Droits
de l'Homme / Human Rights
Les manifestations antigouvernementales continuent à Ankara
La police antiémeute turque a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage
de canons à eau tard jeudi dans le centre d'Ankara pour disperser des
centaines de manifestants antigouvernementaux, procédant à quatre
arrestations, ont indiqué des témoins et les médias.
L'intervention de la police s'est produite dans le quartier résidentiel
de Dikmen, théâtre d'accrochages depuis plusieurs semaines entre
manifestants et les forces de l'ordre depuis le début, le 31 mai, de la
fronde contre le régime islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002.
"Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, ont conspué le
gouvernement et n'ont pas voulu se disperser jusqu'à tard dans la
nuit", a expliqué à l'AFP un manifestant.
Les manifestants ont érigé des barricades sur une artère routière
empêchant la circulation et poussant la police à disperser la foule,
selon la chaîne d'information NTV qui a fait état de quatre
manifestants arrêtés.
Depuis le début manifestations quatre personnes sont mortes -- trois
manifestants et un policier -- et près de 8.000 autres ont été
blessées, selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs.
La contestation à Istanbul, coeur de la fronde, s'est nettement apaisée
mais les manifestations se poursuivent dans la capitale et la police
procède quasi quotidiennement à des interventions dans la nuit.
La répression de la contestation par la police turque a suscité de
nombreuses critiques dans le monde et terni l'image du Premier ministre
Recep Tayyip Erdogan qui l'a ordonnée.
(AFP, 28 juin
2013)
IHD: Four dead, 7681 wounded, 2841 detained in Gezi protests
Human Rights Association (IHD) head office has released a report on the
violations of rights witnessed during Gezi Park protests across the
country from 27 May to 24 June.
According to the report, 7681 people were wounded, five killed and 2841
detained and among them 70 were remanded in custody as a result of
police interventions in the protests.
Speaking at the press conference IHD held for the release of the
report, IHD Chairperson Öztürk Türkdoğan strongly criticized the
release of the police officer who shot protestor Ethem Sarısülük on the
head using a rubber bullet in capital Ankara on 1 June. Türkdoğan
commented the court's decision as unacceptable.
The report by IHD, read by Türkdoğan, included the figures compiled by
Turkish Doctors' Union (TTB), according to which four people were
killed and 7832 others were wounded in protests in 13 cities by 20 June.
The report listed the figures by TTB as follows;
* Istanbul: 4478 wounded, 21 severely. One
person died, four are still in critical situation. Six people suffered
head trauma, six lost their sight.
* Ankara: 1539 wounded, 21 severely. One person died, seven suffered head trauma, four lost their sight.
* İzmir: 800 wounded, two severely.
* Antakya: One person died, 162 wounded, six severely, five suffered head trauma
* Eskişehir: 300 people wounded, among them two are held in intensive care unit and three in critical situation.
* Adana: One person died, 162 wounded, six severely. Five suffered head trauma
* Muğla: 50 wounded, one severely
* Mersin: 17 wounded, one severely
* Bursa: Two wounded, one suffered head trauma
* Balıkesir:155 wounded
* Kocaeli:10 wounded
* Antalya:150 wounded, one severely
* Rize: Eight wounded
* A total of 7681 people wounded, 63 severely, and four dead
The report pointed out that police used pressure water not only to
disperse the protestors but also to injure them. It remarked that
police also added chemical inside the pressure water used during
protests, leading to chemical burns on protestors' bodies.
The report said police also used expired tear gas against protestors,
and that more then 150 thousand tear gas canisters were used during
protests.
IHD report said police used firearms as well against protestors,
remarking that the worst incident with firearms was that suffered by
worker Ethem Sarısülük whose brain death was declared twelve days after
he was hit on the head with a rubber bullet, as is also seen on a video
shot at the scene. IHD said security officials denied permission for
Sarısülük's funeral ceremony to take place at the central Kızılay
Square on 15 June, dispersing the people joining the ceremony with
pressure water and tear gas.
The report said five people, including one police officer, lost their
life in protests and added the following details about the deaths;
"Mehmet Ayvalıtaş died on 2 June after he was hit by a car that drove
on TEM highway didn't stop despite all warnings by the protestors who
had gathered in the neigborhood of 1 Mayıs in Istanbul's Ümraniye
district. Abdullah Cömert (22) died in Antakya Public Hospital after he
was wounded with a rubber bullet on the head in Hatay's Armutlu
district on 3 June. İrfan Tuna (47) who was working on the night shift
at a private teaching institution in in the central Kızılay Square died
of heart attack on 5 June after he was subjected to intense tear gas
police used in the Square on Wednesday. Police commissioner Mustafa
Sarı died on 5 June after he fell down a subway bridge, five meters in
height, while chasing protestors in Adana. Ethem Sarısülük (26) was hit
on the head during protest demonstrations in Ankara on 1 June. He was
declared brain dead on 13 June".
IHD said journalists were also subjected to police violence while
covering protests and demanded the imeediate ending of the excessive
use of police force and violence against protestors, urgent release of
all those who were detained for only exercising their right of peaceful
assembly, initiation of an independent and efficient inquiry into the
cases of violence and the legal process against those responsible for
all the happenings.
The report listed the following figures as to the detentions and
arrests compiled by branches of the IHD, bar associations and doctors'
unions.
Istanbul; 918 taken into custody, 33 arrested
Ankara; 973 taken into custody, 22 arrested
İzmir; 485 taken into custody, 13 arrested
Mersin; 485 taken into custody
Antakya; 76 taken into custody
Elazığ; 6 taken into custody
İskenderun; 4 taken into custody
Adana; 425 taken into custody
Eskişehir; 13 taken into custody
Kocaeli; 4 taken into custody, 2 arrested
Urfa; 1 taken into custody
A total of 2841 people detained, 66 still remanded in custody, and 70 arrested
(ANF, June 25, 2013)
Plus de 2.000 manifestants à nouveau près de la place Taksim
Plus de 2.000 personnes se sont réunies mardi soir en lisière de la
place Taksim à Istanbul pour dénoncer la décision de la justice de
laisser un liberté un policier accusé d'avoir tué un manifestant, a
constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous demanderons des comptes aux assassins", "pour Ethem, pour la
justice", "contre le fascisme, épaule contre épaule", ont scandé
pendant plus d'une heure les manifestants, dont plusieurs centaines
étaient assis face à un cordon de dizaines de policiers en tenue
antiémeute qui leur barrait l'accès au centre de la place.
Un policier turc a été renvoyé lundi devant un tribunal pour avoir
mortellement blessé par balle un manifestant, Ethem Sarisulul, le 1er
juin à Ankara, mais il a été laissé libre sous contrôle judiciaire
jusqu'à l'ouverture de son procès.
Le jeune homme, âgé de 26 ans, est décédé le 14 juin des suites d'une
blessure par balle à la tête. Une vidéo très largement diffusée sur les
réseaux sociaux le montre s'écroulant subitement face à un policier
casqué, qui s'enfuit ensuite l'arme au poing.
Depuis le début le 31 mai des manifestations contre le gouvernement
islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie depuis 2002, quatre
personnes sont mortes --trois manifestants et un policier-- et près de
8.000 autres blessées, dont plusieurs dizaines très gravement, selon le
dernier bilan du syndicat des médecins turcs.
Samedi soir, la police a évacué manu militari plusieurs milliers de
personnes qui s'étaient réunies sur la place Taksim pour commémorer
l'assaut donné le 15 juin par la police contre le parc Gezi, le long de
la place, qui constituait le bastion des manifestants. Des heurts
avaient ensuite opposé policiers et protestataires jusqu'au milieu de
la nuit.
Depuis l'évacuation du parc et de la place, les manifestants ont
inventé de nouveaux modes de contestation, comme celle des "hommes à
l'arrêt", qui protestent de manière silencieuse et immobile, et animent
chaque soir des forums de discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul.
La répression de la contestation par la police turque a suscité de nombreuses critiques dans le monde entier.
(AFP, 25 juin
2013)
Eloge d'Erdogan à la sauvagerie policière
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé lundi que la
police de son pays, très critiquée dans le monde entier pour la
violence de ses interventions contre les manifestations
antigouvernementales des dernières semaines, avait écrit une "épopée
héroïque".
"La police turque a écrit une épopée héroïque (...) nos forces de
police ont passé avec succès un test de démocratie", a déclaré M.
Erdogan lors d'une cérémonie de remise de diplôme à l'école de police
d'Ankara.
Lors de son allocution, le chef du gouvernement s'en est une nouvelle
fois pris à plusieurs pays de l'Union européenne (UE) qui ont dénoncé
la répression policière en Turquie, notamment l'Allemagne.
"Notre police est victime de coups de feu et répond par des tirs de gaz
lacrymogène et des canons à eau. S'ils consultent l'acquis
communautaire, ils verront que c'est le droit le plus naturel conféré à
la police (...) qui a agi avec la plus grande retenue et sang-froid",
a-t-il lancé.
Le mouvement de contestation sans précédent visant le régime au pouvoir
depuis 2002 qui a débuté le 31 mars a fait quatre morts, trois
manifestants et un policier, et près de 8.000 blessés, dont 60 graves.
Selon un rapport de la police cité dimanche par le quotidien libéral
Milliyet, 2,5 millions de personnes ont participé aux manifestations à
travers toute la Turquie depuis le 31 mai. Environ 5.000 d'entre eux
ont été arrêtés, selon ce rapport.
Le chef du gouvernement turc doit recevoir mardi à Ankara le secrétaire
général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, qui avait appelé la
Turquie à la retenue face aux manifestants.
Un policier turc accusé d'avoir tué un manifestant laissé en liberté
Un policier turc a été renvoyé lundi en justice pour avoir mortellement
blessé par balle un manifestant anti-gouvernemental à Ankara mais a été
laissé en liberté, ont rapporté les médias turcs.
Un tribunal d'Ankara a rejeté la demande des avocats de la victime,
Ethem Sarisuluk, 26 ans, qui demandaient l'incarcération du policier,
se contentant de le soumettre à un contrôle judiciaire jusqu'au procès,
a précisé la chaîne de télévision NTV.
Ethem Sarisulul est décédé le 14 juin des suites d'un coup de feu tiré
à la tête lors d'une manifestation sur la place Kizilay d'Ankara le 1er
juin. Une vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux le
montre s'écroulant brutalement face à un policier casqué, qui s'enfuit
ensuite l'arme au poing.
Interrogé par l'AFP, le frère de la victime a dénoncé la décision de la
justice de ne pas placer en détention le policier mis en cause.
"Dans ce pays, les meurtriers sont toujours remis en liberté. C'est le dernier exemple en date", a
regretté Mustafa Sarisulul. "Mon frère a été abattu devant le monde
entier", a-t-il ajouté, "mais nous allons continuer notre combat et
porter cette affaire devant les instances internationales pour dénoncer
cette illégalité et cette injustice".
(AFP, 24 juin
2013)
Violence policière contre la manifestation des œillets
La police turque a dispersé des milliers de manifestants portant des
oeillets samedi sur la place Taksim à Istanbul, provoquant à nouveau de
violents heurts après plusieurs jours de calme qui succédaient à trois
semaines de manifestations sans précédent contre le gouvernement
islamo-conservateur.
Les manifestants s'étaient rassemblés en fin de journée sur la place
Taksim pour commémorer l'assaut donné par la police une semaine plus
tôt dans le parc Gezi, jouxtant la place, le dernier bastion de la
contestation antigouvernementale.
Les contestataires ont conspué le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan, appelant à sa démission et scandant: "ce n'est qu'un début,
continuons le combat", avant de jeter des oeillets rouges sur la place
et sur les marches menant au parc Gezi, en hommage aux morts, aux
blessés et aux personnes arrêtées au cours de la répression policière
des manifestations.
Mais une heure et demie plus tard, et après sommations, des centaines
de policiers des unités antiémeute ont repoussé la foule avec leurs
boucliers, appuyés par des canons à eau, a constaté un journaliste de
l'AFP.
La police n'a pas utilisé sur la place de grenades lacrymogènes, dont
l'usage massif contre les manifestants au cours des dernières semaines
avait été très critiqué, notamment par les associations de médecins.
Mais elle y a eu ensuite abondamment recours pour venir à bout des
centaines de manifestants qui l'ont harcelée dans les ruelles du
quartier de Beyoglu, autour de la place Taksim.
Pendant plusieurs heures, des échauffourées se sont poursuivies, les
jets de grenades lacrymogènes et les tirs de balles en plastique des
forces de l'ordre répondant aux jets de pierres et de bouteilles de
petits groupes de contestataires très mobiles.
Dans la rue Mis, connue pour ses bars, un groupe de policiers
antiémeute a été pris à partie par les consommateurs, qui jetaient des
verres et des bouteilles depuis les balcons, et des chaises et des
tables depuis les terrasses sur la rue. Il a réussi à quitter les lieux
après avoir tiré une grenade de gaz lacrymogène.
La police a brièvement roué de coups quelques manifestants, sous les yeux d'un journaliste de l'AFP.
Vers 2h00 du matin (23h00 GMT samedi), les forces de l'ordre étaient
parvenues à disperser les derniers groupes de manifestants, à
démanteler leurs barricades et à reprendre le contrôle des rues menant
à la place Taksim.
La police est également intervenue samedi soir contre des manifestants
dans deux quartiers d'Ankara, Tunali Hilmi et Dikmen, a rapporté le
quotidien Radikal.
Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 ont été blessées
lors de la répression des précédentes manifestations, selon l'Union des
médecins de Turquie.
Des milliers de personnes ont été interpellées, mais la plupart ont été relâchées.
Une cinquantaine de suspects, liés selon les autorités à une
organisation d'extrême gauche clandestine, ont été inculpés pour
appartenance à une organisation terroriste et placés en détention
préventive vendredi et samedi à Istanbul et Ankara.
Le mouvement de contestation est né le 31 mai dans le parc Gezi quand
la police a violemment réprimé quelques centaines de défenseurs de
l'environnement qui voulaient s'opposer à l'arrachage des arbres du
parc dans le cadre d'un projet d'aménagement voulu par le gouvernement.
La fronde a ensuite gagné tout le pays, les contestataires reprochant à
M. Erdogan son autoritarisme et sa volonté d'islamiser la société
turque, le parc Gezi devenant alors un camp retranché des manifestants.
La confrontation avec la police a pris fin après que celle-ci a investi
le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de
canons à eau.
Mais les manifestants ont depuis inventé de nouveaux modes pacifiques
de contestation, tels celle des "hommes à l'arrêt", protestant de
manière silencieuse et immobile, et animent chaque soir des forums de
discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul. (Agences, 23 juin 2013)
Les inculpations continuent en Turquie après les manifestations
Les inculpations se poursuivaient samedi en Turquie après les
manifestations antigouvernementales sans précédent qui ont secoué le
pays pendant trois semaines, avec 22 nouveaux suspects placés en
détention préventive à Ankara.
Un tribunal de la capitale turque a inculpé 22 suspects et a ordonné
leur mise sous écrou pour leur participation aux manifestations, a
affirmé l'Association des avocats contemporains (CHD), précisant que
trois autres personnes ont été relâchées avec un placement sous
contrôle judiciaire.
L'inculpation porte sur leur rôle dans l'organisation des
manifestations et leur participation supposée à des actions violentes
au nom d'une organisation clandestine, a rapporté la chaîne
d'information CNN-Türk sur son site internet.
Ces mises sous écrou font suite à un coup de filet mené mardi par la
police contre des milieux d'extrême gauche à Istanbul et Ankara.
Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait souligné mardi
que l'opération était préparée de longue date mais que les suspects
étaient également impliqués dans les manifestations.
"L'opération, préparée depuis un an (...) vise l'organisation
terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également
participé aux manifestations du parc Gezi", à Istanbul, d'où est parti
le mouvement national de contestation, a affirmé M. Güler.
A Istanbul, 18 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP) arrêtés
lors de la même opération ont été inculpés et placés en détention
vendredi pour "appartenance à une organisation terroriste" et
"destruction de biens publics".
La police avait arrêté mardi matin à leurs domiciles plusieurs dizaines
de membres de l'ESP, une petite formation d'extrême gauche très active
dans les manifestations, et perquisitionné les locaux d'un quotidien,
Atilim, et d'une agence de presse, Etkin, proches de cette formation
politique.
Avec les mises sous écrou de samedi, au moins 46 personnes au total ont
été placées en détention préventive depuis l'intervention de la police
une semaine plus tôt pour évacuer le parc Gezi, le dernier bastion des
manifestants qui réclamaient depuis le 31 mai la démission du Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan.
Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 autres ont été
blessées lors de ces manifestations, les plus violentes contre le
gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en
2002.
(AFP, 22 juin
2013)
18 membres d'un parti de gauche écroués après les manifestations
Dix-huit membres du Parti socialiste des opprimés turc (ESP) ont été
inculpés et placés en détention vendredi pour leur participation aux
manifestations contre le gouvernement des trois dernières semaines en
Turquie, a-t-on appris auprès de l'association des avocats CHD.
Les membres de l'ESP, une petite formation très active pendant la
contestation, sont poursuivis pour "appartenance à une organisation
terroriste" et "destruction de biens publics", des charges punies de
plusieurs années de prison, a précisé la chaîne de télévision
d'information NTV.
La police avait arrêté mardi matin à leur domicile d'Istanbul plusieurs
dizaines de membres de l'ESP et perquisitionné les locaux d'un
quotidien, Atilim, et d'une agence de presse, Etkin, proches de cette
formation politique. D'autres interpellations ont été réalisées dans la
capitale Ankara.
Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait évoqué un coup de filet avec 62 arrestations à Istanbul et 23 à Ankara.
"L'opération, préparée depuis un an (...) vise l'organisation
terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également
participé aux manifestations du parc Gezi", d'où est parti le mouvement
national de contestation, a affirmé M. Güler.
Au total, 24 personnes ont d'ores et déjà été placées en détention
depuis l'intervention de la police samedi pour évacuer le parc Gezi, le
dernier bastion des manifestants qui réclamaient depuis le 31 mai la
démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Selon le CHD, ce nombre devrait encore progresser.
La police turque a procédé à de nombreuses interpellations, dont 600
personnes dimanche à Istanbul et Ankara. La plupart d'entre elles ont
depuis été relâchées.
La police peut procéder à quatre jours de garde à vue, selon la loi
turque, avant de présenter le suspect à un procureur qui décide de son
éventuelle inculpation, de son placement en détention ou de sa remise
en liberté.
Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 autres ont été
blessées lors de ces manifestations, les plus violentes contre le
gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en
2002.
(AFP, 21 juin
2013)
Les médecins turcs dénoncent un usage dangereux du gaz lacrymogène
Six organisations turques de médecins ont déploré jeudi l'usage massif
par la police du gaz lacrymogène lors de la répression des
manifestations antigouvernementales qui ont secoué la Turquie depuis la
fin mai, évoquant deux cas probables de décès liés au gaz et dénonçant
son usage comme une "arme chimique".
