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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

45th Year / 45e Année
Juin
 
2021 June
N° 514
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 897 78 71
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Ciel noir sur le drapeau arc-en-ciel en Turquie

At least 3 thousand 291 people’s right to life violated in Turkey in 2020
İstanbul governor bans LGBTI+ Pride March again
Médecins du Monde : La situation des grévistes de la faim est critique
Des manifestantes protestent contre l’abandon d’un traité protégeant les femmes
Why does Interpol reject Turkey's requests for red notice?
Kavala Case: Council of Europe ‘to initiate infringement proceedings against Turkey’
IBAHRI condemns the arbitrary detention of human rights defender Osman Kavala
Rights defenders sentenced to 24 years, 3 months in Turkey in a year
Prison à vie en Turquie pour de fausses accusations de matches truqués
Des espions turcs "capturent" le neveu de l'ancien ami d'Erdogan
20 thousand people detained at demonstrations in 4 years
Saturday Mothers/People demand justice for 26 years

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Marche des fiertés à Istanbul: un photographe de l'AFP interpellé

Twenty people fired from pro-AKP think tank (SETA) framing journalists
Journalist Mustafa Uslu beaten, equipment broken in Kocaeli
Journalist İbrahim Akkuş beaten with pipe in Turkey
RSF: Turkey uses terrorism legislation to gag, jail journalists
CEDH: double condamnation de la Turquie pour violation de la liberté d'expression
Privés de concerts, les musiciens déchantent en Turquie
Journalist Ahmet Atmaca beaten in Gaziantep
Turkish presidency reintroduces press card controls that court found restrictive
Writer Nurcan Kaya faces up to 5 years in prison over a tweet
Making ‘peace news’ against Afrin operation, journalist sentenced to prison
Turkey requests a red notice for journalist Can Dündar
Ten journalists stood trial on 'terrorism' charges in two weeks
Investigation into journalist Kutlu Adalı's killing after confessions of mob boss
Report: Turkey among top countries in violence towards women journalists
Le romancier Orhan Pamuk critique violamment le régime d'Erdogan

Kurdish Question / Question kurde

L'Allemagne interdit les drapeaux du Hamas et du PKK kurde
La plus haute cour de Turquie va examiner l'interdiction du parti prokurde
L’assassinat d’une militante kurde, conséquence de la diabolisation du HDP?
Constitutional Court rapporteur demands HDP indictment be accepted
Rights organizations call for an end to hate speech against the opposition
Une femme kurde assassinée dans une attaque contre un bureau de HDP
Appeals court upholds jailed politician Leyla Güven’s prison sentence
Dans le nord de l'Irak, les bombardements turcs font fuir les habitants
Cinq peshmergas tués dans une embuscade du PKK en Irak
Jailed politician Gültan Kışanak granted ‘Clara Zetkin Honorary Award’
Demonstrations and events banned in Van
Kurds becoming a minority in Kurdish region of Afrin: Statement
Protest in Brussels against Turkey’s attacks, the US and NATO policies

Minorités / Minorities

Erdogan et Aliev au Nagorny Karabakh la semaine prochaine

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan makes no mention of HDP attack in speech

Peker claims Erdoğan aides organize arms delivery to 'terror' groups in Syria

Forces armées/Armed Forces



Affaires religieuses / Religious Affairs
 
Lale Gül, une jeune musulmane turco-néerlandaise qui a décidé de suivre sa propre voie
Islamisme : menacée de mort, la jeune romancière Lale Gül veut vivre !

Socio-économique / Socio-economic

Le "Saint-Tropez turc" redoute une nouvelle saison touristique terne

Getir, la licorne turque à l'assaut de Paris et bientôt des Etats-Unis
Des villageois défient Erdogan pour protéger la forêt
Des femmes manifestent contre l'abandon d'un traité les protégeant
120 organizations to hold a rally: ‘We don’t give up on İstanbul Convention’
La "morve de mer" qui envahit la mer de Marmara est liée à la pollution et au climat
 Le tourisme turc en berne
Le «projet fou» d’Erdogan: un nouveau canal pour désengorger le Bosphore
Gaz naturel: Erdogan annonce une nouvelle découverte en mer Noire
Turquie: les côtes envahies par de la "morve de mer"
La banque centrale cherche à rassurer après un plongeon de la livre
Covid : restaurants et cafés en Turquie autorisés à accueillir des clients

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Le sommet européen: pas de mesures a l'égard du régime d'Erdogan
EU Summit: 3 billion Euro funding for refugees in Turkey
EU Delegation to Turkey visits HDP İzmir office, extends condolences
Macron veut des "relations apaisées" avec le criminel Erdogan
Tête à tête "apaisé" entre Macron et Erdogan, d'accord pour "travailler ensemble"
À Paris, le chef de la diplomatie turque joue la carte de l’apaisement avec la France

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Erdogan estime qu'une "nouvelle ère" s'est ouverte avec Washington
Washington salue un "engagement clair" pour l'aéroport de Kaboul
Biden excludes US reporters from ‘very good’ meeting with Erdogan
Erdogan dit avoir eu un premier entretien "très productif et sincère" avec Biden
Manifestation contre le sommet de l'OTAN à Bruxelles
Un destroyer américain a traversé le Bosphore vers la mer Noire
Biden, Erdoğan to meet on June 14 at NATO summit
Les Etats-Unis risquent de "perdre un ami", prévient Erdogan

Relations régionales / Regional Relations

Erdogan: la Turquie sera "le seul pays fiable" en Afghanistan après le retrait américain
18 morts dans des tirs d'artillerie notamment sur un hôpital à Afrine
Erdogan reçoit le président du Kirghizstan après la disparition d'un opposant
Syrie: six morts dans des manifestations à Minbej
Erdogan appelle l'Egypte et les pays du Golfe à un partenariat "gagnant-gagnant"

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Ankara mis en garde avant l'anniversaire de l'invasion de Chypre
Un patrouilleur grec "harcelé" par un bateau turc
Réouverture des points de passage entre les deux parties de l'île divisée
Le ministre turc des Affaires étrangères rend une visite controversée en Grèce

Immigration / Migration

Mohamed El Baroudi,  défenseur de tous les peuples opprimés
Neutralité: Olivier Maingain propose un débat au Parlement bruxellois
Tuna Altinel de retour en France après avoir été bloqué 2 ans en Turquie
Vaste traque à l'étranger des membres présumés du groupe Gülen
Au Kenya, mystère autour de l'enlèvement d'un membre de la famille Gülen
Signes convictionnels: Maxime Prévot soutient Georges Dallemagne
Clerfayt: "Je suis sur la même ligne que mon président de parti"

Droits de l'Homme / Human Rights

Ciel noir sur le drapeau arc-en-ciel en Turquie

D’un côté, un barrage de boucliers et de policiers casqués, prêts à intervenir. De l’autre, une cinquantaine de manifestants derrière une banderole arc-en-ciel. Ils ont tous la vingtaine. La plupart sont des étudiants venus soutenir d’autres étudiants, dont le procès s’ouvre ce jour-là au palais de justice d’Istanbul. Leur crime : avoir manifesté en agitant le drapeau emblème des LGBTQI+.

« Nous sommes ici pour dire que l’arc-en-ciel ne peut pas être jugé ! », s’exclame Havin Özcan, un jeune homme aux longs cheveux noirs et aux ongles colorés. « Nous sommes ici pour leur rappeler que nos drapeaux et nos couleurs n’ont commis aucun crime et que nous ne pouvons pas être condamnés pour les avoir portés. »

Des « détraqués » liés au « terrorisme »

Les douze étudiants poursuivis font partie de ceux qui, depuis début janvier, rejettent la nomination d’un recteur proche de l’AKP (Parti de la justice et du développement) et de son chef, le président Recep Tayyip Erdogan, à la tête de l’université du Bosphore, l’une des meilleures du pays. Très tôt, le gouvernement a dénigré cette protestation en la décrivant comme « noyautée par des groupes LGBTQI+ », eux-mêmes qualifiés de « détraqués » liés au « terrorisme ». Des centaines de personnes ont été placées en garde à vue et des dizaines sont actuellement jugées.

« Le régime s’en prend à nous car notre mouvement est à la pointe des protestations contre tout ce qu’il incarne. Et plus notre voix porte, plus les attaques sont fortes », observe Havin Özcan, qui se dit visé par trois enquêtes. « J’ai été torturé en garde à vue, j’ai subi des menaces de viol, des fouilles à nu… Beaucoup de mes amis ont subi les mêmes traitements. Mais nous n’avons pas peur et nous restons mobilisés. »

Retournement de veste

La situation n’a pas toujours été aussi grave dans la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Les ONG décrivent une politique de plus en plus répressive et un discours de haine de plus en plus décomplexé dans un pays où l’homosexualité n’est pourtant pas illégale. Symbole de ce durcissement : le sort réservé à la Gay Pride d’Istanbul. La première a eu lieu en 2003, année de l’arrivée au pouvoir de l’actuel président. Pendant une décennie, elle a défilé sans problème jusqu’à rassembler, en 2014, des dizaines de milliers de personnes. Mais depuis 2015, la Marche des fiertés est interdite. Celle prévue ce week-end ne fait pas exception.

« Les LGBTQI+ n’existent pas. Ce pays est moral », a martelé en février le chef de l’État. C’est pourtant le même Tayyip Erdogan qui, 19 ans plus tôt, juste avant que l’AKP ne remporte sa première victoire nationale, déclarait : « Il est impératif que les homosexuels soient protégés par la loi. Je ne trouve pas humain le traitement qui leur est parfois réservé. »

La Turquie de 2021 n’est pas celle de 2002. « Désormais, ce pouvoir n’accepte plus aucune voix dissidente », soupire Tülay Savas, membre de Listag, la seule association d’entraide entre parents de lesbiennes, gays et transgenres du pays. Tülay, dont la fille est lesbienne, estime que les LGBTQI+ sont une cible facile pour un pouvoir en perte de popularité, dont la principale stratégie est de diviser pour continuer à régner. « Il pense qu’une large partie de la société approuvera ce discours, et ce n’est malheureusement pas faux. Donc, associer le moindre mouvement de contestation aux LGBTQI+ permet à la fois de détourner l’attention en les attaquant et de discréditer toute protestation démocratique aux yeux de l’opinion. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups. »

Retrait de la convention d’Istanbul

Conséquence du climat actuel, les appels à l’aide se multiplient sur le téléphone de cette association fondée en 2008. « A cause des pressions et de la répression, il est de plus en plus difficile pour les LGBTQI+ d’être visibles, ou même de faire leur coming out », déplore Günseli Dum, l’une des fondatrices. « Nous ne pouvons plus organiser d’activités publiques depuis 2014 à cause de toutes les interdictions qui nous visent. »

En mars, Ankara a consterné ses partenaires européens en annonçant son retrait de la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, plus connue sous le nom de convention d’Istanbul car elle fut signée – ironie du sort – en Turquie il y a dix ans. Pour « justifier » sa décision, le gouvernement a prétendu que cette convention encourageait l’homosexualité. Les débats sur le texte ont provoqué une recrudescence des insultes et des menaces visant les LGBTQI+ sur la scène politique, dans les médias et sur les réseaux sociaux.

« En tant que parents de LGBTQI+, nous sommes inquiets pour nos enfants parce que leur vie est en danger », confie Günseli Dum. « C’était déjà suffisamment difficile comme ça pour eux de se tourner vers la police et la justice quand ils étaient victimes de violences… Désormais, ceux qui osent encore porter plainte risquent de voir leurs agresseurs bénéficier de remises de peine. » Le retrait de la Turquie de la convention d’Istanbul sera effectif le 1er juillet.
(Anne Andlauer, Le Soir, 25 juin 2021)

At least 3 thousand 291 people’s right to life violated in Turkey in 2020

"2020 was a year which was marked by serious violations of right to life and other rights due to the violence-oriented policies pursued in the regional policies, especially in addressing the Kurdish Question."

The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has released its annual report on the violations of rights committed in Turkey in 2020.

The 356-page report, prepared by Eylem Yıldızer, Cihan Deniz Zarakolu and Coşkun Üsterci, has listed the violations of rights that happened in the country last year. According to the report, the right to life of at least 3 thousand 291 people was violated in Turkey in 2020.

68 children died in occupational homicides

The TİHV report has indicated that at least 2 thousand 427 people, including 68 children, lost their lives in occupational homicides last year. Among the deceased workers were also at least 101 people who were in the status of a refugee, asylum seeker or migrant in Turkey.
'Violations stem from impunity'

The report of the Foundation has stressed that "the most important cause of these violations is the failure to carry out an effective investigation and prosecution and that most of the cases end in impunity."

The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has emphasized that "when the sentences given in the trials are considered, it is seen that the related sentences are disproportionate to the nature and consequences of the violation and they are far from being deterrent."

Deaths, injuries, executions

Some of the violations listed in the report are as follows:

    In the operations and air operations carried out by security forces in Turkey, Iraqi Kurdistan Regional Government and Syria and in the attacks that occured in these regions in 2020, at least 129 soldiers, 11 police officers, 4 village guards, 37 civilians, 311 militants died; 146 soldiers, 3 police officers, 3 village guards, 37 civilians were wounded.
    It has been detected that in 23 separate incidents that occured throughout 2020,15 people, including 3 children, died and 13 people, including 3 children, were injured as a result of extrajudicial executions, stop warnings, random shootings, being driven to suicide as a result of sexual assault and police raids.
    In four separate incidents, 1 child died and 3 people, including 2 children, were injured due to land mines and unclaimed explosives.
    In two separate incidents identified to be caused by the vehicles of police or gendarmerie in 2020, 2 children lost their lives and 1 child was wounded. Both incidents happened in operation zones.
    The number of people who lost their lives in a suspicious manner after being detained was 1. 1 person was wounded in the same incident. (In Van's Çatak, soldiers threw Osman Şiban and Servet Turgut from a helicopter on September 11, 2020. Servet Turgut lost his life at the hospital where he was being treated.)
    In 2020, at least 23 people suspiciously died and at least 25 people were wounded while doing their mandatory military service.
    It has been detected that 5 people were executed by illegal organizations in 3 separate incidents.

Torture and other forms of ill treatment

    In at least 140 incidents, at least 404 people were subjected to torture and other forms of ill treatment and at least 86 people were injured. 22 of the 139 incidents happened during house raids, 86 happened in open spaces and 31 occurred in official detention centers.
    In 1 incident, 1 person doing his mandatory military service was subjected to torture and other ill treatment. In 109 of the 140 cases, the perpetrators or torture and other ill treatment were police officers. While soldiers were the perpetrators in 13 incidents, neighborhood wardens were the perpetrators in 10 incidents, municipal police/ private security guards in 7 incidents and the village guard was the perpetrator in one of these incidents of torture and other ill treatment.
    In at least 19 incidents, people were subjected to the pressure and threats of the people who introduced themselves as police/ intelligence officers and forced them to become agents.
    As the novel coronavirus (COVID-19) pandemic was addressed as a security problem, rather than a public health problem, several people were subjected to the violence, torture and other ill treatment of the law enforcement on the street on a series of grounds such as the failure to abide by the curfews declared as part of the outbreak measures, to wear masks, to keep their social distance.

Trustees to municipalities

    The Co-Mayors of 16 municipalities of the Peoples' Democratic Party (HDP) were replaced with trustees by the Ministry of Interior; while 4 of these municipalities were provincial municipalities (Batman, Siirt, Iğdır, Kars), 8 were district and 4 were town municipalities.
    Mayors from the Republican People's Party (CHP) were removed from office by the Ministry of Interior in 1 province (Yalova) and 2 districts (Erdek and Menemen). The certificate of election of a mayor in 1 district (Ceyhan) was cancelled by the Supreme Election Council (YSK) becayse there was a final prison sentence against him or her.
    NOTE: From March 31, 2019, when the last local elections were held in Turkey, to December 31, 2020, trustees were appointed to 47 HDP municipalities (3 metropolitan municipalities, 5 provincial, 32 district, 7 town municipalities) and to 1 CHP municipality.
    In 1 province and 2 districts, mayors from the CHP were removed from office but no trustees were appointed in their place.
    34 of the mayors/ co-mayors elected on March 31 were arrested; 14 mayors/ co-mayors are still arrested. Moreover, 7 municipal council members in 3 provinces and 9 provincial municipal council members in 2 provinces were removed from office.

Freedom of assembly, expression

    In 2020, 2,104 people were arrested with physical violence in protests and demonstrations; at least 65 people were wounded, 9 people, including 1 child, were arrested.
    100 people were released on probation, 77 people were released with an international travel ban. At least 335 people were fined at least 790,490 TRY for "not abiding by the COVID-19 measures" during the meetings and demonstrations that they attended.
    At least 616 people were detained due to their social media posts; 11 people were arrested, 16 people were released on probation, 1 person was released with an international travel ban.
    Investigations were launched against at least 147 people due to their social media posts. In the 12 court cases filed over social media posts, 5 people were sentenced to 20 years, 4 days in prison in total and 3 people were acquitted of the offenses charged.
    In 2020, at least 24 people were taken into custody on charge of "insulting the President"; 2 people were arrested on this charge.
(BIA, 24 June 2021)

İstanbul governor bans LGBTI+ Pride March again

The İstanbul Governor's Office has banned the 19th İstanbul LGBTI+ Pride March, which was scheduled to take place on Saturday (June 26) in the city's Asian-side district of Maltepe.

"We are banned again," the İstanbul LGBTI+ Pride Week group said on Twitter. "Our application to the Istanbul Governor's Office ... was rejected today. The reason for the ban is the same crap."

In a written statement, the Governor's Office cited several reasons for the ban, including the prevention of acts of violence and terrorism and the protection of public order, security, general health and general morality.

The Pride March has not been permitted in the city since 2014. Yet the organizers said they will defy the ban to "find each other on the streets."

"They will not be able to prevent the LGBTI+ from coming together and being visible with the ban decisions we have changed for years and published with the same sentences," they said. "On June 26, we will find each other on the streets and celebrate our honor."
(BIA, 24 June 2021)

Médecins du Monde : La situation des grévistes de la faim est critique

L'état des 430 personnes sans-papiers a atteint un stade critique après une grève de la faim de 30 jours : « Nous sommes au moment charnière où le corps passe de la consommation de graisses à des protéines. Concrètement, cela signifie que les organes peuvent subir des dommages (irréparables) à partir de ce moment”, dit le Dr. Rita Vanobberghen, l'une des médecins bénévoles sur place. Dans le même temps, Médecins du Monde et les autres organisations sur place demandent davantage de capacités médicales : « Nos équipes manquent de personnel pour assurer un suivi adéquat de cette urgence médicale. »

La santé physique et mentale se détériore

Après 30 jours de grève de la faim, la situation sanitaire des 430 grévistes de la faim est très grave : ”Dès que l'organisme ne peut plus compter sur ses réserves de graisse, il bascule vers la consommation de protéines pour fournir l'énergie nécessaire au fonctionnement de nos organes tels que le cerveau, le cœur, les muscles et les yeux. La combustion des protéines entraîne des dommages (irrévocables) ou une défaillance de ces organes.” Explique le Dr Michel Roland, médecin bénévole auprès des grévistes de la faim et ancien président de Médecins du Monde.

« Pendant ce temps, nous voyons de plus en plus de complications graves », poursuit le Dr. Roland . ”Nous avons déjà traité une crise abdominale qui a conduit à une hospitalisation, plusieurs personnes sont en phase pré-critique en raison de leur faible poids initial, une personne a connu un épisode sévère d'hypoglycémie, un certain nombre de patients anémiques ont développé des problèmes cardiaques avec un rythme cardiaque de 195 pulsations, les diabétiques ont vu leur glycémie augmenter à des niveaux alarmants et dangereux, nous avons diagnostiqué une dépression, traité quelqu'un qui vivait un épisode psychotique et assisté à 2 tentatives de suicide le week-end dernier”.

Besoin de plus de bénévoles

Une équipe mobile d'environ 70 médecins bénévoles, ainsi que des infirmier.e.s, des kinésithérapeutes et des psychologues, intervient sur place avec le soutien, entre autres, de Médecins du Monde.

L'intention est d'être sur place tous les jours sur les 3 sites, mais cela est remis en cause par le sous-effectif aigu des équipes : « Après un an de confinement et une charge énorme sur le système de santé, tout le corps médical est épuisé et c'est très difficile de trouver des médecins qui peuvent se (re)mobiliser. Malgré plusieurs appels aux médecins bruxellois, nous sommes confrontés à une pénurie importante de bénévoles. Pour suivre médicalement les 430 grévistes de la faim, il faut 130 agents de santé qui sont chacun.e sur place 2 heures par semaine. Mais actuellement, seuls 70 bénévoles sont actifs, nous travaillons donc avec une équipe réduite de moitié. »

À l'heure actuelle, par conséquent, un certain nombre de personnes sans formation médicale sont obligées de surveiller l'état des personnes sans-papiers et, après un court tutorat, suivent un certain nombre de paramètres tels que le poids, la pression artérielle, la fréquence cardiaque, la quantité d'oxygène dans le sang. Elles contactent les professionnels quand un paramètre passe au rouge. "Mais c'est bien sûr du bricolage", poursuit le Dr. Roland "Et bien que nous nous rendions compte que l'année écoulée a été difficile, nous appelons donc tout le personnel soignant à se mobiliser à nouveau pour cette urgence médicale."

Appel urgent au secrétaire d'État à l'Asile et aux migrations : trouver une solution, quelle qu'elle soit

Enfin, le corps des médecins volontaires lance un appel aux responsables politiques : « En tant que médecins, nous ne sommes pas là pour proposer des solutions politiques. Nous ne faisons pas cette intervention médicale "parce que nous soutenons l'initiative" ou "parce que nous les soutenons", mais pour limiter au maximum les risques et dommages sanitaires. Il est de notre devoir fondamental de protéger chaque vie humaine, y compris dans des circonstances où des personnes ont envisagé de mettre leur corps en danger afin d'être entendues”, explique Michel Roland, médecin bénévole pour Médecins du Monde. “Notre message est le suivant : cette grève a déjà de graves conséquences médicales et nous appelons à une solution politique, quelle qu'elle soit, dans les plus brefs délais. Aujourd'hui, nous ne sommes plus en mesure de prévenir des conséquences médicales graves et potentiellement irréversibles. »


Des manifestantes protestent contre l’abandon d’un traité protégeant les femmes

Le décret du 20 mars retirant la Turquie d’un traité du Conseil de l’Europe — la Convention d’Istanbul de 2011 — qui oblige les gouvernements à adopter une législation réprimant la violence domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine, avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.

« La Convention d’Istanbul nous appartient », pouvait-on lire sur des banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins du pays, dont les provinces de Bursa (nord-ouest) et Mardin (sud-est), pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive asiatique d’Istanbul.

« Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir », a déclaré à l’AFP Melek Ondas, de l’association Conseil des femmes en assurant que les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.

« Nous croyons à la force de nos organisations. Qu’on revienne ou pas sur cette décision nous allons poursuivre notre lutte par tous les moyens possibles », a-t-elle ajouté.

Une nouvelle manifestation est déjà prévue le 1er juillet, jour de l’entrée en vigueur du retrait du traité.

Décidé alors que les féminicides n’ont cessé d’augmenter depuis une décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l’Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.

La décision du chef de l’État turc a provoqué depuis des manifestations à travers la Turquie de femmes qui se sentent menacées par l’abandon du traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.

Plus de 300 femmes ont été tuées l’année dernière en Turquie, selon la plateforme « Nous allons arrêter les féminicides ».

Environ 38 % des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une fois victimes de violences conjugales, selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux alentours de 25 % pour l’Europe. 
(AFP, 19 juin 2021)


Why does Interpol reject Turkey's requests for red notice?

Journalist Can Dündar on one side, and Sedat Peker, who is accused of "leading an organized crime group," is on the other. What brings them together in the same news article is the red notices that Interpol refuses to issue.

For a long time now, Interpol has been rejecting Turkey's applications for a red notice for political figures, which Minister of Interior Süleyman Soylu complained about during a TV program on May 24.

When asked about whether a red notice was issued for Peker, he had replied, "About the red notice, we immediately filed a complaint. You know we got it within two-and-a-half hours for Thodex [alleged cryptocurrency fraud)].

"You know, [Peker] has an arrest warrant against him in İstanbul, Bursa and İzmir. [Interpol] put [our application] in the section that is called "diffusion." We can't seek FETÖ members with a red notice. We make an application, they put it in the diffusion section and say it's 'irrelevant'."

The situation is the same for Dündar. The İstanbul 14th Heavy Penal Court, which is trying Dündar in the "MİT trucks case," frequently requests a red notice for the journalist.

However, the only known official request by Turkey to Interpol regarding Dündar was made in 2018. The court ruled in the last hearing on June 8 that a red notice should be issued for Dündar. A day later, Interpol's General Secretariat stated that there had been no new requests by Turkey.

How is a red notice issued?

The red notice is not the only type of notice that Interpol issues for international cooperation. It also has blue, green, black, yellow and orange notices and the "UNSC Special Notice."

Every type of notice has a different meaning but they all allow the countries to share their warnings and requests for information globally.

The red notice is a request for the "arrest and extradition of criminals." Its legal basis can be an arrest warrant issued by courts or a court ruling.

In Turkey, the court ruling or the request of the prosecutor's office is forwarded to the Ministry of Justice. If the ministry's General Directorate of International Law and Foreign Relations deems it appropriate, it sends the request to the Interpol Department of the General Directorate of Security, which then sends it to the Interpol General Secretariat.

Interpol regulations

Notices from countries are only issued if they comply with Interpol's regulations and meet all legal requirements.

But most member states see the red notice as a valid request for temporary arrest. Since the red notice has no power of sanction, the person concerned can't be extradited solely on the basis of this request. Extradition proceedings must be made in the country where the extradition request is made. The person should stand an "extradition trial" in the country that receives the request.

If the court decides that there is no legal problem within the framework of the national legislation regarding the extradition of the person, it can issue an extradition order. The person whose extradition is requested can appeal an extradition order.

"Diffusions"

Lately, Interpol carefully scrutinizes the red notice requests by Turkey and does not accept requests that it considers to be "political." Diffusions, or less formal notices, can be applied when a red notice request is rejected.
Two public red notices by Turkey

There are currently 66,370 red notices in Interpol's system. While most of the red notices are restricted to law enforcement use only, 7,669 red notices are public.

In the public list, there are three notices for people from Turkey: Mehmet Aydın and Fatih Aydın, who are held responsible for the "Çiftlik Bank" fraud and Faruk Fatih Özer for the Thodex cryptocurrency fraud.

On the public list, there are notices for 30 citizens of Turkey. Nine of them have notices against them because of drug-related crimes.

How many people were extradited?

Deputy Minister of Foreign Affairs Yavuz Selim Kıran said last week that 93 people had been extradited to Turkey and Turkey had extradited three people since

In recent years, Turkey does not care about the principles of international organizations that it is a member of and does not comply with agreements. Because of that, international organizations don't find Turkey reliable. The simplest example of this is the European Court of Human Rights (ECtHR) rulings for Selahattin Demirtaş and Osman Kavala.

In both cases, the ECtHR ruled that the arrests were "political" and both applicants should be released immediately. Turkey has failed to abide by this ruling for two years. The Council of Europe is considering stripping Turkey of its veto rights.

An Interpol spokesperson told DW Turkish that they had reminded Turkey of Interpol's obligation to abide by its rules and of the Universal Declaration of Human Rights.
(BIA, 15 June 2021)

Kavala Case: Council of Europe ‘to initiate infringement proceedings against Turkey’

The Committee of Ministers of the Council of Europe has examined Turkey's failure to execute the European Court of Human Rights (ECtHR) judgement on imprisoned rights defender and businessperson Osman Kavala, who has been behind bars in Silivri Prison for 1,318 days.

Referring to the continued arrest of Kavala, the decisions issued after the meeting on June 7-9 have noted that the Deputies "affirmed their determination, if the applicant is not released, to ensure the implementation of the judgment through all means at the disposal of the Organisation, including if necessary infringement proceedings."

In the event that the related proceedings are initiated, Turkey's right to vote and veto at the Council of Europe might be suspended.

The Deputies have recalled the "ECtHR's findings that the applicant's arrest and pre-trial detention took place in the absence of evidence to support a reasonable suspicion he had committed an offence and pursued an ulterior purpose, namely to silence him and dissuade other human rights defenders."

They have also underlined that "the one year and nearly five months taken by the Constitutional Court to review his complaint was insufficiently 'speedy', given that his personal liberty was at stake."

According to the Deputies, "the continuing arbitrary detention of the applicant, on the basis of proceedings which constitute a misuse of the criminal justice system, undertaken for the purpose of reducing him to silence, constitutes a flagrant breach of Turkey's obligation under Article 46 § 1 of the Convention to abide by the Court's judgment."

The Deputies have underkied that the detention of Kavala in this context is "unacceptable in a State subject to the rule of law."

Turkey doesn't abide by the Convention

The European Convention on Human Rights (ECHR) is a convention ratified by 47 states that are members of the Council of Europe. With a decision taken at the Parliament on May 18, 1954, Turkey signed the Convention. Turkey was granted the right of individual application on January 28, 1987. With the decision of the Council of Ministers on September 25, 1989, Turkey recognized the ECtHR's compulsory jurisdiction.

The states that are a party to the ECHR pledge that they will abide by the judgements handed down by the ECtHR.

Arrested in Silivri Prison for 1,318 days, Osman Kavala, during the Gezi trial, first took his imprisonment to the Constitutional Court. Then, he applied to the ECtHR, as the former had remained inconclusive.

In its judgement on December 10, 2019, the ECtHR concluded that Kavala's arrest was political. Convicting Turkey, the Court ruled that he should be released immediately. (BIA, 10 June 2021)

IBAHRI condemns the arbitrary detention of human rights defender Kavala

The International Bar Association’s Human Rights Institute (IBAHRI) condemns the continued arbitrary detention of human rights defender Osman Kavala, following the decision of a Turkish court to continue his confinement until his next hearing. The IBAHRI calls on Turkey to release Mr Kavala as per the legally binding decision of the European Court of Human Rights (ECtHR), which found Mr Kavala’s trial to be unfair and in violation of the European Convention on Human Rights (ECHR).

In a statement made on 9 June 2021 calling for the release of imprisoned human rights defenders in Turkey, the UN Special Rapporteur on the situation of human rights defenders, Mary Lawlor, said the case of Mr Kavala has become emblematic of a pattern of judicial harassment against human rights defenders in Turkey.  She expressed great concern that, ‘anti-terrorism laws are being used extensively to silence Turkish human rights defenders and disrupt their legitimate work’.
 
IBAHRI Co-Chair and former Justice of the High Court of Australia (1996–2006), the Hon Michael Kirby AC CMG, stated: ‘The ongoing detention of Osman Kavala, nearing four years, has been the litmus test for the severe deterioration of judicial independence and the rule of law, as well as the systematic crackdown on human rights defenders in Turkey. The IBAHRI reminds Turkish authorities that, as per the right to trial within reasonable time guaranteed under Article 6 of the ECHR, excessively long proceedings can amount to torture, inhuman and degrading treatment, prohibited by Article 3 of the same convention. Additionally,  Council of Europe Resolution 1551 (2007) [on] Fair trial issues in criminal cases concerning espionage or divulging state secrets recognises that espionage and terrorism-related cases can be used as a pretext to unduly restrict human rights. The initial offences with which Mr Kavala was charged arose out of activities relating to his defence of human rights in Turkey. The IBAHRI calls for his immediate release’.
 
On 21 May, the Istanbul 30th Heavy Penal Court rejected Mr Kavala’s request to be released from custody, prolonging his detention until his next hearing on 6 August 2021. The Court also reiterated considerations to merge his case with the Çarşı case , similarly relating to the 2013 Gezi Park protests – begun by a group of environmentalists to save a park in central Istanbul from being rezoned, but which soon grew into nationwide demonstrations. Mr Kavala objected, noting his own case is close to a final verdict, and given that the Çarşı case includes almost 40 defendants, merging the cases would be in violation of his right to a fair and expeditious trial.

In justifying its decision to continue his detention, the Court held that the ECtHR ruling vindicating Mr Kavala was made regarding charges for which he was acquitted, not the newly raised charge of espionage, and is therefore not binding.
 
Mr Kirby commented: ‘The ensuing acquittal, overturning and renewal of charges has created a convoluted and confusing web of indictments and proceedings, the former of which rely on the same facts as those Mr Kavala was acquitted upon, validating the finding by the ECtHR as an attempt to silence him through prolonged proceedings. Reviving his case, for the second time without merit, despite it nearing its verdict, is yet another attempt in a long list of wrongs designed to undermine the achievement of justice in his case’.
 
In a Council of Europe Committee of Ministers meeting on 7-9 June regarding the Kavala case, the Committee ‘affirmed their determination, if the applicant is not released, to ensure the implementation of the judgment through all the means at the disposal of the Organisation, including if necessary infringement proceedings under Article 46 § 4 of the Convention. ’ Once the process is triggered, the case reverts to the ECtHR for a further opinion on whether the state has met its binding obligation to comply with the judgment.

If the Court confirms that Turkey has failed to carry out the ruling, the Committee of Ministers may then take additional measures, including the suspension of Turkey’s voting rights or membership of the Council of Europe.
 
IBAHRI Co-chair and Immediate Past Secretary General of the Swedish Bar Association, Anne Ramberg Dr Jur hc, stated: ‘ The blatant disregard of the ECtHR judgment, and the multiple calls for release by the Council of Ministers, is a clear illustration of Turkey’s severe lack of commitment to the rule of law. Rather than implementing the recently unveiled Council of Europe’s Human Rights Action Plan, Turkey instead finds itself facing sanctions through infringement proceedings because of its hollow actions in respecting the ECHR and the ECtHR judgment. Not only does the continued detention of Osman Kavala severely violate his personal rights, but it also represents a severe challenge to the Council of Europe and its enforcement of regional law. We urge Turkey’s authorities to release Mr Kavala without delay in line with the 2019 ECtHR ruling and the fundamental rights guaranteed to him by the ECHR’.

Rights defenders sentenced to 24 years, 3 months in Turkey in a year

The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has made a study on the rights violations faced by rights defenders in Turkey in 2020.

According to the Foundation's report, rights defenders were sentenced to 24 years, 3 months in prison in total last year.

The members and executives of rights-based organizations were detained and arrested while events were banned and peaceful demonstrations were prevented by the interventions of the police.

Prepared as part of the Hrant Dink Foundation Grant Program with the financial support of the European Union (EU), the study of the TİHV Documentation Center has offered a 2020 panorama of Turkey in the light of the United Nations Declaration on Human Rights Defenders.
Trial, imprisonment, access blocks...

According to a series of infographics prepared by the Center, in 2020, 17 rights defenders were put on trial in 7 separate cases; seven rights defenders were sentenced to 24 years, 3 months in prison in total.

While 324 members and executives of rights-based civil society organizations were taken into custody, 90 of them were arrested.

Last year, 10 events regarding LGBTI+ and women's rights were prevented and four events were banned in Turkey.

While the law enforcement intervened in 18 meetings and demonstrations, 164 people were taken into custody by being subjected to torture and maltreatment. Several people were given administrative fines.

18 peaceful meetings and demonstrations about environmental and urban rights were also intervened by the law enforcement. 84 people were subjected to torture and ill treatment during detention.

The study has also reminded the public and the authorities that according to the United Nations Declaration on Human Rights Defenders, every person has the right to "publicize and convey their opinions, news and information as to human rights and fundamental freedoms."

As an example of the violations committed in Turkey in this context, the study has referred to the access blocks on online content. Accordingly, in 2020, access blocks were imposed on 1,079 news, 97 websites, 635 internet addresses, 10 social media accounts and 301 contents.
(BIA, 10 June 2021)

Prison à vie en Turquie pour de fausses accusations de matches truqués

Trois personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu'à près de 2.000 ans de prison dans une affaire de fausses accusations de matches truqués qui avait secoué le football turc en 2011, vendredi par un tribunal d'Istanbul.

Un ancien chef de la police, un ancien policier et l'ancien président d'une chaîne télévisée ont été condamnés à des peines allant de 161 ans à 1.972 ans de prison pour "aide à une organisation terroriste", "faux et usage de faux", "diffamation" et "violation du secret des communications privées", a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Ils ont été reconnus coupables d'être derrière de fausses accusations de corruption et de matches truqués visant notamment Fenerbahçe, l'un des trois plus grands clubs du pays, dont le président a été condamné et emprisonné.

Aziz Yildirim, qui a dirigé Fenerbahçe de 1998 à 2018, a écopé en 2012 d'une peine de six ans et trois mois de prison et passé un an en détention.

