L'INSOLENCE
D'ANKARA VIS-À-VIS DE LA JUSTICE EUROPÉENNE
Le 5 février 1990, le Conseil des
ministres a fermé la porte des Communautés Européennes à la Turquie
jusqu'au moins la moitié des années '90 en adoptant la proposition de
la Commission.
Le rejet de la candidature de la
Turquie a été présente en termes de besoin général de la Communauté de
mener à bien son projet de marché unique. Une fois cet objectif
atteint, les Communautés européennes décideront d'entamer ou non des
négociations avec la Turquie à la lumière de la situation en Europe où
la Communauté est déjà en train de nouer des liens avec l'Association
Européenne de Libre Echange (AELE) et avec les pays d'Europe de l'Est.
En plus de ces éléments
objectifs, le refus de la Communauté est également basé sur le
sous-développement économique et social de la Turquie par rapport aux
Etats membres mais surtout sur le fait qu'Ankara viole continuellement
les droits de l'homme.
En fait, avant que le Conseil des
ministres ne se réunisse, le régime d'Ankara, au lieu de s'efforcer de
s'améliorer sur ce plan, avait commis de nouvelles violations des
droits de l'homme, causant ainsi de violentes réactions au sein de
l'opinion publique européenne.
La plus scandaleuse d'entre elles
est, sans nul doute, le refus du Premier Procureur de la Cour de Sûreté
de l'Etat d'Ankara, de témoigner devant trois juges européens, venus en
Turquie dans le cadre d'une enquête.
Deux officiels du Parti
Communiste Unifié de Turquie (TBKP), Nabi Yagci et Nihat Sargin, ont en
effet déclaré avoir été torturés et drogués pendant les deux semaines
d'interrogatoires qu'ils ont subi en novembre 1987, après avoir été
arrêtés dès leur retour volontaire d'exil.
Etant donné que les autorités
turques refusent de prendre leur plainte en considération, les avocats
des deux prisonniers ont fait appel à la Commission Européenne des
Droits de l'Homme. L'année passée, cette dernière a décidé que le
recours de Yagci et Sargin était recevable car ces hommes avaient
épuisé toutes les voies de recours internes en Turquie mais n'avaient
pas réussi à entamer des poursuites légales contre leurs bourreaux
présumés.
Trois juges européens, Sir Basil
Howe (R.U.), Stephan Prexel (Suisse) et Albert Wertzel (Luxembourg) se
sont rendus en Turquie à deux reprises afin de s'entretenir avec les
parties concernées, la première fois en octobre 1989 et la seconde en
janvier 1990.
Cependant, le Premier Procureur
Demiral a refusé chaque fois de témoigner, clamant que le procès de
Yagci et de Sargin était toujours en cours et que le droit turc ne leur
permettait pas de commenter ce cas avant que la Cours n'ait rendu son
jugement.
Trois policiers qui étaient
également mis en cause par les allégations de torture des deux
dirigeants communistes, ont aussi refusé de témoigner devant les juges
européens. L'attitude du Premier Procureur et des trois policiers
montrent une fois de plus que les conventions internationales ratifiées
par Ankara ne sont absolument pas respectées, même par les
fonctionnaires qui sont aux ordres du gouvernement.
Le 8 janvier, le ministre de la
justice, Altan Sungurlu, a déclaré que le gouvernement ne pouvait pas
donner d'instructions au personnel judiciaire: "Nous ne pouvons pas
forcer les Procureur à parler aux juges européens".
ARRESTATION EN MASSE DES MEMBRES DU TBKP
Le fait que le procès de deux
dirigeants du parti fasse l'objet d'une procédure légale devant la
Commission Européenne des Droits de l'Homme n'a pas empêché la
scandaleuse arrestation, en janvier et février 1990, d'autres
dirigeants du TBKP qui avaient annoncé mi-décembre 1989 qu'ils ne se
cacheraient pas plus longtemps et ce pour contribuer à la
démocratisation de la vie politique du pays.
La première apparition publique
des dirigeants du TBKP a eu lieu le 13 novembre dernier. Les membres du
Politburo se sont présentés eux-mêmes à la presse lors d'un cocktail
organisé par le parti à Istanbul. Il a été suivi par une conférence de
presse tenue le 8 décembre dernier, par les membres du Comité Central
du TBKP à Istanbul. Lors de ce meeting, ils ont annoncé qu'ils allaient
désormais opérer à la lumière du jour et conduire leur activités
ouvertement et légalement que le gouvernement abroge ou non les
articles 141 et 142 du code pénal turc qui ont causé leur mise hors la
loi. Les officiels provinciaux du TBKP ont également tenu des meetings
similaires à Istanbul, Izmir, Ankara et dans d'autres villes turques.
Au début, la police n'est pas
intervenue, cependant la Cour de Sûreté de l'Etat a montré les dents
dans quelques semaines et ce, malgré le fait qu'Özal ait annoncé que la
liberté d'opinion et d'organisation allait désormais être respectée.
Le 8-9 janvier 1990, la police a
arrêté 59 membres du parti dont 29 à Izmir et 30 à Zonguldak, après
qu'ils aient annoncé lors de meetings, qu'ils cessaient d'opérer en
secret. Fin février 1990, le nombre de membres du parti arrêtés dans
plusieurs provinces s'élevait à 300.
De plus, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Ankara a également fait arrêter Mme Ayse Cicek Yagci, épouse
de Nabi Yagci, dès son arrivée en Turquie, le 6 janvier 1990.
ARRESTATION D'UNE SOCIOLOGUE ALLEMANDE
Une sociologue allemande
travaillant dans le Sud-Est de la Turquie a été arrêtée et jugée pour
avoir écrit ce qui a été décrit comme des "slogans séparatistes" dans
le livre des visiteurs de la Station d'élevage de l'oiseau Ibis à
Birecik.
Un mandat pour l'arrestation de
la sociologue, également membre de la Sorbonne, avait été lancé le mois
dernier après qu'elle ait écrit: "Ibisses, je vous aime" et "Vive le
Kurdistan, vive la liberté" dans le livre de visiteurs.
Mme Schlumberger a été accusée
d'avoir violé l'article 142 paragraphe 3 du Code Pénal Turc en se
livrant à de la propagande qui pourrait nuire ou détruire les
sentiments nationalistes.
L'arrestation du Dr. Hella
Schlumberger a entraîné un avertissement de la part du ministre
ouest-allemand des Affaires Etrangères, Hans Dietrich Gencher au
ministre d'Etat Ali Bozer disant en substance que les relations
germano-turques pourraient se détériorer à la suite de cette affaire.
Après cette intervention, elle a
été relâchée le 23 janvier dernier.
PRESSIONS SUR UN JOURNALISTE BRITANNIQUE
Le 4 janvier 1990, un journaliste
britannique, M. Christopher Wildig, travaillant et vivant en Turquie
depuis 1969, a reçu une ordre de quitter le pays dans les 24 heures. Il
est employé par un service quotidien de presse, le Press Digest, qui
fournit quotidiennement une revue traduite de la presse turque aux
ambassades et au business étranger. De source officieux, le ministre de
l'Intérieur aurait refusé de renouveler son permis de séjour parce
qu'il est "un témoin de Jéhovah et qu'il se livre à de la propagande
chrétienne".
Or, après plus de 40 procès qui
avaient eu lieu pour la plupart ces 20 dernières années, les Témoins de
Jéhovah ont obtenu un statut légal en Turquie en tant que cemaat
(confrérie). Ils sont autorisés à se réunir librement, à publier des
articles, à louer et à acheter des biens ainsi qu'à propager leur
religion.
Le lendemain, l'ordre de quitter
le pays a été revu par le ministère de l'Intérieur sous la pression
conjuguée du ministère des Affaires Etrangères et du Conseil de la
Presse et de l'Information.
PERSÉCUTION D'UN MILITANT ANTI-MILITARISTE
L'animateur de la première
campagne contre le service militaire obligatoire en Turquie, Tayfun
Gönül, a été interrogé le 22 janvier 1990 par la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul pour un article qu'il avait écrit dans l'hebdomadaire
Sokak ainsi que pour une interview qu'il avait accordée au
quotidien Günes.
