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A non-government information service on Turkey
Un service d'information non-gouvernemental sur la Turquie


201-202

17e année - N°201-202
Juillet-août 1993
38 rue des Eburons - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
 Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Editrice responsable: Inci Tugsavul
 

CILLER ET SES ALLIES CONDUISENT LA TURQUIE A UNE

GUERRE CIVILE


    Le nouveau Premier Ministre, Tansu Ciller, qui est arrivée au pouvoir en promettant de restaurer la paix et l'ordre dans le respect des droits et libertés fondamentaux a déjà déçu tous ceux qui avaient placé leurs espoirs en elle. Après avoir obtenu le vote de confiance au Parlement, elle se décanta, comme son prédécesseur Demirel, pour une solution militaire à la Question Kurde et adopta une série de mesures économiques draconiennes au détriment des travailleurs.
    Même ses douteuses relations avec le monde des affaires, à l'origine de sa fabuleuse fortune, estimée à plus de 50 millions de dollars, et d'autres révélations selon lesquelles elle aurait caché qu'elle était citoyenne américaine, n'ont pas empêché la Femme de Fer à la turque de former une nouvelle coalition gouvernementale avec le socio-démocrate SHP et d'obtenir le vote de confiance de l'Assemblée Nationale. Un total de 432 députés ont assisté à la session plénière du 5 juillet où ont été enregistrés les résultats suivants: 247 votes en faveur du gouvernement, 184 contre le gouvernement et une abstention. Outre le DYP et le SHP, les députés du néo-fasciste MHP ont également voté pour Ciller. Ce n'est pas du tout surprenant si l'on considère que les Loups Gris ont entouré Ciller à la convention du DYP et ont assuré sa victoire en échange de la dialectique ultra-nationaliste du futur Premier Ministre.
    Cependant, le plus grand soutien, devant le Parlement, Ciller le doit aux militaires. Juste à la veille du vote, le Chef d'Etat-Major, le Général Dogan Güres, et d'autres commandants de l'armée, ont visité Ciller au Parlement et lui ont demandé son autorisation dans leur opération contre les "activités terroristes des séparatistes kurdes". En échange, précise l'édition du 6 juillet du quotidien Hürriyet, Ciller a promis à l'Armée Turque un soutien sans failles de la part du Gouvernement.
    Le lendemain, Ciller déclarait au quotidien Hürriyet qu'elle multiplierait les opérations militaires contre le "terrorisme" fermant toutes le portes au dialogue politique avec le mouvement kurde, sous prétexte que les diffusions et l'enseignement en langue kurde demandés par les Kurdes ne sont qu'une étape d'un plan visant à diviser le pays. "Les militaires ont affirmé être à l'aise avec moi. Je sais qu'ils sont sincères. J'ai toujours maintenu un bon dialogue avec les soldats", ajouta-t-elle.
    Même avant l'obtention du vote de confiance au Parlement, Ciller s'était assurée la confiance des militaires en forçant les partis de la coalition à prolonger une fois de plus l'état d'urgence dans le Sud-est. Le 26 juin, l'Assemblée Nationale avait décidé de prolonger de quatre mois l'état d'urgence dans 10 provinces: Bitlis, Tunceli, Sirnak, Mardin, Van, Hakkari, Diyarbakir, Batman, Bingöl et Siirt. 207 députés se sont prononcés en faveur de ce prolongement et 71 contre.
    Après le vote de confiance, dans une autre manoeuvre destinée à satisfaire les militaires, le 27 juillet, le gouvernement de Ciller adoptait un décret spécial pour retarder le retrait du Général Güres, lui permettant de rester un an de plus à la tête des Forces Armées Turques, bien que celui-ci ait dépassé l'âge limite de la retraite obligatoire. Bien que cette pratique soit impopulaire et sans précédents, le Président Süleyman Demirel et le Vice-Premier Ministre socio-démocrate, Erdal Inönü, ne s'est pas opposé à cette mesure extraordinaire.
    Juste à la veille de l'annonce de ce décret spécial, un des scandales provoqués par les fils du Général Güres figurait en première page des journaux. Serdar et Hakan Güres auraient logé à la résidence militaire de Fenerbahce pendant des semaines sans jamais payer les nombreux banquets, repas et beuveries dont l'exorbitante addition s'élève à 491 millions de LT (49.000 $). Ce scandale ne fut même pas pris en considération lorsque le gouvernement décida de maintenir le Général Güres à la tête de l'Armée.
    Après avoir consolidé son alliance avec les chefs de l'armée, au cours de sa première visite dans la zone kurde, Ciller ferma ostensiblement toutes les portes au dialogue avec le Mouvement Kurde. A Hakkari, elle déclarait: "Il y a ceux qui ne veulent pas de notre unité à s'apprêtent à conspirer contre elle. Mais ils ne réussiront pas parce que sur leur chemin ils me trouveront moi, votre mère et soeur, pour s'y opposer. L'Etat turc est très fort et n'aura aucun mal à s'opposer au minuscule PKK, qui ne dispose que de 10.000 militants. C'est comme un combat entre une éléphant et une mouche. A certains moments nous pouvons rencontrer des problèmes dans notre lutte contre les terroristes en raison des méthodes utilisées et certains citoyens peuvent être blessés.
    En fait, pas seulement certains citoyens, mais la quasi totalité des citoyens du Kurdistan turc ont été blessés en raison des méthodes utilisées par les militaires. C'est le recours à ces méthodes qui accentue l'hostilité entre les Turcs et les Kurdes ainsi qu'entre les Sunnis et les Alévis et qui ont conduit la Turquie vers la guerre civile.

UNE ARMEE SPECIALE DE LOUPS GRIS

    Récemment, le gouvernement de Ciller adoptait un décret ayant force de loi en vue de la création d'une armée professionnelle, au lieu de l'armée obligatoire, pour faire face au PKK. Selon le décret, tous les soldats de commando volontaires peuvent, pendant dix-huit mois après leur retour à la vie civile, devenir membres de cette force.
    Dans la pratique, les premières 5.000 personnes qui ont annoncé leur intention de rejoindre la nouvelle force proviennent des rangs du Parti d'Action Nationaliste (MHP). Bon nombre de cercles voient là une étape vers la création d'une armée de Loups Gris susceptible d'intensifier le conflit racial entre les Turcs et les Kurdes.
    La nouvelle mesure fit l'objet du commentaire suivant dans le Turkish Daily News du 16 août: "Ciller s'est laissée entraîner vers une solution très dangereuse. Son administration, soutenue par le SHP, s'efforce maintenant de créer une "armée idéaliste" d'environ 25.000 membres. Une grande partie de ceux qui ont demandé leur intégration dans cette force sont des Ülkücüs [Loups Gris] ultra-nationalistes qui, avant le coup-d'Etat militaire de 1980, étaient responsables d'innombrables massacres et atrocités, tandis que Demirel, alors Premier Ministre, tenait ces propos en public, `Vous ne me ferez pas dire que les nationalistes sont en train de tuer des gens'. 7.000 Ülkücüs qui ont déjà été armés et entraînés pour l'Azerbaïdjan, seront intégrés dans cette force spéciale. Considérant l'autorité dont ils jouiront, les massacres seront inévitables".

EST-CE QUE CILLER EST CITOYENNE AMERICAINE

    Le 2 juillet, le président du Parti des Travailleurs (IP), annonçait aux journalistes qu'ils disposait de preuves concluantes qui démontraient que le Premier Ministre Ciller était citoyenne américaine. Il révélait la date et le numéro du formulaire par lequel Ciller avait introduit la demande de citoyenneté auprès du Service d'Immigration et de Naturalisation des Etats-Unis en avril 1973. Sa demande avait été acceptée six ans après et Ciller était devenue citoyenne américaine en juillet 1979.
    Perincek, qui affirme que la traduction officielle turque des documents concernant la citoyenneté américaine de Ciller, se trouvent dans les archives de l'Etat, ajoute: "Le fait qu'une citoyenne américaine soit récemment devenue Premier Ministre turc constitue une nouvelle étape vers l'ultime objectif de faire de la Turquie la nouvelle Haïti ou Philippines.
    Rappelant que Ciller, comme tout autre citoyen américain naturalisé, avait fait le serment de "renoncer et abjurer totalement et entièrement toute fidélité à un quelconque Etat étranger duquel elle aurait été citoyenne jusqu'alors", Perincek soutien qu'elle doit immédiatement être démise de son poste de Premier Ministre.
    Aux déclarations de Perincek, le porte-parole du gouvernement, Yildirim Aktuna, au lieu de démentir la citoyenneté américaine de Ciller, rétorque qu'on se trouve irrésistiblement emporté vers la citoyenneté américaine dès qu'on est légalement résident aux Etats-Unis pendant cinq ans. Après ce terrible faux pas, Aktuna finit par admettre que Ciller était réellement devenue citoyenne américaine. Par ailleurs, les lois américaines en rapport avec ce sujet ne contiennent aucun article stipulant que quiconque peut devenir automatiquement citoyen américain, indépendamment de la durée de résidence aux Etats-Unis, si la personne n'en introduit pas la demande. Cela implique une confirmation indirecte, bien que Ciller en personne précisa qu'elle n'avait jamais été citoyenne américaine.