Il a toujours clamé son innocence et dénoncé un "complot" orchestré par le mouvement d'un prédicateur exilé aux Etats-Unis, Fethullah Gülen. Il a été acquitté lors d'un nouveau procès en 2015.

L'affaire a été vécue comme un traumatisme par les supporters de Fenerbahçe, dont un grand nombre soupçonnait le gouvernement d'être à la manoeuvre, un sentiment renforcé par l'alliance qui existait alors entre M. Gülen et Recep Tayyip Erdogan.

Mais M. Gülen est depuis devenu la bête noire du président turc qui l'accuse d'avoir ourdi une tentative de coup d'Etat en 2016.

Les trois hommes condamnés vendredi étaient accusés d'appartenir au mouvement de M. Gülen, désormais qualifié de "terroriste" par Ankara, et d'avoir fabriqué de faux documents pour mettre en cause M. Yildirim.

Près d'une centaine de personnes avaient été condamnées en première instance. Fenerbahçe avait été exclu par la Fédération turque de football de l'édition 2011/12 de la Ligue des champions.

"Aucun verdict ne peut être à la hauteur de ce que Fenerbahçe et ses millions de supporters ont vécu au cours de ce long processus", a réagi vendredi l'actuel président de Fenerbahçe, Ali Koç.

"Il reste un grand nombre de personnes et d'instances à qui nous avons à réclamer des comptes", a-t-il ajouté.
(AFP, 4 juin 2021)

Des espions turcs "capturent" le neveu de l'ancien ami d'Erdogan

Les services de renseignement turcs ont interpellé à l'étranger et rapatrié un neveu du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan, ont rapporté lundi des médias, l'épouse de Selahaddin Gülen affirmant qu'il avait été "capturé" en Kenya.

Selahaddin Gülen a été ramené en Turquie par des agents de l'Organisation nationale du renseignement (MIT) après avoir été interpellé à l'étranger, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu, sans dire dans quel pays. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 20 mai, son épouse a affirmé qu'ils vivaient tous les deux au Kenya et qu'elle était sans nouvelles depuis le 3 mai de son mari, qui enseignait dans une école à Nairobi.

Des personnes et médias liés au mouvement de Fethullah Gülen ont eux aussi déclaré sur les réseaux sociaux que Selahaddin Gülen avait été "kidnappé" au Kenya, et lancé une campagne appelant à sa libération.

Selahaddin Gülen est accusé par les autorités turques d'appartenir à l'"organisation terroriste Fetö", un acronyme qu'Ankara utilise pour désigner le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.

M. Erdogan, qui était autrefois allié à M. Gülen, le décrit aujourd'hui comme un "chef terroriste" et l'accuse d'avoir ourdi contre lui une tentative de coup d'Etat en juillet 2016. Le prédicateur, qui réside aux Etats-Unis, affirme être à la tête d'un réseau pacifique d'ONG et d'entreprises et nie toute implication dans la tentative de putsch.

Depuis le putsch manqué, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues de leurs fonctions dans le cadre de purges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de la Turquie. Ankara traque également les membres présumés du réseau de Fethullah Gülen à l'étranger et affirme avoir "rapatrié" plusieurs dizaines de personnes depuis 2016, quitte à susciter des remous. En 2018, l'enlèvement au Kosovo par des agents du MIT de six ressortissants turcs accusés de liens avec M. Gülen avait provoqué une crise politique dans ce pays et conduit au limogeage du ministre de l'Intérieur et du chef du renseignement.

Par ailleurs, Ankara fait pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans, d'Asie centrale et d'Afrique pour qu'ils ferment les écoles liées au mouvement "guléniste". Le Kenya avait refusé en 2016 de fermer six établissements malgré l'insistance d'Ankara.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si la "capture" de Selahaddin Gülen s'est faite avec l'accord des autorités kényanes.

En 1999, le Kenya avait été le théâtre d'une spectaculaire opération des services turcs qui y avaient arrêté le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.

"Nous allons bientôt annoncer la capture d'un membre très important de Fetö. Il est entre nos mains", avait déclaré M. Erdogan le 19 mai, vraisemblablement en référence à Selahaddin Gülen. (AFP, 31 mai 2021)

20 thousand people detained at demonstrations in 4 years

The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has published a study titled "Closing the Street: Violations of Freedom Assembly and Demonstration." The study has revealed that freedom of assembly and demonstration was violated 4 thousand 771 times in Turkey in 2015-2019.

As a result of the interventions against the meetings and demonstrations, 20 thousand 71 people were detained, 662 people were arrested.

In the same period, lawsuits were filed against 4 thousand 907 people for reasons related to their exercise of their freedom of assembly and demonstration. 999 people were sentenced to 13 thousand 370 months in prison in total. 63 people were fined 268 thousand 235 lira in total.

While 4 thousand 450 people were subjected to the physical violence of law enforcement, 90 people were wounded by the shots fired by them.

A total of 160 people lost their lives in the attacks targeting meetings and demonstrations; while 19 of these deaths occurred as a result of the law enforcement's use of force, 141 people died in bomb attacks.

The highest number of violations were recorded in Ankara, İstanbul, İzmir, Diyarbakır, Malatya, Van, Adana, Kocaeli, Mersin and Mardin.

While 3 thousand 983 violations were witnessed at protest demonstrations, 358 were in political events, 124 in cultural, artistic and sports activities and 77 were witnessed during funerals and condolences. 229 violations happened as a result of general bans on meetings and demonstrations. 98 percent of them targeted outdoor meetings and demonstrations.

When considered by subjects, it was seen that the highest rate of rights violations happened during the protests against the discharges by Statutory Decrees and at the meetings and demonstrations about the Kurdish question. As for the groups most frequently facing the violations in this period, they were lawyers, politicians, association/union/chamber executives, artists, academics and press laborers, respectively. (BIA, 28 May 2021)

Saturday Mothers/People demand justice for 26 years

Saturday Mothers/People have been asking the fate and whereabouts of their enforced disappeared loved ones since May 27, 1995. On the 26th anniversary, they were once again at Galatasaray Square in İstanbul, where they expressed their demand for justice every Saturday for years, but they have "not been allowed" to gather since the 700th week in 2018.

Meeting at the square in Beyoğlu, Saturday Mothers/People laid red carnations at the square, saying, "Galatasaray Square, where we gathered to ask 'Where are our losses' 26 years ago, has become a meeting place with our losses for us. We will not give up Galatasaray Square, which has turned into a site of memory known by the world with us."

Among the ones who laid carnations on the square were also Peoples' Democratic Party (HDP) Co-Chair Pervin Buldan, HDP İstanbul MP Oya Ersoy, HDP İstanbul MP Dilşad Canbaz Kaya and main opposition Republican People's Party (CHP) İstanbul MP Sezgin Tanrıkulu.

Buldan: We won't give up

Speaking at the gathering, Buldan said, "Those who banned this square to us should know that we will never give up seeking justice. We would like to especially note that we will seek a fair trial. This struggle will continue until the losses are found and perpetrators are put on trial."

'Struggle until last missing person is found'

A message was also shared on the Twitter account of Saturday Mothers:

"26 years ago today, we took to Galatasaray Square for our people whose existence was denied after they had been detained by the security forces of the state; we went there for the truth and for justice.

"We have not given up our losses or Galatasaray, our site of truth and memory, despite all pressure, disregard and obstructions.

"We have promised our losses. We will not give up until our last loss is found. We will not forgive the ones who made our loved ones disappear and the ones who protect the people who made them disappear."

What happened?

It was 25 years ago on May 27, 1995 that Saturday Mothers/People gathered for the first time at Galatasaray Square for the ones disappeared in custody. The first sit-in protests started after the deceased body of Hasan Ocak, who was taken into custody on March 21, 1995, was found in the Cemetery of the Nameless after being tortured.

The Saturday protests at Galatasaray Square were interrupted for an indefinite period of time on March 13, 1999 due to heavy police intervention for the last three years. The interruption continued for the next 10 years.

The silent sit-in protests of Saturday Mothers/People, which they started again at Galatasaray Square in 2009, continued until the police intervention in August 2018.

In the 700th sit-in on August 25, 2018, the police attacked the crowd with rubber bullets, detaining several relatives of the disappeared. The detained were released after giving their statements on the same day.

Speaking about the incident, Human Rights Association (İHD) İstanbul Chair Gülseren Yoleri said that the 700th week gathering was "arbitrarily banned with a decision signed by the Beyoğlu Sub-Governor within the knowledge of Interior Minister Süleyman Soylu.

Detained in the 700th week, Maside Ocak said, "In 1997, we used to be detained as two generations; today, we were detained as three."

Maside Ocak, the elder sister of Hasan Ocak, whose dead body was found in a common grave after he was detained on March 21, 1995, said that her 82-year-old mother Emine Ocak was attempted to be detained as well, she was not taken to the police bus at the last minute, she was pushed with police shields and her arms were bruised.

According to the data of the Truth Justice Memory Center, 1,352 people have been subjected to enforced disappearance in Turkey. (BIA, 28 May 2021)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Marche des fiertés à Istanbul: un photographe de l'AFP interpellé

Un photographe de l'AFP, Bülent Kiliç, a été interpellé samedi par les forces de l'ordre lorsqu'il couvrait la dispersion de la marche des fiertés d'Istanbul interdite par les autorités, ont rapporté des témoins et des défenseurs de la liberté de la presse.

"Nous condamnons l'interpellation du reporter de l'AFP Bülent Kiliç qui couvrait la marche des fiertés à Taksim (...) Nous réclamons sa libération immédiate", a réagi sur Twitter Reporters Sans Frontières en Turquie.

L'AFP à Istanbul a contacté les autorités turques pour demander la libération de son photographe.

Une image montrant le moment de l'interpellation du journaliste, plaqué au sol par des policiers qui pressent avec leurs jambes sur son corps, a été diffusée sur les réseaux sociaux.

Bulent Kiliç a été interpellé alors qu'il couvrait la dispersion de la marche des fiertés d'Istanbul interdite par les autorités.

Selon des activistes, les forces de l'ordre ont interpellé plusieurs manifestants qui se sont réunis dans une rue de Taksim, un quartier central d'Istanbul qui accueille traditionnellement la gay pride.

Après une spectaculaire marche des fiertés qui a réuni en 2014 plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques l'ont interdite année après année, officiellement pour des raisons de sécurité.

Les associations LGBT dénoncent une "campagne de haine" menée depuis des années à leur encontre par le gouvernement turc, au risque d'encourager les violences contre une communauté particulièrement vulnérable.
(AFP, 26 juin 2021)

Twenty people fired from pro-AKP think tank (SETA) framing journalists

Several people have been fired or resigned from the Foundation for Political, Economic and Social Research (SETA), its employees revealed on Twitter.

Seven coordinators of the think tank announced their resignation yesterday (June 23), after the firings of 20 employees.

While the SETA did not make a statement on the issue, it deleted the coordinators' profile pages from its website.

The SETA drew international criticism over its July 2019 report titled "Extensions of Foreign Media Outlets in Turkey," which included background information and social media interactions of journalists working for Turkish services of BBC, DW, Voice of America and Sputnik.

Claiming that these outlets were carrying out "perception management work," SETA was accused of "framing journalists" by journalism organizations.

Prosecutors had refused to prosecute the case, stating that the report did not violate freedom of expression.

On July 6, the SETA Foundation published a report entitled "International Media Outlets' Extensions in Turkey". The report listed the professional backgrounds and social media posts of journalists working at BBC Türkçe, Deutsche Welle Türkçe, the Voice of America, Sputnik Turkey, Euronews Turkey, Independent Turkey and China Radio International (CRI) Turkey. The report accused these organizations of "carrying out a perception work."

Citing the social media posts and retweets of the journalists, the SETA also referred to the newspapers and news websites BirGün, T24, bianet, Evrensel, Cumhuriyet, Diken, DW Türkçe and Reporters Without Borders (RSF) as "the media that come to the fore with their anti-government news."

In response to this report, which sparked outrage on social media especially among journalists, the Journalists' Union of Turkey (TGS) and Media and Law Studies Association (MLSA) filed a criminal complaint.

Journalism organizations also held a press conference on July 9 and stated, "If anything happens to a single colleague of ours, the SETA is to blame." 21 international organizations signed a statement condemning the report and said, "Such a witch-hunt is especially dangerous in the tension and political polarization currently characterizing Turkish society."
(BIA, 24 June 2021)

Journalist Mustafa Uslu beaten, equipment broken in Kocaeli

Turkish authorities should ensure that the people who beat journalist Mustafa Uslu are held accountable and prosecuted, the Committee to Protect Journalists said today.

Yesterday, four people in the northwestern province of Kocaeli attacked Uslu, a reporter for the pro-government İhlas News Agency (İHA), while he was covering authorities’ demolition of a ranch owned by opposition politician Lütfü Türkkan, according to multiple reports from his employer and a statement by the Journalists’ Society of Turkey in Istanbul, a local trade group.

The attackers hit Uslu, knocked him to the ground, kicked and hit him in the face, and also smashed his camera and drone, according to those reports. Uslu was hospitalized following the attack, and his condition is not severe, according to reports.

Police arrested the four attackers at the scene and identified one of them as Türkkan’s nephew İbrahim Hasırcı, according to local news reports and İHA. Police ordered Hasırcı detained pending investigation, and released the other three suspects—identified as one of Hasırcı’s friends, a ranch employee, and Türkkan’s driver—under 90 days of judicial control, similar to parole, according to those reports.

“Turkish authorities must ensure that those who attacked journalist Mustafa Uslu are prosecuted to the full extent of the law,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central Asia program coordinator, in New York. “Physical attacks on journalists in Turkey are far too common, and the only way to finally end such assaults is to show that perpetrators will face justice.”

Türkkan, a parliamentary deputy of Kocaeli from the opposition front’s Good Party (IYI), wrote on Twitter that he learned of the attack with “great sadness,” and also tweeted that he had contacted Uslu’s family and would compensate them.

CPJ emailed Türkkan and the Kocaeli chief prosecutor’s office but did not immediately receive any replies.

Separately, on June 10, reporter Ahmet Atmaca was beaten in the southeastern city of Gaziantep, and on June 22, reporter İbrahim Akkuş was beaten in the northern province of Samsun, as CPJ documented. Authorities identified, questioned, and then released the suspects in both cases.

Physical attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted, according to CPJ reporting. (CPJ, June 23, 2021)

Journalist İbrahim Akkuş beaten with pipe in Turkey

Turkish authorities must investigate the recent attack on journalist İbrahim Akkuş, hold the perpetrators to account, and ensure his safety, the Committee to Protect Journalists said today.

Yesterday, three employees of a construction company in the 19 Mayıs District of the northern province of Samsun attacked Akkuş, a reporter for the nationalist daily Yeniçağ, after he reported on allegedly flawed construction by their company, according to news reports and a report by Yeniçağ.

One of the attackers hit Akkuş on the back and head with a pipe, according to those sources. He sustained bruising on his head and back, and went to a local hospital to document those injuries, which were not severe, he told CPJ in a phone interview and also told the YouTube news channel Medya Koridoru.

The journalist filed a criminal complaint, and authorities arrested and questioned the three suspects and then released them pending an investigation, those reports said. The attackers also filed a counter complaint against Akkuş, accusing him of defamation and attacking them with pepper spray during the confrontation yesterday, the journalist told CPJ.

“Turkish authorities should thoroughly investigate the recent attack on journalist İbrahim Akkuş, and provide him with security so he can work freely,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central Asia program coordinator, in New York. “Assaults on journalists in Turkey are far too common, and will only cease when authorities show that they take such cases seriously.”

On June 19, Akkuş posted video and pictures on his personal Facebook account alleging that the construction company had poorly built a local municipal building. Akkuş frequently posts independent reporting on his Facebook page, where he has about 1,400 followers.

During the Medya Koridoru interview, Akkuş said that he was at the municipal building yesterday to follow-up on his June 19 reporting when he was attacked. He had previously reported on the construction site in February, and workers there threatened him, saying he was lucky that he had been accompanied to the site by a politician, Akkuş told CPJ.

CPJ emailed the Samsun chief prosecutor’s office and the Bayındırlar Construction Corporation, which is in charge of the construction site, for comment, but did not immediately receive any replies.

Akkuş told CPJ that he is worried about his safety but stands by his reporting.

Previously, on June 10, Turkish journalist Ahmet Atmaca was beaten in the southeastern city of Gaziantep, as CPJ documented at the time. Police identified, questioned, and then released four suspects in that attack, according to reports.

Physical attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted, according to CPJ reporting.
(CPJ, 22 June 2021)

RSF: Turkey uses terrorism legislation to gag, jail journalists

The Reporters Without Borders (RSF) has documented 12 cases of journalists currently prosecuted in Turkey as per the Anti-Terror Law (TMK) and shared its observations regarding the cases in a press release titled "Turkey using terrorism legislation to gag and jail journalists."

Giving information about the cases of journalists Alican Uludağ, Olcay Büyükbaş Akça, Duygu Güvenç, Canan Coşkun, Ali Açar ve Can Uğur, Abdurrahman Gök, Hazal Ocak, İpek Özbey, Vedat Arık and Can Dündar, the RSF has underlined that the related terrorism legislation "prohibits questioning the security forces" and warned that "manipulation of Turkey's judicial system is undermining press freedom."

"Reporters who cover public interest stories in Turkey increasingly risk imprisonment," the RSF has stressed, explaining it as follows: "Those who investigate the government's actions with regard to Islamic State, the arms it has sent to Syria, or abuses by the security forces are systematically accused of 'espionage,' 'terrorist propaganda,' 'defaming' the judicial system or the security forces or even 'attacking an anti-terrorism agent'."

The RSF has reiterated that the "journalists who want to report the news are under constant threat of being jailed."
News on 'hidden file in Ankara Massacre case'

The RSF has first referred to the trial of Cumhuriyet Newspaper's Managing Editor Responsible for Legal Affairs Olcay Büyüktaş Akça and former Ankara correspondent Alican Uludağ, who were acquitted at their final hearing at the İstanbul 32nd Heavy Penal Court yesterday (June 15).

"In the trial [...], two veteran journalists – former Cumhuriyet reporter Alican Uludağ and current editor-in-chief Olcay Büyükbaş Akça – are being prosecuted for investigative reporting that suggested that 'negligence' by the security forces was to blame for the failure to prevent the two bomb attacks at Ankara's central railway station on 10 October 2015 that left 107 dead."

The RSF has noted that they were "facing up to 3 years in prison for 'exposing anti-terrorist officers to the threat of terrorist organisations' because they reported that the security forces had stopped following an Islamic State unit that was looking for material with which to make the bombs that ended up being used in the Ankara attacks, and because they named the shop that the terrorists visiting shortly before the bombings."
Systematic appeals against acquittals

Moving on to another lawsuit against Alican Uludağ, the organization has commented, "Denial of the rule of law in Turkey has increased to the point that journalists can derive no relief when they are acquitted because the prosecution invariably appeals against their acquittal and goes out of its way to ensure that the higher court convicts them."

As indicated by the RSF, the related situation has "already happened to Uludağ and another former Cumhuriyet reporter, Duygu Güvenç."

"In October 2020, they were acquitted of 'defaming the judicial system' for describing US priest Andrew Bronson's release in October 2019 after negotiations with the United States as 'political.' But the prosecution immediately appealed, demanding prison sentences."

In the trial where both journalists have been acquitted, the appeal hearing is to be held in the coming months.
'Berkin Elvan' lawsuit against journalists

The RSF has also referred to the case where journalists Canan Coşkun, Can Uğur and Ali Açar are facing prison sentence on the grounds that they allegedly disclosed the identity of the police officer who shot Berkin Elvan in Okmeydanı, İstanbul during Gezi in 2013.

"At a hearing in Istanbul on 8 June that an RSF representative attended, the prosecution asked the court to jail them for three years. The next hearing is set for 7 October, when the court could issue a verdict."
Court case against Abdurahman Gök

As recalled by the RSF, "the targets also include Abdurrahman Gök, a photoreporter for the Mezopotamya Agency (MA) facing possible sentences totalling 27 years in prison on charges linked to his journalism."

"One of his photos resulted in police officers being charged with involvement in the death of a youth, Kemal Kurkut, during the Kurdish New Year festivities in March 2017. Accused of being a member of the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK) and of PKK 'propaganda,' Gök is due to appear in court again in the southeastern city of Diyarbakır on 30 September'."

Documenting the trials of journalists in Turkey, the RSF has also addressed the cases where journalists face charges over a news report about Fahrettin Altun, the Presidency's Communications Director.

"The law protecting 'anti-terrorism agents' is proving to be particularly useful in ensuring impunity for government allies," the RSF has stressed, recalling that "four Cumhuriyet journalists – Hazal Ocak, İpek Özbey, Vedat Arık and editor Akça – are facing possible three-year jail terms" after they reported that Altun had built an illegal annex to his home on the Bosphorus.

Underlining that the journalists are facing charges "over a story that has nothing to do with terrorism," the RSF has also announced that the trial is due to be held in İstanbul on June 24, 2021.

Lastly, it has also referred to Can Dündar under the sub-title "pursued into exile", saying, "The government meanwhile refuses to abandon its attempts to exact judicial vengeance" on Can Dündar.

Turkey is ranked 153rd out of 180 countries in the Reporters Without Borders (RSF) 2021 World Press Freedom Index.
(BIA, 16 June 2021)

CEDH: double condamnation de la Turquie pour violation de la liberté d'expression

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a prononcé mardi deux condamnations contre la Turquie pour des violations de la liberté d'expression, à l'encontre d'une employée de service public et d'un étudiant qui avaient exprimé leur opposition envers les autorités.

Le premier cas concerne une employée contractuelle du ministère de l'Education nationale turc qui avait apposé la mention "J'aime" sur Facebook sur certains contenus, critiquant notamment les pratiques répressives dont sont accusées les autorités, ou encourageant à manifester contre ces pratiques.

L'employée avait été licenciée sans indemnisation, les autorités turques estimant que ces mentions pouvaient "perturber la paix et la tranquillité du lieu de travail". Elle avait ensuite été déboutée en justice, alors qu'elle demandait sa réintégration.

A l'unanimité, les sept juges de la CEDH ont estimé que cette employée avait été licenciée en violation du droit à la liberté d'expression, garanti par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme.

"L'article 10 ne laisse guère de place pour des restrictions à la liberté d'expression dans deux domaines: celui du discours politique et celui des questions d'intérêt général", soulignent les magistrats dans leur décision. Ils notent que les motifs du licenciement "ne peuvent être considérés comme pertinents et suffisants".

La Turquie a par conséquent été condamnée à verser 2.000 euros à l'ex-employée pour "dommage moral".

Le deuxième dossier concerne un étudiant, condamné au pénal après avoir prononcé en 2012 un discours de soutien à des étudiants placés en garde à vue pour s'être opposés à la venue de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, sur un campus universitaire.

La CEDH reconnaît que les propos de l'étudiant contenaient "une certaine défiance et une dose d'hostilité" à l'égard de M. Erdogan, mais souligne que "les limites de la critique admissible sont plus larges à l'égard d'un homme politique, visé en cette qualité, que d'un simple particulier".

Elle estime qu'il n'y a "pas de rapport de proportionnalité raisonnable" entre la condamnation de l'étudiant et "le but légitime de la protection de la réputation de la personne concernée".

A l'unanimité, les sept juges ont donc condamné la Turquie pour atteinte à la liberté d'expression, et lui ont ordonné de verser 2.000 euros à l'étudiant pour "dommage moral", et 2.000 euros pour frais et dépens.
(AFP, 15 juin 2021)

Privés de concerts, les musiciens déchantent en Turquie

Lorsque les bars d'Istanbul ont rouvert début juin, le chanteur turc Seref Erdeniz croyait qu'il allait enfin reprendre du service après des mois de disette qui l'ont contraint à vendre sa guitare pour payer ses factures.

Aussi, lorsque le gouvernement a annoncé que les performances musicales et concerts resteraient interdits dans le cadre des mesures visant à combattre la pandémie de nouveau coronavirus, l'espoir a laissé place à la colère.

Vendre son instrument "a été un moment très douloureux", explique à l'AFP Erdeniz, chanteur de pop âgé de 34 ans. "Ma guitare m'a accompagné pendant des années sur scène. J'écrivais même des chansons dessus", dit-il, la voix brisée.

Comme lui, de nombreux artistes ont été heurtés par la décision du gouvernement de maintenir l'interdiction des concerts, n'y voyant aucune justification sanitaire alors que les restaurants et bars, où de nombreux chanteurs et musiciens se produisent en temps normal, ont rouvert.

Alors qu'elle enregistrait plus de 60.000 cas de coronavirus par jour, la Turquie s'est astreinte le mois dernier à un confinement strict pour enrayer cette progression avant l'ouverture de la haute saison touristique.

Résultat, le nombre d'infections quotidiennes a été divisé par dix en un mois, selon les chiffres officiels, et les restaurants, cafés et bars ont pu rouvrir le 1er juin.

Les musiciens ont donc l'impression d'être injustement écartés de la reprise.

- Cordes coupées -

Pour exprimer son mécontentement, le célèbre compositeur Hakan Altun s'est filmé en train de découper les cordes de sa guitare, un geste imité par plusieurs musiciens.

Le chanteur Tarkan, star mondiale dans les années 1990, a accusé le gouvernement de "manquer de respect envers l'art et les artistes".

Sans revenus et quasiment sans soutien de l'Etat, les musiciens turcs font partie des catégories qui ont le plus souffert de la pandémie.

Selon plusieurs médias, une centaine d'entre eux se sont suicidés depuis mars 2020.

Pour récolter de l'aide pour leurs confrères plus démunis, des artistes célèbres ont vendu leurs instruments aux enchères.

"Il y a des histoires à fendre le coeur", explique Vedat Sakman, un artiste âgé de 71 ans qui possède un café avec une scène où se produisent d'habitude des musiciens à Kadiköy, sur la rive asiatique d'Istanbul.

"Certains musiciens demandent à la mairie d'étaler le paiement de leur facture d'eau de 100 livres turques (environ 10 euros)", souffle-t-il.

La dernière fois que la scène musicale turque a traversé des difficultés aussi importantes, c'était après le putsch militaire de 1980, estime Sakman.

"A cette époque, on jouait derrière portes closes de minuit à 5H00 du matin", se souvient-il. "Mais aujourd'hui, c'est bien pire: il n'y a rien. Rien."

- "Absurde" -

Interdire les performances dans les bars et restaurants "est absurde", juge le professeur Bülent Ertugrul, membre de la Société turque de microbiologie clinique et des maladies infectieuses.

"Si on justifie cette mesure par le risque de contagion, alors il faudrait fermer" ces établissements, ajoute-t-il.

Des musiciens soupçonnent même M. Erdogan de mener contre eux une "guerre culturelle" pour satisfaire ses électeurs conservateurs au moment où sa côte de popularité chute.

Les musiciens "symbolisent le mode de vie +laïque+ et +hédoniste+ que réprouve le gouvernement", souligne Dogan Gürpinar, historien à l'Université technique d'Istanbul.

Face à cette situation, le principal parti d'opposition CHP (social-démocrate), qui contrôle la mairie, a lancé en mai un programme baptisé "Istanbul est une scène" qui permet aux artistes de chanter --en étant rémunérés-- dans les parcs et sur les places publiques.

C'est grâce à cette initiative que la chanteuse Ozge Metin a pu se produire sur une place de Kadiköy, sous un soleil radieux et devant une foule dansante.

"Cela faisait 15 mois que je n'avais pas pu chanter", explique Mme Metin à l'AFP. "Les cafés et restaurants sont ouverts, mais on n'a pas le droit de s'y produire. Cela laisse songeur", ajoute-t-elle.

Face à l'incompréhension et la colère de ses jeunes confrères, le vétéran Sakman appelle à la patience.

"Nous avons survécu à des coups d'Etat et des jours plus durs", confie-t-il. "Nous avons toujours trouvé une solution et vous y arriverez aussi".
(AFP, 15 juin 2021)

Journalist Ahmet Atmaca beaten in Gaziantep

Turkish journalist Ahmet Atmaca is seen after being attacked in Gaziantep. (Photo: İLKHA TV/YouTube)
Istanbul, June 10, 2021 – Turkish authorities should conduct a swift and through investigation into the attack on journalist Ahmet Atmaca and hold the perpetrators to account, the Committee to Protect Journalists said today.

This morning, a group of people in the southeastern city of Gaziantep attacked Atmaca, a reporter for the pro-government Demirören News Agency, while he was at a local morgue covering the case of a man who had recently been killed in a knife fight, according to a report by his employer, a statement by the Gaziantep Journalists Society, a local press group, and video of the attack published by the newspaper Hürriyet.

While the victim was being transferred from the morgue, a group people nearby began hitting and kicking Atmaca, and continued beating him until his colleagues and police intervened, according to those sources, which said that the journalist was hospitalized after the attack and was not in critical condition.

Atmaca filed a criminal complaint concerning the attack and police have opened an investigation, his employer reported.

“Turkey desperately needs to improve its track record regarding impunity for those who physically attack and hurt journalists who are carrying out their work,” said Gulnoza Said, CPJ’s Europe and Central Asia program coordinator, in New York. “Today’s attack on reporter Ahmet Atmaca is a perfect opportunity for authorities to show that they can conduct fast and thorough investigations into such assaults, and hold those responsible to account.”

Atmaca’s recent work for Demirören News Agency includes news coverage of local traffic accidents, government events, COVID-19 measures, and notable deaths.

CPJ was unable to immediately determine the details of the injuries Atmaca sustained in the attack, or what sparked the violence. CPJ called Demirören News Agency for comment and sent it a message via messaging app, but did not immediately receive any replies.

Physical attacks on journalists in Turkey are rarely prosecuted, as CPJ has documented.

CPJ emailed the Gaziantep police for comment but did not immediately receive any reply. (
CPJ, June 10, 2021)

Turkish presidency reintroduces press card controls that court found restrictive

On April 1 this year, press freedom groups in Turkey chalked up a small win when the nation’s top administrative court, the Council of State, suspended 2018 rules that made it easier for the authorities to cancel or refuse press cards. The changes had transferred authority over press cards to the presidency and barred them in connection with vague transgressions such as diminishing the dignity of the media profession or acting against national security, according to news reports. 

Then in May, Fahrettin Altun, head of the presidential communications directorate which regulates the press card process, announced on Twitter that new, replacement regulations had been put into effect. “The clauses that prevent those who make propaganda for terrorism and violence from hiding behind the press card were strengthened,” he wrote.

The revision was worse than the original, according to Gökhan Durmuş, chair of the Journalist’s Union of Turkey known by its Turkish acronym TGS, who spoke with CPJ. Notably, they re-establish Altun’s authority to decide who gets a card, he said.

Press cards increase access for local reporters in the field, and foreign media workers can’t get a residence permit without one, journalists told CPJ. Yet the state decides who will get them and who will not, creating a tool to reward pro-government coverage, they said. Turkish officials have tried to deflect criticism for imprisoning dozens of journalists by claiming that those who lack card aren’t members of the press; President Recep Tayyip Erdoğan said in 2018 that if they had credentials, they must have been issued by terrorists. New regulation is a bad sign, since the situation had worsened under the 2018 rules, according to CPJ interviews. 

The revised rules say cards could be revoked if journalists create content that praises terror, endangers national security or provokes animosity and hatred, Durmuş told CPJ. “When you word it like that, there is no problem,” he said. “But who will decide? The problem starts there,” he said.

The revisions also enable the communications directorate to cancel permanent credentials – granted to card holders after 20 years – if they diminish the card’s “integrity,” meaning even senior journalists could be stripped of their status over a social media post, Durmuş said.

CPJ emailed the Directorate of Communications for comment but received no reply.

Press cards come with perks such as free or discounted public transportation and the right to retire early, according to Durmuş, though their main utility is that police often require anyone reporting from parliament, official events, or even public locations to present one.

“Journalists who had not felt the need to take that card out of their pockets in previous years now have to carry it around their necks, especially if they are covering social events,” Durmuş told CPJ.

Yet cards are not accessible to everyone, he and others told CPJ – journalists must show two years’ worth of employment under a high rate of insurance to qualify, and digital media outlets are ineligible. Several journalists working for opposition or pro-Kurdish media told CPJ they don’t have a card, either because they were denied access or have opted out of the process, asserting bias. In April, Vice President Fuat Oktay was quoted in news reports saying 15,148 press cards were in use, but Durmuş estimated there are about 25,000 print and broadcastjournalists working in Turkey, not to mention those at digital outlets, he said. Given that some permanent card holders are semi-retired, he guessed that only about a quarter of the actual press corps are credentialed. 

After the 2016 failed coup attempt, CPJ has noted before, the Turkish government canceled nearly 2000 press cards in 2016-2018, and another 1400 in 2020. They also changed the card’s color from yellow to turquoise and required yellow card holders to reapply.Durmuş said he is one of roughly 300 journalists who are still waiting for the evaluation of their reapplications, including some permanent card holders.

Fatih Polat, chief editor of the Evrensel daily newspaper, told CPJ by phone in May that he and other staff have been waiting for more than two years to replace yellow cards that expired in 2019. “They still haven’t given us the turquoise ones,” he said. “We are worried about the situation with this new regulation.”

Canan Coşkun, a reporter for the independent news website Diken, told CPJ that she only had a card was when she was working for the independent daily Cumhuriyet. She has been working with digital outlets since she let the newspaper and has not been eligible since, she said. When she applied for the alternative freelancers’ card, she was asked if she had a criminal record.

“Of course I had [a record],” Coşkun told CPJ. “It is not really possible to work at Cumhuriyet without being tried and convicted due to your reporting,” she said. In 2018, CPJ documented Coşkun’s conviction for “making targets of those assigned to combat terrorism” in relation to her work.

Coşkun said the lack of the card does not affect her job, although she is occasionally excluded from courtrooms. “Most of the time we overcome [the situation] by explaining to the security personnel” she said.

Veteran journalist Mehveş Evin was fired from the daily Milliyet newspaper in 2015 after writing about the clashes in Turkey’s southeastern Kurdish region, she told CPJ via messaging app; her dismissal was noted by local news reports as well as Human Rights Watch. She did not apply for credentials again, in part because so many colleagues’ cards were canceled after the 2016 coup attempt, she said. “Even if I change my mind today, they would never give it to me.”

Ferhat Çelik, an editor from the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency, told CPJ that none of its staff has the card because the agency is not practicing the required pro-government journalism. “[No one] working with us has the card because of this,” he said. “It is not given to us even if we fit the criteria.”

For foreign journalists, credentials are a prerequisite for a residence permit, Chris Feiland, chair of the Foreign Media Association in Istanbul, told CPJ by messaging app. “Without a valid press card, foreign media personnel have no choice but to leave the country,” he said.

“Especially outside big cities and during demonstrations, [we] get asked for the press card all the time,” he said, noting that an international press card was sometimes accepted in the field. 

Feiland said the government’s control over the system was a problem, and cited occasional instances of press cards not being renewed or foreign media workers being deported, but noted that the system had been functioning more smoothly since the process for foreign applicants was revamped late last year.

Durmuş, of the journalists’ union, said the government should consult professional organizations before issuing press card rules. Along with other press freedom groups, the union has gone from welcoming the Council of State’s judgement on the old press card rules, to challenging the new ones in court, he said.
(CPJ, June 9, 2021)

Writer Nurcan Kaya faces up to 5 years in prison over a tweet

The prosecutor's office has presented its final opinion as to the accusations in the trial where human rights defender and writer Nurcan Kaya is facing charges due to her social media messages.

At the third hearing held at the Diyarbakır 9th Heavy Penal Court today (June 9), the prosecutor demanded up to five years in prison for Kaya on charge of "successively propagandizing for a terrorist organization."

While Kaya did not attend the hearing, her attorney Erselan Aktan was present in the courtroom. As reported by the Media and Law Studies Association (MLSA), the prosecutor was the first to take the floor. Stating that the office had no request of an extension of inquiry, the prosecutor presented the final opinion, where there was a reference to the following post:

"Not only Kurds but all people residing in Kobanê are in resistance. Democrat Arabs are also resisting..."

According to the prosecutor's office, with this tweet dated 2014, Kaya publicly "justified, praised and encouraged the forceful, violent and threatening methods of the Kurdistan Workers' Party (PKK), Kurdistan Communities Union (KCK) and People's Protection Units (YPG)". The office requested her penalization for "successive terrorist propaganda" via the press.

Attorney Aktan noted that they do not accept the prosecutor's opinion and requested time to present their defenses against it.

The court granted Kaya and her attorneys time until the next hearing, for which the date was set to September 27, 2021.
(BIA, 9 June 2021)

Making ‘peace news’ against Afrin operation, journalist sentenced to prison

Ozan Kaplanoğlu, the Managing Chief Editor of BursaMuhalif.com local news website, has been sentenced to 1 year, 10 months, 15 days in prison on the grounds that he reported on the press statement against Turkey's "Operation Olive Branch" or "Afrin Operation" into Syria in 2018.

