CILLER
ET SES ALLIES CONDUISENT LA TURQUIE A UNE
GUERRE CIVILE
Le nouveau Premier Ministre, Tansu Ciller, qui est
arrivée au pouvoir en promettant de restaurer la paix et l'ordre dans
le respect des droits et libertés fondamentaux a déjà déçu tous ceux
qui avaient placé leurs espoirs en elle. Après avoir obtenu le vote de
confiance au Parlement, elle se décanta, comme son prédécesseur
Demirel, pour une solution militaire à la Question Kurde et adopta une
série de mesures économiques draconiennes au détriment des travailleurs.
Même ses douteuses relations avec le monde des
affaires, à l'origine de sa fabuleuse fortune, estimée à plus de 50
millions de dollars, et d'autres révélations selon lesquelles elle
aurait caché qu'elle était citoyenne américaine, n'ont pas empêché la
Femme de Fer à la turque de former une nouvelle coalition
gouvernementale avec le socio-démocrate SHP et d'obtenir le vote de
confiance de l'Assemblée Nationale. Un total de 432 députés ont assisté
à la session plénière du 5 juillet où ont été enregistrés les résultats
suivants: 247 votes en faveur du gouvernement, 184 contre le
gouvernement et une abstention. Outre le DYP et le SHP, les députés du
néo-fasciste MHP ont également voté pour Ciller. Ce n'est pas du tout
surprenant si l'on considère que les Loups Gris ont entouré Ciller à la
convention du DYP et ont assuré sa victoire en échange de la
dialectique ultra-nationaliste du futur Premier Ministre.
Cependant, le plus grand soutien, devant le
Parlement, Ciller le doit aux militaires. Juste à la veille du vote, le
Chef d'Etat-Major, le Général Dogan Güres, et d'autres commandants de
l'armée, ont visité Ciller au Parlement et lui ont demandé son
autorisation dans leur opération contre les "activités terroristes des
séparatistes kurdes". En échange, précise l'édition du 6 juillet du
quotidien Hürriyet, Ciller a promis à l'Armée Turque un soutien sans
failles de la part du Gouvernement.
Le lendemain, Ciller déclarait au quotidien Hürriyet
qu'elle multiplierait les opérations militaires contre le "terrorisme"
fermant toutes le portes au dialogue politique avec le mouvement kurde,
sous prétexte que les diffusions et l'enseignement en langue kurde
demandés par les Kurdes ne sont qu'une étape d'un plan visant à diviser
le pays. "Les militaires ont affirmé être à l'aise avec moi. Je sais
qu'ils sont sincères. J'ai toujours maintenu un bon dialogue avec les
soldats", ajouta-t-elle.
Même avant l'obtention du vote de confiance au
Parlement, Ciller s'était assurée la confiance des militaires en
forçant les partis de la coalition à prolonger une fois de plus l'état
d'urgence dans le Sud-est. Le 26 juin, l'Assemblée Nationale avait
décidé de prolonger de quatre mois l'état d'urgence dans 10 provinces:
Bitlis, Tunceli, Sirnak, Mardin, Van, Hakkari, Diyarbakir, Batman,
Bingöl et Siirt. 207 députés se sont prononcés en faveur de ce
prolongement et 71 contre.
Après le vote de confiance, dans une autre manoeuvre
destinée à satisfaire les militaires, le 27 juillet, le gouvernement de
Ciller adoptait un décret spécial pour retarder le retrait du Général
Güres, lui permettant de rester un an de plus à la tête des Forces
Armées Turques, bien que celui-ci ait dépassé l'âge limite de la
retraite obligatoire. Bien que cette pratique soit impopulaire et sans
précédents, le Président Süleyman Demirel et le Vice-Premier Ministre
socio-démocrate, Erdal Inönü, ne s'est pas opposé à cette mesure
extraordinaire.
Juste à la veille de l'annonce de ce décret spécial,
un des scandales provoqués par les fils du Général Güres figurait en
première page des journaux. Serdar et Hakan Güres auraient logé à la
résidence militaire de Fenerbahce pendant des semaines sans jamais
payer les nombreux banquets, repas et beuveries dont l'exorbitante
addition s'élève à 491 millions de LT (49.000 $). Ce scandale ne fut
même pas pris en considération lorsque le gouvernement décida de
maintenir le Général Güres à la tête de l'Armée.
Après avoir consolidé son alliance avec les chefs de
l'armée, au cours de sa première visite dans la zone kurde, Ciller
ferma ostensiblement toutes les portes au dialogue avec le Mouvement
Kurde. A Hakkari, elle déclarait: "Il y a ceux qui ne veulent pas de
notre unité à s'apprêtent à conspirer contre elle. Mais ils ne
réussiront pas parce que sur leur chemin ils me trouveront moi, votre
mère et soeur, pour s'y opposer. L'Etat turc est très fort et n'aura
aucun mal à s'opposer au minuscule PKK, qui ne dispose que de 10.000
militants. C'est comme un combat entre une éléphant et une mouche. A
certains moments nous pouvons rencontrer des problèmes dans notre lutte
contre les terroristes en raison des méthodes utilisées et certains
citoyens peuvent être blessés.
En fait, pas seulement certains citoyens, mais la
quasi totalité des citoyens du Kurdistan turc ont été blessés en raison
des méthodes utilisées par les militaires. C'est le recours à ces
méthodes qui accentue l'hostilité entre les Turcs et les Kurdes ainsi
qu'entre les Sunnis et les Alévis et qui ont conduit la Turquie vers la
guerre civile.
UNE ARMEE SPECIALE DE LOUPS GRIS
Récemment, le gouvernement de Ciller adoptait un
décret ayant force de loi en vue de la création d'une armée
professionnelle, au lieu de l'armée obligatoire, pour faire face au
PKK. Selon le décret, tous les soldats de commando volontaires peuvent,
pendant dix-huit mois après leur retour à la vie civile, devenir
membres de cette force.
Dans la pratique, les premières 5.000 personnes qui
ont annoncé leur intention de rejoindre la nouvelle force proviennent
des rangs du Parti d'Action Nationaliste (MHP). Bon nombre de cercles
voient là une étape vers la création d'une armée de Loups Gris
susceptible d'intensifier le conflit racial entre les Turcs et les
Kurdes.
La nouvelle mesure fit l'objet du commentaire
suivant dans le Turkish Daily News du 16 août: "Ciller s'est laissée
entraîner vers une solution très dangereuse. Son administration,
soutenue par le SHP, s'efforce maintenant de créer une "armée
idéaliste" d'environ 25.000 membres. Une grande partie de ceux qui ont
demandé leur intégration dans cette force sont des Ülkücüs [Loups Gris]
ultra-nationalistes qui, avant le coup-d'Etat militaire de 1980,
étaient responsables d'innombrables massacres et atrocités, tandis que
Demirel, alors Premier Ministre, tenait ces propos en public, `Vous ne
me ferez pas dire que les nationalistes sont en train de tuer des
gens'. 7.000 Ülkücüs qui ont déjà été armés et entraînés pour
l'Azerbaïdjan, seront intégrés dans cette force spéciale. Considérant
l'autorité dont ils jouiront, les massacres seront inévitables".
EST-CE QUE CILLER EST CITOYENNE AMERICAINE
Le 2 juillet, le président du Parti des Travailleurs
(IP), annonçait aux journalistes qu'ils disposait de preuves
concluantes qui démontraient que le Premier Ministre Ciller était
citoyenne américaine. Il révélait la date et le numéro du formulaire
par lequel Ciller avait introduit la demande de citoyenneté auprès du
Service d'Immigration et de Naturalisation des Etats-Unis en avril
1973. Sa demande avait été acceptée six ans après et Ciller était
devenue citoyenne américaine en juillet 1979.
Perincek, qui affirme que la traduction officielle
turque des documents concernant la citoyenneté américaine de Ciller, se
trouvent dans les archives de l'Etat, ajoute: "Le fait qu'une citoyenne
américaine soit récemment devenue Premier Ministre turc constitue une
nouvelle étape vers l'ultime objectif de faire de la Turquie la
nouvelle Haïti ou Philippines.
Rappelant que Ciller, comme tout autre citoyen
américain naturalisé, avait fait le serment de "renoncer et abjurer
totalement et entièrement toute fidélité à un quelconque Etat étranger
duquel elle aurait été citoyenne jusqu'alors", Perincek soutien qu'elle
doit immédiatement être démise de son poste de Premier Ministre.
Aux déclarations de Perincek, le porte-parole du
gouvernement, Yildirim Aktuna, au lieu de démentir la citoyenneté
américaine de Ciller, rétorque qu'on se trouve irrésistiblement emporté
vers la citoyenneté américaine dès qu'on est légalement résident aux
Etats-Unis pendant cinq ans. Après ce terrible faux pas, Aktuna finit
par admettre que Ciller était réellement devenue citoyenne américaine.
Par ailleurs, les lois américaines en rapport avec ce sujet ne
contiennent aucun article stipulant que quiconque peut devenir
automatiquement citoyen américain, indépendamment de la durée de
résidence aux Etats-Unis, si la personne n'en introduit pas la demande.
Cela implique une confirmation indirecte, bien que Ciller en personne
précisa qu'elle n'avait jamais été citoyenne américaine.
LA CAMPAGNE DE CILLER CONTRE LES TRAVAILLEURS
Les politiques anti-sociales adoptées par le Premier
Ministre ont déjà provoqué une agitation dans tout le pays et des
centaines de milliers d'employés des secteurs public et privé se sont
déjà engagés dans différentes actions de protestation au cours des deux
derniers mois.
Il serait illogique d'espérer autre chose de la part
d'un Premier Ministre qui a été conseillère dans le monde des affaires
et la Confédération des Unions d'Employeurs de Turquie (TISK)
lorsqu'elle était professeur universitaire et qui est devenue une des
personnes les plus riches du pays grâce à ces douteuses relations.
Le 11 août, après l'échec d'une négociation
collective entre le gouvernement et les syndicats représentant plus de
700.000 employés du secteur public, Ciller confrontait les travailleurs
aux autres couches de la société.
