L'ESCALADE
° Assaut style Guernica contre Lice
° Nouvelles menaces
du tandem Ciller-Güres
° Etat d'urgence
prolongé de quatre mois
° Augmentation des
peines de prison et des amendes
° Création d'un
fonds anti-terreur
° Le gouvernement
demande l'exécution des peines de mort
° Insupportable
pression sur les médias
La guerre civile en Turquie a pris de nouvelles
proportions en octobre et novembre après une série d'attaques
sanglantes des militaires et l'adoption de nouvelles mesures par le
gouvernement d'une part et l'interdiction par le PKK de partis
politiques et de quotidiens dans le Kurdistan turc d'autre part. Grâce
à une nouvelle manoeuvre, le gouvernement turc à décidé d'étendre les
opérations de répression aux pays européens avec l'envoi d'escadrons de
la mort.
Au cours des trois derniers mois, 80 villages kurdes
ont été détruits et les survivants ont été forcés de fuir vers l'ouest.
Le nombre de villages kurdes détruits ou dépeuplés depuis 1984 s'élève
à 850.
L'offensive militaire la plus spectaculaire et
dramatique contre les villes et villages kurdes au cours des deux
derniers mois était sans aucun doute l'assaut style Guernica des forces
armées contre la municipalité de Lice le 22 octobre dernier. Après
l'assassinat par des inconnus du commandant de gendarmerie de
Diyarbakir, le Général Bahtiyar Aydin, dans une zone militaire, des
unités de l'armée ont lancé une opération de destruction contre cette
municipalité, utilisant de l'artillerie lourde et des lance-flammes.
Selon le Turkish Daily News du 2 novembre, "Lice n'a
pas fait l'objet d'une simple opération de sécurité mais a subi une
véritable correction. Cette ville, peuplée par 9.000 habitants et
reconstruite après un grave tremblement de terre, vient de subir une
nouvelle secousse. Durant des années, les gens de Lice ont été accusés
par les officiers de la sécurité de soutenir le terrorisme et
d'apporter une aide logistique au PKK. L'édition du 11 novembre du
journal Hürriyet citait les paroles d'un officier de police: `Justice a
été rendue. Maintenant Lice a payé pour ce qu'elle a fait'. Ceux qui
savent comment Sirnak a été détruite en août 1991, connaissent la
réalité de Lice."
L'édition du 25 octobre d'Özgür Gündem affirme que
380 personnes ont été tuées et des centaines d'autres ont été
hospitalisées après que les troupes gouvernementales ont utilisé des
armes chimiques. Le gouverneur a précisé qu'un total de 398 maisons et
242 magasins ont été endommagés durant les incidents.
Les destructions étaient si terribles que les forces
de sécurité ont même empêché la visite de la Premier ministre Ciller
dans la ville en ruines.
L'hypothèse avancée pour expliquer l'assassinat du
Général Aydin est celle d'un règlement de comptes internes ou pour
justifier une opération de destruction contre Lice totalement
planifiée. Comme il est pratiquement impossible d'abattre un commandant
dans une zone militaire cette hypothèse semble plus convaincante que
celle d'un assassinat par le PKK. Par ailleurs, juste après le meurtre,
le PKK a immédiatement démenti toute responsabilité dans l'affaire.
DEMONSTRATION DE FORCE PAR LE PKK
L'opération de Lice pourrait être les représailles
des forces de sécurité pour la récente démonstration de force du PKK au
Kurdistan turc.
Premièrement, le 17 octobre, les dirigeants du PKK
ont envoyé un ordre a tous les journaux de grand tirage de Turquie pour
qu'ils ferment leurs bureaux à Diyarbakir, les accusant de passer sous
silence la répression dans les provinces kurdes et l'oppression dont
fait l'objet la presse socialiste et de servir de porte-parole du
gouvernement.
L'interdiction imposée par le PKK à la presse fut
suivie d'une brutale campagne clandestine contre les journalistes
kurdes dans la région qui coûta la vie à 14 d'entre eux. Les
représentants locaux des journaux interdits ont confirmé que leurs
rapports sur la répression se sont systématiquement retrouvés à la
poubelle.
Dans une deuxième phase, le PKK a interdit les
activités des partis politiques dans le Kurdistan turc et leur a
ordonné de fermer leurs bureaux dans la région.
En fait, le PKK avait déjà imposé son autorité dans
de nombreuses provinces kurdes. Selon l'édition du 26 octobre du
quotidien Hürriyet:
- Dans bon nombre de régions, le citoyen ne
s'adresse pas à un tribunal de l'Etat. Les conflits sont délibérés par
des comités locaux du PKK.
- Les gens ne paient pas leurs notes d'électricité,
de téléphone ou d'eau.
- Le PKK prélève des impôts aux petits commerces.
- Les magasins ferment plus tôt. Dans beaucoup de
régions des interdictions concernant les boissons alcooliques et le
tabac imposées par le PKK sont en vigueur.
- Le transport par chemin de fer est pratiquement
interrompu.
- Les activités sociales ont cessé. Les cérémonies
de mariage se tiennent le matin.
- Les investissements de l'Etat ont été interrompus
étant donné que les entrepreneurs ont fui la région.
- Les banques refusent de donner des emprunts aux
personnes vivant dans la région. Lorsqu'elles les concèdent, les gens
doivent hypothéquer des biens dans les parties occidentales du pays, si
possible.
- Généralement, les assurances refusent de couvrir
les propriétés et les biens dans la région.
- Les activités éducatives sont devenues presque
impossibles dans la zone en raison de la fermeture d'écoles et du
manque de professeurs.
Le 9 novembre, Reuter rapportait que le coût
de la campagne anti-PKK dans le Sud-est s'élevait à plus de 100
billions de TL (7,5 milliards de dollars) pour cette année.
LES MENACES DU TANDEM CILLER-GÜRES
Au lieu de chercher une solution politique au
problème, la Premier ministre Tansu Ciller et le Chef d'État-major,
Dogan Güres, continuent d'accentuer le terrorisme d'État. Nous
reprenons ci-après quelques-unes des déclarations des deux principaux
responsables du terrorisme d'Etat:
Güres:
"Nous appelons à tous les militants du PKK à se
rendre ou à mourir. Tous les leaders de cette organisation séparatiste
seront tués. La Turquie n'abandonnera, pas plus qu'elle ne quittera pas
la région du sud-est (27 octobre 1993).
Ciller:
"Nous répliquerons par des opérations éclair. Je
suis en train d'envoyer des délégations spéciales en Iran, en Irak et
en Syrie pour leur demander de fermer les camps du PKK". (31 octobre
1993).
Le 9 novembre, suivant les directives du tandem
Ciller-Güres, le Parlement turc prolongeait de quatre mois l'état
d'urgence dans les provinces de Sirnak, Batman, Diyarbakir, Bingöl,
Bitlis, Tunceli, Van, Hakkari, Mardin et Siirt. L'état d'urgence, une
version diluée de la loi martiale, est entré en vigueur en 1987 et
donne aux gouverneurs provinciaux le droit d'imposer des couvre-feux,
d'interdire des meetings et des rassemblements, d'interrompre des
grèves et d'émettre des mandats de recherche. Dans la pratique , les
gouverneurs appliquent toutes les mesures décidées par les militaires
dans le Conseil de Sécurité Nationale.
Malgré les promesses électorales, le
social-démocrate SHP, partenaire de la coalition, a également voté en
faveur de la prolongation de l'état d'urgence.
Outre la prolongation de l'état d'urgence, le
Conseil de Sécurité Nationale, dans son meeting du 26 octobre, a
demandé au gouvernement de modifier la Loi Anti-Terreur dans le but
d'augmenter les peines de prison et les amendes pour des délits
terroristes et de créer un fonds pour combattre le terrorisme.
Suite à cette demande, un projet de loi soumis au
Parlement le 10 novembre prévoit la création d'un fonds qui serait
alimenté par des restrictions dans plusieurs secteurs. Ce fonds
anti-terrorisme d'une valeur de plusieurs milliards de dollars sera
utilisé librement par les autorités de la sécurité.
Le fonds sera approvisionné par:
- des allocations annuelles au budget du Ministère
de l'intérieur,
- trois pour cent du bénéfice annuel de toutes les
compagnies publiques,
- cinq pour cent de tous les revenus des plaques
d'immatriculation commerciales,
- des transferts d'autres fonds sur demande du
Ministre de l'intérieur,
- dix pour cent de toutes les amendes de circulation,
- dix pour cent de toutes les licences de port
d'armes, d'obtention du permis de conduire, des passeports, des
documents de résidence et d'enregistrement,
- dix pour cent de tous les revenus provenant de
l'importation d'armes,
- cinq pour cent de tous les revenus provenant de
l'organisation de tournois sportifs ou de courses de chevaux,
- cinq pour cent des revenus des loteries nationales,
- les revenus des taux d'intérêt.