Charged with "propagandizing for a terrorist organization", Kaplanoğlu had his final hearing at the Bursa 10th Heavy Penal Court yesterday (June 10). Kaplanoğlu has been convicted of the offense charged. Labor Party (EMEP) Provincial Chair Hasan Özaydın, who read the statement "We side with peace, not war" and stood trial in the same file, has been acquitted.

Making a statement after the hearing, the journalist's lawyer Özgür Özcan said, "The sentence given is purely political. It is not a crime to defend journalism; defending peace is not a crime in any way at all. An appeal can be lodged against the ruling, we will follow up the process."

Sentenced to prison over a news report, Kaplanoğlu stated, "Neither is it a crime to defend peace, nor is it a crime to defend people's right to obtain information. We, as honorable journalists, will keep on telling people the truths and being the voice of the oppressed."
What happened?

On January 30, 2018, occupational organizations and political parties in Bursa province protested the Turkish Armed Forces' cross-border military operation into Syria by releasing a joint statement.

Following this press statement, first, journalist Ozan Kaplanoğlu was detained on February 2, then, Özaydın was detained on February 3 on the grounds that they allegedly propagandized for the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK). Referred to the court on February 5, Kaplanoğlu was released while Özaydın was arrested. Following his defense at the first hearing on April 10, Özaydın was released pending trial.
(BIA, 9 June 2021)

Turkey requests a red notice for journalist Can Dündar

With his case file separated, journalist Can Dündar's hearing was held at the İstanbul 14th High Criminal Court today (June 8).

Put on trial over a news report published on Cumhuriyet newspaper regarding the trucks of the National Intelligence Organization (MİT) stopped by gendarmerie officers, the then Editor-in-Chief of the newspaper was previously sentenced to 27 years, 6 months in prison.

The court board has ruled that an extradition request shall be formed for Can Dündar, who is currently in Germany, and an arrest warrant shall be issued against the journalist. In addition, the court will also write to the Justice Ministry of Turkey so that a red notice will be issued against Dündar. The next hearing of the case will be held on October 6, 2021.

Following the interim ruling of the court, Can Dündar has made a statement on Twitter. Underlining that a red notice can only be issued by the Interpol, Dündar has briefly said the following:

"Courts can only demand that the Ministry of Justice apply to the Interpol to issue a red notice. And, as the Interpol knows that the real aim is to silence the dissidents, it takes none of the applications of Ankara seriously. Interpol has understood that the Turkish Government is misusing the red notice. For this reason, Turkey cannot get the real culprits back.

"In other words, murderers, putschists, drug traffickers, etc. get away thanks to the [ruling] AKP's desire to punish dissidents."

The Ministry of Justice applied to the Interpol several times before, demanding that a red notice be issued against Can Dündar.
(BIA, 8 June 2021)

Ten journalists stood trial on 'terrorism' charges in two weeks

Ten journalists stood trial for "terrorism-related" offenses in the last two weeks, according to bianet's Media Monitoring Database.

One journalist was acquitted, two journalists won a case against Turkey at the ECtHR, one journalist was released from house arrest.

Here is a summary of the cases:

The Redhack trial

Journalists Tunca Öğreten and Mahir Kanaat spent more than 300 days in pre-trial detention for reporting on leaked emails of then Energy Minister Berat Albayrak in late 2016.

They faced several charges, including "propagandizing for an illegal organization," "blocking, damaging information system, destroying or changing data," "membership of an illegal organization," "committing crimes on behalf of terrorist organizations as a non-member."

The European Court of Human Rights (ECtHR) concluded on May 18 that the arrests of Kanaat and Öğreten caused a rights violation.

What happened?

On December 25, 2016, BirGün newspaper employee Mahir Kanaat, Diken news website's former editor Tunca Öğreten, closed Dicle News Agency's News Director Ömer Çelik, its former reporter Metin Yoksu, Yolculuk Newspaper's Chief Editor Eray Sargın and Etkin News Agency's Managing Editor Derya Okatan were detained for reporting on the emails of Berat Albayrak, the then Minister of Energy and Natural Resources, that were shared by RedHack.

Held in detention for 24 days, Öğreten, Kanaat and Çelik were arrested; the other journalists were released on January 17, 2017.

Çelik, Okatan, Yoksu and Sargın were charged with "propagandizing for an organization", "blocking, damaging information system, destroying or changing data", while Kanaat was charged with "membership of an organization" and Öğreten was charged with "committing crimes on behalf of the FETÖ and DHKP-C as a non-member."

Arrested as part of the same investigation, the files of Die Welt reporter Deniz Yücel, journalist Fatih Yağmur and one person coded as "unknown person" were separated from the file of the other defendants.

The indictment was prepared six months later and the first hearing was held on October 24, 2017. Ömer Çelik was released at the first hearing. At the second hearing of the trial held on December 6, 2017, Tunca Öğreten and Mahir Kanaat, arrested for 323 days, were released with an international travel ban and a judicial control measure of giving signatures twice a week

The individual applications of Öğreten and Kanaat to Turkey's Constitutional Court remained inconclusive.

Vice News reporters

Vice news correspondent Jacob Philip John Gingell Hanrahan, cameraman Philip John Pendlebury, their translator Mohamed Ismael Rasool and driver Abdurrahman Direkci were detained on 28 August 2015 when they came to Diyarbakır to shoot a documentary about the life under curfew in Cizre, Silopi, Nusaybin and Sur, Kurdish-majority districts in the southeast where violent clashes between the army and the outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK) were going on at the time.

Charged with "knowingly and willingly aiding an armed terrorist organization as a non-member" and "propagandizing for a terrorist organization," prosecutors seek up to 67 years of imprisonment for the four people.
(BIA, 4 June 2021)

Investigation into journalist Kutlu Adalı's killing after confessions of mob boss

Prosecutors in İstanbul have opened an investigation into the 1996 assassination of Cypriot journalist Kutlu Adalı following online confessions of mob boss Sedat Peker.

Adalı was threatened and killed after writing about an alleged armed raid on a monastery in Cyprus to rob millions of dollars worth of icons.

In a YouTube video on May 23, Peker claimed that he was the one who was first picked to carry out the assassination. After being approached by a security officer, he had sent his brother Atilla Peker as a hitman but the attempt had failed, he claimed.

One day later, Attila Peker filed a petition with the prosecutors, explaining in detail what they did in Cyprus with now-retired former security and intelligence officer Korkut Eken.

Sometime after they returned from Cyprus, Eken had implicitly told him that Adalı had been killed after a second attempt, said Atilla Peker.

Eken admitted they went to Cyprus together but said he didn't have any knowledge of an assassination attempt.

Who killed the journalist could never be found. In 2004, the ECtHR ruled that Turkey had not carried out an effective investigation into the incident.

The İstanbul Anadolu Chief Public Prosecutor's Office opened an investigation into the killing yesterday (June 1), after receiving the petition that Peker submitted to prosecutors in Fethiye, Muğla.

Documents related to the incident would be requested from the Northern Cyprus administration and Atilla Peker's detailed testimony would be taken, said the prosecutor's office.

Attila Peker went to the prosecutor's office at around 6 p.m. yesterday, Sedat Peker said on Twitter. "Many more cases will be opened, you'll see," he said.

Two former presidents of Northern Cyprus said Peker's confessions created an opportunity to solve the murder.
"An opportunity to solve the murder"

Mehmet Ali Talat, the second president of Northern Cyprus, noted that the police officer who had carried out the inquiry about the murder at the time currently heads the police and this would be an advantage.

"He is some who saw the evidence, he knows who told him to stop at what stage," he told the Cyprus-based Yenidüzen newspaper yesterday. "Maybe Ahmet Soyalan doesn't exactly know from which military authority the instruction came, because he got the instruction from his chief. But he is certainly a conscious person, I'm sure he also wants the incident to be uncovered."

"But what is essential here is that politicians [in Northern Cyprus] should take action and that Turkey should be convinced," he said.

Mustafa Akıncı, the previous president of Northern Cyprus, noted that Adalı's murder was immediately perceived as a political assassination carried out by Turkey among the public in Northern Cyprus.

"After concrete statements and concrete names are revealed, it would not be acceptable from now on to cover up this issue," he told daily BirGün.

"It has been revealed that this murder, like many similar murders, was carried out by monstrous fascists that were authorized to serve on behalf of the Turkish state in cooperation with mafia organizations," he said.
Sedat Peker videos

Formerly a pro-government figure who has been living abroad since late 2019, Peker has been releasing videos on state-mafia relations in the country since early May. Each of the videos where he makes serious allegations draw millions of viewers.

He has implicated current and former government officials in international drug trafficking, illegal arms and oil trade with Syria, political assassinations and corruption.

Among Peker's high profile targets are Interior Minister Süleyman Soylu, former Interior Minister Mehmet Ağar, former Prime Minister Binali Yıldırım.
(BIA, 2 June 2021)

Report: Turkey among top countries in violence towards women journalists


The Coalition For Women In Journalism (CFWIJ) recorded 70 incidents of violence, including murder, abduction, detentions and attacks, towards women journalists in May.

The three countries with the most cases were Belarus, Palestine and Turkey, according to the report published today (June 1).

The CFWIJ reported the following incidents in Turkey:

• Journalists who followed May 1 Labor Day events across Turkey were prevented by the police. Their equipment was damaged and they were battered. At least four women journalists were subjected to police intervention while covering the events.

• Journalists Derya Saadet and Fatoş Erdoğan were prevented by police while covering student demonstrations against Israeli attacks in Palestine.

• Mesopotamia Agency (MA) reporter Ceylan Şahinli was detained while following the May 1 Labour Day event in Ankara.

• The first hearing of the trial against Roza Metina, the Kurdish editor of Jin News, was held in Diyarbakır. The court ordered the prosecutor's office to file its opinion and postponed the next hearing to September 14, 2021.
(BIA, 1 June 2021)


Le romancier Orhan Pamuk critique violamment le régime d'Erdogan

Ragip DURAN, chroniqueturquie, 29 mai 2021

Orhan Pamuk, Prix Nobel de la Littérature (2006) a sévèrement critiqué le régime turc: ‘’Si vous parlez de la politique on vous frappe en pleine rue’’ a-t-il déclaré le 27 mai dernier lors d’un rare interview accordé à un nouveau

Pamuk, 69 ans, avoue qu’il n’aime pas beaucoup les entretiens politiques. ‘’Quand les journalists me posent des questions politiques, je leur dit que la liberté d’opinion n’existe pas en Turquie’’ a-t-il précisé.

‘’Les gens qui parlent de la politique sont battus en pleine rue, on leur brisent les doigts, on les menacent et c’est la mafia qui intervient’’ a-t-il poursuivi.

Méticuleux observateur de la vie sociale et culturelle du pays, Pamuk, dont les romans sont traduits en plusieurs langues est l’auteur des chefs d’œuvres comme ‘’La Neige’’, ‘’Je m’appelle rouge’’, ‘’Le Chateau Blanc’’, ‘’Le Livre Noir’’,enfin ‘’Le Musée de l’innocence’’. Son dernier livre ‘’Les Nuits de Coléra’’, qu’il avait commencé avant la pandémie de Covid-19, raconte la vie des gens sous le confinement.

Pamuk se plaint de l’inégalite entre les pauvres et les riches. De plus ‘’Les tribunaux ne sont plus indépendants et ce qui est encore plus important il n’y a plus de liberte d’opinion. Et ils ne respectent plus les minorités’’.

L’écrivain de renommé internationale rappelle que les kurdes ne sont pas représentés sur la scène politique et qu’il n’y a plus de séparation des pouvoirs en Turquie.

‘’La Turquie est devenu le pays où il y a le plus grand nombre de journaliste dans ses prisons  et elle est en même temps le pays où l’on emprisonne le plus grand nombre d’opposant’’ a-t-il déclaré.

Pamuk, se plaint également des débats politiques diffusés sur les chaînes de télévision: ‘’Quand il n’y a pas de liberté d’opinion, tous ces débats sont organisés pour cacher quelque chose. Je les suis. İls ne peuvent pas prononcer le nom du Président par exemple. İls ne peuvent pas critiquer le pouvoir. Alors quel débat?’’s’est-il exclamé.

Orhan Pamuk était dans le passé, avant de recevoir le Prix Nobel, un écrivain très actif sur la scène des droits de l’homme et des droits des kurdes et ceux des arméniens. Il participait à presque toutes les manifestations et marches de protestation.

Aujourd’hui il est toujours du coté de la démocratie et de la paix donc toujours un opposant au régime de l’Homme Unique. Il a été plusieurs fois jugés par les tribunaux et avait reçu des menaces de mort de la part de l’extrême-droite nationaliste.

Kurdish Question / Question kurde

L'Allemagne interdit les drapeaux du Hamas et du PKK kurde

Le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, a adopté une loi interdisant les drapeaux d'organisations classées comme terroristes par l'Union européenne, dont le mouvement islamiste palestinien Hamas et le PKK kurde.

Le Bundestag a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi un ensemble de textes présenté par le gouvernement d'Angela Merkel touchant à la sécurité. Le Bundesrat, la chambre haute, devait dans la foulée adopter ce texte.

Un de ces textes prévoit l'interdiction de drapeaux d'organisations classées terroristes par l'UE, dont le mouvement islamiste palestinien Hamas ou le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Jusqu'ici, seuls étaient prohibés les symboles d'organisations interdites par l'Allemagne.

Une autre disposition législative interdit désormais la publication sur des forums extrémistes de "listes d'ennemis", comportant souvent des données personnelles. La publication de ces "listes" sera désormais passible de trois ans de prison.

L'incitation à la haine contre les juifs, les musulmans, ainsi que contre les personnes homosexuelles et handicapées va elle aussi être punie plus sévèrement. Jusqu'ici, les courriers ou mails n'étaient pas considérés comme des incitations à la haine s'ils n'étaient pas rendus publics. Cette faille est désormais comblée.
(AFP, 25 juin 2021)

La plus haute cour de Turquie va examiner l'interdiction du parti prokurde

La plus haute cour de Turquie a accepté lundi d'ouvrir un procès pour examiner une demande d'interdiction du principal parti prokurde d'opposition, à deux ans d'élections qui s'annoncent difficiles pour le président Recep Tayyip Erdogan.

Un procureur avait saisi la Cour constitutionnelle pour demander la fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième force politique au Parlement, arguant qu'il a des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de "terroriste" par Ankara.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, la Cour constitutionnelle, qui avait rejeté en mars un premier acte d'accusation pour un "vice de procédure", a décidé lundi d'accepter la nouvelle requête du procureur.

Un procès, dont la date n'a pas été annoncée dans l'immédiat, doit s'ouvrir prochainement. Pour qu'une interdiction du HDP soit prononcée, il faut que 10 des 15 membres de la Cour constitutionnelle votent en ce sens.

Au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations avec l'Occident, cette procédure a suscité l'inquiétude de pays européens et d'ONG qui y voient un signe supplémentaire de l'érosion de l'Etat de droit sous M. Erdogan.

Bête noire du président turc, le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations européennes.

M. Erdogan accuse régulièrement le HDP d'être la "vitrine politique" du PKK, une organisation qui livre une guérilla sanglante contre l'Etat turc depuis 1984 dans le sud-est du pays.

Outre l'interdiction du parti, le procureur ayant saisi la Cour constitutionnelle a réclamé la saisie de ses avoirs et l'exclusion de 451 de ses membres de toute activité politique, une mesure destinée à empêcher le HDP de renaître sous une nouvelle étiquette.

Le HDP, qui rejette tout lien avec le "terrorisme", a qualifié la procédure le visant de "putsch politique" et accuse M. Erdogan de vouloir l'écarter de la prochaine élection présidentielle en 2023.

Dans ce contexte explosif, une employée du HDP a été tuée jeudi par un homme armé qui a attaqué les bureaux du parti à Izmir (ouest).

Le HDP a accusé le président turc et son gouvernement d'être les "instigateurs de cette attaque brutale" en raison de leur violente rhétorique.
(AFP, 21 juin 2021)

L’assassinat d’une militante kurde, conséquence de la diabolisation du HDP?

Un assaillant a tué par balles, jeudi, une militante du Parti démocratique des peuples, à Izmir dans l’ouest de la Turquie, lors d'une attaque contre le bureau de la troisième formation politique du pays. Cet assassinat intervient dans un contexte tendu, alors que le pouvoir turc tente de faire interdire le parti kurde.

Alors qu’il est menacé d’interdiction par le pouvoir, le principal parti kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP) qui compte des dizaines de députés et de maires dans le pays, a été la cible d’une attaque meurtrière, jeudi 17 juin, à Izmir, dans l’ouest du pays.

Un homme armé s’est introduit dans le siège local de la formation et a tiré à plusieurs reprises sur Deniz Poyraz, une militante âgée de 40 ans qui était en train de cuisiner un plat pour le soir.

Le suspect, un employé "démissionnaire" du secteur de la santé" selon le bureau du gouverneur d'Izmir, a été arrêté peu après l’attaque. Il avait aussi tenté d'incendier le bureau de la permanence. Lors de son premier interrogatoire, il a déclaré que "son objectif était de trouver quelques personnes à cet endroit", soulignant que "s'il y avait eu d'autres individus, il leur aurait également tiré dessus."

Si Deniz Poyraz a perdu la vie dans l’attaque, le bilan aurait pu être bien plus lourd. Le co-président du HDP, Mithat Sancar, a en effet affirmé à la presse qu'une réunion regroupant 40 cadres du parti devait avoir lieu dans le bureau d'Izmir, mais elle avait été annulée peu avant l'attaque, sans lien avec une quelconque menace.

Des "discours aux accents haineux, intolérants et vengeurs"

Ce crime intervient dans un contexte tendu autour du HDP, qui a appelé à des manifestations pour protester contre l'attaque. Le parti, la troisième force du pays, est fréquemment la cible d'attaques verbales émanant du camp du président Recep Tayyip Erdogan et de son partenaire de coalition informelle, le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême droite).

Le chef de l'État en personne accuse depuis plusieurs années le HDP d'être la "vitrine politique" et d’agir comme une "extension" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement séparatiste kurde listé comme terroriste par Ankara, mais aussi par les États-Unis ou encore l'Union européenne. Et ce, malgré les démentis catégoriques du HDP.

Selon les médias turcs, le suspect, qui a indiqué aux enquêteurs "n'avoir aucun lien avec qui que ce soit", a affirmé être entré "dans le bâtiment parce qu'il déteste le PKK".

Depuis l’annonce de son arrestation et la révélation de son identité par les médias locaux, de nombreuses photographies du suspect circulent sur les réseaux sociaux, dont certaines le montrent armé et en tenue paramilitaire en Syrie voisine. Un autre cliché le montre faisant le signe de ralliement des Loups gris, le groupe ultranationaliste turc, souvent utilisé par les partisans du MHP. De son côté, le parti d’extrême droite a qualifié l'attaque contre le bureau du HDP de "complot" visant "à tester les nerfs de la société turque".

"Il est indéniable qu’une partie de la société turque est mobilisée par certains discours aux accents haineux, intolérants et vengeurs émanant des élites politiques du pays", indique Adel Bakawan, spécialiste des questions kurdes et directeur du Centre français de recherche sur l’Irak (CFRI), interrogé par France 24. "Ces élites essaient de mettre en place des stratégies d’instrumentalisation identitaire, sociale, culturelle et ethnique qui mettent en danger la cohésion sociale en Turquie".

Peu après l’assassinat de Deniz Poyraz, le HDP a accusé le gouvernement et le parti au pouvoir, l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan, et ses alliés, d'être responsables de l’attaque.  

"Notre amie, Deniz Poyraz, a été assassinée dans l'attaque perpétrée dans notre bureau du district d'İzmir. L'instigateur et le commanditaire de cette attaque brutale est le gouvernement AKP-MHP et le ministère de l'Intérieur qui prennent constamment pour cible notre parti et nos membres".

Stratégie de diabolisation

"L’État turc essaye en permanence de diaboliser le HDP en le présentant comme étant lié idéologiquement et organiquement au PKK, qui est classé comme une organisation terroriste, explique Adel Bakawan. De son côté, le HDP, qui est démocratique et civil, rejette catégoriquement tout lien avec le PKK qui a une vision idéologique et une stratégie d’action totalement différentes, et demande toujours au pouvoir turc de prouver ses accusations avec des données factuelles et avérées".

Pour Adel Bakawan, la stratégie de diabolisation du HDP a pour objectif de convaincre l’appareil judiciaire turc d’interdire le HDP. "C’est le but ultime du président turc et des procédures en cours qui visent à atteindre ce but, car le HDP est considéré comme une menace directe depuis qu’il a privé Recep Tayyip Erdogan et son parti, l’AKP, de la majorité parlementaire en 2015".

La Cour constitutionnelle de Turquie avait retardé, fin mars, l'examen d'une demande d'interdiction du HDP, accusé d'activités "terroristes", en raison de "vices de procédure". Elle a renvoyé le dossier au procureur, qui avait affirmé dans son acte d'accusation que "les membres du HDP s'efforcent, par leurs déclarations et leurs actes, de détruire l'union indivisible entre l'État et la nation", pour un supplément d'information. Un nouvel acte d'accusation a été soumis en juin à la Cour qui doit l'examiner dans les prochains jours.

Pour les États-Unis, une éventuelle dissolution "subvertirait de manière indue la volonté des électeurs turcs, saperait encore davantage la démocratie en Turquie, et priverait des millions de citoyens turcs de leurs représentants élus", a fait savoir l'administration Biden.

"Harcèlement judiciaire continu et pression maximale"

"Les cadres dirigeants du HDP que j’ai récemment pu joindre évoquent un harcèlement judiciaire continu et une pression maximale et ils estiment qu’une éventuelle interdiction de leur parti seraient synonyme d’un coup d’État, à un an de la présidentielle en Turquie", souligne Adel Bakawan.

Le HDP est l'objet de représailles et de vexations depuis le coup d’État manqué de 2016, avec l'arrestation de plusieurs de ses élus et de ses dirigeants, dont sa figure de proue Selahattin Demirtas. Ce dernier a été condamné, le 28 mai, par un tribunal d'Ankara à une nouvelle peine de deux ans et six mois de prison pour avoir tenu des propos jugés menaçants à l'encontre d'un procureur en affirmant qu'il allait lui réclamer "des comptes".

Incarcéré pour "terrorisme" depuis 2016, il risque, malgré les appels répétés de la Cour européenne des droits de l'homme à le libérer, jusqu'à 142 ans de prison.

Malgré la répression qui le vise, le HDP, clairement ancré à gauche et attaché à la défense des minorités, parvient toujours à séduire de nombreux électeurs, y compris en dehors de sa zone d’influence kurde. Et ce, grâce à son programme progressiste et écologiste qui lui a permis de dépasser la barre des 10 % lors des deux élections législatives de 2015 et de 2019.

"La force du HDP, qui est même plus fort qu’en 2015, réside dans son projet politique, puisque malgré les persécutions et l’incarcération de plusieurs de ses dirigeants, le parti reste actif et populaire parce qu’il a la particularité de ne pas être articulé autour d’une personnalité charismatique, mais bien autour d’un projet politique, décrypte Adel Bakawan. Et c'est ce que craint la président turc".

En cas d’interdiction du HDP, le spécialiste des questions kurdes voit la base électorale, "pas seulement les Kurdes, mais les autres minorités ainsi que les catégories sociales qui ont voté en sa faveur", chercher à se regrouper et apporter ses suffrages à celui qui représentera l’alternative à Recep Tayyip Erdogan et à l’AKP.

"C'est ce qui s’était passé lors des dernières municipales à Istanbul, en 2019, et cela avait coûté très cher au camp présidentiel qui a perdu la ville dont il était à la tête depuis 25 ans", conclut-il. 
(AFP, 18 juin 2021)


Constitutional Court rapporteur demands HDP indictment be accepted

Assigned with examining the second indictment seeking the closure of the Peoples' Democratic Party (HDP), the rapporteur has demanded that the indictment issued by the Chief Public Prosecutor's Office of the Court of Cassation be accepted by the Constitutional Court.

Tthe rapporteur has examined the indictment and requested that the top court accept it. As reported by the state-run Anadolu Agency (AA), the rapporteur has indicated that the related procedural deficiencies cited as the reason for returning the first indictment have been eliminated. The report prepared by the rapporteur has been handed out to the court members.

NOTE: As the Constitutional Court had rejected the first indictment in line with the rapporteur's request, the Chief Public Prosecutor's Office of the Court of Cassation sent the second indictment against the HDP to the Constitutional Court on June 7, 2021.

The Constitutional Court will reportedly make the first examination of the second indictment against the HDP on June 21 at 10 a.m.

During the first examination, the General Assembly of the Constitutional Court will also review the request for political ban and for a cautionary judgement on the party's bank account.
451 HDP politicians face political ban

Chief Public Prosecutor of the Court of Cassation Bekir Şahin said the indictment seeking the HDP's closure demands a political ban for 451 HDP politicians and a cautionary judgement on the party's bank account.

"We have prepared the HDP indictment and referred it to the Constitutional Court. The following process is under the authority of the Constitutional Court. There is a 15-day examination period," said Şahin.

How will the process proceed?

The Constitutional Court will make the first examination. The court board will decide whether the indictment lodged by Chief Public Prosecutor of the Court of Cassation Bekir Şahin is accepted or not.

If the indictment is accepted, it will be sent to the HDP for preliminary defense. The party will be obligated to submit its preliminary defense within the time period specified by the top court. But the party can make an application to extend this period. The Court will conclude this application.

Following this process, the rapporteur, who will collect information and documents about the case, will prepare a report on the merits.

A two-thirds majority, or votes of the 10 of 15 Constitutional Court members, are needed to close the party because of the reasons cited in article 69 of the Constitution or impose other sanctions on the party such as partially or completely depriving it of public aid.
(BIA, 18 June 2021)

Rights organizations call for an end to hate speech against the opposition

In the wake of the armed attack that claimed the life of Deniz Poyraz in the HDP İzmir Provincial Organization building earlier today (June 17), the Human Rights Association (İHD) and Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) have released a joint statement about the incident.

Condemning the attack, the rights organizations have demanded that the incident be effectively investigated and brought to light in its all aspects. They have extended their condolences to the HDP and aggrieved family.
'A result of hate speech'

In their statement, the TİHV and İHD have recalled that "the spokespersons of the ruling parties frequently use hate speech against the HDP and HDP politicians," raising concerns that "as a result of this hate speech, HDP buildings are frequently subjected to physical assaults."

"It was just a week ago when the HDP Central Office was attacked with stones by three assaulters," they have said, adding:

"The hate speech targeting the HDP has various dimensions. There is a desire to declare the HDP illegal and, especially pushed by the Nationalist Movement Party (MHP), a closure case was filed against the HDP."

The statement of the organizations has underlined that "the hate speech of the political power holders," namely the ruling Justice and Development Party (AKP) and its ally MHP, targets not only the HDP, but the main opposition Republican People's Party (CHP) and İYİ Party as well:

"The hate speech of the political power holders does not solely target the HDP. It has been mounting against other political parties as well. The lynching attempt against CHP Chair Kemal Kılıçdaroğlu in Ankara's Çubuk district and the attempted verbal and physical attack on İYİ Party Chair Meral Akşener in Rize's İkizdere district show the gravity of the situation."

'Interior Minister Soylu must resign'

Further in their statement, the TİHV and İHD have called on Minister of Interior Süleyman Soylu to resign from office:

"These attacks against the HDP are, unfortunately, taking place in the buildings seemingly protected by the police. Even though there was police protection in front of the HDP İzmir Building, this attack could not be prevented. In this case, it might be concluded that the attacks are condoned. For this reason, especially Interior Minister Soylu, who takes up an attitude turning the HDP, a legitimate political party, into a target at every opportunity, must resign from office or he must be immediately removed from office."

The statement of the organizations has read, "Taking heart from this attitude of the political power holders' spokespersons, some people committed some actions in front of the HDP İzmir Provincial Building that were witnessed by everyone and sometimes turned into physical attacks. The party executives warned the police over and over again. However, as is seen today, an assailant could kill the worker of the party inside the party building.

'We want an effective investigation'

The TİHV and İHD have listed their demands in the following words:

"First of all, we demand that this incident be effectively investigated by including the HDP's legists into the process and this incident be brought to light in its all aspects.

"We demand an end to the hate speech used by the spokespersons of the ruling parties against the opposition parties, especially against the HDP. We demand an effective investigation and prosecution against the ones who used  hate speech.

"We demand that the Minister of Interior resign from office or be dismissed. We demand that the HDP buildings be really protected.

"We demand the dismissal of the closure case against the HDP."
(BIA, 17 June 2021)

Une femme kurde assassinée dans une attaque contre un bureau de HDP

Une employée du principal parti prokurde de Turquie, le HDP, a été tuée jeudi dans une attaque menée par un homme armé contre un de ses bureaux à Izmir (ouest), a indiqué la formation.

"Un assaillant armé d'un fusil a attaqué notre bureau à Izmir", a annoncé le parti dans un communiqué posté sur Twitter. "Notre collègue, Deniz Poyraz, a été tuée dans cette attaque".

Le bureau du gouverneur d'Izmir a affirmé que l'auteur de l'attaque, "un employé démissionnaire du secteur de la santé", a été arrêté.

Le HDP a accusé le gouvernement et le parti au pouvoir, l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan, d'être les "instigateurs de cette attaque brutale" en raison de leur violente rhétorique contre la formation pro-kurde qu'ils s'efforcent de faire interdire par la justice.

Le coprésident du HDP, Mithat Sancar, a affirmé à la presse qu'une réunion regroupant 40 cadres du parti qui devait avoir lieu dans le bureau d'Izmir avait été annulée peu avant l'attaque, sans lien avec une quelconque menace.

"Leur plan est clair. Ils voulaient un massacre", a-t-il dit.

"Ils ont tué ma fille", a déclaré la mère éplorée de la victime dans une vidéo postée sur Twitter par le HDP, qui a appelé à des manifestations pour protester contre l'attaque.

Dans le centre d'Istanbul, plus de 200 personnes ont manifesté dans l'après-midi non loin du siège local du HDP, brandissant des photos de la victime de l'attaque et scandant "l'Etat fasciste devra rendre des comptes" pour ce meurtre, selon une correspondante de l'AFP sur place.

Quelques manifestants qui ont tenté de s'éloigner du rassemblement pour marcher dans les rues adjacentes ont été arrêtés par la police.

Le porte-parole de l'AKP, Omer Celik, a condamné l'attaque, la qualifiant de "provocation visant à troubler la paix et la sécurité", en Turquie.

La Cour constitutionnelle de Turquie avait retardé fin mars l'examen d'une demande d'interdiction du HDP, accusée d'activités "terroristes", en raison de "vices de procédure", renvoyant le dossier au procureur pour un supplément d'information.

Un nouvel acte d'accusation a été soumis en juin à la Cour qui doit l'examiner dans les prochains jours.

Troisième formation politique du pays, le HDP a qualifié de "putsch politique" la demande de son interdiction.

Bête noire du président Erdogan, le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations européennes.

Le chef de l'Etat turc accuse régulièrement le HDP d'être la "vitrine politique" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux et qui livre une guérilla sanglante contre l'Etat turc depuis 1984 dans le sud-est du pays.

Les critiques contre le HDP ont redoublé d'intensité après une intervention militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux mains du PKK en Irak et qui s'est soldée par la mort de tous les prisonniers mi-février.

Le HDP, qui rejette fermement les accusations d'"activités terroristes", se dit victime de persécutions en raison de son opposition à M. Erdogan.

La demande de fermeture du HDP a suscité la préoccupation des pays occidentaux au sujet de l'Etat de droit en Turquie, au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations tendues avec les Etats-Unis et l'Europe.
(AFP, 17 juin 2021)

Appeals court upholds jailed politician Leyla Güven’s prison sentence

Stripped of her MP status on the grounds of a final prison sentence and arrested afterwards, Democratic Society Congress (DTK) Co-Chair Leyla Güven's prison sentence of 22 years, 3 months has been upheld by the Diyarbakır Regional Court of Justice (court of appeals).

In the trial heard by the Diyarbakır 9th Heavy Penal Court, Güven was sentenced to 14 years, 3 months in prison on charge of "being a member of a terrorist organization" and to 4 years in prison twice on charge of "propagandizing for a terrorist organization."

As reported by Mezopotamya Agency (MA), the appeal of Güven's attorneys against this local court ruling has been rejected by the appeals court.

The 2nd Penal Chamber of the Diyarbakır Regional Court of Justice also reviewed the request for overturning the local court ruling and for ending the arrest of Leyla Güven on the grounds of ongoing judicial proceedings. The Chamber has rejected the request as to the merits.

It has rejected the request for Güven's release on the grounds that she has flight risk, the judicial control measure will be insufficient and the measure of arrest is proportionate to the offenses charged.

An appeal can be lodged against the ruling of continuation of arrest by appealing to the 3rd Penal Chamber of the Diyarbakır Regional Court of Justice. In the event that it also upholds the ruling, Güven's attorneys can appeal against it by applying to the Court of Cassation.

About Leyla Güven

Living in Germany for a long time, she worked in the women's organization of the People's Democracy Party (HADEP) in 1994.

In the local elections in 2004, she was elected as the Adana Küçük Dikili Mayor; in 2009, she was elected as the Viranşehir Mayor.

As part of the operation against the Kurdistan Communities Union (KCK), Leyla Güven was arrested in December 2009. Following an imprisonment for five years, she was released in 2014. In the KCK main trial, she was sentenced to 6 years, 3 months in prison.

In the Parliamentary elections in June 2015, Leyla Güven was elected as the Peoples' Democratic Party (HDP) 25th Term Şanlıurfa MP and entered the Parliament. In the Parliamentary elections in 2018, she was elected as the HDP 27th Term Hakkari MP.

While she was in prison as part of the KCK investigation, she went on a hunger strike, demanding that the isolation of imprisoned Kurdistan Workers' Party (PKK) leader Abdullah Öcalan be lifted.

Her prison sentence of 6 years, 3 months in the KCK main trial was upheld by the Court of Cassation while she was the HDP Hakkari MP. With her finalized prison sentence read out at the General Assembly of the Parliament, she was stripped of her MP status on June 4, 2020. While she was arrested shortly afterwards, she was released on June 9, 2020.

On December 21, 2020, she was sentenced to 22 years, 3 months in prison on charge of "leading an organization", arrested and sent to Elazığ Type E Prison in eastern Turkey.
(BIA, 11 June 2021)

Dans le nord de l'Irak, les bombardements turcs font fuir les habitants

Un beau jour de mai, Yohanna Khouchfa a rassemblé ses 200 moutons et plié bagage avec les 120 habitants de son village du Kurdistan, effrayés par les drones turcs qui poursuivent chez leur voisin irakien le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Les éclats d'obus qui pleuvent ont fait exploser nos fenêtres et nos meubles", raconte à l'AFP le maire de Jelki, village du secteur d'al-Amadiya.

"On a eu peur pour nos vies et on est partis", poursuit cet Irakien de 71 ans joint par téléphone tant la bande frontalière accidentée est dangereuse pour les journalistes ou observateurs indépendants.

Depuis que la Turquie a lancé le 23 avril une nouvelle campagne, aérienne et parfois terrestre, dans le nord de l'Irak, trois civils ont été tués hors du Kurdistan et quatre blessés dans les zones frontalières kurdes. L'un des morts hors du Kurdistan est, selon M. Erdogan, un commandant du PKK.

En outre, 300 familles --environ 1.500 personnes-- ont fui leurs villages, selon le ministère irakien des Déplacés.

- Retour plus qu'incertain -

D'autres avaient déjà quitté leur maison depuis longtemps, comme Berqi Islam, parti en 2017 de Chiladzi, localité proche de la Turquie où son frère a été emporté par un bombardement turc.

Avec les terres agricoles familiales brûlées par une énième campagne turque et zéro dédommagement des autorités kurdes ou fédérales irakiennes, il n'est toujours pas revenu.

De même que des milliers de familles yazidies ayant fui en 2014 les exactions des jihadistes et aujourd'hui effrayées à l'idée de rentrer au Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, de peur des tirs turcs.

Et si Ankara se dit depuis 1992 déterminée à en finir avec le PKK, qu'elle considère avec ses alliés occidentaux comme "terroriste", le président Recep Tayyip Erdogan a récemment fait monter la pression.

"Il a déplacé du territoire turc au territoire irakien le combat contre le PKK", qui livre depuis 1984 une sanglante guérilla sur le sol turc ayant fait plus de 40.000 morts, affirme à l'AFP Aykan Erdemir, spécialiste de la question kurde turque et ex-député d'opposition en Turquie.

