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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

51th Year / 51e Année
Janvier
 
2025 January
N° 557
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
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Le nouveau livre de Doğan Özgüden: Ecrits d'exil II

La fondation Info-Türk vient de publier un nouveau livre de Doğan Özgüden: Ecrits d’exil II* qui comprend ses articles publiés en 2021-2022. Le premier volume des Ecrits d’exil publié en 2021 comprenait les articles qu'il a écrits aux années de lutte en Turquie et aux 50 premières années de son exil. Les écrits d’exil constituent un ensemble avec les mémoires de Doğan Özgüden publiées en 2014 sous le titre Journaliste “apatride” et Une rebelle dans l’encre d’exil racontant le combat pluriel de son épouse İnci Tuğsavul, publié en 2024.
* 518 pages, Fondation Info-Türk, Janvier 2025, Bruxelles
Info: fondation@info-turk.be

Titres des évènements du mois
Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

HRW dénonce "le bilan répressif" de la Turquie en matière des droits humains
La justice veut dissoudre le barreau d'Istanbul
Arrestation d'un maire d'opposition accusé de "terrorisme"
Berkin Elvan’s birthday: He would have been 26

Le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix
Les habitants des régions kurdes de Turquie s’inquiètent de l’avenir du Rojava


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkish police target two media companies, detain five Kurdish journalists

Bodies of killed journalists to be buried in Syria, denying their families’ right to burial
Joint statement from 12 press organizations: “The press is free; it cannot be censored”

IFJ: Five Kurdish journalists among 122 killed worldwide in 2024
Journalists’ killings add to Turkey’s war crimes record


Kurdish Question / Question kurde

Mazloum Abdi, Masoud Barzani meet in historic step toward Kurdish unity

Un procès à Bruxelles pour Rojava contre la Turquie
Kurdish singer Kasım Taşdoğan sentenced for Kurdish songs

La Turquie extermine le peuple kurde au même temps qu’elle négocie avec son leader
Après Öcalan, des députés pro-kurdes du DEM auprès de leur ex-président Demirtas

Paris councillors condemn the assassinations of Kurdish activists, 12 years on
Les Kurdes disent s'être mis d'accord avec le nouveau pouvoir pour rejeter toute "division"

24 morts dans des combats entre factions pro-turques et forces kurdes dans le nord
Le Kurdistan interdit quatre organisations accusées d'affiliation au PKK
Trois membres des forces kurdes tués dans une attaque à Alep
31 morts dans des combats entre forces kurdes et proturques

Minorités / Minorities

Décès du grand rabbin de Turquie

Politique intérieure/Interior Politics

Trustee appointed to DEM Party’s Akdeniz Municipality

Opération Öcalan d’Erdogan: piège ou espoir de paix -  Ragip Duran
Des députés pro-kurdes rencontrent des dirigeants après un échange avec Abdullah Öcalan

Forces armées/Armed Forces

Turkey shells several locations in Kobanê, Tishrin, Til Temir, Ain Issa and Qamishlo

37 morts dans des combats entre forces dominées par les Kurdes et pro-turques
Syrie: combats entre Kurdes et proturcs, plus de 100 morts selon une ONG

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Dans le camp syrien d’Al-Hol, l’Etat islamique remue encore

Socio-économique / Socio-economic

En Turquie, une vague de décès relance le débat sur les taxes sur l'alcool
Trois personnes condamnées à perpétuité pour la mort d'une fillette de huit ans

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

EU Rapporteur: Turkey disregards democratic principles
Northeastern Syria’s diplomatic mission to UK calls for a federal future for Syria
Aldi interdit en Allemagne de vente de "chocolat Dubaï" fabriqué en Turquie

La Turquie tance la France en Syrie et se chargera des menaces terroristes
Syrie: le chef de la diplomatie française appelle à une "solution politique" avec les Kurdes
L’astre turc éclipse le croissant iranien

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Biden urges continued support for Kurds as Trump era begins

Les Etats-Unis veulent répondre aux inquiétudes turques pour empêcher une offensive contre les Kurdes
Les combattants kurdes "ne peuvent pas être acceptés" en Syrie, dit la Turquie à Blinken

Relations régionales / Regional Relations

La Syrie dit vouloir protéger la Turquie des combattants kurdes

La Turquie menace les combattants kurdes de Syrie d'une "opération militaire"
Pas de place pour les groupes "terroristes" en Syrie, avertit Erdogan
"L'élimination" des combattants kurdes du PKK en Syrie : une "question de temps" pour la Turquie

Premières discussions "positives" entre le nouveau pouvoir et des forces kurdes
L'organisation d'élections en Syrie pourrait prendre quatre ans, selon son nouveau dirigeant

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration

Sept migrants meurent noyés en mer Egée
Au prix de derapages, les partis utilisent la communaute turque comme réservoir à voix
Un ex-candidat PS à Saint-Josse affiche son soutien à un groupe d’extrême droite turque

Schaerbeek, dernière commune sans majorité à Bruxelles
Plus de 50.000 Syriens rentrés en Syrie depuis la Turquie en un mois, selon Ankara

Droits de l'Homme / Human Rights

HRW dénonce "le bilan répressif" de la Turquie en matière des droits humains

L'influence régionale accrue de la Turquie ne devrait pas conduire à ignorer "le bilan répressif" du pays, a dénoncé Human Rights Watch jeudi dans son rapport annuel.

"Les partenaires internationaux ne devraient pas négliger le bilan répressif de la Turquie en matière de droits humains alors que l'influence régionale d'Erdogan s'est accrue avec le renversement de Bachar el-Assad en Syrie", a affirmé Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale de HRW dans un communiqué.

"Le gouvernement turc doit cesser d'engager des poursuites pénales fabriquées et d'émettre des ordres de détention contre ses détracteurs, de destituer des élus locaux et doit se conformer aux arrêts contraignants de la Cour européenne des droits de l'homme", a-t-il ajouté.

HRW a également dénoncé de "graves violations des droits de l'homme" commises par l'Armée nationale syrienne (ANS) "dans les zones du nord de la Syrie sous le contrôle effectif" de la Turquie.

De violents combats opposent les factions soutenues par la Turquie dans le nord de la Syrie aux Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara dénonce comme une émanation du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, interdit sur son sol.

Depuis les élections locales de mars 2024, sept maires élus du DEM (Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie), principal parti prokurde de Turquie, et deux élus du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate), ont été arrêtés et destitués, à l'exception du maire du district de Besiktas à Istanbul qui était jeudi toujours en garde à vue, pour être remplacés par des administrateurs désignés par le gouvernement.

Leurs remplacements avaient provoqué des manifestations et suscité des condamnations du Conseil de l'Europe et d'organisations de défense des droits humains.

Des défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement des restrictions à la liberté d'expression ainsi que des vagues d'arrestations visant des opposants en Turquie depuis le coup d'État raté de juillet 2016, qui a donné lieu à de vastes purges et conduit le président Erdogan à élargir ses pouvoirs. (AFP, 16 jan 2025)

La justice veut dissoudre le barreau d'Istanbul

Une procédure de destitution a été lancée contre le bâtonnier d'Istanbul et son conseil de l'ordre, accusés de "propagande terroriste" par la justice turque, a annoncé l'Union des barreaux de Turquie.

"Une action en justice a été intentée par le parquet général d'Istanbul pour mettre fin aux fonctions du président du barreau d'Istanbul, Ibrahim Kaboglu, et à celles des membres de son conseil de l'ordre", a écrit mardi soir sur X le président de l'Union des barreaux de Turquie, Erinç Sagkan.

La justice turque reproche au barreau d'Istanbul d'avoir réclamé une enquête sur la mort fin décembre en Syrie de deux journalistes kurdes turcs, visés par un drone turc selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), dans une zone où des factions proturques étaient aux prises avec des combattants kurdes qualifiés de terroristes par Ankara.

Une enquête avait été ouverte peu après contre les membres du conseil de l'ordre du barreau d'Istanbul, accusés de "faire la propagande d'une organisation terroriste" et de "diffusion publique d'informations trompeuses".

"Notre conseil de l'ordre a été élu par la volonté de l'assemblée générale du barreau d'Istanbul et remplit ses devoirs et responsabilités conformément à la Constitution, à la démocratie et à la loi", s'est défendu mercredi le barreau d'Istanbul, dénonçant dans un communiqué une action juridique "sans aucun fondement légal" à son encontre.

"Les méthodes évoluent peut-être, mais la seule chose qui demeure inchangée depuis près d'un demi-siècle, c'est l'effort de ceux qui soutiennent le pouvoir pour faire pression et dominer ceux qu'ils considèrent comme des opposants", a déploré de son côté le président de l'Union des barreaux de Turquie. (AFP, 15 jan 2025)


Arrestation d'un maire d'opposition accusé de "terrorisme"

Un maire d'opposition du sud de la Turquie a été arrêté pour "appartenance à une organisation terroriste", ont rapporté vendredi les médias turcs.

Le maire d'Akdeniz, situé dans la province de Mersin, dans le sud de la Turquie, Hosyar Sariyildiz, ainsi que ses cinq conseillers municipaux, dont la co-maire Nuriye Arslan, ont été arrêtés vendredi matin par des policiers qui ont encerclé et fouillé la mairie, a rapporté le chaîne publique TRT Haber.

M. Sariyildiz et les conseillers municipaux arrêtés sont membres du Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie (DEM, ex-HDP), principal parti prokurde de Turquie qui préconise un système de co-direction des mairies par un homme et une femme.

Le DEM, troisième force au parlement turc, est régulièrement visé par les autorités, qui l'accusent de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, qui mène une guérilla contre l'Etat turc depuis 1984.

Le DEM a qualifié vendredi les arrestations de "pratiques putschistes contre la volonté du peuple", dans un communiqué.

Le remplacement du maire d'Akdeniz arrêté, une pratique commune pour le gouvernement turc concernant les élus accusés de "terrorisme", n'a pour l'instant pas été annoncé par les autorités.

Depuis les élections locales de mars 2024, six autres maires élus du DEM et un élu du CHP (parti républicain du peuple, social démocrate), ont été arrêtés et destitués pour être remplacés par des administrateurs désignés par le gouvernement.

Leurs remplacements avaient provoqué des manifestations et suscité des condamnations du Conseil de l'Europe et d'organisations de défense des droits humains. (AFP, 10 jan 2025)

Berkin Elvan’s birthday: He would have been 26

Killed by a gas canister fired by the police in Okmeydanı, Istanbul, on 16 June 2013 during the Gezi protests, Berkin Elvan would have turned 26 yesterday (5 January).

The Elvan family shared a message on their X account on the occasion of Berkin Elvan’s birthday.

“Today is the birthday of our Berkin, of our son, of our baby. He would have been 26 years old, had he lived. Your smile, your dreams, your hopes are still with us. We will never give up the struggle for you. With love and never ending yearning... #Berkin Elvan”

What happened?
Berkin Elvan was born on 5 January 1999. He was injured by a gas canister fired during a police attack in Okmeydanı, Istanbul, on 16 June 2013 during the Gezi protests. He passed away 269 days later, on 11 March 2014, at the Okmeydanı Training and Research Hospital where he was being treated.

The prosecutor was changed six times in the case. Upon the request of prosecutor Faruk Bildirici, camera footage from the water cannon at the head of the street where Elvan was shot and used by the police was examined by the National Criminal Bureau expert, and the report of analysis was presented to the file on 6 May 2014.

Upon the request of prosecutor İsa Dalgıç, the same footage was also examined at the Gendarmerie Criminal Laboratory. In the clarified images, it was determined that there were two suspect police officers and that one of these officers had caused Elvan’s death.

The investigation concluded on 7 December 2016.

The indictment prepared by İsa Dağlı, a prosecutor of the Istanbul Chief Prosecutor’s Office Employee Crimes Bureau, asked for police officer F.D., the only defendant named by the indictment, to be tried on charges of “murder by possible intent”.

The indictment stated that the police had intervened in protestors who were “resisting” and that Berkin Elvan, who received a head injury during the intervention, was taken to hospital where he eventually lost his life.

The 11-page-indictment sent to the Istanbul 17th Heavy Penal Court was accepted.

A decision of non-prosecution was passed regarding the 42 police officers questioned within the scope of the investigation.

Oya Aslan, lawyer of the Elvan family, stated that only one police officer at the scene of the incident had been charged, that the case had been brought not on charges of “murder with intent” but “murder with possible intent”, and that in this way, the sentence of imprisonment had been reduced to 20 years: “Murder with intent would mean life, yet murder with possible intent means the sentence is reduced to 20 years. Yet even the camera footage was enough to bring charges of murder with intent.” (BIA, 6 January 2025)

Le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix

Le fondateur emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, a affirmé que le rapprochement entre Turques et Kurdes était une "responsabilité historique", se disant "déterminé" à participer au processus de paix lancé en Turquie, a indiqué dimanche le parti turc pro-kurde DEM après lui avoir rendu visite la veille en prison.

Deux députés du DEM (Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie) se sont entretenus samedi avec le chef du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), emprisonné à vie sur une île au large d'Istanbul.

Une première visite depuis dix ans : le prédécesseur du DEM, le parti HDP (Parti démocratique des peuples), l'avait vu pour la dernière fois en avril 2015.

Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan avait approuvé vendredi la demande du DEM de rendre visite au dirigeant kurde, âgé de 75 ans. Ce dernier est détenu depuis 25 ans dans l'île-prison turque d'Imrali.

Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une organisation "terroriste" par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni.

La visite de samedi est devenue possible après que l'allié nationaliste du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti ultranationaliste MHP (Parti d'action nationaliste), Devlet Bahceli, a invité Abdullah Öcalan à venir devant le Parlement pour renoncer au "terrorisme" et dissoudre le groupe militant.

"J'ai la compétence et la détermination nécessaires pour apporter une contribution positive au nouveau paradigme lancé par M. Bahceli et M. Erdogan", a déclaré Abdullah Öcalan selon le communiqué du DEM.

Il a également dit, selon la même source, que la délégation qui lui a rendu visite allait partager son approche avec l'Etat et les cercles politiques. "À la lumière de cela, je suis prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel".

 - "opportunité historique" -

Le co-président du DEM, Tuncer Bakirhan, voit dans les propos cités d'Öcalan "une opportunité historique de construire un avenir commun", dans un message posté sur X.

"Nous sommes à la veille d'une potentielle transformation démocratique en Turquie et dans la région. L'heure est désormais au courage (...) pour une paix honorable", a-t-il déclaré.

L'idée lancée par M. Bahceli, farouchement hostile au PKK, a suscité un débat public depuis octobre, Erdogan la saluant comme une "fenêtre d'opportunité historique".

Mais un attentat terroriste perpétré en octobre contre une entreprise de défense turque à Ankara qui a fait 5 morts et revendiqué par des militants du PKK a douché les espoirs.

La Turquie a ensuite lancé des frappes contre des militants kurdes en Irak et en Syrie.

Le PKK mène une insurrection contre l'Etat turc depuis 1984, faisant des dizaines de milliers de morts.

En 2015, le processus de paix entre le PKK et l'Etat turc s'est effondré, déclenchant des violences notamment dans le sud-est du pays à majorité kurde.

"Renforcer la fraternité turco-kurde est non seulement une responsabilité historique mais aussi une urgence pour tous les peuples", a affirmé le dirigeant kurde, selon la déclaration diffusée par le DEM.

Abdullah Öcalan a déclaré que tous ces efforts "amèneraient le pays au niveau qu'il mérite" et vont constituer un "guide très précieux pour une transformation démocratique", selon le même communiqué.
 
- "L'heure est à la paix" -

"L'heure est à la paix, à la démocratie et à la fraternité pour la Turquie et la région", a encore déclaré le fondateur du PKK.

Alors que la classe politique turque entamait un processus vers une solution politique négociée au conflit sanglant avec le PKK, les rebelles islamistes ont renversé l'homme fort Bachar al-Assad en Syrie.

 La Turquie espère désormais que les nouveaux dirigeants syriens aborderont la question des forces kurdes dans le pays, qu'Ankara considère comme un groupe terroriste affilié au PKK.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré samedi lors d'un appel téléphonique à son homologue américain Antony Blinken que les combattants kurdes "ne peuvent pas être autorisés à se réfugier en Syrie", selon le porte-parole du ministère.

Abdullah Öcalan a estimé, selon le communiqué du DEM, que les développements en Syrie ont montré qu'une ingérence extérieure ne ferait que compliquer les problèmes et qu'une solution ne peut plus être reportée. (AFP, 29 déc 2024)


Les habitants des régions kurdes de Turquie s’inquiètent de l’avenir du Rojava

Céline Pierre-Magnani, La Libre Belgique, 31 décembre 2024

Des éclats de voix d’enfants résonnent dans la pièce principale d’une petite école improvisée du quartier de Baglar. Ici, dans l’un des hameaux les plus défavorisés de Diyarbakir, grande ville kurde du sud-est de la Turquie, près de 20 000 familles kurdes du nord de la Syrie ont trouvé refuge depuis le début de la guerre civile. Seuls les tapis isolent du froid dans les locaux humides dépourvus de système de chauffage. Aux murs, quelques coloriages des enfants et des inscriptions en arabe égayent quelque peu la pièce.

 "J’ai régulièrement ma sœur au téléphone. Ces jours-ci, elle n’arrive pas à dormir", explique Ruken* (le nom a été modi- fié), l’une des mères venues accompagner son enfant pour le cours de langue arabe. "Elle habite à Kobane (nord de la Syrie, frontière avec la Turquie) et comme les autres habitants de la ville, elle attend une offensive des Turcs et des groupes de l’Armée nationale syrienne", une formation composite de l’in- surrection appuyée par la Turquie. Les autres femmes assises autour de la table écoutent attentivement et acquiescent.

Les coupures d’électricité et le prix du pain avaient convaincu la plupart de ces familles, venues des villes frontalières de Kamishli et Kobane, en 2013, à traverser la frontière pour retrouver des membres de leur famille en Turquie et tenter d’of- frir à leurs enfants un meilleur avenir. La maîtrise du kur- mandji, l’une des versions de la langue kurde largement util- isée à Diyarbakir, avait été un atout non négligeable au mo- ment de l’installation, même si le statut de "réfugié" n’a ja- mais cessé de leur coller à la peau.

Territoires kurdes menacés

Depuis l’offensive d’Hayat Tahrir al Cham (HTC, issu d’une scission avec Al-Nosra, la branche d’Al Qaeda en Syrie) sur Damas et la chute du régime de Bachar al Assad le

8 décembre, les équilibres politiques se recomposent en Syr- ie. Les régions du nord-ouest et du sud vivent au rythme des nominations officielles du nouveau gouvernement mené par Mohammed al Bachir.

 Dans le même temps, la région du nord-est, également connue sous le nom de Rojava (littéralement "Occident", en kurde), administrée par le parti kurde du PYD et protégée par les Forces démocratiques syriennes (sous commandement kurde), fait face à une avancée des factions islamistes de l’Armée nationale syrienne (ANS), soutenue par la Turquie.

À la faveur de l’effet de surprise de l’offensive éclair sur Alep, les troupes de l’ANS sont parvenues à récupérer des territoires sous contrôle kurde, comme Tel Rifat et Manbij, à l’est de l’Euphrate. Le chef des Unités de protection du peuple du YPG, Mazlum Abdi, a opté pour un retrait rapide et des déclar- ations d’apaisement en cascade. Dans un entretien accordé à l’agence de presse Reuters, il s’était notamment engagé à ren- voyer les combattants kurdes non-syriens en cas de cessez-le- feu. Ce faisant, il admettait pour la première fois la présence de membres du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, con- sidéré comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux, NdlR).