Selon le Procureur, les articles
découragent le public d'accomplir son service militaire et contiennent
également des expressions dénigrant les forces armées de la nation. Les
deux publications ont été confisquées sur ordre de la Cour et en vertu
de l'article 155 du Code Pénal Turc qui prévoit la condamnation de
toute propagande contre le service militaire.
DISCRIMINATION À L'ENCONTRE DES PROSTITUÉES
La Cour Constitutionnelle a
décidé qu'un homme coupable de viol, harcèlement sexuel ou d'enlèvement
sur la personne d'une prostituée sera passible d'une peine inférieure
de deux tiers à celle prévue pour les mêmes délits mais commis à
l'encontre de non-prostituées.
Cette décision a provoqué une
série de protestations de la part des groupes de défense des droits de
l'homme.
Un groupe féministe qui a entamé
l'année passée une campagne "notre corps nous appartient. Non au
harcèlement sexuel", a protesté vivement contre cette décision lors
d'une conférence de presse qu'il a tenu à Istanbul, le 15 janvier
dernier:
"La décision de la Cour de
Suprême —qui n'est composée que d'hommes— prouve que la domination
masculine prime sur toutes les lois. Cette décision a pour conséquence
de légaliser la discrimination entre les femmes chastes et celles qui
ne le sont pas, elle est supposée protéger les chastes des agressions
ainsi, toute femme victime d'un viol aura à prouver qu'elle est chaste
et non une prostituée. Par contre, tout agresseur pourra clamer que sa
victime avait l'air d'une prostituée pour se disculper."
La déclaration met également en
exergue que "la prostitution est une profession légale en Turquie et
que les prostituées payent des taxes comme n'importe quel travailleur,
elles devraient donc bénéficier de la protection de l'Etat. Par cette
loi, les prostituées sont punies par l'Etat."
D'autre part, des brochures
signées par les "Prostituées d'Istanbul" ont été distribuées. On peut y
lire: "Nous protestons contre cette loi. Nous payons les taxes les plus
élevées à l'Etat. Nous devons déjà faire face à la discrimination, et
nous regrettons que l'Etat l'encourage".
Une pétition, lancée le même jour
à Istanbul par des artistes, circulera encore un mois avant d'être
envoyée au Parlement et à la Fondation pour la Promotion de la Femme
Turque.
BAYKAL: HOMME FORT AU SHP
Le Congrès du parti populiste
social-démocrate (SHP) qui s'est tenu à Ankara les 26-27 janvier 1990,
suite à une série d'expulsions et de démissions, a vu la consolidation
de la position au Secrétaire général du parti Deniz Baykal. Ce dernier
est apparu, lors de ce congrès comme l'homme fort du SHP et ce par
l'élection de 39 de ses supporters sur les 44 membres que compte
l'Assemblée du Parti.
Une autre particularité de ce
congrès réside en l'acceptation à l'unanimité d'un quota de 25% pour
des femmes dans tous les organes administratifs du SHP, système qui est
le premier du genre dans la vie politique turque. Ainsi, 11 membres sur
les 44 de la toute puissante Assemblée du Parti sont des femmes.
Apparemment, 25% des cellules provinciales du SHP seront également des
femmes.
Bien qu'Erdal Inönü ait été réélu
à la présidence du parti en obtenant 756 votes sur 863, il n'a pas
réussi à faire élire ses candidats à l'Assemblée du Parti. Avant le
congrès, Inönü avait proposé à Baykal, 19 candidats pour la liste des
élus de l'Assemblée du Parti, mais pendant le scrutin, ils ont été
exclus et remplacés par des candidats connus pour
leurs liens avec le Secrétaire Général.
Les observateurs politiques à
Ankara, partagent le point de vue suivant: l'autorité d'Inönü au sein
de SHP a été quelque peu secouée par le coup administratif de Baykal.
Kemal Anadol, ancien député SHP qui a quitté le parti en 1989 en même
temps que d'autres députés de l'aile gauche a déclaré: "Inönü sera un
leader symbolique, comme le Roi de Suède".
Le porte-parole de l'autre aile
gauche du SHP, "Les Rénovateurs", qui reste pour le moment dans le
parti, a critiqué l'action du secrétaire général qui a eu pour effet de
diviser le parti en plusieurs faction. Le porte-parole de ce groupe,
Ertugrul Günay, a dit:"Nous devons arrêter de nous affronter et joindre
nos forces. Nous devons instaurer une administration qui couvrira le
parti en entier et de façon équilibrée".
Les Rénovateurs ont obtenu cinq
sièges aux élections de l'Assemblée du parti.
Quant aux anciens députés SHP qui
ont été expulsés ou qui ont démissionné du parti, ils se sont
entretenus avec les autres groupes de gauche pour créer un nouveau
parti socialiste.
LE CONGRÈS DE LA TURK-IS
Le congrès de la Confédération
des Syndicats turcs (TURK-IS) qui s'est tenu du 11 au 16 décembre 1989
à Ankara, s'est terminé avec l'élection de l'aile droite avec, à leur
tête, le président Sevket Yilmaz.
Sur les 420 délégués représentant
1.800.000 affiliés appartenant à 32 unions, 231 ont voté pour Sevket
Yilmaz alors que le candidat des syndicalistes de gauche, Orhan
Balaban, n'a obtenu que 173 voix.
La Confédération des
Syndicats Progressistes de Turquie (DISK), est interdite depuis le coup
d'Etat militaire de 1980 et le procès de ses leaders est toujours en
cours devant la Cour de Cassation militaire.
Bien qu'une partie des anciens
syndicalistes progressistes ont lutté pour que ce procès finisse et
pour le retour du DISK, beaucoup d'autres ont déjà pris part aux
syndicats affiliés à la TURK-IS au sein de laquelle, ils constituent
l'aile de gauche.
Le Président ou cette vénérable
Confédération, Sevket Yilmaz, qui a été accusé par les syndicalistes de
gauche d'être trop proche du gouvernement, s'est défendu en clamant
qu'il luttait contre le gouvernement à tous les niveaux: "Le
gouvernement fait peser des difficultés économiques intolérables sur de
larges parties de la population", a-t-il dit.
Pendant le Congrès, le ministre
d'Etat, Isin Celebi, a été hué par les délégués et a été obligé
d'écourter son discours. Par contre, les leaders de l'opposition ont
été ovationnés.
NOUVELLES TENSIONS GRÉCO-TURQUES
La Turquie et la Grèce
s'affrontent à nouveau sur le plan diplomatique à cause d'une flambée
soudaine d'incidents entre les autorités grecques et les représentants
de la minorité turque en Thrace occidentale.
Les événements ont débuté le 26
janvier 1990 lorsque deux représentants de la minorité turque qui
s'étaient vus interdite de se présenter aux élections du Parlement Grec
du 5 novembre 1989, ont été condamnés par une cour grecque à 18 mois de
prison chacun pour avoir causé des troubles au sein de la population en
propageant de fausses informations et en l'incitant à la violence.
Le 29 janvier, la minorité turque
de Komotini avait décidé d'organiser des prières publiques pour
dénoncer la pression exercée sur les musulmans par le gouvernement
grec. Avant qu'elles ne commencent, des Turcs qui se rendaient à la
mosquée ont été agressés par des Grecs et plusieurs personnes ont été
battues. Trente personnes ont été blessés et près de 400 magasins et
bureaux appartenant à des membres de la Communauté turque ont été
saccagés.
Deux des Turcs qui ont été
blessés, Emin Aga (ancien député PASOK) et le mufti de Ksanthi (une
autre ville de la zone où vit la minorité turque) ont été hospitalisés
à Alexandropoulis.
Le 31 janvier, Maria Damanaki,
membre du Parlement Grec, et les personnes qui l'accompagnaient ont été
agressés à Komotini, alors qu'elle faisait preuve de compassion pour
les Turcs. Elle a dû se réfugier dans le bâtiment municipal, qu'elle
n'a pas pu quitter avant deux heures.
La condamnation du Dr Sadik Ahmet
et d'Ibrahim Serif a été qualifiée de "violation des droits de l'homme
inaliénables tels que le droit à un procès équitable et public, le
droit de se défendre en personne ou avec une assistance légale, le
droit de bénéficier des services d'un interprète lorsqu'on ne parle pas
la langue utilisée par la Cour et la liberté d'expression" par le
gouvernement d'Ankara.