"C'est tout ce que nous pouvons offrir aux
travailleurs, étant donné les pressions budgétaires actuelles. Des
milliers de petits commerçants, fermiers et chômeurs attendent du
gouvernement qu'il améliore leur situation. Maintenant je vous le
demande. Devons-nous concéder ce que demandent les travailleurs, ou
faire plus d'investissements nationaux au bénéfice de toute la
population?", expliqua-t-elle aux téléspectateurs.
Cette attitude provocatrice de la part du Premier
Ministre mit en colère non seulement les travailleurs et les partis de
l'opposition, mais également son propre partenaire au sein de la
coalition. Le secrétaire du SHP, le Général Cevdet Selvi, déclarait:
"Le discours du Premier Ministre est plein de remarques destinées à
provoquer les différents secteurs de la société et à perturber la paix
sociale. Ceci est injuste et constitue un exemple de séparatisme
social".
Alors que le nouveau gouvernement applique chaque
jour une nouvelle mesure draconienne à l'encontre des travailleurs, la
presse d'opposition ne cesse de rapporter de nouvelles révélations sur
la fortune de Ciller. Le quotidien Aydinlik, dans une série d'articles,
révèle que Ciller a trompé l'opinion publique en maintenant secrète
l'existence de ses autres propriétés. Selon une liste publiée par
Aydinlik le 21 août, avec les propriétés maintenues secrètes, la
véritable fortune de Ciller s'élèverait à 889 milliards de LT (89
millions de $).
BILAN DE NEUF ANS DE GUERRE SALE
Le 15 août, la Turquie entrait dans la 10e année de
"guerre sale" contre le mouvement national kurde. Au lieu d'anéantir la
résistance kurde, neuf ans de combat continu n'ont fait que multiplier
par 50 l'influence du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis
1984, étendant le soutien populaire parmi les Kurdes et forçant Ankara
à admettre qu'elle ne peut pas surmonter la crise avec une armée
régulière. Il ne s'agit plus de la mouche face à l'éléphant comme
l'avait dit la "Dame de Fer".
Le 14 août 1993, l'Association de Presse rapportait:
"Le gouvernement a déclenché une offensive, attaquant à une forteresse
dans les montagnes et tuant encore d'autres rebelles. Avec sa
politique, la Turquie - qui ne reconnaît toujours l'existence du
problème kurde - n'a fait qu'accentuer le recrutement des guérilleros.
L'évaluation suivante de la situation a été faite le
16 août 1993, non pas par un partisan du PKK, mais par le Turkish Daily
News, dont le rédacteur en chef était le principal conseiller de
Demirel lorsqu'il était Premier Ministre:
"Selon Ciller, le nombre des militants du PKK se
situe entre 10.000 et 15.000. En réalité, ce nombre ne comprend que les
unités déployées dans les montagnes, ledits combattants professionnels
du flanc armé: l'ARGK. Outre sa milice, la version kurde du Vietcong,
le chiffre réel atteint les 60.000 membres. Dans un rapport récent
préparé pour la présidence, on précisé que, en contant ses
sympathisants et les ceux qui soutiennent le mouvement, les effectifs
du PKK rien que dans la zone du Sud-est s'élèvent à 375.000 personnes,
près d'un cinquième de la population adulte dans la région.
"Et la Turquie affirme toujours qu'elle est en train
de réussir. Elle nie l'existence d'une guerre et tente systématiquement
de masquer la réalité. Elle tente également de dicter une version
fabriquée de la vérité à la presse intérieure, peut-être pour couvrir
les énormes erreurs et les violations de droits de l'homme commis dans
cette région.
"Selon les statistiques du PKK révélées ce week-end,
22.356 personnes sont mortes au cours de neuf ans de guerre. Les
rebelles kurdes maintiennent qu'ils ont tué 13.518 soldats et policiers
ainsi que 2.507 agents et `collaborateurs'. D'après la même source
seuls 3.041 combattants ont perdu la vie au cours de cette période, et
le nombre de `patriotes kurdes' tués par les soldats s'élève à 3.290.
Un rapport du quotidien Hürriyet publié le 14 août précise que les
pertes économiques turques provoquées par la guerre dans le Sud-est ont
atteint les 50 billions de LT (5 milliards de $). Un total de 1,5
millions de personnes ont fui cette tumultueuse région et 600 écoles
publiques ont dû fermer leurs portes. Les pertes globales infligées à
la Turquie par la guerre de guérilla sont trop importantes pour parler
maintenant d'un simple `incident terroriste' ou l'oeuvre de `bandits'.
"Le sud-est de la Turquie se trouve maintenant dans
une situation proche de celle du Chili de Pinochet et du Vietnam occupé
par les Etats-Unis".
Le Président du Conseil Militaire du PKK, Cemil
Bayik, a précisé que 1993 serait une année de survie pour
l'organisation, qui disposerait de ses propres commandants. Suivant
l'exemple vitecong, le PKK s'efforce maintenant de créer des tunnels
souterrains pour ses milices. Il est sur le point de terminer la
construction d'un hôpital souterrain et étendra encore davantage son
soutien populaire.
Craignant que n'augmente l'influence du PKK dans la
région, le Président Süleyman Demirel déclarait le 19 août au Turkish
Daily News: "Si le problème ne peut pas être surmonté, le report des
élections [élections locales de mars 1994] ne sera pas la fin du
monde". Les cercles gouvernementaux craignent vraiment une éventuelle
victoire des candidats soutenus par le PKK dans les provinces kurdes.
ASSAUT DE L'ARMEE CONTRE DES VILLAGES KURDES
Au 10e anniversaire du début de la guerre de
guérilla du PKK, le gouvernement de Ciller a déclenché un pilonnage
dans la région du sud-est, attaquant des villages kurdes et tuant des
centaines de villageois, indépendamment du fait qu'ils soutiennent ou
non le PKK.
Il s'est produit une nouvelle escalade de la
violence en mai, après un cessez-le-feu de deux mois observé par le
PKK. Pendant ce cessez-le-feu unilatéral, au lieu d'observer une trêve
ou d'engager des discussions, Ankara déclarait qu'elle ne négocierait
pas avec des terroristes et intensifiait les assauts militaires contre
les villages kurdes. Lorsque le PKK reprit ses actions en signe de
représailles, les militaires étendirent leurs opérations répressives
aussi bien près de la frontière irakienne que dans les villes et les
villages kurdes de l'Est et du Sud-est.
Le 11 août, le gouvernement révélait que 773
personnes avaient tuées et 297 autres avaient été blessées dans la
région entre le 10 mai et le 10 août.
Pour le 10e anniversaire de sa campagne armée, le
PKK a une nouvelle fois fait bouger les foules dans le sud-est de la
Turquie, tout comme pendant les célébrations du Newroz, le 21 mars de
l'année dernière. A Sirnak, des militants ont affronté les forces de
sécurité pendant la nuit. Des armes lourdes ont été utilisées et plus
de 100 personnes ont été arrêtées. Dans la ville de Digor, Kars, les
forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants,
tuant au moins neuf personnes et blessant 60 autres. A Silvan,
Diyarbakir, les drapeaux du PKK ont été exhibés dans les rues tandis
que le trafic s'est immobilisé à Cizre, Mus, Bingöl et sur l'autoroute
Tunceli-Erzincan. Dans la zone frontalière, les forces militaires ont
massacré plus de 70 Kurdes pendant une opération menée contre une
forteresse kurde.
Outre ces opérations, quelque 500 villages kurdes
ont été évacués par les forces de sécurité afin de créer une ceinture
de sécurité. Ce nombre, avancé le 16 août par deux membres de la
Commission Parlementaire du Sud-est, Esat Canan (SHP) et Algan
Hacaloglu (CHP), a été confirmé par le gouverneur de la région en état
d'urgence, Ünal Erkan. Selon deux députés, le maire de Siirt s'est
plaint d'un afflux de 10.000 personnes en une semaine; d'après le maire
de Diyarbakir, la population de la ville a doublé au cours des deux
dernières années, et dépasse aujourd'hui le million d'habitants.
Canan précise que malgré les démentis officiels, la
population affirme que des villages ont été mis à feu par les gardiens
de village du gouvernement. Le nombre de villages brûlés s'élève à 80
rien que dans la province de Sirnak.
INTENSIFICATION DES AGRESSIONS ANTI-KURDES
Les manifestations anti-kurdes et les assauts ont
gagné en intensité dans les villes occidentales de la Turquie. Au cours
des derniers mois se sont produit des attaques sanglantes dans des
centres de vacances le long des côtes des mers Egée et Méditerranéenne,
où les populations locales ont exprimé leur désir de "purifier" leurs
villes des résidents ou travailleurs temporaires d'origine kurde.
Des rassemblements anti-kurdes sont souvent
organisés dans toute la Turquie à l'occasion des funérailles de soldats
turcs tués pendant les combats dans le Sud-est.
En outre, des disputes insignifiantes entre
particuliers peuvent donner lieu à des manifestations anti-kurdes.
Récemment:
Le 26 juin, dans la ville de Domanic, Kütahya, une
foule de plus de mille personnes participa a une manifestation
anti-kurde et cria "Kurdes, rentrez chez vous!" et "A bas le PKK" après
un incident entre un Turc et un Kurde. La foule lança également des
cailloux contre une maison habitée par des travailleurs du bâtiment
kurdes, ainsi que contre le bureau du gouverneur où ceux-ci avaient
trouvé refuge.
Le 13 juillet, à Ezine, Canakkale, quelque 5.000
personnes ont attaqué un hôtel et les employés kurdes après une dispute
concernant une note trop élevée. Des soldats de l'infanterie ont été
déployés pour empêcher que les incidents n'échappent à tout contrôle au
moment où furent adoptées des mesures de sécurité dans un voisinage où
vivaient quelque 20 familles kurdes.