Spectre d’une grogne populaire

Soutenus par la coalition internationale menée par les États- Unis, les Kurdes avaient été le fer de lance de la lutte contre l’expansion de l’État islamique en Syrie. La récente élection de l’imprévisible Donal Trump à la présidence des États-Unis in- quiète la hiérarchie du YPG, alors que la Turquie se fait très offensive ces derniers jours.

La ville de Kobane, à la frontière turco-syrienne, fait l’objet de nombreuses spéculations. Elle était devenue le symbole de la lutte contre l’EI après les combats ayant opposé les djihadistes aux soldats du YPG en 2014-2015. Les grandes villes turques avaient été à l’époque le théâtre de protestations populaires violentes contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan qui avait fermé les frontières, empêchant d’autres combattants d’aller soutenir le YPG.

Le spectre d’un scénario similaire plane sur les régions kurdes du sud de la Turquie, et des manifestations sont organisées depuis une dizaine de jours dans les villes frontalières de Suruç (non loin de Kobane) et Nusaybin (face à Kamishli).

Vers un processus de paix ?

Nazim Dastan et Cihan Bilgin, deux journalistes kurdes de nationalité turque, ont été tués le 19 décembre dans une at- taque menée par des drones turcs alors qu’ils couvraient les évolutions des troupes aux alentours du stratégique barrage syrien de Tisrîn, au nord. Le rapatriement des corps fait toujours l’objet d’un bras-de-fer entre les familles et les autorités turques. Des funérailles pourraient provoquer de nouvelles manifestations contre la politique d’Ankara dans le Rojava. Un précédent rassemblement dans le centre d’Istanbul s’était soldé par l’arrestation de neuf personnes, dont sept journalistes, le 22 décembre.

Les craintes d’une offensive de la Turquie et de ses affidés sur les points stratégiques du Rojava refont surface alors même que les autorités d’Ankara ont relancé un processus de négociation de paix avec le mouvement kurde et l’organisation du PKK à l’intérieur de ses frontières. Depuis la rentrée parlementaire, Devlet Bahçeli, chef du parti de l’Action nationaliste (MHP) et allié d’extrême droite du président Recep Tayyip Erdogan, s’est fait l’émissaire de ce nouveau round de négociations.

Pour la première fois depuis neuf ans, une délégation du Parti démocratique des peuples prokurde (DEM, ex-HDP) a été autorisée à se rendre sur l’île-prison d’Imrali, au large de la mer de Marmara, où est emprisonné le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan.

Les deux processus pourraient paraître contradictoires au premier abord, mais le sociologue Mesut Yegen décrypte : "L’Iran n’est plus aussi puissante qu’avant en Syrie et en Irak, et sa perte d’influence a créé un vide. Or, si la Turquie ne par- vient pas à s’entendre avec les Kurdes pour combler cette absence, il y a un risque que l’axe entre ces derniers et les États- Unis se renforce. [...] Les Turcs veulent y répondre en faisant la paix avec les Kurdes." Même l’attentat revendiqué par le PKK à Ankara le 23 octobre n’avait pas fait ciller la détermina- tion affichée de la coalition progouvernementale à faire avan-cer le dossier kurde.

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turkish police target two media companies, detain five Kurdish journalists

Turkish police forcibly entered the offices of two media production companies, Marti and Guncel, in Istanbul’s Beyoğlu district, under the directive of the Istanbul Public Prosecutor’s Office early on Friday, according to reports from the Mesopotamia News Agency. Without notifying the owners, authorities seized all devices, including computers and hard drives.

Simultaneously, police conducted raids on journalists’ residences in Istanbul, Diyarbakır (Amed) and Van (Wan). These operations resulted in the detention of Reyhan Hajioglu in Van and four journalists—Ahmed Gunesh, Najala Demir, Welat Ekîn, and Rahima Kar—in Istanbul.

Latest reports indicate that a detention order has been issued for the journalists, with a 24-hour ban on meetings between the detainees and their legal counsel.

Reyhan Hajioglu’s arrest reportedly involved violence and threats, and her professional equipment was confiscated. Detained in Van, Hajioglu was taken to the City Police Department, where her lawyer was informed that a confidentiality order had been imposed on the case, prohibiting any meetings for 24 hours.

In a related event, Gulistan Dursun, detained alongside seven other journalists on 21 December 2024, in Şişhane, Istanbul, for protesting the killing of Kurdish journalists Nazım Daştan and Cihan Bilgin in a Turkish drone strike on 19 December, remains in Marmara (Sîlîvrî) Prison. During a call with her lawyer, she revealed that she is facing punitive actions for refusing to concede to the charge of “propaganda for an organisation”, imposed by the prison authorities.

In addition to the arrest of 12 Kurdish journalists in Turkey over the past month, five other Kurdish journalists were killed by Turkish drones in 2024 in the Iraqi Kurdistan Region and northeastern Syria. (Medyanews, 17 Jan 2025)

Bodies of killed journalists to be buried in Syria, denying their families’ right to burial

Killed Kurdish journalists Nazim Daştan and Cihan Bilgin will be buried in Qamishli (Qamişlo), North and East Syria, after a delegation including family members of Daştan and Bilgin was stopped and left waiting at the Habur border crossing for more than three days, where they had planned to cross to collect their bodies.

The decision to bury the bodies of the journalists in Qamishli rather than in their hometowns deprives the families of Daştan and Bilgin of the right to mourn and bury the bodies of the murdered journalists themselves.

The announcement comes after it was first stated that the bodies of Daştan and Bilgin would be brought from Qamishli to the Nusaybin (Nisêbîn) district of Mardin (Mêrdîn) and delivered to the families there. However, the families who went to Nusaybin were not given the bodies.

Afterwards, it was stated that the bodies would be taken by their families from the Sêmalka Border Gate between the Kurdistan Region of Iraq (KRI) and North and East Syria and taken to their hometowns through the Habur Border Gate in the Silopi district of Şirnak (Şirnex) in southeastern Turkey.

In this context, a delegation including the families of Daştan and Bilgin wanted to pass through Habur Border Gate to the Kurdistan Region. When the delegation was not allowed to pass, a vigil was organised. After the vigil stayed without success, the delegation joined a demonstration in Silopi to protest about the holding of the delegation at the border gate.

A similar protest took place in Van (Wan), where Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party MP Zülküf Uçar condemned the standstill at the Harbur Gate and said, “It is an obligation to deliver the bodies of Nazım Daştan and Cihan Bilgin to their families and to ensure the right to mourn in their own lands.”

Daştan and Bilgin were killed in a Turkish drone strike on 19 December, whilst they were reporting on the latest situation close to the Tishreen Dam in northeastern Syria. The deaths of Bilgin and Daştan have drawn attention to the risks faced by journalists operating in conflict zones. (MedyaNews, 9 January 2025)

Joint statement from 12 press organizations: “The press is free; it cannot be censored”

14 professional press organizations gathered at the Ankara Mülkiyeliler Birliği [Association of Graduates of the Ankara University Faculty of Political Sciences] building on the occasion of 10 January Working Journalists’ Day to make a statement, declaring, “We greet January 10 in solidarity”.

According to the report of Mezopotamya Agency, the joint statement was read out by the Çağdaş Gazeteciler Derneği/Progressive Journalists’ Association Chairperson Kıvanç El.

Signees of the statement: Basın Konseyi/Press Council, Çağdaş Gazeteciler Derneği/Progressive Journalists’ Association, Dicle Fırat Gazeteciler Derneği/Dicle Fırat Journalists’ Association, Diplomasi Muhabirleri Derneği/Diplomacy Reporters Association, DİSK Basın-İş/Confederation of Progressive Trade Unions of Turkey-Press Workers Union, Ekonomi Muhabirleri Derneği/Economy Reporters Association, Gazeteciler Cemiyeti/Journalists’ Association, Güneydoğu Gazeteciler Cemiyeti/Journalists’ Association of the Southeast, Haber-Sen/Media, Communication and Postal Employees’ Union, İzmir Gazeteciler Cemiyeti/İzmir Journalists’ Association, Parlamento Muhabirleri Derneği/Parliamentary Reporters Association, Türkiye Gazeteciler Sendikası/Turkey Journalists’ Union.

“The profession where exploitation is least visible”

El drew attention to the fact that journalism is among professions in Turkey where both labour and exploitation are the “least visible”, adding, “For years, new regulation has kept on being introduced to revert the rights of journalists. The media is under almost complete control of the establishment, placing obstacles in the path of independent journalism. Our colleagues, working under precarious conditions and subject to whatever the boss says, face further obstacles in detentions, arrests and house arrests”.

“Journalists hold the power to get their due through solidarity”
El referred to the Constitution’s article which states, “The press is free, it cannot be censored” and emphasized how the threat of censorship has now become normal, and that in the guise of self-censorship has become an even greater threat to journalism.

El continued by saying, “As if that were not enough, tens of local newspapers have been forced to close, and news websites, newspapers and television channels broadcasting on a national scale have had to scale down”, describing January 10 as “one of the most important junctions of solidarity and the struggle for labour” for working journalists.

El went on to add:

“Today we remember the three-day struggle in 1961 given against the bosses that opposed Law No.212 that came into force on 10 January 1961, which brought our personal service and benefit rights close to what we deserve. Just like the solidarity that reached victory then, today, too, journalists possess the power to get their due.

“The spirit of January 10, respectfully commemorated today, has reemerged once again with professional press organizations coming together after a long time, and publishing the ‘Journalism Rights and Freedoms Declaration’. Our demands, voiced in this declaration, are clear. Today must become a new January 10 for hundreds of journalists working precariously, without membership of a union, for salaries below the poverty rate, and even at starvation wages, their working hours unclear.”

10 demands
EL listed the priority demands of journalists regarding working conditions as follows:

Our working conditions must be secured, the pressure of unemployment must cease
Our depreciation rights must be re-regulated
Our right to termination for good cause must be implemented, in the case of resignation our severance pay must be secured
The preparation to merge the Law on the Press with the general law on labour must be dropped
Our monthly salary must be paid in advance, the working week must be 40 hours under legal guarantee
Additional interest must become applicable to our unpaid overtime
The employment of women journalists must be encouraged, dismissals on the basis of pregnancy and childbirth must be prohibited. Our postnatal paid leave and nursing period social security premium support demands must be secured via legal regulations
Tax exemption for three years must be introduced for photojournalists’ equipment purchase
Legal regulations must be introduced so that freelance journalists and digital media journalists can become members of unions
Freelance journalists must have the right to obtain press cards, and benefit from personal rights related to press cards
To overcome the problem related to workplace/company that has become an obstacle in unionization, companies with more than one workplace must be accepted as a single company, and the organization threshold must be implemented as 40%
Letters to imprisoned journalists

Following El, DİSK Basın-İş Chairperson Turgut Dedeoğlu spoke to add that they would be sending letters in solidarity to journalists in prison. (BIA, 10 January 2025)

IFJ: Five Kurdish journalists among 122 killed worldwide in 2024

The International Federation of Journalists (IFJ) has reported that 122 journalists and media workers, including 14 women, were killed in 2024, highlighting escalating global threats to press freedom. Among the victims were five Kurdish journalists killed in Turkish drone strikes across Iraq and Syria, further intensifying concerns over Ankara’s crackdown on Kurdish media voices.

The deaths of the Kurdish journalists occurred in separate incidents linked to Turkish military attacks. On 23 August, Sterk TV reporters Hêro Bahadîn and Gulistan Tara were killed when a Turkish drone struck their vehicle near Sulaymaniyah in Iraqi Kurdistan. Earlier, on 11 July, Çira TV journalist Murad Mirza died in Sinjar (Şengal) following a targeted airstrike. Manbij (Minbîc) in Syria witnessed another deadly attack on 19 December, claiming the lives of Nazım Daştan and Cîhan Bilgin, who were reporting on clashes between Ankara-backed militias and US-backed Kurdish forces.

The IFJ report sheds light on the broader risks journalists face globally, with 516 media professionals imprisoned in 2024, reflecting a sharp rise from previous years. The IFJ General Secretary Anthony Bellanger condemned the killings, saying, “Behind this high figure, there are 122 truncated stories. To guarantee that the deaths of journalists do not go unpunished, we urge UN Member States to adopt a binding Convention on the safety of journalists.”

The Middle East emerged as the most perilous region for journalists, recording 77 deaths. Palestinian journalists bore the heaviest toll, with 64 killed in the ongoing war in Gaza. Meanwhile, deaths were also reported in Asia-Pacific (22), Africa (10), the Americas (9), and Europe (4), with war and political unrest being primary contributors.

Turkey’s actions, have drawn sharp criticism both domestically and internationally, with observers highlighting its pattern of targeting Kurdish media workers and imprisoning journalists. These developments underline the urgent need for stronger international mechanisms to safeguard press freedom. (MedyaNews, 1 Jan 2025)

Journalists’ killings add to Turkey’s war crimes record

Turkey faces renewed international scrutiny following the deaths of journalists Cihan Bilgin and Nazım Daştan, who were targeted and killed by a drone strike in northern Syria on 19 December. The journalists, travelling in a vehicle clearly marked Press, had been reporting on regional developments in North and East Syria (Rojava). This incident has once again highlighted Turkey’s troubling history of alleged war crimes, including attacks on civilians, destruction of critical infrastructure, and accusations of using banned chemical weapons.

The international community is grappling with the implications of these actions, which appear to violate fundamental principles of international humanitarian law. Principles such as distinguishing between civilian and military targets, proportionality in the use of force and the protection of non-combatants are central to minimising the effects of war. Yet, critics argue that Turkey’s actions, both historical and ongoing, repeatedly disregard these norms.

Accusations against Turkey trace back decades, highlighting a consistent pattern of violence against civilians, particularly Kurdish communities. The Zilan Massacre of 1930 in Erciş (Erdîş), Van (Wan) left thousands dead and entire villages destroyed, marking one of the earliest examples of systematic targeting. Similarly, the Dersim Massacre in 1937–38, which claimed over 13,000 lives, saw widespread forced displacement and atrocities, including the abduction of young Kurdish girls by soldiers. While Turkish officials have occasionally acknowledged civilian deaths, they have frequently framed such actions as counter-terrorism measures.

The Roboskî massacre in 2011 exemplifies the persistent nature of these allegations. During this incident, 34 civilians in Şırnak (Şirnex) were killed in airstrikes by Turkish F-16 jets. Local and international human rights groups condemned the attack, but no substantial accountability measures followed. Critics argue that this lack of justice perpetuates a culture of impunity, enabling further violations.

In recent years, Turkey’s military operations in Rojava have amplified concerns over civilian targeting. Reports indicate that schools, hospitals, and other essential infrastructure have been deliberately destroyed. On 21 December, Turkish forces bombed wheat silos near Kobani (Kobanê), rendering 300 tons of grain unusable. Such acts, targeting food security and healthcare facilities, have drawn sharp criticism from human rights organisations. Syrian Observatory for Human Rights (SOHR) and other monitoring groups have documented widespread devastation, calling for independent investigations into these attacks.

The alleged use of chemical weapons by Turkey adds another grave dimension to the accusations. Historical records reveal their deployment during the Dersim operations, with explicit orders documented in communications from government officials of the time. In recent conflicts, Kurdish armed groups have accused Turkey of employing banned substances during military operations in Iraqi Kurdistan and Syria. In 2022, the PKK released footage purportedly showing casualties from chemical attacks. Although Turkey has denied these allegations, its refusal to allow independent investigations has only deepened suspicions.

The targeting of journalists, including Bilgin and Daştan, underscores the broader risks faced by media workers in conflict zones. Since 2019, at least 13 journalists have been killed in Turkish cross-border operations, with many others injured. Press freedom advocates argue that such attacks are intended to suppress reporting on human rights abuses and war crimes. Bilgin and Daştan’s murders exemplify the dangerous climate for journalists attempting to document the realities of war.

International humanitarian law, particularly the Geneva Conventions, categorically prohibits attacks on civilians, civilian infrastructure, and journalists. The principles enshrined in these laws are designed to minimise harm during armed conflict and ensure accountability for violations. Despite these frameworks, human rights groups argue that Turkey has repeatedly evaded accountability, with its actions going largely unchallenged on the global stage.

The international community’s muted response has drawn criticism from activists and legal experts who warn of the broader implications of inaction. Allowing war crimes to go unpunished risks normalising violations of international law and undermines the global commitment to human rights. Organisations such as Amnesty International and the Kurdish Human Rights Project have called for independent inquiries into Turkey’s military operations and a more robust response from international institutions.

Turkey’s government continues to dismiss these allegations, framing its military campaigns as necessary measures against terrorism. Officials frequently cite the threat posed by the PKK and affiliated groups as justification for their actions. However, critics argue that this narrative ignores the disproportionate impact on civilians and the destruction of essential infrastructure. The European Council’s Parliamentary Assembly, in its January 2024 report, highlighted a sharp increase in human rights violations in Turkey since 2017, including incidents of torture and ill-treatment.

The deaths of Bilgin and Daştan are a stark reminder of the urgent need for accountability. As evidence mounts, the pressure on the international community to act grows stronger. The stakes are not only the lives and rights of those directly affected but also the integrity of the international legal system. Without decisive action, the principles of humanitarian law risk being eroded, leaving civilians and journalists increasingly vulnerable to the horrors of war.

The renewed focus on Turkey’s war crimes presents an opportunity for meaningful change. By addressing these allegations with transparency and fairness, the international community can reaffirm its commitment to justice and ensure that those responsible for violations are held accountable. (MedyaNews, 31 Dec 2025)

Kurdish Question / Question kurde

Mazloum Abdi, Masoud Barzani meet in historic step toward Kurdish unity

In a historic meeting on Thursday evening, Syrian Democratic Forces (SDF) Commander-in-Chief Mazloum Abdi met with Masoud Barzani, president of the Kurdistan Democratic Party (KDP) at the KDP headquarters in Salahaddin, Erbil (Hewler), Kurdistan Region of Iraq (KRI). This gathering signals a crucial step towards bridging long-standing tensions between northeast Syria’s Autonomous Administration and the KRI’s ruling KDP, strained since 2012.

The meeting, attended by representatives of the Women’s Protection Units (YPJ), including YPJ Commander Rohilat Efrin, the Autonomous Administration of North and East Syria (AANES) and SDF executive Lokman Xelil together with the KDP delegation, which included Hemid Derbendi and three other officials, focused on key issues including the latest political and security developments in Syria, efforts to unify Kurdish positions amidst changing dynamics, and the escalating Turkish military operations in the Euphrates region, which have included heavy bombardments and civilian casualties around the Tishreen Dam. The discussions also reflected the need for Kurdish unity to advocate for a democratic, pluralistic Syria in negotiations about the country’s future.

According to a statement from the KDP’s Foreign Relations Office, the discussions explored ways for Kurdish parties in Syria to establish a unified stance on their rights and future, free from external interference and through peaceful negotiations. Masoud Barzani emphasised the importance of solidarity among Kurdish factions to ensure their rights and secure lasting peace and stability in Syria.

This meeting follows recent efforts, reportedly inspired by US and French diplomatic initiatives, to foster dialogue between pro-KDP Kurdish National Council (ENKS) representatives and the Democratic Union Party (PYD) and SDF in northeast Syria. The first steps included a visit by a Barzani representative to Mazloum Abdi in early January, culminating in this significant meeting.

Reports also indicate that Mazloum Abdi spoke via phone with Nechirvan Barzani, president of the KRI, and met with Patriotic Union of Kurdistan (PUK) leader Bafel Talabani. Talabani, known for maintaining strong ties with the AANES and the SDF, visited AANES officially last year and has consistently urged the KDP to improve relations with northeast Syria.

