ÖZAL EN DEROUTE
Les élections locales du 26 mars ont provoqué une véritable déroute
dans les rangs de l'ANAP de premier ministre Özal et ont livré la
Turquie à un bouleversement politique inattendu. Malgré la défaite
spectaculaire du parti au pouvoir et la progression relative de chaque
parti de l'opposition, aucun de ces derniers ne dispose de la puissance
nécessaire pour gouverner seul, sans avoir à se coaliser avec un autre
parti.
Bien que 32% des voix soient
suffisantes pour être majoritaire au Parlement, aucun des trois grands
partis de l'opposition ne l'auront si les résultats des élections
locales se répétaient exactement lors des élections parlementaires.
Lors des élections législatives
de novembre 1987, le Parti de la Mère Patrie d'Özal (ANAP) a totalisé
36% des voix. Pendant la dernière campagne électorale, Ozal a fait
allusion à la possibilité d'une démission en cas d'un résultat
électoral inférieur à 3O%. Or, le parti d'Özal a totalisé 21,88% des
voix, et se place ainsi derrière le Parti populiste social-démocrate
(SHP) et le Parti de la Juste Voie (DYP) qui ont obtenu respectivement
28,36% et 25,37% des voix.
"Ce vote est une protestation
claire et nette contre l'incapacité du gouvernement de fléchir la
courbe de l'inflation. Cette dernière est montée à un taux de 87% en
novembre 1988, pour redescendre à un taux de 72% en février dernier.
Les électeurs turcs sont devenus allergiques au style de vie
néo-ottoman et opulent d'Özal ainsi qu'à son autorité personnelle qu'il
exerce entouré des membres de sa famille et de ses conseillers proches.
A tout cela, s'ajoutaient des bruits de népotisme et de corruption au
gouvernement." (The Financial Times, le 28 mars 1989)
"La carte maîtresse d'Özal,
menace que le pays ne connaisse à nouveau des années sanglantes à moins
que les électeurs ne continuent à voter pour lui, n'a pas fonctionné.
Elle a convaincu les banquiers et le FMI, mais pas le peuple turc. Les
effets secondaires de ce genre de modernisation se produisent aussi
bien en Turquie que dans de larges zones du Tiers Monde. D'autre part,
l'influence croissante des conservateurs indique que le succès d'Özal,
dans sa tentative de recentrer une partie de l'opinion islamique, est
limité. Özal a déjà agi maladroitement dans sa façon de manœuvrer lors
de la récente discussion sur les turbans, lorsque des manifestations
ont eu lieu en faveur du chador." (The Guardian, le 30 mars 1989).
De plus, l'image "occidentale" de
la famille d'Özal, surtout de Madame Özal s'affichant en public avec un
verre de whisky dans une main et un cigare dans l'autre alors qu'on
assiste à l'ascension du fondamentalisme en Turquie a été préjudiciable
à l'ANAP lors de ces élections.
Trois partis de l'opposition de
droite ont mené leur campagne électorale en accusant l'ANAP de ne pas
tenir compte des revendications des fondamentalistes et ont attiré
ainsi, les votes des nombreux électeurs conservateurs de l'ANAP. Une
telle campagne n'avait rien d'étonnant de la part du parti intégriste
RP d'Erbakan et du parti néo-fasciste MCP de l'ex-colonel Turkes. Mais
cette fois-ci, le DYP de l'ancien premier ministre Demirel s'est
également livré à la démagogie, allant jusqu'à revendiquer la
transformation du Sainte Sophie en mosquée et ce, dans le but de
redevenir le parti le plus puissant de l'aile droite de l'opposition
turque.
Il est à noter que les meilleurs
scores de ces partis de droite ont été enrégistrés dans les zones
rurales où les sentiments religieux sont encore très forts. Mais ce
n'est pas la seule raison de la défaite d'Özal dans ces zones. La
politique monétariste imposée par le FMI et appliquée par Özal depuis
maintenant 9 ans, trois ans comme vice-premier et six ans comme premier
ministre, a provoqué un appauvrissement de la paysannerie, des
commerçants et artisans des petits centres urbains.
Le revers le plus sérieux de
l'ANAP, dans l'élection des maires, des conseils municipaux et des
représentants locaux, a été la perte de grandes villes comme Istanbul,
Ankara, Izmir, Antalya et Adana. La plus surprenante est celle
d'Istanbul, ville la plus importante de Turquie. L'ANAP espérait de
gagner cette ville avec une différence considérable. Le maire
d'Istanbul, Bedrettin Dalan, est certainement l'homme politique le plus
populaire du pays et cependant l'ANAP a perdu ce siège au profit des
sociaux-démocrates.
Un tel résultat n'est pas
surprenant dans les villes où les salariés ont perdu au moins 5O% de
leur pouvoir d'achat à cause de la politique monétariste d'Özal et de
l'inflation galopante, qu'il ne parvenait plus à freiner.
Dans les grandes villes, les
scores des sociaux-démocrates ont dépassé toutes leurs espérances. Des
deux partis sociaux-démocrates de Turquie, le grand vainqueur est sans
conteste le parti populiste social-démocrate (SHP) qui a obtenu 28,4%
des voix. Quant au deuxième, le parti de la gauche démocratique (DSP)
de Bulent Ecevit, il n'a pas dépassé la barre des 10%.
Le SHP et certains journaux de
gauche accusent Ecevit de diviser les sociaux-démocrates et d'apporter
ainsi de l'eau au moulin d'Özal. En fait, si les 28,4% du SHP et les
8,9% du DSP sont orientés vers une liste commune lors des prochaines
élections législatives, les sociaux démocrates pourront aisément
prendre le pouvoir avec 37,3% de voix, et ce, à condition que le
système électoral actuel demeure inchangé.
Mais la coalition des deux partis
sociaux-démocrates semble être freinée par différents facteurs.
L'obstacle principale à cette alliance électorale réside en l'aversion
d'Ecevit pour certains leaders du SHP et en son hostilité vis à vis des
intellectuels marxistes ou kurdes qui travaillent maintenant au sein du
SHP.