"Nous avons de sérieuses inquiétudes sur la mort de deux citoyens des
suites de leur exposition au gaz lacrymogène, et dont le décès n'a pas
été pris en compte dans les statistiques" sur les victimes des heurts,
a déclaré le Pr Ümit Biçer, au nom de l'Association des spécialistes en
médecine légale.
Les autorités et l'Union des médecins de Turquie (TTB) ont jusque là
fait état de quatre morts lors des incidents: deux civils atteints par
des projectiles à Hatay (sud) et Ankara --le premier vraisemblablement
par une grenade lacrymogène, le deuxième par une balle de pistolet--,
un autre écrasé par une voiture à Istanbul et un policier tombé d'un
pont à Adana (sud).
A ce bilan, il faut probablement ajouter la mort d'un homme de 47 ans
employé dans une école privée à Ankara atteint de troubles
respiratoires après une forte exposition aux gaz lacrymogènes et une
femme de 50 ans décédée d'une crise cardiaque à Istanbul dans des
circonstances analogues, a indiqué le Pr Biçer.
La police a utilisé le gaz lacrymogène "non comme un moyen de contrôler
les foules, mais comme une arme chimique" en tirant des grenades a
proximité immédiate des personnes ou dans des lieux clos, deux actes
proscrits par les conventions internationales, a accusé le médecin.
Quelque 41% des personnes affectées par le gaz se trouvaient à
proximité immédiate (moins de cinq mètres) d'une grenade lacrymogène,
et 21% étaient dans un lieu clos, a indiqué le Pr Elif Dagli, de la
Société turque de médecine thoracique, révélant les résultats d'une
enquête auprès de 356 personnes gazées.
Les symptômes constatés chez ces personnes allaient de toux (78%) et de
douleurs thoraciques (74%) à des toux accompagnées de crachements de
sang (3%), a affirmé Mme Dagli.
Le Pr Dogan Sahin, de l'Association turque de psychatrie, a pour sa
part dénoncé un usage du gaz lacrymogène "pouvant s'apparenter à de la
torture" dès lors que l'objectif était "d'infliger une douleur physique
et psychologique dans un but de punition" aux manifestants.
Il a évalué à 50.000 le nombre de personnes qui pourraient être
victimes de "troubles psychologiques récurrents ou permanents" à la
suite de ces interventions policières.
Les heurts en Turquie au cours des trois dernières semaines ont fait au
moins quatre morts et 7.800 blessés, dont 59 blessés graves, selon le
dernier bilan de la TTB, publié jeudi.
(AFP, 20 juin
2013)
La Turquie en eaux troubles après les manifestations
La fronde antigouvernementale qui a agité la rue turque pendant trois
semaines a cédé la place à une contestation moins radicale mais elle a
libéré le désir de démocratie des manifestants et mis en difficulté le
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, estiment les analystes.
Depuis mardi, les détonations des grenades lacrymogènes ont quasiment
cessé mais les protestataires refusent encore et toujours de rendre les
armes.
Beaucoup répètent la posture de "l'homme à l'arrêt", d'autres déposent
leurs chaussures dans la rue en mémoire des trois manifestants tués
lors de la crise et les forums de discussion organisés dans les parcs
d'Istanbul se multiplient.
"Ce mouvement va continuer d'une façon ou d'une autre, il va se
transformer en une forme de désobéissance civile", juge Cengiz Aktar,
politologue à l'université Bahçesehir d'Istanbul, "le gouvernement a
peut-être les moyens physiques, mais il n'a pas les moyens
intellectuels de coexister, de composer avec ces revendications".
Le mouvement est parti le 31 mai d'une réaction épidermique à
l'intervention brutale de la police contre une poignée de militants
écologistes sur la place Taksim, qui refusaient la destruction du
désormais fameux parc Gezi.
Mais très vite, il a focalisé les colères accumulées contre le parti
islamo-conservateur au pouvoir et s'est transformé en une puissante
lame de fond contre son chef, accusé de dérive autoritaire et de
vouloir "islamiser" la société turque.
Pour la sociologue Nilufer Narli, il est "encore trop tôt" pour se
prononcer sur la direction que va prendre la contestation. Mais,
prédit-elle, les jeunes, diplômés et issus des classes moyennes, qui en
ont constitué les gros bataillons ne renonceront pas à leurs
revendications en faveur d'une société plus démocratique.
"Leurs exigences sont toujours là, comme leur insatisfaction
politique", estime Mme Narli, "et elles sont encore plus fortes
maintenant qu'auparavant".
Face à cette pression, le chef du gouvernement a joué, comme à son habitude, de la fermeté et de la provocation.
Une Turquie contre l'autre
A longueur de discours, il a dénoncé les "pillards" qui ont occupé les
rues de la plupart des grandes villes du pays et dénoncé un "complot"
ourdi par des "terroristes".
Aux jeunes, laïques et tournés vers l'étranger qui manifestaient, il a
opposé la "vraie Turquie", conservatrice et musulmane, qui a fait les
larges victoires électorales de son Parti de la justice et du
développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.
"On rejoue le même film", a déploré la sociologue Nilufer Gole sur le
site internet de la télévision T24 en évoquant les vieilles rancunes
qui ont longtemps opposé républicains et musulmans en Turquie. "Les
suspicions mutuelles, l'absence de confiance nous divisent et nous
mènent à grande vitesse droit dans le mur", a-t-elle ajouté.
"Après les incitations nationalistes ont commencé les incitations
religieuses, à destination des gens pieux et conservateurs", a confirmé
le journaliste Hasan Cemal sur la même chaîne T24. "Ce langage (...)
radicalise la Turquie", a ajouté M. Cemal, "il pousse l'ensemble de la
société à ses limites".
Au sein même de ses troupes, la tonalité intransigeante du discours du Premier ministre n'a pas fait l'unanimité.
"Si Erdogan décide de radicaliser la population et d'aiguiser les
divisions pour consolider son propre camp, il met en danger non
seulement son propre avenir politique mais aussi la stabilité de
l'ensemble du pays", a jugé Abdullah Bozkurt, le chef du bureau
d'Ankara du quotidien jusque-là proche du gouvernement Today's Zaman.
Ce titre de langue anglaise a été cette semaine accusé de "trahison"
par de nombreux militants de l'AKP pour avoir publié un sondage qui
créditait le parti de M. Erdogan de 35,3% d'intentions de vote, en
forte baisse par rapport aux près de 50% récoltés lors des élections
législatives de 2011.
Pour de nombreux analystes, l'image du Premier ministre a été
sérieusement écornée par ces 20 jours de fronde. "Ceux qui ont conduit
ce mouvement ne peuvent pas dire qu'ils ont gagné", a écrit
l'éditorialiste Ahmet Insel dans le quotidien libéral Radikal, "mais
tout le monde, à commencer par Erdogan, sait bien que c'est le cas".
(AFP,19 juin
2013)
Le pouvoir islamiste menace d'utiliser l'armée!
(afp)
La terreur d'état relancée par le pouvoir islamiste a déjà un bilan
noir qui suscite des protestations tant au pays qu'à l'étranger: 4
morts, 7822 blessés, 11 pertes de vue et un millier d'arrestations. Malgré cela, le
gouvernement turc est allé encore plus loin par la menace de faire
intervenir l'armée pour empêcher les éventuelles manifestations à
Istanbul et dans toute la Turquie.
"Tout d'abord, un policier n'est pas un vendeur de rue mais un membre
des forces de l'ordre. Les policiers useront de tous les moyens qui
leur sont conférés par la loi", a déclaré lundi le vice-Premier ministre Bulent Arinç.
Dans un entretien accordé à la télévision A Haber, "Si cela ne suffit
pas, même les forces armées turques peuvent être utilisées dans les
villes sous l'autorité des gouverneurs" de régions, a-t-il ajouté.
Le gouvernement a déjà eu ponctuellement recours à la gendarmerie, un corps de militaires dépendant du ministère de l'Intérieur.
Au lendemain de la manifestation de deux grands
syndicats venus soutenir la fronde, le chef du gouvernement Erdogan a profité
de son discours hebdomadaire devant les députés de son Parti de la
justice et de la démocratie (AKP) pour tourner la page de la
contestation sans précédent qui a agité son pays.
"Notre démocratie a de nouveau subi un test et en est sortie
victorieuse", a-t-il lancé sous un tonnerre d'applaudissements, "le
peuple et le gouvernement de l'AKP ont déjoué ce complot tramé par des
traîtres et leurs complices à l'étranger".
Pendant plus d'une heure, Erdogan a dénoncé une nouvelle fois les
"pillards" et les anarchistes" qui ont occupé la rue, les "médias
internationaux" coupables de "désinformation" et les critiques qui ont
mis en cause son intransigeance pendant la crise et la brutalité de la
répression policière.
Depuis le début de la contestation le 31 mai, le
gouvernement turc a eu recours à la police antiémeute pour réprimer les
manifestants à Istanbul et à Ankara.
Cette utilisation de la police dans un pays qui a connu au XXe siècle
quatre coups d'Etat militaires avait mis en lumière le lien privilégié
entre Erdogan et les forces de police.
"Je remercie encore et encore la police pour sa patience et son bon
sens", a-t-il lancé, justifiant son recours massif aux gaz
lacrymogènes. "En fait, notre police a adopté une attitude démocratique
contre la violence
Sûr de sa force, Erdogan a mis en garde contre toute velléité de
manifestation, après l'évacuation samedi des occupants du parc Gezi et
de la place Taksim à Istanbul.
"A partir de maintenant, il ne sera pas question de montrer la moindre
tolérance envers des gens ou des organisations qui s'engagent dans des
actions violentes", a-t-il menacé.
Si la nuit de lundi à mardi a été plutôt calme à
Istanbul, la police a utilisé des canons à eau et des grenades
lacrymogènes pour déloger des manifestants qui avaient installé des
barricades à Ankara, ceux-ci répliquant par des jets de pierre.
Mardi matin, la police a procédé à des dizaines
d'interpellations dans les milieux d'extrême gauche soupçonnés d'être
liés aux manifestants.
A Istanbul, quelque 90 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP),
une petite formation active dans les manifestations, ont été arrêtés,
selon le barreau d'Istanbul. Les médias turcs ont rapporté
l'interpellation de 30 personnes à Ankara, 13 à Eskisehir (nord-ouest)
et des descentes de police dans 18 autres provinces.
Le ministre de l'Intérieur Muammer Güler a lui évoqué 62 arrestations à
Istanbul et 23 à Ankara, dans le cadre d'une opération préparée de
longue date contre "l'organisation terroriste MLKP (Parti communiste
marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du
parc Gezi".
Les forces de l'ordre avaient déjà arrêté près de 600 personnes
dimanche à Istanbul et Ankara, selon les barreaux de ces deux villes.
Selon le quotidien Hürriyet Daily News, le ministère de la Justice a
par ailleurs commencé à travailler sur un projet de réglementation de
la criminalité sur internet pour restreindre le rôle des médias sociaux
dans la propagation des appels à manifester.
Au début de la fronde, M. Erdogan avait qualifié de "fauteur de
trouble" le réseau Twitter, le moyen de communication favori des
manifestants.
Pour contourner l'interdiction de manifester sur la place Taksim,
toujours étroitement surveillée par la police, les manifestants ont
inauguré une nouvelle forme de défi au gouvernement: la posture de
"l'homme à l'arrêt".
Lundi soir, un chorégraphe, Erdem Gunduz, s'est ainsi immobilisé
pendant de longues heures au milieu de la place, debout, sans dire un
mot, avant que la police ne mette fin à son happening en dispersant la
foule qui l'encerclait. Il avait déjà fait mardi de nombreux émules.
L'«homme à l'arrêt», nouveau héros de la place Taksim
(afp)
Muet, le regard fixe, il n'a pas bougé pendant des heures. Un homme est
arrivé lundi soir à la nuit tombée et s'est planté au milieu de la
place Taksim d'Istanbul, à quelques dizaines de mètres du parc Gezi.
Son action pacifique, dans ce lieu interdit au rassemblement par les
autorités turques, a intrigué et fasciné les centaines de personnes qui
l'ont observé, lui, et la police. Le parc, berceau de la contestation
du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est solidement gardé par des
dizaines de policiers depuis l'opération coup de poing samedi soir des
unités antiémeute qui l'ont vidé à coups de gaz lacrymogènes et de
canons à eau de ses milliers de manifestants.
Cinq heures plus tard, l'homme était toujours là, les mains dans les
poches, un sac et des bouteilles d'eau à ses pieds. Il fixait l'immense
portrait du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk,
accroché au sommet de l'ancien centre culturel. La nouvelle de son
action s'est propagée à grande vitesse sur les réseaux sociaux. Elle
porte un nom sur Twitter, #Duranadam, «l'homme à l'arrêt».
Erdem Gunduz, un chorégraphe stambouliote
L'auteur de cette action inédite à Istanbul, qui vise à contourner
l'interdiction de manifester tout en occupant la place Taksim après le
coup dur porté par l'évacuation du parc Gezi, s'appelle Erdem Gunduz.
Ce chorégraphe stambouliote est aidé par ses amis qui empêchent les
centaines de personnes présentes de s'approcher de lui et le
ravitaillent en eau. «Nous voulons le protéger de toute provocation. Il
faut qu'il soit seul au milieu de la place, sinon la police prétextera
un rassemblement pour disperser tout le monde», a expliqué Asma, une
jeune femme turque qui tente de repousser la foule sur le bas côté.
Progressivement, une chaîne humaine a formé un immense cercle autour de
lui. Les appels à quitter la place se sont multipliés. Des jeunes se
sont disputés, en désaccord sur la stratégie à adopter.
(www.leparisien.fr, 18 juin 2013)
FIDH: Suspend sales of tear-gas and crowd-control equipment to Turkey
The repression of protests that began on 28 May 2013 has intensified in
recent days. Police abuse documented during the first weeks was deemed
"regretful" by the Turkish authorities, who opened parallel channels of
dialogue with the representatives of Gezi park.
Despite these openings, on Saturday 15 June, Prime Minister Erdogan
called upon the police to clear Gezi park. The police assisted by the
gendarmerie attacked protesters in the park and surrounding areas to
evacuate the site. This operation resulted in human rights violations
greater than those previously committed. The lack of independent
investigation into the violations committed in recent weeks has raised
concerns that this impunity has been the breeding ground for an
escalation of violence.
Criminal and disproportionate use of force
According to figures published by the Turkish Medical Association, on
the 17th of June 7,642 people were injured during the repression of
protests throughout Turkey. Many injuries to the head or to the body
reflect the inappropriate use of teargas or plastic bullets, in
violation of international law, notably the UN Principles on the use of
force and firearms by law enforcement officials.
According to information gathered by the Human rights foundation of
Turkey (HRFT) and the Human rights association (IHD), two protestors
were killed. One protestor and a policeman also died. One of the
protestors was shot in the head by a police officer who has not been
suspended from duty. Another one was killed by the police forces after
being shot in the head by a tear gas canister. One was ran over by a
car that was intentionally driven into the crowd. A policeman fell down
and died while he was running after protesters.
Additionally, two people, including a cleaning officer, have died as a possible result of tear gas intoxication.
Many injuries to the head or to the body reflect the inappropriate use of teargas or plastic bullets.
The Divan, Ramada and Hilton hotels, which served as a refuge and
infirmaries for sick or injured protesters were raided by police who
used teargas grenades in violation of the prohibition of their use in
enclosed spaces. In addition, several hospitals were attacked with
teargas, notably the Universal German Hospital near Taksim Square.
Medical personnel under threat
Many doctors and medics who were bringing assistance to injured
protesters were also threatened. According to the Istanbul Medical
Chamber (İstanbul Tabip Odası), three nurses and a doctor are currently
in detention.
Criminalisation of political activity
On Tuesday 11 June while a particularly violent police operation
designed to evacuate Taksim Square was taking place, 70 people were
arrested during a raid against the Social Democracy Party (SDP). While
most were released after four days of detention, four remain detained
and are prosecuted for having participated in organised criminal
activities. They will thus be judged according to special procedures
(closed trial, heavier sentences, etc.).
In addition, this morning on 8th June, a large and unconfirmed number
of political opponents’ houses and offices were raided and their
occupants detained both in Ankara and Istanbul. They are accused,
amongst other things, of ’belonging to an illegal organisation’.
FIDH is concerned about the use of criminal provisions that have been
repeatedly condemned by the United Nations’ mechanisms of protection of
human rights and by the European Court of Human Rights. Nothing today
justifies this use of special judicial procedures or the use of vague
charges of organised criminal activities instead of the law governing
demonstrations.
Violation to freedom of information
Independent media coverage of the protests and incidents that
surrounded them has been seriously lacking in the Turkish media. The
few independent channels that relayed the information have been
prosecuted and sentenced to huge fines in violation of freedom of
expression and information.
Thus, Halk TV, Ulusal TV, Cem TV and EM TV were sentenced to very high
fines (Halk TV was sentenced to 146,000 Turkish lira) by the High
Council of Radio and Television of Turkey (RTÜK) for "undermining the
physical, moral and mental development of children and young people”,
after broadcasting images of the repression.
In this context, FIDH and IHD reiterate their calls to the Turkish
authorities which were sent in recent weeks, and in particular to:
- release and drop the charges against all those arrested during the
protests, at the headquarters of the Social Democracy Party, and during
police raids;
- guarantee freedom of expression and ensure that the fight against
political violence complies with human rights standards, as requested
to Prime Minister Recep Tayyip Erdogan during the 38th FIDH Congress in
Istanbul in May;
- send an independent commission of inquiry to shed light on the
disproportionate use of force by the law enforcement agents during the
demonstrations all across Turkey in recent weeks;
- ensure that the individuals responsible for human rights violations
be prosecuted and tried under international human rights standards.
Given the increasing number of human rights violations committed by the
authorities in charge of policing, FIDH, HRFT and IHD have decided to
seize the relevant international monitoring mechanisms of the United
Nations and of the Council of Europe, namely the UN Special rapporteur
on freedom of expression, on freedom of association, on the prevention
of torture, on protection of human rights while countering terrorism,
and the Council of Europe Commissioner for Human Rights, and the
Committee for the Prevention of Torture.
In addition, FIDH and IHD call upon the international community to:
- condemn in the most stark terms the disproportionate use of force and repression of demonstrations;
call for the immediate establishment of an independent
and impartial commission of investigation into the repression of these
protests;
- suspend and ban all exports of tear gas and crowd
control material to Turkey, until investigations have been made as
regards to their improper use and until the perpetrators of such
improper use are held accountable.
Press contacts:
Tel: +33 6 72 28 42 94; +33 6 8 05 91 57 (in Paris) – Email : presse@fidh.org
Erdogan attise toujours la polarisation et l'hostilité
Le Premier ministre Erdogan, au lieu de mettre fin à l'état de guerre, a continué dimanche d'attiser la polarisation et l'hostilité en Turquie. Il
a essayé de justifier lors d'un meeting de ses partisans à Istanbul
l'évacuation brutale du parc Gezi, dernier bastion des manifestants qui
réclament sa démission depuis plus de deux semaines à Istanbul.