D'autre part, tous les dons apportés au fonds par
des individus ou des corporations seront exemptés d'impôts et déduits
des impôts sur les corporations et les revenus.
Le 31 novembre, dans une nouvelle manoeuvre, le
gouvernement demande l'exécution de toutes les peines de mort qui
avaient été suspendues depuis 1984 comme mesure dissuasive contre le
terrorisme. Actuellement, 11 peines de mort prononcées par les cours
attendent l'approbation du Parlement.
Jusqu'en 1984, pendant les quatre ans de pouvoir
militaire, 50 peines de mort avaient été exécutées. Depuis lors, les
exécutions avaient été suspendues comme signe de "démocratisation" dans
le pays.
LES ESCADRONS DE LA MORT TURCS EN EUROPE
Le tandem Ciller-Günes a également décidé d'étendre
le terrorisme d'Etat aux pays étrangers où sont installées des
organisations kurdes et des groupes d'opposition.
Le quotidien Aydinlik rapportait le 16 novembre 1993
que des escadrons de la mort en connexion avec le Chef d'État-major
turc ont voyagé en Europe au cours du mois dernier pour y assassiner
des activistes kurdes.
Selon le journal, au moins 100 officiers du
Département de Guerre Spécial, que la Turquie a rebaptisé Commandement
de Forces Spéciales, sont partis pour cinq pays européens.
Un grand nombre d'assassins, affirme le journal, se
dirigent vers l'Allemagne ou la France, où résident les principaux
dirigeants du PKK, pendant que d'autres sont partis vers la Hollande,
la Suisse et le Royaume-Uni.
Aydinlik souligne que les officiers ont été
sélectionnés parmi ceux qui parlent plusieurs langues étrangères et ont
reçu un entraînement spécial pour cette mission. Après la réunion du
Conseil de Sécurité Nationale en octobre dernier on a pris la décision
d'éliminer les leaders du PKK en Turquie et àl'étranger.
Le journal ajoute que, outre les assassinats, les
équipes vont se concentrer sur des activités destinées à aliéner la
population européenne du PKK.
OPERATIONS ANTI-KURDE EN EUROPE
Alors que les organisations kurdes en Europe
convoquaient plusieurs manifestations contre la montée du terrorisme en
Turquie, à la fin du mois de novembre 1993, les autorités françaises et
allemandes, cédant à la pression du gouvernement turc, ont mené une
campagne répressive contre les activistes kurdes en Europe.
Dans un premier temps, la police française a mené
une opération dans tout le territoire et arrêté plus de 100 membres
présumés du PKK. Le 22 novembre, les procureurs français accusaient 21
détenus d'appartenir à une "organisation terroriste", de recueillir des
fonds pour une organisation terroriste par des moyens violents
comprenant l'utilisation d'armes, des attentats pour des motifs
politiques et l'extorsion.
Le Ministre de l'intérieur français, Charles Pasqua,
connu pour ses politiques anti-immigrées et xénophobes, a déclaré que
certaines organisations étaient en train de transformer la France en
base de soutien au terrorisme.
L'opération française a déchaîné les protestations
de 60.000 Kurdes vivant en France.
Tandis que le gouvernement turc saluait l'opération
française, M. Daniel Jacoby, président de la Fédération Internationale
de Ligues des Droits de l'Homme, déclarait: "Le but est de contenter le
gouvernement turc, qui ne respecte pas les droits de l'homme. Les
accusations sont extrêmement fragiles et l'affaire a été montée
artificiellement."
En fait, la campagne anti-PKK du gouvernement
français arrive juste après la conclusion d'un juteux contrat avec les
militaires turcs. Le 8 octobre, un contrat de 253 millions de dollars
était signé entre le Sous-secrétariat de l'industrie de défense turc
(SSM) et Eurocopter, une compagnie française, pour l'achat de 20
hélicoptères d'usage général pour les Forces armées turques.
L'hélicoptère AS 532 UL "Congar" sera utilisé par
les forces terrestres turques, principalement pour le déploiement de
troupes et les opérations de recherche et sauvetage.
Le Ministre de la défense, Nevzat Ayaz, a précisé
que l'achat était un signe du rapprochement entre la Turquie et
l'Europe.
L'opération française fut suivie de la décision
allemande d'interdire le PKK et les 35 groupes affiliés. Le 26
novembre, le Ministre de l'intérieur allemand, Manfred Kanther, a
déclaré que le PKK était une organisation qui assassinait des gens et
que les portes de l'Allemagne resteraient fermées aux terroristes.
La décision allemande est tombée trois semaines
après une série d'assauts coordonnés contre plusieurs locaux, dans
lesquels un homme turc est mort après qu'un restaurant de Wiesbaden a
été attaqué avec des bombes incendiaires. Bien que les autorités
turques et allemandes aient condamné les agressions contre le PKK, la
partie turque a nié toute responsabilité dans les attaques. Depuis
qu'Ankara a envoyé à l'étranger des agents provocateurs et des
escadrons de la mort, il est possible que beaucoup d'actes de violence
soient provoqués ou perpétrés par eux pour discréditer le PKK en Europe.
Actuellement, plus de 400.000 Kurdes résident en
Allemagne. Dans de nombreuses villes allemandes, de nombreux groupes
kurdes ont protesté contre la fermeture de leurs organisations et ont
regagné les locaux malgré l'interdiction. Des femmes et des enfants
portant des drapeaux kurdes ont envahi les fenêtres tandis que des
manifestants scandaient des messages de soutien à l'extérieur.
Le Front de Libération Nationale du Kurdistan
(ERNK), l'aile politique du PKK, a précisé dans un communiqué que la
répression susciterait la colère contre l'Allemagne et les intérêts de
ce pays.
Les décisions française et allemande ont suscité un
climat de victoire à Ankara. Non seulement les membres du gouvernement
mais également les grandes médias ont accueilli ces décisions avec
enthousiasme et les ont qualifiées de victoire pour la délégation
diplomatique du gouvernement turc, dont l'objectif était d'isoler le
PKK sur le plan international et le réduire au rang d'organisation
"terroriste."
Selon le quotidien Cumhurriyet du 29 novembre, en
échange des mesures prises, les pays occidentaux vont demander au
gouvernement turc de "favoriser" le prolongement du mandat des forces
du Marteau prêt à l'action, connu officiellement comme le Dispositif
d'apport de confort.
Quelle que soit la raison apparente de
l'interdiction du PKK en Allemagne, les autorités turques avaient fait
du chantage à l'Allemagne avec la menace de l'inclure dans la liste
noire de l'industrie de guerre de la Turquie. (Voir Info-Türk, N˚ 203,
septembre 1993).
Encouragé par la décision française et allemande, le
Ministre des affaires extérieures Hikmet Cetin a déclaré: "D'autres
pays européens devraient suivre l'exemple de l'Allemagne. Ceux qui
n'interdisent pas le PKK verront leurs pays se transformer en
sanctuaires du terrorisme."
Il est évident que les équipes envoyées par le
service de renseignement à l'étranger ne manqueront pas d'organiser des
actes de provocation dans les centres européens dans le but d'obtenir
une extension de l'interdiction qui frappe les organisations kurdes
dans d'autres pays.
UN VILLAGE CHRETIEN DÉPEUPLÉ
Le 20 novembre 1993, des gardiens de village payés
par l'État ont expulsé 200 chrétiens du village d'Hassana, dans la
province de Mardin. Un témoin chrétien syriaque de la ville voisine de
Midyat a déclaré:
"Le mois dernier, à travers le quartier général des
forces de sécurité de Silopi, est arrivé l'ordre d'évacuer Hassana. La
raison de cet ordre est qu'un leader d'une tribu avait déclaré à la
télévision qu'il s'agissait d'un village arménien. Suite à cela on leur
a demandé de partir immédiatement. La majeure partie de la population
de ce village, 200 personnes, a été logée dans des maisons du village
voisin d'Oyunduk, d'autres l'ont été à Midyat et Mardin."
Dans un autre incident survenu à la fin du mois de
novembre, des gardiens de village qui enquêtaient sur un incendie
criminel contre la centrale électrique dans le village d'Alagöz
(province de Mardin) ont saisi sept bergers syriaques et ont utilisé du
plastic en fusion pour brûler une de leurs victimes avec une croix.
DES SYNDICALISTES BRITANNIQUES ARRETES
Le 6 novembre, dix syndicalistes britanniques,
un français et un danois ont été arrêtés par les militaires dans le
sud-est de la Turquie alors qu'ils menaient une enquête sur le
terrorisme d'État dans le village kurde de Birlik.
