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 Chief Editor /Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Responsible editor/Editrice responsable: Inci Tugsavul


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24e Année - N°262

Juin/June 2000


Le MGK empêche l'acceptation

des critères de Copenhague

 Le rapport du Secrétariat général du MGK, daté du 11 mars, affirme qu'"au vu des réalités turques, les demandes et conditions excessives de l'Union européenne ne pourront être réalisées".
 Organe exécutif par excellence, composé principalement des chefs de l'armée, le MGK a un rôle prépondérant dans la vie politique turque.
 "Nous savons que les rapports de l'Union européenne qui soulèvent les lacunes en Turquie en matière de démocratie, de la suprématie du droit, des droits de l'homme, sont, pour une grande part, réalisés par des organes partiaux, ayant des préjugés à l'égard de notre pays, émettant des opinions subjectives. C'est pourquoi, il a été évalué de ne pas se conformer à des exigences excessives et injustes de l'Union européenne portant atteintes à l'intégrité nationale de la Turquie, à sa forme d'Etat unitaire, et à ses réalités propres. Il est préférable d'oeuvrer pour que les demandes inconvenantes ne soient plus mentionnées dans les rapports de l'UE", dit le MGK.
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LE TERRORISME DE L'ETAT / STATE TERRORISM

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LE TERRORISME DE L'ETAT / STATE TERRORISM

Le MGK empêche l'acceptation des critères de Copenhague

Voilà déjà six mois que la Turquie est candidate officielle à l'Union européenne et les institutions turques s'affrontent sur les critères de démocratisation à adopter. Sur fond d'avis relatif au rapport préparé par le Haut secrétariat à la coordination pour les droits de l'homme du Premier ministre, le Conseil national de sécurité (MGK), l'état-major des armées turc, et le ministère des affaires étrangères, s'opposent ouvertement.
 En coopération avec plusieurs ministères, le Haut secrétariat a mis en lumière la nécessité d'entreprendre des changements légaux pour se conformer aux critères de Copenhague.
 La première version du document, préparée par Gürsel Demirok, demandait la levée des obstacles devant la liberté de l'expression, l'autorisation d'émettre des programmes en langue kurde, l'enseignement de la langue kurde, l'augmentation des membres civils au sein du Conseil national de sécurité (MGK) et la nomination d'un civil au poste de secrétaire général du MGK.
 Face aux critiques, G. Demirok a dû démissionner et un rapport édulcoré, mijoté par le ministre d'état Rüstü Kazim Yücelen a été préparé. Le document final ne faisant aucune référence à la composition du MGK.
 Le quotidien turc Radikal dans son édition du 14 juin 2000 a révélé le rapport du MGK relatif aux critères de Copenhague.
 Ce texte de cinq pages du Secrétariat général du MGK, daté du 11 mars, affirme, en conclusion qu'"au vu des réalités turques, les demandes et conditions excessives de l'Union européenne ne pourront être réalisées".
 Organe exécutif par excellence, composé principalement des chefs de l'armée, le MGK a un rôle prépondérant dans la vie politique turque.
 "Nous savons que les rapports de l'Union européenne qui soulèvent les lacunes en Turquie en matière de démocratie, de la suprématie du droit, des droits de l'homme, sont, pour une grande part, réalisés par des organes partiaux, ayant des préjugés à l'égard de notre pays, émettant des opinions subjectives. C'est pourquoi, il a été évalué de ne pas se conformer à des exigences excessives et injustes de l'Union européenne portant atteintes à l'intégrité nationale de la Turquie, à sa forme d'Etat unitaire, et à ses réalités propres. Il est préférable d'oeuvrer pour que les demandes inconvenantes ne soient plus mentionnées dans les rapports de l'UE".
 Le rapport annonce également que "la question des droits des minorités en Turquie a été réglée avec le traité de Lausanne (de 1923). Ainsi, en Turquie, il n'y a que des Rûms (Grecs de Turquie), des Juifs, des Arméniens, et une minorité bulgare. Autrement dit, il a été décidé par un traité international de la paix de Lausanne, que nos citoyens d'origine kurde ne forment pas de minorité.( ) Des recommandations conduisant au séparatisme et portant atteinte à notre intégrité territoriale, telles que la reconnaissance de l'identité kurde ou alors l'autorisation d'émettre en kurde, sont considérées comme étant impertinentes. La meilleure chose pour cela est de faire prévaloir le 'nationalisme d'Atatürk' (ndlr : qui nie farouchement l'existence même des Kurdes) établi dans la Constitution.".
 Par ailleurs, le Conseil national de sécurité (MGK), suggère que "l'article 143 de la Constitution relatif aux cours de sûreté d'Etat (DGM) soit révisé et que ces cours soient remplacées par des tribunaux spéciaux compétents sur les atteintes portées contre la sécurité de l'Etat."
 Le MGK trouve acceptable qu'"en dehors des périodes de loi martiale ou de guerre, les civils ne soient pas jugés par des tribunaux militaires", et se prononce pour l'abolition de la peine de mort en suggérant la signature du protocole n°6 des Nations Unies.
 Le rapport précise également son opposition à toute possibilité d'" appel des décisions du Haut conseil militaire", qui décide de l'évolution des carrières des officiers supérieurs et qui périodiquement exclut de l'armée les officiers jugés "suspects" pour l'idéologie nationaliste d'Atatürk.
 Le MGK, tout en se prononçant favorablement pour l'augmentation des membres civils en son sein, déclare qu'"il n'y a aucune violation des droits de l'homme, ni des principes démocratiques dans le fait que le secrétaire général, responsable d'une institution compétente sur la sécurité nationale, soit un militaire".
 Parallèlement à ce rapport, le ministère turc des affaires étrangères a rendu public un autre rapport, toujours sur la même question, mais qualifié de "courageux" par le quotidien Radikal du 19 juin 2000.
 Le ministère se prononce à l'instar de la France pour l'intégration du "principe de citoyenneté constitutionnelle inclusive".
 Il a également déclaré qu'il était favorable à l'enseignement et à la formation des langues maternelles, de même qu'au droit de publication dans la langue désirée et à la levée de tout obstacle devant la liberté de l'opinion.
 Le rapport aboutit à la conclusion qu'il faut prendre en considération non pas "l'homogénéité des individus composant l'Etat-nation mais leur différence" et ainsi mettre l'accent sur "le droit à la différence". "Les individus qui jouissent du droit à la différence bénéficient naturellement de la liberté de promouvoir et de sauvegarder leurs différences ethnique, linguistique, religieuse, ou alors culturelle, dans la société où ils vivent".  Contrairement au MGK, le ministère des affaires étrangères prend en considération l'article 39 alinéa 4 du traité de Lausanne [ndlr : aucune restriction devrait être imposée à un national turc sur sa liberté d'utiliser une langue dans le cadre de l'enseignement privé, dans le commerce, dans la religion, dans la presse, ou encore dans des publications ou des réunions publiques].
 La presse turque a largement soulevé l'opposition des institutions dans ses colonnes.
 Sami Kohen (Milliyet, 20 juin 2000) relatant les propos d'un diplomate déclarait: "Les critères de Copenhague ne sont pas un 'menu' dans lequel on peut prendre et choisir certaines matières ". (CILDEKT, 29 juin 2000)

Turquie: Un des "mauvais élèves" du Conseil de l'Europe

 Sur les 41 Etats participant à la réunion des ministres en charge des médias du Conseil de l'Europe, trois pays ne respectent pas les engagements qu'ils ont souscrits en matière de liberté de la presse en signant la Convention européenne des droits de l'homme.
 Au mépris des recommandations répétées du Conseil de l'Europe, la Turquie, la Russie et l'Ukraine continuent de violer gravement la liberté de la presse. Dans la République caucasienne de Tchétchénie (Russie) et la région du Sud-Est anatolien (Turquie) qui abrite la minorité kurde, des lois d'exception permettent de réduire considérablement les libertés. En Ukraine, les médias critiques envers le régime continuent d'être victimes de pressions financières et politiques, alors qu'on assiste à un renforcement du pouvoir présidentiel.
 Par ailleurs, parmi les trois Etats - Azerbaïdjan, Arménie et Bosnie-Herzégovine - dont les demandes d'adhésion au Conseil de l'Europe sont en cours d'examen, l'Azerbaïdjan continue de prendre des mesures répressives à l'égard des médias.
 En Turquie, 21 journalistes ont été assassinés depuis 1988 pour avoir usé de leur droit à informer l'opinion publique. Ces meurtres n'ont été que très rarement punis. Quatre journalistes sont actuellement incarcérés pour avoir exercé leur profession, mais près de quatre-vingts autres sont détenus, sans qu'il soit possible de définir s'ils le sont pour leurs activités professionnelles ou pour des motifs politiques. Par ailleurs, outre le Code pénal qui prévoit des peines de prison pour des délits de presse, les autorités utilisent les textes de lois antiterroristes pour réprimer tout débat démocratique, notamment autour de la question kurde. Ainsi, depuis le début de l'année 2000, on compte une trentaine d'interpellations de journalistes et une dizaine d'agressions par les forces de police. Si les cas de tortures ont diminué, quatre représentants de la presse ont, néanmoins, subi des sévices corporels durant leur interpellation, en 1999. Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2000, la Loi d'urgence en vigueur dans le Sud-Est anatolien a permis aux autorités de fermer treize journaux prokurdes, sans aucune explication. Durant la même période, seize chaînes de télévision et dix-neuf stations de radio privées ont été suspendues par le Conseil de l'audiovisuel, une instance gouvernementale de régulation des médias, pour une durée totale de 2.726 jours.
 Face aux exactions répétées à l'encontre de la liberté de la presse en Turquie et en Russie, Reporters sans frontières demande au Conseil de l'Europe de suspendre ces deux Etats de l'organisation, tant qu'ils continueront de bafouer la Convention européenne des droits de l'homme. Reporters sans frontières demande la libération immédiate et sans conditions de tous les journalistes emprisonnés pour des délits de presse. L'organisation appelle également les autorités de ces deux pays à supprimer les peines de prison pour les délits de presse et les juridictions d'exception en Tchétchénie et dans le Sud-Est anatolien, qui transforment ces régions en véritables zones de non droit. (RSF/IFEX, June 13, 2000)

Rapport 2000 d'Amnesty International sur la Turquie

 Amnesty International a publié le 14 juin 2000 son rapport traitant des événements survenus durant l'année 1999). Nous reproudisons un extrait de ce rapport concernant la Turquie:
 "Abdullah Öcalan, chef du PKK, un groupe d'opposition armé, a été arrêté et jugé pour trahison et menées séparatistes. Sa condamnation à mort en juin, à l'issue d'un procès inique, a fait craindre une reprise des exécutions en Turquie, après un moratoire de fait de quinze ans.
 Cependant, le fait que la candidature de la Turquie à l'Union européenne (UE) ait été acceptée a fait naître l'espoir que ce moratoire se prolonge et que la peine de mort soit abolie. Les mouvements de protestation suscités par l'arrestation d'Abdullah Öcalan ont donné lieu à de très nombreuses interpellations. Des cas de torture ont été signalés régulièrement, sans qu'aucune région ne soit épargnée par cette pratique ; plusieurs personnes seraient décédées à la suite des sévices qu'elles ont subis. En septembre, dix prisonniers politiques ont été tués dans la prison centrale de sécurité d'Ankara par des agents des forces de sécurité ; les circonstances exactes de leur mort n'ont pas été élucidées. Les défenseurs des droits humains ont continué d'être victimes de harcèlement.
 Le président de l'Insan Haklari Dernegi (IHD, Association pour la défense des droits humains) a été emprisonné. Une modification de la législation a permis la libération de plusieurs écrivains et professionnels de la radio, et évité à certains d'être incarcérés. D'autres prisonniers d'opinion ont été maintenus en détention ou déférés à la justice pour avoir pacifiquement exercé leur droit à la liberté d'expression.
 Contexte
 Le conflit armé opposant depuis 1984 les forces de sécurité turques au PKK s'est poursuivi dans le sud-est de la Turquie, peuplé essentiellement de Kurdes. Les deux camps en présence se sont rendus responsables de violations des droits humains ; on estimait que le nombre des pertes civiles s'élevait à 4 500 personnes, celui des villages évacués ou incendiés à 3 000, et celui des personnes déplacées à au moins trois millions. Vers la mi-1999, Abdullah Öcalan a de nouveau proclamé un cessez-le-feu unilatéral, et il a appelé le PKK à se retirer du territoire turc.
 Le Demokratik Sol Partisi (DSP, Parti démocratique de gauche) de Bülent Ecevit a remporté les élections générales d'avril et formé un gouvernement de coalition avec le Milliyetçi Hareket Partisi (MHP, Parti de l'action nationale), d'extrême droite, et l'Anavatan Partisi (ANAP, Parti de la mère patrie), de centre droit.
 Le Halkin Demokrasi Partisi (Hadep, Parti démocratique populaire), pro-kurde, et le Fazilet Partisi (FP, Parti de la vertu), d'obédience islamiste, ont été menacés d'interdiction. La législation relative à l'état d'urgence est demeurée en vigueur dans cinq provinces, et n'a été levée dans une sixième qu'en décembre.
 Au mois de décembre, la candidature de la Turquie à l'Union européenne a été acceptée. Les négociations préalables à son adhésion ne devaient s'ouvrir que lorsque le pays satisferait à un certain nombre de critères politiques, en offrant par exemple de meilleures garanties en matière de respect des droits humains. En attendant, il a été décidé que la situation de ces droits ferait l'objet d'une surveillance et d'une évaluation, et que la législation turque serait examinée de près afin d'en vérifier la compatibilité avec les normes de l'Union européenne.
 Le procès d'Abdullah Öcalan
 Abdullah Öcalan a été capturé le 15 septembre au Kenya par les forces de sécurité turques. Il a ensuite été transféré en Turquie et placé en détention sur l'île d'Imrali (en mer de Marmara), où des mesures de sécurité spéciales avaient été prises. Le procès principal s'est ouvert le 31 mai, sur l'île d'Imrali, devant une cour de sûreté de l'État. Abdullah Öcalan était poursuivi pour la mort de 29 000 personnes (civils, militaires et militants du PKK), tuées dans le cadre du conflit.
 La législation nationale et les normes internationales d'équité ont été violées pendant toute la période de détention ayant précédé le procès, et durant le procès lui-même. Amnesty International a estimé que les droits d'Abdullah Öcalan n'avaient pas été respectés, notamment le droit d'être présenté à un juge dans un délai raisonnable, le droit de se défendre soi-même ou d'être défendu par un avocat, et celui de bénéficier d'un procès équitable devant un tribunal indépendant et impartial. Les avocats d'Abdullah Öcalan ont été harcelés, agressé et menacés, tant par des foules en colère que par des policiers. Plusieurs arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme, ainsi que les observations des représentants de la communauté internationale assistant au procès, ont entraîné l'adoption d'un amendement à la Constitution, qui a eu pour effet le remplacement du juge militaire chargé de l'affaire par un juge civil.
 Peine capitale
 Le 29 juin, Abdullah Öcalan était déclaré coupable de " trahison et de séparatisme " en vertu de l'article 125 du Code pénal, et condamné à la peine capitale. La confirmation de cette sentence par la Cour d'appel en novembre a fait craindre une reprise des exécutions en Turquie, après un moratoire de fait observé depuis quinze ans. Au moins 48 autres condamnations à mort déjà confirmées par la Cour d'appel pourraient être exécutées si le Parlement venait à donner son aval. À la fin de l'année 1999, cependant, certains signes laissaient à penser que la Turquie pourrait abolir la peine capitale.
 Torture et impunité
 La torture demeurait une pratique courante. Après l'arrestation d'Abdullah Öcalan, le nombre des informations faisant état d'actes de torture a augmenté par rapport aux deux années précédentes. La plupart du temps, les sévices avaient lieu dans les postes de police ou les gendarmeries au cours des jours suivant l'interpellation.
 Les personnes soupçonnées d'infractions relevant des cours de sûreté de l'État pouvaient être maintenues au secret pendant quatre jours ? un délai qui, dans la réalité, était souvent prolongé. Dans nombre de cas, les procédures d'enregistrement des détenus et de notification aux familles prévues par le Code de procédure pénale n'étaient pas respectées, une situation qui favorisait les " disparitions " et les tortures.
 Voici quelques-unes des méthodes de torture utilisées : le détenu est sauvagement passé à tabac, on le déshabille entièrement, on lui bande les yeux, on l'expose à un jet d'eau glacée sous pression, on le pend par les bras ou par les poignets préalablement ligotés dans le dos, on lui inflige des décharges électriques, on le frappe sur la plante des pieds, on le menace de mort, on lui fait subir des violences sexuelles, y compris le viol. Les victimes sont aussi bien des enfants et des femmes que des personnes âgées, de simples villageois, des militants politiques et des personnes socialement défavorisées.
 Plusieurs personnes seraient décédées des suites de tortures. L'une d'elle au moins, Alpaslan Yelden, n'était pas détenue pour des motifs politiques. Dix policiers ont été poursuivis à la suite de son décès à Izmir.
 * Le 5 mars, le syndicaliste Süleyman Yeter et quatre autres personnes ont été placées en détention dans les locaux de la section antiterroriste du siège de la police à Istanbul. Le lendemain, il a raconté à un autre détenu qu'il avait été entièrement dévêtu, roué de coups, aspergé d'eau glacée et contraint à s'allonger sur de la glace. Il ne pouvait plus remuer les bras. Le 7 mars, un fonctionnaire a confirmé que Süleyman Yeter était mort en détention. Ses avocats ont constaté que son corps présentait des marques résultant, selon eux, d'actes de torture. Juste avant sa mise en détention en mars 1999, il avait été invité à identifier des policiers poursuivis pour l'avoir torturé début 1997, en même temps que 14 autres détenus. Fin novembre, trois policiers ont été déférés devant la justice dans l'affaire du décès en détention de Süleyman Yeter.
 * Deux jeunes filles kurdes, N.C.S, seize ans, et Fatma Deniz Polattas, dix-neuf ans, ont été arrêtées début mars et, semble-t-il, torturées pendant plusieurs jours dans les locaux de la section antiterroriste du siège de la police d'Iskenderun. On leur aurait bandé les yeux et on les aurait contraintes à se mettre nues. N.C.S. aurait été soumise à des violences verbales et sexuelles, et Fatma Deniz Polattas aurait subi un viol anal. Une plainte officielle a été déposée, mais le procureur a décidé de ne pas poursuivre les policiers.
 La question de l'impunité
 Dans le cadre de sa campagne contre l'impunité dont bénéficiaient les tortionnaires en Turquie, Amnesty International a publié en avril un rapport décrivant certaines affaires dans lesquelles les autorités n'ont pas donné suite à des plaintes pour violations graves des droits humains. De nombreux détenus étaient dans l'incapacité d'identifier leurs tortionnaires, car, dans la plupart des cas, ceux-ci leur bandaient les yeux pendant les interrogatoires. Quant aux certificats médicaux attestant les tortures, il arrivait souvent qu'ils disparaissent. Des médecins ayant rendu des rapports falsifiés ont été promus, tandis que d'autres, qui s'étaient scrupuleusement acquittés de leur tâche, ont été déférés à la justice ou emprisonnés.
 Les procureurs montraient peu d'empressement à poursuivre les membres des forces de sécurité, et les juges n'ouvraient pas d'enquêtes sur les allégations de torture ? autant de facteurs tendant également à favoriser le déroulement de procès iniques. Les déclarations apparemment extorquées sous la torture étaient souvent retenues à titre de preuves par les tribunaux. Dans les rares cas où des membres des forces de sécurité ont été condamnés, les sentences prononcées ont été légères.
 Une nouvelle Loi relative aux poursuites à l'encontre des fonctionnaires est entrée en vigueur le 5 décembre, mais il fallait toujours l'autorisation d'un haut fonctionnaire pour pouvoir engager des poursuites contre des responsables présumés de violations des droits humains. Amnesty International a recommandé que seules les autorités judiciaires puissent décider de l'opportunité de poursuivre des membres des forces de sécurité soupçonnés d'atteintes aux droits fondamentaux.
  L'Organisation a accueilli favorablement l'adoption d'une nouvelle loi relative à la prévention de la torture. Cette loi prévoyait des peines plus lourdes pour les auteurs d'actes de torture et de mauvais traitements, ainsi que des sanctions en cas de dissimulation d'actes de torture par le personnel de santé.
 Homicides commis dans des circonstances controversées
 Le 26 septembre, 10 prisonniers appartenant à des organisations de gauche, dont deux membres du comité central du Türkiye Komünist Emek Partisi (TKEP, Parti communiste des travailleurs turcs), ont été tués dans la prison centrale de sécurité d'Ankara par des membres des forces de sécurité, et des dizaines d'autres prisonniers ont été blessés. Les circonstances dans lesquelles ces événements se sont produits ont donné lieu à controverse ; en outre, les avocats et les familles des détenus décédés n'ont pu assister aux autopsies. Les avocats ont porté plainte contre 49 membres des forces de sécurité.
 Pressions sur les défenseurs des droits humains
 Le communiqué de presse diffusé le 25 février ? peu après l'arrestation d'Abdullah Öcalan ? par les services du chef d'état-major des armées, établissant un lien entre les organisations de défense des droits humains et le PKK, a eu pour effet d'accroître les risques d'agressions contre des responsables et des membres de l'Association pour la défense des droits humains, la plus importante organisation du pays en matière de défense des droits fondamentaux. Le même jour, des membres des sections de l'IHD d'Istanbul et d'Ankara ont reçu des menaces de mort par téléphone.
 Des manúuvres de harcèlement répétées et une succession d'arrestations ont contraint les " Mères du samedi " à renoncer à la manifestation silencieuse qu'elles organisaient chaque semaine, depuis près de quatre ans, en faveur des " disparus ".
 Certaines sections de l'IHD, ainsi que l'association Mazlum Der, d'obédience islamique, ont été temporairement fermées. Dix responsables de l'IHD à Diyarbakir, jugés depuis octobre 1998 au titre de la Loi antiterroriste pour avoir fabriqué du matériel de propagande pour le PKK, ont été acquittés en mai 1999. Cependant, le tribunal n'a pas statué sur la demande de l'IHD concernant la réouverture de sa section de Diyarbakir, laquelle représentait une importante source d'informations sur les violations des droits humains commises dans le sud-est de la Turquie. Cette section avait été fermée en mai 1997.
 * Akin Birdal, qui était à l'époque président de l'IHD, a été emprisonné le 3 juin, un an seulement après avoir échappé à une tentative d'assassinat. Son incarcération constituait une violation flagrante de son droit à la liberté d'expression. En dépit des inquiétudes qu'inspirait son état de santé, il a été condamné à deux peines d'un an d'emprisonnement chacune, au titre de l'article 312-2 du Code pénal. Attaché à une solution pacifique de la question kurde, il avait utilisé les termes de " peuple kurde " dans des discours prononcés en 1995 et en 1996. Akin Birdal faisait l'objet de nombreuses poursuites pénales pour ses déclarations publiques et ses activités en tant que président de l'IHD. Amnesty International craignait que son incarcération ne s'inscrive dans un ensemble d'initiatives gouvernementales visant à discréditer et à gêner le travail des défenseurs des droits humains. En avril, la section allemande d'Amnesty International a décerné à Akin Birdal un prix spécial pour son action en faveur des droits humains. En septembre, il a été libéré de prison pour six mois pour raisons de santé, une mesure opportune mais insuffisante. Il lui était toujours interdit d'avoir des activités politiques et de quitter le pays.
 Prisonniers d'opinion
 Cette année encore, des écrivains, des éditeurs et des syndicalistes, mais également des enseignants, des hommes politique locaux et nationaux, des défenseurs des droits humains et bien d'autres ont été emprisonnés ou jugés pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression. Plus particulièrement visés ont été ceux ayant fait connaître leur opinion au sujet de la question kurde ou du rôle de l'islam dans le débat politique. C'est ainsi que Recep Tayyip Erdogan, élu maire d'Istanbul en 1994 et personnalité importante du Parti de la vertu (islamiste), a été emprisonné du 26 mars au 25 juillet à cause d'un discours prononcé en décembre 1997.
 En août, une modification de la législation a eu pour effet la suspension des peines, des procès et des enquêtes liés à des infractions commises dans les médias, sous réserve qu'il n'y ait pas récidive au cours des trois années suivantes. Vingt-deux prisonniers au moins ont ainsi fait l'objet d'une mesure de libération conditionnelle début septembre. Des défenseurs des droits humains comme Eren Keskin, Zeynep Baran et Sanar Yurdatapan, qui s'attendaient à être incarcérés, ont également bénéficié de cette mesure. D'autres prisonniers d'opinion qui n'avaient pas utilisé les médias pour exprimer leurs convictions ont été maintenus en prison.
 * Un avocat aveugle de cinquante-quatre ans, Esber Yagmurdereli, risquait de passer plus de dix-sept ans en prison pour avoir tenu tête au gouvernement sur la question du statut de la population kurde. Arrêté à Ankara en juin 1998, il a été condamné à dix mois d'emprisonnement pour des propos tenus en 1991, peine à laquelle s'est ajoutée le restant d'une condamnation à la détention à perpétuité prononcée contre lui en 1978. Cette dernière peine, qui avait conclu un procès inique, a été suspendue en 1991 à la condition qu'Esber Yagmurdereli ne commettrait plus d'infractions à caractère politique.
 Autres préoccupations
 Un certain nombre d'exécutions extrajudiciaires présumées ont été signalées. Necmettin Kahraman, dix-sept ans, a été abattu le 19 février à Kizitelpe (province de Mardin) lorsque les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants non violents qui demandaient que le procès d'Abdullah Öcalan fasse l'objet d'un contrôle indépendant. En septembre, Amnesty International a appris qu'aucune enquête n'avait encore été ouverte sur la mort de ce jeune homme. Le 16 août, un vendeur des rues de treize ans, Saban Çadiroglu, aurait été battu à mort par des policiers à Van. Le 5 octobre, Erdinç Aslan, considéré comme étant d'extrême gauche, était abattu à son domicile d'Adana. La police a d'abord fait irruption dans l'appartement de son voisin, Murat Bektas, et elle a abattu ce dernier sous les yeux de sa femme et de son jeune fils. Six policiers, dont l'un a été placé en détention, ont été déférés à la justice ; leur procès s'est ouvert le 1er décembre.
 Au moins 29 homicides délibérés et arbitraires ont été attribués à des groupes d'opposition armés. Des attaques et des attentats à l'explosif perpétrés après l'arrestation d'Abdullah Öcalan ont été imputés au PKK. Le Devrimci Halk Kurtulus Partisi-Cephesi (DHKP-C, Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple) et la Türkiye Isçi Köylü Kurtulus Ordusu (TIKKO, Armée de libération des paysans et travailleurs turcs), deux groupes armés, auraient tué des personnes soupçonnées d'être des informateurs. La police a fait savoir que 13 personnes avaient été tuées lors d'affrontements entre deux tendances du Hezbollah (Parti de Dieu).
 Amnesty International a mené campagne pour empêcher le rapatriement forcé de réfugiés iraniens. L'Organisation a déploré que Rustam Mamatkulov et Zeyniddin Askarov aient été renvoyés contre leur gré en Ouzbékistan le 26 mars, en dépit d'une requête officielle de la Cour européenne des droits de l'homme demandant qu'ils ne soient pas expulsés.