The meeting has been widely praised on social media and in public statements by Kurdish communities and their allies. Leyla Zana, a prominent Kurdish political figure, tweeted:

“Thank you... Congratulations and best wishes! The unity of peoples is our principle. We have magnified the hope of the peoples of the Middle East...”

Osman Baydemir, another leading figure of the Kurdish liberation movement, also expressed his support:

“Congratulations. This was the wish of millions of Kurds. May your home be established a thousand times over. Our hope is that this becomes permanent and opens the doors to good fortune…”

While the KDP has released a statement outlining the key points of the discussion, the SDF and AANES have yet to provide further details to the public. This meeting has sparked hope among Kurdish communities for improved relations and a collaborative approach to addressing the challenges facing Syria’s Kurdish regions, especially in the context of intensified attacks and the urgent need for a unified Kurdish response to protect their territories and people. This could potentially mark a turning point in Kurdish political unity.
(ANF, 17 Jan 2025)

Un procès à Bruxelles pour Rojava contre la Turquie

La session du Tribunal Permanent des Peuples (TPP) "Le Rojava contre la Turquie” se tiendra à Bruxelles les 5 et 6 février 2025.

Depuis le début de la guerre en Syrie, le Rojava (nord-est de la Syrie) s'est distingué par son projet de société inclusive, démocratique et égalitaire, qui a su rassembler les communautés kurdes, arabes, yézidies, chrétiennes et d’autres minorités dans un esprit de cohabitation pacifique. Ce modèle novateur repose sur les principes d’autonomie, de droits des femmes, de diversité culturelle et de justice sociale.

Cependant, depuis 2018, cette région est confrontée à des attaques incessantes menées par l’État turc et des groupes armés qui lui sont affiliés. Ces opérations militaires, accompagnées d’exactions, ont profondément bouleversé les équilibres sociaux, politiques et humanitaires du Rojava. Il en résulte de graves violations des droits humains et des manquements au droit international humanitaire.

Le projet de tenir cette session du TPP est porté par plusieurs organisations:

Le Comité pour la Justice et le Droit et le Département des relations extérieures de l'Administration autonome démocratique du Nord et de l'Est de la Syrie (DAANES), le Centre de Recherche et de Protection des Droits des Femmes et les organisations de défense des droits humains à Al-Jazira et Afrin, l’Association pour la Démocratie et le Droit International (MAF-DAD), l’Association Européenne des Juristes pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (EJDH), l’Association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD), le Congrès National du Kurdistan (KNK), l'Institut kurde de Bruxelles et la Vrije Universiteit Brussel (VUB).

Kurdish singer Kasım Taşdoğan sentenced for Kurdish songs

Kurdish artist Kasım Taşdoğan has been sentenced to 20 months in prison by a Turkish appeals court for allegedly promoting terrorism through his performances of three Kurdish songs during public celebrations.

The İzmir Regional Court of Justice overturned a previous acquittal, referencing the performance of the songs Serhildan Jiyan E, Ronahî-Berîvan, and Hatin during the 2023 Newroz celebrations in Kars (Armenian: Gars, Kurdish: Qers) and at a concert in Çanakkale.

“These songs have been sung by dozens of artists and have no bans. We even presented proof from the record label,” Taşdoğan told reporters. “This ruling reflects systematic suppression rather than justice.”

Despite the sentence, Taşdoğan remains defiant. “This decision won’t deter me. I’ll continue singing and creating,” he said, vowing to appeal.

The case has drawn criticism for targeting cultural expression, highlighting tensions surrounding Kurdish identity in Turkey. (medyanews, 15 Jan 2025)

La Turquie extermine le peuple kurde au même temps qu’elle négocie avec son leader

Le défenseur des droits humains Kawa Fatemi et l’écrivain Azhar Ahmed ont rappelé les grandes contradictions de la politique de l’État colonialiste turc, qui tente de négocier avec le leader Abdullah Öcalan d’une part, et continue d’opprimer et d’exterminer le peuple kurde d’autre part, soulignant que la Turquie cherche à semer le chaos et le terrorisme au Kurdistan.

L’État colonialiste turc poursuit ses attaques sur le nord et l’est de la Syrie, ciblant des zones résidentielles, essayant d’occuper davantage de terres, malgré les appels du leader Abdullah Ocalan à passer de la phase de guerre au dialogue.

Dans ce contexte, le président du Barreau de la branche d’al-Hasaka, Kawa Fatemi, a déclaré : « Les propositions du leader Abdullah Ocalan visent à mettre fin à la phase de guerre et de violence aveugle, et à rechercher des solutions pacifiques aux problèmes dont souffre la société au Moyen-Orient.

L’État d’occupation turc poursuit ses attaques militaires contre le nord et l’est de la Syrie dans le but d’éliminer le projet d’administration autonome démocratique, tout en essayant de faire un pas vers une transformation pacifique et démocratique à l’intérieur de ses frontières en autorisant la visite du leader Abdullah Öcalan.  Cela montre la grande contradiction de la politique de la Turquie : d’un côté, elle appelle à la paix, et de l’autre, les villes continuent d’être bombardées, les infrastructures et le soutien aux mercenaires ».

La Turquie a récemment pris conscience des changements majeurs qui se produiront dans la région après l’effondrement des équilibres précédents. Lorsqu’elle a senti que son rôle dans la transformation démocratique allait arriver, elle a eu recours au leader Abdullah Öcalan, pour tenter de se débarrasser de sa crise interne et externe.

Fatemi a déclaré que la Turquie a échoué dans son intervention en Syrie, qu’elle n’a pas réussi à résoudre la question kurde sur son territoire et qu’elle n’a pas réussi à réaliser une transformation démocratique dans la société turque et kurde. Il a déclaré que la Turquie cherche maintenant une solution à travers la proposition du leader Abdullah Öcalan, afin que ses initiatives pacifiques puissent résoudre le conflit armé entre les Kurdes et l’État turc en proposant un modèle de confédération ou d’union démocratique des peuples du Moyen-Orient.

Fatemi a ajouté, que « après la signature par la Turquie des accords d’Aqaba concernant le consensus international pour changer le régime en Syrie, il est devenu clair qu’elle se retient avec de nombreux éléments internationaux, qu’ils soient publics ou cachés, tout en adhérant à ses mercenaires qui attaquent les acquis du peuple syrien en général, et les peuples du nord et de l’est de la Syrie en particulier ».

Il a souligné que les attaques de l’État d’occupation turc dans le nord et l’est de la Syrie visent à liquider le projet démocratique syrien, qui représente de nouvelles solutions au changement politique et au système social dans le pays.

Fatemi pensait que ces tentatives échoueraient au vu de la résistance historique des Forces démocratiques syriennes (FDS) aux tentatives de l’État d’occupation de contrôler le barrage de Tishreen et les zones adjacentes des territoires occupés.

L’écrivain du canton d’al-Jazira, Azhar Ahmed, a souligné que l’Etat d’occupation turc vit une véritable crise interne et cela se voit dans ses déclarations contradictoires. A l’heure où les Kurdes menacent, nous le voyons chercher à négocier avec le PKK et son leader Abdullah Öcalan.

Ahmed a ajouté : « La Turquie utilise ces mesures comme un moyen de se débarrasser de la pression interne et externe, en particulier avec la pression internationale croissante afin de tenter de retirer le PKK de la liste noire. Le problème n’est plus seulement une question d’opposition personnelle au leader Abdullah Öcalan, mais plus généralement, la question anti-kurde ».

Ahmed a rappelé que l’Etat d’occupation turc a peur de la pensée démocratique représentée par le leader Abdullah Öcalan pour l’égalité et la liberté de toutes les composantes de la Turquie dans un seul pays sans barrières. Par conséquent, il tente de dépouiller les Kurdes de leurs victoires et de leurs gains dans le nord et l’est de la Syrie dans une démarche visant à annuler leur identité et leurs aspirations..

En conclusion de ses remarques, Ahmed a souligné que la question kurde est devenue un intérêt pour le monde entier et représente une grande préoccupation pour l’État d’occupation turc qui cherche à propager le terrorisme et la destruction au Kurdistan. (Kurdistan Au Féminin, 16 janvier 2025)

Après Öcalan, des députés pro-kurdes du DEM auprès de leur ex-président Demirtas

Une délégation du parti d'opposition pro-kurde DEM a rendu visite samedi à l'ex-coprésident du parti, Selahattin Demirtas, figure toujours charismatique du mouvement kurde, emprisonné à Edirne (ouest), selon une vidéo publiée par le parti.

Cette visite, qui ne devait pas faire l'objet de déclaration avait prévenu le DEM, s'inscrit dans une série de rencontres politiques du parti pro-kurde en faveur d'une reprise du dialogue entre Ankara et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation armée considérée comme terroriste par les autorités turques et leurs alliés occidentaux.

Le DEM, troisième force au parlement, appuie l'initiative lancée par des alliés du président Recep Tayyip Erdogan de libérer le fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, s'il renonce à la lutte armée.

Arrêté en 2016, Selahattin Demirtas, 51 ans, a été condamné en mai à 42 ans de prison. Il avait annoncé son retrait de la vie politique après la réélection de M. Erdogan en mai 2023.

Les représentants du DEM qui, sans jamais prôner la lutte armée, n'a pas non plus dénoncé publiquement le PKK, avaient rencontré le 28 décembre Abdullah Öcalan, pour la première fois en près de dix ans.

M. Öcalan, dit "Apo", purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Cependant, l'allié politique du chef de l'Etat, le chef du parti d'extrême droite MHP Devlet Bahceli, que la délégation du DEM a également rencontré cette semaine, a créé la surprise cet automne en annonçant une possible libération de M. Öcalan si celui-ci appelle à déposer les armes et à renoncer à la lutte armée.

Lors de sa rencontre avec les députés du DEM, Öcalan s'est dit "prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel", selon un communiqué publié par le parti.

M. Demirtas avait apporté son appui à ces efforts en affirmant dès octobre, depuis sa prison: "Si Öcalan prend une initiative et veut ouvrir la voie à une (solution) politique, nous le soutiendrons de toutes nos forces".

Alors que de violents combats opposent dans le nord-est de la Syrie des combattants kurdes, syriens et étrangers dont ceux du PKK, à des forces soutenues par la Turquie, le président Erdogan se montre confiant sur leur issue.

Samedi depuis Diyarbarbakir (sud-est), la principale ville kurde de Turquie, il a appelé à saisir la "fenêtre d'opportunité" qui s'est ouverte avec la fin du régime rival de Bachar al-Assad: "Une nouvelle fenêtre d'opportunité s'est ouverte pour que notre pays mette fin une fois pour toutes au fléau du terrorisme".

"Il existe maintenant une Turquie unie entre tous ses membres qui s'oppose à l'oppression non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur du pays".

"Nous n'allons pas rater cette occasion historique", a-t-il ajouté. "Les organisations terroristes n'ont d'autre choix que de déposer les armes, nous leur donnons une chance de devenir une véritable organisation politique".

Dimanche, les élus du DEM se rendront auprès de l'autre coprésidente du parti, Figen Yüksekdag, 53 ans, arrêtée pour progagande terroriste et condamnée en mai dernier à trente ans de prison. (AFP, 11 jan 2025)

Paris councillors condemn the assassinations of Kurdish activists, 12 years on

Tomorrow, 11 January 2025, thousands of Kurds and their allies will converge in Paris to commemorate the 12th anniversary of the assassination of three Kurdish women activists—Sakine Cansız, Fidan Doğan, and Leyla Şaylemez. Ahead of the mass demonstration, three leading Paris councillors—all women—issued a strongly worded statement condemning the impunity surrounding these political crimes and calling on France to fulfil its obligations to justice and human rights. Symbolically reflecting the numbers and gender of the murdered activists, the councillors highlighted the urgency of accountability and solidarity.

The 2013 Assassinations: A Political Crime in Paris

On 9 January 2013, Sakine Cansız, a co-founder of the Kurdistan Workers’ Party (PKK); Fidan Doğan, a Kurdish diplomat; and Leyla Şaylemez, a young activist, were assassinated in their office in Paris. The killings occurred during peace negotiations between Turkey and the PKK, and evidence strongly suggests involvement by Turkey’s intelligence agency (MIT). However, the French government has blocked the investigation under the pretext of “state defence,” leaving the case unresolved.

The pattern of violence continued in December 2022, with the murders of Kurdish activists Evin Goyi, Mir Perwer, and Abdurrahman Kizil. Activists argue these killings are part of a broader system of impunity and repression targeting the Kurdish community across Europe.

A Call for Justice and Accountability

“Six lives taken in the heart of our capital—six political assassinations left unpunished. This is a stain on France’s conscience,” declared Raphaëlle Primet, co-president of the Communist and Citizen group in Paris. She called on the government to lift secrecy restrictions surrounding the investigation, stating: “The truth must come out, and those responsible, including their masterminds, must be brought to justice.”

Geneviève Garrigos, representing Paris en Commun, criticised the administrative harassment Kurds face in France, including recent expulsions to Turkey. “This is not just a failure to protect; it is a betrayal of France’s values,” she said. Garrigos highlighted the dangers faced by those sent back to an authoritarian regime, where arbitrary detention, torture, and unfair trials await.

“France has a duty to protect Kurdish activists, expose the truth, and ensure their safety,” added Garrigos. She also condemned attacks by Turkish-backed groups such as the Grey Wolves, who have targeted peaceful Kurdish demonstrators, including vigils in Strasbourg for Abdullah Öcalan.

Turkey’s War Crimes Against Kurdish Activism

Aminata Niakaté, spokesperson for Ecologists-EELV, pointed to Turkey’s ongoing campaign against Kurdish autonomy, especially in Rojava. “While Syria begins a new chapter with the fall of Bashar al-Assad, Erdoğan continues to bomb Kurdish regions in an attempt to dismantle their democratic and egalitarian model,” she stated.

Niakaté stressed the critical role Kurds have played in combating ISIS and maintaining stability in the region. “Despite their contributions, Kurds are bombarded and neglected internationally. France must acknowledge their right to sovereignty and peaceful existence,” she added.

Demands for the Future

The councillors emphasised that justice for the Kurdish activists killed in Paris is only the beginning. Their demands include:

–An independent investigation into the 2013 and 2022 killings, holding both perpetrators and masterminds accountable.
–Stronger protections for Kurdish activists and associations in France.
–An end to France’s administrative repression of Kurds.
–The release of Abdullah Öcalan and all Kurdish political prisoners in Turkey.

“This is a fight for justice, peace, and dignity—not just for the Kurdish people but for the values we hold as a nation,” said Primet. “We must stand together to end impunity and ensure accountability.”

The protest in Paris is expected to serve as a powerful reminder of these unresolved crimes, as the Kurdish community and its supporters continue to demand justice, both in Europe and beyond. (MedyaNews, 10 January 2025)

Les Kurdes disent s'être mis d'accord avec le nouveau pouvoir pour rejeter toute "division"

Le chef des forces kurdes syriennes qui ont établi une administration autonome dans le nord-est du pays a déclaré à l'AFP mercredi s'être mis d'accord avec le nouveau pouvoir pour rejeter toute "division" territoriale de la Syrie.

"Nous sommes d'accord sur l'importance de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Syrie, et nous rejetons tout projet de division qui menacerait l'unité du pays", a déclaré le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, dans une déclaration transmise à l'AFP commentant une rencontre en décembre entre ses forces et les autorités islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad à Damas.

Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien, a tenu le 30 décembre à Damas des premières discussions "positives" avec une délégation des FDS soutenues par Washington, avait indiqué à l'AFP un responsable sous couvert d'anonymat.

Les FDS, partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition internationale antijihadistes, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, elles ont profité d'un retrait des forces du régime pour prendre le contrôle de vastes pans du territoire dans le nord-est syrien et cherché à préserver leurs acquis, tandis que l'ancien régime les accusait d'avoir des visées "séparatistes".

"Nous soutenons les efforts de la nouvelle administration pour assurer la stabilité en Syrie, afin de préparer le terrain pour un dialogue constructif entre les Syriens", a ajouté M. Abdi. "Il incombe à la nouvelle direction d'intervenir pour instaurer un cessez-le-feu à travers tout le pays".

Sa déclaration intervient après des semaines d'affrontement dans le nord du pays entre ses forces soutenues par Washington et les combattants appuyés par la Turquie, qui les accuse d'avoir des de liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol.

Dans la région de Manbij (nord), ces affrontements ont fait plus de cent morts en deux jours, jusqu'à dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, malgré la déclaration d'une trêve sous médiation américaine.

Mercredi, cinq civils ont été tués et quinze autres blessés dans un raid aérien turc visant des convois civils se rendant au barrage de Tichrine près de Manbij, a indiqué l'administration autonome.

Dans les régions contrôlées par les FDS se trouvent de vastes zones agricoles mais aussi la plupart des précieux puits pétroliers du pays, cruciaux pour les revenus de la Syrie.

Lors d'une interview à la chaîne Al-Arabiya diffusée fin décembre, M. Chareh a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne. (AFP, 8 jan 2025)

24 morts dans des combats entre factions pro-turques et forces kurdes dans le nord

Au moins 24 combattants, majoritairement issus des factions armées soutenues par la Turquie, ont été tués lors d'affrontements avec les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) dans le nord de la Syrie, a indiqué jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Vingt-trois membres des groupes pro-turcs et un membre du Conseil militaire de Manbij, rattaché aux FDS, ont été tués, a précisé l'OSDH, évoquant un bilan "non définitif" de ces combats déclenchés par l'attaque des factions pro-turques contre deux villages au sud de Manbij.

Cette ville, tenue des années par des forces kurdes, est tombée récemment aux mains de groupes armés proturcs.

Une partie de cette région à majorité arabe est sous le contrôle du Conseil militaire de Manbij, qui regroupe des combattants locaux opérant sous l'égide des FDS, soutenues par les Etats-Unis.

Selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, des "affrontements se poursuivent au sud et à l'est de Manbij, tandis que les forces turques bombardent la zone par drones et à l'artillerie lourde".

De leur côté, les FDS ont annoncé avoir repoussé les attaques des factions pro-turques dans les secteurs sud et est de la ville de Manbij.

"Ce matin, avec le soutien de cinq drones turcs, de chars et de véhicules blindés modernes, les groupes mercenaires ont lancé des attaques violentes" sur plusieurs villages dans la région de Manbij, ont-ils indiqué dans un communiqué. "Nos combattants ont réussi à repousser toutes les attaques, tuant des dizaines de mercenaires et détruisant six véhicules blindés, dont un char", ont-elle ajouté.

Alors qu'une coalition de rebelles dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le pouvoir à Damas le 8 décembre au terme d'une offensive éclair, des factions pro-turques ont attaqué les forces kurdes.

Les FDS continuent de contrôler de vastes zones du nord-est de la Syrie et une partie de la province de Deir Ezzor (est).

Ces zones sont administrées de manière autonome par les Kurdes, qui ont établi leur gouvernement après le retrait des forces gouvernementales au début du conflit syrien en 2011.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations militaires contre les unités de protection du peuple kurde (YPG), principales composantes des FDS, réussissant à imposer son contrôle sur deux vastes zones frontalières en Syrie. (AFP, 2 jan 2025)

Le Kurdistan interdit quatre organisations accusées d'affiliation au PKK

Les autorités de Souleimaniyeh, deuxième grande ville du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak, ont interdit quatre organisations pour des affiliations présumées avec les combattants kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon des militants fustigeant jeudi une décision "politique".