Quant au gouvernement grec, il
clame que Ahmet et Serif sont deux nationaux grecs poursuivis devant un
tribunal grec pour avoir essayé de perturber la paix sociale en Grèce.
Depuis 1985, Sadik Ahmet est la
bête noire du gouvernement grec. Cette année là, il avait été arrêté
pour la première fois alors qu'il collectait des signatures des membres
de la minorité ethnique turque pour une pétition qui énumérait les
restrictions apportées aux droits de cette minorité.
Ahmet a été élu au Parlement lors
des élections du 8 juin 1989 mais il n'a pas été autorisé à se
présenter lors des élections du 5 novembre. Les bureaux électoraux
locaux ont déclaré que ses papiers étaient incomplet.
Pendant leur procès, des
personnes présentes dans la salle du tribunal les ont insultés et leur
ont enjoint de quitter la Grèce et de retourner en Turquie.
Alors qu'Ahmet était emmené pour
être emprisonné, il a crié dans le tribunal: "Je suis emprisonné parce
que je suis turc. Si le fait d'être turc est un crime, je le répète, je
suis turc et je le resterai. Mon message à la minorité turque de la
Thrace occidentale est qu'elle doit rester turque".
Turgut Kazan, président du
Barreau d'Istanbul, qui était présent au procès a déclaré qu'il avait
assisté à "un triste épisode de l'histoire de la Justice".
Kazan a été l'un des ardents
défenseurs de l'amitié turco-grecque et a pris part à toutes les
tentatives de mettre fin à la tension existant entre les deux Etats.
Kazan a également critiqué les
cercles grecs de défense des droits de l'homme pour ne pas avoir réagi
contre le procès de Komotini et contre les pressions exercées sur la
minorité turque de Grèce.
DISPUTE AQUEUSE AVEC L'IRAK ET LA SYRIE
Le 13 janvier 1990, le conflit
concernant l'eau a culminé lorsque la Turquie a commencé à restreindre
le débit vers la Syrie et l'Irak pendant le remplissage du nouveau
barrage Atatürk.
L'Euphrate et le Tigre trouvent
leur source en Turquie, et les officiels turcs, syriens et irakiens se
rencontrent régulièrement pour discuter de l'usage de leurs eaux. Le
barrage géant Atatürk est le 3ème barrage sur l'Euphrate qui traverse
la Syrie avant de couler en Irak jusqu'au Golfe Persique. Le Tigre
coule également en Irak.
Des rapports récents parus dans
la presse ouest-allemande et Arabe ont suggéré que si la Turquie
utilise l'eau comme pression politique sur ses voisins, cela pourrait
mener à un conflit armé dans la région.
Lors d'un discours qu'il a
prononcé lors de la cérémonie d'ouverture du barrage Atatürk, le
président Özal a dit que la Turquie n'a pas l'intention d'utiliser les
eaux de l'Euphrate comme une menace contre ses voisins. Özal a déclaré:
"Ce qui est important, c'est que nos voisins ne s'immiscent pas dans
nos affaires intérieures", dans ce qui a été présenté comme un
commentaire destiné à la Syrie pour son soutien présumé à la guérilla
kurde qui mène des opérations offensives le long de la frontière
turco-syrienne.
Le ministère d'Etat Kamran Inan,
qui est chargé du Projet sur l'Anatolie orientale (GAP), a déclaré à la
presse que la Turquie se prépare au siècle prochain au travers de
divers projets et a ajouté: "Le GAP est l'une des pierres angulaires de
cette construction. Le siècle prochain, la Turquie sera parmi les
quatre super-puissances, avec le Japon pour l'Asie, l'Allemagne de
l'Ouest pour l'Europe et les USA pour les Amériques".
JOURNÉE D'INFORMATION DES ATELIERS DU SOLEIL
Les Ateliers du Soleil, fondés en
1982 par Info-Türk dans le but de contribuer à la défense des droits
des immigrants en Belgique ainsi qu'au développement de leur vie
sociale, culturelle et éducative, ont organisé une Journée
d'information le 1er février dernier, à Bruxelles. A cette occasion,
toutes les publications par Info-Türk et tous les objets créés par les
Ateliers du Soleil étaient ont été exposés.
Les adhérents des Ateliers du
Soleil sont des homes, des femmes, des enfants de vingt nationalités
différentes principalement des Belges, Turcs, Kurdes, Arméniens,
Assyriens, Chaldéens, Marocains, Italiens, Espagnols, Iraniens,
Egyptiens, Portugais, Boliviens, Chiliens, Péruviens, Mexicains,
Indiens…
Depuis qu'une nouvelle politique
d'immigration, proposée par le Commissariat Royal à l'Immigration,
était à l'ordre du jour des autorités nationales, communautaires et
locales en Belgique, les adhérents des Ateliers du Soleil ont, à cette
occasion, lancé un appel en faveur de la reconnaissance de la qualité
de citoyen à tous les habitants d'origine étrangère de la ville de
Bruxelles.
"La plupart des propositions sont
le produit d'une étude approfondie et méritent le soutien de toutes les
forces démocratiques. Pourtant, nous constatons que les personnes qui
font l'objet de toutes ces propositions sont une fois de plus écartées
du processus de l'élaboration. De plus, les citoyens d'origine
étrangère sont toujours privés de censurer par la vote les instances
chargées de l'exécution de ces mesures. Les droits de vote et
d'éligibilité s'inscrivent dans le contexte général de la lutte contre
toutes les discriminations qui touchent les immigrés," dit l'appel des
Ateliers du Soleil.
PERSÉCUTION RECORD DE LA PRESSE EN 1989
En 1989, les poursuites légales
entamées contre la presse turque ont battu les records. Selon une
évaluation de l'agence de presse ANKA, 394 cas ont été intentés contre
16 journaux, dont 211 constituaient en des actions en dommages et
intérêts pour violation de la vie privée et 183 étaient des poursuites
pénales intentées par l'Etat contre des journalistes.
Une réparation totale de 12,8
milliards de LT (5,6 millions de dollars) a été demandée alors que les
peines de prison requises contre 400 journalistes, lors de poursuites
pénales, atteignaient plus de 1000 ans d'imprisonnement. Près de 20%
des actions en réparation et 21% des poursuites pénales ont été
intentées par le Président Turgut Özal ou par des membres de sa
famille. La plupart des affaires sont toujours en cours.
RAPPORT DU PEN: LES JOURNALISTES ET ÉCRIVAINS EMPRISONNÉS EN TURQUIE
Dans un rapport publié en
septembre 1989, le Comité des Ecrivains en prison du PEN International
a fourni une liste détaillée des prisonniers d'opinion en Turquie. Nous
le reproduisons ci-dessous.
Kazim ARLI: né en 1953 dans un
village d'Espakli dans la province de Burdur. Editeur en chef du
journal Öncü (Avant-garde) de juin à août 1980. Il a été arrêté
le 11/9/85 pour des articles figurant dans les numéros 3, 4 et 5 (16,
30 juin et 14 juillet) et condamné à 23 ans et 6 mois de prison par la
Cour militaire n°2 d'Istanbul le 27.6.86. Le verdict se basait sur
l'article 142 du Code Pénal Turc visant la "propagande communiste". Un
autre procès est en cours, cette fois-ci l'accusation se base sur
l'article 141 du CPT et vise les numéros 1 et 2 du journal dont il
était le rédacteur. En août 1989, le PEN a appris qu'il était également
jugé sur base de l'article 140 du CPT pour avoir écrit une lettre à un
membre du PEN, lettre qu'on a jugée "injurieux" à l'égard du
gouvernement turc. Il est passible d'une peine supplémentaire de 5 ans
d'emprisonnement. Son adresse en prison: Özel Tip Cezaevi, Bloc-C,
16001, Bursa, Turquie. Il a été adopté par le PEN suédois et par le US
PEN Center West.