Özal, conscient de cet état des
choses, avait déjà fourni au parti d'Ecevit des appuis financiers avant
les élections locales, et ce dans le but de diviser l'électorat
social-démocrate. Après sa défaite, il compte plus que jamais sur la
division des sociaux démocrates qui constituent la seule alternative
réelle à son pouvoir.
Depuis sa défaite électorale,
Özal subit des pressions de toutes parts pour provoquer des élections
anticipées. Tous les partis de l'opposition affirment que la confiance
dans le gouvernement d'Özal a été érodée et que la balance du pouvoir a
changé. Ils estiment également qu'une majorité parlementaire ne peut
pas élire le nouveau président de la République sans assise populaire.
Alors qu'un certain nombre de
syndicalistes et d'hommes d'affaires ont adhéré à la revendication des
hommes politiques de l'opposition, certaines dirigeants de l'ANAP ont
reconnu la signification du vote de protestation. Le ministre de
l'Energie et des Ressources naturelles, Fahrettin Kurt, a demandé des
élections générales anticipées. Il a déclaré: "L'échec n'est pas local
mais national. Ces discussions sur l'agenda pourraient créer une
instabilité politique et économique".
Selon The Guardian du 30
mars 1989, "Turgut Özal devra faire un véritable miracle s'il veut
sauver son Parti de la Mère Patrie après l'humiliation électorale qu'il
a essuyée lors des dernières élections."
Cependant, Özal affiche toujours
la même attitude arrogante en affirmant qu'il tiendra jusqu'aux
prochaines élections générales de 1992.
Lors de la première conférence de
presse, qu'il a tenue après les élections, il a déclaré que ce résultat
était un message des électeurs demandant que l'inflation, ± 70 %, soit
diminuée. Il a ajouté: "Les gens ont voulu nous donner, à l'occasion
des ces élections, une légère tape sur la joue, mais ça c'est
transformé en quelque chose de plus musclé. Tant que l'ANAP disposera
de sa majorité parlementaire de 289 sièges sur 450, le gouvernement
remplira son deuxième mandat."
De plus, Özal a manœuvré
secrètement pour restreindre les fonds accordés aux municipalités des
villes qui sont désormais sous le contrôle des partis de l'opposition.
Malgré la résolution d'Özal, le
résultat des votes semble présager une période d'incertitude, puisque
les leaders de l'opposition comptent tirer profit de leurs scores
étonnamment élevés.
Le manque de stabilité du
gouvernement a menacé les efforts d'Özal de libéralisation de
l'économie et de recherche de capitaux étrangers.
Un diplomate occidental a
déclaré: "Özal a mis en mouvement des changements fondamentalement
irréversibles, surtout sur le plan financier. Özal a toujours rappelé
aux gens qu'il était la seule personne capable de maintenir la
stabilité en Turquie. C'était vrai jusqu'au début de 1988. Maintenant
d'autres en sont capables."
Un de ces "autres", Demirel, a
lancé un défi à Özal: "Özal avait dit qu'il démissionnerait si les
résultats électoraux lui rendaient la tâche gouvernementale impossible.
S'il tient sa parole, alors il devrait le faire."
Alors que la pression en faveur
de l'organisation d'élections anticipées s'accentue, le meurtre d'un
député de l'opposition par un député de l'ANAP au Parlement, le 29 mars
dernier, accentue encore les tensions politiques.
Les parlementaires sont autorisés
à porter une arme en Turquie, mais pas dans l'enceinte du Parlement. La
fusillade a eu lieu dans un des corridors du Parlement.
L'assaillant, Idris Arikan, et la
victime, Abdurrezzak Ceylan, étaient tous deux originaires de la
province sud-orientale de Siirt, près de la frontière irakienne, une
zone où la guérilla kurde est active depuis 5 ans. Ceylan est membre du
DYP.
L'incident a eu lieu, quand Idris
Arikan parlait des résultats électoraux avec Zeki Çeliker, un autre
député originaire de la même province. Ceylan a essayé de s'interposer
entre les deux députés pour les séparer. A ce moment, Arikan a pris son
arme et a abattu Ceylan au lieu de Çeliker. Ceylan est mort lors de son
transfert à l'hopital d'une balle dans la poitrine.
Le deuxième meurtre à l'Assemblée
nationale, depuis la proclamation de la République en 1923, est un
nouveau coup dur pour le crédibilité de l'ANAP.
Malgré la déclaration d'Özal, la
force combinée de l'opposition pourrait le forcer à convoquer des
élections anticipées, sans doute à la fin de l'année.
Un autre effet immédiat des
résultats électoraux est l'intensification des luttes entre l'aile
droite et l'aile libérale de l'ANAP et l'augmentation des désertions
vers les autres partis de droite. Alors qu'une partie des députés
libéraux sont attirés par le DYP, beaucoup de députés islamistes et
nationalistes seront séduits par le fondamentalisme du RP et le
néo-fascisme du MCP.
Pendant ce temps, le grand
capital et l'armée, de crainte de voir la gauche arriver au pouvoir,
feront de leur mieux pour réunir toutes les forces de droite au sein
d'un front nationaliste. Depuis que le total des votes de gauche
atteint 37 % et celui des quatre partis de droite 63 %, un tel scénario
n'est plus du tout de la fiction politique. Dans un passé proche, cela
a déjà été tenté par l'union de l'AP de Demirel, du MSP d'Erbakan et du
MHP de Türkes.
Ces trois leaders de droite sont
à nouveau à la tête de leurs nouveaux partis: respectivement le DYP, le
RP et le MCP. Malgré toute son arrogance, Özal pourrait aussi les
rejoindre cédant ainsi à la pression des miilieux d'affaires et ce, au
nom du "sauvetage du pays de l'emprise de la gauche".
Quelle est la situation des
forces de gauche dans ce nouveau contexte politique? Ce sujet sera
traité dans les prochains numéros d'Info-Türk.