"J'ai dit que nous étions arrivés à la fin. Que c'était devenu
insupportable. Hier, l'opération a été menée et (la place Taksim et le
parc Gezi) ont été nettoyés", a lancé M. Erdogan sous les vivats de la
foule, la plus importante rassemblée depuis le début de la crise qui
secoue la Turquie.
"C'était mon devoir de Premier ministre", a-t-il ajouté, arpentant de long en large l'immense estrade en bras de chemise.
"Nous n'abandonnerons pas cette place aux terroristes", a insisté le
dirigeant islamiste, en référence aux drapeaux ou aux banderoles de
certains mouvements politiques interdits qui avaient été déployés sur
la place Taksim.
Pendant près de deux heures d'un discours au ton accusateur, M. Erdogan
a fustigé les médias internationaux complices des "terroristes", le
Parlement européen qui dépasse les "limites" et les "pillards" qui
détruisent le pays.
Au même moment, des accrochages continuaient d'opposer les forces de
l'ordre à des groupes de manifestants tout autour de la place Taksim. A
plusieurs reprises, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et
de canons à eau pour les empêcher d'approcher.
Pour la première fois depuis le début de la crise, des unités de
gendarmerie sont venues renforcer la police, notamment en barrant
l'entrée d'un des deux ponts qui enjambent le Bosphore pour empêcher
les manifestants venus de la rive anatolienne de la ville de prêter
main forte à ceux qui font le coup de poing côté européen.
A Ankara, la police a également dispersé à plusieurs reprises des
centaines de personnes qui tentaient de se réunir sur la place Kizilay,
le coeur de la contestation dans la capitale.
Partout, les manifestants ont assuré qu'ils ne baisseraient pas les
bras. "Je n'abandonnerai pas", a assuré à l'AFP Mey Elbi, une
professeur de yoga de 39 ans délogée du parc Gezi. "Nous sommes en
colère, tout ça n'est pas fini", a-t-elle ajouté, "le monde a vu
qu'ensemble, nous pouvions tenir tête à Tayyip".
Sitôt connue la nouvelle de l'évacuation du parc, des dizaines de
milliers de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul pour
tenter de "reprendre" la place Taksim. Toute la nuit, la police est
intervenue à grand renfort de gaz, de canons à eau et de tirs de balles
en caoutchouc pour disperser la foule sur plusieurs artères de la ville.
Selon la coordination des manifestants, baptisée
Solidarité Taksim, des "centaines" de personnes ont été blessées lors
de l'opération.
Selon le dernier bilan du syndicat des médecins
turcs publié plus tôt dans la semaine, 4 personnes sont mortes et près
de 7.500 autres ont été blessées. (AFP, 17 juin 2013)
Alarm cry from the Turkish Bar Association
The Turkish Bar Association’s administrative body has called on the
Council of Europe head to request an explanation from the Turkish
government on the role of the security forces during the ongoing
protests around the country, as a result of an emergency meeting June
16.
The association called on the Secretary General of the Council of
Europe to take action about "statements made by the Turkish government
that raise tensions and escalate violence and the bad treatment of
people by the authorities and the security forces.”
The demand was based on Article 52 of the Convention for the Protection
of Human Rights and Fundamental Freedoms, which permits the Secretary
General of the Council of Europe the right to request Turkey to
"furnish an explanation of the manner in which its internal law ensures
the effective implementation of any of the provisions of the
Convention."
The Bar Association also said it would be applying to a number of other international institutions.
The Bar Association has also decided to launch judicial and
administrative investigations into officials who had opened a
preliminary inquiry into the health care teams helping injured
protesters during the clashes.
Meanwhile, administrative and judicial applications will be made by the
association regarding public emergency medical teams who “neglected
their duty” by not building emergency medical centers in the areas
during the events, according to the statement.
The Bar Association also vowed to continue an active dialogue with the
bar heads and to take further steps, if deemed necessary.
350 detained according to Istanbul Bar Association
Police have detained almost 350 people since the crackdown began in
Istanbul on June 15, according to the Istanbul Bar Association.
Police continued to use intense tear gas against protesters trying to gather in neighborhoods close to Taksim Square.
Dozens of protesters were detained during the police intervention on
Sıraselviler Avenue which links to Taksim Square on June 16. One
British citizen were among those detained, according to Doğan News
Agency.
Those detained were later held in riot police buses at Taksim Square.
The police intervened with water cannons and tear gas on Sıraselviler
Avenue to remove the barricade after calling on protesters to clear the
route.
Clashes between police and the protesters also occurred in the
Mecidiyeköy and Nişantaşı neighborhoods of the Şişli district, as well
as the Galata neighborhood of Beyoğlu.
A group of people who tried to build a barricade on Ergenekon Avenue in
Şişli, were dispersed with tear gas and water cannons. Another group
blocked the highway access road in the Nurtepe neighborhood of the
Kağıthane district.
Police intervention on İstiklal Avenue
Another group of protesters, after being driven by the police from
Osmanbey toward Nişantaşı, built a barricade to halt the police. The
police then used a large amount of tear gas in the area in order to
disperse the protesters, and several of the group took shelter in a
mall.
Ferries not working
Meanwhile, city line ferries working between the Anatolian and Asian
sides of Istanbul have been partially canceled following a direction
from the Istanbul Governorate.
Lines from Kadıköy to Beşiktaş and from Kadıköy to Kabataş are
currently not working. The ferries are operating only between Kadıköy
and Eminönü.
Intervention at mall in Mecidiyeköy
Earlier in the day, another group made up of around 100 people had
gathered in Mecidiyeköy in front of another mall, Cevahir AVM.
The group had planned to march toward Taksim Square, until they faced a
police intervention while chanting slogans. Ten riot policemen chased
members of the group seeking shelter in the mall.
The police officers left the mall after the majority of those shopping
in the mall reportedly chanted slogans against the police intervention.
Security guards at the mall distributed water for the protesters affected by the tear gas.
(hurriyetdailynews.com,
June 16, 2013)
Voluntary Doctors Face Investigation!
Health Ministry Audit submitted an official
statement to Chamber of Medicines Administration, saying that it
launched investigations on doctors of Gezi Park - a group of volunteer
doctors who made the first aid to dozens of injured protestors due to
police violence and saved lives.
Health Ministry claimed that Gezi Park protests were “illegal”:
“Departing from a statement released by Istanbul
Chamber of Medicines, the ministry observed certain information and
statistics on medical interventions to those who are wounded in illegal
protests and treated by a group of self-organized and voluntary
doctors in so-called infirmaries.”
Even the ministry claimed that it detected those
“voluntary infirmaries”, voluntary doctors and Chamber of Medicines
already announced their existence previously.
Ministry asked doctors names
Health Ministry submitted the following questions to
Chamber of Medicines Administration: * Why did you not seek permission
from Health Ministry on the medical practices and “voluntary infirmary”
service coordinated by your chamber?
* For what reason did you come up with your own
medical teams when Health Ministry’s medical staff and ambulances were
already positioned during the events in Taksim?
* Who worked in the voluntary infirmaries? What are
the duties, competences and titles of these individuals? How did you
make sure that these individuals were competent and permitted to make
medical interventions?
* What medical records have these “health
volunteers” take and what is legal ground of these registries? Your
website mentions “Judicial Phenomena Preliminary Evaluation and
Documentation”. What is the legal ground of this process?
* Have patients been put through surgical interventions? If yes, are there any registries?
* How many patients were admitted and treated in
these voluntary infirmaries? Are there any medical records? What are
the names of admitted patients? Did you share this information with the
ministry?
(BIA, June 16, 2013)
Erdogan a déclenché une guerre sauvage contre le peuple
Le Premier ministre Tayyip Erdogan a finalement déclenché une guerre
totale contre tous ces opposants. Suivant ces ordres, les policiers ont évacué samedi soir à
coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau le parc Gezi d'Istanbul,
berceau de la contestation, provoquant des scènes de chaos et des
affrontements qui se sont poursuivis toute la nuit en ville.
Deux heures après un dernier ultimatum du chef du gouvernement, les
forces de l'ordre sont passées à l'action dans la soirée en
investissant le parc Gezi qu'elles ont vidé en quelques minutes de ses
milliers d'occupants en les noyant sous un nuage de gaz lacrymogènes.
Les tentes dans lesquelles les occupants du parc s'apprêtaient à passer
une nouvelle nuit ont été détruites, leurs banderoles arrachées et des
dizaines de personnes interpellées.
Le collectif Solidarité Taksim, qui chapeaute l'organisation de la contestation au Premier ministre, a condamné
l'opération, qui "a transformé le parc Gezi, Istanbul et le pays en
zone de guerre". "Cette attaque brutale de la police doit s'arrêter. Le
parti au pouvoir sera tenu pour responsable des événements", a-t-il
ajouté.
"A l'heure actuelle, nous manifestons à travers le pays contre
l'attaque du gouvernement et nous marchons dans le quartier de Taksim",
où se situe le parc Gezi, ajoute le collectif, qui dénonce des
"centaines de manifestants blessés" et des dizaines de personnes
touchées par des "balles en caoutchouc" qui ne peuvent pas être
hospitalisées.
La police a dispersé samedi soir à coups de canons à eau et de gaz
lacrymogènes la place Taksim où se massaient des centaines de
manifestants. Dans la foulée, elle a lancé l'assaut sur le parc Gezi
occupé depuis le 1er juin par des milliers de manifestants. Ces
derniers ont fui les gaz lacrymogènes permettant aux policiers de
démanteler les tentes dressées dans le camp. Depuis plusieurs heures,
la police cherche à repousser le plus loin de la place Taksim tout
manifestant. Des centaines de policiers sont déployés dans les rues
donnant sur la place à la recherche des manifestants.
La police intervient jusque dans le lobby de grands hôtels, comme le
Hilton et le Divan. L'hôtel Divan, proche du camp Gezi, a été
transformé en hôpital de campagne pour soigner les manifestants touchés
par les gaz lacrymogènes ou les balles en caoutchouc. Pour sa part, le
gouvernement avance un bilan de 29 blessés.
"Ils sont entrés de force, avec beaucoup de gaz. Ils nous ont frappés,
même les femmes", a raconté à l'AFP un des manifestants, Ader Tefiq.
"J'étais à l'intérieur de la tente-hôpital (...), ils ont lancé des
grenades lacrymogènes et des dizaines de policiers sont entrés", a
rapporté de son côté Elif, une thérapeute de 45 ans.
La police a poursuivi les manifestants dans toutes les rues
environnantes jusque tard dans la nuit, y compris dans le hall d'un
hôtel luxueux copieusement arrosé par les canons à eau de véhicules
antiémeute et gazé.
Selon la coordination des manifestants, baptisée Solidarité Taksim, des
"centaines" de personnes ont été blessées lors de l'opération. Le
gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a lui évalué le nombre des
blessés à 29.
Le vice-Premier ministre Huseyin Celik s'est félicité de l'évacuation
du parc. "J'espère que nous pourrons oublier tout ça, comme un mauvais
rêve ou un cauchemar", a-t-il dit.
A peine connue la nouvelle de l'évacuation du parc, des dizaines de
milliers de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul.
"Nos revendications dépassent les limites du parc Gezi, à présent, il
s'agit d'un mouvement contre le gouvernement", a déclaré à l'AFP une
étudiante, avant d'ajouter: "Nous allons continuer et personne ne nous
arrêtera". "C'est le point de non-retour", a renchéri un autre
manifestant, estimant qu'"il s'agit de défendre la liberté en Turquie".
La police est intervenue toute la nuit à grand renfort de gaz, de
canons à eau et de tirs de balles en caoutchouc pour disperser la foule
sur plusieurs artères de la ville, notamment près du Bosphore.
A l'aube, les camions de nettoyage et les bulldozers continuaient de
s'affairer sur la place Taksim et dans le camp Gezi pour effacer les
traces de la contestation qui a débuté le 31 mai et s'est soldée par
quatre morts et plus de 7.500 blessés dans le pays.
A Ankara, des milliers de personnes ont également manifesté en fin de
soirée. Aucun incident n'avait été signalé dans la capitale. Des
manifestants sont également descendus dans la rue à Izmir (ouest).
Samedi, le chef du gouvernement avait lancé un nouvel avertissement aux
manifestants, lors d'un discours prononcé devant plusieurs dizaines de
milliers de ses partisans réunis dans une lointaine banlieue d'Ankara.
"Je le dis clairement: si Taksim n'est pas évacuée, les forces de
sécurité de ce pays sauront comment l'évacuer", a lancé Erdogan sur le
ton ferme qu'il affectionne depuis le début de la crise. Le Premier
ministre doit tenir dimanche après-midi une nouvelle réunion publique
avec des dizaines de milliers de manifestants à Istanbul.
La résistance de Taksim poursuit son mouvement
Les contestataires qui occupent le parc Gezi d'Istanbul, d'où est parti
un mouvement sans précédent de contestation populaire du Premier
ministre turc Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé samedi leur refus de
partir malgré les concessions du pouvoir.
Après plus de deux semaines de fronde à Istanbul, Ankara, et dans
plusieurs villes de Turquie, le collectif Solidarité Taksim, qui
chapeaute les manifestants, a sonné la poursuite du mouvement de
"résistance".
"Nous allons poursuivre notre résistance contre toute injustice dans
notre pays (...) Ce n'est qu'un début, notre lutte se poursuivra!",
indique le collectif dans un communiqué.
"Aujourd'hui nous sommes bien plus forts, organisés et optimistes qu'il
y a 18 jours", lorsqu'un petit groupe de militants écologistes avait
commencé à camper dans le parc pour s'opposer au projet d'aménagement
des autorités, souligne Solidarité Taksim après une nuit de débats
entre les occupants.
Les manifestants estiment par ailleurs que le Parti de la justice et du
développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis
2002, "a perdu sa légitimité aux yeux de la presse nationale et
internationale (...) par ses efforts pour diviser et provoquer la
résistance" sur la place emblématique de Taksim.
Le Premier ministre, principale cible des manifestants qui l'accusent
d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque, avait
promis de ne pas toucher au parc tant que la justice suivait son cours,
un geste d'apaisement qui n'a donc pas suffi.
Toute la nuit et encore samedi matin, les protestataires -- plusieurs
centaines d'irréductibles -- qui avaient engagé le bras de fer le 31
mai, ont discuté, divisés en groupes de discussion, les concessions du
régime.
"Nous ne partirons pas. Pourquoi le ferions-nous au point où nous en
sommes ?", demandait Mustafa, 43 ans. "Nous avons beaucoup souffert, il
n'y a pas de retour en arrière possible", ajoute-t-il en évoquant les
manifestants blessés par la police.
"Nous restons dans le camp parce que nos demandes n'ont pas été
satisfaites par le gouvernement", explique Ata, futur docteur en
mathématiques.
L'AKP organise samedi à Ankara et dimanche à Istanbul deux meetings
électoraux avec en ligne de mire les élections municipales de 2014.
Mais pour les manifestants, le but du Premier ministre est tout autre.
"Il veut montrer son pouvoir pour nous intimider, nous menacer. Mais
c'est précisément pourquoi nous sommes là, c'est tout le problème",
ajoute Ata en référence aux penchants autocratiques, selon les
manifestants, du dirigeant turc au pouvoir depuis 11 ans.
"Rien ne sera plus jamais comme avant en Turquie", après ces deux
semaines de prise de parole, de liberté, dit Ata. Nuits blanches dans
le parc Gezi, affrontements violents réprimés à coups de gaz
lacrymogènes et de canons à eau, arrestations de centaines de
manifestants rapidement relâchés, près de 7.500 blessés à travers le
pays, 4 morts : la Turquie a connu sa plus grave crise politique de
l'ère Erdogan.
La crise a mis en lumière la cohabitation de deux modèles: une Turquie
conservatrice et majoritaire, des pauvres et des campagnes, et une
Turquie laïque, urbaine, occidentalisée, qui accuse l'AKP de vouloir
islamiser la société.
Le chef du gouvernement avait fait des concessions en trompe-l'oeil
dans la nuit de jeudi à vendredi en promettant à une délégation de
représentants de la société civile, dont deux porte-parole de la
contestation, de ne pas toucher au parc tant que la justice n'aurait
pas statué.
Mais le processus juridique pourrait prendre des mois alors que le
gouvernement a fait appel de la décision rendue le 31 mai par un
tribunal administratif de suspendre l'aménagement du parc.
M. Erdogan a par ailleurs répété qu'il organiserait un référendum municipal sur l'avenir du parc.
Délaissant le ton menaçant de l'ultimatum qu'il leur avait adressé
auparavant, le Premier ministre a prié le dernier carré de manifestants
qui occupent le parc de vider les lieux d'ici vendredi soir. Il n'a pas
été entendu.
Parallèlement, les policiers antiémeute ont dispersé dans la nuit de
vendredi à samedi à coups de gaz lacrymogènes les manifestants
rassemblés à Ankara. Plus de trente protestataires ont été arrêtés,
selon la chaîne de télévision turque NTV.
Les brutalités policières et l'intransigeance de M. Erdogan face aux
protestataires lui ont valu de nombreuses critiques et terni son image
à l'étranger, notamment auprès des Etats-Unis et des pays de l'Union
européenne.
(AFP,15 juin
2013)
Minuit: Un petit pas en arrière d'Erdogan
The Guardian, June 14, 2013
A l'issue d'une rencontre avec des représentants des contestataires,
Recep Tayyip Erdogan s'est engagé vendredi matin à ne pas poursuivre le
projet d'aménagement urbain prévu dans le parc Gezi d'Istanbul avant
qu'un tribunal ne rende une décision à ce sujet.
Des représentants de la contestation ont été reçus jeudi soir à Ankara
au cours d'une réunion d'urgence par le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan, quelques heures après avoir rejeté son ultimatum leur
demandant de quitter leur dernier bastion du parc Gezi d'Istanbul.
M. Erdogan leur a réaffirmé sa proposition de procéder à une consultation des habitants d'Istanbul sur ce terrain contesté.
"Nous voulons savoir ce que pense la population d'Istanbul, sa décision
est très importante pour nous", a indiqué à la presse au terme de
l'entretien Hüseyin Celik, le porte-parole du parti de la justice et du
développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, dirigé
par M. Erdogan.
Alors que la fronde contre le gouvernement est entrée dans sa troisième
semaine, des milliers de manifestants se préparaient à passer une
nouvelle nuit dans ce jardin public proche de la place Taksim, dont la
destruction annoncée a donné le coup d'envoi de la contestation le 31
mai.
"Nous resterons au parc Gezi avec nos tentes, nos sacs de couchage, nos
chansons, nos livres, nos poèmes et toutes nos revendications", a
annoncé en fin d'après-midi un des représentants de la coordination des
manifestants, Solidarité Taksim, l'avocat Can Atalay.