Le 4 août, à Gümüscay, près de Biga, Canakkale, des
incidents se sont produits lorsque Hasan Cetin, d'origine kurde, fut
expulsé d'une cérémonie de mariage. Un groupe de 300 personnes s'est
rassemblé dans le centre de la ville et commença à casser les vitres
des magasins dont les propriétaires étaient d'origine kurde.
LE HEP FERME ET REMPLACE PAR LE DEP
Le 15 juillet, le Tribunal Constitutionnel de la
Turquie fermait le premier parti pro-kurde légal, le Parti Travailliste
du Peuple (HEP) et demandait qu'on lève l'immunité parlementaire du
porte-parole du Parlement, Fehmi Isiklar, afin qu'il soit jugé pour un
discours prononcé à la fin de l'année 1991 en tant que président du
HEP. On demande pour lui la peine capitale.
Auparavant, le Tribunal Constitutionnel avait fermé
deux partis de gauche, le Parti Communiste Unifié de Turquie (TBKP) et
le Parti Socialiste (SP).
La récente décision du tribunal laisse entendre que
l'ancien Président Isiklar ainsi que deux autres représentants et
députés du parti, ont violé le Code des Partis Politiques par leurs
déclarations sur la Question Kurde.
Pendant les élections de 1991, tous les députés du
HEP avaient été élus sur les listes du SHP grâce à une alliance
électorale entre les deux partis. Mais par la suite, 16 d'entre eux,
déçus par les pratiques anti-démocratiques du SHP, en tant que
partenaire de la coalition, sur la question kurde, ont réintégré le
HEP. Isiklar, de son côté, a préféré rester fidèle au SHP.
Isiklar a fait savoir que le verdict allait à
l'encontre de la nature de la Constitution et a fait part la déception
que lui causait la décision prise par les juges sous l'emprise de la
pression politique.
Dans une surprenante déclaration, le Ministre de la
Justice et député du SHP, Seyfi Oktay, précisait que le Tribunal
Constitutionnel était la garantie suprême du régime et de la suprématie
de la loi. "Le devoir de chacun est de montrer du respect pour ses
décisions", affirma-t-il.
Avant la décision du Tribunal Constitutionnel, le 13
juillet, les 16 députés du HEP ont rejoint en bloc le nouveau Parti de
la Démocratie (DEP). Cependant, ce nouveau parti se trouve également
menacé de fermeture par le Tribunal Constitutionnel.
ECHEC DE LA PREMIERE COALITION GOUVERNEMENTALE
Un rapport publié le 2 juillet par la Fondation des
Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) soutien que la 1er coalition
gouvernementale DYP-SHP n'avait pas réussi à améliorer la mauvaise
situation des droits de l'homme en Turquie, celle-ci protège les
transgresseurs des droits au lieu de leurs victimes et a manqué une
occasion historique pour rétablir la paix et l'ordre dans le tumultueux
Sud-est après la déclaration unilatérale de cessez-le-feu par le PKK.
Voici les points principaux du rapport intitulé Dans
le Sillage du Gouvernement de Coalition:
_ Sous prétexte de combattre les activités
terroristes, les forces de sécurité se sont engagées dans des pratiques
illicites et ont empiété sur les droits fondamentaux des citoyens.
_ On s'est engagé dans une campagne internationale
de désinformation... Les conséquences sont terrifiantes.
_ Outre 3.929 décès, des milliers de personnes ont
souffert des blessures graves, aussi bien physiques que mentales.
_ Une moyenne de sept personnes sont mortes
quotidiennement pendant le mandat du premier gouvernement de coalition.
_ Malgré les promesses du gouvernement de revoir les
décisions concernant l'état d'urgence et le recrutement de gardiens de
village payés par l'Etat, rien de concret n'a été entrepris par le
gouvernement si ce n'est la poursuite de la solution militaire.
_ Le processus de paix engagé par la déclaration de
cessez-le-feu unilatérale du PKK a échoué parce que les forces de
sécurité ont continué à attaquer les militants du PKK (tuant un total
de 91 militants pendant le cessez-le-feu), à piller des villages et à
obliger la population locale à évacuer leurs domiciles.
_ Pendant la première coalition gouvernementale, un
total de 806 personnes ont été torturées dans les postes de police, 9
ont disparu pendant leur détention policière, et 26 sont mortes pendant
leurs interrogatoires.
_ 16 journalistes ont été tués pendant cette
période. Un total de 335 livres, journaux et revues ont été saisis par
la police sur ordre des Cours de la Sûreté de l'Etat.
_ Des journalistes et des auteurs ont été condamnés
à un total de 67 ans de prison et à payer des amendes pour un montant
de 22,40 milliards de LT (2,24 millions de $). La principale accusation
était de diffuser de la propagande subversive kurde.
INTERDICTION D'UN SYMPOSIUM SUR LES KURDES
Le gouverneur d'Ankara a interdit un symposium sur
la Question Kurde qui devait avoir lieu entre le 25 et le 27 juillet.
Dans une lettre destinée à l'Association des Droits de l'Homme (IHD),
qui devait organiser le symposium, le gouverneur explique que celui-ci
aurait des conséquences irrévocables lorsqu'on prendrait en
considération les circonstances du jour et les événements résultants.
Pour protester contre l'attitude du gouverneur, le
secrétaire de l'IHD, le Général Hüsnü Öndül précisa: "La décision
montre une fois de plus que la solution du problème kurde n'est
considérée que depuis l'angle militaire. A cette convention nous avions
invité le Président de la République, le Premier Ministre, le
Porte-parole de l'Assemblée Nationale, les partis politiques, les
syndicats et les organisations professionnelles. C'était une occasion
ou tout le monde pouvait exposer librement sa position sur la question
et de chercher une solution juste, démocratique et pacifique. En
interdisant la convention, les autorités ont supprimé la libre pensée
sur la question".
ENLEVEMENT DE TOURISTES ETRANGERS PAR LE PKK
Dans un acte destiné à attirer l'attention sur la
répression dans le Kurdistan turc et porter atteinte aux revenus
touristiques de la Turquie, le PKK a lancé une nouvelle campagne
d'enlèvement de touristes étrangers.
Après une série d'explosions dans des centres
touristiques dans la partie occidentale, les guérillas du PKK ont
enlevé en juillet quatre Français, un Britannique et deux Australiens
mais les ont relâché après les avoir retenus pendant quelques semaines.
En août, deux touristes Allemands, un Néo-zélandais,
deux Italiens et deux Suédois ont été enlevés dans l'est de la Turquie.
L'agence Kurd-Ha a fait savoir que les touristes ont été enlevés pour
s'être aventurés dans la zone kurde sans la permission du PKK. Selon
elle, les autorités des pays de ces touristes devraient entrer en
contact avec ERNK, l'aile politique du PKK, et non avec les autorités
turques. Par ailleurs, le PKK a expliqué aux pays d'origine des
touristes que les revenus touristiques turcs servaient à acheter les
armes des forces de sécurité pour piller les villages kurdes et tuer
des patriotes kurdes.
En fait, les attaques contre les centres
touristiques et les enlèvements de touristes étrangers menacent déjà
les prévisions de l'industrie touristique turque.
L'industrie du tourisme turc avait déjà enregistré
une considérable croissance au cours des quatre dernières décennies,
avec une montée en flèche du nombre des visiteurs et des revenus.
Le nombre des touristes qui ont visité la Turquie
sont passés de 36.372 personnes en 1950 à plus de 7 millions l'année
dernière, ce qui suppose 40 fois plus en l'espace de 42 ans.
Les revenus touristiques turcs sont passés de 2
millions de $ en 1950 à 3.639 milliards en 1992. Le tourisme constitue
la deuxième source de devises étrangères de la Turquie. Ces revenus ont
dépassé le milliard de dollars dès l'année 1985, augmentant
régulièrement tous les ans, à l'exception de 1991, année désastreuse
pour beaucoup d'hôtels en raison de la Guerre du Golfe.
Pour 1993, les autorités turques attendaient 9
millions de visiteurs et 4,5 milliards de dollars de revenus.
RAPPORT D'AI SUR LA TERREUR DANS LE KURDISTAN
Amnesty International, dans un message publié le 1e
août, exprimait sa préoccupation à propos des violations des droits de
l'homme dont sont victimes les villageois dans le Sud-est de la Turquie.
AI rapporte que les forces de sécurité turques
mènent d'intenses opérations dans les villages ayant refusé de
participer au système des gardiens de village recrutés par le
gouvernement.
"Au cours des dernières semaines, après des
perquisitions destructives, des douzaines de villages ont été brûlés et
leurs habitants ont été obligés de partir. A Cayirdere, près d'Ergani,
province de Diyarbakir, des villageois auraient subi les mauvais
traitements de la gendarmerie et auraient même reçu des haches pour
détruire eux-mêmes leurs maisons", précise AI.
"Les villageois arrêtés par la police courent un
grave risque de torture ou pire encore. Par exemple, Siddik Öncü était
arrêté le 21 juin par la gendarmerie dans le village Kerkatik de Cinar,
Diyarbakir. Son corps fut retrouvé le 8 juillet par sa famille à la
morgue de la ville.
"Les détenus, aussi bien les hommes que les femmes,
se sont plaints de diverses formes de sévices sexuels et de
viols. On rapporte des exécutions extrajudiciaires et des disparitions
de villageois kurdes perpétrées par les forces de sécurité turques".
Amnesty International reproche également au PKK
l'assassinat arbitraire et délibéré de prisonniers. "Ces meurtres de
gardiens de village semblent avoir pour but de décourager les
villageois de participer à ces corps de gardiens".
Un précédent rapport d'Amnesty International, daté
du 8 juin, accusait le gouvernement américain d'apporter une aide
militaire systématique à la Turquie, ainsi qu'à une série d'autres pays
qui ne respectent guère les droits de l'homme.
"Le gouvernement des Etats-Unis se préoccupe
davantage de ses relations avec les gouvernements de ces pays que des
personnes qui subissent de si grossiers abus", affirmait le rapport.
Parmi les pays qui violent ces droits le rapport citait des amis
légitimes des Etats-Unis comme la Turquie, Israël, le Guatemala et les
Philippines.