LE PREMIER MEURTRE LIE A L'AFFAIRE RUSHDIE EN BELGIQUE?
Un double meurtre commis en
Belgique à la fin de mars peut, selon la presse belge, être la première
exécution liée à l'Affaire "Rushdie". Le 29 mars 1989, le directeur du
Centre Culturel et Islamique (CCI), Abdullah Abdal, et le
bibliothécaire du centre, Salem Bahri, ont été retrouvés assassinés par
balles dans le bureau du centre après la prière du soir.
Le porte-parole de la police a
déclaré qu'Ahdal avait reçu des menaces de morte après son intervention
à la télévision belge à propos de l'affaire "Rushdie". Un journaliste
de la télévision a ajouté que les responsables de la TV ont, eux aussi,
reçu des appels téléphoniques menaçants après la diffusion du
programme. Les remarques d'Ahdal ont été considérées assez modérées
bien qu'il ait condamné Rushdie pour son livre.
D'après certains journalistes, le
double merture peut également être un règlement des comptes au sein de
l'équipe du CCI. Jusqu'au moment de la rédaction de ce Bulletin, il n'y
avait aucune preuve concrète démontrant le véritable motif de
l'assassinat.
Le CCI et sa mosquée sont situés
près du bâtiment de la Commission des Communautés européennes.
Depuis des années, les deux
acteurs principaux de l'intégrisme islamique, le régime chiite d'Iran
d'une part et le régime sunnite de l'Arabie saoudite d'autre part se
sont engagés dans une querelle féroce afin de prendre le dessus dans le
monde islamique. Le Centre culturel et islamique en Belgique a été
fondé par la Ligue mondiale islamique (Rabitat-ul-Alem-ul-islam),
dirigée par l'Arabie saoudite, en vue de propager l'influence
saoudienne sur les familles immigrées musulmanes en Europe. Les
partisans de Khoméini contestent depuis des années le pouvoir religieux
attribués par les autorités belges au CCI. (Intégrisme islamique en
Turquie et Immigration, Info-Türk, Bruxelles, 1987).
D'ailleurs, certains pays
musulmans du Moyen-Orient comme le Liban et la Turquie sont devenus le
champs de bataille pour les agents de ces deux puissances islamiques,
qui se trouvent dans ces pays à titre de diplomates. (Voir:
Extreme-Right in Turkey, Info-Türk, Brussels, 1988; Bulletin Info-Türk,
décembre 1988)
L'APPEL PAR UN GROUPE DE RESSORTISSANTS DE PAYS ISLAMIQUES
Un groupe de ressortissants de
pays islamiques en Belgique ont lancé un appel reprochant la
déclaration de Khoméini en ce qui concerne l'Affaire Rushdie et ont
défendu la liberté d'expression.
"La mort de Salman Rushdie sera
la mort de notre liberté de pensée et de création, et le silence une
indigne complicité," dit l'appel.
Parmi les premiers signataires se
trouvent le journaliste Dogan Ozgüden (rédacteur de l'Info-Türk), le
docteur Ilkay Alptekin, le sociologue Nuran Cicekciler de Turquie; et
l'ingénieur Mahfoud Romdani, le sociologue Brahim Ameriah, le
bibliothécaire Belgacem Ben Saad, le gérant d'entreprise Sadok
Boudoukhane, les architectes Jamil Daghrir et Karim Faket,
l'islamologue Slah Dhaoui, le journaliste Moncef El Fliti, les
assistants sociaux Souad El Hafi et Hayet N'Ciri, l'artiste Mohamed
Enanni, les écrivains Leila Haouari, Hamadi et Ali Serguini,
l'informaticien Brahim Lahouel, le syndicaliste Mohamed Maizi, le
psychologue Salima Nacer de pays maghrébins..
LES PRIVILEGES DES OFFICIERS TURCS
Les officiers de l'armée turque
sont parmi les soldats les plus privilégiés au monde. Comparés à ceux
des autres fonctionnaires, leurs revenus sont très élevés.
Par exemple, un commandant gagne
environ 495.306 LT net par mois alors qu'un professeur ayant de
l'ancienneté arrive péniblement à 293.114 LT et un ingénieur civil à
245.865 LT.
Un général d'armée gagne un
salaire mensuel net de 1.092.889 LT. Lorsqu'il prend sa retraite, il
touche une prime de 15 millions et il continue à toucher un salaire de
926.400 LT net par mois (Hurriyet, 5.7.1988)
Il est utile de rappeler que le
salaire minimum mensuel d'un ouvrier est de 85.000 LT et que celui d'un
ouvrier qualifié et expérimenté atteint parfois 250.000 LT.
De plus, tous les officiers et
les sous-officiers sont actionnaires du holding financier gigantesque
qu'est l'OYAK (Fondation d'aide mutuelle des forces armées). En plus de
tous les avantages matériels dont ils jouissent, ils touchent une part
des profits que ce holding réalise grâce à ses investissements dans
tous les secteurs économiques. Selon le rapport annuel de l'Assemblée
des actionnaires de l'OYAK datant de juin dernier, le profit annuel du
holding a atteint 33,5 milliards de LT en 1987 alors que celui de 1986
n'était que de 10,5 milliards de LT. La valeur de ses biens est estimée
à 74 milliards de LT. En 1988, l'OYAK a redistribué à ses actionnaires
en uniforme 63,9% des profits réalisés. Lors de sa session de juin
1988, l'Assemblée a décidé d'investir d'avantage dans l'industrie de
guerre.
DES ANCIENS GENERAUX DANS LES AFFAIRES
Les grosses compagnies turques
ont suivi l'exemple de leurs consœurs américaines: elles engagent des
généraux à la retraite dans le but de se tailler la part du lion dans
l'industrie de la guerre en pleine extension.
Le numéro du 29 septembre 1989 du
quotidien Milliyet révèle les noms de 30 anciens généraux de
l'armée turque qui sont actuellement employés par des compagnies dans
leurs services administratifs ou comme conseillers militaires.