Supreme Court Judge Says Judiciary Not Independent

 Sami Selcuk, president of the Supreme Court of Appeals, has said that justice is soiled when the shadow of politics falls over the judiciary, adding that there ought to be juries in courts.
 Selcuk lectured on "the independence of the judiciary" at a meeting organized by the Kayseri Bar Association on 2 June.  He pointed out that Turkey went through various stages in terms of judicial independence. He stated that it is wrong to think that bad laws can be implemented well in the hands of good judges.
 Selcuk noted that according to the Constitution, the judicial authority is exercised by "independent courts" "on behalf of the people."
 He added: "In my 38 years in this profession, I do not remember having once decided on behalf of the people. I implement the law enacted by the legislature. If the constitution of a country says that courts exercise judicial authority 'on behalf of the people,' then you must set up juries."
 Selcuk charged: "I must admit that the fate of the judiciary has been placed in the hands of the executive." (Ozgur Politika, June 4, 2000)

Torture Team Received Interrogation Training in USA

 The parliamentary Human Rights Investigation Commission chaired by Ms. Sema Piskinsüt of the Democratic Left Party (DSP) continues to gain headlines in the Turkish press with its series of reports on systematic torture in Turkish prisons and police stations.
 According to the most recent press reports, the commission discovered that interrogation teams from the anti-terrorism departments of police stations in Elazig province had received some of their training in the United States.
 Eight policemen who had completed a two-week seminar on interrogation techniques in the USA were responsible for directing interrogations of detainees in Elazig province during the seven-day period when detainees are held incommunicado. (WIS, 22.6.00: Turkish Daily News, 27.5.00; Human Rights Foundation of Turkey - HRFT, 30.5.00; Hürriyet, 7.6.00)

Manifestations contre le futur système carcéral

 Quarante-cinq personnes ont été interpellées le 6 juin lors de deux manifestations à Istanbul pour dénoncer le futur système carcéral turc qui prévoit des cellules au lieu de dortoirs.
 Une première manifestation a été organisée à Eminonu (partie européenne) par quelque 200 membres de la branche féminine du HADEP.
 La police est intervenue pour disperser les manifestantes qui scandaient:"Liberté pour les prisonniers" et a interpellé 25 d'entre eux avant qu'elles puissent lire un communiqué.
 La police anti-émeutes est également intervenue pour disperser unemanifestation "interdite" d'une centaine de personnes devant la prison de Bayrampasa (partie européenne). Vingt manifestants ont été interpellés après une courte course-poursuite avec la police.
 Le gouvernement turc prévoit dans les mois à venir d'inaugurer plus d'unedizaine de prisons dites "de type F" dans plusieurs villes, comprenant uniquement des cellules qui ne peuvent abriter plus de 3 détenus à la fois,dans le cadre d'une réforme du système carcéral. (AFP, 6 juin 2000)

68 people including TIHV Staff on Trial

 The trial launched against 68 people, including TIHV staff members, on the accusations of "holding an unauthorised demonstration" in the funeral procession of Nevzat Çiftçi, a prisoner killed by the security forces at Ankara Central Closed Prison on 26 September 1999, continued at Aliaga Penal Court of First Instance on 6 June.
 In the hearing, the demand of the defendantsí lawyers to make an inspection and to hear the witnesses at the place of the incident, was refused. The trial was postponed to request the video recordings of the incident taken by the TV channels. (HRFT, June 7, 2000)

Party Executive in detention

 Socialist Power Party (SIP) Chairperson Aydemir Güler was detained at Istanbul Atatürk Airport on 7 June, just before a trip abroad, on the grounds that there was an earlier decision to remand. Güler was released when it was understood that the trial had concluded in acquittal. (Cumhuriyet, June 8, 2000)

47 HADEP members on trial

 Forty-seven people, 12 of them women, who were detained during the press statement made in Istanbul on 6 June for a "general amnesty" without any discrimination, for improvement of the prison condition of the PKK leader Öcalan, and for changes in the constitution, were referred to the Prosecution Office on 7 June.
 A trial was launched against these 47 people at Istanbul Penal Court of First Instance No.2 on the charges of "offence of the Law on Meetings and Demonstration Marches", "resisting public officers" and "praising an act which is considered a crime." The detainees were released to be prosecuted without remand. (Cumhuriyet, June 8, 2000)

Raid on Trade Union Egitim-Sen

 The police raided the Diyarbakir Branch Offices of the Education, Science and Culture Workersí Union (Egitim-Sen) on 7 June.
 Forty-three people, who were in the building during the raid, were confined there for a while. Later, Egitim-Sen Diyarbakir Branch Chairperson Hayrettin Altun, Legal Advisor Medeni Alpkaya and Financial Advisor Vedat Kussever were detained during the raids on their houses and offices. (Yeni Gündem, June 9, 2000)

IHD Malatya Branch Closed

 Human Rights Association (IHD) Malatya Branch, that had been closed for an indefinite time on the grounds of possessing prohibited publications on 19 February, was re-opened. A decision to acquit had been given for the association in the closure trial held at Malatya Court of First Instance, however the association had not been re-opened until the approval of the decision. (Yeni Gündem-TIHV, June 10, 2000)

La Turquie condamnée à Strasbourg pour disparition

 La Turquie a été condamnée le 13 juin par la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg pour la mort d'un Turc, disparu après son arrestation dans le sud-est du pays il y a presque sept ans.
 Le gouvernement turc, qui nie toute responsabilité, a été condamné à verser 30.000 livres sterlings (47.481 euros) pour indemniser à la famille d'Abdulvahap Timurtas, disparu depuis le 14 août 1993 près de Yenikoy (district de Silopi), dans la province de Sirnak.
 La Cour a stigmatisé la Turquie pour "l'absence d'enquête prompte et effective" sur la disparition de M. Timurtas et pour "l'absence de registres précis et fiables" concernant les gardes à vue, y voyant une violation de l'article 5 (droit à la liberté) et de l'article 13 (droit à un recours effectif). (AFP, 13 juin 2000)

64 étudiants interpellés lors d'une manifestation

 Soixante-quatre étudiants et lycéens ont été interpellées le 13 juin à Istanbul alors qu'ils tentaient de manifester sans autorisation contre le système de sélection pour l'entrée à l'Université.
 Le groupe tentait de se rendre devant la Direction de l'Education Nationale quant il a été bloqué par la police, qui a ensuite chargé pour empêcher les manifestants de lire une déclaration publique.
 "Le droit à l'éducation n'est pas à vendre" et "suppression de l'examen pour l'Université" étaient les slogans lancés par les jeunes candidats à l'enseignement supérieur. (AFP, 13 juin 2000)

TIHV Executive on Trial

 The trial launched against Prof. Dr. Veli Lök, the TIHV Izmir Representative, Fikret Ilkiz, the editor-in-chief with the daily Cumhuriyet and Bahri Akkan, Teachers' Union (Egitim-Sen) Izmir First Branch Chairperson, on the grounds that they "commented on an ongoing trial," concluded at Izmir Penal Court of First Instance No.2 on 13 June.
 The court sentenced each one to imprisonment terms of one month and fined them to TL. 60 million each under Article 30/2 of the Press Law.
 The imprisonment terms were commute into fines of TL 60 million and then postponed. (TIHV, June 14, 2000)

Death Penalty to TIKKO et DHKP-C militants

 The trial launched against defendants on the charges of being Turkish Workers' Peasants' Liberation Army (TIKKO) at Istanbul SSC with the demand of the death penalty concluded on 13 June.
 Defendants Fedai Sahin, Zeki Sahin, Muzaffer Acunbay, Seyit Ali Ugur and Hasan Rüzgar were sentenced to the death penalty. The death penalty given to Fatma Acunbay, Bayram Kama, Cengiz Polat and Sami Bolmaz were commuted into life imprisonment.
 On the other hand, Cemalettin Polat, an alleged Revolutionary People's Liberation Party-Front (DHKP-C) member, who is charged with the killing of Turan Ünal, an alleged JITEM member in Çankiri Prison, was sentenced to the death penalty under Article 146 of the Turkish Penal Code. (Yeni Gündem, June 14, 2000)

Human Rights Investigation Commission Report

 Parliamentarian Human Rights Investigation Commission Chairperson Sema Piskinsüt disclosed on 15 June the report of the commission entitled "Batman Investigation, Legal Proceedings, Prosecution and Execution 1998-2000" that covers the investigation of the commission in Batman. Piskinsüt, in her press meeting, stated that every body detained in Batman was tortured and said that there was no significant change regarding the investigation and prosecution system from 1998 to 2000.
 Piskinsüt stated that the hanger wholes in internal places of various sections of Batman Security Directorate were filled and said, "Although we did not identify hangers, we came across with some evidence that 120 Volt electricity is given. The prisoners also said that they were given electricity so that their reproduction functions were made infertile."
 Piskinsüt stated that 574 prisoners were serving at Batman Prison, which has a capacity of 350 people and said, "Everywhere were beds and berths, including the toilet entrances. Bureaucrats tried to solve this problem by dividing big wings to small rooms. Sixteen to eighteen people stay in places for 4."
 Piskinsüt also criticised that there was no Forensic Medicine Institute in Batman, which is a city where murder by unknown assailants are rare. (Yeni Gündem, June 16, 2000)

La Turquie à nouveau accusée à Strasbourg pour torture

 La Turquie a, une nouvelle fois, été mise au banc des accusés le 20 juin à Strasbourg devant la Cour européenne des droits de l'Homme lors d'une audience, après la plainte d'une enseignante kurde grièvement torturée pendant sa garde à vue et dont le mari a été assassiné par des inconnus.
 La requête a été déposée par Nebahat Akkoç, 47 ans, résidant à Adana (sud-est de la Turquie). Cette enseignante, responsable d'un syndicat enseignant, avait déjà été inquiétée par son administration après la parution d'un article accusant les autorités de harceler et d'emprisonner certains membres du corps enseignant, en 1992.
 En 1993, son mari, Zubeyir Akkoç, enseignant d'origine kurde et également militant syndical, était tué alors qu'il se rendait à l'école primaire pour travailler. Le meurtrier présumé qui avait été arrêté suite à ce meurtre, un membre du parti illégal Hizbullah, a été acquitté le 21 mai 2000.
 En 1994, Mme Akkoç était arrêtée à son domicile par les forces de l'ordre. Suivirent dix journées de "tortures extrêmes", selon l'enquête de la Commission qui cite des abus sexuels et mentaux, l'usage de projecteurs dans les yeux, des électrochocs, des douches écossaises, des coups, le tout attesté par des examens médicaux. (AFP, 20 juin 2000)

Students on Trial for Celebrating Newroz

 The trial launched against 32 students on the grounds that they "attended the Newroz celebrations" at the Aegean University campus on 18 March 1999, commenced at Izmir SSC on 21 June.
 At the hearing, the court board decided to unify the case file of 13 other students prosecuted on the same grounds, with this file. The trial was postponed to 11 July.
 The defendants are prosecuted on the charges of "aiding the PKK," under Article 169 of the Turkish Penal Code with the demand of imprisonment terms of 3 years 6 months. (Yeni Gündem, June 22, 2000)