Ce à quoi le ministre turc de la Défense Hulusi Akar rétorque: "Bagdad dit qu'il va nettoyer la région", on dit +OK+ mais on dit aussi que (...) notre combat continuera jusqu'à ce que le dernier terroriste soit neutralisé".

De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien grand allié d'Ankara, ont accepté cette sous-traitance de la guerre, faute de pouvoir en finir avec le PKK.

L'Etat irakien, qui doit encore contenir les cellules clandestines du groupe Etat islamique (EI) et qui est régulièrement débordé par les combattants chiites pro-Iran, "ne dispose d'aucun moyen de pression sur le PKK pour le faire partir", explique Adel Bakawan, directeur du Centre français de recherche sur l'Irak (CFRI).

"Sans monopole de la violence et du contrôle sur son territoire, l'Irak s'en remet à un autre acteur régional" --Ankara--, poursuit le spécialiste.

Mais, désormais, M. Erdogan promet "l'éradication totale de la menace terroriste (...) tout le long de la frontière sud". M. Akar est même allé jusqu'à visiter les troupes début mai en Irak, alors que la dizaine de bases et les autres positions militaires que l'armée turque y a installées depuis un quart de siècle est illégale aux yeux du droit irakien.

- "Crime environnemental" -

Bagdad a convoqué à plusieurs reprises l'ambassadeur turc, mais les bombes continuent de tomber -- emportant 2,5% des forêts d'Irak, "un crime environnemental inhumain" pour le président irakien Barham Saleh.

Et les incursions turques sont de plus en plus profondes, "sur 10, 15 ou 20 kilomètres", assure à l'AFP Rivink Mohammed, député de la majorité au Parlement kurde lui-même originaire d'al-Amadiya.

"Jusqu'à cette dernière campagne, les forces turques entraient par les postes-frontières, maintenant, elles aménagent leurs propres voies de circulation pour éviter les passages officiels", renchérit son collègue d'opposition Ali Saleh.

La Turquie, accuse le PKK, veut réitérer en Irak le scénario de la Syrie. Là, Ankara a mené depuis 2016 trois offensives militaires pour contrôler un territoire de plus de 2.000 km2 dans le nord. Au Kurdistan irakien, Ankara pourrait prolonger son no man's land pour étouffer le projet de grand Kurdistan à cheval sur la Syrie, l'Irak, l'Iran et la Turquie.

"Ces attaques stratégiques visent à occuper des zones kurdes pour couper les contacts entre Kurdes et créer un cordon sécuritaire", affirme ainsi à l'AFP Zagros Hiwa, porte-parole du PKK.
(AFP, 9 juin 2021)

Cinq peshmergas tués dans une embuscade du PKK en Irak

Cinq peshmergas, les combattants du Kurdistan irakien, ont été tués samedi dans une embuscade du Parti des travailleurs kurdes (PKK), groupe rebelle kurde de Turquie qui a sa base arrière dans le nord irakien, a indiqué un vice-ministre kurde.

Cette attaque survenue au mont Metin à Dohouk, province du Kurdistan irakien frontalière de la Turquie, a également blessé deux peshmergas, a ajouté Serbast Lazkin, vice-ministre des Peshmergas dans le gouvernement de la région autonome kurde du nord de l'Irak.

Les Forces de défense du peuple (HPG), la branche armée du PKK, ont accusé les peshmergas d'être "entrés dans une zone de conflit à Metin" entre le PKK et l'armée turque "qui veut occuper le Kurdistan" irakien.

"Ces mouvements de peshmergas sont un coup de couteau dans le dos du PKK et nous refusons leur entrée dans une zone sous notre contrôle", ajoutent-elles dans leur communiqué.

Ces violences interviennent alors qu'Ankara mène depuis le 23 avril une nouvelle campagne militaire, aérienne et parfois terrestre, contre le PKK qu'elle considère comme "terroriste".

La Turquie dénonce des violations de sa souveraineté depuis l'Irak et le président Recep Tayyip Erdogan a évoqué début juin la région de Makhmour, où le PKK est actif au sud de Dohouk.

"Si les Nations unies ne nettoient pas cet endroit, alors nous nous en chargerons en tant que membre des Nations unies", avait-il prévenu.

La région se trouve à 250 km au sud de la frontière turque, mais pour M. Erdogan "Makhmour est presque devenu l'incubateur de Qandil", place-forte du PKK plus au nord, et "si nous n'intervenons pas, cet incubateur va continuer de produire (des terroristes)".

Dans le Kurdistan irakien, le ministère des Peshmergas a officiellement appelé "tout le monde à respecter les frontières du Kurdistan et à ne pas mettre sa sécurité et sa stabilité en danger".
(AFP, 5 juin 2021)

Jailed politician Gültan Kışanak granted ‘Clara Zetkin Honorary Award’

Granted in Germany since 2007, this year's "Clara Zetkin Honorary Award" has been offered to Gültan Kışanak, the arrested former Metropolitan Mayor of Turkey's Kurdish-majority Diyarbakır province.

In announcing the award of Kışanak, it is said, "The honorary award for social commitment has been granted to Gültan Kışanak. It is unbelievable that you have to be in prison in Turkey, we stand with you."

The Women's Assembly of the Peoples' Democratic Party (HDP) has also announced the award on its social media account.

"The Clara Zetkin 2021 Honorary Award has been granted to Dear Gültan Kışanak. We congratulate her. We will keep struggling together against the male dominant order with our women's solidarity, inside and outside," the Women's Assembly has said in its message.

Previously, the Clara Zetkin Honorary Award was granted to Feleknas Uca, the then MP of the Peace and Democracy Party (BDP) and the current MP of the HDP, in 2017. Four years before, in 2013, Bilkay Öney, the Integration Minister of the Baden-Württemberg Federal State of Germany, was also granted the Clara Zetkin Honorary Award.

About Gültan Kışanak


In announcing the award-winning of jailed politician Gültan Kışanak, the prize committee has introduced her in the following words:

"Gültan is a jailed Kurdish politician of the HDP. In 2014, she became the first woman to be elected as the Co-Mayor of Diyabakır province. In 2016, she was removed from office and imprisoned. During her time as a co-mayor mayor, she introduced several political initiatives for wpmen. They were aimed at improving the chances of women to participate in social life and offering them more protection against domestic violence. That was tantamount to a revolution in the Sunni and patriarchal city of millions.

In Diyarbakır, there are hardly any jobs for less educated women. The municipality created jobs for women, e.g. as park rangers.

The municipality signed a collective agreement that awarded the man's salary to women beaten by their husbands or whose husbands are alcoholics.

Women's shelters, psychological counseling centers, kindergartens were set up.

In the fight for gender liberation, the HDP introduced a model in which all board positions are occupied by one woman and one man. The patriarchal AKP system sees the gender parity dual leadership as a threat.

"Gültan Kışanak was sentenced to 14 years and 3 months in prison on charge of 'terrorist propaganda'. The charges include the introduction of gender parity dual leadership, as well as official documents from the city administration, which were rededicated in the indictment to papers of a banned organization. In the indictment against her, she was also charged with trying to convert the infamous 'Hell No. 5 prison', where she had been once tortured in 1980, into a museum as a mayor."
(BIA, 31 May 2021)

Demonstrations and events banned in Van


The Governor's Office of Turkey's eastern province of Van has announced that protest marches and public protest meetings will be banned from June 3 to 17 on the grounds of "public health and public order."

According to the statement released on the official website of the Van Governor's Office, the following events can take place on the condition that they are permitted by the local administration: "Making press statements, staging a sit-in protest, conducting surveys, setting up tents and stands, launching petitions, distributing leaflets, handouts and flyers."

While the protest marches and public protest meetings have been banned in reference to the Article 17 of the Law no. 2911 on Meetings and Demonstrations and it will be in effect for 15 days starting from June 3 until June 17, its objective has been indicated in following words:

"Preventing the protests and attacks considered to directly and openly meet the criteria for restriction and ban foreseen in our Constitution and laws; ensuring the safety of life and property of our citizens; eliminating the plans of the terrorist organizations and, within this context, ensuring national security, public order and public health, preventing the committal of crimes, maintaining fundamental rights and freedoms as well as the fundamental rights and freedoms of others and public order, preventing the spread of incidents of violence."
(BIA, 31 May 2021)

Kurds becoming a minority in Kurdish region of Afrin: Statement

25 local civil society and human rights organizations on Friday said only about 20 percent of the original Kurdish population of northern Syria's Afrin remain in the region three years after Turkey and its allied armed groups seized the area.

After the assault on Afrin, Turkey settled thousands of Syrian Arabs there who been displaced from other areas in the country by offensives conducted by the regime of Bashar al-Assad. This significantly altered the demography of Afrin.

Kurds made up 96 percent of Afrin's population before 2011 but now represent about 25 percent, read a statement cosigned by 25 organizations and published by Human Rights Organisation – Afrin-Syria (HRO). It added that 75 percent of the current residents are Arab and Turkmen settlers.

The organizations accused Ankara of changing the "demographic composition" and the Kurdish identity of the region by bringing in hundreds of thousands of settlers.

They called on the United Nations and major powers to intervene and "end the Turkish occupation."

On March 18, 2018, Turkey and Turkish-backed rebels occupied the Kurdish enclave of Afrin during their so-called Operation Olive Branch. The occupation has continued amid widespread accusations of war crimes, including ethnic cleansing, kidnapping for ransom, and gender-based violence.

Read More: After 3 years of Turkish occupation, Syrian Kurds condemn ongoing human rights violations in Afrin
According to a report by the Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights (OHCHR) published in June 2018, permitting ethnic Arabs to occupy houses of Kurds may be an intentional attempt to permanently change the ethnic composition of the area.

Just this week, armed groups in Turkish-controlled zones kidnapped three Kurds from Afrin, the Syria-based HRO reported. One of them was Besar Osman from Kefir Cene village, whom the Turkish-backed military police abducted while he was going to Azaz and transferred to a prison in al-Rai in northern Aleppo.

The group also accused the Turkish-backed Faylaq al-Sham group of kidnapping Shewqi Mustafa (65) and Horo Ahmed (37) on May 27 in Meydan Ekbesê village in Afrin's Rajo subdistrict on charges of having links with the Kurdish-led Autonomous Administration of North and East Syria (AANES).
(Kurdistan 24, 30 May 2021)

Protest in Brussels against Turkey’s attacks, the US and NATO policies

The demonstration was promoted by a number of organizations including NAV-BEL (Belgian Democratic Kurdish Community Centre); ILPS (International League of People's Struggle); HBDH Belgium (Peoples’ United Revolutionary Movement); KCDK-E (European Democratic Kurdish Society Congress); AIDL (International Alliance for Defence of Rights and Freedoms); VREDE (Belgian Peace Organization); YJK-B (Kurdish Women's Union-Belgium); Belgian Kurdish Institute; Democratic Union of Belgium; RESIST US-led War Movement.

The protest began at 11:00 am this morning in front of the US Embassy in Boulevard du Régent 27.

The banners unfurled by the demonstrators read “NATO-US Hands off Kurdistan”, “Stop the fascist Turkish state’s barbaric invasion in Kurdistan”.

The crowd protested against the US bounty on PKK’s leading members Cemil Bayık, Murat Karayılan and Duran Kalkan as well as the Turkish occupation operation in Avashin, Zap and Metina regions in South Kurdistan.

In a speech in the name of NAV-BEL, Davut Keskin pointed to the guerrilla resistance against Turkish occupation attacks and the silence of western countries and the US.

Speaking after, an internationalist activist stated that the crimes to which the US and NATO are partner, are shaped in accordance with their economic and geopolitical interests. Highlighting the effect of these policies on not only Kurdistan and the Middle East but East Europe as well, the activist expressed solidarity with the Kurdish people.

Another internationalist activist condemned Turkey’s attacks on Zap, Avashin and Metina.

More speeches were held by the Democratic Forces Union, the Kurdish Women’s Movement in Europe and HBDH. 
(ANF, 29 May 2021)

Minorités / Minorities

Erdogan et Aliev au Nagorny Karabakh la semaine prochaine

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué mercredi qu'il se rendrait la semaine prochaine dans une ville symbolique du Nagorny Karabakh récemment repassée sous le contrôle de Bakou, lors d'une visite de trois jours en Azerbaïdjan.

Dans la foulée d'un sommet de l'Otan à Bruxelles lundi, "j'irai à Bakou où je serai reçu par mon frère (le président d'Azerbaïdjan) Ilham Aliev. De là, nous nous rendrons à Choucha", a déclaré mercredi M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

La ville de Choucha a été reprise par Bakou lors du dernier conflit dans la région séparatiste du Nagorny Karabakh qui a opposé les forces arméniennes et azerbaïdjanaises à l'automne dernier.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont en lutte depuis les années 1990 pour le Nagorny Karabakh, république auto-proclamée et de facto indépendante soutenue par Erevan.

A l'automne 2020, une guerre a brusquement éclaté, faisant au total 6.000 morts et se soldant par la victoire de Bakou qui a regagné de nombreux territoires perdus, dont Choucha.

Lors de ce conflit, la Turquie a soutenu l'Azerbaïdjan en lui fournissant notamment des drones. Plusieurs pays ont également accusé Ankara d'avoir envoyé des combattants syriens pour soutenir les forces de Bakou.

Outre son emplacement stratégique, Choucha est un symbole pour les Azerbaïdjanais, qui la considèrent comme un centre culturel majeur. Les Arméniens jugent qu'elle relève de leur patrimoine, en particulier sa cathédrale.

M. Erdogan a indiqué qu'il achèverait son déplacement en Azerbaïdjan en assistant le 16 juin à Bakou à un match de football qui opposera la Turquie au Pays de Galles dans le cadre de l'Euro-2020.
(AFP, 9 juin 2021)

Politique intérieure/Interior Politics

Erdogan makes no mention of HDP attack in speech

President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan did not mention the armed assault on the Peoples' Democratic Party (HDP) in a speech in Antalya today (June 18).

An armed assailant stormed the HDP's Provincial Organization in İzmir, killing the only person at the office, Deniz Poyraz (20), a party employee.

Detained by police shortly after the incident, the assailant confessed that he had killed Poyraz. He carried out the attack because he hated the Kurdistan Workers' Party (PKK) and he acted alone, he said.

After social media photos showing the assailant displaying the nationalistic "grey wolf" sign surfaced, Nationalist Movement Party (MHP) Chair Devlet Bahçeli, an ally of Erdoğan, ruled out his ties to the party.

Government officials mostly remained silent about the incident while AKP Spokesperson Ömer Çelik condemned the incident on social media.

The HDP and other political parties have accused the AKP-MHP alliance of encouraging such attacks on the HDP by constantly framing it as an "extension of the PKK."

The diplomacy forum

At the Antalya Diplomacy Forum, Erdoğan talked about the coronavirus pandemic, the Eastern Mediterranean issue and the Syria crisis.

The UN Security Council put "the biggest health crisis in history" on its agenda 100 days after the outbreak erupted, Erdoğan said during his opening speech at the three-day forum.

Urging world leaders not to permit "vaccine nationalism" to take hold and not to repeat the same mistakes as the pandemic progresses, Erdoğan said that the virus outbreak had "sharpened the injustice" in the world.

On the issue of energy resources in the Eastern Mediterranean, Erdoğan said that it was in the hands of all parties involved to ensure that these "lead to cooperation instead of confrontation."

When talking about Syria, Erdoğan said, in a slip of the tongue, that "We haven't been able to receive the support we expected from the international community in our efforts to discredit Syria."
(BIA, 18 June 2021)
Peker claims Erdoğan aides organize arms delivery to 'terror' groups in Syria

In the eighth episode of his online confessions, mafia boss Sedat Peker talked about alleged arms deliveries to an al-Qaeda branch in Syria and illicit trade in the country.

He pointed out two of President Recep Tayyip Erdoğan's aides, who he said were responsible for organizing such activities.

One of them is retired Brigadier General Adnan Tanrıverdi, the founder and the head of SADAT private military company.

Peker accused SADAT of sending weapons and equipment that he had paid for to the Nusra Front, an al-Qaeda affiliate in Syria, in 2018. Tanrıverdi was a senior advisor to the president at the time. He resigned in January 2020.

The Nusra Front rebranded itself as the Jabhat Fatah al-Sham in 2016 and merged with other groups in 2017 to form the Hayat Tahrir al-Sham, which currently controls most of Syria's Idlib province, where Turkey also has a military presence.

In early 2018, Peker had shared photos of equipment he had sent to the Free Syrian Army on social media. Dozens of pickups, hundreds of body armors and other equipment were shown in the photos.

"Dozens of 4x4 off-road vehicles from Sedat Peker to the Free Syrian Army" read the cards on the cars in the photo posted on Instagram by Peker in March 2018.

It was a project that he discussed with an MP from the ruling Justice and Development Party (AKP) at the time, he said in today's (May 30) video.

"He conveyed this idea to the necessary places. And then they said, 'We can give you additional trucks and they can go together with your trucks.' Our trucks were going as 'the Sedat Peker aid convoy'," said Peker.

"We were giving pictures to the press. We were sending all the equipment. But other vehicles were going [to Syria] under my name. We thought that these were going to Turkmens in other places.

"We didn't know what was inside them. I mean, there were weapons, I'm not a naive child ... And this was normal, something that should happen.

"But this was not organized by the MİT [National Intelligence Agency] or the military. This was organized by SADAT, by a team inside the SADAT.

"I bought everything with my own money, except for those. But they were sent to Syria under my name. There were no procedures, no registries. They would directly cross [into Syria]."

He was later informed by his "Turkmen friends" that some of the pickups he sent to Syria had been delivered to the Nusra Front members, said Peker.

SADAT immediately denied Peker's claims, saying on Twitter that what he did was confessing that he had been smuggling weapons to Syria under the name of humanitarian aid.

"We call on the slanderers to prove their slanders and deliver the documents they have to the prosecutor's office," it said. "In his video, Peker confesses that he sold weapons to terrorist groups. But our company has no relation whatsoever with the weapons that were sold to terrorist groups."
"Let's open Pandora's box"

About the alleged illicit trade in Syria, Peker pointed out Methin Kıratlı, the head of the Presidency Administrative Affairs.

"Let's open Pandora's box. Do you know what you should do to trade in Syria? There is Mr. Metin Kıratlı, the chair of the Presidency Administrative Affairs, in the Presidential Complex. You go to him," he said.

"I'm not talking about the dealings of one or two trucks. Illegal raw oil, tea, sugar, aluminum, copper, second-hand cars... Billions of dollars, big money.

"... When you get the approval from [Metin Kıratlı], they send you to the MT Group. Murat Sancak [MT Grup Board Chair], Ramazan Öztürk, all [members] of the hierarchy are there.

"After their approval, you go to the al-Nusra officer responsible for economics: Abu Abdurrahman, he also uses the Abu Shayma alias.

"This is how trade is done as well. You can't do big business there outside of what I've explained."
The next video will be about Erdoğan

After staying silent for weeks, President Erdoğan talked about Peker's videos on Wednesday, claiming that they were a part of a plot targeting Turkey.

"I wish big brother Tayyip would intervene in the affairs and resolve them. As there is a lot of data, documents and words. But, I don't know why he chose to believe them, not me" said Peker, adding that he would talk about the president in his next video.

"Mr. President, big brother Tayyip, said, without mentioning my name, that this is an international conspiracy and I'm at the center of it. 'You'll see, we'll find and bring him here,' he said.

"No problem, the state can find and take me. But will finding and taking me change the truths, big brother Tayyip?

"If I'm a spy who is involved in an international conspiracy, I'll sit down and talk in front of you as a brother in the next video, big brother Tayyip."

Peker also said he stood with Erdoğan when he had no power. After his video, "big brother Tayyip" [#TayyipAbi] became a trending topic on Twitter in Turkey.

The mafia boss says he has personally known Minister of Interior Süleyman Soylu, whom he describes as "a man I had invested in for years," and Erdoğan for over 20 years.
(BIA, 31 May 2021)

Forces armées/Armed Forces


Affaires religieuses / Religious Affairs

Lale Gül, une jeune musulmane qui a décidé de suivre sa propre voie

Die Welt, 10 juin 2021

D’un point de vue occidental, Lale Gül est une jeune femme tout à fait normale. Du point de vue des musulmans les plus stricts, en revanche, elle est une véritable honte. Après la publication d’un livre qui lui a valu de recevoir pas mal de menaces, elle vit aujourd’hui cachée dans un endroit tenu secret.

Lale Gül a déjà reçu plus de 70 menaces de mort. Parce qu’elle a écrit un livre sur sa vie de jeune femme de 23 ans. La police a jusqu’à présent pu identifier et arrêter deux des individus qui ont souhaité sa mort sur Instagram et d’autres médias sociaux. Ils appartiennent au mouvement Sharia4Belgium.

Lale Gül vient des Pays-Bas. Née de parents turcs très conservateurs et religieux, elle grandit à Amsterdam-Ouest, dans le quartier de Kolenkitbuurt, composé à 85 % de migrants. A ses 12 ans, elle commence à porter le foulard. Le week-end, elle fréquente une école coranique du mouvement islamiste Milli Görüs. Milli Görüs ne fait pas grand cas de l’intégration. A l’école normale, Lale Gül se fait des amis néerlandais – et se familiarise avec leur idée de la liberté. Dans la bibliothèque de son quartier, elle se documente sur le monde. A 16 ans, elle sort avec son premier petit ami, un Néerlandais « blanc ». En cachette. Et à 18 ans, elle laisse tomber le foulard. Elle refuse le mariage arrangé. Sa famille tombe des nues. Mais ce n’est que le début.

Car Lale Gül a décidé de vivre librement. De suivre sa propre voie. L’étudiante en littérature a écrit un livre à ce sujet. L’ouvrage s’intitule Ik ga leven (Je veux vivre, non traduit). C’est un livre audacieux, sauvage et assez drôle. Et il figure sur la liste des best-sellers aux Pays-Bas depuis plusieurs semaines. Dire qu’il a suscité le débat serait un euphémisme. Il a touché une corde sensible. Aujourd’hui, le pays entier parle de Lale Gül.

Sa famille est consternée : « Comment peux-tu nous faire ça ? » Ses collègues, ses voisins, les membres de sa mosquée et ses proches en Turquie se sont mis à harceler ses parents, désireux de savoir ce qui avait bien pu mal tourner dans l’éducation de leur fille. Le populiste d’extrême droite Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté, a dit d’elle que c’était une « jeune femme turque courageuse » qui avait tourné le dos à l’islam et se retrouvait maintenant menacée. Elle est la preuve que « l’islam turc ne s’intègre pas aux Pays-Bas ».

Le problème avec cette thèse, c’est que la jeune auteure néerlando-turque à succès démontre également le contraire. Depuis que Geert Wilders a fait son éloge, les gauchistes accusent la jeune femme de faire les affaires des populistes de droite. Ainsi, l’ancien camarade de parti de Geert Wilders, Arnoud van Doorn, une figure vacillante de la politique néerlandaise qui s’est depuis converti à l’islam, n’a pas hésité à qualifier Lale Gül de blasphématrice.
« Mes parents seront encore plus sévères avec ma sœur »

Cependant, à côté des douzaines de menaces, chants de combat islamistes et photos d’armes qu’elle a reçus, Lale Gül peut également compter sur des milliers de mails d’encouragement : « Tu lis dans mes pensées, j’ai traversé exactement la même chose », lui écrivent des jeunes femmes – et de nombreux homosexuels issus, comme elle, de familles musulmanes archireligieuses. « C’est d’eux que je tire ma force. Et ça me confirme que je n’ai pas perdu la tête », nous confie Lale Gül depuis les locaux de sa maison d’édition, située sur le Herengracht d’Amsterdam.

Pour une jeune femme dont la vie vient de basculer, Lale Gül semble étonnamment posée, comme si elle s’observait et contemplait cette agitation soudaine de l’extérieur. Elle a quitté l’appartement de ses parents, où elle vivait encore récemment. « Je leur ai dit que j’étais libre d’écrire ce que je voulais, mais ils ne comprennent pas vraiment le concept de liberté ou de liberté d’expression », déplore-t-elle. « Ils m’ont dit : “Mais tu es folle, comment peux-tu faire une chose pareille ?” C’est la pire chose qui pouvait leur arriver. »

Lale Gül décrit ce drame familial avec des mots empreints de retenue, mais on peut deviner la violence des bouleversements personnels qu’elle vient de vivre. « Je n’ai même pas essayé de me défendre. Ça n’aurait fait qu’empirer les choses, tout le monde était contre moi, y compris les voisins. Je ne pouvais même plus me rendre au supermarché, tout le monde me dévisageait. Deux garçons marocains m’ont même craché dessus. Il n’y avait plus de vie possible pour moi dans ce quartier. »

Si elle a tenu le coup tout ce temps, c’est uniquement par amour pour sa petite sœur de 10 ans. Lale Gül craint que ce ne soit désormais encore plus difficile pour sa cadette que ça ne l’a été pour elle-même. « Mes parents sont maintenant au courant de tout ce que j’ai fait. Ils seront encore plus sévères avec ma sœur. »

Elle vit aujourd’hui dans un endroit tenu secret. Et elle ne sort plus seule. Elle négocie l’adaptation de son livre au cinéma, mais craint l’impact peut-être encore plus violent d’un film. Après tout, Büsra, la protagoniste de son essai autobiographique, ne fait que des choses qui sont interdites selon les règles de l’islam. Aller à des fêtes. Faire l’amour. C’est l’émeute assurée.
« Une histoire qui a été largement passée sous silence »

Certaines personnes la considèrent déjà comme la nouvelle Ayaan Hirsi Ali. Cette militante et critique de l’islam a travaillé avec le cinéaste Theo van Gogh, assassiné par un islamiste à Amsterdam en 2004, et fut elle-même la cible de nombreuses menaces. Cela fait aujourd’hui plusieurs années qu’elle vit aux Etats-Unis. « Je n’ai jamais voulu devenir ce genre de figure, mais tout le monde me met dans cette case. J’ai simplement écrit mon histoire. Je n’aurais jamais pensé devenir la nouvelle Ayaan Hirsi Ali avec ce livre. Mais aujourd’hui tout le monde dit que je suis comme elle », raconte Lale Gül. Le succès de son livre l’oblige à jouer un rôle qu’elle n’est pas encore sûre de vouloir remplir.

Lorsqu’on lui demande pourquoi elle a écrit ce livre, elle nous parle de ses amis non musulmans qui ne cessaient de lui poser des questions. Ils lui demandaient en permanence pourquoi elle ne venait pas aux fêtes ou à la plage, pourquoi elle portait un foulard (quand elle en portait encore un). A un moment donné, elle s’est donc dit : « Comme je dois sans cesse donner des explications, je devrais peut-être écrire un livre à ce sujet afin que tout le monde comprenne. » L’écho que trouve aujourd’hui son ouvrage la conforte dans l’idée qu’elle n’a pas perdu son temps. « Les enseignants qui travaillent dans des quartiers comme le mien me disent qu’ils ont vu ce qui s’y passait et qu’ils comprennent mieux les choses maintenant. C’était mon objectif », explique Lale Gül.

Parce que l’histoire des femmes musulmanes aux Pays-Bas est une « histoire qui a été largement passée sous silence jusqu’à présent ». « Nous sommes nombreuses, mais nous sommes absentes de la littérature. » Et la place des femmes dans l’Islam est loin d’être abordée. Si vous en parlez, « vous êtes immédiatement catalogué comme étant de droite ». Un partisan du juste milieu libéral se laissera convaincre que les femmes musulmanes aiment porter le foulard et qu’il s’agit même d’une sorte de féminisme. Si vous remettez cela en question, vous vous retrouvez rapidement accusé de racisme.

« Mais c’est tout à fait faux », assure Lale Gül. « Quand il fait très chaud dehors et que tout le monde a envie d’aller à la plage, quelle femme irait de son plein gré porter une longue tunique et un foulard ? Aucune. Elles le font parce que c’est une coutume culturelle et sociale, parce que c’est une règle religieuse. Voilà pourquoi on ne peut pas aller à des fêtes ou avoir un petit ami qui n’est pas musulman. Ce n’est qu’à cause de la religion et de la culture, mais on ne peut pas le dire. C’est pourquoi j’ai décidé de l’écrire. »
« Ils veulent simplement vous mettre dans des cases »

Et ce n’est pas le fait qu’on la catalogue d’islamophobe qui va l’arrêter. « Cela m’agace d’entendre les gens dire que je suis de droite simplement parce que mes idées ne les intéressent pas. Ils ne veulent rien comprendre, ils veulent simplement vous mettre dans des cases, des cases qui vous présentent comme bon ou mauvais. » Avec le sarcasme qui lui est propre, Lale Gül décrit la façon dont elle met en échec ce système de cases : évidemment, comme elle est turque, elle n’est pas raciste, mais ça n’en fait pas une « bonne » personne pour autant, car elle a des idées qui pourraient faciliter la discrimination à l’égard des musulmans.

Une amie néerlandaise, qui sort elle-même avec un musulman, lui a un jour demandé comment elle avait pu écrire un livre renforçant le stéréotype selon lequel les hommes musulmans sont des oppresseurs et les femmes musulmanes des opprimées. Ce à quoi Lale Gül a rétorqué : « Tu t’attendais à quoi ? A ce que je ne raconte pas mon histoire pour que tu puisses en raconter une plus positive ? » Lale Gül trouve ce genre d’entrave au débat « assez fatigante ».

Elle ne considère pas son histoire comme universelle. « Je suis très claire là-dessus, je parle de mes parents qui n’ont pas été à l’école. Je viens d’une famille conservatrice et j’ai fréquenté une école du mouvement Milli Görüs. » Pourtant, elle serait accusée de diffuser des stéréotypes sur « tous les Turcs ». « Qu’est-ce que vous voulez en fin de compte ? Je ne dis nulle part que cela s’applique à tous les musulmans. » Dans le même temps, ces mêmes milieux tenteraient de la présenter comme une exception absolue. Ce qui serait également tout sauf vrai : « Je ne suis pas si exceptionnelle que ça. Ce que je décris, ce sont les règles qui s’appliquent à toutes les filles musulmanes que j’ai rencontrées au cours de mon existence. »

Islamisme : menacée de mort, la jeune romancière Lale Gül veut vivre !

Menacée de mort… à cause de Je vais vivre ! Lale Gül vient de publier un premier roman largement autobiographique qui décrit l’enfance et la jeunesse d’une jeune femme dans un milieu turc musulman. Ce roman est aujourd’hui en tête des ventes, mais depuis sa publication, à l’instar d’un Salman Rushdie, son auteure vit cachée, à 23 ans seulement, visée par de nombreuses menaces de mort.

Les Pays-Bas sont décidément à la pointe des « affaires » littéraires ces derniers temps. Après la triste polémique Gorman/Rijneveld, qui a vu la seconde interdite de traduire la première pour des raisons « racialistes », voire carrément racistes, voici que nous apprenons que la jeune romancière Lale Gül, vingt-trois ans, est menacée de mort. En cause ? Un premier roman publié le mois dernier, qui retrace de manière indirecte et littéraire son enfance et sa jeunesse au sein d’une famille turque immigrée.

En voici un extrait :

« Écouter, jouer de la musique : interdit. Donner un rendez-vous : pas le droit. Fréquenter des personnes du sexe opposé : illégal. S’habiller avec élégance et se maquiller : inapproprié. Rester dehors le soir : pas autorisé. Regarder des films ‘‘immoraux’’, des séries ‘‘infectes’’ : inacceptable (je ne parle pas de porno, juste de films où l’on échange un baiser). Célébrer un anniversaire ou d’autres fêtes d’infidèles : hors de question. Travailler avec des hommes : proscrit. Sortir danser ou assister à un festival : prohibé. […] Suis-je donc condamnée à vivre comme une grasse plante d’intérieur ? Suis-je censée aller vers un mariage d’où tout sexe a été dégagé avant même que ça n’ait commencé, parce que mes géniteurs ont choisi pour moi une exsangue bite coranique totalement dénuée d’humour ? Puis me transformer en poule pondeuse comme toutes les femmes de mon entourage ? Et ronger ainsi mon frein le reste de mon existence ? Est-ce là ma raison de vivre ? Ma tragédie réjouit-elle donc Dieu ? »

Ainsi s’exprime Bürsa, héroïne du roman Ik ga leven (« Je vais vivre ») de Lale Gül, jeune femme née en 1997 à Amsterdam de parents analphabètes, arrivés peu avant de Turquie. Âgée de vingt-trois ans aujourd’hui, elle a une sœur de dix ans et un frère de vingt ans, lequel serait apparemment le seul de toute la famille à la défendre.

Une existence sous une cloche de vert islamique

Lale Gül grandit dans un quartier défavorisé et peuplé d’immigrés, essentiellement des communautés turques et marocaines, totalement musulmanes, à l’exception de chrétiens originaires du Surinam – dont la nourriture est moquée à Noël, traitée comme de la merde parce que non halal. Parmi les rares Néerlandais autochtones, on compte les professeurs. Le week-end, Lale se rend à l’école coranique où on lui dit quoi manger, comment se tenir, de même qu’on lui inculque à marche forcée une haine tenace contre les États-Unis et plus encore contre Israël.

Les cinq membres de la famille partageant un petit logement de 60 m², elle n’a jamais de chambre à elle. Sa vie est ainsi totalement cadrée, enserrée dans une culture turque et la religion musulmane : tout le monde autour d’elle croit dur comme fer au Allah du Coran.

Sa mère – aujourd’hui malade – étant femme au foyer, elle n’a pas appris le néerlandais, a même refusé de l’apprendre ; elle fait ses courses dans des magasins turcs, ne regarde que les chaînes turques, etc. Le père de Lale a suivi des cours de langue pour trouver un emploi (il est facteur et agent de nettoyage dans les trains), mais a toujours du mal aujourd’hui à formuler des phrases correctes. Autrement dit, une vie en vase clos, entre voisins turcs, magasins turcs et la mosquée qui diffuse la propagande d’Erdoğan : par exemple, distribution (à la petite sœur de Lale) de dépliants pour boycotter les produits français à la suite des mesures annoncées par Macron contre l’islamisme.

Enfant, explique la romancière, elle ne songe pas à remettre en cause une telle éducation puisqu’elle ne connaît pas l’existence d’autres cultures, d’autres modes de vie et de pensée. C’est alors que, adolescente, elle découvre l’existence des bibliothèques : elle s’y rend fréquemment, dévorant des livres « interdits » qui, témoigne-t-elle, lui apprennent à aimer la langue et la culture néerlandaise. Ses yeux s’ouvrent : elle entame des études de lettres et finit, à l’âge de dix-neuf ans, par se découvrir athée – ce que ses parents ignoraient jusqu’à la publication de Je vais vivre.

Mais, à qui parler de ce qu’elle vit, de ce qu’elle ressent, des changements qui s’opèrent en elle ? Lale Gül ne peut partager ses sentiments avec la moindre femme de sa communauté d’origine ; dès lors qu’elle prend ses distances d’avec la religion, ses meilleures amies du secondaire lui tournent en effet le dos, ne voulant plus lui parler. Elle ose tout de même adresser une série de questions, par courriel, à un imam sur l’excision, l’assassinat de Theo van Gogh, le traitement que réserve l’islam aux homosexuels, l’hypocrisie dans le traitement différent des hommes et des femmes (les filles doivent rester vierges, les garçons ont le droit « de décharger »), etc. Elle ne reçoit aucune réponse réellement argumentée.

Ouverture amoureuse et premières pressions

La solution est dans une nouvelle transgression aux yeux de son milieu : elle fréquente en cachette un jeune homme néerlandais, dont elle est amoureuse, et qui l’accueille chez lui. Elle peut respirer dans cette maison et parler de tout avec cette famille où elle est la bienvenue, chose impensable dans son milieu d’origine qui ne tolère aucune greffe impure. Elle découvre alors la liberté d’aller et venir, de se vêtir à son gré, d’aborder tous les sujets, en particulier la sexualité, sujet tabou dans son milieu d’origine…

Elle doit se faire discrète pour goûter d’un peu de cette liberté : elle se prétend caissière dans un supermarché alors qu’elle travaille dans la restauration – une jeune musulmane qui sert du vin dans un restaurant ! Cette double vie – amoureuse, estudiantine, préprofessionnelle – lui permet de survivre dans une société parallèle qui n’a rien à voir avec les valeurs européennes qu’elle fait dorénavant siennes.

Elle commence à revisiter sa vie, à saisir les contours de cette prison invisible, qui ne lui autorise aucune liberté de pensée, d’action et de croyance. C’est l’histoire d’une femme qui éprouve le profond désir d’échapper à un destin dicté d’avance, grâce à des prises de conscience dont certaines restent à venir. Aujourd’hui encore, elle s’interroge sur ce qui a rendu cette libération possible, quand beaucoup de ses amies d’enfance sont toujours voilées, mariées de force, totalement soumises.