Ainsi l'amiral Bulent Ulusu,
ancien premier ministre du gouvernement militaire de 1980 à 1983, est
au service de la Compagnie Aksa. Le général Dogan Özgöçmen est employé
par la Banque Yapi Kredi, le général Namik Kemal Ersun par la compagnie
de construction Kutlutas, le général Recai Baturalp et le général Talat
Çetiner le sont par la compagnie Tekel.
Leurs appointements mensualités
atteignent 10 millions de LT (5.000 dollars) avec les salaires,
allocations diverses ainsi que leurs parts des profits (Milliyet,
29.9.1988).
Une entreprise géante a été
récemment créée dans le secteur du tourisme et ce, avec la
participation d'anciens généraux. Elle se nomme la Compagnie de
Tourisme Kamelya et a déjà bâti sur une surface de 305.000 m2 dans le
district de Manavgat, sur la côte méditerranéenne. Elle projette d'y
construire le plus grand complexe touristique du pays. Parmi ses
fondateurs, on retrouve les anciens commandants de la Force aérienne:
Tahsin Sahinkaya (membre de la junte militaire de 1980) et Halil Sözer,
l'ancien commandant de gendarmerie Mehmet Buyruk, l'ancien commandant
de la force terrestre Kemal Yamak ainsi que la fille et le
beau-fils du Général Evren (Milliyet, 21/4/88).
MONOPOLISATION DE L'ECONOMIE TURQUE
Selon un rapport de l'Université
Technique du Moyen-Orient (ODTU), l'économie turque est menacée d'une
dangereuse monopolisation de capital. Déjà dans 86 des 127 principaux
secteurs économiques, la monopolisation a atteint une proportion telle
que, selon les standards européens, il faudrait prendre des mesures de
prévention (Cumhuriyet, 7.2.1989)
1988 a été, sur le plan des
profits, une année faste pour les grosses compagnies turques, par
exemple:
- l'Akbank a connu un profit
annuel de 300 milliards de LT (60,4%);
- la Vakif Bank: 150 milliards de
LT (72,4%);
- la Yapi Kredi Bank: 100
milliards de LT (63,9%);
- la Garanti Bank: 46 milliards
LT (64,2% );
- l'Etibank: 100 milliards LT
(28,2%).
Quant aux 17 banques étrangères
opérant en Turquie, leur taux annuel de bénéfices se situe entre 4 et
20% (Cumhuriyet, 8.3.1988)
Cependant, selon une autre étude,
il existe un intervalle énorme sur le plan des chiffres d'affaires
entre les compagnies européennes de pointe et les monopoles turcs.
Alors que le chiffre d'affaires annuel de la Shell est de 84,9
milliards de dollars en Europe, le chiffre d'affaires total des 500
plus grosses compagnies turques atteint à peine 33 milliards de dollars
en 1988. La plus grosse part de ce chiffre appartient à la Tupras avec
3,9 milliards de dollars (Cumhuriyet, 27/11/88)
Sur le plan des fonds attribués à
la recherche, la Turquie est à nouveau très loin des standards
occidentaux. Alors que la CEE, le Japon et les USA dépensent
respectivement à cet effet: 1,9%, 2,9% et 2,8% de leur PNB, la Turquie
n'atteint que 0,20%.
De plus, les besoins de la
Turquie en personnel spécialisé sur la CEE est estimé à 25.000
personnes. Actuellement, le nombre de ces spécialistes ne dépasse pas
le millier. Dans le but de combler le vide, des unités sont créées dans
les universités turques pour informer les étudiants des questions
relatives à la CEE. (Cumhuriyet, 14.2.1989)
LA TERREUR POLICIERE A TRAVERS LA TURQUIE
La terreur policière à l'encontre
des étudiants universitaires et des intellectuels atteint des
dimensions alarmantes à travers la Turquie. La dernière opération
policière a été déclenchée fin février à Istanbul.
Tout d'abord, le 22 février
1989, la soirée de commémoration pour le poète Hasan Huseyin organisée
dans le centre culturel d'Ortakoy a fait l'objet de l'attaque
policière. Le directeur et les employés du centre ont été interrogés
par les brigades de la police politique. Depuis, le centre a été fermé
et mis sous scellés sur ordre du procureur.
Des représentants d'organisations
de défense des droits de l'homme, d'organisations féministes et
d'associations de parents et amis des prisonniers politiques ont
organisé un conférence de presse commune pour protester contre la
fermeture du centre culturel. Plusieurs députés du Parti
populiste social-démocrate (SHP) assistaient également à la conférence.
La police a fait une descente
lors de cette conférence de presse: 43 personnes ont été arrêtées dont
14 ont été relâchées mais les 29 autres ont été expédiées à la Cour de
Sûreté de l'Etat, le 28 février dernier. Là, ils ont été relâchés après
avoir été questions par la Cour mais la charge d'avoir manifesté sans
autorisation pèse toujours sur eux. Cette violation de la loi est
sanctionnée par une peine de trois ans de prison.
Parmi les détenus, se trouvaient
une écolière de 15 ans qui n'a pas pu s'empêcher de ricaner lorsque le
juge l'a interrogée, ainsi qu'une Grecque qui a étudié à l'Université
Technique d'Istanbul.
Le bar Bukalemun (caméléon), qui
se trouve au bas de la rue du centre cultuel Ortaköy, a également
attaqué par la police. Ce bar, géré par un artiste turc contemporain,
Bedri Baykam, est connu pour être fréquenté par des gens de gauche.
Baykam a déclaré que ce raid
allait faire beaucoup de mal au gouvernement puisque la police l'a
effectué sans être en possession d'un mandat de perquisition. L'artiste
a raconté que dans les toilettes se trouve une des ses peintures
composée de coupures de journaux concernant la censure et la violation
des droits de l'homme et intitulée "Pinochet Pasa, Aci ektin topraga"
(le Général Pinochet a semé la peine dans le sol). Lorsque le chef des
policiers l'a découverte, Baykam raconte qu'"il a paru content comme
s'il avait trouvé la preuve d'un crime" et qu'il "leur a conseillé de
continuer comme ça et de saisir les quotidiens du jour, juste pour se
faciliter la vie".
