, involved in gangs organisation within the state and the crimes they committed; pardoned their negligence in their duties. For example, regarding the recent earthquake, many public officials who are from Reconstruction and Housing Directorates and many members of Municipality Assemblies will not be investigated for the crimes (being negligent in their duties and not carrying out their task of inspection) they committed until the date of 23 April 1999. Because articles 230 and 240 of the Turkish Penal Code (TPC) are part of the Amnesty Law.
     Likewise, those who did not apply the decisions taken by the judiciary concerning the actions of public officials that are not in compliance with the Reconstruction Law and thus violated the articles 230 and 240 of the TPC will be pardoned by the Amnesty Law.
     The status of freedom of expression in Turkey; Ak?n Birdal, former president of the Human Rights Association, was sentenced to a prison term under article 312 of the TPC. He serves his prison term since 3 June 1999. While Birdal's imprisonment has brought many reactions worldwide and this issue is addressed in many platforms worldwide, the name of Ak?n Birdal is not mentioned at all because of some media circles' embargo against the Human Rights Association.
     Turkey is the only country which keeps the country's largest and leading human rights organisation's president in jail, because of his opinions. This shows the standards of human rights and democratisation in Turkey.
     Those who committed crimes by violating article 312 of TPC through the press are subject to heavier sentences. According to the Amnesty Law these heavier sentences are part of the amnesty while the sentences of people (for example, Ak?n Birdal, Recep Tayyip Erdogan) who expressed their opinion in a meeting are not subject to amnesty. This is in contradiction with the principle of equality under the Constitution.
     The government has not dealt with the amnesty issue in a social peace perspective. The government has chosen a political preference and has pardoned those public officials who committed crimes, those who act together with these criminal public officials and also organised gangs.
     To set some common criminals free is a positive development. However, unless the economic and social conditions that lead to committing crimes are changed, similar crimes will continue to be committed. When some reforms are not made in the judiciary execution system, many people will be imprisoned with unjust prosecution.
     The Amnesty Law does not meet the public conscience, on the contrary it hurts.
     The Human Rights Association defends a general amnesty without making discrimination between judicial and political inmates. HRA demands a general amnesty which would lead to establish social peace and would be a step to democratise the constitutional and legal structure.
     HRA does not accept the term of thought crimes and therefore, the state should apologise to the people who are in prison for the reason of having expressed their opinion and should set them free unconditionally.
     Postponement of sentences and other similar practices are not acceptable. Sentencing people because of their opinion is not under the authorisation of states. People decide on their own thoughts. States do not have the authority nor the duty to decide how people should think.
     People who are sent to prison for having expressed their opinion under article 312 of TPC are facing also political bans. They can either be deprived of being a founder and/or executive of any association or be banned regarding any political activity. Thus, a person's right to participate and to make a contribution to the political life of the country is being violated. A country, where the right to express one's opinion is under such a heavy law sanction, cannot be considered as a democratic country. (Hüsnü Öndül, IHD President, 30 August 1999)

    Another court action against human rights defenders

     Pressure on human rights defenders in Turkey continue. Most recently, a court action was launched against the central executive board members of the Human Rights Association (HRA) at the Court of First Instance No: 5 in Beyo?lu district in Istanbul. International Federation of Human Rights Leagues (FIDH), which the HRA is a member organisation, held its International Bureau meeting in Istanbul on 13-14 February 1999.
     FIDH decided to hold its International Bureau Meeting in Istanbul to show its solidarity with the human rights defenders in Turkey, in particular to the then president of the HRA and also the vice president of the FIDH, Ak?n Birdal, who was subjected to an armed assault. HRA appreciated this decision. Many human rights defenders from different parts of Turkey attended this meeting upon the call of the FIDH.
      A total of 11 executive board members of the HRA were sued because of the International Bureau meeting which was held in ?stanbul. A court action, demanding prison terms between 6 months and 2 years for each and the closure of the HRA, was launched against all the executive board members of the HRA. The executives are going to give their statements on 23 September 1999 in Ankara. The date of the hearing will be announced later.
     It is stated in the indictment "Although there is no any decision taken by the Council of Ministers which permits the Human Rights Association to carry international activities and to join similar foreign associations; although there was no permission from the Interior Ministry to invite foreign associations and their members to Turkey and to give opportunity to foreigners for making speeches in a meeting; Central Executive Board members of the Human Rights Association organised the International Bureau Meeting of the International Federation of Human Rights Leagues, which has consultative status at the UN and is based in Paris and which Akin Birdal is the Vice President, in Beyoglu in Istanbul on 13-14 February 1999; and thus the accused have committed the crimes as it is stated in the preparatory report.
     Therefore, it is demanded that the accused; Akin Birdal, Osman Baydemir, Mehmet Suavi Saygan, Hüsnü Öndül, Nazmi Gür, Hediye Gülten Dikmen, Sedat Aslantas, Yusuf Alatas, Hulusi Sabri Dokuzo?uz, Varlik Özmenek and Lütfi Demirkapi to be sentenced individually under articles 7, 43, 77/3 and 82 of the Law on Associations No:2908; and under articles 3 and 28/1 of the Law on Meeting and Demonstrations."
     Turkey, as a stateparty of many international human rights declarations and conventions, has also adopted the UN Declaration for the Protection of Human Rights Defenders dated 9 December 1998. However, pressure on human rights defenders continue intensively.
     We, call on international human rights organisations to be in solidarity with the Human Rights Association. (Nazmi Gür, IHD Secretary General, August 30, 1999)

    PRESSURE ON THE MEDIA/PRESSIONS SUR LES MEDIAS

    Le chanteur Kaya fait l'objet de lynchage médiatique

     Objet d'articles injurieux et mensongers de la presse turque, Ahmet Kaya, chanteur kurde, élu musicien de l'année en 1998 en Turquie, et menacé de 10,5 ans de prison pour avoir annoncé vouloir faire aussi des chansons en kurde et défendre " la réalité culturelle kurde en Turquie ", a tenu une conférence de presse le 28 juillet 1999 à Paris.
     En présence de son avocat Me Osman Ergin, vice-bâtonnier du barreau d'Istanbul, Me Patrick Baudoin, président de la Fédération Internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et M. Kendal Nezan, président de l'Institut Kurde de Paris, M. Kaya a déclaré qu' " un jour certains finiront bien par écrire l'histoire d'un homme parce qu'il était d'origine kurde, a voulu chanter une seule chanson en kurde et que cela ne pouvait diviser aucun pays et ceux qui liront cette histoire comprendront qu'il ne faut pas avoir peur de ceux qui chantent et de leurs chansons ".
     Il a déploré par ailleurs que " la presse turque diffuse à [son] sujet des masses de nouvelles sans fondement, sans preuves, ni témoins, des commentaires partiaux " en ajoutant qu'il n'a jamais eu l'intention d'être injurieux envers son pays. " À travers ma personne, c'est une culture qui est visée " a-t-il encore souligné.  La persécution de Kaya suscite de vives réactions dans les milieux artistiques en Turquie et à l'étranger.
     En France, l'ancien ministre de la culture, Jack Lang, président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, tout en déplorant la réaction des autorités turques, a transmis à Ahmet Kaya ses " profonds sentiments d'admiration pour sa détermination et pour son courage ".
     Cela étant, la presse turque continue de faire la sourde oreille sur les déclarations d'A. Kaya et continue de mener une " véritable de campagne de lynchage médiatique ", selon l'expression de M. Nezan au cours de la conférence de presse. La prochaine audience du procès du musicien se tiendra le 25 août à Istanbul. (CILDEKT, 3 août 1999)