Pour tenter d'éviter une nouvelle confrontation violente avec la
police, le chef du gouvernement a convoqué une réunion d'urgence avec
une délégation d'artistes et de membres de la société civile dans sa
résidence d'Ankara.
Ce rendez-vous nocturne, qui a débuté peu après 23h00 locales (20h00
GMT), est le premier entre le dirigeant turc et des porte-parole
autorisés des manifestants qui réclament sa démission.
Le collectif Taksim Solidarité n'avait pas été invité à une première
rencontre organisée mercredi entre le Premier ministre et des
"représentants" de la contestation choisis par les autorités.
Pressé d'en finir avec cette fronde sans précédent depuis l'arrivée de
son parti islamo-conservateur au pouvoir en 2002, M. Erdogan a adressé
jeudi un "dernier avertissement" aux irréductibles qui occupent le parc
Gezi.
"Nous avons fait preuve de patience jusqu'à présent, mais la patience a
des limites. Je lance mon dernier avertissement : mères, pères, s'il
vous plaît, faites sortir vos enfants de là", a lancé le chef du
gouvernement dans un discours à Ankara.
"Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps parce que le parc Gezi
n'appartient pas aux forces qui l'occupent", a-t-il plaidé, "il
appartient à tout le monde".
Depuis vingt-quatre heures, le gouvernement a renforcé sa pression sur
le dernier carré des protestataires, épargné par l'opération des forces
de police qui ont repris mardi manu militari le contrôle de la place
Taksim.
Mercredi soir, le Premier ministre avait fait un geste en proposant un
référendum municipal sur le projet d'aménagement contesté de la place,
avec l'espoir qu'il accélère l'évacuation du parc Gezi.
Détermination
"Je crois qu'après ce geste de bonne volonté, les jeunes vont décider
de quitter le parc Gezi", a souhaité le vice-Premier ministre Huseyin
Celik. "Tout ceci doit s'arrêter", a renchéri, plus impatient, son
homologue à l'Intérieur Muammer Güler.
Mais, dans les allées du parc, l'idée du référendum a été très
fraîchement accueillie et les sommations du gouvernement balayées d'un
revers de main.
"Nous n'avons pas vécu toutes ces attaques qui ont fait des morts et
quelque 5.000 blessés parmi nos concitoyens pour un référendum", a
déclaré M. Atalay au nom de leur coordination.
"Nous n'acceptons pas le référendum parce que nous avons combattu la
police, nous avons reçu du gaz lacrymogènes (...) et nous n'allons pas
lui permettre (à M. Erdogan) d'avoir l'air d'un démocrate", a tranché
Fulya, une des manifestantes. "Nous n'irons pas voter à ce référendum",
a-t-elle ajouté, "nous sommes ici et nous y resterons".
Retranchés sous "leurs" platanes, les irréductibles du parc Gezi ont
reçu jeudi soir le soutien de plusieurs milliers de personnes qui ont
réinvesti la place Taksim malgré la présence de centaines de policiers.
Les manifestants ont afflué sur la place à la nuit tombée en scandant
des slogans hostiles à M. Erdogan, avant d'écouter un concert de piano.
Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté,
depuis le début de la crise, un ton très ferme contre les manifestants,
qui dénoncent sa dérive autoritaire et l'accusent de vouloir
"islamiser" la société turque.
Son intransigeance lui a valu de nombreuses critiques et a terni son
image à l'étranger. Jeudi, après de nombreux pays alliés comme les
Etats-Unis, le Parlement européen a exprimé dans une résolution sa
"profonde inquiétude" face à "l'intervention brutale de la police"
contre les manifestants.
Piqué au vif, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a jugé
"inacceptable" la résolution européenne, répétant que son pays était
une "démocratie de tout premier plan".
"Vous vous prenez pour qui ?", a lancé de son côté aux députés européens M. Erdogan.
Selon le dernier bilan publié mardi par le syndicat des médecins turcs,
les manifestations ont fait quatre morts, trois manifestants et un
policier, et près de 5.000 blessés, dont plusieurs dizaines grièvement.
(AFP,14 juin
2013)
Contestataires: La proposition de référendum d'Erdogan "pas légale"
La proposition par le Premier ministre
turc Recep Tayyip Erdogan d'un référendum municipal sur l'avenir du
parc Gezi à Istanbul, à l'origine des protestations contre le
gouvernement, n'est ni légale ni souhaitable, a affirmé jeudi à l'AFP
un représentant des manifestants.
"Il y a déjà une décision de justice, qui a imposé l'arrêt des travaux
d'aménagement du parc Gezi. Dans ces conditions, il n'est pas légal
d'envisager une consultation populaire pour décider du sort du parc", a
déclaré Tayfun Kahraman, de Solidarité Taksim, la principale
coordination des manifestants du parc Gezi.
Il a par ailleurs souligné que "les conditions ne sont pas remplies"
pour pratiquer une telle consultation, le droit turc ne prévoyant de
recours au référendum que dans le cadre de réformes constitutionnelles.
M. Kahraman, qui est également le président de la Chambre des
urbanistes d'Istanbul, s'est en outre déclaré hostile au principe même
d'un référendum.
"Est-ce qu'on décide d'organiser un vote pour savoir si on doit soigner
ou pas un patient malade du cancer ?", a-t-il commenté, précisant que
Solidarité Taksim, qui regroupe 116 associations animant la
contestation, se réunirait dans la matinée pour présenter une position
officielle commune sur la proposition de M. Erdogan.
Le Premier ministre a tenté mercredi de désamorcer la fronde qui vise
son gouvernement depuis deux semaines en évoquant l'idée d'un
référendum sur le projet d'aménagement de la place Taksim et des 600
arbres du parc Gezi.
Un tribunal administratif d'Istanbul a ordonné le 31 mai la suspension
des travaux à des fins conservatoires dans l'attente d'un jugement sur
le fond concernant la légalité du projet d'aménagement voulu par le
gouvernement.
(AFP,13 juin
2013)
Des milliers d'avocats protestent après l'arrestation de 73 confrères
Des milliers d'avocats ont manifesté mercredi à travers la Turquie pour
dénoncer la brève arrestation, la veille à Istanbul, de 73 de leurs
confrères lors d'une action de soutien au mouvement de protestation
antigouvernementale qui secoue la Turquie depuis 12 jours.
A Ankara, près de 3.000 personnes, pour la plupart des avocats revêtus
de leur robe, ont marché du tribunal au parc Güven, dans le centre de
la capitale, aux cris de "la démocratie maintenant" et "nous voulons la
justice", selon un photographe sur place.
Le mouvement a été suivi à Istanbul, où le président du barreau de la
ville, Ümit Kocasakal, a appelé à "une fin immédiate des violences
policières contre les avocats et le peuple", devant des centaines de
juristes réunis sur le parvis du palais de justice.
"La police a attaqué nos confrères de manière éhontée et
irrespectueuse, elle les a arrêtés en faisant un usage intensif et
illégal de la force, en les tirant par leur robe", a dénoncé Me
Kocasakal, dont la déclaration a été publiée avec des photos sur le
site internet du barreau d'Istanbul.
"Que des avocats soient soumis à de tels traitements alors qu'ils sont
dans l'exercice de leur profession, sur leur lieu de travail, est
absolument inacceptable", a-t-il ajouté.
Des manifestations de juristes ont également eu lieu dans huit autres
villes de Turquie, dont Izmir (ouest) et Diyarbakir (sud-est), a
rapporté le site internet d'information Bianet.
La police stambouliote a interpellé et interrogé mardi pendant quelques
heures 73 avocats qui protestaient contre l'intervention des forces de
l'ordre contre les manifestants occupant la place Taksim d'Istanbul,
selon l'Association des avocats contemporains (CHD).
En grève depuis le début de la fronde qui vise le Premier ministre
Recep Tayyip Erdogan il y a treize jours, ces avocats se sont réunis
dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul pour dénoncer la police
aux cris de "Taksim est partout", "la résistance est partout", jusqu'à
l'intervention de la police.
Les avocats sont fréquemment la cible des autorités turques.
Plusieurs dizaines d'avocats sont actuellement en détention provisoire
en Turquie pour leurs liens supposés avec des organisations
clandestines, principalement les rebelles kurdes du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK).
(AFP,12 juin
2013)
HRW says tear gassing protesters won't end Taksim crisis
“Teargassing tens of thousands of protesters in Taksim Square won't end
this crisis,” Emma Sinclair-Webb, Turkey researcher at Human Rights
Watch (HRW), has said.
“If Turkey is to be counted among rights-respecting countries the
police brutality has to stop and the government should talk to the
protesters,” she added.
In a statement published on HRW'S website on Tuesday, the group said
Turkish government's decision to send riot police into Taksim Square
and to tear gas “tens of thousands of peaceful protesters” has all but
destroyed efforts to foster a peaceful dialogue between the government
and protesters. The demonstrators have been demanding an end to the
redevelopment of Taksim Square and Gezi Park in İstanbul.
Coinciding with a warning by the İstanbul Governor's Office on Tuesday
morning, riot police moved into Taksim Square. The purpose, the
statement said, was “to remove the many flags and banners of illegal
organizations hung on the Atatürk Monument and on the Ataturk Cultural
Center (AKM),” both well-known landmarks in Taksim Square. During an
evening protest at which the group counted tens of thousands of people
in Taksim Square and the surrounding streets, HRW said it watched
police again repeatedly tear gas the crowds.
The deployment of riot police in Taksim Square came on the eve of
government plans to hold a meeting between Prime Minister Recep Tayyip
Erdoğan and representatives from nongovernmental groups, who would
either be able to represent the protesters or potentially mediate with
the Taksim Solidarity Platform, which unites various groups among the
protesters.
Erdoğan made a speech in the morning on Tuesday following the clashes
in which he again sought to discredit the protesters and their aims and
called on them to withdraw from the park. He thanked the police for
their intervention and said, “We will continue decisively; Gezi Park is
not an occupation site.”
“The prime minister's words this morning seem to have been a green
light for the teargas attack on peaceful demonstrators this evening,”
Sinclair-Webb said.
HRW's statement said law enforcement officials should not use firearms
against people “except in self-defense or defense of others against the
imminent threat of death or serious injury.” Because rubber bullets may
in certain circumstances have lethal effects, they should be treated
for practical purposes as firearms, the rights watchdog added.
(TODAY'S
ZAMAN, June 12, 2013)
Taksim: Sauvagerie policière d'Erdogan
A la veille d'un entretien entre le chef du
gouvernement et des représentants de la contestation Taksim qui agite
le pays depuis douze jours, la sauvagerie policière a provoqué de nouveaux violents affrontements tout au long de la journée dans le centre de la mégapole turque, faisant de nombreux blessés.
Mardi, Le Premier ministre Erdogan a fait évacuer
à deux reprises par la force dans la journée en prévenant qu'il
n'aurait plus "aucune tolérance" envers leur mouvement.
Après huit jours de contestation sur cette place
emblématique, la police anti-émeute a tiré ses dernières salves de gaz
lacrymogènes vers 03H00 (00H00 GMT) et peu avant 05H00 (02H00 GMT),
alors que l'appel à la prière du muezzin montait dans les rues menant
vers le Bosphore, des camions-poubelle achevaient de ramasser douilles
de gaz lacrymogènes, détritus et restes des barricades.
La police est également intervenue à Ankara pour disperser, à grands
renforts de gaz lacrymogènes et de canons à eau, quelque 5.000
manifestants.
Les forces de l'ordre ont investi peu après 07h30 locales (04h30 GMT)
la place Taksim, le bastion de la fronde commencée le 31 mai, et
facilement repoussé les quelques centaines de protestataires qui y
avaient passé la nuit.
Les barricades qui bloquaient l'accès à la place ont été rapidement
démantelées par des pelleteuses et les drapeaux et banderoles hostiles
au gouvernement arrachées.
Mais les échauffourées se sont poursuivies jusqu'au soir, lorsque la
police s'est brutalement retirée en lisière de la place, ouvrant la
porte à des milliers de personnes scandant "Tayyip, démission !" Mais
une heure plus tard, elle a pour la seconde fois dispersé la foule,
provoquant la panique.
De nombreux manifestants ont trouvé refuge dans le parc Gezi, dont la
destruction annoncée a lancé la contestation le 31 mai, transformé par
les militants en hôpital de campagne, et de fortune, pour les nombreux
manifestants blessés.
Lors de son adresse hebdomadaire aux députés de son parti, le Premier
ministre a fermement justifié l'intervention des forces de l'ordre.
"Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui
veulent continuer à semer la terreur: cette affaire est maintenant
terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance", a-t-il déclaré
devant les élus de son Parti de la justice et du développement (AKP,
issu de la mouvance islamiste).
Même si la police s'est abstenu d'intervenir directement dans le parc,
M. Erdogan a clairement menacé ses occupants de l'évacuer de force. "Le
parc Gezi est un parc, pas une zone d'occupation", a-t-il lancé,
"j'invite les manifestants sincères (...) à se retirer".
Surpris dans leur sommeil par l'opération des forces de l'ordre, les manifestants n'ont pas caché leur surpris et leur colère.
"Pouvez-vous croire ça ? Ils attaquent Taksim et nous gazent ce matin
alors qu'ils ont proposé hier soir de discuter avec nous ?", s'est
interrogé Yulmiz, un manifestant de 23 ans. "Si on nous chasse d'ici,
nous reviendrons", a renchéri Ali, un retraité de 63 ans, un masque de
chirurgien sur le visage.
La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de
l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des
représentants de la contestation, qu'il n'a eu de cesse de présenter
comme des "pillards" ou des "extrémistes".
L'ONG Greenpeace, invitée à ce rendez-vous, a déjà fait savoir qu'elle
ne s'y rendrait pas. "D'abord, la violence doit cesser", a-t-elle
demandé.
La police a par ailleurs procédé mardi à des dizaines d'arrestations,
dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l'enceinte du palais de justice
d'Istanbul, l'intervention de la police, selon l'Association des
avocats contemporains. Tous ont été relâchés en soirée.
Les forces de l'ordre avaient quitté la place Taksim le 1er juin, après
vingt-quatre heures presque ininterrompues de violences avec des
centaines de manifestants venues dénoncer la brutalité de l'évacuation
par la police du parc Gezi, à l'aube du 31 mai.
Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient pour dénoncer
l'arrachage des 600 arbres dans le cadre d'un projet contesté
d'aménagement urbain.
Depuis le retrait de la police, la place du centre d'Istanbul a
accueilli tous les soirs des milliers de personnes, parfois des
dizaines de milliers, exigeant la démission de M. Erdogan, accusé de
dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.
Le Premier ministre a adopté un
ton très ferme depuis le début de la crise, en renvoyant les
contestataires aux élections municipales de 2014 pour exprimer leur
mécontentement. Lors des législatives de 2011, l'AKP avait recueilli
50% des suffrages.
Son intransigeance a valu à M. Erdogan de nombreuses critiques dans le
monde, notamment de la part de son allié américain ou de l'Union
européenne (UE), qui ont dénoncé le recours excessif à la force par la
police turque.
Amnesty International s'est insurgée mardi contre l'intervention de la
police, appelant au dialogue. De son côté, Human Rights Watch a estimé
que "gazer des dizaines de milliers de manifestants ne règlera pas la
crise".
Le syndicat des médecins turcs a annoncé mardi la mort d'une quatrième
personne, grièvement blessée il y a quelques jours à Ankara, depuis le
début des manifestations. Outre ces quatre personnes tuées, trois
manifestants et un policier, près de 5.000 autres ont été blessées,
dont plusieurs dizaines grièvement.
Plus de 70 avocats interpellés par la police à Istanbul
La police a interpellé et interrogé
mardi pendant quelques heures 73 avocats qui protestaient contre
l'intervention des forces de l'ordre contre les manifestants occupant
la place Taksim d'Istanbul, a annoncé leur association.
En grève depuis le début de la fronde qui vise le Premier ministre
Recep Tayyip Erdogan il y a douze jours, ces avocats se sont réunis
dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul pour dénoncer la police
aux cris de "Taksim est partout", "la résistance est partout", a
raconté à l'AFP une avocate ayant requis l'anonymat.
La police est alors intervenue dans le palais de justice pour les en
déloger et a interpellé 73 d'entre eux après de brèves échauffourées, a
rapporté l'Association des avocats contemporains (CHD).
Tous ont finalement été remis en liberté en soirée après leur interrogatoire, a précisé la CHD dans un communiqué.
Dans un commentaire publié sur sa page Facebook, le président des
barreaux de Turquie, Metin Feyzioglu, s'est ému de ces arrestations.
"Nous nous rendons (d'Ankara) à Istanbul pour rencontrer les autorités
sur place", a dit Me Feyzioglu.
Le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) a pour sa part
réclamé dans un communiqué "la libération immédiate des avocats en
garde à vue et le lancement d'une enquête contre les responsables qui
ont abusé de leur charge officielle en ayant recours à la violence".
Il a également enjoint le gouvernement d'arrêter d'utiliser "le langage de la violence".
Les avocats sont fréquemment la cible des autorités turques.
Plusieurs dizaines d'avocats --32 selon le BDP-- sont actuellement en
détention provisoire en Turquie pour leurs liens supposés avec des
organisations clandestines, principalement les rebelles kurdes du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le bâtonnier du barreau d'Istanbul et neuf de ses confrères sont par
ailleurs poursuivis pour avoir mis en cause l'attitude des juges à
l'égard de la défense lors d'une audience, en avril 2012, d'un procès
controversé sur un projet de coup d'Etat contre le gouvernement
islamo-conservateur. (AFP, 11 juin 2013)
La police a repris le contrôle de la place Taksim
La police turque a repris mardi le contrôle de
la place Taksim d'Istanbul aux manifestants qui exigent depuis douze
jours la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à la
veille de sa rencontre annoncée avec des représentants de la
contestation.
Peu après 07h30 locales (04h30 GMT), les forces de l'ordre sont
intervenues manu militari sur la place, le coeur de la mobilisation
antigouvernementale, repoussant les quelques centaines de
protestataires qui y avaient passé la nuit en tirant des grenades
lacrymogènes ou des billes de plastique et en utilisant des canons à
eau.
Sitôt l'apparition de la police, des groupes de manifestants casqués et
équipés de masques à gaz ont riposté par des jets de pierre et de
cocktails Molotov.
"Nous allons nous battre, nous voulons la liberté. Nous sommes des
combattants de la liberté", a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Burak Arat,
24 ans, qui a passé la nuit dans le parc Gezi, ce petit jardin public
dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi le 31 mai à la
fronde antigouvernementale qui agite toute la Turquie.
Après trois heures d'échauffourées, les forces de l'ordre sont
parvenues à éloigner les contestataires du centre de la place. La
plupart des drapeaux et des banderoles qui hérissaient Taksim ont été
rapidement enlevées et des pelleteuses ont démantelé les barricades
érigées dans la plupart des rues menant à la place
"Le spectacle (de ces manifestants) a contrarié la population (...) et
terni l'image du pays aux yeux du monde", a justifié le gouverneur
d'Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, lors d'une conférence de presse.