Dans le cas de la Turquie, le rapport dressait le
bilan suivant:
"En Turquie la torture est répandue et systématique,
surtout pendant les premiers jours de détention. La torture et les
mauvais traitements sont encore une routine dans le cas des prisonniers
politiques et criminels. Plusieurs méthodes sont utilisées: on frappe
la plante des pieds, on inflige des chocs électriques, on applique des
jets d'eau froide ou on déshabille le prisonnier avec les yeux bandés.
Cette année, la Turquie recevra 3,1 millions de $ destinés à la
formation militaire".
L'APPEL D'HELSINKI CITIZENS ASSEMBLY
La branche turque d'Helsinki Citizens Assembly
publiait le 16 juillet un communiqué faisant appel à tous les citoyens
pour qu'ils fassent pression sur les médias et les leaders politiques
et religieux afin que la population turque n'en arrive pas à vivre,
comme en Bosnie, par exemple, dans des villes divisées en zones vertes
et sous la protection d'une force de paix.
Le communiqué demande également de mettre fin à la
dialectique de "l'ennemi externe" et des provocations extérieures", et
précise: "Aucun étranger ne peut mettre le feu à un hôtel au milieu de
l'Anatolie et aucune force externe ne peut provoquer les dégâts causés
dans le sud-est de l'Anatolie. Ce sont les gens de ce pays qui
s'entre-tuent.
"Nous devons donc être prudents. Depuis des milliers
d'années, des peuples vivent dans ce pays. Des centaines de cultures y
ont fleuri. Nous portons tous leur empreinte. Personne ne peut effacer
cet héritage. Il est impossible d'exterminer tous ceux qui sont
différents de nous. La seule voie est de concéder aux autres les mêmes
droits que nous nous reconnaissons à nous mêmes.
"Nous devons nous opposer à toutes sortes de
comportements injustes, à commencer par ceux provenant de notre propre
groupe ethnique ou notre communauté religieuse. Avant d'être turcs,
kurdes, musulmans, chrétiens, juifs, sunnis ou alévis, nous sommes tous
humains. Nous avons un esprit indépendant et une conscience libre.
Ceux-ci suffisent pour juger de ce qui est bien ou mal. Nous devons les
faire passer avant toutes les autres considérations".
La déclaration de l'assemblée reçut le soutien
d'organisations comme la Confédération des Syndicats Progressistes
(DISK) et l'Association pour la Protection des Droits Religieux
(Mazlum-Der) ainsi que de bon nombre de maisons d'édition.
LE POGROM DE SIVAS ANNONCE UNE GUERRE DES SECTES EN TURQUIE
L'alarmante monté du fondamentalisme islamique en
Turquie, encouragé par la campagne ultra-nationaliste et conservatrice
de Ciller, fut marquée le 2 juillet par un incendie criminel dans un
hôtel provoquant la mort de 37 personnes et causant des blessures à 60
autres dans la ville de Sivas, située au centre de l'Anatolie. Toutes
les victimes étaient des invités, y compris les auteurs et poètes qui
assistaient à un festival culturel pour commémorer la mémoire du leader
alévi, Pir Sultan Abdal, exécuté au 16e siècle par les leaders ottomans.
Les émeutes de Sivas constituent l'incident violent
le plus grave de la Turquie laïque, mais peuplée principalement par des
musulmans, depuis 1978, lorsque sont mortes 117 personnes au cours
d'une émeute sunni à Kahramanmaras.
Comme il a été expliqué dans les précédents numéros
d'Info-Türk, les groupes radicaux de la majorité sunni en Turquie
s'étaient préparés pour une guerre sainte contre la minorité alévi et
les principales personnalités laïques.
Il convient de signaler que les incidents se sont
produits dans une ville où la municipalité appartient au
fondamentaliste Parti du Bien-être (RP). Les fondations établies et
soutenues par le maire de Sivas, et membre du RP, sont les centres
principaux des activités anti-laïques. La Chambre de Commerce
provinciale fait savoir que la municipalité n'accorde pas
l'autorisation d'agir ou crée des difficultés à ceux qui ne font pas
des dons à ces communautés.
A Sivas réside également une importante communauté
alévi. Lorsque celle-ci a commencé à organiser une série de fêtes à la
mémoire de Pir Sultan Abdal, les représentants du RP ont tenté de
provoquer une confrontation avec les sunnis. Des dépliants signés par
les "Musulmans" et les "Musulmans de Turquie" lançant un appel à la
"guerre sainte" ont été distribués avant le début des festivités.
Les autorités de l'Etat, malgré les avertissements
de la population locale, n'ont prit aucune mesure et ont permis aux
groupes fondamentalistes de commettre une des atrocités les plus
honteuses de l'histoire de la République.
La présence de l'écrivain Aziz Nesin à Sivas servit
de prétexte pour inciter les gens à l'émeute. Il était déjà la cible
des fondamentalistes pour avoir publié des passages du polémique livre
de Salman Rushdie, Les Versets Sataniques dans le quotidien Aydinlik,
dont il est rédacteur en chef. Les bureaux d'Aydinlik à Istanbul, Izmir
et Diyarbakir avaient été attaqués et détruits par les manifestants
fondamentalistes en mai et juin, après la publication des extraits.
Un jour avant les émeutes, les journaux locaux
avaient attaqué Nesin pour les remarques qu'il avait faites au cours
d'un discours prononcé pendant le festival où il critiquait l'Islam et
se déclarait non croyant. Selon les observateurs, sans le prétexte
Nesin il se serait produit un autre incident, faisant sortir une fois
de plus les fondamentalistes de Sivas dans la rue et les dirigeant
contre les alévis.
Provoqué encore pendant les prières de vendredi, un
groupe initial de quelque 500-600 personnes a entrepris une marche dans
les rues de la ville chantant des slogans contre Nesin et le
gouverneur, Ahmet Karabilgin, qui fit ériger récemment un monument en
l'honneur de Pir Sultan Abdal devant le centre culturel de la ville.
Progressivement, les manifestants ont pris de la force et se sont
dirigés vers l'Hôtel Madimak où logeaient Nesin et les autres invités
du festival Pir Sultan Abdal.
Ils ont tout d'abord attaqué l'hôtel avec des
pierres et des bâtons. Des hommes ont essayé de grimper jusqu'aux
balcons du premier étage. Des milliers de personnes scandaient des
slogans en faveur de l'Islam. En état de siège, Aziz Nesin et d'autres
intellectuels qui se trouvaient dans l'hôtel ont appelé plusieurs fois
le leader du SHP et le vice-Premier Ministre Erdal Inönü, leur
demandant d'ordonner aux forces de sécurité de faire cesser l'attaque,
mais aucune aide n'arriva. Personne n'arrêta les et les forces de
sécurité n'ont pas été dirigées d'une manière coordonnée et active. Par
la suite on comprit qu'une telle attitude de la part des autorités
était due aux instructions et suggestions provenant d'Ankara, et plus
particulièrement du Président de la République.
Finalement, le soir, un groupe de manifestants mit
le feu à l'hôtel. "C'est le feu de l'enfer", criaient les manifestants.
Bien qu'Aziz Nesin fut sauvé au dernier moment et
put quitter Sivas escorté par la police, d'autres hôtes, y compris des
auteurs distingués comme Asim Bezirci, Muhlis Akarsu et Nesimi Cimen
sont morts dans l'incendie. La plupart des victimes étaient membres
d'un groupe Semah (danse traditionnelle alévi), qui se trouvait sur les
lieux pour assister au festival Pir Sultan Abdal.
Pendant ce temps, les manifestants s'attaquaient au
monument de Pir Sultan Abdal qui venait d'être érigé, le précipitaient
à terre pour l'y détruire.
Les autorités de l'Etat, qui n'ont pris aucune
mesure pour éviter le massacre, au lieu d'en poursuivre les
instigateurs, tentèrent d'accuser Aziz Nesin d'avoir incité les gens à
l'émeute par ses déclarations contre l'Islam.
Le Premier Ministre Ciller a même choqué tout le
monde au Parlement lorsqu'elle minimisa l'incident et affirma que
l'hôtel avait été brûlé par son propriétaire. Aussi bien elle que les
ministres du DYP formant partie de son gouvernement n'ont à aucun
moment prononcé un seul mot exprimant du regret pour les incidents. Ils
ont même refusé d'assister aux funérailles des victimes.
En fait, Ciller elle-même est une des grandes
responsables de la récente éruption de violence fondamentaliste. Dans
ses provocants discours, lors de la convention d'urgence du Parti de la
Juste Voie (DYP) où elle fut nommée présidente, elle exprimait
fréquemment le désir "d'entendre l'appel islamique à la prière (ezan)
dans chaque quartier turc" et faisait constamment allusion à Allah,
l'Islam et le drapeau turc.
La colère de la communauté alévi est si profonde que
lors des funérailles célébrées à Ankara le 6 juillet, le leader du SHP
et vice-Premier Ministre Inönü a été hué par quelque 20.000 personnes,
et sa tentative de s'adresser à la foule s'est vue interrompue par de
vives protestations. Lors des élections de 1991, les Alévis avaient
soutenu le SHP, et dans le gouvernement de coalition DYP-SHP plusieurs
personnalités alévis étaient devenues ministres.
Les leaders alévis ont déclaré: "Le gouvernement est
responsable de l'incendie criminel et la violence réactionnaire
pro-Shariah. Le SHP se montre insensible aux agressions
fondamentalistes et ce dans l'intérêt de leurs sièges ministériels. Le
gouvernement n'a exprimé officiellement aucun regret, ou excuse, pour
le sanglant incident. L'Etat, la police, les soldats, le gouvernement
et le parti [SHP], portent tous une part de responsabilité. Les
ministres du SHP devraient démissionner immédiatement".
Ne prêtant pas attention à la colère croissante,
l'Etat poursuit sa discrimination envers Alévis et accentue son soutien
à la majorité sunni.