Ce raid a provoqué des conflits
entre la police et les étudiants. Le 28 février, les étudiants de
l'Université de Yildiz ont organisé une marche de protestation allant
de leur campus à Besiktas où ils ont été dispersés par des escadres de
police anti-émeutes. Près de 110 étudiants ont été arrêtés, le
lendemain, un autre groupe d'étudiants s'est rendu au bureau du
gouverneur pour demander la libération de leurs amis. Ils ont été
battus par la police et neuf d'entre eux ont été arrêtés.
Par ailleurs, le 24 février 1989,
les étudiants de l'Université de Yildiz se sont réunis pour protester
contre les nouveaux règlements des campus. Lorsque les étudiants se
sont rendus au bureau du recteur et ont demandé à lui parler, ils ont
été mis en colère par des policiers en civil qui les filmaient. Une
échauffourée a eu lieu et un policier a tiré en l'air.
AUTRES OPERATIONS POLICIERS EN
FEVRIER:
Le 7 février, 9 membres présumés
du Parti communiste unifié de Turquie (TBKP) ont été arrêtés par la
police à Ankara.
Le 8 février, la police a détenu
17 étudiants pour avoir affiché des placards critiquant le régime du 12
septembre. Bien que relâchés quelques jours plus tard, ils ont été
exclus de leur école pour une durée d'un mois.
Le 17 février, 16 personnes ont
été arrêtées à Istanbul, elles sont accusées d'être membre du Parti
communiste révolutionnaire de Turquie (TDKP).
Le 22 février, à Ankara, 250
personnes venues pour assister au procès des leaders du TBKP ont été
assaillies et battues par la police, 12 d'entre elles ont été blessées.
Le 28 février, à Bismil
(Diyarbakir) 5 militants du PKK et un policier ont été tués durant un
affrontement armé entre la guérilla kurde et les forces de sécurité.
LES PROCES POLITIQUES
Le 14 février, 12 étudiants ont
été condamnés à 4 ans de prison par la cour de Sûreté de l'Etat de
Malatya, pour avoir participé à une action syndicale en 1988.
Le 16 février, un nouveau procès
contre 31 membres présumés du PKK a commencé à la cour de Sûreté de
l'Etat de Diyarbakir.
Le 21 février, trois membres du
Parti communiste de Turquie/Union (TKP/B) ont été condamnés à 5 ans et
10 mois d'emprisonnement chacun.
Le 24 février, un membre du PKK a
été condamné à une peine de 15 ans de prison par la cour de Sûreté de
l'Etat d'Ankara.
UN RAPPORT MEDICAL SUR CALAYLIOGLU
La campagne de terreur menée
contre les lycéens s'est poursuivie par l'arrestation d'un écolier de
16 ans, S.T, à Diyarbakir le 10 février dernier. Le jeune détenu est
accusé d'avoir distribué des tracts de propagande du PKK et risque une
peine de prison allant jusqu'à 12 ans.
D'autre part, une équipe de 6
psychiatres, chargée d'examiner Melih Calaylioglu, ce jeune lycéen
accusé de s'être livré à la propagande communiste, a déclaré dans son
rapport rédigé après 6 semaines d'examens, qu'il était incapable
d'avoir commis ce crime délibérément.
Calaylioglu est né en RFA, il est
revenu en Turquie en 1986 avec sa mère pour avoir une éducation turque.
En septembre dernier, Turan Baysal, le principal du collège Karatas,
avait informé la police que le jeune homme faisait de la propagande
communiste et discutait marxisme-léninisme avec ses amis.
Calaylioglu a été arrêté et
envoyé à la cour de Sûreté de l'Etat.
Le rapport des psychiatres met en
évidence la différence qui existe entre l'interprétation de l'acte dont
il est accusé faite en Turquie et dans le pays où il est né.
Le rapport poursuit en disant que
les articles 46 et 47 du code pénal turc définissent un adolescent de
15 ans comme suffisamment mûr pour être responsable de ses actes. Il
souligne le fait que Calaylioglu avait eu 15 ans et 11 jours avant
qu'il ne commette prétendument ce crime.
Toujours selon ce rapport, si on
applique la loi à la lettre, Calaylioglu ne bénéficiera pas des
réductions de peine et des exemptions prévues par ces articles. Il
continue en ces termes "Bien qu'il faille également tenir compte de la
nature du délit et de la façon dont il a été commis, il ne faut pas
perdre de vue la structure du caractère ainsi que les circonstances
psychologiques du défendant".
Selon les psychiatres,
Calaylioglu a passé son enfance en RFA dans une culture totalement
différente et au sein d'une famille instable. Ils rappellent aussi
qu'il a une tante déséquilibrée mentalement. Cependant, les tests
psychiatriques effectués sur lui prouvent qu'il est "un jeune homme
intelligent, créatif, mais tourmenté".
Les médecins estiment que
Calaylioglu a commis son crime pour répondre aux questions posées par
ses amis et ce, dans le but de leur prouver ses connaissances et qu'il
était motivé par les traits mêmes de son caractère.
Le rapport conclut ainsi: "Il
n'est pas possible de considérer son acte comme une violation délibérée
et calculée de l'article 142 à savoir l'interdiction de se livrer à la
propagande prônant la domination d'une classe sociale sur les autres".
UNE GREVE BRISEE PAR LE GOUVERNEMENT
Alors que le nombre de
travailleurs syndiqués va en s'accroissant, le gouvernement, ne tenant
aucun compte des avertissements de l'OIT, a recours aux mesures de
répression pour prévenir les mouvements de grève.