Irfan ASIK: né en 1953,
célibataire, sa famille vit dans la province de Bolu. Professeur et
éditeur d'un journal politique Partisan jusqu'à ce qu'il soit
interdit après le Coup d'Etat militaire. Il a été arrêté dans sa classe
le 4.12.80 et jugé 13 fois pour divers numéros de Partisan. Il a
été condamné à un total de 111 années d'emprisonnement qui ont été
réduites, en appel à 36 ans. Il sera probablement remis en liberté en
1995 avec remise de peine. Son adresse: B-4, Özel Cezaevi, 17100
Canakkale, Turquie. Il a été adopté par la section néerlandophone en
Belgique.
Güzel ARSLANER: rédacteur en chef
du journal modeste Halkin Birligi (Unité du Peuple). Condamné à
31 ans de prison sur base de l'article 142 le 30.6.83 pour 5 articles
qu'il avait fait publier avant le Coup d'Etat de 1980.
Mehmet BAYRAK: journaliste au
Özgür Gelecek (Un futur libre) arrêté le 22 juillet 1989. (Pour
plus de détails: voir à Bekir RESEN).
Oral CALISLAR: né en 1946 à
Tarsus, Turquie. Rédacteur en chef du quotidien Aydinlik
(Eclaircissement), qui a été interdit en 1980. Marié et père d'un
enfant. Emprisonné en 1980-1982 pendant que son procès continuait.
Arrêté en 1986 après que le tribunal l'ait finalement condamné à 8 ans
de prison sur base de l'article 141. De 1980 à 1986, il a été membre du
comité central du Parti des Travailleurs et des Agriculteurs turcs.
Pendant son premier emprisonnement, il a écrit un livre intitulé:
"L'école des langues" que le quotidien Milliyet a publié sous
forme de série. Il a remporté le prix "Yunus Nadi" pour un article
écrit dans le quotidien Cumhuriyet au sujet d'un jeune garçon
emprisonné.
Mehmet CETIN: né en 1955. Il a
travaillé dans un théâtre, a écrit des pièces, des histoires et des
poèmes. Il a été arrêté après le Coup d'Etat. Il a été, selon certains,
torturé alors qu'il se trouvait en détention préventive. Il a été
condamné à 20 ans de prison le 1.9.81 pour avoir "dirigé une
organisation illégale". Ce qui constitue 5 ans de plus que le maximum
légal prévu pour un tel délit. Ces 5 ans supplémentaires ont été ajouté
arbitrairement sous le couvert de la loi martiale. il aurait été
torturé à 3 reprises depuis son emprisonnement. En prison, il a
continué à écrire des poèmes et des essais. Certains de ses travaux ont
été publiés en Turquie et à l'étranger et le bureau du PEN dispose de
son recueil de poèmes "Saison du Vent et des Roses" en turc, dont deux
ont été traduits en anglais. Il a été adopté par le San Miguel Allende
PEN Center.
Mehmet COBAN: journaliste au
journal d'Ankara Iktibas (Citation). Il a été accusé de
"propagande anti-laïque" en vertu de l'article 163 pour avoir écrit un
article intitulé "Les Principes qui guident noter voie", paru en
septembre 1985. Il purge actuellement une peine de 6 ans et 3 mois.
Süleyman COSKUN: journaliste né
en 1945. Arrêté une première fois en avril 1981 pour son appartenance
au PC turc (TKP) qui était déjà illégal à l'époque. Après avoir passé 3
ans en détention préventive, il a été relâché provisoirement en 1984.
En mars 1985, il a été condamné à 8 ans et 10 mois de prison. Verdict
qui a été confirmé par la Cour d'Appel militaire en Octobre 1987. En
septembre 1988, Coskun a commencé à purger sa peine à la prison du
District de Haymana dont il devra probablement purger 40%.
Ilker DEMIR: né en 1953, marié et
père d'un enfant. Editeur des revues Ilke et Kitle de 1975
à 1977. Il a été arrêté le 3.4.1984 à Istanbul et condamné à un total
de 23 ans et 1 mois de prison par un certain nombre de cours
militaires. Il est accusé de s'être livré à la propagande communiste.
Il était détenu dans la prison civile spéciale d'Aydin jusqu'à ce qu'il
entame une grève de la faim le 17 octobre 1988 date à laquelle il a été
transféré à la toute nouvelle prison de Nazilli. Souffrant d'asthme, il
a à nouveau entamé une grève de la faim le 23 avril 1989 dans le but
d'obtenir une amélioration des conditions de détention. Il semblerait
qu'il ait été battu et blessé par les gardes. Il a alors été placé dans
une cellule d'isolation où les conditions de vie sont nuisibles à sa
santé puisque l'atmosphère y est humide et poussiéreuse. Il souffre
également d'un ulcère à l'estomac. Dans une de ses lettres, il dit
qu'il espère être libéré en juin 1993 (en tenant compte des lois
turques sur les remises de peine). Les 15-16 juillet 1989, il a à
nouveau été battu et isolé après avoir protesté contre une décision qui
ne permettait qu'à sa femme et pas à sa fille unique de venir le
voir, alors qu'elles avaient voyagé des centaines de km pour lui rendre
visite. Il est adopté par AI comme prisonnier de conscience.
Fettah ERKAN: éditeur de Devrimci
Derlenis, accusé par la Cour militaire d'Ankara d'avoir insulté
l'armée qui l'a condamné le 5.6.81 à 11 ans et 8 mois de prison.
Ersin Ergin KELES: né en 1960,
étudiant à l'Université Technique du Moyen-Orient d'Ankara. Il a été
arrêté en juillet 1981 à Samsun et la Cour militaire n°2 d'Erzincan l'a
accusé de faire partie d'une organisation de gauche Devrimci Yol
(la voie révolutionnaire). Son procès, ainsi que celui de 212 autre
défendeurs a commencé en 1982. Initialement, le procureur Nuh Mete
Yüksel a requis la peine de mort contre 22 d'entre eux. Le 24.1.84, le
verdict a été rendu: 16 peines capitales étaient prononcées. Ergun
faisait dorénavant partie des 291 personnes condamnées à mort à ce
jour. En juin 1983, la Cour d'Appel militaire d'Ankara en a confirmé
certaines et en a cassé d'autres, dont celle d'Ergun. En 1988, il a été
à nouveau été jugé et condamné à la prison à perpétuité. Ergun, dans
une déclaration publiée par le quotidien Cumhuriyet, déclare
qu'on l'a forcé à signer une "confession" sous la torture et qu'il n'a
jamais porté d'arme. Bien qu'il lisait le journal Devrimci Yol, il ne
savait rien d'une organisation illégale appelée DEV-YOL. Ersin Ergun a
écrit des poèmes en détention qui ont été publiés en Turquie. Le
28.10.1988, il semblerait qu'il ait été battu d'une manière tellement
sauvage par les gardes qu'il a été hospitalisé. Ses poèmes récents et
leur traduction ont été détruits et certains de ses effets personnels
confisqués. Il a été transféré à la prison d'Eskisehir durant l'été
1988. Le 29 juin 1989, il a entamé une grève de la faim, après que les
droits des prisonniers aient été réduits suite à la découverte d'un
tunnel. Le 2 août 1989, la prison d'Eskisehir a été évacuée et Ersin
Ergun a été envoyé à la prison d'Aydin. A leur arrivée, après avoir eu
une discussion au sujet des soins médicaux avec l'administration de la
prison, les gardes ont battu certains des prisonniers. Deux d'entre eux
sont décédés et Ersin Ergun Keles a dû à nouveau être hospitalisé, il
semblerait qu'il ait été sérieusement blessé. Au courant du mois d'août
(aux environ u 20 août), les prisonniers ont cessé leur grève de la
faim et ont obtenu gain de cause pour certaines de leur revendications.
Il a été adopté par les centre catalan et Suédois du PEN.
Yasar KAPLAN: étudiant en
littérature anglaise et éditeur du magazine littéraire Aylik
Dergi (revue mensuelle). Arrêté en mai 1985 et accusé de
"propagande anti-laïque" en vertu de l'article 163 après avoir écrit un
livre intitulé "Le Livre de la Démocratie". Condamné par la Cour de
Sûreté de l'Etat d'Ankara en février 1986 à 6 ans et 3 mois de prison.