LA CAMPAGNE DE CILLER CONTRE LES TRAVAILLEURS

    Les politiques anti-sociales adoptées par le Premier Ministre ont déjà provoqué une agitation dans tout le pays et des centaines de milliers d'employés des secteurs public et privé se sont déjà engagés dans différentes actions de protestation au cours des deux derniers mois.
    Il serait illogique d'espérer autre chose de la part d'un Premier Ministre qui a été conseillère dans le monde des affaires et la Confédération des Unions d'Employeurs de Turquie (TISK) lorsqu'elle était professeur universitaire et qui est devenue une des personnes les plus riches du pays grâce à ces douteuses relations.
    Le 11 août, après l'échec d'une négociation collective entre le gouvernement et les syndicats représentant plus de 700.000 employés du secteur public, Ciller confrontait les travailleurs aux autres couches de la société.
    "C'est tout ce que nous pouvons offrir aux travailleurs, étant donné les pressions budgétaires actuelles. Des milliers de petits commerçants, fermiers et chômeurs attendent du gouvernement qu'il améliore leur situation. Maintenant je vous le demande. Devons-nous concéder ce que demandent les travailleurs, ou faire plus d'investissements nationaux au bénéfice de toute la population?", expliqua-t-elle aux téléspectateurs.
    Cette attitude provocatrice de la part du Premier Ministre mit en colère non seulement les travailleurs et les partis de l'opposition, mais également son propre partenaire au sein de la coalition. Le secrétaire du SHP, le Général Cevdet Selvi, déclarait: "Le discours du Premier Ministre est plein de remarques destinées à provoquer les différents secteurs de la société et à perturber la paix sociale. Ceci est injuste et constitue un exemple de séparatisme social".
    Alors que le nouveau gouvernement applique chaque jour une nouvelle mesure draconienne à l'encontre des travailleurs, la presse d'opposition ne cesse de rapporter de nouvelles révélations sur la fortune de Ciller. Le quotidien Aydinlik, dans une série d'articles, révèle que Ciller a trompé l'opinion publique en maintenant secrète l'existence de ses autres propriétés. Selon une liste publiée par Aydinlik le 21 août, avec les propriétés maintenues secrètes, la véritable fortune de Ciller s'élèverait à 889 milliards de LT (89 millions de $).

BILAN DE NEUF ANS DE GUERRE SALE

    Le 15 août, la Turquie entrait dans la 10e année de "guerre sale" contre le mouvement national kurde. Au lieu d'anéantir la résistance kurde, neuf ans de combat continu n'ont fait que multiplier par 50 l'influence du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis 1984, étendant le soutien populaire parmi les Kurdes et forçant Ankara à admettre qu'elle ne peut pas surmonter la crise avec une armée régulière. Il ne s'agit plus de la mouche face à l'éléphant comme l'avait dit la "Dame de Fer".
    Le 14 août 1993, l'Association de Presse rapportait: "Le gouvernement a déclenché une offensive, attaquant à une forteresse dans les montagnes et tuant encore d'autres rebelles. Avec sa politique, la Turquie - qui ne reconnaît toujours l'existence du problème kurde - n'a fait qu'accentuer le recrutement des guérilleros.
    L'évaluation suivante de la situation a été faite le 16 août 1993, non pas par un partisan du PKK, mais par le Turkish Daily News, dont le rédacteur en chef était le principal conseiller de Demirel lorsqu'il était Premier Ministre:
    "Selon Ciller, le nombre des militants du PKK se situe entre 10.000 et 15.000. En réalité, ce nombre ne comprend que les unités déployées dans les montagnes, ledits combattants professionnels du flanc armé: l'ARGK. Outre sa milice, la version kurde du Vietcong, le chiffre réel atteint les 60.000 membres. Dans un rapport récent préparé pour la présidence, on précisé que, en contant ses sympathisants et les ceux qui soutiennent le mouvement, les effectifs du PKK rien que dans la zone du Sud-est s'élèvent à 375.000 personnes, près d'un cinquième de la population adulte dans la région.
    "Et la Turquie affirme toujours qu'elle est en train de réussir. Elle nie l'existence d'une guerre et tente systématiquement de masquer la réalité. Elle tente également de dicter une version fabriquée de la vérité à la presse intérieure, peut-être pour couvrir les énormes erreurs et les violations de droits de l'homme commis dans cette région.
    "Selon les statistiques du PKK révélées ce week-end, 22.356 personnes sont mortes au cours de neuf ans de guerre. Les rebelles kurdes maintiennent qu'ils ont tué 13.518 soldats et policiers ainsi que 2.507 agents et `collaborateurs'. D'après la même source seuls 3.041 combattants ont perdu la vie au cours de cette période, et le nombre de `patriotes kurdes' tués par les soldats s'élève à 3.290. Un rapport du quotidien Hürriyet publié le 14 août précise que les pertes économiques turques provoquées par la guerre dans le Sud-est ont atteint les 50 billions de LT (5 milliards de $). Un total de 1,5 millions de personnes ont fui cette tumultueuse région et 600 écoles publiques ont dû fermer leurs portes. Les pertes globales infligées à la Turquie par la guerre de guérilla sont trop importantes pour parler maintenant d'un simple `incident terroriste' ou l'oeuvre de `bandits'.
    "Le sud-est de la Turquie se trouve maintenant dans une situation proche de celle du Chili de Pinochet et du Vietnam occupé par les Etats-Unis".
    Le Président du Conseil Militaire du PKK, Cemil Bayik, a précisé que 1993 serait une année de survie pour l'organisation, qui disposerait de ses propres commandants. Suivant l'exemple vitecong, le PKK s'efforce maintenant de créer des tunnels souterrains pour ses milices. Il est sur le point de terminer la construction d'un hôpital souterrain et étendra encore davantage son soutien populaire.
    Craignant que n'augmente l'influence du PKK dans la région, le Président Süleyman Demirel déclarait le 19 août au Turkish Daily News: "Si le problème ne peut pas être surmonté, le report des élections [élections locales de mars 1994] ne sera pas la fin du monde". Les cercles gouvernementaux craignent vraiment une éventuelle victoire des candidats soutenus par le PKK dans les provinces kurdes.

ASSAUT DE L'ARMEE CONTRE DES VILLAGES KURDES

    Au 10e anniversaire du début de la guerre de guérilla du PKK, le gouvernement de Ciller a déclenché un pilonnage dans la région du sud-est, attaquant des villages kurdes et tuant des centaines de villageois, indépendamment du fait qu'ils soutiennent ou non le PKK.
    Il s'est produit une nouvelle escalade de la violence en mai, après un cessez-le-feu de deux mois observé par le PKK. Pendant ce cessez-le-feu unilatéral, au lieu d'observer une trêve ou d'engager des discussions, Ankara déclarait qu'elle ne négocierait pas avec des terroristes et intensifiait les assauts militaires contre les villages kurdes. Lorsque le PKK reprit ses actions en signe de représailles, les militaires étendirent leurs opérations répressives aussi bien près de la frontière irakienne que dans les villes et les villages kurdes de l'Est et du Sud-est.
    Le 11 août, le gouvernement révélait que 773 personnes avaient tuées et 297 autres avaient été blessées dans la région entre le 10 mai et le 10 août.
    Pour le 10e anniversaire de sa campagne armée, le PKK a une nouvelle fois fait bouger les foules dans le sud-est de la Turquie, tout comme pendant les célébrations du Newroz, le 21 mars de l'année dernière. A Sirnak, des militants ont affronté les forces de sécurité pendant la nuit. Des armes lourdes ont été utilisées et plus de 100 personnes ont été arrêtées. Dans la ville de Digor, Kars, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants, tuant au moins neuf personnes et blessant 60 autres. A Silvan, Diyarbakir, les drapeaux du PKK ont été exhibés dans les rues tandis que le trafic s'est immobilisé à Cizre, Mus, Bingöl et sur l'autoroute Tunceli-Erzincan. Dans la zone frontalière, les forces militaires ont massacré plus de 70 Kurdes pendant une opération menée contre une forteresse kurde.
    Outre ces opérations, quelque 500 villages kurdes ont été évacués par les forces de sécurité afin de créer une ceinture de sécurité. Ce nombre, avancé le 16 août par deux membres de la Commission Parlementaire du Sud-est, Esat Canan (SHP) et Algan Hacaloglu (CHP), a été confirmé par le gouverneur de la région en état d'urgence, Ünal Erkan. Selon deux députés, le maire de Siirt s'est plaint d'un afflux de 10.000 personnes en une semaine; d'après le maire de Diyarbakir, la population de la ville a doublé au cours des deux dernières années, et dépasse aujourd'hui le million d'habitants.
    Canan précise que malgré les démentis officiels, la population affirme que des villages ont été mis à feu par les gardiens de village du gouvernement. Le nombre de villages brûlés s'élève à 80 rien que dans la province de Sirnak.

INTENSIFICATION DES AGRESSIONS ANTI-KURDES

    Les manifestations anti-kurdes et les assauts ont gagné en intensité dans les villes occidentales de la Turquie. Au cours des derniers mois se sont produit des attaques sanglantes dans des centres de vacances le long des côtes des mers Egée et Méditerranéenne, où les populations locales ont exprimé leur désir de "purifier" leurs villes des résidents ou travailleurs temporaires d'origine kurde.
    Des rassemblements anti-kurdes sont souvent organisés dans toute la Turquie à l'occasion des funérailles de soldats turcs tués pendant les combats dans le Sud-est.
    En outre, des disputes insignifiantes entre particuliers peuvent donner lieu à des manifestations anti-kurdes. Récemment:
    Le 26 juin, dans la ville de Domanic, Kütahya, une foule de plus de mille personnes participa a une manifestation anti-kurde et cria "Kurdes, rentrez chez vous!" et "A bas le PKK" après un incident entre un Turc et un Kurde. La foule lança également des cailloux contre une maison habitée par des travailleurs du bâtiment kurdes, ainsi que contre le bureau du gouverneur où ceux-ci avaient trouvé refuge.
    Le 13 juillet, à Ezine, Canakkale, quelque 5.000 personnes ont attaqué un hôtel et les employés kurdes après une dispute concernant une note trop élevée. Des soldats de l'infanterie ont été déployés pour empêcher que les incidents n'échappent à tout contrôle au moment où furent adoptées des mesures de sécurité dans un voisinage où vivaient quelque 20 familles kurdes.
    Le 4 août, à Gümüscay, près de Biga, Canakkale, des incidents se sont produits lorsque Hasan Cetin, d'origine kurde, fut expulsé d'une cérémonie de mariage. Un groupe de 300 personnes s'est rassemblé dans le centre de la ville et commença à casser les vitres des magasins dont les propriétaires étaient d'origine kurde.