Selon des statistiques
sectorielles du ministères du Travail sur les 3.525.956 travailleurs
des secteurs et des services, 2.277.898 sont syndiqués
(Cumhuriyet, 18/1/89)
L'année 1989 s'est ouverte par
des négociations collectives de travail pour près de 650.000
travailleurs des Entreprises d'Etat, 14.000 d'entre eux l'ont
commencées d'emblée par une grève. On s'attend à ce que 52.000 autres
les rejoignent depuis que les négociations les concernant ont échoués.
Dernièrement, 23.000 ouvriers des usines de fer et d'acier d'Iskenderun
et de Karakuk ont décidé de commencer un mouvement de grève le 23 mars.
Mais le gouvernement a annoncé à la dernière minute, la suspension de
cette action pendant deux mois.
Le quotidien Milliyet du 19
février 1989 a publié certains ??? pour donner une idée du niveau de
vie d'un travailleur turc. Pour payer 1 kg de pain, un ouvrier
travaille 45 minutes en Turquie et 12 minutes en RFA. Pour un kg de
viande, l'ouvrier turc travaille 7H58 min., alors que l'allemand ne
travaille que 1H6 min. Pour une paire de chaussure, le rapport est de
71H22 min. pour la Turquie et 6H30 min. pour la RFA, pour un poste de
télévision, il est de 1.593H contre 98H.
Des investissements régionaux injustes
Alors que la structure du Projet
de l'Anatolie du Sud-est a rapporté 1.361 billions de LT à cette région
en 1988, les secteurs publics et privés préfèrent continuer à investir
dans les régions de la mer du Marmara et de la mer Egée.
En 1988, on a investi 11.636
billions de LT dans l'ensemble des projets sur toute la Turquie.
Mais la région de Marmara reste
la plus favorisée quant aux investissements. L'année dernière, 43,1%
des investissements encouragés par le gouvernement soient 5,19 billions
de LT, sont allés à cette région. La région égéenne vient en 2ème place
avec 1,687 billions de LT.
Quant à la proportion
d'investissements encouragés par le gouvernement dans les régions
d'Anatolie centrale, méditerranéenne, de la mer noire et d'Anatolie
orientale, elle se monte respectivement à 1,335 billions de LT, 1,225
billions LT, 443 milliards de LT et 310 milliards de LT.
L'investissement principal couvrant plus d'une ville a totalisé 284
milliards de LT.
Distribution des aides selon les régions
REGIONS
Marmara
Anatolie centrale
Egée
Méditerranée
Mer noire
Anatolie orientale
Anatolie sud-orientale
INVESTISSEMENTS
(Milliards de LT)
5.018,7
1.335,0
1.687,3
1.224,8
432,7
310,4
1.360,8
PART
(en %)
43,1
11,5
14,5
10,5
3,7
2,7
11,7
EMPLOI
83.338
21.692
40.246
85.643
12.503
7.711
Les exportateurs remboursés
Un remboursement de taxe de 5,7
billions de LT basé sur les prix de janvier 1989 a été accordé aux
exportateurs pour la période de 1984 à 1988.
Les chiffres de l'institut
statistique de l'Etat (DIE) indiquent que les 329,1 milliards de LT de
remboursement payés en 1984, seront actuellement de 1,8 billions de LT.
En 1988, ces chiffres se montent
respectivement à 674,8 et 904,3 milliards de LT.
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çerçeve
Le rapport du Parlement Européen sur les relations économiques
turco-européennes
Le Parlement européen a adopté
lors de sa session du 15 mars 1989, un rapport sur les relations
économiques et commerciales entre la Turquie et la CE. Il a été établi
par Carlos Pimenta pour le compte du Comité des relations économiques
extérieures.
En égard de l'avenir de ces
relations, le Parlements Européen:
"souligne la nécessité de la
garantie des deux Parties que leur développement économique est
compatible avec le but à atteindre, à savoir la convergence de leurs
économies respectives réalisée par le stade final de l'accord
d'association;
"insiste sur le fait que la
convergence économique et la libre circulation des biens et des
services ne sont rendues possibles qu'une fois la restauration des
droits des organisations syndicales turques entièrement réalisées ainsi
que l'alignement des conditions de travail en Turquie sur les standards
de l'OIT totalement effectué;
"remarque que certains des
investissements les plus importants effectués en Turquie, dans des
secteurs comme l'agriculture et l'acier, ne font qu'augmenter le
problème de complémentarités entre ces deux économies;
"note que pour atteindre la
convergence économique et remplir les objectifs de l'Accord
d'Association à savoir la libre circulation des personnes, biens et
services, la Turquie devra être tenue informée de l'évolution de
l'espace économique européen, une coordination adéquate devra donc être
garantie et ce des deux côtés, en particulier dans les secteurs
suivants:
"normes et standards ainsi que la
procédure à suivre pour les examens et l'approbation d'espèce,
"règlements d'origine et
procédures douanières,
"contrats publics et subsides,
"propriétés intellectuelles et
produits de contre-façon;
"note, en outre, l'augmentation
des activités de contre-façon ainsi que la violation des biens
intellectuels en Turquie, et demande une action vigoureuse des
autorités turque dans ces domaines;
"considère, en outre, que ces
efforts devraient exercés de sorte que la CE puisse signer des accords
structurels avec la Turquie sur des programmes d'échange scientifiques,
technologique et d'étudiants;
"croit que la convergence
économique implique l'approximation de standards de protection de
l'environnement entre la CE et la Turquie, et ce dans le but d'éviter
toute distorsion de la concurrence et de garantir la qualité de la vie:
estime que la protection de la zone méditerranéenne est crucial pour
une possible coopération entre la CE et la Turquie dans le domaine de
la protection de l'environnement, en particulier dans le cadre de la
Convention de Barcelone (+ protocoles) relative à la lutte contre la
pollution en Méditerranée;
"salue l'accroissement des
investissements dans le secteur des services et notamment le tourisme
considérant le nombre croissant de touristes de la CE qui visitent la
Turquie et espère que ces investissements tiendront compte de
l'environnements et de la protection de l'environnement;
"considère que la convergence
économique n'est pas possible que si la Turquie réduit son taux très
élevé d'inflation en adoptant les mesures adéquates;
"note l'augmentation
d'investissements en provenance de la CE en Turquie et demande la mise
sur pied d'un système de garantie unifié pour les investissements CE
directs;
"considère que l'utilisation de
l'ECU, dans les transactions officielles et commerciales entre la CE et
la Turquie devrait augmenter et souhaite l'établissement d'une parité
stable entre l'ECU européen et la LT;
"demande, à nouveau, la
conclusion du 4ème Protocole Financier, arrêté en 1981.