Actuellement en détention à la prison de Bursa (Özel Tip E Cezaevi,
Bursa, Turquie). Adopté par AI.
Celal GÜL: professeur et
collaborateur au journal politique Özgür Gelecek (un futur
libre), arrêté le 22 juillet 1989 en même temps que Bekir Kesen (voir
Bekir Kesen pour plus de détails).
Bayram KAZAKLI: propriétaire et
éditeur responsable de la compagnie d'édition Devrimci Kurtulus
Yayinevi. Condamné à 15 ans de prison pour avoir publié 4 livres
et brochures et pour son appartenance à une organisation illégale.
Kozakli a admis avoir publié ces livres mais a nié être un "militant"
et a déclaré avoir subi des tortures. Il a été arrêtés en 1983.
Bekir KESEN: rédacteur en chef du
journal mensuel politique Özgür Gelecek (un futur libre), dont la
publication a commencé en décembre 1988 et qui se concentre
essentiellement sur la question kurde. Presque tous ses numéros ont été
saisis. Il risque, ainsi que Mehmet Bayrak (propriétaire du journal) et
Celal Gül (professeur et collaborateur), d'être condamné pour
"appartenance à une organisation séparatiste" en vertu des articles
141/4 du code Pénal turc. Kesen et Gül, qui a passé 30 mois en prison
au début des années 80, ont tous deux été arrêtés dans les bureaux de
la rédaction du journal le 22 juillet 1989 t emmenés aux Q.G. de la
police d'Ankara où ils ont été interrogés. Le même soir, Mehmet Bayrak
et le docteur Nuray Özkan (M.D) qui avait écrit un rapport pour le
journal sur une conférence au cours de laquelle la situation des femmes
kurdes avait été abordée, ont été également mis en état d'arrestation.
Leurs domiciles ont été fouillés. Le 1er août, Bekir Kesen, Celal Gül
et Mehmet Bayrak ont comparu devant la Cour de Sûreté de l'Etat
d'Ankara et ont été accusés formellement. Ils sont actuellement détenus
à la Prison d'Ankara en attendant leur procès prévu pour le début du
mois de septembre 1989. Entre-temps, Kesen et Bayrak avaient déjà été
accusés de s'être livrés à de la "propagande séparatiste" (142/3) dans
des articles du journal. Ils avaient été arrêtés après que le 2ème
numéro du journal ait paru dans lequel Bayrak avait écrit un article
intitulé: "Le 87ème anniversaire de Nazim Hikmet". Le même article
avait déjà paru en mai 1988 dans l'hebdomadaire 2000e Dogru et
avait déjà donné lieu à des poursuites légales, mais l'éditeur du 2000e
Dogru avait finalement été acquitté à Istanbul. Cependant, le
Procureur d'Ankara n'a pas tenu compte de ce verdict dans le cas
Bayrak-Kesen. Ces derniers auraient été battus à la prison d'Ankara.
Ils ont été libérés sous caution en mars 1989.
Recep MARASLI: né en 1956 à
Erzurum, célibataire. Editeur et propriétaire de la maison d'édition
Komal à Istanbul. Il a été arrêté une première fois en 1978-79
pour ses activités d'éditeur. Il éditait des livres sur l'histoire
kurde, la culture et la question kurde en général. Il est lui-même
kurde. Il a publié des livres d'Ismail Besikci, qui a été libéré
depuis. Il a été arrêté en janvier 1982 et jugé à 6 reprises, un autre
procès est en cours. Il a été condamné à une peine de prison de 36 ans
qu'il a commencé à purger à la prison militaire de Diyarbakir. Le PEN
anglais a reçu deux cartes de lui à la fin de l'année 1987. En novembre
1988, le PEN a appris qu'il allait mal et qu'il avait été transféré à
la prison d'Eskisehir d'où il a envoyé une lettre le 2.1.89 à un membre
du PEN anglais disant qu'il avait fait une attaque en 1984 et qu'on
refusait toujours de le soigner de manière suivie. Un membre du PEN
canadien lui a rendu visite après qu'il ait à nouveau entamé une grève
de la faim. Le 2 août 1989, la prison d'Eskisehir a été évacuée,
vraisemblablement pour faire cesser la grève suivie par près de 320
prisonniers (voir ci-dessus à Ersin Ergun Keles pour plus de détails).
Il se trouve actuellement à la prison d'Aydin. Il a été adopté
par les sections norvégienne, anglaise, canadienne et belge.
Orhan ÖRGÜCÜ: propriétaire de la
maison d'édition Simge (symbole), arrêté le 20 janvier 1989 et
détenu en garde à vue à Ankara. La maison d'édition avait publier un
livre contenant les défenses des défendeurs au procès DEV-YOL (la voie
révolutionnaire), cependant ce livre ne contenait aucun commentaire et
les plaidoiries des défenseurs des militants du DEV-YOL avaient déjà
été publiées par la presse. Ce livre a été saisi alors qu'il n'était
pas encore relié et en plein milieu de son impression. Osman Tayfun
Mater, à l'origine du projet du livre, s'est présenté de plein gré aux
autorités d'Ankara le 24 janvier 1989 qui l'ont immédiatement arrêté et
formellement accusé de propagande communiste et séparatistes (art.
141/2 -3-6). Il est actuellement détenu à la Prison d'Ankara.
Candemir ÖZLER: né le 19.2.57,
arrêté le 1er mai 1981 pour des articles publiés dans le Savas
Yolu dont il était l'éditeur. Il a été accusé de propagande
communiste sur base de l'art. 142 et condamné à 23 ans et 10 mois de
prison. Il est détenu à la prison de Canakkale et a été adopté par
AI.
Alaattin SAHIN: né en 1948 et
éditeur de l'hebdomadaire Halkin Yolu de janvier à novembre 1977,
44 cas ont été ouverts contre lui et 25 d'entre eux ont mené à sa
condamnation à 108 ans de prison qui ont été commués en 36 ans. Il est
actuellement emprisonné à la prison de Canakkale.
Orhan SELEN: né en 1953, marié,
père de 3 enfants, poète dont 4 recueils ont été publiés dont "les
Enfants du Soleil" en 1977, par la maison d'édition Ileri. Il a été
arrêté en juillet 1985, un an après sa peine de 8 ans de prison était
confirmée. Accusé d'avoir "essayé d'établir la domination d'une classe
sociale sur les autres classes sociales" (art. 141/1) par la
publication dans le Katki (contribution) d'un article proposant
qu'on autorise l'institution d'un parti communiste en Turquie. Sept
acteurs dont Selen, étaient impliqués. Adresse: E-Tip Cezaevi, D-4,
Bursa, Turquie. Il a été adopté par AI.
Erhan TUSKAN: né en 1957 à
Denizli, éditeur responsable du journal de l'Organisation de la
Jeunesse Progressiste (IGD). Il a été arrêté le 24.10.80 après le coup
d'Etat militaire de 1980 en raison de 4 articles qui ont été publiés
dans le journal. Erhan TUSKAN a apparemment lui-même écrit des articles
critiquant le terrorisme bien qu'il ne soit pas certain qu'il soit
l'auteur des articles en cause. Il a été condamné à 48 ans et 10 mois
de prison qui ont été réduits à 36 ans en appel. Il est détenu à la
prison de Canakkale et a été adopté par AI et le PEN irlandais.
Hasan Fikret ULUSOYDAN: né en
1955, jugé depuis 1976. Il a été pendant 9 mois, en 75 et 76, rédacteur
en chef du périodique Halkin Sesi (la voix du peuple). 23 charges
différentes ont été retenues contre lui pour différents articles qui
apparaissaient à la lumière des articles 142 comme faisant de la
"propagande communiste", art. 159 comme "insultant les autorités de
l'Etat". Il a été condamné à une peine totale de 75 ans de prison et
deux poursuites n'ont pas encore abouti. Ulusoydan purgera cependant au
maximum 36 ans de prison. Emprisonné du 25 mars 1980 au 5 juillet 1980
et arrêté une seconde fois le 17 novembre 1980. Il est resté à la
prison militaire de Metris jusqu'en 1988. Halkin Sesi a été publié
légalement dans les années '70 et faisait partie d'un groupe appelé
Aydinlik (illumination) qui, plus tard, sera à la base du Parti
des Ouvriers et des Agriculteurs de Turquie (TIKP) qui a été interdit
en 1980 et dont la plupart des membres ont été condamnés à de lourdes
peines. Le 30 septembre 1988, Ulusoydan a été battu par les gardes de
la prison et a été soigné à l'hôpital pendant 2 jours pour hémorragie
interne. Plus tard, une grève de la faim a éclaté à la prison et 60
prisonniers, qui avaient été déclarés les meneurs du mouvement, ont été
déplacés vers la prison de Canakkale. Parmi eux se trouvait Ulusoydan.