LE HEP FERME ET REMPLACE PAR LE DEP

    Le 15 juillet, le Tribunal Constitutionnel de la Turquie fermait le premier parti pro-kurde légal, le Parti Travailliste du Peuple (HEP) et demandait qu'on lève l'immunité parlementaire du porte-parole du Parlement, Fehmi Isiklar, afin qu'il soit jugé pour un discours prononcé à la fin de l'année 1991 en tant que président du HEP. On demande pour lui la peine capitale.
    Auparavant, le Tribunal Constitutionnel avait fermé deux partis de gauche, le Parti Communiste Unifié de Turquie (TBKP) et le Parti Socialiste (SP).
    La récente décision du tribunal laisse entendre que l'ancien Président Isiklar ainsi que deux autres représentants et députés du parti, ont violé le Code des Partis Politiques par leurs déclarations sur la Question Kurde.
    Pendant les élections de 1991, tous les députés du HEP avaient été élus sur les listes du SHP grâce à une alliance électorale entre les deux partis. Mais par la suite, 16 d'entre eux, déçus par les pratiques anti-démocratiques du SHP, en tant que partenaire de la coalition, sur la question kurde, ont réintégré le HEP. Isiklar, de son côté, a préféré rester fidèle au SHP.
    Isiklar a fait savoir que le verdict allait à l'encontre de la nature de la Constitution et a fait part la déception que lui causait la décision prise par les juges sous l'emprise de la pression politique.
    Dans une surprenante déclaration, le Ministre de la Justice et député du SHP, Seyfi Oktay, précisait que le Tribunal Constitutionnel était la garantie suprême du régime et de la suprématie de la loi. "Le devoir de chacun est de montrer du respect pour ses décisions", affirma-t-il.
    Avant la décision du Tribunal Constitutionnel, le 13 juillet, les 16 députés du HEP ont rejoint en bloc le nouveau Parti de la Démocratie (DEP). Cependant, ce nouveau parti se trouve également menacé de fermeture par le Tribunal Constitutionnel.

ECHEC DE LA PREMIERE COALITION GOUVERNEMENTALE

    Un rapport publié le 2 juillet par la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) soutien que la 1er coalition gouvernementale DYP-SHP n'avait pas réussi à améliorer la mauvaise situation des droits de l'homme en Turquie, celle-ci protège les transgresseurs des droits au lieu de leurs victimes et a manqué une occasion historique pour rétablir la paix et l'ordre dans le tumultueux Sud-est après la déclaration unilatérale de cessez-le-feu par le PKK.
    Voici les points principaux du rapport intitulé Dans le Sillage du Gouvernement de Coalition:
    _ Sous prétexte de combattre les activités terroristes, les forces de sécurité se sont engagées dans des pratiques illicites et ont empiété sur les droits fondamentaux des citoyens.
    _ On s'est engagé dans une campagne internationale de désinformation... Les conséquences sont terrifiantes.
    _ Outre 3.929 décès, des milliers de personnes ont souffert des blessures graves, aussi bien physiques que mentales.
    _ Une moyenne de sept personnes sont mortes quotidiennement pendant le mandat du premier gouvernement de coalition.
    _ Malgré les promesses du gouvernement de revoir les décisions concernant l'état d'urgence et le recrutement de gardiens de village payés par l'Etat, rien de concret n'a été entrepris par le gouvernement si ce n'est la poursuite de la solution militaire.
    _ Le processus de paix engagé par la déclaration de cessez-le-feu unilatérale du PKK a échoué parce que les forces de sécurité ont continué à attaquer les militants du PKK (tuant un total de 91 militants pendant le cessez-le-feu), à piller des villages et à obliger la population locale à évacuer leurs domiciles.
    _ Pendant la première coalition gouvernementale, un total de 806 personnes ont été torturées dans les postes de police, 9 ont disparu pendant leur détention policière, et 26 sont mortes pendant leurs interrogatoires.
    _ 16 journalistes ont été tués pendant cette période. Un total de 335 livres, journaux et revues ont été saisis par la police sur ordre des Cours de la Sûreté de l'Etat.
    _ Des journalistes et des auteurs ont été condamnés à un total de 67 ans de prison et à payer des amendes pour un montant de 22,40 milliards de LT (2,24 millions de $). La principale accusation était de diffuser de la propagande subversive kurde.

INTERDICTION D'UN SYMPOSIUM SUR LES KURDES

    Le gouverneur d'Ankara a interdit un symposium sur la Question Kurde qui devait avoir lieu entre le 25 et le 27 juillet. Dans une lettre destinée à l'Association des Droits de l'Homme (IHD), qui devait organiser le symposium, le gouverneur explique que celui-ci aurait des conséquences irrévocables lorsqu'on prendrait en considération les circonstances du jour et les événements résultants.
    Pour protester contre l'attitude du gouverneur, le secrétaire de l'IHD, le Général Hüsnü Öndül précisa: "La décision montre une fois de plus que la solution du problème kurde n'est considérée que depuis l'angle militaire. A cette convention nous avions invité le Président de la République, le Premier Ministre, le Porte-parole de l'Assemblée Nationale, les partis politiques, les syndicats et les organisations professionnelles. C'était une occasion ou tout le monde pouvait exposer librement sa position sur la question et de chercher une solution juste, démocratique et pacifique. En interdisant la convention, les autorités ont supprimé la libre pensée sur la question".

ENLEVEMENT DE TOURISTES ETRANGERS PAR LE PKK

    Dans un acte destiné à attirer l'attention sur la répression dans le Kurdistan turc et porter atteinte aux revenus touristiques de la Turquie, le PKK a lancé une nouvelle campagne d'enlèvement de touristes étrangers.
    Après une série d'explosions dans des centres touristiques dans la partie occidentale, les guérillas du PKK ont enlevé en juillet quatre Français, un Britannique et deux Australiens mais les ont relâché après les avoir retenus pendant quelques semaines.
    En août, deux touristes Allemands, un Néo-zélandais, deux Italiens et deux Suédois ont été enlevés dans l'est de la Turquie. L'agence Kurd-Ha a fait savoir que les touristes ont été enlevés pour s'être aventurés dans la zone kurde sans la permission du PKK. Selon elle, les autorités des pays de ces touristes devraient entrer en contact avec ERNK, l'aile politique du PKK, et non avec les autorités turques. Par ailleurs, le PKK a expliqué aux pays d'origine des touristes que les revenus touristiques turcs servaient à acheter les armes des forces de sécurité pour piller les villages kurdes et tuer des patriotes kurdes.
    En fait, les attaques contre les centres touristiques et les enlèvements de touristes étrangers menacent déjà les prévisions de l'industrie touristique turque.
    L'industrie du tourisme turc avait déjà enregistré une considérable croissance au cours des quatre dernières décennies, avec une montée en flèche du nombre des visiteurs et des revenus.
    Le nombre des touristes qui ont visité la Turquie sont passés de 36.372 personnes en 1950 à plus de 7 millions l'année dernière, ce qui suppose 40 fois plus en l'espace de 42 ans.
    Les revenus touristiques turcs sont passés de 2 millions de $ en 1950 à 3.639 milliards en 1992. Le tourisme constitue la deuxième source de devises étrangères de la Turquie. Ces revenus ont dépassé le milliard de dollars dès l'année 1985, augmentant régulièrement tous les ans, à l'exception de 1991, année désastreuse pour beaucoup d'hôtels en raison de la Guerre du Golfe.
    Pour 1993, les autorités turques attendaient 9 millions de visiteurs et 4,5 milliards de dollars de revenus.

RAPPORT D'AI SUR LA TERREUR DANS LE KURDISTAN

    Amnesty International, dans un message publié le 1e août, exprimait sa préoccupation à propos des violations des droits de l'homme dont sont victimes les villageois dans le Sud-est de la Turquie.
    AI rapporte que les forces de sécurité turques mènent d'intenses opérations dans les villages ayant refusé de participer au système des gardiens de village recrutés par le gouvernement.
    "Au cours des dernières semaines, après des perquisitions destructives, des douzaines de villages ont été brûlés et leurs habitants ont été obligés de partir. A Cayirdere, près d'Ergani, province de Diyarbakir, des villageois auraient subi les mauvais traitements de la gendarmerie et auraient même reçu des haches pour détruire eux-mêmes leurs maisons", précise AI.
    "Les villageois arrêtés par la police courent un grave risque de torture ou pire encore. Par exemple, Siddik Öncü était arrêté le 21 juin par la gendarmerie dans le village Kerkatik de Cinar, Diyarbakir. Son corps fut retrouvé le 8 juillet par sa famille à la morgue de la ville.
    "Les détenus, aussi bien les hommes que les femmes, se sont plaints  de diverses formes de sévices sexuels et de viols. On rapporte des exécutions extrajudiciaires et des disparitions de villageois kurdes perpétrées par les forces de sécurité turques".
    Amnesty International reproche également au PKK l'assassinat arbitraire et délibéré de prisonniers. "Ces meurtres de gardiens de village semblent avoir pour but de décourager les villageois de participer à ces corps de gardiens".
    Un précédent rapport d'Amnesty International, daté du 8 juin, accusait le gouvernement américain d'apporter une aide militaire systématique à la Turquie, ainsi qu'à une série d'autres pays qui ne respectent guère les droits de l'homme.
    "Le gouvernement des Etats-Unis se préoccupe davantage de ses relations avec les gouvernements de ces pays que des personnes qui subissent de si grossiers abus", affirmait le rapport. Parmi les pays qui violent ces droits le rapport citait des amis légitimes des Etats-Unis comme la Turquie, Israël, le Guatemala et les Philippines.
    Dans le cas de la Turquie, le rapport dressait le bilan suivant:
    "En Turquie la torture est répandue et systématique, surtout pendant les premiers jours de détention. La torture et les mauvais traitements sont encore une routine dans le cas des prisonniers politiques et criminels. Plusieurs méthodes sont utilisées: on frappe la plante des pieds, on inflige des chocs électriques, on applique des jets d'eau froide ou on déshabille le prisonnier avec les yeux bandés. Cette année, la Turquie recevra 3,1 millions de $ destinés à la formation militaire".