An association and a foundation closed

 Izmir Governorate closed the Association of Solidarity and Fraternity with the Immigrants (GÖÇ-DER) Izmir Branch for three days, on the grounds that "non-members were found" in the office of the association.
 In Istanbul, the police raided Fatih District Centre and 38 liaison offices of the National Youth Foundation (MGV) on 21 June.  The police sealed Fatih District Centre and 38 liaison offices with the order of the prosecution office.  (Cumhuriyet-Yeni Gundem, June 22, 2000)

A Party Executive Sentenced

 The one-year prison sentence given to Yilmaz Çamlibel, the Chairperson of the Democracy and Peace Party (DBP), in connection with a speech he made in a meeting held at the IHD Kütahya Branch on 14 December 1992, under Article 312 of the Turkish Penal Code, was ratified by the Supreme Court. (Yeni Gündem, June 23, 2000)

Human Rights Defenders Under Detention

 The police officers prevented on June 24 the human rights defenders who wanted to march from Istanbul to Ankara in protest of the continuation of building of Cell Type (F) Prisons.
 The police officers detained Ayhan Sagcan (painter), Cezmi Ersöz (writer), Suavi (artist), Suna Aras (poet), Saban Dayanan (IHD member, photograph artist), Sanar Yurdatapan and Lawyer Göksel Aslan after they made a press statement.  (Evrensel-TIHV, June 24, 2000)

La levée de l'état d'urgence dans une province de l'est

 Le Conseil national de sécurité (MGK) a décidé le 25 juin de recommander au gouvernement turc la levée de l'état d'urgence à Van (est) et la reconduction de ce régime spécial dans quatre autres provinces à majorité kurde: Tunceli (est), Diyarbakir (sud-est), Hakkari (extrême sud-est) et Sirnak (sud-est).
 Ces cinq provinces sont placées depuis 1987 sous la responsabilité du bureau du gouverneur de l'état d'urgence à Diyarbakir, chef-lieu du sud-est anatolien, chargé de coordonner la lutte contre le PKK. (AFP, 25 juin 2000)

Double condamnation de la Turquie pour tortures

 La Turquie a été condamnée le 27 juin par la Cour européenne des droits de l'Homme pour torture infligées à deux hommes, dont l'un est décédé durant un interrogatoire de police et l'autre est resté en partie paralysé.
 Par seize voix contre une, la Cour européenne a donné raison à la veuve d'Agit Salman, sympathisant présumé du PKK, estimant qu'il y avait eu violation du droit à la vie (article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme).
 Les faits s'étaient déroulés à Adana (sud de la Turquie). M. Salman avait été arrêté en pleine nuit le 28 avril 1992 et détenu dans les locaux de la direction de la sûreté d'Adana. Il était mort le lendemain.
 Mme Salman, 58 ans, a été victime de mesures d'intimidation à la suite de sa requête devant la Cour européenne. Elle s'est vue octroyer par la Cour de Strasbourg la somme de 74.320 livres sterling (113.300 euros) pour dommages moral et matériel, ainsi que quelque 21.544 livres sterling (32.840 euros) pour frais et dépens.
 Dans l'autre affaire, Abdullatif Ilhan avait été blessé à la tête lors d'une opération militaire dans le village d'Aytepe (sud-est) le 26 décembre 1992.
 Il en est resté en partie paralysé et a en outre été condamné en mars 1993 à une amende avec sursis pour résistance à agents.
 La somme de 105.600 livres sterling (160.990 euros) pour le préjudice subi, frais médicaux et perte de revenu a été allouée à la victime, ainsi que 17.000 livres sterling (25.920 euros) à son frère, le requérant, pour les frais et dépens. (AFP, 27 juin 2000)

Suicide Attempt in the Prison

 Salih Riza Erdis, the IBDA/C leader who attempted to commit a suicide in his cell in Kartal F Type-Prison on 25 June, had reportedly wanted to die because being kept in a cell deteriorated his mental health.
 His lawyers Harun Yüksel and Hasan Ölcer made the following statement:
 "First of all, our client was awfully tortured by special gendarme team during the operation in Metris. Secondly, Kartal Special Type Prison is used as a laboratory of the cell-type prison, and isolation cells are in use in most parts of the prison. Our client has been kept in a cell for the last 5 months." (Evrensel, June 28, 2000)

Manifestation contre le futur système carcéral

 Soixante-six personnes ont été interpellées le 27 juin lors d'une manifestation à Istanbul pour dénoncer le futur système carcéral turc qui prévoit des cellules au lieu de dortoirs, a indiqué la chaîne de télévision d'informations NTV.
 Un groupe d'une centaine de personnes s'est rassemblée devant la prison de Bayrampasa à Istanbul à l'appel d'une association en faveur des détenus et d'un petit parti de gauche, scandant des slogans contre les projets du gouvernement de réformer le système carcéral.
 La police a violemment chargé pour disperser les manifestants qui refusaient de se disperser, interpellant 66 personnes, selon des images diffusés par NTV.
 Des manifestants se sont également engagés dans une course-poursuite avec la police. (AFP, 27 juin 2000)

La TIHV a recencé 5000 cas de torture en 10 ans

 La Fondation des droits de l'homme de Turquie (TIHV), par la voie de son président Yavuz Önen, a affirmé le 26 juin, qu'un million de personnes ont fait l'objet de torture au cours des 10 dernières années.
 Önen a dénoncé le fait que les rapports de la commission d'enquête parlementaire des droits de l'homme ne prennent pas en compte la dimension politique de la torture en déclarant: "Ils veulent faire croire que la torture ne se pratique que dans les commissariats de police. La torture est également pratiquée dans des directions de sûreté et dans les gendarmeries". (CILDEKT, 29 juin 2000)

L'usage excessif de la force dans les prisons dénoncé

 Une commission parlementaire turque a dénoncé le 29 juin dans un rapport l'usage "excessif" de la force des agents de securité lors de la répression des incidents dans une prison turque en septembre 1999 qui ont provoqué la mort de 10 détenus.
 "Les forces de l'ordre qui sont intervenues à la prison d'Ulucanlar ont eu recours à une force et violence excessives", précise le rapport de la commission d'enquête de ces événements sanglants, lu devant la presse par son président Mme Sema Piskinsut.
 Dix détenus avaient été été tués et une vingtaine d'autres blessés dans les incidents qui avaient dégénéré en mutinerie le 26 septembre dans cette prison et qui se sont ensuite étendus à d'autres établissements pénitentiaires du pays. (AFP, 29 juin 2000)

PRESSIONS SUR LES MEDIAS / PRESSURE ON THE MEDIA

Press Council discusses media's relationship with MIT

 The Press Council, established in accordance with Article 29 of the Turkish Journalists' Association (TGC) regulations, recently held a meeting at Burhan Felek convention hall, during which the relationship between the media and the National Intelligence Organization (MIT) was discussed in conjunction with the difficulties of the journalism profession.
 TGC Chairman Nail Gureli said that based on allegations that some journalists had provided certain services to MIT.  "Looking back at the last 50 years, I remember some instances of some journalists cooperating with MIT, and I feel obliged to admit that MIT and journalists have cooperated. These events were only the practice for some remote intelligence operations. When I was the editor in chief at Hürriyet newspaper, MIT was established within the paper. There were some people in Hurriyet's administration who, based on their background, were in cooperation with MIT. The police and court reporters were very close to the intelligence world.
 "It is not that easy to deny all these facts, nor it is easy to direct allegations towards a particular individual. It is debatable whether it was MIT that used journalists or the other way around. I don't think the same relationship is continuing today," he said. (Turkish Daily News, May 31, 2000)

Prime Ministry Website on 'Objectionable' Sites Rapped

 The Prime Ministry has opened a complaint form on its web site to enable the public to inform on the "web sites and providers" that they find to be objectionable.
 But some members of the public have protested this action of the Prime Ministry, deeming it as a "spying" service.
 The page opened at the "www.basbakanlik.gov.tr" address following by "/sikayet/vatandas" calls on the public to write in and inform about the web sites and their providers that they find objectionable.
 On the subject of complaints, one can tick one of the following choices: "Anti-Turkey, anti-institutional, violent, terrorist, pornographic, personal, other."
 People who have found the Prime Ministry request as a call for "spying" have sent the following protest mail to their friends: "Our Prime Ministry has put its signature to a fantastic practise! In order to detect the 'objectionable' sites on the Internet it has opened a page called 'Objectionable Sites Complaints Form' in its official web site. The aim is to ascertain these objectionable sites via the Internet users, thus turn everyone into informers." (Milliyet, June 2, 2000)

Two journalists assaulted by an MP

 Hakki Sargin, a reporter with the daily Aksam and Volkan Gürak, a reporter with the Dogan News Agency, who wanted to take the pictures of Sebgatullah Seydaoglu, Diyarbakir MP from the Motherland Party (ANAP) and Nurettin Dilek in Antalya, were assaulted by Seydaoglu. Hakki Sargin, who was beaten by Seydaoglu, got a report documenting his inability to work for 3 days. (Hürriyet, June 3, 2000)

Yeni Gundem interdit de diffusion dans la région kurde

 Le nouveau quotidien d'opposition 2000'de Yeni Gündem (Le nouvel ordre du jour en 2000) a été interdit de diffusion dans plusieurs régions du sud-est à majorité kurde. La notification écrite de cette décision est parvenue au bureau de Diyarbakir du journal sans aucune explication.
 L'interdiction, prononcée le 5 juin par le gouverneur régional le 6 juin, concerne les cinq provinces de Van, Diyarbakir, Siirt, Sirnak et Hakkari, les quatre dernières étant soumises à l'état d'urgence.
 "Ce genre de décisions ne peut être contesté par voie de justice", a déclaré le rédacteur en chef du quotidien, Ragip Zarakolu. "La seule manière d'y échapper est que l'état d'urgence soit levé. C'est pourquoi nous avons demandé l'intervention du Président de la République et du Premier Ministre."
 2000'de Yeni Gündem avait commencé à paraître le 27 mai, remplaçant Özgür Bakis et plusieurs autres journaux d'opposition successivement fermés ou forcés à s'arrêter par les autorités.
 M. Zarakolu a également dénoncé le fait que l'interdiction de son journal dans ces cinq provinces rendait impossible sa distribution dans les provinces voisines.
 Le procureur de la cour de la sûreté d'Etat avait lancé des poursuites judiciaires contre 124 numéros d'Özgür Bakis sur 370 et la plupart de ces numéros avait fait l'objet de confiscation.
 De plus, l'éditeur et trois rédacteurs d'Özgür Bakis avaient été condamnés par la CSE à des amendes d'un total de 261 milliards LT (466.071 Euros).
 A cause de ces interdictions et des pressions matérielles, Özgür Bakis avait dû arrêter sa parution le 22 avril 2000.
 Maintenant, 2000'de Yeni Gündem se trouve sous les mêmes pressions.

RSF dénonce l'interdiction de 13 publications

 Reporters sans Frontière (RSF) a dénoncé le 7 juin l'interdiction de diffusion de 13 publications, la plupart pro-kurdes, dans le sud-est anatolien à majorité kurde par les autorités turques.
 Dans une lettre adressée au Premier ministre turc Bulent Ecevit, le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, demande que tout soit mis en oeuvre "afin que cessent ces interdictions totalement arbitraires", précise RSF dans un communiqué reçu à Ankara.
 Parmi ces publications figure le journal pro-kurde 2000'de Yeni Gundem, interdit de diffusion dans plusieurs régions du Sud-Est.
 L'interdiction, prononcée par le gouverneur de Diyarbakir (sud-est), chargé de coordonner la lutte contre le PKK, concerne les provinces de Van, Diyarbakir, Siirt, Sirnak et Hakkari, les quatre dernières étant soumises à l'état d'urgence. (AFP, 7 juin 2000)

A Journalist in Detention

 Solmaz Yilmaz, a reporter with the newspaper Devrimci Demokrat's Ankara office, was reportedly detained. The statement made by the newspaper read that their offices were raided twice by the police. (Evrensel, June 8, 2000)

Book Confiscated, Writer on trial

 The trial launched against Ahmet Önal, the owner of the Peri Publishing House, who published the book entitled "A Kurdish Businessman: Hüseyin Baybasin" by Mahmut Baksi, on the charges of "disseminating separatist propaganda," under Article 8 of the Anti-Terror Law, commenced at Istanbul Beyoglu Heavy Penal Court No.2.
 In the hearing Önal stated that the trial was political but not legal and said, "The writer of the book is Mahmut Baksi. The book consists of the accounts of Hüseyin Baybasin about the drug smuggling relationships in Turkey. In this respect, this trial is a political one."
 Lawyer Ercan Sezgin demanded that Baksi and Baybasin would be heard in the trial in order to determine the truth of the accounts. The court board refused this demand on the grounds that Baksi and Baybasin are abroad. (Yeni Gündem, June 10, 2000)

The press trial on Newroz ended in acquittal

 The trial launched against editors-in-chief of 8 newspapers in Batman, due to writing the word "Newroz" with a "w" in the articles related to the Newroz festivities, concluded at Batman Heavy Penal Court on 9 June with acquittal.
 Regional Gendarme Regiment had lodged an official complaint against the newspapers Batman Postasi, Batman Cagdas, Exspres, Batman, Güncel, Mücadele, Aydinlik Rota and Bayram at Batman Public Prosecution Office and a trial had been launched on the accusations of "inciting people to hatred and enmity" under Article 312 of the Turkish Penal Code. (Yeni Gündem, June 11, 2000)

Dr. Fikret Baskaya again on trial

 The trial launched against Dr. Fikret Baskaya in connection with his article published in the daily Özgür Bakis on 1 June 1999 on the charges of "disseminating separatist propaganda" under Article 8 of the Anti-Terror Law concluded.
 In the hearing held at Istanbul SSC on 13 June, Fikret Baskaya was sentenced to one year in prison and fined to TL 1 billion. (Yeni Gündem, June 14, 2000)

An artist on trial

 The trial launched against photographer Mehmet Özer in connection with his slide show on 4 March 1999 that was part of activities related to 8 March World Women's Day, on charges of "aiding the PKK", continued on 14 June.
 In the hearing, it was alleged that Leyla Halit, a Palestinian guerilla of whom a picture was displayed in the slide show, was actually a "PKK guerilla." Mehmet Özer is prosecuted under Article 169 of the Turkish Penal Code. (Radikal, June 15, 2000)

Press Council protests OHAL's press censorship

 The Turkish Press Council is protesting bans imposed on certain newspapers by the Emergency Rule (OHAL) Governor's Office. Council President Oktay Eksi said the ban on the entry of daily Yeni Gundem into and its passage through the OHAL region was a "typical example of arbitrariness," the Anatolia news agency reported.
 In a written statement, Eksi stated that such a ban is not a new phenomenon, and he cited several other newspapers which were subject to similar bans, including Yeni Evrensel, Azadiya Welat, Ozgur Bakis and Roja Teze. There is also a set of journals that have been banned in the same manner by the OHAL Governor's Office. (Turkish Daily News, June 15, 2000)

La Turquie condamnée pour atteinte à la liberté d'expression

 La Turquie a été condamnée le 15 juin à Strasbourg par la Cour européenne des droits de l'Homme pour violation du droit à la liberté d'expression d'un jeune journaliste, poursuivi pour avoir publié le point de vue d'un lecteur sur la question kurde.
 Umit Erdogdu, 30 ans, rédacteur en chef du bimensuel "Iscilerin Sesi" à Istambul ("La voix des ouvriers"), avait fait paraître le 2 octobre 1992 l'article d'un lecteur intitulé "Le problème kurde est un problème turc".
 Un an plus tard, M. Erdogdu était condamné pour diffusion de propagande contre l'intégrité territoriale de l'Etat et l'unité indivisible de la nation turque à 6 mois de prison et à une amende qu'il a commencé à payer en 1994.
 En incriminant le journaliste, les autorités turques "n'ont pas suffisamment pris en compte la liberté de la presse, ni le droit du public de se voir informé d'une autre manière de considérer le problème kurde, aussi désagéable que cela puisse être pour elles", a estimé la Cour européenne.
 La Cour a accordé au requérant un dédommagement moral de 26.000 FF (3.960 euros) et 20.000 FF (3.050 euros) pour frais et dépens. (AFP, 15 juin 2000)

Un dictionnaire de langue kurde saisi peu après sa diffusion

 Un dictionnaire turc-kurde, rédigé par l'Institut kurde d'Istanbul et publié il y a dix jours, a été saisi dans la ville de Batman (sud-est de la Turquie, à majorité kurde), peu après sa mise sur le marché, a annoncé le 18 juin à l'AFP le directeur de cet institut, Hasan Kaya.
 "Une centaine d'exemplaires ont été confisqués il y a une semaine auprès de la société de distribution sur ordre de la direction de la sûreté de Batman et envoyés à la Cour de sûreté de l'Etat de Diyarbakir (sud-est) pour contrôler le contenu de notre dictionnaire", a expliqué M. Kaya.
 Ce dictionnaire de 1.280 pages et plus de 40.000 entrées est à ce jour le plus important ouvrage donnant accès à la langue kurde la plus parlée en Turquie, le kurmandji (parlé par 85% des Kurdes turcs, avec le zaza, alors que le sorani est principalement parlé dans le nord de l'Irak).
 Rédigé par Zana Farqini, membre de l'Institut kurde d'Istanbul, ce dictionnaire est une preuve que "la langue kurde existe, qu'elle doit être protégée et qu'elle n'est pas aussi pauvre qu'on le dit", a expliqué son directeur. (AFP, 18 juin 2000)

A writer on trial for his book

 The trial launched against the writer Hüseyin Gazi Metin, who is prosecuted on the charges of "inciting hatred among people" in his book titled "Human, God, Religions and Shiism", continued on 19 June.
 At the hearing, the prosecutor Ünal Haney stated that the trial was launched before the book appeared in the bookstores and thus demanded 1 to 2 years of imprisonment terms for Hüseyin Gazi, arguing that the alleged offence was an "incomplete attempt which was given up", under Article 312 of the Turkish Penal Code. (Evrensel, June 20, 2000)

Hearings against newspaper underway in Cyprus

 In a 20 June 2000 letter to Turkish Cypriot Administration representative Rauf Denktash, the IFJ expressed its ongoing concern about the actions of the Turkish Cypriot administration against the daily Turkish Cypriot newspaper "AVRUPA".
 The organisation understands that hearings started on 26 May, before a so-called "criminal court" in the Turkish occupied part of Cyprus, on seventy-five lawsuits against "AVRUPA" for "instigating hatred against the Turkish republic of North Cyprus and the Turkish army".
 For each lawsuit, the military and the police demand five years imprisonment for the newspaper's editor-in-chief, Shener Levent, and five other "AVRUPA" journalists.(IFJ/IFEX, June 20, 2000)

A Journalist on Trial for "Mehmet's Book"