Concertations OTAN-Turquie
Le 8 mars dernier, le ministre
turc des affaires étrangères, Mesut Yilmaz, de retour de Vienne où il
avait assisté aux négociations de réduction de l'armement conventionnel
entre les Etats membres de l'OTAN et du Pacte de Varsovie a déclaré
être satisfait par la position adoptée par l'Alliance Atlantique qui,
selon lui, "prend les intérêts politiques et militaires de la Turquie
largement en considération".
Le différend opposant la Turquie
et la majorité des alliés de l'OTAN avait repris juste avant le 2ème
tour de la conférence de Vienne.
La Turquie s'opposait au projet
de l'OTAN de donner la priorité au désarmement de l'Europe centrale sur
celui des Etats-flancs. La solution de compromis, proposée par la GB, a
finalement été optée la semaine dernière par tous les Etats membres de
l'OTAN, y compris la Turquie.
La presse turque avait déjà fait
état de l'opposition des militaires turcs à la division des alliés en
catégories d'importance décroissante.
A Vienne, Yilmaz a déclaré:
"Maintenant toutes les zones adhérent à l'Alliance sont considérées
comme un tout. C'est ce que nous demandions depuis longtemps. Toutes
les exigences de chaque zone, quant à sa défense, sont considérées
comme une partie de ce tout".
Bien que les militaires turcs ne
se soient pas prononcés ouvertement sur le projet de l'OTAN, des
sources proches du ministère de la défense ont affirmé qu'une telle
division au sein de l'Alliance aurait provoqué un changement radical de
la structure du Pacte de défense commune.
LE LOBBY JUIF SOUTIENT ANKARA
Le 13 février dernier, Maynard
Vishner, leader du Congrès juif américain, en visite en Turquie, a
rencontré le ministre des affaires étrangères turc: Mesut Yilmaz auquel
il a promis le soutien de son groupe à Washington.
Un groupe de 13 représentant
d'organisations juives américaines s'est rendu en Turquie pour
s'entretenir avec des membres de la communauté juive qui fête
actuellement le 500e anniversaire de son établissement en Turquie qui a
eu lieu en 1492, alors qu'ils fuyaient l'Inquisition espagnole.
Après son entrevue avec Yilmaz,
Vishner a déclaré: "Nous avons rapporté au ministre des affaires
étrangères que la communauté juive américaine est désireuse d'apporter
son aide à la Turquie dans son explication de certains faits
historiques aux EU".
Le ministre aurait alors assuré
aux représentants juifs que la Turquie n'accordera pas le statut de
mission diplomatique au bureau représentant l'OLP à Ankara, et ce avant
que la démarcation des frontières de l'Etat palestinien ne soit
clairement effectué.
Il a également qualifié les liens
entre la Turquie et Israël de "positifs et constructifs".
La presse islamique turque a
critiqué la visite du groupe de la communauté juive américaine. Le
journal Zaman a rapporté que cette communauté a alloué 1,5
million de dollars à la communauté juive de Turquie pour financer le
500ème anniversaire de son établissement. Malgré l'aide apporté au 15e
S. par les ottomans aux juifs d'Espagne, aujourd'hui les juifs
affichent des tendances anti-ottomanes et anti-musulmanes.
Le journal a également critiqué
sévèrement les Turcs musulmans, qui se sont joints au comité de
célébration, mis sur pied par la communauté juive.
DONNEES SUR L'IMMIGRATION TURQUE
En 1988, le nombre d'immigrants
trucs à travers le monde, a augmenté de 1,9% par rapport à 1987:
1.056.014 de ces 2.349.070 citoyens turcs sont salariés. Le nombre
d'immigrants turcs fixés dans les pays européens s'élève à 2.110.210
dont 780.000 sont âgés de moins de 18 ans (Hurriyet, 1/2/89
-Tercüman, 31/10/88). Ci-dessous figure leur répartition entre
les différents pays d'accueil:
PAYS
RFA
Pays-Bas
France
Belgique
Danemark
RU
Autriche
Suisse
Suède
Norvège
Libye
Arabie Saoudite
Irak
Koweit
Autres
IMMIGRANTS
1.481.396
160.637
185.000
79.671
23.000
17.000
85.000
52.768
21.875
3.866
22.500
112.000
10.660
SALAIRE
609.515
78.000
78.000
32.500
11.000
33.438
27.074
10.000
22.000
105.000
9.697
JEUNES DE MOINS DE 18 ANS
544.100
71.407
74.935
29.579
25.000
20.535
---
600
---
---
Au début de l'année 1989, le
nombre de nationaux turcs fixés en Belgique a été estimé à 83.000. En
un an, 1.100 enfants turcs sont nés en Belgique. Le taux de croissance
de la population belge atteint à peine O,10%. Des 32.000 salariés trucs
en Belgique, 21% sont sans travail et perçoivent des allocations de
chômage.
1,2 MILLIONS DE TURCS RAPATRIES
Sur une période de 10 ans: de
1974 à 1984, le nombre d'immigrants turcs qui sont retournés en Turquie
atteint 1.199.718 dont 512.770 sont âgés de moins de 18 ans, 143.765
ont de 18 à 25 ans, 475.013 ont de 25 à 50 ans, 52.552 ont entre 50 et
65 ans et 13.720 sont âgés de plus de 65 ans (Tercuman, 4/11/88).