L'APPEL D'HELSINKI CITIZENS ASSEMBLY

    La branche turque d'Helsinki Citizens Assembly publiait le 16 juillet un communiqué faisant appel à tous les citoyens pour qu'ils fassent pression sur les médias et les leaders politiques et religieux afin que la population turque n'en arrive pas à vivre, comme en Bosnie, par exemple, dans des villes divisées en zones vertes et sous la protection d'une force de paix.
    Le communiqué demande également de mettre fin à la dialectique de "l'ennemi externe" et des provocations extérieures", et précise: "Aucun étranger ne peut mettre le feu à un hôtel au milieu de l'Anatolie et aucune force externe ne peut provoquer les dégâts causés dans le sud-est de l'Anatolie. Ce sont les gens de ce pays qui s'entre-tuent.
    "Nous devons donc être prudents. Depuis des milliers d'années, des peuples vivent dans ce pays. Des centaines de cultures y ont fleuri. Nous portons tous leur empreinte. Personne ne peut effacer cet héritage. Il est impossible d'exterminer tous ceux qui sont différents de nous. La seule voie est de concéder aux autres les mêmes droits que nous nous reconnaissons à nous mêmes.
    "Nous devons nous opposer à toutes sortes de comportements injustes, à commencer par ceux provenant de notre propre groupe ethnique ou notre communauté religieuse. Avant d'être turcs, kurdes, musulmans, chrétiens, juifs, sunnis ou alévis, nous sommes tous humains. Nous avons un esprit indépendant et une conscience libre. Ceux-ci suffisent pour juger de ce qui est bien ou mal. Nous devons les faire passer avant toutes les autres considérations".
    La déclaration de l'assemblée reçut le soutien d'organisations comme la Confédération des Syndicats Progressistes (DISK) et l'Association pour la Protection des Droits Religieux (Mazlum-Der) ainsi que de bon nombre de maisons d'édition.

LE POGROM DE SIVAS ANNONCE UNE GUERRE DES SECTES EN TURQUIE

    L'alarmante monté du fondamentalisme islamique en Turquie, encouragé par la campagne ultra-nationaliste et conservatrice de Ciller, fut marquée le 2 juillet par un incendie criminel dans un hôtel provoquant la mort de 37 personnes et causant des blessures à 60 autres dans la ville de Sivas, située au centre de l'Anatolie. Toutes les victimes étaient des invités, y compris les auteurs et poètes qui assistaient à un festival culturel pour commémorer la mémoire du leader alévi, Pir Sultan Abdal, exécuté au 16e siècle par les leaders ottomans.
    Les émeutes de Sivas constituent l'incident violent le plus grave de la Turquie laïque, mais peuplée principalement par des musulmans, depuis 1978, lorsque sont mortes 117 personnes au cours d'une émeute sunni à Kahramanmaras.
    Comme il a été expliqué dans les précédents numéros d'Info-Türk, les groupes radicaux de la majorité sunni en Turquie s'étaient préparés pour une guerre sainte contre la minorité alévi et les principales personnalités laïques.
    Il convient de signaler que les incidents se sont produits dans une ville où la municipalité appartient au fondamentaliste Parti du Bien-être (RP). Les fondations établies et soutenues par le maire de Sivas, et membre du RP, sont les centres principaux des activités anti-laïques. La Chambre de Commerce provinciale fait savoir que la municipalité n'accorde pas l'autorisation d'agir ou crée des difficultés à ceux qui ne font pas des dons à ces communautés.
    A Sivas réside également une importante communauté alévi. Lorsque celle-ci a commencé à organiser une série de fêtes à la mémoire de Pir Sultan Abdal, les représentants du RP ont tenté de provoquer une confrontation avec les sunnis. Des dépliants signés par les "Musulmans" et les "Musulmans de Turquie" lançant un appel à la "guerre sainte" ont été distribués avant le début des festivités.
    Les autorités de l'Etat, malgré les avertissements de la population locale, n'ont prit aucune mesure et ont permis aux groupes fondamentalistes de commettre une des atrocités les plus honteuses de l'histoire de la République.
    La présence de l'écrivain Aziz Nesin à Sivas servit de prétexte pour inciter les gens à l'émeute. Il était déjà la cible des fondamentalistes pour avoir publié des passages du polémique livre de Salman Rushdie, Les Versets Sataniques dans le quotidien Aydinlik, dont il est rédacteur en chef. Les bureaux d'Aydinlik à Istanbul, Izmir et Diyarbakir avaient été attaqués et détruits par les manifestants fondamentalistes en mai et juin, après la publication des extraits.
    Un jour avant les émeutes, les journaux locaux avaient attaqué Nesin pour les remarques qu'il avait faites au cours d'un discours prononcé pendant le festival où il critiquait l'Islam et se déclarait non croyant. Selon les observateurs, sans le prétexte Nesin il se serait produit un autre incident, faisant sortir une fois de plus les fondamentalistes de Sivas dans la rue et les dirigeant contre les alévis.
    Provoqué encore pendant les prières de vendredi, un groupe initial de quelque 500-600 personnes a entrepris une marche dans les rues de la ville chantant des slogans contre Nesin et le gouverneur, Ahmet Karabilgin, qui fit ériger récemment un monument en l'honneur de Pir Sultan Abdal devant le centre culturel de la ville. Progressivement, les manifestants ont pris de la force et se sont dirigés vers l'Hôtel Madimak où logeaient Nesin et les autres invités du festival Pir Sultan Abdal.
    Ils ont tout d'abord attaqué l'hôtel avec des pierres et des bâtons. Des hommes ont essayé de grimper jusqu'aux balcons du premier étage. Des milliers de personnes scandaient des slogans en faveur de l'Islam. En état de siège, Aziz Nesin et d'autres intellectuels qui se trouvaient dans l'hôtel ont appelé plusieurs fois le leader du SHP et le vice-Premier Ministre Erdal Inönü, leur demandant d'ordonner aux forces de sécurité de faire cesser l'attaque, mais aucune aide n'arriva. Personne n'arrêta les et les forces de sécurité n'ont pas été dirigées d'une manière coordonnée et active. Par la suite on comprit qu'une telle attitude de la part des autorités était due aux instructions et suggestions provenant d'Ankara, et plus particulièrement du Président de la République.
    Finalement, le soir, un groupe de manifestants mit le feu à l'hôtel. "C'est le feu de l'enfer", criaient les manifestants.
    Bien qu'Aziz Nesin fut sauvé au dernier moment et put quitter Sivas escorté par la police, d'autres hôtes, y compris des auteurs distingués comme Asim Bezirci, Muhlis Akarsu et Nesimi Cimen sont morts dans l'incendie. La plupart des victimes étaient membres d'un groupe Semah (danse traditionnelle alévi), qui se trouvait sur les lieux pour assister au festival Pir Sultan Abdal.
    Pendant ce temps, les manifestants s'attaquaient au monument de Pir Sultan Abdal qui venait d'être érigé, le précipitaient à terre pour l'y détruire.
    Les autorités de l'Etat, qui n'ont pris aucune mesure pour éviter le massacre, au lieu d'en poursuivre les instigateurs, tentèrent d'accuser Aziz Nesin d'avoir incité les gens à l'émeute par ses déclarations contre l'Islam.
    Le Premier Ministre Ciller a même choqué tout le monde au Parlement lorsqu'elle minimisa l'incident et affirma que l'hôtel avait été brûlé par son propriétaire. Aussi bien elle que les ministres du DYP formant partie de son gouvernement n'ont à aucun moment prononcé un seul mot exprimant du regret pour les incidents. Ils ont même refusé d'assister aux funérailles des victimes.
    En fait, Ciller elle-même est une des grandes responsables de la récente éruption de violence fondamentaliste. Dans ses provocants discours, lors de la convention d'urgence du Parti de la Juste Voie (DYP) où elle fut nommée présidente, elle exprimait fréquemment le désir "d'entendre l'appel islamique à la prière (ezan) dans chaque quartier turc" et faisait constamment allusion à Allah, l'Islam et le drapeau turc.
    La colère de la communauté alévi est si profonde que lors des funérailles célébrées à Ankara le 6 juillet, le leader du SHP et vice-Premier Ministre Inönü a été hué par quelque 20.000 personnes, et sa tentative de s'adresser à la foule s'est vue interrompue par de vives protestations. Lors des élections de 1991, les Alévis avaient soutenu le SHP, et dans le gouvernement de coalition DYP-SHP plusieurs personnalités alévis étaient devenues ministres.
    Les leaders alévis ont déclaré: "Le gouvernement est responsable de l'incendie criminel et la violence réactionnaire pro-Shariah. Le SHP se montre insensible aux agressions fondamentalistes et ce dans l'intérêt de leurs sièges ministériels. Le gouvernement n'a exprimé officiellement aucun regret, ou excuse, pour le sanglant incident. L'Etat, la police, les soldats, le gouvernement et le parti [SHP], portent tous une part de responsabilité. Les ministres du SHP devraient démissionner immédiatement".
    Ne prêtant pas attention à la colère croissante, l'Etat poursuit sa discrimination envers Alévis et accentue son soutien à la majorité sunni.
    Le quotidien Aydinlik rapportait les 14 et 15 août que des villageois sunnis recevaient des armés et étaient entraînes au le troisième quartier général de l'armée, dans la province d'Erzincan pour, semble-t-il, être utilisés contre les Alévis locaux. Les Sunnis armés ont commencé à surveiller les routes principales pendant la nuit. Les villageois bloquent ces routes et demandent les papiers d'identité aux conducteurs et aux passagers de tous les véhicules. Après un raid de la guérilla kurde à Uluköy, Erzincan, les lignes téléphoniques d'au moins cinq villages alévis de la zone ont été coupées.
    L'échec du gouvernement dans la prévention des attaques sunnis contre les Alévis a soulevé une grande colère dans la communauté. Maintenant, réagissant contre l'horreur de Sivas, les 20 millions d'Alévis turcs, qui jusqu'à présent se situaient au centre-gauche, pourraient adopter une position plus radicale et faire opposition aux côtés des Kurdes.