Le quotidien Aydinlik rapportait les 14 et 15 août
que des villageois sunnis recevaient des armés et étaient entraînes au
le troisième quartier général de l'armée, dans la province d'Erzincan
pour, semble-t-il, être utilisés contre les Alévis locaux. Les Sunnis
armés ont commencé à surveiller les routes principales pendant la nuit.
Les villageois bloquent ces routes et demandent les papiers d'identité
aux conducteurs et aux passagers de tous les véhicules. Après un raid
de la guérilla kurde à Uluköy, Erzincan, les lignes téléphoniques d'au
moins cinq villages alévis de la zone ont été coupées.
L'échec du gouvernement dans la prévention des
attaques sunnis contre les Alévis a soulevé une grande colère dans la
communauté. Maintenant, réagissant contre l'horreur de Sivas, les 20
millions d'Alévis turcs, qui jusqu'à présent se situaient au
centre-gauche, pourraient adopter une position plus radicale et faire
opposition aux côtés des Kurdes.
DEMANDE D'UNE PEINE PLUS LOURDE POUR PERINCEK
Le 5 juillet, la Cour de Cassation demandait à la
Cour de la Sûreté de l'Etat de juger à nouveau le président du Parti
des Travailleurs (IP) Dogu Perincek et de lui infliger une peine plus
lourde.
Perincek avait été condamné par la CSE d'Ankara à
deux ans de prison et à payer une amende de 50 millions de LT (5.000 $)
pour une série de déclarations sur la Question Kurde faites pendant la
campagne électorale de 1991 en tant que président du Parti Socialiste
(SP), parti fermé depuis lors par le Tribunal Constitutionnel.
Considérant la peine insuffisante, le procureur de
la CSE a fait appel à la Cour de Cassation et lui a demandé de
multiplier la peine par 13.
Comme la demande a été approuvée, Perincek sera jugé
à nouveau dans les jours à venir par la CSE d'Ankara.
DES MEMBRES DU TKEP RISQUENT LA PEINE CAPITALE
Le 11 août, le procureur de la Cour de la Sûreté de
l'Etat demandait la peine de mort pour six membres du Parti
Travailliste Communiste de Turquie (TKEP), parti clandestin. Parmi les
accusés se trouve le Secrétaire Général Teslim Töre. Ils avaient été
capturés par les forces de sécurité le 5 mai à Istanbul.
En vertu de l'Article 146 du Code Pénal, ils sont
accusés d'avoir tenté de modifier le système constitutionnel et d'avoir
empêché le Parlement d'exercer ses fonctions par l'usage de la force.
UN PAIR BRITANNIQUE ARRETE EN TURQUIE
Lord Ennals, membre de l'exécutif du Conseil
Britannique pour les Réfugiés, a été arrêté la nuit du 19 juillet par
la police turque à Istanbul alors qu'il venait de rendre visite aux
Kurdes dans le nord de l'Irak.
Lord Ennals, de 70 ans, qui avait passé une semaine
dans le nord de l'Irak dans une mission d'enquête a été arrête en
compagnie d'autres membres de son équipe alors qu'ils tentaient de
réserver des chambres dans un hôtel. Selon lui, une de ses assistantes
de recherche, d'origine kurde, portait un T-shirt avec le slogan "Le
Kurdistan aux Kurdes", ce qui aurait rendu nerveux le personnel de
l'hôtel.
Lord Ennals, un ancien membre du Parlement pour le
Parti Travailliste et ministre des affaires extérieures, fut relâché
après que des diplomates britanniques aient intercédé en sa faveur.
TERRORISME D'ETAT EN JUIN-JUILLET
Le 2.6, l'employé municipal Mahmut Bicak (33) et son
fils de deux ans, Ibrahim Halil Bicak, sont assassinés par des tireurs
non identifiés. Le même jour, à Silvan, le paysan Ali Sükut est
retrouvé assassiné. Il aurait été torturé et son corps aurait été brûlé.
Le 4.6, à Istanbul, Metin Yüksel, de 19 ans, déclare
avoir été torturé par la police. Il avait été arrêté le 1er juin.
Le 5.6, au cours d'une descente dans une maison à
Ankara, la police abat le militant présumé du Dev-Sol Murat Gül de 22
ans.
Le 5.6, le président local de l'ANAP à Varto, Kerim
Geldi (46), est enlevé par des inconnus se faisant passer pour des
policiers et est retrouvé assassiné.
Le 7.6, à Silvan, le membre du HEP Eyüp Adiyaman et
son ami Muhterem Demir sont assassinés par des inconnus.
Le 9.6, l'ancien maire de Gercüs, Nuri Kaya, est
abattu par des personnes non identifiées. Les deux fils de Kaya
auraient rejoint les rangs du PKK. Le même jour, à Kurtalan, un
l'enseignante, Riza Pekgöz, est assassinée par des inconnus.
Le 10.6, le Procureur de la CSE d'Ankara introduit
une action en justice contre le président du HEP, Ahmet Türk, et le
Député de Diyarbakir, Leyla Zana, pour les déclarations faites au cours
de son voyage aux Etats-Unis en mai dernier.
Le 10.6, à Erzincan, sept étudiants universitaires
sont arrêtés au cours d'une descente de police dans leurs domiciles. A
Malatya, dix personnes sont arrêtées par la CSE pour avoir participé
aux activités du PKK.
Le 11.6, au village de Bucuktepe, province de
Diyarbakir, deux enseignants, Nuriye Ak (25) et Elif Livan (31), sont
assassinés par des personnes inconnues qui s'étaient introduites dans
leur maison.
Le 12.6, à Lice, une équipe de police fait une
descente dans le village de Mala Mihe Biro et bat jusqu'à la mort le
paysan kurde de 75 ans Ahmet Aydemir.
Le 12.6, à Yüksekova, Enver Oktay, arrêté le 9 juin,
déclare après sa libération avoir subi des tortures au poste de police
ainsi qu'une fracture au bras.
Le 13.6, à Istanbul, la police arrête 30 personnes
après trois jours d'opérations de sécurité dans différents quartiers.
Le 15.6, les parents de Vakkas Dost (30), mort le 29
mai au poste de police de Kumkapi, à Istanbul, accusent trois policiers
de l'avoir torturé jusqu'à la mort et demandent une enquête légale.
Le 15.6, le secrétaire local de l'IHD, Rifat
Karakus, est arrêté à Cankiri alors qu'il se rendait chez lui.
Le 16.6, une équipe de police spéciale et des
protecteurs de village font une descente dans une maison du village
d'Oruclar, à Pazarcik, et abattent Mustafa Dogan, de 55 ans, dans son
lit.
Le 16.6, à Istanbul, 30 personnes sont arrêtées par
la police pour avoir pris part à des cérémonies de commémoration pour
les victimes d'une grève de la faim qui eut lieu en 1984 à la Prison
Metris d'Istanbul. Le même jour, la police arrête deux militants
présumés du Dev-Sol à Izmir.
Le 16.6, à Kurtalan, la police arrête neuf
commerçants pour avoir fermé leurs magasins en signe de protestation
contre les exécutions extra-judiciaires.
Le 16.6, deux commerçants, Haci Bahattin Erdem (37)
à Cizre et Aydin Talip (35) à Siverek, sont assassinés par des tireurs
inconnus.
Le 16.6, quatre jeunes sont arrêtés à Ankara.
Le 17.6, le Procureur de la CSE d'Ankara introduit
un action en justice contre cinq personnalités publiques pour les
déclarations faites en décembre, pendant la Semaine des Droits de
l'Homme, à Ankara. Le président de l'IHD, Akin Birdal, l'ancien
président de l'IHD, Alparslan Berktay, l'ancien député Hüsnü Okcuoglu,
l'avocat Ali Yildirim et l'auteur Yalcin Kücük, sont accusés de
fomenter l'agitation séparatiste.
Le 17.6, le président d'Izmir de l'Association des
Juristes Contemporains (CHD), Mehmet Yatar, est insulté et menacé au
poste de police d'Izmir après s'y être rendu pour visiter un de ses
clients maintenu en détention.
Le 17.6, à Bismil, 17 commerçants sont arrêtés pour
avoir fermé leurs magasins en signe de protestation contre les
exécutions extra-judiciaires.
Le 18.6, à Cinar (Diyarbakir), Veysi Kaymaz, un
paysan kurde de 30 ans arrêté le 11 juin, est retrouvé assassiné.
Le 18.6, les forces de sécurité arrêtent sept
personnes à Ahlat (Bitlis).
Le 19.6, la section de Mersin de l'IHD est fermée
par le gouverneur pour avoir soutenu les travailleurs dans une action
de protestation.
Le 19.6, trente membres présumés du Dev-Sol sont
inculpés par le procureur de la CSE d'Istanbul. Cinq des accusés
risquent la peine capitale en vertu de l'Article 146/1 du Code Pénal
Turc.
Le 19.6, à Bingöl, des équipes de police abattent
Süleyman Bingöl (25) et Firat Turgut (22) au cours d'une dispute.
Le 20.6, Üzeyir Elcicek affirme avoir été torturé au
Poste de Police de Beyoglu, à Istanbul, suite à son arrestation le 6
juin dernier.
Le 21.6, des tireurs inconnus assassinent
l'enseignant Ikrami Han, le fonctionnaire public Hamit Pamuk à
Diyarbakir et le pharmacien Fadil Bulut à Cizre.
Le 21.6, à Bursa, la police arrête trente personnes
dont la plupart sont des membres du Parti de la Démocratie (DEP).
Le 22.6, les forces de sécurité annoncent la
détention de 18 militants présumés du PKK à Istanbul et de neuf
militants de l'Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie
(TIKKO) à Adana et Nigde.
Le 22.6, à Kiziltepe, des tireurs non identifiés
abattent une femme de 60 ans, Zeyno Yücesoy, et blessent son fils Ismet
Yücesoy.
Le 23.6, à Suruc, la maison d'un membre du SHP,
Mehmet Yalcin, fait l'objet d'un attentat à la bombe perpétré par des
inconnus. La mère de Yalcin, Cemile Yalcin (50), et sa fille, Devran
Yalcin (10), ont été tuées dans l'explosion.
