Info-Türk
Home Page
Info-Türk
Publications
Info-Türk
Subscription
Info-Türk
Abonnement
Info-Türk
Bulletins

INFO-TURK


53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
E-mail:  editor@info-turk.be
 Chief Editor /Rédacteur en chef: Dogan Özgüden - Responsible editor/Editrice responsable: Inci Tugsavul


Earlier bulletins / Bulletins précédents

25e Année - N°268

Décembre/December 2000


La sauvagerie de l'Etat turc

L'armée et la police donnent l'assaut contre des grévistes de la faim

30 prisonniers politiques assassinés  jusqu'à la fin de l'année

LE TERRORISME DE L'ETAT / STATE TERRORISM

  • L'interview d'Özgüden à TF1 sur l'opération sanglante
  • Amnesty écrit aux Quinze pour dénoncer la torture en Turquie
  • La Turquie reconnaît les tortures infligées par la police
  • La police s'insurge contre ses chefs et le gouvernement
  • Une "amnistie" cosmétique discriminatoire
  • Imprisonment of 14 youths ratified
  • Fiasco dans un procès pour "attentat à la bombe"
  • Human Rights violations in brief
  • PRESSIONS SUR LES MEDIAS / PRESSURE ON THE MEDIA

  • Le journaliste Duran: "Le militarisme des média turcs"
  • Human rights activist Yurdatapan en prison
  • Radio station suspended for six months
  • Violations de la liberté de la presse, septembre-novembre 2000
  • Les autorités imposent des restrictions aux médias
  • Violations of thought freedom in brief
  • QUESTION KURDE / KURDISH QUESTION

  • La Turquie refuse de rompre l'isolement d'Ocalan
  • Feu vert à Strasbourg pour l'examen des plaintes d'Ocalan
  • L'écrivain kurde Baksi est mort à Stockholm
  • L'Armée turque intervient au Kurdistan irakien
  • MINORITES / MINORITIES

  • Nagorny Karabakh: l'Arménie s'oppose l'implication turque
  • Accord entre les prêtres français d'Istanbul et la Turquie
  • Syriac Church Priest on Trial
  • AFFAIRES RELIGIEUSES / RELIGIOUS AFFAIRS

  • L'examen de la fermeture du parti islamiste ajourné
  • Le président écarte un procureur général controversé
  • FORCES ARMEES / ARMED FORCES

  • Blocage turc à un accord UE/OTAN en matière de défense
  • SOCIO-ECONOMIQUE / SOCIO-ECONOMIC

  • 400 enseignants interpellés lors d'une grève
  • En Turquie, les morts du sida restent cachés
  • Le mécontentement syndical gronde au plan du FMI
  • La Turquie arrête ses importations de produits carnés
  • Les conditions de la privatisation de Turk Telekom
  • Six morts dans le nouveau séisme en Turquie
  • Vers une année record pour le tourisme en Turquie
  • RELATIONS MAFIEUSES / MAFIA RELATIONS

  • Ali Agca condamné à purger 7 ans et 2 mois de prison
  • Turkish Economy Shaken By Corruption Revelations
  • RELATIONS AVEC L'OUEST / RELATIONS WITH THE WEST

  • Un fonctionnaire européen a écrit au PKK!
  • La Turquie reste en marge à l'issue du sommet de Nice
  • La Turquie rate le convoi de l'élargissement à Nice
  • La "disparition" d'Ecevit de la photo de famille
  • "La Turquie à Nice: une formidable hypocrisie!"
  • Deux consulats américains en Turquie fermés
  • Le CPT envisage une nouvelle mission en Turquie
  • Le Conseil de l'Europe "regrette la perte de vies humaines"
  • La FIDH condamne l'usage de la force
  • AI demande au gouvernement d'éviter l'usage de la force
  • La Commission européenne se déclare "préoccupée
  • Le premier grec Simitis accuse le régime turc
  • Danielle Mitterrand dénonce la politique de répression
  • La France "consternée" par les assauts contre les prisons
  • Appel à la Turquie pour repenser sa stratégie carcérale
  • Mesures de rétorsion contre des associations
  • RELATIONS REGIONALES / REGIONAL RELATIONS

  • Un bâtiment militaire empêché de descendre le Bosphore
  • La partie turque de Chypre paralysée par une grève générale
  • Rauf Denktash refuse son soutien à la force de l'ONU
  • Une radio turque fermée six mois pour avoir insulté Denktash
  • Un plan d'aide économique pour le nord de Chypre
  • Bagdad presse Ankara d'empêcher les attaques US
  • L'opération Northern Watch au nord de l'Irak prolongée
  • Appel grec contre les fortifications turques à Chypre
  • IMMIGRATION / MIGRATION

  • Des mères de détenus occupent un ministère allemand
  • Manifestations contre l'assaut aux prisons turques
  • Kurdes condamnés pour l'occupation d'un consulat à Francfort
  • Arrestations de clandestins aux frontières turques
  • BELGIQUE-TURQUIE / BELGIUM-TURKEY

  • Le rapport d'une délégation belge sur les prisons turques
  • Ankara demande à Bruxelles de sévir contre DHKP-C
  • Bruxelles n'a pas reçu de demande d'Ankara
  • Des fascistes turcs assassinent un jeune Turc à Rotterdam
  • La Sauvagerie de l'Etat turc

     Tôt mardi le 19 décembre 2000, les forces de l'ordre du régime d'Ankara ont donné un assaut sauvage contre les prisons turques pour faire cesser la grève de la faim de quelque 200 détenus politiques entamé il y a deux mois dans plusieurs prisons turques pour dénoncer le projet de réforme des prisons du gouvernement, qui prévoit des établissements à base de cellules pour 3 personnes au lieu de dortoirs en abritant jusqu'à 60.
     L'assaut sanglant s'est achevé le 22 décembre avec la prise de celle d'Umraniye, à Istanbul, à l'issue de quatre jours d'opérations qui ont coûté la vie à au moins 32 personnes et fait des centainesw de blessés.
     Les grévistes de la faim demandaient également l'abolition d'une loi sur les crimes liés au terrorisme et celle des Cours de sûreté de l'état (DGM), ainsi que la garantie que les responsables d'une série de répressions sanglantes de mutineries dans les prisons soient jugés.
     Le Premier ministre Ecevit, adoptant une position intransigeante et inhumaine, avait exclu jeudi toute nouvelle concession pour faire cesser les grèves de la faim, attribuant la responsabilité des conséquences du mouvement à leurs organisateurs et aux familles des détenus.
     L'assaut s'est déclenché notamment contre les prisons de Bayrampasa à Istanbul, dans la partie européenne, d'Umraniye, dans la partie asiatique, d'Ulucanlar à Ankara, ainsi qu'à Ceyhan (bien Ceyhan, sud), Bursa (nord-ouest), Aydin (ouest), Buca (ouest), Usak (ouest), Canakkale (nord-ouest), Kirsehir (centre), Kahramanmaras (sud-est), Nigde (sud)  et Cankiri, au nord-est d'Ankara.
     Au début, l'opération d'intervention a uniquement réussi à la prison de Ulucanlar, dont on a hospitalisé deux prisonnières qui observaient le jeûne jusqu'à la mort. Les détenus restants ont été transférés vers d'autres prisons.
     Dans les autres prisons, les opérations se sont avérées infructueuses, les forces de l'ordre ne parvenant à déloger les résistants.
     L'opération qui s'est poursuit également le mercredi 20 décembre dans deux d'entre elles, Umraniye (Istanbul) et Canakkale a déjà fait d'au moins 18 morts. Lors de l'opération, deux militaires ont été tués et quatre autres blessés, selon le ministère de la Justice. La même source a précisé que 868 grévistes de la faim avaient été hospitalisés ou transférés dans d'autres prisons.
     Lors de cette opération sanglante, le gouvernement turc a fait preuve de son hypocrisie traditionnelle. Début décembre, Ankara avait annoncé le report de l'entrée en service de ces prisons à une date indéterminée pour tenter de faire cesser le mouvement. Mais depuis le début de l'assaut, plus de 640 prisonniers ont été transferés dans trois d'entre elles.
     D'après le ministre de la Justice, la "plupart" des détenus décédés seraient morts de brûlures occasionnées par leur immolation par le feu au cours de l'opération dénommée officiellement "retour à la vie".
     Toutefois, le Comité de Solidarité Avec Les Prisonniers Politiques en Turquie a annoncé que "contrairement à ce qu'affirment les médias, qui tirent leurs sources du Ministère de la Justice, seules quatre prisonniers se sont immolés au lieu de se rendre pour être placés dans les cellules d'isolement, les autres ont été assassinés et brûlés vifs par l'Etat lors des assauts et le bilan est encore plus catastrophique que les chiffres officiels."
     Ce comité a également fait l'appel suivant à l'opinion mondiale:
     "Vingt prisons furent investies par des forces spéciales et la gendarmerie... L'Etat utilise des bombes à gaze, fusilles d'assauts, bombes à incendie, des bulldozers pour massacres les prisonniers politiques. Au prix de plus de 30 morts, les grévistes de la faim ont tenté de s'opposer à cette nouvelle épreuve de force. Avec une brutalité qui leur est coutumière, les forces de l'ordre ont massacré des prisonniers affaiblis par plus de 60 jours de grève de la faim. Il y a encore des corps des prisonniers politiques sous les ruines depuis trois jours."
     "A 22h, nous disposons des noms de 24 prisonniers morts à la suite des attaques policières; le nombre de blessés ne nous est pas encore connu.  Deux prisons résistent encore et le gouvernement a reconnu que cela serait moins rapide que prévu.  A l'extérieur près de trois mille personnes sont en garde à vue en premier les familles des prisonniers. L'Etat empêche les avocats et les responsables des ONG quand ils essayent de faire une déclaration de presse et on ne leur autorise pas le visite en prison.  La terreur étatique continue sauvagement."
     Une controverse a en outre opposé tout au long de la crise les autorités et le corps médical, l'Union turque des médecins (TTB) s'étant engagée à ne pas soigner les grévistes de la faim non consentants.
     Le sous-secrétaire d'Etat au ministère de la Santé, Haluk Tokucoglu, a annoncé qu'une enquête officielle serait ouverte à l'encontre des médecins qui refusent de soigner les protestataires.
     Selon la TTB, malgré l'assaut, quelque 350 prisonniers poursuivaient une grève de la faim illimitée et plus de 1.650 autres observaient un jeûne en signe de solidarité avec leurs camarades.
     Le ministre turc de la Justice Hikmet Sami Turk a accusé des organisations non gouvernementales (ONG) turques d'"encourager" les grèves de la faim dans les prisons du pays et d'inciter ainsi les détenus au "suicide".
     L'Association turque des Droits de l'Homme (IHD) et l'Union turque des médecins (TTB) ont été particulièrement virulentes pour dénoncer le gouvernement turc lors de l'assaut donné le 19 décembre contre vingt prisons afin de mettre un terme à une grève de la faim de détenus d'extrême gauche. Ceux-ci protestaient contre un nouveau régime carcéral prévoyant des cellules de deux ou trois détenus au lieu des dortoirs encombrés qui existent actuellement.
     Le dernier jour de l'année, le 31 décembre 2000, 50 et 60 manifestants ont été interpellés à Istanbul, dans le quartier de Kadikoy, sur la rive asiatique de la ville, alors qu'ils se rassemblaient sans autorisation pour protester contre l'ouverture d'un nouveau type de prisons en Turquie, a rapporté l'agence Anatolie.
     Les manifestants, des proches de détenus, ont été emmenés par la police pour avoir refusé de se disperser et tenté d'organiser un sit-in pour protester contre l'entrée en service récente de prisons à cellules.

    L'interview d'Özgüden à TF1 sur l'opération sanglante

     Après l'opération sanglante, la rédaction Internet de TF1 a contacté le rédacteur en chef d'Info-Turk, Dogan Özgüden, et a publié le interview suivant:
     Q - Que pensez-vous des derniers événements qui viennent de se dérouler dans les prisons turques?
     Özgüden - En tant que journaliste depuis 45 ans, je ne connais que cela: l'emprisonnement díhommes politiques ou díintellectuels, les menaces... Cíest toujours la même histoire qui se répète Les conditions carcérales en Turquie sont insoutenables. Les prisonniers contestent ces conditions de détention, mais aussi la Cour de sûreté de líEtat qui est totalement anti-démocratique, ainsi que les lois répressives.
     Q - Ce scénario violent était donc prévisible?
     Özgüden - Bien sûr. Et líopinion mondiale le savait. La résistance se poursuit depuis des années. Ces gens souffrent du manque de liberté, de la partialité des autorités turques. Le premier ministre lui-même culpabilise les familles des prisonniers politiques. Les intellectuels cherchent des solutions pacifiques, mais sans succès pour líinstant.
     Q - Pour quelles raisons les prisonniers grévistes de la faim - tous sont díextrême gauche - protestent-ils contre la réforme des prisons qui consiste à mettre fin aux dortoirs de 60 personnes au profit de cellules pour trois. Níest-ce pas mieux pour les prisonniers?
     Özgüden - Non car cette réforme concerne principalement les prisonniers politiques et nía pas recueilli de consensus pour être appliquée. Les organisations internationales, les détenu... personne nía été consultée. Le Premier ministre a décidé de cette réforme comme díune directive militaire. Il a imposé ce nouveau système carcéral. Les organisations de défense des droits de líhomme contestent cette réforme car elle va isoler davantage les prisonniers politiques, qui le sont déjà. Pendant ce temps, les chefs des mafias possèdent de tout le confort nécessaire derrière leurs barreaux.
     Q - Quel pourcentage représentent les prisonniers politiques dans les centres pénitentiaires turques?
      Özgüden - On estime entre 60.000 et 70.000 le nombre de détenus en Turquie. Parmi eux, au moins 10.000 sont des prisonniers politiques. Mais la notion de "détenu politique" reste floue.
     On peut le devenir pour une simple contestation au niveau des autorités locales. Les peines affligées à ces condamnés sont souvent très lourdes. Elles vont régulièrement jusquíà la peine capitale. Si dans les faits, cette dernière níest plus appliquée depuis des années, elle se transforme en condamnation à perpétuité.
     Q - Vous-même avez été sous le coup de différentes poursuites judiciaires?
     Özgüden - Jíai du quitter la Turquie juste après le coup díEtat de 1971. A cette époque je dirigeais une maison díédition de gauche. Une trentaine de procédures judiciaires ont été ouvertes suite à mes écrits dans la presse. En tout, on a demandé 200 ans de prisons à mon encontre, pour propagande communiste, séparatisteÖ Alors que mes articles défendaient les populations turques, kurdes. Donc jíai rapidement quitté la Turquie. Et, depuis le deuxième coup díEtat de 1980, je níai plus de nationalité turque non plus. Ils me líont retiré.
     Q - Quelle position devrait adopter líUnion européenne selon vous?
     Özgüden - La Turquie se sert du système carcéral pour maîtriser líopposition. A notre époque, cíest une honte. Depuis un demi-siècle on entend toujours la même chose, quíil va y avoir des réformes démocratiques. Elles ne sont jamais arrivées ces réformes, on les attend toujours. Cíest pourquoi les institutions européennes doivent prendre une position plus critique vis-à-vis de la Turquie.
     Elles constatent régulièrement quíil y a des progrès qui sont faits petit à petit. Mais, cíest faux. La porte ouverte de líUnion européenne à un régime répressif est inadmissible. Lorsque Jörg Haïder est arrivé au pouvoir en Autriche, les forces de líUnion européenne ont réagi immédiatement. En Turquie, des membres du parti néo-fasciste sont au pouvoir et le Conseil national de sûreté (MGK) conteste toutes les exigences de líUnion européenne. Cette dernière doit réagir. (Alexandra GUILLET, TF1 Internet, 19 décembre 2000)

    LE TERRORISME DE L'ETAT / STATE TERRORISM

    Amnesty écrit aux Quinze pour dénoncer la torture en Turquie

     Amnesty International a écrit aux chefs de gouvernement des 15 pays de l'Union européenne avant le sommet de Nice (France) pour exprimer sa préoccupation de l'usage de la torture "encore largement répandu" en Turquie, pays candidat à une adhésion.
     Dans un communiqué reçu mardi à Ankara, l'organisation de défense des droits de l'Homme demande que le gouvernement turc prenne des mesures "immédiatement" contre la torture, sans attendre 2002 ou 2003 comme le prévoit un projet de plan turc de réformes sur cinq ans.
     Elle relève que les défenseurs des droits de l'Homme en Turquie sont "soumis à des pressions et un harcèlement qui entrave leur activité".
     AI demande aussi que "tout accusé soit jugé par un tribunal compétent, indépendant et impartial", et que cesse "l'impunité" dont bénéficient, selon elle, les officiers des services de sécurité auteurs de graves violations des droits de l'Homme.
     Le communiqué intervient à la suite de l'adoption lundi par les Quinze d'un "partenariat d'adhésion" avec la Turquie qui énumère les réformes politiques et économiques nécessaires pour son adhésion. (AFP, 5 décembre 2000)

    La Turquie reconnaît les tortures infligées par la police

     Le gouvernement turc a reconnu le décès par torture d'un syndicaliste, lors d'une garde à vue, et indiqué que des poursuites judiciaires avaient été engagées contre les trois auteurs présumés, dans un rapport européen publié jeudi à Strasbourg.
     A la demande du Comité anti-torture (CPT) du Conseil de l'Europe, Ankara s'est expliqué en détail sur les circonstances de l'arrestation et de la détention de ce syndicaliste, Suleyman Yeter, mort le 7 mars 1999 après avoir été interrogé à quatre reprises, en deux jours, par trois policiers du département anti-terroriste de la police d'Istanbul.
     Le CPT avait conclu à la mort par strangulation de M. Yeter, au vu du rapport d'autopsie révélant 25 ecchymoses sur tout le corps, une fracture et une hémorragie dans la région du cou.
     Dans sa réponse datée du 12 octobre 1999 et publiée jeudi, le gouvernement turc reconnaît que les blessures relevées sur le corps de Suleyman Yeter correspondent "à la définition de torture de la déclaration de Tokyo de l'OMS", l'Organisation mondiale de la santé.
     Des poursuites judiciaires ont été engagées et une sanction a été requise.
     Suleyman Yeter avait été interpellé lors d'une descente de la police au siège du journal "Solidarité pour un monde sans exploitation", identifié comme l'une des publications de l'organisation illégale MLKP (Marxist Leninist Communist Party) dont il était un membre actif, selon Ankara.
     Un an après sa mort, une manifestation a été organisée à sa mémoire à Istanbul au cours de laquelle plus de 100 personnes ont été interpellées et 10 blessées. (AFP, 7 décembre 2000)

    La police s'insurge contre ses chefs et le gouvernement

     Prétextant une opération à l'arme automatique le 11 décembre contre un car de policiers faisant deux morts et plusieurs blessés dans le quartier Gazi à Istanbul, les forces de l'ordre turques ont manifesté dans plusieurs villes en brandissant leurs armes et criant des menaces contre les autorités de l'Etat, les organisations civiles et illégales, les intellectuels et les grévistes de la faim. Dans plusieurs villes, dont Istanbul et Izmir, les émeutiers ont rudoyé les chefs locaux de la police et menacé de les lyncher. Voici quelques slogans criés par les manifestants: « Nous vendrons celui qui nous vendra», « le gouvernement prend la loi d'amnistie et détruit la», « Organisations (y compris civiles) venez dans la rue, nous avons des armes», «Ankara, Ankara, entend-nous. Ce sont les agiles pas de la police.
     Nous trahirons ceux qui nous auraient trahis», « La police est ici, où sont donc les intellectuels?» «oeil pour oeil, dent pour dent. L'Etat ne négocie pas avec les traîtres».
     Certains ont mis en avant le niveau de vie très bas des policiers pour expliquer le mouvement, mais nombreux étaient ceux qui ont critiqué leur niveau de formation. Fatih Altayli, journaliste au quotidien turc Hurriyet écrit à ce propos: "s'ils n'étaient pas devenus des policiers, ils seraient des terroristes". En fait, la plupart des policiers ont été recrutés dans les rangs de l'extrême droite en vue de combattre les nationalistes kurdes et la gauche démocratique. Selon le professeur Dogu Ergil "ces événements sont très graves, mais prévisibles. Ils ont été entraînés sur cette voie ( ) Leurs slogans reflètent leurs propres perceptions d'un pouvoir oppressif d'un régime oppressif".
     Le Premier ministre Bülent Ecevit a déclaré que certaines personnes avaient appuyé sur un bouton pour déclencher le mécontentement. Toute la presse a repris l'idée en cherchant partout les coupables qui auraient appuyé sur ce bouton et le ministre de l'intérieur Sadettin Tantan a déclaré le 18 décembre que 64 policiers avaient été mis a pied du fait de leur participation active à la manifestation. (CILDEKT, 19 décembre 2000)