Après avoir été détenus pendant la nuit dans une
base militaire d'un village voisin, le groupe a été conduit le matin
suivant à un poste de police de Diyarbakir. 27 heures après leur
détention on leur remettait leurs passeports et ils étaient remis en
liberté.
Après leur retour à Londres le 28 novembre, neuf des
syndicalistes britanniques ont accusé les autorités turques de
persécuter la communauté kurde dans la région.
Sarah Dally, du Syndicat des travailleurs
britanniques de la santé, et Brenda Nixon, du Syndicat national des
mineurs, ont déclaré à l'aéroport de Heathrow:
"Dès notre arrivée au village de Birlik nous avons
pu voir des maisons qui n'avaient pas cessé de brûler. Il avait été
décimé. Nous étions tout sortis et avions commencé à prendre des
photographies lorsqu'une femme kurde commença à crier `Allez-vous en!
Les soldats vont vous tuer. Vous serez assassinés!' Un groupe de
soldats nous a encerclés et nous a emmenés hors du village, vers un
champ."
LA TURQUIE CONDAMNEE POUR TORTURE PAR L'ONU
Le 18 novembre 1993, Le Comité des Nations Unies
contre la torture a publié un rapport qui condamnait le gouvernement
turc pour l'usage "étendu, habituel, délibéré et systématique" de la
torture. La décision du comité a été prise à l'unanimité.
Le Comité contre la torture (CAT) fut créé en 1988
pour contrôler l'application de la Convention des Nations Unies contre
la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants. Cette
convention fut adoptée en 1984 et est entrée en vigueur en 1984. La
Turquie a ratifié la convention le 2 août 1988 et est tenue par ses
clauses.
Le CAT, composé par dix experts choisis par les
Etats qui ont signé et ratifié la convention, contrôle la torture en
Turquie depuis 1990. Ses conclusions s'appuient sur l'information
fournie par les organisations non-gouvernementales et sur sa propre
mission envoyée en Turquie en 1992. Suite à l'objection du gouvernement
turc, le CAT a décidé de publier un résumé de ses conclusions.
D'après le comité "même si seuls quelques cas de
torture peuvent être prouvés avec une totale certitude, les nombreux
témoignages recueillis offrent une description si consistante des
techniques de torture, des lieux et circonstances dans lesquelles elle
est perpétrée que l'existence d'une torture systématique en Turquie ne
peut être niée. Visiblement elle est habituelle, étendue et délibérée
dans une partie considérable du pays en question."
Le comité a également condamné les actes de violence
perpétrés par des groupes armés contre les forces de sécurité en
Turquie, mais a souligné "qu'en vertu de l'article 2, paragraphe 2, de
la Convention, aucune circonstance exceptionnelle, que ce soit un état
de guerre, une menace de guerre, une instabilité politique interne ou
toute autre urgence publique, ne peut être invoquée pour justifier la
torture."
Le Comité a établi la nécessité de prendre
immédiatement certaines mesures:
- L'usage d'un bandeau pendant les interrogatoires
devrait être expressément interdit;
- toute personne en détention policière devrait
faire l'objet d'une assistance juridique;
- l'accès des avocats devrait être facilité;
- toutes les cellules d'isolement, appelées
"cercueils", et dans lesquelles les détenus ne peuvent se tenir que
debout ou accroupis, doivent être démolies.
Le comité a déclaré que la limite maximale de trois
jours de détention pour les détenus soupçonnés de crimes contre l'Etat
mêlés de terrorisme, armes à feu ou drogues est "excessive" et "ouvre
la voie à des actes de torture par les forces de sécurité."
Par ailleurs, le comité a précisé que les examens
légistes des personnes en détention policière "devraient être
totalement indépendants de la police", que les détenus devraient
pouvoir être examinés par des médecins de leur choix et que leurs
certificats devraient servir de preuve devant les tribunaux.
Le comité a demandé que le procureur agisse
"rapidement et d'une manière efficace" dans la vérification des
plaintes de torture et a ajouté que "les tortionnaires ne devraient pas
avoir le sentiment de se trouver dans une position d'immunité virtuelle
face à la loi."
En décembre 1992, l'autre organe international
responsable du contrôle de la torture, le Comité européen pour la
prévention de la torture et des traitements et des peines inhumains ou
dégradants (CPT), a publié un communiqué publique critiquant durement
le gouvernement turc:
"Considérant toute l'information dont nous
disposons, le CPT ne peut que conclure à l'existence à grande échelle
de la torture et autres formes de mauvais traitements graves infligés à
des personnes en détention policière et que ces méthodes sont
appliquées aussi bien à des délinquants ordinaires qu'à des personnes
détenues en vertu de clauses anti-terrorisme."
Les rapports des NU et des comités européens
corroborent les conclusions d'Helsinki Watch dans Promesses non tenues:
la torture et les assassinats continuent en Turquie (décembre 1992).
Une copie intégrale des 14 pages du rapport des NU
ainsi que d'autres rapports mentionnés plus haut peut être obtenue
auprès d'Helsinki Watch - 485 Fifth Avenue - New York, N.Y. 10017 -
6104 - USA, Téléphone : (202) 371-6592, Fax: (202) 371-0124.
APPEL D'AMNESTY INTERNATIONAL
Amnesty International, dans son nouveau rapport
publié le 20 octobre, met en évidence que depuis 1991, les forces de
sécurité turques mènent une campagne d'exécutions extrajudiciaires et
ont tué un certain nombre civils en tirant d'une manière aveugle sur
des manifestations et des zones résidentielles.
Le rapport intitulé "Turquie: Réponses sur une série
d'exécutions extra-judiciaires" affirme: "Les gouvernements comme ceux
d'Irak ou de Myanmar ne tentent pas de dissimuler leur brutalité.
D'autres, comme ceux de l'Inde ou de Turquie, ne respectent les droits
de l'homme qu'en parole car d'un autre côté ils tuent et étouffent le
tout par des mensonges flagrants. Alors que les procureurs semblent
considérer la lutte contre le séparatisme comme leur tâche principale,
l'action se fait plus lente lorsqu'il s'agit des cas de morts
mystérieuses de séparatistes présumés. Certains assassinats dans la
région du sud-est pourraient être le fait d'une quelconque unité des
forces de sécurité, à commencer par les membres en civil de la branche
anti-terroriste, les Équipes spéciales, les gardiens de village, ou une
combinaison d'éléments issus des trois, agissant de leur propre
initiative mais soutenus par une collusion passive ou active d'autres
éléments de la loi et l'ordre."
Dans un autre document, Amnesty a également noté que
le PKK en Turquie, à l'instar du Parti Communiste au Pérou (Sentier
Lumineux) et l'Armée de Libération du Peuple du Soudan avaient commis
de grandes atrocités et supprimé des milliers de vies."
Bien que les rapports d'Amnesty aient été
confisqués, l'Agence officielle Anatolie a colporté une histoire ne
faisant écho que des critiques adressées par Amnesty au PKK, laissant
entendre que le rapport ne contenait que la condamnation de cette
organisation, et n'a pas mentionné les 12 pages de critiques dirigées
au gouvernement turc et ses forces de sécurité.
Dans son rapport, Amnesty lance les appels suivants:
"La situation exige la création d'une commission
spéciale d'enquête indépendante comme il est stipulé dans les Principes
des NU sur la Prévention Effective et l'Investigation des Exécutions
Extralégales, Arbitraires et Sommaires, adoptés par le Conseil
Économique et Social des NU en 1989.
"Pour arrêter cette marée d'assassinats, le
gouvernement turc doit assurer qu'à tous les niveaux judiciaires, des
gouvernements locaux et de l'armée on comprend que les exécutions
extra-judiciaires soient illégales et ne doivent pas servir de moyen de
lutte contre le PKK."
TERREUR D'ETAT EN DEUX MOIS
Le 1.10, à Istanbul, la jeune femme de 18 ans Sibel
Yildiz affirme avoir été torturée et violée par un policier et un
sergent de gendarmerie pendant 10 jours, suite à son arrestation le 7
juillet.
Le 1.10, des inconnus battent le commerçant Salim
Sarikan (24) à Silvan, Sakir Savas (23) et Selim Koyuncu (29) à Batman.
Le 2.10, le fermier Abdüselam Ayabag est abattu par
des inconnus à Batman.
Le 3.10, l'étudiante de l'enseignement supérieur
Nihal Zogurlu aurait été torturée après son arrestation à Diyarbakir le
30 septembre.
Le 4.10, à Midyat, 26 personnes, parmi lesquelles 9
enfants et 5 femmes, sont victimes de l'explosion d'une mine au cours
d'un trajet en minibus.
Le 4.10, le photographe Muzaffer Tekin (20) est
abattu par des tireurs inconnus à Diyarbakir. Ce même jour, le corps de
Sirin Akbas (30) est retrouvé sans vie à Hizan (Bitlis).