Le 24.6, à Istanbul, la Maison du Peuple de Pendik
est fermée par le gouverneur pour activités incompatibles avec ses
objectifs.
Le 25.6, à Kozluk, Siddik Katan affirme avoir été
torturé pendant 14 jours suite à son arrestation le 1er juin. Toujours
en détention à l'heure actuelle, Katan souffre une fracture.
Le 27.6, à Alapli (Zonguldak), Mehmet Alapli et
retrouvé assassiné au poste de police après son arrestation.
Le 28.6, à Incirlik (Adana), neuf jeunes accusés de
vol affirment avoir été torturés dans un poste de gendarmerie pendant
une semaine. Les traces de torture ont été certifiées par un rapport
médical.
Le 28.6, à Ankara, 20 travailleurs de l'Imprimerie
de la Banque Nationale sont torturés suite à leur arrestation en
relation avec un vol.
Le 28.6, à Kiziltepe, les forces de sécurité
arrêtent huit personnes pour activités séparatistes.
Le 29.6, à Ankara, le police arrête 12 membres
présumés du Mouvement TKP-ML.
Le 29.6, la CSE d'Izmir condamne une personne à la
prison à vie et huit autres à différentes peines de prison allant
jusqu'à 12 ans et 6 mois pour avoir participé aux activités du PKK.
Le 29.6, à Sereflikochisar, la police fait une
descente dans différentes maisons et arrête onze personnes d'origine
kurde.
Le 1.7, à Urfa, Salih Kurt aurait été torturé au
poste de police après avoir été arrêté le 26 juin. Un autre détenu
récemment mis en liberté affirme que Kurt a été torturé à cinq reprises
le soir de son arrestation.
Le 2.7, des tireurs non identifiés assassinent
Ibrahim Altunsoy de 61 ans à Adana, et Fethi Korkut à Diyarbakir.
Le 2.7, à Ankara, le commerçant Riza Ürün est
retrouvé mort au poste de police où il avait été conduit dans le cadre
d'un enquête. Sa famille accuse la police de l'avoir torturé.
Le 2.7, le 1er Congrès International de Solidarité
envers les Homosexuels à Istanbul est interdit par le gouverneur sous
prétexte qu'il est incompatible avec les valeurs morales de la société
et peut nuire à l'ordre public.
Le 3.3, suite à l'interdiction du Congrès de
Solidarité envers les Homosexuels, 27 délégués de différents pays
tentent de convoquer une conférence de presse au sein de l'Association
des Droits de l'Homme, mais l'accès au local de l'association leur est
interdit par la police.
Le 3.7, à Güclükonak (Sirnak), les forces de
sécurité font une descente dans le village d'Ozbasoglu et tuent cinq
des six paysans kurdes arrêtés.
Le 6.7, à Istanbul, quelque 500 personnes
participant à une manifestation de protestation contre le massacre de
Sivas est attaquée et dispersée de force par la police. 50 personnes
ont été arrêtées.
Le 7.7, à Tunceli, quelque 4.000 personnes
protestant contre le massacre de Sivas sont dispersées de force par la
police et une cinquantaine de personnes sont blessées après que des
équipes spéciales de police aient tiré sur la foule.
Le 7.7, l'ancien président du HEP d'Aydin, Lezgin
Culduz, et deux autres représentants du parti, Hamdullah Kuran et Ethem
Kiskir, accusés d'appartenir au PKK, sont condamnés par la CSE d'Izmir
à 12 ans et 6 mois de prison.
Le 8.7, à Izmir, les forces de sécurité font une
descente dans une maison et tuent un homme et une femme.
Le 10.7, à Mersin, quelque 500 personnes protestant
contre le massacre de Sivas sont dispersées de force, sept d'entre
elles sont blessées et 30 autres arrêtées.
Le 11.7, la famille d'un imam de 40 ans (prêtre
musulman), Siddik Öncü, accuse les militaires de l'avoir tué pendant sa
détention suite à un raid mené le 21 juin dans le village de Kerkatik.
Le 11.7, à Derik, les forces de sécurité arrêtent
plus de 40 personnes au cours d'une série d'opérations anti-PKK. Parmi
elles se trouvent des représentants de l'IHD, Mehmet Günes et Seyhmuz
Yükler.
Le 12.7, à Ezine (Canakkale), une dispute dans un
hôtel donne lieu à une manifestation anti-kurde. La foule qui entoure
l'hôtel commence à chanter des slogans contre les Kurdes et s'en prend
aux personnes d'origine kurde avec des bâtons et des pierres.
Le 13.7, à Istanbul, l'Association de Marmara pour
les Libertés et les Droits (Özgür-Der) est fermée par le gouverneur
pour activités incompatibles avec ses objectifs.
Le 13.7, une équipe de gendarmerie met le feu à un
certain nombre de maisons et tue de nombreux animaux domestiques au
village de Kumur, à Mardin. Ils ont également torturé bon nombre de
villageois pour avoir refusé de rejoindre les protecteurs de village.
Le 14.7, les forces de sécurité arrêtent un total de
25 personnes au cours de leurs opérations à Istanbul, Konya et Maras
pour leurs activités islamistes radicales.
Le 15.7, le IHD annonce que plus de 500 villages et
hameaux dans la région soumise à l'état d'urgence ont été dépeuplés par
les forces de sécurité au cours des deux dernières années sous prétexte
que la population kurde de ces villages soutenait le PKK.
Le 16.7, à Derik, une jeune femme, Sükran Aydin,
affirme avoir été torturée et violée dans un poste de police après son
arrestation le 16 juin. Les traces de torture et de viol on été
certifiées par un rapport médical.
Le 16.7, sept avocats, Hasan Ürel, Ayse Ülkü Oguzer,
Bahri Belen, Salih Gökhan Duran, Resat Kadayifcilar, Ergin Cimen et
Ülkü Söylemezoglu, sont condamnés par une cour pénale d'Ankara à cinq
ans de prison chacun pour avoir insulté le procureur de la CSE
d'Ankara, Nusret Demiral, au cours d'un procès.
Le 17.7, à Mersin, le président local du DEP,
Zeynettin Alp, affirme avoir été torturé suite à son arrestation par la
police le 2 juillet.
Le 17.7, à Istanbul, cinq personnes sont arrêtées
par la police.
Le 18.7, à Kirikkale, est arrêté le président local
de l'Association pour les Droits et les Libertés (Özgür-Der), Aysel
Bölücek.
Le 18.7, les défendeurs du PKK à la Prison du Type E
d'Adiyaman commencent une grève de la faim contre les mauvais
traitements et les pratiques illégales. Ils prétendent que
l'administration de la prison les a obligés à devenir des informateurs.
La grève de la faim de 180 détenus politiques à la Prison du Type E
d'Elazig arrive à son 25 jour.
Le 19.7, à Mersin, une équipe de police fait une
descente dans une maison et abat trois membres présumés du PKK.
Le 19.7, les forces de sécurité avaient arrêté 20
personnes au cours d'opérations récentes à Hani (Diyarbakir). Parmi les
détenus figurent le président local du DEP Fikri Ekin ainsi que le
président local de l'ANAP, Saban Bari.
Le 20.7, à Istanbul, la police annonce l'arrestation
de sept militants présumés du Parti de la Révolution de Turquie (TDP).
Le 20.7, à Cizre, les forces de sécurité arrêtent
quelque 50 personnes au cours d'une opération de représailles.
Le 20.7, au cours de la dernière semaine, les forces
de sécurité avaient dépeuplé cinq villages dans le district de Mazidag
(Mardin). Le IHD affirme que les habitants ont été forcés de quitter
les villages pour avoir refusé de se joindre aux protecteurs de village.
Le 21.7, cinq défendeurs jugés à la CSE d'Izmir sont
harcelés et battus par les gendarmes après avoir exposé une pancarte de
protestation dans la salle d'audience.
Le 21.7, à Istanbul, Hakan Sarac est condamné par la
CSE à 12 ans et 6 mois de prison pour avoir pris part aux activités du
TDKP (Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie).
Le 21.7, à Dargecit, le chef du village de Degerli,
Hüseyin Ergen, est abattu par des protecteurs de village.
Le 22.7, la CSE de Kayseri condamne sept personnes à
la peine capitale pour avoir participé aux activités du PKK.
Le 22.7, à Mersin, les forces de sécurité arrêtent
50 personnes. Parmi elles figurent des enfants de 14 et 15 ans. A
Trabzon, sont arrêtés neuf militants présumés du Dev-Sol.
Le 22.7, la CSE d'Izmir condamne quatre jeunes à des
peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 8 mois pour avoir participé
aux activités du Dev-Sol. A Tokat, un étudiant d'une école supérieure,
Kazim Dogan, est condamné à un an de prison pour avoir affiché des
posters politiques sur les murs.
Le 23.7, à Ankara, Osman Tiftikci affirme avoir été
torturé après sa détention. Les traces de torture ont été certifiées
par un rapport médical.
Le 23.7, les festivals culturels organisés par les
communautés Alévis à Sarkisla, Silivri et Sorgun sont interdites par
les autorités locales.
Le 23.7, l'ancien président de Mersin du DEP, Sedat
Kalaba, est arrêté par la police.
Le 23.7, à Ergani, les forces de sécurité font un
descente dans le village de Gisgi et arrêtent 21 personnes.
Le 24.7, à Istanbul, Sadik Celik affirme avoir été
torturé par la police suite à son arrestation le 20 juillet.
Le 24.7, la Section de Mersin de l'IHD ainsi que
deux restaurants et une discothèque sont fermés par le gouverneur sous
prétexte qu'ils ont abrité des militants du PKK.
Le 24.7, à Izmir, une équipe de police fait une
descente dans un marché et arrête deux vendeurs sous prétexte qu'ils
portent les trois couleurs du drapeau kurde: jaune, vert et rouge.
Le 24.7, à Derik, Sehmuz Coban et Hüseyin Kaya sont
retrouvés assassinés.