    Une "amnistie" cosmétique discriminatoire

     Pendant que la majorité des prisonniers politiques restent toujours sous les conditions déplorables dans les cellules, près de 20.000 prisonniers ont été libérés depuis le 23 décembre dans le cadre d'une "amnistie" cosmétique du gouvernement qui doit vider les prisons du pays de la moitié de leurs 72.000 détenus.
     La loi en vigueur prévoit une réduction de peine de dix ans avec sursis pour la plupart des prisonniers, y compris les meurtriers, mais exclut ceux condamnés pour les délits de résistance contre le régime répressif.
     Donc, plus de dix mille prisonniers politiques continueront à rester otages de ce régime qualifié "candidat à l'Union européenne".
     Les prisonniers attendaient depuis 18 mois une amnistie générale, promise par le gouvernement après les élections générales d'avril 1999.
     L'amnistie actuelle, adoptée par l'Assemblée nationale et approuvée par le président Ahmet Necdet Sezer qui y avait apposé dans un premier temps son veto, a suscité de nombreuses critiques dans l'opinion publique.
     En effet, le président Sezer avait estimé que la loi d'amnistie n'était pas conforme à la constitution. Selon lui,  la loi était contraire aux principes d'équité et de justice évoqués dans la loi fondamentale, et n'était pas de caractère à assurer une "paix sociale". Elle était de "nature à blesser la conscience de la société". Toutefois, le président n'a pas le droit d'apposer son veto pour une deuxième fois si la loi est réadoptée avec le même texte par l'Assemblée nationale. Il ne peut utiliser que son droit d'envoyer la loi devant la Cour constitutionnelle.
     Sous la pression des militaires, le président Sezer n'a pas utilisé ce droit et a approuvé une loi qu'il avait jugeait "injuste".
     Plusieurs requêtes ont été déposées, devant la cour constitutionnelle, en faveur d'un élargissement de la loi d'amnistie, et notamment son application aux membres du PKK et de son chef Abdullah Ocalan, condamné à la peine capitale en juin 1999 pour trahison et séparatisme pour les 15 ans de lutte armée contre l'Etat turc. (AFP, 28 décembre 2000)

    Imprisonment of 14 youths ratified

     The case opened against the 15 youths on charges of DHKP-C and making a press statement after occupying the Izmir Provincial Center of True Path Party (DYP) in 1995 in protest against the incidents that took place in Gazi quarter of Istanbulî concluded on 20 December.
     The Supreme Court Penal Board No. 9 ratified the verdict regarding the 14 youths and quashed the verdict of one defendant. The verdict of the Supreme Court read that the decision of acquittal should be taken in the case of Senal Kaplan who had been sentenced to 2 years 6 months of imprisonment by the Izmir State Security Court (SSC).
     Examining the case file the Supreme Court Penal Board No. 9 had overturned the verdict concluding that the original trial was flawed. However Izmir SSC had insisted on its original verdict. The Supreme Court had once again overturned the verdict on 10 March 1999. Izmir SSC insisted on its first two verdicts at the hearing held on 27 January 2000 and the case had been referred to the Supreme Court again. (Yeni Gündem-HRFT, December 21, 2000)

    Fiasco dans un procès pour "attentat à la bombe"

     Incarcérée depuis deux ans et demi sous l'accusation d'être à l'origine d'un "attentat à la bombe" meurtrier, une jeune sociologue a été innocentée par une cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul à l'issue d'une procédure judiciaire controversée, faisant la une jeudi de la presse turque.
     La jeune femme avait été interpellée par la police quelques jours après une explosion le 9 juillet 1998 qui avait fait sept morts et des dizaines de blessés, dont plusieurs étrangers, dans le marché aux épices du centre d'Istanbul, un haut lieu touristique.
     Pinar Selek, une sociologue de 29 ans, a retrouvé la liberté mardi, après qu'un dernier rapport d'experts eut confirmé la thèse d'une explosion de gaz.
     Il avait fallu une défense déterminée dirigée par le père de l'accusée, Me Alp Selek, qui rejeta dès le début la thèse d'un attentat criminel, en l'absence d'aucune trace de bombe, pour convaincre les juges de l'innocence de la jeune femme.
     Accusée d'être à l'origine d'un "attentat à la bombe" Pinar Selek risquait la peine de mort.
     Selon un dernier rapport d'experts, c'est une bonbonne de gaz utilisé par un restaurateur qui a explosé accidentellement.
     La thèse d'une explosion due au gaz avait été évoquée dès le jour du drame. "C'est une explosion de gaz, pas une bombe", avait déclaré à la presse le procureur général d'Istanbul, Ferzan Citici.
     Pinar Selek a laissé entendre, dans une déclaration au journal libéral Yeni Binyil, que son interpellation s'était produite dans le cadre de sa recherche sur le PKK.
     "Je savais que je serais confrontée à des problèmes avant d'entamer ce travail, mais jamais je n'aurais cru que je serais accusée d'avoir déposé une bombe", a-t-elle dit.
     Citée par le journal populaire Sabah, Pinar Selek a indiqué avoir été torturée "à plusiers reprises" par la police lors de son interrogatoire. (AFP, 28 décembre 2000)

    Human Rights violations in brief

     @ Students named Abdurrahim Tugrul and Davut Ezgin were beaten by some supporters of the Nationalist Action Party (MHP) who raided the student dormitory in Antep University on the night of 30 November. It was reported that a dispute had taken place in the canteen of the dormitory between two students speaking Kurdish and MHP supporters a day before the incident. (Yeni Gündem-TIHV, December 2, 2000)
     @ Executive members of the Six Dots Blind Association were detained when they wanted to hold a rally in Istanbul on 3 December, on the occasion of the ìWorld Day of Handicappedî. The executive members and members of the Association assembled at Tunnel Taksim at noon, rallied for a short while, but they were hindered by the police near Galatasaray High School. After negotiations between the police and the executives of the Association, the demonstrators were allowed to march to Taksim Square. After  press statement was read out there, the executive members of the Association were detained by the police. (Cumhuriyet-TIHV, December  4, 2000)
     @ On 1 December, workers and civil servants in overall Turkey left their workplaces for one day upon the decision taken by the Labor Platform, formed by trade unions of workers and civil servants and democratic mass organizations. About 500 people were detained in various provinces during the demonstrations held in connection with the act. A statement made by the Egitim-Sen trade union read that over 300 teachers had been detained during the act. About 20,000 people attended in each of the meetings held in Istanbul and Ankara.  (Radikal-Yeni Gündem-TIHV, December 4, 2000)
     @ Five out of 100 refugees were frozen dead when they wanted to pass across the Turkish-Iran border illegally in the vicinity of Nobirin village of Baskale district of Van. The soldiers who arrived at the spot reportedly detained 45 refugees, and 50 refugees reached Van without having been apprehended by soldiers. (Yeni Gündem-TIHV, December 4, 2000)
     @ The demonstration held by the Association of the Blind (GÖZDER) Ankara Branch to put forward the problems the blind face was hindered by the police officers. The blind who gathered in Güvenpark on 4 December wanted to march to the Prime Ministry building. The march of the blind was hindered  by the police officers at the exit of the park. Here they made a press statement and dispersed. (Radikal-TIHV, December 5, 2000)
     @ The case opened against 22 people (8 on remand), including Diyarbakir Mayor Feridun Çelik, Siirt Mayor Selim Özalp and Bingöl Mayor Feyzullah Karaaslan continued at Diyarbakir SSC on 5 December. At the hearing, Abdulkadir Güzel, Mustafa Yildiz, Hayrettin Aktepe, Tahir Surankulu and Haci Kaydi were released. The prosecution demands 15 years imprisonment for 8 defendants on charges of ìillegal organization membershipî under Article 168/2 of the TPC and Article 5 of the Anti-Terror Law, and up to 7 years of imprisonment for 14 defendants including the mayors on charges of ìaiding an illegal organization and sheltering its membersî under Article 169 of the TPC and Article 5 of the Anti-Terror Law. (Yeni Gündem-TIHV, December  6, 2000)
     @ Malatya Branch of the Human Rights Association (IHD) was closed by the Governorate on 3 December on the grounds of keeping banned publications in the archive. The Branch Chairman Lawyer Dogan Karaoglan stated that the closing down of the association following a press meeting on the Cell Type Prisons was not a "coincidence." Karaoglan said, ìThey told us that we had contravened the Law on Associations by keeping banned publications in the building. However, the publications that they had seized are not banned, they are under the status of confiscated publications. They all have a definite printing house, editor-in-chief and are all legitimate". (Yeni Gündem-TIHV, December 6, 2000 )
     @ The meeting to be held in Diyarbakir on 10 December in connection with the World Human Rights Week was banned by the Diyarbakir Governorate. In his statement Ali Ürküt, HADEP Diyarbakir Provincial Chairman declared that the meeting was banned under Article 11 of the State of Emergency Law. (Evrensel-TIHV, December 7, 2000)
     @ IHD Antep Branch was closed indefinitely on the grounds of the hunger strikes staged for 6 days in the branch building in support of the hunger strikers in prisons. Antep Governorate told that the Association had contravened the Law on Associations. The hunger strikers in the Association building were taken out by the police officers under harassment. (Yeni Gündem-TIHV, December  7, 2000)
     @ Adana Public Prosecutor Sacit Kayasu who was dismissed from duty for opening a case against the 8th President of Turkey Kenan Evren who was the leader of coup díetat of 12 September 1980, testified in connection with the case opened against him by the Supreme Court Chief Public Prosecution Office. Kayasuís testimony was received by Adana Criminal Court No. 1. Kayasu said that his indictment did not insult the Turkish Armed Forces, and that people who made the 12 September coup díetat had violated the Constitutional order. Prison sentence is sought for Sacit Kayasu under Article 159 of the Turkish Penal Court. He will be prosecuted at Supreme Court Penal Chamber No. 9. (Yeni Binyil-TIHV, December 7, 2000)
     @ The case opened against the Anti-militarist Initiative members Gökhan Birdal, Mustafa Seyhoglu and Yasin Yildirim in connection with the press statement they had made on the World Conscientious Objectors Day on 15 May 1999 ended with the decision of acquittal at the hearing held at General Staff Military Court on 5 December. Birdal, Seyhoglu and Yildirim had also been acquitted in the trial which they appeared before on the grounds of distributing illegal announcements. (Evrensel-TIHV, December 7, 2000)
     @ Four left-wing students and a police officer was wounded in the incidents that broke out on 13 December at Marmara University Göztepe Campus and Istanbul University Faculty of Literature. A group of students, supporters of the Nationalist Action Party (MHP) attacked the left-wing students at Göztepe Campus in the morning hours. A student named Kemal Tunç received a knife wound on his hand. Students who gathered in the canteen at noon to protest the attack were attacked by the MHP supporters again. In the fight that broke out where sticks and stones were involved two left-wing students Edip Gölbasi and Ömer Gür were wounded. At Istanbul University Faculty of Literature on the other hand, a left-wing student and a police officer was slightly wounded by the attacks carried out by the MHP supporters. (Cumhuriyet-TIHV, December 14, 2000)
     @ The case opened against Figen Aras, Nesip Gültekin, Hüseyin Kaya, Müzeyyen Akinci, Ali Erdemirci and Medeni Kaya, executives of the Diyarbakir Branch of Egitim Sen (Trade Union of Education, Science and Culture Laborers), in connection with the invitations printed in Kurdish for the festival to be held on 5 October World Teachersí Day, commenced on 13 December. The Egitim Sen executives stated in their defenses that they had no intention of disseminating separatist propaganda and that the invitations printed in both Turkish and Kurdish did not involve any propaganda against the State. The SSC Prosecutor disclosed his opinion on the merits of the law, saying that ìthe text in the invitations did not violate any lawî. The SSC acquitted the defendants. (Yeni Gündem-TIHV, December 14, 2000)
     @ Supreme Court Penal Chamber No. 9 ratified the prison sentence given to Naciye Sevük (20), Ali Adir (56), Güllü Çelik (63), Yemis Altintas (63), Emine Kiyançiçek (76) and Fatma Sevük (77) by the Malatya SSC on charges of helping the PKK. Malatya SSC had convicted the defendants to 3 years 9 months of imprisonment. (Cumhuriyet-TIHV, December 14, 2000)
     @ About 10 ultra-nationalist MHP supporters attacked Gökhan Balci, a university student, on 15 December. The health condition of Balci who suffered knife and cleaver wounds was reportedly well. Göksel Kuru, another university student at Konya Selçuk University was attacked by right-wing students for not fasting. It was reported that Kuru received knife wounds that were not vital. (Radikal-TIHV, December 16, 2000)
     @ The Chief Public Prosecution Office opened a case against the executives of the trade union Tüm Yargi Sen on the grounds of staging the ì21 November act of not working.î Tüm Yargi Sen Chairperson Tekin Yildiz, Executive Board members Bekir Akkaya, Kutlay Öztürk, Yildiz Çakmak, Dursun Öztürk, Hürriyet Pinar, Ankara Branch Executive Board members Necdet Bekçi, Fatma Akkus, Ali Yücel Sahin, Kamuran Emir, Figen Öner and Nano Kaya will be prosecuted in the trial which will commence at Ankara Penal Court of First Instance No. 20 on 28 March 2001. (Evrensel-TIHV, December 17, 2000)
     @ The case opened against the 24 lawyers with the Diyarbakir Bar on charges of ìaiding the PKK and being a member of the PKKî continued at Diyarbakir State Security Court (SSC) on 19 December. The trial which has been continuing since 1993, was postponed for the disclosure of the verdict. The prosecution demands prison sentences for 16 lawyers including Feridun Çelik, Diyarbakir Metropolitan Mayor, Cabbar Leygara, Basgar Mayor, Abdullah Akin, Batman Mayor, on charges of aiding the PKK, and 8 on charges of PKK membership. (Yeni Gündem-TIHV, December 20, 2000)
     @ In Yagmurlu town of Tokat, Celal Yilmaz, Yagmurlu Mayor from the Republican Peopleís Party (CHP), Hüseyin Özseven, council member of the municipality, municipality staff member Ali Aykin and guard Riza Demirer were detained on charges of helping Revolutionary Peopleís Liberation Party (DHKP-C). The detainees were arrested on 19 December. (Zaman-TIHV, December 20, 2000)
     @ The 9th Penal Board of the Supreme Court confirmed the sentences of 14 people who had been tried at Istanbul SSC on charges of being members of an organization called ìAnatolian Federal Islamic Stateî (AFID). On 11 April Istanbul SSC had passed its verdict on 29 defendants. Mehmet Demir Türk was sentenced 18 yearsí, 9 monthsí imprisonment according to Article 168/1 TPC; 10 defendants received sentences of 12,5 yearsí imprisonment according to Article 168/2 TPC and 3 defendants were sentenced to terms of 45 months to 5 yearsí in prison according to Article 169 TPC. The remaining 15 defendants had been acquitted. (Cumhuriyet-TIHV, December 22, 2000)
     @ The Ministry of the Interior dismissed Ferman Özer, Mayor of Semdinli in Hakkari province and member of HADEP, from duty on 23 December. In October Ferman Özer had been detained on allegations of ìsupporting the PKKî. VAN SSC later released him. (Cumhuriyet-TIHV, December 25, 2000)

    PRESSIONS SUR LES MEDIAS / PRESSURE ON THE MEDIA

    Le journaliste Duran: "Le militarisme des média turcs"

     A l'occasion de la parution de son nouveau livre "Medyamorfoz", le journaliste et l'universitaire turc Ragip Duran a accordé une interview au quotidien Yeni Gündem du 27 novembre où il donne son point de vue critique, sur le monde des média turcs.
     Extraits:
     Question: Dans votre livre, vous avez particulièrement mis l'accent sur le militarisme des media turcs. Que peut faire une Turquie, candidate à l'Union européenne civile, avec des média militaristes?
     R.D.: L'origine du militarisme des médias turcs réside dans le fait qu'ils sont liés politiquement et idéologiquement à l'état-major (des armées). Le militarisme des média turcs ne se remarque pas seulement dans ses publications mais également dans ses services internes. Le gros titre de n'importe quel journal, ou encore la nouvelle en une colonne en page sept, sont directement dictés par les lèvres de celui qui à la tête du journal. En d'autres termes, les journaux sont dirigés exactement comme des casernes. Je peux même dire que les média sont plus militaristes que le ministère de la Défense. Si la Turquie envisage une telle adhésion (à l'Europe), elle se doit d'organiser une démilitarisation dans toute la société y compris dans les média.
     Question: Les relations des organes de presse avec Ankara influencent les politiques d'édition. Le concept de "groupe de média" a laissé sa place au "groupe d'intérêt". Est-ce qu'il y a d'autres pays où cela se passe aussi ouvertement ?
     R.D. : Ce n'est pas propre à la Turquie. Les représentants des partis politiques ont également le droit de donner leur opinion. Mais la différence est qu'en Turquie, les média ne sont pas affiliés au gouvernement mais à l'Etat. Par exemple, pendant la coalition Refahyol [ndlr : coalition gouvernementale entre le parti de la Juste Voie (DYP) de Mme Tansu Çiller et le parti de la Prospérité (RP- islamiste-dissous) de M. Necmettin Erbakan], adepte d'un culte de la laïcité atatürkiste, ils ont réussi à installer les fondements idéologiques du coup d'Etat post-moderne du 28 février (1997) avec l'aide de l'Armée turque.
     Il y a encore une autre particularité en Turquie, c'est que les média indépendants sont entièrement de partis pris pour l'Etat. Si vous masquiez les noms des cinq plus importants quotidiens et que vous cachiez les noms de leurs journalistes, vous ne pourriez pas deviner quel l'article appartient à quel journal. Car, ils disent tous exactement la même chose.
     Tous essayent d'injecter abondement les orientations politico-idéologiques de l'Etat et de faire sa propagande idéologique. Il y a une effroyable pauvreté en cela. Tout le monde se nourrit des mêmes sources. Et cette source est l'idéologie officielle.  (CILDEKT, 1 décembre 2000)

    Human rights activist Yurdatapan en prison

     Le musicien et défenseur des droits de l'homme Sanar Yurdatapan, à l'initiative du projet "Liberté pour la pensée", a été écroué, après avoir été jugé par un tribunal militaire.
     M. Yurdatapan et Nevzat Onaran, ancien président de la section d'Istanbul de l'Association des journalistes contemporains, ont été condamnés par le tribunal militaire de l'état-major turc, sur le fondement de l'article 155 du code pénal turc [ndlr : incitation du peuple contre l'armée], à deux mois de prison et à une amende de deux millions de livres turques. La cour de cassation militaire ayant approuvé la décision, M. Onaran a été écroué à la prison de Metris le 23 novembre.
     À l'origine, la déclaration d'Osman Murat Ülke, objecteur de conscience, avait été publiée le 1er septembre 1995 dans le livret "Liberté pour la pensée N°9" et le journaliste Koray Düzgören et la chanteuse Nilüfer Akbal, avaient co-signé la publication. M. Ülke avait été condamné à six mois de prison et Mlle Akbal et M. Düzgören avaient échappé à leur peine sur le fondement de la loi sur la presse prorogeant la sanction pénale jusqu'à trois ans, sauf récidive. C'est alors que Sanar Yurdatapan et Nevzat Onaran ont réédité le livret sous le nom de "Liberté à la pensée N°39" et ont cette fois-ci été condamnés sur le même chef d'accusation.
     La Cour européenne des droits de l'homme a été saisie de l'affaire sur le fondement de la violation de la liberté de la pensée mais aussi sur la remise en cause de l'impartialité des tribunaux militaires (composés uniquement de militaires) dans une affaire impliquant uniquement des civils.
     La Cour avait à plusieurs reprises condamné la Turquie pour l'impartialité des fameuses Cours de sûreté de l'Etat (DGM) et Ankara avait finalement destituer le juge militaire siégeant dans ces cours. Aujourd'hui, c'est un tribunal totalement militaire qui est en cause. (TIHV, 8 décembre 2000)

    Radio station suspended for six months

     In a letter addressed to Minister of Communications Enis Öksuz, RSF protested the "six-month suspension of radio station Özgür Radyo by the RTÜK" (Supreme Board of Radio and Television, which regulates audiovisual media). RSF asked the minister to "do everything possible to ensure that this authority ends its arbitrary targeting of audiovisual media". The organisation recalled that the radio station was previously suspended, in July and August 2000, for one year each time, bringing the length of Özgür Radyo's suspension to two and a half years. The RTÜK has suspended over twenty radio and television stations since the beginning of the year, for a total of 4215 days.
     According to information collected by RSF, on 7 December, the RTÜK ordered the suspension of Istanbul radio station Özgür Radyo for six months. The station is accused of broadcasting a "defamatory" programme which "goes beyond the limits of criticism and aims to humiliate". During the broadcast of a programme on 24 July, Özgür Radyo stated that Rauf Denktash, president of the Turkish Republic of Northern Cyprus (RTCN, recognised only by Turkey) allegedly has "a significant real estate portfolio in the island's northern region" and receives payments from "gangs linked to prostitution".
     The RTÜK previously ordered the radio station's suspension for one year on 5 July, and again on 23 August. In July, the radio station was accused of broadcasting a verse by Turkish poet Ataol Behramoglu during a programme. The radio station was accused of "inciting violence and hateful sentiments in society", in accordance with Article 4 of Law 3984. Behramoglu personally contested the decision, stating that "this verse, written thirty years ago, is published in all new editions of my books." In August, the station was suspended for broadcasting a song by the far-left group Kizilrmak on 9 July. The song paid homage to the young leaders of leftist movements in the 1970s who were killed during a police operation. Özgür Radyo, which has been forced to cease broadcasting since 31 July, has filed an appeal with the European Court of Human Rights. (RSF/IFEX, December 8, 2000)