Bien que les travailleurs turcs
de RFA ont le droit de prendre leur retraite à 65 ans pour les hommes
et à 60 ans pour les femmes, très peu d'entre eux bénéficient de ce
droit social en raison de l'espérance de vie très basse des nationaux
trucs qui est de 57 ans. Jusqu'à maintenant, 31.856 travailleurs turcs
ont pris leur pension, mais seulement 707 d'entre eux perçoivent
actuellement une pension car ce sont les seuls survivants (Milliyet,
6/11/88).
Au cours de ces dernières années,
le nombre de ceux qui retournent en Turquie a accusé une forte chute.
En dépit des allocations de rapatriement seulement 6.662 travailleurs
turcs ont été rapatriés en 1987 (Cumhuriyet, 28/1/89). En
Belgique, le nombre de travailleurs immigrants ayant bénéficiés de
l'allocation de rapatriement et qui sont retournés chez eux s'élevaient
à 410 en juin 1988. Parmi eux, on trouve: 235 Turcs, 62 Marocains et 35
Tunisiens (Le Soir, 24/8.88).
BUSINESS TURC EN ALLEMAGNE
En 1987, le chiffre d'affaire
total des hommes d'affaires et des commerçants se montait à 23.400
millions de DM (13.294 millions de dollars). Chiffre plus élevé que le
revenu annuel des exportation de la Turquie (Hurriyet, 30/11/88). Le
nombre d'hommes d'affaires et de commerçants turcs aux Pays-Bas s'élève
à 2.100.
Le majorité d'entre eux sont des
travailleurs immigrants qui craignant le chômage, ont investi leurs
économies dans les affaires pour assurer leur avenir.
De plus, les immigrants turcs
d'Allemagne ont envoyé 13.618 millions de dollars en Turquie e 1980 à
1986, ce qui fait une moyenne de 1.964 million de dollars par an.
Actuellement, le solde des comptes des immigrants dans les banques
turques s'élève à un total de 7.535 millions de dollars.
Près de 170.000 immigrants ont
placé leurs économies dans les soi-disant "compagnies de travailleurs
qui fonctionnent en Turquie. Bien que le but déclaré de ces compagnies
était d'offrir aux travailleurs immigrés la possibilité de travailler
dans leurs propres entreprises et ce dans le cas d'un rapatriement,
plusieurs d'entre elles sont déjà sous l'influence de gros holdings
financiers ou de banques (Milliyet, 24/11/88).
Ayant désormais perdu tout espoir
de travailler dans leurs propres entreprises, les travailleurs immigrés
placent maintenant leurs économies en achetant des biens réels en
Allemagne. C'est pour cette raison que l'envoi annuel vers la Turquie
est tombé de 2,5 milliards de dollars en 1981 à 1,6 milliards en 1986.
(Cumhuriyet, 3/8/88).
MONTEE DE L'EXTREME-DROITE EN ALLEMAGNE
La défaite du centre et la montée
extraordinairement forte du Parti républicain d'extrême-droite
xénophobe à Berlin-ouest lors des élections municipales de 29 janvier
dernier a fortement choqué la ville de Berlin et le reste du pays.
Le résultat était tellement
inattendu que le RP n'avait pas assez de candidats pour occuper les 11
sièges qu'il a remporté. Selon le système électoral ouest-allemand, les
sièges sont répartis selon la part de voix acquise mais seulement entre
les candidats qui se sont présentés.
Le RP avait axé sa campagne
électorale sur les stéréotypes turcs au plus de 150.000 immigrés turcs
vivent actuellement à Berlin. Son leader, Schonhuber, est un ancien
Waffen-SS.
Lorsqu'il a été dévoilé qu'il
passe ses vacances d'été dans une villa qu'il possède à Bodrum, en
Turquie, il a déclaré qu'il était contre la présence des Turcs en
Allemagne mais qu'il a de nombreux amis turcs en Turquie!
Après le succès électoral
inattendu du RP, près de 100.000 personnes ont manifesté dans les rues
de Berlin pour exprimer leur opposition à ce parti.
Le RP n'est pas le seul groupe
politique qui mène une campagne contre les Turcs.
Le ministère de l'intérieur a
déjà interdit le Front National pour ses actions racistes et xénophobes.
Le 3 août 1988, dans la ville
Langen (Hesse), 5.000 personnes ont manifesté conter une organisation
d'extrême-droite: le Parti des Travailleurs pour la Liberté (FAP) qui
incitaient les écoliers allemands à réagir de façon raciste contre
leurs condisciples immigrés.
Un autre parti néo-fasciste,
Deutsche Volksunion, distribue souvent des tracts contre les
travailleurs immigrés dans plusieurs villes allemandes.
AGRESSION XENOPHOBES EN ALLEMAGNE
Le 19 décembre, dans la ville de
Schwandorf, Josep Saller, âgé de 19 ans et membre du Front National, a
mis le feu à une maison habitée par des immigrants. Trois Turcs et un
Allemand ont péri.
Le 2éme décembre, à Hambourg, un
groupe de Skin Heads a attaqué des étrangers et en a blessé 5.
Le 10 janvier, dans la ville de
Lundau, une maison habitée par des familles turques a été incendiée.
Le 18 janvier, à Berlin, un local
turc a été pillé par un groupe raciste.
Le 27 janvier, des inconnus ont
détruit le cimetière turc de Berlin, vieux de 125 ans. Le fait que cet
incident a eu lieu la veille du vendredi, jour où les Turcs de Berlin,
vont prier à la mosquée de ce cimetière prouve que les auteurs de cette
profanation avait pour put la provocation.
Le 31 janvier, dans la ville de
Oberusel, près de Francfort, un local turc a été pillé par un group de
Skin Heads.
Le 17 février, dans la ville de
Schluchtern, un groupe de Skin Heads a attaqué une discothèque turque
et a blessé deux turcs ainsi que deux autres étrangers. La police a
arrêté 16 Skin Heads.
Le 26 février, un groupe de 30
Cockers a attaqué des jeunes criant "les étrangers dehors",
"l'Allemagne aux Allemands", deux jeunes gens ont été blessés.