Le 25.7, un médecin de l'Hôpital de l'Etat de
Mersin, Sabri Soyal (35), est arrêté et accusé d'avoir donné des soins
médicaux aux militants du PKK.
Le 25.7, à Diyarbakir, le chauffeur Sedat Celik, le
commerçant Abdullah Sapan et le paysan Behcet Acisi sont assassinés par
des personnes inconnues.
Le 25.7, à Izmir, le docteur Alp Ayan et deux autres
personnes sont arrêtés au cours d'un pique-nique.
Le 26.7, à Dogankent (Adana), Ümmühan Tekin, de 14
ans, est abattu par des gendarmes pour avoir refusé de s'arrêter.
Le 26.7, les forces de sécurité arrêtent 20
personnes à Viransehir pour avoir aidé le PKK et sept autres à Ankara
pour avoir pris part aux activités du Dev-Sol.
Le 26.7, à Yüksekova, le président local du DEP,
Serif Han, et le chef du village, Sahabettin Timur, son arrêtés par la
police.
Le 28.7, des tireurs inconnus assassinent Mehmet
Hafifar à Batman, Remziye Akin à Batman et Kerim Anil à Kurtalan.
Le 28.7, les gendarmes dépeuplent quatre villages à
Siirt et mettent le feu à toutes les maisons évacuées. Pendant
l'opération, deux villageois sont blessés et une femme enceinte perd
son enfant.
Le 28.7, à Izmir, une manifestation de
fonctionnaires publics exigeant des droits syndicaux est empêchée par
la police, celle-ci arrête une quarantaine de personnes.
Le 29.7, à Edirne, un policier abat le jeune Zafer
Kütük.
Le 29.7, à Nusaybin, le paysan Ahmet Yildrim est
assassiné par des tireurs inconnus.
Le 30.7, la section de Van du Syndicat des Employés
de l'Enseignement (Egitim-Is) est fermée par le gouverneur.
Le 31.7, des tireurs inconnus assassinent le membre
du DEP Mehmet Yasar à Batman et le commerçant Cemalettin Burkay à
Diyarbakir.
LE QUOTIDIEN ÖZGÜR GÜNDEM DEVIENT LA CIBLE D'UNE "GUERRE PSYCHOLOGIQUE"
Le nouveau gouvernement, fidèle aux conseils des
militaires, a lancé, parallèlement aux opérations militaires, une
importante campagne de répression contre l'opposition radicale sous la
forme d'une "guerre psychologique".
Le 11 juillet, le Premier Ministre Ciller recevait
en exclusivité un briefing des militaires sur la Question Kurde et
prenait la décision d'intensifier les opérations militaires contre le
PKK et de se concentrer sur la guerre de propagande.
Par la suite, les propriétaires et directeurs des
principaux journaux, à l'exception d'Aydinlik et Özgür Gündem sont
invités au bureau du chef d'Etat-Major où on leur demande de soutenir
inconditionnellement les militaires et les forces de sécurité.
Le soir, Ciller donnait un souper en l'honneur de ce
groupe sélect dans le cadre de son plan pour arriver à "un consensus
national contre le terrorisme" et donnait liberté d'action aux
militaires.
Depuis lors, tous les journaux turcs, à l'exception
d'Aydinlik et Özgür Gündem, passent totalement sous silence le
terrorisme d'Etat et les succès des guérillas tandis que les premières
pages son pleines de titres louant l'héroïsme des militaires et de
rapports infondés insultant le mouvement national kurde.
Autre conséquence de la campagne: la répression
contre les médias de gauche et l'opposition kurde a pris des
proportions jamais atteintes.
Le 14 juillet, une cour criminelle d'Istanbul
ordonnait à Özgür Gündem de cesser ses publications sous prétexte que
d'importants bureaux n'avaient pas été avertis du changement d'adresse
de l'éditeur du journal depuis la déclaration initiale. Selon le
journal, même si tel était le cas, la sanction ne serait pas une
interruption des publications. En vertu de l'Article 23 du Code de la
Presse, ceux qui omettent de signaler les changements dans leur
déclaration dans un laps de temps stipulé par la loi se verront
infliger une amende allant de 3.000 à 15.000 LT (entre 0,30 et 1,50 $).
Le lendemain, le 15 juillet, le rédacteur en chef du
journal, Davud Karadag, était arrêté à Istanbul par la Cour de la
Sûreté de l'Etat de cette ville et était accusé de faire de la
propagande séparatiste dans 30 articles publiés au cours des derniers
jours. D'autre part, la procureur de la CSE introduisait une nouvelle
action en justice contre Özgür Gündem demandant la fermeture du journal
pendant 30 jours.
Par ailleurs, Özgür Gündem annonçait que 41 de ses
68 publications avaient fait l'objet d'une confiscation. Au cours du
procès contre ce journal, le procureur a demandé des peines de prison
allant jusqu'à 493 ans et des amendes pour un total de
8.617.441.000.000 LT (861.744.100 $).
Özgür Gündem avait débuté ses publications le 30 mai
1992, mais avait dû les interrompre quelques mois plus tard en raison
des pressions croissantes. Après avoir recueilli des fonds pour
renforcer sa rédaction, le journal reprenait ses publications le 26
avril 1993. Suite à la réapparition d'Özgür Gündem, l'hebdomadaire Yeni
Ülke, qui avait utilisé la même politique, s'est joint à lui.
Özgür Gündem passe pour être le premier quotidien en
langue turque qui défend les opinions du mouvement national kurde en
Turquie. Le propriétaire du journal, l'homme d'affaires Yasar Kaya, est
un intellectuel kurde distingué. Il a été récemment élu président du
nouveau Parti de la Démocratie (DEP) et affirme que son but est d'unir
les Turcs et les Kurdes de Turquie pour la défense des droits et
libertés fondamentaux.
Les journalistes d'Özgür Gündem sont principalement
des intellectuels kurdes et turcs de gauche engagés dans la lutte
contre l'idéologie officielle de l'Etat et travaillant pour élever la
voix du mouvement national kurde.
Presque quotidiennement, la une d'Özgür Gündem est
consacrée à des raids contre des villages ou à des tortures dans la
région du Sud-est. Il élabore également d'importants rapports sur les
activités et la politique du PKK illustrés par des entretiens avec les
principaux dirigeants du PKK.
Soumis à une pression constante, beaucoup de
journalistes, correspondants et distributeurs d'Özgür Gündem ont été
tués, menacés, harcelés ou arrêtés pour leurs opinions.
Pendant la première période de publication, cinq
journalistes d'Özgür Gündem avaient été assassinés: Hafiz Akdemir (8
juin 1992), Yahya Orhan (31 juillet 1992), Hüseyin Deniz (10 août 1992)
Musa Anter (20 septembre 1992) et Kemal Kilic (8 février 1992). Aucun
de ces meurtres n'a été élucider.
Après la reprise de ses publications, les
assassinats de correspondants d'Özgür Gündem ont recommencé.
Le 2 juin 1993, le correspondant à Batman, Tegmen
Demir, était assassiné par des tireurs inconnus.
Le 28 juillet, le correspondant à Bitlis, Ferhat
Tepe, était enlevé par des personnes non identifiées. L'acte fut
revendiqué par une organisation d'extrême-droite se faisant appeler
Brigade de Vengeance Turco-Ottomane (TOIT). Le corps de Ferhat Tepe fut
retrouvé le 9 août près de la ville de Sivrice, dans la province
d'Elazig.
Le 13 août, le journal rapportait qu'un autre
correspondant, Aysel Malkoç avait disparu neuf jours avant à Istanbul.
Ses collègues craignent que Malkoç n'ait été enlevé par les forces de
sécurité et ne soit mort en ce moment.
Outre ces meurtres, de nombreux journalistes d'Özgür
Gündem ont été arrêtés pour leurs articles ou activités: Ahmet Hamdi
Akkaya, le 26 mai, Mahmut Dogan et Abdullah Koc, le 3 juin, Yusuf Cacim
et Bülent Ciftci, le 2 juillet, Tacettin Demir, le 13 juillet, Nezahat
Özen, le 16 juillet et Mehmet Yazici, le 20 juillet. Nezahat Özen était
détenue à Mardin et fut torturée bien qu'elle était enceinte de sept
mois.
Récemment a été lancée une campagne de soutien en
faveur d'Özgür Gündem et a été formé un comité de solidarité.
L'Association des Journalistes Contemporains (CGD), l'Association des
Droits de l'Homme (IHD) et l'Association des Droits de l'Homme de
Turquie (TIHV) ainsi qu'un certain nombre de députés et intellectuels
qui formaient le comité ont déclaré qu'en Turquie, des "forces
invisibles" tentaient d'écraser l'opinion et la pensée mais ont averti
que les forces démocratiques du pays étaient déterminées à résister.
D'autre part, le mensuel Newroz fait également
l'objet d'une persécution permanente. De ses 24 éditions publiées
jusqu'à aujourd'hui, 18 ont été confisquées pour propagande séparatiste
et les procureurs ont introduit 24 actions en justice contre les
nombreux rapports et articles publiés par la revue. Quatre de ces
procès se sont soldés par cinq ans et quatre mois de prison et 594
millions de LT (60.000 $) d'amende. Dans les autres procès en cours,
les journalistes de la revue risquent 100 ans de prison et 3,5
milliards de LT (350.000 $) d'amende.
NOUVELLES SENTENCES CONTRE ISMAIL BESIKCI
Bien qu'il ne soit pas d'origine kurde, le
sociologue Ismail Besikci a toujours été l'une des principales cibles
de la lutte anti-kurde en raison de sa courageuse position sur la
Question Kurde.
Le 1er juillet, Besikci était condamné par la CSE
d'Istanbul à 20 mois de prison pour son livre Le Programme de 1931 du
CHF -La Question Kurde. Son éditrice, Mme Ayse Zarakolu, fut condamnée
à cinq mois de prison et à payer une amende de 21.666.000 de LT (2.166)
en vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur.