 A trial was launched against Güler Yildiz, editor-in-chief with the local daily Çinar published in Mersin, on the grounds that she made a review of the book titled "Mehmedin Kitabi (Mehmet's Book)", by Nadire Mater.
 At the trial launched by Mersin Public Prosecution Office with the demand of Içel Governorate, in connection with a news published in the daily on 15 September 1999, Yildiz is prosecuted under Article 159 of the Turkish Penal Court.
 The trial will commence at Mersin Heavy Penal Court No.1 on 26 June.
 The trial launched against Nadire Mater in connection with "Mehmet's Book", that was confiscated, is underway at Beyoglu Heavy Penal Court No2. (Yeni Gündem, June 23, 2000)

Artist on trial, publication confiscated

 In the trial launched against photographer Mehmet Özer on the charges of "helping and abetting the PKK" in connection with displaying slides in the activities held within the context of 8 March World Women Day activities, the expert Ayhan Abaci, a technician with the Ankara Radio, disclosed that the expertise report he prepared was wrong.
 Ayhan Abaci, who had asserted that Leyla Halit, a Palestinian guerilla, whose slide was displayed in Mehmet Özer's slide show, actually was a "PKK guerilla," said that he had sent a petition to the court board stating that he made a mistake.
 On the other hand, Istanbul SSC Prosecution Office confiscated Daily Akit on the accusations of "inciting hatred and enmity among people" in the articles in the 28 June issue of the daily. (Radikal-Akit, June 29, 2000)

Article 312 to enter RTUK regulations

 A government bill to amend the law governing broadcasts by private radio and television stations envisages implementing regulations that resemble the controversial Article 312 of the Turkish Penal Code (TCK).
 Should a broadcast be made that contravenes the principles of integrity of the state according to the principles of broadcasting and the provisions of Article 312 of the TCK, the offending station can be closed down for one month without being given "a warning" first.
 Should the offense continue after this, then the institution can be closed down permanently.
 The bill envisages being able to revoke a broadcasting license. (Turkish Daily News, June 29, 2000)

POLITIQUE INTERIEURE / INTERIOR POLICY

Le parlement ne renvoit pas  Ciller et Yilmaz devant la Cour

 Les députés turcs ont rejeté le 29 juin la décision d'une commission parlementaire demandant le renvoi de deux ex-premiers ministres, Mesut Yilmaz et Tansu Ciller, devant la Cour suprême pour corruption.
 M. Yilmaz était accusé dans le rapport de la commission d'avoir vendu des licences de téléphonie mobile en dessous de leur valeur réelle à deux réseaux privés.
 Mme Ciller pour sa part était accusée d'avoir utilisé un fonds spécial de l'Etat dévolu à son bureau lors de son mandat de chef de gouvernement pour verser de l'argent à un escroc et repris de justice, qui prétendait être un général en retraite, en échange d'une promesse de soutien à son parti aux élections de décembre 1995.
 Selon la loi fondamentale, tout parlementaire condamné par la Cour suprême est interdit de politique à vie.
 Des membres du Parti de l'action nationaliste MHP, qui fait également partie de la coalition gouvernementale, avaient avec l'opposition pour le renvoi de M. Yilmaz devant la Cour suprême.
 Le processus de vote, qui durait depuis plusieurs semaines au parlement, avait déclenché un accrochage verbal entre l'ANAP et le MHP et suscité des craintes d'un effondrement de la coalition tripartite formée avec le Parti de la gauche démocratique (centre gauche) du Premier ministre Bulent Ecevit.
 Mais la tension est ensuite retombée avec des déclarations des responsables des deux formations prônant la modération. (AFP, 29 juin 2000)

FORCES ARMEES / ARMED FORCES

La Turquie a confié à Israël la modernisation de 200 chars

 Les Industries militaires israéliennes, une importante société d'armement gouvernementale, ont décroché un contrat pour la modernisation de 200 chars de combat de l'armée turque, rapporte le 5 juin le quotidien israélien Haaretz.
 La décision finale de confier à cette compagnie la modernisation des chars de modèle M60 de fabrication américaine, a été prise par le Premier ministre turc Bulent Ecevit et le ministre de la défense Sabahattin Cakmakoglu, précise le journal.
 Il s'agit du contrat d'armes le plus important entre Israël et la Turquie depuis la modernisation par Israël des appareils F-4 Phantom de fabrication américaine de l'aviation turque.
 Israël et la Turquie sont liés par un accord-cadre de coopération militaire signé en février 1996, qui a provoqué la colère de la plupart des pays arabes et de l'Iran, qui y voient une menace dirigée contre eux. (AFP, 5 juin 2000)

Turkey's defense budget twice that of European countries

 Kent Kresa, chairman of the board of directors of Northrup Grumman, one of the largest defense companies in the United States, has said that Turkey's defense expenditure per person was twice the average of European countries and exceeded even that of the United States, reported the Anatolia news agency yesterday.
 Kresa, whose company is ranked 190th on the Fortune 500 list, was speaking at a conference held by the Turkish-American Business Council in Istanbul.
 He called Turkey one of the Unites States' most valuable and important allies and maintained Turkey was an element of stability in NATO's southeast.
 He went on to talk about the threat that Turkey faced all around it despite, or even because of, the collapse of the Soviet Union. Kresa said that as well as constituting 25 percent of NATO's manpower in Europe, Turkey's defense expenditure per person was double the average for European countries and exceeded even that of the United States. (Turkish Daily News, June 15, 2000)

L'Armée s'en prend aux "calomnies" de la presse islamiste

 L'état-major de l'armée turque a vilipendé le 26 juin la presse islamiste pour ses "calomnies" envers un amiral récemment décédé qui avait joué un rôle moteur dans les pressions ayant entraîné la démission du premier chef de gouvernement islamiste de Turquie en 1997.
 L'armée a répondu dans un communiqué à deux quotidiens qui ont commenté, en cachant mal leur satisfaction, le décès de Guven Erkaya, 62 ans, ancien conseiller auprès du Premier ministre et ancien commandant de la marine, à la suite d'un cancer de l'intestin.
 Le quotidien Akit affirmait dimanche qu'il était mort d'un abus d'alcool et avait demandé à sa famille de ne pas organiser de funérailles religieuses. Le journal Yeni Safak l'a pour sa part décrit comme l'homme qui "a plongé la Turquie dans les ténèbres".
 L'armée a accusé la presse islamiste de "poursuivre une propagande perfide de mensonges contre les forces armées (...) principal obstacle" à leur but de renverser l'ordre laïc en Turquie.
 "Il est impossible à ces esprits pervertis de réussir dans leurs tentatives de créer un Etat religieux dans notre pays face au bon sens et à l'attitude déterminée des forces armées", souligne le communiqué.
 Il ajoute que l'armée poursuivra sa lutte contre l'Islam radical et rappelle que la politique de l'état-major n'est pas liée à des individus. (AFP, 26 juin 2000)

Turkish army accuses neighbors of backing Islamist militants

 The head of the Turkish army accused neighboring countries on June 30 of supporting Islamist militants seeking to overthrow the country's strictly secular Constitution.
 The Anatolian news agency reported that remarks by land forces chief Gen. Atilla Ates had amounted to a coded warning to neighbour Iran, although he made no direct reference to Tehran.
 "We want our neighbors not to support terrorism," the agency quoted Ates as saying late on June 29. "We fear no one when defending our state...We also have no need to import any regime from anyone."
 "We want to get on well with all our neighbors and solve our problems through dialogue," he said.
 It was Ates who two years ago issued a stern warning to Turkey's southern neighbor Syria over its alleged support for outlawed PKK militants.
 Turkey deployed tanks on its Syrian border in an open threat which led to PKK chief Ocalan having to flee Damascus, and Syria renouncing its support for the terrorists. (Turkish Daily News, June 30, 2000)

RELATIONS MAFIEUSES / MAFIA RELATIONS

Mehmet Ali Agca dans la prison des "célèbres" d'Istanbul

 Mehmet Ali Agca, extradé le 14 juin vers la Turquie après avoir passé 19 années en prison en Italie pour son attentat contre le pape, est incarcéré dans la prison de haute sécurité de Kartal à Istanbul qui abrite plusieurs parrains de la mafia turque.
 Elle est proche de celle dont il s'était évadé avec une déconcertante facilité en novembre 1979, passant la porte, vêtu d'un uniforme, de la garnison de Maltepe à Istanbul, dont une partie avait été transformée en prison à l'époque. Il y était détenu dans l'attente de son jugement pour le meurtre du rédacteur en chef du journal Milliyet Abdi Ipekci, en février de la même année.
 La prison de Kartal, dite de "type F", est composée de cellules au lieu de dortoirs comme la plupart des établissements pénitentiaires turcs, un système que les autorités projettent maintenant d'étendre.
 Elle accueille les prisonniers "célèbres" de Turquie --parrains de la mafia turque pour la plupart, extradés d'un peu partout vers la Turquie.
 Parmi eux, le plus connu est Alaattin Cakici, extradé en décembre par la France après une longue procédure juridique.
  Kursat Yilmaz et Ayvaz Korkmaz, deux autres mafieux extradés respectivement de Bulgarie et d'Ukraine, sont également incarcérés dans cette prison, qui fait souvent la "une" de la presse turque en raison du confort dont bénéficieraient la plupart de ses prisonniers.
 Postes de télévision, réfrigérateurs et autres accessoires électroménagers y sont autorisés, selon les médias.
 Ces conditions de détention forment un contraste frappant avec le sort du commun des prisonniers en Turquie. Les prisons turques sont fréquemment le théâtre de révoltes de prisonniers politiques avec prises d'otage, pour protester contre les conditions de détention.
 Agca a en commun avec Cakici, Yilmaz et Korkmaz des opinions politiques: l'ultra-nationalisme.
 Un autre co-détenu d'Agca est Salih Mirzabeyoglu, chef présumé de l'organisation clandestine islamiste du Front islamique des combattants du Grand-Orient (IBDA-C).
 Mais cette prison n'abrite pas seulement des mafieux ou des extrémistes. Deux jeunes adeptes du satanisme, jugés pour avoir tué l'an dernier une jeune fille en guise de sacrifice humain pour apaiser le diable, le premier crime du genre en Turquie, y sont aussi incarcérés. (AFP, 14 juin 2000)

Agca affirme n'avoir été qu'un "acteur" des meurtres

 L'auteur de la tentative d'attentat contre le pape, le Turc Mehmet Ali Agca, a comparu le 16 juin devant un juge et affirmé qu'il n'avait été qu'un "acteur" dans le meurtre d'un journaliste turc réputé pour lequel il a été condamné à mort par contumace en Turquie.
 "Je ne suis pas l'assassin d'Abdi Ipekci. J'étais un acteur dans ce scénario. Je jouais le rôle du meurtrier", a-t-il déclaré dès son arrivée dans la salle d'audience, créant l'ébullition.
 Il a affirmé son innocence dans une attaque à main armée perpétrée en 1979 pour laquelle un procès est en cours contre lui, raison de sa présentation à un juge, au milieu d'un impressionnant dispositif de sécurité. "Il n'y a pas eu de vols. Ce sont des contes de fée, je suis innocent", a-t-il dit.
 Agca, 42 ans, cheveux ras et presque blancs, vêtu de jeans et d'une chemise bleu clair, a dû interrompre sa déclaration liminaire sur injonction du juge Nusret Ince.
 "Pardonnez-moi d'être aussi excité. Mais je suis de retour dans mon pays après tant d'années", a-t-il par la suite fait remarquer, cité par la télévision privée NTV.
 Le juge lui a signifié son arrestation et a annoncé que son procès s'ouvrirait le 10 juillet.
 Agca a été extradé d'Italie tôt le 14 juin après avoir bénéficié d'une grâce présidentielle et avoir purgé 19 ans de prison pour sa tentative d'assassinat contre Jean-Paul II le 13 mai 1981.
 Il doit encore purger en Turquie près de dix ans de prison pour le meurtre en 1979 du rédacteur en chef du journal Milliyet, Abdi Ipekci. La peine de mort avait été commuée par un amendement à la loi anti-terroriste en 1991.
 Il est incarcéré à la prison de haute sécurité de Kartal à Istanbul, en cellule d'isolement.
 Agca a été conduit au tribunal de Kadikoy, où l'audience a duré 40 minutes, à bord d'un véhicule militaire blindé.
 Les rues entourant le tribunal, situé dans la partie asiatique d'Istanbul, avaient été bloquées par des véhicules de police, des dizaines de policiers et gendarmes étaient déployés, ainsi que des tireurs armés de kalachnikov postés sur les toits environnants.
 Trois militants d'un petit parti de gauche qui tentaient de distribuer des tracts en demandant que soient retrouvés "ceux qui se cachent derrière le meurtre d'Ipekci" ont été interpellés par la police.
 Plusieurs avocats ont été pressentis pour prendre sa défense, dont le défenseur du mafieux Alaatin Cakici, extradé par la France et lui aussi incarcéré à Kartal, a indiqué à la presse Me Can Dogancan.
 Membre du mouvement de jeunesse d'extrême droite des Loups gris, lié au parti de l'Action nationaliste MHP, aujourd'hui membre de la coalition au pouvoir en turquie, Agca avait avoué être le meurtrier d'Ipekci après son arrestation en juin 1979.
 Il s'était évadé d'une prison militaire d'Istanbul cinq mois plus tard, et avait refait surface sur la place Saint-Pierre. (AFP, 16 juin 2000)

Le MIT accusé de servir d'escorte aux traficants de drogue

 Dans un entretien accordé le 12 juin 2000 au quotidien Radikal, Sevket Yahnici, député et président adjoint du parti MHP, partenaire de la coalition gouvernementale, a affirmé que la police et le service de renseignement turc (MIT) autorisaient le trafic de drogue en Turquie.
 "Le MIT est divisé en deux. Beaucoup d'autres choses se trouvent divisées ainsi. Je vous affirme clairement que sur la route Yüksekova-Marseille, plus de 100 milliards de dollars, issus du trafic de trafic sont partagés. La police ouvre la route, des camions de transport internationaux y conduisent. D'autres se chargent de les escorter ( ). Des substances illégales ont été transportées de cette manière depuis plus de 25-30 ans" a déclaré M. Yahnici au journal en question.
 Les différents rapports européens dénoncent régulièrement le rôle de la Turquie dans ce trafic. Plus de 75 % de la drogue consommée en Europe transitent par la Turquie. Dans son récent rapport, l'Observatoire international des drogues qualifie la Turquie de narco-Etat et accuse les pays occidentaux d'hypocrisie et de mansuétude envers leurs alliés turcs. (CILDEKT, 20 juin 2000)

QUESTION KURDE / KURDISH QUESTION

Nouvelle condamnation pour le président du HADEP

 Ahmet Turan Demir, le président du HADEP a été condamné le 1er juin à un an de prison et à une amende pour "propagande séparatiste" par une Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Ankara.
 Demir, son prédécesseur Murat Bozlak et plusieurs autres responsables du parti ont déjà été condamnés le 24 février à trois ans et neuf mois de prison chacun pour "soutien" au PKK. Ils ont fait appel de la sentence.
 Le HADEP est menacé d'interdiction par la justice turque qui le considère comme une émanation du PKK, qui a renoncé l'année dernière aux armes à l'appel de son chef. (AFP, 1 juin 2000)

L'affaire des députés kurdes à la Cour européenne

 La Cour européenne des droits de l'homme, saisie d'un recours des députés kurdes emprisonnés, vient de désigner un rapporteur qui, sur la base des mémoires de la défense et du gouvernement turc ainsi que des conclusions de la Commission européenne des droits de l'homme va préparer un projet d'arrêt à l'intention de la Cour. Celle-ci statuera "en automne 2000", à une date non encore précisée.
 La Cour européenne, qui condamne fréquemment les Etats pour excès de lenteur dans l'administration de la justice, aura ainsi elle-même mis plus de six ans pour statuer dans l'affaire des députés kurdes emprisonnés depuis mars 1994 à Ankara et condamnés à 15 ans de prison pour délit d'opinion. (CILDEKT, 7 juin 2000)

Kurdish Mayors Barred from US Trip

 Two Kurdish mayors of cities in southeastern Turkey who had been invited to speak at a meeting of the United States Congress had their trip abruptly canceled by the Turkish government last week.
 Sahabettin Özaslaner, mayor of Van, and Emrullah Cin, mayor of Viransehir, were to appear at a briefing on 6 June before the US section of the Helsinki Commission (Commission on Security and Cooperation in Europe - CSCE) and had scheduled meetings with members of Congress, US officials, journalists, academics and NGOs.
 Two days before departing and after having obtained US visas, they were both informed that they would not be permitted to travel to Washington. In a letter sent on behalf of the Governor of Sanliurfa, the Assistant Governor wrote, "It would not be fitting for the mayors of municipalities that are in debt to go abroad." Mayor Cin told a journalist that he and his colleague had paid for their trip out of their own pockets and added, "Is there any municipality in Turkey that is not in debt? I have been mayor for fourteen months now. To date we have managed to pay off 52% of the debt we inherited from the former administration. And we have not got into further debt. Furthermore, I went to Switzerland as the guest of the mayor of Bern. We had far more debt in those days."
 Dr. Najmaldin Karim, president of the Washington Kurdish Institute, commented: "These capricious actions, which appear to have no legal basis, underscore the tenuous nature of the rule of law in Turkey." (WIS, 22.6.00: Milliyet, Washington Kurdish Institute, 5.6.00)

Demand of Öcalan's Transfer Rejected

 The demand of transfer of the PKK Leader Abdullah Öcalan, who is currently in remand on Imrali island, to another prison, was rejected.
 Upon this decision, Öcalan's lawyers disclosed that they would demand that the Committee to Prevent Torture (CPT) would investigate the situation of Öcalan.
 Ali Suat Ertosun, the General Director of Prisons and Arrest Houses under the Ministry of Justice, stated that necessary health precautions were taken at Imrali Prison and thus Öcalan's transfer to another prison was unnecessary.  Dogan Erbas, one of Öcalanís lawyers, stated that Öcalan was suffering from cold, flu and had problems in his throat, in tasting, smelling, breathing, as well as insomnia and sudden breaks while sleeping. (Yeni Gündem, June 8, 2000)