Le 4.10, les forces de sécurité arrêtent quelque 200
personnes dans le centre et faubourgs de Batman. Parmi les détenus
figurent le Président du SHP à Kozluk, Abdurrahman Baltas, et l'ancien
maire de cette même ville, Burhan Ayhan.
Le 5.10, à Cizre, l'orfèvre Haci Sansak (56) meurt
dans un centre de police. Il avait été arrêté le 3 octobre.
Le 5.10, des tireurs inconnus abattent Suat
Sutsurup, Omer Han, Hasan Altinkaya et Hanfi Yildiz à Silvan, ainsi que
Hayrettin Dal et Mahmut Akay à Batman.
Le 6.10, à Istanbul, commence une action en justice
où le procureur demande la fermeture de la section d'Istanbul de
l'Association des Droits de l'Homme (IHD) pour propagande séparatiste.
Le 6.10, les forces de sécurité arrêtent plus de 250
personnes pendant une opération d'une semaine menée à Batman et ses
districts.
Le 7.10, à Halfetli (Urfa), les forces de sécurité
font une descente dans une maison et tuent trois sympathisants présumés
du PKK.
Le 7.10, le membre su Conseil Municipal de Silvan,
Mahsun Güvenc (44), est abattu par des tireurs inconnus à Diyarbakir.
Ce même jour, un travailleur municipal, Ali Isik est assassiné à
Diyarbakir par des inconnus.
Le 7.10, un représentant du IHD, l'avocat Yildiz
Koluacik, est agressé par des assaillants inconnus qui fouillaient sa
maison.
Le 8.10, une jeune femme, Nilüfer Koc, traductrice
d'une délégation allemande en visite dans la région soumise à l'état
d'urgence, affirme avoir été arrêtée à Sirnak le 29 septembre et
torturée pendant six jours au centre d'interrogatoire.
Le 8.10, des tireurs inconnus abattent Esref Sengül,
Halit Güzel et Ihsan Kiran à Silvan, ainsi que Yasar Karakutlu àMersin.
Le 9.10, quatre personnes, Zeki Murat Yildrim,
Süreyya Gün, Aysun Gün et Sahabettin Kartal, sont assassinées par des
inconnus.
Le 10.10, à Diyarbakir, Yalcin Yasa, Lokman Zugurlu
et Zana Zugurlu, enlevés un jour auparavant, sont retrouvés morts. A
Midyat, le chef de village Ali Akal est victime d'un assassinat
politique.
Le 11.10, à Cizre, Sÿleyman Dansiz est assassiné par
des inconnus.
Le 11.10, à Istanbul, la jeune femme Cigdem Olgun
est abattue par un policier.
Le 11.10, le chauffeur de taxi de 24 ans, Bilen
Cifci meurt au poste de police d'Ankara après avoir été arrêté. Bien
que les autorités policières soutiennent que Cifci s'est suicidé en se
jetant par la fenêtre du quatrième étage, la famille de la victime
accuse la police de l'avoir assassiné.
Le 13.10, le maire de Kozluk (Batman), Abdullah
Kaya, est mis en détention par la CSE d'Istanbul pour une interview
concédée à Özgür Gündem pour protester contre l'assassinat du député du
DEP Mehmet Sincar.
Le 13.10, à Nusaybin, des tireurs inconnus abattent
Hasan Dündar et Hasan Yagizsoy. Ce même jour, Yilmaz Acun et Nurettin
Akkurt sont assassinés pour des motifs politiques.
Le 14.10, le procureur de la CSE d'Ankara introduit
une action en justice contre 14 maires kurdes qui ont récemment adhéré
au DEP pour leur déclaration conjointe. Accusés de propagande
séparatiste, Sukru Calli (Hakkari), Abdullah Kaya (Kozluk), Muslim
Yildirim (Nusaybin), Cemil Akgul (Kurtalan), Taladdin Uzum (Gökcebag),
Nazmi Balkas (Lice), Necdet Buldan (Yüksekova), Süleyman Aydogmus
(Aksarsu), Yusuf Bayram (Agacli), Fadil Kilic (Onbirnisan), Mahsun
Agaoglu (Senyurt), Numan Demir (Uzundere) et Baki Duygu (Altinova)
risquent tous une peine de prison de cinq ans.
Le 14.10, à Diyarbakir, des tireurs inconnus
abattent le commerçant de 32 ans Baki Karakoc.
Le 14.10, le président de l'Association pour les
Droits Démocratiques (DHD), Hasan Erdem, est arrêté par la police.
Le 15.10, le travailleur municipal Ihsan Günesli et
le travailleur Selim Demirkan sont assassinés par des inconnus.
Le 15.10, le président de l'Association Anti-Guerre,
Arif Hikmet Iyidogan est arrêté par la police à Istanbul.
Le 18.10, à Istanbul, les forces de sécurité
arrêtent huit personnes pour avoir exercé des activités pour le compte
d'une organisation religieuse clandestine.
Le 18.10, à Diyarbakir, Bayram Demir (17) es
assassiné par des inconnus est Ramazan Zengin (48) est retrouvé
décapité.
Le 18.10, à Izmir, deux représentants de
l'Association pour les Droits et les Libertés (Özgür-Der), Hasan Aktas
et Bekir Ercan Ilhan, sont arrêtés par la police.
Le 19.10, à Ankara, le représentant d'Özgür-Der,
Cihan Arkan est arrêté par la police au cours d'une descente dans son
domicile.
Le 19.10, à Midyat, Resul Alpsoy est assassiné par
des inconnus.
Le 21.10, commence le procès de 124 personnes
accusées du massacre de Sivas à la CSE d'Ankara. Le tribunal interdit
la présence dans la salle des avocats représentant les familles des
victimes. Un groupe de personnes protestant contre cette interdiction
devant le tribunal est dispersé de force par la police et le député
d'Ankara du SHP, Salman Kaya, ainsi que d'autres manifestants sont
blessés.
Le 22.10, des inconnus abattent un étudiant de 16
ans àBatmant et l'ouvrier Sedat Sümer à Diyarbakir.
Le 22.10, commence à la CSE d'Istanbul le procès
contre 11 islamistes pour activités illégales. Le procureur demande la
peine capitale pour chacun des accusés.
Le 23.10, de nouveaux meurtres politiques se
produisent, les victimes sont: Sabri Kaplan, Ramazan Yildrim, Cetin
Gidici, Abdulmenaf Akto, Mustafa Kilic et Abdulsemat Imrak à Batmant et
Ibrahim Karakuyu à Pazarcik.
Le 23.10, un groupe de cadets de l'école militaire
de Balikesir s'attaquent à des "night-club" et battent les clients sous
prétexte que "ceux-ci étaient en train de s'amuser alors que le pays
était déchiré par la terreur séparatiste".
Le 23.10, le réfugié politique Sarp Kuray est arrêté
àl'aéroport d'Istanbul alors qu'il rentrait d'un exile volontaire à
Paris.
Le 24.10, le commerçant Ramazan Celik es assassiné
par des inconnus à Batman.
Le 25.10, les forces de sécurité font une descente à
Ankara et tuent deux militants présumés du Dev-Sol, Tayyar Suna et
Yasar Yimaz.
Le 26.10, à Mersin, les forces de sécurité arrêtent
le représentant du DEP Fatma Savas et neuf autres personnes.
Le 29.10, se produisent de nouvelles victimes de la
violence politique: Hayati Eren, Mazhar Celik et Muhittin Karaaslan
àDiyarbakir, et Hanifi Yaprak à Silvan.
Le 29.10, Tajdin Mendil, Haci Kayasiz, Nusret
Selimoglu et Serbest Sala sont assassinés par des inconnus.
Le 31.10, à Diyarbakir, le fermier Fahri Coskun et
l'ouvrier Abdulkadir Ozcan sont assassinés par des inconnus.
Le 31.10, à Diyarbakir, les forces de sécurités
attaquent le village de Cavusoglu pendant la nuit, brûlent 45 des 65
maisons et arrêtent 11 personnes.
Le 1.11, à Gaziantep, quatre détenus, Abidin Demir,
Ali Cengiz Demir, Hüseyin Solak et Bülent Türkmen, affirment avoir été
torturés pendant sept jours.
Le 1.11, à Ankara, l'étudiant d'une école secondaire
Rahsan Esen affirme avoir été torturé pendant les trois jours qu'il a
passé en détention policière.
Le 2.11, un meeting organisé à Ankara par les
étudiants de l'Université Technique du Moyen-Orient à la mémoire des
victimes du Massacre de Sivas est interdit par ordre du gouverneur.
Le 2.11, les Eskisehir, une opération policière
donne lieu à l'arrestation de plus de 30 étudiants universitaires.
Le 2.11, les forces de sécurité font une descente
dans une maison à Tarsus et abattent le militant présumé du PKK, Sevinc
Celik.