Parmi ces quatre organisations figurent deux ONG féministes et une maison de production médiatique, a déploré jeudi le centre METRO pour les droits des journalistes, qui a organisé une conférence de presse à Souleimaniyeh pour dénoncer ces interdictions.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dispose de bases arrières au Kurdistan autonome d'Irak, qui accueille aussi depuis 25 ans des dizaines de bases de l'armée turque, luttant contre cette organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Les autorités de Souleimaniyeh ont été accusées de tolérer les activités du PKK. Mais ces derniers mois, le gouvernement fédéral irakien a durci le ton contre les combattants kurdes turcs.

Le colonel Salam Abdel Khaleq, porte-parole à Souleimaniyeh des Assayech, police locale du Kurdistan, a assuré à l'AFP que ces interdictions intervenaient à la "suite d'une décision judiciaire irakienne et en raison de l'expiration des licences" de ces institutions.

"L'interdiction d'une ONG ou organisation médiatique au prétexte qu'elle est proche du PKK est le fruit de pressions extérieures", a déploré Diyar Mohamed, directeur du centre METRO pour les droits des journalistes.

"Cette décision est politique et non judiciaire, nous la condamnons fermement", a-t-il dit à l'AFP.

Si ces interdictions sont liées à une décision de la commission électorale irakienne interdisant des partis accusés de "proximité" avec le PKK, ça reste "injustifiable": les organisations concernées n'ont aucune "activité partisane", a-t-il estimé dans un communiqué de METRO.

En mars, à l'issue d'une visite en Irak de hauts responsables turcs, Bagdad avait discrètement classé le PKK comme "organisation interdite".

A la mi-août, la Turquie et l'Irak ont signé un accord de coopération militaire portant sur l'installation de centres de commandement et d'entraînement communs dans le cadre de la lutte contre le PKK.

Tawar Adel, directrice de la maison de production Gezengi Barbayan, a assuré que les forces de sécurité étaient venues le 31 décembre dans ses locaux pour les sommer "d'arrêter de travailler."

"Nous avons été surpris par l'interdiction de notre compagnie. Depuis 2017, nous avons la licence officielle du ministère du Commerce du Kurdistan et nous l'avons faite renouveler en mai 2024", a-t-elle ajouté. (AFP, 2 jan 2025)

Trois membres des forces kurdes tués dans une attaque à Alep

Des combattants proturcs ont tué mardi dans le nord de la Syrie trois membres des forces de sécurité kurdes, en attaquant leur barrage de contrôle dans la métropole d'Alep, a rapporté une ONG.

Pointant du doigt des groupes armés proturcs, un responsable de la sécurité kurde a rapporté une attaque de drone contre ce barrage, donnant pour sa part un bilan de deux morts parmi les forces kurdes.

La métropole d'Alep a été la première ville de Syrie à tomber début décembre aux mains d'une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes, grâce à une offensive fulgurante qui leur a ensuite permis de renverser le pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre.

Si la situation sécuritaire dans la ville reste largement stable, ailleurs dans le nord du pays des combats opposent des groupes armés proturcs aux Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unies.

Mardi, "un barrage de contrôle tenu par des forces de sécurité kurdes locales dans le quartier majoritairement kurde d'Achrafieh
(...) a été attaqué par des combattants proturcs armés et par un drone", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Trois membres des forces kurdes ont été tués. Sept autres ont été blessés et se trouvent actuellement dans un état critique", a précisé à l'AFP le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane.

"C'est la première attaque du genre dans le secteur depuis la chute du régime" selon l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Alep est désormais administrée par les nouvelles autorités et les forces de sécurité qu'elles ont déployées dans le secteur, à l'exception de deux quartiers à majorité kurde, Cheikh Maqsoud et Achrafieh, tenus par des forces locales issues de cette minorité.

Ces deux quartiers abritent plus de 300.000 habitants, selon l'OSDH, qui craint une escalade des violences.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, le responsable kurde interrogé par l'AFP a accusé "les groupes proturcs d'avoir attaqué le barrage de contrôle avec un drone armé".

Ce checkpoint se trouve entre les deux quartiers majoritairement kurdes, a-t-il dit.

A l'est de la ville d'Alep, près de Manbij, des combats opposent quotidiennement depuis un mois les groupes armés proturcs aux FDS. Dimanche et lundi, ces affrontements ont fait 31 morts dans les deux camps selon l'OSDH.

Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a affirmé dimanche que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne, lors d'une interview à la chaîne Al-Arabiya. (AFP, 31 déc 2024)

31 morts dans des combats entre forces kurdes et proturques

Les combats qui se poursuivent dans le nord de la Syrie entre des groupes soutenus par la Turquie et les forces dominées par les Kurdes ont fait depuis dimanche 31 morts, des combattants des deux bords, a indiqué lundi une ONG.

Fin novembre, des factions syriennes proturques ont lancé une offensive contre les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) dans le nord du pays.

Ces combats ont été déclenchés parallèlement à une offensive fulgurante lancée depuis le nord-est par une coalition de rebelles, dominée par des islamistes radicaux, qui leur a permis d'arriver à Damas et de prendre le pouvoir.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sept combattants proturcs ont été tués lors de violents combats lundi dans la région de à Manbij (nord-est).

Des combattants des FDS se sont infiltrés dans la ville reprise par les forces soutenues par Ankara début décembre, a précisé l'ONG.

Six autres combattants proturcs et trois membres des FDS avaient été tués la veille dans ce secteur, selon l'ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

En outre, 13 combattants de factions proturques et deux membres des FDS ont été tués dimanche dans des "combats acharnés" dans la province d'Alep, près du barrage de Techrine et d'un pont stratégique enjambant l'Euphrate, selon la même source.

Les FDS ont annoncé lundi avoir mené des attaques qui leur ont permis de "détruire deux radars, un système de brouillage et un char de l'occupation turque" près de ce pont.

Les Unités de protection du peuple kurde (YPG), épine dorsale des FDS soutenues par les Etats-Unis, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Ankara considère les YPG comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sa bête noire.

Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a affirmé dimanche que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne, lors d'une interview à la chaîne Al-Arabiya.

"Les armes doivent être uniquement aux mains de l'Etat. Quiconque était armé et a les capacités de rejoindre le ministère de la Défense sera le bienvenu", a-t-il déclaré, assurant que c'est sur "ces conditions et ces critères" que des "négociations" seront menées avec les FDS, "dans l'espoir de trouver une solution appropriée".(AFP, 30 déc 2024)

Minorités / Minorities

Décès du grand rabbin de Turquie

Le grand rabbin de Turquie, Isak Haleva, est décédé à l'âge de 85 ans, a annoncé mardi le rabbinat de Turquie.

"Nous sommes profondément attristés par la perte de notre estimé chef, notre Grand Rabbin Rav Isak Haleva, qui a toujours cru en l'union de la paix et de l'amour et a dirigé notre communauté conformément à cette croyance pendant des années", a écrit le rabbinat de Turquie sur X.

Le rabbinat n'a pas précisé la date de décès du grand rabbin, qui occupait ce poste depuis 2002.

Le journal de la communauté juive de Turquie, Salom, a également déploré le décès du plus haut responsable religieux juif de Turquie, "qui a dirigé et uni notre communauté (...) pendant de nombreuses années".

"J'ai appris avec tristesse le décès du Grand Rabbin de Turquie, Rav Isak Haleva. Il a toujours défendu la paix et donné de l'importance au dialogue et à l'amitié. Mes condoléances à la communauté juive turque", a affirmé sur X le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

De 200.000 au début du 20e siècle, les Juifs sont moins de 15.000 aujourd'hui en Turquie, pays à majorité musulmane.

Un double attentat suicide avait visé deux synagogues d'Istanbul en novembre 2003, faisant 25 morts et des centaines de blessés, dont le grand rabbin Haleva, qui avait été légèrement blessé.

La plupart des Juifs de Turquie sont des descendants de Juifs qui ont trouvé refuge dans l'empire ottoman au XVe siècle pour fuir l'Inquisition en Espagne. (AFP, 14 jan 2025)

Politique intérieure/Interior Politics

Trustee appointed to DEM Party’s Akdeniz Municipality

The Interior Ministry announced that the arrested Co-Chair of Mersin Province’s Akdeniz District Municipality, Hoşyar Sarıyıldız, had been dismissed, and that Akdeniz District Governor Zeyit Şener had been appointed as government trustee in his place.

In its statement, the Interior Ministry added that the Co-Chair of Mersin Province’s Akdeniz District Municipality, Hoşyar Sarıyıldız, had been arrested on charges of ‘propaganda of a terrorist organization’, ‘membership of an armed terrorist organization’, ‘violation of the Law on the Prevention of the Financing of Terrorism’ and ‘opposition to Law no. 2911 on Meetings and Demonstrations’.

The statement added:

“As a temporary precaution, Hoşyar Sarıyıldız has been dismissed from his position by the Interior Ministry in accordance with Article 127 of the Constitution and Article 47 of the Law on Municipalities no.5393. In accordance with Articles 45 and 46 of the Law on Municipalities no.5393, Akdeniz District Governor Zeyit Şener has been appointed Akdeniz Municipality Trustee by the Mersin Governorate.”

According to the statement of the Interior Ministry, Akdeniz District Municipality Assembly Members Nuriye Arslan, Özgür Çağlar, Hikmet Bakırhan and Neslihan Oruç were also dismissed.

At local elections held on 31 March 2024, DEM Party won with 36.92% of the vote in the Akdeniz district of Mersin province (47 thousand 843 votes).

In 2024, trustees were appointed to 7 municipalities

Since the 31 March local elections, government trustees have been appointed to 5 DEM Party and 2 CHP municipalities.

DEM Party’s Hakkari Mayor Mehmet Sıddık Akış was dismissed from this position on 3 June, and Hakkari Governor Ali Çelik was appointed as government trustee in his place.

On 30 October, CHP’s Esenyurt District Mayor Ahmet Özer was also dismissed. Istanbul Deputy Governor Can Aksoy was appointed as government trustee in Özer’s place.

Then, on 4 November, Mardin Metropolitan Mayor Ahmet Türk, Batman Mayor Gülistan Sönük and Şanlıurfa Province Halfeti District Mayor Mehmet Karayılan were dismissed from their positions. In place of Türk, Mardin Governor Tuncay Akkoyun, in place of Sönük, Batman Governor Ekrem Canalp, and in place of Karayılan, Halfeti District Governor Hakan Başoğlu were appointed as government trustees.

On 22 November, by decree of the Interior Ministry, Dersim Mayor Cevdet Konak from DEM Party and Ovacık Mayor Mustafa Sarıgül from the CHP were dismissed from duty. In Konak’s place, Tunceli Governor Bülent Tekbıyıkoğlu and in Sarıgül’s place Ovacık District Governor Hüseyin Şamil Sözen were appointed as government trustees. (BIA, 13 Jan 2025)

Opération Öcalan d’Erdogan: piège ou espoir de paix
 
Ragip Duran, TVXS.GR, 5 janvier 2025
 
Abdullah Ocalan, leader du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) crée en 1978, en lutte armée pour les droits des Kurdes contre le gouvernement central d’Ankara depuis 1984, en prison depuis 1999 est à la une des médias du pays à la suite de l’initiative du Président du MHP (Parti d’Action Nationaliste, extrême-droite, 47 sièges sur 593) M. Bahceli qui avait le 1er octobre dernier serré la main des députés de DEM (Parti de l’Egalite et de Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, 57 sièges). Le grand allié d’Erdogan, le chef des Loups Gris a invité Ocalan au Parlement turc pour faire un discours pour annoncer la dissolution du PKK et la fin de la lutte armée. Bahceli avait même prévu la possibilité de la libération du chef du PKK.
 
Une délégation du DEM a pu se rendre le 28 décembre dernier sur l’île d’İmralı pour s’entretenir avec Ocalan, qui ne pouvait pas recevoir ses avocats ou les membres de sa famille depuis très longtemps.
 
La délégation a publié un communiqué écrit très court pour faire savoir la position d’Ocalan: “Je suis prêt à contribuer pour renforcer le paradigme lancé par MM. Bahceli et Erdogan. Nous avons besoin de rétablir la fraternité turco-kurde”.
 
La délégation du DEM a commencé depuis jeudi dernier à informer les responsables des autres partis du Parlement.
 
Les vrais et pseudos experts du problème kurde et du Moyen-Orient des deux cotés, c’est-à-dire les pro-Erdogan et les opposants ont fait couler beaucoup d’encore et débattent encore sur les plateaux des TV sur les propos d’Ocalan.
 
- Est-ce un plan de l’impérialisme américain pour créer un Etat kurde au Moyen-Orient proche de Tel Aviv?
 
- Le grand Etat turc, a-t-il besoin d’un terroriste, d’un assassin de bébé pour résoudre ses problèmes ?
 
- Ocalan parle de la démocratie, de la paix et du rôle du Parlement, alors que les proches d’Erdogan ne parlent que du terrorisme.
 
- Erdogan désire gagner les votes des Kurdes pour sa nouvelle Constitution qui lui permettra de se présenter une quatrième fois aux élections Présidentielles en 2028.
 
- Ankara veut en particulier empêcher la formation et le renforcement de la Région Autonome Kurde en Syrie du Nord.
 
- Alors que les porte-paroles du Palais prévoient la possibilité de la libération d’Ocalan, Ankara poursuit ses attaques contre les Kurdes de Syrie et de Turquie.
 
- Il y a du coté du pouvoir aucun signe récent de démocratisation (Administrateurs nommés au lieu des maires kurdes élus, arrestations des activistes kurdes, interdiction de la langue kurde, des milliers de membres de DEM toujours injustement emprisonnés, répression contre les médias kurdes…etc…) . Peut-on parler de la paix là où il n’y a pas de démocratie ni de liberté?
 
- Une carence est remarquée par les spécialistes : Ocalan dans son communiqué ne mentionne pas du tout le PKK. Le PKK, dont le QG se trouve à Quandil (Région frontalière Irako-Iranienne) avait déjà annoncé sa position: “Le Président, emprisonné Ocalan ne peut pas décider sur le sort du Parti, ni sur le cessez-le-feu ou l’abandon de la lutte armée. Seul, nous pouvons prendre cette décision”.
 
- Ocalan n’a pas non plus parlé du PYD (Parti de l’Union Démocratique des Kurdes de Syrie, multiethnique et laïc, proche du PKK). Le commandant des FDS (Forces Démocratiques de la Syrie, branche armée du PYD, avec environ 100 milles soldats kurdes, arabes, turcomènes, arméniens, assyriens…controle environ un tiers du territoire syrien) Mazloum Abdi désire s’entretenir avec la nouvelle administration de Damas, veut collaborer avec les nouveaux maîtres, mais insiste sur l’autonomie des Kurdes de Syrie et la participation au gouvernement central de Damas.
 
Plusieurs journalistes, universitaires et spécialistes en Turquie et ailleurs souffrent de la carence de transparence et de l’absence des institutions. Actuellement, il y a beaucoup de spéculations, beaucoup d’opinions et beaucoup de commérages et très peu d’information concrète et confirmée. Seuls quelques commentateurs mettent l’accent sur les leçons à prendre des pourparlers d’Oslo (2009-2011) et du premier processus de paix (2013-2015) échoués.
 
Les dirigeants turcs, à la suite de l’effondrement de l’Empire Ottoman, avait cru résoudre le problème arménien par le Génocide de 1915, le problème roum par les massacres de Pontos (1919-1922) mais ils n’ont toujours pas pu résoudre le problème kurde depuis la création de la République Kemaliste en 1923, estime l’historien Hans-Lukas Kieser, auteur de plusieurs livres sur la période post-ottomane dont le dernier s’intitule “La Formation Violente de la Turquie”.

Des députés pro-kurdes rencontrent des dirigeants après un échange avec Öcalan

Une délégation composée de trois représentants du parti d'opposition pro-kurde DEM a rencontré jeudi le président du Parlement et le chef du parti d'extrême droite MHP, dans le cadre d'une tentative de reprise du dialogue entre Ankara et le PKK, organisation considérée comme terroriste par les autorités turques.

La rencontre entre les membres du parti pro-kurde et le président du Parlement Numan Kurtulmus, a été "positive" a déclaré Sirri Süreyya Onder, député du parti DEM à l'issue de la réunion, cité par la chaîne turque NTV.

Ils ont également rencontré le leader du MHP Devlet Bahceli pendant 40 minutes, ont rapporté les médias locaux, sans révéler le contenu de leurs discussions.

Selon un communiqué publié plus tôt par le DEM, les discussions devaient porter sur la rencontre exceptionnelle de ce weekend entre des membres du parti et Abdullah Öcalan, le fondateur du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle sur l'île-prison d'Imrali, proche d'Istanbul.

Cet échange avec Abdullah Öcalan, une première en près de dix ans, s'inscrit dans un contexte d'apaisement des tensions entre Ankara et le PKK, mouvement indépendantiste kurde actif en Turquie depuis plusieurs décennies et classé comme terroriste par les États-Unis et l'Union européenne.

Cette visite a eu lieu deux mois après la main tendue de Devlet Bahceli, le chef du parti ultranationaliste MHP (Parti d'action nationaliste), envers M. Öcalan l'invitant à venir devant le Parlement pour renoncer au "terrorisme" et dissoudre le PKK.

M. Bahceli avait évoqué un "droit à l'espoir", des propos largement interprétés comme ouvrant la voie à une libération anticipée.

Le président Recep Tayyip Erdogan a soutenu l'initiative de son allié.

"J'ai l'expérience et la détermination nécessaires pour contribuer positivement au nouveau paradigme lancé par M. Bahceli et M. Erdogan", a déclaré Abdullah Öcalan lors de la réunion de samedi avec les députés du DEM, selon le communiqué du parti.

"Je suis prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel", a-t-il ajouté.

MM. Onder et Buldan ont "entamé une série de réunions avec les partis représentés au Parlement" et seront rejoints jeudi par Ahmet Türk, 82 ans, homme politique expérimenté, impliqué de longue date dans la résolution de la question kurde en Turquie.

La délégation rencontrera lundi le parti conservateur au pouvoir, l'AKP, puis le CHP, principal parti d'opposition de centre-gauche, après quoi elle présentera un compte-rendu de ses échanges, a également déclaré M. Onder.

Dans un message publié ce week-end sur X, Tuncer Bakirhan, coprésident du parti DEM, a salué ce qu'il a décrit comme une "occasion historique de construire un avenir commun".

"Nous sommes à la veille d'une possible transformation démocratique en Turquie et dans la région. Le moment est venu de faire preuve de courage et de clairvoyance pour parvenir à une paix honorable", a-t-il déclaré. (AFP, 2 jan 2025)

Forces armées/Armed Forces

Turkey shells several locations in Kobanê, Tishrin, Til Temir, Ain Issa and Qamishlo

According to reports from the ground, Turkish warplanes bombed the villages of Loktê and Goktepe in the town of Chalabiyah, south of Kobanê at around 17:00 local time today.

At 16.50, Turkish forces and allied mercenaries shelled the vicinity of the Tishrin Dam and the rural areas of Sirrin.

Simultaneously, attacks were launched against villages in Til Temir.

Further attacks by the occupation forces were directed against the village of Misharfa east of Ain Issa and the drinking water transmission station in El Fatisa village.

On the other hand, two consecutive explosions occurred in a building in the Xerbî neighborhood of Qamishlo earlier today. The Internal Security Forces of North and East Syria announced that the building was targeted by an unmanned combat aerial vehicle (UCAV) of the occupying Turkish state.
(ANF, 17 Jan 2025)

37 morts dans des combats entre forces dominées par les Kurdes et pro-turques

Au moins 37 personnes parmi lesquelles cinq civils ont été tuées jeudi dans de nouveaux affrontements entre forces dominées par les Kurdes et factions soutenues par la Turquie dans le nord de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'ONG a rapporté des "combats féroces dans les environs de Manbij (...) au cours des dernières heures entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les factions de l'Armée nationale" aidées par l'aviation turque.