Ecevit's negationist speech in Diyarbakir

 Ecevit, who visited Amed [Diyarbakir] to attend the DSP [Democratic Left Party] province congress, did not say a word about the DSP. He displayed a "classic drawing room mannerism." It was obvious that this was a state visit and that Ecevit's speech would give the clues with regard to the state policy that will be pursued in the future.
 Earlier, ANAP [Motherland Party] leader had said: "The road to the EU passes through Diyarbakir."  Virtue Party leader Recai Kutan, in turn, had said:
 "Democratization and granting the rights to the people of the region constitute the main problems of the country."  We wondered what kind of a style Ecevit would use in Amed following these statements.  Ecevit almost said: "I am the only person that can speak on behalf of the state. All the previous statements are of no importance." He recalled that he is the "real state."  In other words, with this speech, Ecevit responded to the foreign diplomats, the investors, and the Europeans. Ecevit replied to those whose interest in the region has increased and to those who are not only interested in making financial investments, but also in the social and cultural problems of the region.  Ecevit tried to say: "There are no problems in the region, other than the economic problems.  If the problems related to roads, schools, electricity, and water are resolved, all the other problems will be resolved."
 Ecevit has once again denied the 80-year problem that has been experienced in Kurdistan since the establishment of the republic.
 He did not acknowledge the Kurds' basic rights and freedoms as people.
 Furthermore, his style provoked the process we are undergoing.
 It is obvious that Ecevit does not want to remember why the respect toward him and the votes he used to receive in Kurdistan were reduced to naught in the past 10 years.  Yesterday, he told the classic and familiar story. "Turkish" is not the name of a race where Turkey is concerned. The "Turkish nation" is the joint name given to those who belong to different races and have been living in this country for centuries. It is not a coincidence that Ecevit needs these worn-out lies which have become material for comic magazines and comedies. It is clear that every time the Kurdish people and their leaders mention unity in equality and democracy, Ankara feels trapped.
  Ecevit is making efforts to reverse this desperate situation and to turn it into a source for power.  Instead of resolving the basic problems in a logical way, he is trying to deepen the non-solution policy.
 By reducing the problems in Kurdistan to problems related to road, water, and electricity issues, Ecevit openly rejects the options of negotiation, dialogue, and reconciliation and insists on violence and confrontations. He says: "Political separatism is as dangerous as armed separatism. Those who have failed in armed separatism will also fail in political separatism." Ecevit is talking about the PKK's peace project.  Turning a blind eye to reality, Ecevit still does not want to understand that his defeat in the recent elections stemmed from the Kurds' politicization.
 The people of Amed define administrators and politicians who do not communicate with the people and who do not have populist qualifications as "drawing room boys."
 This humiliating definition also refers to those who turn a blind eye to reality.
 After every speech he has given in Kurdistan, Ecevit has lost votes and finally, was eliminated from Kurdistan. I am sure that the bill for this speech will be sent to him because the people of Amed do not like drawing room talks and drawing room boys. (Ozgur Politika, June 12, 2000)

Un maire kurde suspendu de ses fonctions

 Le maire de la ville d'Ozalp, dans la province turque de Van (est), a été suspendu de ses fonctions par les autorités turques sans explication, a indiqué le 15 juin un responsable du HADEP.
 Salih Haktan a été informé de sa suspension par une circulaire officielle du bureau du gouverneur de Van. Toutefois, la circulaire ne mentionne pas le motif de la suspension. Haktan lui-même n'a aucune idée de la raison pour laquelle elle a été décidée. "Il n'y a aucune raison à cette suspension. Nous pensons que la décision est politique et arbitraire", a-t-il affirmé. (AFP, 15 juin 2000)

HADEP Mayors' Complain of Government Double Standard

 The HADEP mayors who gathered in Ankara have emphasized that the central government is pursuing a double standard in its relations with the mayors in the region.
 The meeting of HADEP mayors held at the party's headquarters building ended June 8. The mayors, who delivered speeches at the meeting, explained that they are concerned about the pressure that was put on them over the past few days and noted that if this policy continues they will respond as required.
 The mayors assessed the removal of the mayor of Ozalp, M. Salih Aktan, from office as an extension of the pressure that is put on the mayors and said that they are confronting problems such as reduced funding, limits set on foreign relations, and restraints that curb their attempts to seek funds.
 The mayors noted that they are having difficulties in serving the people because of these obstructions and, noting that the state is conducting a double policy among the mayors in the region, they asked for the discontinuance of this policy. (Yeni Gundem, June 19, 2000)

DGM Sentences Peace Group Members

 Sohbet Sen and Yasar Temur, members of the first peace group to come to Turkey voluntarily in order to put an end to war and to enable Turkey's democratization, were sentenced by the Van SSC to a prison term of 12 years and six months each.
 If the Supreme Court of Appeals Approves, We Will Apply to the ECHR. (Ozgur Politika, June 16, 2000)

Opening of a new Kurdish television channel: Mesopotamia TV

 On 17 June the opening of the new Kurdish television channel Mesopotamia TV was celebrated in Copenhagen where the channel's office is located. Denmark's former Prime Minister Mr. Anker-Jørgensen, the famous Kurdish author Mehmed Uzun, Mr. Mehdi Zana, the husband of the imprisoned Kurdish MP Leyla Zana in Turkey and Norwegian Forum for Freedom of Expression where amongst those many that joined the celebration in Copenhagen.
 Mesopotamia TV is a free to air satellite television channel serving Kurdish language audiences across 77 countries in the Middle East, Europe and North Africa, offering a complete schedule of Kurdish language programming to a potential audience in excess of 25 million people.
 The channel broadcasts in all the main Kurdish dialects Kurmanci, Sorani, Zazaki and Luri.(IFEX/NFEX, June 17, 2000)

Governor finds separatism in street names

 While Batman Provincial Governor Isa Parlak is preparing to raise the streetnames changed by the Batman city council with the Council of State, Batman Mayor Abdullah Akin has said that "We didn't expect this of the governor; he must have been pressured into it."
 Governor Parlak, charging that some of the altered streetnames are contrary to the rules of Turkish, while others call to mind illegal organizations and some bear the names of foreigners, said that he has reported the matter to the Interior Ministry in accord with paragraph 74 of law number 1560.
 Stating that permission must be obtained from the Foreign Minister for foreign names to be utilized, he said that "We are going to open a case against this in the Council of State."
 Batman Mayor Abdullah Akin, who spoke on the issue, evaluated the governorís initiatives as "excessive". Pointing out that streets in a number of provinces bear the names of foreigners, Akin spoke as follows:
 "There are foreign names in a great many of our provinces. Just look at Ankara and Istanbul; there are quite a few foreign names there. These are names that mean something for all of humanity." (Kurdish Observer, June 22, 2000)

Interpellations et saisies dans plusieurs locaux de HADEP

 La police d'Istanbul a effectué des perquisitions et des interpellations dans plusieurs locaux du HADEP.
 Kemal Pekoz, président de la direction provinciale du parti, et Mahmut Can, son adjoint, figurent parmi les personnes mises en garde à vue.
 Outre le siège de la direction provinciale, dans le quartier de Nisantasi (centre d'Istanbul), quatre branches locales du HADEP, dans différents quartiers de la ville, ont ainsi reçu la visite de la police, sur ordre de la 5e Cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul¨. (AFP, 26 juin 2000)

Inégalité scolaire entre les provinces kurdes et non-kurdes

 Un rapport de 76 pages réalisé par Hüseyin Çelik, député de Van, du parti de la Juste Voie (DYP), intitulé "la situation en Anatolie du Sud-est selon des indicateurs socio-économiques" prenant en compte le domaine de l'éducation, de la santé, de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme, du commerce frontalier, de la migration et l'initiative de retour dans les villages, a été publié par le Turkish Daily News du 26 juin 2000.
 Selon le rapport, à Diyarbakir, la principale ville kurde, 61,4 %, des jeunes filles âgées de 7 à 13 ans ne sont pas scolarisées.
 Erzurum se situe seconde avec 59,4 %, suivi d'Urfa avec 46,3 % des jeunes filles non scolarisées.
 Le document indique que le taux de scolarisation en primaire est de 68,9 % dans l'Est (kurde) et de 70,94 % dans le Sud-est (kurde), alors que ce taux se chiffre à 89,03 % dans toute la Turquie.
 Quant au collège, le taux descend jusqu'à 28,27 % dans le Sud-est et n'atteint que 33 % dans le sud, contre 53,14 % de moyenne générale en Turquie.
 En ce qui concerne le lycée, ce n'est guère plus encourageant pour les régions kurdes, puisque la moyenne nationale de 38,72 % en Turquie, descend à 25,84 % à l'Est et à 18,7 % au Sud-est.
 Pour les études supérieures, le taux atteint 3,88 % de fréquentation pour le Sud-est et 10,95 % à l'Est, alors que la moyenne nationale est de 22,87 % en Turquie.
 En terme de nombre d'enfants inscrits à l'école, les provinces kurdes viennent également en dernier. Le rapport montre qu'Antalya (ville turque sur la côte méditerranéenne) arrive en premier, alors que Diyarbakir est le dernier.  Diyarbakir se singularise aussi pour son faible taux d'instruction féminine avec 42 % des femmes qui n'ont même pas été scolarisées en primaire, suivi d'Erzurum avec 41,5 % (à Izmir ce taux est de 8,1 %). (CILDEKT, 29 juin 2000)

Manifestations contre la condamnation à mort d'Ocalan

 La police a interpellé 52 personnes le 29 juin dans plusieurs villes de Turquie lors de manifestations organisée pour dénoncer la condamnation à mort prononcée un an auparavant par la justice turque contre Ocalan.
 Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser un groupe de manifestants rassemblés à Eminonu, dans la partie européenne d'Istanbul.
 Des manifestants d'un deuxième groupe qui insistaient pour manifester en scandant des slogans pro-Ocalan et en faisant le "V" de la victoire ont été interpellés, a précisé l'agence.
 Un autre groupe qui voulait lire un communiqué de presse a également été dispersé.
 Le président du HADEP, Ahmet Turan Demir, a indiqué que ce communiqué contenait un appel pour l'abolition de la peine de mort et l'amorce d'un "processus démocratique" en Turquie.
 A Van (est), la police a sommé un groupe rassemblé à l'appel du mouvement de jeunesse du HADEP de se disperser. Cinq manifestants qui ont refusé de le faire ont été interpellés à la suite d'altercations.
 Une autre manifestation similaire s'est déroulée sans incident à Adana (sud), a ajouté Anatolie. (AFP, 29 juin 2000)

Amnesty dénonce les conditions de détention d'Ocalan

 Amnesty International a appelé la Turquie à mettre fin à l'isolement du chef rebelle kurde Abdullah Ocalan sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest), estimant que ce régime affecterait sa santé.
 Amnesty a fait part de cette demande dans une lettre adressée au Premier ministre turc Bulent Ecevit, un an après la condamnation à mort du chef rebelle, indique l'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à Londres, dans un communiqué reçu le 29 juin à Ankara.
 Elle souligne que le chef du PKK est l'unique détenu d'Imrali depuis son enlèvement au Kénya par un commando turc le 15 février 1999.
 "Amnesty estime que cela constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant" et que l'isolement peut affecter sérieusement la santé physique et mentale des prisonniers, précise le communiqué. (AFP, 29 juin 2000)

Nouveau procès à l'encontre du chanteur kurde Ahmet Kaya

 La Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Istanbul a lancé un nouveau procès pour "soutien" à la rébellion kurde de Turquie à l'encontre du chanteur d'origine kurde Ahmet Kaya, déjà condamné à une peine de prison par contumace.
 Ahmet Kaya est accusé d'avoir loué le PKK lors d'un concert à Hambourg (Allemagne), dont la date n'a pas été précisée.
 La DGM d'Istanbul a condamné en mars le chanteur à trois ans et neuf mois de prison par contumace pour "propagande séparatiste" en faveur du PKK.
 Le musicien, âgé de 42 ans, était jugé pour des propos tenus en 1993 lors d'un concert à Berlin.
 Il avait été acquitté en revanche dans un autre procès pour les mêmes chefs d'accusation pour une déclaration faite en février 1999.
 Il avait annoncé à cette date, après avoir reçu à Istanbul le prix de "musicien de l'année" de l'Association de la presse magazine de Turquie, qu'il voulait composer une chanson kurde pour son prochain album.
 Kaya avait par la suite quitté la Turquie et n'est pas rentré depuis. (AFP, 30 juin 2000)

MINORITES / MINORITIES

Le cri de Florida: Un article d'Özgüden sur le génocide

 Il y a déjà un mois que j'avais écrit "le cri des Florida! Pourtant, je n'ai pu faire entendre ce cri chez mes lecteurs à cause d'une période de silence qui nous a été imposée. L'article était classé dans le dossier "Articles non-publiés" sur mon ordinateur.
 Ce cri n'était pas seulement le cri de Florida rwandaise, mais également celui de Karakin de Diyarbakir, Simuni de Midyat, Beriwan de Dersim, Zehra de Bosnie... Il s'agissait également du cri de Esther de Varsovie ou de Mustapha de Nazareth... Tant que la terre existera, ce cri résonnera en ondes dans le cosmos et atteindra, en tant que l'héritage le plus honteux de l'humanité, d'une génération à une autre...
 C'est la raison pour laquelle, quand je recommence après une séparation forcée d'un mois, je tiens à saluer mes lecteurs en partageant ce cri avec eux.
*
 "Le 6 avril 1994, aux environs de 19 heures 30 ou de 20 heures, un ami a téléphoné à la maison, il nous a dit que l'avion présidentiel aurait été descendu. Quelques minutes après, la radio RTLM (Radio-Télévision des Mille Collines) a diffusé la nouvelle. Nous avons pressenti qu'un drame allait s'abattre sur le pays, nous n'avons pas dormi cette nuit-là.
 "Vers 7 heures 30 du même jour, les casques bleus ont appelé mon mari et lui ont appris que monsieur Landouald Ndasingwa, alors ministre du Travail et des Affaires sociales, venait d'être assassiné. 'Nous croyons que les massacres politiques ont commencé, les tueurs vont probablement venir ici, nous allons vous évacuer vers un endroit plus sûr' ont-ils dit à mon mari.
 "Nous avons pris quelques effets pour partir avec les Casques bleus. Ils nous ont déposés à une école technique. Au fur et à mesure que la journée avançait, les personnes fuyant les massacres affluaient nombreux à l'école. Elles nous disaient que les militaires et les miliciens du MRND-CDR s'en prenaient aux Tutsis et aux adhérents des partis politiques d'opposition. Un désespoir profond se lisait sur leurs visages, car ils avaient échappé de justesse à la mort. Ils racontaient l'horreur dont ils avaient été témoins: 'les miliciens se servent de tout ce qui leur tombe sous les yeux: les couteaux, les machettes, les pierres, etc... Certaines victimes supplient les tueurs de les fusiller, ce que ceux-ci refusent de faire et ne l'acceptent que si les victimes leur achètent des balles. Certaines victimes achetaient donc les armes dont les miliciens se servaient pour les tuer.
 "Le 9 avril 1994, les Casques bleus ont commencé à organiser l'évacuation des expatriés à partir de Kicukiro. Mon mari a demandé à ce que nous soyons également évacués. Le chef de l'évacuation a catégoriquement refusé. A un moment il a dit à mon mari: 'Nous ne pouvons prendre le risque d'emmener avec nous un ministre d'un parti d'opposition." Par ces paroles, ce responsable militaire venait de condamner mon mari à mort.
 "Le 11 avril, des militaires français étaient venus aider à l'évacuation. Mon mari leur a demandé s'ils pouvaient nous emmener avec eux.  Le chef de ces militaires lui a dit que cela ne posait aucun problème. 'Nous allons vous conduire auprès de l'ambassadeur français. Là vous serez en sécurité.' a-t-il ajouté. Il avait à peine terminé cette phrase que le chef militaire belge s'interposé et dit au Français: 'Si vous prenez ce type avec vous, vous aurez des problèmes.' Le chef des militaires français a dit qu'il allait réfléchir. Mais quand, quelques heures plus tard, mon mari lui a reposé la question, il l'a regardé dédaigneusement sans dire un seul mot. Le même jour, tous les prêtres, les religieux et les civils expatriés ont été évacués tandis que plus de 2.000 personnes, traquées par les miliciens et les militaires de la garde présidentielle, étaient abandonnées.
 "Mon mari m'a dit: Je ne peux pas attendre que les militaires et les miliciens viennent me tuer ici.' Nous nous sommes fait une brèche dans la clôture et nous nous sommes dirigés vers le quartier de Kagarama. En chemin, nous avons été arrêtés par des miliciens qui nous ont pris argent, montres et bracelets. Ils nous ont conduits dans l'enclos d'un milicien de ce quartier. Une heure après notre arrestation, six militaires de la garde présidentielle sont venus et ont emmené mon mari, je ne l'ai plus revu.
 "Quelques jours plus tard, j'ai appris sa mort par la RTLM, voix macabre des génocidaires. Le journaliste de cette radio déclarait: 'Nous avons exterminé tous les complices du FPR. Monsieur Ngurinzira Boniface n'ira plus à Arusha, vendre le pays au profit du FPR. Les Accords d'Arusha ne sont plus que des chiffons de papier comme l'avait prédit notre papa Habyarimana."
*
 Le Rwanda est un pays d'Afrique centrale dont la population est composée de Hutus, majoritaires, et de Tutsis, minoritaires... Le Front patriotique rwandais (FPR) était en lutte armée contre la dictature du général Habyarimana, arrivé au pouvoir en 1973 par un coup d'état. Le FPR était soutenu non seulement par les Tutsis, également par les Hutus démocrates et pacifistes.
 L'époux de Florida, Ngurinzira Boniface, est le ministre rwandais des affaires étrangères. Courageux, il s'engage à la recherche d'une solution pacifique à ce conflit ethnique Hutu-Tutsi qui a été provoqué par le grand capital belge... Il mène les négociations avec la guérilla qui aboutissent en août 1993 aux accords d'Arusha pour la paix.
 Toutefois, ce processus de paix s'arrête tout à coup quand l'avion présidentiel est abattu. Se déclenche immédiatement l'opération génocide. Il est de notoriété publique depuis le premier jour qu'il s'agissait d'un complot des rentiers de la guerre et que l'extermination était provoquée systématiquement par la RTLM, animé par un Belge.
 L'époux de Florida paie par sa vie le prix de ses qualités démocrates et pacifistes.
 Florida qui a vécu le génocide et la trahison avec toutes les horreurs se trouve depuis lors à Bruxelles avec ses trois filles et un fils. Depuis cinq ans, nous travaillons avec elle aux Ateliers du Soleil.
 La langue maternelle de Florida est le Kinyarwanda... Son époux était un des spécialistes renommés de cette langue... Ils luttaient ensemble pour faire vivre et développer leur langue maternelle contre la domination du français.
 Aujourd'hui, aux Ateliers du Soleil, Florida enseigne le français, la langue véhiculaire d'ici, aux Arméniens de Diyarbakir, Assyriens de Tur Abdin, Kurdes de Dersim, Turcs d'Emirdag ainsi qu'aux Afghanes, Africains, Sud-américains, Albanais, Bosniaques, Azeris. Bien entendu, en leur rappelant sans cesse qu'ils n'oublient jamais leur langue maternelle  -- arménienne, araméenne ou kurde--, et qu'ils la développent toujours.
 Toujours partage-t-elle leur chagrin et leur joie...
 En plus, elle lutte de toute sa force pour que ne se répètent plus les génocides. C'est elle qui a crié aux élus belges à la Commission d'enquête du Sénat la lâcheté et la trahison des Casques bleus belges...
 C'est cette lutte digne des Florida qui a obligé le mois passé le premier ministre belge Guy Verhofstad, accompagné de ses ministres principaux, de se rendre  au Rwanda et de demander pardon au peuple rwandais au nom de l'Etat belge.
 Le président allemand, lui aussi, n'avait-il pas demandé pardon tout récemment  au peuple juif en se rendant en Israël.
 Juste au 85e anniversaire du génocide arménien... Pendant que l'indifférence et le négationnisme de l'Etat turc à ce sujet dépassent toute imagination.
 C'est le cri des Florida qui vainc l'arrogance des Etats... Vainqueur, Florida sourit autrement... Ses regards étincellent autrement.
 Et les cris de Karakin, de Simuni, de Beriwan s'amplifient de plus en plus en se joignant à celui de Florida et se transforment en un chúur céleste résonnant dans l'infinité de l'univers.
 Eux aussi, ils attendent le jour où souriront-ils autrement et leurs regards étincelleront autrement.(Dogan Özgüden, Yeni Gündem, 29 mai 2000, Istanbul)