Le 3 août 1989, il a entamé une grève de la faim qui a duré deux
semaines en guise de protestation contre la mort de deux prisonniers à
la prison d'Aydin. Fiancé à Fatma Yazici (voir ci-dessous). Il a été
adopté par le centre anglais d'AI (adresse: E Tip Cezaevi, C-4,
Canakkale, Turquie).
Mecit ÜNAL: poète publié dans de
nombreux magazines turcs, il a publié une interview de Nevzat Celik
dans Yeni Demokrasi (nouvelle démocratie). Il a été arrêté en
novembre 1980 et son procès est toujours en cours. L'accusation est
basée sur les art. 141 et 142. En 1er lieu, il a été détenu à la prison
de Bayrampasa puis il a été emprisonné à la prison de Zonguldak. il a
apparemment dû payer des droits de visite. Il a été adopté par le PEN
ouest-allemand.
Disparu:
Nurettin ÖZTÜRK: éditeur
responsable de la revue politique Kurtulus, il a vécu pendant des
années en exil politique en Suisse. Fin 1983, il est retourné en
Turquie et y a immédiatement été arrêté ainsi qu'une autre personne.
Depuis ni sa famille, ni ses amis n'ont plus aucune nouvelle. Sa mère
pense qu'il a été assassiné alors qu'il était en garde à vue. Le
quotidien Cumhuriyet a rapporté le cas le 21 avril 1988.
Enquête
Hasan Selim ACAN: éditeur
responsable de Halkin Kurtulusu, condamné à 331 années de prison
qui ont sans doute été commuées en 36 ans. Le quotidien Milliyet
a annoncé en mai 1989 qu'il était en prison ce qui a été confirmé de
source officielle. En juin 1989, il se trouvait toujours à la prison de
Canakkale.
Ibrahim ACAN: arrêté le 18
janvier 1989, âgé de 71 ans, colonel en retraite qui est devenu avocat.
Il avait fait sortir un livre contenant les plaidoiries de la défense
des membres de l'Union Révolutionnaire des Agriculteurs et des
Travailleurs en Turquie.
Felemez AK: éditeur du mensuel
Toplumsal Kurtulus, arrêté avant le 8 octobre 1988 et toujours
détenu.
Fuat AKYÜREK: éditeur de
Saglikcinin Sesi, condamné à 10 ans et 6 mois de prison pour
avoir imprimé 5 numéros (le magazine traitait des sujets médicaux).
Relâché en avril 1988. A nouveau arrêté au début 1989, et détenu à
Sagmalcilar Özel Tip Cezaevi, Bayrampasa, Istanbul. Son procès
s'ouvrira apparemment le 12 avril 1989, il est accusé d'avoir organisé
une "presse illégale" et d'être le dirigeant du Parti Communiste
Révolutionnaire de Turquie (TDKP).
Ibrahim ARIK: éditeur de Savas
Yolu, condamné à 15 ans de prison le 16.10.1982 par la Cour
militaire d'Izmir.
Ahmet Cevdet ASKIN: il a écrit à
un membre de l'administration d'AI qu'il avait traduit en turc deux
livres sur l'Amérique latine et qu'il était sur le point d'en traduire
un 3ème qu'il est prisonnier politique depuis plus de 8 ans. Il est
détenu à la Prison de Canakkale (Kogus C-1) et il a apparemment
protesté contre le port de l'uniforme pendant les séances de son
procès. En 1988, il lui a été interdit de recevoir tout courrier
pendant un mois.
Erdal CAYIR: journaliste au
magazine politique Yeni Cözüm (nouvelle solution), arrêté le 9
novembre 1988 pour son affiliation à une organisation illégale Devrimci
Sol (Gauche Révolutionnaire). Arrêté formellement le 22 novembre. Le 14
novembre, on lui aurait coupé les poignets. Un reporter du 2000e
Dogru a déclaré qu'il a été torturé avant son arrestation
officielle et a attesté les tortures d'autres prisonniers. Il
semblerait que Cayir ait finalement fait une confession.
Mehmet CERIT: éditeur du
périodique Halkin Yolu. Condamné à 18 ans et 11 mois de prison,
le 22.4.81 par la Cour militaire d'Istanbul.
Mete DALGIN: éditeur responsable
du journal Halkin Birligi, condamné à une peine de 30 ans de
prison.
Mustafa DUM: éditeur responsable
du journal Ileri. Condamné à 13 ans et 6 mois de prison. Sentence
confirmée, il la purge à la prison de type E de Canakkale.
Mustafa EKER: éditeur responsable
de Kurtulus Sosyalist Dergi, condamné à 13 ans et 5 mois de
prison, peut être plus. Emprisonné à Istanbul.
Bektas ERDOGAN: né en 1954,
musulman non-pratiquant de Merzifon en Anatolie orientale mais vit et
travaille à Istanbul. Avant son arrestation, il était l'éditeur d'un
journal. Il a étudié la médecine et la linguistique à l'université.
Emprisonné en 979 et condamné à 36 ans de prison. Adresse: E Tip
Cezaevi, 17100 Canakkale, Turquie. Membre honoraire du centre anglais
du PEN.
Mehmet Resat GÜVENILIR: éditeur
de Emegin Birligi, périodique mensuel du parti
marxiste-léniniste. Il était étudiant en journalisme au moment de son
arrestation, également membre du DEV-YOL. Sa famille est originaire de
Gaziantep (il a 4 frères et ses parents sont tous les deux vivants). Il
est marié, sa femme vit à Istanbul et lui rend visite 2 à 3 fois par
an. Il aurait été condamné en avril 1984 à 10 ans de prison pour son
appartenance au Parti Communiste travailliste de Turquie (TKEP) et à
Devrimci Yol (la voie révolutionnaire). Adresse: Özel Tip
Cezaevi, C-4, Ceylan/Adana.
Nurettin KARAKOC: journaliste et
propriétaire du magazine politique Hedef (cible). Il a été arrêté
à la fin du mois de novembre 1988 avec 17 autres personnes et était
l'une des 12 qui ont été officiellement arrêtées et emprisonnées le 13
décembre 1988 pour leur appartenance à une organisation illégale TKP-B
(Parti communiste turc/unité).
Remzi KÜCÜKERTAN: éditeur de
Devrimci Proletarya qui purge une peine de 7 ans et 6 mois, selon
le quotidien Cumhuriyet d'octobre 1988, en mai 1988, il était
toujours en prison.
Reha MADEN et sa femme Aysegül
MADEN: Reha Maden est journaliste et travaillait pour l'agence de
presse semi officielle Anadolu Ajansi, il a été arrêté le 19
novembre 1988 et mis en garde à vue, on craint qu'il ait été torturé.
Sa femme, Aysegül, a aussi été interpellée le 24 ou le 25 novembre. Le
29 novembre, le quotidien turc Günes rapportait que leur
détention était liée à leur appartenance au PC turc illégal (TKP-B).
Cette semaine là, ils ont comparu, ainsi que 14 autres personnes,
devant la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara. 4 d'entre eux ont été
relâchés mais les 13 autres ont été emprisonnés, dont les Maden.
Ces derniers seraient accusés de mener des activités politiques
illégales et suspectés de préparer des assassinats.
Ertugrul MAVIOGLU: journaliste au
Yeni Cözüm (nouvelle solution). Condamné en septembre 1988 à 3
ans de prison pour propagande communiste.
Hatice ONAT: elle a travaillé
pour le journal politique Emegin Bayragi (drapeau du travail) et
a été arrêté en même temps que Nadir Nadi Usta (fr. infra).