La police n'est, par contre, pas intervenue dans le petit parc Gezi, ce
jardin public adjacent à Taksim dont la destruction annoncée a donné le
coup d'envoi le 31 mai à la fronde antigouvernementale qui agite
aujourd'hui toute la Turquie.
"Est-ce que vous pouvez croire ça ? Ils attaquent Taksim et nous gazent
ce matin alors qu'ils ont proposé hier soir de discuter avec nous ?",
s'est interrogé Yulmiz, un manifestant de 23 ans. "Nous n'abandonnerons
pas le parc", a-t-il assuré, "ils peuvent envoyer des milliers de
policiers s'ils veulent".
La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de
l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des
représentants de la contestation, qu'ils a présentés à longueur de
discours comme des "pillards" ou des "extrémistes".
Fermeté
"Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains des groupes qui
organisent ces manifestations", a déclaré lundi soir le vice-Premier
ministre Bülent Arinç à l'issue du conseil des ministres, "notre
Premier ministre écoutera ce qu'ils ont à dire".
En même temps que ce premier geste concret d'apaisement du chef du
gouvernement, M. Arinç avait ajouté que "les manifestations illégales
ne (seraient) plus tolérées en Turquie", ouvrant la porte à
l'intervention de mardi matin.
Les forces de l'ordre avaient quitté Taksim le 1er juin, après
vingt-quatre heures presque ininterrompues d'affrontements avec les
manifestants.
Des centaines de manifestants étaient venus dénoncer la brutalité avec
laquelle la police avait évacué le parc Gezi à l'aube du 31 mai.
Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient pour dénoncer
l'arrachage des 600 arbres du parc dans le cadre d'un projet contesté
d'aménagement de Taksim.
Depuis le retrait de la police, la place du centre d'Istanbul a
accueilli tous les soirs des milliers de personnes, parfois des
dizaines de milliers, qui exigent la démission de M. Erdogan, accusé de
dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.
Dimanche, le Premier ministre avait nettement durci le ton en
multipliant les harangues publiques contre les contestataires, devant
des milliers de partisans de son Parti de la justice et du
développement (AKP) .
"Ceux qui ne respectent pas le parti au pouvoir dans ce pays en
paieront le prix", a lancé le dirigeant turc à Ankara, "si vous
continuez comme ça, j'utiliserai le langage que vous comprenez, parce
que ma patience a des limites".
Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté un
ton très ferme depuis le début de la crise, en renvoyant les
contestataires aux élections municipales de 2014 pour exprimer leur
mécontentement.
En 2011, son Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, avait recueilli 50% des suffrages.
Son intransigeance a valu à M. Erdogan de nombreuses critiques dans le
monde entier, notamment de la part de son allié américain, de l'Union
européenne (UE) et des organisations de défense des droits de l'Homme,
qui ont dénoncé le recours excessif à la force par la police turque.
Selon le dernier bilan publié vendredi par le syndicat des médecins
turcs, trois personnes, deux manifestants et un policier, sont morts et
près de 5.000 blessées, dont plusieurs dizaines très grièvement, depuis
le début des manifestations.
(AFP,11 juin
2013)
Erdogan joue la surenchère belliqueuse face à la contestation
Alors que les protestataires ont une nouvelle fois occupé la rue à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan
a renoué avec sa rhétorique offensive contre les "pillards" et les
"extrémistes", et dénoncé un complot "organisé à l'intérieur et à
l'extérieur" du pays.
En même temps que les diatribes du Premier ministre,
des dizaines de milliers de manifestants ont occupé tout l'après-midi
la place Taksim d'Istanbul pour un concert-meeting où les harangues
anti-Erdogan ont succédé aux chansons assourdissantes et aux slogans
"gouvernement, démission !" repris par la foule.
Tout au long de la journée, Erdogan a multiplié les discours télévisés
devant des foules de partisans réunis par son Parti de la justice et du
développement (AKP) pour occuper l'espace médiatique, un enjeu vital
dans l'affrontement qui l'oppose aux manifestants qui défient son
autorité.
Alors qu'Erdogan prononçait son énième
discours de la journée à Ankara, la police est intervenue en soirée à
quelques kilomètres de là pour disperser un rassemblement de plusieurs
milliers de personnes. Des centaines de policiers anti-émeutes ont abondamment utilisé le gaz
lacrymogène pour déloger les protestataires qui manifestaient
pacifiquement sur la place centrale de Kizilay, théâtre de
manifestations anti-gouvernementales, et ont fait au moins deux blessés.
La police a aussi procédé à des interpellations parmi les manifestants
qui se sont enfuis dans les ruelles avoisinantes sous une épaisse fumée
de gaz toxique.
A son arrivée en fin de journée à Ankara, Erdogan a laissé paraître son
impatience devant la persistance de la contestation. "Nous restons
patients, nous sommes toujours patients, mais notre patience à des
limites", a-t-il menacé.
"Nous ne rendrons pas de comptes à des groupes marginaux mais devant la
nation (...) la nation nous a amenés au pouvoir et c'est elle seule qui
nous en sortira", a-t-il poursuivi devant la foule chauffée à blanc qui
scandait "La Turquie est fière de toi".
Le Premier ministre a donné rendez-vous à ses adversaires aux élections
municipales de mars 2014. "Soyez patients encore sept mois au lieu
d'occuper (le parc) Gezi (à Istanbul) ou (le parc) Kugulu (à Ankara)",
a lancé M. Erdogan. "Vous parlez de démocratie, de libertés et de
droits, mais vous ne les obtiendrez pas par la violence mais par la
loi".
Un peu plus tôt, il avait demandé à ses troupes réunies à Adana (sud)
de donner à la jeunesse qui conteste son pouvoir à Istanbul, Ankara et
dans plusieurs villes de Turquie "une première leçon par des voies
démocratiques, dans les urnes".
Épreuve de force
L'AKP a d'ores et déjà prévu d'organiser deux réunions publiques de
masse samedi prochain à Ankara et le lendemain à Istanbul,
officiellement pour lancer sa campagne pour les élections municipales
de l'an prochain.
Taksim et le petit parc Gezi, dont la destruction
annoncée a lancé la fronde le 31 mai, avait enregistré samedi soir sa
plus forte affluence depuis le début du mouvement, dopée par la
présence de milliers de supporteurs des clubs de football rivaux de la
ville, Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, réconciliés pour l'occasion.
Buse Albay, une architecte de 25 ans, a promis de rester sur la place
"aussi longtemps qu'il faudra", jusqu'à la démission de M. Erdogan.
"Les gens veulent leur liberté et ils le disent", a-t-elle ajouté.
A Izmir (ouest), des milliers de manifestnats ont également défilé, selon un photographe de l'AFP.
Des incidents violents ont déjà eu lieu dans la nuit de samedi à
dimanche à Ankara. Et, selon les médias turcs, des échauffourées ont
été signalées à Adana (sud) à l'issue d'une manifestation entre
opposants et partisans du Premier ministre.
Ces incidents et la stratégie de la confrontation à nouveau adoptée par
M. Erdogan dimanche, à la faveur de son déplacement à Adana, suscitent
questions et inquiétudes sur la suite du mouvement et les risques
d'escalade entre les deux camps.
La vague de contestation qui secoue depuis dix jours la Turquie a
affaibli son gouvernement, critiqué par des alliés clés comme les
Etats-Unis ou l'Union européenne pour la brutalité de la répression
policière.
La chef de la diplomatie européenne Catherine
Ashton a appelé dimanche à "une solution rapide" en Turquie et demandé
aux opposants comme aux partisans de M. Erdogan de faire preuve de
"retenue".
Le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, une voix respectée en
Turquie, a lui-même confié son désarroi après plus d'une semaine d'une
contestation sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP en
2002.
"Je suis inquiet car il n'y a toujours pas en vue de signes d'un
dénouement pacifique", a déclaré l'écrivain lors d'une conférence à
Rome, cité par la presse turque, "Je comprends la façon de protester
des gens". (Agences, 9 juin 2013)
Taksim résiste, Erdogan persiste
Plusieurs milliers de manifestants ont à nouveau occupé
vendredi soir la place Taksim d'Istanbul pour exiger, pour le huitième
soir consécutif, la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan,.
Défiant l'appel de M. Erdogan à cesser immédiatement leur mouvement,
les protestataires ont envahi la place au son de la musique et des
slogans antigouvernementaux, dans une ambiance moins tendue que celle
des soirs précédents.
Très ferme contre les "vandales et les "extrémistes" devant ses
partisans lors de son retour en Turquie dans la nuit, le chef du
gouvernement s'est montré un peu plus conciliant dans l'après-midi
devant un forum international, en se déclarant prêt à entendre toutes
les "revendications démocratiques".
"Nous sommes contre la violence, le vandalisme et les actions qui
menacent les autres au nom des libertés", a déclaré M. Erdogan lors
d'une conférence à Istanbul sur l'Europe. Mais "nous accueillons de
tout coeur ceux qui viennent avec des exigences démocratiques", a-t-il
ajouté.
La Bourse d'Istanbul a immédiatement salué ce changement de ton en clôturant sa séance de vendredi en hausse de plus de 3%.
Juste avant qu'il ne prenne la parole, les Européens ont une nouvelle
fois rappelé le dirigeant turc à ses devoirs démocratiques.
"Le recours excessif à la force n'a pas sa place dans une démocratie",
a lancé devant son hôte le commissaire européen à l'Élargissement
Stefan Füle, en soulignant que les manifestants avaient un droit
"légitime" d'exprimer leur opposition. Il a aussi demandé une enquête
"rapide et transparente" sur les violences policières.
M. Füle a toutefois assuré que la fronde qui agite la Turquie n'aurait
pas d'impact sur son processus d'adhésion à l'Union européenne (UE),
paralysé depuis des années.
La chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi haussé le ton
contre les autorités turques, insistant sur la nécessité de "discuter
des problèmes avec les jeunes du pays".
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a "condamné l'usage
disproportionné de la force" par les autorités turques et les "tirs
ciblés de grenades lacrymogènes" visant particulièrement les
journalistes à Istanbul.
Le chef emprisonné des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a de son côté approuvé les
manifestations antigouvernementales, en dépit de ses négociations de
paix en cours avec les autorités turques.
Et un tribunal suisse a annulé vendredi la décision de l'Office fédéral
des migrations (BFM) de rejeter la demande d'asile d'un jeune militant
kurde, estimant qu'il y avait encore pour lui un vrai risque de
tortures et de mauvais traitements en Turquie.
Le Premier ministre turc a réagi vigoureusement en dénonçant le "deux
poids, deux mesures" des critiques qui pleuvent sur son pays.
"Dans n'importe quel pays d'Europe, lorsqu'il y a une protestation
violente contre un projet de démolition de ce genre, croyez-moi, ceux
qui sont impliqués subissent une répression plus sévère", a-t-il lancé.
Risque de confrontation
M. Erdogan a évoqué "17 morts" lors du mouvement de contestation
pacifique "Occupy Wall Street", qui a dénoncé en 2011 à New York les
abus du capitalisme financier. "Faux", lui a répondu l'ambassade des
Etats-Unis sur Twitter, "il n'y a eu aucun mort américain".
De retour dans la nuit d'une tournée à l'étranger, M. Erdogan, parfois
qualifié de "sultan" par ses détracteurs, avait adopté un ton beaucoup
plus ferme. Devant des milliers de partisans chauffés à blanc, il avait
exigé la fin "immédiate" des manifestations qui, a-t-il dit, "ont perdu
leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme".
Cette démonstration de force était la première réponse publique
organisée dans la rue par le Parti de la démocratie et du développement
(AKP), au pouvoir depuis 2002, depuis le début de la fronde, avec le
risque d'une escalade des violences.
Au même moment, des dizaines de milliers de personnes étaient réunies
sur l'emblématique place Taksim d'Istanbul pour réclamer la démission
de M. Erdogan. Vendredi soir, ce coeur de la rébellion contre le
gouvernement était à nouveau occupé par les manifestants, comme les
soirs précédents.
"Nous ne partirons pas", a assuré vendredi à l'AFP Murat Tepe, un
styliste de mode de 36 ans. "Les gens vont continuer à venir", a-t-il
pronostiqué, "nous n'avons peur de rien, avant tout le monde craignait
de parler, maintenant c'est fini".
Grâce à une collecte sur Internet qui a permis de récolter 102.000
dollars, les contestataires se sont offert vendredi une pleine page de
publicité dans le New York Times dans laquelle ils exigent "la fin des
brutalités policières" et dénoncent "l'érosion constante de nos droits
civiques et de nos libertés".
La destruction annoncée du parc Gezi et ses imposants platanes, près de
Taksim, a lancé la contestation, rapidement devenue une fronde contre
le gouvernement et son chef.
Les détracteurs du Premier ministre lui reprochent un exercice
"poutinien" du pouvoir : médias sous la main-mise du pouvoir,
concentration par l'APK de l'ensemble des pouvoirs, arrestations en
masse des opposants kurdes et d'extrême gauche et islamisation rampante
de la société.
Au pouvoir depuis 11 ans pendant lesquels l'économie turque a connu une
forte croissance, M. Erdogan a pu constater au Maroc et en Tunisie
cette semaine l'ombre portée par la contestation sur sa réputation: le
roi du Maroc Mohammed VI ne l'a pas reçu et son voyage à Tunis a été
marqué par des manifestations hostiles.
La contestation a causé la mort de deux manifestants et d'un policier
et fait 4.785 blessés en une semaine, selon un dernier bilan du
syndicat des médecins turcs.
A New York, dimanche, des milliers de personnes sont attendues pour une
manifestation en soutien au mouvement de protestation en Turquie.
(Agences, 8 juin 2013)
Retour en Turquie: Erdogan toujours arrogant et agressif
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a tenté de faire une nouvelle
démonstration de force vendredi à son retour en Turquie en exigeant,
devant des milliers de partisans, la fin "immédiate" des manifestations
qui réclament sa démission depuis huit jours.
Accueilli dans la nuit par ses partisans à l'aéroport d'Istanbul au
terme d'une tournée de trois jours au Maghreb, le chef du gouvernement
a une nouvelle fois dénoncé les "anarchistes" et les "extrémistes" qui
défilent dans les rues des principales villes du pays en défiant son
autorité et ordonné l'arrêt de leur mouvement.
"J'appelle à une fin immédiate des manifestations, qui ont perdu leur
caractère démocratique et ont tourné au vandalisme", a-t-il lancé à la
foule, qui agitait des drapeaux turcs en scandant "nous sommes prêts à
mourir pour toi, Tayyip" ou encore "allons-y, écrasons-les tous".
Juché sur un bus et flanqué de son épouse et d'une bonne partie de son
gouvernement, M. Erdogan a assuré qu'il n'était pas "le maître mais le
serviteur" de la Turquie et remercié ses partisans pour leur retenue
depuis le début de la crise.
"Vous êtes restés calmes, responsables et vous avez fait preuve de bon
sens", a lancé M. Erdogan. "Nous allons tous maintenant rentrer chez
nous (...) vous n'êtes pas le genre de gens qui tapez sur des
casseroles dans les rues", a-t-il ajouté.
Les défenseurs de M. Erdogan sont jusque-là restés discrets, mais le
Premier ministre s'est targué à plusieurs reprises du soutien d'une
large partie de la population, rappelant que son Parti de la justice et
du développement (AKP) avait obtenu 50% des suffrages aux législatives
de 2011.
Avec cette première mobilisation massive en faveur du gouvernement, la
crise a tourné au bras de fer entre les partisans et les adversaires de
M. Erdogan.
Au moment-même où il était attendu à l'aéroport d'Istanbul, plusieurs
dizaines de milliers de manifestants étaient toujours réunis sur
l'emblématique place Taksim, à une vingtaine de kilomètres de là, aux
cris de "Tayyip, démission!". Des milliers de personnes étaient
également rassemblées dans la capitale Ankara.
Quelques heures avant son retour, M. Erdogan a répété à Tunis son refus
de céder aux protestataires en excluant de revenir sur le projet
d'aménagement de la place Taksim d'Istanbul, à l'origine de la fronde.
"Nous mènerons ce projet à son terme (...) nous ne permettrons pas à
une minorité de dicter sa loi à la majorité", a-t-il assuré.
Comme il l'a déjà fait, M. Erdogan a aussi dénoncé la présence
d'"extrémistes", certains "impliqués dans le terrorisme" parmi les
protestataires. Une allusion au groupe d'extrême gauche turc DHKP-C
(Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple) qui a revendiqué
un attentat en février contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.
Intransigeance
Les Etats-Unis ont dénoncé cette "rhétorique inutile" qui, a déclaré la
porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, "ne contribue pas à
apaiser la situation".
La Bourse d'Istanbul a chuté de 4,70% à la clôture après les propos de M. Erdogan.
L'intransigeance du chef du gouvernement a alimenté la colère des
manifestants, qui dénoncent sa dérive autoritaire et sa volonté
d'islamiser la société turque.
"Nous sommes en colère, il ne veut pas écouter", a indiqué à l'AFP
Senay Durmus, une biologiste de 25 ans, "je reviendrai à Taksim jusqu'à
notre victoire". "Il ne veut rien changer mais on va le contraindre à
le faire. Je ne sais pas quand, mais il changera", a assuré un autre
manifestant, Mersad Jahed.
Signe de la tension qui monte, des incidents ont été signalés mercredi
à Rize, sur les bords de la mer Noire (nord-est), entre des
contestataires et des partisans de l'AKP.
Sept étrangers "impliqués dans les troubles" ont été interpellés en
Turquie, a par ailleurs indiqué jeudi le chef du gouvernement, sans
autre détail.
Son ministre de l'Intérieur, Muammer Güler, a précisé ultérieurement
que deux de ces sept personnes - deux Français, deux Iraniens, un Grec,
un Allemand et un Américain - avaient été remises en liberté.
A Adana (sud), un policier a succombé à ses blessures après être tombé
d'un pont mercredi en poursuivant des manifestants, a annoncé jeudi la
chaîne de télévision privée NTV. Il s'agit du premier mort dans les
rangs de la police depuis le début, le 31 mai, de la contestation, qui
a aussi fait deux morts chez les manifestants.
Outre les trois morts, 4.355 personnes ont été blessées en une semaine,
dont 47 très grièvement, a déclaré jeudi le syndicat des médecins turcs.
Le dernier bilan officiel faisait état de "plus de 300" blessés seulement.
Paris et Berlin ont une nouvelle dénoncé jeudi la brutalité de la répression policière.