    Journalist Duzgoren repeatedly harassed

     ARTICLE 19 is expressing its concern at a number of recent cases concerning Koray Düzgören, a Turkish journalist who in the past has suffered from unofficial pressure from the Turkish military on account of his journalistic work.
     On 9 March 1999 he was sentenced to two months' imprisonment, along with the popular singer Nilüfer Akbal, by a military court in Ankara, under Article 58 of the Military Penal Code, for making propaganda against national conscription. The charges related to the declaration of support he and Nilüfer Akbal gave to Osman Murat Ülke in "Düsünceye Özgürlük 9", a pamphlet highlighting freedom of expression cases (Osman Murat Ülke is a conscientious objector prosecuted for refusing to perform the obligatory military service after he had declared his willingness to perform alternative service instead. He is currently imprisoned). The sentences were confirmed on 25 May, and on 21 July Düzgören was ordered to go to prison.
     ARTICLE 19 is further concerned that civilians have been tried and convicted by purely military courts. In this context, the organisation notes the recent move by Prime Minister Sayin Bülent Ecevit's government to remove the military judge from the panel of the State Security Courts to bring the composition of these courts more into line with internationally-recognised standards for fair trial.
     Koray Düzgören is also being tried by the State Security Court in Sanliurfa for allegedly insulting the state and government. He was charged under Article 159 of the Turkish Penal Code (TCK) because of statements he allegedly made at a meeting in Sanliurfa on 20 December 1998 that torture methods inherited from the Ottoman Empire are systematic in Turkey. The first hearing took place on 9 February, and the case is continuing. As ARTICLE 19 has often pointed out in the past, it is clear that Article 159 of the TCK, along with such legislation as "The Law to Protect Atatürk", contravene Article 10 of the European Convention on Human Rights (ECHR), which deals with freedom of expression, and have no place in a democratic society.
     Furthermore, Koray Düzgören is a founder and board member of The Foundation for the Research of Societal Problems (TOSAV). In its publication of March 1999, there was a final declaration calling for a peaceful democratic solution to the Kurdish problem in Turkey. As a result, the publication was banned by the State Security Court in Ankara and all copies were confiscated before they could be distributed, again in flagrant breach of Article 10 of the ECHR. (ARTICLE 19/IFEX, August 6, 1999)

    Newly enacted gang law: a potential trouble for the press

     First the issue of "praising the domination of one social class over another" was on the agenda. Then the issue of praising the terrorist organizations was on the agenda. Then the publications that were inciting the public appeared on the agenda. And now the accusation of praising gangs has been turned into a new problem for the press. The punishments, which serve to limit freedom of expression, are always on the agenda, although they have different names. Criminal courts aimed at silencing those who express ideas of which the ruling powers do not approve always have a place in some part of the Turkish Criminal Law System. The journalists who express ideas that are not condoned by the powers that govern are subjected to incarceration.
     It is speculated that the gang law, which was adopted in order to counter the criminal organizations that were established for the purpose of obtaining illicit monetary gains, presents a new problem for journalists. The ruling parties have punished those who expressed sentiments and ideas that they did not sanction, according to the stipulations of articles 141, 142 and 163 of the Turkish Penal Code (TCK). These articles were repealed from the TCK 10 years ago, and the Anti-terror Law was immediately adopted in its stead. The punishment articles, which drew strong reactions from the public, have been placed as obstacles in the paths of scientists and journalists, though under a new name. When it became difficult to implement Article 8 of the Anti-terror Law because of international public reactions, old articles of the TCK were dragged out of the attic and dusted off. Articles 312 and 313 of the TCK, which pertain to the crime of inciting people, began to be understood as articles that pertain to the crime of free expression. The public's sensitivity over the state's connections with the mafia forced the government to enact a law related to this issue. Journalists and intellectuals were to be tried in court for praising the gangs and sentenced to up to four years in prison and a TL 5 billion fine if convicted.
     The revised article related to the media is as follows: "Anyone convicted of promoting the activities, purposes and targets of criminal organizations can be sentenced to two to four years in prison and a fine ranging from TL 1-5 billion. In the case of a broadcasting company, they would also have their operations shut down for one to three days."
     Based on the language of this article, it is not clear whether research projects and programs related to these criminal organizations are regarded as promotion of them or not. It is not clear whether a journalist who used the leader of a criminal organization or member of a criminal organization as a news source would be sentenced to prison or not. In the past, some journalists were sentenced to prison for broadcasting interviews with the leaders and members of criminal organizations, based on Article 8 of the Anti-terror Law, which bans promotion of criminal organizations.
     This law allows security forces to tap every kind of telecommunications equipment on the basis of the slightest suspicion of criminal activity. Since the law contains no stipulations regarding who can or cannot be tapped, anyone's telecommunications equipment, including that of deputies who have parliamentary immunity, may be tapped by security forces if there are any suspicions about them. The tapping of telecommunications equipment would effectively end the inviolability of the home. The activities of those under suspicion would be monitored with audio and video recording equipment in places that are open to the public, even in a mosque.
     The law states that a court order is needed to carry out a wiretapping operation. However, if a given situation is deemed an emergency, permission to carry out a wiretapping operation can be granted by a prosecutor. In such a situation, the prosecutor must submit his or her decision to the court within 24 hours. The final decision would then be issued by the court.
     According to the law, wiretapping operations conducted without the approval of a court constitute a crime. In the past, it was found that thousands of people's telecommunications equipment had been tapped, proving that police had arbitrarily conducted wiretapping operations. The new legislation is putting an end to this practice.
     One of the provisions of the law which creates concerns that abuses may result is the part which states that wiretapping can continue during election campaigns. Despite the contention of the ruling parties that this provision is intended to prevent criminal activities aimed at influencing election results, the provision might well allow the ruling parties to monitor the opposition parties and even take their members to court.
     According to the law, secret agents can be used to arrest members of crime organizations and secret witnesses can be used against the suspects in court. The identities of the witnesses are not permitted to be announced. This situation elicits criticism and brings the possibility of unjust accusations and perjury to mind.
     The law authorizes the court to freeze all the assets of those being tried on charges of having established a criminal organization in order to gain illicit profits, of being a member of such an organization or of providing support to a criminal organization. Since the Constitution bans "general confiscation," this law regulates the article under the title "enhanced confiscation." In the past, the law authorized confiscation only of the equipment and resources used in the committing of the crime. But the new law authorizes the court to freeze all assets, including the bank accounts of those charged with founding or being members of a criminal organization.
     According to the new law, wiretapping operations can last only three months after the court's initial decision to grant permission and can be extended only two times for additional three-month periods if deemed necessary. As a result, a wiretapping operation could in fact last nine months with the approval of a court. If the suspicion turns out to be a groundless, the documents against the suspect would be terminated within 10 days, under the supervision of the prosecutor.
     The law pertaining to gangs and the government's inclusion of provisions that effectively restrict press freedoms and could threaten the whole of society has drawn adverse reactions from the press. The country must wait a few years in order to see the negative side of the law's application.  (KEMAL BALCI, Turkish Probe, August 8, 1999)