Cemal ÖZCELIK: journaliste au
Medya Günesi et convaincu, en août 1988, de propagande
communiste, sa peine n'est pas clairement connue.
Haci Ali ÖZER: éditeur du journal
Emegin Birligi, toujours emprisonné depuis mai 1988 selon le
quotidien Cumhuriyet d'octobre 1988, sa peine est inconnue. On
n'a plus jamais entendu parler de lui depuis.
Mehmet ÖZGEN: né en 1954, éditeur
de Bagimsiz Türkiye et du Devrimci Militan. Il a été condamné à
33 ans et 6 mois de prison au terme de 6 procès. Il est détenu à la
prison de Canakkale.
Ali RABUS: éditeur au Birlik
Yolu et condamné à 18 ans de prison. Détenu à la prison de
Canakkale.
Abdullah SOYDAN: propriétaire du
magazine mensuel Kawa dont seulement 7 numéros sont paru de
septembre 1978 à mars 1979 à Istanbul. Ce magazine aurait été mis en
cause car il évoquait la question kurde et protégeait les droits des
Kurdes en Turquie. Condamné à un total de 50 ans de prison,
probablement en vertu de l'article 142. Marié et père de 3 enfants. Sa
1ère adresse était: Özel E Tipi Cezaevi, 16 Kogus, Aydin, Turquie.
Mais, il semblerait, de source officielle, qu'il ait été transféré à la
prison de Nazilli.
Osman TAS: né en 1957, éditeur du
journal Halkin Kurtulusu. Condamné à un total de 215 ans de prison dont
155 ont été confirmées. Arrêté le 13.1.81. Sa peine a été
automatiquement commuée en 36 ans.
Hasan USAK: éditeur général du
journal mensuel Toplumsal Dirilis qui traite de sujets culturels
kurdes. Arrêté en novembre 1988 en même temps que ses propriétaires
(voir infra: Cemal Yalvaç) et apparemment arrêté officiellement un peu
plus tard, puis transféré à la prison de Sagmalcilar Cezaevi,
Bayrampasa, Istanbul.
Nadir Nadi USTA: rédacteur en
chef du magazine politique Yeni Asama (Ere Nouvelle). Arrêté en
compagnie d'Hatice Onat (voir supra) ainsi que de 3 autres journalistes
le 17.9.88 et emprisonné dans le Q.G. de la police d'Ankara après
qu'ils aient essayé de déposer une couronne noire devant l'ambassade
d'Irak. Le 30 septembre, leur arrestation était confirmée par la Cour
de Sûreté de l'Etat d'Ankara et emprisonné à la prison d'Ankara. Les
charges qui pèsent contre eux ne sont pas exactement définies. Ils ont
dit à leurs avocats avoir été torturés durant leur détention
incommunicado au moyen de coups, des chocs électrics et d'eau glacée.
Esber YAGMURDERELI: né en 1945,
aveugle depuis l'âge de 10 ans. Avocat de profession, diplômé en droit
et e philosophie. Editeur au magazine Yeni Eylem, fondé en 1968.
Ecrit de courtes histoires dont l'une d'elles remporta un concours
national en 1986 (on ne sait pas laquelle), il a continué sa carrière
d'écrivain en prison. Il a également édité de nombreux magazines et
écrit des articles sur la loi, la littérature et la politique durant
ces 20 dernières années. Arrêté le 5 mars 1978 et condamné à mort. Sa
peine a été commuée à la prison à vie soient à 36 ans à moins de
bénéficier d'une libération anticipée ou que sa peine ne soit alourdie,
il semblerait qu'un autre cas le concernant soit pendant. Les raisons
de sa condamnation ne sont toujours pas éclaircies, bien qu'il ait été
de temps à autres, accusé d'organiser des activités clandestines. Il
semblerait qu'il ait été sauvagement torturé pendant ses
interrogatoires.
Cemal YALVAC: propriétaire du
journal mensuel Toplumsal Dirilis. Arrêté en compagnie de son
éditeur (voir Hasan Usak ci-dessous) en novembre 1988 et emprisonné à
Sagmalcilar Cezaevi, Bayrampasa, Istanbul après que son arrestation ait
été confirmée. Yalvac et Usak sont tous les deux kurdes. Leurs bureaux
ont vraisemblablement été fouillés lors de leur arrestation, opération
qui a causé de gros dommages.
Ali Haydar YILDIRIM: né en 1951,
l'éditeur responsable de cinq numéros du périodique Militan
Gençlik et acquitté dans deux des cinq cas ouverts contre lui.
Condamné à une peine totale de 14 ans et 6 mois. Arrêté en 1981.
Diplômé de la Faculté de médecine de Capa. Marié et père d'un enfant.
Veli YILMAZ: né en 1954, éditeur
de Halkin Kurtulusu et de Halkin Kurtulusu Yolunda Gençlik,
condamné à 1?170 années de prison dont 750 ont été ratifiées. Toutes
les peines de cette importance sont automatiquement commuées en 36 ans.
Mustafa ZÜLKADIROGLU: directeur
de la maison d'édition Emek, mais en prison le 24 novembre 1988
pour purger une peine de 6 ans et 3 mois à laquelle il a été condamné
en 1977 pour avoir publié une brochure le 1er mai.
Passibles de peines de prison:
Erbil TUSALP: journaliste au
quotidien Cumhuriyet d'Ankara, arrêté le 21.6.88 après que le
journal ait publié les détails des témoignages de suspects de la
tentative d'assassinat sur le 1er ministre Turgut Özal. Il a été libéré
(date inconnue) mais le 23 novembre 1985 il était mis en accusation par
le Procureur de la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul pour avoir
révélé les dépositions des auteurs présumés de la tentative
d'assassinats contre Turgut Özal.
Kerim KORCAN: né en 1918,
romancier, il a comparu devant la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul
qui l'a accusé de s'être livré à de la propagande communiste dans son
livre "Un Pont de Feu" qui traite de la torture dans la Turquie des
années '60. Son éditeur, Rabia Sen Süer, fait également l'objet de
poursuites.
Ismail BESIKCI: sociologue et
écrivain, il a déjà été emprisonné pendant 10 ans pour ses cours sur la
question kurde. Il a à nouveau été mis en accusation pour une interview
qu'il a accordée à la revue Gelecek sur la question kurde. Le 10
mars 1989, son procès débutait à la Cour de Sûreté de l'Etat d'Ankara.
Il est passible d'une peine de 5 ans.
Zeki ÖZTÜRK: directeur de la
maison d'édition Sorun. Inculpé par la Cour de Sûreté de l'Etat
d'Istanbul. Passible d'une peine de prison allant jusque 15 ans.
Arrêtés mi-juin 1988, libres en attendant le résultat de leur procès:
Les personnes suivantes dont été
arrêtées à leur domicile et conduites au DAL (Laboratoire d'Enquête
approfondie) à Ankara. Là, ils ont été questionnés et accusés de
propagande Communiste et kurde en vertu des section 142.3.6 du CPT pour
avoir collaboré pendant l'unique année d'existence du journal Toplumsal
Kurtulus (Libération Socialiste) qui traitait de problèmes
kurdes. Ils sont tous jugés actuellement (leur procès a commencé le 18
août 1988) et la partie civile a requis une peine totale de 250 ans de
prison pour 15 articles parus dans le journal.
Orhan GÖKDEMIR: rédacteur en chef
de Toplumsal Kurtulus, et tenu responsable de quatre articles qui
apparaissent dans les cas suivants.
Dr. Yalçin KÜCÜK: auteur de
nombreux livres, collaborateur au Toplumsal Kurtulus, emprisonné
pendant 10 mois en 1983-84 pour son livre "Pour une nouvelle
République". Son accusation présente est dûe à une interview accordée
du Kurdistan Press, publié en Suède et reprise dans le journal. Il a
également été arrêté en avril 1989, pendant deux jours, pour les
numéros 19 et 20 du journal (cfr. infra, Ilhan AKALIN).
Hüsnü ÖNDÜL: juriste et
collaborateur au Toplumsal Kurtulus. Il a défendu les prévenus de
nombreux procès politiques ainsi que les membres du comité exécutif de
la branche d'Ankara de l'Association des Droits de l'Homme. Mis en
accusation pour un article qu'il a écrit dans le numéro de février du
journal sur la Turquie du Sud-Est où vit la majorité des Kurdes.