"Aucune démocratie ne peut se construire sur la répression", a estimé
le ministre délégué français aux Affaires européennes, Thierry
Repentin. "Le grand nombre de personnes arrêtées et blessées est
choquant", a déclaré le chargé des droits de l'Homme du gouvernement
allemand, Markus Löning. (Agences, 7 juin 2013)
Deux Françaises, un Chypriote arrêtés à Istanbul
Au moins trois étrangers, deux Françaises et un Chypriote, ont été
arrêtés à Istanbul par la police turque dans les manifestations
antigouvernementales qui secouent la Turquie depuis une semaine, ont
affirmé à l'AFP des responsables du barreau d'Istanbul.
Une étudiante française de 21 ans, venue de Nantes (ouest) dans le
cadre du programme d'échange européen Erasmus pour une année d'études
en communication à l'université de Galatasaray, a été arrêté dans la
nuit de lundi à mardi avec 82 autres personnes pour leur participation
supposée à des heurts contre la police, selon un avocat proche du
dossier s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
La jeune femme a été présentée mardi soir à un procureur qui a décidé
de sa remise en liberté. Elle a néanmoins été placée dans un centre de
rétention dans l'attente d'une décision de la direction générale de la
Sûreté sur son éventuelle expulsion.
Une telle décision semblait cependant peu probable, la quasi-totalité
des personnes arrêtées à Istanbul dans le cadre des manifestations
ayant été relâchées, a estimé cette source, pronostiquant une
libération d'ici deux ou trois jours.
Le barreau d'Istanbul a indiqué qu'une autre Française avait été
arrêtée, sans pouvoir donner plus de détails. Le consulat de France a
confirmé cette deuxième arrestation, sans préciser les identités.
Un troisième étranger, chypriote, a aussi été interpellé, selon le
barreau, qui n'a pas pu préciser s'il s'agissait d'un Chypriote grec ou
d'un Chypriote turc.
Les consulats américain et britannique ont assuré qu'aucun de leurs
ressortissants n'avai été arrêté dans les manifestations. (AFP, 6 juin
2013)
Mobilisation syndicale après 6 jours de contestation
Des dizaines de milliers de personnes ont poursuivi leurs
manifestations à l'appel de deux syndicats qui réclament depuis près
d'une semaine la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan,
attendu en Turquie jeudi soir de Tunis, dernière étape d'une tournée au
Maghreb.
La tension restait vive dans la nuit de mercredi à jeudi à Ankara,
selon un journaliste de l'AFP, et des violences ont éclaté à Rize, une
localité des bords de la mer Noire (nord-est), tandis que mercredi, le
gouvernement turc s'est défendu de diriger une "démocratie de seconde
zone".
Après six jours de contestation, la Confédération des syndicats du
secteur public (KESK) et la Confédération syndicale des ouvriers
révolutionnaires (DISK), toutes deux marquées à gauche, ont organisé
des défilés dans plusieurs grandes villes du pays.
A Istanbul, leurs deux cortèges se sont fondus dans l'après-midi sur la
place Taksim, au coeur de la fronde qui agite la Turquie depuis
vendredi, en scandant "Taksim, résiste, les travailleurs arrivent" ou
encore "Tayyip, les pilleurs sont là !".
Mêmes scènes dans la capitale Ankara, où plus de 10.000 manifestants
ont marché aux cris de "Dégagez la route, les révolutionnaires arrivent
!" ou "Taksim est partout !" en agitant des drapeaux turcs.
Dans l'attente du retour de M. Erdogan, les contestataires restent
déterminés, malgré les "excuses" présentées par le vice-Premier
ministre, Bülent Arinç, aux victimes de brutalités policières.
"Avant, les gens redoutaient d'exprimer leur peur publiquement. Mêmes
les tweets étaient un problème. Maintenant, ils n'ont plus peur", s'est
réjouie, au milieu des manifestants stambouliotes, Tansu Tahincioglu,
qui dirige une société sur Internet.
"Erdogan doit présenter des excuses, démissionner et être traduit en
justice pour le recours excessif à la force (par la police) et tout ce
qu'il a fait aux médias", a-t-elle ajouté.
A l'issue d'une rencontre avec M. Arinç à la mi-journée à Ankara, des
représentants de la contestation ont exigé du gouvernement le renvoi
des chefs de la police de plusieurs grandes villes, dont Istanbul et
Ankara.
Ils ont aussi exigé pèle-mêle la remise en liberté des personnes
interpellées, l'abandon du projet d'aménagement de la place Taksim à
l'origine de la révolte, l'interdiction des gaz lacrymogènes et un
meilleur respect de la liberté d'expression dans le pays.
"Les décisions du gouvernement détermineront l'issue du mouvement", a
déclaré un de leur porte-parole, Eyup Mumcu, de la chambre des
architectes d'Istanbul.
Brutalités policières
Comme les jours précédents, des affrontements ont à nouveau éclaté à
Ankara mercredi en fin de journée. Les forces de l'ordre ont dispersé à
grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau plusieurs milliers
de manifestants.
Deux personnes sont mortes et plus de 2.800 ont été blessées dans les
seules villes d'Istanbul, d'Ankara et d'Izmir (ouest) depuis les
premiers affrontements de vendredi, selon les ONG de défense des droits
de l'homme turques et internationales.
Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, dont le plus
récent bilan mardi faisait état de "plus de 300" blessés, en majorité
des policiers.
Mercredi soir, un groupe d'une trentaine de "musulmans
anticapitalistes" a été ovationné par les manifestants du parc Gezi à
Istanbul après avoir lu des versets du Coran à l'occasion d'une fête
religieuse et avoir conspué le gouvernement islamo-conservateur turc.
Une jeune femme voilée a lu quelques versets, en arabe puis en turc,
pour célébrer la nuit sacrée du Miraç, l'ascension du prophète Mahomet
aux cieux en compagnie de l'ange Gabriel.
De son côté, l'écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en
2006, a dénoncé l'attitude "répressive" du gouvernement
islamo-conservateur turc et rendu hommage aux manifestants
stambouliotes, dans un texte publié mercredi par le quotidien Hürriyet.
Piqué au vif par les critiques de plusieurs pays dénonçant le recours
"excessif" à la force par la police turque, le ministre des Affaires
étrangères, Ahmet Davutoglu, a assuré mardi soir à son homologue
américain John Kerry que son pays n'était pas "une démocratie de
seconde zone", selon un diplomate turc.
Une remarque qui a aussitôt généré une réaction de confiance de la part
des Etats-Unis lesquels ont assuré mercredi que leur allié turc n'était
pas une "démocratie de seconde classe".
M. Davutoglu a également assuré qu'une enquête officielle était en cours sur les agissements de certains policiers.
Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été interpellées à Izmir
pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des "informations
trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence de presse Anatolie.
Ali Engin, un responsable local du principal parti d'opposition, le
Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré que les suspects étaient
détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".
Dimanche, M. Erdogan avait pesté publiquement contre Twitter et les réseaux sociaux, les qualifiant de "faiseurs de problèmes".
A l'opposé du ton ferme du Premier ministre, son numéro deux Bülent
Arinç a qualifié mardi de "légitimes" les revendications écologistes à
l'origine des troubles et assuré que son parti islamo-conservateur
respectait "les différents modes de vie" des Turcs.
Depuis le début de la contestation vendredi dernier, les manifestants
accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser"
la Turquie laïque.
"Nous n'avons pas le droit ou le luxe d'ignorer le peuple, les
démocraties ne peuvent pas exister sans opposition", a également
souligné M. Arinç.
(AFP, 6 juin
2013)
ONU: La Turquie doit enquêter sur le comportement de la police
La Turquie doit mener une enquête rapide
et indépendante sur le comportement de la police face aux manifestants
anti-gouvernementaux, a indiqué mardi à Genève une porte-parole de la
Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme.
"Nous accueillons favorablement le fait que les autorités admettent
qu'un usage excessif de la force peut avoir eu lieu et leur appel pour
une enquête sur les policiers qui auraient violé la loi et les
standards internationaux des droits de l'Homme", a déclaré dans un
point de presse Cécile Pouilly, porte-parole de la Haut Commissaire
Navi Pillay, demandant une enquête "rapide, complète, indépendante et
impartiale".
"Les responsables doivent être présentés à la justice", a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre Recep Erdogan avait admis qu'il y "avait eu des erreurs, des excès dans
la réponse de la police" et s'était engagé à des actions contre les policiers qui auraient agi de façon disproportionnée.
La porte parole a également demandé que les manifestants blessés aient rapidement accès à des soins.
(AFP, 4 juin
2013)
Declaration by Democratic Lawyers to the UNO
The International Association of Democratic Lawyers took note of the
report presented by the Special Rapporteur on the rights to freedom of
peaceful assembly and of association to the 23rd Session of the UNO
Human Rights Council:
As he stated, the freedom to take part in protests and demonstrations
is an important mean of expression and strengthening of everyone's
right to participate in public debate and dialogue. States have the
duty to facilitate and protect the exercise of this fundamental right.
In the recent years the right to freedom of assembly has become very
popular. We felicitate this attitude and the establishment of this new
special procedure. But, is this fundamental right respected by the
countries who formally promote it and require its respect by other
countries? Or is it just a 'privilege' of people who are demonstrating
against the so called “rogue states”?
Turkey, for example, is one of the countries who co-sponsor the Human
Rights Council resolution 15/21 which, recognizing that freedom of
peaceful assembly is an essential component of democracy, decided to
establish the mandate of the Special Rapporteur. In the meantime Turkey
restrains the exercise of this right by its own citizens and too often
repress protests with an excessive use of force by police.
Last week the Turkish police turned Istanbul in a proper battleground.
Taskim square has been literally under siege during 2 days. On the 30th
of May, riot police deployed tear gas and water cannon to disperse a
peaceful protest against the controversial project of the government to
demolish Gezi Park in central Istanbul to erect a shopping center. The
heavy-handed intervention of the police provoked nationwide protests
against the government which have been violently repressed by the
authorities. As a result, thousands of people have been detained and
hundreds injured. Some of them needed intensive care and emergency
surgery. According to reliable sources two people have been killed.
We call upon the government of Turkey to immediately put an end to all
forms of violence against peaceful demonstrators and to comply strictly
with its obligations under international law.
We also urge the government of Turkey to promptly investigate all
allegations of abuse and to ensure accountability for those responsible
for such gross violations of international human rights law and
standards. We urge the Special Rapporteur to envisage a mission in this
country as soon as possible. Indeed excessive force is frequently used
by police to disperse protests in Turkey as it also happened just four
weeks ago during the May Day demonstrations. Finally we ask the Council
to strongly condemn the disproportionate use of force against peaceful
demonstrators and opponents regardless of where it takes place.
Deux morts, toujours des milliers de protestataires
Un jeune homme de 22 ans est décédé lundi à l'hôpital après avoir été
blessé par balle pendant une manifestation dans le sud de la Turquie, a
annoncé la télévision privée NTV.
"Abdullah Comert a été grièvement blessé (...) par des coups de feu
tirés par une personne non identifiée", a indiqué NTV citant un
communiqué du gouvernement local de la province de Hatay, près de la
frontière syrienne. Le jeune homme est mort un peu plus tard à
l'hôpital, précise-t-on de même source.
Aucune information n'a fait état jusqu'ici de coups de feu tirés soit
par la police, soit par des manifestants, mais des militants
anti-gouvernementaux ont affirmé que le jeune homme avait été atteint à
la tête par un coup de feu tiré par la police pendant une manifestation.
Selon un parlementaire du principal parti d'opposition, Hasan Akgol,
cité par NTV, Abdullah Comert était membre de la section des Jeunes du
Parti du peuple républicain (CHP).
La mort d'une première personne en liaison avec les troubles avait été
signalée un peu plus tôt par l'Union des médecins turcs: il s'agit du
décès d'un jeune homme tué dimanche soir à Istanbul par une voiture
ayant percuté la foule.
Signe de l'aggravation du mécontentement populaire, l'une des plus
importantes confédérations syndicales turques a appelé à une grève de
deux jours à partir de mardi pour dénoncer le recours à la "terreur"
par l'Etat contre les contestataires.
A Ankara, la police a dispersé lundi soir à l'aide de gaz lacrymogènes
et de canons à eau des groupes hostiles au gouvernement
islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. De son côté, le Premier
ministre turc a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'idée d'un
"printemps turc", assurant même du Maroc, où il était en déplacement,
que la situation était en voie d'apaisement dans son pays.
Assurant l'intérim en l'absence du chef du gouvernement, le
vice-Premier ministre Bülent Arinç doit donner mardi une conférence de
presse à 09H00 GMT sur ces événements sans précédent. Il a prôné lundi
les vertus du dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".
Lundi soir, dans le quartier de Kavaklidere d'Ankara, les unités
antiémeute ont tiré des balles en caoutchouc en direction des
contestataires, pour la plupart des jeunes, qui les ont attaquées à
coups de pierres, selon la chaîne de télévision CNN-Türk.
A Istanbul, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de
gaz lacrymogène pour déloger du quartier de Gümüssuyu (rive européenne)
quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé
des feux, d'après des témoins et des télévisions.
Mais tant dans cette mégalopole qu'à Ankara, d'autres rassemblements de
plus grande ampleur se poursuivaient dans le calme dans la nuit.
Dans la journée de lundi, manifestants et forces de l'ordre avaient
repris leur violente confrontation, aussi bien dans la capitale, sur la
place centrale de Kizalay, qu'à Istanbul, à proximité des bureaux du
chef du gouvernement.
Toujours aussi déterminés, les Stambouliotes ont à nouveau envahi par
milliers la place Taksim, au coeur de la contestation et désertée
depuis samedi après-midi par la police, brandissant des drapeaux turcs
et scandant "Tayyip, démission !"
Voix dissonantes au sein du pouvoir
Sûr de lui, M. Erdogan a une nouvelle fois défié la rue avant de
quitter lundi à la mi-journée la Turquie pour une tournée de quatre
jours dans les pays du Maghreb.
"Nous resterons fermes", a affirmé le chef du gouvernement à la presse.
"Mon pays donnera sa réponse" à l'occasion des élections locales de
2014, "si vraiment nous avons des pratiques antidémocratiques, notre
Nation nous renversera", a-t-il souligné.
"Oui, nous sommes maintenant au printemps, mais nous ne le laisserons
pas devenir un hiver", a-t-il ajouté dans une allusion au "Printemps
arabe". Avant d'accuser les manifestants d'être menés par des
"extrémistes" ayant des "liens" avec l'étranger.
Quelques heures plus tard, de Rabat cette fois, M. Erdogan a estimé que
la situation était "en train de revenir au calme". "A mon retour de
cette visite (au Maghreb, ndlr), les problèmes seront réglés", a-t-il
poursuivi.
Plus conciliant, le président turc Abdullah Gül a, quant à lui, appelé
les manifestants au calme et pris, une fois encore, le contrepied du
Premier ministre. "Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions
différentes (...) dans des manifestations pacifiques", a déclaré M. Gül.
La Bourse d'Istanbul a terminé sa séance de lundi sur une baisse de
10,47%, traduisant l'inquiétude des marchés. Dans son sillage, la livre
turque a également brutalement chuté.
Depuis vendredi, la protestation d'une poignée de militants associatifs
contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul a peu à peu
gagné l'ensemble de la Turquie.
Accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société
turque, M. Erdogan est aujourd'hui confronté à un mouvement de
contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de son
Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance
islamiste) en 2002.
Les violences des trois derniers jours ont fait plus de mille blessés à
Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense
des droits de l'Homme et les syndicats de médecins des deux villes.
Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, le ministre de
l'Intérieur Muammer Güler ayant évoqué dimanche un bilan de 58 civils
et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées entre
mardi dernier et dimanche dans 67 villes.
La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux
sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays
occidentaux, notamment aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni.
La puissante Confédération des syndicats du secteur public (KESK) a
appelé mardi à la grève: "La terreur exercée par l'Etat contre des
manifestations totalement pacifiques se poursuit de telle façon que
cela menace la vie des civils", ecrit-elle dans un communiqué publié
lundi sur son site Internet.
Marquée à gauche, la KESK, qui revendique 240.000 adhérents regroupés
dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression
traduisait l'"hostilité envers la démocratie" du gouvernement
islamo-conservateur au pouvoir.
(AFP, 4 juin
2013)
Les manifestants déterminés contre Erdogan, qui rejette tout "printemps turc"
Les affrontements ont repris lundi pour la quatrième journée
consécutive en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a nié toute dérive
autoritaire et rejeté l'éventualité d'un "printemps turc".
Dans la foulée d'une nouvelle nuit de violences entre la police et les
manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), des incidents ont
repris dans l'après-midi dans la capitale turque, où la police a
dispersé à jets de grenades lacrymogènes un groupe d'un millier de
personnes, étudiants et jeunes en majorité, réunis au centre-ville.
Très sûr de lui, le chef du gouvernement, principale cible de la
contestation, a quitté à la mi-journée la Turquie pour une tournée de
quatre jours dans les pays du Maghreb en répétant qu'il ne cèderait pas
face à la rue.
"Nous resterons fermes (...) calmez-vous, nous dépasserons tout ça", a
lancé M. Erdogan à la presse. "Mon pays donnera sa réponse lors de
cette élection (ndlr: les élections locales de 2014)", a-t-il souligné,
sûr de sa force électorale, "si vraiment nous avons des pratiques
antidémocratiques, notre Nation nous renversera".
"Oui, nous sommes maintenant au printemps mais nous ne le laisserons
pas devenir un hiver", a-t-il ajouté en référence aux "printemps"
arabes.
Sur un ton plus conciliant, le président turc Abdullah Gül a lui appelé
lundi les manifestants au calme et pris, une fois encore, le contrepied
du chef du gouvernement.
"Une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections
(...) Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes
(...) par des manifestations pacifiques", a dit M. Gül à la presse.
Depuis vendredi, la protestation d'une poignée de militants associatifs
contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul a peu à peu
gagné l'ensemble de la Turquie.
Accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société
turque, M. Erdogan est aujourd'hui confronté à un mouvement de
contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de son
Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance
islamiste) en 2002.
Dans la nuit de dimanche à lundi, de violents incidents ont à nouveau
opposé la police et des milliers de manifestants à Istanbul, autour des
bureaux de M. Erdogan, ainsi qu'à Ankara, dans le quartier résidentiel
de Kavaklidere, où les protestataires scandaient "personne ne veut de
toi Tayyip !".
Brutalité policière
Dimanche, la police turque a également dispersé sans ménagement
plusieurs manifestations à Izmir (ouest), Adana (sud) ou encore
Gaziantep (sud-est), faisant à chaque fois de nombreux blessés. De
nombreux manifestants cités par les télévisions turques ont dénoncé la
brutalité des forces de l'ordre.
Les violences des trois derniers jours ont fait plus d'un millier de
blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de
défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins des deux
villes.
Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, le ministre de
l'Intérieur Muammer Güler évoquant dimanche un bilan de 58 civils et
115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées depuis
mardi dernier dans 67 villes.
Selon M. Güler, la police avait interpellé dimanche plus de 1.700
manifestants dans tout le pays, pour la plupart rapidement relâchés.