    RSF calls for amnesty for imprisoned journalists

     Reporters Sans Frontières calls for an amnesty for journalists jailed for press crimes, for an amendment to the penal code and for the repeal of two clauses in the anti-terrorist law
     As the Turkish government prepares to submit a bill to parliament for the amnesty of prisoners, Reporters Sans Frontières (RSF) has called on prime minister Bülent Ecevit to include the cases of eleven journalists jailed because of their work or for peacefully expressing their opinions. The organisation also asked for prison sentences to be abolished for press offences and for clauses in the anti-terrorist law, which includes penalties for publishing "propaganda", to be repealed.
     RSF wishes to remind the government that articles 26 and 28 of the Turkish constitution guarantee press freedom and that Turkey has signed the European Convention on Human Rights, article 10 of which protects "freedom of opinion and the freedom to receive and pass on information or ideas without interference from the public authorities (...)." RSF also points out that in a document dated 14 July 1992, the United Nations Commission on Human Rights emphasised that "detention as punishment for the expression of an opinion is one of the most reprehensible means to enjoin silence, and as such constitutes a serious violation of human rights".
     Despite this, prison sentences are frequently passed in Turkey for press offences, mostly for "incitement to hatred" (article 312 of the penal code), "insulting or deriding the nation or the republic (...) or the security forces" (article 159), "publishing propaganda for a terrorist organisation" (article 7.2 of the anti-terrorist law - number 3713) or "propaganda against the indivisible unity of the state" (article 8 of the same law).
     Two recent examples illustrate this policy, which particularly targets journalists working for the pro-Kurdish or extreme-left media and those who take too many liberties when writing about the Kurdish question. In neither case did the offending articles contain incitement to hatred, murder or revolt - but they did use the words "Kurds" and "Kurdistan", both of which have been banned by the authorities. In June, the appeal court confirmed the 20-month prison term passed on Vedad Bakir, head of news at Radyo Karacadag, a station based in Sanliurfa, in the south-east of the country). On 29 September 1998, a state security court in the emergency region of Diyarbakir sentenced him for "incitement to hatred and hostility" (article 312). On 21 March 1998, Vedad Bakir had worked as a journalist for a newsletter published by the London-based Kurdish television channel Med-TV and had written about events that took place during Newroz (the Kurdish new year) in Sanliurfa. The journalist has not yet been jailed. On 18 May 1999 Oral Çalislar, editorial writer with the Kemalist daily Cumhuriyet, was sentenced to 13 months in jail by the Istanbul state security court for "publishing separatist propaganda" (article 8 of the anti-terrorist law). In October 1993, the journalist had published a booklet including several interviews with Abdullah Öcalan, leader of the Kurdistan Workers' Party (PKK), and Kemal Burkay, chairman of the Kurdistan Socialist Party, which had previously been published in Cumhuriyet between May and July 1993. Oral Çalislar has appealed against the sentence.
     RSF considers that these legal clauses and articles are being used by the Turkish authorities to jail some journalists and to censor democratic debate, particularly concerning the situation in the emergency region. The organisation calls for the prison sentences provided for in clauses 312 and 159 of the penal code to be abolished, and for articles 7 and 8 of the so-called "anti-terrorist" law to be repealed. These laws have been used to convict journalists who have peacefully expressed their opinions or reported facts necessary for citizens to be kept fully informed.
     Moreover, RSF calls on the courts to stop using article 169 of the penal code - "helping an armed organisation" - against journalists. They should not be punished for informing the public about the illegal activities of armed groups. On 16 March 1999, the general penal council of the appeal court made a ruling in the case of a man who had written pro-PKK graffiti. The council said that any text "supporting" an armed organisation came within the scope of article 169 of the penal code rather than article 7 of the anti-terrorist law. The ruling creates a dangerous precedent: it means that press crimes may now be described as "helping an armed organisation".
     For instance, Hasan Deniz, editor of the pro-Kurdish daily Özgür Bakis, has been held at Ümraniye prison since 4 June 1999, accused under article 169 of the penal code of publishing four reports mainly concerned with the trial of Abdullah Öcalan. Yalçin Küçük, a columnist with the left-wing weekly Hepileri, was sentenced on 22 March 1999 to seven and a half years in prison under article 169 because he had said on Med-TV that PKK militants were conducting a "holy struggle". He is currently in prison in Ankara.
     Between January 1997 and August 1999, at least six journalists were jailed under article 8 of the anti-terrorist law, five under article 7, two under article 312 of the penal code and two under article 159. Six editors who were imprisoned for press crimes were released in August 1997 under the terms of an amnesty law (number 4034 of the penal code).
     RSF calls for the cases of the following seven journalists to be included in the amnesty bill currently under consideration:
     Ismail Besikçi, of the pro-Kurdish daily Özgür Gündem, arrested on 12 November 1993. The prison sentences passed against him total 80 years. Most of the charges were based on article 8 of the anti-terrorist law.
     Dogan Güzel, a cartoonist with the pro-Kurdish daily Özgür Gündem, arrested on 31 July 1998. He was given an overall sentence of 50 months in jail in five cases (10 months for each cartoon). Sixteen months of the sentence are to be implemented and the rest was suspended. He was charged under article 159 of the penal code.
     Hasan Küçükoba, of the pro-Kurdish daily Özgür Ülke, arrested on 14 January 1999. He was sentenced to 13 months in prison under article 8 of the anti-terrorist law and 20 months under article 159 of the penal code following two trials. As editor of the newspaper, he has been ordered to pay over 60 billion Turkish pounds (160,000 dollars) in fines before September for 300 press offences. If he cannot pay, he faces another three years in jail.
     Nuray Yazar, of the extreme-left monthly Proleter Halkin Birligi, arrested on 24 June 1999. She has been sentenced to a total of one year, six months and ten days in prison under articles 7 and 8 of the anti-terrorist law.
     Hasan Deniz, of the pro-Kurdish daily Özgür Bakis, arrested on 4 June 1999. He is awaiting trial on charges brought under article 169 of the penal code.
     Yalçin Küçük, of the left-wing weekly Hepileri, arrested on 29 October 1998. He was sentenced to seven and a half years in prison under article 169 of the penal code and is currently being held at Gebze jail (Izmit).
     Makbule Türk, of the extreme-left journal Alinterimiz, arrested on 29 July 1999. She has been charged under article 169 of the penal code.
     RSF also asks the Turkish government to grant an amnesty to four more journalists because it believes, after an investigation, that they were convicted solely because of their work. They are:
     Ayten Öztürk, of the extreme-left weekly Kurtulus, arrested on 13 October 1997. She was sentenced to four and a half years in prison under article 169 of the penal code.
     Hasan Özgün, of the extreme-left daily Özgür Gündem, arrested on 10 December 1993. He was sentenced to 12 years and six months in prison under article 168/2 of the penal code ("belonging to an armed group").
     Asiye Zeybek Güzel, of the extreme-left weeklies Isçinin Yolu and Atilim, arrested on 22 February 1997, and raped while in custody. She is awaiting trial for "belonging to an armed group" (article 168/2 of the penal code).
     Nureddin Sirin, of the islamist weekly Selam, arrested on 6 February 1997. He was sentenced to 17 years and six months in prison under article 168 of the penal code.
     Finally, Reporters Sans Frontières is concerned that the amnesty may benefit the police officers who were sentenced for the manslaughter (article 452 of the penal code) of Metin Göktepe, a reporter with the extreme-left daily Evrensel, in January 1996. According to various sources, the officers, who were sentenced on appeal to seven and a half years in jail on 6 May 1999 for beating the journalist to death, could be freed under the terms of the proposed law. (RSF, August 9, 1999)

    Television station banned for broadcast on earthquake

     International Press Institute (IPI) condemns the banning of a Turkish television channel, Kanal 6, because of its coverage of last week's devastating earthquake.  IPI is informed that the privately-owned national television channel was shut down for one week because of its critical coverage of the government's handling of the rescue and cleanup operation and of companies it blamed for poorly constructed buildings that collapsed in the quake.
     Turkey's broadcasting watchdog, the High Board of Radio and Television (RTÜK), barred the station from going on air for a week from 30 August 1999, on charges of "encouraging violence, terror and ethnic discrimination and allowing broadcasting that could create feelings of hatred among the people." IPI understands that Kanal 6 will go to court to fight the order, but that the station does not expect to stop the ban.
     The Turkish government and military, stung by media criticism of its handling of the aftermath of the quake - which may have killed more than 40,000 people - have blamed the media for "going too far" and "having a negative effect on morale." On Wednesday 25 August, Health Minister Osman Durmus, the main target for criticism, urged the RTÜK to take action against six national television channels he accused of "directing grave insults towards him." Durmus is alleged to have spurned offers for help from Armenia and Greece. (IPI/IFEX, August 26, 1999)

    La chaîne TV suspendue accuse le gouvernement

     La chaîne de télévision nationale suspendue pour sa couverture du séisme de la semaine dernière a accusé le 25 août le gouvernement de se livrer à une vengeance politique.
     "La vraie raison, c'est que depuis le début nous avons dit que ce n'était pas un petit tremblement de terre et que les gens devraient aider, et que l'organisation gouvernementale n'était pas à la hauteur pour faire face à la situation", a estimé le coordinateur général de la chaîne, Aydin Ozdalga.
     Le Conseil supérieur de la radio télévision a décidé de fermer  la 6e chaîne pour une semaine à compter du 30 août en raison de son traitement du tremblement de terre jugé provocateur et susceptible d'encourager la violence et la discrimination ethnique.
     Ozdalga a déclaré que la chaîne contesterait la décision devant la justice mais qu'il ne s'attendait pas à ce que l'interdiction soit levée.
     Au centre des critiques se trouve le ministre de la Santé, Osman Durmus, accusé d'avoir refusé les propositions d'aide des traditionnels ennemis turcs, la Grèce et l'Arménie.
     Il a demandé au Conseil supérieur de la radio de prendre des mesures de retorsion contre six chaînes qui l'auraient insultées, rapporte l'agence anatolienne. Selon le responsable d'une des chaînes, Durmus a tenté de fermer toutes les chaînes incriminées. (Yahoo, 25 août 1999)

    RSF réagit contre la suspension

     Dans une lettre adressée au Premier ministre turc Bülent Ecevit, Reporters sans frontières (RSF) a condamné la suspension de la chaîne de télévision Kanal 6 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (RTÜK). RSF s'est déclarée "très inquiète de cette sanction qui est la suspension la plus longue jamais infligée à une chaîne nationale". Le secrétaire général, Robert Ménard, affirmant "que la critique, lorsqu'elle est de bonne foi, est un des droits fondamentaux de la presse dans une démocratie" a prié M. Ecevit "d'intervenir auprès du RTÜK afin que cette censure ne soit pas appliquée et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que les médias turcs écrits et audiovisuels puissent couvrir les événements liés au tremblement de terre en toute liberté et sans crainte d'être censurés".
     Le 24 août, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, RTÜK, a décidé de suspendre la diffusion de la chaîne nationale Kanal 6 pour une semaine en vertu de l'article 4 (g) de la loi sur la presse pour "incitation à la violence, à la terreur et création d'un sentiment de haine dans la société". Selon les sources de RSF, le RTÜK a pris cette décision sur la demande du gouvernement à la suite des vives critiques de la chaîne sur l'organisation des secours turcs après le tremblement de terre qui a touché votre pays le 17 août dernier. Lors du conseil des ministres du 22 août, M. Ecevit aurait déclaré au ministre d'Etat M. Yalova que "certains médias font mal leur travail" et qu'il fallait "discufter avec le RTÜK afin de mettre un peu d'ordre dans les médias". La veille, l'agence semi-officielle Anatolie avait rapporté les propos du chef d'état major qui reprochait à la presse "de ne parler que des sauveteurs étrangers et pas des soldats turcs". Le même jour, les services du gouvernement chargés d'organiser les secours ont refusé tout dialogue avec les journalistes. (RSF, le 26 août 1999)