Ses écarts entraînent par ailleurs des mises en garde de plus en plus insistantes, qui lui sont adressées directement ou à sa famille. Comme on considère, dans ces milieux, les gens comme un collectif, la famille entière de la jeune femme subit les pressions de l’extérieur. Si Lale Gül souligne l’absence de sens critique de ses parents devant de telles injonctions, elle en comprend cependant les raisons : l’origine réside dans le manque d’éducation.

Le choix romanesque

À force de lire les grandes œuvres de la littérature, Lale Gül fait un constat : aucun personnage principal ne ressemble au sien dans les lettres néerlandaises. C’est alors qu’elle décide de publier, sous la forme romanesque, un récit de sa vie : Bürsa devient son double. Elle porte le nom d’une ville du nord-ouest de la Turquie, au sud d’Istanbul, connue notamment pour avoir été la résidence des sultans ottomans au XIVe siècle.

Elle commence par suivre un atelier d’écriture du romancier Kees ’t Hart, puis poursuit, seule, son roman, qu’elle met moins de deux ans à terminer. Se réclamant de l’écrivain Multatuli, auteur du roman Max Havelaar (Babel) qui vient d’être réédité dans une traduction de Philippe Noble révisée, elle tire des épigraphes de son œuvre.

Dans son roman, elle prend soin de ne pas mentionner que son héroïne tourne le dos à la religion, de ne pas ridiculiser Dieu comme peuvent le faire certains écrivains (Gerard Reve) ou polémistes. Mais elle se doit de dire dans le même temps ce qu’elle a vécu, l’étouffement, l’incompréhension, les non-dits… dans une forme qu’elle souhaite néanmoins fictive. La mère est une cible toute trouvée, bien plus que la religion.

Le 6 février 2021, le roman de trois cent cinquante-deux pages est publié aux éditions Prometheus. Il est intitulé Ik ga leven : « Je vais vivre ». En moins d’un mois, le roman atteint le top 10 des ventes nationales et même la première place, à l’heure d’écrire ce papier, selon l’annonce faite ce mercredi 24 mars par l’éditeur aujourd’hui même sur Twitter.
(profession-spectacle.com, 24 Mars 2021)

Socio-économique / Socio-economic

Le "Saint-Tropez turc" redoute une nouvelle saison touristique terne

Les touristes russes commencent à revenir avec des roubles plein les poches mais cela ne suffit pas à rendre le sourire aux stations balnéaires turques qui anticipent une nouvelle saison noire à cause de la pandémie de coronavirus.

"Lors de la dernière saison touristique, nous avons enregistré une baisse d'activité de 75%", indique à l'AFP Ahmet Aras, maire de Bodrum (sud-ouest), depuis une terrasse surplombant la mer Egée.

Si la reprise des vols en provenance de Russie et d'Europe représente l'espoir d'un rebond, M. Aras estime que la "convalescence" du tourisme turc dans son ensemble est encore longue.

"Il faudra des années pour un rétablissement complet", dit-il.

Les restrictions aux voyages liées à la pandémie de coronavirus ont durement touché le secteur du tourisme, privant l'économie turque d'une importante source de revenus.

Surnommé le "Saint-Tropez turc", Bodrum a accueilli 4,34 millions de touristes en 2019. Ce nombre a chuté des deux tiers en 2020, et seulement 350.000 touristes sont venus entre janvier et mai 2021.

Avec la récente baisse du nombre de cas quotidiens de Covid-19 --environ 5.700--, les autorités turques croisent les doigts pour un retour des touristes.

Pour les attirer, le président Recep Tayyip Erdogan les a même exemptés d'un confinement strict imposé à ses concitoyens en mai, leur permettant comme le dénonçaient des opposants de "profiter de la Turquie sans les Turcs".

Mais la quarantaine imposée par de nombreux pays à leurs ressortissants revenant de Turquie a sapé ces efforts.

- "Zombie" -

Ankara a aussi payé le prix de tensions avec Moscou liées à la situation en Ukraine. La Russie a suspendu en avril --officiellement pour des raisons sanitaires-- les vols entre les deux pays, privant la Turquie de son principal contingent de touristes étrangers. Cette restriction n'a été levée que mardi.

Davantage de visiteurs européens pourraient aussi venir avec l'assouplissement de certaines règles à partir du 1er juillet.

En attendant, Bodrum, une station balnéaire prisée des étrangers comme de la jet-set stambouliote, lovée entre la mer et des collines, n'est plus que l'ombre d'elle-même.

"Voyez ces bateaux", soupire le guide touristique Baris Kasal en désignant la marina, "il y en aura peut-être un qui sortira pour une balade aujourd'hui".

Pour lui, si la saison touristique 2020 est "morte", celle de cette année est "comme un zombie".

"Ca bouge un peu mais ça reste très, très modeste", déplore-t-il.

Selon Iclal Kayaoglu, directrice des opérations à l'aéroport Milas-Bodrum, le nombre de passagers quotidiens ne représente désormais qu'un dixième du volume de 2019.

"Il s'agit principalement de Russes et de Britanniques", souligne-t-elle à l'AFP. "Le nombre de vols va augmenter", ajoute-t-elle avec espoir.

- "Pas la force" -

Signe de l'attractivité de la Turquie, certains touristes russes trouvaient le moyen de s'y rendre en contournant les restrictions imposées par Moscou, en faisant par exemple escale en Pologne.

Leur retour progressif sera-t-il suffisant pour sauver les commerçants et hôteliers qui se sont massivement endettés pour traverser la disette?

"On pensait que ce serait juste une année et qu'on allait remonter la pente", explique Engin Erkan, gérant d'une boutique de vêtements en cuir. "On n'a pas la force de tenir une seconde année comme ça", souffle-t-il.

Le chiffre d'affaires des commerçants de Bodrum a baissé de 80% par rapport à 2019, selon le président de la Chambre de commerce locale Mahmut Serdar Kocadon.

"Les commerces sont au bord de la faillite", affirme-t-il.

Le ministère du Tourisme table sur la venue en Turquie de 30 millions de touristes en 2021, contre 49 millions en 2019, mais les experts trouvent cet objectif difficile à atteindre.

Les Ukrainiens et autres ressortissants de l'Europe de l'Est, qui font partie des rares touristes actuellement en Turquie, profitent en attendant des plages vides.

"Les portes de l'Europe sont fermées à cause de la pandémie. La Turquie est donc une destination idéale", indique Michael Grunnyi, venu d'Ukraine avec sa femme et leur fille.

Mais la présence de ces visiteurs ne suffit pas pour le maire de Bodrum à dresser un tableau positif.

"Vous ne pouvez pas démarrer la saison touristique en juillet et espérer la sauver", dit-il. "Ca ne marche pas comme ça".
(AFP, 27 juin 2021)

Getir, la licorne turque à l'assaut de Paris et bientôt des Etats-Unis

C'est un nouvel acteur de poids dans la bataille internationale pour la livraison de courses ultra-rapide: Getir, une entreprise turque fondée en 2015 qui vient de se lancer à Paris, est devenue incontournable dans son pays d'origine et est valorisée plus de 6,3 milliards d'euros.

. "Apporte!"

Getir, en turc, c'est "apporte!" Une interjection à l'impératif pour cette entreprise qui veut rendre "le luxe de la livraison à domicile" accessible, explique à l'AFP son fondateur Nazim Salur. Envie d'une glace? Besoin d'un ingrédient manquant? Les livreurs de l'entreprise ont pour mission de l'apporter en moins de 10 minutes, grâce à une multitude d'entrepôts, des "dark stores", dont les rayonnages n'accueillent pas de public, mais des livreurs.

L'entreprise, vieille de six ans, est aujourd'hui active dans 40 villes turques, où elle est la seule à proposer ce service de livraison ultra-rapide d'environ 1.500 références, un assortiment resserré mais qui doit couvrir l'essentiel des produits souhaités par les consommateurs.

Elle s'est lancée à l'international début 2021 à Londres (janvier), Amsterdam (mai), Berlin (juin) et Paris depuis lundi, en attendant les Etats-Unis "au quatrième trimestre".

. Marché embryonnaire

En France, le marché de la livraison à domicile reste embryonnaire, selon des données du spécialiste de la consommation Nielsen IQ: sur 4,7 milliards d'euros de courses alimentaires réalisées en ligne (sur un an en juin 2021), il ne pèse que 374 millions d'euros, soit 7%, bien loin derrière le drive (92%). Mais Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ, précise que le marché "se développe bien", quoique "pas partout".

A Paris, Getir a ouvert cinq entrepôts et recruté une centaine de personnes permettant de livrer "la plupart des quartiers de la ville ainsi que Levallois-Perret", selon Berker Yagci, directeur général de Getir France.

Hors de ses frontières, la concurrence s'annonce plus relevée sur ce segment de la livraison ultra-rapide, où les Allemands Flink ou Gorillas, ou encore le français Cajoo se sont lancés récemment.

. Soutiens puissants

Getir a une force de frappe conséquente: la deuxième "licorne" - entreprise valorisée plus d'un milliard de dollars - de Turquie après le studio de développement de jeux vidéos Peak Games a levé presque un milliard de dollars depuis début 2021. La dernière levée, début juin, la valorise à 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros).

Les fonds qui la soutiennent sont prestigieux: les californiens Sequoia Capital et Silver Lake, ou encore Mubadala Investment Company, un fonds d'investissement souverain de l'émirat d'Abu Dhabi.

"Nous avons été à l'origine de cette idée" de livraison ultra-rapide, déclare Nazim Salur pour justifier sa capacité à lever de telles sommes. "Nous avons la connaissance, le savoir-faire, l'équipe et les données". Surtout, "nous sommes une activité qui fonctionne dans un pays de 84 millions de personnes, pas un projet".

. Modèle social "hybride"

Quid de la soutenabilité économique d'un service qui coûte cher au client (10% de plus en moyenne en Turquie), et encore plus à l'entreprise? "Avec des paniers de trois ou quatre articles, on peut se poser la question", observe Daniel Ducrocq, de Nielsen IQ. "Mais avec des paniers plus importants, vous allez baisser les coûts fixes. C'est toute la difficulté pour ces enseignes qui proposent un assortiment court".

Nazim Salur assure, lui, que Getir est rentable dans les villes turques où elle "est présente depuis le plus longtemps".

La contrainte du service en dix minutes suscite néanmoins des inquiétudes sur les conditions de travail des livreurs, chez cette entreprise qui propose aussi de la livraison de plats préparés ou, plus récemment, de gros bidons d'eau potable. En mai, un groupe a manifesté à Izmir (ouest de la Turquie) contre leurs conditions de travail et des licenciements de collègues, jugés abusifs.

Nazim Salur assure que son entreprise est "la meilleure dans laquelle travailler pour un livreur en Turquie". En Europe, il entend s'appuyer sur un modèle "hybride" avec des livreurs salariés, et d'autres indépendants.
(AFP, 25 juin 2021)

Des villageois défient Erdogan pour protéger la forêt

Une forêt luxuriante et des champs de thé verdoyants s'étendent à perte de vue dans cette vallée située non loin du berceau familial du président Recep Tayyip Erdogan, dans le nord-est de la Turquie.

Mais ce coin de paradis coincé entre la mer Noire et les montagnes de la chaîne pontique est menacé par une carrière qui a commencé à être creusée et dont les pierres doivent servir à construire un port logistique.

Défiant les autorités, des habitants du village de Gürdere, dans la province de Rize, fief électoral et familial du président turc, s'opposent depuis près de deux mois à ce projet, craignant une catastrophe environnementale et la destruction de leur mode de vie.

"Ils disent qu'il y a de la pierre là-dessous. Mais au-dessus, il y a de la vie, de la vie qui a bien plus de valeur", déclare à l'AFP Asuman Fazlioglu, un villageois âgé de 60 ans.

Cette affaire illustre les tensions entre une sensibilité de plus en plus aiguë en Turquie sur les questions environnementales et la course effrénée au développement sous la houlette de M. Erdogan qui met souvent en avant les aéroports, routes et autres ponts bâtis depuis son arrivée au pouvoir en 2003.

M. Erdogan soutient que ces infrastructures sont nécessaires pour faire entrer la Turquie dans le club des pays les plus développés.

Mais ses détracteurs l'accusent de multiplier les projets inutiles et coûteux pour enrichir des entreprises proches du pouvoir -- dans ce cas, le conglomérat Cengiz Holding --, quitte à raser des forêts.

- Bâtons et cannes -

Les habitants de cette région humide vivent de la production de thé et de miel. Les ours se promènent en liberté et dans les vallées résonne le fracas des cascades.

Jaloux de leur mode de vie, des habitants du village de Gürdere ont manifesté fin avril pour arrêter l'exploitation de la carrière.

Les autorités ont immédiatement dépêché des compagnies de policiers antiémeute pour réprimer ces primo-manifestants qui comptent dans leurs rangs force femmes voilées munies de bâtons de marche et vieillards voûtés sur leur canne.

Après des affrontements avec la police, le gouvernorat de Rize a interdit toute manifestation en mai et juin.

Le gouvernement affirme que la majorité des habitants de la région soutient l'exploitation de la carrière, mettant les manifestations sur le compte de "groupes marginaux".

Mais la plupart des habitants interrogés par l'AFP y sont farouchement opposés.

"Nous avons du miel, du thé, nous nourrissons nos animaux grâce à la forêt", explique Pervin Bas, une villageoise de 50 ans qui fait partie de plusieurs manifestants brièvement détenus en avril.

Güngör Bas, un parent de Pervin, dit ressentir de la douleur en voyant le lieu où il est né et a grandi être défiguré.

"Nos maisons sont maintenant recouvertes de poussière", se lamente-t-il.

- "Vert du dollar" -

Malgré deux actions en justice en cours pour mettre un coup d'arrêt à l'exploitation de la carrière, celle-ci se poursuit.

"Ce gouvernement (...) préfère le vert du dollar au vert des arbres", tacle Ali Oztunç, vice-président du principal parti d'opposition CHP en charge des questions environnementales.

La construction de l'aéroport de Rize, qui doit ouvrir d'ici la fin de l'année, a servi de mise en garde pour les habitants de Gürdere.

Celle-ci a en effet été permise par l'exploitation d'une autre carrière non loin de là, qui a ouvert une plaie béante dans la vallée.

Le va-et-vient des camions-bennes est incessant et les habitants des villages alentours se plaignent des fréquentes explosions de dynamite.

"Avant, ici, c'était un endroit tout vert. Des animaux vivaient ici, des oiseaux (...), des cerfs, des ours. Ils sont tous partis", soupire Mahir Karaca, un villageois âgé de 42 ans.

Pour les défenseurs de l'environnement, ces exemples illustrent le peu de cas fait par le gouvernement des forêts, ce qui risque d'avoir des conséquences à long terme.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, Cengiz Holding s'engage à replanter des arbres après l'exploitation de la carrière près de Gürdere, pour "restaurer la nature".

"C'est une arnaque", balaie cependant Ahmet Dursun Kahraman, président de la Chambre des ingénieurs en environnement. "Ils vont prendre les pierres, où vont-ils planter les arbres ?", demande-t-il.

Selon lui, l'exploitation de la carrière va avoir un impact sur plusieurs générations. "C'est de cette manière qu'il faut envisager ce genre de projets", dit-il. "Qu'allons-nous laisser derrière nous ?"
(AFP, 24 juin 2021)

Des femmes manifestent contre l'abandon d'un traité les protégeant

Plus d'un millier de femmes en provenance de toute la Turquie ont manifesté samedi à Istanbul contre une décision du président Recep Tayyip Erdogan d'abandonner un traité les protégeant contre les violences domestiques.

Le décret du 20 mars retirant la Turquie d'un traité du Conseil de l'Europe - la Convention d'Istanbul de 2011 - qui oblige les gouvernements à adopter une législation réprimant la violence domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine, avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.

"La Convention d'Istanbul nous appartient", pouvait-on lire sur des banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins du pays, dont les provinces de Bursa (nord-ouest) et Mardin (sud-est), pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive asiatique d'Istanbul.

"Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir", a déclaré à l'AFP Melek Ondas, de l'association Conseil des femmes en assurant que les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.

"Nous croyons à la force de nos organisations. Qu'on revienne ou pas sur cette décision nous allons poursuivre notre lutte par tous les moyens possibles", a-t-elle ajouté.

Une nouvelle manifestation est déjà prévue le 1er juillet, jour de l'entrée en vigueur du retrait du traité.

Décidé alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter depuis une décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l'Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU.

La décision du chef de l'Etat turc a provoqué depuis des manifestations à travers la Turquie de femmes qui se sentent menacées par l'abandon du traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.

Plus de 300 femmes ont été tuées l'année dernière en Turquie, selon la plateforme "Nous allons arrêter les féminicides".

Environ 38% des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une fois victimes de violences conjugales, selon les données de l'Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux alentours de 25% pour l'Europe.
(AFP, 19 juin 2021)


120 organizations to hold a rally: ‘We don’t give up on İstanbul Convention’

A written statement has been released ahead of the rally to be held in Maltepe district of İstanbul on June 19, 2021 upon the joint call of women from over 120 women's and LGBTI+ organizations, labor and occupational organizations, political parties, initiatives and platforms.

Turkey has withdrawn from the Council of Europe Convention on Preventing and Combating Violence Against Women and Domestic Violence, known as the İstanbul Convention, by a Presidential decision dated March 20, 2020. On July 1, the İstanbul Convention will no longer be in force in Turkey, according to the Article 80 of the Convention regarding denunciation.

Within this context, women will gather in İstanbul's Maltepe on June 19 to express their support for the İstanbul Convention and to once again protest the decision to pull Turkey out of the Convention.

Titled "We don't give up on the İstanbul Convention", the joint statement of the organizations briefly reads as follows:
'We don't give up on our lives or rights'

"We don't give up on the ideal of equality of the İstanbul Convention! We don't give up on our demand for an equal, free life away from violence!

"We don't give up on our lives, on equality or our rights!

"We don't give up on our efforts to ensure that gender equality is realized in all areas of life or our demand for the policies that need to be implemented to establish gender equality! We don't give up on our lives, we don't give up on equality, we don't give up on our rights!

"We don't accept the unlawful withdrawal from the İstanbul Convention, which is a wide social agreement, by the decision of a single person.

"We consider the prevention of male violence and child abuse, the protection of women, children and LGBTI+s from violence, the trial of perpetrators of violence and the development of gender-based policies to be a Constitutional obligation of the state; we don't accept the withdrawal from this obligation!

"We don't accept that the prevention of violence against women be left to the 'consciences'; we don't accept one more feminicide!

'We will be in Maltepe on June 19'

"We don't accept the failure to fully implement the Law no. 6284 on the Protection of Family and Prevention of Violence Against Women; we don't accept the attempts to amend the Turkish Penal Code (TCK) Article 103, thereby granting amnesty to the perpetrators of child abuse; we don't accept the efforts to restrict women's right to alimony.

"We don't accept the sacredness of the family, where violence occurs. We don't accept that LGBTI+s be subjected to hate speech and used as a propaganda tool to create a negative public opinion about the Convention.

"We keep on shouting! Women will set off all across the country and come together in İstanbul on June 19. We keep on shouting! We don't give up on the İstanbul Convention! We keep on shouting that we will claim our rights, which we acquired thanks to years-long struggle, together!

"We know that we are together and very strong in the face of the attacks targeting our rights and lives and we keep on shouting: We will be in Maltepe, İstanbul on June 19 at 1 p.m. We don't hush! We don't fear! We don't obey! We don't give up on the İstanbul Convention!

"As the women from over 120 women's and LGBTI+ organizations, labor and occupational organizations, political parties, initiatives and platforms, we invite all women and LGBTI+s - organized or not organized - to the rally that we jointly organize. We are one person missing without you."

What happened?

Turkey has withdrawn from the İstanbul Convention with a Presidential decision published in the Official Gazette on March 20, 2021.

The decision in question said that "the Council of Europe Convention on Preventing and Combating Violence Against Women and Domestic Violence, which was signed by Turkey on May 11, 2011 and approved with the Cabinet Decree no. 2012/2816 on February 10, 2012, shall be terminated on the part of Turkey as per the Article 3 of the Presidential Decree no. 9."

Following this Presidential decision published at midnight, several social media users, women's rights defenders, lawyers and politicians, denounced the decision, recalling that the convention was unanimously approved at the Parliament and stressing that it is not possible for Turkey to withdraw from an international convention with a Presidential decision.

After the Presidential decision pulling Turkey out of the İstanbul Convention was met with criticisms and objections in both Turkey and around the world, the Communications Directorate of the Presidency released a written statement about the issue on March 22.

"As known, Turkey was the first signatory to the Istanbul Convention," the statement noted, arguing that the "İstanbul Convention, originally intended to promote women's rights, was hijacked by a group of people attempting to normalize homosexuality – which is incompatible with Turkey's social and family values. Hence the decision to withdraw."
(BIA, 14 June 2021)

La "morve de mer" qui envahit la mer de Marmara est liée à la pollution et au climat

Depuis plusieurs semaines, une épaisse couche de "morve de mer" a recouvert la mer de Marmara, en Turquie. Derrière ce terme se cache un organisme vivant qui apparaît pour la première fois en si grandes quantités, ce qui le rend toxique pour l’homme et l’écosystème marin. Cette prolifération inquiétante est liée, selon plusieurs experts, au réchauffement climatique et à la forte pollution qui caractérise cette région industrielle densément peuplée.

Depuis la mi-mai, les habitants des rives de la mer de Marmara, en Turquie, s’inquiètent de voir sur les plages et dans les ports d’épaisses couches d’une mousse mucilagineuse dégageant des odeurs d’algues en décomposition. Cette substance végétale apparaît naturellement dans la mer de Marmara et à travers le monde, mais cette fois le phénomène a pris des proportions jamais vues en Turquie.

Le mucilage est une mousse visqueuse sécrétée par des micro-organismes marins à leur mort ou sous l’effet du stress. Cette mousse peut, lorsque présente en grande quantité, bloquer l’approvisionnement en oxygène de certaines zones d’eau, asphyxiant poissons et autres organismes de la macrofaune.

Autre problème : selon plusieurs experts, cette mousse pourrait transporter divers virus et bactéries, notamment la bactérie E. coli, dangereuse pour l’homme.

Pour les habitants des rives de la mer de Marmara, les conséquences sont multiples : les pêcheurs ne peuvent plus exercer leur activité et le secteur du tourisme est fragilisé. Ce phénomène vient aussi rendre visibles les conséquences du réchauffement climatique car le développement du mucilage est favorisé dans les eaux chaudes. Or la mer de Marmara a vu sa température moyenne augmenter de 2 à 2,5 degrés ces vingt dernières années, plus que la moyenne des eaux marines mondiales, entre 1 et 1,5 degrés. 

Alper Altay, dentiste basé dans la ville de Bursa (nord-ouest), a filmé le 5 mai une série d'impressionnantes vidéos dans un petit port situé en bord de mer. 

"J’ai un bateau de plaisance dans le port de Mudanya [à 20 kilomètres au nord de Bursa, NDLR] et je suis allé sur place le 5 mai pour vérifier son état. Quand je me suis approché j’ai vu cette chose étrange, comme une couche de béton. J’ai vu que ça bougeait, c’était d’une couleur étrange, entre le gris et le marron, avec un aspect vraiment dégoûtant. Je me suis assis sur mon bateau et je l’ai touché avec mes pieds. Ça sentait très mauvais, comme des algues, comme quelque chose en décomposition."

"Trois semaines plus tard, le mucilage avait disparu de ce port, mais quand j’ai fait un trajet en bateau d’Istanbul à Bursa, j’en ai vu de longues bandes à la dérive sur la mer, elles faisaient des kilomètres de long et environ cinq mètres de large."

"Depuis, l’eau est restée trouble et opaque, on dirait presque de la peinture vert foncé. Des amis qui font de la plongée m’ont dit que le mucilage s’était déposé au fond de la mer.

Le mucilage s’est aussi déposé dans les petits ports de plaisance d’Istanbul, ou sur les îles des Princes situées au large de la capitale économique turque."

Mert Gökalp, écologiste marin et documentariste, surveille la propagation du mucilage depuis plusieurs mois. 

"L’apparition de mucilage n’est pas quelque chose de nouveau ou de spécifique à la mer de Marmara, on en voit un peu partout mais en plus faibles quantités. Le phénomène actuel est lié à une forte augmentation du nombre de nutriments dans l’eau et à un grand stress imposé sur le phytoplancton, qui rejette ce mucus en réaction.

La recherche récente permet de démontrer que ce phénomène est anthropogénique, c’est à dire lié à l’activité humaine. Il existe plusieurs facteurs comme la température de l’eau et l’intensité des courants marins, mais celui qui semble prévaloir ici est la pollution de l’eau. "

"Près de 25 millions de personnes vivent autour de la mer de Marmara [soit environ 30 % de la population turque, NDLR] et les municipalités jettent pour la plupart les eaux usées directement au fond de la mer. C’est d’autant plus problématique quand on sait que la mer de Marmara est une mer fermée avec d’un côté le détroit du Bosphore et, de l’autre, celui des Dardanelles, et donc avec peu de courants pour "évacuer" le mucilage. 

Une équipe de chercheurs turcs a récemment émis une hypothèse intéressante : avec la pandémie de Covid-19, les ménages turcs ont changé leurs habitudes et se sont notamment mis à utiliser d’importantes quantités de détergents. Ces détergents [riches en phosphates, NDLR] pourraient avoir favorisé le développement du mucilage."

"De mon côté j’ai pu observer une très forte mortalité des animaux marins, des éponges et des organismes filtreurs qui consomment ce phytoplancton. Sous cette couche de mucilage, les organismes vivants n’ont aucune chance, la photosynthèse ne peut pas avoir lieu, ils sont littéralement asphyxiés.

Dans le cadre de mon travail de documentariste, je suis en contact avec de nombreux pêcheurs. Ce sont eux les premiers à avoir remarqué le phénomène et à avoir tiré la sonnette d’alarme. Aujourd’hui ils ne peuvent plus pêcher dans la mer de Marmara et doivent faire des dizaines voire des centaines de kilomètres pour rejoindre la mer Noire ou la mer Égée."

Depuis le 8 juin, le gouvernement a actionné un plan de lutte contre le mucilage avec entre autres une flotte de bateaux déployée pour le nettoyer.

Il prévoit également de désigner la mer de Marmara comme une zone protégée et a promis des efforts pour réduire la pollution et traiter de façon appropriée les eaux usées des villes côtières et des navires. 
(observers.france24.com, 11 juin 2021)

Le tourisme turc en berne

 Ragip Duran,  chroniqueturquie, 7 juin 2021

La mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 plus les politiques agressives à l’étranger et les politiques répressives à l’intérieur du pays ont presque complètement saboté l’ensemble des activités touristiques en Turquie.
La Turquie était devenue une destination touristique à partir des années 1980. C’est à dire après le Coup d’Etat militaire du 12 septembre avec M.Turgut Ozal qui dirigeait l’économie du pays. De grands hôtels ont été construits sur les côtes de l’Egée et de la Méditerannée pour recevoir en masse les touristes en provenance de l’Europe. L’économie turque avait besoin de devises étrangères car elle ne produisait pas et n’exportait pas beaucoup. Donc les dollars des touristes américains et européens étaient un revenu important voire crucial. Cependant la nature était deformée, le béton bouffait le vert et le bleu, peu importe!

Depuis maintenant donc plus de 40 ans le tourisme est devenu un atout économique et politique important pour Ankara.

La pandémie de Covid-19 mais aussi la dictature du Président Erdogan a fait beaucoup de mal au tourisme turc: Déjà il y a eu une chute de 65% dans le nombre de touriste en 2020 par rapport au 2019 et cette année le secteur a peur de voir ce pourcentage augmenter encore.

Les russes et les européens en générale sont en tête de liste des touristes qui rendent visite en Turquie. Mais cette année le Président Poutine a annulé tous les vols vers la Turquie car Erdogan s’est rangé du coté de l’Ukraine et déjà il ne s’entend pas très bien avec Moscou en Syrie non plus. La visite du ministre turc de tourisme à Moscou n’a pas changé la position de Kremlin.

Il en fut de même en ce qui concerne la visite de plusieurs ministres turcs en Allemagne pour convaincre les autorités de Berlin afin qu’ils envoient des touristes en Turquie.

Par ailleurs les citoyens turcs qui ont même un visa Schengen ne peuvent non plus toujours pas voyager en Europe pour cause de Covid.

Cavusoglu, a pu récemment se mettre d’accord avec son homologue grec au sujet de la reconnaissance mutuelle de la validité des vaccins administrés en Turquie et en Grèce. Ainsi les turcs et les grecs qui ont déjà reçu les deux doses et qui ont un certificat de test négatif pourront voyager entre les deux pays. Vu le nombre de peu de touristes grecs qui vont en Turquie pour les vacances d’été ce sont surtout les touristes turcs qui vont prochainement remplir les hôtels; les tavernes et les ouzéris des îles grecques.

Le Président Erdogan qui se rendra le 14 juin à Bruxelles pour le Sommet de l’OTAN aura des entretiens bilatéreaux avec ses homologues, y compris le Président Biden et le Premier Ministre Mitsotakis. Le tourisme sera un des sujets importants de son ordre du jour. Mais il y a sur la terre toute entière peu de pays qui est prêt pour encourager ses concitoyens à partir en Turquie pour les vacances d’été. Ankara n’arrive pas à réduire le nombre de cas et de mort causé par la pandémie.  (6602 nouveaux cas et 114 morts selon les chiffres officiels seulement pour le 3 juin dernier).

Par ailleurs le Président Erdogan n’a pas l’image du leader le plus démocratique de la région.

‘’Les mois de mai et juin…on les a déjà perdus. Probablement personne ne viendra en juillet…alors  peut être en août et en septembre on peut recevoir quelques touristes’’  croient les voyagistes (Tour Operators) turcs.

La crise a une influence directe sur plusieurs centaines de milliers de travailleurs du secteur qui ne reçoivent pas une seule centime d’aide de l’Etat. Par ailleurs les secteurs secondaires sont également presqu’en faillite. Mais l’İnstitut des Statistiques de Turquie (TUIK), dirigé par un proche du Président Erdogan, publie des chiffres toujours très positifs sur l’ensemble des activités économiques.

La mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 plus les politiques agressives à l’étranger et les politiques répressives à l’intérieur du pays ont réduit considérablement les revenus du tourisme. La Turquie gagnait auparavant environ 35 milliards de dollars US grâce aux activités touristiques, qui correspondait à peu près aux 5pc de PNB. (FIN/RD)

Le «projet fou» d’Erdogan: un nouveau canal pour désengorger le Bosphore

Marco Ansaldo, La Repubblica, 4 juin 2021


C’est mon rêve. Un projet fou. » Le matin du samedi 29 mai, à l’ombre de la nouvelle tour Camlica, haute de 580 mètres et destinée au traitement des signaux de radiodiffusion depuis la rive asiatique d’Istanbul – une énième inauguration après celle de la nouvelle mosquée sur la place centrale de la ville –, Recep Tayyip Erdogan a annoncé que les travaux de construction du Canal d’Istanbul démarreraient « en juin ».

De l’autre côté du Bosphore, dans la zone verte d’Arnavutköy, l’éleveur Aydin garde son bétail, écarte les bras et se met à grommeler : « Pour moi, ils sont tous fous. Comment peut-on construire un autre canal artificiel, en arrachant des arbres et de la végétation pour construire des ports et des ponts et relier la mer de Marmara à la mer Noire, sans que tout cela n’affecte l’environnement ? »

Traverser du nord au sud les 45 kilomètres de la Thrace orientale, un territoire sur le point d’être coupé en deux pour créer un nouvel isthme et faire place à un Bosphore parallèle, c’est rencontrer des pâturages et des parcs, des cultures maraîchères, des élevages de buffles, des lacs, des barrages et des fermes. Cette zone proche de la mer Noire, déjà secouée l’an dernier par la construction du troisième aéroport d’Istanbul, est habituée aux secousses telluriques occasionnées par des fouilles désormais devenues permanentes. Mais dans les « köy », c’est-à-dire des villages comme celui de Dursun, ou dans le district de Sazlidere, certaines personnes s’inquiètent et commencent à se poser des questions. Où les ponts seront-ils construits ? Quels seront les tracés des bassins ? Qu’est-ce qui sera détruit et qu’est-ce qui sera sauvé ?

Les écologistes et les verts s’insurgent déjà. La section locale de Greenpeace met en garde : « Le projet affectera profondément la nature et l’écosystème, et rendra Istanbul, déjà vulnérable, encore plus vulnérable. » Au gouvernement, les pétitions et les courriers de protestation affluent. Dans un de ses rapports, le WWF Turquie s’alarme et écrit que « le Canal d’Istanbul constituera non seulement un énorme investissement, mais aussi la plus grande opération d’ingénierie à laquelle la nature d’Istanbul ait jamais été confrontée au cours de son histoire séculaire ».

« Les mécontents se feront une raison »

Certains, cependant, voient l’investissement d’un œil favorable. Dans le district de Başakşehir, par exemple, qui abrite non seulement le nouveau stade construit par Erdogan pour l’équipe présidée par son neveu par alliance, mais aussi de magnifiques jardins et fontaines, la confiance règne. La zone, traversée par des nuées noires de femmes voilées, est en effet riche en végétation, et les familles assises sur les bancs votent toutes pour le parti conservateur au pouvoir.

Selon un sondage, pourtant, près de la moitié de la population turque n’approuve pas le projet. Et quatre des principales banques turques ont des doutes, révèle une enquête de Reuters. Elles ont en effet refusé de financer ce projet dont le montant est passé de 13 milliards de dollars en 2019 à 20 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros) actuellement. Les risques environnementaux sont trop élevés.

Mais alors, qui paiera pour le canal ? Le soutien, Erdogan l’a trouvé auprès de familles qataries aux portefeuilles bien garnis qui se sont vues attribuer des portions importantes du tracé à l’étude. A coup d’expropriations et d’achats de terrains, une « nouvelle ville » de 500.000 habitants ainsi que des quartiers bordant les deux rives verront le jour. « Les mécontents se feront une raison », a ajouté Erdogan, « de nouveaux quartiers seront construits, Istanbul gagnera en valeur stratégique et deviendra encore plus belle. »

Le premier mécontent n’est autre que le maire d’Istanbul, le Républicain Ekrem İmamoğlu. « C’est un projet assassin », réplique-t-il, « une trahison pour Istanbul, il va tuer la ville. » Et il déballe les chiffres. Les arbres à abattre ? Plus de 200.000. Les hectares de terres agricoles à détruire ? Jusqu’à 10.000. Le porte-parole présidentiel, l’ambassadeur Ibrahim Kalin, s’attaque à « l’ingérence des autorités de la ville » et précise : « Ce n’est pas un projet local, mais national. »

Un enjeu vital pour Erdogan

Les préoccupations environnementales ne sont toutefois qu’un aspect du problème. En avril, une centaine d’amiraux turcs à la retraite ont signé une lettre ouverte critiquant le projet : « Cela pose les conditions d’un retrait de la Turquie de la convention de Montreux. » Ce document, chef-d’œuvre de la diplomatie kémaliste, a été signé en 1936 en Suisse et garantit le libre passage des navires commerciaux en imposant des limites précises au transit des navires de guerre sur le Bosphore. Erdogan a crié à la « tentative de coup d’Etat » et fait arrêter dix amiraux, dont Cem Gürdeniz, l’inventeur du nouveau concept stratégique de « Patrie bleue », c’est-à-dire la conquête des mers par la Turquie. Les militaires qui résistent encore à Erdogan malgré les coups d’Etat ratés ont en effet compris quelque chose de très important : le président n’a pas l’intention d’appliquer les mêmes règles au nouveau canal, qui serait totalement géré par Ankara.

C’est la Russie qui se montre la plus critique à l’égard du Canal d’Istanbul. Les Etats-Unis, quant à eux, pourraient même amener leurs navires jusqu’aux rives de la mer Noire, donnant ainsi à Erdogan l’opportunité de restaurer pleinement les rapports avec le pays. La prochaine rencontre avec le président américain Joe Biden, prévue le 14 juin, servira précisément à dégeler les relations entre Ankara et Washington.

L’enjeu est vital pour le leader turc. Erdogan est à la recherche de ce que les analystes appellent un « délicat équilibre de coopération simultanée » – avec la Russie sur les problématiques communes en Syrie et en Libye, avec l’Union européenne et les Etats-Unis à travers l’Otan – tout en gérant les liens tissés avec l’Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie et la Géorgie. Une approche diplomatique qui nécessitera d’excellentes capacités d’équilibriste.