Coeur symbolique de la révolte, la place Taksim d'Istanbul a retrouvé
lundi un semblant de normalité. En milieu d'après-midi, seuls quelques
centaines de personnes, touristes compris, y déambulaient sous le
soleil.
La plupart des commerces ont rouvert leurs portes mais des barricades
bloquaient toujours les rues environnantes, signe de la détermination
des protestataires à ne pas se laisser reprendre le contrôle de la
place par les forces de l'ordre, qui l'ont désertée samedi sur ordre du
gouvernement.
Dans la matinée, environ 3.000 personnes ont défilé à plusieurs
kilomètres de là, devant le siège du groupe de médias Dogus, pour
dénoncer la "soumission" de la presse turque, accusée de ne pas rendre
compte de l'ampleur de la protestation.
La brutalité de la répression a suscité de nombreuses critiques, aussi
bien en Turquie que dans les pays étrangers comme les Etats-Unis, le
Royaume uni ou la France.
Au sein même du pouvoir, plusieurs voix dissonantes se sont fait
entendre pour regretter la brutalité des interventions policières.
Comme le vice-Premier ministre Bülent Arinç, qui a prôné le dialogue
"plutôt que de tirer du gaz sur des gens".
Le Premier ministre a reconnu que des "erreurs" avaient été commises
par la police et a promis des sanctions contre ses excès. Mais il a
répété qu'il mènerait le projet d'aménagement urbain contesté de la
place Taksim jusqu'à son terme. Et, comme un défi aux manifestants,
ajouté dimanche qu'il y construirait une mosquée.
(AFP, 3 juin
2013)
Un manifestant tué dimanche par une voiture qui a percuté la foule
Une jeune manifestant turc a été tué dimanche soir à Istanbul par une
voiture qui a percuté la foule protestant contre le gouvernement
islamo-conservateur, a annoncé lundi l'Union des médecins turcs (TBB).
Le jeune homme, Mehmet Ayvalitas, membre d'une association de gauche, a
été renversé par un véhicule qui a foncé sur des protestataires sur une
autoroute occupée par les manifestants, dans le district de Pendik, sur
la rive asiatique de la mégapole, a précisé cette ONG dans un
communiqué.
Selon la TBB, l'automobiliste qui a provoqué le drame ne s'est pas
arrêté "en dépit de tous les avertissements", suggérant qu'il
s'agissait d'un acte délibéré.
Dans son communiqué, l'ONG a attribué la responsabilité de cet accident
à "l'intransigeance" du gouvernement turc et a dénoncé la brutalité des
forces de l'ordre. "La première chose à faire est d'arrêter
immédiatement la brutalité policière", dit-elle.
La Turquie est secouée depuis vendredi par des manifestations
antigouvernementales sans précédent depuis l'accession au pouvoir, en
2002, du Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, faisant
plusieurs dizaines de blessés.
Ces violences ont fait plus d'un millier de blessés à Istanbul et au
moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de
l'Homme et les syndicats de médecins. Le ministre de l'Intérieur
Muammer Güler a évoqué dimanche un bilan de 58 civils et 115 policiers
blessés.
(AFP, 3 juin
2013)
Le ras-le-bol contre la dérive autoritaire d'Erdogan
Partie d'un petit groupe de militants
associatifs, la contestation populaire qui a embrasé Istanbul et
d'autres villes de Turquie a agrégé la colère d'une population excédée
par un gouvernement qui monopolise tous les pouvoirs depuis dix ans.
De l'extrême gauche à la droite nationaliste, c'est tout le spectre
politique turc qui s'est rejoint samedi pour envahir la place Taksim et
célébrer aux cris de "dictateur démission !" la défaite du Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan face à la rue.
Tous ont exprimé la colère accumulée contre la politique du
gouvernement islamo-conservateur, exacerbée par la violence de la
répression policière.
"Ces manifestations ne sont pas l'oeuvre d'une poignée de militants ou
d'une organisation mais l'expression d'une frustration généralisée de
la part de gens de toutes les tendances politiques", juge le
politologue Ilter Turan, de l'université privée Bilgi d'Istanbul.
"C'est un mouvement populaire sans précédent, soudain (...) qui résulte
de la frustration et de la déception des franges laïques de la société
qui ne peuvent plus influer sur la vie publique depuis dix ans",
renchérit Sinan Ulgen, de la fondation Carnegie Europe.
Issu de la mouvance islamiste, le Parti de la justice et du
développement (AKP) a été porté au pouvoir en 2002 par une Turquie
qu'avaient épuisée une crise financière et l'instabilité politique
elle-même nourrie par les interventions de l'armée dans la vie publique.
En dix ans, son gouvernement est parvenu à multiplier par trois le
revenu par habitant grâce à une croissance économique qui a dépassé les
8% en 2010 et 2011, a généralisé l'accès à l'éducation ou la santé et
mis l'armée au pas. Mais il a aussi fait entrer la religion dans
l'espace public, au grand dam des tenants de République laïque.
Le voile islamique a été autorisé dans certaines universités. Le
pianiste virtuose Fazil Say a été condamné pour blasphème après une
série de tweets moquant la religion musulmane. La semaine dernière, le
gouvernement a fait voter une loi qui interdit la vente d'alcool à
proximité des mosquées et des écoles. La liste est longue, sans compter
les tentatives pour limiter le droit à l'avortement ou prohiber
l'adultère.
Un "nouveau sultan"
De nombreux manifestants d'Istanbul, d'Ankara et des autres villes
turques ont exprimé ce ras-le-bol face à un pouvoir qui, disent-ils,
veut leur "imposer sa façon de vivre".
De leur côté, la gauche et l'extrême gauche ont aussi dénoncé la
répression exercée par les autorités, sous couvert de lutte contre le
terrorisme. Des milliers de personnes, dont des avocats, étudiants ou
journalistes, sont détenues dans l'attente d'un procès pour leur
soutien à la cause kurde.
Tous montrent du doigt la dérive autoritaire d'un pouvoir fort de ses
succès électoraux. Face à une opposition dépassée, le parti de M.
Erdogan a largement remporté les élections législatives de 2007 et
2011, avec 47% et 50% des voix.
Contraint par les règles de l'AKP à céder la direction du gouvernement
en 2015, M. Erdogan ne cache plus son intention de briguer l'an
prochain le poste de président, qui sera pour la première fois élu au
suffrage universel.
Ses adversaires raillent déjà un "nouveau sultan" et ses projets
pharaoniques lancés ces derniers mois à Istanbul, comme le troisième
pont sur le Bosphore et le futur aéroport géant de cette ville.
"M. Erdogan n'accepte aucune limite à son pouvoir de chef de la
majorité", note Ilter Turan, "il considère que tout ce qu'il fait est
le fruit de la volonté démocratique".
Certains veulent toutefois croire que les événements des trois
derniers jours ont changé la donne. "La vague de protestation de Taksim
a écorné pour la première fois l'image de toute-puissance du Premier
ministre", a écrit dimanche l'éditorialiste Murat Yetkin, du quotidien
libéral de langue anglaise Hürriyet Dailynews.
Dans un discours prononcé dimanche, M. Erdogan n'en a pas paru affecté.
"S'ils appellent dictateur quelqu'un qui sert le peuple", a-t-il lancé,
ironique, "qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?"
(AFP, Fulya OZERKAN, 2 juin
2013)
Les manifestants continuent à défier le gouvernement
Au troisième jour de leur mouvement, les manifestants ont
maintenu dimanche la pression sur le gouvernement de Recep Tayyip
Erdogan en occupant la place Taksim d'Istanbul, tandis que de nouveaux
incidents ont éclaté dans la capitale Ankara.
Plusieurs milliers de personnes continuaient tard dans la soirée à
manifester contre le gouvernement islamo-conservateur dans le quartier
résidentiel de Kavaklidere, à Ankara, après avoir été brutalement
délogés plus tôt par la police de la place centrale de Kizilay de la
capitale.
"Personne ne veut de toi Tayyip", scandaient les protestaires à Ankara.
Les manifestants reprochent au Premier ministre Erdogan d'être trop
conservateur et de aux manifestants de vouloir "islamiser" la société
turque.
"Tous les Turcs sont sous pression depuis dix ou onze ans", a confié à
l'AFP Hallit Aral, "aujourd'hui, tout le monde veut que le Premier
ministre s'en aille".
La police a tiré dimanche après-midi des dizaines de grenades
lacrymogènes et fait usage de canons à eau pour disperser les
protestataires rassemblés sur la place de Kizilay.
Les forces de l'ordre sont aussi intervenues à plusieurs reprises afin
d'empêcher un millier de protestataires qui voulaient se diriger vers
les bureaux du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
"L'intervention est constante, la police n'arrête pas de repousser les
manifestants qui ne les menacent absolument pas. Nous avons beaucoup de
mal à respirer", a indiqué Gözde Özdemir, une secrétaire âgée de 27 ans.
Plusieurs personnes ont été blessées, a affirmé cette protestataire.
Selon l'agence officielle Anatolie, environ 200 personnes ont été
interpellées et ont été amenées à bord d'autocars de la police à la
direction de sûreté.
A Istanbul, tout l'après-midi, des milliers de personnes ont envahi
l'emblématique place du centre de Taksim, désormais vide de toute
présence policière après deux jours de violents incidents qui ont fait
plusieurs centaines de blessés et provoqué l'arrestation de plus de
1.700 manifestants dans toute la Turquie.
Fer de lance du plus important mouvement de contestation populaire du
gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en
2002, les militants de la société civile turque ont largement cédé la
place à la gauche et à l'extrême gauche qui ont célébré leur victoire
après le retrait des forces de l'ordre samedi.
Au terme d'une journée plutôt calme, des affrontements ont repris dans
la soirée entre les forces de l'ordre et plusieurs milliers de
manifestants qui s'étaient réunis autour des bureaux stambouliotes du
Premier ministre.
Dans la nuit de samedi à dimanche déjà, des affrontements très violents
avaient opposé policiers et manifestants dans la capitale, causant
d'importants dégâts.
Selon le syndicat des médecins d'Ankara, 414 civils avaient été blessés
dans ces incidents, dont six souffrant de graves traumatismes à la
tête. De son côté, l'agence de presse Anatolie a fait état de 56
blessés au sein des forces de l'ordre.
Signe de la persistance de la mobilisation, des manifestations contre
le pouvoir ont également eu lieu à Izmir (ouest), Adana (Sud) et
Gaziantep (sud-est).
Sous le feu des critiques, le Premier ministre a été contraint samedi
de lâcher du lest, au terme de deux jours d'affrontements, ordonnant à
la police de quitter la place Taksim et le petit parc Gezi, dont la
destruction annoncée a donné le signal de la révolte.
Critiques
Les organisations de défense des droits de l'Homme turques et
étrangères ont dénoncé la violence de la répression, faisant état de
plus de mille blessés. Amnesty International a même évoqué la mort de
deux personnes.
Ces chiffres n'ont pas été confirmés de source officielle. Le ministre
de l'Intérieur Muammer Güler n'a fait état que de 58 civils et 115
policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées depuis mardi
dernier dans 67 villes du pays. Selon M. Güler, la police a interpellé
plus de 1.700 manifestants, pour la plupart rapidement relâchés.
Au sein même du pouvoir, plusieurs voix dissonantes se sont fait
entendre pour regretter la brutalité des interventions policières. Le
chef de l'Etat Abdullah Gül a jugé "inquiétant" le niveau de la
confrontation. Et le vice-Premier ministre Bülent Arinç a prôné le
dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".
Des pays alliés occidentaux, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni
samedi, puis la France dimanche, ont eux aussi appelé le gouvernement
turc à la retenue.
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a lui-même
déploré les dommages causés par ces événements à la "réputation" de son
pays qui, a-t-il dit sur son compte Twitter, est "admiré dans la région
et dans le monde".
Face à ces réactions, le Premier ministre a reculé et concédé que la
police avait agi dans certains cas de façon "extrême". "Il est vrai
qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la
police", a-t-il dit, ajoutant qu'une enquête avait été ordonnée par le
ministère de l'Intérieur.
Mais il a répété qu'il mènerait le projet d'aménagement urbain contesté de la place Taksim jusqu'à son terme.
Et comme un nouveau défi aux manifestants qui lui reprochent de vouloir
"islamiser" la société turque, M. Erdogan a confirmé dimanche qu'une
mosquée serait bâtie sur la place Taksim, rendez-vous traditionnel de
toutes les contestations à Istanbul.
"Oui, nous allons aussi construire une mosquée. Et je ne vais pas
demander la permission du président du CHP (Parti républicain du
peuple, principal parti d'opposition) ou à une paire de pilleurs pour
le faire", a-t-il lancé, "ceux qui ont voté pour nous nous ont déjà
donné l'autorité pour le faire".
(AFP, 3 juin
2013)
Du printemps arabe à l'été turc?
Le 28 mai 2013, un collectif d'organisations de la société civile veut
manifester contre le projet de construction d'une caserne et d'un
supermarché sur un parc public (Gezi) à la place historique de Taksim
(Istanbul). Les autorités turques réagissent violemment et répriment
les manifestants. De plus, le gouvernement turc interdit toutes
manifestations et entrave également la liberté de communication en
coupant l'accès aux moyens de communication (internet, email, twitter,
etc.). Arrogant, le Premier Ministre turc déclare qu'il est décidé de
construire non seulement une caserne, mais également une mosquée à
Taksim, tout en qualifiant les manifestants de maraudeurs.
Déterminés, les manifestants poursuivent leurs actions et obtiennent,
au fil des jours, un soutien très large de la part de la population.
Les manifestations se propagent à 67 provinces (presque à tout le
pays). La répression également. Le bilan est lourd, puisqu'on compte,
selon des sources concordantes: trois morts dont deux à Istanbul et un
à Ankara (par balle, visée directement par un policier), plusieurs
milliers de blessés et d'arrestations.
Il s'agit sans doute de la plus grande révolte populaire de ces
dernières années en Turquie, si l'on fait abstraction à la révolte
kurde. Elle démontre le ras le bol de la population face à l'arrogance
et la dérive autoritaire d'un gouvernement qui n'hésite pas utiliser
tous les moyens à sa disposition (police, justice, armée et médias)
contre les revendications démocratiques de ses opposants. A tel point
que dans des localités où les manifestations sont interdites, les gens
protestent en tapant sur des casseroles depuis leurs fenêtres et en
éteignant leurs lumières. Les manifestants réclament désormais la
démission du gouvernement turc.
Voici un résumé des revendications du Platform Taksim (composé de 80
organisations de la société civile d'Istanbul), à l'origine de la
mobilisation contre le projet d'aménagement de la Place de Taksim:
· Préservation du parc Gezi et la place Taksim tel quel;
· Démission des responsables de la répression féroce contre les
manifestants, à commencer par le gouverneur d'istanbul et le directeur
général de sûreté de Turquie;
· Libération de tous les manifestants arrêtés;
· Levée d'interdiction des manifestations;
· Respect de la pluralité d'opinion et des principes démocratiques;
· Respect des droits du travail et de l'environnement;
· Non au pillage des ressources naturelles (eau, forêt, etc.), à la
destruction de l'environnement et des quartiers populaires au profit
des intérêts privés.
Ce collectif annonce qu'il poursuivra sa mobilisation sur la place de Taksim.
Nous appelons l'opinion publique mondiale à la solidarité internationale avec les organisations de la société civile turque.
Pour la Maison populaire de Genève
Demir SÖNMEZ
www.assmp.org
Victoire des manifestants sur Erdogan
Des milliers de manifestants célébraient leur victoire
à Istanbul, dans la nuit de samedi à dimanche, après le retrait de la
police de la place Taksim, le coeur de la révolte, ordonné par le
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Plusieurs organisations des droits de l'Homme ont dénoncé les violences
de la police et Amnesty International a affirmé qu'il y avait eu deux
morts et plus d'un millier de blessés, - des chiffres qui n'ont pas été
confirmés de source officielle.
Les pays alliés occidentaux, les Etats-Unis et le Royaume Uni ont
appelé le gouvernement turc à la retenue, et des centaines de personnes
ont manifesté samedi soir à New York pour exprimer leur soutien aux
protestaires en Turquie.
Les affrontements à Istanbul et dans d'autres villes ont fait en deux
jours 79 blessés, dont 53 civils et 26 policiers, a indiqué dans la
soirée le ministre de l'Intérieur, Muammer Guler.
La police a interpellé 939 manifestants au cours de plus de 90 manifestations survenues dans 48 villes, a précisé le ministre.
Confronté à l'un de ses plus importants mouvements de contestation
depuis l'arrivée de son parti au pouvoir en 2002, le Premier ministre
Erdogan a ordonné aux forces de l'ordre de se retirer en milieu
d'après-midi de la place et du petit parc Gezi, dont la destruction
annoncée a lancé la révolte.
Immédiatement, des milliers de personnes ont envahi les lieux dans une
immense clameur de victoire en défiant le chef du gouvernement aux cris
de: "Nous sommes là, Tayyip. Où es-tu ?". A la nuit tombée, la place
Taksim était toujours noire de milliers de personnes qui chantaient et
dansaient avec l'intention d'y rester toute la nuit.
Quelques heures avant ce repli, M. Erdogan avait pourtant fermement
assuré que la police resterait sur la place Taksim "aujourd'hui" et
"encore demain" car elle "ne peut pas être un endroit où les
extrémistes font ce qu'ils veulent".
Sur le même ton, il avait sommé les manifestants de cesser
"immédiatement" leur mouvement et assuré que son gouvernement
maintiendrait le projet d'aménagement urbain contesté de la place qui a
mis le feu aux poudres.
Saisi par ces opposants, un tribunal administratif d'Istanbul a
suspendu vendredi la partie du projet qui prévoit la reconstruction
d'une caserne de l'époque ottomane, qui a cristallisé la colère des
manifestants.
Après quelques heures de répit, les affrontements qui ont embrasé le
centre de la mégapole turque vendredi ont repris samedi en milieu de
matinée et se sont poursuivis sporadiquement jusqu'au retrait de la
police.
A plusieurs reprises, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de
canons à eau autour de la place Taksim pour disperser des petits
groupes qui ont riposté par des jets de pierre, ont constaté des
journalistes de l'AFP.
"Nous étions assis là, près du suare, et nous lisions un communiqué de
presse quand la police est venue vers nous avec des véhicules
anti-émeute, nous aspergeant de gaz lacrymogènes", a déclaré un
manifestant, Burak Ozbey, 34 ans.
Il a indiqué que son amie avait dû subir deux opérations au cerveau
après avoir été frappée vendredi par une cartouche de gaz, et qu'elle
était toujours dans un état critique.
D'autres échauffourées avaient été signalées un peu plus tôt dans un autre quartier de la ville, Besiktas.
Le mouvement est parti vendredi à l'aube avec l'intervention musclée de
la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient
depuis trois jours le parc Gezi, sur la place Taksim, pour y empêcher
le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement
urbain très contesté.