Génocide arménien: Grande manifestation à Paris

 Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 18 juin à Paris pour "la reconnaissance du génocide arménien" par les Turcs en 1915.
  Ils étaient sept mille, selon les organisateurs, et deux mille, selon la police.
 Le défilé, entre l'hôtel Matignon, siège du Premier ministre français et le Sénat (chambre haute), s'est déroulé sans indident.
 Les manifestants, répondant à l'appel du Comité de Défense de la Cause Arménienne (CDCA) et du Comité du 24 avril, un Regroupement des Organisations Arméniennes en France, protestent contre "l'enterrement" par le Sénat (chambre haute), contrôlée par la droite française, d'une proposition de loi sur la reconnaissance par la France du "génocide arménien" de 1915. (AFP, 18 juin 2000)

Jacques Chirac "comprend" les Arméniens

 Le président français Jacques Chirac a déclaré le 30 juin, à l'issue d'un entretien à Paris avec son homologue arménien Robert Kotcharian, qu'il "comprenait" l'importance que les Arméniens attachent "à juste titre" à la reconnaissance du génocide de 1915.
 "Je connais parfaitement l'importance que les autorités arméniennes et la communauté arménienne attachent à juste titre à ce problème. Je n'ai pas besoin de vous dire que je le comprends parfaitement, d'autant que la communauté (arménienne), en France comme dans d'autres pays, est composée par les descendants directs des victimes", a indiqué le président de la République française. (AFP, 30 juin 2000)

SOCIO-ECONOMIQUE / SOCIO-ECONOMIC

L'inflation à +62,7% en mai en glissement annuel

 L'inflation a atteint en Turquie 62,7% en mai en glissement annuel contre 63,8% en avril, avec une hausse des prix à la consommation de 2,2% en mai par rapport à avril, a annoncé le 3 juin l'Institut des statistiques d'Etat (DIE).
 En avril les prix à la consommation avaient grimpé de 2,3% par rapport au mois précédent, et en mars de 2,9% par rapport à février. (AFP, 3 juin 2000)

Un nouveau séisme: Deux morts et 81 blessés

 Des centaines d'habitants de la région de Cankiri(nord), frappée le 6 juin en Turquie par un séisme qui a fait 2 morts et 81 blessés, ont passé la nuit dehors et sous la pluie de crainte d'une nouvelle secousse.
 Le centre de crise du gouvernement a ramené le 7 juin de 3 à 2 morts son bilan, sans explication.
 Dans la petite ville d'Orta, l'une des plus durement frappées par le séisme d'une magnitude de 5,9 sur l'échelle ouverte de Richter, seul un petit nombre d'habitants avaient pu se procurer pour la nuit une tente distribuée par le Croissant Rouge, selon Anatolie.
 Le séisme du 6 juin est le troisième de forte intensité en moins d'un an sur la ligne de faille nord-anatolienne, qui court d'est en ouest de la frontière arméniennes à la mer Egée, divisant la Turquie en deux blocs.
 Les deux précédents séismes, en août et novembre, avaient fait plus de 20.000 morts. (AFP, 7 juin 2000)

Lancement de la privatisation partielle de Turk Telekom

 Le gouvernement turc a lancé le 13 juin un appel d'offres public pour la privatisation partielle de 20% de l'opérateur national Turk Telekom qui devrait être réalisée d'ici fin septembre, a annoncé la direction chargée des privatisations au sein de l'administration.
 La date butoir de remise des offres est le 15 septembre. Seuls les deux consortiums les mieux-disants seront retenus pour une enchère finale.
 Turk Telekom, dont la totalité du capital appartient à l'Etat, compte 18 millions d'abonnés téléphoniques et 750.000 autres pour le câble. L'opérateur qui emploie quelque 73.000 personnes, avait réalisé un bénéfice net (avant impôts) d'environ 585 millions de dollars sur un arrêté comptable datant de la la fin août 1999. (AFP, 13 juin 2000)

L'inondation de Zeugma a commencé malgré protestations

 Des archéologues et architectes turcs ont lancé le 15 juin une pétition internationale pour le sauvetage des richesses archéologiques de Zeugma, sur l'Euphrate (sud-est), dont l'inondation par les eaux de retenue d'un barrage a commencé, a annoncé Nezih Basgelen, de l'association "Archéologie et Art".
 Cette pétition, signée par une douzaine de chercheurs, historiens et architectes, dénonce la disparition à court terme du site de Zeugma-Belkis, comparé à Pompéi par les spécialistes, et d'autres vestiges qui "nécessitent d'être inventoriés", dit le texte.
 La partie basse d'une villa datant de la période charnière entre les périodes hellénistique et romaine, entre le 2e siècle avant et le 2e siècle après Jésus Christ, a commencé à être envahie, par capillarité, par les eaux de la retenue de Birecik, selon un témoin sur place.
 Des archéologues français et turcs travaillent depuis des mois à l'excavation de mosaïques, fresques, colonnes et autres trésors de cette maison, qualifiée "d'ensemble exceptionnel" par Anne-Marie Manière-Lévêque, mais son sauvetage ne pourra être achevé.
 "Ce site sera totalement englouti le 19 juin, nous n'y pouvons plus rien", a reconnu le ministre d'Etat chargé de l'habitat rural Mustafa Yilmaz lors d'une visite, selon ce même témoin.
 Dans leur appel à la communauté internationale, les archéologues et architectes turcs déplorent que les eaux du barrages soient en train de "détruire un héritage archéologique, architectural, écologique et géologique", faute de précautions prises par les responsables gouvernementaux.
 Cette pétition pose dix exigences pour "servir les générations futures" et que la Turquie devienne "une société moderne", et appelle le Conseil de l'Europe à faire respecter l'Accord pour la Protection du Patrimoine Archéologique.
 Le texte demande que le projet de barrage prévu sur le Tigre voisin, qui menace la cité antique de Hasankeyf, soit "changé" et menace d'engager des poursuites légales auprès de la République turque, l'Union Européenne et le Conseil de l'Europe, et de demander des "réparations" pour les dommages causés. (AFP, 15 juin 2000)

La longue marche d'un père pour dénoncer l'hécatombe routière

 Il a commencé sa longue marche en solitaire, mais Boray Uras est maintenant fêté et acclamé tout au long de son parcours entre Istanbul et Ankara pour protester contre l'insuffisance des lois réglementant la circulation routière qui a tué sa fille Selin.
 Depuis plus de 15 jours, Boray, 52 ans, marche le long des routes reliant la métropole du nord-ouest à la capitale pour réclamer au parlement de nouvelles règles pour endiguer l'hécatombe automobile qui fait quelque 5.000 morts par an en Turquie.
 L'idée de cette marche de protestation de 600 km est née après la mort de sa fille Selin, 20 ans, dans un accident de voiture à Istanbul cette année.
 Uras exprime ce que bon nombre de ses concitoyens pensent de leurs hommes politiques: "Ils mentent tous", a-t-il déclaré récemment lors d'une halte. "Je n'attends rien d'Ankara. Cela fait plus de dix ans que nous avons besoin de nouvelles lois sur la circulation". (AFP, 28 juin 2000)

Human Development, Poverty in Turkey

 A study titled "Human Development Report 2000" prepared by UNDP has revealed that Turkey is below the international average lines not only inthe field of per capita income, but also in the health, education, and life expectancy fields.
 Turkey ranks 85th in a list of 174 countries in the field of human development.
 Turkey lags behind the EU countries, Kuwait (36th), Uruguay (39th), Bahrain (41st), Costa Rica (48th), Cuba (56th), Fiji (66th), and Saudi Arabia (75th) in this field.
 Indicators such as the literacy rate, per capita income, and facilities in the health field show that 16.4 percent of the people in Turkey live below the poverty line.
 The report also reveals the unjust distribution of income in Turkey. While the 20 percent poorest section of the population earns 5.8 percent of the total income, the 20 percent richest section earns 47.7 percent of the total income.
 The report also notes that Turkey lags behind the rest of the world in the field of information and technology.
 According to the report, there are 254 telephone lines, 53 mobile phones, 286 television sets, 23 computers, and 0.73 Internet lines for every 1,000 individuals. 20 Percent of the Population Earn Half of the National Income
 1. Turkey ranks 85th in a list including 174 countries in the field of human development. Turkey thus lags behind Saudi Arabia, Korea, and Cuba in this field.
 2. Kuwait ranks 36th, Uruguay 39th, Bahrain 41st, Costa Rica 48th, Cuba 56th, and Saudi Arabia 75th in the field of human development.
 3. According to criteria like literacy, health services, and per capita income, 10.66 million citizens out of the total population of 65 million are living below the poverty lines in Turkey.
 4. The richest 13 million people, who represent 20 percent of the population in Turkey, earn 47.7 percent of the total income in the country. Meanwhile, the 20-percent poorest section of the population earns 5.8 percent of the total income in the country.
 5. While the rate of literacy is 99 percent in EU candidate countries like Hungary, Bulgaria, and the Czech Republic, this rate has been set at 84 percent in Turkey. (Milliyet, June 29, 2000)

AFFAIRES RELIGIEUSES / RELIGIOUS AFFAIRS

33 Islamists sentenced to death penalty

 A Turkish court on June 16 sentenced 33 Muslim activists to death for their role in an Islamist riot in 1993 in which 37 people were killed, state-run Anatolian news agency said.
 Judge Orhan Karadeniz announced that the 33 accused were given the death penalty for disrupting the state's constitutional order.
 The ourt jailed 15 other accused for from five to 20 years for their roles in the riot.
 The court had retried the case after Turkey's appeal court said sentences previously handed down were too lenient and ordered a new trial.
 Thousands rioted in the central Turkish town of Sivas in the summer of 1993, attacking a hotel which was hosting a festival organized by the Muslim liberal Alevi community.
 The Alevis are often at odds with Turkey's Islamists from the majority Sunni branch of Islam. The attack sent shudders through Turkey's secularist establishment which feared a rise in Islamic activism. (Reuters, June 16, 2000)

Turkish Decision Viewing Alevis as 'Separatists'

 Responses to the decision made by Turkish Ministry of Education [MEB] and the Council of State -- a decision that pairs Alevism with the Islamic Sunni belief, perceives no "differences in their beliefs," and accuses the Alevi of separatism -- are continuing.
 Turgut Oker, the AABF [German Alevi Unions Federation] leader, emphasized that the accusation that links the Alevi with "separatism" stems from the fact that the official state policies are based on Turkism and Sunnism.
 "The official pronouncements have defined as 'separatist' the statement that 'we, too, want to organize our identity and carry out the dictates of our beliefs' - that is, when such statements are uttered by groups of believers who are not Sunni, such as the Alevi. Turkey has to realize that with this kind of mentality, it cannot unite with the contemporary world," he said. (Ozgur Politika, June 22, 2000)

Le corps d'une 68e victime présumée du Hizbullah retrouvé

 La police turque a retrouvé le 28 juin à Diyarbakir (sud-est) le cadavre d'une nouvelle victime présumée de l'organisation musulmane extrémiste Hizbullah, ce qui porte à 68 le nombre de corps dégagés à ce jour, a-t-on indiqué de source de sécurité locale.
 Le corps a été retrouvé dans le jardin d'une maison de Bismil, proche de Diyarbakir, a-t-on précisé de même source.
 Une vaste opération de police est en cours depuis le début de l'année contre ce groupe. L'opération, qui a mené à des centaines d'interpellations, avait été lancée le 17 janvier quand la police a abattu le chef du Hizbullah, Huseyin Velioglu, et capturé deux de ses commandants lors d'une fusillade dans une maison d'Istanbul.
 Au cours de ses recherches, la police a découvert des cadavres de victimes supposées de cette organisation dans plusieurs fosses communes un peu partout en Turquie, notamment à Istanbul, Diyarbakir (sud-est) et Konya (centre), et a trouvé plusieurs caches d'armes.
 Le Hizbullah turc, qui n'est pas lié au groupe libanais du même nom, a été fondé dans le sud-est turc avec pour principal but de combattre le PKK et soutenu jusqu'aux dernières années par les autorités militaires et gouvernementales. (AFP, 28 juin 2000)

RELATIONS AVEC L'OUEST / RELATIONS WITH THE WEST

Nouvelle tension entre l'UE et la Turquie

 Le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne réuni à Santa Maria De Feira au Portugal le 21 juin, a décidé d'exclure la Turquie du mécanisme décisionnaire de l'Identité de sécurité et de défense européenne (ESDI), organe qui sera chargé de gérer les futures crises en Europe.
 Ankara a vivement réagi à l'issue du sommet. Le Premier ministre Ecevit a déclaré que la décision européenne sera une nouvelle source de tension entre l'Union européenne et la Turquie, ajoutant que celle-ci n'est pas rationnelle.  Considérant que la décision était "sévère" et "irrespectueuse" à l'égard de la Turquie, M. Ecevit a menacé d'utiliser son veto au sein de l'OTAN [ndlr : au cours du sommet de Washington de l'OTAN, l'année dernière, les membres avaient convenu de prendre des décisions à l'unanimité lorsqu'une quelconque organisation solliciterait son aide]
 Le ministère turc des affaires étrangères a rapidement publié une déclaration pour indiquer qu'Ankara n'était pas satisfait des conclusions de Feira concernant l'ESDI, et que la Turquie allait demander à l'Union européenne de revoir sa décision au prochain sommet prévu en décembre prochain à Nice.
 Les autorités turques avaient déclaré au préalable qu'elles n'accepteraient pas une position moins avantageuse que celle dont elles jouissent dans le cadre de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO). Reste que la Turquie est le seul pays non-membre de l'Union européenne de l'OTAN à afficher son mécontentement.
 Son grand allié, les Etats-Unis, apporte son soutien à l'implication plus active de l'Europe dans les questions de sécurité européenne.
 "Cela ne rendra-il pas la position turque plus difficile? La Turquie ne s'isolera-t-elle pas au sein de l'OTAN?" s'interroge l'éditorialiste Ferai Tinc, dans le quotidien turc anglophone Turkish Daily News le 22 Juin. (CILDEKT, 29 juin 2000).

Danse avec les Loups au Parlement européen

 La Commission parlementaire mixte EU-Turquie se réunit les 5 et 6 juin 2000 au Parlement européen. Il s'agit de la première réunion après le sommet d'Helsinki qui a conféré à la Turquie le statut de candidat à l'adhésion.
 Déjà une réunion avait été prévue pour les 22 et 23 février 2000. Mais cette première réunion avait été repoussée en raison du refus des autorités turques d'autoriser une visite de trois des 12 membres de la délégation européenne à Leyla Zana, une ex-députée kurde emprisonnée à Ankara. Les autorités turques avaient refusé cette visite à Zana, qui est également lauréate du prix des droits de l'Homme Sakharov du parlement européen, en affirmant que "seuls les proches de la détenue et ses avocats peuvent lui rendre visite, selon la loi".
 Au sujet de cette visite, le premier ministre Bülent Ecevit était allé plus loin en déclarant à une autre délégation européenne que "Leyla Zana est une personne maléfique, exploitant la situation actuelle pour venir à des fins politiques personnelles et pour fourvoyer l'Europe".
 Après une vive tension entre Ankara et Bruxelles, le co-président de la Commission mixte Daniel Cohn-Bendit avait finalement accepté un compromis alla turca proposé par les autorités turques: rendre visite à Mme Leyla Zana, non en tant que "parlementaire européen", mais à titre de "proche familial de la détenue"!
 Avec cette visite truquée du 3 avril le chemin était ouvert pour la réunion de cette semaine à Bruxelles.
 A cette réunion participeront 12 parlementaires de chaque côté. La délégation turque est conduite par un parlementaire d'extrême-droite, Kürsat Eser. Deux autres députés du même parti, Parti d'Action Nationaliste (MHP)*, Mehmet Arslan et Ali Isiklar, font également partie de la délégation turque.
 Quant à la partie européenne qui va s'entretenir avec cette délégation turque conduite par un loup gris, elle est composée de quatre députés socialistes, quatre démocrates-chrétiens, deux verts, un libéral et une gauche unitaire.
 Alors que la participation d'un parti d'extrême-droite, FPÖ, au gouvernement autrichien entraîne beaucoup de protestations et de boycottes au sein des institutions européennes, la présence des représentants d'un autre parti d'extrême-droite dans les rencontres Turquie-Europe ne dérange personne à Bruxelles.
 Déjà au niveau gouvernemental, le ministre de la défense nationale Cakmakoglu, également un des dirigeants principaux du MHP, avait été accueilli sans aucune contestation à toutes les réunions de l'OTAN ou des ministres européens de la défense.
 Ce qui est le plus kafkaïen est que le parlement européen dispute la question de démocratisation de la Turquie avec une délégation parlementaire conduite par l'extrême-droite turc alors que quatre députés kurdes, dont une lauréate du prix des droits de l'Homme Sakharov du Parlement européen, se trouvent toujours dans la prison et que d'autres dirigeants politiques ou intellectuels soient toujours soumis à la persécution et à la terreur de l'Etat.
 De plus, le même parlement européen semble avoir renvoyé aux calendes grecques une de ses résolutions les plus importantes concernant la démocratisation en Turquie, fort probablement pour ne pas irriter ses interlocuteurs turcs ultra nationalistes.
 En effet, il y a treize ans, le 10 juin 1987, le Parlement européen avait adopté la résolution suivante:
 "Le Parlement européen estime que le refus de l'actuel gouvernement turc de reconnaître le génocide commis autrefois contre le peuple arménien par le gouvernement 'Jeunes Turcs', sa réticence à appliquer les normes du droit international dans ses différences avec la Grèce, le maintien des troupes turques d'occupation à Chypre ainsi que la négation du fait kurde constituent, avec l'absence d'une véritable démocratie parlementaire et le non-respect des libertés individuelles et collectives, notamment religieuses, dans ce pays, des obstacles incontournables à l'examen d'une éventuelle adhésion de la Turquie à la Communauté."
 Les membres européens de la Commission mixte oseront-ils cette fois-ci rappeler ces "obstacles incontournables" à leurs interlocuteurs pendant leur "danse avec les loups" à Bruxelles? (Info-Türk, 5 juin 2000)
* Le MHP (Parti d'action nationaliste), le deuxième partenaire de la coalition actuelle d'Ecevit depuis plus de six mois, est responsable de plus de cinq mille assassinats politiques dans les années 60 et 70. Le MHP, symbolisé par "Loup Gris", prône la supériorité de la race turque et tâche pour la constitution d'un grand empire turc, Turan, qui regrouperait tous les turcophones à partir de la Mer adriatique jusqu'aux Murailles de Chine. Ses militants en Europe, protégés des missions diplomatiques turques, se sont impliqués dans plusieurs actes de violence dont les attaques aux manifestants kurdes en 1994 et la mise au feu des locaux kurdes en 1998 dans la capitale européenne!