    KURDISH QUESTION/QUESTION KURDE

    ARGK annonce qu'elle va se retirer de Turquie

     La branche armée du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé qu'elle allait à arrêter les combats et se retirer de Turquie à partir du 1er septembre, dans un communiqué parvenu à l'AFP à Istanbul.
     "Nous, les forces de l'ARGK, considérons comme un ordre l'appel du président Apo (diminutif d'Abdullah Ocalan) à nos forces armées d'arrêter la guerre à partir du 1er septembre", a déclaré l'Armée populaire de libération du Kurdistan (ARGK) dans ce communiqué.
     "Nous annonçons que nous commencerons à mettre en oeuvre le plan présenté par notre commandant suprême, le camarade Abdullah Ocalan, à partir du 1er septembre".
     Ocalan, 50 ans, avait appelé en début de semaine depuis sa prison ses combattants à arrêter les combats et se retirer hors de Turquie "pour le bien de la paix".
     Le 5 août, le conseil de commandement du PKK, qui regroupe l'aile militaire et l'aile politique (Front de libération nationale du Kurdistan ERNK), avait apporté son soutien à l'appel d'Ocalan.
     Mais l'ARGK, qui n'a pas toujours suivi les recommandations de ce Conseil, bien qu'elle en fasse partie, a pris le soin d'enfoncer le clou, signalant ainsi à ses hommes dans les montagnes qu'elle avait cette fois l'intention de s'aligner sur la direction.
     Le même jour, le procureur général appelait la Cour de cassation à confirmer la sentence de mort rendue par la justice turque fin juin contre Ocalan pour trahison et séparatisme.
     L'ARGK a toutefois averti l'armée turque qu'elle ne devait pas interpréter son retrait comme un signe de faiblesse et attaquer ses forces lors de leur sortie du territoire, soulignant qu'elle se réservait le droit d'autodéfense.
     "En dehors de l'usage de notre droit légitime d'autodéfense contre des attaques lancées sous la présomption que la réalisation de notre plan (de retrait) est une faiblesse, il n'y aura pas d'action armée de la part de nos forces", a souligné l'ARGK.
     Le communiqué ne précise pas où les forces de l'ARGK se retireraient.
     Le nord de l'Irak, où le PKK a déjà plusieurs bases, apparaît le pays le plus probable.
     Mais la presse turque soulignait que le nord-ouest de l'Iran était aussi possible, dans la mesure où le PKK a pu y tenir un congrès clandestin au printemps.
     L'annonce du PKK qu'il était prêt à se retirer de Turquie a créé un espoir mesuré en Turquie et dans la diaspora kurde que le conflit vieux de 15 ans puisse voir une fin.
     Le PKK a lancé en 1984 une rébellion armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le sud-est anatolien à majorité kurde. Les violences liées à cette rébellion ont fait quelque 31.000 morts
     "Bien sûr, tout le monde serait content que le terrorisme prenne fin. Nous ne marchanderons avec personne sur cette question", a déclaré à des journalistes le Premier ministre Bulent Ecevit.
     La presse turque appelait le gouvernement à agir pour améliorer la situation dans le sud-est.
     Les commentateurs voyaient dans l'appel d'Apo une reddition mais soulignaient prudemment que l'affrontement entre le PKK et les forces de sécurité turque n'était pas le seul problème affectant la région.
     L'éditorialiste de Milliyet estimait que "le mouvement politique kurde sera toujours là... Jusqu'à maintenant, la lutte contre le terrorisme et la violence était de nature militaire. Maintenant, nous avons besoin de scénarios d'une nature plus économique et sociale", a-t-il dit.
     Le quotidien à grand tirage Hurriyet estimait qu'il était grand temps que les autorités reconnaissent les vraies raisons ayant conduit au conflit.
     "Nous avons besoin de nommer le vrai problème. Le cancer est une sale maladie, mais nous l'appelons une grippe et nous ne le traitons pas", a souligné le journal.  (AFP, 5 août 1999)

    Ecevit exclut tout "marchandage" avec Ocalan et le PKK

     Le Premier ministre turc Bulent Ecevit a rejeté le 4 août l'appel d'Ocalan qui a demandé à ses combattants de se retirer de Turquie et à l'Etat turc de soutenir ce "processus de paix".
     "L'Etat turc ne s'engage dans aucun marchandage avec une personne ou une organisation", a dit M. Ecevit devant la presse.
     "L'organisation terroriste est acculée dans une impasse. Apparemment, Ocalan ne s'en est aperçu qu'après sa capture et sa condamnation en Turquie", a estimé M. Ecevit.
     Le chef du PKK a appelé ses militants à déposer les armes et à se retirer de Turquie "pour le bien de la paix" à partir du 1er septembre 1999, dans un communiqué diffusé par ses avocats.
     Interrogé pour savoir s'il trouvait l'appel d'Ocalan positif, M. Ecevit a répondu: "Nous ne savons pas s'il aura des résultats. Le temps le montrera".
     Ocalan a été condamné à mort le 29 juin pour trahison et séparatisme. Pendant son procès, il avait lancé plusieurs appels à une solution négociée au conflit kurde, laissés sans réponse par l'Etat turc pour lequel le PKK est une organisation "terroriste".
     La condamnation d'Ocalan avait été suivie par une vague d'attentats à l'explosif et de fusillades en Turquie.
     La branche armée du PKK, l'Armée populaire de libération du Kurdistan (ARGK), avait ensuite appelé ses militants à ne pas s'attaquer aux civils "jusqu'à nouvel ordre", dans un communiqué diffusé le 13 juillet.
     Mais le Conseil de commandement du PKK avait menacé la Turquie de "représailles" le 22 juillet après la capture en Europe d'un de ses responsables, Cevat Soysal, ensuite inculpé pour "formation de bande armée".
     Le PKK a lancé en 1984 une rébellion armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. Les violences liées à la rébellion ont fait quelque 31.000 morts. (AFP, 4 août 1999)

    Le procureur général réclame la pendaison pour Ocalan

     Le procureur général turc a demandé le 5 août à la Cour de cassation de confirmer la sentence de mort rendue contre le chef rebelle kurde Abdullah Ocalan, deux jours après qu'il ait appelé ses militants à abandonner la lutte armée.
     M. Savas a estimé qu'Ocalan avait "violé des centaines de fois l'article 125" du code pénal turc qui sanctionne l'atteinte à l'intégrité territoriale de la Turquie "en faisant commettre à ses militants des actes dont chacun peut être considéré comme un crime contre l'humanité", a indiqué l'agence Anatolie.
     Qualifiant son parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) "d'organisation terroriste la plus sanglante du 20-ème siècle", il a estimé que la Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Ankara qui l'a jugé lui avait réservé un "procès équitable", donnant le droit à l'accusé et à ses avocats "de se défendre de la meilleure façon possible".
     M. Savas a rendu sa recommandation dans un document de deux pages remis à la Cour de cassation, qui doit examiner l'affaire, probablement après la rentrée judiciaire le 6 septembre.
     Ocalan a été condamné à mort le 29 juin pour trahison et tentative de diviser la Turquie par la DGM d'Ankara sur l'île-prison d'Imrali (ouest). La DGM avait envoyé le dossier à la Cour de cassation le 27 juillet.
     M. Savas a souligné que la DGM avait mené le procès "dégagée de toute influence". Et ce, "malgré les efforts pour faire pression sur elle de certains pays étrangers qui ont aidé Ocalan et son PKK (...) et d'associations et organisation qui défendent prétendument les droits de l'Homme mais ont une attitude hostile envers la République turque".
     "Je demande donc que la sentence soit confirmée, a-t-il conclu.
     Cette décision intervient deux jours après un appel d'Ocalan à ses militants leur demandant d'abandonner la lutte armée et de se retirer du territoire turc à partir du 1er septembre, soit peu avant la rentrée judiciaire.  Ocalan a également demandé à l'Etat turc de soutenir ce "processus de paix" visant à mettre fin au conflit kurde.
     Le 5 août le PKK a annoncé qu'il soutenait l'appel de son chef à abandonner la lutte armée et se retirer du territoire turc à partir du 1er septembre.
     Mais le Premier ministre turc Bulent Ecevit avait indiqué que l'Etat turc refusait tout "marchandage" avec une organisation "terroriste".
     Les pays européens ont appelé la Turquie à ne pas exécuter Ocalan, 50 ans, en faisant même une condition pour qu'elle puisse obtenir le statut de candidat à l'Union européenne (UE) lors du sommet d'Helsinki en décembre.
     Les avocats d'Ocalan ont demandé dans leur appel que le jugement soit cassé en faisant valoir de nombreuses irrégularités dans le procès dont "chacune d'elle est suffisante pour mettre en doute la légalité de la sentence".
     Si la Cour de Cassation confirme la sentence, Ocalan a encore une possibilité d'appel auprès de la même Cour, mais qui est rarement accordée.
     Une fois épuisés tous les recours internes, les avocats peuvent alors porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme, mais celle-ci n'a pas la compétence d'arrêter la décision prise par les autorités compétentes d'un pays.
     Le parlement turc, qui doit en dernier ressort examiner l'affaire, peu donc s'en saisir quand il le souhaite, et sans attendre la décision de la Cour européenne, pour voter pour ou contre la pendaison du chef rebelle.
     Le président Suleyman Demirel devra ensuite ratifier la décision.
     M. Demirel avait récemment souligné qu'il s'agissait d'une décision "sensible et politique". (AFP, 5 août 1999)