Basée au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, l'OSDH a fait état de "37 morts selon un bilan préliminaire", principalement des combattants soutenus par la Turquie, mais aussi six combattants des FDS et cinq civils.

Selon l'OSDH, au moins 322 personnes ont péri lorsque les combats ont repris entre les deux camps en décembre dans la région de Manbij, au moment où des rebelles islamistes ont pris le pouvoir en Syrie.

Les FDS, partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition internationale antijihadistes, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, elles ont profité d'un retrait des forces du pouvoir du président Bachar al-Assad pour prendre le contrôle de vastes pans du territoire dans le nord-est de la Syrie.

La Turquie accuse les Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS, d'avoir des liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol et a menacé mardi de lancer une opération militaire contre elles.

Mercredi, Mazloum Abdi, chef des FDS, a déclaré avoir appelé Damas à "intervenir" pour soutenir un cessez-le-feu, à la suite d'une rencontre avec les nouvelles autorités.

La ville de Manbij, tenue des années par des forces kurdes, est tombée en décembre aux mains de groupes armés proturcs.

Les Etats-Unis travaillent "très dur" pour répondre aux "inquiétudes légitimes" de la Turquie pour sa sécurité et empêcher une offensive d'Ankara contre les combattants kurdes de Syrie, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken. (AFP, 9 jan 2025)

Syrie: combats entre Kurdes et proturcs, plus de 100 morts selon une ONG

Plus de 100 combattants ont été tués ces deux derniers jours dans les affrontements dans le nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes, a indiqué dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Depuis vendredi soir, les combats dans des villages aux alentours de la ville de Manbij ont fait 101 morts, 85 membres des factions syriennes proturques et 16 des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), a précisé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Dans un communiqué, les FDS ont affirmé avoir repoussé "toutes les attaques des mercenaires de la Turquie appuyés par les drones et l'aviation turcs".

Les factions proturques ont repris leurs attaques contre les FDS, au moment même où des groupes rebelles islamistes lançaient le 27 novembre leur offensive contre les forces du président Bachar al-Assad, chassé du pouvoir onze jours plus tard.

Elles ont pris aux FDS les villes de Manbij et Tal Rifaat, dans le nord de la province d'Alep.

Et les combats continuent depuis avec de lourds bilans humains.

Selon M. Abdel Rahmane, l'objectif des proturcs est de prendre ensuite les villes de Kobani et Tabaqa, puis celle de Raqqa et au final chasser les FDS des territoires sous leur contrôle.

Les FDS contrôlent de vastes zones du Nord-Est et une partie de la province de Deir Ezzor (est), où les Kurdes ont installé une administration autonome après le retrait des forces du pouvoir au début de la guerre civile en Syrie en 2011.

La Turquie voisine considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc). Et son armée cible régulièrement les combattants kurdes en Syrie et en Irak voisin.

Le nouveau dirigeant syrien, chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmad al-Chareh, a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne.

Le groupe HTS a dirigé la coalition des groupes rebelles qui a annoncé le 8 décembre, après son entrée à Damas, la chute du pouvoir Assad qui a fui à Moscou. Cette coalition contrôle la grande partie du pays. (AFP, 5 jan 2025)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Dans le camp syrien d’Al-Hol, l’Etat islamique remue encore

Iris Lambert, Le Soir, 2 janvier 2025

Les pieds foulant la bourbe humide et froide, de longues silhouettes imprécises, troublées par des tchadors noirs et opaques, se fraient un passage dans l’allée centrale du camp d’Al-Hol. Le soleil pâle de l’hiver brille sur les bâches rêches et poussiéreuses des tentes qui entourent le bazar. A l’arrière d’un camion, deux carcasses de mouton pendent sévèrement, attendant d’être découpées. D’un coup d’épaule, Abu Hamza1, keffieh rouge sur le front et lunettes noires ombrant ses yeux, s’extirpe de la cohue. « Cela fait des années que nous sommes enfermés, qu’on nous accuse d’être des terroristes » profère ce Syrien d’une cinquantaine d’années, de sa voix grave et articulée, l’index pointé vers le ciel blanc. « Mes enfants ont été arrêtés, c’en est assez ! Le régime de Bachar al-Assad est tombé, Dieu merci, le temps est venu pour nous d’enfin sortir d’ici ! »

Depuis la prise de Damas par les combattants du groupe islamiste Hayat-Tahrir Al-Sham (HTS) et l’effondrement de la dictature baasiste, début décembre, tout le camp d’Al-Hol bruisse de ces discours mêlant colère et détermination. Nichée dans le nord-est de la Syrie, près de la frontière avec l’Irak, cette prison à ciel ouvert concentre, depuis la chute du « califat » de l’Etat islamique à Baghouz en 2019, plus de 40.000 personnes accusées d’être affiliées à l’organisation. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de transition sunnite, dont certains des membres sont passés dans les rangs d’Al-Qaeda ou de Daesh, ravive, au sein du camp, les espoirs d’une libération prochaine.

L’ombre d’une insurrection

« Jolani ? ! Tout le monde a bonne image de lui, même les Occidentaux ! » s’exclame ainsi Abu Jassim, en référence au leader de HTS, aujourd’hui à la tête du gouvernement de transition de la Syrie. Pour cet originaire de la ville de Der ez-Zor, l’islam rigoriste qu’ils ont en partage pourrait être la clef qui permettrait enfin de trouver des accords et de rouvrir les portes d’Al-Hol. Mais pour les autorités de la région, les Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde, appuyées par la coalition internationale, Etats-Unis en tête, cette transformation dramatique des équilibres politiques et militaires risque surtout de raviver les velléités des djihadistes, laissant planer l’ombre d’une insurrection au sein du camp et la multiplication d’attaques venues de l’extérieur.

« Dès le lendemain de la prise de Damas par HTS, les cellules de l’Etat islamique ont profité de l’instabilité régionale pour lancer des opérations », confirme une source sécuritaire proche des services antiterroristes des FDS. C’est que l’attention des forces militaires est partiellement divertie par la nécessité de défendre les territoires du nord, près de Manbij et Kobane, actuellement sous le feu des milices pro-turques rassemblées sous la bannière de l’Armée nationale syrienne (ANS). « Nous avons déployé des renforts tout autour du camp d’Al-Hol », poursuit la source, « mais pour autant que nous le sachions, l’environnement est plus que jamais propice à une résurgence du califat ».

« Une bombe à retardement »

« Ce camp a toujours été une bombe à retardement », s’alarme Cîhan Henan, la coresponsable du centre. Derrière son bureau, une immense carte donne à voir les divisions administratives du camp. Une zone, particulièrement, concentre les inquiétudes. Baptisée « l’Annexe », elle accueille près de 6.000 ressortissants étrangers, uniquement des femmes et des enfants, dont des familles belges difficiles à dénombrer. De là, les plus radicales parviennent à imposer une loi islamique ultra-rigoriste à l’ensemble du camp. Au mois de novembre, une opération commando avait permis d’y saisir des caches d’armes et de découvrir des tunnels dans lesquels de jeunes adolescents sont entraînés aux préceptes du djihad armé.

« Les familles de l’Annexe ont déjà fait leurs bagages et n’attendent plus qu’une opportunité pour partir. Elles ont vu que le régime syrien pouvait s’effondrer en une semaine et espèrent que cela se produira ici aussi », résume Cîhan Henan. En quelques semaines, les autorités du camp ont déjà dû déjouer trois tentatives d’évasion concernant vingt-deux personnes, toutes venues de l’Annexe.

Accompagnés de gardes armés

Sur une petite butte surplombant le campement central, une dizaine de masures isolées composent la « zone de sécurité » : c’est là que sont rapatriées les familles faisant l’objet de menaces à l’intérieur du camp. Dans l’obscurité épaisse d’une des tentes chauffée par un poêle à fioul, Khader Yussef Mohammed dépose doucement ses peurs et ses informations. « Je travaille à collecter des éléments sur les agissements de Daesh à Al-Hol. Depuis que la sécurité a été renforcée, la situation est plutôt calme, mais il ne faut pas s’y fier », prévient-il. A sa gauche, un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence fait défiler les messages envoyés sur les nouvelles boucles Telegram qui circulent dans le camp. Il liste, méthodique : « Là, ce sont des posts à propos de Jolani, mais il y en a d’autres sur la révolution en général, ou bien sur comment fabriquer des engins piégés, comment prier, les enseignements de la sharia… »

Les tensions sont telles que ces familles ne se rendent au marché qu’accompagnées par des gardes armés. « Je suis très inquiet, dix d’entre nous valent autant qu’un soldat », confie Khader Yussef Mohammed, réfugié dans la zone de sécurité depuis 2021, « ces gens feront tout ce qui est possible pour nous tuer ». S’il a eu le temps, ces dernières années, d’adapter sa vie au rythme des menaces, l’agitation nouvelle creuse ses nuits et ses angoisses : « Des milliers de personnes ici soutiennent HTS. Elles pourraient décider de se soulever et de créer le chaos. » L’œil sombre et le front baissé, il souffle : « Alors, personne ne sait ce qui pourrait arriver. »

(1) Le prénom a été modifié pour des questions de sécurité.

Socio-économique / Socio-economic

En Turquie, une vague de décès relance le débat sur les taxes sur l'alcool

Trente-huit morts en quatre jours et 26 personnes en soins intensifs: une vague d'empoisonnements à l'alcool frelaté à Istanbul a relancé le débat hautement politique en Turquie sur la hausse continue des taxes sur l'alcool.

Selon la presse locale, plusieurs hommes sont morts après avoir acheté de l'alcool contrefait dans un restaurant turkmène de la ville, à 30 livres turques (0,80 euro) les 50 cl.

En comparaison, le raki, alcool anisé traditionnel, coûte pas moins de 1.300 livres (35 euros) le litre au supermarché, dans un pays où le salaire minimum s'élève à 600 euros.

Ce prix et ceux des autres boissons alcoolisées, plus élevés en moyenne en Turquie - pays à majorité musulmane - que dans l'Union européenne, alimentent la production clandestine.

"Nous perdons au moins 500 personnes par an à cause de l'alcool contrefait. C'est un massacre, une tuerie de masse, et ce sont des morts causées par les taxes!", s'est insurgé mercredi devant le parlement turc Mustafa Adigüzel, député du CHP (social-démocrate).

"Il faut remédier au prix exorbitant de l'alcool", a insisté l'élu du principal parti d'opposition au gouvernement islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, musulman pieux férocement opposé à la consommation d'alcool.

- "Argent facile" -

Sans évoquer les personnes décédées ou hospitalisées, le président turc a taclé vendredi l'opposition, "dont la plus grande promesse est de baisser le prix du raki", a-t-il lancé.

Çagin Tan Eroglu, co-coordinateur d'une association de surveillance des politiques publiques en matière d'alcool, recense les seuls décès rapportés par la presse, mais affirme que "leur nombre croît" sous l'effet des hausses des taxes sur l'alcool, qui interviennent chaque semestre.

Selon le gouvernorat local, 48 personnes sont mortes intoxiquées à l'alcool frelaté en 2024 à Istanbul. Contacté par l'AFP, le ministère turc de la Santé n'a pas communiqué de chiffre national.

"Les taxes permettent au gouvernement de récolter de l'argent facile tout en punissant politiquement un certain mode de vie", accuse M. Eroglu. "Mais des gens meurent à cause de ces politiques irresponsables et ouvertement idéologiques".

Le montant de la taxe sur le raki, introduite après l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan en 2002, a bondi de plus de 2.500% depuis 2010 - une hausse spectaculaire que la très forte inflation ne suffit pas à expliquer -, faisant grimper le prix de la boisson plus vite que les salaires.

"Près de 70% (du prix) d'une bouteille est constitué de taxes. Une telle pratique n'existe dans aucun autre pays", affirme à l'AFP Özgür Aybas, président de l'association des revendeurs d'alcool, pour qui la situation est telle en Turquie qu'"aujourd'hui, même dans les restaurants les plus luxueux, de l'alcool frelaté peut être servi".

- "Terroristes" -

"La mauvaise politique du gouvernement est entièrement responsable de la mort de citoyens", assène-t-il, jugeant que les consommateurs d'alcool "sont traités comme des citoyens de seconde classe".

La hausse des prix des boissons alcoolisées est toutefois indolore pour la majorité des Turcs.

Si l'alcool est plus répandu en Turquie que dans la plupart des pays à majorité musulmane, seuls 12,1% des Turcs disent en consommer, avec une différence marquée entre hommes (18,4%) et femmes (5,9%), selon l'institut turc de la statistique.

"Nous augmentons sans cesse le prix de l'alcool et des cigarettes (...) mais ils n'arrêtent pas d'en consommer", avait lancé en 2022 le président Erdogan, qui s'est évertué à promouvoir l'ayran, à base de yaourt, comme boisson nationale en lieu et place du raki, afin de former une "génération saine".

Ce discours, et la dénonciation régulière des "ivrognes", "n'a fait qu'exacerber les divisions socioculturelles et politiques qui assaillent la Turquie", note l'historienne Emine Evered, auteure d'un ouvrage récent sur l'alcool en Turquie depuis l'Empire ottoman.

Annonçant mercredi l'arrestation de plusieurs personnes soupçonnées d'avoir écoulé de l'alcool frelaté, le gouvernorat d'Istanbul a jugé sur un ton martial que "ceux qui causent la mort en produisant ou vendant de l'alcool contrefait ne sont pas différents des terroristes". (AFP, 17 jan 2025)

Alcool frelaté en Turquie : 33 morts à Istanbul, selon un nouveau bilan

Trente-trois personnes sont mortes à Istanbul, tandis que 48 autres ont été hospitalisées après avoir bu de l'alcool frelaté depuis lundi, a rapporté jeudi soir l'agence étatique turque Anadolu.

Un précédent bilan faisait état mercredi de 23 décès depuis lundi dans la mégapole turque.

L'alcool frelaté avec du méthanol, un alcool industriel différent de l'éthanol utilisé dans les boissons alcoolisées, est soupçonné d'être la cause des décès.

Quatre personnes soupçonnées d'avoir vendu de l'alcool frelaté ont été arrêtées pour "homicide volontaire", a précisé jeudi soir le gouvernorat d'Istanbul dans un communiqué.

Depuis le 1er janvier, 29 tonnes d'alcool contrefait ont été saisies à Istanbul et 64 entreprises ayant vendu de l'alcool contrefait ou de contrebande ont vu leur licence révoquée, a ajouté le gouvernorat.

Des propriétaires de magasins spécialisés accusent le gouvernement d'être indirectement responsable de cette vague de décès en raison des fortes taxes appliquées sur l'alcool, qui encouragent selon eux la production clandestine.

48 personnes sont déjà mortes en 2024 à Istanbul en raison d'une intoxication à l'alcool frelaté, selon le gouvernorat.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, un musulman pieux accusé par ses opposants de vouloir islamiser la société, a plusieurs fois pris position contre la consommation d'alcool ou de tabac. (AFP, 16 jan 2025)

Trois personnes condamnées à perpétuité pour la mort d'une fillette de huit ans

Un tribunal turc a condamné samedi à la prison à vie trois membres de la famille d'une fillette de huit ans dont l'assassinat dans la province de Diyarbakir (sud-est) avait bouleversé le pays, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le corps de Narin Guran, disparue depuis 19 jours, avait été retrouvé en septembre dans un sac dans une rivière à environ un kilomètre du village où elle vivait avec sa famille.

Le procès n'a pas permis de déterminer les raisons du crime.

Après une journée d'audience tendue, le tribunal de Diyarbakir a condamné la mère, le frère aîné et l'oncle de Narin à la prison à vie pour "meurtre en bande organisée", selon le verdict obtenu par le journaliste présent au tribunal.

Le juge a condamné un autre suspect, Nevzat Bahtiyar, qui avait avoué le meurtre, à quatre ans et six mois de prison. Selon le tribunal, il a pris le corps de Narin Guran chez elle et l'a transporté pour le cacher.

Selon le président du barreau de Diyarbakir, Abdulkadir Gulec, le verdict est proche de ce qui était attendu. Toutefois, "Nevzat Bahtiyar aurait dû recevoir la même sanction" que les trois autres, a-t-il déclaré.

L'accusation a affirmé que l'oncle, qui était le chef de village, avait fait obstruction à l'enquête en fournissant de fausses informations pendant les recherches de la fillette.

La mère de Narin Guran, Yuksel Guran, a elle nié tout implication dans le meurtre de sa fille durant le procès, regrettant de ne jamais pouvoir assister au mariage de sa fille.

"Ils n'ont même pas laissé ma fille grandir jusqu'à l'âge de porter une robe de mariée. Ils l'ont entourée d'un linceul avant", a-t-elle déploré devant le tribunal.

"Ma fille a été brutalement tuée". "Je n'ai même pas vu son linceul ni sa tombe", a-t-elle ajouté.

Yuksel Guran a également nié les allégations selon lesquelles elle aurait tué son autre fille, affirmant qu'elle était physiquement handicapée et qu'elle était décédée à l'hôpital.

La disparition de Narin Guran, le 21 août, avait suscité un vif émoi en Turquie, plusieurs personnalités connues ayant rejoint une campagne sur les réseaux sociaux intitulée "Retrouvez Narin".

Dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Diyarbakir, 21 personnes avaient été placées en garde à vue. Les deux parents et le frère aîné de Narin faisaient partie des personnes interpellées.

L'oncle de Narin avait été interpellé à la suite de "forts soupçons" de "meurtre" et de "privation de liberté" pesant sur lui.

Des appels au rassemblement pour protester contre le meurtre de Narin avaient été lancés par des organisations féministes dans plusieurs villes de Turquie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déploré "la triste nouvelle de Narin, qui a été brutalement assassinée" et qui "nous a tous profondément blessés".

Dans sa déclaration sur X, il s'était engagé à suivre "personnellement le processus judiciaire pour garantir que ceux qui nous ont pris Narin reçoivent la punition la plus sévère".(AFP, 28 déc 2024)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

EU Rapporteur: Turkey disregards democratic principles

Nacho Sánchez Amor criticised Turkey’s trustee appointments, calling it a “violation of democracy” after the elected Mersin co-mayors were replaced on Monday.

“The continued disregard for democratic principles in Turkey should be taken seriously by all in the EU,” Nacho Sánchez Amor, EU Rapporteur on Turkey, said on Monday after Turkish authorities replaced the elected co-mayors of Mersin with a state-appointed trustee.

The municipality of Mersin, governed by the pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy (DEM) Party since the 31 March local elections, became the latest victim of Turkey’s controversial trustee policy. The decision followed the arrest of Mersin’s co-mayors, marking the ninth such appointment since the elections. Seven of these municipalities were governed by the DEM Party, while two belonged to the main opposition Republican People’s Party (CHP).

Amor voiced his criticism on X, formerly Twitter, stating, “New addition today to the shameful list of mayors dispossessed by the Turkish government of their democratic mandate.”

Related article:

Turkey’s trustee policy ‘blatent violation of democracy’: EU Rapporteur exclusive
In a recent interview with Medya News, Amor called the practice “a violation of the most basic rule of democracy”. He highlighted how the lack of legal certainty in Turkey, exemplified by these trustee appointments, posed broader risks, including undermining financial policy.

“This indiscriminate policy of trampling on democratic rights sends a message to the world that Turkey is not reliable,” Amor said, pointing to the broader implications for Turkey’s political and economic stability.

The trustee policy has faced widespread criticism from the EU, human rights groups, and democracy advocates, who see it as part of a broader crackdown on opposition parties, particularly the pro-Kurdish DEM Party. Critics argue that the policy disenfranchises voters and undermines local governance, raising serious concerns about Turkey’s commitment to democratic norms.