DEMANDE D'UNE PEINE PLUS LOURDE POUR PERINCEK

    Le 5 juillet, la Cour de Cassation demandait à la Cour de la Sûreté de l'Etat de juger à nouveau le président du Parti des Travailleurs (IP) Dogu Perincek et de lui infliger une peine plus lourde.
    Perincek avait été condamné par la CSE d'Ankara à deux ans de prison et à payer une amende de 50 millions de LT (5.000 $) pour une série de déclarations sur la Question Kurde faites pendant la campagne électorale de 1991 en tant que président du Parti Socialiste (SP), parti fermé depuis lors par le Tribunal Constitutionnel.
    Considérant la peine insuffisante, le procureur de la CSE a fait appel à la Cour de Cassation et lui a demandé de multiplier la peine par 13.
    Comme la demande a été approuvée, Perincek sera jugé à nouveau dans les jours à venir par la CSE d'Ankara.

DES MEMBRES DU TKEP RISQUENT LA PEINE CAPITALE

    Le 11 août, le procureur de la Cour de la Sûreté de l'Etat demandait la peine de mort pour six membres du Parti Travailliste Communiste de Turquie (TKEP), parti clandestin. Parmi les accusés se trouve le Secrétaire Général Teslim Töre. Ils avaient été capturés par les forces de sécurité le 5 mai à Istanbul.
    En vertu de l'Article 146 du Code Pénal, ils sont accusés d'avoir tenté de modifier le système constitutionnel et d'avoir empêché le Parlement d'exercer ses fonctions par l'usage de la force.


UN PAIR BRITANNIQUE ARRETE EN TURQUIE

    Lord Ennals, membre de l'exécutif du Conseil Britannique pour les Réfugiés, a été arrêté la nuit du 19 juillet par la police turque à Istanbul alors qu'il venait de rendre visite aux Kurdes dans le nord de l'Irak.
    Lord Ennals, de 70 ans, qui avait passé une semaine dans le nord de l'Irak dans une mission d'enquête a été arrête en compagnie d'autres membres de son équipe alors qu'ils tentaient de réserver des chambres dans un hôtel. Selon lui, une de ses assistantes de recherche, d'origine kurde, portait un T-shirt avec le slogan "Le Kurdistan aux Kurdes", ce qui aurait rendu nerveux le personnel de l'hôtel.
    Lord Ennals, un ancien membre du Parlement pour le Parti Travailliste et ministre des affaires extérieures, fut relâché après que des diplomates britanniques aient intercédé en sa faveur.