    Violations de la liberté de la presse, septembre-novembre 2000

     Ci-dessous, un rapport de RSF, daté du 8 décembre 2000, sur la liberté de la presse en Turquie ces trois derniers mois:
     Onze journalistes interpellés:
     Le 3 septembre 2000, Suat Ozalp, correspondant à Diyarbakir (sud-est de la Turquie) du bimensuel humoristique prokurde Pîne, est interpellé une heure par la police. Ce journaliste doit signer un document dans lequel il s'engage à ne plus "diffuser le journal". Suite à son refus, il comparaît devant le procureur pour "port de publications illégales".
     Le 12 octobre, Erhan Palabiyik, propriétaire du périodique de gauche Demokrat Baykan, est incarcéré avec son épouse Sonmez Palabiyik, rédactrice en chef du journal. Ils sont poursuivis en vertu de l'article 159 alinéa 1 du Code pénal pour "moqueries et insultes envers les forces de sécurité de l'Etat". Le 19 octobre, le couple est libéré et les charges sont abandonnées.
     Le 24 octobre, Neset Karadag, reporter pour l'agence de presse Dogan, et Ali Güleryüz, cameraman pour cette même agence, sont interpellés par la gendarmerie alors qu'ils filment et photographient la base militaire aérienne de Incirlik (sud du pays). Après contrôle de leurs images, les journalistes sont remis en liberté le jour même.
     Le même jour, Halil Celik, reporter pour le journal d'extrême gauche Yasadigimiz Vatan, et Erdal Kara, journaliste pour Yeni Evrensel, sont interpellés à Ankara. Ils couvraient une manifestation avant le procès des responsables de la mort de dix détenus à la prison Ulucanlar, à Ankara. Ils sont libérés le lendemain
     Le 29 octobre, Abdulkadir Konuksever, journaliste de la chaîne privée ATV, est interpellé à Istanbul au moment où il rencontrait un membre de la famille d'un trafiquant de drogue recherché par Interpol. Il est conduit au commissariat d'Atakoy à Istanbul puis relâché le lendemain.
     Le 9 novembre, alors qu'ils couvrent l'inauguration d'une piscine à Adana, Halil Imrek et Sinan Araman, correspondants du quotidien d'extrême gauche Yeni Evrensel, et Cetin Gülbasar, journaliste au quotidien local Yeni Adana, sont interpellés par des policiers en civil qui les conduisent au commissariat. Après le contrôle de leur casier judiciaire, ils sont relâchés.
     Un journaliste incarcéré:
     Le 29 septembre 2000, Zeynel Engin, journaliste au bimensuel d'extrême gauche Devrimei Demokrasi et rédacteur en chef des périodiques Partizan Sesi et Halkin Gülügü, est arrêté à Elazig (est du pays) puis conduit au commissariat. Il est ensuite incarcéré successivement à la prison d'Elazig et de Malatya. Lors de la première audience de son procès devant la Cour de sûreté de l'Etat numéro 2 de Malatya, Zeynel Engin est accusé "d'aide aux organisations illégales". Le journaliste, qui est libéré le 7 novembre, affirme avoir été, durant sa garde à vue, soumis à des "pressions psychologiques et insulté".
     Un journaliste agressé:
     Le 22 novembre 2000, Sakir Aksu, caméraman de la chaîne privée TGRT, est agressé par des policiers devant la cour constitutionnelle où le président Ahmed Necdet Sezer assistait à une cérémonie. Les causes de l'agression demeurent inconnues.
     Cinq journaux censurés:
     Début septembre, le numéro 58 de l'hebdomadaire prokurde Roja Teze est saisi sur ordre du procureur de la République d'Istanbul, en vertu de la loi 5680 sur la presse. Le journal est accusé de "propagande séparatiste" pour avoir publié un article intitulé "L'immigration, les Kurdes, Manisa" qui abordait le thème de l'immigration des Kurdes. Le 14 octobre, l'hebdomadaire Roja Teze est saisi par le procureur de la Cour de sûreté N°5 d'Istanbul. Le journal, accusé de "propagande séparatiste", avait publié un article dans lequel le terme "Kurdistan du Nord" avait été employé pour désigner le sud-est de la Turquie. Le même jour, le quotidien d'extrême gauche Yeni Evrensel est saisi sur ordre du procureur de la Cour de sûreté de l'Etat N°1 d'Istanbul, en raison de la parution de deux articles condamnant la construction des prisons de type F.
     Le 11 novembre, le nouveau bimensuel prokurde, Rojeva Welat, est interdit dans la région d'urgence en vertu de l'article 11 de la loi d'urgence.
     Le 23 novembre, Yeni Evrensel est suspendu un mois par la Cour de sûreté de l'Etat pour avoir "porté atteinte à la sécurité nationale". L'article incriminé, publié le 17 mars 2000, et intitulé "Une fête du Newroz en flamme", évoquait le nouvel an kurde.
     Trois journalistes condamnés:
     Le 27 septembre 2000, Meral Tamer, éditorialiste du quotidien Milliyet, est condamné en vertu de l'article 158 du Code pénal turc à un an et quatre mois de prison avec sursis pour "insulte envers le président de la République" (Süleyman Demirel). Deux de ses articles, "Qui est le principal responsable des décombres ?" et "Un tremblement de terre de 7.4 de magnitude n'ébranlera pas Demirel", parus en août 1999, mettaient en cause la responsabilité du Président lors du tremblement de terre du 17 août 1999 qui a fait plus de 17 000 victimes.
     Le 18 octobre, Yeter Polat, rédactrice en chef du mensuel féminin prokurde Jin u Jiyan, est condamnée par la cour de sûreté de l'Etat N°4 d'Istanbul à vingt mois de prison avec sursis et à une amende de 100 millions de livres turques (environ 160 euros).
     Le 23 novembre, le rédacteur en chef de Yeni Evrensel, Bülent Falakaoglu, est condamné à vingt mois de prison et à une amende de deux millions de livres turques (environ 3 euros). Cette condamnation est liée à la parution de l'article "Une fête du Newroz en flamme" qui a valu, le même jour, à Yeni Evrensel un mois de suspension.
     Vingt-trois chaînes de télévision et deux radios sanctionnées par le Conseil de l'audiovisuel:
     Le 7 septembre 2000, le Conseil de l'audiovisuel (RTÜK) suspend les émissions de douze chaînes de télévision et deux radios pour un total de 41 jours. Accusée de diffuser des "images obscènes" dans des émissions de distraction, InterStar est sanctionnée pour deux jours. Show TV est suspendue quatre jours pour avoir diffusé les images d'une femme qui se prostitue à côté de son fils. Kanal E, accusée d'avoir diffusé un film traitant de l'inceste, est suspendue pour un jour.
     Le 20 septembre, dix autres médias audiovisuels sont sanctionnés pour 138 jours. La radio locale Radyo Ekin est notamment suspendue trois jours pour avoir diffusé des "émissions moqueuses et insultantes envers les individus et les institutions, au-delà des limites de la critique".
     Le 9 octobre, la chaîne locale Ufuk TV de Malatya (est du pays) est suspendue pour une durée de 90 jours. Le RTÜK l'accuse d'avoir diffusé les propos de personnes ayant participé à une conférence du parti prokurde légal (HADEP).
     Le 9 novembre, les émissions de la chaîne cablée Teleon sont suspendues un jour pour avoir diffusé un film, "Autoroute", qui a porté "préjudice au développement physique, psychologique et mental des enfants et des adolescents".
     Depuis le 1er janvier, le RTÜK a infligé 4 031 jours de suspension à l'encontre de plusieurs dizaines de stations de radio et chaînes de télévision.
     Incendie des bureaux d'un périodique:
     Dans la nuit du 19 au 20 octobre 2000, à Gebze, des inconnus mettent le feu aux bureaux du périodique kémaliste Gebze Son Deyis. Les habitants du quartier interviennent avant que l'incendie ne prenne trop d'ampleur. Depuis deux ans, le journal dénoncait la corruption de la mairie de Gebze.
     Par ailleurs, Reporters sans frontières continue de demander la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Yalçin Küçük, de l'hebdomadaire de gauche Hepileri, arrêté le 29 octobre 1998, et Hasan Özgün, du quotidien d'extrême gauche Özgür Gündem, arrêté le 9 décembre 1993. L'organisation réclame un procès juste et équitable pour les journalistes Asiye Zeybek Güzel, des hebdomadaires d'extrême gauche Isçinin Yolu et Atilim, arrêtée le 22 février 1997, et Nureddin Sirin, de l'hebdomadaire islamiste Selam, arrêté le 6 février 1997. (RSF/IFEX, December 11, 2000)

    Les autorités imposent des restrictions aux médias

     Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre les restrictions imposées aux médias turcs concernant la couverture des graves incidents dans les prisons. RSF a demandé au ministre de saisir les autorités compétentes afin d'annuler ces mesures et permettre aux journalistes turcs de travailler librement.
     "Ce qu'il se passe actuellement dans les prisons turques est extrêmement préoccupant. L'opinion publique turque est en droit d'être informée sur ces graves événements et il est donc impératif que les médias puissent rapporter, en toute liberté, les propos des différentes parties", a ajouté Robert Ménard.  L'organisation a rappelé que quatre journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie, Yalçin Küçük, de l'hebdomadaire de gauche "Hepileri", Hasan Özgün, du quotidien d'extrême gauche "Özgür Gündem", Asiye Zeybek Güzel, de l'hebdomadaire d'extrême gauche "Atilim", et Nureddin Sirin, de l'hebdomadaire islamiste "Selam". Soixante-cinq autres sont également détenus sans qu'il soit possible d'affirmer qu'ils le sont pour leur activité journalistique ou pour leurs opinions.
     Selon les informations recueillies par RSF, le RTÜK (autorité chargée de la régulation des médias audiovisuels) et la Cour de sûreté de l'Etat N° 4 d'Istanbul ont respectivement imposé des restrictions, les 13 et 14 décembre 2000, aux médias audiovisuels et à la presse écrite, concernant la couverture des violents incidents dans les prisons turques. La Cour de sûreté de l'Etat N° 4 d'Istanbul a déclaré que tout média "publiant ou diffusant des communiqués émanant d'organisations illégales ou des informations susceptibles d'inciter à la haine, à l'hostilité et au crime" et qui montrerait l'"Etat dans un état de faiblesse" serait interdit. Ce texte contraint les médias turcs à ne diffuser que des informations provenant de sources officielles pour couvrir la situation dans les prisons turques. En vertu de cette décision, le procureur de la Cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul, a lancé, le 20 décembre, une plainte contre le quotidien libéral "Star" et a "soumis à examen" les numéros datés du 20 décembre, des quotidiens libéraux "Radikal" et "Sabah". Par ailleurs, plusieurs caméramans et photographes ont été contraints, ces derniers jours, par les forces de police, de se tenir à une distance d'un à trois kilomètres des prisons où des affrontements avaient lieu.
     Au moins quinze détenus et deux gendarmes sont morts, le 19 décembre, lors d'un assaut par les forces de l'ordre contre vingt prisons. Les autorités voulaient mettre un terme à la grève de la faim de détenus politiques qui entendaient dénoncer une réforme du système carcéral. (RSF/IFEX, 20 décembre 2000)

    Violations of thought freedom in brief

     @ The Municipality sealed the buildings and the printing house of the dailies Bolu Ekspres and Bolu Haber published in Bolu. The buildings were reportedly sealed in connection with the news published regarding Mayor Yüksel Ceylan from Democratic Left Party misusing his authority. The owner of the daily Bolu Haber Hüseyin Aykan stated that the Mayor had also sealed the work places of his relatives. Aykan pointed out that they had to leave the buildings without even getting their personal belongings and that he had negotiated with the other printing houses in Bolu however they wouldnít publish the dailies with the fear of the Mayor. The dailies are still being published in Düzce. The daily Evrenselís issue published on 3 December was confiscated by the Istanbul State Security Court on charges of inciting hatred and enmity among people in an article by A. Cihan Soylu. (Evrensel-TIHV, December 5, 2000)
     @ The case opened against Islamic writer Emine Senlikoglu in connection with her book titled ìWhose victim am I?î and her husband Recep Ozkan, the publisher of the book, commenced on 6 December. The hearing was postponed for Senlikoglu to prepare her defense. The prosecution demands imprisonment terms for Senlikoglu and her husband under Article 312 of the TPC. (Zaman-TIHV, December 7, 2000)
     @ The Radio and Television Supreme Board (RTÜK) banned the broadcast of ATV private TV Channel for one day. The ban decision was taken upon the application of the Ministry of Health on the grounds that the cartoon named "Pokemonî had bad effects on children. (Yeni Binyil-TIHV, December 7, 2000)
     @ RTÜK banned the broadcast of Özgür Radio Station for 180 days. Özgür Radio is already closed because of the earlier penalties given. The written statement of RTÜK read that the program broadcast in Özgür Radyo on 24 July mentioned that Rauf Denktas the President of the Turkish Republic of Northern Cyprus ìhad shares of the big hotels in TRNC, a great proportion of the immovable and property on the island belonged to the Denktas family and the family also received the gain of the prostitution that had been going on the island.î The ban decision was taken on the grounds that the program contravened the provision of law number 3984 which banned the broadcast of programs that involve insulting, humiliating or forgery in a way to exceed the limits of criticizing the people or institutions. (Evrensel-TIHV, December 8, 2000)
     @ The case opened against writer Ahmet Altan and Murat Tunali, editor-in-chief with the Journal Aktüel on charges of ìinsulting the armyî commenced at Istanbul Criminal Court No. 2 on 8 December. Ahmet Altan, who has been prosecuted in connection with his article published in Aktüel titled ìTo be Afraid One Morningî said in the hearing that he was prosecuted for criticizing the generals and that the immunity of these people whom he criticized derived from turning a blind eye on some of their attitudes and acts. Altan stated that only the writers and intellectuals were prosecuted and that prosecutors who opened cases against the writers for the things they wrote did not open cases against the generals who committed crimes. The hearing was postponed in order to hear Murat Tunali. (Cumhuriyet-TIHV, December 11, 2000)
     @ RTÜK banned the broadcast of 3 radio and 15 TV stations varying from one day to one month. RTÜK also banned the broadcast of Radio Nur (Istanbul) on the grounds of broadcast against the principles of General Merits of the Constitution, democratic institutions and individual rights, and banned the broadcast of Radio Arkadas (Adana) on the grounds of broadcast inciting violence, terror and ethnic discrimination among people and stirring hatred, for 180 days each. The names of the other radio and TV stations that are banned from broadcast according to the Law on Radio and Television Establishment and Broadcasting are as follows: Kanal D twice for one day; Kanal 6 three times for one day; Show TV, Number One TV, Genç TV, ART TV, Samanyolu TV, Interstar TV, Mesaj TV (Ankara), TVM (Malatya), TGRT TV, Kanal 7 TV and Hedef Radio (Ankara) each one day; Sanliurfa TV 30 days; HRT TV (Hatay) 7 days; Ege TV 3 days. (Sabah-TIHV, December 11, 2000)
     @ Zeriman Dagdelen photographer with the daily Yeni Gündem was detained by the police officers who raided her house in Mustafa Kemal quarter of Ümraniye, Istanbul on the night of 8 December. Ziya Nihadioglu and Abdullah Lif, workers of the Kizilbayrak Journal, Antakya Branch were remanded on 9 December. (Evrensel-Yeni Gündem-TIHV, December 11, 2000)
     @ Diyarbakir State Security Court opened a case against Suzan Samanci, a columnist with the daily Yeni Gündem, journalist Ayse Düzkan, journalist Semra Somersan, Sevil Eroy, General Secretary of the Confederation of Public Laborersí Trade Unions (KESK) and lawyer Gülizar Tuncer in connection with the panel titled "Women in Life, Women on 8 March", organized on 8 March World Women Day in Diyarbakir. The indictment stated that the speeches of the speakers on problems of women around the world and in the area involved separatism. The prosecution demands the defendants to be convicted under Article 8 of the Anti-Terror Law on charges of disseminating separatist propaganda. (Yeni Gündem-TIHV, December 12, 2000)
     @ The case opened against 16 intellectuals and artists for signing as publishers the book entitled ìFreedom to Thought 2000,î which contains a banned book and 60 articles continued at Istanbul SSC on 11 December. Erdal Öz testified at the hearing stating that he had not seen the booklet however had signed it in order for freedom of thought to be achieved. Öz said, ìI want to see my country as where people can live humanely. Even if you convict me, I will continue to defend this thought.î In the trial prison sentences between 7 to 15 years 6 months and a fine of between TL 100 million and TL 300 million are sought for the 16 defendants. The names of the defendants are as follows: Vahdettin Karabay (Confederation of Progressive Trade Unions [DISK] Chairperson), Salim Uslu (Hak-Is Chairperson), Siyami Erdem (Confederation of Public Laborersí Trade Unions [KESK] Chairperson), Hüsnü Öndül, Yavuz Önen, Cengiz Bektas (Writersí Trade Union Chairperson), Atilla Maras (Writersí Union Chairperson), Yilmaz Ensaroglu (Mazlum-Der Chairperson), Zuhal Olcay, Lale Mansur, Sanar Yurdatapan, Ali Nesin, Erdal Öz, Ömer Madra, Etyen Mahçupyan, Sadik Tasdogan. (Evrensel-TIHV, December 12, 2000)
     @ Photographer with the daily Yeni Gündem, Zeriman Dagdelen who had been detained on 8 December was released by the Istanbul SSC Prosecution Office on 11 December. Suat Özalp, representative of the journal Azadiya Welat and manager Seyit Karabas were detained during a raid to the Diyarbakir office of the journals Azadiya Welat and Pine on 9 December. (Yeni Gündem-TIHV, December 12, 2000)
     @ The Koma Gula Xerzan music group who appeared at the stage in connection with the celebrations held by the Malatya Youth Branch of HADEP was hindered by the police officers. During the celebrations prizes were given to the winners of the composition, poem and drawing contest titled ìPeace.î The police officers pulled the plugs out connected to the microphones of the music group and were protested by the audience in the hall. Upon the protests, Malatya Security Directorate came to the hall and stated that they would not allow Kurdish songs to be sung. (Yeni Gündem-TIHV, December 12, 2000)
     @ The case opened against M. Ali Birand in connection with broadcasting his telephone interview with a prisoner Burak Çileli in Metris Prison live on CNN during a riot carried out by the prisoners prosecuted in the IBDA-C trial on 7 January continued on 13 December. Istanbul State Security Court (SSC) took the decision of acquittal on the grounds that the legal elements of the crime were not realized. (Cumhuriyet-TIHV, December 14, 2000)
     @ Yilmaz Akbulut and Metin Yildirim, distributors of the daily Evrensel were detained in Sirinevler quarter of Istanbul on 13 December. Akbulut and Yildirim were taken to Bahçelievler Security Directorate and were reportedly harassed and handcuffed to a radiator pipe for 7 hours. Ayse Oyman, reporter with the Yeni Gündem who was detained on 12 December during the raid on HADEP Malatya Provincial Organization is still kept under detention. Suat Özalp, representative with the journal Azadiya Welat and director Seyit Karabas who were detained on 9 December during the raid on the Diyarbakir offices of the journals Azadiya Welat and Pine, were remanded by the Diyarbakir State Security Court (SSC) on 13 December. (Evrensel-Yeni Gündem-TIHV, December 15, 2000)
     @ The theatre company ëTiyatro Arayisí in Diyarbakir, was banned from staging the play titled ìVatandas Abuzerî (Citizen Abuzer) adapted from a book by Yücel Sarpdere. The ban decision, which was taken on the grounds that the atmosphere was not suitable, was submitted orally to the theatre company. (Cumhuriyet-TIHV, December 15, 2000))
     @ Istanbul SSC confiscated the book ìFamous Kurdish scientists and Intellectuals of the First Generationî written by Mehmet Kemal Isik and published by Sorun Publications, on the accusation of ìseparatist propaganda.î (Yeni Gündem-TIHV,  December 22, 2000)
     @ Zeynel Abidin Kizilyaprak was sentenced to 1 year 4 months in prison and fined TL 1 billion 300 million in the trial opened at Istanbul State Security Court (SSC) in connection with two of his articles in the book ì1900íden 2000íe Kronolojik Albüm Kürtlerî (Chronological album of Kurds from 1900 to 2000). The book had been distributed by the defunct daily Özgür Bakis and was confiscated in February this year, the day when the book appeared. (Yeni Gündem-TIHV, December 25, 2000)
     @ The Supreme Court Penal Board No. 9 quashed the 3 years 9 monthsí imprisonment decision taken for Hüsnü Cemal Arslan (19), MED TV announcer, by the Erzurum SSC. The Supreme Court concluded that Arslan should be prosecuted on charges of "membership to an organization" instead of "aiding an illegal organization." (Milliyet-TIHV, December 23, 2000)
     @ Throughout the year 2000 the Radio and Television Supreme Board (RTÜK) passed orders on closure totaling 4,832 days. According to the statement by RTÜK, 233 warnings were issued in the same period. A total of 118 court cases were opened according to the decisions by RTÜK. The majority of them ended in favor of RTÜK. It was also reported that RTÜK passed orders of closure totaling 11,430 days during the last 6 years and that 8,321 days of closure referred to ìseparatistî and 2,362 days to ìreactionaryî (Islamic) broadcasting. (Yeni Binyil-TIHV, December 24, 2000)

    QUESTION KURDE / KURDISH QUESTION

    La Turquie refuse de rompre l'isolement d'Ocalan

     Le gouvernement turc a refusé de rompre le régime d'isolement du chef kurde Abdullah Ocalan, comme le lui demandait un organe du Conseil de l'Europe, Ankara estimant que ce serait contraire aux prescriptions de la loi anti-terrorisme.
     La réponse du gouvernement turc a été publiée jeudi à Strasbourg par le Comité européen anti-torture (CPT), après une visite des experts européens du 27 février au 3 mars 1999 dans l'île-prison d'Imrali dont le leader kurde, condamné à mort pour séparatisme, est le seul prisonnier.
     Dans son rapport, publié en même temps que la réponse du gouvernement et avec l'accord d'Ankara, le CPT demandait qu'Ocalan soit autorisé à circuler librement entre sa cellule et la pièce adjacente "pour augmenter son espace vital".
     Le CPT recommandait aussi à la Turquie de "transférer à Imrali un ou plusieurs autres prisonniers qui pourraient être autorisés à côtoyer M. Ocalan", afin de combattre les "nombreux effets de désocialisation" et les problèmes psychologiques découlant d'un régime pénitentiaire d'isolement strict.
     Ankara s'est abrité derrière la loi anti-terrorisme pour refuser, indiquant qu'il était interdit de mettre en contact, dans les prisons, des détenus condamnés pour des actes de terrorisme. En outre, selon Ankara, placer d'autres prisonniers à côté d'Ocalan compromettrait sa sécurité. (AFP, 7 décembre 2000)

    Feu vert à Strasbourg pour l'examen des plaintes d'Ocalan

     La Cour européenne des droits de l'Homme a donné son feu vert vendredi à Strasbourg à l'examen sur le fond des nombreuses plaintes du chef kurde Abdullah Ocalan à l'encontre du gouvernement turc.
     En déclarant recevables la plupart des griefs du leader du PKK, les juges européens viennent d'accorder la première manche à Ocalan et ses défenseurs ont aussitôt salué cette décision à Ankara.
     En revanche, le ministre turc de la Justice, Hikmet Sami Turk, a minimisé son impact: "Il ne s'agit que d'une décision en faveur de la recevabilité d'une requête", a-t-il commenté laconiquement.
     Les juges de Strasbourg disposeront maintenant de plusieurs mois pour décider si Ankara a réellement violé la Convention européenne des droits de l'Homme, comme l'en accuse le plus célèbre détenu de Turquie, âgé de 51 ans, emprisonné tout seul dans l'île-prison d'Imrali.
     Les nombreux griefs d'Ocalan, condamné à mort pour "trahison et séparatisme", concernent son arrestation par un commando à Nairobi en février 1999, son enlèvement vers la Turquie, sa détention à l'isolement, assimilée à des mauvais traitements, l'équité de son procès (avec la participation d'un juge militaire, pendant la première phase) et sa condamnation à mort, qui viole, selon ses avocats, le droit fondamental à la vie garanti par la Convention.
     En outre, Ocalan se plaint aussi de violations du droit au respect de sa vie privée et familiale, de sa liberté de pensée, de conscience et de religion, de sa liberté d'expression, de l'interdiction de la discrimination.
      Ses défenseurs avaient exposé longuement ces griefs lors d'une audience à Strasbourg le 21 novembre dernier, tandis que plus de 20.000 personnes manifestaient pour ou contre le leader kurde dans les rues de la ville.
     Seulement deux griefs, plutôt marginaux, ont été déclaré irrecevables par les sept juges de la première section de la Cour: les violations au droit pour toute personne appréhendée d'être informée des raisons de son arrestation (article 5 para 2) et au droit à réparation en cas de violation de l'article 5.
     La chambre de sept juges a aussi décidé de se dessaisir au profit d'une Grande Chambre, composée de 17 juges, vu la gravité et la complexité de l'affaire. Les deux parties disposent d'un délai d'un mois pour faire savoir à la Cour si elles s'opposent au dessaisissement. (AFP, 15 décembre 2000)

    L'écrivain kurde Baksi est mort à Stockholm

     L'écrivain et journaliste kurde Mahmut Baksi est décédé le mardi 19 décembre à 19h à Stockholm des suites d'une longue maladie.
     Une cérémonie à sa mémoire aura lieu le samedi 23 décembre de 14h à 18h à Stockholm, à l'initiative de la Fédération des associations du Kurdistan en Suède, avec le concours de l'Institut kurde et en présence de sa famille. Selon son testament, et si les autorités turques, donnent leur autorisation, son corps sera enterré au Kurdistan.
     Mahmut Baksi était né en 1944, à Kozluk, au Kurdistan de Turquie. Après des études secondaires, il se lança, dès 1976, dans le journalisme et l'action syndicale. En 1969, il publia son premier roman, Mezra Botan, s'inspirant de la vie des Kurdes de son enfance. Ses écrits, ses activités en faveur du peuple kurde et son syndicalisme lui valurent une série de procès. Menacé des années de prison, en Turquie, il se réfugia d'abord en Allemagne puis, en 1971, en Suède où il était devenu un écrivain et une personnalité reconnus.
     Il fut notamment journaliste au quotidien socialdémocrate Aftonbladet et l'unique membre d'origine étrangère du Bureau exécutif de l'Union des écrivain suédois. Membre de l'Institut kurde de Paris, depuis 1986, il en devint, de 1993 à 2000 membre du conseil d'administration.
     Auteur d'une vingtaine de livres dont certains sont traduits en langues étrangères (suédois, norvégien, allemand, finnois, turc et français), M. Baksi exerça, jusqu'à sa mort, son métier de journaliste dans la presse suédoise et kurde. Il a également réalisé des reportages et des documentaires pour la télévision suédoise.
     Les éditions l'Harmattant avaient récemment publié son récit autobiographique Mon enfance au Kurdistan. (CILDEKT, 22 décembre 2000)

    L'Armée turque intervient au Kurdistan irakien

     L'armée turque a déployé le 17 décembre au matin plus de 700 soldats et l'artillerie lourde autour de la région de Raniyah et Qandil du Kurdistan d'Irak à environ 300 km à l'intérieur, pour attaquer les camps du PKK de la région. La nouvelle incursion turque qui n'a même plus l'alibi du "droit de poursuite", puisque le PKK ne combat plus en Turquie, viole ouvertement le droit international et la souveraineté d'un Etat voisin.
     Selon le quotidien arabe anglophone Al-Zaman daté du 19 décembre, Ankara serait appelé à la rescousse de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui seront mis à mal dans les derniers combats par le PKK qui aurait engagé 3000 combattants dans la région. Le 21 décembre, dans le quotidien arabe Al-Sharq al-Awsat, Adil Murad, un des responsables d'UPK, a totalement nié les faits en soulignant que "la situation à Raniyah est stable et pacifique. Concernant l'armée turque, le monde entier sait que depuis des années l'armée s'introduit au Kurdistan irakien en prétextant combattre le PKK".
     Il reste difficile à chiffrer le nombre de victimes des affrontements, mais selon des témoignages reçus à Paris il y en aurait d'ores et déjà plusieurs centaines dans la région. Selon le quotidien Al-Hayat du 22 décembre, le chef du PKK, Abdullah Ocalan aurait adressé une lettre à son frère Osman Ocalan, basé à la frontière irako-iranienne, lui demandant "d'éviter de combattre l'armée turque à n'importe quel prix".
     Par ailleurs, notre Présidente Mme Danielle Mitterrand vient d'adresser au Président Chirac une lettre où elle écrit notamment: "Peut-on encore continuer à considérer le gouvernement turc et sa politique de répression comme une démocratie apte à se joindre à l'Europe ? Vous avez ratifié récemment à Nice, la Charte européenne des droits fondamentaux. Même si elle ne nous convient pas tout à fait, ce texte stipule la nécessité de processus démocratique, en tout cas humaniste, pour tout pouvoir européen. Je vous rappelle que l'armée turque, contrairement aux textes et lois internationaux, a de nouveaux fait une incursion au nord de l'Irak
     Cet appel est aussi lancé à l'opinion publique afin que les tueries cessent dans les prisons de la Turquie et que l'armée turque mette un terme aux pratiques qui menacent la paix régionale". (CILDEKT, 22 décembre 2000)

    MINORITES / MINORITIES

    Nagorny Karabakh: l'Arménie s'oppose l'implication turque

     L'Arménie s'est opposée mercredi à toute participation, y compris financière, de la Turquie au règlement du conflit du Nagorny Karabakh qui l'oppose à l'Azerbaïdjan, rejetant une proposition faite la veille par un représentant de l'OSCE.
     Ankara "ne peut être objective" vis à vis de l'Arménie, a affirmé à l'AFP le président de la commission parlementaire pour la politique étrangère Ovanès Ovanessian.
     "La Turquie a démontré ces dernières années qu'elle ne menait pas une politique neutre dans la région. Dans ces conditions, elle ne peut pas jouer de rôle positif dans le règlement du conflit", a commenté un responsable du parti nationaliste radical Dachnaktsoutioun, Guegam Manoukian.
     L'Arménie réclame en particulier la reconnaissance par les autorités turques du génocide arménien entre 1915 et 1917, alors qu'Ankara nie l'existence d'un tel génocide.
     L'ambassadeur Carey Cavanaugh, l'un des trois co-présidents du groupe de Minsk, chargé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de trouver une solution au Nagorny Karabakh, avait estimé mardi à Bakou que des sociétés turques pourraient aider à la reconstruction du Nagorny Karabakh.
     Le ministère arménien des Affaires étrangères avait immédiatement répliqué que "la Turquie devrait renoncer à sa politique ethnique bornée et sans perspectives vis-à-vis de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan avant de jouer un rôle dans le règlement du conflit au Karabakh".
     Cette enclave arménienne en Azerbaïdjan a proclamé son indépendance en 1991 avec l'appui de l'Arménie et l'a défendue par une guerre qui a duré trois ans. La Turquie a toujours soutenu l'Azerbaïdjan. (AFP, 13 décembre 2000)

    Accord entre les prêtres français d'Istanbul et la Turquie

     Un accord amiable est intervenu entre le gouvernement turc et l'Institut de prêtres français d'Istanbul à propos du droit de propriété contesté de ces religieux, a indiqué jeudi la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg.
     La branche turque de la Congrégation des Augustins de l'Assomption avait porté plainte à Strasbourg contre Ankara après une décision de la justice turque de la priver de la propriété d'un domaine à Istanbul, sur lequel sont édifiés un séminaire et une chapelle.
     Ce domaine avait été remis en 1859 à l'archevêque de la communauté catholique par le Sultan ottoman. Par un accord franco-turc du 18 décembre 1913, l'Institut fut reconnu par le gouvernement turc comme établissement religieux français.
     Toutefois, en 1982, l'Institut loua une partie du jardin et des locaux à une société privée en vue de trouver des moyens financiers pour l'entretien des lieux de culte.
     Le Trésor turc prit argument de cette location pour annuler le titre de propriété de l'Institut, soutenant que l'Institut n'avait pas le droit de procéder sur les lieux à des activités lucratives.
     La Cour des droits de l'Homme s'est entremise entre les deux parties pour un accord amiable aux termes duquel la Turquie conserve la propriété du domaine, mais en concède l'usufruit à l'Institut qui aura la pleine utilisation et la jouissance des lieux et des bâtiments qui s'y trouvent.
     Le Trésor turc renonce aux loyers qu'il réclamait sur les cinq précédentes années (41.670 USD) et les prêtres de l'Institut, ainsi que leurs successeurs, auront le droit de louer une partie du terrain. (AFP, 14 décembre 2000)

    Syriac Church Priest on Trial

     On 21 December, the first hearing of the case opened against the Diyarbakir Syriac Meryem Ana (Virgin Mary) Church Priest Yusuf Akbulut on the allegation of "inciting the people to hate and enmity" was held at the Diyarbakir State Security Court (SSC).
     Akbulut is tried on his this expression, "Syriacs were also subjected to a genocide along with Armenians" which he voiced when the Draft Resolution on the Armenians Genocide passed the Commission on International Relations in the US House of Representatives.
     Akbulutís lawyer Abdülkadir Pekdemir stated the "press ethics and principles" had been violated while his client was talking to the journalists. The hearing was postponed in order that the cassette records of the interview are transcribed. The court demands from 1 to 3 years imprisonment term for Akbulut according to Article 312 of the Turkish Penal Code. (Radikal-TIHV, December 22, 2000)

    AFFAIRES RELIGIEUSES / RELIGIOUS AFFAIRS

    L'examen de la fermeture du parti islamiste ajourné

     La Cour constitutionnelle turque a ajourné mercredi pour une duré indéterminée son examen d'une fermeture du parti islamiste de la Vertu (Fazilet), première force d'opposition, dans l'attente de documents de l'accusation.
     Le vice-président de la Cour, Hasim Kilic, a indiqué que la longueur de l'ajournement dépendrait de la rapidité du procureur à remettre les documents qui lui ont été demandés, sans donner de date.
     Parmi ces documents figure notamment un rapport d'observateurs du gouvernement sur un congrès du Fazilet tenu en mai dernier et la transcription d'une cassette vidéo de discours de membres du parti lors de cette réunion, présentés comme des preuves additionnelles à la Cour, a-t-il indiqué.
     La Cour a entamé mardi l'examen d'une demande de fermeture du Fazilet pour activités anti-laïques.
     Le même jour, elle a renforcé son pouvoir de décision en abolissant un article de la loi sur les partis politiques qui précisait les conditions dans lesquelles un parti peut être fermé, s'accordant ainsi une plus grande marge de manoeuvre.
     Mais selon un responsable du Fazilet, cette décision n'aura pas un impact négatif sur le sort du parti, car les preuves contenues dans le dossier sont "insuffisantes".
     "Un verdict en faveur d'une dissolution serait une grande surprise pour nous", a indiqué Veysel Candan à la presse.
     Le Fazilet est accusé d'exploiter les sentiments religieux, d'inciter aux protestations contre l'interdiction du port du foulard dans les universités, et d'être le successeur d'un parti interdit, le parti de la Prospérité Refah, dissout en janvier 1998 pour "activités anti-laïques".
     Le procureur a également demandé que ses 103 députés (sur 550 au parlement) soient déchus de leur mandat et ses dirigeants interdits de politique pendant cinq ans.
     Si ses demandes sont acceptées, cela aura de graves implications politiques car des élections partielles, voire générales, devront se tenir pour remplacer les députés, mettant en péril le fragile équilibre de la coalition tripartie du Premier ministre Bulent Ecevit.
     Et cela ne pourrait que compliquer les aspirations européennes de la Turquie, sommée d'améliorer son bilan en matière de démocratie. (AFP, 13 décembre 2000)

    Le président écarte un procureur général controversé

     Le président turc Ahmet Necdet Sezer a nommé lundi un nouveau procureur général auprès de la Cour de cassation, écartant ainsi Vural Savas, fer de lance de la lutte contre les partis islamistes.
     Sabih Kanadoglu, 62 ans, un juge de la Cour et l'un des quatre candidats à ce poste avec M. Savas, a été nommé pour une durée de quatre ans à partir de janvier 2001, a annoncé le service de presse de la présidence dans un communiqué.
     M. Kanadoglu figurait pourtant en deuxième place dans une liste de candidats soumise à M. Sezer à l'issue d'un vote au conseil général de la Cour dans laquelle M. Savas était tête de liste.
     Le président est tenu de choisir parmi les cinq candidats qui lui sont présentés sans forcément prendre en compte les voix qu'ils ont recueillies.
     M. Savas qui occupe depuis 1997 le poste de procureur général de la Cour de cassation, plus important procureur du système juridique turc, était à l'origine de la procédure qui a abouti en janvier 1998 à la dissolution du parti islamiste de la Prospérité (Refah) de l'ex-Premier ministre Necmettin Erbakan pour "activités anti-laïques".
     Ce magistrat a lancé en mai 1999 une procédure similaire à l'encontre du successeur du Refah, le parti de la Vertu (Fazilet), 3ème formation au parlement turc.
     La Cour constitutionelle a ajourné la semaine dernière ses délibérations sur le sort de ce parti dans l'attente de documents de l'accusation.
     Adulé des militaires, défenseurs des principes laïques du régime, et des milieux pro-laïques, M. Savas accuse le Fazilet d'activités contraires à ces principes fondateurs de la République turque et d'être le successeur du Refah.
     Il accuse également le parti d'exploiter les sentiments religieux du peuple et demande que tous ses députés (103 sur 550) soient démis de leur mandat.
     M. Savas a en outre lancé une procédure d'interdiction contre le Parti de la démocratie du peuple (HADEP, pro-kurde) pour "liens organiques" avec la rébellion kurde de Turquie. La Cour constitutionnelle n'a pas encore entamé l'examen de cette demande. (AFP, 18 décembre 2000)

    FORCES ARMEES / ARMED FORCES

    Blocage turc à un accord UE/OTAN en matière de défense

     Le Premier ministre turc Bulent Ecevit a déclaré vendredi qu'Ankara ne ferait pas de concessions sur sa position au sujet d'un accord de coopération entre l'Union européenne et l'Otan en matière de défense alors qu'une réunion de l'Alliance Atlantique à Bruxelles tentait de briser la résistance de la Turquie.
     "Nous insistons sur nos positions car si nous sommes tenus à l'écart de l'Europe de la défense, nous pourrions avoir à faire face à de nombreux dangers", a déclaré M. Ecevit à des journalistes à Ankara.
     "Il n'y a pas non plus de signe qu'il puisse y avoir un changement dans l'approche européenne" sur l'Europe de la défense, a ajouté le Premier ministre.
     M. Ecevit a fait ces commentaires alors que les ministres des Affaires étrangères de dix-huit pays membres de l'Otan réunis à Bruxelles depuis jeudi continuaient vendredi à faire pression sur la Turquie pour qu'elle lève son opposition à la conclusion d'un accord entre l'UE et l'Alliance atlantique sur la défense.
     La Turquie s'estime injustement mise à l'écart de l'Europe de la défense, jugeant que sa position géographique stratégique n'est pas assez prise en compte.
     Membre de l'Otan depuis 1952 et candidate à l'entrée dans l'Union européenne, la Turquie déclare qu'elle ne donnerait pas automatiquement son accord au recours à l'équipement et aux membres de l'Otan pour une opération de la force de réaction rapide tant qu'elle même ne serait pas autorisée à participer au processus de décision pour des opérations conduites par l'UE qui utiliserait des moyens de l'Otan.
     Les décisions de l'Alliance atlantique étant prises par consensus, la Turquie membre de l'Otan, mais pas de l'UE, a les moyens de bloquer un accord entre les deux organisations. (AFP, 15 décembre 2000)

    SOCIO-ECONOMIQUE / SOCIO-ECONOMIC

    400 enseignants interpellés lors d'une grève

     Plus de 400 enseignants ont été interpellés vendredi dans toute la Turquie, dont 300 à Eregli (nord, côte de la mer Noire), alors qu'ils participaient à une grève nationale des fonctionnaires, a annoncé la chaîne d'information en continu NTV citant des sources syndicales.
     Le ministre de l'Intérieur Sadettin Tantan avait décrété jeudi cette grève "illégale".
     Les manifestants arrêtés à Eregli, membres du syndicat enseignant Egitim-Sen, ont été emmenés par la police qui a pris d'assaut le cortège des manifestants, a rapporté NTV et les autres personnes ont été arrêtées à Urfa (sud-est), Sinop, Ahatli et Zonguldak (nord).
     Les fonctionnaires protestent contre une augmentation de leurs salaires limitée à 10% pour la première moitié de l'année 2001, en accord avec un sévère programme de lutte anti-inflation soutenu par le Fonds monétaire international (FMI), tandis que l'inflation atteignait encore 44,4% en octobre en glissement annuel. (AFP, 1er décembre 2000)

    En Turquie, les morts du sida restent cachés

     Le virus du sida touche 1.067 personnes en Turquie, selon un chiffre publié par les autorités à l'occasion de la Journée du sida, mais aucune statistique officielle n'a jamais évoqué le moindre mort.
     "Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'en décembre 97, le sida avait fait 80 morts depuis 85", a déclaré à l'AFP Erhan Cetin, de l'Association de lutte contre le sida (ASD), non gouvernementale, qui ne s'explique pas cet "oubli" des autorités.
     Le ministère de la Santé interrogé a expliqué à l'AFP que des "chiffres précis étaient impossibles à collecter", parce que les familles "s'opposent aux médecins sur la détermination des raisons de la mort de leurs proches".
     Selon M. Cetin, les statistiques officielles sur les personnes infectées doivent elle-mêmes être multipliées par 30 à 50 pour s'approcher de la réalité.
     Selon un communiqué du directeur provincial de la Santé d'Istanbul, Osman Karaaslan, sur les 1.067 personnes infectées au 30 juin, 340 sont malades et 727 porteurs sains.
     La province d'Istanbul recensait 640 personnes infectées, soit 60% du total. 76% des personnes contaminées se situent dans la tranche de 20 à 49 ans d'âge, et 47% des cas décelés cette année "sont le fait de femmes étrangères", affirme ce communiqué.
     Istanbul, plus grande ville de Turquie avec quelque 12 millions d'habitants, accueille depuis la chute du Mur l'essentiel de la prostitution venant de Roumanie, Ukraine, Moldavie et Russie, sans contrôle puisque hors des maisons closes.
     Le ministre de la Santé Osman Durmus a pour sa part lancé une campagne bi-annuelle de sensibilisation sur le thème: "Les hommes peuvent faire la différence", partant du constat qu'il y avait en Turquie 2,5 fois plus d'hommes touchés que de femmes.
     "Les hommes ont plus de partenaires sexuels et de relations extra-conjugales que les femmes, et représentent la majorité des dépendants des drogues", a-t-il expliqué dans un communiqué.
     Selon lui, 49% des cas connus en Turquie sont dûs à des relations hétérosexuelles, et les infections sont en hausse, avec 74 nouveaux cas sur les 6 premiers mois de 2000, contre 119 cas en 1999. (AFP, 1er décembre 2000)

    Le mécontentement syndical gronde au plan du FMI

     L'aide massive du Fonds monétaire international à la Turquie est un soulagement pour les marchés mais les syndicats y voient surtout l'annonce d'une dose supplémentaire de potion amère pour les salariés qui se serrent déjà la ceinture au nom de la lutte contre l'inflation.
      Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé mercredi une aide d'urgence de 10 milliards de dollars à la Turquie pour l'aider à lutter contre une crise de liquidités liée à la faiblesse de son secteur bancaire et aux doutes sur sa capacité à appliquer jusqu'au bout un programme de réformes structurelles conclu avec le Fonds.
     Ankara, en échange, a annoncé l'accélération de la réforme du secteur bancaire, des privatisations et de la lutte contre l'inflation.
     "Les nouvelles mesures ne serviront pas à améliorer l'économie ou à amener le bien-être en Turquie", a indiqué à l'AFP Huseyin Tanriverdi, vice-président de la confédération syndicale Hak-Is.
     "Elles ne feront qu'ajouter aux aspects négatifs de l'accord stand-by" conclu en décembre 1999 avec le FMI, qui avait alors débloqué un crédit de 3,7 milliards de dollars sur trois ans, et qui prévoit la lutte contre l'inflation chronique, a-t-il souligné.
     Déjà la semaine dernière, des dizaines de milliers de fonctionnaires turcs ont manifesté pour protester contre les hausses de salaire prévues l'an prochain, de 10% sur les six premiers mois, alors que la hausse des prix à la consommation atteignait encore 44% en glissement annuel en novembre.
     Le gouvernement turc a assuré qu'il protégerait les travailleurs et les fonctionnaires contre les effets de l'inflation, tout en maintenant les augmentations de salaire et le salaire minimum au niveau de son objectif.
     "D'après nos calculs, un fonctionnaire gagne en moyenne 201 millions de livres turques (295 USD) par mois alors qu'une famille de quatre personnes a besoin d'au moins 560 millions de livres turques (822 USD) pour vivre décemment", a souligné Zengin Uzuner, responsable de la confédération des fonctionnaires (KESK).
     Les syndicalistes affirment que le problème est aggravé par le fait qu'Ankara n'atteindra pas à la fin de l'année son objectif d'une hausse de 25% des prix à la consommation.
     D'après Tanriverdi, la baisse de l'inflation ne signifie pas grand chose pour les employés du secteur public car "ils ne voient pas d'argent rentrer dans leurs poches".
     Le gouvernement, qui a accordé cette année une augmentation de salaire de 10% au 1er semestre et de 15% au 2ème, affirme qu'il n'abandonnera pas ses employés et débloquera un fonds supplémentaire si l'inflation dépasse son objectif dans la deuxième moitié de 2001.
     Mais cela ne satisfait pas les syndicalistes.
     "Si le gouvernement ne comprend pas nos manifestations et ne change rien, nous allons intensifier la protestation", a souligné M. Uzuner.
     Autre danger pour les salariés, selon les syndicats: l'accélération des privatisations.
     "Les privatisations ont toujours entraîné du chômage parce que les gouvernements ne prennent jamais en compte le facteur humain. Comme notre économie ne dépend pas de la production, la force de travail ne s'accroît jamais, elle se réduit", a souligné M. Tanriverdi.
     Le gouvernement a annoncé mercredi l'accélération de la privatisation de Turk Telekom et des Turkish Airlines (THY).
     Le secrétaire général du syndicat des employés de l'aviation Hava Is, s'oppose à la privatisation car il craint des licenciements massifs lors de la restructuration.
     "Nous n'avons pas encore les détails de l'appel d'offre mais nous nous sommes préparés à des manifestations, des grèves, et à une bataille légale contre la privatisation de THY", a souligné Mustafa Yagci. (AFP, 7 décembre 2000)

    La Turquie arrête ses importations de produits carnés

     La Turquie a décidé de mettre fin à toutes ses importations de bétail, viande et produits carnés pour se protéger contre la maladie de la vache folle, dont aucun cas n'est connu à ce jour, a annoncé le ministre de l'Agriculture dans un communiqué reçu jeudi.
     Les animaux, la viande, les aliments contenant de la viande et les farines à base de viande et d'os sont désormais interdits à l'importation, en accord avec les directives de l'Office International des Maladies Infectieuses (OIE) pour se prémunir de l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB), a souligné  Husnu Yusuf Gokalp.
     Selon lui, il n'y a aucun cas déclaré ni même soupçonné de vache folle en Turquie.
     "La Turquie n'importe plus à ce jour aucune viande de l'étranger après avoir progressivement réduit ses importations depuis 1996", a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère.
     La mesure touche sans limite de temps toutes les sortes de viandes, mais également les produits dérivés, comme les aliments pour animaux domestiques ou d'élevage.
     L'ESB fait désormais partie des maladies hautement contagieuses à déclarer immédiatement aux autorités, a souligné le ministre.
     "Il n'y a aucun risque à produire de la viande rouge ou blanche en Turquie", a-t-il déclaré à l'adresse des éleveurs turcs, mais il a prévenu que les abattoirs "illégaux", qui débitent 60% de la viande consommée en Turquie, devaient d'ici la fin de l'année demander une autorisation pour continuer à exercer.
     Le ministre a souligné que la crise européenne de la viande bovine pourrait permettre à la Turquie de devenir dans les prochaines années un "pays exportateur et stratégique (...) si elle prend les précautions nécessaires".
     Le doyen de la Faculté vétérinaire de Konya (centre de la Turquie), Veysi Aslan, a toutefois mis en doute ce discours rassurant: "On dit qu'il n'y a pas de vache folle en Turquie, mais il n'y a aucune recherche sérieuse qui ait été faite sur ce sujet", a-t-il déclaré à l'agence Anatolie.
     Selon M. Aslan, le bétail abattu notamment en Angleterre peut trés bien avoir été importé en Turquie via un pays tiers. (AFP, 7 décembre 2000)

    Les conditions de la privatisation de Turk Telekom

     La Turquie annoncera jeudi les conditions de la privatisation de 33,5% des parts de l'opérateur public de télécommunications Turk Telekom, a indiqué lundi le bureau du Premier ministre.
     L'accélération de cette privatisation, qui a connu plusieurs ratés, est l'une des conditions attachées à l'aide d'urgence de 10 milliards de dollars que le Fonds monétaire international (FMI) a accordée à la Turquie la semaine dernière afin de surmonter une crise financière.
     "Les termes de l'appel d'offres pour la vente de Turk Telekom seront publiés dans les journaux le 14 décembre", a indiqué un communiqué du bureau de Bulent Ecevit.
     Un bloc de 33,5% des parts sera vendu à un opérateur étranger partenaire d'une firme turque et 0,5% seront offerts au public.
     Cette annonce suit l'approbation d'un décret du gouvernement en ce sens par le président Ahmet Necdet Sezer.
     Une première offre de 20% des parts n'avait attiré aucun acquéreur. La part avait été portée à 33,5%, sans plus de succès, car elle ne garantissait pas le contrôle de la gestion.
     Le gouvernement a cette fois rappelé qu'il garantissait au partenaire étranger une voix majoritaire au sein d'un comité qui sera chargé des décisions concernant le personnel, les investissements, les affaires financières et les nominations de responsables .
     Les conditions de la privatisation de 51% de la compagnie aérienne Turkish Airlines (THY) seront également annoncées jeudi, a rappelé le bureau du Premier ministre.
     Enfin, le même jour, un projet de loi ouvrant la voie à la privatisation du secteur de l'électricité sera soumis au parlement. (AFP, 11 décembre 2000)

    Six morts dans le nouveau séisme en Turquie

     Six personnes ont trouvé la mort et une quarantaine d'autres ont été blessées dans le séisme de magnitude 5,8 sur l'échelle ouverte de Richter qui a secoué vendredi après-midi l'ouest de la Turquie, selon un nouveau bilan rapporté samedi par l'agence Anatolie.
     Cinq hommes ont péri pendant leur prière de vendredi lorsque la mosquée du village de Yasarlar, dans la province de Konya, s'est écroulée provoquant un incendie, a indiqué le gouverneur de la province, Ahmed Kayhan.
     Une autre personne, du même village, a été foudroyée par une crise cardiaque lors du séisme.
     41 personnes ont été blessées, pour la plupart après avoir sauté par la fenêtre de leur habitation dans un mouvement de panique.
     La province de Konya avoisine celle de Afyon, où se trouvait l'épicentre du séisme, dans la commune de Bolvadin.
     La principale secousse s'est produite à 16H44 GMT. Elle a été suivie de plus de 60 répliques, selon l'Institut sismologique d'Istanbul. (AFP, 16 décembre 2000)

    Vers une année record pour le tourisme en Turquie

     La Turquie se dirige vers une année record pour le tourisme, avec près de dix millions de visiteurs étrangers pendant les onze premiers mois de l'année, selon le ministère turc du Tourisme.
     Quelque 9,9 millions de visiteurs ont visité pendant cette période les lieux touristiques du pays, selon le ministère.
     Au rythme actuel, la Turquie devrait dépasser les dix millions de touristes, objectif du gouvernement pour cette année.
     La Turquie s'était fixée ce même objectif en 1999 mais avait dû le réviser à la baisse (7,4 millions) en raison de deux violents séismes qui avaient frappé le pays en août et novembre, faisant plus de 20.000 morts.
     La Turquie avait accueilli 8,5 millions de touristes en 1998 et 9,7 millions en 1997.
     Les Allemands sont en outre pour la troisième année consécutive à être les plus nombreux à visiter la Turquie. 2,2 millions d'Allemands sont arrivés dans les onze premiers mois de l'année dans le pays, précise le ministère.
     Ils sont suivis des ressortissants de la Communauté des Etats indépendants (CEI, ex-URSS moins les trois Etats baltes) avec 1,3 millions de visiteurs et de la Grande-Bretagne (900.000).
     Le tourisme est l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie turque, avec des chiffres croissants d'investissement chaque année. Pour l'an 2001, la Turquie vise une capacité d'hébergement de plus d'un million de lits. (AFP, 29 décembre 2000)

    RELATIONS MAFIEUSES / MAFIA RELATIONS

    Ali Agca condamné à purger 7 ans et 2 mois de prison

     Le Turc Ali Agca, qui avait tenté d'assassiner le pape Jean-Paul II en 1981, a été condamné lundi à Istanbul à 36 ans de prison pour deux attaques à main armée commises en 1979, mais ne devra purger que 7 ans et deux mois par le jeu des remises de peine, a annoncé son avocat.
     Me Can Ozbay a précisé à l'AFP que son client ferait appel de sa condamnation et a estimé que les droits de la défense n'avaient pas été respectés. "C'est une décision injuste", a-t-il dit, "nous n'avons pas été autorisés à nous défendre".
     Une autre poursuite, pour l'attaque d'une joaillerie à la même époque, a été abandonnée, de même que l'accusation de détention illégale d'arme.
     Selon son défenseur, Ali Agca devrait bénéficier d'une loi d'amnistie récemment votée par le parlement - et qui doit encore être acceptée par le président Ahmet Necdet Sezer - et ne rester en prison que "quelques années".
     Cette loi réduit de 10 ans, avec sursis, les condamnations pour toute une série de délits.
     Agca purge par ailleurs en Turquie une peine de 10 ans de détention pour le meurtre de Abdi Ipekci, rédacteur en chef du quotidien libéral Milliyet, en 1979.
     Il avait d'abord été condamné par défaut en 1980 à la peine capitale pour ce meurtre, mais la sentence avait été commuée en 1991 à dix ans d'emprisonnement par un amendement à la loi anti-terroriste.
     Ali Agca, extradé d'Italie le 13 juin dernier suite à une grâce présidentielle, comparaissait depuis juillet devant le tribunal de Kadikoy.
     Il a passé 19 ans en prison en Italie pour avoir tiré plusieurs coups de feu et blessé le pape lors d'une apparition publique sur la place Saint-Pierre de Rome. (AFP, 18 décembre 2000)

    Turkish Economy Shaken By Corruption Revelations

     The nephew of a former Turkish president was jailed when security cameras caught him toting suitcases -- allegedly filled with cash -- out the back door of the bank he owned, hours after his uncle learned of a secret government operation to seize the failing institution.
     The brother-in-law of the same ex-president, Suleyman Demirel, is under investigation for allegedly renting a herd of horses and buying a fake land title to trick government authorities into reclassifying part of a state-owned Istanbul forest into his private development site for 1,150 villas.
     In a series of expos?s that have stunned even this corruption-fatigued nation, some of Turkey's top business and political figures have been implicated in scandals that have shaken the foundations of the economy.
     The revelations have made Turkey the latest example of a disturbing international trend among developing nations, from Mexico to India to Russia, as they attempt to gain a foothold in the world marketplace: Government privatization and commercial globalization have dramatically increased the spoils of corruption and cronyism, raising the stakes for emerging economies.
     "Since the end of the Cold War, corruption has emerged on the international agenda as one of the most significant transnational issues of our time," the Washington-based Center for Strategic and International Studies said in a new report analyzing corruption in Turkey and elsewhere.
     At a time when Turkey is campaigning for membership in the European Union, the stakes have become treacherously high, prompting the government to take unprecedented steps to expose high-level corruption after what officials acknowledge were years of ignoring or covering up fraud by politicians, bureaucrats and business leaders.  The nation's senior leaders, from President Ahmet Necdet Sezer to the
     Turkish National Security Council, have called for all-out war against corruption. Interior Minister Saadettin Tantan, a former police chief, has become a national hero for his crusade against corruption and his outspoken assaults on some of the country's most powerful figures.  "The architects of the irregularities have been presented to the public as respectable people," Tantan said recently. "Don't let a pack of vultures change the country's agenda."
     In its most recent report on Turkey's progress in gaining admittance, the European Union harshly criticized the country for its lack of progress in the "fight against fraud and corruption" in government. Although human rights issues have dominated European headlines in Turkey's quest for EU membership, potential investors and many European leaders consider corruption one of Turkey's main obstacles to admission.
     "There is a growing awareness in Turkey that corruption is hurting us not just morally, but economically," said Baran Tuncer, an economics professor and former World Bank official who is active in the Turkish chapter of Transparency International, a group that monitors corruption levels for international business. "The whole banking system may collapse, and as a result, the whole economy can go into the wastebasket."
     In the past year, government prosecutors have launched dozens of investigations. "Operation Hurricane," an investigation into banking irregularities, has been the most far-reaching probe, generating investigations into more than 100 of the most powerful and politically connected businessmen and resulting in the imprisonment of more than three dozen.
     These include Yahya Murat Demirel, nephew of the former president, whose term ended in May. Demirel is in prison on charges of siphoning millions of dollars from his collapsing Egebank in the hours before the government took it over in late 1999. Investigators allege Demirel and other bank officials used the institution to obtain tens of millions of dollars in fraudulent loans that contributed to the bank's demise.
     Demirel has denied any wrongdoing, and the former president has denied allegations that he tipped off his nephew to the pending takeover. An Istanbul police official has been arrested on charges that he informed Demirel of the secret operation.
     "Operation Whale," "Operation Poison" and "Operation Parachute" targeted a phantom export racket and tax evasion scams, which resulted in the arrests or firing of scores of tax and customs officials. Even so, the government has had limited success in bringing corrupt officials and businessmen to justice because of inadequate laws, an antiquated court system and few independent regulatory agencies. Nejat Coskun, chairman of the Finance Ministry's Financial Crimes Investigation Council, said that in four years, not one investigation by the agency has sent anyone to prison on a money-laundering conviction.
     The cases of two people convicted in a $5.2 million money-laundering scheme two years ago are pending before the Supreme Court and would become the first successful prosecution if the court upholds the conviction, he said. Coskun said the complexity of the cases, as well as Turkey's tradition of an informal economy with few paper trails and inadequate laws, has hampered the investigations, which number 370 active cases.
     Turkish newspapers -- most of which are owned by a few wealthy families -- fill many columns daily with tantalizing tales of fraud and misdeeds. But Fikri Saglar, former chairman of a parliamentary committee that investigated corruption, noted that investigations are frequently used to blackmail political or business rivals. Although Turks are increasingly fed up with the corruption that permeates their daily lives, the greatest impetus is coming from outside the country, according to Can Paker of the Turkish Economic and Social Studies Foundation, a research organization conducting a nationwide citizen survey on the impact of corruption. "Because of globalization, Turkey now has to compete with the world," said Paker. "That is forcing Turkey into a new direction." (Washington Post, December 30, 2000)

    RELATIONS AVEC L'OUEST / RELATIONS WITH THE WEST

    Un fonctionnaire européen a écrit au PKK!

     Une lettre envoyée le 20 novembre au PKK par un fonctionnaire chargé des relations avec la Turquie, a soulevé un tollé en Turquie. Ce texte banal, accusant réception d'un courrier envoyé par le comité du Kurdistan du PKK au président de la Commission rappelait la position de celle-ci sur les droits des Kurdes. Elle est signée d'Alain Servantie, qui marié à une Turque et turcophile militant passe pour être un avocat de la Turquie à Bruxelles aurait passer inaperçu, si l'adresse du destinateur ne comportait pas mention "Comité du Kurdistan, Conseil présidentiel du PKK".
     A. Servantie affirme avoir signé ce courrier sans y faire attention et qu'il s'agit d'une erreur de secrétariat. Les Turcs très susceptibles, y voit un complot séparatiste et y décèle des noirs plans européens. Devant le tollé turc, M. Reijo Kemppinen, porte-parole de la Commission, a déclaré qu'il s'agissait d'une erreur administrative. "La Commission européenne considère que le gouvernement turc est notre seul partenaire officiel" et tient à souligner "les bonnes relations avec la Turquie dans la mise en place de la stratégie du partenariat d'adhésion" à l'Union européenne, a ajouté le porte-parole.
     Le vice-Premier ministre turc Mesut Yilmaz a, le 2 décembre, vivement réagi en déclarant: "Il faut que nous en sachions plus sur ce qui lie l'UE à cette lettre, mais quoi qu'il en soit, que la lettre ait été envoyée avec ou sans l'aval de la Commission est absolument honteux". Pour sa part, le ministère turc des Affaires étrangères, a indiqué le 1er décembre, dans un communiqué, que "le fait que la Commission considère comme un interlocuteur une organisation terroriste responsable de milliers de morts innocents" n'avait "aucun sens". Un représentant de l'UE à Ankara a d'ailleurs été convoqué au ministère le même jour pour entendre les doléances turques sur cette affaire.  (CILDEKT, 7 décembre 2000)

    La Turquie reste en marge à l'issue du sommet de Nice

     La Turquie est restée en marge du convoi de l'élargissement à l'issue du sommet de Nice, après avoir passé sa première année de candidature à débattre sans avancée notable des réformes politiques indispensables à son intégration au Club européen. Son statut différent de celui des autres candidats, qui ont déjà entamé des négociations d'adhésion, lui a pourtant laissé un strapontin. Mais elle s'est offusquée qu'elle ne soit même pas mentionnée dans les conclusions du sommet des Quinze.
     " Ils auraient pu inclure une petite explication. Il est évident qu'ils ont négligé ce point. Ils auraient pu être plus attentifs de façon à ne pas créer un malaise de notre côté", a commenté un diplomate turc sous couvert de l'anonymat.
     " On n'accorde pas encore à la Turquie la place qu'on lui a officiellement donnée à Helsinki", a reconnu un diplomate européen sous couvert de l'anonymat. "En toile de fond, il y a une série d'hésitations" à l'égard de ce pays, a-t-il ajouté." De son côté, la Turquie ne fait pas suffisamment pour montrer qu'elle est candidate", a-t-il estimé. Cette "absence" à Nice a suivi un mois de tensions pendant lequel la Turquie a discuté du "partenariat d'adhésion" proposé par l'UE, irritée de voir qu'il incluait dans les critères politiques un soutien aux efforts de l'ONU pour régler la question de l'île divisée de Chypre.
     Ce texte énumère les réformes politiques et économiques nécessaires pour ouvrir des négociations d'adhésion. Encore, ne comprend-il pas tous les critères politiques sur la démocratie et les droits de l'Homme, condition sine qua non à l'ouverture de ces négociations. Sur ce plan, l'an un de la candidature, déclarée recevable par le sommet d'Helsinki en décembre 1999, se solde par un bilan proche de zéro. Ankara doit toutefois prochainement publier un "programme national" répondant au partenariat, mais a prévenu qu'il comptait y définir elle-même ses priorités. Cela laisse augurer qu'il ne correspondra pas tout à fait aux demandes européennes.
     "Le fait que la Turquie n'ait même pas été mentionnée renforce le camp de ceux qui sont opposés en Turquie à son adhésion", estimait en outre un éditorialiste du quotidien libéral Yeni Binyil.
     Déjà, les tensions au sein du gouvernement de coalition disparate de Bulent Ecevit n'ont pas aidé à forger un consensus sur les réformes à mener. Ainsi, une question aussi symptomatique que l'autorisation d'une télévision en kurde continue d'être l'objet d'une vive polémique. M. Yilmaz s'est prononcé pour, M. Ecevit a laissé entendre que le gouvernement devait s'en occuper rapidement, le MHP y est hostile. La puissante armée turque s'y montre également opposée dans son rapport annuel sur la lutte menée depuis seize ans contre le PKK. Troublante coïncidence, ce rapport a été publié au moment même où M. Ecevit se trouvait à Nice. (CILDEKT, 19 décembre 2000)

    La Turquie rate le convoi de l'élargissement à Nice

     La Turquie est restée en marge du convoi de l'élargissement à l'issue du sommet de Nice, après avoir passé sa première année de candidature à débattre sans avancée notable des réformes politiques indispensables à son intégration au Club européen.
     Son statut différent de celui des autres candidats, qui ont déjà entamé des négociations d'adhésion contrairement à elle, lui a pourtant laissé un strapontin. Mais elle s'est offusquée qu'il n'ait pas même été mentionné dans les conclusions du sommet des Quinze.
     "Ils auraient pu inclure une petite explication. Il est évident qu'ils ont négligé ce point. Ils auraient pu être plus attentifs de façon à ne pas créer un malaise de notre côté", a commenté lundi un diplomate turc sous couvert de l'anonymat.
     "On n'accorde pas encore à la Turquie la place qu'on lui a officiellement donnée à Helsinki" (lors d'un sommet européen), a reconnu un diplomate européen sous couvert de l'anonymat. "En toile de fond, il y a une série d'hésitations" à l'égard de ce pays, a-t-il ajouté.
     "De son côté, la Turquie ne fait pas suffisamment pour montrer qu'elle est candidate", a-t-il estimé.
     Cette "absence" à Nice a suivi un mois de tensions pendant lequel la Turquie a discuté le "partenariat d'adhésion" que lui a offert l'UE, irritée de voir qu'il incluait dans les critères politiques un soutien aux efforts de l'ONU pour régler la question de l'île divisée de Chypre.
     Ce texte énumère les réformes politiques et économiques nécessaires pour ouvrir des négociations d'adhésion. Encore ne comprend-il pas tous les critères politiques sur la démocratie et les droits de l'Homme, condition sine qua non à l'ouverture de ces négociations.
     Sur ce plan, l'an un de la candidature, octroyée au sommet d'Helsinki en décembre 1999, se solde par un bilan proche de zéro.
     Ankara doit toutefois prochainement publier un "programme national" répondant au partenariat, mais a prévenu qu'elle comptait y définir elle-même ses priorités. Cela laisse augurer qu'il ne correspondra pas tout à fait aux demandes européennes.
     "Le fait que la Turquie n'ait même pas été mentionnée (à Nice) renforce le camp de ceux qui sont opposés en Turquie à son adhésion", estimait en outre mardi un éditorialiste du quotidien libéral Yeni Binyil.
     Déjà, les tensions au sein du gouvernement de coalition disparate de Bulent Ecevit n'ont pas aidé à forger un consensus sur les réformes à mener.
     Il regroupe les partis de la Gauche démocratique (DSP, gauche nationale) de M. Ecevit, de l'Action nationaliste (MHP, extrême droite) de Devlet Bahceli, et de la Mère patrie (Anap, centre-droit) du ministre chargé des relations avec l'Europe Mesut Yilmaz.
     Ainsi, une question aussi symptomatique que l'autorisation d'une télévision en kurde continue d'être l'objet d'une vive polémique.
     M. Yilmaz s'est prononcé pour, M. Ecevit a laissé entendre que le gouvernement devait s'en occuper rapidement, le MHP y est hostile.
     La puissante armée turque s'y montre également opposée dans un son rapport annuel sur la lutte menée depuis seize ans contre les rebelles armés du PKK, même après leur annonce d'un arrêt des combats l'an dernier.
     Troublante coïncidence, ce rapport a été publié au moment même où M. Ecevit se trouvait à Nice.
     Enfin la Turquie est engluée dans une grève de la faim jusqu'au-boutiste de détenus d'extrême gauche opposés à un projet de réforme des prisons, sous la menace de décès qui terniraient son image, alors que l'UE lui demande d'améliorer les conditions de détention. (AFP, 12 décembre 2000)

    La "disparition" d'Ecevit de la photo de famille

     La presse turque déplorait vendredi la "disparition" du Premier ministre turc Bulent Ecevit de la photo de famille prise à la conférence entre les Quinze de l'Union européenne et des pays candidats jeudi à Nice, où il est caché derrière son homologue polonais.
     "La photo malheureuse: Ecevit n'a pas pu entrer dans l'histoire", proclamait le quotidien populaire Sabah en publiant en première page une photo où n'apparaît que l'une des oreilles du frêle Ecevit, caché par le massif Premier ministre polonais Jerzy Buzek.
     Hurriyet explique que les responsables du protocole français ont réalisé tardivement que M. Ecevit n'apparaissait pas et l'ont fait changer deux fois de place avant de lui demander de passer au premier rang.
     "La photo de famille devait être spéciale. Le drapeau turc était hissé pour la première fois à un sommet européen, mais Ecevit n'était pas là", ajoute le journal.
     Les médias turcs ont abondamment couvert le sommet européen de Nice ouvert jeudi, le premier auquel la Turquie, déclarée candidate en décembre 1999, a participé sur un pied d'égalité avec les 12 autres aspirants.
     M. Ecevit n'avait décidé de se rendre à Nice qu'après une correction dans le calendrier de réformes qu'elle est censée accomplir pour une adhésion, adoptée lundi par les chefs de la diplomatie des Quinze, mettant fin à un mois de tensions. (AFP, 8 décembre 2000)

    "La Turquie à Nice: une formidable hypocrisie!"

     Le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, le député socialiste François Loncle a dénoncé jeudi la "formidable hypocrisie" que constitue, selon lui, "la participation de la Turquie à la Conférence européenne" à Nice.
     "On sait parfaitement que, pour des raisons historiques et géographiques, la Turquie ne rejoindra pas l'Europe, sauf à ce que celle-ci se dilue dans une vaste zone économique et douanière, sans aucune ambition politique et sans aucune perspective d'intégration", écrit M. Loncle dans un communiqué.
     "La commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale s'efforcera de mettre au clair, dans les prochains mois, l'ensemble de la problématique de la candidature de la Turquie à l'Union européenne, y compris le processus qui a conduit à la décision (d'inscrire Ankara parmi les candidats à l'UE) du Conseil européen de Helsinki" de décembre 1999, conclut M. Loncle.
     Interrogé par l'AFP, M. Loncle a précisé qu'il proposerait que la commission fasse un rapport sur cette question.
      Le Premier ministre turc Bulent Ecevit, accompagné du ministre des Affaires étrangères Ismail Cem, participe à la Conférence européenne regroupant les pays candidats à l'UE, en marge du sommet européen de Nice du 7 au 10 décembre. (AFP, 7 décembre 2000)

    Deux consulats américains en Turquie fermés

     Les consulats des Etats-Unis à Istanbul et Adana (sud de la Turquie) ont été fermés pour deux jours, mardi et mercredi, pour des raisons de sécurité, a-t-on indiqué de l'ambassade américaine à Ankara.
     "Les consulats ont été fermés pour revoir les conditions de sécurité dans ces missions", a indiqué une source à l'AFP, sans autre précision.
     Il a assuré que l'ambassade restait ouverte pendant cette période, refusant de répondre à la question de savoir si ces missions avaient reçu des menaces terroristes.
     Selon le journal libéral turc Milliyet, les autorités américaines sont préoccupés des liens présumés entre l'organisation islamiste clandestine turque Hizbullah et l'islamiste milliardaire Oussama ben Laden.
     Ce dernier est accusé par les Etats-Unis d'être à l'origine des attentats contre deux ambassades américaines en Afrique en 1998 qui ont fait 224 morts et plusieurs milliers de blessés.
     Ils soupçonnent aussi ben Laden d'être impliqué dans l'attentat contre un navire de guerre américain au Yémen en octobre qui avait tué 17 marins américains, et à l'issue duquel la base d'Incirlik, près d'Adana, avait été mise en état d'alerte. (AFP, 12 décembre 2000)

    Le CPT envisage une nouvelle mission en Turquie

     Le Comité de Prévention de la Torture (CPT) du Conseil de l'Europe envisage de se rendre en Turquie à la suite de l'assaut lancé mardi par les forces de sécurité contre 20 prisons pour arrêter un mouvement de grève de la faim de détenus, a annoncé mardi le CPT dans un communiqué.
     Le CPT, qui a échoué dans une première tentative de médiation lors d'une visite en Turquie du 10 au 15 décembre, "s'efforce actuellement de recueillir des informations" sur l'intervention des forces de sécurité dans les prisons et "pourrait décider de retourner en Turquie", indique le communiqué.
     Le CPT est habilité à entrer dans toutes les prisons des 41 Etats membres du Conseil de l'Europe, afin de prévenir la torture et les mauvais traitements.
     Une opération massive des forces de sécurité a été lancée mardi à l'aube contre 20 des 48 prisons où plus de 200 détenus d'extrême gauche sont en grève de la faim depuis 61 jours. Au moins trois détenus sont morts en s'immolant par le feu et deux gendarmes ont été tués, a déclaré le ministre de la Justice Hikmet Sami Turk.
     La présidente du CPT, Silvia Casale, un médecin légiste français, le Dr Jean Sabatini, et le secrétaire exécutif du CPT, Trevor Stevens, s'étaient rendus le 10 décembre en Turquie, à l'invitation des autorités, afin de contribuer à une solution au conflit. Le 15 décembre, constatant son impuissance à "identifier un moyen permettant de mettre un terme aux grèves de la faim", la délégation avait "décidé d'interrompre sa visite".
     Les détenus protestent contre un projet de réforme des prisons qui prévoit des cellules de trois places au lieu des dortoirs actuels pour 60 personnes.
     Selon les autorités, les nouvelles prisons doivent permettre d'améliorer la sécurité dans les établissements surpeuplés, fréquemment en proie à des mutineries avec prises de gardiens en otages, ou à des affrontements entre gangs mafieux.
     Mais les détenus et les organisations de défense des droits de l'Homme craignent que la nouvelle structure n'accroisse l'isolement des prisonniers et ne facilite les mauvais traitements. (AFP, 19 décembre 2000)

    Le Conseil de l'Europe "regrette la perte de vies humaines"

     Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Lord Russel-Johnston, a "regretté mardi la perte de vies humaines" lors de l'assaut lancé mardi par les forces de sécurité turques contre un mouvement de grève de la faim de détenus, appelant les autorités d'Ankara à la "modération".
     Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a assuré "comprendre que l'objectif de la réforme carcérale, qui a provoqué le mouvement de grève de la faim, est d'améliorer les conditions de vie et de sécurité dans le système carcéral turc".
     "Je veux cependant insister sur le fait que cette réforme, et la manière dont elle est mise en oeuvre, doivent correspondre aux normes du Conseil de l'Europe", a relevé Lord Russel-Johnston dans un communiqué. "Cela va sans dire en ce qui concerne l'intervention des forces de sécurité", a-t-il souligné.
     Une opération massive des forces de sécurité a été lancée simultanément mardi à l'aube contre 20 des 48 prisons où plus de 200 détenus d'extrême gauche poursuivent une grève de la faim depuis 61 jours. Quinze détenus sont morts, pour la plupart  en s'immolant par le feu, et deux gendarmes ont été tués, selon le ministre de la Justice Hikmet Sami Turk. (AFP, 19 décembre 2000)

    La FIDH condamne l'usage de la force

     La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme a appelé mardi les autorités turques à renoncer immédiatement à l'usage de la force, après l'assaut massif contre 20 prisons pour arrêter une grève de la faim de détenus d'extrême gauche, et a invité les grévistes à cesser leur action.
      Au moins quinze détenus et deux gendarmes sont morts mardi en Turquie lors d'un assaut massif lancé à l'aube contre 20 prisons par les forces de sécurité turques pour arrêter une grève de la faim de détenus d'extrême gauche.
     Dans un communiqué parvenu mardi soir à Genève, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) a demandé aux autorités turques de faire en sorte qu'une solution pacifique soit trouvée au plus vite, "respectueuse à la fois des vies humaines aujourd'hui en danger, et qui doivent par tous les moyens, être sauvegardée".
     La FIDH a invité les dirigeants des mouvements de grévistes à intervenir auprès de leurs compagnons de cellule afin qu'ils cessent sans délai leur grève de la faim et reçoivent les soins urgents qui leur sont indispensables.
     La Fédération internationale "condamne avec la plus grande fermeté l'usage aveugle de la force, par qui que soit, et au premier chef par les autorités, le fanatisme", et "déplore l'incapacité des autorités turques d'assurer une sécurité minimale dans les prisons, autrement que par le recours aux armes".
     La FIDH regrette que les prisonniers, qui ont opté pour des grèves de la faim jusqu'à la mort, aient choisi "des solutions extrêmes et vouées à l'échec", "répondant au mot d'ordre de leur mouvement" plutôt que "d'opter pour la négociation".  La Fédération internationale a demandé aux autorités turques "de ne pas faire obstacle à la mobilisation de la société civile en soutien des familles des détenus et à cesser toute forme de répression à leur encontre". (AFP, 20 décembre 2000)

    AI demande au gouvernement d'éviter l'usage de la force

     Amnesty International a demandé au gouvernement turc d'éviter "l'usage excessif de la force, la torture ou les mauvais traitements envers les prisonniers", dans un communiqué reçu mercredi à Ankara.
     L'organisation de défense des droits de l'Homme se dit "profondément préoccupée" par les informations sur l'assaut massif lancé par les forces de l'ordre turques contre 20 prisons mardi pour arrêter une grève de la faim de détenus protestant contre une réforme carcérale, qui s'est soldée par au moins 17 morts dont 15 détenus.
     Amnesty réclame au gouvernement d'ouvrir "une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances dans lesquelles des individus ont été tués ou blessés pendant l'opération", et de suspendre les personnes responsables dans l'attente du résultat de cette enquête.
     Elle demande que les avocats des victimes aient accès à l'autopsie, et puissent rendre visite à leurs clients en prison ou à l'hôpital, ainsi que d'assurer un traitement médical aux blessés sous contrôle indépendant.
     Enfin, l'organisation dénonce les "arrestations en masse de sympathisants  des manifestants" et demande au gouvernement d'assurer qu'ils ne soient "ni torturés, ni maltraités". Elle réclame la libération de "tous ceux qui ont été interpellés pour l'expression pacifique de leur opinion". (AFP, 20 décembre 2000)

    La Commission européenne se déclare "préoccupée

     La Commission européenne a fait part mercredi de sa "préoccupation" sur la situation dans les prisons turques, où un assaut lancé la veille par les forces de sécurité a fait au moins 18 morts.
     "La Commission est préoccupée par les événements en cours en Turquie et appelle toutes les parties impliquées à stopper la violence pour trouver une issue positive au conflit dans les prisons", a déclaré un des porte-parole de la Commission Jean-Christophe Filori.
     Ce porte-parole a en outre souligné que le partenariat d'adhésion avec la Turquie, endossé la semaine dernière par le sommet européen de Nice, "appelle à une réforme du système pénitentiaire turc". Ce partenariat demande d'une manière plus générale à Ankara d'améliorer la situation des droits de l'Homme avant que ne soient engagées des négociations d'adhésion à l'UE. (AFP, 20 décembre 2000)

    Le premier grec Simitis accuse le régime turc

     Le Premier ministre grec Costas Simitis a accusé mercredi la Turquie de ne pas respecter les droits de l'Homme après l'assaut de la police dans les prisons turques qui a fait mardi 18 morts.
     "Il s'est passé hier des événements en Turquie montrant un comportement brutal face à des hommes qui ne sont pas en état de se défendre. Les droits de l'Homme ne sont pas respectés", a déclaré M. Simitis à l'issue d'un entretien avec le président de la République.
     "Nous voulons pour chaque pays candidat à l'Union européenne, qu'il applique les droits de l'Homme, et le partenariat d'adhésion Turquie-UE est précisément un moyen pour qu'il existe dans ce pays un Etat de droit", a ajouté M. Simitis.
     Au cours de son point de presse quotidien, le porte-parole du gouvernement Dimitris Reppas a réclamé des "actes concrets" de la part de la communauté internationale "pour mettre fin à cette coulée d'autoritarisme et de violence inhumaine dans le pays voisin".
     "La violation des droits de l'Homme en Turquie a été soulignée à maintes reprises par la communuaute internationale, cela ne suffit pas, il faut prendre des initiatives", a dit M. Reppas.
     Mardi soir, 58 députés de tous les partis politiques ont adressé au Parlement une mention, rédigée à l'initiative de l'ancien chef de la diplomatie Théodore Pangalos, exprimant "leur particulière inquiétude, leur bouleversement et leur peine". (AFP, 17 décembre 2000)

    Danielle Mitterrand dénonce la politique de répression

     Danielle Mitterrand a dénoncé mercredi la politique de répression en Turquie et a demandé au chef de l'Etat français, Jacques Chirac, président en exercice de l'Union européenne, d'intervenir auprès du gouvernement turc.
     "Monsieur le Président, il est en votre pouvoir de faire admettre aux autorités de la Turquie que ces agissements font la réprobation des peuples", écrit la veuve de l'ancien chef de l'Etat français et présidente de la Fondation France Libertés dans une lettre ouverte adressée à Jacques Chirac.
     "Peut-on encore continuer à considérer le gouvernement turc et sa politique de répression comme une démocratie apte à se joindre à l'Europe", demande-t-elle.
     Danielle Mitterrand dénonce les "tueries" commises lors des assauts menés mardi par les forces de sécurité turques dans vingt prisons du pays pour arrêter une grève de la faim de prisonniers d'extrême gauche et une incursion de l'armée turque au nord de l'Irak. (AFP, 20 décembre 2000)

    La France "consternée" par les assauts contre les prisons

     La France est "consternée" par les assauts lancés par les forces de sécurité turques contre les prisons du pays, qui ont fait au moins 22 morts en trois jours, a annoncé jeudi le ministère français des affaires étrangères.
     "Nous sommes consternés par l'issue de la grève de la faim dans les prisons turques", a déclaré François Rivasseau, porte-parole du ministère des affaires étrangères.
     Le porte-parole a renouvelé l'appel de la France à respecter les droits de l'Homme dans la perspective d'une éventuelle adhésion à l'Union européenne. La France exerce jusqu'à la fin de l'année la présidence tournante de l'UE.
     "Au-delà de cette affaire, comme l'a rappelé Hubert Védrine (le chef de la diplomatie française), nous encourageons les autorités turques à poursuivre les efforts qu'elles ont engagé pour répondre aux critères politiques de Copenhague et en particulier la situation des droits de l'Homme", a dit François Rivasseau.
     Les critères de Copenhague, édictés par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne en 1993, doivent être respectés par tous les pays désireux d'adhérer à l'UE. Ils portent sur le respect des libertés fondamentales, des droits de l'Homme et de l'Etat de droit.
     Les Quinze reconnaissent à la Turquie, depuis la fin 1999, le statut de candidat à l'entrée dans l'UE. Mais ils sont encore loin de l'ouverture de négociations avec un pays régulièrement dénoncé par les organisation de défense des droits de l'Homme. (AFP, 21 décembre 2000)

    Appel à la Turquie pour repenser sa stratégie carcérale

     Le Centre international de réhabiliation des victimes de la torture (IRCT) a exhorté vendredi à Copenhague le gouvernement turc à "repenser entièrement sa stratégie carcérale et à instaurer des procédures transparentes pour protéger la sécurité et l'intégrité physique des prisonniers".
     Cet appel a été lancé alors que les forces de l'ordre turques mettaient fin à quatre jours d'opérations contre vingt prisons en rébellion, qui ont coûté la vie à au moins vingt-sept personnes, dont 25 détenus.
     "Il serait préférable de revoir la stratégie pénitentiaire plutôt que de construire de nouvelles maisons d'arrêt avec de plus grandes capacités pour maintenir les prisonniers en isolement pendant de longues périodes", estime l'IRCT dans un communiqué.
     "En tant que pays qui aspire à adhérer à l'Union européenne, la Turquie devrait mettre en place des mécanismes efficaces pour empêcher la torture au lieu  d'exacerber des pratiques enracinées qui augmentent les possibilités d'actes de torture", souligne l'IRCT.
     L'IRCT est une organisation internationale indépendante de professionnels de la santé, dont le siège est à Copenhague, et qui vient en aide aux victimes de la torture et milite en faveur de la prévention de la torture dans le monde. (AFP, 22 décembre 2000)

    Mesures de rétorsion contre des associations

     Des associations militant en faveur du respect des droits de l'homme en Turquie et qui ont réprouvé l'assaut policier dans les prisons, font face depuis quelque temps à des mesures de rétorsion, a dénoncé jeudi une organisation humanitaire à Genève.
     Selon l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme, un programme commun à la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH) et à l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), des familles des prisonniers politiques ont été aussi soumises à ces mesures.
     Le bilan de l'assaut policier contre des pénitenciers à travers le pays pour arrêter une grève de la faim de prisonniers d'extrême gauche a fait 31 morts, selon un dernier bilan publié jeudi par l'agence Anatolie.
     Les forces de l'ordre avaient pris d'assaut le 19 décembre vingt prisons afin de briser la grève de la faim de centaines de détenus qui protestaient contre l'ouverture de nouvelles prisons aux conditions de sécurité renforcées.
     Selon le communiqué de l'Observatoire, la forte mobilisation des sections de l'Association turque des droits de l'homme (IDH) a entraîné des opérations et perquisitions de la police dans les sièges de plusieurs sections dans lesquelles avaient lieu des réunions d'information.
     L'Observatoire cite une opération de police accompagnée d'interpellations et de saisie de documents au siège de l'IDH à Ankara le 23 décembre, la détention à plusieurs reprises la semaine dernière de membres de la section d'Istanbul, ainsi que des interpellations à la suite d'une marche organisée le 17 décembre, deux jours avant l'intervention policière dans les prisons.
     Les fermetures de la section de Konya le 22 décembre pour 45 jours, de celle de Van le 19 décembre, de celle d'Antep pour une période illimitée dès le 7 décembre, et de celle de Malatya, dès novembre, sont également dénoncées. Une opération de police aurait également eu lieu dans le section de Kayseri et son président provisoirement détenu.
     Rappelant le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, l'Observatoire a exhorté Ankara à "tenir ses engagements", en "garantissant en toutes circonstances le libre exercice des libertés d'opinion, de manifestation, de réunion et d'association".
     Il rappelle aussi la déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1998, qui reconnaît "le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société, de promouvoir et protéger les droits de l'homme". (AFP, 28 décembre 2000)

    RELATIONS REGIONALES / REGIONAL RELATIONS

    Un bâtiment militaire empêché de descendre le Bosphore

     Un porte-avions ukrainien a été empêché d'emprunter le détroit du Bosphore et a été refoulé au-delà des eaux territoriales, a indiqué lundi le secrétariat d'Etat à la Mer, cité par l'agence Anatolie.
     "Aux termes de la Convention de Montreux, seuls les bâtiments commerciaux ont le droit de passer librement par le détroit. Mais ce navire est connu pour être un porte-avions", a déclaré le responsable à Istanbul du Secrétariat à la Mer Ruhan Cakiroglu, cité par Anatolie.
     La Convention de Montreux, adoptée en 1936, définit le régime international des eaux des détroits turcs (Bosphore et Dardanelles), tout en posant certaines restrictions en cas de guerre ou de risque de guerre.
     L'interprétation de ce texte est également faite de manière extensive par les Turcs pour des raisons de sécurité.
     Le Variag est un porte-avions désarmé de 306 mètres de long et 72 mètres de large, qui avait tenté à plusieurs reprises d'emprunter le sinueux détroit, long d'une trentaine de kilomètres, pour être remorqué vers la Chine, à qui il avait été vendu, a précisé Anatolie.
     "Le navire n'a ni moteur, ni barre de direction, et essaie de forcer le passage. Cela fait 3 ou 4 fois qu'il tente de passer sans autorisation", a dit M. Cakiroglu. "Jusqu'à ce jour, on n'avait jamais vu un engin aussi énorme dans nos détroits", a-t-il affirmé.
     "Nous l'avons repoussé au-delà de 6 milles de la côte" (en mer Noire), a encore déclaré ce responsable. "Il ne se trouve plus dans nos eaux territoriales", a-t-il indiqué, sans préciser la date de ce refoulement.
     Ruhan Cakiroglu a indiqué s'être entretenu de ce problème avec l'état-major turc et le ministère des Affaires étrangères avant de prendre sa décision, et tous deux se sont opposés au transit du bâtiment, rapporte Anatolie. (AFP, 4 décembre 2000)

    La partie turque de Chypre paralysée par une grève générale

     Le secteur turc (nord) de Chypre était paralysé lundi par une grève générale lancée par de nombreux syndicats pour protester contre un programme d'aide économique élaboré par la Turquie qui prévoit des mesures d'austérité, a constaté un correspondant de l'AFP.
     Le gouvernement chypriote-turc a ordonné mardi l'arrêt dans certains secteurs clés d'une grève générale illimitée qui paralysait depuis lundi le nord (turc) de l'île pour protester contre un programme d'aide économique prévoyant des mesures d'austérité.
     Selon une loi autorisant le gouvernement de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) à suspendre les mouvements de grève pour 60 jours, les transports aériens et maritimes ainsi que la fourniture d'électricité ont été rétablis.
     Les fonctionnaires d'autres secteurs --écoles, hôpitaux-- observaient le mouvement visant à dénoncer le programme d'aide économique élaboré par la Turquie. Seuls les soins intensifs des hôpitaux accueillaient des patients, a-t-on constaté.
     La décision du gouvernement a provoqué des manifestations à l'appel de plusieurs syndicats à Nicosie (nord) et dans d'autres villes du nord de l'île.
     La police est intervenue pour empêcher la tenue d'une manifestation de quelque 500 personnes devant le parlement chypriote-turc.
     Chaque année, la Turquie fournit une aide de plusieurs centaines de millions de dollars à la RTCN, soumise depuis sa création en 1983 à un embargo international.
     Les autorités d'Ankara accusent depuis plusieurs années le gouvernement chypriote-turc de mauvaise gestion et avaient conditionné une nouvelle aide à la RTCN à la mise en vigueur d'une politique d'austérité.
     Le Conseil des ministres chypriote-turc avait accepté ce programme économique début octobre. Il prévoit l'ouverture d'une ligne de crédit spéciale au profit de la RTCN permettant notamment de régulariser les retards de paiement des salaires des fonctionnaires, et une augmentation de la TVA.
     Vendredi, des dizaines de milliers de fonctionnaires avaient manifesté en Turquie pour dénoncer les mesures d'austérité mises en oeuvre dans le cadre d'un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI).
     Chypre est divisée depuis 1974 en deux secteurs à la suite de l'intervention de l'armée turque, en réponse à un coup d'Etat de Chypriotes-Grecs qui visait à rattacher l'île à la Grèce. (AFP, 5 décembre 2000)

    Rauf Denktash refuse son soutien à la force de l'ONU

     Le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash a rejeté mercredi l'appel du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan à faciliter le travail de la force onusienne de maintien de la paix dans l'île divisée de Chypre (UNFICYP), dont le mandat doit être prolongé de six mois.
     "Il ne nous est pas possible de travailler avec la force de paix qui fonctionne avec la seule approbation de la partie chypriote-grecque", a déclaré à la presse M. Denktash, président de la République Turque de Chypre Nord (RTCN, reconnue uniquement par la Turquie).
     Mardi soir, le secrétaire général de l'ONU avait recommandé de reconduire pour six mois le mandat de la force de l'ONU à Chypre, et avait regretté que "son appel urgent" aux autorités chypriotes-turques pour qu'elles reviennent sur leur décision n'ait pas reçu de réponse.  M. Denktash a estimé que le mandat de la force onusienne à Chypre "doit changer", et que la situation actuelle peut être normalisée s'il est accepté que l'UNFICYP "travaille pour le bien des Chypriotes turcs et avec l'aval de la RTCN".
     Le 29 juin, la direction chypriote turque avait décidé de limiter la circulation de l'UNFICYP à quatre points de passage entre zones nord et sud, le Conseil de sécurité de l'ONU ne faisant aucune allusion à la RTCN.
     Le 4 décembre, M. Denktash avait également refusé de reprendre les négociations indirectes avec la partie chypriote-grecque sous l'égide de l'ONU entamées il y a un an, mécontents de propositions de M. Annan qui prévoient un Etat et un gouvernement unique sur l'île, alors qu'il demande la reconnaissance de sa RTCN.
     Chypre est divisée en deux secteurs, grec au sud et turc au nord, depuis l'intervention des troupes turques dans le nord de l'île en 1974 en réponse à un coup d'état d'ultra-nationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.
     L'UNFICYP, qui comprend 1.210 Casques bleus de neuf pays, s'est déployée en 1964 dans l'île pour mettre fin aux violences entre communautés grecque et turque.
     Elle est l'une des plus anciennes opérations de maintien de la paix de l'ONU.  (AFP, 6 décembre 2000)

    Une radio turque fermée six mois pour avoir insulté Denktash

     Une radio privée d'Istanbul sera fermée pendant 180 jours sur décision du Haut Conseil de l'audiovisuel (RTUK) pour avoir insulté le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash, a indiqué jeudi le RTUK dans un communiqué.
     Lors d'une émission diffusée le 24 juillet, Ozgur Radyo (radio libre), a déclaré que M. Denktash, président de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconue seulement par la Turquie), aurait un très important portefeuille immobilier dans le nord de l'île et recevrait de l'argent de la part de gangs liés à la prostitution, selon le communiqué.
     Les propos tenus dans cette émission sont contraires à une loi sanctionnant les programmes qui "dépassent les limites de la critique pour humilier et sont diffamatoires", ajoute le communiqué.
     Chypre est divisée en deux secteurs, grec au Sud et turc au Nord, depuis l'intervention des troupes turques dans le nord de l'île en 1974 en réponse à un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.
     Depuis sa création, le RTUK a déjà suspendu pendant des laps de temps divers quelque 450 chaînes de radio et de télévision, selon les chiffres officiels.
     Mercredi, le RTUK a censuré pour un jour la chaîne de télévision privée turque ATV pour avoir diffusé la série culte japonaise des Pokemon, considérée comme "dangereuse pour les enfants" par le ministère de la Santé, selon l'agence Anatolie. (AFP, 7 décembre 2000)

    Un plan d'aide économique pour le nord de Chypre

     Le gouvernement turc a adopté jeudi un plan d'aide de trois ans visant à renforcer l'économie de la République Turque de Chypre Nord (RTCN, reconnue uniquement par la Turquie), a annoncé un porte-parole gouvernemental Sukru Sina Gurel.
     "Le cabinet a donné son accord pour un plan d'action en faveur de la RTCN qui débutera début 2001 pour une période de trois ans", a-t-il dit à l'issue d'un conseil des ministres.
     Il a expliqué que le plan était destiné à lancer, "avec d'importantes contributions de la Turquie", un développement économique notable dans le nord (turc) de l'île divisée, frappé par un embargo international.
     Il n'a fourni aucun chiffre sur le montant de l'assistance turque, mais indiqué que des crédits d'un montant de 350 millions de dollars seraient débloqués pour la RTCN dans le cadre d'une aide séparée.
     Cette décision intervient après une vague de protestations en RTCN contre un programme d'aide économique élaboré par Ankara prévoyant des mesures d'austérité.
     Quelque 40.000 fonctionnaires chypriotes-turcs ont observé la semaine dernière une grève qui a paralysé le nord de l'île.
     Les autorités d'Ankara accusent depuis plusieurs années le gouvernement chypriote-turc de mauvaise gestion économique et avaient conditionné une nouvelle aide à la RTCN à la mise en vigueur d'une politique d'austérité.
     Le Conseil des ministres chypriote-turc avait accepté ce programme économique début octobre. Il prévoit l'ouverture d'une ligne de crédit spéciale au profit de la RTCN permettant notamment de régulariser les retards de paiement des salaires des fonctionnaires, et une augmentation de la TVA.
     Chypre est divisée en deux secteurs, grec au sud et turc au nord, depuis l'intervention des troupes turques dans le nord de l'île en 1974 en réponse à un coup d'état d'ultranationalistes chypriotes-grecs qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.  (AFP, 14 décembre 2000)

    Bagdad presse Ankara d'empêcher les attaques US

     Bagdad a pressé la Turquie de ne plus permettre aux avions américains et britanniques d'utiliser sa base d'Incirlik pour leurs raids contre l'Irak.
     "Il est temps que la Turquie mette fin à la présence des forces d'agression (...) qui violent quotidiennement l'espace aérien de l'Irak, tuent ses enfants et détruisent ses biens", écrit le quotidien officiel As-Saoura.
     Le journal avertit la Turquie qu'"elle est partie prenante de l'agression et assume, au même titre que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, une responsabilité" dans les raids contre l'Irak.
     Le journal déplore qu'Ankara continue à apporter des facilités aux avions américains et britanniques malgré les signes de rapprochement intervenus récemment entre l'Irak et la Turquie, marqué notamment par la récente organisation de vols aériens turcs en Irak en signe de solidarité avec ce pays, soumis à un embargo de l'ONU depuis 1990.
     "La Turquie doit cesser de jouer sur les mots et de prendre sans donner en retour", écrit As-Saoura.
     La base d'Incirlik accueille les appareils américains et britanniques chargés de l'opération Northern Watch, la surveillance de la zone d'exclusion aérienne imposée à l'Irak par les Alliés au nord du 36ème parallèle après la guerre du Golfe en 1991. (AFP, 13 décembre 2000)

    L'opération Northern Watch au nord de l'Irak prolongée

     Le parlement turc a décidé dimanche de prolonger de six mois le mandat de l'opération Northern Watch chargée de surveiller la zone d'exclusion aérienne dans le nord de l'Irak, malgré les appels répétés de Bagdad pour mettre fin à ces patrouilles, a annoncé l'agence Anatolie.
     La décision du parlement prolonge de six mois à partir du 31 décembre cette opération, composée d'avions américains et britanniques et mise en place en janvier 1997, et dont le mandat est depuis prolongé par le parlement turc tous les six mois.
     En octobre, le parlement avait menacé de ne pas prolonger le mandat de l'opération si le Congrès américain décidait de reconnaître comme un génocide les massacres d'Arméniens perpétrés sous l'Empire ottoman. L'examen du projet de résolution reconnaissant le génocide arménien avait été retiré plus tard de l'ordre du jour du Congrès sous la pression du président américain Bill Clinton.
     Le ministre turc de la Défense Sabahattin Cakmakoglu a déclaré au parlement dimanche que la Turquie avait tiré avantage de l'opération Northern Watch dans sa lutte contre le PKK, qui a longtemps utilisé le nord de l'Irak --hors de contrôle de Bagdad depuis la guerre du Golfe-- pour lancer des attaques sur le territoire turc.
     Selon Ankara, quelque 4.000 rebelles ont gagné le nord de l'Irak depuis l'automne 1999, lorsque le PKK a affirmé qu'il interrompait sa lutte armée en vue de trouver une issue pacifique au conflit kurde.
     Des incidents quasi-quotidiens opposent l'Irak aux avions américains et britanniques qui surveillent la zone d'exclusion aérienne du nord ainsi que celle du sud de l'Irak, imposées après la guerre du Golfe en 1991.
     Bagdad ne reconnaît pas ces deux zones, qui ne font pas l'objet de résolutions de l'ONU.
     Dans le même temps, la Turquie soutient fermement l'intégrité territoriale de l'Irak par crainte que toute avancée vers une indépendance kurde dans le nord de ce pays puisse encourager ses propres séparatistes kurdes.
     "Nous considérons cette région comme une partie indivisible du territoire de l'Irak. Nous espérons que les circonstances extraordinaires actuelles disparaîtront aussi vite que possible", a ajouté M. Cakmakoglu cité par Anatolie.
     Bagdad a estimé mardi que la prolongation par Ankara de l'opération Northern Watch, chargée de surveiller la zone d'exclusion aérienne dans le nord de l'Irak, portait atteinte aux relations bilatérales.
     "La prolongation par le parlement turc de Northern Watch et l'autorisation par Ankara de l'agression américano-britannique ne servent pas les relations de bon voisinage entre l'Irak et la Turquie", a déclaré le sous-secrétaire au ministère irakien des Affaires étrangères, Nouri Louayes.
     Cité par l'agence officielle INA, M. Louayes a affirmé que la décision d'Ankara "ouvre une brèche dans la confiance établie entre l'Irak et la Turquie et porte atteinte aux relations entre ce pays et les Arabes".
     Le parlement turc a décidé dimanche de prolonger de six mois, à partir du 31 décembre, le mandat de l'opération Northern Watch, en dépit des appels répétés de Bagdad pour mettre fin à ces patrouilles.
     Des avions américains et britanniques sont déployés sur une base turque depuis janvier 1997 dans le cadre de cette opération.
     Des incidents quasi-quotidiens opposent l'Irak aux avions américains et britanniques qui surveillent la zone d'exclusion aérienne du nord ainsi que celle du sud de l'Irak, imposées après la guerre du Golfe en 1991.
     Bagdad ne reconnaît pas ces deux zones, qui ne font pas l'objet de résolutions de l'ONU. (AFP, 17-19 décembre 2000)

    Appel grec contre les fortifications turques à Chypre

     Le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Reppas, a appelé vendredi la Communauté internationale de réagir contre les nouvelles fortifications turques à Pyla, un village à population mixte de la zone tampon de l'ONU près de Larnaca (sud) à Chypre.
     "Il faut que la Communauté internationale et les gouvernements de tous les pays réagissent aux actions d'aggressivité de l'armée turque", a dit M. Reppas.
     Le porte-parole a ajouté que "les réactions de la communauté internationale doivent être plus drastiques en vue d'avoir des résultats concrêts pour faire face à ces actes".
     Samedi, les forces turques ont édifié des nouvelles fortifications à Pyla provoquant un tollé chez les chypriotes-grecs.  L'ONU a demandé aux forces turques d'arrêter ces fortifications qui constituent "une violation de la zone-tampon". Mais "l'armée turque n'a pas obtempéré", avait indiqué lundi la porte-parole de l'ONU, Sarah Russell.
     De leur côté, les autorités chypriotes-turques ont affirmé que ces fortifications sont des représailles à des travaux "similaires" menés par la Garde nationale chypriote-grecque, qui assure pour sa part n'avoir entrepris qu'une opération de "déminage".
     Chypre est divisée depuis 1974 en deux secteurs, turc au nord et grec au sud. (AFP, 21 décembre 2000)

    IMMIGRATION / MIGRATION

    Des mères de détenus occupent un ministère allemand

     Une quarantaine de mères et parents de détenus grévistes de la faim en Turquie, ont occupé jeudi après-midi pendant deux heures des locaux du ministère régional de la Justice à Hambourg (nord), avant d'être évacués par la police, a indiqué un porte-parole de la police.
     "Avec cette action juste, nous voulons attirer l'attention sur le danger de mort que courent nos enfants, qui depuis 56 jours observent une grève de la faim et vont mourir", avaient expliqué les manifestants, majoritairement des Kurdes.
     Ces derniers souhaitaient rencontrer la ministre régionale de la Justice, Lore Maria Peschel-Gutzeit, ce qu'ils n'ont pas obtenu.
     Ils réclamaient également du gouvernement allemand qu'il "gèle toute aide financière et militaire à la Turquie" et ont déclaré souhaiter que le Bundestag (chambre base du parlement allemand) soulève auprès d'Ankara la question de la situation dans les prisons en Turquie et notamment des cellules d'isolation.
     203 détenus d'extrême gauche, dont trois sont dans un état grave, observent une grève de la faim totale depuis 56 jours pour dénoncer un nouveau modèle d'établissement pénitentiaire en Turquie. (AFP, 14 décembre 2000)

    Manifestations contre l'assaut aux prisons turques

     Le 20 décembre 2000 en France:
     De 200 à 250 manifestants, selon la police, ont manifesté mercredi à Paris devant l'Assemblée nationale pour protester contre l'assaut donné mardi par la police turque contre vingt prisons pour arrêter une grève de la faim de prisonniers d'extrême gauche.
     Une quinzaine d'autres manifestants ont par ailleurs occupé la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) à Paris, a annoncé à l'AFP son secrétaire général Gérard Fellous.
     Plusieurs dizaines de manifestants avaient occupé mardi après-midi pendant plus de deux heures à Paris, les locaux de la banque turque Isbank pour protester contre l'opération policière lancée dans 20 prisons de Turquie. Cet assaut a fait au moins dix neuf morts.
     Le 20 décembre 2000 en Suisse:
     Des incidents ont éclaté mercredi à Bâle (nord-ouest) lors d'une manifestation de Kurdes protestant contre la répression dans les prisons turques, a-t-on appris de source policière.
     Quatre policiers ont été légèrement blessés, a-t-on indiqué de même source.
     La manifestation qui rassemblait quelque 400 personnes, des Kurdes dans leur grande majorité, avait commencé dans le calme en début d'après-midi. Les organisateurs n'avaient pas demandé d'autorisation, mais la police avait toléré le rassemblement et le déplacement du cortège selon un parcours défini.  Les manifestants ne respectant pas les consignes, la police a bloqué le passage. La tension est montée et des coups échangés. Les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc contre les manifestants qui ont riposté en jetant des vélos et divers objets. Plusieurs véhicules ont été endommagés. Le calme est revenu vers 14h30 (13H30 GMT).
      Au même moment, une vingtaine de manifestants ont pénétré dans le hall d'entrée des locaux de la Télévision suisse romande (TSR) à Genève où ils sont restés cantonnés dans une salle d'attente. Aucun incident n'a été signalé, a rapporté un journaliste de la TSR.
     Mardi, une dizaine d'activistes turcs se réclamant d'un "Comité de résistance contre les cellules de la mort" s'étaient barricadés pendant deux heures dans le Palais fédéral, siège du gouvernement et du Parlement, à Berne. Une manifestation a eu lieu également à Zurich.
     Mardi, l'assaut des forces de sécurité turques contre vingt prisons pour arrêter un grève de la faim de prisonniers d'extrême gauche a fait au moins 19 morts. Les détenus s'opposent à une réforme du système carcéral qui, selon eux, va accroître leur isolement et les mauvais traitements.
     Le 20 décembre 2000 en Grande Bretagne:
     Les manifestants kurdes, qui occupaient mercredi la Grande Roue (London Eye) de Londres en face du Parlement de Westminster, ont quitté les deux nacelles occupées quelques heures plus tôt, a annoncé la police.
     Le dernier des manifestants à quitté la deuxième nacelle à 20H40, heure locale et GMT, soit six heures après le début de leur action, a affirmé un porte-parole de la police.
     "Cinquante personnes ont été arrêtées", a-t-il déclaré.
     Ils devaient être emmenés dans un commissariat par des policiers pour y être interrogés, a-t-on précisé de même source.
     L'occupation pacifique des locaux londoniens de la Commission européenne par d'autres Kurdes a également pris fin. Douze hommes et femmes ont été arrêtés, a annoncé Scotland Yard.
     Les deux incidents sont liés à l'assaut donné mardi par la police turque contre vingt prisons en Turquie pour arrêter une grève de la faim de prisonniers d'extrême gauche.
     Le 20 décembre 2000 en Belgique:
     A Bruxelles, une centaine de militants turcs de l'organisation d'extrême gauche du Front révolutionnaire de libération du peuple (interdite par Ankara) ont manifesté dans la matinée devant le bâtiment de la Commission européenne pour réclamer "une ferme condamnation des exactions des autorités turques".
     Les manifestants comptaient se rendre en milieu de journée devant l'ambassade de Turquie à Bruxelles.
     Le 21 décembre 2000 en Norvège:
     L'ambassade de Turquie à Oslo a été l'objet d'actes de vandalisme dans la nuit de vendredi à samedi de la part de partisans de prisonniers turcs d'extrême gauche, a rapporté l'agence norvégienne NTB.
     Des vitres du bâtiment ont été brisées et les activistes ont peint sur les murs des slogans comme "Libérez le Kurdistan", selon NTB.
     Un groupe s'appelant "Action démolissez les prisons" a revendiqué cette attaque dans un communiqué, affirmant qu'il entendait protester contre l'assaut donné par les forces de sécurité contre plusieurs pénitenciers en Turquie le 19 décembre.
     NTB précise que des témoins ont vu quatre personnes masquées par des passe-montagnes s'en prendre à l'ambassade turque vers 04H00 (03H00 GMT). Il n'y a pas eu d'arrestations.

    Kurdes condamnés pour l'occupation d'un consulat à Francfort

     Quatre Turcs d'origine kurde ont été condamnés lundi à des peines allant jusqu'à 2 ans et 4 mois de prison pour l'occupation du consulat de Grèce à Francfort, au moment de la capture d'Abdullah Ocalan en février 1999.
     Le tribunal de Francfort (ouest) a reconnu les quatre Kurdes, âgés de 26 à 38 ans, coupables de trouble à l'ordre public et de dégradation de matériel.
     Le consulat général de Grèce à Francfort avait été investi le 16 février 1999 par une trentaine de manifestants kurdes après la capture du chef rebelle kurde Abdullah Ocalan. Ce dernier, après avoir trouvé refuge à l'ambassade de Grèce à Nairobi, avait été remis aux autorités kenyanes, puis capturé par les forces spéciales turques.
     Plusieurs centaines de manifestants kurdes avaient à l'époque occupé en signe de protestation les représentations diplomatiques grecques dans différentes villes d'Allemagne, dont l'ambassade à Bonn et les consulats de Stuttgart, Hanovre, Bonn, Leipzig, Hambourg et Duesseldorf.
     A Francfort, la police avait dû intervenir avec des canons à eau et des matraques contre les manifestants qui s'en étaient pris à des voitures aux abords du consulat grec, avant d'investir le bâtiment. Plusieurs personnes avaient été blessées, dans les rangs des manifestants et des policiers. (AFP, 4 décembre 2000)

    Arrestations de clandestins aux frontières turques

     Des dizaines d'immigrants clandestins de plusieurs nationalités ont été arrêtés ces derniers jours dans une série d'opérations aux frontières de la Turquie avec la Grèce et la Bulgarie, a rapporté lundi l'agence Anatolie.
     Anatolie avait d'abord annoncé un bilan de 124 arrestations de ressortissants afghans, irakiens, iraniens, palestiniens, bangladeshis, ghanéens, nigérians et rwandais au cours du week-end en divers endroits le long de la frontière.
     En outre, 41 personnes originaires d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak, et de Palestine ont été interpellées dans deux cantons frontaliers de la Grèce et de la Bulgarie, indique Anatolie, sans préciser la date de ces interpellations ni si elles ont un lien avec les 124 arrestations.
     Par ailleurs, 4 ressortissants turcs ont été interpellés dans la ville frontalière d'Edirne, alors qu'ils s'apprêtaient à faire passer en Bulgarie deux clandestins également turcs. Tous les 6 ont été immédiatement déférés devant le procureur de la ville, écrit Anatolie.
     Et puis 5 autres personnes, à savoir deux Turcs avec des faux papiers ainsi qu'un Iranien, un Français et un Néerlandais dont les photos sur les documents de voyage avaient été changées, ont été arrêtées alors qu'elles tentaient de passer régulièrement au poste-frontière avec la Grèce d'Ipsala, selon Anatolie.
     L'agence rapporte aussi l'arrestation dimanche au poste-frontière d'Edirne d'un Turc qui tentait de rentrer en Turquie sans passeport, ainsi que de 3 Palestiniens et de 2 Afghans qui tentaient de passer clandestinement en direction de l'Europe.
     La Turquie est un point de passage habituel pour les immigrés d'origine asiatique ou africaine, qui tentent de gagner l'Europe par bateau ou par voie terrestre.
     Le 27 décembre:
     La police turque a intercepté tôt mercredi quelque 200 immigrants clandestins arrivés par bateau à Istanbul et en recherche cinquante autres qui ont réussi prendre la fuite, a rapporté l'agence Anatolie.
     Agissant sur un renseignement, les forces de sécurité ont interpellé les candidats à l'immigration clandestine --des Afghans, Pakistanais et des Kurdes d'Irak-- à bord d'un navire accosté à Eminonu, dans la partie européenne de la métropole, a précisé l'agence.
     Une cinquantaine d'entre eux ont réussi à se disperser dans la ville avant la descente de la police et une opération est en cours pour les retrouver, selon Anatolie.
     Les clandestins seront déférés devant la justice avant d'être extradés, a précisé l'agence.
     Le capitaine du bateau, un Turc, a été interpellé, a précisé la chaîne d'information en continu NTV.
     La Turquie est une des principales routes utilisées par des ressortissants notamment de pays asiatiques pour parvenir en Europe occidentale où ils espèrent une vie meilleure.
     Le 30 décembre:
     Soixante seize immigrants illégaux ont été arrêtés dans les provinces turques limitrophes des frontières grecque et bulgare, a annoncé samedi l'agence Anatolie sans préciser quand sont intervenues ces interpellations.
     Soixante douze personnes, des Iraniens, Palestiniens, Afghans et Syriens, ont été empêchées de passer en Grèce et placées en garde à vue pour être refoulés, a précisé Anatolie. Quatre autres personnes de nationalité bulgare ont été interpellées dans le canton de Lalapasa, en territoire turc, où elles venaient rendre visite à des proches, selon la police.
     Par ailleurs, soixante dix travailleurs clandestins d'origine afghane ont été arrêtés lors d'une opération nocturne de la police dans le quartier ouvrier Zeytinburnu d'Istanbul, ont rapporté samedi les media turcs.
     Le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Yasar Okuyan, avait annoncé vendredi une série de mesures pour mettre un terme au travail au noir en Turquie, où, a-t-il dit, "environ un million de travailleurs clandestins empêchent autant de Turcs de trouver un emploi".
     La Turquie est un point de passage traditionnellement important pour les candidats asiatiques ou africains à l'immigration vers l'Europe.  (AFP, 11-27-30 décembre 2000)

    BELGIQUE-TURQUIE / BELGIUM-TURKEY

    Le rapport d'une délégation belge sur les prisons turques

     Suite aux événements sanglants dans les prisons turques en décembre 2000, líorganisation de défense des droits de líhomme "Peopleís Rights Watch" síest rendue sur place en mission, afin díy effectuer une enquête et díy voir clair.  La mission était composée de deux médecins (Anne van Maeckelenbergh et Geert Van Moorter), de trois avocats (Emmanuel Leclercq, Isabelle Wirtz et Martijn Strooij), díun journaliste (Joris van der Aa) et de deux parlementaires belges attentives aux problèmes des droits de líhomme, Frieda Brepoels (Volksunie) et Leen Laenens (Agalev).
     Voici les premières observations de la délégation belge:
     "Líensemble de la mission nía fait malheureusement que confirmer les craintes du début; les atrocités commises sont encore pires que ce quíon pouvait penser et les perspectives de voir la Turquie se démocratiser en vue díune adhésion à líEurope sont totalement inexistantes.
     "Líenquête faite sur place par la délégation a été menée avec la plus grande rigueur possible, dans un souci díobjectivité, et dans le refus díaffirmer par la suite des choses qui níauraient pas été directement recueillies auprès de témoins.
     "Pour que líenquête soit contradictoire, la délégation avait demandé, à plusieurs reprises, de pouvoir rencontrer le ministre de la justice, le ministre des affaires étrangères et le ministre de líintérieur de Turquie. Aucune réponse nía été donnée à cette demande et la délégation nía pu rencontrer aucun officiel, malgré le soutien apporté en ce sens à la délégation par le ministre belge des affaires étrangères, Louis Michel, mal relayé, il faut le souligner, par le consulat de Belgique à Istanbul, qui síest montré parfaitement indifférent au problème.
     "Nous avons rencontré sur place díanciens détenus qui venaient de sortir de prison et avaient assisté directement aux événements; les familles des autres détenus; les responsables de líInstitut des Droits de líHomme díIstanbul; les avocats de certains des détenus; un groupe díarchitectes et díingénieurs auxquels le gouvernement turc avait demandé une étude sur les cellules díisolement et qui ont rendu des conclusions totalement défavorables; líavocat Zeki Rüzgar, qui a été lui-même détenu pour avoir simplement défendu des révolutionnaires et des Kurdes; enfin, une jeune sociologue qui venait de sortir de prison, où elle avait passé deux ans et demi à cause díune enquête quíelle avait osé entreprendre sur la guerre au Kurdistan.
     "Les conclusions que líon peut tirer de tous ces témoignages sont véritablement accablantes. Il en ressort díabord que les médias turcs sont complètement manipulés par le pouvoir et que celui-ci utilise sans vergogne les mensonges les plus éhontés quand il veut dissimuler une vérité embarrassante.
     "Ainsi, líassaut des prisons a été soigneusement préparé: une quinzaine de jours à líavance, les détenus entendaient des ìtravauxî sur les toits des prisons, par lesquels líarmée préparait en réalité de larges trous pour pouvoir jeter, le jour venu, des bombes à líintérieur des prisons. Líassaut a été donné à 5 heures du matin, par des bulldozers qui ont défoncé les portes díentrée des prisons. Il est totalement faux de dire que les détenus y possédaient des armes et que ce procédé était le seul possible pour que líarmée se défende.
     "En réalité, aucun détenu níy possédait aucune arme et la seule résistance que certains détenus ont opposée est une résistance passive et symbolique avec des chaises, des vieilles tables, etc. Ceux qui se défendaient ainsi étaient pourtant considérés comme des rebelles: des bombes ont été lancées dans leur direction, une partie díentre eux a été atrocement brûlée et défigurée avant quíils ne soient entraînés de force vers des hôpitaux où, díailleurs, ils ne reçoivent pratiquement aucun soin. La délégation a rencontré une détenue, rescapée des événements, qui était brûlée aux seins, sur le ventre et dans les dos, et qui níétait probablement pas en assez mauvais état que pour être dissimulée aux yeux du public. Il est en effet frappant de constater que personne nía, jusquíà présent, pu entrer dans les prisons ou les hôpitaux pour voir les détenus grièvement blessés; les seuls contacts possibles sur place le sont avec des détenus encore 'présentables'.
     "S'appuyant sur la démonstration faite par des avocats turcs, líenquête sur place a pu notamment démonter totalement un montage scandaleux, montré par plusieurs télévisions européennesÝ: on y voyait une jeune femme qui síimmolait par le feu en síenflammant avec un briquet. Cíétait totalement faux: aucun détenu ne síest immolé lui-même. Cíest líarmée qui, avec ses bombes et ses gaz, a enflammé des dizaines de détenus, la Turquie étant probablement le seul pays du monde qui essaie díéradiquer son opposition en mettant le feu à ses détenus.
     "Autre mensonge: le pouvoir (abusant la diplomatie européenne et, notamment, le ministre Michel) a prétendu que cette action visait uniquement les détenus díextrême-gauche qui faisaient une grève de la faim et que, en fait, cette action visait à éradiquer líopposition révolutionnaire armée. Ce serait déjà inadmissible en soi, mais cíest en plus complètement faux: díabord, sur les 12.000 prisonniers politiques que compte la Turquie, il y en a environ 400 qui sont détenus pour des faits de violence, les autres étant détenus uniquement pour leurs opinions; ensuite, líattaque des prisons visait tous les détenus politiques (les mafieux ont été soigneusement laissés en paix), même les modérés qui y étaient pour leurs attaches avec les Kurdes et qui ne faisaient pas une grève de la faim 'au finish'.
     "Il faut ajouter à ce triste tableau deux choses: les avocats qui sont autorisés à visiter leurs clients (ce qui níest pas toujours le cas) sont fouillés pendant trois heures, les avocates étant entièrement dénudées et fouillées jusque dans leurs parties les plus intimes; díautre part, et ceci est encore plus important, cíest lors du séjour sur place de la délégation que les premiers grévistes de la faim sont mortsÝ; ils étaient au nombre de 4 le 29 décembre."

    Des fascistes turcs assassinent un jeune Turc à Rotterdam

     Le 9 décembre 2000, à Rotterdam, un jeune progressiste turc, Cafer Dereli, 22 ans, a été assassiné par les Loups Gris, militants du parti néo-fasciste MHP, actuellement au pouvoir en Turquie.
     Il avait rendu visite à ses camarades qui, depuis quinze jours, étaient en grève de la faim à Rotterdam, en solidarité avec les détenus politiques qui résistent en Turquie contre la construction de cellules d'isolement de type F.
     Lors qu'il se trouvait dans une tente avec quatre autres grévistes, une quarantaine de Loups Gris ont attaqué, armés de bâtons et de couteaux. Les agresseurs ont planté une lame dans la poitrine de Dereli. Vers minuit, Dereli est décédé.
     L'organisation des droits de l'homme People's Rights Watch a accusé le gouvernement turc de la responsabilité de l'assassinat. Le porte-parole de PRW, le docteur Elly Van Reusel a fait la déclaration suivante à l'hebdomadaire Solidaire du 20 décembre 2000:
     "Dans onze villes européennes, dont Bruxelles et Rotterdam, il y a des actions de solidarité avec les grévistes de la faim. Le samedi de l'assassinat de Cafer Dereli, toutes les actions de solidarité ont été agressées par les Loups Gris. Ce n'est pas un hasard!
     "L'aile politique des Loups Gris, le MHP d'extrême-droite, siège au gouvernement turc. Le gouvernement turc est donc coresponsable. C'est comme si le Vlaams Blok était au gouvernement et que le VMO attaquait partout les opposants.  "Cafer Dereli avait fui le fascisme turc. Ses assassins sont venus jusqu'à Rotterdam. Pourtant, la famille Dereli n'a pas le statut de réfugié politique. en Turquie, on est en train d'arrêter les membres de la famille Dereli. En Belgique, l'Office des étrangers ordonne l'expulsion de sa maman, de sa soeur et de son petit frère. Ce qui veut dire les livrer aux Loups Gris. Un meurtre n'a-t-il pas suffi?"

    Ankara demande à Bruxelles de sévir contre DHKP-C

     La Turquie a demandé à la Belgique de prendre des mesures contre des dirigeants d'extrême gauche en exil, considérés comme les instigateurs de la grève de la faim de détenus dans les prisons turques et de leur résistance à l'assaut des gendarmes, a déclaré lundi le ministre de la justice Hikmet Sami Turk.
     La grève de la faim "totale" qui a duré deux mois était orchestrée par les dirigeants du Front-Parti de Libération du Peuple Révolutionnaire (DHKP-C), basés principalement à Bruxelles, a indiqué M. Turk cité par le quotidien Sabah.
     Selon M. Turk, les agissements des prisonniers étaient dirigés par téléphone par les dirigeants du DHKP-C à Bruxelles. "Le gouvernement belge devrait prendre des mesures contre le terrorisme. Nous avons présenté des demandes par l'intermédiaire de l'ambassade de Turquie en Belgique et de la mission belge en Turquie", a déclaré le ministre, cité par le quotidien.
     Ankara a demandé à Bruxelles de découvrir les numéros de téléphone des cerveaux de la grève et d'engager des poursuites en justice contre eux, a-t-il indiqué. (AFP, 25 décembre 2000)

    Bruxelles n'a pas reçu de demande d'Ankara

     La Belgique n'avait reçu mardi soir aucun message officiel de la Turquie lui demandant de prendre des mesures contre des dirigeants en exil du parti d'extrême gauche turc DHKP-C, a affirmé un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères.
     "Nous avons interrogé tant l'ambassade de Belgique à Ankara que l'ambassade de Turquie à Bruxelles, mais aucune des deux n'était au courant d'une demande officielle adressée à la Belgique", a assuré ce porte-parole, Michel Malherbe.
     Si une telle demande parvenait à la Belgique, elle serait transmise au ministère de la Justice "qui examinera si quelque chose peut être entrepris dans le respect de la législation belge", a précisé M. Malherbe.
     D'autre part, Ankara et Bruxelles restent toujours en désaccord sur le sort à réserver à Fehriye Erdal, 23 ans, une sympathisante du DHKP-C arrêtée en 1999 en Belgique en même temps que d'autres militants du groupe d'extrême gauche.
     La jeune femme est soupçonnée en Turquie d'avoir livré des informations ayant servi à une attaque à main armée qui a coûté la vie, en 1996 à Istanbul, à un homme d'affaires turc, Ozdemir Sabanci, et à deux autres personnes de son groupe automobile Sabanci Holding.
     Fehriye Erdal a toujours nié cette accusation. Elle est assignée à résidence en Belgique dans un endroit tenu secret. Elle ne pourra en principe pas y être jugée pour des faits commis en Turquie. (AFP, 26 décembre 2000)

     

     
    Earlier informations
    Informations précédentes
    (January/janvier 1998 - Novembre/November 2000)
    Info-Türk
    Home Page
    Info-Türk
    Publications
    Info-Türk
    Subscription
    Info-Türk
    Abonnement
    Info-Türk
    Bulletins