Amor’s statement adds to mounting international scrutiny over Turkey’s practices, emphasising the need for the EU to take a firm stance on the country’s democratic backsliding. (medyanews, 14 Jan 2025)

Northeastern Syria’s diplomatic mission to UK calls for a federal future for Syria

A delegation from northeast Syria visited the UK this week, to discuss Syria’s future. This high-ranking delegation, led by Ilham Ahmad, co-chair of the Foreign Relations Department of the Autonomous Administration of North and East Syria (AANES), and Hassan Muhammad Ali, co-chair of the Public Relations Office of the Syrian Democratic Council (SDC), has been in the UK for five days, engaging with senior British officials from various political parties. They have emphasised that a federal framework is essential for Syria’s political future, providing a potential pathway to peace and stability.

The dramatic shifts in Syria, following the collapse of Bashar al-Assad’s regime and the rise of the Sunni extremist group Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), have significantly heightened the urgency for all involved parties.

The SDC delegation met with British officials to discuss Turkey’s ongoing military operations in northern Syria, which target Syrian Democratic Forces (SDF)-controlled areas. The delegation emphasised the need for international support to safeguard these regions, which are vital to Syria’s stability and security. They presented a vision for a political solution to the Syrian conflict, advocating for a new constitution that ensures the rights of all communities, including Kurds.

The visit aimed to increase global recognition of the Autonomous Administration’s governance model, which promotes local democracy and coexistence. British MPs praised the SDF’s efforts in fighting terrorism and ensuring stability.

During her meeting with Northern Irish MP Sammy Wilson, Ahmad underscored the importance of a federal, decentralised, and multi-party system for Syria’s future, one capable of representing all political forces in the country. Ahmad also stressed the urgent need for international pressure on Turkey to halt its attacks on the SDF and drew attention to the discrepancy between the rhetoric and actions of the transitional Syrian government, led by HTS’ Ahmad al-Sharaa (previously known as Abu Mohammad al-Julani), highlighting the necessity of a comprehensive ceasefire in Syria. Ahmad further pointed out that halting Turkish intervention in Syria could provide a path toward stability, to which Wilson expressed his willingness to send a delegation to visit the northeastern regions of Syria.

In another segment of their diplomatic tour, Ahmad, together with Osman Baydemir, former Kurdish representatives in the Turkish Parliament, met British Minister of Technology Faryal Clarke at the Savoy Hotel during a ceremony marking the tenth anniversary of the liberation of Kobani (Kobanê). Their conversation revolved around the plight of the Kurds in the Middle East, especially in northeastern Syria.

The meeting, attended by Jamal Taher, representative of the Iraqi Kurdistan Regional Government (KRG), Parvin Chakar, a well-known Kurdish singer, Labour peer Maurice Glasman, and UNITE union representative Simon Dubbins, among other political figures, underscored the importance of Kurdish political participation in Syria’s future and stressed the necessity of creating a federal system for Syria’s long-term stability.

Hassan Muhammad Ali spoke to Euphrates News Agency about the delegation from northeastern Syria, stating, “Syria has always been a pluralistic society, with rich cultural, ethnic, and religious diversity. A centralised system is inadequate; a federal structure is essential for Syria’s political stability.” He also pointed out that in the post-Assad era, the UK should use its political influence to prevent further Turkish attacks on Syria.

In conclusion, Ali reiterated that, from the SDC’s perspective, the international community—especially the UK—must acknowledge Syria’s multicultural fabric and prevent Turkey’s attempts to impose a centralised government.

The high-level delegation will continue its diplomatic tour in the UK until 17 January, with a focus on advocating for a federal-democratic system to secure political stability. According to media reports, Ahmad will then travel to Washington, DC to attend US President Donald Trump’s inauguration on 20 January.

Biden urges continued support for Kurds as Trump era begins
US President Joe Biden has urged the incoming administration to maintain alliances with Syria’s Kurdish-led forces, warning of an ISIS resurgence amid rising tensions with Turkey and escalating instability following Bashar al-Assad’s regime collapse in late 2024. (medyanews, 16 Jan 2025)

Aldi interdit en Allemagne de vente de "chocolat Dubaï" fabriqué en Turquie

Coqueluche des réseaux sociaux, le "chocolat Dubaï" est devenu un cas pour la justice allemande: un tribunal vient d'interdire aux supermarchés Aldi de vendre cette friandise à la pistache car elle était produite... en Turquie.

A l'origine de l'affaire, le businessman Andreas Wilmers qui importe en Allemagne cette gourmandise fabriquée par la chocolaterie Fix Dessert Chocolatier dans cet Emirat. Il avait porté plainte contre Aldi Süd --les supermarchés Aldi du sud de l'Allemagne-- qui proposait dans ses rayons du "Alyan Dubai Handmade Chocolate", produit en Turquie.

Popularisé par une influenceuse culinaire, le chocolat à la crème de pistache et au croustillant de kadaïf, conçu par la chocolaterie de Dubaï, a suscité un engouement mondial, avec des éditions limitées revendues à prix d'or sur la toile et des chocolatiers comme Lindt cherchant à reproduire son succès.

Pour l'entrepreneur allemand qui réside avec sa famille à Dubaï, "c'est simplement inacceptable qu'il soit écrit 'Dubai Handmade Chocolate' alors (que le chocolat vendu chez Aldi) est fabriqué en Turquie", a-t-il déclaré à l'AFP.

"S'il était écrit 'de style Dubaï' ou quelque chose dans le genre, cela aurait été acceptable, mais tromper le consommateur comme cela, ça ne va pas", a-t-il ajouté.

M. Wilmers qui a confié à l'hebdomadaire der Spiegel "avoir commencé l'importation en Allemagne de tablettes de chocolat Dubaï dans des valises à roulettes" affirme avoir été alerté de l'existence de ces produits d'imitation par des consommateurs se plaignant du mauvais goût de la friandise.

Le tribunal de Cologne (ouest) s'est rangé du côté de M. Wilmers, estimant que "le consommateur moyen considérerait que l'expression 'Dubai Handmade Chocolate', telle qu'elle apparaît, signifie que le chocolat a été fabriqué à Dubaï", selon une décision datant du 2 janvier, vue par l'AFP, et susceptible d'être contestée en appel.

"L'étiquette 'Origine: Turquie' au verso n'est pas de nature à dissiper ce malentendu ", a ajouté le tribunal, soulignant sa position et la "petite taille des caractères".
 Questionné par l'AFP, Aldi Süd a déclaré qu'il ne pouvait pas commenter les procédures judiciaires en cours.

Egalement dans le viseur de M. Wilmers, le chocolatier suisse Lindt, qui a depuis changé l'emballage de son chocolat "de style Dubaï". Il envisage également une action contre les supermarchés discount Lidl, concurrents d'Aldi, après que ces derniers ont refusé de cesser la vente de leur confiserie de style Dubaï. (AFP, 14 jan 2025)

La Turquie tance la France en Syrie et se chargera des menaces terroristes

Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a mis sévèrement en garde la France vendredi contre un éventuel déploiement dans le nord-est de la Syrie et maintenu qu'Ankara est "déterminé" à contrer les menaces terroristes à ses portes.

La France et les Etats-Unis veulent empêcher la Turquie de lancer une "opération militaire" contre les forces kurdes syriennes qui les ont aidées dans leur lutte contre le groupe Etat islamique et qu'Ankara considère comme des mouvements terroristes.

Interrogé lors d'une conférence de presse, M. Fidan a écarté tout rôle de la France dans la région: "Notre interlocuteur sur cette question est l'Amérique. Nous parlons à l'Amérique. Pas avec les pays qui se cachent derrière", a-t-il asséné.

"Débarrasser la Syrie de la menace terroriste est notre tâche principale pour 2025 et la Turquie est la plus efficace dans la lutte anti-terroriste", a-t-il martelé.

"Nous avons régulièrement alerté qu'il n'est pas question de vivre avec une telle menace. Quelqu'un s'en occupe ou nous allons le faire", a-t-il lancé.

La Turquie a "le pouvoir, la capacité et la détermination pour éliminer à la source toute menace posée à sa survie", a-t-il martelé. Hakan Fidan et le président Recep Tayyip Erdogan ont tous deux menacé cette semaine d'intervenir militairement contre les forces kurdes en Syrie.

De violents combats opposent les factions soutenues par la Turquie aux Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara dénonce comme une émanation du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, interdit sur son sol.

- "leurs propres revendications" -

"Si la France a quelque chose à faire, c'est de reprendre ses propres citoyens, de les amener dans ses propres prisons et de les juger", a-t-il également lancé à propos des combattants jihadistes français ayant trouvé refuge en Syrie après la chute de "l'émirat" islamiste.

Paris rechigne justement à rapatrier ces ressortissants, plusieurs dizaines au moins, qui sont déjà emprisonnés en Syrie sous la garde des Kurdes, ou qui ont participé à la coalition rebelle arrivée au pouvoir à Damas le mois dernier.

Le ministre turc a accusé la France de ne pas prendre en compte la sécurité de la Turquie et à ne mettre en avant que ses propres intérêts: "mais ils ne se soucient pas de notre sécurité (...) Ils mettent toujours en avant leurs propres revendications", a-t-il affirmé à propos de ses interlocuteurs français.

Le renversement du dirigeant syrien Bachar al-Assad le mois dernier a fait naître la possibilité d'une intervention directe de la Turquie en Syrie contre les forces kurdes YPG.

Ankara accuse les YPG, épine dorsale des FDS et considérées par l'Occident comme essentielles dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique, de liens avec le PKK.

"Le PKK est une organisation terroriste. Soutenir ou accepter la présence d'une seule branche de cette organisation est inconsistant" a estimé M. Fidan ajoutant: "Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis se montrent inconsistants".

Il a par ailleurs réaffirmé la détermination de la Turquie à soutenir la phase de transition en Syrie, en coordonnant son action avec le Qatar et les Emirats arabes unis.

La Turquie qui partage plus de 900 km de frontière avec sa voisine a accueilli et apporté "la sécurité et les services de base à plus de cinq millions" de réfugiés syriens dont plus de 2,9 millions se trouvent toujours sur son sol. (AFP, 10 jan 2025)

Syrie: le chef de la diplomatie française appelle à une "solution politique" avec les Kurdes

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a appelé vendredi depuis Damas le nouveau pouvoir syrien à une "solution politique" avec les Kurdes, et demandé la destruction du stock d'armes chimiques du pays.

"Une solution politique doit être trouvée avec les alliés de la France que sont les Kurdes pour qu'ils soient pleinement intégrés dans ce processus politique qui s'engage aujourd'hui", a-t-il déclaré.

Le ministre français et son homologue allemande, Annalena Baerbock, ont rencontré vendredi le nouveau dirigeant islamiste syrien Ahmad al-Chareh, lors d'une visite à Damas au cours de laquelle ils ont insisté sur la nécessité d'une transition pacifique et inclusive.

Il s'agit de la première rencontre à ce niveau entre des responsables des grandes puissances occidentales et Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir le 8 décembre, après la fuite du président Bachar al-Assad.

A la veille de sa visite, Jean-Noël Barrot a eu un entretien avec le chef des Forces Démocratiques Syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), Mazloum Abdi, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

"Ils ont échangé sur la transition en cours en Syrie, en rappelant l'importance d'une gouvernance démocratique où chacune des composantes de la nation syrienne sera pleinement reconnue et représentée", a-t-il précisé.

Les nouvelles autorités ont annoncé leur intention de dissoudre tous les groupes armés après leur prise du pouvoir. Les FDS contrôlent de larges pans du nord-est du pays.

Jean-Noël Barrot a par ailleurs appelé à la destruction des stocks d'armes chimiques hérités de l'ancien régime.

"Une Syrie souveraine et sûre ne laisse aucune place à la prolifération, à la dissémination des armes de destruction massive, des armes chimiques du régime criminel de Bachar al-Assad", a-t-il dit.

Il a ajouté qu'il demanderait aux nouvelles autorités de "faire appel sans délai à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC)", afin de "procéder à la destruction des stocks d'armes chimiques".

Evoquant la transition politique, il a affirmé que Paris allait proposer aux nouvelles autorités son "expertise légale" et celle de l'Union européenne pour "accompagner les Syriens" dans la rédaction d'une nouvelle Constitution.

Les nouvelles autorités ont gelé la Constitution et M. Chareh avait déclaré fin décembre que l'élaboration d'un nouveau texte pourrait prendre "deux ou trois ans", dans un entretien avec la chaîne al-Arabiya.

M. Barrot a également affirmé que Paris allait proposer son "expertise technique"
pour "contribuer à la lutte contre l'impunité, à la justice transitionnelle, comme nous avons déjà commencé à le faire depuis un certain nombre d'années". (AFP, 3 jan 2025)

L’astre turc éclipse le croissant iranien

Luc de Barochez, Le Point, 31 décembre 2024

L'ascendant de la Turquie s'accentue au Proche-Orient à mesure que l'étoile de l'Iran décline. Le président Recep Tayyip Erdogan entrevoit une triple chance historique dans la révolution syrienne de décembre 2024 : celle d'accroître le poids géopolitique de son pays, de satisfaire ses intérêts économiques et de porter, simultanément, un coup décisif au nationalisme kurde.

La décapitation du Hezbollah libanais, sous les coups de boutoir d'Israël, puis l'effondrement du régime alaouite syrien, pièce centrale du corridor iranien vers la Méditerranée, ont ébranlé le « croissant chiite » naguère si puissant. Outre la République islamique d'Iran elle-même, il n'en subsiste plus guère qu'une poignée de milices irakiennes ainsi que les houthis yéménites, trop éloignés du Levant pour y jouer un rôle décisif.

La Syrie dans l'orbite turque
À l'inverse, la prise de pouvoir par des islamistes sunnites à Damas ouvre à Ankara un espace d'expansion au cœur de ce qui fut l'Empire ottoman, lequel s'étendait à son apogée, au XVIIe siècle, de l'Afrique du Nord à la Crimée et des Balkans à la mer d'Arabie (« Nos frontières de cœur », a dit Erdogan). Tout à son rêve de restauration de la puissance impériale, l'autocrate entend exploiter le revers que la chute de Bachar el-Assad a infligé à la Russie et à l'Iran. La voie est d'autant plus libre pour lui que le poids de l'Europe est devenu marginal au Proche-Orient et que l'effacement américain risque de s'accélérer avec le retour de Donald Trump le 20 janvier à la Maison-Blanche.

Les retombées économiques s'annoncent juteuses. La perspective d'une reconstruction de la Syrie après treize ans de guerre civile (un marché estimé à 400 milliards de dollars par le cercle d'études américain Carnegie) est une aubaine pour les géants turcs de la construction. Surtout, l'entrée de la Syrie dans l'orbite de la Turquie conforte les ambitions de cette dernière de devenir la plaque tournante du commerce de gaz naturel entre les producteurs d'Asie centrale, du Golfe et du Proche-Orient d'un côté et les consommateurs européens de l'autre. Le projet concurrent, qui vise à relier Israël à la Grèce par un gazoduc sous-marin, peine à se concrétiser. Meilleur marché que le gaz transporté sous forme liquéfiée par des navires méthaniers, celui qu'on achemine par voie terrestre via la Turquie permettra à Erdogan, comme Poutine avant lui, d'utiliser l'offre énergétique comme levier pour peser sur les politiques européennes dans un sens qui lui sera favorable.

Sur le chemin de la confrontation avec Israël

Enfin, le néosultan compte saisir l'occasion que lui offre le bouleversement politique à Damas pour éradiquer la région autonome que les Kurdes ont établie depuis une décennie dans le Nord-Est syrien. Vu d'Ankara, ce proto-État est à la fois un mauvais exemple donné aux Kurdes de Turquie et un refuge pour les indépendantistes du PKK partisans de la lutte armée contre Ankara. Le risque de marginalisation des Kurdes dans la nouvelle Syrie est alarmant, car leur déclin s'accompagnerait sans nul doute d'une résurgence de l'État islamique, qu'ils combattent avec constance depuis dix ans avec l'appui des Américains.

La démonstration de puissance de la Turquie la place sur le chemin de la confrontation avec Israël, qui craint un déploiement à moyen terme de forces islamistes à sa frontière nord-est. Même s'il se réjouit en son for intérieur des coups portés par Tsahal à l'influence iranienne, Erdogan étaie ses prétentions de leadership sur le monde musulman en tenant un discours de plus en plus radical. Il affiche son soutien au Hamas palestinien et se félicite du mandat d'arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qu'il accuse d'être « pire que Hitler ». En riposte, le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a loué la « grande nation » formée par les Kurdes et proposé qu'Israël les considère comme ses « alliés naturels ».

Cartes sur table

Les ambitions d'Erdogan, cependant, vont bien au-delà du Proche-Orient. Même s'il n'a guère d'amis (à part le Qatar), son activisme diplomatico-militaire embrasse l'Asie centrale, le Caucase, les Balkans, l'Afrique. Il soutient l'agression de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, il a pris sous sa coupe le gouvernement de Tripoli en Libye, il a installé en Somalie la plus grande base militaire turque à l'étranger. En Afghanistan, il multiplie les ouvertures en direction des talibans. Il l'a clamé publiquement, le 18 décembre dernier : il n'entend pas « limiter [son] horizon à 782 000 kilomètres carrés », la superficie de la Turquie. Au moins, il joue cartes sur table.

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Biden urges continued support for Kurds as Trump era begins

“The next administration must make sure the fall of Assad does not lead to the resurgence of ISIS in Syria,” outgoing US President Joe Biden declared at the State Department on Monday. With his term ending on 20 January, Biden’s administration has ramped up support for the Kurdish-led Syrian Democratic Forces (SDF) to stabilise northeast Syria, counter ISIS threats, and deter Turkish incursions.

National Security Advisor Jacob Sullivan reinforced Biden’s concerns during a White House press briefing, warning that “ISIS is trying to use the fall of Assad to regenerate after years of sustained pressure and the degradation of its networks.” The Biden administration has increased the US military presence in Syria to 2,000 troops, aiming to consolidate gains against ISIS and maintain stability in the volatile region.

Turkey remains a staunch critic of US cooperation with the SDF, citing its links to the Kurdistan Workers’ Party (PKK), which Ankara and Washington designate as a terrorist organisation. Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has threatened to “eliminate” the SDF if it does not disband. Meanwhile, Turkey-backed militias have escalated operations in SDF-held areas, exacerbating tensions and raising fears of further instability.

The collapse of Bashar al-Assad’s regime in late 2024 has introduced new challenges. The rise of Ha’yat-Tahrir al-Sham (HTS), an Islamist group with ties to al-Qaeda, has left the SDF as the United States’ most reliable partner in combating ISIS. Analysts warn that cutting US support for the SDF could jeopardise years of progress and create opportunities for extremist groups to thrive.

Henri J. Barkey, a senior fellow for Middle East studies, stressed the importance of the SDF’s role in managing ISIS detention camps. “The prisons holding ISIS detainees, particularly Al-Hol, are a ticking time bomb. The SDF have done a commendable job, but they need resources and support to maintain control,” Barkey said. He added that severing ties with the SDF could destabilise the region and create a power vacuum.

As Donald Trump prepares to assume office, his administration faces pressure to balance US commitments in Syria with strained relations with Turkey. While Trump’s first term saw abrupt troop withdrawals that destabilised the region, his new cabinet includes figures with pro-Kurdish leanings, suggesting a potential for policy continuity.

Advocacy groups and think tanks like the Middle East Forum have launched campaigns urging bipartisan support for the SDF and sanctions against Turkey. These efforts underscore the strategic importance of US involvement in Syria to counter ISIS and safeguard vulnerable communities.