Ilhan AKALIN: rédacteur en chef
du journal politique Toplumsal Kurtulus, détenu en détention
incommunicado entre les 12 et 24 avril 1989 aux Q.G. de la police
d'Ankara. Le Dr Yalçin Küçük était avec lui mais il a été relâché le 14
avril. Küçük a déclaré que ses interrogatoires concernaient les numéros
les plus récents (19 et 20) du journal. Akalin avait déjà été arrêté
les 14 et 15 septembre 1988 pour avoir propagé de la propagande
communiste et séparatiste dans deux articles anonymes publiés dans le
journal, dont l'un traitait de l'instauration du Centre Kurde du PEN
International. Les poursuites légales consécutives à ces différentes
charges suivent leur cours. (cfr supra: Yalçin Küçük).
Bilgesu ERENUS: femme écrivain et
propriétaire du journal socialiste Toplumsal Kurtulus, elle a été
libérée le 23 juin après 10 jours de détention.
Condamnés mais non encore emprisonnés:
Fatma YAZICI: éditeur responsable
du 2000e Dogru depuis février 1989. En tant qu'éditeur, 46
charges différentes pèsent sur elle, surtout en vertu de l'art. 142 (3)
du CPT à savoir: propagande séparatiste. Elle a été acquittée dans 10
cas et condamnée dans 3:
- Condamnée à 16 mois de prison
le 5.5.88 pour une histoire intitulée: "Kenanizm, la philosophie
du régime du 12 septembre", publié le 4.10.87. La Cour a décidé du
caractère irrespectueux de cette histoire envers le Président.
- 12 mois de prison pour
"sentiments anti-religieux": en cause, un article traitant de la vie
sexuelle de Mohamed.
- 6 ans et 3 mois de prison pour
s'être livré à de la propagande séparatiste en publiant le Helsinki
Watch Committee report sur les Kurdes. Ces 3 sentences ont été
confirmées par la Cour d'Appel, elle peut donc être arrêtée à tout
moment. Son adresse: 2000e Dogru, Basmusahip sok n°16, Talas Han, Kat
4, Cagaloglu, Istanbul. Elle a été adoptée par les centres canadiens
(anglophone) et anglais. Il apparaîtrait qu'une des sentences ait été
confirmée en février 1989 et que, depuis, elle se cache pour éviter
d'être emprisonnée.
Emin GÖKER: journaliste au 2000e
Dogru, condamné en même temps que Fatma Yazici.
Autres cas
Les personnes suivantes ont
probablement été libérées mais le comité n'a pas reçu de confirmation:
Ferhat AKDAY: 8 ans et 6 mois;
Zeki ATAS: 7 ans et 6 mois; Nurettin BAYDAR: 6 ans; Saban BILGIN: 8 ans
et 6 mois; Yilmaz DINCBERK: 7 ans et 6 mois; Ali DUMAN: 7 ans et 6
mois; Baki Karakol Ulviye KAYSERILIOGLU: 6 ans; Haluk Seçkin
MERIC: 7 ans et 6 mois; Riza OLGUN: 7 ans et 6 mois; Mehmet OZDENUR: 5
ans; Abdurrahman PALA: 1 an; Orhan SENYÜZ: 7 ans et 6 mois; Necdet
SEVINC: 1 an; Orhan TAGI: 7 ans et 6 mois; Ali Riza TURA: 7 ans et six
mois; Fatih YIDLIZ: 4 ans et 2 mois.
Relâchés:
Nevzat ACAN: relâché selon un
article du quotidien Milliyet. Mustafa COLAK: relâché au début
1989. Ersan SARIKAYA: relâché selon un article du Milliyet. Muhittin
GÖKTAS: relâché selon un article du Milliyet. Mustafa
TÜTÜNCÜBASI: relâché selon un article du Milliyet.
Evadé:
Abdülkadir KONUK: écrivain,
échappé de prison (date précis inconnue), vit actuellement en RFA.
Pour plus d'amples informations
concernant cette liste, nos lecteurs peuvent écrire à l'adresse
suivante:
International PEN - Writers in
Prison Committee - 38 King Street, London WC2E 8JT - GREAT BRITAIN,
Tel: 01-379-6353)
LES PERSÉCUTIONS DE CES DEUX DERNIERS MOIS
Le 3/12, deux poètes, Vecihi
Timuroglu et Ahmet Telli, ont été détenus par la police après avoir
participé à un festival organisé par les étudiants de l'université Gazi
d'Ankara.
Le 12/12, trois rédacteurs du
mensuel Vatan Günesi, Rifat Segah, Sükran Duran et Rifat Eroglu
ont été détenus par la police à Istanbul. De plus, le 4ème numéro de la
revue a été confisquée, comme les trois premiers.
Le 13/12, à Mugla, le journaliste
Ozcan Ozgur a été condamné à 2 mois et 15 jours de prison pour avoir
critiqué un discours des autorités religieuses locales. La peine a été
commuée plus tard en une amende de 38.000 LT.
Le 13/12, le mensuel Yeni
Demokrasi a été confisqué pour "propagande communiste et
séparatiste".
Le 14/12, Yakup Karademir,
éditeur responsable du mensuel Medya Günesi ainsi que deux
personnes séjournant chez lui, ont été détenus après une descente de
police.
Le 16/12, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul a mis deux rédacteurs du mensuel Vatan Günesi
en état d'arrestation: Sükrü Duran et Rifat Eroglu.
Le 21/12, les rédacteurs de 14
revues politiques ont lancé une campagne pour l'abrogation des articles
141 et 142 du Code Pénal Turc. L'appel était signé par les revues
suivantes: Adimlar, Deng, Devrimci Mucadele, Genclik Dunyasi, Iktidar
Yolu, Isci ve Politika, Sorun, Sinif Bilinci, Siyaset, Sosyalist
Birlik, Toplumsal Kurtulus, Yeni Oncu.
Le 26/12, Okkes Remzi Gökbel,
correspondant à Adana du mensuel Yeni Cözüm, a été condamné par
la Cour de Sûreté de l'Etat de Malatya à une peine de prison de 4 ans
et 2 mois.
Le 27/12, la police a investi le
bureau d'Ankara du mensuel Yeni Cözüm et a arrêté le journaliste
Erol Özpolat ainsi que 30 autres personnes qui visitaient le bureau.
Le 30/12, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul a condamné l'éditeur responsable du mensuel Devrimci
Genclik, à 15 ans de prison. Plus tard, sa peine a été commuée en
une amende de 27 millions de LT.
Le 4.1, Metin Yavuz, éditeur du
mensuel Yeni Cözüm et Ibrahim Bosnak, directeur de la Maison
d'édition et de distribution Ilke, ont été détenus à Istanbul.
Le 6/1, à Van, la police a saisi
107 livres en vente dans une librairie en clamant qu'ils étaient
interdits.
Le 11/1, l'éditeur responsable du
mensuel Hedef a déclaré que tous les numéros de sa revue ont été
confisqués et ce, depuis sa première parution.
Le 19/1, à Konya, un étudiant
(école supérieure), E.Y., a été arrêté pour avoir dessiné l'emblème
d'une organisation kurde illégale. Il a été dénoncé par son professeur.
Le 25/1, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Istanbul a entamé le procès de deux rédacteurs de
l'hebdomadaire 2000e Dogru, Dogan Perincek et Tuna Arslan. Chacun
d'eux risque une peine de prison allant jusqu'à 15 ans pour avoir
publié une interview du leader du PKK, Abdullah Öcalan.
Le 30/1, la star de cinéma Ilyas
Salman, a été arrêtée sur ordre de la CSE d'Istanbul pour avoir ciré
des "slogans séparatistes" lors des manifestations du 1er mai en 1989
qui avaient eu lieu à Strasbourg.
Le 31/1, le rédacteur du mensuel
Medya Günesi, Cemal Özcelik, a été condamné à 12 ans et 6 mois de
prison et à une amende de 648.000 LT par la CSE d'Istanbul, pour
"propagande séparatiste".