TERRORISME D'ETAT EN JUIN-JUILLET

    Le 2.6, l'employé municipal Mahmut Bicak (33) et son fils de deux ans, Ibrahim Halil Bicak, sont assassinés par des tireurs non identifiés. Le même jour, à Silvan, le paysan Ali Sükut est retrouvé assassiné. Il aurait été torturé et son corps aurait été brûlé.
    Le 4.6, à Istanbul, Metin Yüksel, de 19 ans, déclare avoir été torturé par la police. Il avait été arrêté le 1er juin.
    Le 5.6, au cours d'une descente dans une maison à Ankara, la police abat le militant présumé du Dev-Sol Murat Gül de 22 ans.
    Le 5.6, le président local de l'ANAP à Varto, Kerim Geldi (46), est enlevé par des inconnus se faisant passer pour des policiers et est retrouvé assassiné.
    Le 7.6, à Silvan, le membre du HEP Eyüp Adiyaman et son ami Muhterem Demir sont assassinés par des inconnus.
    Le 9.6, l'ancien maire de Gercüs, Nuri Kaya, est abattu par des personnes non identifiées. Les deux fils de Kaya auraient rejoint les rangs du PKK. Le même jour, à Kurtalan, un l'enseignante, Riza Pekgöz, est assassinée par des inconnus.
    Le 10.6, le Procureur de la CSE d'Ankara introduit une action en justice contre le président du HEP, Ahmet Türk, et le Député de Diyarbakir, Leyla Zana, pour les déclarations faites au cours de son voyage aux Etats-Unis en mai dernier.
    Le 10.6, à Erzincan, sept étudiants universitaires sont arrêtés au cours d'une descente de police dans leurs domiciles. A Malatya, dix personnes sont arrêtées par la CSE pour avoir participé aux activités du PKK.
    Le 11.6, au village de Bucuktepe, province de Diyarbakir, deux enseignants, Nuriye Ak (25) et Elif Livan (31), sont assassinés par des personnes inconnues qui s'étaient introduites dans leur maison.
    Le 12.6, à Lice, une équipe de police fait une descente dans le village de Mala Mihe Biro et bat jusqu'à la mort le paysan kurde de 75 ans Ahmet Aydemir.
    Le 12.6, à Yüksekova, Enver Oktay, arrêté le 9 juin, déclare après sa libération avoir subi des tortures au poste de police ainsi qu'une fracture au bras.
    Le 13.6, à Istanbul, la police arrête 30 personnes après trois jours d'opérations de sécurité dans différents quartiers.
    Le 15.6, les parents de Vakkas Dost (30), mort le 29 mai au poste de police de Kumkapi, à Istanbul, accusent trois policiers de l'avoir torturé jusqu'à la mort et demandent une enquête légale.
    Le 15.6, le secrétaire local de l'IHD, Rifat Karakus, est arrêté à Cankiri alors qu'il se rendait chez lui.
    Le 16.6, une équipe de police spéciale et des protecteurs de village font une descente dans une maison du village d'Oruclar, à Pazarcik, et abattent Mustafa Dogan, de 55 ans, dans son lit.
    Le 16.6, à Istanbul, 30 personnes sont arrêtées par la police pour avoir pris part à des cérémonies de commémoration pour les victimes d'une grève de la faim qui eut lieu en 1984 à la Prison Metris d'Istanbul. Le même jour, la police arrête deux militants présumés du Dev-Sol à Izmir.
    Le 16.6, à Kurtalan, la police arrête neuf commerçants pour avoir fermé leurs magasins en signe de protestation contre les exécutions extra-judiciaires.
    Le 16.6, deux commerçants, Haci Bahattin Erdem (37) à Cizre et Aydin Talip (35) à Siverek, sont assassinés par des tireurs inconnus.
    Le 16.6, quatre jeunes sont arrêtés à Ankara.
    Le 17.6, le Procureur de la CSE d'Ankara introduit un action en justice contre cinq personnalités publiques pour les déclarations faites en décembre, pendant la Semaine des Droits de l'Homme, à Ankara. Le président de l'IHD, Akin Birdal, l'ancien président de l'IHD, Alparslan Berktay, l'ancien député Hüsnü Okcuoglu, l'avocat Ali Yildirim et l'auteur Yalcin Kücük, sont accusés de fomenter l'agitation séparatiste.
    Le 17.6, le président d'Izmir de l'Association des Juristes Contemporains (CHD), Mehmet Yatar, est insulté et menacé au poste de police d'Izmir après s'y être rendu pour visiter un de ses clients maintenu en détention.
    Le 17.6, à Bismil, 17 commerçants sont arrêtés pour avoir fermé leurs magasins en signe de protestation contre les exécutions extra-judiciaires.
    Le 18.6, à Cinar (Diyarbakir), Veysi Kaymaz, un paysan kurde de 30 ans arrêté le 11 juin, est retrouvé assassiné.
    Le 18.6, les forces de sécurité arrêtent sept personnes à Ahlat (Bitlis).
    Le 19.6, la section de Mersin de l'IHD est fermée par le gouverneur pour avoir soutenu les travailleurs dans une action de protestation.
    Le 19.6, trente membres présumés du Dev-Sol sont inculpés par le procureur de la CSE d'Istanbul. Cinq des accusés risquent la peine capitale en vertu de l'Article 146/1 du Code Pénal Turc.
    Le 19.6, à Bingöl, des équipes de police abattent Süleyman Bingöl (25) et Firat Turgut (22) au cours d'une dispute.
    Le 20.6, Üzeyir Elcicek affirme avoir été torturé au Poste de Police de Beyoglu, à Istanbul, suite à son arrestation le 6 juin dernier.
    Le 21.6, des tireurs inconnus assassinent l'enseignant Ikrami Han, le fonctionnaire public Hamit Pamuk à Diyarbakir et le pharmacien Fadil Bulut à Cizre.
    Le 21.6, à Bursa, la police arrête trente personnes dont la plupart sont des membres du Parti de la Démocratie (DEP).
    Le 22.6, les forces de sécurité annoncent la détention de 18 militants présumés du PKK à Istanbul et de neuf militants de l'Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie (TIKKO) à Adana et Nigde.
    Le 22.6, à Kiziltepe, des tireurs non identifiés abattent une femme de 60 ans, Zeyno Yücesoy, et blessent son fils Ismet Yücesoy.
    Le 23.6, à Suruc, la maison d'un membre du SHP, Mehmet Yalcin, fait l'objet d'un attentat à la bombe perpétré par des inconnus. La mère de Yalcin, Cemile Yalcin (50), et sa fille, Devran Yalcin (10), ont été tuées dans l'explosion.
    Le 24.6, à Istanbul, la Maison du Peuple de Pendik est fermée par le gouverneur pour activités incompatibles avec ses objectifs.
    Le 25.6, à Kozluk, Siddik Katan affirme avoir été torturé pendant 14 jours suite à son arrestation le 1er juin. Toujours en détention à l'heure actuelle, Katan souffre une fracture.
    Le 27.6, à Alapli (Zonguldak), Mehmet Alapli et retrouvé assassiné au poste de police après son arrestation.
    Le 28.6, à Incirlik (Adana), neuf jeunes accusés de vol affirment avoir été torturés dans un poste de gendarmerie pendant une semaine. Les traces de torture ont été certifiées par un rapport médical.
    Le 28.6, à Ankara, 20 travailleurs de l'Imprimerie de la Banque Nationale sont torturés suite à leur arrestation en relation avec un vol.
    Le 28.6, à Kiziltepe, les forces de sécurité arrêtent huit personnes pour activités séparatistes.
    Le 29.6, à Ankara, le police arrête 12 membres présumés du Mouvement TKP-ML.
    Le 29.6, la CSE d'Izmir condamne une personne à la prison à vie et huit autres à différentes peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois pour avoir participé aux activités du PKK.
    Le 29.6, à Sereflikochisar, la police fait une descente dans différentes maisons et arrête onze personnes d'origine kurde.
    Le 1.7, à Urfa, Salih Kurt aurait été torturé au poste de police après avoir été arrêté le 26 juin. Un autre détenu récemment mis en liberté affirme que Kurt a été torturé à cinq reprises le soir de son arrestation.
    Le 2.7, des tireurs non identifiés assassinent Ibrahim Altunsoy de 61 ans à Adana, et Fethi Korkut à Diyarbakir.
    Le 2.7, à Ankara, le commerçant Riza Ürün est retrouvé mort au poste de police où il avait été conduit dans le cadre d'un enquête. Sa famille accuse la police de l'avoir torturé.
    Le 2.7, le 1er Congrès International de Solidarité envers les Homosexuels à Istanbul est interdit par le gouverneur sous prétexte qu'il est incompatible avec les valeurs morales de la société et peut nuire à l'ordre public.
    Le 3.3, suite à l'interdiction du Congrès de Solidarité envers les Homosexuels, 27 délégués de différents pays tentent de convoquer une conférence de presse au sein de l'Association des Droits de l'Homme, mais l'accès au local de l'association leur est interdit par la police.
    Le 3.7, à Güclükonak (Sirnak), les forces de sécurité font une descente dans le village d'Ozbasoglu et tuent cinq des six paysans kurdes arrêtés.
    Le 6.7, à Istanbul, quelque 500 personnes participant à une manifestation de protestation contre le massacre de Sivas est attaquée et dispersée de force par la police. 50 personnes ont été arrêtées.
    Le 7.7, à Tunceli, quelque 4.000 personnes protestant contre le massacre de Sivas sont dispersées de force par la police et une cinquantaine de personnes sont blessées après que des équipes spéciales de police aient tiré sur la foule.
    Le 7.7, l'ancien président du HEP d'Aydin, Lezgin Culduz, et deux autres représentants du parti, Hamdullah Kuran et Ethem Kiskir, accusés d'appartenir au PKK, sont condamnés par la CSE d'Izmir à 12 ans et 6 mois de prison.
    Le 8.7, à Izmir, les forces de sécurité font une descente dans une maison et tuent un homme et une femme.
    Le 10.7, à Mersin, quelque 500 personnes protestant contre le massacre de Sivas sont dispersées de force, sept d'entre elles sont blessées et 30 autres arrêtées.
    Le 11.7, la famille d'un imam de 40 ans (prêtre musulman), Siddik Öncü, accuse les militaires de l'avoir tué pendant sa détention suite à un raid mené le 21 juin dans le village de Kerkatik.
    Le 11.7, à Derik, les forces de sécurité arrêtent plus de 40 personnes au cours d'une série d'opérations anti-PKK. Parmi elles se trouvent des représentants de l'IHD, Mehmet Günes et Seyhmuz Yükler.
    Le 12.7, à Ezine (Canakkale), une dispute dans un hôtel donne lieu à une manifestation anti-kurde. La foule qui entoure l'hôtel commence à chanter des slogans contre les Kurdes et s'en prend aux personnes d'origine kurde avec des bâtons et des pierres.
    Le 13.7, à Istanbul, l'Association de Marmara pour les Libertés et les Droits (Özgür-Der) est fermée par le gouverneur pour activités incompatibles avec ses objectifs.
    Le 13.7, une équipe de gendarmerie met le feu à un certain nombre de maisons et tue de nombreux animaux domestiques au village de Kumur, à Mardin. Ils ont également torturé bon nombre de villageois pour avoir refusé de rejoindre les protecteurs de village.
    Le 14.7, les forces de sécurité arrêtent un total de 25 personnes au cours de leurs opérations à Istanbul, Konya et Maras pour leurs activités islamistes radicales.
    Le 15.7, le IHD annonce que plus de 500 villages et hameaux dans la région soumise à l'état d'urgence ont été dépeuplés par les forces de sécurité au cours des deux dernières années sous prétexte que la population kurde de ces villages soutenait le PKK.
    Le 16.7, à Derik, une jeune femme, Sükran Aydin, affirme avoir été torturée et violée dans un poste de police après son arrestation le 16 juin. Les traces de torture et de viol on été certifiées par un rapport médical.
    Le 16.7, sept avocats, Hasan Ürel, Ayse Ülkü Oguzer, Bahri Belen, Salih Gökhan Duran, Resat Kadayifcilar, Ergin Cimen et Ülkü Söylemezoglu, sont condamnés par une cour pénale d'Ankara à cinq ans de prison chacun pour avoir insulté le procureur de la CSE d'Ankara, Nusret Demiral, au cours d'un procès.
    Le 17.7, à Mersin, le président local du DEP, Zeynettin Alp, affirme avoir été torturé suite à son arrestation par la police le 2 juillet.
    Le 17.7, à Istanbul, cinq personnes sont arrêtées par la police.
    Le 18.7, à Kirikkale, est arrêté le président local de l'Association pour les Droits et les Libertés (Özgür-Der), Aysel Bölücek.
    Le 18.7, les défendeurs du PKK à la Prison du Type E d'Adiyaman commencent une grève de la faim contre les mauvais traitements et les pratiques illégales. Ils prétendent que l'administration de la prison les a obligés à devenir des informateurs. La grève de la faim de 180 détenus politiques à la Prison du Type E d'Elazig arrive à son 25 jour.
    Le 19.7, à Mersin, une équipe de police fait une descente dans une maison et abat trois membres présumés du PKK.
    Le 19.7, les forces de sécurité avaient arrêté 20 personnes au cours d'opérations récentes à Hani (Diyarbakir). Parmi les détenus figurent le président local du DEP Fikri Ekin ainsi que le président local de l'ANAP, Saban Bari.
    Le 20.7, à Istanbul, la police annonce l'arrestation de sept militants présumés du Parti de la Révolution de Turquie (TDP).
    Le 20.7, à Cizre, les forces de sécurité arrêtent quelque 50 personnes au cours d'une opération de représailles.
    Le 20.7, au cours de la dernière semaine, les forces de sécurité avaient dépeuplé cinq villages dans le district de Mazidag (Mardin). Le IHD affirme que les habitants ont été forcés de quitter les villages pour avoir refusé de se joindre aux protecteurs de village.
    Le 21.7, cinq défendeurs jugés à la CSE d'Izmir sont harcelés et battus par les gendarmes après avoir exposé une pancarte de protestation dans la salle d'audience.
    Le 21.7, à Istanbul, Hakan Sarac est condamné par la CSE à 12 ans et 6 mois de prison pour avoir pris part aux activités du TDKP (Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie).
    Le 21.7, à Dargecit, le chef du village de Degerli, Hüseyin Ergen, est abattu par des protecteurs de village.
    Le 22.7, la CSE de Kayseri condamne sept personnes à la peine capitale pour avoir participé aux activités du PKK.
    Le 22.7, à Mersin, les forces de sécurité arrêtent 50 personnes. Parmi elles figurent des enfants de 14 et 15 ans. A Trabzon, sont arrêtés neuf militants présumés du Dev-Sol.
    Le 22.7, la CSE d'Izmir condamne quatre jeunes à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 8 mois pour avoir participé aux activités du Dev-Sol. A Tokat, un étudiant d'une école supérieure, Kazim Dogan, est condamné à un an de prison pour avoir affiché des posters politiques sur les murs.
    Le 23.7, à Ankara, Osman Tiftikci affirme avoir été torturé après sa détention. Les traces de torture ont été certifiées par un rapport médical.
    Le 23.7, les festivals culturels organisés par les communautés Alévis à Sarkisla, Silivri et Sorgun sont interdites par les autorités locales.
    Le 23.7, l'ancien président de Mersin du DEP, Sedat Kalaba, est arrêté par la police.
    Le 23.7, à Ergani, les forces de sécurité font un descente dans le village de Gisgi et arrêtent 21 personnes.
    Le 24.7, à Istanbul, Sadik Celik affirme avoir été torturé par la police suite à son arrestation le 20 juillet.
    Le 24.7, la Section de Mersin de l'IHD ainsi que deux restaurants et une discothèque sont fermés par le gouverneur sous prétexte qu'ils ont abrité des militants du PKK.
    Le 24.7, à Izmir, une équipe de police fait une descente dans un marché et arrête deux vendeurs sous prétexte qu'ils portent les trois couleurs du drapeau kurde: jaune, vert et rouge.
    Le 24.7, à Derik, Sehmuz Coban et Hüseyin Kaya sont retrouvés assassinés.
    Le 25.7, un médecin de l'Hôpital de l'Etat de Mersin, Sabri Soyal (35), est arrêté et accusé d'avoir donné des soins médicaux aux militants du PKK.
    Le 25.7, à Diyarbakir, le chauffeur Sedat Celik, le commerçant Abdullah Sapan et le paysan Behcet Acisi sont assassinés par des personnes inconnues.
    Le 25.7, à Izmir, le docteur Alp Ayan et deux autres personnes sont arrêtés au cours d'un pique-nique.
    Le 26.7, à Dogankent (Adana), Ümmühan Tekin, de 14 ans, est abattu par des gendarmes pour avoir refusé de s'arrêter.
    Le 26.7, les forces de sécurité arrêtent 20 personnes à Viransehir pour avoir aidé le PKK et sept autres à Ankara pour avoir pris part aux activités du Dev-Sol.
    Le 26.7, à Yüksekova, le président local du DEP, Serif Han, et le chef du village, Sahabettin Timur, son arrêtés par la police.
    Le 28.7, des tireurs inconnus assassinent Mehmet Hafifar à Batman, Remziye Akin à Batman et Kerim Anil à Kurtalan.
    Le 28.7, les gendarmes dépeuplent quatre villages à Siirt et mettent le feu à toutes les maisons évacuées. Pendant l'opération, deux villageois sont blessés et une femme enceinte perd son enfant.
    Le 28.7, à Izmir, une manifestation de fonctionnaires publics exigeant des droits syndicaux est empêchée par la police, celle-ci arrête une quarantaine de personnes.
    Le 29.7, à Edirne, un policier abat le jeune Zafer Kütük.
    Le 29.7, à Nusaybin, le paysan Ahmet Yildrim est assassiné par des tireurs inconnus.
    Le 30.7, la section de Van du Syndicat des Employés de l'Enseignement (Egitim-Is) est fermée par le gouverneur.
    Le 31.7, des tireurs inconnus assassinent le membre du DEP Mehmet Yasar à Batman et le commerçant Cemalettin Burkay à Diyarbakir.