The Biden administration’s final efforts to strengthen the US-SDF alliance highlight the stakes in the ongoing fight against ISIS. The Trump administration will now decide whether to maintain these gains or risk destabilising a region still grappling with the fallout from Assad’s collapse and ongoing Turkish aggression. (medyanews, 15 Jan 2025)

Les Etats-Unis veulent répondre aux inquiétudes turques pour empêcher une offensive contre les Kurdes

Les Etats-Unis travaillent "très dur" pour répondre aux "inquiétudes légitimes" de la Turquie pour sa sécurité et empêcher une offensive d'Ankara contre les combattants kurdes de Syrie, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken.

"Ce qui n'est absolument pas dans l'intérêt (de la Syrie) serait un conflit, et nous travaillons très dur pour nous assurer que cela ne se produise pas", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue français Jean-Noël Barrot à Paris.

La Turquie a menacé mardi de lancer une opération militaire contre les forces kurdes du YPG si elles n'acceptent pas ses conditions pour une transition "sans effusion de sang" après la chute du régime de Bachar al-Assad.

Ankara accuse les YPG, considérées par l'Occident comme essentielles dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique, de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie.

"Les Kurdes de Syrie ont été pour les États-Unis et pour la France des alliés fidèles, des alliés résolus dans la lutte contre le terrorisme islamiste" du groupe Etat islamique, a pour sa part rappelé Jean-Noël Barrot, qui a salué les efforts de M. Blinken "pour faciliter les médiations entre les Kurdes de Syrie et les Turcs, mais aussi entre les Kurdes de Syrie et l'autorité de transition".

"Des dizaines de milliers de combattants terroristes sont aujourd'hui dans des prisons, gardés par des Kurdes du Nord-Est syrien", a observé le ministre français, pour qui la Turquie aspire "légitimement" à des "garanties de sécurité", tout comme les Kurdes.

Le secrétaire d'Etat, qui quittera ses fonctions dans moins de deux semaines, a dit s'attendre à ce que le président élu Donald Trump démontre lui aussi un "intérêt très fort" à ce que l'EI "ne revienne pas sur le devant de la scène".

Pour lui, il est "dans l'intérêt de tout le monde" de rapatrier les combattants étrangers et leurs familles détenus en Syrie dans leur pays d'origine. La France pour sa part, rechigne à rapatrier ses ressortissants emprisonnés en Syrie sous la garde des Kurdes. (AFP, 8 jan 2025)

Les combattants kurdes "ne peuvent pas être acceptés" en Syrie, dit la Turquie à Blinken

chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a souligné samedi lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain Antony Blinken que les combattants kurdes syriens ne pouvaient pas être tolérés en Syrie.

"L'organisation terroriste PKK/FDS ne peut pas être acceptée en Syrie", a déclaré le porte-parole du ministère, faisant référence aux puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, appuyées par les Etats-Unis, et qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays.

M. Fidan a expliqué à son homologue qu'il était "important d'agir en coopération avec la nouvelle administration syrienne afin de garantir la stabilité de la Syrie et de mener à bien la période de transition d'une manière ordonnée", a rapporté le porte-parole.

Les nouvelles autorités syriennes à Damas ont annoncé mardi dernier un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, précisant qu'ils allaient être intégrés au ministère de la Défense.

Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes.

La Turquie, très proche des nouvelles autorités en place à Damas, considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc).

Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), défait en 2019 en Syrie.

Les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central de Bachar al-Assad avec la guerre en Syrie, déclenchée en 2011, pour proclamer une "région autonome" dans le nord, s'attirant l'hostilité de la Turquie voisine. (AFP, 28 déc 2024)


Relations régionales / Regional Relations

La Syrie dit vouloir protéger la Turquie des combattants kurdes

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a exprimé mercredi à Ankara la volonté du nouveau pouvoir à Damas de prévenir toute "menace" contre la Turquie émanant combattants kurdes du Nord syrien.

"Le nouveau gouvernement syrien ne laissera pas le territoire syrien être utilisé comme une base de lancement pour menacer le sol turc et le peuple turc", a déclaré le chef la diplomatie syrienne, au côté de son homologue turc Hakan Fidan.

"Nous oeuvrerons pour éliminer ces menaces à l'aide de moyens multiples", a-t-il insisté en citant le cas du nord-est de la Syrie, limitrophe de la Turquie, où les combattants kurdes contrôlent de vastes territoires.

Cette zone ne restera pas "hors du contrôle" du pouvoir central, a-t-il promis, alors que la Turquie menace depuis plusieurs semaines d'une opération militaire pour éloigner de sa frontière les combattants kurdes de Syrie, liés intrinsèquement selon elle au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une lutte sanglante contre Ankara depuis 40 ans.

En réponse, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a fait part du souhait d'Ankara d'aider le nouveau pouvoir syrien contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

"Nous avons fait savoir (...) que nous sommes prêts à fournir un soutien opérationnel dans la lutte contre l'EI", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères au terme de son entretien avec M. al-Chaibani.

"Comme nous l'avons toujours dit, nous sommes prêts à fournir l'aide nécessaire au nouveau gouvernement pour la gestion des camps et des prisons de l'EI", jusqu'ici tenus par les combattants kurdes de Syrie, a-t-il ajouté.

L'EI a été défait en Syrie en 2019 par les forces kurdes avec le soutien d'une coalition internationale, mais le groupe maintient des cellules jihadistes qui continuent d'opérer depuis le grand désert syrien. (AFP, 15 jan 2025)

La Turquie menace les combattants kurdes de Syrie d'une "opération militaire"

La Turquie a menacé mardi de lancer une opération militaire contre les forces kurdes de Syrie si elles n'acceptent pas les conditions d'Ankara pour une transition "sans effusion de sang" après la chute du régime de Bachar al-Assad.

"Nous ferons ce qui est nécessaire" si les Unités de protection du peuple (YPG) ne répondent pas aux exigences d'Ankara, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan dans un entretien avec la chaîne de télévision privée CNNTurk. Appelé à préciser ses propos, il a répondu: "Opération militaire."

Le renversement de Bachar al-Assad le mois dernier a fait naître la possibilité d'une intervention directe de la Turquie en Syrie contre les forces kurdes YPG, accusées par Ankara de liens avec les séparatistes armés kurdes de Turquie.

Ankara accuse les YPG, considérées par l'Occident comme essentielles dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique, de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie.

"L'ultimatum que nous leur avons lancé par l'intermédiaire des Américains est évident", a déclaré M. Fidan.

"Les combattants internationaux venus de Turquie, d'Iran ou d'Irak doivent immédiatement quitter la Syrie. Nous ne voyons aucune préparation ni aucune intention dans ce sens pour le moment et nous attendons", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie turque a également déclaré que son pays était en mesure de prendre en charge la gestion des prisons et des camps de détention des jihadistes de l'EI en Syrie, si les nouveaux dirigeants syriens n'étaient pas en mesure de le faire.

Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mis en garde contre toute division de la Syrie et s'était dit prêt, en cas de "risque", à prendre "les mesures nécessaires".

"Nous ne pouvons permettre sous aucun prétexte que la Syrie soit divisée et si nous constatons le moindre risque nous prendrons rapidement les mesures nécessaires", a déclaré le chef de l'Etat, ajoutant: "Nous en avons les moyens."

Cette mise en garde s'adresse aux combattants kurdes, et surtout aux Etats-Unis qui soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, qui furent à la pointe de la lutte contre les jihadistes de l'EI.

"Il n'y a pas de place pour la terreur et ceux qui soutiennent le terrorisme seront enterrés avec leurs armes", a affirmé le président turc. (AFP, 7 jan 2025)

Pas de place pour les groupes "terroristes" en Syrie, avertit Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a martelé mardi qu'il n'y avait pas de place pour les "organisations terroristes" en Syrie sous ses nouveaux dirigeants islamistes, un avertissement visant les forces kurdes dans ce pays voisin de la Turquie.

Il n'y a pas de place pour "les organisations terroristes ou les éléments affiliés dans l'avenir de la nouvelle Syrie", a-t-il dit lors d'une réunion à Ankara avec le Premier ministre de la région kurde irakienne, Masrour Barzani, a indiqué le bureau du président turc dans un communiqué.

M. Erdogan a déclaré à M. Barzani que la Turquie s'efforçait d'empêcher que la chute de Bachar al-Assad en Syrie ne provoque une nouvelle instabilité dans la région.

Lundi le président turc avait mis en garde contre toute division de la Syrie et s'était dit prêt, en cas de "risque", à prendre "les mesures nécessaires".

Un peu plus tôt, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait assuré que "l'élimination" des combattants kurdes du PKK en Syrie était une "question de temps".

Il avait aussi évoqué "la possibilité que le PKK et les YPG rejoignent le nouveau gouvernement (syrien) en déposant les armes".

Ankara accuse l'une des principales forces kurdes en Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), d'avoir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) interdit en Turquie.

Le PKK est en lutte armée depuis les années 80 contre le gouvernement turc, qui le qualifie, comme ses alliés occidentaux, de mouvement terroriste.

Epine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis, les YPG ont été le fer de lance de la lutte contre les jihadistes de l'EI, le groupe Etat islamique.

Plus de 100 combattants ont été tués le week-end dernier dans des affrontements dans le nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes, avait indiqué dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'armée turque lance régulièrement des frappes contre les combattants kurdes en Syrie et en Irak, les accusant d'avoir des liens avec le PKK.

Syrie et Turquie partagent plus de 900 km de frontière. (AFP, 7 jan 2025)

"L'élimination" des combattants kurdes du PKK en Syrie : une "question de temps" pour la Turquie

"L'élimination" des combattants kurdes du PKK en Syrie est une "question de temps", a assuré lundi le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.

"La situation en Syrie a changé. Nous pensons que l'élimination du PKK/YPG n'est qu'une question de temps", a déclaré le chef de la diplomatie turque, sur fond d'affrontements en cours dans le nord de la Syrie entre des factions armées soutenues par la Turquie et les forces kurdes syriennes, dont les Unités de protection du peuple kurde (YPG) qu'Ankara considère comme une extension du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le PKK est en lutte armée depuis les années 80 contre le gouvernement turc, qui le qualifie, comme ses alliés occidentaux, de mouvement terroriste.

S'exprimant à l'issue d'une réunion avec son homologue jordanien Yaman Safadi, M. Fidan a insisté sur la nécessaire "stabilité" de la Syrie, avec laquelle son pays partage plus de 900 km de frontière.

"Nous avons évoqué la possibilité que le PKK et les YPG rejoignent le nouveau gouvernement (syrien) en déposant les armes et de l'émergence de terroristes dans la région".

"Nous avons discuté de ce que nous pouvons faire de concert pour contrer la menace de Daech (l'acronyme arabe du groupe Etat islamique) en Syrie et dans la région", a-t-il continué.

Mais, a-t-il mis en garde, "si (les Occidentaux) ont des objectifs divergents, en se servant de l'EI comme prétexte pour renforcer le PKK, ça ne se produira pas".

Les YPG, l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis, ont été le fer de lance de la lutte contre les jihadistes de l'EI. (AFP, 6 jan 2025)

Premières discussions "positives" entre le nouveau pouvoir et des forces kurdes

Le dirigeant de la Syrie Ahmad al-Chareh a tenu à Damas des premières discussions "positives" avec une délégation des Forces démocratiques syriennes, coalition dominée par des combattants kurdes et soutenue par Washington, a rapporté mardi à l'AFP un responsable s'exprimant sous couvert d'anonymat.

"Une réunion s'est tenue lundi entre de hauts responsables des Forces démocratiques syriennes (FDS) et Jolani à Damas", a indiqué ce responsable syrien, utilisant le nom de guerre de M. Chareh, Abou Mohammad al-Jolani.

A la tête du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Chareh a emmené une coalition de groupes rebelles armés qui est entrée à Damas le 8 décembre et poussé à la fuite le président Bachar al-Assad, mettant fin à plus d'un demi-siècle de règne sans partage de la famille Assad sur la Syrie.

La rencontre de lundi avec la délégation des FDS était une "réunion préliminaire pour jeter les bases d'un futur dialogue", a ajouté le responsable, précisant que les deux camps ont convenu "de poursuivre ces rencontres pour parvenir à des ententes".

Cette première réunion était "positive" et devrait permettre "d'intensifier le dialogue à l'avenir."

Les FDS, partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition internationale antijihadistes, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, elles ont profité d'un retrait des forces du régime pour prendre le contrôle de vastes pans du territoire dans le nord-est de la Syrie, y instaurant une "administration autonome".

Dans les régions qu'elles contrôlent se trouvent de vastes zones agricoles mais aussi la plupart des précieux puits pétroliers du pays, cruciaux pour les revenus de la Syrie.

M. Chareh a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne, lors d'une interview à la chaîne Al-Arabiya diffusée dimanche soir.

"Les armes doivent être uniquement aux mains de l'Etat. Quiconque était armé et a les capacités de rejoindre le ministère de la Défense sera le bienvenu", a-t-il déclaré, assurant que c'est sur "ces conditions et ces critères" que des "négociations" seront menées avec les FDS, "dans l'espoir de trouver une solution appropriée". (AFP, 31 déc 2024)

L'organisation d'élections en Syrie pourrait prendre quatre ans, selon son nouveau dirigeant

Le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad al-Chareh, a déclaré que l'organisation d'élections dans son pays pourrait prendre quatre ans lors d'une interview à la chaîne al-Arabiya diffusée dimanche soir, trois semaines après la chute du président Bachar al-Assad.

"Le processus électoral pourrait prendre quatre ans", a affirmé M. Chareh dont le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête d'une coalition, s'est emparé de Damas le 8 décembre à l'issue d'une offensive éclair.

Il a ajouté qu'il serait nécessaire de "réécrire la Constitution", une tâche qui pourrait prendre "deux ou trois ans", dans cet entretien avec la chaîne saoudienne.

Mi-décembre, un responsable du nouveau pouvoir avait annoncé une suspension de la Constitution et du Parlement pendant une période de trois mois.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités tentent de rassurer la communauté internationale, dont une grande partie avait mis au ban M. Assad au début de la guerre dans le pays, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie.

- Annonce d'un "dialogue national" -

Alors que la guerre a fait plus d'un demi-million de morts, causé la fuite de millions de personnes et morcelé et ravagé le pays, M. Chareh a demandé une levée des sanctions internationales.

"Les sanctions ont été imposées à la Syrie en raison des crimes commis par le régime" de Bachar al-Assad, a-t-il indiqué, ajoutant que vu que les auteurs des exactions ne sont plus au pouvoir, "les sanctions doivent donc être levées automatiquement".

Le conflit a été marqué par l'implication de plusieurs puissances internationales occidentales comme les Etats-Unis ou la France (via la coalition antijihadistes), mais aussi la Russie et l'Iran ou encore de groupes armés comme le Hezbollah libanais.

Dans son interview, M. Chareh s'est notamment adressé aux deux principaux alliés de Bachar al-Assad, l'Iran voisin et la Russie.

"La Syrie ne peut pas continuer sans des relations avec un grand pays au poids régional comme l'Iran mais il faut que celles-ci se fassent sur la base du respect de la souveraineté des deux pays et sans ingérences", a-t-il estimé.

"La Russie est un pays important", a-t-il dit, parlant d'intérêts "stratégiques profonds". "Nous ne voulons pas que la Russie quitte la Syrie de la manière dont certains le souhaiteraient", a-t-il ajouté.

M. Chareh a en outre déclaré s'attendre à ce que l'Arabie saoudite joue un "rôle très important" en Syrie, où elle pourrait tirer parti de "grandes opportunités d'investissement".

Il a également plaidé pour une intégration à la future armée des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et appuyées par les Etats-Unis, qui ont pris le contrôle de plusieurs régions dans le nord-est.

"Les armes doivent être uniquement aux mains de l'Etat", a dit M. Chareh, ajoutant: c'est sur "ces critères" que des "négociations" seront menées avec les FDS "dans l'espoir de trouver une solution appropriée".

Le nouveau dirigeant syrien a d'ailleurs indiqué que la "dissolution de HTS" serait annoncée lors d'une "conférence du dialogue national" qui sera "inclusif et représentera l'ensemble des Syriens". Il n'a pas précisé de date.

Sur le terrain, les forces syriennes se sont lancées cette semaine dans des opérations contre des combattants loyaux au régime déchu.

Elles ont par ailleurs arrêté jeudi un dirigeant du pouvoir déchu, considéré comme responsable de nombreuses condamnations à mort dans la tristement célèbre prison de Saydnaya près de Damas, selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

- "Rôle éducatif" -

Depuis son entrée en fonction, le gouvernement de transition dirigé par Mohammad al-Bachir a promis de respecter les droits des minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel ainsi que ceux des femmes.

Une déclaration d'une membre de la nouvelle administration a cependant soulevé un tollé cette semaine.

Dans un entretien à une chaîne de télévision turque, Aïcha al-Debs, présidente du "Bureau des affaires de la Femme" et seule femme au sein du gouvernement, a appelé les femmes à "ne pas outrepasser (...) leur rôle éducatif au sein de la famille".

Dimanche, comme pour calmer le jeu, le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Hassan al-Chibani, a affirmé sur X que les autorités soutenaient "pleinement" les droits des femmes.

"Nous croyons au rôle actif de la femme au sein de la société, et nous avons confiance en (...) ses compétences", a-t-il précisé. (AFP, 29 déc 2024)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration


Sept migrants meurent noyés en mer Egée

Sept personnes ayant embarqué à bord d'un canot pneumatique ont péri noyées en mer Égée au large des côtes ouest de la Turquie, ont annoncé vendredi les garde-côtes turcs.

Un groupe d'une quarantaine de migrants avait embarqué jeudi soir à proximité de la station balnéaire turque de Kusadasi, située à une quinzaine de kilomètres de l'île grecque de Samos.

Sept d'entre eux sont morts après être tombés à l'eau alors que les garde-côtes turcs tentaient d'intercepter leur embarcation.

Trois corps sans vie ont été repêchés rapidement et quatre autres l'ont été vendredi, ont détaillé les garde-côtes turcs dans un communiqué.

Dix-huit adultes et treize mineurs ont été secourus sains et saufs, ont-ils ajouté, précisant que les recherches avaient pris fin.

Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées périlleuses entre les côtes turques et les îles grecques voisines telles que Rhodes, Lesbos et Samos, points d'entrée dans l'Union européenne.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2.333 migrants ont disparu ou ont été repêchés morts en Méditerranée en 2024. (AFP, 17 jan 2025)

Au prix de derapages, les partis utilisent la communaute turque comme réservoir à voix

Adrien de Marneffe, La Libre Belgique, 17 janvier 2025
 
Les partis politiques bruxellois, dont le PS et le MR, accueillent sur leurs listes des candidats dont les positions nationalistes turques, ou relatives au génocide arménien, ne collent pas avec leur propre ligne idéologique.
 
C’est une affaire comme il s’en produit régulièrement en Région bruxelloise. En ce début d’année, la photo d’un candidat socialiste de Saint-Josse parvient à la DH. On y voit Turgay Yuksel mimant de la main une tête de loup, symbole des Loups gris, une organisation ultranationaliste qui soutient le MHP, un parti d’extrême droite turque.
 
 Quelques jours plus tôt, le PS de Saint-Josse avait annoncé en grande pompe le renfort de ce candidat sur sa liste commun- ale. Les électeurs tennoodois, en effet, retourneront aux urnes ce 9 février, après l’annulation du résultat de l’élection du 13 octobre en raison de soupçons de fraude électorale. Entre-temps, le chef de file du PS tennoodois, Philippe Boïketé, a décidé d’exclure Turgay Yuksel de sa liste, assurant ne pas avoir été au courant de ce lien entre son candidat et le groupe d’extrême droite turque.
 