Compromise between European and Turkish MPs

 The Turkey-European Joint Parliamentary Commission (KPK) completed its work on June 6 with a joint declaration urging Turkey to accelerate its efforts to improve human rights. The KPK was able to compromise on a joint declaration for the first time in its history.
 In the joint declaration Turkey was praised for its determination in becoming an EU candidate member, but was criticized for not taking bigger steps after being declared a candidate country in Helsinki last December. The declaration also said that the KPK would continue its support for Turkey in its fulfilling the Copenhangen criteria. The KPK also called Turkey to take effective measures to prevent torture and human rights violations.
 Criticising the EU for blocking financial aid to Turkey, the KPK said in the joint declaration that the EU should meet its responsibilities to Turkey.
 The European parliamentarians also said after talks with their Turkish counterparts that Turkey's failure to abolish the death penalty remained an obstacle to better relations as it seeks EU membership.
 State Minister Yuksel Yalova, who attended the meeting, said steps were being taken to meet EU standards on human rights and Ankara remained hopeful relations were on the right track.
 He said Turkey was committed to amending its constitution and legislation to "remedy shortcomings in the fields of democracy, the rule of law and human rights." (Turkish Daily News, June 8, 2000)

HRW's letter to Members of European Parliament

 On April 6, 2000, Human Rights Watch wrote to E.U. Foreign Ministers in advance of the E.U.-Turkey Association Council. In that letter, we expressed regret that, in spite of a climate of increasing confidence and optimism which should be highly favourable to reform, no action has been taken on the promising "short term goals" announced in January 2000 by the then Human Rights Minister Mehmet Ali Irtemcelik.
 Unfortunately, we have to report that the intervening two months brought fresh reports of torture, new prisoners of opinion, but no official steps towards permanent improvement. Human Rights Watch fears that both the Turkish and E.U. governments are becoming complacent regarding positive developments. Armed opposition groups are currently much less active, and this has meant fewer security force operations in the cities of western Turkey as well as the rural southeast. This provides a sense of public security and stability which could be an ideal context in which confidence building measures could be enacted. Instead, the government appears to be treating the relief from the pressure of events as an excuse to do nothing, while its European colleague governments seem content to wait for the joint accession plan - which is unlikely to bear fruit until well into 2001.
 There have been other moments of optimism in Turkey during the past ten years. Each time, the Turkish government failed to respond with a program of action. Each interlude was overtaken and destroyed by acts of violence committed by armed opposition groups or the security forces. It would be wrong for the Turkish government or European governments to assume that ëtime is on our side.í In order to maintain and increase the momentum of reform, Human Rights Watch urges the E.U. to assist Turkey in prioritizing action in seven areasóviolations of freedom of expression, restrictions on minority rights and abuses connected with the conflict in the southeast, violations of religious freedom, torture, prison conditions, the death penalty, and repression of civil society. First steps in all of these areas can and should be made this year. Human Rights Watch's suggestions for these first steps are listed below, together with summaries of related recent developments.
Recommendations
I. Freedom of Expression
 The Justice Minister, in his capacity as president of the High Council of Judges and Prosecutors, should immediately issue a circular explaining to prosecutors and judges that sentences imposed for the expression of non-violent opinion - no matter how unpalatable that opinion may be - are in contravention of Article 10 of the European Convention on Human Rights, which supersedes domestic law.
 The Justice Ministry should further establish a training program to ensure that all relevant parties within the judicial system understand their obligations under Article 10 to uphold freedom of expression, and establish a follow-up program to ensure that those trained are implementing the principles in the training program. The European Union, in possible collaboration with the Council of Europe, could be instrumental in providing the funding and expertise for such training.
 There has been no legislative change expanding freedom of expression [since the E.U.ís December 1999 Helsinki Summit. Courts have continued to hand down convictions for " incitement" under Article 312 of the Turkish Penal Code to politicians and writers who have not advocated violence. On March 10, the former Prime Minister Necmettin Erbakan was convicted under Article 312 and sentenced to a year of imprisonment for a speech he had made in March 1994. Necmettin Erbakan is currently banned from all political activity for five years in connection with the closure of the Refah (Welfare) Party of which he was the leader. If the sentence is upheld at appeal, he will not only go to prison, but the ban will become life-long. Former Education Minister and leader of the Rebirth Party Hasan Celal Guzel has also been deprived of political rights for life. He was imprisoned under Article 312 just five days after the E.U. summit in December and released on 10 May, though subject to a number of other prosecutions, which threaten him with further imprisonment.
 The former president of the Turkish Human Rights Association, Akin Birdal, also sentenced under Article 312, was again put behind bars on March 28. Originally imprisoned on June 3, 1999, for a speech he made three years earlier calling for "peace and understanding," his release in September that year on health grounds was widely viewed as a maneuver to avoid official embarrassment during the Istanbul OSCE Conference in November, and the E.U. Helsinki Summit in December. He is currently held at Ankara Central Closed Prison.
 In the mid-1990s, most prisoners of conscience were held under Article 8 of the Anti-Terror Law. As this provision came under attack, prosecutors began to show a preference for Article 312. Now that the government has been criticized for recent imprisonments under Article 312, indictments under Article 8 are once again beginning to appear. A prosecution seeking imprisonment for up to three years opened at Ankara State Security Court on March 21 against Ahmet Turan Demir, chair of the People's Democracy Party (HADEP) in connection with a speech he made at a Peace Festival in 1999. Prosecutions of non-violent expressions of opinion have also continued under Article 155 of the Turkish Penal Code, which outlaws criticism of military service, and Articles 158 and 159 which deal with insulting the president and the organs of state.
 Meanwhile confiscations of newspapers, books, and pamphlets have continued unabated. The Supreme Board of Radio and Television has been so punitive in closing radio and television stations on grounds of "inciting racial hatred" or "threatening the unity of the state" that even the prime minister was prompted to comment, "ëI, too, have a lot of difficulty understanding the (board's) criteria and standards.í" (Turkish Daily News, February 20).
 Turkish politicians and officials have conducted a public but inconclusive debate on freedom of expression. Minister of Justice Hikmet Sami Turk has urged amendment of Article 312 so that only statements presenting a clear and present danger to the state or public order would be outlawed. Deputy Prime Minister Devlet Bahceli, on the other hand, has expressed the view that Article 312 is a useful and legitimate tool as is. The Chief State Prosecutor has made the extraordinary claim (Milliyet, March 22) that Article 312 is fully consonant with the European Convention on Human Rights, despite a string of judgments to the contrary at the European Court of Human Rights (including Ozturk v Turkey 22479/93, 28/9/99; Incal v Turkey 00022678/93, 9/6/98). The views of the military appear to be intimidating the government and blocking progress. On March 16, according to the Anatolia News Agency, the Minister of Justice explicitly acknowledged that chief of general staffís opposition to change was a factor he was considering in his deliberations.
 At the end of May fresh talk of revision of Article 312 was marred by news of a prosecution launched by Istanbul State Security Court against sixteen of the publishers of Freedom of Thought 2000, a republication of various texts that have previously been subject to legal action. Although the texts include no advocacy of violence, the charges include not only Article 312 but also Article 169 "assisting an illegal organization." The defendants include the musician Sanar Yurdatapan and the noted actresses Lale Mansur and Zuhal Olcay as well as academics and trade unionists.
 II. Restrictions on Minority Rights
 The Turkish government should declare its intention to bring the Turkish law on language into accord with international standards. As an important first step, it should amend the Law Concerning the Broadcasting and Television and Radio Corporation in order to permit broadcasting in Kurdish and other minority languages, and repeal Article 42.9 of the Constitution, which states that "No other language than Turkish may be taught to Turkish citizens as their mother tongue."
 There has been no legislative change affecting minority rights since the E.U.ís December 1999 Helsinki Summit. The status of minorities and minority languages has not been resolved, even within the government. The newspaper Radikal of March 28 quoted the prime minister's view that Kurdish is a dialect of Turkish and not a language. It is still not possible to conduct free public debate on such issues. In May a conference on multiculturalism and democracy, organized by the Mesopotamian
 Culture Center was banned by the Istanbul governor. Although the Kurdish Culture and Research Foundation (Kürt Kav) was acquitted by the Istanbul State Security Court of "incitement to racial hatred" by offering instruction in the Kurdish language, the secretary of the Diyarbakir branch of the teachers' union, Egitim-Sen Hasan Kaçan, is currently being prosecuted for "incitement" under Article 312 of the Turkish Penal Code for urging the right to mother-tongue education on Medya TV in December, 1999.
 III. Violations of Religious Freedom
 The Turkish authorities should immediately lift the ban on the wearing of headscarves or other religious head-covering in education or on state premises.
 The campaign to restrict the wearing of headscarves for religious reasons in education or on state premises has continued unabated and is strongly supported by the Office of the Chief of General Staff. This campaign, waged in the name of secularism, has resulted in thousands of devout Muslim women being temporarily or permanently denied access to education, while others were suspended or discharged from employment in teaching or health care.
 On February 10, the Minister of Education announced that more than 300 primary and secondary school teachers had been were dismissed by the ministry for defying the dress code by wearing a headscarf to work AThis is a crime, the punishment of which is dismissal from civil service. Everybody must comply with this rule. If they don't, they have no place among us." (Turkish Daily News, February 11). On May 31, Istanbul Fatih Primary Court sentenced Nuray Canan Bezirgan to six months' imprisonment for "obstructing the education of others" because she wore a headscarf during an examination at the Health Services Vocational Institute of Istanbul University. The sentence was later converted to a fine. Earlier in the month, news emerged of a circular issued by the State Planning Organization barring any civil servants or family member from entering the organization's rest and recreation facilities unless they are wearing "contemporary dress".
 Women who wear headscarves say that they adopt this dress as a sincere expression of their religious beliefs. Human Rights Watch believes that the decision to wear (or indeed not to wear) dress such as head-covering in public is a form of protected expression, and that the Turkish government's imposition of a headscarf ban is in breach of Article 9 of the European Convention for the Protection of Human Rights and Fundamental Freedoms.
 IV. Torture
 The Turkish government should immediately abolish incommunicado detention as an important first step to curb torture.
 Human Rights Minister Mehmet Ali Irtemcelik's list of short-term goals included bringing detention procedures for those detained under the Anti-Terror Law in line with those for common criminal offenses. In practice this would have abolished incommunicado detention, but no legislative initiative has been taken in the intervening months.
 Human Rights Watch continues to receive allegations of torture in police custody, directly from victims as well as through press reports and local human rights organizations. The allegations come from diverse regions of Turkey and are not confined to problem police stations.
 Under the leadership of parliamentary deputy Sema Piskinsut, the Human Rights Commission of the Turkish parliament has taken an uncompromising stand against torture in recent years and has carried out unannounced visits to police stations, which have resulted in the discovery of instruments of torture. On May 26, the commission released a series of reports covering its work on torture from 1998 to the present time, based on information collected in dozens of unannounced visits to police stations throughout the country. The reports document many reports of torture of women, children and people accused of common criminal offences, as well as people detained under the Anti-Terror Law. The commission collected various instruments apparently used in torture. The commission also reported the adulteration of custody records, an abuse that not only destroys evidence which might be used in subsequent prosecutions, but also was a contributory factor in the wave of "disappearances" that swept Turkey in the mid-1990s. Responsibility was placed squarely at the top of the chain of command: "As for those who are in reality responsible for such abuses, it is not, as people believe, the police station commanders and executive officers and other lower and middle level positions. Rather, it is the governors and chief public prosecutors who are to blame. This is because both these positions have the authority and duty to supervise and inspect the entire system. The fact that they do not carry out their duties and avail themselves of their authority should never be excused and should be investigated as extreme neglect of duty. We should have the political determination to resolve this issue without further hesitation or deviation." (Commission quoted in Turkish Daily News; May 27, 2000) There were no reported deaths in custody as a result of torture in the five months since December 1999.
 V. Prison Conditions
 Gendarmes should be immediately removed from prison guard duties and replaced by staff under the authority of the Ministry of Justice.
 The Justice Ministry should put an end to the regime of intense isolation at Kartal Special Closed Prison and make public its plans for the future management of prisons that will provide a healthy environment for prisoners.
 Warders under justice ministry authority provide the internal security for all prisons in Turkey, but the external perimeter of prisons is guarded by gendarmes under the authority of the Interior Ministry. These gendarmes, trained for counter-insurgency in southeastern Turkey, are sometimes called in to quell unrest, and they use this as an opportunity to settle accounts with prisoners accused of links with illegal armed groups that may be fighting security forces elsewhere in the country. Since 1995, twenty-six prisoners were killed in Turkish prisons as a result of gendarmes being sent in to "restore order," a duty they customarily carry out with extreme brutality. All of those killed were prisoners remanded or convicted for offenses under the wide-ranging Anti-Terror Law. Prisoners also frequently report being beaten or otherwise abused during the trip from the prison to court or for medical treatment. Again, these transfer duties are carried out by gendarmes.
 Substantial current unrest among prisoners held for offenses under the Anti-Terror Law arises from fear that the justice ministry intends to impose a regime of small group isolation. The justice ministry is currently trying to move away from its traditional system of large wards of eighty or more prisoners, which have proved difficult to manage, to a cell or room system. New designs of prisons are under construction, and existing prisons are being remodeled. The Ministry of Justice has already begun to apply small group isolation in parts of the prison system, including at Kartal Special Closed Prison in the Soganlik district of Istanbul.
 While remodeling work continues, the Ministry of Justice has remained inexplicably silent on how the new facilities are to be run. Yet this information is vital, as it will determine whether the planned changes represent progress or a serious regression for the Turkish prison system. Speaking about the plan to institute an individual cell system, the European Committee for the Prevention of Torture stated in a recent report to the Turkish government:
 It is imperative for moves toward smaller living units for prisoners in Turkey to be accompanied by measures to ensure that prisoners spend a reasonable part of the day engaged in purposeful activities outside their living unit. Indeed, the effects of the current almost total absence of any organized program of activities for prisoners would be felt even more keenly in smaller living units. In the absence of a significant improvement in activities for prisoners, the introduction of smaller living units will almost certainly cause more problems than it solves. (CPT/Inf (99) 2 [EN]; February 23, 1999)
 The committee asked for detailed information about the planned regime, but unfortunately the Turkish government has so far failed to reply to the committee's request. On May 24, Human Rights Watch issued a public statement on conditions at Kartal Special Type Prison, and the planned F-type cell-based prisons, entitled "Small Group Isolation in Turkish Prisons: An Avoidable Disaster." Since then, prisoners at Kartal Special Type Prison have been told that they are to be permitted access to the prison library and sports facilities. Human Rights Watch will continue to monitor the issue. The report together with additional Human Rights Watch documentation on human rights in Turkey, is available on our website at www.hrw.org.
 VI. The Death Penalty
 Pending full de jure abolition of the death penalty, Human Rights Watch urges the Turkish government to sign the sixth optional protocol to the European Human Rights Convention and thereby commit itself not to carry out any further executions.
 The sixth optional protocol has not yet been signed. Human Rights Watch is unaware of any initiative to effect this important step. Courts continue to hand down death sentences, and fifty-seven death sentences that were confirmed at appeal (Zaman [Time], January 7) are currently pending at the final parliamentary stage.
 The Minister of Justice, however, speaking in connection with the Turkish government's agreement to abide by the European Court of Human Rights' request that the death sentence imposed on Abdullah Ocalan, leader of the PKK, be postponed pending the court's judgment on the fairness of his trial, voiced his party's opposition to capital punishment, as well as his own personal opposition. The minister stated: "Turkey, as a member of the Council of Europe and a candidate for full E.U. membership, should make the appropriate amendments to its judicial system. The abolition of the death penalty should be debated within this framework .... Turkey should harmonize its own judicial system with the trends in the European system. And the tendency in Europe is against the death penalty."(Turkish Daily News, December 30, 1999) On May 27, Prime Minister Bulent Ecevit once again urged that Turkey should abolish the death penalty.
 VII. Repression of Civil Society
 Reopen, as a first step, the Diyarbakir branch of the Human Rights Association, closed since May 1997, and the Sanliurfa branch of Mazlum-Der, closed since December 1998.
 The Diyarbakir branch of the Human Rights Association and the Sanliurfa branch of Mazlum-Der remain closed, as well as the Malatya branch of Mazlum-Der, which has been closed since May 1999. The Diyarbakir branch of the HRA was originally closed by the local governor using powers under the Law on Associations, as is still the case with Mazlum-Der's Malatya branch. Diyarbakir HRA challenged the closure in the courts and won. On April 19 the court overturned the closure order, and after some delay the branch was permitted to reopen. Their first campaign was to be a signature campaign against the new generation of F-type prisons (see above). Permission for this was refused by the local governor and the branch issued a critical press statement. It was then closed for three months on the orders of the Emergency Region Governor, whose administrative acts cannot be challenged by the courts. The recently opened Van branch of the HRA was also closed by the Emergency Region Governor, also apparently because they were planning a campaign relating to the F-type prisons.
 Non-governmental organizations must negotiate a formidable succession of legal obstacles. Although civil society has bloomed in Turkey during the 1990s, should a particular organization incur official displeasure, it may be subjected to a storm of litigation or even armed attack, as exemplified by the imprisonment of and near fatal assault on Akin Birdal, president of the Turkish Human Rights Association, during the past two years.
 Revision or abolition of the Law on Associations, with its cumbersome and restrictive rules for non-governmental organizations, will be part of the larger project of establishing freedom of association. In the meantime, if the government is truly determined to improve its human rights performance, it must remove the restrictions from those independent human rights organizations that are best placed to document progress. Government officials must also speak up publicly to challenge the campaign of misinformation about such organizations that has been waged for so long by the military, the media, and others.
 We thank you in advance for your attention to the issues raised here. We urge you to raise these matters in the upcoming meeting of the EU/Turkey Joint-Parliamentary Committee."