LE QUOTIDIEN ÖZGÜR GÜNDEM DEVIENT LA CIBLE D'UNE "GUERRE PSYCHOLOGIQUE"

    Le nouveau gouvernement, fidèle aux conseils des militaires, a lancé, parallèlement aux opérations militaires, une importante campagne de répression contre l'opposition radicale sous la forme d'une "guerre psychologique".
    Le 11 juillet, le Premier Ministre Ciller recevait en exclusivité un briefing des militaires sur la Question Kurde et prenait la décision d'intensifier les opérations militaires contre le PKK et de se concentrer sur la guerre de propagande.
    Par la suite, les propriétaires et directeurs des principaux journaux, à l'exception d'Aydinlik et Özgür Gündem sont invités au bureau du chef d'Etat-Major où on leur demande de soutenir inconditionnellement les militaires et les forces de sécurité.
    Le soir, Ciller donnait un souper en l'honneur de ce groupe sélect dans le cadre de son plan pour arriver à "un consensus national contre le terrorisme" et donnait liberté d'action aux militaires.
    Depuis lors, tous les journaux turcs, à l'exception d'Aydinlik et Özgür Gündem, passent totalement sous silence le terrorisme d'Etat et les succès des guérillas tandis que les premières pages son pleines de titres louant l'héroïsme des militaires et de rapports infondés insultant le mouvement national kurde.
    Autre conséquence de la campagne: la répression contre les médias de gauche et l'opposition kurde a pris des proportions jamais atteintes.
    Le 14 juillet, une cour criminelle d'Istanbul ordonnait à Özgür Gündem de cesser ses publications sous prétexte que d'importants bureaux n'avaient pas été avertis du changement d'adresse de l'éditeur du journal depuis la déclaration initiale. Selon le journal, même si tel était le cas, la sanction ne serait pas une interruption des publications. En vertu de l'Article 23 du Code de la Presse, ceux qui omettent de signaler les changements dans leur déclaration dans un laps de temps stipulé par la loi se verront infliger une amende allant de 3.000 à 15.000 LT (entre 0,30 et 1,50 $).
    Le lendemain, le 15 juillet, le rédacteur en chef du journal, Davud Karadag, était arrêté à Istanbul par la Cour de la Sûreté de l'Etat de cette ville et était accusé de faire de la propagande séparatiste dans 30 articles publiés au cours des derniers jours. D'autre part, la procureur de la CSE introduisait une nouvelle action en justice contre Özgür Gündem demandant la fermeture du journal pendant 30 jours.
    Par ailleurs, Özgür Gündem annonçait que 41 de ses 68 publications avaient fait l'objet d'une confiscation. Au cours du procès contre ce journal, le procureur a demandé des peines de prison allant jusqu'à 493 ans et des amendes pour un total de 8.617.441.000.000 LT (861.744.100 $).
    Özgür Gündem avait débuté ses publications le 30 mai 1992, mais avait dû les interrompre quelques mois plus tard en raison des pressions croissantes. Après avoir recueilli des fonds pour renforcer sa rédaction, le journal reprenait ses publications le 26 avril 1993. Suite à la réapparition d'Özgür Gündem, l'hebdomadaire Yeni Ülke, qui avait utilisé la même politique, s'est joint à lui.
    Özgür Gündem passe pour être le premier quotidien en langue turque qui défend les opinions du mouvement national kurde en Turquie. Le propriétaire du journal, l'homme d'affaires Yasar Kaya, est un intellectuel kurde distingué. Il a été récemment élu président du nouveau Parti de la Démocratie (DEP) et affirme que son but est d'unir les Turcs et les Kurdes de Turquie pour la défense des droits et libertés fondamentaux.
    Les journalistes d'Özgür Gündem sont principalement des intellectuels kurdes et turcs de gauche engagés dans la lutte contre l'idéologie officielle de l'Etat et travaillant pour élever la voix du mouvement national kurde.
    Presque quotidiennement, la une d'Özgür Gündem est consacrée à des raids contre des villages ou à des tortures dans la région du Sud-est. Il élabore également d'importants rapports sur les activités et la politique du PKK illustrés par des entretiens avec les principaux dirigeants du PKK.
    Soumis à une pression constante, beaucoup de journalistes, correspondants et distributeurs d'Özgür Gündem ont été tués, menacés, harcelés ou arrêtés pour leurs opinions.
    Pendant la première période de publication, cinq journalistes d'Özgür Gündem avaient été assassinés: Hafiz Akdemir (8 juin 1992), Yahya Orhan (31 juillet 1992), Hüseyin Deniz (10 août 1992) Musa Anter (20 septembre 1992) et Kemal Kilic (8 février 1992). Aucun de ces meurtres n'a été élucider.
    Après la reprise de ses publications, les assassinats de correspondants d'Özgür Gündem ont recommencé.
    Le 2 juin 1993, le correspondant à Batman, Tegmen Demir, était assassiné par des tireurs inconnus.
    Le 28 juillet, le correspondant à Bitlis, Ferhat Tepe, était enlevé par des personnes non identifiées. L'acte fut revendiqué par une organisation d'extrême-droite se faisant appeler Brigade de Vengeance Turco-Ottomane (TOIT). Le corps de Ferhat Tepe fut retrouvé le 9 août près de la ville de Sivrice, dans la province d'Elazig.
    Le 13 août, le journal rapportait qu'un autre correspondant, Aysel Malkoç avait disparu neuf jours avant à Istanbul. Ses collègues craignent que Malkoç n'ait été enlevé par les forces de sécurité et ne soit mort en ce moment.
    Outre ces meurtres, de nombreux journalistes d'Özgür Gündem ont été arrêtés pour leurs articles ou activités: Ahmet Hamdi Akkaya, le 26 mai, Mahmut Dogan et Abdullah Koc, le 3 juin, Yusuf Cacim et Bülent Ciftci, le 2 juillet, Tacettin Demir, le 13 juillet, Nezahat Özen, le 16 juillet et Mehmet Yazici, le 20 juillet. Nezahat Özen était détenue à Mardin et fut torturée bien qu'elle était enceinte de sept mois.
    Récemment a été lancée une campagne de soutien en faveur d'Özgür Gündem et a été formé un comité de solidarité. L'Association des Journalistes Contemporains (CGD), l'Association des Droits de l'Homme (IHD) et l'Association des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) ainsi qu'un certain nombre de députés et intellectuels qui formaient le comité ont déclaré qu'en Turquie, des "forces invisibles" tentaient d'écraser l'opinion et la pensée mais ont averti que les forces démocratiques du pays étaient déterminées à résister.
    D'autre part, le mensuel Newroz fait également l'objet d'une persécution permanente. De ses 24 éditions publiées jusqu'à aujourd'hui, 18 ont été confisquées pour propagande séparatiste et les procureurs ont introduit 24 actions en justice contre les nombreux rapports et articles publiés par la revue. Quatre de ces procès se sont soldés par cinq ans et quatre mois de prison et 594 millions de LT (60.000 $) d'amende. Dans les autres procès en cours, les journalistes de la revue risquent 100 ans de prison et 3,5 milliards de LT (350.000 $) d'amende.

NOUVELLES SENTENCES CONTRE ISMAIL BESIKCI

    Bien qu'il ne soit pas d'origine kurde, le sociologue Ismail Besikci a toujours été l'une des principales cibles de la lutte anti-kurde en raison de sa courageuse position sur la Question Kurde.
    Le 1er juillet, Besikci était condamné par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison pour son livre Le Programme de 1931 du CHF -La Question Kurde. Son éditrice, Mme Ayse Zarakolu, fut condamnée à cinq mois de prison et à payer une amende de 21.666.000 de LT (2.166) en vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur.
    Le lendemain, dans un autre procès concernant ses 15 autres livres, la CSE d'Ankara condamnait Besikci à quatre ans et huit mois de prison et à payer une amende de 58.473.000 LT (5.847 $). Le propriétaire de la Maison d'Edition Yurt, Ünsal Öztürk, qui publia ces livres, fut condamné à deux ans et quatre mois de prison.
    Récemment, la CSE d'Istanbul confisquait deux nouveaux livres de Besikci, La Voie que les Tribunaux ont ouverte, le 15 juillet, La Prise de Conscience et Une Nation qui se Découvre: Kurdes, le 22 juillet, pour propagande séparatiste.