"Ce qui s’est produit à Saint-Josse s’est déjà produit ailleurs. Il est arrivé à de multiples reprises, lors de la confection des listes, que des cas de candidats suspectés d’allégeance aux loups gris soient médiatisés, observe Hassan Bousetta, politologue et sociologue à l’Université de Liège. Même si le choix des candidats est, in fine, de la responsabilité des partis, il faut comprendre que, quand un candidat est mis sur une liste locale, les sections ne peuvent pas lui demander d’extrait de casier judiciaire ni tout savoir de lui, comme par exemple s’il a figuré sur une photo compromettante."
 
Cette affaire illustre toutefois la tension qui traverse différents partis, écartelés entre les valeurs portées par certains candidats, la ligne officielle et la volonté de performer électorale- ment dans certaines communautés.
 
"Historiquement, le PS a été le premier à recruter de manière quantitative des candidats issus de l’immigration. Écolo a suivi assez rapidement. Selon plusieurs études, le fonctionnement politique, au sein de la communauté turque, était al- ors assez vertical. Il y avait une forte concertation au sein des organisations communautaires turques, pour pousser cer- tains candidats. Mais cette analyse est moins évidente aujourd’hui, car la communauté turque est désormais impliquée dans tous les partis", reprend Hassan Bousetta.
 
"Notre peuple n’oubliera pas..."
 
Il reste toutefois, manifestement, difficile pour un élu d’origine turque de s’opposer aux décisions du candidat le plus populaire de la communauté. Sait Köse, un élu schaerbeekois, en a fait l’expérience, après avoir été confronté à de fortes pressions lorsqu’il avait annoncé son soutien au MR. Par ce ralliement, il s’opposait de facto au PS d’Hassan Koyuncu, en passe de devenir bourgmestre de Schaerbeek. Sait Köse avait finalement rétropédalé, face à la pression de membres de sa communauté. "Notre peuple n’oubliera pas !" avait alors commenté en turc Ibrahim Donmez (PS), conseiller communal et député bruxellois, dans un message sur Instagram.
 
"Le problème est que les partis politiques, et ce n’est pas seulement le cas du PS, ont tous pris l’option du communautarisme en recrutant des candidats dans les quartiers, sans se soucier de l’emprise que peuvent y avoir sur certains candidats plusieurs organisations communautaires, dont la Diyanet (Association internationale religieuse islamique turque, NdlR), dénonce Mustafa Sari, ancien administrateur de la
 
 Maison des Turques à Liège. Les partis feignent aussi d’ignorer les liens de certains candidats avec l’AKP, le parti d’Erdogan. Pourtant, qu’est-ce que ce parti peut bien avoir avec l’idéal socialiste ?"
 
Des candidats MR sur la liste d’Emir Kir...
 
Le MR a lui aussi cédé à la tentation communautaire en Région bruxelloise. "Alors que le MR se plaint de l’islamisme politique, on peut s’interroger sur le cas de SafaAkyol et Hen- an Offlu", pointe Ahmed Mouhssin, candidat Écolo à Saint- Josse.
 
Hennan Oflu a été élu député bruxellois sur les listes MR le 9 juin. Or, ce Tennoodois est aussi un ancien soutien de l’UETD (l’Union des démocrates turcs d’Europe), un organe qui soutient l’AKP et le régime Erdogan à travers l’Europe.
 
Le MR a aussi enregistré le renfort de Safa Akyol, un ancien élu PS de Saint-Josse, proche d’Emir Kir, qui fut lui aussi sympathisant des jeunesses pro-Erdogan. Il s’était notamment opposé à la commémoration en Belgique du centième anniversaire du Génocide arménien.
"Ce sont des faits qui datent d’il y a 12 ans, et j’ai fait mon mea culpa, contrairement à d’autres personnalités belgo- turques qui refusent de répondre aux journalistes, indique Safa Akyol à La Libre. J’étais en recherche d’identité et mes positions actuelles sont bien différentes."
La question qui se pose avec ce type de transferts rappelle le
 
 débat qui a suivi le transfert de Noa Pozzi, ex-tête de liste du parti d’extrême droite Chez, au MR. Un parti démocratique doit-il, ou non, accorder une seconde chance à des candidats qui ont soutenu des positions problématiques ?
 
"Au-delà de ces questions, le plus surprenant, est d’analyser le cas de Safa Akyol et d’Ismail Luahabi qui deviendra peut- être bientôt député bruxellois MR (NdlR : Ismail Luahabi est suppléant d’Angelina Chan, pressentie comme échevine à Schaerbeek, lorsque la majorité communale y sera formée). Ils sont tous deux membres du MR mais sont présents sur la liste du bourgmestre d’Emir Kir (qui se dit socialiste), lors des élections communales de Saint-Josse, reprend Ahmed Mouhssin (Écolo). Et ce, alors qu’il y a pourtant un cartel Engagés-CD&V-MR qui se présente dans la commune. C’est la première fois que je vois ça !"
 
Ahmed Mouhssin, comme d’autres au sein du PS, fait état d’un deal passé entre Emir Kir et le MR, pour que le bourgmestre de Saint-Josse soutienne les libéraux à la région, afin que le MR le soutienne aux communales en retour.
 
Une visite de "courtoisie" à Emir Kir
 
"C’est inexact, dément cependant Emir Kir à La Libre. "Ismaël Louhabi et Safa Akyol m’accompagnent depuis 20 ans. Lors de ces élections, nous serons la seule liste à reconduire tous les candidats. Il s’agit pour l’essentiel de gens de gauche, car je rappelle que le projet que je porte est la plus à gauche du pays, mais il y a aussi des membres du MR."
 
Le bourgmestre de Saint-Josse reconnaît toutefois avoir ren- contré Georges-Louis Bouchez, président du MR, comme en attestent des photos prises l’an dernier dans un restaurant.
 
"Il y a eu pas mal de fantasmes sur nos relations avec Emir Kir, durant les élections régionales, assure une source libérale. La vérité, c’est que Saint-Josse est comme une petite principauté. Si tu espères que tes affiches de campagne ne soient pas déchirées et que tu veux faire campagne en toute sérénité, il faut d’abord aller rendre une sorte de visite de courtoisie à Emir Kir. Certains élus MR, dont Georges-Louis Bouchez et David Leisterh, ont eu des contacts avec lui dans ce cadre, mais d’autres élus d’autres partis l’ont fait aussi."
La recette communautaire socialiste n’est toutefois pas si facilement reproductible. La tentative du MR de jouer cette carte lors des élections régionales et communales n’a guère été un succès, au vu des scores décevants des candidats issus de la diversité sur les listes libérales.
 
Une position politique schizophrénique
 
Au PS, en revanche, certains candidats d’origine turque ob- tiennent des scores impressionnants. Dans des communes comme Schaerbeek ou Saint-Josse, leur apport est même dé- cisif pour tout parti qui y ambitionne la victoire.
 
Certains de ces élus belgo-turcs ont toutefois, en certaines occasions, donné l’impression d’adopter une position poli- tique un brin schizophrénique : en phase avec les positions de gauche du PS dans la politique communale ou régionale, tout en appliquant une forme d’alignement avec Ankara sur des thèmes internationaux comme le génocide arménien.
 
"Dans la communauté turque, les élus disposent de très peu de marge de manœuvre sur une question comme le génocide arménien, pointe le professeur Hassan Bousetta. Il y a très peu d’élus d’origine turque, à part Zuhal Demir (N-VA), qui y vont franco sur le sujet. Beaucoup sont tétanisés par la crainte d’une défaite électorale au sein de leur communauté. Mais par ailleurs, je ne pense pas que cela ait d’impact sur leur ligne politique en interne, au sein de leur parti. En matière d’idéologie, la ligne d’un parti reste le repère."
 
Mahinur Özdemir, ministre turque de la Famille
 
Au sein de la communauté turque, plusieurs candidats ont, à diverses reprises, tenu des positions peu compatibles avec la ligne de leur parti.
En 2006 déjà, la question agite le débat politique bruxellois, lorsqu’un élu réputé proche des Loups gris est élu à Schaerbeek sur la liste tirée par Laurette Onkelinx, candidate bourgmestre.
 
En avril 2015, la députée bruxelloise et conseillère communale à Schaerbeek Mahinur Özdemir, est exclue du CDH pour avoir refusé de reconnaître l’existence du génocide arménien. Quelques années plus tard, en 2023, la même Mahinur Özdemir allait devenir ministre de la Famille du président Recep Tayyip Erdogan, en Turquie.
 
Le cas d’Emir Kir, qui avait refusé de reconnaître le génocide arménien perpétré dans l’Empire Ottoman, épouse certaines similitudes. En mai 2015, le très populaire bourgmestre de Saint-Josse est rappelé à l’ordre par son parti pour avoir brillé par son absence lors de la minute de silence commémorant le génocide arménien à la Chambre des représentants.
 
Quelques jours plus tard, toujours en 2015, trois députés du Parti socialiste, dont Hassan Koyuncu, actuellement favori pour devenir bourgmestre de Schaerbeek, sont félicités par un journaliste turc pour avoir empêché le Parlement bruxel-lois d’observer une minute de silence en hommage aux vic-times du génocide arménien. Le PS avait démenti, rappelant qu’il reconnaissait "sans ambiguïté" le génocide arménien. Au final, Sevket Temiz et Hasan Koyuncu feront l’objet d’un "rap-pel à l’ordre" de Laurette Onkelinx, selon son porte-parole.
 
En 2015, Emir Kir est exclu du PS par le comité de vigilance du parti, en raison de sa rencontre avec des maires appartenant au MHP, un parti nationaliste turc d’extrême droite.
 
Dans le cas Emir Kir, comme plus tard celui de Turgay Yuksel, le PS a tranché dans le vif.
 
D’autres cas sont plus épineux.
 
Hassan Koyuncu compare le PS et l’AKP
 
Le député bruxellois Hassan Koyuncu, possible futur bourgmestre de Schaerbeek, s’était ainsi exprimé, en 2020, dans un média turc de manière très positive vis-à-vis du régime Erdogan en estimant que "les expatriés voient les évolutions positives en Turquie et préfèrent l’AKP".
 
"Alors que les Turcs soutiennent les partis de gauche en Europe pour des raisons comme les droits sociaux, la santé et l’économie, ils voient que le parti AKP a atteint cet objectif en Turquie", avait-il encore déclaré.
 
Le propos peut surprendre venant d’un socialiste. Rappelons toutefois qu’en 2023, près de trois quarts des Turcs de Belgique ont voté pour Recep Tayyip Erdogan.
 
"D’une manière générale, ce qu’on raconte sur le vote ethnique ne tient souvent pas la route. Il ne faut pas prendre les électeurs de la diversité pour des imbéciles, avertit Hassan Bousetta. Ils font des choix à plusieurs variables et l’ethnicité du candidat, certes, peut être un élément, mais ce n’est pas le seul."

Un ex-candidat PS à Saint-Josse affiche son soutien à un groupe d’extrême droite turque

Sur une photo, Turgay Yuksel pose en faisant le geste des « Loups gris ». L’organisation est connue pour ses actions violentes et entretient des liens étroits avec l’extrême droite turque. Le candidat a depuis quitté le parti.

En décembre, le PS de Saint-Josse fêtait l’entrée d’un certain Turgay Yuksel à la 27ème place de sa liste. Après l’annulation des résultats des élections du 13 octobre, Saint-Josse est en effet obligé de retourner aux urnes le 9 février prochain. Sur une photo partagée par le compte officiel de Philippe Boïketé, tête de la liste tennoodoise PS, on y voit Turgay Yuksel poser aux côtés de ses colistiers. Problème : une autre photo du candidat a refait surface dernièrement, sur laquelle on voit le Tennoodois mimer avec sa main la tête d’un loup, symbole des « Loups gris ».

« Les Loups gris » sont une organisation turque ultranationaliste, connue pour des actions violentes. Elle était par ailleurs la branche paramilitaire du MHP, un parti d’extrême droite turc. Selon la Dernière Heure, Philippe Boïketé n’a été mis au courant du passé de Turgay Yuksel que vendredi dernier. Le chef de file du PS de Saint-Josse a ensuite retiré l’homme de sa liste. Auprès de Bruzz, Philippe Boiketé a tout de même affirmé que Turgay Yuksel avait déjà quitté la liste auparavant, « pour des raisons personnelles ».

« Ce genre de choses n’est pas en accord avec nos valeurs » a déclaré la tête de liste PS à la DH. Il y a quelques années, un autre candidat du PS à Saint-Josse avait été écarté du parti suite à ses liens avec l’extrême droite truque. Il s’agit du bourgmestre Emir Kir. Il avait invité deux maires affiliés au parti MHP, qui maintiendrait des liens avec les Loups gris. (Sudinfo, 12 Jan 2025)

Schaerbeek, dernière commune sans majorité à Bruxelles

Adrien de Marneffe, La Libre Belgique, 9 janvier 2025

Les discussions ont repris de manière intense à Schaerbeek. Mais la question de l’identité du prochain bourgmestre continue d’empêcher la conclusion d’un accord dans la commune.
Il s’agit d’une rareté dans le paysage institutionnel belge. Plus de trois mois après les élections communales, Schaerbeek reste dans l’incapacité de former une majorité. Elle reste la seule commune dans le cas en Belgique, à l’exception des communes - Celles, Saint-Josse et peut-être Heuvelland - où les citoyens sont appelés à retourner aux urnes pour cause de scrutin invalidé.

"En principe, la date butoir pour former une majorité était le jour de la prestation de serment du conseil communal (NdlR : le 1er décembre). Mais en pratique, le fait de ne pas avoir de majorité n’a pas d’effet", pointe Pascal Delwit, politologue à l’ULB. L’actuel collège communal de Schaerbeek se trouve donc, comme le gouvernement fédéral et son homologue bruxellois, en affaires courantes.

Les négociations, toutefois, ont enfin repris depuis ce lundi à Schaerbeek. Et de manière intense. Le PS, la liste MR-Engagés, Écolo/Groen, et la liste du bourgmestre de Bernard Clerfayt (Défi) se sont réunis pour parler mobilité et budget. L’objectif est clair. Avancer sur le fond, tout en évitant soigneusement de discuter de la répartition des postes. Car c’est bien pour une question de personnes, sur fond de bras de fer régional entre PS et MR, que la sixième commune la plus peuplée du pays se trouve dans l’impasse.

La liste du bourgmestre a subi une cinglante défaite électorale (de 17 à 6 sièges). Elle a été dépassée par le PS (10 sièges), ar- rivé un poil devant la liste MR-Engagés (10 sièges), et Écolo/Groen (9 sièges).

Fort de sa victoire, le PS exige que Hasan Koyuncu, son meilleur score, soit désigné bourgmestre. Le MR et les Engagés plébiscitent Audrey Henry et s’opposent à la désignation du député régional socialiste à l’origine d’une cérémonie au Parlement bruxellois au cours de laquelle un imam avait récité les sourates du Coran.

Pour Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, le veto du MR s’apparente à "du racisme". Pour le PS, c’est Hasan Koyuncu - lequel a remplacé Emir Kir comme "champion" électoral du PS dans l’influente communauté turque - qui doit devenir bourgmestre. Et personne d’autre, pas même un ou une autre socialiste.

"Nous avons appris à connaître Hasan Koyuncu. Il est probablement moins dangereux que ce que certains ont prétendu. Par contre, son entourage reste inquiétant, et je doute que le PS puisse le contrôler", pointe un élu schaerbeekois. Les tensions ont beau s’apaiser ces derniers jours, rien n’est réglé.

Car le problème, en réalité, dépasse largement la personne d’Hasan Koyucun et de son entourage. Le MR s’est senti hu- milié par les succès du PS dans les négociations post élector- ales à Ixelles, à Anderlecht ou à Forest. La consigne qu’ont reçue les élus schaerbeekois du parti national est claire : ne plus rien céder au PS.

Schaerbeek comme monnaie d’échange

Schaerbeek a même été utilisée comme monnaie d’échange dans des marchandages régionaux, qui ont finalement échoué.

En novembre, alors que les discussions entre Ahmed Laaouej et David Leisterh, président du MR bruxellois, avançaient bien au niveau régional, la question de Schaerbeek est arrivée sur la table dans le cadre d’un équilibre global. Dans les couloirs du Parlement bruxellois, le PS a proposé au MR un deal dans lequel Hasan Koyuncu aurait enfilé l’écharpe mayorale durant les quatre ou cinq premières années de la législature, tandis qu’Audrey Henry (MR) aurait terminé le mandat.

Cette proposition de partage a été rejetée par David Leisterh et Georges-Louis Bouchez, président du MR, car jugée inéquitable. Quelques jours plus tard, le PS décidait de se retirer des négociations régionales après l’arrivée de la N-VA à la table.

Le MR a bien tenté par la suite de "monnayer" Schaerbeek, mais avec Écolo cette fois. Via un large deal, le MR espérait remplacer le PS par Écolo à la Région, en offrant en prime le mayorat de Schaerbeek à Vincent Vanhalewyn, le chef de file des verts dans la commune. Les écologistes ont décliné, confirmant leur choix pour l’opposition à la Région, et refusant de se déscotcher du PS à Schaerbeek. À Schaerbeek comme au gouvernement bruxellois, le PS et le MR sont condamnés à s’entendre. Car la piste d’une majorité de gauche, testée par le PS avec le PTB, a été tuée dans l’œuf par la locale Écolo. Schaerbeek devra-t-elle attendre un accord régional ?

Vanhalewyn ou Clerfayt au finish ?

"Si on parvient à un accord à Schaerbeek, on pourra être en position de dire à Ahmed Laaouej, Georges-Louis Bouchez et David Leisterh : ‘On vous aime bien mais rien ne se passe à la Région et nous devons atterrir à Schaerbeek’, observe une source schaerbeekoise. La question fondamentale, c’est désormais de savoir combien de temps il faudra à Vincent Vanhalewyn (Écolo) pour se rendre compte que c’est lui qui doit devenir bourgmestre. C’est un scénario très crédible, car ni le MR ni le PS ne perdraient la face. Et Vincent Vanhalewyn, comme 1er échevin [sortant], est l’une des seules personnes qui connaissent parfaitement les dossiers communaux. Bien sûr, pour le PS, ce serait compliqué qu’Écolo prenne le mayorat, au vu de leur campagne anti-Good Move. C’est pourquoi Bernard Clerfayt dispose également d’une petite chance de redevenir bourgmestre."

L’expérience ne serait pas un mince atout dans une commune qui a connu des crises à répétition ces dernières années, sur fond d’instabilité du conseil communal.

Plus de 50.000 Syriens rentrés en Syrie depuis la Turquie en un mois, selon Ankara

Plus de 50.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays en un mois, a affirmé jeudi le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

"En un mois, 52.622 Syriens sont rentrés volontairement dans leur pays, en toute sécurité et dans la dignité", a affirmé le ministre aux journalistes devant le poste-frontière de Cilvegozu, situé dans la province de Hatay (sud).

Les autorités turques avaient auparavant fait état de 30.663 retours depuis la Turquie en 17 jours depuis la chute de Bachar al-Assad.

Parmi ces personnes, 41.437 personnes sont rentrées en Syrie avec leur famille et 11.185 Syriens, a précisé le ministre.

La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre qui a meurtri leur pays à partir de 2011.

Les autorités turques, qui espèrent le retour en Syrie d'importants contingents de réfugiés afin d'atténuer le fort sentiment anti-Syriens dans la population, permettent également à un membre de chaque famille de réfugiés de se rendre en Syrie et revenir à trois reprises jusqu'au 1er juillet 2025 afin de préparer leur réinstallation. (AFP, 9 jan 2025)



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