Le lendemain, dans un autre procès concernant ses 15
autres livres, la CSE d'Ankara condamnait Besikci à quatre ans et huit
mois de prison et à payer une amende de 58.473.000 LT (5.847 $). Le
propriétaire de la Maison d'Edition Yurt, Ünsal Öztürk, qui publia ces
livres, fut condamné à deux ans et quatre mois de prison.
Récemment, la CSE d'Istanbul confisquait deux
nouveaux livres de Besikci, La Voie que les Tribunaux ont ouverte, le
15 juillet, La Prise de Conscience et Une Nation qui se Découvre:
Kurdes, le 22 juillet, pour propagande séparatiste.
DEUX MOIS DE PRESSIONS SUR LES MEDIAS
Le 1.6, la CSE d'Istanbul confisque les dernières
éditions des revues politiques Newroz, Devrimci Proletarya et Devrimci
Emek en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 7.6, la dernière édition de l'hebdomadaire Azadi
est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 8.6, la CSE d'Istanbul condamne le rédacteur
responsable de l'hebdomadaire Gercek, Yücel Özdemir, à six mois de
prison et à payer une amende de 150 millions de LT (15.000 $) pour
avoir fait l'éloge d'une organisation illégale dans certains articles.
Le propriétaire de la revue, Kamil Tekin Sürek a été condamné également
à payer une amende de 300 millions de LT (30.000 $) pour les mêmes
articles.
Le 8.6, le rédacteur en chef de la revue politique
Medya Günesi, Osman Aytar, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux
ans de prison et à payer une amende de 100 millions de LT (10.000 $)
pour propagande séparatiste.
Le 8.6, la première édition d'une nouvelle revue
politique, Devrimci Cözüm, est confisquée par la CSE d'Istanbul pour
avoir fait l'éloge d'une organisation illégale et des ses actions armés.
Le 8.6, le professeur Ilhan Arsel est inculpé par le
procureur pour son dernier livre, Intellectuel et "Intellectuel", dans
lequel il est accusé d'insulter les Livres Saints et le Prophète
Mohammed. Arsel et l'éditeur du livre, Hikmet Ersavas, risquent tous
deux une peine de prison de deux ans.
Le 9.6, le procureur public introduit une action en
justice contre le caricaturiste Ertan Aydin pour les dessins publiés
par le quotidien Özgür Gündem. Aydin et le rédacteur responsable du
journal, Isik Yurtcu, risquent une peine de prison de pas moins de deux
ans pour avoir insulté les forces de la Sûreté de l'Etat.
Le 9.6, à Istanbul, un groupe de journalistes qui
couvrait un acte de protestation des fonctionnaires publics est harcelé
et arrêté par la police.
Le 11.6, la sentence contre l'auteur Edip Polat,
deux ans de prison et 50 millions de LT (5.000 $) d'amende, pour son
livre Nous avons transformé l'aube en Newroz, est confirmée par la Cour
de Cassation.
Le 11.6, le soliste du groupe de musique folklorique
Ekin, Murat Özdemir, est arrêté alors qu'il se rend à la CSE d'Ankara
pour y récupérer les biens que la police lui avait confisqués en avril
au cours d'une descente dans le Centre Culturel Ekin.
Le 12.6, un autre membre du groupe musical Ekin,
Metin Turan, est arrêté à Antalya.
Le 12.6, un concert des chanteurs de folklore Deste
Günaydin et Hamza Dogan, prévu à Malatya, est interdit au dernier
moment par le gouverneur.
Le 12.6, une équipe de police fait une descente dans
le bureau de la revue Devrimci Cözüm et arrête Hatice Onaran et Yusuf
Büyükdag.
Le 13.6, le N° 57 de l'hebdomadaire Azadi, le N° 11
de l'hebdomadaire Gercek et le N° 12 du mensuel Partizan sont
confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 13.6, à Ankara, la police arrête trois personnes
pour avoir distribué une édition spéciale du mensuel Kurtulus.
Le 14.6, à Diyarbakir, le vendeur de journaux, Hasim
Yasa (34) est assassiné par des inconnus. Auparavant, il avait été
menacé à plusieurs reprises. Son neveu, Esref Yasa avait été blessé au
cours d'une attaque par des personnes non identifiées.
Le 17.6, les étions N° 9 et 10 de l'hebdomadaire
Panorama sont confisquées par la CSE d'Istanbul en raison de plusieurs
articles consacrés au Dev-Sol et au PKK. Le N° 91 de la revue politique
Emegin Bayragi était également confisqué pour propagande séparatiste.
Le 18.6, le rédactrice responsable du quotidien
Aydinlik, Mme Hale Soysü, est inculpée par le procureur de la CSE
d'Istanbul pour avoir publié Les Versets Sataniques de Salman Rushdie.
Elle risque une peine de prison de 30 mois pour avoir insulté l'Islam.
Le 19.6, le représentant à Bursa de la revue
politique Emegin Bayragi, Metin Arikan, et deux autres personnes sont
arrêtées pour avoir organisé un acte de protestation.
Le 20.6, le N° 58 de l'hebdomadaire Azadi était
confisqué par la CSE d'Istanbul pour un article sur les exécutions
extrajudiciaire.
Le 21.6, le bureau d'Istanbul de la revue politique
Mücadele subit une descente de police et 20 personnes sont arrêtées. Le
même jour, un groupe armé attaque le bureau d'Istanbul du mensuel
Devrimci Cözüm et blesse le rédacteur en chef Nurcan Güzel et quatre
autres collaborateurs.
Le 22.6, à Adana, un distributeur du quotidien Özgür
Gündem, Ali Celikten est arrêté pour avoir incité les commerçants
locaux à fermer leurs magasins pour protester contre les opérations des
forces de sécurité.
Le 25.6, la CSE de Malatya condamne cinq personnes à
20 mois de prison et 83 millions de LT (8.300 $) pour avoir chanté des
chansons kurdes au cours d'une cérémonie de mariage à Gaziantep, le 9
octobre 1992.
Le 27.6, des éditions récentes du quotidien Özgür
Gündem et des hebdomadaires Gercek, Mücadele et Azadi sont confisquées
par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 29.6, le N° 93 du bimensuel Emegin Bayragi et la
dernière édition du mensuel Devrimci Emek sont confisqués par la CSE
d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 4.7, le N° 60 de l'hebdomadaire Azadi est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour une interview de la mère d'un
militant du PKK tué par les forces de sécurité.
Le 6.7, un correspondant du quotidien Sabah, Ihsan
Uygun, et son chauffeur, Yüksel Alptekin, étaient portés disparus
depuis deux jours. Ils devaient couvrir un incendie dans le quartier de
Kartal. Leur voiture a été retrouvée détruite et calcinée dans une zone
boisée.
Le 7.7, la Cour de Cassation confirme la sentence
infligée à l'écrivain Hacay Yilmaz. En vertu de l'Article 8 de la Loi
Anti-Terreur, il avait été condamné à 20 mois de prison et à payer une
amende de 42 millions de LT (4.200 $) pour une déclaration qu'il avait
faite à Söke en 1992.
Le 10.7, à Mersin, le correspondant du Milliyet,
Cumhur Soylar, et celui de Toros, Ahmet Özdemir, sont harcelés alors
qu'ils sont en train de couvrir une manifestation de protestation
contre le Massacre de Sivas.
Le 10.7, le rédacteur en chef du mensuel Devrimci
Emek, Erhan II, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour un article publié
en juin.
Le 10.7, à Istanbul, une équipe de police fait une
descente dans la maison du journaliste Metin Ciyayi et arrête celui-ci.
Le 12.7, le N° 20 du mensuel Direnis est confisqué
par la CSE d'Istanbul pour avoir fait l'apologie d'organisations
illégales.
Le 13.7, les dernières éditions des revues
politiques Emegin Bayragi, Newroz, Serketin et Newroz Atesi sont
confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et
apologie d'organisations illégales.
Le 14.7, une cour pénale interdit la publication des
magazines Yeni Demokrat Genclik, 69 Erkek et Firtboy sous prétexte
qu'ils n'ont pas communiqué les adresses de leurs responsables au
bureau du Gouverneur d'Istanbul.
Le 14.7, deux journalistes du mensuel Taraf,
Abdülkadir Takis et Osman Hira, sont arrêtés par la police pour
activités islamistes radicales.
Le 16.7, un nouveau livre intitulé Le Chemin et les
Devoirs de la Révolution Turque, publié par la Maison d'Edition Zagros,
est confisqué par la CSE d'Istanbul. Le tribunal a également décidé de
confisquer le N° 2 du mensuel Gencligin Sesi.
Le 16.7, le rédacteur responsable de la revue
politique Medya Günesi, Mahmut Metin, est arrêté par la CSE d'Istanbul
pour certains articles publiés dans l'édition N° 32.
Le 18.7, le représentant de la revue politique
Hedef, Fatih Danisan, est arrêté par la police.
Le 19.7, le rédacteur responsable de la revue
politique Newroz, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour certains
articles qu'il avait publiés.
Le 19.7, le N° 54 de la revue politique Mücadele et
le N° 13 de Iscinin Yolu sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste et apologie de certaines organisations illégales.
Le 21.7, une journaliste enceinte de 7 mois, Nezahat
Özen, est arrêtée pour avoir transmis au quotidien Özgür Gündem des
informations concernant le viol d'une détenue de 17 ans par des
policiers.
Le 21.7, le N° 8 du bimensuel Özgür Gelecek est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une
organisation illégale.
Le 22.7, à Kayseri, le correspondant de la revue
Özgür Gelecek est arrêté.
Le 23.7, l'édition de juillet de la revue Yurtsever
Egitimciler est confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contient
une interview d'Ismail Besikci.
Le 28.7, le N° 10 de la revue Yeni Demokrat et
l'édition spéciale de la revue Hedef sont confisqués par la CSE
d'Istanbul pour avoir incité le public à la révolte.
Le 29.7, des inconnus mettent le feu à l'imprimerie
Aydinlar.
Le 30.7, le N° 64 de l'hebdomadaire Azadi et le N°
34 du bimensuel Medya Günesi sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste.