Droits
de l'Homme / Human Rights
Ciel noir sur le drapeau arc-en-ciel
en Turquie
D’un côté, un barrage de boucliers et de policiers casqués, prêts à
intervenir. De l’autre, une cinquantaine de manifestants derrière une
banderole arc-en-ciel. Ils ont tous la vingtaine. La plupart sont des
étudiants venus soutenir d’autres étudiants, dont le procès s’ouvre ce
jour-là au palais de justice d’Istanbul. Leur crime : avoir manifesté
en agitant le drapeau emblème des LGBTQI+.
« Nous sommes ici pour dire que l’arc-en-ciel ne peut pas être jugé !
», s’exclame Havin Özcan, un jeune homme aux longs cheveux noirs et aux
ongles colorés. « Nous sommes ici pour leur rappeler que nos drapeaux
et nos couleurs n’ont commis aucun crime et que nous ne pouvons pas
être condamnés pour les avoir portés. »
Des « détraqués » liés au « terrorisme »
Les douze étudiants poursuivis font partie de ceux qui, depuis début
janvier, rejettent la nomination d’un recteur proche de l’AKP (Parti de
la justice et du développement) et de son chef, le président Recep
Tayyip Erdogan, à la tête de l’université du Bosphore, l’une des
meilleures du pays. Très tôt, le gouvernement a dénigré cette
protestation en la décrivant comme « noyautée par des groupes LGBTQI+
», eux-mêmes qualifiés de « détraqués » liés au « terrorisme ». Des
centaines de personnes ont été placées en garde à vue et des dizaines
sont actuellement jugées.
« Le régime s’en prend à nous car notre mouvement est à la pointe des
protestations contre tout ce qu’il incarne. Et plus notre voix porte,
plus les attaques sont fortes », observe Havin Özcan, qui se dit visé
par trois enquêtes. « J’ai été torturé en garde à vue, j’ai subi des
menaces de viol, des fouilles à nu… Beaucoup de mes amis ont subi les
mêmes traitements. Mais nous n’avons pas peur et nous restons
mobilisés. »
Retournement de veste
La situation n’a pas toujours été aussi grave dans la Turquie de Recep
Tayyip Erdogan. Les ONG décrivent une politique de plus en plus
répressive et un discours de haine de plus en plus décomplexé dans un
pays où l’homosexualité n’est pourtant pas illégale. Symbole de ce
durcissement : le sort réservé à la Gay Pride d’Istanbul. La première a
eu lieu en 2003, année de l’arrivée au pouvoir de l’actuel président.
Pendant une décennie, elle a défilé sans problème jusqu’à rassembler,
en 2014, des dizaines de milliers de personnes. Mais depuis 2015, la
Marche des fiertés est interdite. Celle prévue ce week-end ne fait pas
exception.
« Les LGBTQI+ n’existent pas. Ce pays est moral », a martelé en février
le chef de l’État. C’est pourtant le même Tayyip Erdogan qui, 19 ans
plus tôt, juste avant que l’AKP ne remporte sa première victoire
nationale, déclarait : « Il est impératif que les homosexuels soient
protégés par la loi. Je ne trouve pas humain le traitement qui leur est
parfois réservé. »
La Turquie de 2021 n’est pas celle de 2002. « Désormais, ce pouvoir
n’accepte plus aucune voix dissidente », soupire Tülay Savas, membre de
Listag, la seule association d’entraide entre parents de lesbiennes,
gays et transgenres du pays. Tülay, dont la fille est lesbienne, estime
que les LGBTQI+ sont une cible facile pour un pouvoir en perte de
popularité, dont la principale stratégie est de diviser pour continuer
à régner. « Il pense qu’une large partie de la société approuvera ce
discours, et ce n’est malheureusement pas faux. Donc, associer le
moindre mouvement de contestation aux LGBTQI+ permet à la fois de
détourner l’attention en les attaquant et de discréditer toute
protestation démocratique aux yeux de l’opinion. C’est ce qu’on appelle
faire d’une pierre deux coups. »
Retrait de la convention d’Istanbul
Conséquence du climat actuel, les appels à l’aide se multiplient sur le
téléphone de cette association fondée en 2008. « A cause des pressions
et de la répression, il est de plus en plus difficile pour les LGBTQI+
d’être visibles, ou même de faire leur coming out », déplore Günseli
Dum, l’une des fondatrices. « Nous ne pouvons plus organiser
d’activités publiques depuis 2014 à cause de toutes les interdictions
qui nous visent. »
En mars, Ankara a consterné ses partenaires européens en annonçant son
retrait de la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la
lutte contre la violence à l’égard des femmes, plus connue sous le nom
de convention d’Istanbul car elle fut signée – ironie du sort – en
Turquie il y a dix ans. Pour « justifier » sa décision, le gouvernement
a prétendu que cette convention encourageait l’homosexualité. Les
débats sur le texte ont provoqué une recrudescence des insultes et des
menaces visant les LGBTQI+ sur la scène politique, dans les médias et
sur les réseaux sociaux.
« En tant que parents de LGBTQI+, nous sommes inquiets pour nos enfants
parce que leur vie est en danger », confie Günseli Dum. « C’était déjà
suffisamment difficile comme ça pour eux de se tourner vers la police
et la justice quand ils étaient victimes de violences… Désormais, ceux
qui osent encore porter plainte risquent de voir leurs agresseurs
bénéficier de remises de peine. » Le retrait de la Turquie de la
convention d’Istanbul sera effectif le 1er juillet. (Anne Andlauer, Le
Soir, 25 juin 2021)
At least 3 thousand 291 people’s right to life violated
in Turkey in
2020
"2020 was a year which was marked by serious violations of right to
life and other rights due to the violence-oriented policies pursued in
the regional policies, especially in addressing the Kurdish Question."
The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has released its annual
report on the violations of rights committed in Turkey in 2020.
The 356-page report, prepared by Eylem Yıldızer, Cihan Deniz Zarakolu
and Coşkun Üsterci, has listed the violations of rights that happened
in the country last year. According to the report, the right to life of
at least 3 thousand 291 people was violated in Turkey in 2020.
68 children died in occupational homicides
The TİHV report has indicated that at least 2 thousand 427 people,
including 68 children, lost their lives in occupational homicides last
year. Among the deceased workers were also at least 101 people who were
in the status of a refugee, asylum seeker or migrant in Turkey.
'Violations stem from impunity'
The report of the Foundation has stressed that "the most important
cause of these violations is the failure to carry out an effective
investigation and prosecution and that most of the cases end in
impunity."
The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has emphasized that "when
the sentences given in the trials are considered, it is seen that the
related sentences are disproportionate to the nature and consequences
of the violation and they are far from being deterrent."
Deaths, injuries, executions
Some of the violations listed in the report are as follows:
In the operations and air operations carried out by
security forces in Turkey, Iraqi Kurdistan Regional Government and
Syria and in the attacks that occured in these regions in 2020, at
least 129 soldiers, 11 police officers, 4 village guards, 37 civilians,
311 militants died; 146 soldiers, 3 police officers, 3 village guards,
37 civilians were wounded.
It has been detected that in 23 separate incidents
that occured throughout 2020,15 people, including 3 children, died and
13 people, including 3 children, were injured as a result of
extrajudicial executions, stop warnings, random shootings, being driven
to suicide as a result of sexual assault and police raids.
In four separate incidents, 1 child died and 3
people, including 2 children, were injured due to land mines and
unclaimed explosives.
In two separate incidents identified to be caused by
the vehicles of police or gendarmerie in 2020, 2 children lost their
lives and 1 child was wounded. Both incidents happened in operation
zones.
The number of people who lost their lives in a
suspicious manner after being detained was 1. 1 person was wounded in
the same incident. (In Van's Çatak, soldiers threw Osman Şiban and
Servet Turgut from a helicopter on September 11, 2020. Servet Turgut
lost his life at the hospital where he was being treated.)
In 2020, at least 23 people suspiciously died and at
least 25 people were wounded while doing their mandatory military
service.
It has been detected that 5 people were executed by
illegal organizations in 3 separate incidents.
Torture and other forms of ill treatment
In at least 140 incidents, at least 404 people were
subjected to torture and other forms of ill treatment and at least 86
people were injured. 22 of the 139 incidents happened during house
raids, 86 happened in open spaces and 31 occurred in official detention
centers.
In 1 incident, 1 person doing his mandatory military
service was subjected to torture and other ill treatment. In 109 of the
140 cases, the perpetrators or torture and other ill treatment were
police officers. While soldiers were the perpetrators in 13 incidents,
neighborhood wardens were the perpetrators in 10 incidents, municipal
police/ private security guards in 7 incidents and the village guard
was the perpetrator in one of these incidents of torture and other ill
treatment.
In at least 19 incidents, people were subjected to
the pressure and threats of the people who introduced themselves as
police/ intelligence officers and forced them to become agents.
As the novel coronavirus (COVID-19) pandemic was
addressed as a security problem, rather than a public health problem,
several people were subjected to the violence, torture and other ill
treatment of the law enforcement on the street on a series of grounds
such as the failure to abide by the curfews declared as part of the
outbreak measures, to wear masks, to keep their social distance.
Trustees to municipalities
The Co-Mayors of 16 municipalities of the Peoples'
Democratic Party (HDP) were replaced with trustees by the Ministry of
Interior; while 4 of these municipalities were provincial
municipalities (Batman, Siirt, Iğdır, Kars), 8 were district and 4 were
town municipalities.
Mayors from the Republican People's Party (CHP) were
removed from office by the Ministry of Interior in 1 province (Yalova)
and 2 districts (Erdek and Menemen). The certificate of election of a
mayor in 1 district (Ceyhan) was cancelled by the Supreme Election
Council (YSK) becayse there was a final prison sentence against him or
her.
NOTE: From March 31, 2019, when the last local
elections were held in Turkey, to December 31, 2020, trustees were
appointed to 47 HDP municipalities (3 metropolitan municipalities, 5
provincial, 32 district, 7 town municipalities) and to 1 CHP
municipality.
In 1 province and 2 districts, mayors from the CHP
were removed from office but no trustees were appointed in their place.
34 of the mayors/ co-mayors elected on March 31 were
arrested; 14 mayors/ co-mayors are still arrested. Moreover, 7
municipal council members in 3 provinces and 9 provincial municipal
council members in 2 provinces were removed from office.
Freedom of assembly, expression
In 2020, 2,104 people were arrested with physical
violence in protests and demonstrations; at least 65 people were
wounded, 9 people, including 1 child, were arrested.
100 people were released on probation, 77 people
were released with an international travel ban. At least 335 people
were fined at least 790,490 TRY for "not abiding by the COVID-19
measures" during the meetings and demonstrations that they attended.
At least 616 people were detained due to their
social media posts; 11 people were arrested, 16 people were released on
probation, 1 person was released with an international travel ban.
Investigations were launched against at least 147
people due to their social media posts. In the 12 court cases filed
over social media posts, 5 people were sentenced to 20 years, 4 days in
prison in total and 3 people were acquitted of the offenses charged.
In 2020, at least 24 people were taken into custody
on charge of "insulting the President"; 2 people were arrested on this
charge. (BIA, 24 June 2021)
İstanbul
governor bans LGBTI+ Pride March again
The İstanbul Governor's Office has banned the 19th İstanbul LGBTI+
Pride March, which was scheduled to take place on Saturday (June 26) in
the city's Asian-side district of Maltepe.
"We are banned again," the İstanbul LGBTI+ Pride Week group said on
Twitter. "Our application to the Istanbul Governor's Office ... was
rejected today. The reason for the ban is the same crap."
In a written statement, the Governor's Office cited several reasons for
the ban, including the prevention of acts of violence and terrorism and
the protection of public order, security, general health and general
morality.
The Pride March has not been permitted in the city since 2014. Yet the
organizers said they will defy the ban to "find each other on the
streets."
"They will not be able to prevent the LGBTI+ from coming together and
being visible with the ban decisions we have changed for years and
published with the same sentences," they said. "On June 26, we will
find each other on the streets and celebrate our honor." (BIA, 24 June 2021)
Médecins du
Monde : La situation
des grévistes de la faim est critique
L'état des 430 personnes sans-papiers a atteint un stade critique après
une grève de la faim de 30 jours : « Nous sommes au moment charnière où
le corps passe de la consommation de graisses à des protéines.
Concrètement, cela signifie que les organes peuvent subir des dommages
(irréparables) à partir de ce moment”, dit le Dr. Rita Vanobberghen,
l'une des médecins bénévoles sur place. Dans le même temps, Médecins du
Monde et les autres organisations sur place demandent davantage de
capacités médicales : « Nos équipes manquent de personnel pour assurer
un suivi adéquat de cette urgence médicale. »
La santé physique et mentale se détériore
Après 30 jours de grève de la faim, la situation sanitaire des 430
grévistes de la faim est très grave : ”Dès que l'organisme ne peut plus
compter sur ses réserves de graisse, il bascule vers la consommation de
protéines pour fournir l'énergie nécessaire au fonctionnement de nos
organes tels que le cerveau, le cœur, les muscles et les yeux. La
combustion des protéines entraîne des dommages (irrévocables) ou une
défaillance de ces organes.” Explique le Dr Michel Roland, médecin
bénévole auprès des grévistes de la faim et ancien président de
Médecins du Monde.
« Pendant ce temps, nous voyons de plus en plus de complications graves
», poursuit le Dr. Roland . ”Nous avons déjà traité une crise
abdominale qui a conduit à une hospitalisation, plusieurs personnes
sont en phase pré-critique en raison de leur faible poids initial, une
personne a connu un épisode sévère d'hypoglycémie, un certain nombre de
patients anémiques ont développé des problèmes cardiaques avec un
rythme cardiaque de 195 pulsations, les diabétiques ont vu leur
glycémie augmenter à des niveaux alarmants et dangereux, nous avons
diagnostiqué une dépression, traité quelqu'un qui vivait un épisode
psychotique et assisté à 2 tentatives de suicide le week-end dernier”.
Besoin de plus de bénévoles
Une équipe mobile d'environ 70 médecins bénévoles, ainsi que des
infirmier.e.s, des kinésithérapeutes et des psychologues, intervient
sur place avec le soutien, entre autres, de Médecins du Monde.
L'intention est d'être sur place tous les jours sur les 3 sites, mais
cela est remis en cause par le sous-effectif aigu des équipes : « Après
un an de confinement et une charge énorme sur le système de santé, tout
le corps médical est épuisé et c'est très difficile de trouver des
médecins qui peuvent se (re)mobiliser. Malgré plusieurs appels aux
médecins bruxellois, nous sommes confrontés à une pénurie importante de
bénévoles. Pour suivre médicalement les 430 grévistes de la faim, il
faut 130 agents de santé qui sont chacun.e sur place 2 heures par
semaine. Mais actuellement, seuls 70 bénévoles sont actifs, nous
travaillons donc avec une équipe réduite de moitié. »
À l'heure actuelle, par conséquent, un certain nombre de personnes sans
formation médicale sont obligées de surveiller l'état des personnes
sans-papiers et, après un court tutorat, suivent un certain nombre de
paramètres tels que le poids, la pression artérielle, la fréquence
cardiaque, la quantité d'oxygène dans le sang. Elles contactent les
professionnels quand un paramètre passe au rouge. "Mais c'est bien sûr
du bricolage", poursuit le Dr. Roland "Et bien que nous nous rendions
compte que l'année écoulée a été difficile, nous appelons donc tout le
personnel soignant à se mobiliser à nouveau pour cette urgence
médicale."
Appel urgent au secrétaire d'État à l'Asile et aux migrations : trouver
une solution, quelle qu'elle soit
Enfin, le corps des médecins volontaires lance un appel aux
responsables politiques : « En tant que médecins, nous ne sommes pas là
pour proposer des solutions politiques. Nous ne faisons pas cette
intervention médicale "parce que nous soutenons l'initiative" ou "parce
que nous les soutenons", mais pour limiter au maximum les risques et
dommages sanitaires. Il est de notre devoir fondamental de protéger
chaque vie humaine, y compris dans des circonstances où des personnes
ont envisagé de mettre leur corps en danger afin d'être entendues”,
explique Michel Roland, médecin bénévole pour Médecins du Monde. “Notre
message est le suivant : cette grève a déjà de graves conséquences
médicales et nous appelons à une solution politique, quelle qu'elle
soit, dans les plus brefs délais. Aujourd'hui, nous ne sommes plus en
mesure de prévenir des conséquences médicales graves et potentiellement
irréversibles. »
Des
manifestantes protestent contre
l’abandon d’un traité protégeant
les femmes
Le décret du 20 mars retirant la Turquie d’un traité du Conseil de
l’Europe — la Convention d’Istanbul de 2011 — qui oblige les
gouvernements à adopter une législation réprimant la violence
domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale
féminine, avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.
« La Convention d’Istanbul nous appartient », pouvait-on lire sur des
banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins
du pays, dont les provinces de Bursa (nord-ouest) et Mardin (sud-est),
pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive
asiatique d’Istanbul.
« Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir », a déclaré
à l’AFP Melek Ondas, de l’association Conseil des femmes en assurant
que les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.
« Nous croyons à la force de nos organisations. Qu’on revienne ou pas
sur cette décision nous allons poursuivre notre lutte par tous les
moyens possibles », a-t-elle ajouté.
Une nouvelle manifestation est déjà prévue le 1er juillet, jour de
l’entrée en vigueur du retrait du traité.
Décidé alors que les féminicides n’ont cessé d’augmenter depuis une
décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations
de défense des droits des femmes et des critiques de l’Union
européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme
de l’ONU.
La décision du chef de l’État turc a provoqué depuis des manifestations
à travers la Turquie de femmes qui se sentent menacées par l’abandon du
traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.
Plus de 300 femmes ont été tuées l’année dernière en Turquie, selon la
plateforme « Nous allons arrêter les féminicides ».
Environ 38 % des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une
fois victimes de violences conjugales, selon les données de
l’Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux
alentours de 25 % pour l’Europe. (AFP, 19 juin 2021)
Why does Interpol reject Turkey's
requests for red notice?
Journalist Can Dündar on one side, and Sedat Peker, who is accused of
"leading an organized crime group," is on the other. What brings them
together in the same news article is the red notices that Interpol
refuses to issue.
For a long time now, Interpol has been rejecting Turkey's applications
for a red notice for political figures, which Minister of Interior
Süleyman Soylu complained about during a TV program on May 24.
When asked about whether a red notice was issued for Peker, he had
replied, "About the red notice, we immediately filed a complaint. You
know we got it within two-and-a-half hours for Thodex [alleged
cryptocurrency fraud)].
"You know, [Peker] has an arrest warrant against him in İstanbul, Bursa
and İzmir. [Interpol] put [our application] in the section that is
called "diffusion." We can't seek FETÖ members with a red notice. We
make an application, they put it in the diffusion section and say it's
'irrelevant'."
The situation is the same for Dündar. The İstanbul 14th Heavy Penal
Court, which is trying Dündar in the "MİT trucks case," frequently
requests a red notice for the journalist.
However, the only known official request by Turkey to Interpol
regarding Dündar was made in 2018. The court ruled in the last hearing
on June 8 that a red notice should be issued for Dündar. A day later,
Interpol's General Secretariat stated that there had been no new
requests by Turkey.
How is a red notice issued?
The red notice is not the only type of notice that Interpol issues for
international cooperation. It also has blue, green, black, yellow and
orange notices and the "UNSC Special Notice."
Every type of notice has a different meaning but they all allow the
countries to share their warnings and requests for information globally.
The red notice is a request for the "arrest and extradition of
criminals." Its legal basis can be an arrest warrant issued by courts
or a court ruling.
In Turkey, the court ruling or the request of the prosecutor's office
is forwarded to the Ministry of Justice. If the ministry's General
Directorate of International Law and Foreign Relations deems it
appropriate, it sends the request to the Interpol Department of the
General Directorate of Security, which then sends it to the Interpol
General Secretariat.
Interpol regulations
Notices from countries are only issued if they comply with Interpol's
regulations and meet all legal requirements.
But most member states see the red notice as a valid request for
temporary arrest. Since the red notice has no power of sanction, the
person concerned can't be extradited solely on the basis of this
request. Extradition proceedings must be made in the country where the
extradition request is made. The person should stand an "extradition
trial" in the country that receives the request.
If the court decides that there is no legal problem within the
framework of the national legislation regarding the extradition of the
person, it can issue an extradition order. The person whose extradition
is requested can appeal an extradition order.
"Diffusions"
Lately, Interpol carefully scrutinizes the red notice requests by
Turkey and does not accept requests that it considers to be
"political." Diffusions, or less formal notices, can be applied when a
red notice request is rejected.
Two public red notices by Turkey
There are currently 66,370 red notices in Interpol's system. While most
of the red notices are restricted to law enforcement use only, 7,669
red notices are public.
In the public list, there are three notices for people from Turkey:
Mehmet Aydın and Fatih Aydın, who are held responsible for the "Çiftlik
Bank" fraud and Faruk Fatih Özer for the Thodex cryptocurrency fraud.
On the public list, there are notices for 30 citizens of Turkey. Nine
of them have notices against them because of drug-related crimes.
How many people were extradited?
Deputy Minister of Foreign Affairs Yavuz Selim Kıran said last week
that 93 people had been extradited to Turkey and Turkey had extradited
three people since
In recent years, Turkey does not care about the principles of
international organizations that it is a member of and does not comply
with agreements. Because of that, international organizations don't
find Turkey reliable. The simplest example of this is the European
Court of Human Rights (ECtHR) rulings for Selahattin Demirtaş and Osman
Kavala.
In both cases, the ECtHR ruled that the arrests were "political" and
both applicants should be released immediately. Turkey has failed to
abide by this ruling for two years. The Council of Europe is
considering stripping Turkey of its veto rights.
An Interpol spokesperson told DW Turkish that they had reminded Turkey
of Interpol's obligation to abide by its rules and of the Universal
Declaration of Human Rights. (BIA, 15 June 2021)
Kavala Case: Council of Europe ‘to initiate
infringement
proceedings against Turkey’
The
Committee of Ministers of the Council of Europe has examined
Turkey's failure to execute the European Court of Human Rights (ECtHR)
judgement on imprisoned rights defender and businessperson Osman
Kavala, who has been behind bars in Silivri Prison for 1,318 days.
Referring
to the continued arrest of Kavala, the decisions issued after
the meeting on June 7-9 have noted that the Deputies "affirmed their
determination, if the applicant is not released, to ensure the
implementation of the judgment through all means at the disposal of the
Organisation, including if necessary infringement proceedings."
In the
event that the related proceedings are initiated, Turkey's right
to vote and veto at the Council of Europe might be suspended.
The
Deputies have recalled the "ECtHR's findings that the applicant's
arrest and pre-trial detention took place in the absence of evidence to
support a reasonable suspicion he had committed an offence and pursued
an ulterior purpose, namely to silence him and dissuade other human
rights defenders."
They have
also underlined that "the one year and nearly five months
taken by the Constitutional Court to review his complaint was
insufficiently 'speedy', given that his personal liberty was at stake."
According
to the Deputies, "the continuing arbitrary detention of the
applicant, on the basis of proceedings which constitute a misuse of the
criminal justice system, undertaken for the purpose of reducing him to
silence, constitutes a flagrant breach of Turkey's obligation under
Article 46 § 1 of the Convention to abide by the Court's judgment."
The
Deputies have underkied that the detention of Kavala in this
context is "unacceptable in a State subject to the rule of law."
Turkey
doesn't abide by the Convention
The
European Convention on Human Rights (ECHR) is a convention ratified
by 47 states that are members of the Council of Europe. With a decision
taken at the Parliament on May 18, 1954, Turkey signed the Convention.
Turkey was granted the right of individual application on January 28,
1987. With the decision of the Council of Ministers on September 25,
1989, Turkey recognized the ECtHR's compulsory jurisdiction.
The states
that are a party to the ECHR pledge that they will abide by
the judgements handed down by the ECtHR.
Arrested in
Silivri Prison for 1,318 days, Osman Kavala, during the
Gezi trial, first took his imprisonment to the Constitutional Court.
Then, he applied to the ECtHR, as the former had remained inconclusive.
In its
judgement on December 10, 2019, the ECtHR concluded that
Kavala's arrest was political. Convicting Turkey, the Court ruled that
he should be released immediately. (BIA, 10 June 2021)
IBAHRI
condemns the arbitrary detention of human
rights defender Kavala
The International Bar Association’s Human Rights Institute
(IBAHRI) condemns the continued arbitrary detention of human
rights defender Osman Kavala, following the decision of a Turkish court
to continue his confinement until his next hearing. The IBAHRI calls on
Turkey to release Mr Kavala as per the legally binding decision of the
European Court of Human Rights (ECtHR), which found Mr Kavala’s trial
to be unfair and in violation of the European Convention on Human
Rights (ECHR).
In a statement made on 9 June 2021 calling for the release of
imprisoned human rights defenders in Turkey, the UN Special Rapporteur
on the situation of human rights defenders, Mary Lawlor, said the case
of Mr Kavala has become emblematic of a pattern of judicial harassment
against human rights defenders in Turkey. She expressed great
concern that, ‘anti-terrorism laws are being used extensively to
silence Turkish human rights defenders and disrupt their legitimate
work’.
IBAHRI Co-Chair and former Justice of the High Court of Australia
(1996–2006), the Hon Michael Kirby AC CMG, stated: ‘The ongoing
detention of Osman Kavala, nearing four years, has been the litmus test
for the severe deterioration of judicial independence and the rule of
law, as well as the systematic crackdown on human rights defenders in
Turkey. The IBAHRI reminds Turkish authorities that, as per the right
to trial within reasonable time guaranteed under Article 6 of the ECHR,
excessively long proceedings can amount to torture, inhuman and
degrading treatment, prohibited by Article 3 of the same convention.
Additionally, Council of Europe Resolution 1551 (2007) [on] Fair
trial issues in criminal cases concerning espionage or divulging state
secrets recognises that espionage and terrorism-related cases can be
used as a pretext to unduly restrict human rights. The initial offences
with which Mr Kavala was charged arose out of activities relating to
his defence of human rights in Turkey. The IBAHRI calls for his
immediate release’.
On 21 May, the Istanbul 30th Heavy Penal Court rejected Mr Kavala’s
request to be released from custody, prolonging his detention until his
next hearing on 6 August 2021. The Court also reiterated considerations
to merge his case with the Çarşı case , similarly relating to the 2013
Gezi Park protests – begun by a group of environmentalists to save a
park in central Istanbul from being rezoned, but which soon grew into
nationwide demonstrations. Mr Kavala objected, noting his own case is
close to a final verdict, and given that the Çarşı case includes almost
40 defendants, merging the cases would be in violation of his right to
a fair and expeditious trial.
In justifying its decision to continue his detention, the Court held
that the ECtHR ruling vindicating Mr Kavala was made regarding charges
for which he was acquitted, not the newly raised charge of espionage,
and is therefore not binding.
Mr Kirby commented: ‘The ensuing acquittal, overturning and renewal of
charges has created a convoluted and confusing web of indictments and
proceedings, the former of which rely on the same facts as those Mr
Kavala was acquitted upon, validating the finding by the ECtHR as an
attempt to silence him through prolonged proceedings. Reviving his
case, for the second time without merit, despite it nearing its
verdict, is yet another attempt in a long list of wrongs designed to
undermine the achievement of justice in his case’.
In a Council of Europe Committee of Ministers meeting on 7-9 June
regarding the Kavala case, the Committee ‘affirmed their determination,
if the applicant is not released, to ensure the implementation of the
judgment through all the means at the disposal of the Organisation,
including if necessary infringement proceedings under Article 46 § 4 of
the Convention. ’ Once the process is triggered, the case reverts
to the ECtHR for a further opinion on whether the state has met its
binding obligation to comply with the judgment.
If the Court confirms that Turkey has failed to carry out the ruling,
the Committee of Ministers may then take additional measures, including
the suspension of Turkey’s voting rights or membership of the Council
of Europe.
IBAHRI Co-chair and Immediate Past Secretary General of the Swedish Bar
Association, Anne Ramberg Dr Jur hc, stated: ‘ The blatant
disregard of the ECtHR judgment, and the multiple calls for release by
the Council of Ministers, is a clear illustration of Turkey’s severe
lack of commitment to the rule of law. Rather than implementing the
recently unveiled Council of Europe’s Human Rights Action Plan, Turkey
instead finds itself facing sanctions through infringement proceedings
because of its hollow actions in respecting the ECHR and the ECtHR
judgment. Not only does the continued detention of Osman Kavala
severely violate his personal rights, but it also represents a severe
challenge to the Council of Europe and its enforcement of regional law.
We urge Turkey’s authorities to release Mr Kavala without delay in line
with the 2019 ECtHR ruling and the fundamental rights guaranteed to him
by the ECHR’.
Rights
defenders sentenced to 24 years, 3
months in Turkey in a year
The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has made a study on the
rights violations faced by rights defenders in Turkey in 2020.
According to the Foundation's report, rights defenders were sentenced
to 24 years, 3 months in prison in total last year.
The members and executives of rights-based organizations were detained
and arrested while events were banned and peaceful demonstrations were
prevented by the interventions of the police.
Prepared as part of the Hrant Dink Foundation Grant Program with the
financial support of the European Union (EU), the study of the TİHV
Documentation Center has offered a 2020 panorama of Turkey in the light
of the United Nations Declaration on Human Rights Defenders.
Trial, imprisonment, access blocks...
According to a series of infographics prepared by the Center, in 2020,
17 rights defenders were put on trial in 7 separate cases; seven rights
defenders were sentenced to 24 years, 3 months in prison in total.
While 324 members and executives of rights-based civil society
organizations were taken into custody, 90 of them were arrested.
Last year, 10 events regarding LGBTI+ and women's rights were prevented
and four events were banned in Turkey.
While the law enforcement intervened in 18 meetings and demonstrations,
164 people were taken into custody by being subjected to torture and
maltreatment. Several people were given administrative fines.
18 peaceful meetings and demonstrations about environmental and urban
rights were also intervened by the law enforcement. 84 people were
subjected to torture and ill treatment during detention.
The study has also reminded the public and the authorities that
according to the United Nations Declaration on Human Rights Defenders,
every person has the right to "publicize and convey their opinions,
news and information as to human rights and fundamental freedoms."
As an example of the violations committed in Turkey in this context,
the study has referred to the access blocks on online content.
Accordingly, in 2020, access blocks were imposed on 1,079 news, 97
websites, 635 internet addresses, 10 social media accounts and 301
contents.
(BIA, 10 June 2021)
Prison à vie en Turquie pour de fausses
accusations de matches truqués
Trois personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu'à près de
2.000 ans de prison dans une affaire de fausses accusations de matches
truqués qui avait secoué le football turc en 2011, vendredi par un
tribunal d'Istanbul.
Un ancien chef de la police, un ancien policier et l'ancien président
d'une chaîne télévisée ont été condamnés à des peines allant de 161 ans
à 1.972 ans de prison pour "aide à une organisation terroriste", "faux
et usage de faux", "diffamation" et "violation du secret des
communications privées", a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.
Ils ont été reconnus coupables d'être derrière de fausses accusations
de corruption et de matches truqués visant notamment Fenerbahçe, l'un
des trois plus grands clubs du pays, dont le président a été condamné
et emprisonné.
Aziz Yildirim, qui a dirigé Fenerbahçe de 1998 à 2018, a écopé en 2012
d'une peine de six ans et trois mois de prison et passé un an en
détention.
Il a toujours clamé son innocence et dénoncé un "complot" orchestré par
le mouvement d'un prédicateur exilé aux Etats-Unis, Fethullah Gülen. Il
a été acquitté lors d'un nouveau procès en 2015.
L'affaire a été vécue comme un traumatisme par les supporters de
Fenerbahçe, dont un grand nombre soupçonnait le gouvernement d'être à
la manoeuvre, un sentiment renforcé par l'alliance qui existait alors
entre M. Gülen et Recep Tayyip Erdogan.
Mais M. Gülen est depuis devenu la bête noire du président turc qui
l'accuse d'avoir ourdi une tentative de coup d'Etat en 2016.
Les trois hommes condamnés vendredi étaient accusés d'appartenir au
mouvement de M. Gülen, désormais qualifié de "terroriste" par Ankara,
et d'avoir fabriqué de faux documents pour mettre en cause M. Yildirim.
Près d'une centaine de personnes avaient été condamnées en première
instance. Fenerbahçe avait été exclu par la Fédération turque de
football de l'édition 2011/12 de la Ligue des champions.
"Aucun verdict ne peut être à la hauteur de ce que Fenerbahçe et ses
millions de supporters ont vécu au cours de ce long processus", a réagi
vendredi l'actuel président de Fenerbahçe, Ali Koç.
"Il reste un grand nombre de personnes et d'instances à qui nous avons
à réclamer des comptes", a-t-il ajouté. (AFP, 4 juin 2021)
Des
espions turcs "capturent" le neveu de
l'ancien ami d'Erdogan
Les
services de
renseignement turcs ont interpellé à l'étranger et rapatrié un neveu du
prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip
Erdogan, ont rapporté lundi des médias, l'épouse de Selahaddin Gülen
affirmant qu'il avait été "capturé" en Kenya.
Selahaddin
Gülen a été
ramené en Turquie par des agents de l'Organisation nationale du
renseignement (MIT) après avoir été interpellé à l'étranger, a rapporté
l'agence de presse étatique Anadolu, sans dire dans quel pays. Dans une
vidéo postée sur les réseaux sociaux le 20 mai, son épouse a affirmé
qu'ils vivaient tous les deux au Kenya et qu'elle était sans nouvelles
depuis le 3 mai de son mari, qui enseignait dans une école à Nairobi.
Des
personnes et médias
liés au mouvement de Fethullah Gülen ont eux aussi déclaré sur les
réseaux sociaux que Selahaddin Gülen avait été "kidnappé" au Kenya, et
lancé une campagne appelant à sa libération.
Selahaddin
Gülen est
accusé par les autorités turques d'appartenir à l'"organisation
terroriste Fetö", un acronyme qu'Ankara utilise pour désigner le
mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.
M. Erdogan,
qui était
autrefois allié à M. Gülen, le décrit aujourd'hui comme un "chef
terroriste" et l'accuse d'avoir ourdi contre lui une tentative de coup
d'Etat en juillet 2016. Le prédicateur, qui réside aux Etats-Unis,
affirme être à la tête d'un réseau pacifique d'ONG et d'entreprises et
nie toute implication dans la tentative de putsch.
Depuis le
putsch manqué,
plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de
140.000 limogées ou suspendues de leurs fonctions dans le cadre de
purges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de la Turquie.
Ankara traque également les membres présumés du réseau de Fethullah
Gülen à l'étranger et affirme avoir "rapatrié" plusieurs dizaines de
personnes depuis 2016, quitte à susciter des remous. En 2018,
l'enlèvement au Kosovo par des agents du MIT de six ressortissants
turcs accusés de liens avec M. Gülen avait provoqué une crise politique
dans ce pays et conduit au limogeage du ministre de l'Intérieur et du
chef du renseignement.
Par
ailleurs, Ankara fait
pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans, d'Asie centrale
et d'Afrique pour qu'ils ferment les écoles liées au mouvement
"guléniste". Le Kenya avait refusé en 2016 de fermer six établissements
malgré l'insistance d'Ankara.
Il n'était
pas clair dans
l'immédiat si la "capture" de Selahaddin Gülen s'est faite avec
l'accord des autorités kényanes.
En 1999, le
Kenya avait
été le théâtre d'une spectaculaire opération des services turcs qui y
avaient arrêté le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK) Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.
"Nous
allons bientôt
annoncer la capture d'un membre très important de Fetö. Il est entre
nos mains", avait déclaré M. Erdogan le 19 mai, vraisemblablement en
référence à Selahaddin Gülen. (AFP, 31 mai 2021)
20 thousand people detained at demonstrations in 4 years
The Human
Rights
Foundation of Turkey (TİHV) has published a study titled "Closing the
Street: Violations of Freedom Assembly and Demonstration." The study
has revealed that freedom of assembly and demonstration was violated 4
thousand 771 times in Turkey in 2015-2019.
As a result
of the
interventions against the meetings and demonstrations, 20 thousand 71
people were detained, 662 people were arrested.
In the same
period,
lawsuits were filed against 4 thousand 907 people for reasons related
to their exercise of their freedom of assembly and demonstration. 999
people were sentenced to 13 thousand 370 months in prison in total. 63
people were fined 268 thousand 235 lira in total.
While 4
thousand 450
people were subjected to the physical violence of law enforcement, 90
people were wounded by the shots fired by them.
A total of
160 people
lost their lives in the attacks targeting meetings and demonstrations;
while 19 of these deaths occurred as a result of the law enforcement's
use of force, 141 people died in bomb attacks.
The highest
number of
violations were recorded in Ankara, İstanbul, İzmir, Diyarbakır,
Malatya, Van, Adana, Kocaeli, Mersin and Mardin.
While 3
thousand 983
violations were witnessed at protest demonstrations, 358 were in
political events, 124 in cultural, artistic and sports activities and
77 were witnessed during funerals and condolences. 229 violations
happened as a result of general bans on meetings and demonstrations. 98
percent of them targeted outdoor meetings and demonstrations.
When
considered by
subjects, it was seen that the highest rate of rights violations
happened during the protests against the discharges by Statutory
Decrees and at the meetings and demonstrations about the Kurdish
question. As for the groups most frequently facing the violations in
this period, they were lawyers, politicians, association/union/chamber
executives, artists, academics and press laborers, respectively. (BIA, 28 May 2021)
Saturday Mothers/People demand justice for
26 years
Saturday
Mothers/People
have been asking the fate and whereabouts of their enforced disappeared
loved ones since May 27, 1995. On the 26th anniversary, they were once
again at Galatasaray Square in İstanbul, where they expressed their
demand for justice every Saturday for years, but they have "not been
allowed" to gather since the 700th week in 2018.
Meeting at
the square in
Beyoğlu, Saturday Mothers/People laid red carnations at the square,
saying, "Galatasaray Square, where we gathered to ask 'Where are our
losses' 26 years ago, has become a meeting place with our losses for
us. We will not give up Galatasaray Square, which has turned into a
site of memory known by the world with us."
Among the
ones who laid
carnations on the square were also Peoples' Democratic Party (HDP)
Co-Chair Pervin Buldan, HDP İstanbul MP Oya Ersoy, HDP İstanbul MP
Dilşad Canbaz Kaya and main opposition Republican People's Party (CHP)
İstanbul MP Sezgin Tanrıkulu.
Buldan: We
won't give up
Speaking at
the
gathering, Buldan said, "Those who banned this square to us should know
that we will never give up seeking justice. We would like to especially
note that we will seek a fair trial. This struggle will continue until
the losses are found and perpetrators are put on trial."
'Struggle
until last
missing person is found'
A message
was also shared
on the Twitter account of Saturday Mothers:
"26 years
ago today, we
took to Galatasaray Square for our people whose existence was denied
after they had been detained by the security forces of the state; we
went there for the truth and for justice.
"We have
not given up our
losses or Galatasaray, our site of truth and memory, despite all
pressure, disregard and obstructions.
"We have
promised our
losses. We will not give up until our last loss is found. We will not
forgive the ones who made our loved ones disappear and the ones who
protect the people who made them disappear."
What
happened?
It was 25
years ago on
May 27, 1995 that Saturday Mothers/People gathered for the first time
at Galatasaray Square for the ones disappeared in custody. The first
sit-in protests started after the deceased body of Hasan Ocak, who was
taken into custody on March 21, 1995, was found in the Cemetery of the
Nameless after being tortured.
The
Saturday protests at
Galatasaray Square were interrupted for an indefinite period of time on
March 13, 1999 due to heavy police intervention for the last three
years. The interruption continued for the next 10 years.
The silent
sit-in
protests of Saturday Mothers/People, which they started again at
Galatasaray Square in 2009, continued until the police intervention in
August 2018.
In the
700th sit-in on
August 25, 2018, the police attacked the crowd with rubber bullets,
detaining several relatives of the disappeared. The detained were
released after giving their statements on the same day.
Speaking
about the
incident, Human Rights Association (İHD) İstanbul Chair Gülseren Yoleri
said that the 700th week gathering was "arbitrarily banned with a
decision signed by the Beyoğlu Sub-Governor within the knowledge of
Interior Minister Süleyman Soylu.
Detained in
the 700th
week, Maside Ocak said, "In 1997, we used to be detained as two
generations; today, we were detained as three."
Maside
Ocak, the elder
sister of Hasan Ocak, whose dead body was found in a common grave after
he was detained on March 21, 1995, said that her 82-year-old mother
Emine Ocak was attempted to be detained as well, she was not taken to
the police bus at the last minute, she was pushed with police shields
and her arms were bruised.
According
to the data of
the Truth Justice Memory Center, 1,352 people have been subjected to
enforced disappearance in Turkey. (BIA, 28 May 2021)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Marche des fiertés à Istanbul: un
photographe de l'AFP interpellé
Un photographe de l'AFP, Bülent Kiliç, a
été interpellé samedi par les forces de l'ordre lorsqu'il couvrait la
dispersion de la marche des fiertés d'Istanbul interdite par les
autorités, ont rapporté des témoins et des défenseurs de la liberté de
la presse.
"Nous condamnons l'interpellation du reporter de l'AFP Bülent Kiliç qui
couvrait la marche des fiertés à Taksim (...) Nous réclamons sa
libération immédiate", a réagi sur Twitter Reporters Sans Frontières en
Turquie.
L'AFP à Istanbul a contacté les autorités turques pour demander la
libération de son photographe.
Une image montrant le moment de l'interpellation du journaliste, plaqué
au sol par des policiers qui pressent avec leurs jambes sur son corps,
a été diffusée sur les réseaux sociaux.
Bulent Kiliç a été interpellé alors qu'il couvrait la dispersion de la
marche des fiertés d'Istanbul interdite par les autorités.
Selon des activistes, les forces de l'ordre ont interpellé
plusieurs manifestants qui se sont réunis dans une rue de Taksim, un
quartier central d'Istanbul qui accueille traditionnellement la gay
pride.
Après une spectaculaire marche des fiertés qui a réuni en 2014 plus de
100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques l'ont interdite
année après année, officiellement pour des raisons de sécurité.
Les associations LGBT dénoncent une "campagne de haine" menée depuis
des années à leur encontre par le gouvernement turc, au risque
d'encourager les violences contre une communauté particulièrement
vulnérable. (AFP,
26 juin 2021)
Twenty people fired from pro-AKP
think tank (SETA) framing
journalists
Several people have been fired or resigned from the Foundation for
Political, Economic and Social Research (SETA), its employees revealed
on Twitter.
Seven coordinators of the think tank announced their resignation
yesterday (June 23), after the firings of 20 employees.
While the SETA did not make a statement on the issue, it deleted the
coordinators' profile pages from its website.
The SETA drew international criticism over its July 2019 report titled
"Extensions of Foreign Media Outlets in Turkey," which included
background information and social media interactions of journalists
working for Turkish services of BBC, DW, Voice of America and Sputnik.
Claiming that these outlets were carrying out "perception management
work," SETA was accused of "framing journalists" by journalism
organizations.
Prosecutors had refused to prosecute the case, stating that the report
did not violate freedom of expression.
On July 6, the SETA Foundation published a report entitled
"International Media Outlets' Extensions in Turkey". The report listed
the professional backgrounds and social media posts of journalists
working at BBC Türkçe, Deutsche Welle Türkçe, the Voice of America,
Sputnik Turkey, Euronews Turkey, Independent Turkey and China Radio
International (CRI) Turkey. The report accused these organizations of
"carrying out a perception work."
Citing the social media posts and retweets of the journalists, the SETA
also referred to the newspapers and news websites BirGün, T24, bianet,
Evrensel, Cumhuriyet, Diken, DW Türkçe and Reporters Without Borders
(RSF) as "the media that come to the fore with their anti-government
news."
In response to this report, which sparked outrage on social media
especially among journalists, the Journalists' Union of Turkey (TGS)
and Media and Law Studies Association (MLSA) filed a criminal complaint.
Journalism organizations also held a press conference on July 9 and
stated, "If anything happens to a single colleague of ours, the SETA is
to blame." 21 international organizations signed a statement condemning
the report and said, "Such a witch-hunt is especially dangerous in the
tension and political polarization currently characterizing Turkish
society."
(BIA,
24 June 2021)
Journalist Mustafa Uslu beaten,
equipment broken in Kocaeli
Turkish
authorities should ensure that the people who beat journalist Mustafa
Uslu are held accountable and prosecuted, the Committee to Protect
Journalists said today.
Yesterday,
four
people in the northwestern province of Kocaeli attacked Uslu, a
reporter for the pro-government İhlas News Agency (İHA), while he was
covering authorities’ demolition of a ranch owned by opposition
politician Lütfü Türkkan, according
to multiple reports from his
employer and a statement by the Journalists’ Society of
Turkey in
Istanbul, a local trade group.
The
attackers
hit Uslu, knocked him to the ground, kicked and hit him in the face,
and also smashed his camera and drone, according to those reports. Uslu
was hospitalized following the attack, and his condition is not severe,
according to reports.
Police
arrested
the four attackers at the scene and identified one of them as Türkkan’s
nephew İbrahim Hasırcı, according to
local news reports and İHA. Police
ordered Hasırcı detained pending investigation, and released the other
three suspects—identified as one of Hasırcı’s friends, a ranch
employee, and Türkkan’s driver—under 90 days of judicial control,
similar to parole, according to those reports.
“Turkish
authorities must ensure that those who attacked journalist Mustafa Uslu
are prosecuted to the full extent of the law,” said Gulnoza Said, CPJ’s
Europe and Central Asia program coordinator, in New York. “Physical
attacks on journalists in Turkey are far too common, and the only way
to finally end such assaults is to show that perpetrators will face
justice.”
Türkkan, a
parliamentary deputy of Kocaeli from the opposition front’s Good Party
(IYI), wrote on Twitter that he learned of the attack with
“great
sadness,” and also tweeted that he had contacted Uslu’s
family and
would compensate them.
CPJ emailed
Türkkan and the Kocaeli chief prosecutor’s office but did not
immediately receive any replies.
Separately,
on
June 10, reporter Ahmet Atmaca was beaten in the southeastern
city of
Gaziantep, and on June 22, reporter İbrahim Akkuş was beaten
in the
northern province of Samsun, as CPJ documented. Authorities identified,
questioned, and then released the suspects in both cases.
Physical
attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted, according
to CPJ reporting. (CPJ, June 23, 2021)
Journalist İbrahim Akkuş beaten with pipe in Turkey
Turkish authorities must investigate the
recent attack on journalist İbrahim Akkuş, hold the perpetrators to
account, and ensure his safety, the Committee to Protect Journalists
said today.
Yesterday, three employees of a construction company in the 19 Mayıs
District of the northern province of Samsun attacked Akkuş, a reporter
for the nationalist daily Yeniçağ, after he reported on allegedly
flawed construction by their company, according to news reports and a
report by Yeniçağ.
One of the attackers hit Akkuş on the back and head with a pipe,
according to those sources. He sustained bruising on his head and back,
and went to a local hospital to document those injuries, which were not
severe, he told CPJ in a phone interview and also told the YouTube news
channel Medya Koridoru.
The journalist filed a criminal complaint, and authorities arrested and
questioned the three suspects and then released them pending an
investigation, those reports said. The attackers also filed a counter
complaint against Akkuş, accusing him of defamation and attacking them
with pepper spray during the confrontation yesterday, the journalist
told CPJ.
“Turkish authorities should thoroughly investigate the recent attack on
journalist İbrahim Akkuş, and provide him with security so he can work
freely,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central Asia program
coordinator, in New York. “Assaults on journalists in Turkey are far
too common, and will only cease when authorities show that they take
such cases seriously.”
On June 19, Akkuş posted video and pictures on his personal Facebook
account alleging that the construction company had poorly built a local
municipal building. Akkuş frequently posts independent reporting on his
Facebook page, where he has about 1,400 followers.
During the Medya Koridoru interview, Akkuş said that he was at the
municipal building yesterday to follow-up on his June 19 reporting when
he was attacked. He had previously reported on the construction site in
February, and workers there threatened him, saying he was lucky that he
had been accompanied to the site by a politician, Akkuş told CPJ.
CPJ emailed the Samsun chief prosecutor’s office and the Bayındırlar
Construction Corporation, which is in charge of the construction site,
for comment, but did not immediately receive any replies.
Akkuş told CPJ that he is worried about his safety but stands by his
reporting.
Previously, on June 10, Turkish journalist Ahmet Atmaca was beaten in
the southeastern city of Gaziantep, as CPJ documented at the time.
Police identified, questioned, and then released four suspects in that
attack, according to reports.
Physical attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted,
according to CPJ reporting. (CPJ, 22 June 2021)
RSF: Turkey uses terrorism legislation
to gag, jail journalists
The Reporters Without Borders (RSF) has documented 12 cases of
journalists currently prosecuted in Turkey as per the Anti-Terror Law
(TMK) and shared its observations regarding the cases in a press
release titled "Turkey using terrorism legislation to gag and jail
journalists."
Giving information about the cases of journalists Alican Uludağ, Olcay
Büyükbaş Akça, Duygu Güvenç, Canan Coşkun, Ali Açar ve Can Uğur,
Abdurrahman Gök, Hazal Ocak, İpek Özbey, Vedat Arık and Can Dündar, the
RSF has underlined that the related terrorism legislation "prohibits
questioning the security forces" and warned that "manipulation of
Turkey's judicial system is undermining press freedom."
"Reporters who cover public interest stories in Turkey increasingly
risk imprisonment," the RSF has stressed, explaining it as follows:
"Those who investigate the government's actions with regard to Islamic
State, the arms it has sent to Syria, or abuses by the security forces
are systematically accused of 'espionage,' 'terrorist propaganda,'
'defaming' the judicial system or the security forces or even
'attacking an anti-terrorism agent'."
The RSF has reiterated that the "journalists who want to report the
news are under constant threat of being jailed."
News on 'hidden file in Ankara Massacre case'
The RSF has first referred to the trial of Cumhuriyet Newspaper's
Managing Editor Responsible for Legal Affairs Olcay Büyüktaş Akça and
former Ankara correspondent Alican Uludağ, who were acquitted at their
final hearing at the İstanbul 32nd Heavy Penal Court yesterday (June
15).
"In the trial [...], two veteran journalists – former Cumhuriyet
reporter Alican Uludağ and current editor-in-chief Olcay Büyükbaş Akça
– are being prosecuted for investigative reporting that suggested that
'negligence' by the security forces was to blame for the failure to
prevent the two bomb attacks at Ankara's central railway station on 10
October 2015 that left 107 dead."
The RSF has noted that they were "facing up to 3 years in prison for
'exposing anti-terrorist officers to the threat of terrorist
organisations' because they reported that the security forces had
stopped following an Islamic State unit that was looking for material
with which to make the bombs that ended up being used in the Ankara
attacks, and because they named the shop that the terrorists visiting
shortly before the bombings."
Systematic appeals against acquittals
Moving on to another lawsuit against Alican Uludağ, the organization
has commented, "Denial of the rule of law in Turkey has increased to
the point that journalists can derive no relief when they are acquitted
because the prosecution invariably appeals against their acquittal and
goes out of its way to ensure that the higher court convicts them."
As indicated by the RSF, the related situation has "already happened to
Uludağ and another former Cumhuriyet reporter, Duygu Güvenç."
"In October 2020, they were acquitted of 'defaming the judicial system'
for describing US priest Andrew Bronson's release in October 2019 after
negotiations with the United States as 'political.' But the prosecution
immediately appealed, demanding prison sentences."
In the trial where both journalists have been acquitted, the appeal
hearing is to be held in the coming months.
'Berkin Elvan' lawsuit against journalists
The RSF has also referred to the case where journalists Canan Coşkun,
Can Uğur and Ali Açar are facing prison sentence on the grounds that
they allegedly disclosed the identity of the police officer who shot
Berkin Elvan in Okmeydanı, İstanbul during Gezi in 2013.
"At a hearing in Istanbul on 8 June that an RSF representative
attended, the prosecution asked the court to jail them for three years.
The next hearing is set for 7 October, when the court could issue a
verdict."
Court case against Abdurahman Gök
As recalled by the RSF, "the targets also include Abdurrahman Gök, a
photoreporter for the Mezopotamya Agency (MA) facing possible sentences
totalling 27 years in prison on charges linked to his journalism."
"One of his photos resulted in police officers being charged with
involvement in the death of a youth, Kemal Kurkut, during the Kurdish
New Year festivities in March 2017. Accused of being a member of the
outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK) and of PKK 'propaganda,' Gök is
due to appear in court again in the southeastern city of Diyarbakır on
30 September'."
Documenting the trials of journalists in Turkey, the RSF has also
addressed the cases where journalists face charges over a news report
about Fahrettin Altun, the Presidency's Communications Director.
"The law protecting 'anti-terrorism agents' is proving to be
particularly useful in ensuring impunity for government allies," the
RSF has stressed, recalling that "four Cumhuriyet journalists – Hazal
Ocak, İpek Özbey, Vedat Arık and editor Akça – are facing possible
three-year jail terms" after they reported that Altun had built an
illegal annex to his home on the Bosphorus.
Underlining that the journalists are facing charges "over a story that
has nothing to do with terrorism," the RSF has also announced that the
trial is due to be held in İstanbul on June 24, 2021.
Lastly, it has also referred to Can Dündar under the sub-title "pursued
into exile", saying, "The government meanwhile refuses to abandon its
attempts to exact judicial vengeance" on Can Dündar.
Turkey is ranked 153rd out of 180 countries in the Reporters Without
Borders (RSF) 2021 World Press Freedom Index. (BIA, 16 June 2021)
CEDH: double condamnation de la Turquie pour violation
de la liberté
d'expression
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a prononcé mardi deux
condamnations contre la Turquie pour des violations de la liberté
d'expression, à l'encontre d'une employée de service public et d'un
étudiant qui avaient exprimé leur opposition envers les autorités.
Le premier cas concerne une employée contractuelle du ministère de
l'Education nationale turc qui avait apposé la mention "J'aime" sur
Facebook sur certains contenus, critiquant notamment les pratiques
répressives dont sont accusées les autorités, ou encourageant à
manifester contre ces pratiques.
L'employée avait été licenciée sans indemnisation, les autorités
turques estimant que ces mentions pouvaient "perturber la paix et la
tranquillité du lieu de travail". Elle avait ensuite été déboutée en
justice, alors qu'elle demandait sa réintégration.
A l'unanimité, les sept juges de la CEDH ont estimé que cette employée
avait été licenciée en violation du droit à la liberté d'expression,
garanti par l'article 10 de la Convention européenne des droits de
l'homme.
"L'article 10 ne laisse guère de place pour des restrictions à la
liberté d'expression dans deux domaines: celui du discours politique et
celui des questions d'intérêt général", soulignent les magistrats dans
leur décision. Ils notent que les motifs du licenciement "ne peuvent
être considérés comme pertinents et suffisants".
La Turquie a par conséquent été condamnée à verser 2.000 euros à
l'ex-employée pour "dommage moral".
Le deuxième dossier concerne un étudiant, condamné au pénal après avoir
prononcé en 2012 un discours de soutien à des étudiants placés en garde
à vue pour s'être opposés à la venue de Recep Tayyip Erdogan, alors
Premier ministre, sur un campus universitaire.
La CEDH reconnaît que les propos de l'étudiant contenaient "une
certaine défiance et une dose d'hostilité" à l'égard de M. Erdogan,
mais souligne que "les limites de la critique admissible sont plus
larges à l'égard d'un homme politique, visé en cette qualité, que d'un
simple particulier".
Elle estime qu'il n'y a "pas de rapport de proportionnalité
raisonnable" entre la condamnation de l'étudiant et "le but légitime de
la protection de la réputation de la personne concernée".
A l'unanimité, les sept juges ont donc condamné la Turquie pour
atteinte à la liberté d'expression, et lui ont ordonné de verser 2.000
euros à l'étudiant pour "dommage moral", et 2.000 euros pour frais et
dépens. (AFP,
15 juin 2021)
Privés
de concerts, les musiciens déchantent en Turquie
Lorsque les bars d'Istanbul ont rouvert début juin, le chanteur turc
Seref Erdeniz croyait qu'il allait enfin reprendre du service après des
mois de disette qui l'ont contraint à vendre sa guitare pour payer ses
factures.
Aussi, lorsque le gouvernement a annoncé que les performances musicales
et concerts resteraient interdits dans le cadre des mesures visant à
combattre la pandémie de nouveau coronavirus, l'espoir a laissé place à
la colère.
Vendre son instrument "a été un moment très douloureux", explique à
l'AFP Erdeniz, chanteur de pop âgé de 34 ans. "Ma guitare m'a
accompagné pendant des années sur scène. J'écrivais même des chansons
dessus", dit-il, la voix brisée.
Comme lui, de nombreux artistes ont été heurtés par la décision du
gouvernement de maintenir l'interdiction des concerts, n'y voyant
aucune justification sanitaire alors que les restaurants et bars, où de
nombreux chanteurs et musiciens se produisent en temps normal, ont
rouvert.
Alors qu'elle enregistrait plus de 60.000 cas de coronavirus par
jour, la Turquie s'est astreinte le mois dernier à un confinement
strict pour enrayer cette progression avant l'ouverture de la haute
saison touristique.
Résultat, le nombre d'infections quotidiennes a été divisé par dix en
un mois, selon les chiffres officiels, et les restaurants, cafés et
bars ont pu rouvrir le 1er juin.
Les musiciens ont donc l'impression d'être injustement écartés de la
reprise.
- Cordes coupées -
Pour exprimer son mécontentement, le célèbre compositeur Hakan Altun
s'est filmé en train de découper les cordes de sa guitare, un geste
imité par plusieurs musiciens.
Le chanteur Tarkan, star mondiale dans les années 1990, a accusé le
gouvernement de "manquer de respect envers l'art et les artistes".
Sans revenus et quasiment sans soutien de l'Etat, les musiciens turcs
font partie des catégories qui ont le plus souffert de la pandémie.
Selon plusieurs médias, une centaine d'entre eux se sont suicidés
depuis mars 2020.
Pour récolter de l'aide pour leurs confrères plus démunis, des artistes
célèbres ont vendu leurs instruments aux enchères.
"Il y a des histoires à fendre le coeur", explique Vedat Sakman, un
artiste âgé de 71 ans qui possède un café avec une scène où se
produisent d'habitude des musiciens à Kadiköy, sur la rive asiatique
d'Istanbul.
"Certains musiciens demandent à la mairie d'étaler le paiement de leur
facture d'eau de 100 livres turques (environ 10 euros)", souffle-t-il.
La dernière fois que la scène musicale turque a traversé des
difficultés aussi importantes, c'était après le putsch militaire de
1980, estime Sakman.
"A cette époque, on jouait derrière portes closes de minuit à 5H00 du
matin", se souvient-il. "Mais aujourd'hui, c'est bien pire: il n'y a
rien. Rien."
- "Absurde" -
Interdire les performances dans les bars et restaurants "est absurde",
juge le professeur Bülent Ertugrul, membre de la Société turque de
microbiologie clinique et des maladies infectieuses.
"Si on justifie cette mesure par le risque de contagion, alors il
faudrait fermer" ces établissements, ajoute-t-il.
Des musiciens soupçonnent même M. Erdogan de mener contre eux une
"guerre culturelle" pour satisfaire ses électeurs conservateurs au
moment où sa côte de popularité chute.
Les musiciens "symbolisent le mode de vie +laïque+ et +hédoniste+ que
réprouve le gouvernement", souligne Dogan Gürpinar, historien à
l'Université technique d'Istanbul.
Face à cette situation, le principal parti d'opposition CHP
(social-démocrate), qui contrôle la mairie, a lancé en mai un programme
baptisé "Istanbul est une scène" qui permet aux artistes de chanter
--en étant rémunérés-- dans les parcs et sur les places publiques.
C'est grâce à cette initiative que la chanteuse Ozge Metin a pu se
produire sur une place de Kadiköy, sous un soleil radieux et devant une
foule dansante.
"Cela faisait 15 mois que je n'avais pas pu chanter", explique Mme
Metin à l'AFP. "Les cafés et restaurants sont ouverts, mais on n'a pas
le droit de s'y produire. Cela laisse songeur", ajoute-t-elle.
Face à l'incompréhension et la colère de ses jeunes confrères, le
vétéran Sakman appelle à la patience.
"Nous avons survécu à des coups d'Etat et des jours plus durs",
confie-t-il. "Nous avons toujours trouvé une solution et vous y
arriverez aussi". (AFP, 15 juin 2021)
Journalist
Ahmet Atmaca beaten in Gaziantep
Turkish journalist Ahmet Atmaca is seen after being attacked in
Gaziantep. (Photo: İLKHA TV/YouTube)
Istanbul, June 10, 2021 – Turkish authorities should conduct a swift
and through investigation into the attack on journalist Ahmet Atmaca
and hold the perpetrators to account, the Committee to Protect
Journalists said today.
This morning, a group of people in the southeastern city of Gaziantep
attacked Atmaca, a reporter for the pro-government Demirören News
Agency, while he was at a local morgue covering the case of a man who
had recently been killed in a knife fight, according to a report by his
employer, a statement by the Gaziantep Journalists Society, a local
press group, and video of the attack published by the newspaper
Hürriyet.
While the victim was being transferred from the morgue, a group people
nearby began hitting and kicking Atmaca, and continued beating him
until his colleagues and police intervened, according to those sources,
which said that the journalist was hospitalized after the attack and
was not in critical condition.
Atmaca filed a criminal complaint concerning the attack and police have
opened an investigation, his employer reported.
“Turkey desperately needs to improve its track record regarding
impunity for those who physically attack and hurt journalists who are
carrying out their work,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central
Asia program coordinator, in New York. “Today’s attack on reporter
Ahmet Atmaca is a perfect opportunity for authorities to show that they
can conduct fast and thorough investigations into such assaults, and
hold those responsible to account.”
Atmaca’s recent work for Demirören News Agency includes news coverage
of local traffic accidents, government events, COVID-19 measures, and
notable deaths.
CPJ was unable to immediately determine the details of the injuries
Atmaca sustained in the attack, or what sparked the violence. CPJ
called Demirören News Agency for comment and sent it a message via
messaging app, but did not immediately receive any replies.
Physical attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted, as CPJ
has documented.
CPJ emailed the Gaziantep police for comment but did not immediately
receive any reply. (CPJ, June 10, 2021)
Turkish
presidency reintroduces press card
controls that court found
restrictive
On April 1 this year, press freedom groups in Turkey chalked up a small
win when the nation’s top administrative court, the Council of State,
suspended 2018 rules that made it easier for the authorities to cancel
or refuse press cards. The changes had transferred authority over press
cards to the presidency and barred them in connection with vague
transgressions such as diminishing the dignity of the media profession
or acting against national security, according to news reports.
Then in May, Fahrettin Altun, head of the presidential communications
directorate which regulates the press card process, announced on
Twitter that new, replacement regulations had been put into effect.
“The clauses that prevent those who make propaganda for terrorism and
violence from hiding behind the press card were strengthened,” he wrote.
The revision was worse than the original, according to Gökhan Durmuş,
chair of the Journalist’s Union of Turkey known by its Turkish acronym
TGS, who spoke with CPJ. Notably, they re-establish Altun’s authority
to decide who gets a card, he said.
Press cards increase access for local reporters in the field, and
foreign media workers can’t get a residence permit without one,
journalists told CPJ. Yet the state decides who will get them and who
will not, creating a tool to reward pro-government coverage, they said.
Turkish officials have tried to deflect criticism for imprisoning
dozens of journalists by claiming that those who lack card aren’t
members of the press; President Recep Tayyip Erdoğan said in 2018 that
if they had credentials, they must have been issued by terrorists. New
regulation is a bad sign, since the situation had worsened under the
2018 rules, according to CPJ interviews.
The revised rules say cards could be revoked if journalists create
content that praises terror, endangers national security or provokes
animosity and hatred, Durmuş told CPJ. “When you word it like that,
there is no problem,” he said. “But who will decide? The problem starts
there,” he said.
The revisions also enable the communications directorate to cancel
permanent credentials – granted to card holders after 20 years – if
they diminish the card’s “integrity,” meaning even senior journalists
could be stripped of their status over a social media post, Durmuş said.
CPJ emailed the Directorate of Communications for comment but received
no reply.
Press cards come with perks such as free or discounted public
transportation and the right to retire early, according to Durmuş,
though their main utility is that police often require anyone reporting
from parliament, official events, or even public locations to present
one.
“Journalists who had not felt the need to take that card out of their
pockets in previous years now have to carry it around their necks,
especially if they are covering social events,” Durmuş told CPJ.
Yet cards are not accessible to everyone, he and others told CPJ –
journalists must show two years’ worth of employment under a high rate
of insurance to qualify, and digital media outlets are ineligible.
Several journalists working for opposition or pro-Kurdish media told
CPJ they don’t have a card, either because they were denied access or
have opted out of the process, asserting bias. In April, Vice President
Fuat Oktay was quoted in news reports saying 15,148 press cards were in
use, but Durmuş estimated there are about 25,000 print and
broadcastjournalists working in Turkey, not to mention those at digital
outlets, he said. Given that some permanent card holders are
semi-retired, he guessed that only about a quarter of the actual press
corps are credentialed.
After the 2016 failed coup attempt, CPJ has noted before, the Turkish
government canceled nearly 2000 press cards in 2016-2018, and another
1400 in 2020. They also changed the card’s color from yellow to
turquoise and required yellow card holders to reapply.Durmuş said he is
one of roughly 300 journalists who are still waiting for the evaluation
of their reapplications, including some permanent card holders.
Fatih Polat, chief editor of the Evrensel daily newspaper, told CPJ by
phone in May that he and other staff have been waiting for more than
two years to replace yellow cards that expired in 2019. “They still
haven’t given us the turquoise ones,” he said. “We are worried about
the situation with this new regulation.”
Canan Coşkun, a reporter for the independent news website Diken, told
CPJ that she only had a card was when she was working for the
independent daily Cumhuriyet. She has been working with digital outlets
since she let the newspaper and has not been eligible since, she said.
When she applied for the alternative freelancers’ card, she was asked
if she had a criminal record.
“Of course I had [a record],” Coşkun told CPJ. “It is not really
possible to work at Cumhuriyet without being tried and convicted due to
your reporting,” she said. In 2018, CPJ documented Coşkun’s conviction
for “making targets of those assigned to combat terrorism” in relation
to her work.
Coşkun said the lack of the card does not affect her job, although she
is occasionally excluded from courtrooms. “Most of the time we overcome
[the situation] by explaining to the security personnel” she said.
Veteran journalist Mehveş Evin was fired from the daily Milliyet
newspaper in 2015 after writing about the clashes in Turkey’s
southeastern Kurdish region, she told CPJ via messaging app; her
dismissal was noted by local news reports as well as Human Rights
Watch. She did not apply for credentials again, in part because so many
colleagues’ cards were canceled after the 2016 coup attempt, she said.
“Even if I change my mind today, they would never give it to me.”
Ferhat Çelik, an editor from the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency,
told CPJ that none of its staff has the card because the agency is not
practicing the required pro-government journalism. “[No one] working
with us has the card because of this,” he said. “It is not given to us
even if we fit the criteria.”
For foreign journalists, credentials are a prerequisite for a residence
permit, Chris Feiland, chair of the Foreign Media Association in
Istanbul, told CPJ by messaging app. “Without a valid press card,
foreign media personnel have no choice but to leave the country,” he
said.
“Especially outside big cities and during demonstrations, [we] get
asked for the press card all the time,” he said, noting that an
international press card was sometimes accepted in the field.
Feiland said the government’s control over the system was a problem,
and cited occasional instances of press cards not being renewed or
foreign media workers being deported, but noted that the system had
been functioning more smoothly since the process for foreign applicants
was revamped late last year.
Durmuş, of the journalists’ union, said the government should consult
professional organizations before issuing press card rules. Along with
other press freedom groups, the union has gone from welcoming the
Council of State’s judgement on the old press card rules, to
challenging the new ones in court, he said. (CPJ, June 9, 2021)
Writer Nurcan Kaya faces up to 5
years in prison over a tweet
The prosecutor's office has presented its final opinion as to the
accusations in the trial where human rights defender and writer Nurcan
Kaya is facing charges due to her social media messages.
At the third hearing held at the Diyarbakır 9th Heavy Penal Court today
(June 9), the prosecutor demanded up to five years in prison for Kaya
on charge of "successively propagandizing for a terrorist organization."
While Kaya did not attend the hearing, her attorney Erselan Aktan was
present in the courtroom. As reported by the Media and Law Studies
Association (MLSA), the prosecutor was the first to take the floor.
Stating that the office had no request of an extension of inquiry, the
prosecutor presented the final opinion, where there was a reference to
the following post:
"Not only Kurds but all people residing in Kobanê are in resistance.
Democrat Arabs are also resisting..."
According to the prosecutor's office, with this tweet dated 2014, Kaya
publicly "justified, praised and encouraged the forceful, violent and
threatening methods of the Kurdistan Workers' Party (PKK), Kurdistan
Communities Union (KCK) and People's Protection Units (YPG)". The
office requested her penalization for "successive terrorist propaganda"
via the press.
Attorney Aktan noted that they do not accept the prosecutor's opinion
and requested time to present their defenses against it.
The court granted Kaya and her attorneys time until the next hearing,
for which the date was set to September 27, 2021. (BIA, 9 June 2021)
Making ‘peace news’ against Afrin operation,
journalist sentenced to
prison
Ozan Kaplanoğlu, the Managing Chief Editor of BursaMuhalif.com local
news website, has been sentenced to 1 year, 10 months, 15 days in
prison on the grounds that he reported on the press statement against
Turkey's "Operation Olive Branch" or "Afrin Operation" into Syria in
2018.
Charged with "propagandizing for a terrorist organization", Kaplanoğlu
had his final hearing at the Bursa 10th Heavy Penal Court yesterday
(June 10). Kaplanoğlu has been convicted of the offense charged. Labor
Party (EMEP) Provincial Chair Hasan Özaydın, who read the statement "We
side with peace, not war" and stood trial in the same file, has been
acquitted.
Making a statement after the hearing, the journalist's lawyer Özgür
Özcan said, "The sentence given is purely political. It is not a crime
to defend journalism; defending peace is not a crime in any way at all.
An appeal can be lodged against the ruling, we will follow up the
process."
Sentenced to prison over a news report, Kaplanoğlu stated, "Neither is
it a crime to defend peace, nor is it a crime to defend people's right
to obtain information. We, as honorable journalists, will keep on
telling people the truths and being the voice of the oppressed."
What happened?
On January 30, 2018, occupational organizations and political parties
in Bursa province protested the Turkish Armed Forces' cross-border
military operation into Syria by releasing a joint statement.
Following this press statement, first, journalist Ozan Kaplanoğlu was
detained on February 2, then, Özaydın was detained on February 3 on the
grounds that they allegedly propagandized for the outlawed Kurdistan
Workers' Party (PKK). Referred to the court on February 5, Kaplanoğlu
was released while Özaydın was arrested. Following his defense at the
first hearing on April 10, Özaydın was released pending trial. (BIA, 9 June 2021)
Turkey
requests a red notice for journalist Can
Dündar
With his case file separated, journalist Can Dündar's hearing was held
at the İstanbul 14th High Criminal Court today (June 8).
Put on trial over a news report published on Cumhuriyet newspaper
regarding the trucks of the National Intelligence Organization (MİT)
stopped by gendarmerie officers, the then Editor-in-Chief of the
newspaper was previously sentenced to 27 years, 6 months in prison.
The court board has ruled that an extradition request shall be formed
for Can Dündar, who is currently in Germany, and an arrest warrant
shall be issued against the journalist. In addition, the court will
also write to the Justice Ministry of Turkey so that a red notice will
be issued against Dündar. The next hearing of the case will be held on
October 6, 2021.
Following the interim ruling of the court, Can Dündar has made a
statement on Twitter. Underlining that a red notice can only be issued
by the Interpol, Dündar has briefly said the following:
"Courts can only demand that the Ministry of Justice apply to the
Interpol to issue a red notice. And, as the Interpol knows that the
real aim is to silence the dissidents, it takes none of the
applications of Ankara seriously. Interpol has understood that the
Turkish Government is misusing the red notice. For this reason, Turkey
cannot get the real culprits back.
"In other words, murderers, putschists, drug traffickers, etc. get away
thanks to the [ruling] AKP's desire to punish dissidents."
The Ministry of Justice applied to the Interpol several times before,
demanding that a red notice be issued against Can Dündar. (BIA, 8 June 2021)
Ten journalists stood trial on
'terrorism' charges in two weeks
Ten journalists stood trial for "terrorism-related" offenses in the
last two weeks, according to bianet's Media Monitoring Database.
One journalist was acquitted, two journalists won a case against Turkey
at the ECtHR, one journalist was released from house arrest.
Here is a summary of the cases:
The Redhack trial
Journalists Tunca Öğreten and Mahir Kanaat spent more than 300 days in
pre-trial detention for reporting on leaked emails of then Energy
Minister Berat Albayrak in late 2016.
They faced several charges, including "propagandizing for an illegal
organization," "blocking, damaging information system, destroying or
changing data," "membership of an illegal organization," "committing
crimes on behalf of terrorist organizations as a non-member."
The European Court of Human Rights (ECtHR) concluded on May 18 that the
arrests of Kanaat and Öğreten caused a rights violation.
What happened?
On December 25, 2016, BirGün newspaper employee Mahir Kanaat, Diken
news website's former editor Tunca Öğreten, closed Dicle News Agency's
News Director Ömer Çelik, its former reporter Metin Yoksu, Yolculuk
Newspaper's Chief Editor Eray Sargın and Etkin News Agency's Managing
Editor Derya Okatan were detained for reporting on the emails of Berat
Albayrak, the then Minister of Energy and Natural Resources, that were
shared by RedHack.
Held in detention for 24 days, Öğreten, Kanaat and Çelik were arrested;
the other journalists were released on January 17, 2017.
Çelik, Okatan, Yoksu and Sargın were charged with "propagandizing for
an organization", "blocking, damaging information system, destroying or
changing data", while Kanaat was charged with "membership of an
organization" and Öğreten was charged with "committing crimes on behalf
of the FETÖ and DHKP-C as a non-member."
Arrested as part of the same investigation, the files of Die Welt
reporter Deniz Yücel, journalist Fatih Yağmur and one person coded as
"unknown person" were separated from the file of the other defendants.
The indictment was prepared six months later and the first hearing was
held on October 24, 2017. Ömer Çelik was released at the first hearing.
At the second hearing of the trial held on December 6, 2017, Tunca
Öğreten and Mahir Kanaat, arrested for 323 days, were released with an
international travel ban and a judicial control measure of giving
signatures twice a week
The individual applications of Öğreten and Kanaat to Turkey's
Constitutional Court remained inconclusive.
Vice News reporters
Vice news correspondent Jacob Philip John Gingell Hanrahan, cameraman
Philip John Pendlebury, their translator Mohamed Ismael Rasool and
driver Abdurrahman Direkci were detained on 28 August 2015 when they
came to Diyarbakır to shoot a documentary about the life under curfew
in Cizre, Silopi, Nusaybin and Sur, Kurdish-majority districts in the
southeast where violent clashes between the army and the outlawed
Kurdistan Workers' Party (PKK) were going on at the time.
Charged with "knowingly and willingly aiding an armed terrorist
organization as a non-member" and "propagandizing for a terrorist
organization," prosecutors seek up to 67 years of imprisonment for the
four people.
(BIA, 4 June 2021)
Investigation into journalist Kutlu Adalı's
killing after confessions
of mob boss
Prosecutors in İstanbul have opened an investigation into the 1996
assassination of Cypriot journalist Kutlu Adalı following online
confessions of mob boss Sedat Peker.
Adalı was threatened and killed after writing about an alleged armed
raid on a monastery in Cyprus to rob millions of dollars worth of icons.
In a YouTube video on May 23, Peker claimed that he was the one who was
first picked to carry out the assassination. After being approached by
a security officer, he had sent his brother Atilla Peker as a hitman
but the attempt had failed, he claimed.
One day later, Attila Peker filed a petition with the prosecutors,
explaining in detail what they did in Cyprus with now-retired former
security and intelligence officer Korkut Eken.
Sometime after they returned from Cyprus, Eken had implicitly told him
that Adalı had been killed after a second attempt, said Atilla Peker.
Eken admitted they went to Cyprus together but said he didn't have any
knowledge of an assassination attempt.
Who killed the journalist could never be found. In 2004, the ECtHR
ruled that Turkey had not carried out an effective investigation into
the incident.
The İstanbul Anadolu Chief Public Prosecutor's Office opened an
investigation into the killing yesterday (June 1), after receiving the
petition that Peker submitted to prosecutors in Fethiye, Muğla.
Documents related to the incident would be requested from the Northern
Cyprus administration and Atilla Peker's detailed testimony would be
taken, said the prosecutor's office.
Attila Peker went to the prosecutor's office at around 6 p.m.
yesterday, Sedat Peker said on Twitter. "Many more cases will be
opened, you'll see," he said.
Two former presidents of Northern Cyprus said Peker's confessions
created an opportunity to solve the murder.
"An opportunity to solve the murder"
Mehmet Ali Talat, the second president of Northern Cyprus, noted that
the police officer who had carried out the inquiry about the murder at
the time currently heads the police and this would be an advantage.
"He is some who saw the evidence, he knows who told him to stop at what
stage," he told the Cyprus-based Yenidüzen newspaper yesterday. "Maybe
Ahmet Soyalan doesn't exactly know from which military authority the
instruction came, because he got the instruction from his chief. But he
is certainly a conscious person, I'm sure he also wants the incident to
be uncovered."
"But what is essential here is that politicians [in Northern Cyprus]
should take action and that Turkey should be convinced," he said.
Mustafa Akıncı, the previous president of Northern Cyprus, noted that
Adalı's murder was immediately perceived as a political assassination
carried out by Turkey among the public in Northern Cyprus.
"After concrete statements and concrete names are revealed, it would
not be acceptable from now on to cover up this issue," he told daily
BirGün.
"It has been revealed that this murder, like many similar murders, was
carried out by monstrous fascists that were authorized to serve on
behalf of the Turkish state in cooperation with mafia organizations,"
he said.
Sedat Peker videos
Formerly a pro-government figure who has been living abroad since late
2019, Peker has been releasing videos on state-mafia relations in the
country since early May. Each of the videos where he makes serious
allegations draw millions of viewers.
He has implicated current and former government officials in
international drug trafficking, illegal arms and oil trade with Syria,
political assassinations and corruption.
Among Peker's high profile targets are Interior Minister Süleyman
Soylu, former Interior Minister Mehmet Ağar, former Prime Minister
Binali Yıldırım.
(BIA, 2 June 2021)
Report: Turkey among top countries in violence
towards women
journalists
The Coalition For Women In Journalism (CFWIJ) recorded 70 incidents of
violence, including murder, abduction, detentions and attacks, towards
women journalists in May.
The three countries with the most cases were Belarus, Palestine and
Turkey, according to the report published today (June 1).
The CFWIJ reported the following incidents in Turkey:
• Journalists who followed May 1 Labor Day events across Turkey were
prevented by the police. Their equipment was damaged and they were
battered. At least four women journalists were subjected to police
intervention while covering the events.
• Journalists Derya Saadet and Fatoş Erdoğan were prevented by police
while covering student demonstrations against Israeli attacks in
Palestine.
• Mesopotamia Agency (MA) reporter Ceylan Şahinli was detained while
following the May 1 Labour Day event in Ankara.
• The first hearing of the trial against Roza Metina, the Kurdish
editor of Jin News, was held in Diyarbakır. The court ordered the
prosecutor's office to file its opinion and postponed the next hearing
to September 14, 2021. (BIA, 1 June 2021)
Le romancier Orhan Pamuk
critique violamment le régime d'Erdogan
Ragip DURAN, chroniqueturquie, 29 mai 2021
Orhan
Pamuk, Prix Nobel
de la Littérature (2006) a sévèrement critiqué le régime turc: ‘’Si
vous parlez de la politique on vous frappe en pleine rue’’ a-t-il
déclaré le 27 mai dernier lors d’un rare interview accordé à un nouveau
Pamuk, 69
ans, avoue
qu’il n’aime pas beaucoup les entretiens politiques. ‘’Quand les
journalists me posent des questions politiques, je leur dit que la
liberté d’opinion n’existe pas en Turquie’’ a-t-il précisé.
‘’Les gens
qui parlent de
la politique sont battus en pleine rue, on leur brisent les doigts, on
les menacent et c’est la mafia qui intervient’’ a-t-il poursuivi.
Méticuleux
observateur de
la vie sociale et culturelle du pays, Pamuk, dont les romans sont
traduits en plusieurs langues est l’auteur des chefs d’œuvres comme
‘’La Neige’’, ‘’Je m’appelle rouge’’, ‘’Le Chateau Blanc’’, ‘’Le Livre
Noir’’,enfin ‘’Le Musée de l’innocence’’. Son dernier livre ‘’Les Nuits
de Coléra’’, qu’il avait commencé avant la pandémie de Covid-19,
raconte la vie des gens sous le confinement.
Pamuk se
plaint de
l’inégalite entre les pauvres et les riches. De plus ‘’Les tribunaux ne
sont plus indépendants et ce qui est encore plus important il n’y a
plus de liberte d’opinion. Et ils ne respectent plus les minorités’’.
L’écrivain
de renommé
internationale rappelle que les kurdes ne sont pas représentés sur la
scène politique et qu’il n’y a plus de séparation des pouvoirs en
Turquie.
‘’La
Turquie est devenu
le pays où il y a le plus grand nombre de journaliste dans ses
prisons et elle est en même temps le pays où l’on emprisonne le
plus grand nombre d’opposant’’ a-t-il déclaré.
Pamuk, se
plaint
également des débats politiques diffusés sur les chaînes de télévision:
‘’Quand il n’y a pas de liberté d’opinion, tous ces débats sont
organisés pour cacher quelque chose. Je les suis. İls ne peuvent pas
prononcer le nom du Président par exemple. İls ne peuvent pas critiquer
le pouvoir. Alors quel débat?’’s’est-il exclamé.
Orhan Pamuk
était dans le
passé, avant de recevoir le Prix Nobel, un écrivain très actif sur la
scène des droits de l’homme et des droits des kurdes et ceux des
arméniens. Il participait à presque toutes les manifestations et
marches de protestation.
Aujourd’hui
il est
toujours du coté de la démocratie et de la paix donc toujours un
opposant au régime de l’Homme Unique. Il a été plusieurs fois jugés par
les tribunaux et avait reçu des menaces de mort de la part de
l’extrême-droite nationaliste.
Kurdish
Question / Question kurde
L'Allemagne interdit les
drapeaux du Hamas et du PKK kurde
Le Bundestag, la chambre basse du
Parlement allemand, a adopté une loi interdisant les drapeaux
d'organisations classées comme terroristes par l'Union européenne, dont
le mouvement islamiste palestinien Hamas et le PKK kurde.
Le Bundestag a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi un ensemble de
textes présenté par le gouvernement d'Angela Merkel touchant à la
sécurité. Le Bundesrat, la chambre haute, devait dans la foulée adopter
ce texte.
Un de ces textes prévoit l'interdiction de drapeaux d'organisations
classées terroristes par l'UE, dont le mouvement islamiste palestinien
Hamas ou le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Jusqu'ici, seuls
étaient prohibés les symboles d'organisations interdites par
l'Allemagne.
Une autre disposition législative interdit désormais la publication sur
des forums extrémistes de "listes d'ennemis", comportant souvent des
données personnelles. La publication de ces "listes" sera désormais
passible de trois ans de prison.
L'incitation à la haine contre les juifs, les musulmans, ainsi que
contre les personnes homosexuelles et handicapées va elle aussi être
punie plus sévèrement. Jusqu'ici, les courriers ou mails n'étaient pas
considérés comme des incitations à la haine s'ils n'étaient pas rendus
publics. Cette faille est désormais comblée. (AFP, 25 juin 2021)
La plus haute cour de Turquie
va examiner l'interdiction du parti
prokurde
La plus haute cour de Turquie a accepté
lundi d'ouvrir un procès pour examiner une demande d'interdiction du
principal parti prokurde d'opposition, à deux ans d'élections qui
s'annoncent difficiles pour le président Recep Tayyip Erdogan.
Un procureur avait saisi la Cour constitutionnelle pour demander la
fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième force
politique au Parlement, arguant qu'il a des liens avec le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de "terroriste" par
Ankara.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, la Cour constitutionnelle,
qui avait rejeté en mars un premier acte d'accusation pour un "vice de
procédure", a décidé lundi d'accepter la nouvelle requête du procureur.
Un procès, dont la date n'a pas été annoncée dans l'immédiat,
doit s'ouvrir prochainement. Pour qu'une interdiction du HDP soit
prononcée, il faut que 10 des 15 membres de la Cour constitutionnelle
votent en ce sens.
Au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations avec l'Occident,
cette procédure a suscité l'inquiétude de pays européens et d'ONG qui y
voient un signe supplémentaire de l'érosion de l'Etat de droit sous M.
Erdogan.
Bête noire du président turc, le HDP fait l'objet d'une répression
implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file,
Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations
européennes.
M. Erdogan accuse régulièrement le HDP d'être la "vitrine politique" du
PKK, une organisation qui livre une guérilla sanglante contre l'Etat
turc depuis 1984 dans le sud-est du pays.
Outre l'interdiction du parti, le procureur ayant saisi la Cour
constitutionnelle a réclamé la saisie de ses avoirs et l'exclusion de
451 de ses membres de toute activité politique, une mesure destinée à
empêcher le HDP de renaître sous une nouvelle étiquette.
Le HDP, qui rejette tout lien avec le "terrorisme", a qualifié la
procédure le visant de "putsch politique" et accuse M. Erdogan de
vouloir l'écarter de la prochaine élection présidentielle en 2023.
Dans ce contexte explosif, une employée du HDP a été tuée jeudi par un
homme armé qui a attaqué les bureaux du parti à Izmir (ouest).
Le HDP a accusé le président turc et son gouvernement d'être les
"instigateurs de cette attaque brutale" en raison de leur violente
rhétorique. (AFP,
21 juin 2021)
L’assassinat
d’une militante kurde, conséquence de la
diabolisation du HDP?
Un assaillant a tué par balles, jeudi, une militante du Parti
démocratique des peuples, à Izmir dans l’ouest de la Turquie, lors
d'une attaque contre le bureau de la troisième formation politique du
pays. Cet assassinat intervient dans un contexte tendu, alors que le
pouvoir turc tente de faire interdire le parti kurde.
Alors qu’il est menacé d’interdiction par le pouvoir, le principal
parti kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP) qui
compte des dizaines de députés et de maires dans le pays, a été la
cible d’une attaque meurtrière, jeudi 17 juin, à Izmir, dans l’ouest du
pays.
Un homme armé s’est introduit dans le siège local de la formation et a
tiré à plusieurs reprises sur Deniz Poyraz, une militante âgée de 40
ans qui était en train de cuisiner un plat pour le soir.
Le suspect, un employé "démissionnaire" du secteur de la santé" selon
le bureau du gouverneur d'Izmir, a été arrêté peu après l’attaque. Il
avait aussi tenté d'incendier le bureau de la permanence. Lors de son
premier interrogatoire, il a déclaré que "son objectif était de trouver
quelques personnes à cet endroit", soulignant que "s'il y avait eu
d'autres individus, il leur aurait également tiré dessus."
Si Deniz Poyraz a perdu la vie dans l’attaque, le bilan aurait pu être
bien plus lourd. Le co-président du HDP, Mithat Sancar, a en effet
affirmé à la presse qu'une réunion regroupant 40 cadres du parti devait
avoir lieu dans le bureau d'Izmir, mais elle avait été annulée peu
avant l'attaque, sans lien avec une quelconque menace.
Des "discours aux accents haineux, intolérants et vengeurs"
Ce crime intervient dans un contexte tendu autour du HDP, qui a appelé
à des manifestations pour protester contre l'attaque. Le parti, la
troisième force du pays, est fréquemment la cible d'attaques verbales
émanant du camp du président Recep Tayyip Erdogan et de son partenaire
de coalition informelle, le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême
droite).
Le chef de l'État en personne accuse depuis plusieurs années le HDP
d'être la "vitrine politique" et d’agir comme une "extension" du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement séparatiste kurde
listé comme terroriste par Ankara, mais aussi par les États-Unis ou
encore l'Union européenne. Et ce, malgré les démentis catégoriques du
HDP.
Selon les médias turcs, le suspect, qui a indiqué aux enquêteurs
"n'avoir aucun lien avec qui que ce soit", a affirmé être entré "dans
le bâtiment parce qu'il déteste le PKK".
Depuis l’annonce de son arrestation et la révélation de son identité
par les médias locaux, de nombreuses photographies du suspect circulent
sur les réseaux sociaux, dont certaines le montrent armé et en tenue
paramilitaire en Syrie voisine. Un autre cliché le montre faisant le
signe de ralliement des Loups gris, le groupe ultranationaliste turc,
souvent utilisé par les partisans du MHP. De son côté, le parti
d’extrême droite a qualifié l'attaque contre le bureau du HDP de
"complot" visant "à tester les nerfs de la société turque".
"Il est indéniable qu’une partie de la société turque est mobilisée par
certains discours aux accents haineux, intolérants et vengeurs émanant
des élites politiques du pays", indique Adel Bakawan, spécialiste des
questions kurdes et directeur du Centre français de recherche sur
l’Irak (CFRI), interrogé par France 24. "Ces élites essaient de mettre
en place des stratégies d’instrumentalisation identitaire, sociale,
culturelle et ethnique qui mettent en danger la cohésion sociale en
Turquie".
Peu après l’assassinat de Deniz Poyraz, le HDP a accusé le gouvernement
et le parti au pouvoir, l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan, et ses
alliés, d'être responsables de l’attaque.
"Notre amie, Deniz Poyraz, a été assassinée dans l'attaque perpétrée
dans notre bureau du district d'İzmir. L'instigateur et le
commanditaire de cette attaque brutale est le gouvernement AKP-MHP et
le ministère de l'Intérieur qui prennent constamment pour cible notre
parti et nos membres".
Stratégie de diabolisation
"L’État turc essaye en permanence de diaboliser le HDP en le présentant
comme étant lié idéologiquement et organiquement au PKK, qui est classé
comme une organisation terroriste, explique Adel Bakawan. De son côté,
le HDP, qui est démocratique et civil, rejette catégoriquement tout
lien avec le PKK qui a une vision idéologique et une stratégie d’action
totalement différentes, et demande toujours au pouvoir turc de prouver
ses accusations avec des données factuelles et avérées".
Pour Adel Bakawan, la stratégie de diabolisation du HDP a pour objectif
de convaincre l’appareil judiciaire turc d’interdire le HDP. "C’est le
but ultime du président turc et des procédures en cours qui visent à
atteindre ce but, car le HDP est considéré comme une menace directe
depuis qu’il a privé Recep Tayyip Erdogan et son parti, l’AKP, de la
majorité parlementaire en 2015".
La Cour constitutionnelle de Turquie avait retardé, fin mars, l'examen
d'une demande d'interdiction du HDP, accusé d'activités "terroristes",
en raison de "vices de procédure". Elle a renvoyé le dossier au
procureur, qui avait affirmé dans son acte d'accusation que "les
membres du HDP s'efforcent, par leurs déclarations et leurs actes, de
détruire l'union indivisible entre l'État et la nation", pour un
supplément d'information. Un nouvel acte d'accusation a été soumis en
juin à la Cour qui doit l'examiner dans les prochains jours.
Pour les États-Unis, une éventuelle dissolution "subvertirait de
manière indue la volonté des électeurs turcs, saperait encore davantage
la démocratie en Turquie, et priverait des millions de citoyens turcs
de leurs représentants élus", a fait savoir l'administration Biden.
"Harcèlement judiciaire continu et pression maximale"
"Les cadres dirigeants du HDP que j’ai récemment pu joindre évoquent un
harcèlement judiciaire continu et une pression maximale et ils estiment
qu’une éventuelle interdiction de leur parti seraient synonyme d’un
coup d’État, à un an de la présidentielle en Turquie", souligne Adel
Bakawan.
Le HDP est l'objet de représailles et de vexations depuis le coup
d’État manqué de 2016, avec l'arrestation de plusieurs de ses élus et
de ses dirigeants, dont sa figure de proue Selahattin Demirtas. Ce
dernier a été condamné, le 28 mai, par un tribunal d'Ankara à une
nouvelle peine de deux ans et six mois de prison pour avoir tenu des
propos jugés menaçants à l'encontre d'un procureur en affirmant qu'il
allait lui réclamer "des comptes".
Incarcéré pour "terrorisme" depuis 2016, il risque, malgré les appels
répétés de la Cour européenne des droits de l'homme à le libérer,
jusqu'à 142 ans de prison.
Malgré la répression qui le vise, le HDP, clairement ancré à gauche et
attaché à la défense des minorités, parvient toujours à séduire de
nombreux électeurs, y compris en dehors de sa zone d’influence kurde.
Et ce, grâce à son programme progressiste et écologiste qui lui a
permis de dépasser la barre des 10 % lors des deux élections
législatives de 2015 et de 2019.
"La force du HDP, qui est même plus fort qu’en 2015, réside dans son
projet politique, puisque malgré les persécutions et l’incarcération de
plusieurs de ses dirigeants, le parti reste actif et populaire parce
qu’il a la particularité de ne pas être articulé autour d’une
personnalité charismatique, mais bien autour d’un projet politique,
décrypte Adel Bakawan. Et c'est ce que craint la président turc".
En cas d’interdiction du HDP, le spécialiste des questions kurdes voit
la base électorale, "pas seulement les Kurdes, mais les autres
minorités ainsi que les catégories sociales qui ont voté en sa faveur",
chercher à se regrouper et apporter ses suffrages à celui qui
représentera l’alternative à Recep Tayyip Erdogan et à l’AKP.
"C'est ce qui s’était passé lors des dernières municipales à Istanbul,
en 2019, et cela avait coûté très cher au camp présidentiel qui a perdu
la ville dont il était à la tête depuis 25 ans",
conclut-il. (AFP, 18 juin 2021)
Constitutional Court rapporteur demands HDP
indictment be accepted
Assigned with examining the second indictment seeking the closure of
the Peoples' Democratic Party (HDP), the rapporteur has demanded that
the indictment issued by the Chief Public Prosecutor's Office of the
Court of Cassation be accepted by the Constitutional Court.
Tthe rapporteur has examined the indictment and requested that the top
court accept it. As reported by the state-run Anadolu Agency (AA), the
rapporteur has indicated that the related procedural deficiencies cited
as the reason for returning the first indictment have been eliminated.
The report prepared by the rapporteur has been handed out to the court
members.
NOTE: As the Constitutional Court had rejected the first indictment in
line with the rapporteur's request, the Chief Public Prosecutor's
Office of the Court of Cassation sent the second indictment against the
HDP to the Constitutional Court on June 7, 2021.
The Constitutional Court will reportedly make the first examination of
the second indictment against the HDP on June 21 at 10 a.m.
During the first examination, the General Assembly of the
Constitutional Court will also review the request for political ban and
for a cautionary judgement on the party's bank account.
451 HDP politicians face political ban
Chief Public Prosecutor of the Court of Cassation Bekir Şahin said the
indictment seeking the HDP's closure demands a political ban for 451
HDP politicians and a cautionary judgement on the party's bank account.
"We have prepared the HDP indictment and referred it to the
Constitutional Court. The following process is under the authority of
the Constitutional Court. There is a 15-day examination period," said
Şahin.
How will the process proceed?
The Constitutional Court will make the first examination. The court
board will decide whether the indictment lodged by Chief Public
Prosecutor of the Court of Cassation Bekir Şahin is accepted or not.
If the indictment is accepted, it will be sent to the HDP for
preliminary defense. The party will be obligated to submit its
preliminary defense within the time period specified by the top court.
But the party can make an application to extend this period. The Court
will conclude this application.
Following this process, the rapporteur, who will collect information
and documents about the case, will prepare a report on the merits.
A two-thirds majority, or votes of the 10 of 15 Constitutional Court
members, are needed to close the party because of the reasons cited in
article 69 of the Constitution or impose other sanctions on the party
such as partially or completely depriving it of public aid. (BIA, 18 June 2021)
Rights organizations call for an end to hate speech
against the opposition
In the wake of the armed attack that claimed the life of Deniz Poyraz
in the HDP İzmir Provincial Organization building earlier today (June
17), the Human Rights Association (İHD) and Human Rights Foundation of
Turkey (TİHV) have released a joint statement about the incident.
Condemning the attack, the rights organizations have demanded that the
incident be effectively investigated and brought to light in its all
aspects. They have extended their condolences to the HDP and aggrieved
family.
'A result of hate speech'
In their statement, the TİHV and İHD have recalled that "the
spokespersons of the ruling parties frequently use hate speech against
the HDP and HDP politicians," raising concerns that "as a result of
this hate speech, HDP buildings are frequently subjected to physical
assaults."
"It was just a week ago when the HDP Central Office was attacked with
stones by three assaulters," they have said, adding:
"The hate speech targeting the HDP has various dimensions. There is a
desire to declare the HDP illegal and, especially pushed by the
Nationalist Movement Party (MHP), a closure case was filed against the
HDP."
The statement of the organizations has underlined that "the hate speech
of the political power holders," namely the ruling Justice and
Development Party (AKP) and its ally MHP, targets not only the HDP, but
the main opposition Republican People's Party (CHP) and İYİ Party as
well:
"The hate speech of the political power holders does not solely target
the HDP. It has been mounting against other political parties as well.
The lynching attempt against CHP Chair Kemal Kılıçdaroğlu in Ankara's
Çubuk district and the attempted verbal and physical attack on İYİ
Party Chair Meral Akşener in Rize's İkizdere district show the gravity
of the situation."
'Interior Minister Soylu must resign'
Further in their statement, the TİHV and İHD have called on Minister of
Interior Süleyman Soylu to resign from office:
"These attacks against the HDP are, unfortunately, taking place in the
buildings seemingly protected by the police. Even though there was
police protection in front of the HDP İzmir Building, this attack could
not be prevented. In this case, it might be concluded that the attacks
are condoned. For this reason, especially Interior Minister Soylu, who
takes up an attitude turning the HDP, a legitimate political party,
into a target at every opportunity, must resign from office or he must
be immediately removed from office."
The statement of the organizations has read, "Taking heart from this
attitude of the political power holders' spokespersons, some people
committed some actions in front of the HDP İzmir Provincial Building
that were witnessed by everyone and sometimes turned into physical
attacks. The party executives warned the police over and over again.
However, as is seen today, an assailant could kill the worker of the
party inside the party building.
'We want an effective investigation'
The TİHV and İHD have listed their demands in the following words:
"First of all, we demand that this incident be effectively investigated
by including the HDP's legists into the process and this incident be
brought to light in its all aspects.
"We demand an end to the hate speech used by the spokespersons of the
ruling parties against the opposition parties, especially against the
HDP. We demand an effective investigation and prosecution against the
ones who used hate speech.
"We demand that the Minister of Interior resign from office or be
dismissed. We demand that the HDP buildings be really protected.
"We demand the dismissal of the closure case against the HDP." (BIA, 17 June 2021)
Une
femme kurde assassinée dans une attaque contre
un bureau de HDP
Une employée du principal parti prokurde de Turquie, le HDP, a été tuée
jeudi dans une attaque menée par un homme armé contre un de ses bureaux
à Izmir (ouest), a indiqué la formation.
"Un assaillant armé d'un fusil a attaqué notre bureau à Izmir", a
annoncé le parti dans un communiqué posté sur Twitter. "Notre collègue,
Deniz Poyraz, a été tuée dans cette attaque".
Le bureau du gouverneur d'Izmir a affirmé que l'auteur de l'attaque,
"un employé démissionnaire du secteur de la santé", a été arrêté.
Le HDP a accusé le gouvernement et le parti au pouvoir, l'AKP du
président Recep Tayyip Erdogan, d'être les "instigateurs de cette
attaque brutale" en raison de leur violente rhétorique contre la
formation pro-kurde qu'ils s'efforcent de faire interdire par la
justice.
Le coprésident du HDP, Mithat Sancar, a affirmé à la presse qu'une
réunion regroupant 40 cadres du parti qui devait avoir lieu dans le
bureau d'Izmir avait été annulée peu avant l'attaque, sans lien avec
une quelconque menace.
"Leur plan est clair. Ils voulaient un massacre", a-t-il dit.
"Ils ont tué ma fille", a déclaré la mère éplorée de la victime
dans une vidéo postée sur Twitter par le HDP, qui a appelé à des
manifestations pour protester contre l'attaque.
Dans le centre d'Istanbul, plus de 200 personnes ont manifesté dans
l'après-midi non loin du siège local du HDP, brandissant des photos de
la victime de l'attaque et scandant "l'Etat fasciste devra rendre des
comptes" pour ce meurtre, selon une correspondante de l'AFP sur place.
Quelques manifestants qui ont tenté de s'éloigner du rassemblement pour
marcher dans les rues adjacentes ont été arrêtés par la police.
Le porte-parole de l'AKP, Omer Celik, a condamné l'attaque, la
qualifiant de "provocation visant à troubler la paix et la sécurité",
en Turquie.
La Cour constitutionnelle de Turquie avait retardé fin mars l'examen
d'une demande d'interdiction du HDP, accusée d'activités "terroristes",
en raison de "vices de procédure", renvoyant le dossier au procureur
pour un supplément d'information.
Un nouvel acte d'accusation a été soumis en juin à la Cour qui
doit l'examiner dans les prochains jours.
Troisième formation politique du pays, le HDP a qualifié de "putsch
politique" la demande de son interdiction.
Bête noire du président Erdogan, le HDP fait l'objet d'une répression
implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file,
Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations
européennes.
Le chef de l'Etat turc accuse régulièrement le HDP d'être la "vitrine
politique" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme
groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux et qui livre une
guérilla sanglante contre l'Etat turc depuis 1984 dans le sud-est du
pays.
Les critiques contre le HDP ont redoublé d'intensité après une
intervention militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux
mains du PKK en Irak et qui s'est soldée par la mort de tous les
prisonniers mi-février.
Le HDP, qui rejette fermement les accusations d'"activités
terroristes", se dit victime de persécutions en raison de son
opposition à M. Erdogan.
La demande de fermeture du HDP a suscité la préoccupation des pays
occidentaux au sujet de l'Etat de droit en Turquie, au moment où Ankara
cherche à apaiser ses relations tendues avec les Etats-Unis et
l'Europe. (AFP,
17 juin 2021)
Appeals
court upholds jailed
politician Leyla Güven’s prison sentence
Stripped of her MP status on the grounds of a final prison sentence and
arrested afterwards, Democratic Society Congress (DTK) Co-Chair Leyla
Güven's prison sentence of 22 years, 3 months has been upheld by the
Diyarbakır Regional Court of Justice (court of appeals).
In the trial heard by the Diyarbakır 9th Heavy Penal Court, Güven was
sentenced to 14 years, 3 months in prison on charge of "being a member
of a terrorist organization" and to 4 years in prison twice on charge
of "propagandizing for a terrorist organization."
As reported by Mezopotamya Agency (MA), the appeal of Güven's attorneys
against this local court ruling has been rejected by the appeals court.
The 2nd Penal Chamber of the Diyarbakır Regional Court of Justice also
reviewed the request for overturning the local court ruling and for
ending the arrest of Leyla Güven on the grounds of ongoing judicial
proceedings. The Chamber has rejected the request as to the merits.
It has rejected the request for Güven's release on the grounds that she
has flight risk, the judicial control measure will be insufficient and
the measure of arrest is proportionate to the offenses charged.
An appeal can be lodged against the ruling of continuation of arrest by
appealing to the 3rd Penal Chamber of the Diyarbakır Regional Court of
Justice. In the event that it also upholds the ruling, Güven's
attorneys can appeal against it by applying to the Court of Cassation.
About Leyla Güven
Living in Germany for a long time, she worked in the women's
organization of the People's Democracy Party (HADEP) in 1994.
In the local elections in 2004, she was elected as the Adana Küçük
Dikili Mayor; in 2009, she was elected as the Viranşehir Mayor.
As part of the operation against the Kurdistan Communities Union (KCK),
Leyla Güven was arrested in December 2009. Following an imprisonment
for five years, she was released in 2014. In the KCK main trial, she
was sentenced to 6 years, 3 months in prison.
In the Parliamentary elections in June 2015, Leyla Güven was elected as
the Peoples' Democratic Party (HDP) 25th Term Şanlıurfa MP and entered
the Parliament. In the Parliamentary elections in 2018, she was elected
as the HDP 27th Term Hakkari MP.
While she was in prison as part of the KCK investigation, she went on a
hunger strike, demanding that the isolation of imprisoned Kurdistan
Workers' Party (PKK) leader Abdullah Öcalan be lifted.
Her prison sentence of 6 years, 3 months in the KCK main trial was
upheld by the Court of Cassation while she was the HDP Hakkari MP. With
her finalized prison sentence read out at the General Assembly of the
Parliament, she was stripped of her MP status on June 4, 2020. While
she was arrested shortly afterwards, she was released on June 9, 2020.
On December 21, 2020, she was sentenced to 22 years, 3 months in prison
on charge of "leading an organization", arrested and sent to Elazığ
Type E Prison in eastern Turkey. (BIA, 11 June 2021)
Dans le nord de l'Irak, les bombardements turcs font
fuir les habitants
Un beau jour de mai, Yohanna Khouchfa a rassemblé ses 200 moutons et
plié bagage avec les 120 habitants de son village du Kurdistan,
effrayés par les drones turcs qui poursuivent chez leur voisin irakien
le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Les éclats d'obus qui pleuvent ont fait exploser nos fenêtres et nos
meubles", raconte à l'AFP le maire de Jelki, village du secteur
d'al-Amadiya.
"On a eu peur pour nos vies et on est partis", poursuit cet Irakien de
71 ans joint par téléphone tant la bande frontalière accidentée est
dangereuse pour les journalistes ou observateurs indépendants.
Depuis que la Turquie a lancé le 23 avril une nouvelle campagne,
aérienne et parfois terrestre, dans le nord de l'Irak, trois civils ont
été tués hors du Kurdistan et quatre blessés dans les zones
frontalières kurdes. L'un des morts hors du Kurdistan est, selon M.
Erdogan, un commandant du PKK.
En outre, 300 familles --environ 1.500 personnes-- ont fui leurs
villages, selon le ministère irakien des Déplacés.
- Retour plus qu'incertain -
D'autres avaient déjà quitté leur maison depuis longtemps, comme Berqi
Islam, parti en 2017 de Chiladzi, localité proche de la Turquie où son
frère a été emporté par un bombardement turc.
Avec les terres agricoles familiales brûlées par une énième campagne
turque et zéro dédommagement des autorités kurdes ou fédérales
irakiennes, il n'est toujours pas revenu.
De même que des milliers de familles yazidies ayant fui en 2014 les
exactions des jihadistes et aujourd'hui effrayées à l'idée de rentrer
au Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, de peur des tirs turcs.
Et si Ankara se dit depuis 1992 déterminée à en finir avec le PKK,
qu'elle considère avec ses alliés occidentaux comme "terroriste", le
président Recep Tayyip Erdogan a récemment fait monter la pression.
"Il a déplacé du territoire turc au territoire irakien le combat contre
le PKK", qui livre depuis 1984 une sanglante guérilla sur le sol turc
ayant fait plus de 40.000 morts, affirme à l'AFP Aykan Erdemir,
spécialiste de la question kurde turque et ex-député d'opposition en
Turquie.
Ce à quoi le ministre turc de la Défense Hulusi Akar rétorque: "Bagdad
dit qu'il va nettoyer la région", on dit +OK+ mais on dit aussi que
(...) notre combat continuera jusqu'à ce que le dernier terroriste soit
neutralisé".
De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien grand
allié d'Ankara, ont accepté cette sous-traitance de la guerre, faute de
pouvoir en finir avec le PKK.
L'Etat irakien, qui doit encore contenir les cellules clandestines du
groupe Etat islamique (EI) et qui est régulièrement débordé par les
combattants chiites pro-Iran, "ne dispose d'aucun moyen de pression sur
le PKK pour le faire partir", explique Adel Bakawan, directeur du
Centre français de recherche sur l'Irak (CFRI).
"Sans monopole de la violence et du contrôle sur son territoire, l'Irak
s'en remet à un autre acteur régional" --Ankara--, poursuit le
spécialiste.
Mais, désormais, M. Erdogan promet "l'éradication totale de la menace
terroriste (...) tout le long de la frontière sud". M. Akar est même
allé jusqu'à visiter les troupes début mai en Irak, alors que la
dizaine de bases et les autres positions militaires que l'armée turque
y a installées depuis un quart de siècle est illégale aux yeux du droit
irakien.
- "Crime environnemental" -
Bagdad a convoqué à plusieurs reprises l'ambassadeur turc, mais les
bombes continuent de tomber -- emportant 2,5% des forêts d'Irak, "un
crime environnemental inhumain" pour le président irakien Barham Saleh.
Et les incursions turques sont de plus en plus profondes, "sur 10, 15
ou 20 kilomètres", assure à l'AFP Rivink Mohammed, député de la
majorité au Parlement kurde lui-même originaire d'al-Amadiya.
"Jusqu'à cette dernière campagne, les forces turques entraient par les
postes-frontières, maintenant, elles aménagent leurs propres voies de
circulation pour éviter les passages officiels", renchérit son collègue
d'opposition Ali Saleh.
La Turquie, accuse le PKK, veut réitérer en Irak le scénario de la
Syrie. Là, Ankara a mené depuis 2016 trois offensives militaires pour
contrôler un territoire de plus de 2.000 km2 dans le nord. Au Kurdistan
irakien, Ankara pourrait prolonger son no man's land pour étouffer le
projet de grand Kurdistan à cheval sur la Syrie, l'Irak, l'Iran et la
Turquie.
"Ces attaques stratégiques visent à occuper des zones kurdes pour
couper les contacts entre Kurdes et créer un cordon sécuritaire",
affirme ainsi à l'AFP Zagros Hiwa, porte-parole du PKK. (AFP, 9 juin 2021)
Cinq peshmergas tués dans une embuscade du PKK en Irak
Cinq peshmergas, les combattants du Kurdistan irakien, ont été tués
samedi dans une embuscade du Parti des travailleurs kurdes (PKK),
groupe rebelle kurde de Turquie qui a sa base arrière dans le nord
irakien, a indiqué un vice-ministre kurde.
Cette attaque survenue au mont Metin à Dohouk, province du Kurdistan
irakien frontalière de la Turquie, a également blessé deux peshmergas,
a ajouté Serbast Lazkin, vice-ministre des Peshmergas dans le
gouvernement de la région autonome kurde du nord de l'Irak.
Les Forces de défense du peuple (HPG), la branche armée du PKK, ont
accusé les peshmergas d'être "entrés dans une zone de conflit à Metin"
entre le PKK et l'armée turque "qui veut occuper le Kurdistan" irakien.
"Ces mouvements de peshmergas sont un coup de couteau dans le dos du
PKK et nous refusons leur entrée dans une zone sous notre contrôle",
ajoutent-elles dans leur communiqué.
Ces violences interviennent alors qu'Ankara mène depuis le 23 avril une
nouvelle campagne militaire, aérienne et parfois terrestre, contre le
PKK qu'elle considère comme "terroriste".
La Turquie dénonce des violations de sa souveraineté depuis l'Irak et
le président Recep Tayyip Erdogan a évoqué début juin la région de
Makhmour, où le PKK est actif au sud de Dohouk.
"Si les Nations unies ne nettoient pas cet endroit, alors nous nous en
chargerons en tant que membre des Nations unies", avait-il prévenu.
La région se trouve à 250 km au sud de la frontière turque, mais pour
M. Erdogan "Makhmour est presque devenu l'incubateur de Qandil",
place-forte du PKK plus au nord, et "si nous n'intervenons pas, cet
incubateur va continuer de produire (des terroristes)".
Dans le Kurdistan irakien, le ministère des Peshmergas a officiellement
appelé "tout le monde à respecter les frontières du Kurdistan et à ne
pas mettre sa sécurité et sa stabilité en danger". (AFP,
5 juin 2021)
Jailed
politician Gültan
Kışanak granted ‘Clara Zetkin Honorary Award’
Granted in Germany since 2007, this year's "Clara Zetkin Honorary
Award" has been offered to Gültan Kışanak, the arrested former
Metropolitan Mayor of Turkey's Kurdish-majority Diyarbakır province.
In announcing the award of Kışanak, it is said, "The honorary award for
social commitment has been granted to Gültan Kışanak. It is
unbelievable that you have to be in prison in Turkey, we stand with
you."
The Women's Assembly of the Peoples' Democratic Party (HDP) has also
announced the award on its social media account.
"The Clara Zetkin 2021 Honorary Award has been granted to Dear Gültan
Kışanak. We congratulate her. We will keep struggling together against
the male dominant order with our women's solidarity, inside and
outside," the Women's Assembly has said in its message.
Previously, the Clara Zetkin Honorary Award was granted to Feleknas
Uca, the then MP of the Peace and Democracy Party (BDP) and the current
MP of the HDP, in 2017. Four years before, in 2013, Bilkay Öney, the
Integration Minister of the Baden-Württemberg Federal State of Germany,
was also granted the Clara Zetkin Honorary Award.
About Gültan Kışanak
In announcing the award-winning of jailed politician Gültan Kışanak,
the prize committee has introduced her in the following words:
"Gültan is a jailed Kurdish politician of the HDP. In 2014, she became
the first woman to be elected as the Co-Mayor of Diyabakır province. In
2016, she was removed from office and imprisoned. During her time as a
co-mayor mayor, she introduced several political initiatives for wpmen.
They were aimed at improving the chances of women to participate in
social life and offering them more protection against domestic
violence. That was tantamount to a revolution in the Sunni and
patriarchal city of millions.
In Diyarbakır, there are hardly any jobs for less
educated women. The municipality created jobs for women, e.g. as park
rangers.
The municipality signed a collective agreement that
awarded the man's salary to women beaten by their husbands or whose
husbands are alcoholics.
Women's shelters, psychological counseling centers,
kindergartens were set up.
In the fight for gender liberation, the HDP
introduced a model in which all board positions are occupied by one
woman and one man. The patriarchal AKP system sees the gender parity
dual leadership as a threat.
"Gültan Kışanak was sentenced to 14 years and 3 months in prison on
charge of 'terrorist propaganda'. The charges include the introduction
of gender parity dual leadership, as well as official documents from
the city administration, which were rededicated in the indictment to
papers of a banned organization. In the indictment against her, she was
also charged with trying to convert the infamous 'Hell No. 5 prison',
where she had been once tortured in 1980, into a museum as a mayor." (BIA, 31 May 2021)
Demonstrations and events banned in Van
The Governor's Office of Turkey's eastern province of Van has announced
that protest marches and public protest meetings will be banned from
June 3 to 17 on the grounds of "public health and public order."
According to the statement released on the official website of the Van
Governor's Office, the following events can take place on the condition
that they are permitted by the local administration: "Making press
statements, staging a sit-in protest, conducting surveys, setting up
tents and stands, launching petitions, distributing leaflets, handouts
and flyers."
While the protest marches and public protest meetings have been banned
in reference to the Article 17 of the Law no. 2911 on Meetings and
Demonstrations and it will be in effect for 15 days starting from June
3 until June 17, its objective has been indicated in following words:
"Preventing the protests and attacks considered to directly and openly
meet the criteria for restriction and ban foreseen in our Constitution
and laws; ensuring the safety of life and property of our citizens;
eliminating the plans of the terrorist organizations and, within this
context, ensuring national security, public order and public health,
preventing the committal of crimes, maintaining fundamental rights and
freedoms as well as the fundamental rights and freedoms of others and
public order, preventing the spread of incidents of violence." (BIA, 31 May 2021)
Kurds becoming a minority in
Kurdish region of Afrin: Statement
25 local civil society and human rights organizations on Friday said
only about 20 percent of the original Kurdish population of northern
Syria's Afrin remain in the region three years after Turkey and its
allied armed groups seized the area.
After the assault on Afrin, Turkey settled thousands of Syrian Arabs
there who been displaced from other areas in the country by offensives
conducted by the regime of Bashar al-Assad. This significantly altered
the demography of Afrin.
Kurds made up 96 percent of Afrin's population before 2011 but now
represent about 25 percent, read a statement cosigned by 25
organizations and published by Human Rights Organisation – Afrin-Syria
(HRO). It added that 75 percent of the current residents are Arab and
Turkmen settlers.
The organizations accused Ankara of changing the "demographic
composition" and the Kurdish identity of the region by bringing in
hundreds of thousands of settlers.
They called on the United Nations and major powers to intervene and
"end the Turkish occupation."
On March 18, 2018, Turkey and Turkish-backed rebels occupied the
Kurdish enclave of Afrin during their so-called Operation Olive Branch.
The occupation has continued amid widespread accusations of war crimes,
including ethnic cleansing, kidnapping for ransom, and gender-based
violence.
Read More: After 3 years of Turkish occupation, Syrian Kurds condemn
ongoing human rights violations in Afrin
According to a report by the Office of the United Nations High
Commissioner for Human Rights (OHCHR) published in June 2018,
permitting ethnic Arabs to occupy houses of Kurds may be an intentional
attempt to permanently change the ethnic composition of the area.
Just this week, armed groups in Turkish-controlled zones kidnapped
three Kurds from Afrin, the Syria-based HRO reported. One of them was
Besar Osman from Kefir Cene village, whom the Turkish-backed military
police abducted while he was going to Azaz and transferred to a prison
in al-Rai in northern Aleppo.
The group also accused the Turkish-backed Faylaq al-Sham group of
kidnapping Shewqi Mustafa (65) and Horo Ahmed (37) on May 27 in Meydan
Ekbesê village in Afrin's Rajo subdistrict on charges of having links
with the Kurdish-led Autonomous Administration of North and East Syria
(AANES).
(Kurdistan 24, 30 May 2021)
Protest
in Brussels against Turkey’s attacks, the US
and NATO policies
The demonstration was promoted by a number of organizations including
NAV-BEL (Belgian Democratic Kurdish Community Centre); ILPS
(International League of People's Struggle); HBDH Belgium (Peoples’
United Revolutionary Movement); KCDK-E (European Democratic Kurdish
Society Congress); AIDL (International Alliance for Defence of Rights
and Freedoms); VREDE (Belgian Peace Organization); YJK-B (Kurdish
Women's Union-Belgium); Belgian Kurdish Institute; Democratic Union of
Belgium; RESIST US-led War Movement.
The protest began at 11:00 am this morning in front of the US Embassy
in Boulevard du Régent 27.
The banners unfurled by the demonstrators read “NATO-US Hands off
Kurdistan”, “Stop the fascist Turkish state’s barbaric invasion in
Kurdistan”.
The crowd protested against the US bounty on PKK’s leading members
Cemil Bayık, Murat Karayılan and Duran Kalkan as well as the Turkish
occupation operation in Avashin, Zap and Metina regions in South
Kurdistan.
In a speech in the name of NAV-BEL, Davut Keskin pointed to the
guerrilla resistance against Turkish occupation attacks and the silence
of western countries and the US.
Speaking after, an internationalist activist stated that the crimes to
which the US and NATO are partner, are shaped in accordance with their
economic and geopolitical interests. Highlighting the effect of these
policies on not only Kurdistan and the Middle East but East Europe as
well, the activist expressed solidarity with the Kurdish people.
Another internationalist activist condemned Turkey’s attacks on Zap,
Avashin and Metina.
More speeches were held by the Democratic Forces Union, the Kurdish
Women’s Movement in Europe and HBDH. (ANF, 29 May 2021)
Minorités
/ Minorities
Erdogan
et Aliev au Nagorny Karabakh la semaine prochaine
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué mercredi qu'il se
rendrait la semaine prochaine dans une ville symbolique du Nagorny
Karabakh récemment repassée sous le contrôle de Bakou, lors d'une
visite de trois jours en Azerbaïdjan.
Dans la foulée d'un sommet de l'Otan à Bruxelles lundi, "j'irai à Bakou
où je serai reçu par mon frère (le président d'Azerbaïdjan) Ilham
Aliev. De là, nous nous rendrons à Choucha", a déclaré mercredi M.
Erdogan lors d'un discours à Ankara.
La ville de Choucha a été reprise par Bakou lors du dernier conflit
dans la région séparatiste du Nagorny Karabakh qui a opposé les forces
arméniennes et azerbaïdjanaises à l'automne dernier.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont en lutte depuis les années 1990 pour le
Nagorny Karabakh, république auto-proclamée et de facto indépendante
soutenue par Erevan.
A l'automne 2020, une guerre a brusquement éclaté, faisant au total
6.000 morts et se soldant par la victoire de Bakou qui a regagné de
nombreux territoires perdus, dont Choucha.
Lors de ce conflit, la Turquie a soutenu l'Azerbaïdjan en lui
fournissant notamment des drones. Plusieurs pays ont également accusé
Ankara d'avoir envoyé des combattants syriens pour soutenir les forces
de Bakou.
Outre son emplacement stratégique, Choucha est un symbole pour les
Azerbaïdjanais, qui la considèrent comme un centre culturel majeur. Les
Arméniens jugent qu'elle relève de leur patrimoine, en particulier sa
cathédrale.
M. Erdogan a indiqué qu'il achèverait son déplacement en Azerbaïdjan en
assistant le 16 juin à Bakou à un match de football qui opposera la
Turquie au Pays de Galles dans le cadre de l'Euro-2020. (AFP, 9 juin 2021)
Politique
intérieure/Interior Politics
Erdogan makes no mention of HDP
attack in speech
President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip
Erdoğan did not mention the armed assault on the Peoples' Democratic
Party (HDP) in a speech in Antalya today (June 18).
An armed assailant stormed the HDP's Provincial Organization in İzmir,
killing the only person at the office, Deniz Poyraz (20), a party
employee.
Detained by police shortly after the incident, the assailant confessed
that he had killed Poyraz. He carried out the attack because he hated
the Kurdistan Workers' Party (PKK) and he acted alone, he said.
After social media photos showing the assailant displaying the
nationalistic "grey wolf" sign surfaced, Nationalist Movement Party
(MHP) Chair Devlet Bahçeli, an ally of Erdoğan, ruled out his ties to
the party.
Government officials mostly remained silent about the incident while
AKP Spokesperson Ömer Çelik condemned the incident on social media.
The HDP and other political parties have accused the AKP-MHP alliance
of encouraging such attacks on the HDP by constantly framing it as an
"extension of the PKK."
The diplomacy forum
At the Antalya Diplomacy Forum, Erdoğan talked about the coronavirus
pandemic, the Eastern Mediterranean issue and the Syria crisis.
The UN Security Council put "the biggest health crisis in history" on
its agenda 100 days after the outbreak erupted, Erdoğan said during his
opening speech at the three-day forum.
Urging world leaders not to permit "vaccine nationalism" to take hold
and not to repeat the same mistakes as the pandemic progresses, Erdoğan
said that the virus outbreak had "sharpened the injustice" in the world.
On the issue of energy resources in the Eastern Mediterranean, Erdoğan
said that it was in the hands of all parties involved to ensure that
these "lead to cooperation instead of confrontation."
When talking about Syria, Erdoğan said, in a slip of the tongue, that
"We haven't been able to receive the support we expected from the
international community in our efforts to discredit Syria." (BIA, 18 June 2021)
Peker
claims Erdoğan aides organize arms delivery to
'terror' groups in Syria
In the eighth episode of his online confessions, mafia boss Sedat Peker
talked about alleged arms deliveries to an al-Qaeda branch in Syria and
illicit trade in the country.
He pointed out two of President Recep Tayyip Erdoğan's aides, who he
said were responsible for organizing such activities.
One of them is retired Brigadier General Adnan Tanrıverdi, the founder
and the head of SADAT private military company.
Peker accused SADAT of sending weapons and equipment that he had paid
for to the Nusra Front, an al-Qaeda affiliate in Syria, in 2018.
Tanrıverdi was a senior advisor to the president at the time. He
resigned in January 2020.
The Nusra Front rebranded itself as the Jabhat Fatah al-Sham in 2016
and merged with other groups in 2017 to form the Hayat Tahrir al-Sham,
which currently controls most of Syria's Idlib province, where Turkey
also has a military presence.
In early 2018, Peker had shared photos of equipment he had sent to the
Free Syrian Army on social media. Dozens of pickups, hundreds of body
armors and other equipment were shown in the photos.
"Dozens of 4x4 off-road vehicles from Sedat Peker to the Free Syrian
Army" read the cards on the cars in the photo posted on Instagram by
Peker in March 2018.
It was a project that he discussed with an MP from the ruling Justice
and Development Party (AKP) at the time, he said in today's (May 30)
video.
"He conveyed this idea to the necessary places. And then they said, 'We
can give you additional trucks and they can go together with your
trucks.' Our trucks were going as 'the Sedat Peker aid convoy'," said
Peker.
"We were giving pictures to the press. We were sending all the
equipment. But other vehicles were going [to Syria] under my name. We
thought that these were going to Turkmens in other places.
"We didn't know what was inside them. I mean, there were weapons, I'm
not a naive child ... And this was normal, something that should happen.
"But this was not organized by the MİT [National Intelligence Agency]
or the military. This was organized by SADAT, by a team inside the
SADAT.
"I bought everything with my own money, except for those. But they were
sent to Syria under my name. There were no procedures, no registries.
They would directly cross [into Syria]."
He was later informed by his "Turkmen friends" that some of the pickups
he sent to Syria had been delivered to the Nusra Front members, said
Peker.
SADAT immediately denied Peker's claims, saying on Twitter that what he
did was confessing that he had been smuggling weapons to Syria under
the name of humanitarian aid.
"We call on the slanderers to prove their slanders and deliver the
documents they have to the prosecutor's office," it said. "In his
video, Peker confesses that he sold weapons to terrorist groups. But
our company has no relation whatsoever with the weapons that were sold
to terrorist groups."
"Let's open Pandora's box"
About the alleged illicit trade in Syria, Peker pointed out Methin
Kıratlı, the head of the Presidency Administrative Affairs.
"Let's open Pandora's box. Do you know what you should do to trade in
Syria? There is Mr. Metin Kıratlı, the chair of the Presidency
Administrative Affairs, in the Presidential Complex. You go to him," he
said.
"I'm not talking about the dealings of one or two trucks. Illegal raw
oil, tea, sugar, aluminum, copper, second-hand cars... Billions of
dollars, big money.
"... When you get the approval from [Metin Kıratlı], they send you to
the MT Group. Murat Sancak [MT Grup Board Chair], Ramazan Öztürk, all
[members] of the hierarchy are there.
"After their approval, you go to the al-Nusra officer responsible for
economics: Abu Abdurrahman, he also uses the Abu Shayma alias.
"This is how trade is done as well. You can't do big business there
outside of what I've explained."
The next video will be about Erdoğan
After staying silent for weeks, President Erdoğan talked about Peker's
videos on Wednesday, claiming that they were a part of a plot targeting
Turkey.
"I wish big brother Tayyip would intervene in the affairs and resolve
them. As there is a lot of data, documents and words. But, I don't know
why he chose to believe them, not me" said Peker, adding that he would
talk about the president in his next video.
"Mr. President, big brother Tayyip, said, without mentioning my name,
that this is an international conspiracy and I'm at the center of it.
'You'll see, we'll find and bring him here,' he said.
"No problem, the state can find and take me. But will finding and
taking me change the truths, big brother Tayyip?
"If I'm a spy who is involved in an international conspiracy, I'll sit
down and talk in front of you as a brother in the next video, big
brother Tayyip."
Peker also said he stood with Erdoğan when he had no power. After his
video, "big brother Tayyip" [#TayyipAbi] became a trending topic on
Twitter in Turkey.
The mafia boss says he has personally known Minister of Interior
Süleyman Soylu, whom he describes as "a man I had invested in for
years," and Erdoğan for over 20 years. (BIA, 31 May 2021)
Forces
armées/Armed Forces
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Lale Gül, une jeune musulmane qui a décidé de suivre
sa propre voie
Die Welt, 10 juin 2021
D’un
point
de vue occidental, Lale Gül est une jeune femme tout à fait normale. Du
point de vue des musulmans les plus stricts, en revanche, elle est une
véritable honte. Après la publication d’un livre qui lui a valu de
recevoir pas mal de menaces, elle vit aujourd’hui cachée dans un
endroit tenu secret.
Lale Gül a déjà reçu plus de 70 menaces de mort. Parce qu’elle a écrit
un livre sur sa vie de jeune femme de 23 ans. La police a jusqu’à
présent pu identifier et arrêter deux des individus qui ont souhaité sa
mort sur Instagram et d’autres médias sociaux. Ils appartiennent au
mouvement Sharia4Belgium.
Lale Gül vient des Pays-Bas. Née de parents turcs très conservateurs et
religieux, elle grandit à Amsterdam-Ouest, dans le quartier de
Kolenkitbuurt, composé à 85 % de migrants. A ses 12 ans, elle commence
à porter le foulard. Le week-end, elle fréquente une école coranique du
mouvement islamiste Milli Görüs. Milli Görüs ne fait pas grand cas de
l’intégration. A l’école normale, Lale Gül se fait des amis néerlandais
– et se familiarise avec leur idée de la liberté. Dans la bibliothèque
de son quartier, elle se documente sur le monde. A 16 ans, elle sort
avec son premier petit ami, un Néerlandais « blanc ». En cachette. Et à
18 ans, elle laisse tomber le foulard. Elle refuse le mariage arrangé.
Sa famille tombe des nues. Mais ce n’est que le début.
Car Lale Gül a décidé de vivre librement. De suivre sa propre voie.
L’étudiante en littérature a écrit un livre à ce sujet. L’ouvrage
s’intitule Ik ga leven (Je veux vivre, non traduit). C’est un livre
audacieux, sauvage et assez drôle. Et il figure sur la liste des
best-sellers aux Pays-Bas depuis plusieurs semaines. Dire qu’il a
suscité le débat serait un euphémisme. Il a touché une corde sensible.
Aujourd’hui, le pays entier parle de Lale Gül.
Sa famille est consternée : « Comment peux-tu nous faire ça ? » Ses
collègues, ses voisins, les membres de sa mosquée et ses proches en
Turquie se sont mis à harceler ses parents, désireux de savoir ce qui
avait bien pu mal tourner dans l’éducation de leur fille. Le populiste
d’extrême droite Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté, a dit
d’elle que c’était une « jeune femme turque courageuse » qui avait
tourné le dos à l’islam et se retrouvait maintenant menacée. Elle est
la preuve que « l’islam turc ne s’intègre pas aux Pays-Bas ».
Le problème avec cette thèse, c’est que la jeune auteure
néerlando-turque à succès démontre également le contraire. Depuis que
Geert Wilders a fait son éloge, les gauchistes accusent la jeune femme
de faire les affaires des populistes de droite. Ainsi, l’ancien
camarade de parti de Geert Wilders, Arnoud van Doorn, une figure
vacillante de la politique néerlandaise qui s’est depuis converti à
l’islam, n’a pas hésité à qualifier Lale Gül de blasphématrice.
« Mes parents seront encore plus sévères avec ma sœur »
Cependant, à côté des douzaines de menaces, chants de combat islamistes
et photos d’armes qu’elle a reçus, Lale Gül peut également compter sur
des milliers de mails d’encouragement : « Tu lis dans mes pensées, j’ai
traversé exactement la même chose », lui écrivent des jeunes femmes –
et de nombreux homosexuels issus, comme elle, de familles musulmanes
archireligieuses. « C’est d’eux que je tire ma force. Et ça me confirme
que je n’ai pas perdu la tête », nous confie Lale Gül depuis les locaux
de sa maison d’édition, située sur le Herengracht d’Amsterdam.
Pour une jeune femme dont la vie vient de basculer, Lale Gül semble
étonnamment posée, comme si elle s’observait et contemplait cette
agitation soudaine de l’extérieur. Elle a quitté l’appartement de ses
parents, où elle vivait encore récemment. « Je leur ai dit que j’étais
libre d’écrire ce que je voulais, mais ils ne comprennent pas vraiment
le concept de liberté ou de liberté d’expression », déplore-t-elle. «
Ils m’ont dit : “Mais tu es folle, comment peux-tu faire une chose
pareille ?” C’est la pire chose qui pouvait leur arriver. »
Lale Gül décrit ce drame familial avec des mots empreints de retenue,
mais on peut deviner la violence des bouleversements personnels qu’elle
vient de vivre. « Je n’ai même pas essayé de me défendre. Ça n’aurait
fait qu’empirer les choses, tout le monde était contre moi, y compris
les voisins. Je ne pouvais même plus me rendre au supermarché, tout le
monde me dévisageait. Deux garçons marocains m’ont même craché dessus.
Il n’y avait plus de vie possible pour moi dans ce quartier. »
Si elle a tenu le coup tout ce temps, c’est uniquement par amour pour
sa petite sœur de 10 ans. Lale Gül craint que ce ne soit désormais
encore plus difficile pour sa cadette que ça ne l’a été pour elle-même.
« Mes parents sont maintenant au courant de tout ce que j’ai fait. Ils
seront encore plus sévères avec ma sœur. »
Elle vit aujourd’hui dans un endroit tenu secret. Et elle ne sort plus
seule. Elle négocie l’adaptation de son livre au cinéma, mais craint
l’impact peut-être encore plus violent d’un film. Après tout, Büsra, la
protagoniste de son essai autobiographique, ne fait que des choses qui
sont interdites selon les règles de l’islam. Aller à des fêtes. Faire
l’amour. C’est l’émeute assurée.
« Une histoire qui a été largement passée sous silence »
Certaines personnes la considèrent déjà comme la nouvelle Ayaan Hirsi
Ali. Cette militante et critique de l’islam a travaillé avec le
cinéaste Theo van Gogh, assassiné par un islamiste à Amsterdam en 2004,
et fut elle-même la cible de nombreuses menaces. Cela fait aujourd’hui
plusieurs années qu’elle vit aux Etats-Unis. « Je n’ai jamais voulu
devenir ce genre de figure, mais tout le monde me met dans cette case.
J’ai simplement écrit mon histoire. Je n’aurais jamais pensé devenir la
nouvelle Ayaan Hirsi Ali avec ce livre. Mais aujourd’hui tout le monde
dit que je suis comme elle », raconte Lale Gül. Le succès de son livre
l’oblige à jouer un rôle qu’elle n’est pas encore sûre de vouloir
remplir.
Lorsqu’on lui demande pourquoi elle a écrit ce livre, elle nous parle
de ses amis non musulmans qui ne cessaient de lui poser des questions.
Ils lui demandaient en permanence pourquoi elle ne venait pas aux fêtes
ou à la plage, pourquoi elle portait un foulard (quand elle en portait
encore un). A un moment donné, elle s’est donc dit : « Comme je dois
sans cesse donner des explications, je devrais peut-être écrire un
livre à ce sujet afin que tout le monde comprenne. » L’écho que trouve
aujourd’hui son ouvrage la conforte dans l’idée qu’elle n’a pas perdu
son temps. « Les enseignants qui travaillent dans des quartiers comme
le mien me disent qu’ils ont vu ce qui s’y passait et qu’ils
comprennent mieux les choses maintenant. C’était mon objectif »,
explique Lale Gül.
Parce que l’histoire des femmes musulmanes aux Pays-Bas est une «
histoire qui a été largement passée sous silence jusqu’à présent ». «
Nous sommes nombreuses, mais nous sommes absentes de la littérature. »
Et la place des femmes dans l’Islam est loin d’être abordée. Si vous en
parlez, « vous êtes immédiatement catalogué comme étant de droite ». Un
partisan du juste milieu libéral se laissera convaincre que les femmes
musulmanes aiment porter le foulard et qu’il s’agit même d’une sorte de
féminisme. Si vous remettez cela en question, vous vous retrouvez
rapidement accusé de racisme.
« Mais c’est tout à fait faux », assure Lale Gül. « Quand il fait très
chaud dehors et que tout le monde a envie d’aller à la plage, quelle
femme irait de son plein gré porter une longue tunique et un foulard ?
Aucune. Elles le font parce que c’est une coutume culturelle et
sociale, parce que c’est une règle religieuse. Voilà pourquoi on ne
peut pas aller à des fêtes ou avoir un petit ami qui n’est pas
musulman. Ce n’est qu’à cause de la religion et de la culture, mais on
ne peut pas le dire. C’est pourquoi j’ai décidé de l’écrire. »
« Ils veulent simplement vous mettre dans des cases »
Et ce n’est pas le fait qu’on la catalogue d’islamophobe qui va
l’arrêter. « Cela m’agace d’entendre les gens dire que je suis de
droite simplement parce que mes idées ne les intéressent pas. Ils ne
veulent rien comprendre, ils veulent simplement vous mettre dans des
cases, des cases qui vous présentent comme bon ou mauvais. » Avec le
sarcasme qui lui est propre, Lale Gül décrit la façon dont elle met en
échec ce système de cases : évidemment, comme elle est turque, elle
n’est pas raciste, mais ça n’en fait pas une « bonne » personne pour
autant, car elle a des idées qui pourraient faciliter la discrimination
à l’égard des musulmans.
Une amie néerlandaise, qui sort elle-même avec un musulman, lui a un
jour demandé comment elle avait pu écrire un livre renforçant le
stéréotype selon lequel les hommes musulmans sont des oppresseurs et
les femmes musulmanes des opprimées. Ce à quoi Lale Gül a rétorqué : «
Tu t’attendais à quoi ? A ce que je ne raconte pas mon histoire pour
que tu puisses en raconter une plus positive ? » Lale Gül trouve ce
genre d’entrave au débat « assez fatigante ».
Elle ne considère pas son histoire comme universelle. « Je suis très
claire là-dessus, je parle de mes parents qui n’ont pas été à l’école.
Je viens d’une famille conservatrice et j’ai fréquenté une école du
mouvement Milli Görüs. » Pourtant, elle serait accusée de diffuser des
stéréotypes sur « tous les Turcs ». « Qu’est-ce que vous voulez en fin
de compte ? Je ne dis nulle part que cela s’applique à tous les
musulmans. » Dans le même temps, ces mêmes milieux tenteraient de la
présenter comme une exception absolue. Ce qui serait également tout
sauf vrai : « Je ne suis pas si exceptionnelle que ça. Ce que je
décris, ce sont les règles qui s’appliquent à toutes les filles
musulmanes que j’ai rencontrées au cours de mon existence. »
Islamisme : menacée de mort, la jeune romancière
Lale Gül veut vivre !
Menacée de mort… à cause de Je vais vivre ! Lale Gül vient de publier
un premier roman largement autobiographique qui décrit l’enfance et la
jeunesse d’une jeune femme dans un milieu turc musulman. Ce roman est
aujourd’hui en tête des ventes, mais depuis sa publication, à l’instar
d’un Salman Rushdie, son auteure vit cachée, à 23 ans seulement, visée
par de nombreuses menaces de mort.
Les Pays-Bas sont décidément à la pointe des « affaires » littéraires
ces derniers temps. Après la triste polémique Gorman/Rijneveld, qui a
vu la seconde interdite de traduire la première pour des raisons «
racialistes », voire carrément racistes, voici que nous apprenons que
la jeune romancière Lale Gül, vingt-trois ans, est menacée de mort. En
cause ? Un premier roman publié le mois dernier, qui retrace de manière
indirecte et littéraire son enfance et sa jeunesse au sein d’une
famille turque immigrée.
En voici un extrait :
« Écouter, jouer de la musique : interdit. Donner un rendez-vous : pas
le droit. Fréquenter des personnes du sexe opposé : illégal. S’habiller
avec élégance et se maquiller : inapproprié. Rester dehors le soir :
pas autorisé. Regarder des films ‘‘immoraux’’, des séries ‘‘infectes’’
: inacceptable (je ne parle pas de porno, juste de films où l’on
échange un baiser). Célébrer un anniversaire ou d’autres fêtes
d’infidèles : hors de question. Travailler avec des hommes : proscrit.
Sortir danser ou assister à un festival : prohibé. […] Suis-je donc
condamnée à vivre comme une grasse plante d’intérieur ? Suis-je censée
aller vers un mariage d’où tout sexe a été dégagé avant même que ça
n’ait commencé, parce que mes géniteurs ont choisi pour moi une
exsangue bite coranique totalement dénuée d’humour ? Puis me
transformer en poule pondeuse comme toutes les femmes de mon entourage
? Et ronger ainsi mon frein le reste de mon existence ? Est-ce là ma
raison de vivre ? Ma tragédie réjouit-elle donc Dieu ? »
Ainsi s’exprime Bürsa, héroïne du roman Ik ga leven (« Je vais vivre »)
de Lale Gül, jeune femme née en 1997 à Amsterdam de parents
analphabètes, arrivés peu avant de Turquie. Âgée de vingt-trois ans
aujourd’hui, elle a une sœur de dix ans et un frère de vingt ans,
lequel serait apparemment le seul de toute la famille à la défendre.
Une existence sous une cloche de vert islamique
Lale Gül grandit dans un quartier défavorisé et peuplé d’immigrés,
essentiellement des communautés turques et marocaines, totalement
musulmanes, à l’exception de chrétiens originaires du Surinam – dont la
nourriture est moquée à Noël, traitée comme de la merde parce que non
halal. Parmi les rares Néerlandais autochtones, on compte les
professeurs. Le week-end, Lale se rend à l’école coranique où on lui
dit quoi manger, comment se tenir, de même qu’on lui inculque à marche
forcée une haine tenace contre les États-Unis et plus encore contre
Israël.
Les cinq membres de la famille partageant un petit logement de 60 m²,
elle n’a jamais de chambre à elle. Sa vie est ainsi totalement cadrée,
enserrée dans une culture turque et la religion musulmane : tout le
monde autour d’elle croit dur comme fer au Allah du Coran.
Sa mère – aujourd’hui malade – étant femme au foyer, elle n’a pas
appris le néerlandais, a même refusé de l’apprendre ; elle fait ses
courses dans des magasins turcs, ne regarde que les chaînes turques,
etc. Le père de Lale a suivi des cours de langue pour trouver un emploi
(il est facteur et agent de nettoyage dans les trains), mais a toujours
du mal aujourd’hui à formuler des phrases correctes. Autrement dit, une
vie en vase clos, entre voisins turcs, magasins turcs et la mosquée qui
diffuse la propagande d’Erdoğan : par exemple, distribution (à la
petite sœur de Lale) de dépliants pour boycotter les produits français
à la suite des mesures annoncées par Macron contre l’islamisme.
Enfant, explique la romancière, elle ne songe pas à remettre en cause
une telle éducation puisqu’elle ne connaît pas l’existence d’autres
cultures, d’autres modes de vie et de pensée. C’est alors que,
adolescente, elle découvre l’existence des bibliothèques : elle s’y
rend fréquemment, dévorant des livres « interdits » qui,
témoigne-t-elle, lui apprennent à aimer la langue et la culture
néerlandaise. Ses yeux s’ouvrent : elle entame des études de lettres et
finit, à l’âge de dix-neuf ans, par se découvrir athée – ce que ses
parents ignoraient jusqu’à la publication de Je vais vivre.
Mais, à qui parler de ce qu’elle vit, de ce qu’elle ressent, des
changements qui s’opèrent en elle ? Lale Gül ne peut partager ses
sentiments avec la moindre femme de sa communauté d’origine ; dès lors
qu’elle prend ses distances d’avec la religion, ses meilleures amies du
secondaire lui tournent en effet le dos, ne voulant plus lui parler.
Elle ose tout de même adresser une série de questions, par courriel, à
un imam sur l’excision, l’assassinat de Theo van Gogh, le traitement
que réserve l’islam aux homosexuels, l’hypocrisie dans le traitement
différent des hommes et des femmes (les filles doivent rester vierges,
les garçons ont le droit « de décharger »), etc. Elle ne reçoit aucune
réponse réellement argumentée.
Ouverture amoureuse et premières pressions
La solution est dans une nouvelle transgression aux yeux de son milieu
: elle fréquente en cachette un jeune homme néerlandais, dont elle est
amoureuse, et qui l’accueille chez lui. Elle peut respirer dans cette
maison et parler de tout avec cette famille où elle est la bienvenue,
chose impensable dans son milieu d’origine qui ne tolère aucune greffe
impure. Elle découvre alors la liberté d’aller et venir, de se vêtir à
son gré, d’aborder tous les sujets, en particulier la sexualité, sujet
tabou dans son milieu d’origine…
Elle doit se faire discrète pour goûter d’un peu de cette liberté :
elle se prétend caissière dans un supermarché alors qu’elle travaille
dans la restauration – une jeune musulmane qui sert du vin dans un
restaurant ! Cette double vie – amoureuse, estudiantine,
préprofessionnelle – lui permet de survivre dans une société parallèle
qui n’a rien à voir avec les valeurs européennes qu’elle fait
dorénavant siennes.
Elle commence à revisiter sa vie, à saisir les contours de cette prison
invisible, qui ne lui autorise aucune liberté de pensée, d’action et de
croyance. C’est l’histoire d’une femme qui éprouve le profond désir
d’échapper à un destin dicté d’avance, grâce à des prises de conscience
dont certaines restent à venir. Aujourd’hui encore, elle s’interroge
sur ce qui a rendu cette libération possible, quand beaucoup de ses
amies d’enfance sont toujours voilées, mariées de force, totalement
soumises.
Ses écarts entraînent par ailleurs des mises en garde de plus en plus
insistantes, qui lui sont adressées directement ou à sa famille. Comme
on considère, dans ces milieux, les gens comme un collectif, la famille
entière de la jeune femme subit les pressions de l’extérieur. Si Lale
Gül souligne l’absence de sens critique de ses parents devant de telles
injonctions, elle en comprend cependant les raisons : l’origine réside
dans le manque d’éducation.
Le choix romanesque
À force de lire les grandes œuvres de la littérature, Lale Gül fait un
constat : aucun personnage principal ne ressemble au sien dans les
lettres néerlandaises. C’est alors qu’elle décide de publier, sous la
forme romanesque, un récit de sa vie : Bürsa devient son double. Elle
porte le nom d’une ville du nord-ouest de la Turquie, au sud
d’Istanbul, connue notamment pour avoir été la résidence des sultans
ottomans au XIVe siècle.
Elle commence par suivre un atelier d’écriture du romancier Kees ’t
Hart, puis poursuit, seule, son roman, qu’elle met moins de deux ans à
terminer. Se réclamant de l’écrivain Multatuli, auteur du roman Max
Havelaar (Babel) qui vient d’être réédité dans une traduction de
Philippe Noble révisée, elle tire des épigraphes de son œuvre.
Dans son roman, elle prend soin de ne pas mentionner que son héroïne
tourne le dos à la religion, de ne pas ridiculiser Dieu comme peuvent
le faire certains écrivains (Gerard Reve) ou polémistes. Mais elle se
doit de dire dans le même temps ce qu’elle a vécu, l’étouffement,
l’incompréhension, les non-dits… dans une forme qu’elle souhaite
néanmoins fictive. La mère est une cible toute trouvée, bien plus que
la religion.
Le 6 février 2021, le roman de trois cent cinquante-deux pages est
publié aux éditions Prometheus. Il est intitulé Ik ga leven : « Je vais
vivre ». En moins d’un mois, le roman atteint le top 10 des ventes
nationales et même la première place, à l’heure d’écrire ce papier,
selon l’annonce faite ce mercredi 24 mars par l’éditeur aujourd’hui
même sur Twitter. (profession-spectacle.com, 24 Mars 2021)
Socio-économique
/ Socio-economic
Le
"Saint-Tropez turc" redoute une nouvelle saison
touristique terne
Les touristes russes commencent à revenir avec des roubles plein les
poches mais cela ne suffit pas à rendre le sourire aux stations
balnéaires turques qui anticipent une nouvelle saison noire à cause de
la pandémie de coronavirus.
"Lors de la dernière saison touristique, nous avons enregistré une
baisse d'activité de 75%", indique à l'AFP Ahmet Aras, maire de Bodrum
(sud-ouest), depuis une terrasse surplombant la mer Egée.
Si la reprise des vols en provenance de Russie et d'Europe représente
l'espoir d'un rebond, M. Aras estime que la "convalescence" du tourisme
turc dans son ensemble est encore longue.
"Il faudra des années pour un rétablissement complet", dit-il.
Les restrictions aux voyages liées à la pandémie de coronavirus ont
durement touché le secteur du tourisme, privant l'économie turque d'une
importante source de revenus.
Surnommé le "Saint-Tropez turc", Bodrum a accueilli 4,34 millions de
touristes en 2019. Ce nombre a chuté des deux tiers en 2020, et
seulement 350.000 touristes sont venus entre janvier et mai 2021.
Avec la récente baisse du nombre de cas quotidiens de Covid-19
--environ 5.700--, les autorités turques croisent les doigts pour un
retour des touristes.
Pour les attirer, le président Recep Tayyip Erdogan les a même exemptés
d'un confinement strict imposé à ses concitoyens en mai, leur
permettant comme le dénonçaient des opposants de "profiter de la
Turquie sans les Turcs".
Mais la quarantaine imposée par de nombreux pays à leurs ressortissants
revenant de Turquie a sapé ces efforts.
- "Zombie" -
Ankara a aussi payé le prix de tensions avec Moscou liées à la
situation en Ukraine. La Russie a suspendu en avril --officiellement
pour des raisons sanitaires-- les vols entre les deux pays, privant la
Turquie de son principal contingent de touristes étrangers. Cette
restriction n'a été levée que mardi.
Davantage de visiteurs européens pourraient aussi venir avec
l'assouplissement de certaines règles à partir du 1er juillet.
En attendant, Bodrum, une station balnéaire prisée des étrangers comme
de la jet-set stambouliote, lovée entre la mer et des collines, n'est
plus que l'ombre d'elle-même.
"Voyez ces bateaux", soupire le guide touristique Baris Kasal en
désignant la marina, "il y en aura peut-être un qui sortira pour une
balade aujourd'hui".
Pour lui, si la saison touristique 2020 est "morte", celle de cette
année est "comme un zombie".
"Ca bouge un peu mais ça reste très, très modeste", déplore-t-il.
Selon Iclal Kayaoglu, directrice des opérations à l'aéroport
Milas-Bodrum, le nombre de passagers quotidiens ne représente désormais
qu'un dixième du volume de 2019.
"Il s'agit principalement de Russes et de Britanniques",
souligne-t-elle à l'AFP. "Le nombre de vols va augmenter",
ajoute-t-elle avec espoir.
- "Pas la force" -
Signe de l'attractivité de la Turquie, certains touristes russes
trouvaient le moyen de s'y rendre en contournant les restrictions
imposées par Moscou, en faisant par exemple escale en Pologne.
Leur retour progressif sera-t-il suffisant pour sauver les commerçants
et hôteliers qui se sont massivement endettés pour traverser la disette?
"On pensait que ce serait juste une année et qu'on allait remonter la
pente", explique Engin Erkan, gérant d'une boutique de vêtements en
cuir. "On n'a pas la force de tenir une seconde année comme ça",
souffle-t-il.
Le chiffre d'affaires des commerçants de Bodrum a baissé de 80% par
rapport à 2019, selon le président de la Chambre de commerce locale
Mahmut Serdar Kocadon.
"Les commerces sont au bord de la faillite", affirme-t-il.
Le ministère du Tourisme table sur la venue en Turquie de 30 millions
de touristes en 2021, contre 49 millions en 2019, mais les experts
trouvent cet objectif difficile à atteindre.
Les Ukrainiens et autres ressortissants de l'Europe de l'Est, qui font
partie des rares touristes actuellement en Turquie, profitent en
attendant des plages vides.
"Les portes de l'Europe sont fermées à cause de la pandémie. La Turquie
est donc une destination idéale", indique Michael Grunnyi, venu
d'Ukraine avec sa femme et leur fille.
Mais la présence de ces visiteurs ne suffit pas pour le maire de Bodrum
à dresser un tableau positif.
"Vous ne pouvez pas démarrer la saison touristique en juillet et
espérer la sauver", dit-il. "Ca ne marche pas comme ça". (AFP, 27 juin 2021)
Getir, la licorne turque à l'assaut de Paris et
bientôt des Etats-Unis
C'est un nouvel acteur de poids dans la
bataille internationale pour la livraison de courses ultra-rapide:
Getir, une entreprise turque fondée en 2015 qui vient de se lancer à
Paris, est devenue incontournable dans son pays d'origine et est
valorisée plus de 6,3 milliards d'euros.
. "Apporte!"
Getir, en turc, c'est "apporte!" Une interjection à l'impératif pour
cette entreprise qui veut rendre "le luxe de la livraison à domicile"
accessible, explique à l'AFP son fondateur Nazim Salur. Envie d'une
glace? Besoin d'un ingrédient manquant? Les livreurs de l'entreprise
ont pour mission de l'apporter en moins de 10 minutes, grâce à une
multitude d'entrepôts, des "dark stores", dont les rayonnages
n'accueillent pas de public, mais des livreurs.
L'entreprise, vieille de six ans, est aujourd'hui active dans 40 villes
turques, où elle est la seule à proposer ce service de livraison
ultra-rapide d'environ 1.500 références, un assortiment resserré mais
qui doit couvrir l'essentiel des produits souhaités par les
consommateurs.
Elle s'est lancée à l'international début 2021 à Londres (janvier),
Amsterdam (mai), Berlin (juin) et Paris depuis lundi, en attendant les
Etats-Unis "au quatrième trimestre".
. Marché embryonnaire
En France, le marché de la livraison à domicile reste embryonnaire,
selon des données du spécialiste de la consommation Nielsen IQ: sur 4,7
milliards d'euros de courses alimentaires réalisées en ligne (sur un an
en juin 2021), il ne pèse que 374 millions d'euros, soit 7%, bien loin
derrière le drive (92%). Mais Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ, précise
que le marché "se développe bien", quoique "pas partout".
A Paris, Getir a ouvert cinq entrepôts et recruté une centaine de
personnes permettant de livrer "la plupart des quartiers de la ville
ainsi que Levallois-Perret", selon Berker Yagci, directeur général de
Getir France.
Hors de ses frontières, la concurrence s'annonce plus relevée sur
ce segment de la livraison ultra-rapide, où les Allemands Flink ou
Gorillas, ou encore le français Cajoo se sont lancés récemment.
. Soutiens puissants
Getir a une force de frappe conséquente: la deuxième "licorne" -
entreprise valorisée plus d'un milliard de dollars - de Turquie après
le studio de développement de jeux vidéos Peak Games a levé presque un
milliard de dollars depuis début 2021. La dernière levée, début juin,
la valorise à 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros).
Les fonds qui la soutiennent sont prestigieux: les californiens Sequoia
Capital et Silver Lake, ou encore Mubadala Investment Company, un fonds
d'investissement souverain de l'émirat d'Abu Dhabi.
"Nous avons été à l'origine de cette idée" de livraison ultra-rapide,
déclare Nazim Salur pour justifier sa capacité à lever de telles
sommes. "Nous avons la connaissance, le savoir-faire, l'équipe et les
données". Surtout, "nous sommes une activité qui fonctionne dans un
pays de 84 millions de personnes, pas un projet".
. Modèle social "hybride"
Quid de la soutenabilité économique d'un service qui coûte cher au
client (10% de plus en moyenne en Turquie), et encore plus à
l'entreprise? "Avec des paniers de trois ou quatre articles, on peut se
poser la question", observe Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ. "Mais avec
des paniers plus importants, vous allez baisser les coûts fixes. C'est
toute la difficulté pour ces enseignes qui proposent un assortiment
court".
Nazim Salur assure, lui, que Getir est rentable dans les villes turques
où elle "est présente depuis le plus longtemps".
La contrainte du service en dix minutes suscite néanmoins des
inquiétudes sur les conditions de travail des livreurs, chez cette
entreprise qui propose aussi de la livraison de plats préparés ou, plus
récemment, de gros bidons d'eau potable. En mai, un groupe a manifesté
à Izmir (ouest de la Turquie) contre leurs conditions de travail et des
licenciements de collègues, jugés abusifs.
Nazim Salur assure que son entreprise est "la meilleure dans laquelle
travailler pour un livreur en Turquie". En Europe, il entend s'appuyer
sur un modèle "hybride" avec des livreurs salariés, et d'autres
indépendants. (AFP, 25 juin 2021)
Des villageois défient Erdogan
pour protéger la forêt
Une forêt luxuriante et des
champs de thé verdoyants s'étendent à perte de vue dans cette vallée
située non loin du berceau familial du président Recep Tayyip Erdogan,
dans le nord-est de la Turquie.
Mais ce coin de paradis coincé entre la mer Noire et les montagnes de
la chaîne pontique est menacé par une carrière qui a commencé à être
creusée et dont les pierres doivent servir à construire un port
logistique.
Défiant les autorités, des habitants du village de Gürdere, dans
la province de Rize, fief électoral et familial du président turc,
s'opposent depuis près de deux mois à ce projet, craignant une
catastrophe environnementale et la destruction de leur mode de vie.
"Ils disent qu'il y a de la pierre là-dessous. Mais au-dessus, il y a
de la vie, de la vie qui a bien plus de valeur", déclare à l'AFP Asuman
Fazlioglu, un villageois âgé de 60 ans.
Cette affaire illustre les tensions entre une sensibilité de plus en
plus aiguë en Turquie sur les questions environnementales et la course
effrénée au développement sous la houlette de M. Erdogan qui met
souvent en avant les aéroports, routes et autres ponts bâtis depuis son
arrivée au pouvoir en 2003.
M. Erdogan soutient que ces infrastructures sont nécessaires pour faire
entrer la Turquie dans le club des pays les plus développés.
Mais ses détracteurs l'accusent de multiplier les projets inutiles et
coûteux pour enrichir des entreprises proches du pouvoir -- dans ce
cas, le conglomérat Cengiz Holding --, quitte à raser des forêts.
- Bâtons et cannes -
Les habitants de cette région humide vivent de la production de thé et
de miel. Les ours se promènent en liberté et dans les vallées résonne
le fracas des cascades.
Jaloux de leur mode de vie, des habitants du village de Gürdere ont
manifesté fin avril pour arrêter l'exploitation de la carrière.
Les autorités ont immédiatement dépêché des compagnies de policiers
antiémeute pour réprimer ces primo-manifestants qui comptent dans leurs
rangs force femmes voilées munies de bâtons de marche et vieillards
voûtés sur leur canne.
Après des affrontements avec la police, le gouvernorat de Rize a
interdit toute manifestation en mai et juin.
Le gouvernement affirme que la majorité des habitants de la région
soutient l'exploitation de la carrière, mettant les manifestations sur
le compte de "groupes marginaux".
Mais la plupart des habitants interrogés par l'AFP y sont farouchement
opposés.
"Nous avons du miel, du thé, nous nourrissons nos animaux grâce à la
forêt", explique Pervin Bas, une villageoise de 50 ans qui fait partie
de plusieurs manifestants brièvement détenus en avril.
Güngör Bas, un parent de Pervin, dit ressentir de la douleur en voyant
le lieu où il est né et a grandi être défiguré.
"Nos maisons sont maintenant recouvertes de poussière", se lamente-t-il.
- "Vert du dollar" -
Malgré deux actions en justice en cours pour mettre un coup d'arrêt à
l'exploitation de la carrière, celle-ci se poursuit.
"Ce gouvernement (...) préfère le vert du dollar au vert des arbres",
tacle Ali Oztunç, vice-président du principal parti d'opposition CHP en
charge des questions environnementales.
La construction de l'aéroport de Rize, qui doit ouvrir d'ici la
fin de l'année, a servi de mise en garde pour les habitants de Gürdere.
Celle-ci a en effet été permise par l'exploitation d'une autre carrière
non loin de là, qui a ouvert une plaie béante dans la vallée.
Le va-et-vient des camions-bennes est incessant et les habitants
des villages alentours se plaignent des fréquentes explosions de
dynamite.
"Avant, ici, c'était un endroit tout vert. Des animaux vivaient ici,
des oiseaux (...), des cerfs, des ours. Ils sont tous partis", soupire
Mahir Karaca, un villageois âgé de 42 ans.
Pour les défenseurs de l'environnement, ces exemples illustrent le peu
de cas fait par le gouvernement des forêts, ce qui risque d'avoir des
conséquences à long terme.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Cengiz Holding s'engage à
replanter des arbres après l'exploitation de la carrière près de
Gürdere, pour "restaurer la nature".
"C'est une arnaque", balaie cependant Ahmet Dursun Kahraman, président
de la Chambre des ingénieurs en environnement. "Ils vont prendre les
pierres, où vont-ils planter les arbres ?", demande-t-il.
Selon lui, l'exploitation de la carrière va avoir un impact sur
plusieurs générations. "C'est de cette manière qu'il faut envisager ce
genre de projets", dit-il. "Qu'allons-nous laisser derrière nous ?" (AFP, 24 juin 2021)
Des
femmes manifestent contre l'abandon d'un
traité les
protégeant
Plus d'un millier de femmes en
provenance de toute la Turquie ont manifesté samedi à Istanbul contre
une décision du président Recep Tayyip Erdogan d'abandonner un traité
les protégeant contre les violences domestiques.
Le décret du 20 mars retirant la Turquie d'un traité du Conseil de
l'Europe - la Convention d'Istanbul de 2011 - qui oblige les
gouvernements à adopter une législation réprimant la violence
domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale
féminine, avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.
"La Convention d'Istanbul nous appartient", pouvait-on lire sur des
banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins
du pays, dont les provinces de Bursa (nord-ouest) et Mardin (sud-est),
pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive
asiatique d'Istanbul.
"Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir", a déclaré à
l'AFP Melek Ondas, de l'association Conseil des femmes en assurant que
les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.
"Nous croyons à la force de nos organisations. Qu'on revienne ou pas
sur cette décision nous allons poursuivre notre lutte par tous les
moyens possibles", a-t-elle ajouté.
Une nouvelle manifestation est déjà prévue le 1er juillet, jour de
l'entrée en vigueur du retrait du traité.
Décidé alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter depuis une
décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations
de défense des droits des femmes et des critiques de l'Union
européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme
de l'ONU.
La décision du chef de l'Etat turc a provoqué depuis des manifestations
à travers la Turquie de femmes qui se sentent menacées par l'abandon du
traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.
Plus de 300 femmes ont été tuées l'année dernière en Turquie, selon la
plateforme "Nous allons arrêter les féminicides".
Environ 38% des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une
fois victimes de violences conjugales, selon les données de
l'Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux
alentours de 25% pour l'Europe. (AFP, 19 juin 2021)
120 organizations to hold a rally: ‘We
don’t give up on İstanbul
Convention’
A written statement has been released ahead of the rally to be held in
Maltepe district of İstanbul on June 19, 2021 upon the joint call of
women from over 120 women's and LGBTI+ organizations, labor and
occupational organizations, political parties, initiatives and
platforms.
Turkey has withdrawn from the Council of Europe Convention on
Preventing and Combating Violence Against Women and Domestic Violence,
known as the İstanbul Convention, by a Presidential decision dated
March 20, 2020. On July 1, the İstanbul Convention will no longer be in
force in Turkey, according to the Article 80 of the Convention
regarding denunciation.
Within this context, women will gather in İstanbul's Maltepe on June 19
to express their support for the İstanbul Convention and to once again
protest the decision to pull Turkey out of the Convention.
Titled "We don't give up on the İstanbul Convention", the joint
statement of the organizations briefly reads as follows:
'We don't give up on our lives or rights'
"We don't give up on the ideal of equality of the İstanbul Convention!
We don't give up on our demand for an equal, free life away from
violence!
"We don't give up on our lives, on equality or our rights!
"We don't give up on our efforts to ensure that gender equality is
realized in all areas of life or our demand for the policies that need
to be implemented to establish gender equality! We don't give up on our
lives, we don't give up on equality, we don't give up on our rights!
"We don't accept the unlawful withdrawal from the İstanbul Convention,
which is a wide social agreement, by the decision of a single person.
"We consider the prevention of male violence and child abuse, the
protection of women, children and LGBTI+s from violence, the trial of
perpetrators of violence and the development of gender-based policies
to be a Constitutional obligation of the state; we don't accept the
withdrawal from this obligation!
"We don't accept that the prevention of violence against women be left
to the 'consciences'; we don't accept one more feminicide!
'We will be in Maltepe on June 19'
"We don't accept the failure to fully implement the Law no. 6284 on the
Protection of Family and Prevention of Violence Against Women; we don't
accept the attempts to amend the Turkish Penal Code (TCK) Article 103,
thereby granting amnesty to the perpetrators of child abuse; we don't
accept the efforts to restrict women's right to alimony.
"We don't accept the sacredness of the family, where violence occurs.
We don't accept that LGBTI+s be subjected to hate speech and used as a
propaganda tool to create a negative public opinion about the
Convention.
"We keep on shouting! Women will set off all across the country and
come together in İstanbul on June 19. We keep on shouting! We don't
give up on the İstanbul Convention! We keep on shouting that we will
claim our rights, which we acquired thanks to years-long struggle,
together!
"We know that we are together and very strong in the face of the
attacks targeting our rights and lives and we keep on shouting: We will
be in Maltepe, İstanbul on June 19 at 1 p.m. We don't hush! We don't
fear! We don't obey! We don't give up on the İstanbul Convention!
"As the women from over 120 women's and LGBTI+ organizations, labor and
occupational organizations, political parties, initiatives and
platforms, we invite all women and LGBTI+s - organized or not organized
- to the rally that we jointly organize. We are one person missing
without you."
What happened?
Turkey has withdrawn from the İstanbul Convention with a Presidential
decision published in the Official Gazette on March 20, 2021.
The decision in question said that "the Council of Europe Convention on
Preventing and Combating Violence Against Women and Domestic Violence,
which was signed by Turkey on May 11, 2011 and approved with the
Cabinet Decree no. 2012/2816 on February 10, 2012, shall be terminated
on the part of Turkey as per the Article 3 of the Presidential Decree
no. 9."
Following this Presidential decision published at midnight, several
social media users, women's rights defenders, lawyers and politicians,
denounced the decision, recalling that the convention was unanimously
approved at the Parliament and stressing that it is not possible for
Turkey to withdraw from an international convention with a Presidential
decision.
After the Presidential decision pulling Turkey out of the İstanbul
Convention was met with criticisms and objections in both Turkey and
around the world, the Communications Directorate of the Presidency
released a written statement about the issue on March 22.
"As known, Turkey was the first signatory to the Istanbul Convention,"
the statement noted, arguing that the "İstanbul Convention, originally
intended to promote women's rights, was hijacked by a group of people
attempting to normalize homosexuality – which is incompatible with
Turkey's social and family values. Hence the decision to withdraw." (BIA, 14 June 2021)
La "morve de mer" qui envahit la
mer de Marmara est liée à la
pollution et au climat
Depuis plusieurs semaines, une épaisse couche de "morve de mer" a
recouvert la mer de Marmara, en Turquie. Derrière ce terme se cache un
organisme vivant qui apparaît pour la première fois en si grandes
quantités, ce qui le rend toxique pour l’homme et l’écosystème marin.
Cette prolifération inquiétante est liée, selon plusieurs experts, au
réchauffement climatique et à la forte pollution qui caractérise cette
région industrielle densément peuplée.
Depuis la mi-mai, les habitants des rives de la mer de Marmara, en
Turquie, s’inquiètent de voir sur les plages et dans les ports
d’épaisses couches d’une mousse mucilagineuse dégageant des odeurs
d’algues en décomposition. Cette substance végétale apparaît
naturellement dans la mer de Marmara et à travers le monde, mais cette
fois le phénomène a pris des proportions jamais vues en Turquie.
Le mucilage est une mousse visqueuse sécrétée par des micro-organismes
marins à leur mort ou sous l’effet du stress. Cette mousse peut,
lorsque présente en grande quantité, bloquer l’approvisionnement en
oxygène de certaines zones d’eau, asphyxiant poissons et autres
organismes de la macrofaune.
Autre problème : selon plusieurs experts, cette mousse pourrait
transporter divers virus et bactéries, notamment la bactérie E. coli,
dangereuse pour l’homme.
Pour les habitants des rives de la mer de Marmara, les conséquences
sont multiples : les pêcheurs ne peuvent plus exercer leur activité et
le secteur du tourisme est fragilisé. Ce phénomène vient aussi rendre
visibles les conséquences du réchauffement climatique car le
développement du mucilage est favorisé dans les eaux chaudes. Or la mer
de Marmara a vu sa température moyenne augmenter de 2 à 2,5 degrés ces
vingt dernières années, plus que la moyenne des eaux marines mondiales,
entre 1 et 1,5 degrés.
Alper Altay, dentiste basé dans la ville de Bursa (nord-ouest), a filmé
le 5 mai une série d'impressionnantes vidéos dans un petit port situé
en bord de mer.
"J’ai un bateau de plaisance dans le port de Mudanya
[à 20 kilomètres au nord de Bursa, NDLR] et je suis allé sur place le 5
mai pour vérifier son état. Quand je me suis approché j’ai vu cette
chose étrange, comme une couche de béton. J’ai vu que ça bougeait,
c’était d’une couleur étrange, entre le gris et le marron, avec un
aspect vraiment dégoûtant. Je me suis assis sur mon bateau et je l’ai
touché avec mes pieds. Ça sentait très mauvais, comme des algues, comme
quelque chose en décomposition."
"Trois semaines plus tard, le mucilage avait disparu
de ce port, mais quand j’ai fait un trajet en bateau d’Istanbul à
Bursa, j’en ai vu de longues bandes à la dérive sur la mer, elles
faisaient des kilomètres de long et environ cinq mètres de large."
"Depuis, l’eau est restée trouble et opaque, on
dirait presque de la peinture vert foncé. Des amis qui font de la
plongée m’ont dit que le mucilage s’était déposé au fond de la mer.
Le mucilage s’est aussi déposé dans les petits ports de plaisance
d’Istanbul, ou sur les îles des Princes situées au large de la capitale
économique turque."
Mert Gökalp, écologiste marin et documentariste, surveille la
propagation du mucilage depuis plusieurs mois.
"L’apparition de mucilage n’est pas quelque chose de
nouveau ou de spécifique à la mer de Marmara, on en voit un peu partout
mais en plus faibles quantités. Le phénomène actuel est lié à une forte
augmentation du nombre de nutriments dans l’eau et à un grand stress
imposé sur le phytoplancton, qui rejette ce mucus en réaction.
La recherche récente permet de démontrer que ce
phénomène est anthropogénique, c’est à dire lié à l’activité humaine.
Il existe plusieurs facteurs comme la température de l’eau et
l’intensité des courants marins, mais celui qui semble prévaloir ici
est la pollution de l’eau. "
"Près de 25 millions de personnes vivent autour de
la mer de Marmara [soit environ 30 % de la population turque, NDLR] et
les municipalités jettent pour la plupart les eaux usées directement au
fond de la mer. C’est d’autant plus problématique quand on sait que la
mer de Marmara est une mer fermée avec d’un côté le détroit du Bosphore
et, de l’autre, celui des Dardanelles, et donc avec peu de courants
pour "évacuer" le mucilage.
Une équipe de chercheurs turcs a récemment émis une
hypothèse intéressante : avec la pandémie de Covid-19, les ménages
turcs ont changé leurs habitudes et se sont notamment mis à utiliser
d’importantes quantités de détergents. Ces détergents [riches en
phosphates, NDLR] pourraient avoir favorisé le développement du
mucilage."
"De mon côté j’ai pu observer une très forte
mortalité des animaux marins, des éponges et des organismes filtreurs
qui consomment ce phytoplancton. Sous cette couche de mucilage, les
organismes vivants n’ont aucune chance, la photosynthèse ne peut pas
avoir lieu, ils sont littéralement asphyxiés.
Dans le cadre de mon travail de documentariste, je
suis en contact avec de nombreux pêcheurs. Ce sont eux les premiers à
avoir remarqué le phénomène et à avoir tiré la sonnette d’alarme.
Aujourd’hui ils ne peuvent plus pêcher dans la mer de Marmara et
doivent faire des dizaines voire des centaines de kilomètres pour
rejoindre la mer Noire ou la mer Égée."
Depuis le 8 juin, le gouvernement a actionné un plan de lutte contre le
mucilage avec entre autres une flotte de bateaux déployée pour le
nettoyer.
Il prévoit également de désigner la mer de Marmara comme une zone
protégée et a promis des efforts pour réduire la pollution et traiter
de façon appropriée les eaux usées des villes côtières et des
navires. (observers.france24.com, 11 juin 2021)
Le tourisme turc en berne
Ragip Duran, chroniqueturquie, 7 juin 2021
La mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 plus les politiques
agressives à l’étranger et les politiques répressives à l’intérieur du
pays ont presque complètement saboté l’ensemble des activités
touristiques en Turquie.
La Turquie était devenue une destination touristique à partir des
années 1980. C’est à dire après le Coup d’Etat militaire du 12
septembre avec M.Turgut Ozal qui dirigeait l’économie du pays. De
grands hôtels ont été construits sur les côtes de l’Egée et de la
Méditerannée pour recevoir en masse les touristes en provenance de
l’Europe. L’économie turque avait besoin de devises étrangères car elle
ne produisait pas et n’exportait pas beaucoup. Donc les dollars des
touristes américains et européens étaient un revenu important voire
crucial. Cependant la nature était deformée, le béton bouffait le vert
et le bleu, peu importe!
Depuis maintenant donc plus de 40 ans le tourisme est devenu un atout
économique et politique important pour Ankara.
La pandémie de Covid-19 mais aussi la dictature du Président Erdogan a
fait beaucoup de mal au tourisme turc: Déjà il y a eu une chute de 65%
dans le nombre de touriste en 2020 par rapport au 2019 et cette année
le secteur a peur de voir ce pourcentage augmenter encore.
Les russes et les européens en générale sont en tête de liste des
touristes qui rendent visite en Turquie. Mais cette année le Président
Poutine a annulé tous les vols vers la Turquie car Erdogan s’est rangé
du coté de l’Ukraine et déjà il ne s’entend pas très bien avec Moscou
en Syrie non plus. La visite du ministre turc de tourisme à Moscou n’a
pas changé la position de Kremlin.
Il en fut de même en ce qui concerne la visite de plusieurs ministres
turcs en Allemagne pour convaincre les autorités de Berlin afin qu’ils
envoient des touristes en Turquie.
Par ailleurs les citoyens turcs qui ont même un visa Schengen ne
peuvent non plus toujours pas voyager en Europe pour cause de Covid.
Cavusoglu, a pu récemment se mettre d’accord avec son homologue grec au
sujet de la reconnaissance mutuelle de la validité des vaccins
administrés en Turquie et en Grèce. Ainsi les turcs et les grecs qui
ont déjà reçu les deux doses et qui ont un certificat de test négatif
pourront voyager entre les deux pays. Vu le nombre de peu de touristes
grecs qui vont en Turquie pour les vacances d’été ce sont surtout les
touristes turcs qui vont prochainement remplir les hôtels; les tavernes
et les ouzéris des îles grecques.
Le Président Erdogan qui se rendra le 14 juin à Bruxelles pour le
Sommet de l’OTAN aura des entretiens bilatéreaux avec ses homologues, y
compris le Président Biden et le Premier Ministre Mitsotakis. Le
tourisme sera un des sujets importants de son ordre du jour. Mais il y
a sur la terre toute entière peu de pays qui est prêt pour encourager
ses concitoyens à partir en Turquie pour les vacances d’été. Ankara
n’arrive pas à réduire le nombre de cas et de mort causé par la
pandémie. (6602 nouveaux cas et 114 morts selon les chiffres
officiels seulement pour le 3 juin dernier).
Par ailleurs le Président Erdogan n’a pas l’image du leader le plus
démocratique de la région.
‘’Les mois de mai et juin…on les a déjà perdus. Probablement personne
ne viendra en juillet…alors peut être en août et en septembre on
peut recevoir quelques touristes’’ croient les voyagistes (Tour
Operators) turcs.
La crise a une influence directe sur plusieurs centaines de milliers de
travailleurs du secteur qui ne reçoivent pas une seule centime d’aide
de l’Etat. Par ailleurs les secteurs secondaires sont également
presqu’en faillite. Mais l’İnstitut des Statistiques de Turquie (TUIK),
dirigé par un proche du Président Erdogan, publie des chiffres toujours
très positifs sur l’ensemble des activités économiques.
La mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 plus les politiques
agressives à l’étranger et les politiques répressives à l’intérieur du
pays ont réduit considérablement les revenus du tourisme. La Turquie
gagnait auparavant environ 35 milliards de dollars US grâce aux
activités touristiques, qui correspondait à peu près aux 5pc de PNB.
(FIN/RD)
Le
«projet fou» d’Erdogan: un nouveau canal pour
désengorger le Bosphore
Marco Ansaldo, La Repubblica, 4 juin 2021
C’est mon rêve. Un projet fou. » Le matin du samedi 29 mai, à l’ombre
de la nouvelle tour Camlica, haute de 580 mètres et destinée au
traitement des signaux de radiodiffusion depuis la rive asiatique
d’Istanbul – une énième inauguration après celle de la nouvelle mosquée
sur la place centrale de la ville –, Recep Tayyip Erdogan a annoncé que
les travaux de construction du Canal d’Istanbul démarreraient « en juin
».
De l’autre côté du Bosphore, dans la zone verte d’Arnavutköy, l’éleveur
Aydin garde son bétail, écarte les bras et se met à grommeler : « Pour
moi, ils sont tous fous. Comment peut-on construire un autre canal
artificiel, en arrachant des arbres et de la végétation pour construire
des ports et des ponts et relier la mer de Marmara à la mer Noire, sans
que tout cela n’affecte l’environnement ? »
Traverser du nord au sud les 45 kilomètres de la Thrace orientale, un
territoire sur le point d’être coupé en deux pour créer un nouvel
isthme et faire place à un Bosphore parallèle, c’est rencontrer des
pâturages et des parcs, des cultures maraîchères, des élevages de
buffles, des lacs, des barrages et des fermes. Cette zone proche de la
mer Noire, déjà secouée l’an dernier par la construction du troisième
aéroport d’Istanbul, est habituée aux secousses telluriques
occasionnées par des fouilles désormais devenues permanentes. Mais dans
les « köy », c’est-à-dire des villages comme celui de Dursun, ou dans
le district de Sazlidere, certaines personnes s’inquiètent et
commencent à se poser des questions. Où les ponts seront-ils construits
? Quels seront les tracés des bassins ? Qu’est-ce qui sera détruit et
qu’est-ce qui sera sauvé ?
Les écologistes et les verts s’insurgent déjà. La section locale de
Greenpeace met en garde : « Le projet affectera profondément la nature
et l’écosystème, et rendra Istanbul, déjà vulnérable, encore plus
vulnérable. » Au gouvernement, les pétitions et les courriers de
protestation affluent. Dans un de ses rapports, le WWF Turquie s’alarme
et écrit que « le Canal d’Istanbul constituera non seulement un énorme
investissement, mais aussi la plus grande opération d’ingénierie à
laquelle la nature d’Istanbul ait jamais été confrontée au cours de son
histoire séculaire ».
« Les mécontents se feront une raison »
Certains, cependant, voient l’investissement d’un œil favorable. Dans
le district de Başakşehir, par exemple, qui abrite non seulement le
nouveau stade construit par Erdogan pour l’équipe présidée par son
neveu par alliance, mais aussi de magnifiques jardins et fontaines, la
confiance règne. La zone, traversée par des nuées noires de femmes
voilées, est en effet riche en végétation, et les familles assises sur
les bancs votent toutes pour le parti conservateur au pouvoir.
Selon un sondage, pourtant, près de la moitié de la population turque
n’approuve pas le projet. Et quatre des principales banques turques ont
des doutes, révèle une enquête de Reuters. Elles ont en effet refusé de
financer ce projet dont le montant est passé de 13 milliards de dollars
en 2019 à 20 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros)
actuellement. Les risques environnementaux sont trop élevés.
Mais alors, qui paiera pour le canal ? Le soutien, Erdogan l’a trouvé
auprès de familles qataries aux portefeuilles bien garnis qui se sont
vues attribuer des portions importantes du tracé à l’étude. A coup
d’expropriations et d’achats de terrains, une « nouvelle ville » de
500.000 habitants ainsi que des quartiers bordant les deux rives
verront le jour. « Les mécontents se feront une raison », a ajouté
Erdogan, « de nouveaux quartiers seront construits, Istanbul gagnera en
valeur stratégique et deviendra encore plus belle. »
Le premier mécontent n’est autre que le maire d’Istanbul, le
Républicain Ekrem İmamoğlu. « C’est un projet assassin »,
réplique-t-il, « une trahison pour Istanbul, il va tuer la ville. » Et
il déballe les chiffres. Les arbres à abattre ? Plus de 200.000. Les
hectares de terres agricoles à détruire ? Jusqu’à 10.000. Le
porte-parole présidentiel, l’ambassadeur Ibrahim Kalin, s’attaque à «
l’ingérence des autorités de la ville » et précise : « Ce n’est pas un
projet local, mais national. »
Un enjeu vital pour Erdogan
Les préoccupations environnementales ne sont toutefois qu’un aspect du
problème. En avril, une centaine d’amiraux turcs à la retraite ont
signé une lettre ouverte critiquant le projet : « Cela pose les
conditions d’un retrait de la Turquie de la convention de Montreux. »
Ce document, chef-d’œuvre de la diplomatie kémaliste, a été signé en
1936 en Suisse et garantit le libre passage des navires commerciaux en
imposant des limites précises au transit des navires de guerre sur le
Bosphore. Erdogan a crié à la « tentative de coup d’Etat » et fait
arrêter dix amiraux, dont Cem Gürdeniz, l’inventeur du nouveau concept
stratégique de « Patrie bleue », c’est-à-dire la conquête des mers par
la Turquie. Les militaires qui résistent encore à Erdogan malgré les
coups d’Etat ratés ont en effet compris quelque chose de très important
: le président n’a pas l’intention d’appliquer les mêmes règles au
nouveau canal, qui serait totalement géré par Ankara.
C’est la Russie qui se montre la plus critique à l’égard du Canal
d’Istanbul. Les Etats-Unis, quant à eux, pourraient même amener leurs
navires jusqu’aux rives de la mer Noire, donnant ainsi à Erdogan
l’opportunité de restaurer pleinement les rapports avec le pays. La
prochaine rencontre avec le président américain Joe Biden, prévue le 14
juin, servira précisément à dégeler les relations entre Ankara et
Washington.
L’enjeu est vital pour le leader turc. Erdogan est à la recherche de ce
que les analystes appellent un « délicat équilibre de coopération
simultanée » – avec la Russie sur les problématiques communes en Syrie
et en Libye, avec l’Union européenne et les Etats-Unis à travers l’Otan
– tout en gérant les liens tissés avec l’Ukraine, la Roumanie, la
Bulgarie et la Géorgie. Une approche diplomatique qui nécessitera
d’excellentes capacités d’équilibriste.
Gaz naturel: Erdogan annonce une nouvelle découverte en
mer Noire
La Turquie a effectué une nouvelle découverte de gaz naturel en mer
Noire, a affirmé vendredi le président Recep Tayyip Erdogan, ajoutant
qu'Ankara allait intensifier ses recherches dans l'espoir d'alléger sa
lourde facture énergétique.
"Une nouvelle découverte de 135 milliards de mètres cubes a été faite
dans le puits d'exploration Amasra-1", a annoncé M. Erdogan dans un
discours à Zonguldak (nord).
Cette découverte a été faite dans le gisement baptisé Sakarya, là où la
Turquie avait annoncé l'an dernier avoir repéré 405 milliards de mètres
cubes de gaz naturel dans un autre puits d'exploration.
Le président turc, qui a vu sa popularité chuter ces derniers mois en
raison des difficultés économiques de la Turquie, avait voulu créer le
suspense en déclarant mardi qu'il annoncerait "une grande nouvelle"
vendredi.
Les quantités de gaz découvertes par Ankara restent modestes par
rapport aux principaux gisements mondiaux et les experts anticipent des
coûts d'extraction élevés en raison notamment de leur profondeur.
Mais les efforts consacrés par Ankara à la recherche d'hydrocarbures
traduisent son désir de devenir un acteur énergétique majeur et
l'exploitation de ces ressources devrait contribuer à alléger la lourde
facture énergétique turque.
La Turquie consomme chaque année entre 45 et 50 milliards de mètres
cubes de gaz naturel, presque entièrement importés, notamment de
Russie. Cela représente environ 11 milliards d'euros, selon l'autorité
régulatrice des marchés énergétiques (EPDK).
Après la découverte du premier gisement en mars, M. Erdogan avait
promis que ce gaz naturel "100% turc" commencerait à arriver dans les
foyers en 2023, l'année de la prochaine élection présidentielle.
En parallèle de ses recherches en mer Noire, Ankara a également
multiplié les initiatives en Méditerranée orientale, où la découverte
ces dernières années d'immenses réserves de gaz naturel a aiguisé
l'appétit des pays riverains.
Les forages réalisés par la Turquie dans des eaux grecques et
chypriotes ces derniers mois ont suscité des tensions et renforcé
l'isolement diplomatique d'Ankara, qui cherche désormais à apaiser les
relations avec ses voisins méditerranéens. (AFP, 4 juin 2021)
Turquie: les côtes envahies par de
la "morve de mer"
Une mousse visqueuse a envahi depuis plusieurs semaines les côtes du
nord-ouest de la Turquie sous l'action combinée de la pollution et du
réchauffement climatique, un phénomène qui préoccupe les défenseurs de
l'environnement.
Les mucilages, parfois surnommés "morve de mer", apparaissent lorsque
des organismes végétaux vivant en suspension dans l'eau gonflent
jusqu'à former une sorte de mucus jaunâtre qui recouvre de vastes pans
de mer.
Outre les désagréments pour les riverains et les pêcheurs, les
mucilages posent surtout un danger pour l'écosystème en bloquant
notamment la lumière du soleil et en privant la flore et la faune
sous-marines d'oxygène.
Les nappes de mucilages se sont multipliées ces dernières semaines dans
la mer de Marmara, y compris à Istanbul, capitale économique de la
Turquie.
Ce phénomène naturel a été recensé en Turquie pour la première fois en
2007. Mais l'invasion actuelle est de loin la plus importante à ce jour.
Selon les experts, elle est due à la pollution et au réchauffement des
températures, qui favorisent la prolifération des substances végétales
à leur origine.
"Les mucilages recouvrent la surface de la mer comme un drap. Au bout
d'un certain temps, celui-ci s'enfonce dans l'eau et recouvre
l'écosystème" marin, empoisonnant mollusques et crustacés, explique à
l'AFP Muharrem Balci, professeur de biologie à l'Université d'Istanbul.
"Si ce processus n'est pas enrayé, une odeur d'oeuf pourri apparaîtra"
bientôt, souligne-t-il.
- "Toutes mortes" -
Les pêcheurs sont déjà fortement affectés par ce phénomène.
"Vous savez ce que ça fait aux crustacés ? Ca les empêche de se
refermer (...) Les escargots de mer meurent, les poissons aussi, car
ils ne peuvent plus respirer", déclare à l'AFP Mahsum Daga.
"L'autre jour, j'ai vu 20 ou 30 crevettes sur une couche de mucilages.
Elles étaient toutes mortes. Elles s'étaient retrouvées coincées après
avoir sauté" hors de l'eau, ajoute un de ses confrères, Muhterem
Güldane.
L'invasion de mucilages pourrait durer tout l'été si des mesures
urgentes ne sont pas prises, s'alarme Cevahir Efe Akçelik, ingénieur en
environnement et secrétaire général de l'Union des chambres
d'ingénieurs et architectes de Turquie.
"Des études montrent que les mucilages ne sont plus seulement à la
surface, mais également à des profondeurs de 25, 30 mètres", dit-il à
l'AFP.
La mer de Marmara, qui s'étire d'Istanbul à la mer Egée, est bordée par
des zones qui sont parmi les plus peuplées, industrialisées et polluées
de Turquie.
Le problème est aggravé par la pollution élevée du Danube, fleuve qui
se jette dans la mer Noire, laquelle est reliée à celle de Marmara par
le détroit du Bosphore.
Les autorités turques ont déployé des chalutiers pour drainer les
substances visqueuses, mais les experts estiment que ces moyens sont
insuffisants.
Pour M. Balci, il faudrait notamment que les villes côtières
coordonnent leurs actions et que les substances rejetées dans la mer
par les usines soient mieux traitées. (AFP, 4 juin 2021)
La
banque centrale cherche à rassurer après un
plongeon de la livre
Le gouverneur de la Banque centrale de
Turquie a cherché mercredi à dissiper les craintes d'une baisse
prématurée de son taux directeur, après un appel en ce sens du
président Recep Tayyip Erdogan qui a fait plonger la livre turque.
"Il faut que les attentes injustifiées sur les marchés d'un
assouplissement précoce soient complètement levées", a déclaré le
gouverneur Sahap Kavcioglu lors d'une rencontre avec des investisseurs,
selon des propos rapportés par les médias turcs.
"Nous continuerons de maintenir le taux directeur à un niveau supérieur
à celui de l'inflation (...) jusqu'à ce que les indicateurs témoignent
d'une baisse durable" de celle-ci, a-t-il ajouté.
M. Kavcioglu semble ainsi vouloir résister aux pressions du président
Erdogan qui, dans une interview à la télévision turque mardi, a appelé
la banque centrale à abaisser ses taux dès cet été.
"J'ai parlé au gouverneur de la banque centrale aujourd'hui [mardi]. Il
est impératif d'abaisser les taux, il faut qu'ils commencent à baisser
en juillet-août", a affirmé M. Erdogan.
Ces déclarations ont suscité l'inquiétude des marchés qui voient d'un
mauvais oeil les pressions de M. Erdogan sur la banque centrale et
redoutent qu'un assouplissement de la politique monétaire provoque une
accélération de l'inflation.
Signe de cette préoccupation, la livre turque a atteint mercredi son
plus bas historique face au dollar, à 8,6266 livres pour un billet vert.
La hausse des taux est l'un des principaux instruments permettant de
lutter contre l'inflation. En Turquie, celle-ci s'élevait à 17,14% en
rythme annuel en avril, selon les chiffres officiels.
Cependant, le président Erdogan est hostile à des taux d'intérêt élevés
qu'il voit comme un frein à la croissance. A rebours des théories
économiques classiques, il soutient même que relever les taux alimente
la hausse des prix.
Excédé par plusieurs hausses du taux directeur de la banque centrale,
M. Erdogan a brutalement limogé en mars son gouverneur Naci Agbal, un
ex-ministre des Finances respecté des milieux économiques.
Depuis son arrivée à la tête de l'institution, M. Kavcioglu a maintenu
son taux directeur inchangé à 19%.
Mais face aux déclarations de M. Erdogan, "ce n'est qu'une question de
temps pour que la banque centrale commence à assouplir sa politique"
monétaire, estime l'analyste Jason Tuvey, du cabinet Capital Economics.
"Abaisser les taux soutiendrait la croissance économique à court terme,
mais au prix d'une inflation élevée", alimentant l'inquiétude des
marchés et accentuant la pression sur la livre turque, ajoute-t-il. (AFP, 2 juin 2021)
Covid :
restaurants et cafés en Turquie autorisés à accueillir des clients
Les restaurants et les cafés en Turquie, dont les activités étaient
limitées aux ventes à emporter depuis la mi-avril dans le cadre des
restrictions contre la pandémie, seront autorisés à recevoir des
clients à partir de mardi, a annoncé lundi le président turc.
La réouverture de ces établissements a été décidée dans le cadre d'une
série d'allègements annoncés par le président Recep Tayyip Erdogan.
Ils pourront accueillir des clients entre 07H00 et 21H00 tandis que les
ventes à emporter seront autorisées jusqu'à minuit.
La Turquie avait observé une période de confinement entre le 29 avril
et le 17 mai pour endiguer la propagation de l'épidémie de coronavirus
après une explosion du nombre des cas quotidiens.
Les restrictions avaient été allégées après le 17 mai mais les
restaurants sont restés fermés aux clients et un couvre-feu était
observé pendant le week-end. Il se limitera désormais aux seuls
dimanches.
La Turquie a enregistré lundi plus près de 6.500 nouveaux cas de
Covid-19 et 122 morts supplémentaires, après avoir atteint des pics de
plus de 60.000 contaminations par jour début avril.
Ce pays, qui compte 83 millions d'habitants, a entamé en janvier une
campagne de vaccination nationale avec le sérum chinois CoronaVac avant
d'aussi utiliser celui de BioNTech-Pfizer.
A ce jour, 16,6 millions de personnes en Turquie ont reçu la première
dose de ce vaccin et 12,5 millions les deux doses. (AFP, 31 mai 2021)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Le
sommet européen: pas de mesures a l'égard du
régime d'Erdogan
Les
dirigeants de l'UE réunis jeudi 24 juin à Bruxelles n'ont pas pris
des mesures lourdes à l'égard du régime d'Erdogan malgré la dernière
procédure judiciaire en vue d'interdire le Parti démocratique des
peuples (HDP). Le Conseil européen des 27 pays membres ont seulement
invité le président turc Erdogan à lever les derniers obstacles pour
renouer les relations après une année de fortes tensions. «L'Etat de
droit et les droits fondamentaux en Turquie restent une préoccupation
majeure», ont-ils précisé dans les conclusions adoptées jeudi soir.
Par contre, ils ont demandé à la Commission européenne de préparer la
modernisation de l'union douanière entre l'UE et la Turquie. Ils ont
également invité la présidente de l'exécutif bruxellois à «présenter
sans délai des propositions formelles pour la poursuite du financement
des réfugiés syriens et des communautés d'accueil en Turquie, en
Jordanie, au Liban et dans d'autres pays de la région».
La Commission avait transmis mardi aux États membres sa proposition de
débloquer 3 milliards d’euros pour la période allant de 2022 à 2024,
complétant les 535 millions d’euros déjà octroyés en 2021. Ces montants
s’ajoutent aux 6 milliards d’euros mobilisés depuis 2016,
essentiellement au bénéfice d’ONG, afin de prendre en charge les
réfugiés accueillis par la Turquie, qui sont près de 4 millions
maintenant, essentiellement syriens, et d’éviter qu’ils ne rejoignent
l’Europe.
Les dirigeants européens ont également insisté sur leur attachement à
«un règlement global du problème chypriote sur la base d'une fédération
bicommunautaire avec des droits politiques égaux, conformément aux
résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Chypre est
divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en
réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. La
République Turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par Ankara,
veut la reconnaissance de deux Etats indépendants et égaux. «L'UE a
enregistré une volonté d'apaisement de la part de la Turquie, mais les
conditions pour l'adoption de mesures positives ne sont pas réunies», a
expliqué un diplomate européen. (Info-Turk, 25 juin
2021)
EU Summit: 3 billion Euro funding for refugees in
Turkey
After the first day of the European Union (EU) Leaders' Summit in
Brussels yesterday (June 24), the European Commission has announced
that it has adopted a number of conclusions on Turkey.
EU heads of state and government began the two-day summit by discussing
migration and called for a new migration strategy.
As the EU summit continued, the section of the summit statement on
Turkey was shared with the public after the conclusion of the talks on
Turkey.
"The European Council reverted to the situation in the Eastern
Mediterranean and the European Union's relations with Turkey," the
conclusions noted, adding, "It takes note of the start of work at
technical level towards a mandate for the modernisation of the
EU-Turkey Customs Union."
On the other side, Angela Merkel, the Chancellor of Germany, has stated
that the EU Commission submitted a report on how the migration deal
with Turkey, which was signed in 2016, can be extended. She has said
that it was agreed with an additional funding of 3 billion Euro:
We will continue the work on the customs union, and
of course we expect constructive attitude from Turkey. We have also
seen an improvement in the situation in the Mediterranean."
Customs Union
Referring to "the established conditionalities set out in March and in
previous European Council conclusions", the conclusions on Turkey
reiterated the "EU's readiness to engage with Turkey in a phased,
proportionate and reversible manner to enhance cooperation in a number
of areas of common interest." The conclusions on Turkey briefly read as
follows:
"In line with this framework, it takes note of the start of work at
technical level towards a mandate for the modernisation of the
EU-Turkey Customs Union and recalls the need to address current
difficulties in the implementation of the Customs Union, ensuring its
effective application to all Member States. Such a mandate may be
adopted by the Council subject to additional guidance by the European
Council.
"It also takes note of the preparatory work for high level dialogues
with Turkey on issues of mutual interest, such as migration, public
health, climate, counterterrorism and regional issues.
"The European Council calls on the Commission to put forward without
delay formal proposals for the continuation of financing for Syrian
refugees and host communities in Turkey, Jordan, Lebanon and other
parts of the region, in line with the statement of the Members of the
European Council of March 2021 and within the context of the EU's
overall migration policy.
NOTE: In line with the migration deal signed in 2016, a funding of 6
billion Euro in total was allocated for 3.7 million Syrian refugees in
Turkey in five years. Turkey has long been demanding that the EU agree
on a new funding and send it to Turkey.
Cyprus
"The European Council recalls its previous conclusions and remains
fully committed to the comprehensive settlement of the Cyprus problem
on the basis of a bicommunal, bizonal federation with political
equality, in accordance with the relevant UN Security Council
Resolutions.
"It underlines the importance of the status of Varosha and calls for
full respect of UN Security Council Resolutions, in particular
Resolutions 550, 789 and 1251.It regrets that the informal meeting in
Geneva under the auspices of the United Nations did not pave the way
for the resumption of formal negotiations. The European Union will
continue to play an active role in supporting the process.
Deterioration in democracy
"Rule of law and fundamental rights in Turkey remain a key concern. The
targeting of political parties, human rights defenders and media
represents major setbacks for human rights and runs counter to Turkey's
obligations to respect democracy, the rule of law and women's rights.
Dialogue on such issues remains an integral part of the EU-Turkey
relationship.
"In line with the shared interest of the EU and Turkey in regional
peace and stability, the European Council expects Turkey and all actors
to contribute positively to the resolution of regional crises.
"The European Council will remain seized of the matter." (BIA, 25 June 2021)
EU
Delegation to Turkey visits HDP İzmir
office, extends condolences
In the wake of the armed attack that claimed the life of party member
Deniz Poyraz on June 17, the İzmir Provincial Organization of the
Peoples' Democratic Party (HDP) has been receiving visits of
condolences.
Ambassador Nikolaus Meyer Landrut, the Head of the European Union (EU)
Delegation to Turkey, also paid a visit to the HDP İzmir Office
yesterday (June 21). Ambassador Meyer-Landrut made the following
statement: "I am here to condemn the terrible attack on the HDP
headquarter here in İzmir last week. I am here to pay my respect to the
victim and her family and to convey in person my condolences to the
local HDP leadership."
Visits to the HDP Central Office
The representatives of various institutions and organizations also paid
a visit to the HDP Central Office in Ankara and expressed their
condolences over the deadly attack that claimed the life of Deniz
Poyraz.
In addition to Revolutionary Party Chair Elif Torun Öneren and the
delegation accompanying her, Dersim Ovacık District Mayor Fatih Mehmet
Maçoğlu and representatives from the organizations such as the
Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey (DİSK),
Confederation of Public Employees Trade Unions (KESK), Union of
Chambers of Turkish Engineers and Architects (TMMOB), Turkish Medical
Association (TTB) and Bureau Laborers' Union (BES) also visited the HDP
headquarters in the capital city and expressed their condolences and
solidarity.
The visits were received by HDP Co-Chairs Pervin Buldan and Mithat
Sancar, HDP Spokesperson Ebru Günay, HDP Co-Chairs Tuncer Bakırhan and
Şaziye Köse and Party Assembly member Ali Özkan.
In his visit, Ovacık Mayor Maçoğlu emphasized the importance of
thwarting the attacks "by standing shoulder to shoulder."
He said, "The duty falling on us communists, revolutionaries and
public-spirited people is to stand side by side in such cases and to
thwart the attacks, but to also wage a struggle for this at the same
time. We think that such attacks are carried out against the conscience
of Turkey, against the commonsense of Turkey and against the peoples of
Turkey."
Meeting with Maçoğlu, HDP Co-Chair Buldan said, "The massacre of our
comrade Deniz cannot be considered a coincidental or ordinary incident.
This is the manifestation of a highly planned incident, a planned
mindset. Therefore, the bullet fired at Deniz was fired at all
democracy forces and what is desired to be done here is to intimidate."
Further in her statement, HDP Co-Chair Buldan added, "The attack was
the joint plan of the government and its partner and it was done
against the democracy forces of Turkey, but as its target, the Kurds
and HDP are - of course - at the forefront. But this bullet was fired
at us all."
During the visits of the Ankara branch representatives of the DİSK,
KESK, TMMOB and TTB, it was similarly underlined that the attack
targeted the democracy forces; the importance of a joint struggle was
also emphasized. (BIA, 22 June 2021)
Macron
veut des "relations apaisées" avec le criminel
Erdogan
Un terrible assassinat politique en Turquie vient de ravir la vie d’une
jeune militante du Parti Démocratique des Peuples (HDP) à Izmir.
Hystérisés par les violentes campagnes de haine orchestrées par les
islamo-conservateurs de l’AKP et l’extrême droite (MHP), trois
militaires de l’armée turque ont pénétré dans les locaux du HDP dans
lesquels devaient se tenir une importante réunion des cadres de
l’organisation. Ils avaient ordre d’y commettre un carnage. Alors que
cette conférence avait été annulée à la dernière minute, l’un des
assaillants a tenté d’incendier les locaux et a exécuté de sang-froid
Deniz Poyraz.
Ces méthodes ne sont pas sans rappeler le triple crime commis à Paris
contre trois militantes kurdes. Ces massacres, planifiés au plus haut
sommet de l’Etat, témoignent de la terreur instaurée par R.T. Erdogan
afin d’écraser toutes les formes d’opposition.
L’itinéraire du meurtrier n’est pas sans intérêt. Onur Gencer, membre
du mouvement fasciste des Loups Gris, a combattu aux côtés des
djihadistes patentés par Ankara en Syrie et a déclaré participer à la
lutte contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ceux-là
mêmes qui ont été en première ligne contre Daesh et qui ont sauvé la
vie de milliers de Yézidis.
Ce lâche assassinat s’inscrit dans le cadre d’une fureur répressive
contre le HDP, qui s’est accélérée depuis 2015. Des parlementaires dont
Selahattin Demirtas sont incarcérés, des maires ont été révoqués tandis
que des milliers de militants croupissent en prison. Une procédure de
levée de l’immunité parlementaire est en cours tandis que le HDP est en
voie d’interdiction.
Le régime de R.T. Erdogan est dans une fuite en avant répressive
hallucinante et multiplie les zones de conflit. Depuis plus de 50
jours, R.T. Erdogan a lancé une campagne de bombardements dans le nord
de l’Irak et poursuit ses exactions dans le nord de la Syrie. Il s’est
fixé un double objectif : anéantir les Kurdes et pulvériser les
frontières issues du traité de Lausanne (1923) afin d’annexer des
territoires entiers dans ces deux pays. Cet expansionnisme se
concrétise également par des opérations dans le Haut Karabakh, en Libye
mais aussi en Méditerranée orientale et à Chypre.
Alors que les opinions publiques mondiales s’inquiètent de l’arrogance
et de la violence de R.T. Erdogan, les dirigeants occidentaux n’ont
qu’une seule préoccupation : réintégrer la Turquie au sein de l’OTAN
quel qu’en soit le prix à payer. Ils ferment ainsi les yeux sur
l’agressivité expansionniste, le massacre des Kurdes et des Arméniens
et la liquidation de tous les droits humains en Turquie. Jadis encensés
pour leur sacrifice contre l’Etat Islamique, ils sont désormais immolés
sur l’autel de tractations cyniques.
Rien n’a filtré des discussions que le tyran d’Ankara a eues avec E.
Macron ou J. Biden mais la volonté de renouer avec Ankara des «
relations apaisées » tonne comme une capitulation et un affront faits
aux Kurdes.
A n’en pas douter, la France et les pays européens sortent affaiblis
sur le plan moral et politique après ces abdications successives. La
Turquie de R.T. Erdogan est une menace pour la liberté et la paix au
Moyen-Orient mais aussi en Europe.
Chaque concession se paie par des surenchères que le surarmement de la
Turquie amplifie.
Une telle politique, conduite par le ministre des Affaires Etrangères
J.-Y. Le Drian, qui ne manque jamais une occasion de travailler au
rapprochement avec la Turquie tout en pourchassant les militants kurdes
sur notre territoire, inquiète de larges franges de la population. Le
silence médiatique qui entoure les exactions turques nous informe sur
les connivences honteuses qui se bâtissent notamment contre le PKK. Il
est de plus en plus évident que le danger ne vient pas du PKK mais de
la Turquie. Pour ces raisons, le PKK doit être sorti de la liste des
organisations terroristes car il n’a rien à y faire et qu’il est un
interlocuteur dans un processus de sortie de crise.
Partout les mobilisations doivent grandir contre le régime de R.T.
Erdogan et les lâches manœuvres des puissances occidentales. Les
communistes, aux côtés de toutes les forces démocratiques, en font une
priorité. (PCF.FR, 21 juin 2021)
Tête à tête "apaisé" entre Macron et Erdogan, d'accord
pour "travailler
ensemble"
Après des mois de tension, les présidents français Emmanuel Macron et
turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés lundi à Bruxelles dans "un
climat apaisé", s'engageant à "travailler ensemble" sur la Libye et la
Syrie, selon le chef de l'Etat français.
Les deux dirigeants ont également abordé le cas de Fabien Azoulay, un
Français condamné à 16 ans de prison par la justice turque pour
détention de stupéfiants en 2017. "Les conditions de son transfèrement
rapide (vers la France) avancent", a indiqué Emmanuel Macron, en
espérant que cette procédure aboutisse "dans les meilleurs délais".
Sur tous les sujets de contentieux, "il était important de d'avancer",
a résumé Emmanuel Macron devant la presse après ce tête à tête de 45
minutes au siège de l'Otan en marge du sommet de l'Alliance.
Ce rendez-vous a permis "l'apaisement", "la clarification" et "le
travail concret sur les questions humanitaires en Syrie et sur la
Libye", a-t-il ajouté. "Compte tenu des enjeux", "nous avons l'un et
l'autre acté qu'il était nécessaire de tout faire pour pouvoir
travailler ensemble", selon lui.
Les relations entre les deux présidents se sont apaisées ces derniers
mois après s'être fortement dégradées en 2020, notamment à l'automne
lorsque M. Erdogan avait mis en cause la "santé mentale" de son
homologue.
Les sujets de désaccord s'étaient notamment cristallisés en
Méditerranée orientale, où Paris a soutenu Athènes face aux ambitions
gazières d'Ankara et où un incident a opposé des bâtiments turc et
français en juin 2020.
Concernant le conflit en Libye, la France et la Turquie vont
"travailler ensemble" dans "les prochaines semaines" pour que "les
mercenaires et milices venus de l'étranger qui opèrent sur le sol
libyen, puissent quitter celui-ci le plus rapidement possible", a
affirmé Emmanuel Macron.
La France et de nombreux pays réclament le départ des militaires
étrangers et mercenaires --estimés à 20.000 fin 2020 par l'ONU-- afin
de conforter les espoirs de paix qui se sont esquissés ces derniers
mois. Il s'agit notamment de troupes turques et de mercenaires syriens
déployés par la Turquie, ainsi que des mercenaires du groupe privé
russe Wagner.
Sur la Libye, MM. Macron et Erdogan ont également "trouvé des points de
convergence claire" pour "préserver le cessez-le-feu" et "l'objectif"
d'organiser des élections le 24 décembre afin d'"accompagner" le
gouvernement d'unité nationale formé sous l'égide de l'ONU.
Au cours de l'entretien, le président français a en outre "apporté des
clarifications" sur la place de l'islam en France, un sujet qui avait
"donné lieu à des malentendus ou des attaques" de la part de la Turquie
et d'autres pays musulmans l'an dernier. "La politique de la France
n'était pas de s'attaquer à une religion" mais de "renforcer la lutte
contre des groupes extrémistes qui utilisent et déforment" l'islam,
a-t-il expliqué au président turc.
En octobre, M. Erdogan avait accusé M. Macron de mener une "campagne de
haine" contre l'islam, parce qu'il avait défendu le droit de
caricaturer le prophète Mahomet et pour son discours contre le
"séparatisme" islamiste en France.
Au cours de l'entretien, a été abordé le cas de Fabien Azoulay, 43 ans,
qui avait été arrêté, lors d'un court voyage en 2017 à Istanbul pour
réaliser des implants capillaires, après avoir acheté sur internet du
GBL, un solvant utilisé comme stimulant. Ses proches se sont récemment
déclarés inquiets pour sa sécurité alors qu'il est détenu dans une
prison de Giresun, sur les bords de la mer noire, à 800 km d'Istanbul. (AFP, 14 juin 2021)
À
Paris, le chef de la diplomatie turque joue la
carte de l’apaisement
avec la France
Le ministre turc des Affaires étrangères a effectué, lundi, une
première visite de haut niveau à Paris, où il a rencontré son homologue
français. Cette rencontre intervient après une année de tensions autour
de plusieurs dossiers comme la Libye, la Syrie, la Méditerranée
orientale ou encore l'offensive de Paris contre l'influence turque sur
l'islam en France.
Les chefs des diplomaties française et turque se sont rencontrés, lundi
7 juin à Paris, pour engager un dialogue plus apaisé après plus d'une
année de tensions au sommet entre le président Emmanuel Macron et son
homologue Recep Tayyip Erdogan, de la Méditerranée orientale à la
Libye.
"Nous envisageons de renforcer nos relations avec la France sur la base
du respect mutuel", a tweeté Mevlut Cavusoglu, dont le pays cherche à
normaliser ses relations avec Paris, à quelques jours d'un sommet de
l'Otan le 14 juin à Bruxelles.
Son homologue, Jean-Yves Le Drian, est resté plus factuel dans sa
communication. Selon son ministère, les deux ministres ont fait un tour
d'horizon des sujets de contentieux et fait un point sur la relation
bilatérale.
La France et la Turquie ont affiché des positions antagonistes sur
nombre de sujets au sein de l'Alliance atlantique, qui se sont
notamment cristallisées en Méditerranée orientale où Paris a soutenu
Athènes face aux ambitions gazières d'Ankara et où un incident a opposé
des bâtiments turc et français en juin 2020.
Multiples désaccords
Faisant fi des mises en garde de l'Europe, la Turquie a en effet
organisé l’année dernière plusieurs missions d'exploration gazière dans
des eaux grecques, provoquant une crise diplomatique d'une ampleur
inédite depuis 1996, année où les deux pays ont frôlé la guerre. Mais
après l'annonce de sanctions européennes contre Ankara, Recep Tayyip
Erdogan avait multiplié les gestes d'apaisement et appelé la Grèce à
discuter.
Les relations entre la France et la Turquie se sont aussi fortement
dégradées en raison de désaccords sur la Syrie, la Libye et plus
récemment sur le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans le
Haut-Karabakh. Durant la guerre, les Arméniens ont accusé les Turcs
d'être impliqués directement dans les combats, ce qu'Ankara a démenti.
Plusieurs pays dont la France avaient également dénoncé l'envoi sur le
front aux côtés des forces azerbaïdjanaises de combattants pro-turcs
venus de Syrie.
"Mon cher ami Aliev (le président azerbaïdjanais Ilham Aliev) a donné
un conseil aux Français leur disant que s'ils aiment tant les
Arméniens, ils n'ont qu'à leur donner Marseille. Moi aussi, je leur
donne le même conseil", avait déclaré Recep Tayyip Erdogan.
"Macron est un problème pour la France"
En octobre, le président turc avait mis en cause la "santé mentale" de
son homologue français, l'accusant de mener une "campagne de haine"
contre l'islam, parce qu'il avait défendu le droit de caricaturer le
prophète Mahomet et pour son discours contre le "séparatisme" islamiste
en France. Il avait également appelé au boycott des produits français,
ajoutant une pierre aux critiques qui pleuvent sur Emmanuel Macron dans
le monde musulman sur fond de contexte dramatique avec l'assassinat de
Samuel Paty.
En réponse, Emmanuel Macron avait décidé de rappeler l'ambassadeur de
France en Turquie, tandis que le chef de la diplomatie française
Jean-Yves Le Drian avait pour sa part dénoncé de la part de la Turquie
"une volonté d'attiser la haine" contre la France et son président.
La colère de la Turquie s'était ravivée fin octobre après la
publication en une par "Charlie Hebdo" d'un dessin montrant le
président Erdogan en tee-shirt et sous-vêtements, en train de boire une
bière et de soulever la jupe d'une femme portant le voile, découvrant
ainsi ses fesses nues. Ankara avait réagi en annonçant l'adoption de
mesures "judiciaires et diplomatiques" contre la France.
Début décembre, Recep Tayyip Erdogan a de nouveau ciblé le locataire de
l’Élysée. "Macron est un problème pour la France. Avec Macron, la
France vit une période très dangereuse. J'espère que la France va se
débarrasser du problème Macron le plus tôt possible", avait-il
également déclaré, le 4 décembre, lors d’un échange avec des
journalistes à Istanbul.
Depuis, en signe d'apaisement, les deux chefs d'État aux relations
exécrables se sont entretenus en mars dernier par visioconférence.
Ankara tente de sortir de son isolement croissant
La Turquie insiste désormais sur les points de "convergence" et les
"intérêts communs" avec la France, qui continue pour sa part de
réclamer des signes tangibles d'apaisement des tensions de la part
d'Ankara.
Le résumé de la semaine
France 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la
semaine
Je m'abonne
Paris demande notamment le retrait des mercenaires syriens déployés par
la Turquie en Libye au côté du précédent gouvernement à Tripoli.
"En Libye, tout doit être mis en œuvre pour faire respecter le
calendrier de transition politique, sécuritaire et électorale et
traduire dans les faits le cessez-le-feu", a rappelé la porte-parole du
ministère français des Affaires étrangères.
Sur le plan bilatéral, les deux ministres ont rappelé leur "souhait de
tenir la prochaine session du comité mixte économique et commercial
France-Turquie (JETCO) cet automne", a-t-elle
ajouté.
Ankara multiplie depuis le début de l'année les gestes envers ses
alliés occidentaux et régionaux pour sortir de son isolement croissant
sur les scènes régionale et internationale. (FRANCE 24, 8 juin 2019)
Turquie-USA-OTAN
/
Turkey-USA-NATO
Erdogan estime qu'une "nouvelle
ère" s'est ouverte avec
Washington
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
estimé lundi que sa rencontre avec son homologue américain Joe Biden le
14 juin avait permis l'ouverture d'une "nouvelle ère" entre les deux
pays après des années de tension.
"Nous croyons avoir ouvert les portes d'une nouvelle ère avec les
Etats-Unis sur une base positive et constructive", a déclaré M. Erdogan
à la presse après avoir présidé une réunion de son cabinet.
"La seule demande de la Turquie (auprès de Washington) est de voir sa
souveraineté économique et politique respectée et d'être soutenue dans
sa lutte contre les organisations terroristes", a-t-il ajouté.
Il a affirmé vouloir mettre à profit "le climat positif" qui a
caractérisé selon lui sa rencontre avec M. Biden pour "renforcer les
canaux de dialogue" entre les deux pays.
Les deux dirigeants se sont rencontrés le 14 juin en marge d'un sommet
de l'Otan à Bruxelles, pour la première fois depuis l'entrée en
fonctions de M. Biden.
Plusieurs sujets de désaccord entre Ankara et Washington ont distendu
leurs relations : de l'achat par la Turquie du système de défense
antiaérienne russe S-400 au soutien américain aux milices kurdes
syriennes, en passant par le refus américain d'extrader le prédicateur
Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré la tentative de coup d'Etat
de 2016 contre M. Erdogan.
En réaction à la livraison en 2019 à la Turquie de la première batterie
du système de défense antiaérienne russe S-400, les Etats-Unis ont
exclu Ankara du programme de fabrication de l'avion furtif F-35,
faisant valoir que les missiles russes pourraient en percer les secrets
technologiques et étaient incompatibles avec les dispositifs de l'Otan.
La Turquie ne cesse depuis de demander à Washington de la réintégrer à
ce programme, affirmant que le déploiement des S-400 n'aurait aucun
impact sur les système de défense de l'Otan.
Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe
Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de
M. Erdogan. M. Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous
l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la
colère d'Ankara.
Lors de leur rencontre à Bruxelles, M. Erdogan a en outre évoqué avec
son homologue américain les modalités d'un éventuel maintien des forces
turques présentes en Afghanistan après le retrait américain de ce pays
prévu en septembre.
A cet égard, Washington a salué le 17 juin un "engagement clair" de la
Turquie à jouer "un rôle-clé" dans la sécurisation de l'aéroport de
Kaboul après le départ des troupes américaines et étrangères. (AFP, 21 juin 2021)
Washington salue un "engagement clair" pour
l'aéroport de Kaboul
Les Etats-Unis ont salué jeudi un "engagement clair" de la Turquie à
jouer "un rôle-clé" dans la sécurisation de l'aéroport de Kaboul après
le départ des troupes américaines et étrangères.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit à Joe Biden, lors de leur
rencontre en début de semaine à Bruxelles, qu'Ankara "aurait besoin
d'un certain soutien pour faire cela", et son homologue américain "a
assuré que ce soutien serait fourni", a détaillé à la presse le
conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité présidentielle Jake
Sullivan.
"Le président Erdogan a exprimé sa satisfaction à ce sujet", et les
deux dirigeants "ont décidé qu'ils travailleraient ensemble pour
concrétiser cela", a-t-il ajouté, soulignant qu'ils avaient demandé à
leurs équipes de "finaliser les détails" de cette "mission ciblée".
"Mais l'engagement clair des dirigeants a été acté sur le fait que la
Turquie jouerait un rôle-clé sans la sécurisation de l'aéroport
international Hamid Karzaï", a insisté Jake Sullivan.
A l'issue de leur entretien lundi en marge du sommet de l'Otan, Recep
Tayyip Erdogan avait affirmé avoir évoqué les modalités d'un éventuel
maintien des forces turques présentes en Afghanistan après le retrait
américain prévu d'ici début septembre.
"Si on demande à la Turquie de quitter l'Afghanistan, un soutien
américain diplomatique, logistique et financier serait très important",
avait-il souligné, ajoutant être en contact sur ce dossier avec
d'autres pays comme le Pakistan et la Hongrie.
Les dirigeants des pays de l'Otan ont promis lundi, dans les
conclusions de leur sommet, de fournir un financement transitoire pour
assurer la continuité du fonctionnement de l'aéroport de Kaboul après
leur retrait d'Afghanistan.
L'aéroport de la capitale afghane est la principale voie de sortie pour
les diplomates occidentaux et les travailleurs humanitaires. La crainte
qu'il tombe aux mains des talibans à l'occasion du retrait des forces
étrangères pousse l'Otan à recherche une solution rapidement.
Les talibans ont toutefois prévenu samedi que les forces étrangères ne
devaient garder "aucun espoir" de maintenir une présence militaire en
Afghanistan, et que la sécurité des ambassades et de l'aéroport serait
de la responsabilité des Afghans. (AFP, 17 juin 2021)
Biden
excludes US reporters from ‘very good’
meeting with Erdogan
President Biden said Monday he had a “good meeting” with Turkish
President Recep Tayyip Erdogan after a last-minute decision to exclude
US reporters from the room — leaving confused journalists in a hallway
to rely on Erdogan’s PR office for information.
Biden’s formal meeting with the Turkish strongman, whose government
frequently jails journalists, was supposed to begin with American press
access in the room at the annual NATO summit.
But in a break from the White House’s daily schedule, press were not
allowed into the room or even told that the meeting was underway — just
a day after Biden sought to wrap up a press conference in the UK by
saying he would “get in trouble” with staff who manage his press access
if he continued talking.
Reporters learned from Erdogan’s press office, rather than from White
House press handlers, that the Monday afternoon meeting was in
progress. Erdogan’s office tweeted images of a seemingly friendly
greeting after an awkward morning fist bump. Video of the introduction
between the leaders was published by Turkish TV.
After waiting outside the room for 112 minutes, frustrated US reporters
were invited into the room to witness Erdogan and Biden seated across a
table joined by staff.
Biden told reporters, “We had a very good meeting.”
A reporter seeking additional information shouted to Biden: “We
couldn’t hear you, sir.”
Biden added: “Because I didn’t say anything.”
The meeting was expected to cover an array of hot-button issues,
including Biden’s recent recognition of the Armenian genocide, Turkish
arms purchases from Russia and Turkish interventions in the civil wars
in Syria and Libya.
Prominent political journalists took to Twitter to slam the White House
for excluding the media.
Ashley Parker, the White House bureau chief at the Washington Post,
wrote on Twitter, “Biden is abroad doing a big push on democracy v
autocracy. BUT the U.S. press — a key part of any functioning democracy
— has gotten less access than under previous administrations. And is
now forced to resort to updates on from…the Turkish government Twitter
account.”
Reporter Ed O’Keefe of CBS News wrote, “The U.S. press pool has been
holding for more than hour outside this meeting with limited access yet
again today at @POTUS — after significant access issues over the
weekend at the G-7. Meanwhile, the Turkish president quickly posted
photos from their ongoing meeting.”
Jennifer Jacobs of Bloomberg News noted, “Turkish officials are
tweeting photos of President Biden meeting with Erdogan, while the
White House traveling press pool, which was supposed to cover the
beginning of the bilat, is outside waiting out in the hallway.”
Reporters were excluded from the Erdogan meeting after the White House
confirmed that Biden won’t give a joint press conference with Russian
President Vladimir Putin after they meet Wednesday.
Erdogan, in power since 2003, is known for his intolerance toward
dissent, heightened during his crackdown on free speech following an
alleged 2016 coup attempt.
In 2017, Erdogan notoriously watched as his guards attacked US citizens
near the White House after a meeting with President Donald Trump.
Fifteen of his guards faced US charges, though charges against 11 of
them were dropped in 2018. Congress blocked an arms sale to Turkey
after the attack. (nypost.com, June 14, 2021)
Erdogan
dit avoir eu un premier entretien "très productif
et sincère"
avec Biden
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi avoir eu un
entretien "très productif et sincère" avec son homologue américain Joe
Biden qu'il a rencontré pour la première fois, en marge d'un sommet de
l'Otan à Bruxelles.
"Je dois dire que nous avons eu un entretien très productif et
sincère", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse à
Bruxelles, ajoutant qu'"aucun problème dans les relations entre la
Turquie et les Etats-Unis n'est insurmontable".
Plusieurs sujets de désaccord entre Ankara et Washington ont distendu
leurs relations : de l'achat par la Turquie du système de défense
antiaérienne russe S-400 au soutien américain aux milices kurdes
syriennes, en passant par le refus américain d'extrader le prédicateur
Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré le coup d'Etat de 2016 contre
M. Erdogan.
En réaction à la livraison en 2019 à la Turquie de la première batterie
du système de défense antiaérienne russe S-400, les Etats-Unis avaient
exclu Ankara du programme de fabrication de l'avion furtif F-35,
faisant valoir que les missiles russes pourraient en percer les secrets
technologiques et étaient incompatibles avec les dispositifs de l'Otan.
La Turquie ne cesse depuis de demander à Washington de la réintégrer à
ce programme, affirmant que le déploiement des S-400 n'aurait aucun
impact sur les système de défense de l'Otan.
"Au sujet des S-400 j'ai réitéré notre position au président"
américain, a-t-il dit.
"Nous avons convenu d'activer nos canaux de dialogue d'une manière
efficace et régulière digne de deux alliés et partenaires stratégiques
et nous avons souligné la nécessité de dynamiser les mécanismes
existants de coopération et de consultation régionale", a-t-il ajouté.
M. Erdogan a en outre indiqué avoir évoqué avec son homologue américain
les modalités d'un éventuel maintien des forces turques présentes en
Afghanistan après le retrait américain de ce pays prévu en septembre.
"Si on demande à la Turquie de quitter l'Afghanistan, un soutien
américain diplomatique, logistique et financier serait très important",
a-t-il dit, ajoutant être en contact sur ce dossier avec d'autres pays
comme le Pakistan et la Hongrie.
"Et évidemment il n'est pas possible d'ignorer la réalité
talibane. Nous pourrions poursuivre les pourparlers avec eux par divers
moyens", a poursuivi le chef d'Etat turc.
Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe
Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de
M. Erdogan. M. Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous
l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la
colère d'Ankara.
M. Erdogan s'est en outre entretenu à Bruxelles avec le Premier
ministre grec Kyriakos Mitsotakis au moment où les relations entre
Ankara et Grèce sont traversées par des vives tensions autour de
l'exploitation de gisements d'hydrocarbures en Méditerranée.
M. Erdogan a indiqué avoir demandé au dirigent grec de "ne pas
impliquer des parties tierces" dans ce contentieux, une allusion à
l'Union européenne qui soutient les revendication grecques.
"S'il y a un problème vous pouvez facilement m'appeler sur la ligne
directe et moi je ferai de même. Les problèmes peuvent être réglés
entre les deux dirigeants", a-t-il affirmé.
A Athènes, une source gouvernementale grecque a indiqué que la
rencontre entre MM. Erdogan et Mitsotakis "avait eu lieu dans un bon
climat" et que "l'amélioration des relations entre les deux pays se
ferait étape par étape".
Toutefois, les deux pays voisins "continuent d'avoir de grandes
différences concernant surtout la délimitation des zones maritimes" en
Méditerranée orientale, a souligné cette source proche des services du
Premier ministre grec. (AFP, 14 juin 2021)
Manifestation contre le sommet de l'OTAN à
Bruxelles
Le 14 juin, un sommet de l’OTAN se tiendra à Bruxelles. L’OTAN qui
pousse toujours plus pour la confrontation et la militarisation, alors
que la pandémie mondiale nous apprend que seule la coopération
internationale garantit notre sécurité.
Le mouvement de la paix belge appelle à un rassemblement le dimanche 13
juin à 13h sur le Mont des arts (Place de l’Albertine).
Le sommet de l’OTAN sera concentré sur le rapport « OTAN 2030. Unis
pour une nouvelle ère » qui doit servir de ligne directrice de la
nouvelle stratégie de l’OTAN pour la décennie à venir.
Ce rapport, recyclage et approfondissement du credo de l’OTAN dans la
militarisation et la confrontation, menace de conduire le monde vers de
nouvelles guerres et une nouvelle guerre froide: rivalité plutôt que
collaboration avec la Russie et la Chine, obstination en faveur de
l’armement nucléaire, défense des intérêts économiques et de la
“prospérité” aux quatre coins du globe, soutiens politiques et
militaires à des régimes autoritaires comme la Turquie. Même le
changement climatique, “qui va accélérer la pénurie de ressources” ou
qui va “entraîner une augmentation des flux migratoires” devient une
menace militaire!
Cette fuite en avant s’accélère avec, notamment, les exercices
militaires pharaoniques, “Defender 2020” et “Defender 2021” dont
l’organisation n’a pas été suspendue suite à la crise sanitaire, au
contraire de beaucoup d’autres secteurs réellement essentiels.
L’OTAN est un facteur de déstabilisation majeur. Elle a une lourde
responsabilité dans l’escalade guerrière.
11% d’investissements supplémentaires dans la militarisation
En pleine pandémie, les dépenses militaires mondiales ont atteint le
record de 1 981 milliards de dollars l’année dernière. Jamais
auparavant les dépenses militaires n’ont été aussi élevées. Les États
membres de l’OTAN représentent 55 % du total mondial. À la demande des
États-Unis, ils doivent consacrer 2 % de leur PIB à leur “défense”. La
Belgique voulait clairement être le bon élève de la classe: ses
dépenses militaires ont augmenté de pas moins de 11,1% en 2020,
s’élevant à quelques 4,75 milliards d’euros[2]. 9,2 milliards
d’investissements militaires ont été contractés par le gouvernement
Michel.
La guerre n’est pas un secteur essentiel! Le secteur culturel, l’horeca
et tant d’autres secteurs dits « non essentiels » ont dû fermer pendant
des mois. Beaucoup d’entre nous ne savent pas comment surmonter les
chocs financiers de cette crise, tandis que les multinationales de la
guerre continuent d’encaisser.
Matériel de guerre extrêmement coûteux
Vous souvenez-vous encore du “contrat du siècle” ? Le gouvernement
précédent signait pour l’achat de 34 nouveaux avions de combat F-35, à
la demande de … l’OTAN. Un contrat d’environ 15 milliards d’euros,
transférés sur nos épaules et celles des générations futures. Une heure
de vol d’un tel avion peut coûter 40 000 euros. Entre-temps, l’appareil
présente toujours plus de 800 défauts et s’avère totalement inadapté à
la protection de notre espace aérien, qui devrait pourtant être la
tâche essentielle de la “Défense”. Le F35 vient pourtant d’être testé
par Israël sur Gaza.
Quand la population belge a-t-elle été consultée pour savoir si elle
était favorable à l’adhésion à cette logique de guerre ? Jusqu’à quand
continuerons-nous de suivre les diktats de l’OTAN et les intérêts de
l’industrie militaire qui nous empêchent de réaliser les vraies
priorités pour la sécurité de toutes les populations ?
Les armes nucléaires hors de Belgique
Alors que 122 pays non membres de l’OTAN s’engagent en faveur d’un
monde sans armes nucléaires, l’OTAN s’accroche aux armes nucléaires
comme “garantie suprême” de sa sécurité. Au lieu de réduire son arsenal
nucléaire, elle le modernise (et dans le cas du Royaume-Uni, il est
même en cours d’élargissement)! Les bombes nucléaires étatsuniennes
stationnées à Kleine Brogel seront également remplacées par des bombes
nucléaires plus petites et “plus facilement déployables« . L’OTAN
entraîne notre pays dans une course à l’armement nucléaire. Notre
gouvernement s’en accommode, tandis qu’il plaide publiquement, et
hypocritement, pour le désarmement.
Attaques contre l’environnement et contre les réfugiés
Ces dépenses militaires plus élevées, notamment de la part des pays de
l’OTAN, augmentent énormément les émissions de CO2 à un moment où tous
les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre les
dérèglements climatiques.
L’empreinte carbone de l’industrie militaire européenne en 2019 était
d’environ 24,8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des
émissions d’environ 14 millions de voitures. Les émissions de CO2 d’une
heure de vol d’un avion de chasse F-35 sont à peu près équivalentes à
celles de huit voitures sur une année entière.
Les conflits se multiplient et la militarisation s’organise dans le
monde entier pour la lutte pour l’accès aux ressources.
D’ici 2050, 200 millions de réfugiés climatiques seront à la recherche
d’un nouveau lieu de vie plus habitable. Dans son rapport “OTAN 2030”,
l’OTAN y voit une menace contre laquelle il faut se protéger
militairement!
Dans tous les « secteurs », nous avons mille projets et mille raisons
de faire de « l’après pandémie », un progrès social, économique,
politique, culturel pour toute la population. Il faut cesser d’investir
des milliards dans la course aux armements imposée par l’OTAN. Au lieu
d’opter pour la confrontation militaire, nous demandons une politique
centrée sur la sécurité collective[3] et la sécurité humaine[4]. Nous
ne sommes en sécurité que si l’autre (l’adversaire supposé) se sent en
sécurité et si la sécurité d’existence de chacune et chacun est
garantie.
Des revendications concrètes :
– Pour une politique commune, mondiale, de détente et de
sécurité
– Réduction drastique des dépenses militaires, vers un monde où
l’armement est maintenu au niveau le plus bas possible
– Transfert des dépenses en armement vers les secteurs qui participent
effectivement à la sécurité de toutes et tous (sécurité sociale,
environnementale, diplomatie, lutte pour l’égalité et contre
l’exclusion, etc).
– Signature du Traité d’interdiction des armes nucléaires des Nations
Unies
– Retrait des bombes nucléaires de Kleine Brogel.
– Dénonciation du contrat d’achat des avions de combat F-35
Un
destroyer américain a traversé le Bosphore
vers la mer Noire
Un navire de guerre américain a traversé vendredi les détroits turcs
pour gagner la mer Noire, sur fond de tensions entre l'Ukraine et la
Russie, a rapporté l'agence étatique turque Anadolu.
Le destroyer USS Laboon a traversé le détroit des Dardanelles puis
celui du Bosphore en direction de la mer Noire, a indiqué Anadolu.
La traversée du Bosphore, lors de laquelle le navire de guerre
américain a été accompagné d'une équipe de gardes-côtes turcs, a duré
près de deux heures, a précisé l'agence qui a publié des photos et une
vidéo du destroyer pendant ce passage.
Les Etats-Unis avaient renoncé à la mi-avril à déployer deux navires de
guerre en mer Noire via les détroits turcs, en pleines tensions entre
l'Ukraine et la Russie, avait alors affirmé des responsables et médias
turcs.
La Convention de Montreux de 1936, qui régit la circulation dans les
détroits turcs, oblige les pays non-riverains de la mer Noire
d'annoncer 15 jours au préalable le passage de leurs navires.
L'annonce du déploiement finalement annulé en avril était intervenue
dans un contexte de flambée de tensions entre la Russie et l'Ukraine et
la décision d'envoyer des bâtiments de guerre avait été accueillie
comme un signe de soutien de Washington à Kiev.
L'annulation de cette manoeuvre annoncée par les Turcs était intervenu
au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président américain
Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine.
Lors de cet entretien, M. Biden avait notamment proposé à M. Poutine de
se réunir dans un pays tiers et demandé au président russe de "faire
baisser les tensions" en Ukraine, selon la Maison Blanche.
Les deux dirigeants doivent se rencontrer mercredi à Genève.
Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a annoncé
lundi que M. Biden avait invité son homologue ukrainien Volodymyr
Zelensky à la Maison Blanche cet été. (AFP, 11 juin 2021)
Biden, Erdoğan to meet on June 14 at NATO summit
US
President
Joe Biden is preparing to embark on his first overseas trip next week,
including stops in the UK, Belgium and Switzerland.
Biden will
meet
several leaders "to highlight America's commitment to restoring our
alliances, revitalizing the Transatlantic relationship, and working in
close cooperation with our allies and multilateral partners to address
global challenges," the White House said yesterday (June 3).
He will
meet
the UK's Prime Minister Boris Johnson on June 10 to affirm the enduring
strength of the special relationship between the two countries. On June
13, Biden will meet Queen Elizabeth at Windsor Castle.
Biden will
later travel to Brussels where he will participate in a NATO summit on
June 14.
The US
president will also meet President Recep Tayyip Erdoğan to "discuss the
full range of bilateral and regional issues," according to the White
House.
Biden had
the
first phone call with Erdoğan as the US president more than three
months after he assumed office. He called Erdoğan on April 23 to inform
him that he would formally recognize the Armenian Genocide the next day.
The two
leaders
also agreed to meet on the sidelines of the NATO summit during the
phone call.
Biden will
hold
a summit with President Vladimir Putin of Russia on June 16 in
Switzerland.
In Geneva,
Biden will also meet his counterpart from Switzerland, Guy Parmelin and
Foreign Minister Ignazio Cassis. (BIA, 4 June 2021)
Les
Etats-Unis risquent de "perdre un ami",
prévient Erdogan
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
prévenu mardi les Etats-Unis qu'ils risquaient de "perdre un ami
précieux" en "acculant" la Turquie, à deux semaines d'une rencontre
avec son homologue américain Joe Biden sur fond de tensions bilatérales.
"Ceux qui acculent la République de Turquie perdront un ami précieux",
a déclaré M. Erdogan dans un entretien avec la chaîne de télévision
étatique turque TRT, en réponse à une question sur les relations entre
Ankara et Washington.
Cette mise en garde intervient avant la première rencontre entre MM.
Erdgan et Biden, prévue pour le 14 juin en marge d'un sommet de l'Otan
à Bruxelles visant à apaiser les relations entre la Turquie et les
Etats-Unis.
Fortement tendus depuis 2016, les rapports entre ces deux pays membres
de l'Otan se sont encore dégradés depuis l'élection à la Maison Blanche
de M. Biden, qui a succédé à Donald Trump avec lequel M. Erdogan avait
noué des liens personnels.
Ankara a notamment vivement réagi après la reconnaissance par
Washington en avril du génocide des Arméniens par l'Empire ottoman
pendant la Première Guerre mondiale.
La Turquie, héritière de l'Empire ottoman, rejette le terme de
génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine,
dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé
la mort.
"Quelle est la raison de nos tensions (avec les Etats-Unis) ? Le
soi-disant génocide arménien", a déclaré mardi M. Erdogan. "Vous n'avez
donc aucun autre problème à régler plutôt que de vous faire l'avocat de
l'Arménie ?", a-t-il lancé.
M. Erdogan a aussi listé plusieurs sujets qui empoisonnent depuis 2016
les relations entre Ankara et Washington, à commencer par le soutien
américain à des milices kurdes en Syrie que la Turquie qualifie de
"terroristes".
"Si les Etats-Unis sont bien nos alliés, doivent-ils se ranger aux
côtés des terroristes ou à nos côtés ? Malheureusement, ils continuent
de soutenir les terroristes", a ainsi déclaré le président turc mardi.
Au cours de son entretien avec M. Biden, M. Erdogan devrait toutefois
s'efforcer de calmer les tensions.
La semaine dernière, il avait ainsi estimé que leur rencontre
permettrait d'ouvrir une "nouvelle ère" dans les relations entre Ankara
et Washington.
M. Erdogan, qui dirige la Turquie depuis 2003, a d'ailleurs souligné
mardi qu'il était toujours parvenu à travailler avec l'hôte de la
Maison Blanche, "qu'il soit républicain ou démocrate". (AFP, 1 juin 2021)
Relations
régionales / Regional Relations
Erdogan:
la Turquie sera "le seul pays fiable" en Afghanistan
après le
retrait américain
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche que la
Turquie serait "le seul pays fiable" à avoir encore des troupes en
Afghanistan après le retrait des Américains et de l'Otan, et a dit
vouloir en discuter avec Joe Biden en marge du sommet de l'Otan lundi.
"L'Amérique se prépare à quitter l'Afghanistan prochainement et
lorsqu'il seront partis, le seul pays fiable qui restera pour maintenir
le processus là-bas sera évidemment la Turquie", a-t-il déclaré à
l'aéroport d'Istanbul, avant son départ pour Bruxelles où va se tenir
le sommet.
Les Etats-Unis sont dans la phase finale de leur retrait d'Afghanistan,
tout comme les troupes de l'Otan, d'ici le 11 septembre - 20 ans jour
pour jour après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
M. Erdogan a révélé que des responsables turcs avaient indiqué samedi à
leurs homologues américains qu'Ankara était prêt à maintenir des
troupes en Afghanistan, sans donner plus de détails.
Ils en sont "ravis et heureux. Nous allons pouvoir discuter du
processus pour l'Afghanistan avec eux", a-t-il ajouté.
Selon des informations de presse, la Turquie serait prête à maintenir
des troupes pour protéger l'aéroport de Kaboul, la principale voie de
sortie pour les diplomates occidentaux et les travailleurs humanitaires.
Un responsable turc ayant souhaité rester anonyme n'a pas exclu un
maintien des forces turques en Afghanistan "à partir du moment où
certaines conditions, y compris légales et financières, sont remplies".
"Tout cela doit être discuté. Si la Turquie reste, elle le fera dans
quel cadre: sous le parapluie de l'Otan ou selon des modalités
bilatérales ? Et si (elle reste) sous les auspices de l'Otan, avec quel
mandat ?", a-t-il dit.
Selon ce responsable, les pays occidentaux souhaitent que la Turquie
maintienne des forces en Afghanistan et protège l'aéroport de Kaboul.
"Mais pourquoi la Turquie doit-elle fournir de gros efforts si personne
ne lui apporte du soutien? Ces questions doivent être clarifiées", a
souligné le responsable.
Les talibans ont dit samedi que les forces étrangères ne devaient
garder "aucun espoir" de maintenir une présence militaire en
Afghanistan, et que la sécurité des ambassades et de l'aéroport serait
de la responsabilité des Afghans.
M. Erdogan a également assuré que la Turquie voulait tourner une page
dans ses relations avec l'administration Biden, alors que les relations
entre les deux pays sont toujours tendues.
"Il y a eu des rumeurs ici et là. Nous devons les laisser derrière nous
et discuter de ce que nous pouvons faire", a-t-il déclaré.
Mais la Turquie ne veut pas d'une approche américaine avec "des si et
des mais", a-t-il souligné.
Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe
Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de
M. Erdogan.
Le président Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous
l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la
colère d'Ankara.
"Cela nous a sérieusement attristés (...) La Turquie n'est pas un pays
ordinaire. C'est un allié des Etats-Unis", a affirmé M. Erdogan. (AFP, 13 juin 2021)
18 morts dans des tirs d'artillerie notamment sur un
hôpital à
Afrine
Au moins 18 personnes, dont 14 civils, ont été tuées samedi en Syrie
dans des tirs d'artillerie sur la ville d'Afrine, où un hôpital a
notamment été touché par les bombardements dans ce secteur tenu par des
rebelles proturcs, a rapporté une ONG.
Un médecin, trois employées du personnel hospitalier, deux femmes et
deux enfants au moins, mais aussi un commandant rebelle, figurent parmi
les victimes des bombardements ayant touché l'hôpital al-Chifaa, a
précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dans une cour de l'hôpital, un correspondant de l'AFP a filmé des
secouristes des casques blancs enjambant le sol jonché de décombres et
entaché de sang pour évacuer des morts transportés sur des brancards.
Un nouveau bilan de l'Observatoire en soirée fait état de 18 morts et
23 blessés, après un bilan initial de 16 morts.
"Les tirs ont visé plusieurs quartiers de la ville et ont touché
l'hôpital", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire, Rami
Abdel Rahmane.
"La majorité des victimes ont péri dans les bombardements sur
l'hôpital", a précisé l'ONG dans un communiqué, soulignant que le bilan
pourrait augmenter alors que parmi les blessés certains se trouvent
dans un état critique.
Les tirs d'artillerie ont été effectués de territoires dans le nord de
la province d'Alep "où sont déployées des milices fidèles à l'Iran et
au régime, près de zones des forces kurdes", a indiqué l'OSDH.
Dans un communiqué, la principale coalition dominée par les Kurdes, les
Forces démocratiques syriennes (FDS), a démenti toute implication dans
ces tirs.
Située dans la province d'Alep, la région kurde d'Afrine avait été
conquise en mars 2018 par des forces turques et leurs supplétifs
syriens, qui en avaient délogé la principale milice des kurdes.
Le secteur, comme tous les territoires tenus par les rebelles proturcs,
est également régulièrement secoué par des assassinats ciblés, des
attentats ou des explosions.
Jeudi, dans le nord-ouest de la Syrie, au moins 12 personnes, dont des
combattants, ont été tuées selon l'OSDH dans des bombardements du
régime syrien sur la région d'Idleb, dernier grand bastion jihadiste et
rebelle de Syrie.
Déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations réclamant des
réformes dans le sillage du printemps arabe, la guerre syrienne s'est
complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances
étrangères, l'apparition de groupes jihadistes et la multiplication des
belligérants sur le terrain. (AFP, 12 juin 2021)
Erdogan
reçoit le président du Kirghizstan après la
disparition d'un
opposant
Le président Recep Tayyip Erdogan a reçu mercredi en Turquie son
homologue kirghize Sadyr Japarov en pleine polémique au Kirghizstan
après la disparition d'un enseignant appartenant au mouvement d'un
ennemi juré d'Ankara.
La visite de M. Japarov dans la capitale turque intervient au lendemain
d'une manifestation à Bichkek qui a rassemblé plusieurs centaines de
personnes réclamant que la lumière soit faite sur le sort d'Orhan
Inandi, un Kirghiz d'origine turque qui s'est volatilisé fin mai.
Son épouse soupçonne la Turquie de le retenir dans son ambassade à
Bichkek après l'avoir enlevé en raison de son affiliation au mouvement
du prédicateur Fethullah Gülen, un responsable religieux qui réside aux
Etats-Unis et dont les partisans sont traqués par Ankara sur son
territoire comme à l'étranger.
M. Erdogan, qui fut autrefois son allié, accuse M. Gülen d'être le chef
d'un groupe "terroriste" qu'Ankara a baptisé "Fetö" et le désigne comme
le cerveau d'une tentative de coup d'Etat qui l'a visé en 2016.
"Nous sommes tous deux d'accord sur le fait que Fetö représente une
menace à la sécurité nationale de nos deux pays", a affirmé mercredi M.
Erdogan lors d'une déclaration conjointe à la presse avec M. Japarov, à
l'issue d'un entretien derrière portes closes à Ankara.
"Si Dieu le veut, nous surmonterons cette menace ensemble", a-t-il
ajouté.
MM. Erdogan et Japarov n'ont pas évoqué le cas de l'enseignant disparu
lors de leur allocution et n'ont pas pris de questions.
Les deux dirigeants ont insisté sur leur intention de resserrer les
liens entre leurs pays, notamment sur le plan économique.
"Nous avons discuté des mesures à prendre pour développer nos relations
économiques et porter notre volume commercial à un milliard de
dollars", a ainsi déclaré le président kirghize, selon la traduction
officielle en turc de ses propos.
Reste que la disparition de M. Inandi a plongé le Kirghizstan dans
l'embarras.
Les écoles privées inspirées du mouvement de M. Gülen sont en effet
considérées comme d'un niveau supérieur aux écoles publiques, mais la
Turquie reste un partenaire important pour ce pays d'Asie centrale.
La police kirghize affirme avoir mobilisé d'importantes ressources pour
localiser M. Inandi, dont la voiture a été retrouvée vide et avec la
portière entrouverte. (AFP, 9 juin 2021)
Syrie: six morts dans des
manifestations à Minbej
Six personnes ont été tuées par des tirs
de la police kurde locale à Minbej et ses environs, ville
majoritairement arabe du nord de la Syrie, qui a connu deux jours de
heurts et de manifestations contre la conscription obligatoire, a
rapporté mercredi une ONG.
Les accrochages meurtriers ont secoué lundi et mardi Minbej et des
villages environnants, selon l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH), poussant les autorités locales à annoncer mercredi une
suspension de la conscription.
Ces affrontements, dans une région majoritairement arabe mais avec une
présence kurde, illustrent les limites de l'administration
semi-autonome kurde face au mécontentement populaire, attisé par les
difficultés économiques marquées par des pénuries de carburant et de
matériaux de construction.
"Six manifestants ont été tués en 48 heures par des tirs des forces de
sécurité (...) durant des manifestations organisées contre la
conscription obligatoire", a indiqué l'Observatoire après avoir fourni
un premier bilan de quatre morts.
La conscription dure environ un an et vient grossir les rangs d'une
unité sous les ordres des Forces démocratiques syriennes (FDS),
coalition militaire arabo-kurde, a expliqué à l'AFP le directeur de
l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.
Après la mort lundi d'une première personne tuée par des tirs de la
police kurde durant une manifestation dénonçant la conscription, la
mobilisation a ensuite grossi. Des manifestants ont bloqué des routes
et attaqué un barrage de contrôle, selon la même source.
Après une réunion des forces de sécurité avec des figures tribales
locales, les responsables ont annoncé mercredi "l'arrêt" de la campagne
de conscription à Minbej et ses environs pour soumettre le dossier "à
l'étude et à la discussion", selon un communiqué publié par le Conseil
militaire de Minbej, rattaché aux FDS.
Le texte annonce aussi la libération de manifestants arrêtés et la
création d'une commission pour enquêter sur les violences des jours
précédents.
Le Conseil militaire de Minbej avait dénoncé mardi soir des "attaques"
contre des locaux des forces de l'ordre, pointant du doigt des acteurs
cherchant à "pousser la région vers le chaos".
"Ces instances prennent pour prétexte l'enrôlement dans l'auto-défense
(la conscription), mais ce devoir est en vigueur depuis sept ans sans
aucun problème", a justifié le Conseil.
A la mi-mai, des manifestations contre une hausse des prix du carburant
ont secoué des régions kurdes. L'observatoire avait fait état de deux
morts dans de violentes échauffourées, avant que les autorités kurdes
ne fassent marche arrière.
Les FDS, fer de lance de la lutte antijihadistes soutenues par les
Occidentaux, contrôlent aujourd'hui de vastes pans de territoires dans
l'Est et le Nord-Est de la Syrie.
Depuis fin 2019, des soldats du régime syrien sont stationnés à Minbej,
à l'issu d'un accord entre le pouvoir de Bachar al-Assad et les Kurdes,
acculés à l'époque par une offensive de la Turquie voisine.
"L'administration autonome (...) est en plein effondrement économique",
a souligné sur Twitter l'expert sur la Syrie Nicholas Heras.
"Cela donnera à la Turquie, à Assad et ses alliés des opportunités pour
défaire l'administration (...). Cela va accélérer l'instabilité. De
nombreux Minbej se profilent à l'horizon", a-t-il ajouté. (AFP, 2 juin 2021)
Erdogan
appelle l'Egypte et les pays du Golfe à un
partenariat
"gagnant-gagnant"
La Turquie souhaite avec l'Egypte et les
pays du Golfe un partenariat "gagnant-gagnant", a déclaré mardi le
président Recep Tayyip Erdogan, au moment où Ankara cherche à
normaliser ses relations avec ses rivaux régionaux.
"Nous voulons exploiter au mieux les opportunités de coopération avec
l'Egypte et améliorer nos relations selon le principe
+gagnant-gagnant+", a déclaré M. Erdogan lors d'un entretien à la
chaîne de télévision étatique turque TRT.
"Cela est valable également pour les pays du Golfe", a ajouté M.
Erdogan, en référence à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis
avec lesquels la Turquie entretient des relations tendues.
Après plusieurs années de crise diplomatique, la Turquie a lancé une
offensive de charme pour réparer ses relations avec ces trois pays, à
commencer par l'Egypte.
Les rapports entre Ankara et Le Caire ont été quasiment rompus après la
destitution en 2013 du premier président démocratiquement élu d'Egypte
Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la Turquie.
Début mai, une importante délégation turque s'est rendue au Caire pour
y mener les discussions au plus haut niveau entre les deux pays depuis
2013.
"Je connais très bien et j'aime le peuple égyptien. Nos relations
culturelles sont très fortes", a insisté mardi M. Erdogan.
Les gestes d'ouverture de la Turquie interviennent alors qu'elle
cherche à sortir de son isolement diplomatique en Méditerranée
orientale, où la découverte d'importants gisements de gaz naturel ces
dernières années a donné lieu à un partage entre les pays riverains
dont Ankara se sent exclu.
Cette amorce de dégel entre Ankara et Le Caire coïncide aussi avec un
apaisement en cours entre l'Egypte et le Qatar, principal allié de la
Turquie dans la région.
Mais le chemin vers une réconciliation entre la Turquie et ses rivaux
du monde arabe ne semble pas évident, tant la liste des dossiers qui
empoisonnent leurs relations est longue.
Ces pays se sont notamment opposés dans le récent conflit en Libye, où
Ankara a appuyé militairement le gouvernement de Tripoli combattu par
une faction soutenue par l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie
saoudite.
Les relations entre Ankara et Ryad restent également plombées par
l'assassinat en 2018 de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi au consulat
de son pays à Istanbul. (AFP, 1 juin 2021)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Ankara mis en garde avant
l'anniversaire de l'invasion
de Chypre
L'Union européenne a averti vendredi
Recep Tayyip Erdogan qu'elle refusait toute solution à deux Etats pour
Chypre, avant un déplacement du président turc sur l'île le 20 juillet
pour l'anniversaire de l'opération militaire Attila qui a conduit à sa
partition.
"Jamais nous n'accepterons une solution a deux Etats. Je l'ai dit au
président Erdogan lors de notre dernier entretien téléphonique et nous
allons observer avec attention le déroulement de sa visite à Chypre le
20 juillet", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula
von der Leyen, à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
Le président du Conseil européen Charles Michel a également martelé
cette position.
"La relation avec la Turquie s'est améliorée. Nous avons constaté une
désescalade, mais peu de progrès ont été réalisés concernant Chypre et
cela est décevant", a commenté Mme von der Leyen.
Les dirigeants européens ont invité Recep Tayyip Erdogan à lever les
derniers obstacles pour renouer les relations après une année de fortes
tensions.
"L'Etat de droit et les droits fondamentaux en Turquie restent une
préoccupation majeure", ont-ils estimé dans les conclusions adoptées
jeudi soir lors de leur dernier sommet avant la pause de l'été.
Ils ont insisté sur leur attachement à "un règlement global du problème
chypriote sur la base d'une fédération bicommunautaire avec des droits
politiques égaux, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité
des Nations unies".
L'île méditerranéenne est divisée depuis que son tiers-nord a été
envahi en 1974 par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat de
nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la
Grèce. Les négociations sur une réunification de l'île sont au point
mort depuis 2017.
Ankara a exprimé vendredi sa déception. "Les conclusions (du sommet
européen) concernant la Turquie sont éloignées des mesures attendues et
nécessaires", a souligné le ministère turc des Affaires étrangères dans
un communiqué.
Les relations entre la Turquie et l'UE se sont fortement dégradées
depuis 2016, notamment en raison de la répression implacable du
président Erdogan contre toute forme de contestation après une
tentative de putsch.
Les missions d'exploration gazière menées par Ankara dans les eaux
grecques et chypriotes en Méditerranée orientale, la présence de
militaires turcs en Libye et le rapprochement entre la Turquie et la
Russie ont aussi ajouté à ces tensions. (AFP, 25 juin 2021)
Un
patrouilleur grec "harcelé" par un
bateau turc
Les garde-côtes grecs ont déclaré dimanche qu'un de leurs patrouilleurs
chargés en Mer Egée de repérer les migrants avait été légèrement touché
par un patrouilleur turc qui le "harcelait", à la veille d'une
rencontre à Bruxelles entre les deux pays.
"Tôt dimanche, à l'est de l'île de Lesbos, un patrouilleur des
garde-côtes turcs a harcelé un patrouilleur des garde-côtes de Lesbos,
causant des dommages légers", a déclaré le service des garde-côtes
grecs dans un communiqué, ajoutant que personne n'avait été blessé.
Ce genre de confrontation se produit souvent au cours des patrouilles
dans la mer Egée pour repérer les migrants tentant de traverser pour
arriver sur l'île grecque de Lesbos.
Athènes avait accusé en avril la Turquie de "provoquer une escalade"
dans cette zone avec des manoeuvres "dangereuses" et une assistance
illégale aux bateaux de migrants.
La Grèce demande constamment à la Turquie de respecter les accords
passés avec l'Union européenne et de mieux surveiller ses côtes pour
empêcher les départs, et de reprendre les centaines de demandeurs
d'asile - actuellement près de 1.500 - à qui celui-ci a été refusé
après examen de leur dossier.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis doit rencontrer lundi à
Bruxelles le président turc Recep Tayip Erdogan, en marge d'un sommet
de l'Otan. (AFP,
13 juin 2021)
Réouverture des points de passage entre les
deux parties
de l'île divisée
Les points de passage entre les parties nord et sud de Chypre divisée
ont rouvert vendredi, permettant aux habitants de part et d'autre de la
zone tampon contrôlée par l'ONU de se retrouver après plus d'un an de
fermeture pour cause de pandémie.
L'île méditerranéenne est divisée depuis que son tiers-nord a été
envahi en 1974 par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat de
nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce.
Les neuf points de passage à travers l'île ont rouvert sans fanfare
dans la matinée, après plusieurs semaines de discussions impliquant
Chypriotes-grecs, Chypriotes-turcs et l'ONU, afin de permettre de
nouveau la circulation entre les deux côtés.
"C'est une bonne étape pour que les deux communautés se rapprochent
après un an et demi sans pouvoir se voir", a affirmé Pentaliotis
Panayiotis, 35 ans, l'un des premiers Chypriotes-grecs à franchir le
point de passage de la rue Ledra, en plein centre de Nicosie, dernière
capitale divisée au monde, pour se rendre dans le nord de l'île.
"Notre objectif n'est pas seulement d'ouvrir les points de passage mais
d'avoir une solution globale qui n'inclue pas de frontière au sein de
notre pays", a-t-il toutefois souligné.
Les négociations sur une réunification de l'île sont au point mort
depuis 2017 et une rencontre sous l'égide de l'ONU à Genève fin avril
n'est pas parvenue à les relancer.
La décision de rouvrir les points de passage a été prise à la suite
d'un accord sur des mesures sanitaires harmonisées entre les deux
parties, confirmé par les dirigeants chypriote-grec, Nicos
Anastasiades, et chypriote-turc, Ersin Tatar, avait annoncé dans la
semaine l'ONU.
- "Construire la confiance" -
Un comité technique mixte se réunira toutes les deux semaines pour
évaluer la situation sanitaire à l'aide d'un code couleur.
Le vert indique qu'il n'y a aucune restriction à la circulation, le
orange signale qu'il faut présenter un test PCR ou antigénique négatif
de moins de sept jours et le rouge signifie que les points de passage
sont fermés au grand public.
Vendredi, la catégorie orange était en application.
"Les mesures seront appliquées à toutes les catégories de personnes et
aux ressortissantes de pays tiers", a souligné la mission de l'ONU dans
un communiqué, estimant que "la libre-circulation facilitera les
contacts entre les gens, construira la confiance et aura un impact
socio-économique positif".
En temps normal, plusieurs milliers de personnes franchissent
quotidiennement les points de passage pour aller travailler, étudier ou
se faire soigner.
"Je ne pouvais plus voir mon petit ami et j'avais des problèmes de visa
(...) maintenant que c'est ouvert je suis si heureuse", a déclaré à
l'AFP Rozhan Amiri, étudiante iranienne de 19 ans.
La République de Chypre, qui exerce son autorité sur la partie sud de
l'île, a enregistré 72.626 cas d'infection au Covid-19, incluant 362
décès. Elle avait fermé quatre points de passage fin février 2020 pour
la première fois depuis leur ouverture en 2003.
Les cinq autres avaient été fermés le 10 mars après le premier cas
recensé en République turque de Chypre du Nord (RTCN, autoproclamée et
uniquement reconnue par Ankara), où 7.375 cas ont été enregistrés, dont
33 décès.
Certaines restrictions à la circulation avaient été progressivement
levées notamment pour les Chypriotes-turcs étudiant dans la partie sud
de l'île. (AFP,
4 juin 2021)
Le ministre turc des
Affaires étrangères rend une visite controversée en Grèce
C'est par un tweet laconique que le ministre turc des Affaires
étrangères, Mevlut Cavusoglu, a annoncé dimanche une visite privée à la
minorité musulmane de Grèce en Thrace, avant sa rencontre lundi avec le
Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis : «En Grèce pour rencontrer
des membres de la minorité turque de Thrace occidentale et discuter de
nos relations bilatérales».
Posté dès son atterrissage à l'aéroport d'Alexandroupolis, le tweet
soulève l'épineuse question de la désignation de cette minorité de la
Thrace occidentale, qui compte jusqu'à 150.000 musulmans. Le traité de
Lausanne de 1923 leur avait accordé le statut de minorité à la fin
d'une guerre entre la Turquie et la Grèce, qui a sonné le glas de
l'empire ottoman.
M. Cavusoglu avait soulevé la même question mi-avril lors d'une passe
d'armes sur un large éventail de sujets avec son homologue grec, Nikos
Dendias, au cours d'une conférence de presse houleuse à Ankara. «Vous
ne permettez pas à la minorité turque de s'appeler turque. Vous les
appelez musulmans», avait objecté M. Cavusoglu. «S'ils se disent turcs,
ils sont turcs - vous devez le reconnaître», avait-il ajouté à
l'intention de M. Dendias, qui avait de son côté relayé le profond
mécontentement de la Grèce face à la transformation par la Turquie,
l'an dernier, de la cathédrale Sainte-Sophie de musée en mosquée.
Le ministre turc des Affaires étrangères est attendu à Athènes dimanche
après-midi et sera reçu lundi par le Premier ministre grec, Kyriakos
Mitsotakis, et son homologue, Nikos Dendias, dans un effort pour
maintenir le dialogue après une détérioration des relations entre les
deux pays.
(AFP,
30 mai 2021)
Immigration
/ Migration
Mohamed El Baroudi,
défenseur de tous les peuples opprimés
Mohamed El
Baroudi, notre camarade marocain, nous a quittés il y a 14
ans, le 21 juin 2007. Exilé en Belgique à partir de 1966, il a
accompagné l’immigration marocaine pendant plus de quatre décennies, en
œuvrant au sein de différentes associations afin de soutenir les
travailleurs marocains à l’alphabétisation et à la citoyenneté et de
revendiquer les droits égaux pour tous les citoyens d'origine étrangère
en Belgique. Nous avons l'honneur d'avoir partagé la même lutte avec ce
grand humaniste de combat.
Echappé en 1963 à un coup de filet organisé par le pouvoir marocain
avec l'intention d'éliminer tout ce qui était d'opposition radicale à
son régime, il est envoyé par son parti l'Union nationale des forces
populaires en France pour s'occuper des immigrés marocains. Il se rend
ensuite en Algérie, puis en Belgique en 1966. Il y devient professeur
de langue et culture arabe dans un lycée. Il aide par ailleurs les
immigrés marocains à s'intégrer en Belgique, notamment en fondant des
associations pour l’apprentissage de la langue. Il s'investit également
dans la défense des droits des travailleurs marocains. C'est un
militant humaniste, démocrate engagé de gauche, qui prône la laïcité,
et une relecture critique des textes fondateurs religieux de l'Islam,
mettant en question la Charia et la légitimité de l’État islamique. Il
œuvre également pour une démocratisation du Maroc et se préoccupe de
l'égalité homme-femme.
Il a toujours été solidaire avec la lutte des exilés arméniens,
assyriens, kurdes et turcs en provenance de Turquie.
Malgré son état de santé, il avait participé le 13 mars 2006 au
colloque organisé à l'Hôtel de Ville de Bruxelles sous le parrainage de
Julos Beaucarne par le Collectif 1971 (l'Association des Arméniens
démocrates de Belgique, les Associations des Assyriens de Belgique, la
Fondation Info-Türk et l'Institut kurde de Bruxelles): "L'impact des
régimes répressifs sur l'exode massif vers les pays européens".
Le sénateur Josy Dubie, président du colloque, a présenté El Baroudi en
ces termes: "Je vais à présent donner la parole à Monsieur Mohamed El
Baroudi, exilé marocain qui a quitté son pays, le Maroc, pendant les
années de plomb où des milliers et des milliers de Marocains ont
souffert, ont été torturés, beaucoup ont disparu. Il est en Belgique
depuis des années et des années et il est pour beaucoup de Marocains un
exemple de résistance pour la démocratie et les droits de l’Homme dans
son pays."
Quant à Mohamed, il a conclu son intervention avec cet appel: "Je crois
que nous sommes appelés tous, progressistes et démocrates turcs et
marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous adresser ensemble à
l’opinion publique ici dans ce pays devant la mondialisation galopante
qui ne comprend que le gain et le profit. Nous, nous, voulons
davantage de droits de l’Homme, davantage de libertés et davantage de
progrès."
A cette occasion douloureuse, pour honorer la mémoire de cet exilé
politique insoumis, nous tenons à reproduire le texte complet de son
intervention lors du colloque du 13 mars 2006.
INTERVENTION DE MOHAMED EL BAROUDI
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, malgré la situation de santé qui
n'est pas très bien, j'ai tenu à être présent à cette rencontre.
D'abord pour saluer les participants et ensuite pour marquer ma
solidarité de toujours avec la lutte du peuple turc et avec les
organisateurs qui en font partie intégrante, je veux parler
d'lnfo-Türk, de l'Institut Kurde de Bruxelles, des Associations des
Assyriens de Belgique et l'Association des Arméniens de Belgique.
C'est aussi pour évoquer, dans cette brève intervention, des souvenirs
auxquels je reste attaché: les souvenirs du début de l'immigration
marocaine et turque dans les années soixante. Quand nous nous sommes
trouvés quelques-uns, Marocains ou Turcs, au sein des deux syndicats:
FGTB et CSC pour assurer l'accueil et l'orientation pour l'installation
des primo-arrivants ici. Ils sont arrivés sans aucune préparation,
aucune structure d'accueil n'a été prévue, ni par l'état d'accueil, ni
par l'état d'exportation, d'envoi. Parce qu'il s'agit d'exportation.
Nous nous sommes trouvés quelques-uns. Nous étions, moi j'étais du côté
de la FGTB, pour d'abord accueillir ces gens, qui n'avaient, qui ne
savaient rien de cette Belgique. Il y en a qui parlaient un peu, un
tout petit peu de français. Il y en a qui ne parlaient pas le français,
pas du tout.
Alors, à partir de cette action d'accueil, nous avons pu créer les
premiers noyaux d'organisations de travailleurs marocains et turcs, à
l'intérieur des deux syndicats. Et c'était grâce au soutien et à la
solidarité des associations, des groupes et du courant de travailleurs
immigrés de l'ensemble de l'Europe. Je veux parler des Espagnols qui
étaient bien avant nous, des Italiens, des Grecs, des Portugais, des
Français aussi. Et c'est cette aide qui nous a donné la force et la
protection contre les groupes envoyés, pour nous moucharder et pour
nous intimider, des autorités marocaines qui s'appellent les Amicales
des Travailleurs et Commerçants Marocains en Europe et du côté turc, il
y avait les sinistres Loups Gris qui étaient là pour intimider,
agresser et moucharder les 13 travailleurs Turcs et leur famille. Et
c'est grâce à cette solidarité que nous avons pu faire face à ces deux
fléaux qui continuent toujours, sous d'autres formes, bien sûr. Cette
solidarité au sein des syndicats et avec les groupes organisés des
travailleurs migrants européens nous a permis d'obtenir des droits à
l'intérieur du monde du travail. Déjà dans les années 70, nous sommes
devenus délégués à tous les échelons du travail syndical. Nous avons
obtenu nos droits de vote social et nos droits de vote politique. Cela
a traîné, jusqu'à cette année où on a finalement accepté d'accorder le
droit de vote pour les élections comme dans les années 70, nous avions
obtenu le droit de vote syndical, le droit de vote social.
Cette phase qui a duré depuis l'arrivée jusqu'au début des années 81,
je peux l'appeler la phase syndicale de l'accueil des travailleurs
migrants turcs et marocains.
Suite à ça, nous sommes passés à la phase que j'appellerais politique
ou partisane où ce sont les partis politiques qui se sont occupés du
devenir de cette immigration et de sa deuxième et troisième génération.
Nous nous sommes trouvés ici dans les années 60, travailleurs, exilés,
suite à ce qui s'est passé dans notre pays. Notre pays, comme vous le
savez, était colonisé par la France et par l'Espagne, les deux à la
fois depuis le début du siècle dernier jusqu'en 1956. Le peuple
marocain a résisté pendant toute la durée de l'occupation contre la
présence étrangère dans notre pays, mais toujours avec l'espoir de voir
les Marocains, le peuple marocain et ses différentes couches bénéficier
des biens de leur pays. Hors, après l'indépendance, étant donné d'une
part, les faiblesses de la direction de la résistance et d'autre part,
les jeux du colonialisme, c'est la droite, c'est la réaction qui a
récupéré les rênes du pouvoir donc les rênes du pays.
Au bout de 2 ans, les Marocains ont senti que rien n'avait changé,
après 2 ans d'indépendance: de 56 à 58. C'était le début des révoltes,
des révoltes populaires pour protester contre la privation et contre
l'accaparement des biens du pays par une petite minorité de gens
soutenus par leur police, par leur armée et par leur administration
héritée du colonialisme. Donc, c'est à partir de 58 que les
soulèvements allaient se succéder pour donner des phases et des
contingents successifs de travailleurs migrants et avec eux, dans leurs
valises, des exilés politiques.
Moi, j'appartiens à cette génération de 63 qui a pu échapper à un coup
de filet organisé par le pouvoir marocain avec l'intention d'éliminer
tout ce qui était d'opposition radicale à son régime.
Aujourd'hui, on essaie de faire montrer à l'Europe que les choses ont
changé après la disparition du roi Hassan Il et la succession au trône
de son fils. Il y a des choses qui ont changé. Il y a la personne qui a
changé. Il y a le style. Mais au fond, nous restons toujours un pays
qui a besoin de travail pour ses enfants, qui a besoin d'écoles pour
ses enfants, qui a besoin d'hôpitaux pour les gens, un pays qui a
besoin de la liberté. C'est toujours la presse qui est présentée aux
tribunes du pouvoir. Un pays qui a besoin de reconnaître le droit aux
minorités. Les Sahraouis sont toujours jetés dans le désert parce
qu'ils ont revendiqué le droit à l'autodétermination. De la même
manière que les Kurdes, que d'autres minorités demandent leur
autodétermination en Turquie.
Donc, je peux dire, de ma part, s'il y a des apparences qui ont changé,
s'il y a un style qui a remplacé l'ancien, le fond reste le même et on
cherche à miroiter ça à l'Europe pour y accéder. Parce que le Maroc
était toujours à la traîne de la politique turque, mais si la Turquie
est candidate à l'Europe, le second candidat après elle, c'est le
Maroc. Alors, je crois que nous sommes appelés tous, progressistes et
démocrates turcs et marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous
adresser ensemble à l'opinion publique ici dans ce pays devant la
mondialisation galopante qui ne comprend que le gain et le profit.
Nous, nous, voulons davantage de droits de l'Homme, davantage de
libertés et davantage de progrès. Merci pour votre attention.
Les autres intervenants de ce colloque: Henri Simons (Premier Echevin
et Echevin de la Culture de la Ville de Bruxelles),
Anne Morelli (Professeur à I'ULB), Derwich Ferho (Président de
l'Institut Kurde de Bruxelles), David Cussato (Directeur de la Maison
de l'Amérique Latine/SEUL), Florida Mukeshimana Ngulinzira (Exilée
rwandaise), Jean Sirapian (Président de l'Institut Tchobanian en
France), Hugo Van Rompaey (Sénateur honoraire CD&V), Adelheid
Byttebier (Membre du Parlement Bruxellois - Groen!), Nahro Beth-Kinne
(Animateur de la Radio "Voix des Assyriens"), Dogan Özgüden (Président
de la Fondation lnfo-Türk), Jan Béghin (Membre du Parlement Bruxellois
SP.a-Spirit).
Les textes complets de toutes les interventions sont accessibles en pdf:
https://www.info-turk.be/Colloque%20finale.pdf
HOMMAGE DE DOGAN ÖZGÜDEN A EL BAROUDI
Une cérémonie d'adieu pour Mohamed El Baroudi a eu lieu le mercredi 27
juin 2007 au Musée Charlier à Saint-Josse-ten-Noode en présence de sa
famille, ses amis et camarades ainsi que plusieurs personnalités.
L'inhumation s'est déroulée plus tard au Cimetière de Saint-Josse.
Lors de la cérémonie, Dogan Özgüden, président de la Fondation
Info-Türk, a rendu hommage à Mohamed El Baroudi par l'intervention
suivante:
Mohamed, notre camarade, notre frère... Il est quantième exilé
politique que nous enterrons loin de sa terre natale?C'est comme deux
grands créateurs et révolutionnaires de mon pays d'origine, le cinéaste
Yilmaz Güney qui se repose au Père-Lachaise à Paris ou le poète Nazim
Hikmet au Novodievitchi à Moscou, après des années d'emprisonnement et
de tourmente dans leur pays d'origine.
"C'est un dur métier que l'Exil", disait Nazim Hikmet.
Nous, exilés arméniens, assyriens, kurdes et turcs en Belgique, nous
avons vécu et partagé cette amertume, tissée de nostalgie,
d'incompréhension, d'oubli, de trahison, mais surtout de luttes pour
causes justes, avec les camarades exceptionnels dont Si Mohamed El
Baroudi.
Les années 60...70... Les années glorieuses de luttes pour la
reconnaissance des droits socio-culturels et politiques pour toutes et
tous. L'époque de luttes contre les régimes fascistes de Lisbonne, de
Madrid, d'Athènes, de Rabat et d'Ankara.
Mohamed était, non seulement, un militant infatigable, mais également
un des initiateurs de ces luttes communes des tous les défenseurs des
droits de l'Homme... Belges ou immigrés. Il était aussi un des
pionniers des initiatives de formation des immigrés.
A vrai dire, après la chute des régimes fascistes en Espagne, en Grèce
et au Portugal, nous, exilés politiques issus de Maroc et de Turquie,
nous nous sommes trouvés dans une solitude qui dure toujours.
Oui, nous avons partagé cette amertume à chaque instant avec Mohamed.
Quand les marcheurs kurdes pour la liberté sont attaqués par les Loups
gris fascistes turcs, quand les locaux kurdes sont incendiés par les
mêmes bandes et quand la campagne négationniste se déclenche à
l'égard de génocide des Arméniens, Mohamed était un des premiers qui se
manifestent solidaires avec les victimes.
Il y a deux ans, malgré son état de santé détérioré, Mohamed a
participé à un colloque organisé par l'Association des Arméniens
démocrates de Belgique, les Associations des Assyriens de Belgique, la
Fondation Info-Türk et l'Institut kurde de Bruxelles. Là, nous avons
martelé une fois de plus l'impact des régimes répressifs sur l'exode
massif vers les pays européens et attiré l'attention sur les menaces
qui pèsent sur la vie démocratique en Belgique.
Dans sa conclusion, Mohamed disait:
"Je crois que nous sommes appelés tous, progressistes et démocrates
turcs et marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous adresser
ensemble à l’opinion publique ici dans ce pays devant la mondialisation
galopante qui ne comprend que le gain et le profit. Nous,
nous, voulons davantage de droits de l’Homme, davantage de
libertés et davantage de progrès."
Nous y sommes et nous y serons toujours...
Au revoir kardas…
Au revoir camarade..
Neutralité:
Olivier Maingain propose un débat au
Parlement
bruxellois
L’ancien président de Défi ouvre la voie à la discussion, « en
commençant par les principes ». Mais martèle : « Entre partis de la
majorité, il n’y avait pas d’accord pour changer la règle. Ce qu’a fait
Ecolo, c’est un coup de poignard. »
La question du port ostentatoire de signes convictionnels dans la
fonction publique régionale ne figure pas dans l’accord de majorité
bruxellois. En renonçant à s’entendre sur cette question, bien présente
dans la campagne électorale, les six partis (PS, Ecolo, Défi, Groen,
Open VLD et Vooruit) ont-ils créé les conditions de la crise
gouvernementale actuelle ? Olivier Maingain, à l’époque président
amarante et négociateur, livre sa version.
N’aurait-il pas été plus sage de s’entendre en 2019 ?
Soyons clairs : il n’y avait pas d’accord pour changer la règle
existante, à savoir le principe, repris dans le statut de la fonction
publique, fédérale ou régionale, de l’interdiction de port ostentatoire
de signes convictionnels. Cela vaut quelle que soit la fonction qu’on
assume. Le parti Ecolo a fait valoir qu’il souhaitait que la règle soit
adaptée mais n’en a pas fait une exigence ni un point de rupture entre
partenaires. De notre côté, mais aussi du côté socialiste, Laurette
Onkelinx étant à la table, on a dit très rapidement que nous
n’acceptions pas que l’on modifie cette règle.
Et donc ?
Rien ne changera ! C’est le principe d’un accord politique : quand il
n’y a pas d’accord politique pour changer une règle, la règle demeure.
Exemple, au fédéral : il n’y a pas d’accord pour changer la loi sur la
compétitivité, elle demeure. Et il n’y a pas lieu de confirmer qu’elle
s’applique puisqu’on ne la modifie pas. Je n’accepte donc pas
l’argument selon lequel une espèce de vide politique ou de vide
juridique aurait été créé en Région bruxelloise sur cette question.
Vous en voulez à Ecolo et Groen d’avoir trahi (l’esprit de)
l’accord de gouvernement ?
Ah oui totalement. Comme l’a dit Laurette Onkelinx, c’est un coup de
poignard, ça ne se fait pas, ce n’est pas ma conception de la loyauté
dans l’exécution et le respect des accords politiques. On ne m’a jamais
pris en défaut de respecter des accords politiques. Cela fait partie de
l’honneur des responsables politiques, celui d’assumer un accord. Très
clairement, Ecolo a mis le feu aux poudres de manière assez
irresponsable et peu respectueuse de l’esprit de notre entente au sein
de la majorité.
Ecolo mais aussi Groen…
Oui, et après ça certains socialistes se sont engouffrés de manière
calculée aussi, c’est tout aussi condamnable. J’ose croire que le
ministre-président et les membres du gouvernement vont entendre un
discours de pondération, de réserve et ne pas se laisser entraîner dans
une logique de précipitation et de changement de la règle. Nous ne
l’accepterions pas. Si, demain, on nous dit qu’il faut toutes affaires
cessantes imposer un autre règlement de travail à la Stib, et a
fortiori à toute la fonction publique régionale, là nous allons avoir
un vrai problème de gouvernement.
Il y a de l’électoralisme derrière tout cela ?
Si Ecolo a voulu faire un coup pour prendre une sorte de leadership au
regard d’un public électoral en ne respectant pas l’accord de majorité,
en menaçant la stabilité des institutions, en empêchant le
fonctionnement normal de la Justice, ce n’est pas très digne d’un parti
qui parlait pourtant de bonne gouvernance. (Le Soir, 11 juin 2021)
Tuna
Altinel de retour en France après avoir été
bloqué 2 ans en Turquie
Le mathématicien turc Tuna Altinel, enseignant à Lyon, est rentré
vendredi en France après deux ans de "combat" en Turquie pour récupérer
son passeport, qui lui avait été confisqué, a constaté une journaliste
de l'AFP.
Tuna Altinel a été accueilli à son arrivée à l'aéroport de
Lyon-Saint-Exupéry sous les applaudissements de son comité de soutien,
où figurait le député et mathématicien Cédric Villani, le président de
l'université Lyon-I Frédéric Fleury, ainsi que Cédric Van Styvendael,
le maire PS de Villeurbanne, ville qui l'a fait citoyen d'honneur.
"J'ai passé deux ans dans diverses sortes de rétention, juste parce que
j'avais participé à une soirée légale, publique, sur les revendications
d'un peuple, en l'occurrence du peuple kurde. C'est la raison pour
laquelle le consulat de Turquie m'a dénoncé", a rappelé l'universitaire
devant des journalistes.
"Il y a des centaines, des milliers de Tuna Altinel qui n'ont pas de
comité de soutien. Le combat n'est donc pas terminé", a-t-il ajouté.
Arrêté en mai 2019 et emprisonné en Turquie pour "terrorisme", puis
acquitté, Tuna Altinel était empêché de rentrer en France à cause du
refus des autorités turques, réitéré à plusieurs reprises, de lui
rendre son passeport.
Après des recours, ce maître de conférences à l'Université
Claude-Bernard à Lyon pu récupérer fin mai son document de voyage. Mais
"mon combat personnel n'est pas terminé car la décision du tribunal
administratif est en appel", a précisé M. Altinel, qui s'attend à ce
que sa "vie en France se transforme en vie d'exilé".
L'universitaire vit en France depuis 25 ans.
Pour Cédric Villani, la situation de M. Altinel est une "ironie
tragique", pour un "mathématicien habitué au raisonnement clair et
logique et qui se retrouve confronté à l'absurde et à l'arbitraire".
Il a dit souhaiter que le mathématicien "reprenne sa place qui est la
sienne auprès de ses collègues lyonnais".
M. Altinel a remercié l'université Lyon-I de l'avoir soutenu, notamment
en "ne lui coupant pas" son salaire. Il a souligné "l'importance de
l'université publique en France alors qu'en Turquie, le corps
universitaire est en train d'être démantelé". (AFP, 11 juin 2021)
Vaste traque à l'étranger des
membres présumés du groupe Gülen
Depuis le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan en
2016, la Turquie traque les partisans présumés du réseau de Fethullah
Gülen à l'étranger et affirme avoir "rapatrié" plusieurs dizaines de
personnes, quitte à susciter des remous.
Un Kirghiz d'origine turque, Orhan Inandi, s'est ainsi volatilisé fin
mai, son épouse soupçonnant la Turquie de le retenir dans son ambassade
à Bichkek après l'avoir enlevé en raison de son affiliation au
mouvement du prédicateur Gülen.
M. Erdogan accuse M. Gülen, qui réside aux Etats-Unis, d'être le chef
d'un groupe "terroriste" nommé "Fetö" par Ankara et le désigne comme le
cerveau de la tentative de coup d'Etat de 2016.
Fethullah Gülen nie tout lien avec la tentative de putsch et affirme
être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives et d'entreprises.
Ankara fait aussi pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans,
d'Asie centrale et d'Afrique pour qu'ils ferment les écoles liées au
mouvement "guléniste".
- Disparition au Kirghizstan -
Orhan Inandi, un éducateur ayant fondé un réseau d'écoles inspirées par
les enseignements de M. Gülen, disparaît fin mai.
La police, qui a annoncé avoir déployé plus de 1.000 personnes pour
retrouver sa trace, dit avoir découvert sa voiture garée près de son
domicile, vide et avec la portière entrouverte.
Le président Erdogan a reçu mercredi en Turquie son homologue kirghiz
Sadyr Japarov. La veille plusieurs centaines de personnes ont manifesté
à Bichkek pour réclamer que lumière soit faite.
- Enlèvement au Kenya -
Fin mai 2021, l'agence de presse étatique Anadolu affirme que le neveu
du prédicateur, Selahaddin Gülen, a été rapatrié par des agents des
renseignements turcs, son épouse affirmant qu'il a été "capturé" au
Kenya.
Selahaddin Gülen a été vu pour la dernière fois le 3 mai au
commissariat central de Nairobi, selon un document déposé en référé
devant le tribunal, deux jours plus tard, par l'un de ses avocats.
En mars, la justice kényane avait interdit l'extradition vers la
Turquie de Selahaddin Gülen qui possède le statut de demandeur d'asile.
Déjà en 1999, le Kenya avait été le théâtre d'une spectaculaire
opération des services turcs qui y avaient arrêté le dirigeant du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Ocalan, aujourd'hui
emprisonné en Turquie.
- Ouzbékistan -
En février 2021, deux partisans présumés de M. Gülen, Urbuz Sevilay et
Tamer Avci, sont ramenés en Turquie par les services secrets turcs
après avoir été capturés en Ouzbékistan, selon l'agence Anadolu.
Outre ses liens avec les réseaux du prédicateur, Urbuz Sevilay est
accusé par Ankara d'avoir participé "à la fourniture d'armes" à des
miliciens affiliées aux rebelles kurdes du PKK en Syrie et en Irak,
selon la même source.
- La Moldavie condamnée -
En juin 2019, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) condamne
la Moldavie pour l'extradition de cinq ressortissants turcs à la
demande d'Ankara en raison de leurs liens présumés avec le mouvement
Gülen.
Les cinq enseignants avaient déposé en 2018 une demande d'asile,
craignant d'être la cible de représailles en Turquie du fait de leurs
opinions politiques.
- Tentative d'enlèvement en Mongolie -
Fin juillet 2018, la Mongolie empêche le décollage d'un avion soupçonné
d'appartenir à l'armée de l'air turque, après une tentative
d'enlèvement sur son sol d'un homme lié au mouvement Gülen. Selon
plusieurs amis et témoins, au moins cinq hommes ont kidnappé Veysel
Akcay dans sa demeure à Oulan-Bator.
Ankara nie toute tentative d'enlèvement du directeur d'école turc.
- Gabon -
En avril 2018, trois partisans présumés de Fethullah Gülen sont ramenés
en Turquie depuis Libreville à bord d'un avion privé par les services
secrets turcs.
Les trois hommes, qui travaillaient pour l'école internationale La
Lumière à Libreville, ont été expulsés avec leurs familles, selon leurs
avocats qui dénombrent au total 13 personnes transférées en Turquie.
- Crise politique au Kosovo -
En mars 2018, six Turcs, cinq professeurs d'une école turque à Pristina
et un médecin, présentés comme des adeptes du mouvement Gülen, sont
ramenés en Turquie à bord d'un avion privé après avoir été interpellés
lors d'une opération commune des services de sécurité des deux pays.
L'enlèvement provoque une crise politique et conduit au limogeage du
ministre de l'Intérieur et du chef du renseignement.
- Opération conjointe au Soudan -
En novembre 2017, les services de renseignement turcs rapatrient en
Turquie un homme d'affaires accusé d'être un financier du réseau Gülen
après l'avoir capturé au Soudan.
Memduh Cikmaz, présenté comme l'un des principaux "argentiers" de la
mouvance Gülen, a été arrêté lors d'une opération conjointe des
services secrets turcs (MIT) et soudanais (NISS), selon Anadolu. (AFP, 10 juin 2021)
Manifestation
au
Kirghizstan après
la disparition
d'un éducateur lié au prédicateur Gülen
Des centaines de manifestants ont protesté mardi au Kirghizstan face à
la disparition suspecte d'un éducateur ayant fondé un réseau d'écoles
inspirées par les enseignements du prédicateur Fetullah Gülen, ennemi
juré du président turc Recep Tayyip Erdogan.
La plupart des protestataires rassemblés devant le siège du
gouvernement sont d'anciens élèves de ce réseau d'écoles fondé par
Orhan Inandi, Kirghiz d'origine turque.
"Le principal est (d'espérer) qu'il soit encore en vie", a déclaré à
l'AFP l'une des manifestantes, Zarina Sydykbekova, 39 ans, qui craint
qu'il ne soit retenu par la Turquie dans son ambassade, une accusation
déjà lancée la semaine dernière par sa femme.
La police, qui a annoncé avoir déployé plus de 1.000 personnes pour
retrouver la trace d'Orhan Inandi depuis sa disparition fin mai, a dit
avoir découvert sa voiture garée près de son domicile, vide et avec la
portière entrouverte.
L'avocate de la famille Inandi, Taalaïgoul Toktakounova, a précisé à
l'AFP que son client possède la citoyenneté kirghize depuis 2012 et
était arrivé dans le pays dans les années 1990 pour fonder les écoles.
La Turquie a arrêté ces dernières années des dizaines de milliers de
personnes soupçonnées de liens avec Fethullah Gülen, un prédicateur
musulman basé aux Etats-Unis et accusé d'avoir orchestré un coup d'Etat
contre le président Erdogan en 2016.
Fethullah Gülen dément tout lien avec la tentative de coup d'Etat de
2016 et affirme être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives
et d'entreprises.
Le conflit entre M. Erdogan et le prédicateur Gülen met le Kirghizstan
dans l'embarras : les écoles privées inspirées de son mouvement sont
considérées comme d'un niveau supérieur aux écoles publiques mais la
Turquie reste un partenaire important pour ce pays d'Asie centrale.
Lors d'une visite dans en 2018, M. Erdogan a juré de "secourir le
Kirghizstan" du mouvement de Fethullah Gülen.
Le président kirghize Sadyr Japarov doit entamer une visite en Turquie
mercredi. (AFP,
9 juin 2021)
Au Kenya, mystère autour de l'enlèvement d'un
membre de la famille
Gülen
Comment un citoyen étranger a-t-il pu disparaître du siège de la police
kényane et se retrouver détenu en Turquie, malgré une décision de
justice interdisant son extradition ?
Une semaine après la divulgation du retour forcé dans son pays de
Selahaddin Gülen, dont l'oncle est la bête noire du président turc
Recep Tayyip Erdogan, le Kenya reste mutique sur cet incident et sur le
rôle qu'il a pu y jouer.
Pour certains défenseurs des droits, l'affaire montre combien le Kenya
d'Uhuru Kenyatta, l'actuel président, se joue des décisions de justice
et collabore avec des agences de renseignements étrangères.
La Turquie a arrêté des dizaines de milliers de personnes soupçonnées
de liens avec Fethullah Gülen, un prédicateur musulman basé aux
Etats-Unis et accusé d'avoir orchestré un coup d'Etat contre M. Erdogan
en 2016.
Selon des documents déposés devant un tribunal kényan, son neveu,
Selahaddin Gülen, résident aux Etats-Unis et âgé de 30 ans, a été
arrêté à son arrivée à l'aéroport de Nairobi le 17 octobre, avant
d'être placé en liberté provisoire.
Nairobi avait été alertée par Ankara, qui voulait le faire arrêter pour
"pédophilie" et réclamait son extradition. Mais ses avocats rétorquent
que ces actes présumés ont été "jugés et se sont conclus par un
acquittement (...) en 2018".
Ils ajoutent que le gouvernement turc mène "de longue date une campagne
afin de poursuivre et de persécuter le requérant ainsi que sa famille",
affirmant que le frère, la soeur et 62 autres membres de la famille de
Selahaddin sont actuellement en prison.
"Leur seul crime était d'être lié à Fethullah Gülen," argumente l'un
des documents.
Fethullah Gülen nie tout lien avec la tentative de coup d'Etat de 2016
et affirme être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives et
d'entreprises.
- "Détenu au secret" -
En mars, la justice kényane avait interdit l'extradition vers la
Turquie de Selahaddin Gülen, qui possède le statut de demandeur d'asile.
Selon les conditions de sa liberté provisoire, ce dernier devait se
rendre au commissariat tous les lundis.
Il a été vu pour la dernière fois le 3 mai au commissariat central de
Nairobi, selon un document déposé en référé devant le tribunal, deux
jours plus tard, par l'un de ses avocats, Jotham Arwa.
M. Arwa accuse les autorités kényanes d'avoir "capturé de manière
gratuite et flagrante" son client et de l'avoir "détenu au secret",
dans le but de "contourner la loi" et de le renvoyer en Turquie.
L'agence de presse étatique turque Anadolu a affirmé le 31 mai que
Selahaddin avait été rapatrié par des agents des renseignements turcs.
La police et les responsables kényans de l'immigration n'ont pas
répondu aux multiples demandes de commentaires de l'AFP.
D'après Otsieno Namwaya, analyste à Human Rights Watch (HRW), le
gouvernement kényan se borne à dire qu'il a été kidnappé par des agents
turcs à la porte du commissariat.
"Comment des agents étrangers peuvent-ils parvenir à attraper
quelqu'un, partir avec et l'emmener à JKIA (l'aéroport international)
et le faire sortir du pays ? Sans que personne ne pose de questions?",
interroge-t-il.
HRW prévoit de demander des explications dans une lettre au
gouvernement, affirme l'analyste.
"L'administration Kenyatta s'est faite connaître pour collaborer avec
des agences de sécurité étrangères et pour kidnapper des citoyens
étrangers qui se trouvent au Kenya pour des raisons de sécurité",
ajoute-t-il.
- "Hostilité" -
M. Namwaya cite le cas de deux opposants au gouvernement du Soudan du
Sud, Dong Samuel Luak et Aggrey Idri, kidnappés à Nairobi en janvier
2017, malgré, là encore, une décision de justice interdisant leur
extradition.
En 2019, les Nations unies ont estimé "hautement probable" que les deux
hommes, qui avaient été ramenés à Juba, aient été exécutés par les
renseignements.
L'analyste mentionne de nombreux cas de Rwandais, de Burundais, de
Congolais et d'Ethiopiens arrêtés au Kenya et forcés à rentrer chez eux.
"L'hostilité du gouvernement kényan envers les demandeurs d'asile est
tout simplement stupéfiante", dit-il. "Le gouvernement actuel ne
respecte pas du tout la justice."
La semaine dernière, l'association des avocats kényans a décrié
l'"offensive continue de l'exécutif contre la justice" après de
nouvelles critiques du président Kenyatta contre cette dernière.
Le Kenya et la Turquie possèdent des liens forts mais Nairobi avait
refusé en 2016 de fermer des écoles liées au mouvement "guléniste".
En 1999, les services turcs avaient arrêté au Kenya le leader du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, emprisonné depuis
en Turquie. (AFP,
9 juin 2021)
Signes convictionnels: Maxime Prévot soutient
Georges Dallemagne
Le
président du cdH Maxime Prévot a ouvertement apporté son soutien,
vendredi matin, au député fédéral Georges Dallemagne dont une prise de
position récente dans le dossier du port de signes convictionnels a
provoqué des remous en interne, en particulier au sein de la régionale
bruxelloise du parti.
«Débattre,
partager des opinions parfois différentes, comme elles
existent au sein de la société, et ensuite tracer la voie d’un projet
fédérateur, c’est l’essence même d’un parti. Du nôtre», dit le
président du centre démocrate Humaniste, dans un message adressé
vendredi aux membres de son parti et dont voici l’intégralité:
«Georges
Dallemagne n’est ni extrémiste ni islamophobe. Je ne tolère
donc pas que l’on puisse le laisser penser. Son parcours humaniste
parle pour lui. Il n’a pas selon moi à être sanctionné pour l’opinion
exprimée. Il a mis le doigt lors de son interview sur une préoccupation
réelle, celle du radicalisme salafiste. Je ne cautionne donc pas les
chasses à l’homme ni les propos agressifs.
Il a tenu
un propos ayant été diversement interprété et à ce titre
ayant pu heurter. Je regrette et entends l’émoi que cela a pu susciter
auprès de certaines personnes. Le cdH n’a jamais assimilé le simple
port consenti du voile à l’islamisme radical. Je l’ai dit. Et Georges
Dallemagne a lui-même pu le repréciser dans La Libre ce mardi.
La saisine
du Comité de déontologie d’un parti est un droit ouvert à
tout militant. Quel qu’en soit le motif. Cela ne présage de rien quant
à ses conclusions, mais j’en suis sûr, la voie de l’écoute et de
l’apaisement sera privilégiée, comme semblent d’ailleurs le souhaiter
aussi ceux qui l’ont saisi.
Ce débat
sur le voile qui traverse tous les partis et enflamme
l’actualité au détour de la STIB et de la désignation d’une commissaire
du gouvernement fédéral, mérite du respect et de la sérénité. Loin des
tentatives d’instrumentalisation politique. La communauté musulmane en
a légitimement ras-le-bol d’être trop souvent réduite à des
caricatures. Beaucoup de familles se sentent blessées. Des élus et
militants aussi.
Il ne
s’agit pas d’être permissif à tout. Mais d’être juste et ouvert,
dans le respect de la neutralité de l’Etat.
C’est pour
cela que le cdH est défavorable au port du voile dans toutes
les fonctions d’autorité et lors d’un service de première ligne en
contact direct avec les citoyens (guichets...). Mais qu’il estime cela
admissible dans le reste de la fonction publique où, plus que
l’apparence de neutralité, se joue surtout la neutralité effective du
service rendu.
Prenons
donc collectivement de la hauteur et veillons, dans tous les
parlements et au sein des partis, à en débattre avec justesse et sans
naïveté ni tabou. Avec la raison plutôt que l’émotion. Pour rassembler
et non cliver».
Clerfayt:
"Je
suis sur la même ligne que mon président de parti"
Antoine Clevers et Tom Guillaume, LLB, 5 juin 2021
La neutralité des services publics divise l’exécutif bruxellois après
l’affaire du voile à la Stib. Pour le ministre Bernard Clerfayt (Défi),
le politique doit se saisir du problème et enfin trancher. Il va aussi
remettre la question de l’abattage rituel sur la table.
Des caisses en carton jonchent le sol du cabinet de Bernard Clerfayt
(Défi). Le ministre bruxellois de l’Emploi serait-il sur la sellette ?
"Je devrais au contraire déballer ces cartons. Ils sont là depuis mon
entrée en fonction", plaisante-t-il, avant d’entrer dans le vif du
sujet.
Jeudi, son président de parti, François De Smet, laissait entendre que
Défi pourrait débrancher la prise du gouvernement bruxellois si
celui-ci décidait de ne pas aller en appel de la décision de justice
condamnant la Stib. La société bruxelloise des transports en commun
s’est rendue coupable, selon le tribunal, de discrimination à
l’embauche en refusant d’engager une femme portant le voile islamique.
Le comité de gestion de la Stib a décidé de ne pas faire appel. La
question a alors été renvoyée aussitôt au gouvernement par le
commissaire au gouvernement.
Pour votre président de parti, il faut faire appel. Il en fait une
affaire de gouvernement. Vous aussi ?
Je suis sur la même ligne que mon président de parti. J’ai indiqué
depuis longtemps à nos partenaires que la décision concernant la Stib
ne peut faire jurisprudence (et engendrer une modification des
règlements de travail dans les administrations, NdlR) si on ne passe
pas par l’appel. Pour nous, la question de la neutralité des services
publics est fondamentale pour construire le vivre-ensemble. Si nous
voulons accepter les identités de toutes et tous, il faut créer un
espace commun dans lequel les identités ne sont pas exaltées. Cela
demande un juste équilibre. Initialement, c’était à la Stib de décider.
Malheureusement, le politique s’en est mêlé. C’est donc désormais au
politique de la gérer, il doit assumer.
Est-ce au gouvernement ou au Parlement de trancher ?
C’est le politique qui doit trancher. Après, quel organe, on verra
bien. Mais vous savez, au Parlement, il y a une majorité qui est celle
qui soutient le gouvernement… Quand le ministre-Président de la Région,
Rudi Vervoort (PS), dit, jeudi matin, que c’est le Parlement qui doit
s’en occuper, soyons clairs, ce sont les mêmes partenaires. On se
téléphone, on se parle, et les positions sont identiques.
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