Le 3.11, à Tarsus, une femme enceinte de quatre
mois, Leyla Ine, affirme avoir été torturée pendant ses trois jours de
détention policière.
Le 4.11, cinq représentants du IHD, Günseli Kaya,
Dervis Altun, Enver Basaraner, Salih Basaraner et Ramiz Saglam, sont
arrêtés par la police à Izmir.
Le 5.11, deux personnes sont victimes de la terreur
politique: le pharmacien et membre du DEP, Eyup Gökoglu, à Urfa et le
commerçant Can Sezgin à Batman.
Le 6.11, à Cizre, trois enfants, Mehmet Cevik, Hakan
Isik et Selim Uyanmaz sont tués par l'explosion d'une mine posée par
les forces de sécurité.
Le 6.11, des inconnus abattent Hatip Acar à Kozluk
(Batman).
Le 8.11, s'ouvre le procès contre 14 représentas du
DEP àla CSE d'Ankara. Accusés d'avoir fait de la propagande séparatiste
dans un communiqué publié le 1er septembre, le président du DEP, Yasar
Kaya, et ses camarades risquent des peines de prison allant jusqu'à dix
ans et des amandes de 200 millions de TL ( 13.793 $).
Le 8.11, Mehmet Emin Bingöl, Yakup Tetik, Mehmet
Acal, Ali Can Öner et trois personnes non identifiées sont retrouvés
morts sous la torture à Mus.
Le 8.11, l'Association Anti-Guerre est fermée à
Izmir par un tribunal pour activités anti-militaristes.
Le 9.11, des inconnus abattent Abdulkadir Selcuk
àDiyarbakir et Huseyin Ardic à Sirnak.
Le 9.11, cinq représentants du Syndicat des Employés
des Finances (Maliye Sen) sont jugés par une cour pénale à Eskisehir
pour un meeting non autorisé.
Le 10.11, les détenues politiques de la Prison de
Sakarya seraient en grève de la faim pour protester contre les
conditions inhumaines dans les prisons.
Le 11.11, à Adana, Hüseyin Kahraman, de 75 ans,
affirme avoir été torturé par la police suite à son arrestation le 7
octobre. Il est toujours en prison.
Le 11.11, la Cour Martiale de Diyarbakir, dans un
procès contre le PKK qui dure depuis 13 ans, condamne 15 défendeurs àla
peine capitale, 14 à la prison à perpétuité et 54 à des peines de
prison allant jusqu'à 24 ans.
Le 11.11, à Batman, Mehmet Aritürk es assassiné par
des inconnus.
Le 12.11, à Patnos (Agri), 14 des 30 personnes
arrêtées en octobre sont placées en détention par un tribunal.
Le 13.11, à Hakkari, le local du HEP est détruit par
l'explosion d'une bombe.
Le 14.11, à Diyarbakir, Kemal Canpolat, de 27 ans,
meurt au poste de police où il était détenu. Des experts médicaux
certifient la présence de nombreuses traces de torture sur son corps.
Le 14.11, des inconnus assassinent Hüseyin Yagmur
àDiyarbakir et Ekrem Oner à Batman.
Le 15.11, à Istanbul, un membre présumé du Mouvement
Islamique, Ekrem Baytap, affirme avoir été torturé pendant 11 jours
suite à son arrestation.
Le 15.11, le représentant du DEP, Kemal Bilget, est
arrêté alors qu'il s'était rendu au poste de police pour y retirer son
passeport.
Le 15.11, trois personnes sont assassinées pour des
raisons politiques politiques: Bayram Inci à Adana, Abdullah Uzunbas
àDiyarbakir et Hüseyin Alkis à Urfa.
Le 16.11, le procureur de la CSE d'Ankara inculpe 25
militants présumés du Parti Révolutionnaire du Peuple (TDHP). Deux
défendeurs risquent la peine capitale, et les autres de lourdes peines
de prison allant jusqu'à 30 ans.
Le 16.11, la CSE de Malatya condamne un accusé
membre du PKK à 20 ans de prison et un autre à six ans.
Le 16.11, à Eskisehir, 15 membres présumés du
Dev-Sol sont placés en détention par un tribunal.
Le 16.11, Cemal Süslü est victime d'un assassinat
politique à Diyarbakir.
Le 17.11, pour la première fois depuis 1984, le
Comité de Justice de l'Assemblée Nationale approuve l'exécution d'une
peine de mort. Seyfettin Uzundiz avait été condamné l'année dernière à
la peine capitale par une cour criminelle pour meurtre et attaque à
main armée.
Le 17.11, à Diyarbakir, les avocats kurdes Meral
Bestas Danis, Mesut Bestas, Sebahattin Acar, Baki Demirhan, Hüsniye
Ölmez, Sinasi Tur, Nevzat Kaya, Vedat Erten et Arif Altunkalem sont
arrêtés par la police. Ils étaient accusés d'avoir aidé le PKK et donné
refuge à des militants de cette organisation.
Le 17.11, la CSE d'Izmir condamne sept militants du
PKK àdes peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois.
Le 17.11, à Mersin, les forces de sécurité arrêtent
le membre du Conseil Municipal Ali Bozkurt et 19 autres personnes pour
avoir donné refuge à des militants du PKK.
Le 17.11, la CSE d'Istanbul condamne trois jeunes à
des peines de prison allant jusqu'à quatre mois pour avoir distribué
des tracts pour le premier mai.
Le 18.11, à Diyarbakir, Esref Pervari est victime
d'un assassinat politique.
Le 18.11, à Istanbul, la police disperse de force un
groupe de travailleurs municipaux participant à un acte de protestation
et en blesse certains.
Le 19.11, la CSE d'Istanbul condamne trois personnes
à 15 ans de prison et une autre à 4 ans et 2 mois pour avoir mené des
actions en faveur du Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP)
à Bursa.
Le 19.11, la CSE d'Ankara condamne deux militants
présumés du Dev-Sol à 15 ans de prison chacun et un troisième à 12 ans
et 6 mois.
Le 19.11, des inconnus abattent Mustafa Yildrim à
Batman.
Le 21.11, un festival de solidarité organisé par
l'Association des Femmes Démocratiques (UDKD) est interdit par le
gouverneur d'Istanbul. Ce même jour, à Diyarbakir, un meeting de
syndicats, associations et organisations professionnelles est interdit
par le gouverneur.
Le 22.11, la police abat une personne au cours d'une
descente dans une maison.
Le 22.11, la police annonce l'arrestation de 36
militants présumés du PKK au cours d'opérations récentes à Izmir.
Le 22.11, se produisent de nouveaux assassinats
politiques: Süleyman Tezcan à Midyat, Batil Simsek, Ahmet Halic, Mehmet
Sevinc, Salih Eser et Ubeydullah Can à Diyarbakir sont les victimes.
Le 22.11, à Kiziltepe, la police abat Mahsun Kaymaz
et un garçon de 12 ans, Turgut Berzan Kahraman.
Le 23.11, la CSE d'Izmir condamne un membre du PKK,
Kasim Karatas, à la peine capitale et cinq autres à des peines de
prison allant jusqu'à 22 ans et 6 mois.
Le 23.11, le Tribunal Constitutionnel décide de
fermer le Parti de la Démocratie et la Liberté (ÖZDEP), l'accusant
d'avoir un programme séparatiste.
Le 24.11, la CSE d'Istanbul met en détention 18
personnes pour activités en faveur du PKK.
Le 24.11, se produisent de nouveaux crimes
politiques: Mehmet Dogru, Aydin Tirmak et Mahmut sont assassinés
àDiyarbakir; Ramazan Budak, Abdurrahman Budak et Selim Rüzgar subissent
le même sort à Batman.
Le 24.11, en relation avec la détention de neuf
avocats àDiyarbakir, l'avocat Niyazi Cem est également arrêté à
Istanbul.
Le 24.11, la CSE d'Istanbul condamne trois militants
présumés du PKK à 12 ans et 6 mois de prison, et deux autres àtrois ans
et neuf mois chacun.
Le 24.11, à Edirne, 16 étudiants universitaires sont
arrêtés au cours d'une descente de police. A Adana, le nombre de
personnes arrêtées en relation avec le PKK s'élève à 200.
Le 25.11, un meeting pour la défense des femmes
contre la violence à Ankara est interdit par le gouverneur.
Le 25.11, la CSE d'Izmir condamne trois militants
présumés du PKK à 12 ans et 6 mois de prison et un défendeur mineur à 8
ans et 4 mois.
Le 25.11, à Diyarbakir, l'étudiant universitaire
Sertip Bilek est victime de la violence politique.
Le 26.11, à Istanbul, les forces de sécurité font
une descente dans une maison et abattent un étudiant d'une école
supérieure de 18 ans, Selma Dogan, et un autre jeune non identifié.
Le 26.11, à Tatvan, le président local du DEP,
Sevket Epözdemir, enlevé quelques jours auparavant, est retrouvé mort à
Güroymak.
Le 26.11, les forces de sécurité arrêtent le
président du DEP, Veysi Karagül, et le représentant du IHD, Mehmet
Gokalp, en compagnie de huit autres personnes à Derik. Trois personnes
sont également arrêtées à Kusadasi.
Le 26.11, la CSE d'Izmir condamne deux membres
présumés de l'Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie (TIKB)
à 12 ans et 6 mois de prison et cinq autres défendeurs à 3 ans et 9
mois.
Le 26.11, la CSE de Malatya condamne quatre membres
présumés du PKK à 12 ans et 6 mois de prison chacun.
Le 26.11, la maison de l'avocat Eyüp Duman,
président de l'Association du Barreau d'Agri, est détruite par une
bombe que des inconnus avaient placée. Dix magasins ont également été
endommagés dans le quartier.
Le 26.11, Nuri Coban et Sahin Elikci viennent
grossir la liste des personnes victimes des assassinats politiques.
Le 27.11, se produisent deux nouvelles victimes:
Mehmet Gökmen et Raci Degirmenci.
Le 29.11, l'étudiant universitaire Ulas Culduz
affirme au cours d'une conférence de presse dans l'Association des
Droits de l'Homme (IHD), à Ankara, avoir été torturé pendant trois
jours suite à son arrestation.
Le 29.11, à Istanbul, la police perquisitionne
plusieurs associations soutenant le périodique Taraf et arrête six
personnes.
Le 30.11, le Tribunal Constitutionnel décide
d'interdire le Parti Socialiste de Turquie (STP) pour avoir proposé un
programme séparatiste.
Le 30.11, les forces de sécurité arrêtent 93 membres
présumés du PKK à Antalya et 8 autres à Gaziantep.
PERSECUTION DES MEDIAS EN DEUX MOIS
Le 1.10, l'ancien rédacteur du quotidien Özgür
Gündem, Isik Yurtcu, est condamné par la CSE d'Istanbul à 10 mois de
prison et à payer une amende de 83.333.000 TL (5.952 $) pour avoir fait
de la propagande séparatiste dans un article. Le propriétaire du
journal, Yasar Kaya, s'est vu infliger pour le même article une amende
de 832 millions de TL (55.466 $).
Le 1.10, la CSE d'Istanbul confisque le quotidien
Aydinlik et la deuxième édition d'un livre intitulé La Révolution de la
Turquie en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 1.10, le rédacteur de la revue politique Odak,
Hidir Ates, est condamné par la CSE d'Istanbul à 10 mois de
prison et à verser une amende de 83 millions de TL (5.928 $) pour avoir
fait l'apologie d'une organisation illégale.
Le 2.10, le N°13 du bimensuel Özgür Gelecek et le
N°22 du mensuel Dineris sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour
avoir fait l'apologie d'organisations illégales.
Le 4.10, la CSE d'Istanbul lance un mandat d'arrêt
contre l'écrivain kurde Recep Marasli et le représentant du DEP Cabbar
Gezici pour une interview concédée le 6 juin à une télévision privée.
Marasli est une des victimes du régime du 12 septembre et Amnesty
International en a fait un prisonnier de conscience.
Le 5.10, l'ancien rédacteur du mensuel Partizan,
Kemel Boztas, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison
pour avoir incité les gens à la révolte dans un article publie en 1992.
Le 5.10, la Cour de Cassation approuve une sentence
qui condamne le sociologue Ismail Besikci à 20 mois de prison et àpayer
une amende de 42 millions de TL (3.000 $) pour son livre intitulé
Quelques réflexions sur le PKK. Il avait été condamné précédemment par
la CSE en vertu de la LAT.
Le 6.10, la CSE d'Istanbul confisque l'éditon du 5
octobre 1993 du quotidien Aydinlik en vertu de la LAT.
Le 6.10, le correspondant à Adiyaman d'Özgür Gündem,
Ecran Aslan, arrêté quinze cours auparavant, est mis en détention par
un tribunal local pour avoir aidé le PKK.
Le 7.10, le Procureur de la CSE d'Ankara introduit
une action en justice contre Yasar Kaya, président du DEP et
propriétaire du quotidien Özgür Gündem, pour avoir fait de la
propagande séparatiste dans un discours prononcé lors du Congrès du
Parti Démocratique du Kurdistan en Irak. Il risque une peine de prison
de cinq ans et une amende de 100 millions de TL (7.142$). Il avait déjà
été arrêté le 15 septembre.
Le 7.10, le journaliste-rédacteur Günay Aslan est
arrêté alors qu'il essaie de quitter la Turquie pour la Grèce. Il avait
été condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et àpayer une
amende de 55 millions de TL (3.929 $) pour son livre intitulé 33
Balles. Le tribunal lui a également interdit de quitter le pays.
Le 7.10, l'ancien rédacteur de la revue islamique
Taraf, Esma Turan, est jugé par la CSE d'Istanbul pour avoir fait de la
propagande en faveur d'une organisation illégale.
Le 7.10, six étudiants universitaires sont arrêtés
alors qu'ils distribuent des tracts pour une nouvelle revue, Alienteri.
Plus tard ils affirmeront avoir été torturés pendant leurs 4 jours de
détention.
Le 9.10, la Cour de Cassation confirme la sentence
contre quatre intellectuels pour des articles publiés dans le mensuel
disparu Demokrat. L'écrivain Ömer Agir et l'avocat Ahmet Zeki Okcuoglu
sont condamnés par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et à verser
une amende de 42 millions de TL (3.000 $) chacun pour les interviews
qu'ils avaient concédées à cette revue. Le rédacteur de la revue, Engin
Güney, est condamné à six mois de prison et à payer une amende de 50
millions de TL (3.571 $) tandis que le propriétaire, Hikmet Kocak,
devra payer 100 millions de TL (7.143 $).
Le 9.10, le vendeur de 28 ans du quotidien Özgür
Gündem, Adil Baskan, est abattu à Mardin par des inconnus et le vendeur
de 16 ans de ce même journal, Recep Demirtas, est poignardé àDiyarbakir.
Le 11.10, un journaliste de la revue Medya Günesi,
Osman Aytar, se voit infliger par la CSE d'Istanbul une peine de prison
de deux ans et une amende de 50 millions de TL (3.571 $) pour
propagande séparatiste. Le rédacteur de la revue, Salih Bal est
condamné à six mois de prison et à payer 50 millions de TL d'amende
(3.571) tandis que le propriétaire, Cemal Özcelik, devra verser 100
millions de TL (7.143 $).
Le 12.10, deux défendeurs du PKK, Fevzi Yetkin et
Mehmet Tanboga, sont condamnés par la CSE d'Istanbul à deux ans de
prison et à payer une amende de 50 millions de TL (3.571 $) pour avoir
écrit un livre contenant leur défense dans ce même tribunal.
Le 12.10, le correspondant à Diyarbakir du quotidien
Aydinlik, Zeynel Karak, est arrêté par la police au cours d'une
perquisition chez lui. Il est accusé de posséder une arme qu'il portait
pour sa défense.
Le 12.10, le correspondant à Mus d'Özgür Gündem,
Samet Yakti, détenu par la police pendant dix jours, est placé en
détention par un tribunal local.
Le 13.10, une édition récente du quotidien Aydinlik
et le N°6 du mensuel Devrimci Proleter Genclik sont confisqués par la
CSE d'Istanbul pour avoir respectivement fait de la propagande pour une
organisation illégale et avoir incité les gens à la révolte.
Le 14.10, le rédacteur de la revue Odak, Hidir Ates,
est condamné par une cour criminelle d'Istanbul à dix ans de prison
pour avoir insulté le Parlement dans un article.
Le 14.10, le propriétaire de la maison d'édition
Umut et de la revue Özgür Gelecek, Nergiz Gulmez, est arrêté par la CSE
d'Istanbul pour la publication d'un livre.
Le 15.10, des éditions récentes du quotidien
Aydinlik et des périodiques Yeni Demokrat
Genclik........******!!!!!!!****
Le 15.10, un ancien rédacteur du quotidien Özgür
Gündem, Isik Yurtucu, est condamné par la CSE d'Istanbul à payer une
amende de 48 millions de TL (3.429 $) pour avoir publié une information
sur le PKK. Le propriétaire du joural, Yasar Kaya, a également écopé
d'une amende de 96 millions de TL (6.857 $) pour la même accusation.
Le 16.10, des éditions récentes d'Aydinlik et du
mensuel Birikim sont confisquées par la CSE d'Istanbul en vertu de la
LAT.
Le 17.10, un meeting organisé à Istanbul par le
périodique Mücadele est interdit par le gouverneur.