    La Cour de cassation examinera en octobre le cas d'Ocalan

     La Cour de cassation turque entamera le 7 octobre son examen de la sentence de mort rendue contre Ocalan, a annoncé l'agence Anatolie.
     Lors de cette audience, les avocats du chef rebelle doivent exposer les raisons pour lesquelles le jugement doit, selon eux, être cassé. La Cour annoncera ensuite la date à laquelle elle rendra sa décision.
     Ocalan a été condamné à mort le 29 juin dernier par la Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Ankara pour trahison et tentative de diviser la Turquie, au terme de l'article 125 du code pénal turc.
     Le procureur général auprès de la Cour de cassation Vural Savas lui a recommandé de confirmer la sentence, estimant qu'Ocalan avait violé "des centaines de fois" l'article 125 et que son procès avait été équitable.
     Cette recommandation n'est pas contraignante pour la Cour.
     Si la Cour confirme la sentence, celle-ci sera examinée par le parlement, dont la décision sera ensuite ratifiée par le président Suleyman Demirel. (AFP, 6 août 1999)

    Demirel reçoit les maires des provinces kurdes

     Le président turc Suleyman Demirel a reçu le 7 août les maires des provinces de l'Est et du Sud-est anatoliens, en proie à la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et leur a demandé de respecter la constitution.
     "Toute revendication est légale si elle est faite dans le cadre de la constitution. Sinon elle peut engendrer de gros problèmes", a dit M. Demirel en recevant les maires de sept provinces, élus lors des municipales du 18 avril sur les listes du parti pro-kurde de la démocratie du peuple (HADEP).
     "Tous les citoyens turcs jouissent des même droits qu'ils soient originaires du sud-est ou de l'ouest. Nous sommes dans l'obligation de préserver l'harmonie dans ce pays afin de ne pas détériorer la paix sociale", a-t-il indiqué.
     Le parti nationaliste kurde a remporté plusieurs mairies dans l'Est et le Sud-est à majorité kurde, dont celle de la plus grande ville de la région, Diyarbakir, ainsi que Van, Agri, Siirt, Hakkari, Batman et Bingol.
     Le HADEP fait l'objet depuis fin janvier d'une procédure d'interdiction pour "liens organiques" avec le PKK, lancée par le procureur de la Cour de cassation Vural Savas.
     Plusieurs membres du HADEP ont déjà été condamnés par des tribunaux pour liens présumés avec le PKK, dont la rébellion armée déclenchée en 1984 dans le Sud-est pour y créér un Etat kurde indépendant a fait près de 31.000 morts.
     Le maire de Diyarbakir Feridun Celik a pour sa part qualifié l'appel du chef du PKK Abdullah d'Ocalan à ses militants à déposer les armes et à se retirer de Turquie de "tournant" pour la région.
     "Il faut faire des pas courageux. Tous les citoyens de ce pays, sutout ceux de notre région, ont grandement besoin de la paix", a-t-il souligné.
     Il a également demandé que la peine de mort soit abolie et que des arrangements constitutionnels soient réalisés pour le développement des droits de l'Homme dans sa région. (AFP, 7 août 1999)

    Kurdish-Speaking MP Stirs Nationalist Anger in Parliament

     Turkey's parliamentary authorities on 5 August erased a reference to Kurdish as a second language from the official biography of an Islamist MP after far-right MPs objected. MP Mehmet Fuat Firat of the Fazilet (Welfare) Party had listed Kurdish as one of his foreign languages along with Arabic and Persian in the parliamentary yearbook. However, deputies from the ruling coalition complained that Kurdish is not a recognized language in Turkey and that Firat's statement amounted to "non-recognition of the Turkish state and propaganda for separatism". The entry was subsequently deleted from Firat's biography on the parliament's Internet website.
     "We find it strange that he should try to show that such a language exists when it is not recognized by the Turkish state," MP Mustafa Gül of the Nationalistic Movement Party (MHP) told journalists. "It's not a language, it's a dialect, an accent."
     In the meantime, Firat told the Kurdish newspaper "Özgür Politika" that although he had listed Kurdish as a foreign language, it was in fact his mother tongue. "I cannot deny my Kurdish origins. Everyone knows that Kurds and the Kurdish language exist. My parents are Kurds. ...If I were to deny these facts, would this reality change in any way?"
     The parliament's decision to strike Firat's mention of Kurdish was protested by numerous civilian and democratic organizations in Turkey. The Chairman of the Party for Democracy and Peace (DBP), Yilmaz Camlibel, said in a party declaration: "We know that in many states people face hatred because of their ethnic origin, religion, class, skin color, or gender. But hatred and enmity toward a language seems to be a Turkish specialty." (Reuters, 5.8.99; DBP, 10.8.99; Hürriyet-IKM, 11.8.99)

    "Le PKK prêt à rendre les armes contre une amnistie"

     Le leader du PKK Ocalan a assuré que son parti était prêt à rendre les armes en échange d'une amnistie générale et de réformes, dans un communiqué diffusé le 13 août par ses avocats.
     "Nous pouvons rendre les armes au moment où il y aura les réformes légales que tous les partis ont promises et l'amnistie générale qui est une partie de ces réformes", a déclaré Ocalan dans ce communiqué, rédigé après une visite de ses avocats sur l'île prison d'Imrali.
     "Si l'Etat dit "venez", ils (NDLR: les combattants du PKK) viendront avec leurs armes. L'Etat doit faire son devoir pour la paix", a-t-il dit.
     Ocalan a réclamé à plusieurs reprises ces dernières semaines des mesures de l'Etat turc en faveur des rebelles afin que la rébellion puisse cesser, notamment une large amnistie.
     Le gouvernement a soumis récemment au parlement un projet de loi sur les repentis prévoyant une amnistie complète ou partielle pour les rebelles du PKK qui se rendraient, à condition qu'ils n'aient pas participé à des actions armées, et excluant Ocalan.
     Il prépare également un autre projet, d'amnistie générale, mais qui n'inclut pas les rebelles.
     Le chef du PKK a défendu son appel à ses rebelles d'arrêter les combats et de se retirer de Turquie à partir du 1er septembre, en soulignant que c'était "le moyen le plus pratique d'éliminer les affrontements, la méthode la moins risquée pour résoudre le problème".
     "Je parle pour arrêter l'effusion de sang", a-t-il dit, tentant une fois de plus de convaincre de sa sincérité.
     Plusieurs commentateurs de la presse turque estiment que l'appel d'Ocalan est une simple manoeuvre pour permettre au PKK de regrouper ses forces dans le nord de l'Irak, se demandant pourquoi il n'a pas appelé son parti à rendre les armes.
     Ocalan a été condamné à mort fin juin pour trahison et séparatisme et la sentence doit être examinée en octobre par la Cour de cassation.
     Le PKK a lancé en 1984 une lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. Les violences liées à la rébellion ont fait quelque 31.000 morts. (AFP, 13 août 1999)

    Une société britannique avait proposé d'assassiner Ocalan

     Une entreprise privée britannique spécialisée dans la sécurité avait proposé à Ankara d'assassiner le dirigeant kurde Ocalan pour un montant de 9,2 millions de dollars rapporte le journal dominical britannique The Sunday Times.
     Selon le journal, la société Aims Ltd, basée à Salisbury (est de l'Angleterre), qui maintient des liens avec l'unité d'élite de l'armée britannique SAS et les services de renseignement, avait proposé de "se débarrasser" du dirigeant du Parti des Travailleurs kurdes (PKK).
     La proposition avait été faite après que le gouvernement turc eut demandé à la société en 1995 de le conseiller sur la manière manière de neutraliser Ocalan, précise le Sunday Times.
     Aims avait offert de le retrouver et d'organiser son assassinat en suggérant d'utiliser des soldats des SAS pour entraîner un commando turc à mener l'attaque dans un pays étranger ou de faire enlever le dirigeant kurde pour le ramener en Turquie.
     Dans un document cité par le journal, la société précisait qu"'il était plus simple de se débarasser" d'Ocalan là où il se trouvait.
     Selon le Sunday Times, le gouvernement turc aurait alors décidé de ne pas faire assassiner Ocalan.
     Le journal précise que Aims, ainsi qu'une deuxième société privée britannique, la centrale américaine de renseignement CIA et le service israélien Mossad ont aidé Ankara à enlever Ocalan en février dernier au Kenya.
     Les deux sociétés britanniques ont été grassement rémunérées pour leur rôle dans l'entraînement des commandos spéciaux turcs qui ont mené l'opération, ajoute le journal.
     Ocalan a été condamné à mort en juin dernier par un tribunal turc. (AFP, 22 août 1999)

    Ecevit opposé à l'autonomie culturelle des Kurdes

     Le Premier ministre turc Bulent Ecevit se déclare opposé à une autonomie culturelle des Kurdes car elle conduirait, selon lui, à un morcellement de la Turquie, dans un entretien à paraître dans l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.
     Les Kurdes "parlent d'autonomie culturelle, mais tout le monde sait bien qu'ils veulent l'indépendance. La Turquie a été suffisamment tronçonnée après la Première Guerre mondiale, nous n'accepterons jamais une nouvelle atteinte à notre intégrité", déclare-t-il.
     M. Ecevit se refuse par ailleurs à dire s'il s'opposera à la condamnation à mort d'Ocalan, prononcée par la Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara, même si son parti, souligne-t-il, est opposé à la peine capitale.
     "Le procès est en cours. Je ne peux rien ajouter", se borne-t-il à dire sur cette question.
     Le Premier ministre turc rappelle à cet égard que le gouvernement a soumis récemment au parlement un projet de loi sur les repentis prévoyant une amnistie complète ou partielle pour les rebelles du PKK qui se rendraient, à condition qu'ils n'aient pas participé à des actions armées, et excluant M. Ocalan.
     A la question de savoir si les kurdes pourraient avoir leurs journaux, leur télévision, leurs écoles, M. Ecevit affirme qu'"il n'y a aucune restriction sur les journaux ou les livres".
     "Pour l'école, c'est l'école de la République, dans la langue de la République, comme en France. Quant à la télévision, ce n'est pas encore possible. L'opinion est très montée contre le PKK qui a tué des milliers de civils. C'est une autre étape", estime-t-il.  (AFP, 25 août 1999)

    Repentance Law for PKK Members Has Limited Scope

     On 26 August the Turkish parliament passed a "repentance" law to encourage members of the Workersí Party of Kurdistan (PKK) to surrender without fear of prosecution. But the law, watered down under pressure from the governmentís nationalist coalition partner, the MHP, has a limited scope that probably excludes most guerillas. Under the law, which will expire in six months, the only PKK members eligible for amnesty are those who:
     - have never actively participated in an armed operation or killed or wounded Turkish soldiers,
     - are not senior PKK commanders (thus Öcalan himself is also excluded),
     - may have participated in criminal acts before the repentance law went into effect but do not
    have an official criminal record and are not the subjects of a pending criminal investigation,
     - voluntarily give themselves up and "aid in the prevention of further crimes" by confessing
    and giving the authorities information about PKK operations.
     The law also foresees the possibility of lower sentences for any imprisoned guerillas who provide reliable information against the PKK. There are about 5,000 PKK members in prisons throughout Turkey.
     Prime Minister Bulent Ecevit first announced the planned partial amnesty for guerillas after the capture of Abdullah Öcalan in February. But since then he has been returned to power at the head of a coalition with the far-right Nationalist Movement Party (MHP) which is firmly opposed to concessions to the PKK. (IMK: Associated Press, 26.8.99; Reuters, 27.8.99; Milliyet, 30.8.99)

    ARMED FORCES/FORCES ARMEES

    L'expulsion des  58 officiers "extrémistes"

     Le Conseil militaire suprême turc a décidé d'expulser 58 officiers pour activités liées à des groupes islamistes, d'extrême droite et d'extrême gauche, a indiqué le 3 août la presse turque.
     La décision a été prise lundi au premier jour de la réunion de trois jours du conseil.
     Ces dernières années, l'armée turque a expulsé des centaines d'officiers, la plupart accusés de lien avec des groupes islamistes extrémistes. Le fondamentalisme musulman est considéré par les militaires comme la menace principale pour la république laïque.
     Les décisions du conseil sont irréversibles et les officiers expulsés n'ont pas le droit de faire appel.
     Le Conseil doit aussi nommer un nouveau commandant de l'armée de l'air et de la marine, les titulaires, respectivement Ilhan Kilic et Salim Dervisoglu, partant à la retraite le 30 août.
     Selon la presse, le général Ergin Celasin deviendrait chef de l'armée de l'air et l'amiral Ilhami Erdil celui de la marine. (AFP, 3 août 1999)

    MAFIA RELATIONS/RELATIONS MAFIEUSES

    Le gouvernement autorise le blanchiment d'argent

     Le Premier ministre turc Bülent Ecevit et ses partenaires de la coalition gouvernementale ont révélé au cours d'une conférence de presse le 22 juillet 1999 " le paquet économique " sensé relancer l'économie turque en crise.
     Une des premières décisions du gouvernement turc est de proroger de trois ans la grâce accordée aux détenteurs de l'argent sale dans le pays. Un projet antérieur appelé par la presse turque " où est-ce que tu as trouvé cela ? " destiné à mettre le système bancaire turc en conformité avec les exigences de l'OCDE en matière de lutte contre le blanchiment d'argent douteux, aurait dû enfin entrer en vigueur cette année.
     L'Etat s'était effectivement engagé à ne demander aucun compte aux détenteurs d'argent aux origines douteuses si les personnes concernées faisaient leur déclaration au Fisc avant le 30 septembre 1998. Ce délai de grâce avait été prolongé de facto depuis. Pour ranimer son économie exsangue en raison notamment du coût de la guerre du Kurdistan et de la baisse des revenus du tourisme, Ankara compte sur les ressources colossales de l'économie parallèle ($ 100 milliards par an selon Le Figaro du 13-11-98 ) et pour cela, au mépris de la légalité internationale, prolonge de trois ans sa gigantesque opération de blanchiment de l'argent sale.
     Par cette nouvelle décision, nul ne sera inquiété pendant trois ans sur l'origine de sa fortune. La carte blanche est ainsi donnée à la puissante mafia  uvrant sous la protection de certains services de l'Etat.  En 1996, le trafic de drogue avait rapporté $ 37,5 milliards à l'économie turque. La mafia russe pourrait également utiliser le système bancaire turc pour blanchir une partie de son argent. Les gouvernements occidentaux qui infligent des peines sévères à des petits dealers de banlieue restent silencieux sur l'organisation par le gouvernement turc de cette gigantesque opération de blanchiment. (CILDEKT, 3 août 1999)

    SOCIO-ECONOMIC-SOCIO-ECONOMIQUE

    New Book Criticizes GAP Dam Project in Turkey

     In a doctoral dissertation recently published as a book, the economist Mukaddes Sahin reviews the economic, social, and environmental aspects of the Turkish government's Southeast Anatolia Project (GAP), which aims to build a series of mammoth dams across the Tigris and Euphrates rivers in the Kurdish-populated region of the country. GAP is the largest investment project in Turkish history and one of the largest development projects in the Near East.
     The Turkish government claims that the project will bring progress in energy production, agriculture and industry, tourism, health, and housing construction. But these ambitious claims are questioned by Ms. Sahin, whose cost-benefit analyis of  the project is explained in terms understandable to the lay reader. Her research - which was made  difficult by the fact that the Turkish authorities have released hardly any information about the costs vs. benefits of the project - reveals that the government has not taken into account whole categories of costs, such as those involved in the resettlement of people displaced by the dam construction projects. The Atat¸rk Dam alone resulted in the destruction of 144 villages and displaced more than 100,000 people. Nor have the GAP planners taken into account the far-reaching ecological changes that will be caused by the dam project. Because of  the creation of giant lakes to replace the present steppes and deserts of the region, an ecological catastrophe may be in the offing. The recently begun irrigation project in the Harran plain has already increased the salinity of broad swathes of land to the point of infertility. The study also points to the political conflicts that will be exacerbated if Turkey gains control over the waters of the Tigris and Euphrates that are desperately needed by downstream countries such as Syria.
     To date, the GAP project has received hardly any negative criticism within Turkey - even among the Kurdish population - or in Europe. The official Turkish position - that the project will bring prosperity to the region and thus contribute to a solution of the Kurdish problem - has not encountered serious criticism. It is to be hoped that Ms. Sahin's book will move its readers to a critical reconsideration of this position. (IMK)
     Mukaddes Sahin, Politischer Grà?enwahn oder sinnvolle Entwicklungspolitik - Das S¸dostanatolienprojekt (GAP) unter Nutzen-Kosten-Gesichtspunkten (Political Megalomania or Meaningful Development Policy? The Southeast Anatolia Project (GAP) from a Cost-Benefit Perspective), Peter Lang GmbH, Frankfurt 1999, 302 pgs. (IMK, 5 August 1999)

    Réaction au projet de centrale nucléaire turque

     Le mouvement des Verts à Chypre a demandé aux ministres français et allemand de l'Environnement d'agir pour empêcher la construction d'une centrale nucléaire en Turquie, a indiqué l'agence chypriote CNA.
     Dans leur message adressé au ministre français Dominique Voynet et son homologue allemand Jurgen Trittin, le mouvement chypriote pour l'Ecologie et l'Environnement, demande "d'empêcher le consortium franco-allemand d'énergie nucléaire de fournir la technologie nucléaire à la Turquie".
     Selon l'agence chypriote CNA, le message s'inscrit dans la campagne menée par la Fédération europénne des Verts en faveur de le dénucléarisation de la Méditerranée.
     Chypre se trouve à 60 km des côtes turques.
     Pour le chef des Verts chypriotes, George Perdikis, les deux ministres ont été choisis pour "leur appartenance aux partis des Verts et leur devoir d'influencer les compagnies de leurs pays qui tentent de vendre à la Turquie l'équipement nécessaire à la construction de la centrale".
     "A l'heure où l'Europe met en veilleuse tous ses projets de centrales nucléaires, il serait paradoxal de promouvoir la centrale nucléaire turque", ajoute le texte.
     Des experts de plusieurs pays d'Europe et du Canada réunis à Rhodes (sud-est de la Grèce) en juillet dernier ont affirmé que la mer Egée et la Méditerranée encouraient de graves dangers en raison du projet de la centrale turque.
     Trois consortiums, un franco-allemand, un autre réunissant des entreprises canadiennes, britanniques et japonaises, et un troisième américano-japonais seraient en lice pour la construction de cette centrale à Akkuyu, près de Mersin (sud de la Turquie). (AFP, 6 août 1999)

    Assassinat du secrétaire général de la Turk-Is

     Le secrétaire général de la Confédération des Syndicats Ouvriers de Turquie (Turk-Is), Semsi Denizer, a été assassiné le 7 août peu après minuit près de son domicile à Zonguldak (nord de la Turquie, sur la côte de la mer Noire), a indiqué la chaîne nationale de télévision TRT.
     Selon la chaîne, les premiers éléments de l'enquête semblent indiquer que ce meurtre a pour origine un conflit concernant des dettes que la victime avait contractées.
     M. Denizer, 48 ans, a été grièvement blessé par 13 balles tirées par un seul assaillant. Immédiatement transporté dans un hôpital, il a succombé des suites de ses blessures, a ajouté TRT.
     Il devait participer à Zonguldak à l'assemblée générale du syndicat des mineurs (Maden-Is) qu'il présidait depuis 1989.
     Selon la chaîne, la police a arrêté l'assaillant qui a reconnu son geste en affirmant qu'il avait voulu assassiner le syndicaliste à la suite d'un différend concernant des dettes.
     Le suspect, Cengiz Balik, un homme de 43 ans, était en possession de deux armes à feu au moment de son arrestation. Selon la chaîne, il s'agirait d'un repris de justice qui a déjà purgé une peine de 7 ans de prison pour meurtre.
     Le suspect aurait tenté de se suicider devant le siège de la police de Zonguldak mais en aurait été empêché par des officiers, a précisé la chaîne d'information en continu NTV.
     La police a refusé de fournir des détails de l'enquête mais NTV a cité le gouverneur de Zonguldak, Ismet Metin, affirmant que le premières déclarations du suspect "n'apparaissaient pas très convaicantes".
     Le président de Turk-Is, Bayram Meral, a déclaré à NTV que l'assassinat "n'était pas qu'une simple question d'argent" et ajouté que "d'autres personnes étaient derrière".
     "Ce crime doit être élucidé", a-t-il déclaré à la même chaîne.
     Réagissant à l'assassinat de Semsi Denizer, plusieurs responsables syndicaux, interrogés par TRT, ont qualifié le meurtre "de coup porté à l'ensemble du mouvement ouvrier".
     Le meurtre intervient au moment où 15 syndicats prévoyaient des actions communes contre le projet de réforme du système de la sécurité sociale présenté par le gouvernement, prévoyant notamment de porter l'âge de la retraite à 60 ans contre 55 pour les hommes et à 58 ans contre 50 pour les femmes.
     Les syndicats turcs ont attaqué ce projet, accusant le gouvernement de se "soumettre aux diktats" du Fonds monétaire international (FMI).
     Des manifestations ont été organisées à travers l'ensemble du pays pour dire "non à la retraite au tombeau".
     Turk-Is, la plus grande confédération syndicale turque, compte plus d'un million de membres.
     Elle avait décidé d'ajourner une grève générale prévue pour le lendemain après que le gouvernement eut retiré son projet de loi qui devait être débattu en priorité par le Parlement. Elle avait qualifié de "constructive" la décision du gouvernement et annoncé qu'elle attendrait une clarification de la part de l'exécutif avant de se prononcer sur l'éventualité d'une grève.
     "Nous reportons pour le moment notre action. Mais si le gouvernement ne remédie pas aux erreurs dans son projet de loi, nous nous engagerons alors dans une action encore plus intensive", avait déclaré Semsi Denizer. (AFP, 7 août 1999)

    Adoption d'une loi sur l'arbitrage international

     Le parlement turc a adopté le 13 août une loi autorisant un arbitrage international dans les contrats de concessions publiques aux compagnies privées, qui vise à favoriser les investissements étrangers.
     La loi soustrait les éventuels conflits sur les contrats de concession à la juridiction turque. Elle fait partie des mesures préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) pour ramener la confiance et obtenir son aide.
     La loi a été adoptée à la majorité des deux-tiers des voix du parlement, requise en cas de changement de la constitution, car elle réduit les compétences du conseil d'Etat, auquel était soumis pour examen préalable tout contrat de concession.
     Elle vise à attirer les capitaux privés pour financer les projets d'infrastructures, en particulier dans le domaine de l'énergie, et fait partie d'une série de réformes du gouvernement de Bulent Ecevit pour relancer la croissance.
     Le gouvernement a dû obtenir un soutien de l'opposition pour faire voter son projet, adopté par 448 voix, car les trois partis de la coalition ne réunissent que 351 sièges (sur 550 au parlement).
     L'opposition avait dans un premier temps décrié la "perte de souveraineté" que cette loi implique pour la Turquie. (AFP, 13 août 1999)

    Grève contre une réforme de la sécurité sociale

     Les salariés turcs, essentiellement du secteur public, ont observé le 13 août une grève générale d'une journée pour protester contre une réforme de la sécurité sociale allongeant l'âge de la retraite.
     "Malgré la pression des officiels et des employeurs, notre réaction démocratique a eu du succès", a souligné Bayram Meral, président de la confédération syndicale turque TURK-IS en commentant le mouvement, sans chiffre de participation.
     Certaines parties de la Turquie ont été paralysées par la grève dans les transports publics --trains, bus et ferries-- selon l'agence Anatolie.
     Les hôpitaux des grandes villes ont fourni un service minimum d'urgences. Les employés municipaux n'ont pas ramassé les ordures ni répondu aux appels de dépannage sur le réseau électrique.
     Dans le centre d'Ankara, des centaines de manifestants ont protesté contre le projet de réforme, qui porte l'âge de la retraite pour les hommes de 55 à 60 ans et pour les femmes de 50 à 58 ans, entourés d'importantes forces de sécurité.
     Cinq journalistes ont été légèrement blessés lors d'une échauffourée entre les manifestants et la police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques, selon Anatolie.
     Des manifestations ont également eu lieu à Istanbul et Izmir.
     Le parlement examinait pendant ce temps la réforme de la sécurité sociale, qui accuse un lourd déficit et creuse la dette intérieure. Cette réforme est préconisée par le Fonds monétaire international (FMI) si la Turquie veut obtenir un crédit stand-by. (AFP, 13 août 1999)

    La réforme des retraites votée par le parlement

     Le Parlement turc a voté le 25 août une loi controversée réformant les retraites, dont l'adoption conditionnait l'octroi de prêts du Fonds monétaire international (FMI), devenus urgents après le séisme qui a dévasté le coeur industriel du pays.
     Le projet de loi, qui porte l'âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 58 pour les femmes, contre une moyenne actuelle de 50 ans pour les hommmes et 45 ans pour les femmes, avait déclenché des manifestations et des actions syndicales le mois dernier quand il avait été soumis à l'Assemblée.
     Le parlement avait suspendu ses débats après le tremblement de terre du 17 août qui a fait au moins 12.500 morts, selon un bilan toujours provisoire. Les travaux parlementaires ont repris mardi.
     A la suite du tremblement de terre, les députés ont adopté un amendement au projet de loi sur les retraites, qui permet le paiement de pensions aux personnes dépendantes de salariés décédés dans le séisme et qui avaient cotisé 360 jours.
     Le parti d'opposition islamiste de la Vertu a annoncé qu'il demanderait l'abrogation de la nouvelle loi.
     Le vote de la réforme des retraites survient alors que le FMI a annoncé qu'il dépêcherait une mission d'experts à la mi-septembre en Turquie pour étudier les conditions de l'octroi à ce pays des autorisations d'emprunter sur ses quotas.
     Contrairement à d'autres institutions financières internationales, le FMI ne débloque jamais d'aides d'urgence. Mais en cas de besoins urgents, un pays peut demander au FMI l'autorisation d'emprunter 25% de sa quote-part dans le capital du Fonds.
     C'est dans ce cadre que la Turquie a formellement demandé au FMI de prendre sur son quota afin de faire face aux besoins urgents après le tremblement de terre. (AFP, 25 août 1999)

    RELATIONS WITH THE WEST/RELATIONS AVEC L'OUEST

    Un dirigeant américain dénonce le manque de droit des Kurdes

     Un responsable américain a dénoncé le 2 août les "problèmes de droits de l'Homme et d'expression" des Kurdes, dans une déclaration à l'AFP à Diyarbakir, capitale du sud-est de la Turquie à majorité kurde.
     "Il y a des problèmes de droits de l'Homme et d'expression " dans cette région, a souligné le sous-secrétaire d'Etat pour les droits de l'Homme, la démocratie et le travail Harold Koh. "Les Kurdes ne peuvent pas s'exprimer facilement".
     "Les gens qui émigrent de leur village ont des problèmes, et il y a aussi des problèmes dans les prisons", a ajouté M. Koh.
     Il a toutefois relevé également "une amélioration dans le domaine des droits de l'Homme en Turquie".
     M. Koh effectue une visite en Turquie qui doit donner lieu à un rapport l'an prochain concernant la situation des droits de l'Homme dans ce pays et dans plusieurs autres.
     Il a rencontré à Diyarbakir l'association des avocats et devait rendre visite au maire de la ville, membre du parti pro-kurde de la démocratie du peuple (HADEP) Feridun Celik.
     Le responsable américain s'est également rendu à Urfa et Mardin et a visité des villages, rencontré des habitants et plusieurs maires.
     M. Koh, cité par l'agence de presse semi-officielle Anatolie, avait préconisé une aide humanitaire pour le sud-est, zone d'affrontements entre l'armée et les séparatistes kurdes du PKK.
     Le sud-est anatolien est la région la moins développée du pays, avec un fort taux de chômage.
     Le PKK a lancé en 1984 dans cette région une lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant. Les violences liées à la rébellion ont fait plus de 31.000 morts.
     Le chef du PKK Abdullah Ocalan a été condamné à mort le 29 juin par la justice turque pour trahison et séparatisme. (AFP, 2 août 1999)

    Ankara critique les propos du responsable américain

     La Turquie a critiqué le 4 août les déclarations d'un responsable américain qui a dénoncé les problèmes de respect des droits de l'Homme lors d'une visite dans le sud-est anatolien, en proie à la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste).
     "La Turquie est un pays libre et toute personne est libre de voyager. Nous attendons des invités étrangers qu'ils respectent les sujets auxquels la Turquie est sensible", a indiqué lors d'une conférence de presse un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Sermet Atacanli.
     "Certaines déclarations du sous-secrétaire d'Etat américain n'ont pas ce  souci", a-t-il indiqué.
     M. Atacanli faisait référence à des déclarations faites lundi par le sous-secrétaire d'Etat américain pour les droits de l'Homme, la démocratie et le travail, Harold Koh, à Diyarbakir (sud-est), dénonçant les problèmes de respect des droits de l'Homme et d'expression des Kurdes en Turquie.
     "Les Kurdes ne peuvent pas s'exprimer facilement dans cette région", a souligné M. Koh, relevant cependant une amélioration dans le domaine des droits de l'Homme en Turquie.
     Le porte-parole turc a ajouté que l'ambassade des Etats-Unis à Ankara avait été informés de la position turque concernant les déclarations de M. Koh.
     Celui-ci effectue actuellement une visite en Turquie qui doit donner lieu à un rapport l'an prochain concernant la situation des droits de l'Homme dans ce pays et dans plusieurs autres.
     Outre Diyarbakir, M. Koh s'est rendu à Urfa et Mardin et a visité plusieurs villages.
     Il avait préconisé une aide humanitaire pour le sud-est, région la moins développée du pays.
     Le PKK a lancé en 1984 dans cette région une lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant. Les violences liées à la rébellion ont fait plus de 31.000 morts.
     Le chef du PKK Abdullah Ocalan a été condamné à mort le 29 juin par la justice turque pour trahison et séparatisme.
     M. Koh sera reçu à Ankara par le Premier ministre Bulent Ecevit et donnera une conférence de presse avant de quitter la Turquie. (AFP, 4 août 1999)

    REGIONAL RELATIONS/RELATIONS REGIONALES

    Près de mille Chypriotes-grecs en pèlerinage

     Près d'un millier de Chypriotes-grecs se sont rendus le 15 août dans la partie nord de l'île, contrôlée depuis 1974 par l'armée turque, pour célébrer la fête de l'Assomption au monastère historique de Saint André.
     Une trentaine d'autocars, avec 963 pèlerins à bord, en majorité des personnes âgées et des enfants malades, escortés par les forces de paix de l'ONU à Chypre (UNFICYP), ont traversé tôt le matin la "ligne verte" séparant les deux zones de l'île, selon les médias chypriotes.
     "Ils sont tous revenus et tout s'est passé sans problème", à 18H30 locales (15H30 GMT), a indiqué à l'AFP, un porte-parole de l'UNFICYP, Paul Kolkin.
     Chypre est divisée depuis l'ocupation de sa partie nord par la Turquie, à la suite d'un coup d'Etat à Nicosie, fomenté par les colonels d'Athènes et visant à rattacher l'île à la Grèce. Les Chypriotes-turcs ont proclamé en 1983, la "République Turque de Chypre du Nord" (RTCN), reconnue uniquement par Ankara.
     Le pèlerinage à Saint-André, dans la pointe nord-est de la péninsule du Karpass, a lieu depuis trois ans, le 30 novembre, le 15 août et une fois à Pâques.
     Il est organisé par l'UNFICYP avec le concours du commissariat chypriote-grec aux affaires humanitaires et des autorités chypriotes-turques.
    Le 15 août, plus de 800 Chypriotes-turcs ont effectué un pèlerinage à Kokkina (ouest), enclave turque dans la partie grecque de l'île. Le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash s'y est rendu par hélicoptère pour participer aux prières à la mémoire des Chypriotes-turcs enterrés dans cette enclave.
     Le pèlerinage à Kokkina, où les Chypriotes-turcs se rendaient auparavant par la mer, est également organisé par l'UNFICYP, comme celui qui a lieu chaque année à la mosquée Hala Tekké Sultan, près de Larnaca (sud), lieu vénéré par les Turcs.
     La date du 15 août coïncide avec la poursuite de l'offensive turque à Chypre en 1974, entamée le 20 juillet au nord, vers la région de Famagouste dans l'est de l'île.
     A cette occasion, le président chypriote Glafcos Cléridès a affirmé aux déplacés de cette région: "Nous n'allons pas plier devant l'occupant turc, mais nous restons ouverts à toutes les solutions pacifiques pour restaurer le droit et la justice, conformément aux résolutions de l'ONU", selon l'agence CNA. (AFP, 15 août 1999)

     
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