DEUX MOIS DE PRESSIONS SUR LES MEDIAS

    Le 1.6, la CSE d'Istanbul confisque les dernières éditions des revues politiques Newroz, Devrimci Proletarya et Devrimci Emek en vertu de la Loi Anti-Terreur.
    Le 7.6, la dernière édition de l'hebdomadaire Azadi est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 8.6, la CSE d'Istanbul condamne le rédacteur responsable de l'hebdomadaire Gercek, Yücel Özdemir, à six mois de prison et à payer une amende de 150 millions de LT (15.000 $) pour avoir fait l'éloge d'une organisation illégale dans certains articles. Le propriétaire de la revue, Kamil Tekin Sürek a été condamné également à payer une amende de 300 millions de LT (30.000 $) pour les mêmes articles.
    Le 8.6, le rédacteur en chef de la revue politique Medya Günesi, Osman Aytar, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à payer une amende de 100 millions de LT (10.000 $) pour propagande séparatiste.
    Le 8.6, la première édition d'une nouvelle revue politique, Devrimci Cözüm, est confisquée par la CSE d'Istanbul pour avoir fait l'éloge d'une organisation illégale et des ses actions armés.
    Le 8.6, le professeur Ilhan Arsel est inculpé par le procureur pour son dernier livre, Intellectuel et "Intellectuel", dans lequel il est accusé d'insulter les Livres Saints et le Prophète Mohammed. Arsel et l'éditeur du livre, Hikmet Ersavas, risquent tous deux une peine de prison de deux ans.
    Le 9.6, le procureur public introduit une action en justice contre le caricaturiste Ertan Aydin pour les dessins publiés par le quotidien Özgür Gündem. Aydin et le rédacteur responsable du journal, Isik Yurtcu, risquent une peine de prison de pas moins de deux ans pour avoir insulté les forces de la Sûreté de l'Etat.
    Le 9.6, à Istanbul, un groupe de journalistes qui couvrait un acte de protestation des fonctionnaires publics est harcelé et arrêté par la police.
    Le 11.6, la sentence contre l'auteur Edip Polat, deux ans de prison et 50 millions de LT (5.000 $) d'amende, pour son livre Nous avons transformé l'aube en Newroz, est confirmée par la Cour de Cassation.
    Le 11.6, le soliste du groupe de musique folklorique Ekin, Murat Özdemir, est arrêté alors qu'il se rend à la CSE d'Ankara pour y récupérer les biens que la police lui avait confisqués en avril au cours d'une descente dans le Centre Culturel Ekin.
    Le 12.6, un autre membre du groupe musical Ekin, Metin Turan, est arrêté à Antalya.
    Le 12.6, un concert des chanteurs de folklore Deste Günaydin et Hamza Dogan, prévu à Malatya, est interdit au dernier moment par le gouverneur.
    Le 12.6, une équipe de police fait une descente dans le bureau de la revue Devrimci Cözüm et arrête Hatice Onaran et Yusuf Büyükdag.
    Le 13.6, le N° 57 de l'hebdomadaire Azadi, le N° 11 de l'hebdomadaire Gercek et le N° 12 du mensuel Partizan sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 13.6, à Ankara, la police arrête trois personnes pour avoir distribué une édition spéciale du mensuel Kurtulus.
    Le 14.6, à Diyarbakir, le vendeur de journaux, Hasim Yasa (34) est assassiné par des inconnus. Auparavant, il avait été menacé à plusieurs reprises. Son neveu, Esref Yasa avait été blessé au cours d'une attaque par des personnes non identifiées.
    Le 17.6, les étions N° 9 et 10 de l'hebdomadaire Panorama sont confisquées par la CSE d'Istanbul en raison de plusieurs articles consacrés au Dev-Sol et au PKK. Le N° 91 de la revue politique Emegin Bayragi était également confisqué pour propagande séparatiste.
    Le 18.6, le rédactrice responsable du quotidien Aydinlik, Mme Hale Soysü, est inculpée par le procureur de la CSE d'Istanbul pour avoir publié Les Versets Sataniques de Salman Rushdie. Elle risque une peine de prison de 30 mois pour avoir insulté l'Islam.
    Le 19.6, le représentant à Bursa de la revue politique Emegin Bayragi, Metin Arikan, et deux autres personnes sont arrêtées pour avoir organisé un acte de protestation.
    Le 20.6, le N° 58 de l'hebdomadaire Azadi était confisqué par la CSE d'Istanbul pour un article sur les exécutions extrajudiciaire.
    Le 21.6, le bureau d'Istanbul de la revue politique Mücadele subit une descente de police et 20 personnes sont arrêtées. Le même jour, un groupe armé attaque le bureau d'Istanbul du mensuel Devrimci Cözüm et blesse le rédacteur en chef Nurcan Güzel et quatre autres collaborateurs.
    Le 22.6, à Adana, un distributeur du quotidien Özgür Gündem, Ali Celikten est arrêté pour avoir incité les commerçants locaux à fermer leurs magasins pour protester contre les opérations des forces de sécurité.
    Le 25.6, la CSE de Malatya condamne cinq personnes à 20 mois de prison et 83 millions de LT (8.300 $) pour avoir chanté des chansons kurdes au cours d'une cérémonie de mariage à Gaziantep, le 9 octobre 1992.
    Le 27.6, des éditions récentes du quotidien Özgür Gündem et des hebdomadaires Gercek, Mücadele et Azadi sont confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 29.6, le N° 93 du bimensuel Emegin Bayragi et la dernière édition du mensuel Devrimci Emek sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
    Le 4.7, le N° 60 de l'hebdomadaire Azadi est confisqué par la CSE d'Istanbul pour une interview de la mère d'un militant du PKK tué par les forces de sécurité.
    Le 6.7, un correspondant du quotidien Sabah, Ihsan Uygun, et son chauffeur, Yüksel Alptekin, étaient portés disparus depuis deux jours. Ils devaient couvrir un incendie dans le quartier de Kartal. Leur voiture a été retrouvée détruite et calcinée dans une zone boisée.
    Le 7.7, la Cour de Cassation confirme la sentence infligée à l'écrivain Hacay Yilmaz. En vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur, il avait été condamné à 20 mois de prison et à payer une amende de 42 millions de LT (4.200 $) pour une déclaration qu'il avait faite à Söke en 1992.
    Le 10.7, à Mersin, le correspondant du Milliyet, Cumhur Soylar, et celui de Toros, Ahmet Özdemir, sont harcelés alors qu'ils sont en train de couvrir une manifestation de protestation contre le Massacre de Sivas.
    Le 10.7, le rédacteur en chef du mensuel Devrimci Emek, Erhan II, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour un article publié en juin.
    Le 10.7, à Istanbul, une équipe de police fait une descente dans la maison du journaliste Metin Ciyayi et arrête celui-ci.
    Le 12.7, le N° 20 du mensuel Direnis est confisqué par la CSE d'Istanbul pour avoir fait l'apologie d'organisations illégales.
    Le 13.7, les dernières éditions des revues politiques Emegin Bayragi, Newroz, Serketin et Newroz Atesi sont confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
    Le 14.7, une cour pénale interdit la publication des magazines Yeni Demokrat Genclik, 69 Erkek et Firtboy sous prétexte qu'ils n'ont pas communiqué les adresses de leurs responsables au bureau du Gouverneur d'Istanbul.
    Le 14.7, deux journalistes du mensuel Taraf, Abdülkadir Takis et Osman Hira, sont arrêtés par la police pour activités islamistes radicales.
    Le 16.7, un nouveau livre intitulé Le Chemin et les Devoirs de la Révolution Turque, publié par la Maison d'Edition Zagros, est confisqué par la CSE d'Istanbul. Le tribunal a également décidé de confisquer le N° 2 du mensuel Gencligin Sesi.
    Le 16.7, le rédacteur responsable de la revue politique Medya Günesi, Mahmut Metin, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour certains articles publiés dans l'édition N° 32.
    Le 18.7, le représentant de la revue politique Hedef, Fatih Danisan, est arrêté par la police.
    Le 19.7, le rédacteur responsable de la revue politique Newroz, est arrêté par la CSE d'Istanbul pour certains articles qu'il avait publiés.
    Le 19.7, le N° 54 de la revue politique Mücadele et le N° 13 de Iscinin Yolu sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie de certaines organisations illégales.
    Le 21.7, une journaliste enceinte de 7 mois, Nezahat Özen, est arrêtée pour avoir transmis au quotidien Özgür Gündem des informations concernant le viol d'une détenue de 17 ans par des policiers.
    Le 21.7, le N° 8 du bimensuel Özgür Gelecek est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une organisation illégale.
    Le 22.7, à Kayseri, le correspondant de la revue Özgür Gelecek est arrêté.
    Le 23.7, l'édition de juillet de la revue Yurtsever Egitimciler est confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contient une interview d'Ismail Besikci.
    Le 28.7, le N° 10 de la revue Yeni Demokrat et l'édition spéciale de la revue Hedef sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour avoir incité le public à la révolte.
    Le 29.7, des inconnus mettent le feu à l'imprimerie Aydinlar.
    Le 30.7, le N° 64 de l'hebdomadaire Azadi et le N° 34 du bimensuel Medya Günesi sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.