British Foundation Publishes Book on Torture in Turkey

 The London Torture Victims Rehabilitation Foundation have complied the stories of the torture victims in Turkey and the methods of torture into a book.
 The book contains stories told by women and men who have been raped under police custody. The book has also been sent to the UN and Amnesty International. The book will also be translated into Turkish. The publisher of the book Helen Bamber, head of the Torture Victims Rehabilitation Foundation, told Milliyet that alongside Iraq and India, Turkey is the country where torture takes place frequently.
 She said nearly 3,000 Turks have already contacted the Foundation. Physiotherapist Bamber, who had also been engaged in the rehabilitation of the Nazi torture victims, said, "when we heard about the torture methods used in Turkey we were shocked."
 Noting that to date over 20,000 torture victims have contacted the Foundation set up in 1985, Bamber called on the Turkish society to show greater sensitivity over torture: "There is torture everywhere in the world. Turkey has signed various human rights conventions but torture and rape still continues. The Turkish people must react to the torture and raise its voice against it. Also, the international community must apply greater pressure on Turkey." (Milliyet, June 13, 2000)

RELATIONS REGIONALES / REGIONAL RELATIONS

La Turquie, pays de transit privilégié pour Iraniens

 Un Iranien, Ahmad Behbahani, qui se présente comme un ancien agent iranien, a obtenu une célébrité instantanée en affirmant en Turquie à la chaîne américaine CBS que l'Iran se trouvait derrière l'attentat de Lockerbie en 1988, des propos rejetés par l'Iran et mis en doute par la CIA.
 Au-delà du cas du transfuge Ahmad Behabhani, des milliers d'Iraniens fuyant leur pays pour des raisons politiques ou religieuses passent chaque année par la Turquie voisine pour tenter d'obtenir, après de longs mois d'attente, le droit d'asile dans un pays occidental.
  Les Iraniens constituent une part importante des demandeurs d'asile arrivant en Turquie, précise à l'AFP Metin Corabatir, porte-parole de la représentation en Turquie du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
 Sur près de 7.000 personnes dont la demande a été enregistrée pour l'an dernier par le HCR en Turquie, 96% sont des Irakiens ou des Iraniens, dont la plupart Iraniens, indique M. Corabatir, et 1.800 ont été acceptés.
 Parmi eux, un nombre "considérable" de membres de la foi Bahai, persécutés en Iran qui ne les considère pas comme une minorité religieuse en dépit des condamnations internationales, explique-t-il.
 Les adeptes de cette religion, fondée il y a près d'un siècle et demi en Iran, se regroupent en communautés, particulièrement fortes aux Etats-Unis et au Canada.
 Le nombre d'Iraniens arrivés en Turquie pour demander l'asile politique depuis la révolution islamique de 1979 est estimé à environ 1,5 million.
 La Turquie n'accorde pas l'asile politique aux réfugiés des pays voisins, craignant un afflux de demandes, et reste un pays de transit.
 Ceux qui passent clandestinement les montagnes de la frontière irano-turque s'adressent aux autorités pour obtenir un droit de résidence temporaire, le temps de faire des démarches auprès du HCR pour être acceptés comme réfugiés dans un pays tiers. (AFP, 9 juin 2000)

La presse turque enterre sans regret Hafez al-Assad

 La presse turque n'est pas tendre le 11 juin avec l'ancien président syrien, décédé le 10 juin, qui restera pour la Turquie, écrit-elle, soit un "dictateur", soit un "terroriste", après 30 ans de pouvoir dont la moitié marquée par le soutien à la rébellion kurde.
 "Les dictateurs meurent aussi", titre Yeni Binyil (centre gauche), qui rappelle le "large soutien" apporté par "le renard du Moyen-Orient" au PKK, et l'abri offert à son chef, Abdullah Ocalan, jusqu'à fin 1998.
 "Le terrorisme est en deuil" pour le quotidien populaire Sabah, qui insiste lui aussi sur le "dictateur" qui a "ouvert les bras" à "tous les mouvements terroristes", du PKK aux Brigades Rouges.
 Le journal de centre gauche Radikal n'épargne pas non plus celui qui a durant trente ans gouverné "d'une main de fer", "signé des massacres incomparables", "flirté avec le terrorisme", et "verrouillé le processus de paix" au Moyen-Orient.
 "Sa vie était synonyme de tension, guerre et terrorisme", écrit Guneri Civaoglu dans le grand quotidien Milliyet, où Sami Kohen se demande "comment cette disparition affectera l'équilibre régional et les relations avec la Turquie".
 Pour le journal fondamentaliste Akit, Hafez al-Assad restera l'auteur du massacre de "dizaines de milliers de musulmans" à Hama, et son fils Bachar qui prendra sa suite a "la même mentalité de dictateur".
 Dans l'ensemble pourtant, les media turcs retiennent que la relève sera assurée par un jeune dirigeant "moderne" et "choisi par l'occident", selon Cumhuriyet (kémaliste). (AFP, 11 juin 2000)

Israël a signé un accord pour importer de l'eau potable

 L'Etat d'Israël a signé un accord aux termes duquel il importera de l'eau potable de Turquie, a annoncé le 19 juin le ministre israélien des Affaires étrangères David Lévy.
 "Nous sommes parvenus à un accord avec les autorités turques lors de ma récente visite en Turquie, qui a été confirmé le 19 juin et je m'en félicite", a indiqué M. Lévy dans un communiqué.
 Il n'a pas été possible d'obtenir des précisions sur les détails de ce contrat au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.
 La presse israélienne avait auparavant fait état d'un accord imminent prévoyant l'importation annuelle en Israël de quelque 50 millions de m3 d'eau à partir de la Turquie à compter de l'été prochain en 2001.
 Le précieux or bleu doit être acheminé par des conteneurs de 250.000 tonnes vers le port d'Ashkelon, au sud de Tel Aviv, d'où il sera ensuite injecté dans le réseau national des canalisations israéliennes. (AFP, 19 juin 2000)

Un garde-frontière russe tué par les Turcs

 Un garde-frontière russe, qui tentait de franchir la rivière Aras marquant la frontière entre l'Arménie et la Turquie a été tué dimanche par les garde-frontière turcs, a annoncé le 19 juin le chef des garde-frontière russes basés en Arménie, le général Mikhaïl Naïmilo.
 Le soldat, Anatoli Ziablikov, 21 ans, ne portait pas d'armes et tentait de franchir la rivière, a indiqué le général Naïmilo.
 Un responsable local à Ankara avait indiqué auparavant qu'un homme avait été tué à la frontière entre l'Arménie et la Turquie, près de la ville de Karakoyunlu.
 La frontière entre la Turquie et l'ancienne république soviétique d'Arménie, longue de 355 km, est gardée par des forces armées conjointes russo-arméniennes, aux termes d'un accord signé en 1992. (AFP, 19 juin 2000)

Un maire prêche les mariages turco-grecs

 Un maire turc a appelé ses compatriotes à épouser des Grec(ques) pour cimenter l'amitié récemment nouée entre les deux frères ennemis de l'Egée, a indiqué le 22 juin le quotidien à grand tirage Hurriyet.
 "Nous devrions avoir des mariages mixtes. Ainsi, nous pourrons approfondir le rapprochement entre les deux pays", a déclaré Tuncay Kilic, maire d'Edremit (nord-ouest), sur la côte égéenne, cité par le quotidien.
 "Nous avons des épouses allemandes, anglaises, françaises. Pourquoi pas des Grecques"? a dit M. Kilic, membre du parti d'extrême droite de l'Action nationaliste (MHP), lors d'une réunion du conseil municipal. (AFP, 22 juin 2000)

Le président turc assure Denktash de son soutien

 Le nouveau président Ahmet Necdet Sezer a assuré que la Turquie soutiendrait "toujours" la "juste cause" des Chypriotes-turcs, en entamant le 22 juin une visite dans le nord de Chypre avant un 3ème tour de pourparlers indirects sous l'égide de l'ONU sur l'avenir de l'île divisée.
 "La République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) aura toujours à ses côtés la Turquie dans sa juste cause", a déclaré M. Sezer lors d'une conférence de presse à Nicosie (nord) avec le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash, président de la RTCN.
 Il a indiqué avoir évoqué avec M. Denktash "l'attitude erronée" de l'ONU, en référence à une récente résolution du Conseil de sécurité qui a renouvelé le mandat de la force onusienne à Chypre (UNFICYP) jusqu'au 15 décembre sans faire aucune allusion à la RTCN.
 "La force de l'ONU a besoin de l'aval et de la coopération de la RTCN pour poursuivre ses activités à Chypre", a-t-il souligné.
 La visite du président turc, Ahmet Necdet Sezer, dans le nord de Chypre et son soutien au dirigeant chypriote-turc, Rauf Denktash, sont "absolument négatifs", a déclaré le 23 juin à Athènes le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Reppas.
 "Cette attitude révèle que la direction politique de la Turquie reste fermement alignée sur une politique qui est absolument négative", a déclaré M. Reppas, interrogé sur la première visite de M. Sezer dans la partie occupée de Chypre, depuis son accession à la présidence le 16 mai.
 La question chypriote ne peut être résolue que dans le cadre "des résolutions de l'ONU" a estimé M. Reppas avant d'ajouter que "la présence de M. Denktash, avec la politique qu'il exprime et promeut, restent des facteurs négatifs", a ajouté M. Reppas. (AFP, 23 juin 2000)

La Turquie cherche à renforcer ses positions en Asie centrale

 La Turquie cherche à renforcer sa présence dans les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale et du Caucase, chasse gardée de la Russie qui revient sur le devant de la scène depuis l'arrivée au pouvoir du président Vladimir Poutine, a-t-on indiqué le 28 juin de source diplomatique turque.
 Une réunion des ambassadeurs turcs en poste en Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Kazakistan, Géorgie et Tadjikistan s'est déroulée à cette fin la semaine dernière à Ankara.
 Consciente de l'influence "importante" de la Russie, l'un des principaux acteurs dans cette région, notamment après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, Ankara s'efforce d'opter pour une approche plus "rationnelle" à l'égard des ex-républiques soviétiques turcophones ainsi que de la Géorgie et du Tadjikistan non turcophones.
 "Il est clair que la Russie a adopté une position plus active et énergique avec Poutine", qui a visité plusieurs pays de la région depuis son investiture début mai, a précisé un diplomate turc, sous couvert de l'anonymat.
 La Turquie doit éviter toute prise de position qui pourrait être considérée comme une "imposition" de politiques à ces pays, indépendants depuis 1991, a-t-il ajouté.
 Ankara va ainsi chercher à développer les consultations politiques et à mettre en oeuvre des mécanismes pour accroître le volume des échanges commerciaux.
 La Turquie propose en outre de créér à Istanbul un secrétariat des pays turcophones d'Asie centrale, qui se réuniraient chaque année pour un sommet.
 L'intérêt porté par les Etats-Unis, la Russie et la Turquie à la région de la Caspienne est surtout lié aux vastes réserves d'hydrocarbures qu'elle abrite, considérées comme les troisièmes du monde après celles du Golfe arabo-persique et de la Sibérie, et qui font l'objet d'une âpre rivalité.
 La Turquie et l'Azerbaïdjan coopèrent étroitement pour la construction d'un oléoduc entre Bakou et le terminal turc de Ceyhan (sur la Méditerranée), via la Géorgie.
 Le projet, soutenu par Washington et dont le coût est estimé entre 2 et 4 milliards de dollars, permettrait d'acheminer le pétrole de la mer Caspienne vers les marchés mondiaux évitant les autres options possibles à travers la Russie ou l'Iran. (AFP, 28 juin 2000)

Le parlement turc reconduit le mandat de "Northern Watch"

 Le parlement turc a reconduit le 28 juin pour une durée de six mois le mandat de la force "Northern Watch", déployée sur la base turque d'Incirlik (sud) pour surveiller la zone d'exclusion de vol imposée à l'aviation irakienne au nord du 36ème parallèle.
 "Northern Watch" est composée essentiellement d'avions américains et britanniques chargés de surveiller la zone nord pour protéger la population kurde, interdite de survol aux Irakiens depuis la fin de la guerre du Golfe. Une zone similaire existe dans le sud de l'Irak, au sud du 33-ème parallèle.
 Bagdad et son aviation se sont engagés dans une active contestation de ces zones, qui ne sont pas couvertes par des résolutions de l'ONU, depuis les frappes massives américano-britanniques "Renard du désert" de décembre 1998.
 Des chasseurs américains et britanniques décollent presque quotidiennement d'Incirlik pour survoler le nord de l'Irak et les appareils américains bombardent fréquemment le territoire irakien, en riposte aux tirs de la DCA irakienne.
 L'Irak reproche régulièrement à la Turquie de laisser sa base proche d'Adana à disposition des forces britannique et américaine, et assure que les bombardements font des victimes civiles.
 La base d'Incirlik avait été massivement utilisée par l'aviation américaine lors de la guerre du Golfe, en 1991, pour des raids aériens sur l'Irak. La Turquie faisait partie de la coalition anti-irakienne formée sous la direction des Etats-Unis lors de la crise du Golfe.
 L'assemblée nationale turque reconduit chaque six mois le mandat de Northern Watch.
 L'Irak a critiqué le 29 juin la reconduction par le parlement turque du mandat de la force "Northern Watch" et appelé Ankara à revoir sa politique à l'égard de Bagdad.
 "Nous regrettons cette attitude qui nuit au peuple irakien et porte atteinte aux intérêts des deux pays et exhortons la Turquie à y renoncer" a déclaré à l'AFP le chef de la Commission des Affaires arabes et internationales au parlement irakien, M. Salem al-Koubeissi. (AFP, 28-29 juin 2000)

IMMIGRATION / MIGRATION

Manifestation kurde à Athènes pour Ocalan

 Quelque 300 Kurdes ont manifesté le 4 juin à Athènes devant l'ambassade de Turquie pour réclamer une amélioration des conditions de détention d'Ocalan, dénonçant une grave détérioration de sa santé, a constaté l'AFP.
  La manifestation, commémorant le début du procès intenté l'année dernière à Ocalan par la Turquie, était organisée par la branche politique du PKK, l'Union kurde populaire et démocratique (UKPD).
  Brandissant des drapeaux du PKK et à l'effigie de leur leader, les manifestants ont défilé dans le centre d'Athènes jusqu'à l'ambassade turque, protégée par un important cordon de forces anti-émeutes. Ils y ont hurlé des slogans contre sa détention et le régime d'Ankara avant de se disperser. (AFP, 4 juin 2000)

La Suède refuse l'asile politique à un écrivain kurde

 L'Office suédois de l'immigration a refusé d'accorder l'asile politique et un permis de séjour à l'écrivain kurde de Syrie Salim Barakat, a annoncé le 8 juin l'Office de la Culture à Stockholm.
 Salim Barakat, 49 ans, avait été invité il y a deux ans par l'Office de la Culture de Stockholm à résider pendant deux ans en Suède afin de pouvoir y écrire, car l'écrivain était poursuivi à cette époque.
 Salim Barakat, qui est le premier écrivain invité par les autorités culturelles de Stockholm, est l'auteur d'une dizaine de livres écrits en arabe. Il est considéré comme l'un des jeunes écrivains les plus reconnus de sa génération, a indiqué l'agence de presse suédoise TT.
 Salim Barakat avait eu des problèmes en Syrie à l'âge de 19 ans, ayant  estimé que "le milieu intellectuel syrien était oppressant" avant de quitter illégalement la Syrie pour le Liban.
 L'avocat de l'écrivain, maître Louise Bjurvill, a estimé de son côté que le rejet des autorités suédoises serait remis en question lorsque l'affaire sera traitée au niveau du gouvernement. (AFP, 8 juin 2000)

20.000 Kurdes manifestent pour Ocalan à Düsseldorf

 Quelque 20.000 Kurdes venus de différents pays d'Europe ont manifesté le 24 juin à Duesseldorf (ouest) en faveur du chef rebelle Abdullah Ocalan, emprisonné à l'île Imrali en Turquie, a indiqué la police locale.
 La manifestation, placée sous la devise "Non à la peine de mort -- la paix maintenant -- liberté pour Abdullah Ocalan", se déroulait pacifiquement en début d'après-midi.
 La police avait cependant déployé par précaution plusieurs centaines de policiers dans la ville.
 Les manifestants sont arrivés pour certains d'entre eux en bus et en trains spéciaux des Pays-Bas, de Belgique, de Suisse et de France. Beaucoup portaient le costume traditionnel.
 Ils se sont retrouvés dans deux points de la ville rhénane avant un rassemblement, avec des musiciens et des chanteurs kurdes, organisé dans l'après-midi. (AFP, 24 juin 2000)

Prison pour deux jeunes militants turcs d'extrême gauche

 Deux jeunes Turcs ont été condamnés à plus de deux ans de prison chacun pour leur rôle de direction au sein du Parti de libération populaire révolutionnaire (DHKP-C), interdit en Allemagne, et pour atteinte à la législation sur les armes, le 8 juin à Francfort (ouest).
 Le premier des deux jeunes gens --dont les identités n'ont pas été révélées--, âgé de 23 ans, a été condamné à deux ans et neuf mois de prison pour avoir dirigé la section jeunesse de l'organistaion d'extrême gauche.
 Le tribunal de Francfort a infligé au second, âgé de 25 ans, une peine de trois ans et trois mois de prison pour avoir dirigé l'organisation dans les Etats régionaux de Hesse (centre-ouest) et de Rhénanie du nord-Westphalie (ouest).
 Ils sont convaincus de détention d'armes à feu et d'armes de guerre, mais leur participation concrète à plusieurs meurtres et attentats, perpétrés en Turquie et mis sur le compte de l'organisation, n'a pas été prouvée, selon le tribunal. (AFP, 8 juin 2000)

BELGIQUE-TURQUIE / BELGIUM-TURKEY

Fehriye Erdal est en grève de la faim

 Fehriye Erdal, détenue depuis le 26 septembre 1999 à la prison de Bruges pour usage de faux passeport et pour appartenance à une organisation, a entamé une grève de la faim depuis le 15 juin pour "protester contre l'arbitraire dont elle fait líobjet."
 Le Bureau díinformation du DHKC a diffusé le 18 juin le communiqué suivant sur cette action:
 "Lorsque sa véritable identité fut révélée en octobre, elle introduisit une demande díasile politique en Belgique. En mars 2000, elle est acquittée dans le procès dont elle fait l'objet pour des délits commis en Belgique. Entre-temps, la Turquie a réclamé son extradition pour la condamner à la peine de mort et la torturer en invoquant des raisons politiques, en líoccurrence celui de tentative de renversement de líordre constitutionnel.
 "Il est à constater que les instances liées aux ministères de la justice et de l'intérieur, la gendarmerie, les services de renseignements et de lutte contre le terrorisme ont mené de nombreuses démarches pour livrer Fehriye à ses tortionnaires. En transmettant aux services secrets de Turquie des noms, des photographies et autres informations concernant des personnes inculpées dans le dossier mais aussi concernant des personnes non impliquées, on a manifestement préparé le terrain au régime fasciste de Turquie afin qu'il puisse exercer des sévisses et commettre de nouveaux bains de sang.
 "En mai 2000, le ministère de la justice et le gouvernement belges ont annoncé leur refus de l'extrader vers la Turquie parce quíelle est jugée selon un article qui prévoit la peine de mort, parce quíelle serait menacée de torture, parce que sa vie est en danger et parce qu'en vertu de l'accord du Conseil de líEurope sur le terrorisme, son engagement ne correspond  pas à une 'acte terroriste'.
 "Cette décision a reçu les considérations de tous ceux qui maudissent le fascisme. Mais ce níest pas le cas pour le pouvoir fasciste et les assassins de Turquie qui n'ont pas fini de faire pression sur la Belgique par des menaces et des pressions.
 "Cependant, le ministère de líintérieur a entravé son droit díasile malgré la connaissance de son identité politique par les tribunaux et les organes suprêmes du pouvoir et ceci, en invoquant le danger pour sa sécurité et pour la sécurité nationale et díautre part, en se référant à la loi sur les étrangers qui ne lui octroie pas le droit de résidence légale en Belgique.
 "En díautres termes: la Turquie ne reconnaît pas la décision prise par le gouvernement belge tandis que les assassins et les tortionnaires du pouvoir fasciste avertissent que si elle est libérée, elle serait abattue. Le ministère de líintérieur est sous la pression manifeste de cette menace et voit le maintien de la détention de Fehriye comme la seule échappatoire. C'est une marque d'impuissance et de soumission au chantage.
 "En toute évidence, le refus du  droit díasile de Fehriye et son expulsion vers un pays situé hors de l'Union Européenne constituent le terrassement de la voie qui aboutit aux tortionnaires turcs."

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(January/janvier 1998 - Mai/May 2000)
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