Gaz naturel: Erdogan annonce une nouvelle découverte en mer Noire

La Turquie a effectué une nouvelle découverte de gaz naturel en mer Noire, a affirmé vendredi le président Recep Tayyip Erdogan, ajoutant qu'Ankara allait intensifier ses recherches dans l'espoir d'alléger sa lourde facture énergétique.

"Une nouvelle découverte de 135 milliards de mètres cubes a été faite dans le puits d'exploration Amasra-1", a annoncé M. Erdogan dans un discours à Zonguldak (nord).

Cette découverte a été faite dans le gisement baptisé Sakarya, là où la Turquie avait annoncé l'an dernier avoir repéré 405 milliards de mètres cubes de gaz naturel dans un autre puits d'exploration.

Le président turc, qui a vu sa popularité chuter ces derniers mois en raison des difficultés économiques de la Turquie, avait voulu créer le suspense en déclarant mardi qu'il annoncerait "une grande nouvelle" vendredi.

Les quantités de gaz découvertes par Ankara restent modestes par rapport aux principaux gisements mondiaux et les experts anticipent des coûts d'extraction élevés en raison notamment de leur profondeur.

Mais les efforts consacrés par Ankara à la recherche d'hydrocarbures traduisent son désir de devenir un acteur énergétique majeur et l'exploitation de ces ressources devrait contribuer à alléger la lourde facture énergétique turque.

La Turquie consomme chaque année entre 45 et 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel, presque entièrement importés, notamment de Russie. Cela représente environ 11 milliards d'euros, selon l'autorité régulatrice des marchés énergétiques (EPDK).

Après la découverte du premier gisement en mars, M. Erdogan avait promis que ce gaz naturel "100% turc" commencerait à arriver dans les foyers en 2023, l'année de la prochaine élection présidentielle.

En parallèle de ses recherches en mer Noire, Ankara a également multiplié les initiatives en Méditerranée orientale, où la découverte ces dernières années d'immenses réserves de gaz naturel a aiguisé l'appétit des pays riverains.

Les forages réalisés par la Turquie dans des eaux grecques et chypriotes ces derniers mois ont suscité des tensions et renforcé l'isolement diplomatique d'Ankara, qui cherche désormais à apaiser les relations avec ses voisins méditerranéens.
(AFP, 4 juin 2021)

Turquie: les côtes envahies par de la "morve de mer"

Une mousse visqueuse a envahi depuis plusieurs semaines les côtes du nord-ouest de la Turquie sous l'action combinée de la pollution et du réchauffement climatique, un phénomène qui préoccupe les défenseurs de l'environnement.

Les mucilages, parfois surnommés "morve de mer", apparaissent lorsque des organismes végétaux vivant en suspension dans l'eau gonflent jusqu'à former une sorte de mucus jaunâtre qui recouvre de vastes pans de mer.

Outre les désagréments pour les riverains et les pêcheurs, les mucilages posent surtout un danger pour l'écosystème en bloquant notamment la lumière du soleil et en privant la flore et la faune sous-marines d'oxygène.

Les nappes de mucilages se sont multipliées ces dernières semaines dans la mer de Marmara, y compris à Istanbul, capitale économique de la Turquie.

Ce phénomène naturel a été recensé en Turquie pour la première fois en 2007. Mais l'invasion actuelle est de loin la plus importante à ce jour.

Selon les experts, elle est due à la pollution et au réchauffement des températures, qui favorisent la prolifération des substances végétales à leur origine.

"Les mucilages recouvrent la surface de la mer comme un drap. Au bout d'un certain temps, celui-ci s'enfonce dans l'eau et recouvre l'écosystème" marin, empoisonnant mollusques et crustacés, explique à l'AFP Muharrem Balci, professeur de biologie à l'Université d'Istanbul.

"Si ce processus n'est pas enrayé, une odeur d'oeuf pourri apparaîtra" bientôt, souligne-t-il.

- "Toutes mortes" -

Les pêcheurs sont déjà fortement affectés par ce phénomène.

"Vous savez ce que ça fait aux crustacés ? Ca les empêche de se refermer (...) Les escargots de mer meurent, les poissons aussi, car ils ne peuvent plus respirer", déclare à l'AFP Mahsum Daga.

"L'autre jour, j'ai vu 20 ou 30 crevettes sur une couche de mucilages. Elles étaient toutes mortes. Elles s'étaient retrouvées coincées après avoir sauté" hors de l'eau, ajoute un de ses confrères, Muhterem Güldane.

L'invasion de mucilages pourrait durer tout l'été si des mesures urgentes ne sont pas prises, s'alarme Cevahir Efe Akçelik, ingénieur en environnement et secrétaire général de l'Union des chambres d'ingénieurs et architectes de Turquie.

"Des études montrent que les mucilages ne sont plus seulement à la surface, mais également à des profondeurs de 25, 30 mètres", dit-il à l'AFP.

La mer de Marmara, qui s'étire d'Istanbul à la mer Egée, est bordée par des zones qui sont parmi les plus peuplées, industrialisées et polluées de Turquie.

Le problème est aggravé par la pollution élevée du Danube, fleuve qui se jette dans la mer Noire, laquelle est reliée à celle de Marmara par le détroit du Bosphore.

Les autorités turques ont déployé des chalutiers pour drainer les substances visqueuses, mais les experts estiment que ces moyens sont insuffisants.

Pour M. Balci, il faudrait notamment que les villes côtières coordonnent leurs actions et que les substances rejetées dans la mer par les usines soient mieux traitées.
(AFP, 4 juin 2021)

La banque centrale cherche à rassurer après un plongeon de la livre

Le gouverneur de la Banque centrale de Turquie a cherché mercredi à dissiper les craintes d'une baisse prématurée de son taux directeur, après un appel en ce sens du président Recep Tayyip Erdogan qui a fait plonger la livre turque.

"Il faut que les attentes injustifiées sur les marchés d'un assouplissement précoce soient complètement levées", a déclaré le gouverneur Sahap Kavcioglu lors d'une rencontre avec des investisseurs, selon des propos rapportés par les médias turcs.

"Nous continuerons de maintenir le taux directeur à un niveau supérieur à celui de l'inflation (...) jusqu'à ce que les indicateurs témoignent d'une baisse durable" de celle-ci, a-t-il ajouté.

M. Kavcioglu semble ainsi vouloir résister aux pressions du président Erdogan qui, dans une interview à la télévision turque mardi, a appelé la banque centrale à abaisser ses taux dès cet été.

"J'ai parlé au gouverneur de la banque centrale aujourd'hui [mardi]. Il est impératif d'abaisser les taux, il faut qu'ils commencent à baisser en juillet-août", a affirmé M. Erdogan.

Ces déclarations ont suscité l'inquiétude des marchés qui voient d'un mauvais oeil les pressions de M. Erdogan sur la banque centrale et redoutent qu'un assouplissement de la politique monétaire provoque une accélération de l'inflation.

Signe de cette préoccupation, la livre turque a atteint mercredi son plus bas historique face au dollar, à 8,6266 livres pour un billet vert.

La hausse des taux est l'un des principaux instruments permettant de lutter contre l'inflation. En Turquie, celle-ci s'élevait à 17,14% en rythme annuel en avril, selon les chiffres officiels.

Cependant, le président Erdogan est hostile à des taux d'intérêt élevés qu'il voit comme un frein à la croissance. A rebours des théories économiques classiques, il soutient même que relever les taux alimente la hausse des prix.

Excédé par plusieurs hausses du taux directeur de la banque centrale, M. Erdogan a brutalement limogé en mars son gouverneur Naci Agbal, un ex-ministre des Finances respecté des milieux économiques.

Depuis son arrivée à la tête de l'institution, M. Kavcioglu a maintenu son taux directeur inchangé à 19%.

Mais face aux déclarations de M. Erdogan, "ce n'est qu'une question de temps pour que la banque centrale commence à assouplir sa politique" monétaire, estime l'analyste Jason Tuvey, du cabinet Capital Economics.

"Abaisser les taux soutiendrait la croissance économique à court terme, mais au prix d'une inflation élevée", alimentant l'inquiétude des marchés et accentuant la pression sur la livre turque, ajoute-t-il.
(AFP, 2 juin 2021)

Covid : restaurants et cafés en Turquie autorisés à accueillir des clients

Les restaurants et les cafés en Turquie, dont les activités étaient limitées aux ventes à emporter depuis la mi-avril dans le cadre des restrictions contre la pandémie, seront autorisés à recevoir des clients à partir de mardi, a annoncé lundi le président turc.

La réouverture de ces établissements a été décidée dans le cadre d'une série d'allègements annoncés par le président Recep Tayyip Erdogan.

Ils pourront accueillir des clients entre 07H00 et 21H00 tandis que les ventes à emporter seront autorisées jusqu'à minuit.

La Turquie avait observé une période de confinement entre le 29 avril et le 17 mai pour endiguer la propagation de l'épidémie de coronavirus après une explosion du nombre des cas quotidiens.

Les restrictions avaient été allégées après le 17 mai mais les restaurants sont restés fermés aux clients et un couvre-feu était observé pendant le week-end. Il se limitera désormais aux seuls dimanches.

La Turquie a enregistré lundi plus près de 6.500 nouveaux cas de Covid-19 et 122 morts supplémentaires, après avoir atteint des pics de plus de 60.000 contaminations par jour début avril.

Ce pays, qui compte 83 millions d'habitants, a entamé en janvier une campagne de vaccination nationale avec le sérum chinois CoronaVac avant d'aussi utiliser celui de BioNTech-Pfizer.

A ce jour, 16,6 millions de personnes en Turquie ont reçu la première dose de ce vaccin et 12,5 millions les deux doses.
(AFP, 31 mai 2021)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Le sommet européen: pas de mesures a l'égard du régime d'Erdogan

Les dirigeants de l'UE réunis jeudi 24 juin à Bruxelles n'ont pas pris des mesures lourdes à l'égard du régime d'Erdogan malgré la dernière procédure judiciaire en vue d'interdire le Parti démocratique des peuples (HDP). Le Conseil européen des 27 pays membres ont seulement invité le président turc Erdogan à lever les derniers obstacles pour renouer les relations après une année de fortes tensions. «L'Etat de droit et les droits fondamentaux en Turquie restent une préoccupation majeure», ont-ils précisé dans les conclusions adoptées jeudi soir.

Par contre, ils ont demandé à la Commission européenne de préparer la modernisation de l'union douanière entre l'UE et la Turquie. Ils ont également invité la présidente de l'exécutif bruxellois à «présenter sans délai des propositions formelles pour la poursuite du financement des réfugiés syriens et des communautés d'accueil en Turquie, en Jordanie, au Liban et dans d'autres pays de la région».

La Commission avait transmis mardi aux États membres sa proposition de débloquer 3 milliards d’euros pour la période allant de 2022 à 2024, complétant les 535 millions d’euros déjà octroyés en 2021. Ces montants s’ajoutent aux 6 milliards d’euros mobilisés depuis 2016, essentiellement au bénéfice d’ONG, afin de prendre en charge les réfugiés accueillis par la Turquie, qui sont près de 4 millions maintenant, essentiellement syriens, et d’éviter qu’ils ne rejoignent l’Europe.

Les dirigeants européens ont également insisté sur leur attachement à «un règlement global du problème chypriote sur la base d'une fédération bicommunautaire avec des droits politiques égaux, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. La République Turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par Ankara, veut la reconnaissance de deux Etats indépendants et égaux. «L'UE a enregistré une volonté d'apaisement de la part de la Turquie, mais les conditions pour l'adoption de mesures positives ne sont pas réunies», a expliqué un diplomate européen. (Info-Turk, 25 juin 2021)

EU Summit: 3 billion Euro funding for refugees in Turkey

After the first day of the European Union (EU) Leaders' Summit in Brussels yesterday (June 24), the European Commission has announced that it has adopted a number of conclusions on Turkey.

EU heads of state and government began the two-day summit by discussing migration and called for a new migration strategy.

As the EU summit continued, the section of the summit statement on Turkey was shared with the public after the conclusion of the talks on Turkey.

"The European Council reverted to the situation in the Eastern Mediterranean and the European Union's relations with Turkey," the conclusions noted, adding, "It takes note of the start of work at technical level towards a mandate for the modernisation of the EU-Turkey Customs Union."

On the other side, Angela Merkel, the Chancellor of Germany, has stated that the EU Commission submitted a report on how the migration deal with Turkey, which was signed in 2016, can be extended. She has said that it was agreed with an additional funding of 3 billion Euro:
We will continue the work on the customs union, and of course we expect constructive attitude from Turkey. We have also seen an improvement in the situation in the Mediterranean."

Customs Union

Referring to "the established conditionalities set out in March and in previous European Council conclusions", the conclusions on Turkey reiterated the "EU's readiness to engage with Turkey in a phased, proportionate and reversible manner to enhance cooperation in a number of areas of common interest." The conclusions on Turkey briefly read as follows:

"In line with this framework, it takes note of the start of work at technical level towards a mandate for the modernisation of the EU-Turkey Customs Union and recalls the need to address current difficulties in the implementation of the Customs Union, ensuring its effective application to all Member States. Such a mandate may be adopted by the Council subject to additional guidance by the European Council.

"It also takes note of the preparatory work for high level dialogues with Turkey on issues of mutual interest, such as migration, public health, climate, counterterrorism and regional issues.

"The European Council calls on the Commission to put forward without delay formal proposals for the continuation of financing for Syrian refugees and host communities in Turkey, Jordan, Lebanon and other parts of the region, in line with the statement of the Members of the European Council of March 2021 and within the context of the EU's overall migration policy.

NOTE: In line with the migration deal signed in 2016, a funding of 6 billion Euro in total was allocated for 3.7 million Syrian refugees in Turkey in five years. Turkey has long been demanding that the EU agree on a new funding and send it to Turkey.

Cyprus

"The European Council recalls its previous conclusions and remains fully committed to the comprehensive settlement of the Cyprus problem on the basis of a bicommunal, bizonal federation with political equality, in accordance with the relevant UN Security Council Resolutions.

"It underlines the importance of the status of Varosha and calls for full respect of UN Security Council Resolutions, in particular Resolutions 550, 789 and 1251.It regrets that the informal meeting in Geneva under the auspices of the United Nations did not pave the way for the resumption of formal negotiations. The European Union will continue to play an active role in supporting the process.

Deterioration in democracy

"Rule of law and fundamental rights in Turkey remain a key concern. The targeting of political parties, human rights defenders and media represents major setbacks for human rights and runs counter to Turkey's obligations to respect democracy, the rule of law and women's rights. Dialogue on such issues remains an integral part of the EU-Turkey relationship.

"In line with the shared interest of the EU and Turkey in regional peace and stability, the European Council expects Turkey and all actors to contribute positively to the resolution of regional crises.

"The European Council will remain seized of the matter."
(BIA, 25 June 2021)

EU Delegation to Turkey visits HDP İzmir office, extends condolences

In the wake of the armed attack that claimed the life of party member Deniz Poyraz on June 17, the İzmir Provincial Organization of the Peoples' Democratic Party (HDP) has been receiving visits of condolences.

Ambassador Nikolaus Meyer Landrut, the Head of the European Union (EU) Delegation to Turkey, also paid a visit to the HDP İzmir Office yesterday (June 21). Ambassador Meyer-Landrut made the following statement: "I am here to condemn the terrible attack on the HDP headquarter here in İzmir last week. I am here to pay my respect to the victim and her family and to convey in person my condolences to the local HDP leadership."
Visits to the HDP Central Office

The representatives of various institutions and organizations also paid a visit to the HDP Central Office in Ankara and expressed their condolences over the deadly attack that claimed the life of Deniz Poyraz.

In addition to Revolutionary Party Chair Elif Torun Öneren and the delegation accompanying her, Dersim Ovacık District Mayor Fatih Mehmet Maçoğlu and representatives from the organizations such as the Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey (DİSK), Confederation of Public Employees Trade Unions (KESK), Union of Chambers of Turkish Engineers and Architects (TMMOB), Turkish Medical Association (TTB) and Bureau Laborers' Union (BES) also visited the HDP headquarters in the capital city and expressed their condolences and solidarity.

The visits were received by HDP Co-Chairs Pervin Buldan and Mithat Sancar, HDP Spokesperson Ebru Günay, HDP Co-Chairs Tuncer Bakırhan and Şaziye Köse and Party Assembly member Ali Özkan.

In his visit, Ovacık Mayor Maçoğlu emphasized the importance of thwarting the attacks "by standing shoulder to shoulder."

He said, "The duty falling on us communists, revolutionaries and public-spirited people is to stand side by side in such cases and to thwart the attacks, but to also wage a struggle for this at the same time. We think that such attacks are carried out against the conscience of Turkey, against the commonsense of Turkey and against the peoples of Turkey."

Meeting with Maçoğlu, HDP Co-Chair Buldan said, "The massacre of our comrade Deniz cannot be considered a coincidental or ordinary incident. This is the manifestation of a highly planned incident, a planned mindset. Therefore, the bullet fired at Deniz was fired at all democracy forces and what is desired to be done here is to intimidate."

Further in her statement, HDP Co-Chair Buldan added, "The attack was the joint plan of the government and its partner and it was done against the democracy forces of Turkey, but as its target, the Kurds and HDP are - of course - at the forefront. But this bullet was fired at us all."

During the visits of the Ankara branch representatives of the DİSK, KESK, TMMOB and TTB, it was similarly underlined that the attack targeted the democracy forces; the importance of a joint struggle was also emphasized.
(BIA, 22 June 2021)

Macron veut des "relations apaisées" avec le criminel Erdogan

Un terrible assassinat politique en Turquie vient de ravir la vie d’une jeune militante du Parti Démocratique des Peuples (HDP) à Izmir. Hystérisés par les violentes campagnes de haine orchestrées par les islamo-conservateurs de l’AKP et l’extrême droite (MHP), trois militaires de l’armée turque ont pénétré dans les locaux du HDP dans lesquels devaient se tenir une importante réunion des cadres de l’organisation. Ils avaient ordre d’y commettre un carnage. Alors que cette conférence avait été annulée à la dernière minute, l’un des assaillants a tenté d’incendier les locaux et a exécuté de sang-froid Deniz Poyraz.

Ces méthodes ne sont pas sans rappeler le triple crime commis à Paris contre trois militantes kurdes. Ces massacres, planifiés au plus haut sommet de l’Etat, témoignent de la terreur instaurée par R.T. Erdogan afin d’écraser toutes les formes d’opposition.

L’itinéraire du meurtrier n’est pas sans intérêt. Onur Gencer, membre du mouvement fasciste des Loups Gris, a combattu aux côtés des djihadistes patentés par Ankara en Syrie et a déclaré participer à la lutte contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ceux-là mêmes qui ont été en première ligne contre Daesh et qui ont sauvé la vie de milliers de Yézidis.
Ce lâche assassinat s’inscrit dans le cadre d’une fureur répressive contre le HDP, qui s’est accélérée depuis 2015. Des parlementaires dont Selahattin Demirtas sont incarcérés, des maires ont été révoqués tandis que des milliers de militants croupissent en prison. Une procédure de levée de l’immunité parlementaire est en cours tandis que le HDP est en voie d’interdiction.

Le régime de R.T. Erdogan est dans une fuite en avant répressive hallucinante et multiplie les zones de conflit. Depuis plus de 50 jours, R.T. Erdogan a lancé une campagne de bombardements dans le nord de l’Irak et poursuit ses exactions dans le nord de la Syrie. Il s’est fixé un double objectif : anéantir les Kurdes et pulvériser les frontières issues du traité de Lausanne (1923) afin d’annexer des territoires entiers dans ces deux pays. Cet expansionnisme se concrétise également par des opérations dans le Haut Karabakh, en Libye mais aussi en Méditerranée orientale et à Chypre.

Alors que les opinions publiques mondiales s’inquiètent de l’arrogance et de la violence de R.T. Erdogan, les dirigeants occidentaux n’ont qu’une seule préoccupation : réintégrer la Turquie au sein de l’OTAN quel qu’en soit le prix à payer. Ils ferment ainsi les yeux sur l’agressivité expansionniste, le massacre des Kurdes et des Arméniens et la liquidation de tous les droits humains en Turquie. Jadis encensés pour leur sacrifice contre l’Etat Islamique, ils sont désormais immolés sur l’autel de tractations cyniques.

Rien n’a filtré des discussions que le tyran d’Ankara a eues avec E. Macron ou J. Biden mais la volonté de renouer avec Ankara des « relations apaisées » tonne comme une capitulation et un affront faits aux Kurdes.

A n’en pas douter, la France et les pays européens sortent affaiblis sur le plan moral et politique après ces abdications successives. La Turquie de R.T. Erdogan est une menace pour la liberté et la paix au Moyen-Orient mais aussi en Europe.

Chaque concession se paie par des surenchères que le surarmement de la Turquie amplifie.

Une telle politique, conduite par le ministre des Affaires Etrangères J.-Y. Le Drian, qui ne manque jamais une occasion de travailler au rapprochement avec la Turquie tout en pourchassant les militants kurdes sur notre territoire, inquiète de larges franges de la population. Le silence médiatique qui entoure les exactions turques nous informe sur les connivences honteuses qui se bâtissent notamment contre le PKK. Il est de plus en plus évident que le danger ne vient pas du PKK mais de la Turquie. Pour ces raisons, le PKK doit être sorti de la liste des organisations terroristes car il n’a rien à y faire et qu’il est un interlocuteur dans un processus de sortie de crise.

Partout les mobilisations doivent grandir contre le régime de R.T. Erdogan et les lâches manœuvres des puissances occidentales. Les communistes, aux côtés de toutes les forces démocratiques, en font une priorité. (PCF.FR, 21 juin 2021)


Tête à tête "apaisé" entre Macron et Erdogan, d'accord pour "travailler ensemble"

Après des mois de tension, les présidents français Emmanuel Macron et turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés lundi à Bruxelles dans "un climat apaisé", s'engageant à "travailler ensemble" sur la Libye et la Syrie, selon le chef de l'Etat français.

Les deux dirigeants ont également abordé le cas de Fabien Azoulay, un Français condamné à 16 ans de prison par la justice turque pour détention de stupéfiants en 2017. "Les conditions de son transfèrement rapide (vers la France) avancent", a indiqué Emmanuel Macron, en espérant que cette procédure aboutisse "dans les meilleurs délais".

Sur tous les sujets de contentieux, "il était important de d'avancer", a résumé Emmanuel Macron devant la presse après ce tête à tête de 45 minutes au siège de l'Otan en marge du sommet de l'Alliance.

Ce rendez-vous a permis "l'apaisement", "la clarification" et "le travail concret sur les questions humanitaires en Syrie et sur la Libye", a-t-il ajouté. "Compte tenu des enjeux", "nous avons l'un et l'autre acté qu'il était nécessaire de tout faire pour pouvoir travailler ensemble", selon lui.

Les relations entre les deux présidents se sont apaisées ces derniers mois après s'être fortement dégradées en 2020, notamment à l'automne lorsque M. Erdogan avait mis en cause la "santé mentale" de son homologue.

Les sujets de désaccord s'étaient notamment cristallisés en Méditerranée orientale, où Paris a soutenu Athènes face aux ambitions gazières d'Ankara et où un incident a opposé des bâtiments turc et français en juin 2020.

Concernant le conflit en Libye, la France et la Turquie vont "travailler ensemble" dans "les prochaines semaines" pour que "les mercenaires et milices venus de l'étranger qui opèrent sur le sol libyen, puissent quitter celui-ci le plus rapidement possible", a affirmé Emmanuel Macron.

La France et de nombreux pays réclament le départ des militaires étrangers et mercenaires --estimés à 20.000 fin 2020 par l'ONU-- afin de conforter les espoirs de paix qui se sont esquissés ces derniers mois. Il s'agit notamment de troupes turques et de mercenaires syriens déployés par la Turquie, ainsi que des mercenaires du groupe privé russe Wagner.

Sur la Libye, MM. Macron et Erdogan ont également "trouvé des points de convergence claire" pour "préserver le cessez-le-feu" et "l'objectif" d'organiser des élections le 24 décembre afin d'"accompagner" le gouvernement d'unité nationale formé sous l'égide de l'ONU.

Au cours de l'entretien, le président français a en outre "apporté des clarifications" sur la place de l'islam en France, un sujet qui avait "donné lieu à des malentendus ou des attaques" de la part de la Turquie et d'autres pays musulmans l'an dernier. "La politique de la France n'était pas de s'attaquer à une religion" mais de "renforcer la lutte contre des groupes extrémistes qui utilisent et déforment" l'islam, a-t-il expliqué au président turc.

En octobre, M. Erdogan avait accusé M. Macron de mener une "campagne de haine" contre l'islam, parce qu'il avait défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet et pour son discours contre le "séparatisme" islamiste en France.

Au cours de l'entretien, a été abordé le cas de Fabien Azoulay, 43 ans, qui avait été arrêté, lors d'un court voyage en 2017 à Istanbul pour réaliser des implants capillaires, après avoir acheté sur internet du GBL, un solvant utilisé comme stimulant. Ses proches se sont récemment déclarés inquiets pour sa sécurité alors qu'il est détenu dans une prison de Giresun, sur les bords de la mer noire, à 800 km d'Istanbul.
(AFP, 14 juin 2021)

À Paris, le chef de la diplomatie turque joue la carte de l’apaisement avec la France

Le ministre turc des Affaires étrangères a effectué, lundi, une première visite de haut niveau à Paris, où il a rencontré son homologue français. Cette rencontre intervient après une année de tensions autour de plusieurs dossiers comme la Libye, la Syrie, la Méditerranée orientale ou encore l'offensive de Paris contre l'influence turque sur l'islam en France.

Les chefs des diplomaties française et turque se sont rencontrés, lundi 7 juin à Paris, pour engager un dialogue plus apaisé après plus d'une année de tensions au sommet entre le président Emmanuel Macron et son homologue Recep Tayyip Erdogan, de la Méditerranée orientale à la Libye.

"Nous envisageons de renforcer nos relations avec la France sur la base du respect mutuel", a tweeté Mevlut Cavusoglu, dont le pays cherche à normaliser ses relations avec Paris, à quelques jours d'un sommet de l'Otan le 14 juin à Bruxelles.

Son homologue, Jean-Yves Le Drian, est resté plus factuel dans sa communication. Selon son ministère, les deux ministres ont fait un tour d'horizon des sujets de contentieux et fait un point sur la relation bilatérale.

La France et la Turquie ont affiché des positions antagonistes sur nombre de sujets au sein de l'Alliance atlantique, qui se sont notamment cristallisées en Méditerranée orientale où Paris a soutenu Athènes face aux ambitions gazières d'Ankara et où un incident a opposé des bâtiments turc et français en juin 2020.

Multiples désaccords

Faisant fi des mises en garde de l'Europe, la Turquie a en effet organisé l’année dernière plusieurs missions d'exploration gazière dans des eaux grecques, provoquant une crise diplomatique d'une ampleur inédite depuis 1996, année où les deux pays ont frôlé la guerre. Mais après l'annonce de sanctions européennes contre Ankara, Recep Tayyip Erdogan avait multiplié les gestes d'apaisement et appelé la Grèce à discuter.

Les relations entre la France et la Turquie se sont aussi fortement dégradées en raison de désaccords sur la Syrie, la Libye et plus récemment sur le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans le Haut-Karabakh. Durant la guerre, les Arméniens ont accusé les Turcs d'être impliqués directement dans les combats, ce qu'Ankara a démenti. Plusieurs pays dont la France avaient également dénoncé l'envoi sur le front aux côtés des forces azerbaïdjanaises de combattants pro-turcs venus de Syrie.

"Mon cher ami Aliev (le président azerbaïdjanais Ilham Aliev) a donné un conseil aux Français leur disant que s'ils aiment tant les Arméniens, ils n'ont qu'à leur donner Marseille. Moi aussi, je leur donne le même conseil", avait déclaré Recep Tayyip Erdogan.

"Macron est un problème pour la France"

En octobre, le président turc avait mis en cause la "santé mentale" de son homologue français, l'accusant de mener une "campagne de haine" contre l'islam, parce qu'il avait défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet et pour son discours contre le "séparatisme" islamiste en France. Il avait également appelé au boycott des produits français, ajoutant une pierre aux critiques qui pleuvent sur Emmanuel Macron dans le monde musulman sur fond de contexte dramatique avec l'assassinat de Samuel Paty.  

En réponse, Emmanuel Macron avait décidé de rappeler l'ambassadeur de France en Turquie, tandis que le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait pour sa part dénoncé de la part de la Turquie "une volonté d'attiser la haine" contre la France et son président.

La colère de la Turquie s'était ravivée fin octobre après la publication en une par "Charlie Hebdo" d'un dessin montrant le président Erdogan en tee-shirt et sous-vêtements, en train de boire une bière et de soulever la jupe d'une femme portant le voile, découvrant ainsi ses fesses nues. Ankara avait réagi en annonçant l'adoption de mesures "judiciaires et diplomatiques" contre la France.

Début décembre, Recep Tayyip Erdogan a de nouveau ciblé le locataire de l’Élysée. "Macron est un problème pour la France. Avec Macron, la France vit une période très dangereuse. J'espère que la France va se débarrasser du problème Macron le plus tôt possible", avait-il également déclaré, le 4 décembre, lors d’un échange avec des journalistes à Istanbul.

Depuis, en signe d'apaisement, les deux chefs d'État aux relations exécrables se sont entretenus en mars dernier par visioconférence.

Ankara tente de sortir de son isolement croissant 

La Turquie insiste désormais sur les points de "convergence" et les "intérêts communs" avec la France, qui continue pour sa part de réclamer des signes tangibles d'apaisement des tensions de la part d'Ankara.

Le résumé de la semaine
France 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
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Paris demande notamment le retrait des mercenaires syriens déployés par la Turquie en Libye au côté du précédent gouvernement à Tripoli.

"En Libye, tout doit être mis en œuvre pour faire respecter le calendrier de transition politique, sécuritaire et électorale et traduire dans les faits le cessez-le-feu", a rappelé la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Sur le plan bilatéral, les deux ministres ont rappelé leur "souhait de tenir la prochaine session du comité mixte économique et commercial France-Turquie (JETCO) cet automne", a-t-elle ajouté.    

Ankara multiplie depuis le début de l'année les gestes envers ses alliés occidentaux et régionaux pour sortir de son isolement croissant sur les scènes régionale et internationale. (FRANCE 24, 8 juin 2019)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Erdogan estime qu'une "nouvelle ère" s'est ouverte avec Washington

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé lundi que sa rencontre avec son homologue américain Joe Biden le 14 juin avait permis l'ouverture d'une "nouvelle ère" entre les deux pays après des années de tension.

"Nous croyons avoir ouvert les portes d'une nouvelle ère avec les Etats-Unis sur une base positive et constructive", a déclaré M. Erdogan à la presse après avoir présidé une réunion de son cabinet.

"La seule demande de la Turquie (auprès de Washington) est de voir sa souveraineté économique et politique respectée et d'être soutenue dans sa lutte contre les organisations terroristes", a-t-il ajouté.

Il a affirmé vouloir mettre à profit "le climat positif" qui a caractérisé selon lui sa rencontre avec M. Biden pour "renforcer les canaux de dialogue" entre les deux pays.

Les deux dirigeants se sont rencontrés le 14 juin en marge d'un sommet de l'Otan à Bruxelles, pour la première fois depuis l'entrée en fonctions de M. Biden.

Plusieurs sujets de désaccord entre Ankara et Washington ont distendu leurs relations : de l'achat par la Turquie du système de défense antiaérienne russe S-400 au soutien américain aux milices kurdes syriennes, en passant par le refus américain d'extrader le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré la tentative de coup d'Etat de 2016 contre M. Erdogan.

En réaction à la livraison en 2019 à la Turquie de la première batterie du système de défense antiaérienne russe S-400, les Etats-Unis ont exclu Ankara du programme de fabrication de l'avion furtif F-35, faisant valoir que les missiles russes pourraient en percer les secrets technologiques et étaient incompatibles avec les dispositifs de l'Otan.

La Turquie ne cesse depuis de demander à Washington de la réintégrer à ce programme, affirmant que le déploiement des S-400 n'aurait aucun impact sur les système de défense de l'Otan.

Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de M. Erdogan. M. Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la colère d'Ankara.

Lors de leur rencontre à Bruxelles, M. Erdogan a en outre évoqué avec son homologue américain les modalités d'un éventuel maintien des forces turques présentes en Afghanistan après le retrait américain de ce pays prévu en septembre.

A cet égard, Washington a salué le 17 juin un "engagement clair" de la Turquie à jouer "un rôle-clé" dans la sécurisation de l'aéroport de Kaboul après le départ des troupes américaines et étrangères.
(AFP, 21 juin 2021)

Washington salue un "engagement clair" pour l'aéroport de Kaboul

Les Etats-Unis ont salué jeudi un "engagement clair" de la Turquie à jouer "un rôle-clé" dans la sécurisation de l'aéroport de Kaboul après le départ des troupes américaines et étrangères.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit à Joe Biden, lors de leur rencontre en début de semaine à Bruxelles, qu'Ankara "aurait besoin d'un certain soutien pour faire cela", et son homologue américain "a assuré que ce soutien serait fourni", a détaillé à la presse le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité présidentielle Jake Sullivan.

"Le président Erdogan a exprimé sa satisfaction à ce sujet", et les deux dirigeants "ont décidé qu'ils travailleraient ensemble pour concrétiser cela", a-t-il ajouté, soulignant qu'ils avaient demandé à leurs équipes de "finaliser les détails" de cette "mission ciblée".

"Mais l'engagement clair des dirigeants a été acté sur le fait que la Turquie jouerait un rôle-clé sans la sécurisation de l'aéroport international Hamid Karzaï", a insisté Jake Sullivan.

A l'issue de leur entretien lundi en marge du sommet de l'Otan, Recep Tayyip Erdogan avait affirmé avoir évoqué les modalités d'un éventuel maintien des forces turques présentes en Afghanistan après le retrait américain prévu d'ici début septembre.

"Si on demande à la Turquie de quitter l'Afghanistan, un soutien américain diplomatique, logistique et financier serait très important", avait-il souligné, ajoutant être en contact sur ce dossier avec d'autres pays comme le Pakistan et la Hongrie.

Les dirigeants des pays de l'Otan ont promis lundi, dans les conclusions de leur sommet, de fournir un financement transitoire pour assurer la continuité du fonctionnement de l'aéroport de Kaboul après leur retrait d'Afghanistan.

L'aéroport de la capitale afghane est la principale voie de sortie pour les diplomates occidentaux et les travailleurs humanitaires. La crainte qu'il tombe aux mains des talibans à l'occasion du retrait des forces étrangères pousse l'Otan à recherche une solution rapidement.

Les talibans ont toutefois prévenu samedi que les forces étrangères ne devaient garder "aucun espoir" de maintenir une présence militaire en Afghanistan, et que la sécurité des ambassades et de l'aéroport serait de la responsabilité des Afghans.
(AFP, 17 juin 2021)

Biden excludes US reporters from ‘very good’ meeting with Erdogan

President Biden said Monday he had a “good meeting” with Turkish President Recep Tayyip Erdogan after a last-minute decision to exclude US reporters from the room — leaving confused journalists in a hallway to rely on Erdogan’s PR office for information.

Biden’s formal meeting with the Turkish strongman, whose government frequently jails journalists, was supposed to begin with American press access in the room at the annual NATO summit.

But in a break from the White House’s daily schedule, press were not allowed into the room or even told that the meeting was underway — just a day after Biden sought to wrap up a press conference in the UK by saying he would “get in trouble” with staff who manage his press access if he continued talking.

Reporters learned from Erdogan’s press office, rather than from White House press handlers, that the Monday afternoon meeting was in progress. Erdogan’s office tweeted images of a seemingly friendly greeting after an awkward morning fist bump. Video of the introduction between the leaders was published by Turkish TV.

After waiting outside the room for 112 minutes, frustrated US reporters were invited into the room to witness Erdogan and Biden seated across a table joined by staff.

Biden told reporters, “We had a very good meeting.”

A reporter seeking additional information shouted to Biden: “We couldn’t hear you, sir.”

Biden added: “Because I didn’t say anything.”

The meeting was expected to cover an array of hot-button issues, including Biden’s recent recognition of the Armenian genocide, Turkish arms purchases from Russia and Turkish interventions in the civil wars in Syria and Libya.

Prominent political journalists took to Twitter to slam the White House for excluding the media.

Ashley Parker, the White House bureau chief at the Washington Post, wrote on Twitter, “Biden is abroad doing a big push on democracy v autocracy. BUT the U.S. press — a key part of any functioning democracy — has gotten less access than under previous administrations. And is now forced to resort to updates on from…the Turkish government Twitter account.”

Reporter Ed O’Keefe of CBS News wrote, “The U.S. press pool has been holding for more than hour outside this meeting with limited access yet again today at @POTUS — after significant access issues over the weekend at the G-7. Meanwhile, the Turkish president quickly posted photos from their ongoing meeting.”

Jennifer Jacobs of Bloomberg News noted, “Turkish officials are tweeting photos of President Biden meeting with Erdogan, while the White House traveling press pool, which was supposed to cover the beginning of the bilat, is outside waiting out in the hallway.”

Reporters were excluded from the Erdogan meeting after the White House confirmed that Biden won’t give a joint press conference with Russian President Vladimir Putin after they meet Wednesday.

Erdogan, in power since 2003, is known for his intolerance toward dissent, heightened during his crackdown on free speech following an alleged 2016 coup attempt.

In 2017, Erdogan notoriously watched as his guards attacked US citizens near the White House after a meeting with President Donald Trump. Fifteen of his guards faced US charges, though charges against 11 of them were dropped in 2018. Congress blocked an arms sale to Turkey after the attack.
(nypost.com, June 14, 2021)

Erdogan dit avoir eu un premier entretien "très productif et sincère" avec Biden

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi avoir eu un entretien "très productif et sincère" avec son homologue américain Joe Biden qu'il a rencontré pour la première fois, en marge d'un sommet de l'Otan à Bruxelles.

"Je dois dire que nous avons eu un entretien très productif et sincère", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Bruxelles, ajoutant qu'"aucun problème dans les relations entre la Turquie et les Etats-Unis n'est insurmontable".

Plusieurs sujets de désaccord entre Ankara et Washington ont distendu leurs relations : de l'achat par la Turquie du système de défense antiaérienne russe S-400 au soutien américain aux milices kurdes syriennes, en passant par le refus américain d'extrader le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir orchestré le coup d'Etat de 2016 contre M. Erdogan.

En réaction à la livraison en 2019 à la Turquie de la première batterie du système de défense antiaérienne russe S-400, les Etats-Unis avaient exclu Ankara du programme de fabrication de l'avion furtif F-35, faisant valoir que les missiles russes pourraient en percer les secrets technologiques et étaient incompatibles avec les dispositifs de l'Otan.

La Turquie ne cesse depuis de demander à Washington de la réintégrer à ce programme, affirmant que le déploiement des S-400 n'aurait aucun impact sur les système de défense de l'Otan.

"Au sujet des S-400 j'ai réitéré notre position au président" américain, a-t-il dit.

"Nous avons convenu d'activer nos canaux de dialogue d'une manière efficace et régulière digne de deux alliés et partenaires stratégiques et nous avons souligné la nécessité de dynamiser les mécanismes existants de coopération et de consultation régionale", a-t-il ajouté.

M. Erdogan a en outre indiqué avoir évoqué avec son homologue américain les modalités d'un éventuel maintien des forces turques présentes en Afghanistan après le retrait américain de ce pays prévu en septembre.

"Si on demande à la Turquie de quitter l'Afghanistan, un soutien américain diplomatique, logistique et financier serait très important", a-t-il dit, ajoutant être en contact sur ce dossier avec d'autres pays comme le Pakistan et la Hongrie.

"Et évidemment il n'est pas possible d'ignorer la réalité talibane. Nous pourrions poursuivre les pourparlers avec eux par divers moyens", a poursuivi le chef d'Etat turc.

Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de M. Erdogan. M. Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la colère d'Ankara.

M. Erdogan s'est en outre entretenu à Bruxelles avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis au moment où les relations entre Ankara et Grèce sont traversées par des vives tensions autour de l'exploitation de gisements d'hydrocarbures en Méditerranée.

M. Erdogan a indiqué avoir demandé au dirigent grec de "ne pas impliquer des parties tierces" dans ce contentieux, une allusion à l'Union européenne qui soutient les revendication grecques.

"S'il y a un problème vous pouvez facilement m'appeler sur la ligne directe et moi je ferai de même. Les problèmes peuvent être réglés entre les deux dirigeants", a-t-il affirmé.

A Athènes, une source gouvernementale grecque a indiqué que la rencontre entre MM. Erdogan et Mitsotakis "avait eu lieu dans un bon climat" et que "l'amélioration des relations entre les deux pays se ferait étape par étape".

Toutefois, les deux pays voisins "continuent d'avoir de grandes différences concernant surtout la délimitation des zones maritimes" en Méditerranée orientale, a souligné cette source proche des services du Premier ministre grec.
(AFP, 14 juin 2021)

Manifestation contre le sommet de l'OTAN à Bruxelles

Le 14 juin, un sommet de l’OTAN se tiendra à Bruxelles. L’OTAN qui pousse toujours plus pour la confrontation et la militarisation, alors que la pandémie mondiale nous apprend que seule la coopération internationale garantit notre sécurité.

Le mouvement de la paix belge appelle à un rassemblement le dimanche 13 juin à 13h sur le Mont des arts (Place de l’Albertine).

Le sommet de l’OTAN sera concentré sur le rapport « OTAN 2030. Unis pour une nouvelle ère » qui doit servir de ligne directrice de la nouvelle stratégie de l’OTAN pour la décennie à venir.

Ce rapport, recyclage et approfondissement du credo de l’OTAN dans la militarisation et la confrontation, menace de conduire le monde vers de nouvelles guerres et une nouvelle guerre froide: rivalité plutôt que collaboration avec la Russie et la Chine, obstination en faveur de l’armement nucléaire, défense des intérêts économiques et de la “prospérité” aux quatre coins du globe, soutiens politiques et militaires à des régimes autoritaires comme la Turquie. Même le changement climatique, “qui va accélérer la pénurie de ressources” ou qui va “entraîner une augmentation des flux migratoires” devient une menace militaire!

Cette fuite en avant s’accélère avec, notamment, les exercices militaires pharaoniques, “Defender 2020” et “Defender 2021” dont l’organisation n’a pas été suspendue suite à la crise sanitaire, au contraire de beaucoup d’autres secteurs réellement essentiels.

L’OTAN est un facteur de déstabilisation majeur. Elle a une lourde responsabilité dans l’escalade guerrière.

11% d’investissements supplémentaires dans la militarisation

En pleine pandémie, les dépenses militaires mondiales ont atteint le record de 1 981 milliards de dollars l’année dernière. Jamais auparavant les dépenses militaires n’ont été aussi élevées. Les États membres de l’OTAN représentent 55 % du total mondial. À la demande des États-Unis, ils doivent consacrer 2 % de leur PIB à leur “défense”. La Belgique voulait clairement être le bon élève de la classe: ses dépenses militaires ont augmenté de pas moins de 11,1% en 2020, s’élevant à quelques 4,75 milliards d’euros[2]. 9,2 milliards d’investissements militaires ont été contractés par le gouvernement Michel.

La guerre n’est pas un secteur essentiel! Le secteur culturel, l’horeca et tant d’autres secteurs dits « non essentiels » ont dû fermer pendant des mois. Beaucoup d’entre nous ne savent pas comment surmonter les chocs financiers de cette crise, tandis que les multinationales de la guerre continuent d’encaisser.

Matériel de guerre extrêmement coûteux

Vous souvenez-vous encore du “contrat du siècle” ? Le gouvernement précédent signait pour l’achat de 34 nouveaux avions de combat F-35, à la demande de … l’OTAN. Un contrat d’environ 15 milliards d’euros, transférés sur nos épaules et celles des générations futures. Une heure de vol d’un tel avion peut coûter 40 000 euros. Entre-temps, l’appareil présente toujours plus de 800 défauts et s’avère totalement inadapté à la protection de notre espace aérien, qui devrait pourtant être la tâche essentielle de la “Défense”. Le F35 vient pourtant d’être testé par Israël sur Gaza.

Quand la population belge a-t-elle été consultée pour savoir si elle était favorable à l’adhésion à cette logique de guerre ? Jusqu’à quand continuerons-nous de suivre les diktats de l’OTAN et les intérêts de l’industrie militaire qui nous empêchent de réaliser les vraies priorités pour la sécurité de toutes les populations ?

Les armes nucléaires hors de Belgique

Alors que 122 pays non membres de l’OTAN s’engagent en faveur d’un monde sans armes nucléaires, l’OTAN s’accroche aux armes nucléaires comme “garantie suprême” de sa sécurité. Au lieu de réduire son arsenal nucléaire, elle le modernise (et dans le cas du Royaume-Uni, il est même en cours d’élargissement)! Les bombes nucléaires étatsuniennes stationnées à Kleine Brogel seront également remplacées par des bombes nucléaires plus petites et “plus facilement déployables« . L’OTAN entraîne notre pays dans une course à l’armement nucléaire. Notre gouvernement s’en accommode, tandis qu’il plaide publiquement, et hypocritement, pour le désarmement.

Attaques contre l’environnement et contre les réfugiés

Ces dépenses militaires plus élevées, notamment de la part des pays de l’OTAN, augmentent énormément les émissions de CO2 à un moment où tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre les dérèglements climatiques.

L’empreinte carbone de l’industrie militaire européenne en 2019 était d’environ 24,8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions d’environ 14 millions de voitures. Les émissions de CO2 d’une heure de vol d’un avion de chasse F-35 sont à peu près équivalentes à celles de huit voitures sur une année entière.

Les conflits se multiplient et la militarisation s’organise dans le monde entier pour la lutte pour l’accès aux ressources.

D’ici 2050, 200 millions de réfugiés climatiques seront à la recherche d’un nouveau lieu de vie plus habitable. Dans son rapport “OTAN 2030”, l’OTAN y voit une menace contre laquelle il faut se protéger militairement!

Dans tous les « secteurs », nous avons mille projets et mille raisons de faire de « l’après pandémie », un progrès social, économique, politique, culturel pour toute la population. Il faut cesser d’investir des milliards dans la course aux armements imposée par l’OTAN. Au lieu d’opter pour la confrontation militaire, nous demandons une politique centrée sur la sécurité collective[3] et la sécurité humaine[4]. Nous ne sommes en sécurité que si l’autre (l’adversaire supposé) se sent en sécurité et si la sécurité d’existence de chacune et chacun est garantie.

Des revendications concrètes :

–   Pour une politique commune, mondiale, de détente et de sécurité

– Réduction drastique des dépenses militaires, vers un monde où l’armement est maintenu au niveau le plus bas possible

– Transfert des dépenses en armement vers les secteurs qui participent effectivement à la sécurité de toutes et tous (sécurité sociale, environnementale, diplomatie, lutte pour l’égalité et contre l’exclusion, etc).

– Signature du Traité d’interdiction des armes nucléaires des Nations Unies

– Retrait des bombes nucléaires de Kleine Brogel.

– Dénonciation du contrat d’achat des avions de combat F-35

Un destroyer américain a traversé le Bosphore vers la mer Noire

Un navire de guerre américain a traversé vendredi les détroits turcs pour gagner la mer Noire, sur fond de tensions entre l'Ukraine et la Russie, a rapporté l'agence étatique turque Anadolu.

Le destroyer USS Laboon a traversé le détroit des Dardanelles puis celui du Bosphore en direction de la mer Noire, a indiqué Anadolu.

La traversée du Bosphore, lors de laquelle le navire de guerre américain a été accompagné d'une équipe de gardes-côtes turcs, a duré près de deux heures, a précisé l'agence qui a publié des photos et une vidéo du destroyer pendant ce passage.

Les Etats-Unis avaient renoncé à la mi-avril à déployer deux navires de guerre en mer Noire via les détroits turcs, en pleines tensions entre l'Ukraine et la Russie, avait alors affirmé des responsables et médias turcs.

La Convention de Montreux de 1936, qui régit la circulation dans les détroits turcs, oblige les pays non-riverains de la mer Noire d'annoncer 15 jours au préalable le passage de leurs navires.

L'annonce du déploiement finalement annulé en avril était intervenue dans un contexte de flambée de tensions entre la Russie et l'Ukraine et la décision d'envoyer des bâtiments de guerre avait été accueillie comme un signe de soutien de Washington à Kiev.

L'annulation de cette manoeuvre annoncée par les Turcs était intervenu au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine.

Lors de cet entretien, M. Biden avait notamment proposé à M. Poutine de se réunir dans un pays tiers et demandé au président russe de "faire baisser les tensions" en Ukraine, selon la Maison Blanche.

Les deux dirigeants doivent se rencontrer mercredi à Genève.

Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a annoncé lundi que M. Biden avait invité son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche cet été.
(AFP, 11 juin 2021)


Biden, Erdoğan to meet on June 14 at NATO summit

US President Joe Biden is preparing to embark on his first overseas trip next week, including stops in the UK, Belgium and Switzerland.

Biden will meet several leaders "to highlight America's commitment to restoring our alliances, revitalizing the Transatlantic relationship, and working in close cooperation with our allies and multilateral partners to address global challenges," the White House said yesterday (June 3).

He will meet the UK's Prime Minister Boris Johnson on June 10 to affirm the enduring strength of the special relationship between the two countries. On June 13, Biden will meet Queen Elizabeth at Windsor Castle.

Biden will later travel to Brussels where he will participate in a NATO summit on June 14.

The US president will also meet President Recep Tayyip Erdoğan to "discuss the full range of bilateral and regional issues," according to the White House.

Biden had the first phone call with Erdoğan as the US president more than three months after he assumed office. He called Erdoğan on April 23 to inform him that he would formally recognize the Armenian Genocide the next day.

The two leaders also agreed to meet on the sidelines of the NATO summit during the phone call.

Biden will hold a summit with President Vladimir Putin of Russia on June 16 in Switzerland.

In Geneva, Biden will also meet his counterpart from Switzerland, Guy Parmelin and Foreign Minister Ignazio Cassis. (BIA, 4 June 2021)

Les Etats-Unis risquent de "perdre un ami", prévient Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu mardi les Etats-Unis qu'ils risquaient de "perdre un ami précieux" en "acculant" la Turquie, à deux semaines d'une rencontre avec son homologue américain Joe Biden sur fond de tensions bilatérales.

"Ceux qui acculent la République de Turquie perdront un ami précieux", a déclaré M. Erdogan dans un entretien avec la chaîne de télévision étatique turque TRT, en réponse à une question sur les relations entre Ankara et Washington.

Cette mise en garde intervient avant la première rencontre entre MM. Erdgan et Biden, prévue pour le 14 juin en marge d'un sommet de l'Otan à Bruxelles visant à apaiser les relations entre la Turquie et les Etats-Unis.

Fortement tendus depuis 2016, les rapports entre ces deux pays membres de l'Otan se sont encore dégradés depuis l'élection à la Maison Blanche de M. Biden, qui a succédé à Donald Trump avec lequel M. Erdogan avait noué des liens personnels.

Ankara a notamment vivement réagi après la reconnaissance par Washington en avril du génocide des Arméniens par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale.

La Turquie, héritière de l'Empire ottoman, rejette le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.

"Quelle est la raison de nos tensions (avec les Etats-Unis) ? Le soi-disant génocide arménien", a déclaré mardi M. Erdogan. "Vous n'avez donc aucun autre problème à régler plutôt que de vous faire l'avocat de l'Arménie ?", a-t-il lancé.

M. Erdogan a aussi listé plusieurs sujets qui empoisonnent depuis 2016 les relations entre Ankara et Washington, à commencer par le soutien américain à des milices kurdes en Syrie que la Turquie qualifie de "terroristes".

"Si les Etats-Unis sont bien nos alliés, doivent-ils se ranger aux côtés des terroristes ou à nos côtés ? Malheureusement, ils continuent de soutenir les terroristes", a ainsi déclaré le président turc mardi.

Au cours de son entretien avec M. Biden, M. Erdogan devrait toutefois s'efforcer de calmer les tensions.

La semaine dernière, il avait ainsi estimé que leur rencontre permettrait d'ouvrir une "nouvelle ère" dans les relations entre Ankara et Washington.

M. Erdogan, qui dirige la Turquie depuis 2003, a d'ailleurs souligné mardi qu'il était toujours parvenu à travailler avec l'hôte de la Maison Blanche, "qu'il soit républicain ou démocrate".
(AFP, 1 juin 2021)

Relations régionales / Regional Relations

Erdogan: la Turquie sera "le seul pays fiable" en Afghanistan après le retrait américain

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche que la Turquie serait "le seul pays fiable" à avoir encore des troupes en Afghanistan après le retrait des Américains et de l'Otan, et a dit vouloir en discuter avec Joe Biden en marge du sommet de l'Otan lundi.

"L'Amérique se prépare à quitter l'Afghanistan prochainement et lorsqu'il seront partis, le seul pays fiable qui restera pour maintenir le processus là-bas sera évidemment la Turquie", a-t-il déclaré à l'aéroport d'Istanbul, avant son départ pour Bruxelles où va se tenir le sommet.

Les Etats-Unis sont dans la phase finale de leur retrait d'Afghanistan, tout comme les troupes de l'Otan, d'ici le 11 septembre - 20 ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

M. Erdogan a révélé que des responsables turcs avaient indiqué samedi à leurs homologues américains qu'Ankara était prêt à maintenir des troupes en Afghanistan, sans donner plus de détails.

Ils en sont "ravis et heureux. Nous allons pouvoir discuter du processus pour l'Afghanistan avec eux", a-t-il ajouté.

Selon des informations de presse, la Turquie serait prête à maintenir des troupes pour protéger l'aéroport de Kaboul, la principale voie de sortie pour les diplomates occidentaux et les travailleurs humanitaires.

Un responsable turc ayant souhaité rester anonyme n'a pas exclu un maintien des forces turques en Afghanistan "à partir du moment où certaines conditions, y compris légales et financières, sont remplies".

"Tout cela doit être discuté. Si la Turquie reste, elle le fera dans quel cadre: sous le parapluie de l'Otan ou selon des modalités bilatérales ? Et si (elle reste) sous les auspices de l'Otan, avec quel mandat ?", a-t-il dit.

Selon ce responsable, les pays occidentaux souhaitent que la Turquie maintienne des forces en Afghanistan et protège l'aéroport de Kaboul. "Mais pourquoi la Turquie doit-elle fournir de gros efforts si personne ne lui apporte du soutien? Ces questions doivent être clarifiées", a souligné le responsable.

Les talibans ont dit samedi que les forces étrangères ne devaient garder "aucun espoir" de maintenir une présence militaire en Afghanistan, et que la sécurité des ambassades et de l'aéroport serait de la responsabilité des Afghans.

M. Erdogan a également assuré que la Turquie voulait tourner une page dans ses relations avec l'administration Biden, alors que les relations entre les deux pays sont toujours tendues.

"Il y a eu des rumeurs ici et là. Nous devons les laisser derrière nous et discuter de ce que nous pouvons faire", a-t-il déclaré.

Mais la Turquie ne veut pas d'une approche américaine avec "des si et des mais", a-t-il souligné.

Les relations turco-américaines se sont détériorées depuis que Joe Biden a succédé en janvier à la Maison Blanche à Donald Trump, allié de M. Erdogan.

Le président Biden a notamment reconnu le génocide arménien sous l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, suscitant la colère d'Ankara.

"Cela nous a sérieusement attristés (...) La Turquie n'est pas un pays ordinaire. C'est un allié des Etats-Unis", a affirmé M. Erdogan.
(AFP, 13 juin 2021)

18 morts dans des tirs d'artillerie notamment sur un hôpital à Afrine

Au moins 18 personnes, dont 14 civils, ont été tuées samedi en Syrie dans des tirs d'artillerie sur la ville d'Afrine, où un hôpital a notamment été touché par les bombardements dans ce secteur tenu par des rebelles proturcs, a rapporté une ONG.

Un médecin, trois employées du personnel hospitalier, deux femmes et deux enfants au moins, mais aussi un commandant rebelle, figurent parmi les victimes des bombardements ayant touché l'hôpital al-Chifaa, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans une cour de l'hôpital, un correspondant de l'AFP a filmé des secouristes des casques blancs enjambant le sol jonché de décombres et entaché de sang pour évacuer des morts transportés sur des brancards.

Un nouveau bilan de l'Observatoire en soirée fait état de 18 morts et 23 blessés, après un bilan initial de 16 morts.

"Les tirs ont visé plusieurs quartiers de la ville et ont touché l'hôpital", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

"La majorité des victimes ont péri dans les bombardements sur l'hôpital", a précisé l'ONG dans un communiqué, soulignant que le bilan pourrait augmenter alors que parmi les blessés certains se trouvent dans un état critique.

Les tirs d'artillerie ont été effectués de territoires dans le nord de la province d'Alep "où sont déployées des milices fidèles à l'Iran et au régime, près de zones des forces kurdes", a indiqué l'OSDH.

Dans un communiqué, la principale coalition dominée par les Kurdes, les Forces démocratiques syriennes (FDS), a démenti toute implication dans ces tirs.

Située dans la province d'Alep, la région kurde d'Afrine avait été conquise en mars 2018 par des forces turques et leurs supplétifs syriens, qui en avaient délogé la principale milice des kurdes.

Le secteur, comme tous les territoires tenus par les rebelles proturcs, est également régulièrement secoué par des assassinats ciblés, des attentats ou des explosions.

Jeudi, dans le nord-ouest de la Syrie, au moins 12 personnes, dont des combattants, ont été tuées selon l'OSDH dans des bombardements du régime syrien sur la région d'Idleb, dernier grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

Déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations réclamant des réformes dans le sillage du printemps arabe, la guerre syrienne s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères, l'apparition de groupes jihadistes et la multiplication des belligérants sur le terrain.
(AFP, 12 juin 2021)


Erdogan reçoit le président du Kirghizstan après la disparition d'un opposant

Le président Recep Tayyip Erdogan a reçu mercredi en Turquie son homologue kirghize Sadyr Japarov en pleine polémique au Kirghizstan après la disparition d'un enseignant appartenant au mouvement d'un ennemi juré d'Ankara.

La visite de M. Japarov dans la capitale turque intervient au lendemain d'une manifestation à Bichkek qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes réclamant que la lumière soit faite sur le sort d'Orhan Inandi, un Kirghiz d'origine turque qui s'est volatilisé fin mai.

Son épouse soupçonne la Turquie de le retenir dans son ambassade à Bichkek après l'avoir enlevé en raison de son affiliation au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, un responsable religieux qui réside aux Etats-Unis et dont les partisans sont traqués par Ankara sur son territoire comme à l'étranger.

M. Erdogan, qui fut autrefois son allié, accuse M. Gülen d'être le chef d'un groupe "terroriste" qu'Ankara a baptisé "Fetö" et le désigne comme le cerveau d'une tentative de coup d'Etat qui l'a visé en 2016.

"Nous sommes tous deux d'accord sur le fait que Fetö représente une menace à la sécurité nationale de nos deux pays", a affirmé mercredi M. Erdogan lors d'une déclaration conjointe à la presse avec M. Japarov, à l'issue d'un entretien derrière portes closes à Ankara.

"Si Dieu le veut, nous surmonterons cette menace ensemble", a-t-il ajouté.

MM. Erdogan et Japarov n'ont pas évoqué le cas de l'enseignant disparu lors de leur allocution et n'ont pas pris de questions.

Les deux dirigeants ont insisté sur leur intention de resserrer les liens entre leurs pays, notamment sur le plan économique.

"Nous avons discuté des mesures à prendre pour développer nos relations économiques et porter notre volume commercial à un milliard de dollars", a ainsi déclaré le président kirghize, selon la traduction officielle en turc de ses propos.

Reste que la disparition de M. Inandi a plongé le Kirghizstan dans l'embarras.

Les écoles privées inspirées du mouvement de M. Gülen sont en effet considérées comme d'un niveau supérieur aux écoles publiques, mais la Turquie reste un partenaire important pour ce pays d'Asie centrale.

La police kirghize affirme avoir mobilisé d'importantes ressources pour localiser M. Inandi, dont la voiture a été retrouvée vide et avec la portière entrouverte.
(AFP, 9 juin 2021)

Syrie: six morts dans des manifestations à Minbej

Six personnes ont été tuées par des tirs de la police kurde locale à Minbej et ses environs, ville majoritairement arabe du nord de la Syrie, qui a connu deux jours de heurts et de manifestations contre la conscription obligatoire, a rapporté mercredi une ONG.

Les accrochages meurtriers ont secoué lundi et mardi Minbej et des villages environnants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), poussant les autorités locales à annoncer mercredi une suspension de la conscription.

Ces affrontements, dans une région majoritairement arabe mais avec une présence kurde, illustrent les limites de l'administration semi-autonome kurde face au mécontentement populaire, attisé par les difficultés économiques marquées par des pénuries de carburant et de matériaux de construction.

"Six manifestants ont été tués en 48 heures par des tirs des forces de sécurité (...) durant des manifestations organisées contre la conscription obligatoire", a indiqué l'Observatoire après avoir fourni un premier bilan de quatre morts.

La conscription dure environ un an et vient grossir les rangs d'une unité sous les ordres des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition militaire arabo-kurde, a expliqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

Après la mort lundi d'une première personne tuée par des tirs de la police kurde durant une manifestation dénonçant la conscription, la mobilisation a ensuite grossi. Des manifestants ont bloqué des routes et attaqué un barrage de contrôle, selon la même source.

Après une réunion des forces de sécurité avec des figures tribales locales, les responsables ont annoncé mercredi "l'arrêt" de la campagne de conscription à Minbej et ses environs pour soumettre le dossier "à l'étude et à la discussion", selon un communiqué publié par le Conseil militaire de Minbej, rattaché aux FDS.

Le texte annonce aussi la libération de manifestants arrêtés et la création d'une commission pour enquêter sur les violences des jours précédents.

Le Conseil militaire de Minbej avait dénoncé mardi soir des "attaques" contre des locaux des forces de l'ordre, pointant du doigt des acteurs cherchant à "pousser la région vers le chaos".

"Ces instances prennent pour prétexte l'enrôlement dans l'auto-défense (la conscription), mais ce devoir est en vigueur depuis sept ans sans aucun problème", a justifié le Conseil.

A la mi-mai, des manifestations contre une hausse des prix du carburant ont secoué des régions kurdes. L'observatoire avait fait état de deux morts dans de violentes échauffourées, avant que les autorités kurdes ne fassent marche arrière.

Les FDS, fer de lance de la lutte antijihadistes soutenues par les Occidentaux, contrôlent aujourd'hui de vastes pans de territoires dans l'Est et le Nord-Est de la Syrie.

Depuis fin 2019, des soldats du régime syrien sont stationnés à Minbej, à l'issu d'un accord entre le pouvoir de Bachar al-Assad et les Kurdes, acculés à l'époque par une offensive de la Turquie voisine.

"L'administration autonome (...) est en plein effondrement économique", a souligné sur Twitter l'expert sur la Syrie Nicholas Heras.

"Cela donnera à la Turquie, à Assad et ses alliés des opportunités pour défaire l'administration (...). Cela va accélérer l'instabilité. De nombreux Minbej se profilent à l'horizon", a-t-il ajouté.
(AFP, 2 juin 2021)

Erdogan appelle l'Egypte et les pays du Golfe à un partenariat "gagnant-gagnant"

La Turquie souhaite avec l'Egypte et les pays du Golfe un partenariat "gagnant-gagnant", a déclaré mardi le président Recep Tayyip Erdogan, au moment où Ankara cherche à normaliser ses relations avec ses rivaux régionaux.

"Nous voulons exploiter au mieux les opportunités de coopération avec l'Egypte et améliorer nos relations selon le principe +gagnant-gagnant+", a déclaré M. Erdogan lors d'un entretien à la chaîne de télévision étatique turque TRT.

"Cela est valable également pour les pays du Golfe", a ajouté M. Erdogan, en référence à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis avec lesquels la Turquie entretient des relations tendues.

Après plusieurs années de crise diplomatique, la Turquie a lancé une offensive de charme pour réparer ses relations avec ces trois pays, à commencer par l'Egypte.

Les rapports entre Ankara et Le Caire ont été quasiment rompus après la destitution en 2013 du premier président démocratiquement élu d'Egypte Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la Turquie.

Début mai, une importante délégation turque s'est rendue au Caire pour y mener les discussions au plus haut niveau entre les deux pays depuis 2013.

"Je connais très bien et j'aime le peuple égyptien. Nos relations culturelles sont très fortes", a insisté mardi M. Erdogan.

Les gestes d'ouverture de la Turquie interviennent alors qu'elle cherche à sortir de son isolement diplomatique en Méditerranée orientale, où la découverte d'importants gisements de gaz naturel ces dernières années a donné lieu à un partage entre les pays riverains dont Ankara se sent exclu.

Cette amorce de dégel entre Ankara et Le Caire coïncide aussi avec un apaisement en cours entre l'Egypte et le Qatar, principal allié de la Turquie dans la région.

Mais le chemin vers une réconciliation entre la Turquie et ses rivaux du monde arabe ne semble pas évident, tant la liste des dossiers qui empoisonnent leurs relations est longue.

Ces pays se sont notamment opposés dans le récent conflit en Libye, où Ankara a appuyé militairement le gouvernement de Tripoli combattu par une faction soutenue par l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite.

Les relations entre Ankara et Ryad restent également plombées par l'assassinat en 2018 de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul. (AFP, 1 juin 2021)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Ankara mis en garde avant l'anniversaire de l'invasion de Chypre

L'Union européenne a averti vendredi Recep Tayyip Erdogan qu'elle refusait toute solution à deux Etats pour Chypre, avant un déplacement du président turc sur l'île le 20 juillet pour l'anniversaire de l'opération militaire Attila qui a conduit à sa partition.

"Jamais nous n'accepterons une solution a deux Etats. Je l'ai dit au président Erdogan lors de notre dernier entretien téléphonique et nous allons observer avec attention le déroulement de sa visite à Chypre le 20 juillet", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.

Le président du Conseil européen Charles Michel a également martelé cette position.

"La relation avec la Turquie s'est améliorée. Nous avons constaté une désescalade, mais peu de progrès ont été réalisés concernant Chypre et cela est décevant", a commenté Mme von der Leyen.

Les dirigeants européens ont invité Recep Tayyip Erdogan à lever les derniers obstacles pour renouer les relations après une année de fortes tensions.

"L'Etat de droit et les droits fondamentaux en Turquie restent une préoccupation majeure", ont-ils estimé dans les conclusions adoptées jeudi soir lors de leur dernier sommet avant la pause de l'été.

Ils ont insisté sur leur attachement à "un règlement global du problème chypriote sur la base d'une fédération bicommunautaire avec des droits politiques égaux, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies".

L'île méditerranéenne est divisée depuis que son tiers-nord a été envahi en 1974 par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce. Les négociations sur une réunification de l'île sont au point mort depuis 2017.

Ankara a exprimé vendredi sa déception. "Les conclusions (du sommet européen) concernant la Turquie sont éloignées des mesures attendues et nécessaires", a souligné le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les relations entre la Turquie et l'UE se sont fortement dégradées depuis 2016, notamment en raison de la répression implacable du président Erdogan contre toute forme de contestation après une tentative de putsch.

Les missions d'exploration gazière menées par Ankara dans les eaux grecques et chypriotes en Méditerranée orientale, la présence de militaires turcs en Libye et le rapprochement entre la Turquie et la Russie ont aussi ajouté à ces tensions.
(AFP, 25 juin 2021)

Un patrouilleur grec "harcelé" par un bateau turc

Les garde-côtes grecs ont déclaré dimanche qu'un de leurs patrouilleurs chargés en Mer Egée de repérer les migrants avait été légèrement touché par un patrouilleur turc qui le "harcelait", à la veille d'une rencontre à Bruxelles entre les deux pays.

"Tôt dimanche, à l'est de l'île de Lesbos, un patrouilleur des garde-côtes turcs a harcelé un patrouilleur des garde-côtes de Lesbos, causant des dommages légers", a déclaré le service des garde-côtes grecs dans un communiqué, ajoutant que personne n'avait été blessé.

Ce genre de confrontation se produit souvent au cours des patrouilles dans la mer Egée pour repérer les migrants tentant de traverser pour arriver sur l'île grecque de Lesbos.

Athènes avait accusé en avril la Turquie de "provoquer une escalade" dans cette zone avec des manoeuvres "dangereuses" et une assistance illégale aux bateaux de migrants.

La Grèce demande constamment à la Turquie de respecter les accords passés avec l'Union européenne et de mieux surveiller ses côtes pour empêcher les départs, et de reprendre les centaines de demandeurs d'asile - actuellement près de 1.500 - à qui celui-ci a été refusé après examen de leur dossier.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis doit rencontrer lundi à Bruxelles le président turc Recep Tayip Erdogan, en marge d'un sommet de l'Otan.
(AFP, 13 juin 2021)

Réouverture des points de passage entre les deux parties de l'île divisée

Les points de passage entre les parties nord et sud de Chypre divisée ont rouvert vendredi, permettant aux habitants de part et d'autre de la zone tampon contrôlée par l'ONU de se retrouver après plus d'un an de fermeture pour cause de pandémie.

L'île méditerranéenne est divisée depuis que son tiers-nord a été envahi en 1974 par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce.

Les neuf points de passage à travers l'île ont rouvert sans fanfare dans la matinée, après plusieurs semaines de discussions impliquant Chypriotes-grecs, Chypriotes-turcs et l'ONU, afin de permettre de nouveau la circulation entre les deux côtés.

"C'est une bonne étape pour que les deux communautés se rapprochent après un an et demi sans pouvoir se voir", a affirmé Pentaliotis Panayiotis, 35 ans, l'un des premiers Chypriotes-grecs à franchir le point de passage de la rue Ledra, en plein centre de Nicosie, dernière capitale divisée au monde, pour se rendre dans le nord de l'île.

"Notre objectif n'est pas seulement d'ouvrir les points de passage mais d'avoir une solution globale qui n'inclue pas de frontière au sein de notre pays", a-t-il toutefois souligné.

Les négociations sur une réunification de l'île sont au point mort depuis 2017 et une rencontre sous l'égide de l'ONU à Genève fin avril n'est pas parvenue à les relancer.

La décision de rouvrir les points de passage a été prise à la suite d'un accord sur des mesures sanitaires harmonisées entre les deux parties, confirmé par les dirigeants chypriote-grec, Nicos Anastasiades, et chypriote-turc, Ersin Tatar, avait annoncé dans la semaine l'ONU.

- "Construire la confiance" -

Un comité technique mixte se réunira toutes les deux semaines pour évaluer la situation sanitaire à l'aide d'un code couleur.

Le vert indique qu'il n'y a aucune restriction à la circulation, le orange signale qu'il faut présenter un test PCR ou antigénique négatif de moins de sept jours et le rouge signifie que les points de passage sont fermés au grand public.

Vendredi, la catégorie orange était en application.

"Les mesures seront appliquées à toutes les catégories de personnes et aux ressortissantes de pays tiers", a souligné la mission de l'ONU dans un communiqué, estimant que "la libre-circulation facilitera les contacts entre les gens, construira la confiance et aura un impact socio-économique positif".

En temps normal, plusieurs milliers de personnes franchissent quotidiennement les points de passage pour aller travailler, étudier ou se faire soigner.

"Je ne pouvais plus voir mon petit ami et j'avais des problèmes de visa (...) maintenant que c'est ouvert je suis si heureuse", a déclaré à l'AFP Rozhan Amiri, étudiante iranienne de 19 ans.

La République de Chypre, qui exerce son autorité sur la partie sud de l'île, a enregistré 72.626 cas d'infection au Covid-19, incluant 362 décès. Elle avait fermé quatre points de passage fin février 2020 pour la première fois depuis leur ouverture en 2003.

Les cinq autres avaient été fermés le 10 mars après le premier cas recensé en République turque de Chypre du Nord (RTCN, autoproclamée et uniquement reconnue par Ankara), où 7.375 cas ont été enregistrés, dont 33 décès.

Certaines restrictions à la circulation avaient été progressivement levées notamment pour les Chypriotes-turcs étudiant dans la partie sud de l'île.
(AFP, 4 juin 2021)

Le ministre turc des Affaires étrangères rend une visite controversée en Grèce

C'est par un tweet laconique que le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a annoncé dimanche une visite privée à la minorité musulmane de Grèce en Thrace, avant sa rencontre lundi avec le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis : «En Grèce pour rencontrer des membres de la minorité turque de Thrace occidentale et discuter de nos relations bilatérales».

Posté dès son atterrissage à l'aéroport d'Alexandroupolis, le tweet soulève l'épineuse question de la désignation de cette minorité de la Thrace occidentale, qui compte jusqu'à 150.000 musulmans. Le traité de Lausanne de 1923 leur avait accordé le statut de minorité à la fin d'une guerre entre la Turquie et la Grèce, qui a sonné le glas de l'empire ottoman.

M. Cavusoglu avait soulevé la même question mi-avril lors d'une passe d'armes sur un large éventail de sujets avec son homologue grec, Nikos Dendias, au cours d'une conférence de presse houleuse à Ankara. «Vous ne permettez pas à la minorité turque de s'appeler turque. Vous les appelez musulmans», avait objecté M. Cavusoglu. «S'ils se disent turcs, ils sont turcs - vous devez le reconnaître», avait-il ajouté à l'intention de M. Dendias, qui avait de son côté relayé le profond mécontentement de la Grèce face à la transformation par la Turquie, l'an dernier, de la cathédrale Sainte-Sophie de musée en mosquée.

Le ministre turc des Affaires étrangères est attendu à Athènes dimanche après-midi et sera reçu lundi par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, et son homologue, Nikos Dendias, dans un effort pour maintenir le dialogue après une détérioration des relations entre les deux pays.
(AFP, 30 mai 2021)

Immigration / Migration

Mohamed El Baroudi,  défenseur de tous les peuples opprimés

Mohamed El Baroudi, notre camarade marocain, nous a quittés il y a 14 ans, le 21 juin 2007. Exilé en Belgique à partir de 1966, il a accompagné l’immigration marocaine pendant plus de quatre décennies, en œuvrant au sein de différentes associations afin de soutenir les travailleurs marocains à l’alphabétisation et à la citoyenneté et de revendiquer les droits égaux pour tous les citoyens d'origine étrangère en Belgique. Nous avons l'honneur d'avoir partagé la même lutte avec ce grand humaniste de combat.

Echappé en 1963 à un coup de filet organisé par le pouvoir marocain avec l'intention d'éliminer tout ce qui était d'opposition radicale à son régime, il est envoyé par son parti l'Union nationale des forces populaires en France pour s'occuper des immigrés marocains. Il se rend ensuite en Algérie, puis en Belgique en 1966. Il y devient professeur de langue et culture arabe dans un lycée. Il aide par ailleurs les immigrés marocains à s'intégrer en Belgique, notamment en fondant des associations pour l’apprentissage de la langue. Il s'investit également dans la défense des droits des travailleurs marocains. C'est un militant humaniste, démocrate engagé de gauche, qui prône la laïcité, et une relecture critique des textes fondateurs religieux de l'Islam, mettant en question la Charia et la légitimité de l’État islamique. Il œuvre également pour une démocratisation du Maroc et se préoccupe de l'égalité homme-femme.

Il a toujours été solidaire avec la lutte des exilés arméniens, assyriens, kurdes et turcs en provenance de Turquie.

Malgré son état de santé, il avait participé le 13 mars 2006 au colloque organisé à l'Hôtel de Ville de Bruxelles sous le parrainage de Julos Beaucarne par le Collectif 1971 (l'Association des Arméniens démocrates de Belgique, les Associations des Assyriens de Belgique, la Fondation Info-Türk et l'Institut kurde de Bruxelles): "L'impact des régimes répressifs sur l'exode massif vers les pays européens".

Le sénateur Josy Dubie, président du colloque, a présenté El Baroudi en ces termes: "Je vais à présent donner la parole à Monsieur Mohamed El Baroudi, exilé marocain qui a quitté son pays, le Maroc, pendant les années de plomb où des milliers et des milliers de Marocains ont souffert, ont été torturés, beaucoup ont disparu. Il est en Belgique depuis des années et des années et il est pour beaucoup de Marocains un exemple de résistance pour la démocratie et les droits de l’Homme dans son pays."

Quant à Mohamed, il a conclu son intervention avec cet appel: "Je crois que nous sommes appelés tous, progressistes et démocrates turcs et marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous adresser ensemble à l’opinion publique ici dans ce pays devant la mondialisation galopante qui ne comprend que le gain et le profit. Nous, nous,  voulons davantage de droits de l’Homme, davantage de libertés et davantage de progrès."

A cette occasion douloureuse, pour honorer la mémoire de cet exilé politique insoumis, nous tenons à reproduire le texte complet de son intervention lors du colloque du 13 mars 2006.

INTERVENTION DE MOHAMED EL BAROUDI

Mesdames et Messieurs, Chers Amis, malgré la situation de santé qui n'est pas très bien, j'ai tenu à être présent à cette rencontre. D'abord pour saluer les participants et ensuite pour marquer ma solidarité de toujours avec la lutte du peuple turc et avec les organisateurs qui en font partie intégrante, je veux parler d'lnfo-Türk, de l'Institut Kurde de Bruxelles, des Associations des Assyriens de Belgique et l'Association des Arméniens de Belgique.

C'est aussi pour évoquer, dans cette brève intervention, des souvenirs auxquels je reste attaché: les souvenirs du début de l'immigration marocaine et turque dans les années soixante. Quand nous nous sommes trouvés quelques-uns, Marocains ou Turcs, au sein des deux syndicats: FGTB et CSC pour assurer l'accueil et l'orientation pour l'installation des primo-arrivants ici. Ils sont arrivés sans aucune préparation, aucune structure d'accueil n'a été prévue, ni par l'état d'accueil, ni par l'état d'exportation, d'envoi. Parce qu'il s'agit d'exportation.

Nous nous sommes trouvés quelques-uns. Nous étions, moi j'étais du côté de la FGTB, pour d'abord accueillir ces gens, qui n'avaient, qui ne savaient rien de cette Belgique. Il y en a qui parlaient un peu, un tout petit peu de français. Il y en a qui ne parlaient pas le français, pas du tout.

Alors, à partir de cette action d'accueil, nous avons pu créer les premiers noyaux d'organisations de travailleurs marocains et turcs, à l'intérieur des deux syndicats. Et c'était grâce au soutien et à la solidarité des associations, des groupes et du courant de travailleurs immigrés de l'ensemble de l'Europe. Je veux parler des Espagnols qui étaient bien avant nous, des Italiens, des Grecs, des Portugais, des Français aussi. Et c'est cette aide qui nous a donné la force et la protection contre les groupes envoyés, pour nous moucharder et pour nous intimider, des autorités marocaines qui s'appellent les Amicales des Travailleurs et Commerçants Marocains en Europe et du côté turc, il y avait les sinistres Loups Gris qui étaient là pour intimider, agresser et moucharder les 13 travailleurs Turcs et leur famille. Et c'est grâce à cette solidarité que nous avons pu faire face à ces deux fléaux qui continuent toujours, sous d'autres formes, bien sûr. Cette solidarité au sein des syndicats et avec les groupes organisés des travailleurs migrants européens nous a permis d'obtenir des droits à l'intérieur du monde du travail. Déjà dans les années 70, nous sommes devenus délégués à tous les échelons du travail syndical. Nous avons obtenu nos droits de vote social et nos droits de vote politique. Cela a traîné, jusqu'à cette année où on a finalement accepté d'accorder le droit de vote pour les élections comme dans les années 70, nous avions obtenu le droit de vote syndical, le droit de vote social.

Cette phase qui a duré depuis l'arrivée jusqu'au début des années 81, je peux l'appeler la phase syndicale de l'accueil des travailleurs migrants turcs et marocains.

Suite à ça, nous sommes passés à la phase que j'appellerais politique ou partisane où ce sont les partis politiques qui se sont occupés du devenir de cette immigration et de sa deuxième et troisième génération.

Nous nous sommes trouvés ici dans les années 60, travailleurs, exilés, suite à ce qui s'est passé dans notre pays. Notre pays, comme vous le savez, était colonisé par la France et par l'Espagne, les deux à la fois depuis le début du siècle dernier jusqu'en 1956. Le peuple marocain a résisté pendant toute la durée de l'occupation contre la présence étrangère dans notre pays, mais toujours avec l'espoir de voir les Marocains, le peuple marocain et ses différentes couches bénéficier des biens de leur pays. Hors, après l'indépendance, étant donné d'une part, les faiblesses de la direction de la résistance et d'autre part, les jeux du colonialisme, c'est la droite, c'est la réaction qui a récupéré les rênes du pouvoir donc les rênes du pays.

Au bout de 2 ans, les Marocains ont senti que rien n'avait changé, après 2 ans d'indépendance: de 56 à 58. C'était le début des révoltes, des révoltes populaires pour protester contre la privation et contre l'accaparement des biens du pays par une petite minorité de gens soutenus par leur police, par leur armée et par leur administration héritée du colonialisme. Donc, c'est à partir de 58 que les soulèvements allaient se succéder pour donner des phases et des contingents successifs de travailleurs migrants et avec eux, dans leurs valises, des exilés politiques.

Moi, j'appartiens à cette génération de 63 qui a pu échapper à un coup de filet organisé par le pouvoir marocain avec l'intention d'éliminer tout ce qui était d'opposition radicale à son régime.

Aujourd'hui, on essaie de faire montrer à l'Europe que les choses ont changé après la disparition du roi Hassan Il et la succession au trône de son fils. Il y a des choses qui ont changé. Il y a la personne qui a changé. Il y a le style. Mais au fond, nous restons toujours un pays qui a besoin de travail pour ses enfants, qui a besoin d'écoles pour ses enfants, qui a besoin d'hôpitaux pour les gens, un pays qui a besoin de la liberté. C'est toujours la presse qui est présentée aux tribunes du pouvoir. Un pays qui a besoin de reconnaître le droit aux minorités. Les Sahraouis sont toujours jetés dans le désert parce qu'ils ont revendiqué le droit à l'autodétermination. De la même manière que les Kurdes, que d'autres minorités demandent leur autodétermination en Turquie.

Donc, je peux dire, de ma part, s'il y a des apparences qui ont changé, s'il y a un style qui a remplacé l'ancien, le fond reste le même et on cherche à miroiter ça à l'Europe pour y accéder. Parce que le Maroc était toujours à la traîne de la politique turque, mais si la Turquie est candidate à l'Europe, le second candidat après elle, c'est le Maroc. Alors, je crois que nous sommes appelés tous, progressistes et démocrates turcs et marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous adresser ensemble à l'opinion publique ici dans ce pays devant la mondialisation galopante qui ne comprend que le gain et le profit. Nous, nous, voulons davantage de droits de l'Homme, davantage de libertés et davantage de progrès. Merci pour votre attention.

Les autres intervenants de ce colloque: Henri Simons (Premier Echevin et Echevin de la Culture de la Ville de Bruxelles),

Anne Morelli (Professeur à I'ULB), Derwich Ferho (Président de l'Institut Kurde de Bruxelles), David Cussato (Directeur de la Maison de l'Amérique Latine/SEUL), Florida Mukeshimana Ngulinzira (Exilée rwandaise), Jean Sirapian (Président de l'Institut Tchobanian en France), Hugo Van Rompaey (Sénateur honoraire CD&V), Adelheid Byttebier (Membre du Parlement Bruxellois - Groen!), Nahro Beth-Kinne (Animateur de la Radio "Voix des Assyriens"), Dogan Özgüden (Président de la Fondation lnfo-Türk), Jan Béghin (Membre du Parlement Bruxellois SP.a-Spirit).

Les textes complets de toutes les interventions sont accessibles en pdf:

https://www.info-turk.be/Colloque%20finale.pdf

HOMMAGE DE DOGAN ÖZGÜDEN A EL BAROUDI

Une cérémonie d'adieu pour Mohamed El Baroudi a eu lieu le mercredi 27 juin 2007 au Musée Charlier à Saint-Josse-ten-Noode en présence de sa famille, ses amis et camarades ainsi que plusieurs personnalités. L'inhumation s'est déroulée plus tard au Cimetière de Saint-Josse.

Lors de la cérémonie, Dogan Özgüden, président de la Fondation Info-Türk, a rendu hommage à Mohamed El Baroudi par l'intervention suivante:

Mohamed, notre camarade, notre frère... Il est quantième exilé politique que nous enterrons loin de sa terre natale?C'est comme deux grands créateurs et révolutionnaires de mon pays d'origine, le cinéaste Yilmaz Güney qui se repose au Père-Lachaise à Paris ou le poète Nazim Hikmet au Novodievitchi à Moscou, après des années d'emprisonnement et de tourmente dans leur pays d'origine.

"C'est un dur métier que l'Exil", disait Nazim Hikmet.

Nous, exilés arméniens, assyriens, kurdes et turcs en Belgique, nous avons vécu et partagé cette amertume, tissée de nostalgie, d'incompréhension, d'oubli, de trahison, mais surtout de luttes pour causes justes, avec les camarades exceptionnels dont Si Mohamed El Baroudi.

Les années 60...70... Les années glorieuses de luttes pour la reconnaissance des droits socio-culturels et politiques pour toutes et tous. L'époque de luttes contre les régimes fascistes de Lisbonne, de Madrid, d'Athènes, de Rabat et d'Ankara.

Mohamed était, non seulement, un militant infatigable, mais également un des initiateurs de ces luttes communes des tous les défenseurs des droits de l'Homme... Belges ou immigrés. Il était aussi un des pionniers des initiatives de formation des immigrés.

A vrai dire, après la chute des régimes fascistes en Espagne, en Grèce et au Portugal, nous, exilés politiques issus de Maroc et de Turquie, nous nous sommes trouvés dans une solitude qui dure toujours.

Oui, nous avons partagé cette amertume à chaque instant avec Mohamed.

Quand les marcheurs kurdes pour la liberté sont attaqués par les Loups gris fascistes turcs, quand les locaux kurdes sont incendiés par les mêmes bandes et  quand la campagne négationniste se déclenche à l'égard de génocide des Arméniens, Mohamed était un des premiers qui se manifestent solidaires avec les victimes.

Il y a deux ans, malgré son état de santé détérioré, Mohamed a participé à un colloque organisé par l'Association des Arméniens démocrates de Belgique, les Associations des Assyriens de Belgique, la Fondation Info-Türk et l'Institut kurde de Bruxelles. Là, nous avons martelé une fois de plus l'impact des régimes répressifs sur l'exode massif vers les pays européens et attiré l'attention sur les menaces qui pèsent sur la vie démocratique en Belgique.

Dans sa conclusion, Mohamed disait:

"Je crois que nous sommes appelés tous, progressistes et démocrates turcs et marocains, à nous voir bientôt pour pouvoir nous adresser ensemble à l’opinion publique ici dans ce pays devant la mondialisation galopante qui ne comprend que le gain et le profit. Nous, nous,   voulons davantage de droits de l’Homme, davantage de libertés et davantage de progrès."

Nous y sommes et nous y serons toujours...

Au revoir kardas…

Au revoir camarade..

Neutralité: Olivier Maingain propose un débat au Parlement bruxellois

L’ancien président de Défi ouvre la voie à la discussion, « en commençant par les principes ». Mais martèle : « Entre partis de la majorité, il n’y avait pas d’accord pour changer la règle. Ce qu’a fait Ecolo, c’est un coup de poignard. »

La question du port ostentatoire de signes convictionnels dans la fonction publique régionale ne figure pas dans l’accord de majorité bruxellois. En renonçant à s’entendre sur cette question, bien présente dans la campagne électorale, les six partis (PS, Ecolo, Défi, Groen, Open VLD et Vooruit) ont-ils créé les conditions de la crise gouvernementale actuelle ? Olivier Maingain, à l’époque président amarante et négociateur, livre sa version.

N’aurait-il pas été plus sage de s’entendre en 2019 ?

Soyons clairs : il n’y avait pas d’accord pour changer la règle existante, à savoir le principe, repris dans le statut de la fonction publique, fédérale ou régionale, de l’interdiction de port ostentatoire de signes convictionnels. Cela vaut quelle que soit la fonction qu’on assume. Le parti Ecolo a fait valoir qu’il souhaitait que la règle soit adaptée mais n’en a pas fait une exigence ni un point de rupture entre partenaires. De notre côté, mais aussi du côté socialiste, Laurette Onkelinx étant à la table, on a dit très rapidement que nous n’acceptions pas que l’on modifie cette règle.

Et donc ?

Rien ne changera ! C’est le principe d’un accord politique : quand il n’y a pas d’accord politique pour changer une règle, la règle demeure. Exemple, au fédéral : il n’y a pas d’accord pour changer la loi sur la compétitivité, elle demeure. Et il n’y a pas lieu de confirmer qu’elle s’applique puisqu’on ne la modifie pas. Je n’accepte donc pas l’argument selon lequel une espèce de vide politique ou de vide juridique aurait été créé en Région bruxelloise sur cette question.

 Vous en voulez à Ecolo et Groen d’avoir trahi (l’esprit de) l’accord de gouvernement ?

Ah oui totalement. Comme l’a dit Laurette Onkelinx, c’est un coup de poignard, ça ne se fait pas, ce n’est pas ma conception de la loyauté dans l’exécution et le respect des accords politiques. On ne m’a jamais pris en défaut de respecter des accords politiques. Cela fait partie de l’honneur des responsables politiques, celui d’assumer un accord. Très clairement, Ecolo a mis le feu aux poudres de manière assez irresponsable et peu respectueuse de l’esprit de notre entente au sein de la majorité.

Ecolo mais aussi Groen…

Oui, et après ça certains socialistes se sont engouffrés de manière calculée aussi, c’est tout aussi condamnable. J’ose croire que le ministre-président et les membres du gouvernement vont entendre un discours de pondération, de réserve et ne pas se laisser entraîner dans une logique de précipitation et de changement de la règle. Nous ne l’accepterions pas. Si, demain, on nous dit qu’il faut toutes affaires cessantes imposer un autre règlement de travail à la Stib, et a fortiori à toute la fonction publique régionale, là nous allons avoir un vrai problème de gouvernement.

Il y a de l’électoralisme derrière tout cela ?

Si Ecolo a voulu faire un coup pour prendre une sorte de leadership au regard d’un public électoral en ne respectant pas l’accord de majorité, en menaçant la stabilité des institutions, en empêchant le fonctionnement normal de la Justice, ce n’est pas très digne d’un parti qui parlait pourtant de bonne gouvernance.
(Le Soir, 11 juin 2021)

Tuna Altinel de retour en France après avoir été bloqué 2 ans en Turquie

Le mathématicien turc Tuna Altinel, enseignant à Lyon, est rentré vendredi en France après deux ans de "combat" en Turquie pour récupérer son passeport, qui lui avait été confisqué, a constaté une journaliste de l'AFP.

Tuna Altinel a été accueilli à son arrivée à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry sous les applaudissements de son comité de soutien, où figurait le député et mathématicien Cédric Villani, le président de l'université Lyon-I Frédéric Fleury, ainsi que Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne, ville qui l'a fait citoyen d'honneur.

"J'ai passé deux ans dans diverses sortes de rétention, juste parce que j'avais participé à une soirée légale, publique, sur les revendications d'un peuple, en l'occurrence du peuple kurde. C'est la raison pour laquelle le consulat de Turquie m'a dénoncé", a rappelé l'universitaire devant des journalistes.

"Il y a des centaines, des milliers de Tuna Altinel qui n'ont pas de comité de soutien. Le combat n'est donc pas terminé", a-t-il ajouté.

Arrêté en mai 2019 et emprisonné en Turquie pour "terrorisme", puis acquitté, Tuna Altinel était empêché de rentrer en France à cause du refus des autorités turques, réitéré à plusieurs reprises, de lui rendre son passeport.

Après des recours, ce maître de conférences à l'Université Claude-Bernard à Lyon pu récupérer fin mai son document de voyage. Mais "mon combat personnel n'est pas terminé car la décision du tribunal administratif est en appel", a précisé M. Altinel, qui s'attend à ce que sa "vie en France se transforme en vie d'exilé".

L'universitaire vit en France depuis 25 ans.

Pour Cédric Villani, la situation de M. Altinel est une "ironie tragique", pour un "mathématicien habitué au raisonnement clair et logique et qui se retrouve confronté à l'absurde et à l'arbitraire".

Il a dit souhaiter que le mathématicien "reprenne sa place qui est la sienne auprès de ses collègues lyonnais".

M. Altinel a remercié l'université Lyon-I de l'avoir soutenu, notamment en "ne lui coupant pas" son salaire. Il a souligné "l'importance de l'université publique en France alors qu'en Turquie, le corps universitaire est en train d'être démantelé".
(AFP, 11 juin 2021)

Vaste traque à l'étranger des membres présumés du groupe Gülen

Depuis le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan en 2016, la Turquie traque les partisans présumés du réseau de Fethullah Gülen à l'étranger et affirme avoir "rapatrié" plusieurs dizaines de personnes, quitte à susciter des remous.

Un Kirghiz d'origine turque, Orhan Inandi, s'est ainsi volatilisé fin mai, son épouse soupçonnant la Turquie de le retenir dans son ambassade à Bichkek après l'avoir enlevé en raison de son affiliation au mouvement du prédicateur Gülen.

M. Erdogan accuse M. Gülen, qui réside aux Etats-Unis, d'être le chef d'un groupe "terroriste" nommé "Fetö" par Ankara et le désigne comme le cerveau de la tentative de coup d'Etat de 2016.

Fethullah Gülen nie tout lien avec la tentative de putsch et affirme être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives et d'entreprises.

Ankara fait aussi pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans, d'Asie centrale et d'Afrique pour qu'ils ferment les écoles liées au mouvement "guléniste".

- Disparition au Kirghizstan -

Orhan Inandi, un éducateur ayant fondé un réseau d'écoles inspirées par les enseignements de M. Gülen, disparaît fin mai.

La police, qui a annoncé avoir déployé plus de 1.000 personnes pour retrouver sa trace, dit avoir découvert sa voiture garée près de son domicile, vide et avec la portière entrouverte.

Le président Erdogan a reçu mercredi en Turquie son homologue kirghiz Sadyr Japarov. La veille plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Bichkek pour réclamer que lumière soit faite.

- Enlèvement au Kenya -

Fin mai 2021, l'agence de presse étatique Anadolu affirme que le neveu du prédicateur, Selahaddin Gülen, a été rapatrié par des agents des renseignements turcs, son épouse affirmant qu'il a été "capturé" au Kenya.

Selahaddin Gülen a été vu pour la dernière fois le 3 mai au commissariat central de Nairobi, selon un document déposé en référé devant le tribunal, deux jours plus tard, par l'un de ses avocats.

En mars, la justice kényane avait interdit l'extradition vers la Turquie de Selahaddin Gülen qui possède le statut de demandeur d'asile.

Déjà en 1999, le Kenya avait été le théâtre d'une spectaculaire opération des services turcs qui y avaient arrêté le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.

- Ouzbékistan -

En février 2021, deux partisans présumés de M. Gülen, Urbuz Sevilay et Tamer Avci, sont ramenés en Turquie par les services secrets turcs après avoir été capturés en Ouzbékistan, selon l'agence Anadolu.

Outre ses liens avec les réseaux du prédicateur, Urbuz Sevilay est accusé par Ankara d'avoir participé "à la fourniture d'armes" à des miliciens affiliées aux rebelles kurdes du PKK en Syrie et en Irak, selon la même source.

- La Moldavie condamnée -

En juin 2019, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) condamne la Moldavie pour l'extradition de cinq ressortissants turcs à la demande d'Ankara en raison de leurs liens présumés avec le mouvement Gülen.

Les cinq enseignants avaient déposé en 2018 une demande d'asile, craignant d'être la cible de représailles en Turquie du fait de leurs opinions politiques.

- Tentative d'enlèvement en Mongolie -

Fin juillet 2018, la Mongolie empêche le décollage d'un avion soupçonné d'appartenir à l'armée de l'air turque, après une tentative d'enlèvement sur son sol d'un homme lié au mouvement Gülen. Selon plusieurs amis et témoins, au moins cinq hommes ont kidnappé Veysel Akcay dans sa demeure à Oulan-Bator.

Ankara nie toute tentative d'enlèvement du directeur d'école turc.

- Gabon -

En avril 2018, trois partisans présumés de Fethullah Gülen sont ramenés en Turquie depuis Libreville à bord d'un avion privé par les services secrets turcs.

Les trois hommes, qui travaillaient pour l'école internationale La Lumière à Libreville, ont été expulsés avec leurs familles, selon leurs avocats qui dénombrent au total 13 personnes transférées en Turquie.

- Crise politique au Kosovo -

En mars 2018, six Turcs, cinq professeurs d'une école turque à Pristina et un médecin, présentés comme des adeptes du mouvement Gülen, sont ramenés en Turquie à bord d'un avion privé après avoir été interpellés lors d'une opération commune des services de sécurité des deux pays.

L'enlèvement provoque une crise politique et conduit au limogeage du ministre de l'Intérieur et du chef du renseignement.

- Opération conjointe au Soudan -

En novembre 2017, les services de renseignement turcs rapatrient en Turquie un homme d'affaires accusé d'être un financier du réseau Gülen après l'avoir capturé au Soudan.

Memduh Cikmaz, présenté comme l'un des principaux "argentiers" de la mouvance Gülen, a été arrêté lors d'une opération conjointe des services secrets turcs (MIT) et soudanais (NISS), selon Anadolu.
(AFP, 10 juin 2021)

Manifestation au Kirghizstan après la disparition d'un éducateur lié au prédicateur Gülen

Des centaines de manifestants ont protesté mardi au Kirghizstan face à la disparition suspecte d'un éducateur ayant fondé un réseau d'écoles inspirées par les enseignements du prédicateur Fetullah Gülen, ennemi juré du président turc Recep Tayyip Erdogan.

La plupart des protestataires rassemblés devant le siège du gouvernement sont d'anciens élèves de ce réseau d'écoles fondé par Orhan Inandi, Kirghiz d'origine turque.

"Le principal est (d'espérer) qu'il soit encore en vie", a déclaré à l'AFP l'une des manifestantes, Zarina Sydykbekova, 39 ans, qui craint qu'il ne soit retenu par la Turquie dans son ambassade, une accusation déjà lancée la semaine dernière par sa femme.

La police, qui a annoncé avoir déployé plus de 1.000 personnes pour retrouver la trace d'Orhan Inandi depuis sa disparition fin mai, a dit avoir découvert sa voiture garée près de son domicile, vide et avec la portière entrouverte.

L'avocate de la famille Inandi, Taalaïgoul Toktakounova, a précisé à l'AFP que son client possède la citoyenneté kirghize depuis 2012 et était arrivé dans le pays dans les années 1990 pour fonder les écoles.

La Turquie a arrêté ces dernières années des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec Fethullah Gülen, un prédicateur musulman basé aux Etats-Unis et accusé d'avoir orchestré un coup d'Etat contre le président Erdogan en 2016.

Fethullah Gülen dément tout lien avec la tentative de coup d'Etat de 2016 et affirme être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives et d'entreprises.

Le conflit entre M. Erdogan et le prédicateur Gülen met le Kirghizstan dans l'embarras : les écoles privées inspirées de son mouvement sont considérées comme d'un niveau supérieur aux écoles publiques mais la Turquie reste un partenaire important pour ce pays d'Asie centrale.

Lors d'une visite dans en 2018, M. Erdogan a juré de "secourir le Kirghizstan" du mouvement de Fethullah Gülen.

Le président kirghize Sadyr Japarov doit entamer une visite en Turquie mercredi.
(AFP, 9 juin 2021)

Au Kenya, mystère autour de l'enlèvement d'un membre de la famille Gülen


Comment un citoyen étranger a-t-il pu disparaître du siège de la police kényane et se retrouver détenu en Turquie, malgré une décision de justice interdisant son extradition ?

Une semaine après la divulgation du retour forcé dans son pays de Selahaddin Gülen, dont l'oncle est la bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan, le Kenya reste mutique sur cet incident et sur le rôle qu'il a pu y jouer.

Pour certains défenseurs des droits, l'affaire montre combien le Kenya d'Uhuru Kenyatta, l'actuel président, se joue des décisions de justice et collabore avec des agences de renseignements étrangères.

La Turquie a arrêté des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec Fethullah Gülen, un prédicateur musulman basé aux Etats-Unis et accusé d'avoir orchestré un coup d'Etat contre M. Erdogan en 2016.

Selon des documents déposés devant un tribunal kényan, son neveu, Selahaddin Gülen, résident aux Etats-Unis et âgé de 30 ans, a été arrêté à son arrivée à l'aéroport de Nairobi le 17 octobre, avant d'être placé en liberté provisoire.

Nairobi avait été alertée par Ankara, qui voulait le faire arrêter pour "pédophilie" et réclamait son extradition. Mais ses avocats rétorquent que ces actes présumés ont été "jugés et se sont conclus par un acquittement (...) en 2018".

Ils ajoutent que le gouvernement turc mène "de longue date une campagne afin de poursuivre et de persécuter le requérant ainsi que sa famille", affirmant que le frère, la soeur et 62 autres membres de la famille de Selahaddin sont actuellement en prison.

"Leur seul crime était d'être lié à Fethullah Gülen," argumente l'un des documents.

Fethullah Gülen nie tout lien avec la tentative de coup d'Etat de 2016 et affirme être à la tête d'un réseau d'organisations caritatives et d'entreprises.

- "Détenu au secret" -

En mars, la justice kényane avait interdit l'extradition vers la Turquie de Selahaddin Gülen, qui possède le statut de demandeur d'asile.

Selon les conditions de sa liberté provisoire, ce dernier devait se rendre au commissariat tous les lundis.

Il a été vu pour la dernière fois le 3 mai au commissariat central de Nairobi, selon un document déposé en référé devant le tribunal, deux jours plus tard, par l'un de ses avocats, Jotham Arwa.

M. Arwa accuse les autorités kényanes d'avoir "capturé de manière gratuite et flagrante" son client et de l'avoir "détenu au secret", dans le but de "contourner la loi" et de le renvoyer en Turquie.

L'agence de presse étatique turque Anadolu a affirmé le 31 mai que Selahaddin avait été rapatrié par des agents des renseignements turcs.

La police et les responsables kényans de l'immigration n'ont pas répondu aux multiples demandes de commentaires de l'AFP.

D'après Otsieno Namwaya, analyste à Human Rights Watch (HRW), le gouvernement kényan se borne à dire qu'il a été kidnappé par des agents turcs à la porte du commissariat.

"Comment des agents étrangers peuvent-ils parvenir à attraper quelqu'un, partir avec et l'emmener à JKIA (l'aéroport international) et le faire sortir du pays ? Sans que personne ne pose de questions?", interroge-t-il.

HRW prévoit de demander des explications dans une lettre au gouvernement, affirme l'analyste.

"L'administration Kenyatta s'est faite connaître pour collaborer avec des agences de sécurité étrangères et pour kidnapper des citoyens étrangers qui se trouvent au Kenya pour des raisons de sécurité", ajoute-t-il.

- "Hostilité" -

M. Namwaya cite le cas de deux opposants au gouvernement du Soudan du Sud, Dong Samuel Luak et Aggrey Idri, kidnappés à Nairobi en janvier 2017, malgré, là encore, une décision de justice interdisant leur extradition.

En 2019, les Nations unies ont estimé "hautement probable" que les deux hommes, qui avaient été ramenés à Juba, aient été exécutés par les renseignements.

L'analyste mentionne de nombreux cas de Rwandais, de Burundais, de Congolais et d'Ethiopiens arrêtés au Kenya et forcés à rentrer chez eux.

"L'hostilité du gouvernement kényan envers les demandeurs d'asile est tout simplement stupéfiante", dit-il. "Le gouvernement actuel ne respecte pas du tout la justice."

La semaine dernière, l'association des avocats kényans a décrié l'"offensive continue de l'exécutif contre la justice" après de nouvelles critiques du président Kenyatta contre cette dernière.

Le Kenya et la Turquie possèdent des liens forts mais Nairobi avait refusé en 2016 de fermer des écoles liées au mouvement "guléniste".

En 1999, les services turcs avaient arrêté au Kenya le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, emprisonné depuis en Turquie.
(AFP, 9 juin 2021)

Signes convictionnels: Maxime Prévot soutient Georges Dallemagne

Le président du cdH Maxime Prévot a ouvertement apporté son soutien, vendredi matin, au député fédéral Georges Dallemagne dont une prise de position récente dans le dossier du port de signes convictionnels a provoqué des remous en interne, en particulier au sein de la régionale bruxelloise du parti.

«Débattre, partager des opinions parfois différentes, comme elles existent au sein de la société, et ensuite tracer la voie d’un projet fédérateur, c’est l’essence même d’un parti. Du nôtre», dit le président du centre démocrate Humaniste, dans un message adressé vendredi aux membres de son parti et dont voici l’intégralité:

«Georges Dallemagne n’est ni extrémiste ni islamophobe. Je ne tolère donc pas que l’on puisse le laisser penser. Son parcours humaniste parle pour lui. Il n’a pas selon moi à être sanctionné pour l’opinion exprimée. Il a mis le doigt lors de son interview sur une préoccupation réelle, celle du radicalisme salafiste. Je ne cautionne donc pas les chasses à l’homme ni les propos agressifs.

Il a tenu un propos ayant été diversement interprété et à ce titre ayant pu heurter. Je regrette et entends l’émoi que cela a pu susciter auprès de certaines personnes. Le cdH n’a jamais assimilé le simple port consenti du voile à l’islamisme radical. Je l’ai dit. Et Georges Dallemagne a lui-même pu le repréciser dans La Libre ce mardi.

La saisine du Comité de déontologie d’un parti est un droit ouvert à tout militant. Quel qu’en soit le motif. Cela ne présage de rien quant à ses conclusions, mais j’en suis sûr, la voie de l’écoute et de l’apaisement sera privilégiée, comme semblent d’ailleurs le souhaiter aussi ceux qui l’ont saisi.

Ce débat sur le voile qui traverse tous les partis et enflamme l’actualité au détour de la STIB et de la désignation d’une commissaire du gouvernement fédéral, mérite du respect et de la sérénité. Loin des tentatives d’instrumentalisation politique. La communauté musulmane en a légitimement ras-le-bol d’être trop souvent réduite à des caricatures. Beaucoup de familles se sentent blessées. Des élus et militants aussi.

Il ne s’agit pas d’être permissif à tout. Mais d’être juste et ouvert, dans le respect de la neutralité de l’Etat.

C’est pour cela que le cdH est défavorable au port du voile dans toutes les fonctions d’autorité et lors d’un service de première ligne en contact direct avec les citoyens (guichets...). Mais qu’il estime cela admissible dans le reste de la fonction publique où, plus que l’apparence de neutralité, se joue surtout la neutralité effective du service rendu.

Prenons donc collectivement de la hauteur et veillons, dans tous les parlements et au sein des partis, à en débattre avec justesse et sans naïveté ni tabou. Avec la raison plutôt que l’émotion. Pour rassembler et non cliver».


Clerfayt: "Je suis sur la même ligne que mon président de parti"

Antoine Clevers et Tom Guillaume, LLB, 5 juin 2021

La neutralité des services publics divise l’exécutif bruxellois après l’affaire du voile à la Stib. Pour le ministre Bernard Clerfayt (Défi), le politique doit se saisir du problème et enfin trancher. Il va aussi remettre la question de l’abattage rituel sur la table.

Des caisses en carton jonchent le sol du cabinet de Bernard Clerfayt (Défi). Le ministre bruxellois de l’Emploi serait-il sur la sellette ? "Je devrais au contraire déballer ces cartons. Ils sont là depuis mon entrée en fonction", plaisante-t-il, avant d’entrer dans le vif du sujet.

Jeudi, son président de parti, François De Smet, laissait entendre que Défi pourrait débrancher la prise du gouvernement bruxellois si celui-ci décidait de ne pas aller en appel de la décision de justice condamnant la Stib. La société bruxelloise des transports en commun s’est rendue coupable, selon le tribunal, de discrimination à l’embauche en refusant d’engager une femme portant le voile islamique. Le comité de gestion de la Stib a décidé de ne pas faire appel. La question a alors été renvoyée aussitôt au gouvernement par le commissaire au gouvernement.

Pour votre président de parti, il faut faire appel. Il en fait une affaire de gouvernement. Vous aussi ?

Je suis sur la même ligne que mon président de parti. J’ai indiqué depuis longtemps à nos partenaires que la décision concernant la Stib ne peut faire jurisprudence (et engendrer une modification des règlements de travail dans les administrations, NdlR) si on ne passe pas par l’appel. Pour nous, la question de la neutralité des services publics est fondamentale pour construire le vivre-ensemble. Si nous voulons accepter les identités de toutes et tous, il faut créer un espace commun dans lequel les identités ne sont pas exaltées. Cela demande un juste équilibre. Initialement, c’était à la Stib de décider. Malheureusement, le politique s’en est mêlé. C’est donc désormais au politique de la gérer, il doit assumer.

Est-ce au gouvernement ou au Parlement de trancher ?

C’est le politique qui doit trancher. Après, quel organe, on verra bien. Mais vous savez, au Parlement, il y a une majorité qui est celle qui soutient le gouvernement… Quand le ministre-Président de la Région, Rudi Vervoort (PS), dit, jeudi matin, que c’est le Parlement qui doit s’en occuper, soyons clairs, ce sont les mêmes partenaires. On se téléphone, on se parle, et les positions sont identiques.



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