Le 18.10, l'écrivain Yalcin Küçük est condamné par
la CSE de Kayseri à deux ans de prison et à payer une amende de 250 TL
(17.857 $) pour un discours prononcé dans un meeting du HEP, dissout
depuis lors. Lors du même procès, le président de Kirsehir du DEP,
Esref Odabasi, écope de la même sentence.
Le 18.10, la CSE d'Istanbul lance des mandats
d'arrêt contre le rédacteur d'Özgür Gündem, Bulent Balta, et le
rédacteur de l'hebdomadaire Azadi, Zana Sezen, pour propagande
séparatiste. Le même jour, le propriétaire d'Azadi, Ikramettin Oguz, et
le distributeur d'Özgür Gündem, Fesih Sackar, sont arrêtés
respectivement à Istanbul et Adana.
Le 18.10, la CSE d'Istanbul ordonne la confiscation
des dernières éditions du quotidien Aydinlik et des périodiques
Gencligin Sesi, Iscinin Yoly et Azadi.
Le 19.10, le rédacteur de l'hebdomadaire Azadi, Zana
Sezen, est arrêté suite à un mandat de la CSE d'Istanbul.
Le 19.10, le procureur de la CSE d'Ankara lance un
nouveau mandat d'arrêt contre Yasar Kaya, président du DEP et
propriétaire d'Özgür Gündem.
Le 20.10, le président du DEP, Yasar Kaya, est
condamné par la CSE d'Ankara à deux ans de prison et à payer une amende
de 50 millions de TL (3.571 $) pour un discours qu'il prononça lors du
congrès du HEP en décembre 1991. Deux représentants du HEP, Mehsin
Melik et Selahattin Cicek, ont reçu les mêmes peines.
Le 21.10, l'ancien rédacteur d'Özgür Gündem, Isik
Yurtcu, est condamné par la CSE d'Istanbul à 11 mois de prison et
àverser une amende de 92 millions de TL (6.571 $) pour deux articles
qu'il publia en 1992. Dans le même procès, le propriétaire du
quotidien, Yasar Kaya, écope d'une amende de 192 millions de TL (13.714
$).
Le 21.10, une édition récente d'Aydinlik est
confisquée par la CSE d'Istanbul pour un reportage sur les militants du
TIKKO.
Le 22.10, le rédacteur responsable d'Özgür Gündem,
Gülay Celik, est arrêté par la CSE d'Istanbul en vertu de la LAT.
Le 22.10, une édition récente d'Aydinlik est
confisquée par la CSE d'Istanbul. Le nombre des éditions de cette revue
confisquées au cours des 21 derniers jours s'élève à 10. Par ailleurs,
le N°29 de l'hebdomadaire Gercek et le N°14 du périodique Özgür Gelecek
sont également confisqués pour propagande en faveur d'organisations
illégales.
Le 22.10, Cemil Aydogan, propriétaire et rédacteur
du journal local Mezopotamya, publié à Kiziltepe (Mardin), est arrêté
par la police.
Le 24.10, la police fait une descente et une
perquisition dans la maison du correspondant à Cizre d'Özgür Gündem,
Salih Tekin, placé en détention depuis un mois.
Le 25.10, la rédactrice d'Aydinlik, Hale Soysü, est
condamnée par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à verser une
amende de 135 millions de TL (9.643 $) pour plusieurs articles
qu'elle publia il y a deux dans la revue 2000e Dogru, disparue
depuis lors. Le propriétaire de l'hebdomadaire, Mehmet Sabuncu, a écopé
dans ce même procès d'une amende de 342 millions de TL (24.429 $) pour
les mêmes articles.
Le 26.10, le correspondant à Moscou d'Aydinlik,
Özkan Güçtekin, est arrêté à l'aéroport d'Istanbul alors qu'il retourne
en Russie après ses vacances en Turquie.
Le 27.10, un ancien rédacteur d'Özgür Gündem, Kamil
Celikten, est condamné par la CSE d'Istanbul à payer une amende de 3
millions de TL pour la publication de deux articles.
Le 28.10, un ancien rédacteur du périodique Özgür
Gelecek, Kemal Boztas, est condamné à un total de 12 mois de prison et
àpayer une amende de 150 millions de TL (10.714 $) pour avoir fait
l'apologie de plusieurs organisations illégales. Le Tribunal a
également décidé d'interdire la publication de la revue pendant 15
jours.
Le 1.11, le N°77 de l'hebdomadaire Azadi est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 2.11, le premier numéro d'un nouveau périodique,
Alinteri, est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
Le 3.11, l'ancien rédacteur responsable du
périodique Partizan, Kemal Boztas, est condamné par la CSE d'Istanbul à
deux ans de prison et à verser une amende de 75 millions de TL (5.172
$) pour propagande séparatiste.
Le 4.11, le procureur de la CSE d'Istanbul introduit
une action en justice contre le président de l'IHD, Ercan Kanar, et le
rédacteur responsable du bulletin de l'IHD Insani Haklari Bulteni,
Izzet Eray, pour propagande séparatiste.
Le 4.11, le rédacteur responsable du périodique
Devrimci Cözüm, Hatice Onaran, est arrêté pour avoir écrit différents
articles contenant de la propagande séparatiste.
Le 7.11, une édition récente du quotidien Aydinlik,
le N°78 de l'hebdomadaire Azadi et le périodique Devrimci Cözüm sont
confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 9.11, le rédacteur responsable du périodique
Mücadele, Namik Kemal Cibaroglu est condamné par la CSE d'Istanbul à
six mois de prison et à verser une amende de 375 millions de TL (25.862
$). Le propriétaire de la revue, Gulten Sesen, écope également d'une
amende de 750 millions de TL (51.724 $) pour la publication d'une
information concernant le Dev-Sol. Le tribunal décide également
d'interdire la publication de la revue pendant trois jours.
Le 9.11, le président de l'IHD de Kütahya, Ruset
Aydin, est inculpé pour une interview publiée dans le journal local Ilk
Haber. Il risque une peine de prison de cinq ans pour propagande
séparatiste. Le rédacteur de la revue, Arslan Aric, sera également
sactionné pour avoir publié l'interview.
Le 9.11, le propriétaire du journal local de Mardin
Mezopotamya, est placé en détention par un tribunal en compagnie de
deux autres représentants du DEP. Aydogan était arrêté par la police le
22 octobre.
Le 10.11, la Cour de Cassation confirme la peine
infligée au sociologue Ismail Besikci pour son livre Le Parti
Républicain du Peuple 1931 - La Question Kurde. Il avait été condamné
par la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et à payer une amende de 42
millions de TL (2.897 $) pour propagande séparatiste.
Le 10.11, le N°17 du périodique Iscinin Yolu est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 10.11, la rédactrice du périodique local de
Gaziantep Sabah, Nurgül Balcioglu, est blessée chez elle par des
inconnus.
Le 11.11, la section d'Adana du Centre Culturel
Mésopotamien est fouillée par la police est six personnes sont arrêtées.
Le 12.11, le correspondant à Tokat d'Özgür Gündem
est arrêté pour une information concernant des agressions des Loups
Gris àAmasya.
Le 12.11, le bureau de la maison d'édition Zagros à
Istanbul est fouillée par la police et un employé est arrêté.
Le 12.11, le sociologue Ismail Besikci est arrêté à
Iskilip pour l'obliger à purger une peine de prison de 30 mois dont il
avait écopé pour deux de ses livres.
Le 14.11, la CSE d'Istanbul confisque le N°79 de
l'hebdomadaire Azadi et le N°13 du mensuel Newroz Atesi pour propagande
séparatiste.
Le 14.11, le chanteur Fevzi Kurtulus est arrêté par
la police au cours d'un concert à Istanbul et mis en détention par la
CSE d'Istanbul pour avoir interprété des ballades kurdes.
Le 15.11, la Cour de Cassation maintient les
sentences prononcées contre deux journalistes du périodique Newroz. Le
rédacteur en chef Celal Albayrak avait été condamné par la CSE
d'Istanbul à cinq mois de prison et à payer une amende de 41 millions
de TL (2.828 $). L'éditeur Hüseyin Alatas, pour sa part, avait écopé
d'une amende de 83 millions de TL (5.724 $).
Le 15.11, le quotidien Özgür Gündem annonce que 134
des 198 numéros parus entre le 26 avril et le 11 novembre ont été
confisqués. En outre, les procureurs ont introduit 119 actions en
justice contre les journalistes d'Özgür Gündem au cours de l'année 1993.
Le 16.11, la CSE d'Istanbul confisque le livre du
journaliste Oral Calislar La Question Kurde et le N°2 du périodique
Hevdem pour propagande séparatiste.
Le 16.11, la section d'Adana du Centre Culturel
Mésopotamien est à nouveau fouillée par la police et cinq personnes
sont arrêtées. Une fois mis en liberté, les détenus ont déclaré avoir
été torturés pendant 24 heures.
Le 17.11, la CSE d'Istanbul confisque le N°25 du
mensuel Hedef pour propagande séparatiste.
Le 18.11, le propriétaire de la maison d'édition
Pele Sor, Abidin Kizilyaprak, est condamné par la CSE d'Istanbul à six
mois de prison et à payer une amende de 50 millions de TL (3.448 $)
pour un livre intitulé Comment nous avons combattu le peuple Kurde -
Mémoires d'un soldat.
Le 18.11, le procureur de la CSE d'Istanbul
introduit une action en justice contre le célèbre chanteur kurde
Ibrahim Tatlises et l'homme d'affaires Besim Tibuk en vertu de la LAT.
Tatlises est accusé de s'être offert comme médiateur pour la solution
de la Question Kurde et Tibuk d'avoir déclaré que l'Etat kurde pourrait
être fondé dans le Sud-est de la Turquie.
Le 18.11, le correspondant à Cizre d'Özgür Gündem,
Salih Tekin, est remis en liberté après avoir été jugé une première
fois par la CSE. Il avait été arrêté le 19 août pour propagande
séparatiste. Cependant, son procès sera poursuivi et il risque une
peine de prison de cinq ans.
Le 19.11, à Urfa, le vendeur de journaux Kadir
Ipeksümer, blessé par une hachette il y a deux semaines, décède à
l'hôpital.
Le 19.11, le rédacteur responsable du périodique
Emegin Bayragi, Bülent Genc, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux
ans de prison et à payer une amende de 250 millions de TL (17.241 $).
Le tribunal a également décidé de fermer la revue pendant trois jours.
Le 19.11, l'ancien rédacteur du périodique Yeni
Demokrat Genclik, Kemal Boztas, est condamné par la CSE d'Istanbul à un
an de prison et à payer une amende de 100 millions de TL (6.896 $).
Le 19.11, le N°38 du bimensuel Medya Günesi est
confisqué par la CSE d'Istanbul pour avoir incité la population au
crime.
Le 22.11, deux hebdomadaires, le N°80 d'Azadi et le
N°25 de Deng, sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
Le 23.11, un ancien rédacteur responsable du
quotidien Özgür Gündem, Özgür Aslan, est mis en détention par la CSE
d'Istanbul pour avoir publié des articles séparatistes.
Le 23.11, le propriétaire de la maison d'édition
Yurt, Ünsal Öztürk, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an de
prison et à payer une amende de 100 millions de TL (6.897 $) pour avoir
publié un livre d'Abdullah Öcalan intitulé Le Fascisme du 12 mars et la
Résistance du PKK.
Le 23.11, la première édition du premier périodique
en laz, une langue de la région de la Mer Noire, Ogni, est confisqué
par la CSE d'Istanbul l'accusant de séparatisme.
Le 24.11, un ancien rédacteur du périodique Iscinin
Yolu, Süleyman Bas, est condamné par la CSE d'Istanbul à payer une
amende de 3,7 millions de TL (255 $). Le tribunal a également décidé de
fermer la revue pendant 15 jours.
Le 24.11, le rédacteur du périodique Newroz Atesi,
Nedime Tunc, est condamné par la CSE d'Istanbul à six mois de prison et
à verser une amende de 50 millions de TL (3.448 $).
Le 24.11, le rédacteur responsable d'Özgür Gündem,
Erkan Aydin est mis en détention par la CSE d'Istanbul pour avoir
publié divers articles entre le 9 et le 23 novembre. Il est accusé de
neuf délits différents en vertu de la LAT.
Le 25.11, la dernière édition du quotidien Tercüman
et celle du mensuel Alternatif sont confisquées par la CSE d'Istanbul
pour propagande séparatiste.
Le 25.11, un ancien rédacteur d'Özgür Gündem, Isik
Yurtcu, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et
àpayer une amende de 75 millions de TL (5.172 $). Le propriétaire du
journal, Yasar Kaya, a également écopé d'une amende de 150 millions de
TL (10.344 $). Dans un autre procès ce même tribunal inflige à Isikci
une amende de 20 millions de TL (1.379 $) et une autre de 41 millions
(2.828 $) à Kaya.
Le 26.11, l'ancien rédacteur du périodique Genc
Kurtulus, Erdal Cinar, est condamné par la CSE d'Istanbul à deux ans de
prison et à payer une amende de 250 millions de TL (17.241 $). Le
tribunal a également décidé de fermer le journal pendant un mois.
Le 26.11, l'ancien rédacteur de l'hebdomadaire
Azadi, Sedat Karakas, est condamné par la CSE d'Istanbul à 18 mois de
prison et à payer une amende de 230 millions de TL (6.896 $). Le
propriétaire de la revue, Ikramettin Ogus, a également écopé d'une
amende de 250 millions de TL (17.241 $). Le tribunal a décidé par
ailleurs de fermer le journal pendant 15 jours.
Le 26.11, le rédacteur du mensuel Kurtulus est mis
en détention par la CSE d'Istanbul.
Le 26.11, l'auteur kurde Recep Marasli est condamné
par la CSE d'Istanbul à deux ans de prison et à payer une amende de 100
millions de TL (6.896 $) pour avoir publié le texte de sa défense qu'il
avait lu dans la Cour Martiale de Diyarbakir. Il avait été condamné
après le coup-d'Etat de 1980 et était resté en prison pendant plusieurs
années. Marasli, déclaré prisonnier de conscience par Amnesty
International, se retrouve à nouveau en prison. Dans le même procès, la
CSE d'Istanbul condamne aussi le
propriétaire....!!!!!!******......******
Le 26.11, la CSE d'Istanbul confisque le N°33 de
l'hebdomadaire Panorama et le N°14 du périodique Yeni Demokrat Genclik
pour propagande séparatiste.
Le 27.11, à Van, le distributeur local du journal
Özgür Gündem, Adnan Isik, est abattu par des inconnus.
Le 27.11, l'écrivain Numan Bektas est condamné par
la CSE d'Istanbul à 20 mois de prison et au paiement d'une amende de
208 millions de TL (14.345 $) pour son livre La Loi de la Résistance et
le Renouveau, dans lequel il décrit les conditions inhumaines de la
Prison de Diyarbakir.
Le 27.11, le N°103 du bimensuel Emegin Bayragi et le
N°6 du périodique Gengligin Sesi sont confisqués par la CSE d'Istanbul
pour propagande séparatiste.
Le 28.11, le N°81 de l'hebdomadaire Azadi et le
mensuel Devrimci Cözüm sont confisqués par la CSE d'Istanbul en vertu
de la LAT.
Le 30.11, le rédacteur responsable du disparu
journal 2000e Dogru, Adnan Akfirat, se voit infliger une amende de 25
millions de TL (1.724 $) par la CSE d'Istanbul. Le propriétaire de
l'hebdomadaire, Mehmet Sabuncu, écope également d'une amende de 50
millions (3.448 $).
Le 30.11, le N°7 du périodique Devrimci Proleter
Genclik est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
BILLETS DE BANQUE D'UN MILLION EN PERSPECTIVE
Le 20 décembre, Hürriyet rapportait que quatre
camions de billets de banque nouveaux imprimés clandestinement en
Allemagne étaient en chemin vers la Turquie. Les camions contenaient
les premiers exemplaires du million de billets de TL. Actuellement, la
plus grande coupure en Turquie est de 500.000 TL.
Etant donné que les billets sont transportés au
travers des Balkans, des mesures de sécurité spéciales ont été prises.
Les billets transportés ne sont pas terminés au cas où se produirait un
hold-up pendant le voyage. L'impression es presque complète mais la
coloration se fera en Turquie.
LES BANQUES TURQUES EN EUROPE
L'édition du 27 décembre d'Hürriyet rapporte que
sept banques turques sont en train d'étendre leurs activités bancaires
dans les pays de l'Union Européenne. L'aspect le plus attrayant pour
les banques turques dans le marché financier allemand semble être les 2
millions de Turcs qui résident dans le pays. En ce moment il y a cinq
groupes bancaires turcs en Allemagne: la Deutsche-Schqeizerische Bank
d'Ahmet Özal (fils de l'ancien président Trugut Özal), la Is Bankasi
GMBH de Türkiye Is Banskasi, la Deutsch Turkische Bank de Ziraat
Bankasi, sous contrôle de l'Etat, la Kreiss Bank de l'holding Cukurova
et l'Express Trade Bank de Tütünbank, appartenant à l'holding Yasar.
Kentbank, Demirbank, Altentifbank, Esbank, Egebank,
Halkbank et Bankespres cherchent également l'occasion d'établir des
groupes bancaires en Allemagne.