Ameutés par les réseaux sociaux, les militants associatifs ont afflué
pour prêter main forte aux manifestants et surtout dénoncer la
politique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.
Critiques
"Ce règne autoritaire doit cesser", a déclaré samedi à l'AFP Sermin
Erdemci, un employé de banque de 37 ans, "on ne peut pas réduire les
masses au silence, nous voulons vivre dans une Turquie laïque".
Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis 2002, M. Erdogan
est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société
turque. Le récent vote d'une loi restreignant la consommation et la
vente d'alcool a suscité l'ire des milieux libéraux.
Dès vendredi soir, la contestation partie d'Istanbul s'est propagée à
d'autres villes du pays, comme Izmir (ouest), Antalya (sud) ou Ankara.
Samedi encore, des incidents ont opposé dans la capitale turque la
police à des manifestants qui défilaient aux cris de "Dictateur
démission". Plusieurs personnes, manifestants ou policiers, ont été
blessées, selon un photographe de l'AFP.
L'opposition politique a pris le relais de ces critiques en s'affichant
avec les protestataires. "Nous voulons la liberté et la démocratie dans
notre pays", a lancé samedi le président du Parti républicain du peuple
(CHP) Kemal Kiliçdaroglu.
Au sein même du pouvoir, plusieurs voix se sont élevées samedi pour dénoncer la réaction disproportionnée de la police.
Peu avant le repli de la police, le président turc Abdullah Gül
lui-même a lancé samedi un appel au "bon sens" et au "calme", jugeant
le niveau de la protestation "inquiétant".
"Dans une démocratie, les réactions doivent être exprimées (...) avec
bon sens, avec calme et, en retour, les dirigeants (du pays) doivent
déployer plus d'efforts pour prêter une oreille attentive aux
différentes opinions et inquiétudes", a-t-il ajouté.
Avant le président turc, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait
présenté ses "excuses" pour les événements d'Istanbul. "Plutôt que de
lancer du gaz sur des gens qui disent 'nous ne voulons pas de centre
commercial ici' (...) les autorités auraient dû les convaincre et leur
dire que leurs inquiétudes étaient partagées", a-t-il ajouté.
Face à ces réactions, le Premier ministre lui-même a concédé que la
police avait agi dans certains cas de façon "extrême". "Il est vrai
qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la
police", a-t-il dit, ajoutant qu'une enquête avait été ordonnée par le
ministère de l'Intérieur.
(AFP, 2 juin
2013)
Les manifestants fêtent leur première victoire sur le Premier ministre
"Nous sommes là Tayyip. Où es-tu ?" Après plus de vingt-quatre heures
de violents affrontements avec la police, des milliers de manifestants
ont célébré samedi après-midi la reconquête de la place Taksim, au
coeur d'Istanbul, en raillant leur cible favorite, le Premier ministre
Recep Tayyip Erdogan.
Il n'aura fallu que quelques minutes pour que la clameur envahisse la
place. Sitôt engagée la marche arrière sous les sifflets des policiers
en tenue antiémeute, la foule s'est déversée à flots continus sur la
place en criant victoire.
Les uns chantent à tue-tête l'Internationale, les autres tapent dans
leurs mains ou dansent. Après les volutes irritantes des gaz
lacrymogènes, c'est désormais un doux parfum de victoire qui se déverse
sur Taksim.
Dans cette foule vibrante, tous les bords politiques sont représentés.
De la droite nationaliste aux gauchistes revendiqués, des musulmans
pratiquants aux laïcs purs et durs. Une poignée d'entre eux a recouvert
de drapeaux multicolores le monument à la gloire du père de la Turquie
moderne, Mustafa Kemal Atatürk.
Partout, la colère accumulée contre le gouvernement islamo-conservateur
du Parti de la démocratie et du développement (AKP) au pouvoir depuis
2002, accusé de vouloir "islamiser" la société turque, se déverse sans
retenue.
"Le gouvernement fait pression sur tout: 'faites trois enfants, non
faites-en deux, non ne buvez pas, non ne fumez pas, ne vous baladez pas
main dans la main avec votre amoureux si vous n'êtes pas sérieux'",
rouspète une retraitée qui préfère ne pas décliner son identité. "Moi
je suis une fille d'Atatürk et je m'y oppose. On partage tous ici cette
idée, et c'est pour cela que nous sommes là".
Prudence
"Je ne pense pas que le gouvernement de l'AKP s'attendait à cela", se
réjouit aussi un étudiant qui a demandé à rester anonyme : "les gens se
soulèvent pour empêcher une série d'interdictions imposées par un
gouvernement qui ne nous comprend pas".
Malgré l'euphorie ambiante, certains restent plus prudents. Ils ont
remporté une bataille, mais certainement pas la guerre déclarée au
gouvernement.
"L'ambiance ici est heureuse et bon enfant. Aujourd'hui la police s'est
enfin retirée", se réjouit Berk Sentürk, un directeur artistique. "Mais
malgré cette foule immense rassemblée ici, le Premier ministre a
déclaré qu'il allait continuer et que s'il le fallait, il détruirait
également le centre culturel Atatürk derrière moi", poursuit-il. "Alors
nous restons là, nous montons la garde", conclut-il.
"Notre combat n'est pas terminé", estime lui aussi Batuhan Kantas.
"Nous sommes toujours dirigés par un Premier ministre qui pense que les
gens sont des moutons et qui se prend pour un sultan", poursuit
l'étudiant, âgé de 19 ans.
"Nous avons réussi à faire reculer la police", dit une institutrice de
38 ans identifiée sous le prénom de Leyla, "mais ce gouvernement est
résistant comme de la colle et ne laissera pas tomber facilement".
Lors d'une de ses interventions samedi, M. Erdogan a concédé que les
victoires électorales écrasantes de son parti ne constituaient pas "un
ticket pour imposer la volonté de la majorité à une minorité".
Ces mots n'ont pas suffi à satisfaire les manifestants. Et encore moins
à les désarmer. "Taksim est partout, la résistance est partout", a
entonné un groupe de manifestants bien décidé à passer la nuit sur
"leur" place Taksim.
(AFP, 1 juin
2013)
Nuit blanche à Istanbul en colère contre le gouvernement
Des milliers de Stambouliotes ont passé la nuit de
vendredi à samedi dans la rue à défier la police et ses grenades
lacrymogènes après la violente répression d'un rassemblement dirigé
contre un projet d'urbanisation controversé, qui a viré en protestation
contre le gouvernement islamo-conservateur.
Dans plusieurs quartiers du centre d'Istanbul, de nombreux groupes de
manifestants ont déambulé jusqu'à l'aube armés de casseroles pour
battre la chamade contre le gouvernement du Premier ministre Recep
Tayyip Erdogan, souvent encouragés par les riverains depuis leurs
balcons et leurs fenêtres, a constaté l'AFP.
"Tayyip, regarde combien on est, face à toi", ont scandé les
protestataires dans le quartier résidentiel de Cihangir, sur la rive
européenne de la métropole turque.
Parmi eux, Özkan, un jeune étudiant en philosophie, est
particulièrement remonté contre le Premier ministre et son cabinet.
"Des salauds de fascistes", clame-t-il.
Pas seulement à cause du déracinement prévu de 600 arbres dans un parc
de la place de Taksim, toute proche, pour y construire un centre
commercial --un projet à l'origine du mouvement de contestation, dont
la répression vendredi a fait de nombreux blessés.
"Les arbres, c'est juste la goutte d'eau qui fait
déborder le vase. Les gens en ont ras-le-bol de tout ce que ce
gouvernement leur fait", commente le jeune homme, s'indignant du vote
la semaine dernière d'une loi restreignant la consommation et la vente
d'alcool.
Comme un geste de défi, certains manifestants avancent dans les rues bière à la main.
"Ils veulent transformer ce pays en un Etat islamiste, ils veulent nous
imposer leur vision en prétendant respecter le cadre démocratique",
s'insurge une autre manifestante, une femme d'une trentaine d'années
qui refuse de donner son nom mais dit travailler dans le cinéma.
Issu de la mouvance islamiste, M. Erdogan est régulièrement accusé par
les milieux pro-laïcité de dérives autoritaires et de vouloir
"islamiser" la société turque.
Dans d'autres quartiers comme Beyoglu et Besiktas, toujours dans le
centre européen d'Istanbul, la confrontation avec les forces de l'ordre
est plus musclée.
Massivement déployée, la police y fait un usage immodéré de grenades
lacrymogènes, auxquelles les manifestants répondent par des jets de
pierre.
Les rues sont jonchées de pavés et de douilles de grenades. Quelques
allées sont obstruées par des barricades de fortune. Dans le ciel, un
hélicoptère de la police observe les mouvements des manifestants.
Les locaux d'un syndicat servent de refuge à des centaines d'activistes
entre deux opérations coup de poing. Des médecins y ont installé un
service de premiers soins, qui traite principalement les irritations
cutanées et respiratoires occasionnées par le gaz lacrymogène.
D'autres militants y ont constitué une cellule de crise.
"Nous essayons d'envoyer des avocats quand il y a des arrestations, de
fournir un soutien médical, de réunir des informations", explique Me
Can Atalay, un avocat du barreau d'Istanbul.
Sur un tableau, un activiste note les dernières informations sur les
déplacements de troupes de la police, les manifestations dans d'autres
quartiers et d'autres villes, des cités balnéaires de la mer Egée
(ouest) aux communes des montagnes kurdes (est), ou encore les adresses
e-mail où témoigner de violences policières.
Les nouvelles de la mobilisation sont encourageantes: "la police a
refusé d'intervenir à Edirne" (nord-ouest), "un bureau de l'AKP
incendié à Izmir (ouest), écrit le préposé.
"J'ai 62 ans, et jamais je n'ai connu un tel espoir", affirme Mücella
Yapici, architecte, "j'ai de l'espoir pour la démocratie et pour la
fraternité dans notre pays".
A ses côtés, un jeune militant, tout en muscles et en tatouages,
parlant sous le couvert de l'anonymat, se prend à rêver: "Il y a eu un
printemps arabe, moi j'espère que c'est le début du printemps turc".
(AFP, 1 juin
2013)
Un projet d'aménagement urbain enflamme le centre d'Istanbul
De violents affrontements ont opposé vendredi toute
la journée les forces de l'ordre à des manifestants dans le centre
d'Istanbul, faisant des dizaines de blessés, à la suite d'un
rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé qui a
viré en protestation antigouvernementale.
Les incidents ont débuté dès l'aube, lorsque des policiers ont délogé à
l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes quelques centaines de
personnes qui campaient dans un parc de la place Taksim, au coeur de la
mégapole turque, pour empêcher le déracinement de 600 arbres dans le
cadre d'un projet d'aménagement urbain.
Violente, l'intervention a fait de nombreux blessés et suscité la
mobilisation de toute la société civile stambouliote, dont de nombreux
militants ont grossi les rangs des protestataires au fil de la journée.
Jusqu'à la tombée de la nuit, la police et les manifestants se sont
affrontés sur la place et dans les rues environnantes, au milieu de
nombreux touristes et d'une épaisse fumée toxique qui a contraint les
autorités à fermer plusieurs stations de métro.
Des nombreux manifestants ont été blessés, victimes de fractures ou de
détresse respiratoire, certains gisant inconscients de longues minutes
avant d'être secourus. Deux personnes, dont un journaliste, ont été
sérieusement blessées à la tête, a constaté un photographe de l'AFP.
Selon le gouverneur de la ville Huseyin Avni Mutlu, douze personnes
étaient toujours hospitalisées en fin de journée, dont une femme
victime d'une fracture du crâne, et au moins 63 personnes ont été
interpellées.
Amnesty International a de son côté évoqué "une centaine" de blessés.
"Ils pulvérisent du gaz sur tout le monde, comme si c'était du
pesticide. Enfants, bébés, personnes âgées, touristes, plus personne ne
compte", a écrit sur le site de micro-blogging Twitter l'un des
manifestants, sous le nom de "@blogcuanne".
Amnesty International a critiqué "le recours excessif à la force contre
des manifestants pacifistes", pendant que Reporters sans frontières
(RSF) dénonçait les "attaques ciblées" des forces de l'ordre contre des
journalistes.
Contre le gouvernement
Sur les réseaux sociaux, des milliers de personnes
ont exprimé leur soutien aux manifestants opposés au projet de
transformation de la place Taksim. En soirée, la contestation a
commencé à gagner la capitale Ankara et Izmir (ouest), où des milliers
de personnes ont dénoncé les violences d'Istanbul, selon les
télévisions turques.
A l'origine de la contestation, le réaménagement de la place Taksim
prévoit la suppression du parc Gezi au profit d'un centre culturel,
d'un centre commercial et de la reconstitution d'une caserne militaire
de l'époque ottomane.
Le projet de la municipalité, tenue par le parti islamo-conservateur au
pouvoir, est dénoncé par de nombreux urbanistes, architectes et
écologistes. Ils ont remporté une première victoire vendredi avec la
décision d'un tribunal administratif d'Istanbul de suspendre le projet
de reconstruction de la caserne.
L'apparition des premiers bulldozers lundi matin a
provoqué les premiers incidents entre la police et les militants et
riverains qui montaient la garde dans le parc, soutenus par des députés
de l'opposition.
Leur mouvement a très vite pris un tour politique en dénonçant le
gouvernement et ses méga-projets de construction à Istanbul, comme le
troisième pont sur le Bosphore, dont la première pierre a été posée
mercredi, ou un aéroport géant.
"Vous ne pouvez pas faire ça. Vous n'êtes pas propriétaires de la
ville, vous n'êtes pas propriétaires de la Turquie", a lancé le député
kurde Ertugrul Kurkcu, en assénant: "Ceux qui servent le peuple ne
peuvent pas le frapper ou le gazer".
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est devenu la cible des
réseaux sociaux, qui l'ont rebaptisé "Tayyip le chimique" ou "l'homme
qui gaze". "Ces gens ne se soumettront pas devant toi", ont proclamé
les contestataires du parc Gezi sur une banderole.
La violence de la répression a conduit Washington à rappeler à l'ordre son allié turc.
"Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés
lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a déclaré la
porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.
La porte-parole a appelé les autorités turques à "respecter les
libertés d'expression, d'association et de rassemblement telles que ces
personnes, visiblement, les exerçaient". "Ces libertés sont vitales à
toute démocratie saine", a-t-elle souligné.
Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis l'arrivée au
pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002,
M. Erdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser"
la société turque.
La semaine dernière, le vote d'une loi restreignant la consommation et
la vente d'alcool a ainsi suscité l'ire des milieux libéraux.
M. Erdogan avait fait savoir mercredi qu'il ne reculerait pas. "Faites
ce que vous voulez, nous avons décidé", avait-il lancé à ses
détracteurs. (AFP, 31 mai 2013)
Amnesty International condemns use of excessive force
Amnesty International is concerned at the use of excessive force,
including pepper spray, against peaceful protestors in a park in
central Istanbul. At least one protestor was seriously injured, needing
emergency surgery.
Gezi Park in Taksim, Istanbul, is facing demolition to make way for the
construction of a shopping centre as part of a large scale regeneration
of the area. Dozens of protestors opposed to the plans have been
camping in the park for the last two days. In the early hours of 30
May, police moved in to destroy their tents, and used pepper spray to
disperse the protestors. A 23 year-old protestor was seriously injured
after sprayed with tear gas, kicked and hit by police when he was
holding onto a tree.
Any decision to disperse an assembly should be taken only as a last
resort and in line with the principles of necessity and
proportionality. International standards require that in dispersing
assemblies, police must avoid the use of force or, where that is not
practicable, must restrict any such force to the minimum necessary.
Amnesty International calls on the authorities to carry out a prompt,
independent and impartial investigation into the allegations of
excessive and unnecessary use of force, and ensure that any law
enforcement officials responsible for arbitrary or abusive use of force
to be prosecuted. Amnesty International also calls on the authorities
to ensure protestors’ rights of peaceful assembly and freedom of
expression.
http://amnesty.org/en/library/info/EUR44/013/2013/en
Saturday Mothers protest against a general's appointment
The Saturday Mothers marched from the Kızılay district of Ankara on May
31 and staged a brief sit-in in front of the Justice Ministry building.
The Saturday Mothers group marched peacefully from
the Kızılay district of Ankara to the Justice Ministry yesterday, in
order to protest the appointment of Brig Gen. Musa Çitil as Ankara
gendarmerie regional commander.
The group has been holding sit-in protests every Saturday at Istanbul’s
Galatasaray Square to raise awareness and learn the fate of loved ones
who disappeared after the Sept. 12, 1980 coup. There is an ongoing
public case against Çitil on charges related to 13 murders committed in
2012 when he was Derik (Mardin) district gendarmerie commander.
The Saturday Mothers staged a brief sit-in protest in front of the ministry after walking from Kızılay.
Emini Erbek, the daughter of Ahmet Kaya, whose body was found dead in a
burned out car after he was detained in Şırnak in 1996, spoke at the
demonstration. “13 were killed with my father ... Their only crime was
being Kurdish. All their bodies are lost, but Musa Çitil is on duty,”
Erbek said.
Fikriye Alpsoy, the spouse of Halil Alpsoy, who was abducted in 1994,
also spoke. “They took my husband at 01:00 a.m. in front of the house
and tortured him. He was beyond recognition when was found ... I want
Musa Çitli be on trial and imprisoned,” Alpsoy said.
According to reports by the Human Rights Foundation of Turkey (TİHV),
Mardin’s Chief Public Prosecution Office in late April finalized the
indictment against Çitil. The case has been sent to Çorum province due
to security reasons.
On 29 April, 2013, the Çorum Heavy Penal Court No. 2 began to hear the
case without the participation of Musa Çitil. The court declined the
demands of the lawyers of the intervening party for the detention of
Çitil and adjourned the hearing to July 1, 2013. (hurriyetdailynews.com, June 1, 2013)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Des intellectuels turcs appellent le gouvernement à cesser sa "rhétorique de haine"
Des artistes, journalistes et écrivains turcs, dont le prix Nobel de
littérature Orhan Pamuk, ont publié samedi, sur une pleine page dans
plusieurs journaux, un appel au gouvernement lui demandant de cesser
d'employer une rhétorique de division alimentant, selon eux, la haine
dans le pays.
L'appel, signé par plus de 80 personnalités, intervient à la suite d'un
mouvement de contestation sans précédent qui a visé pendant près de
trois semaines le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre
Recep Tayyip Erdogan.
"Nous sommes inquiets", "La rhétorique du +vous contre nous+ accentue
les divisions au sein de notre société", avertissent les signataires,
appelant le gouvernement à mettre fin aux pressions contre les
militants.
"Il y a une atmosphère de frustration et de haine", note le texte, qui
accuse implicitement M. Erdogan et son gouvernement de dérive
autoritaire après une décennie au pouvoir.
Le Premier ministre n'a de fait cessé de fustiger les manifestants,
issus pour la plupart de la classe moyenne, jeunes et éduqués, au moyen
d'une rhétorique dévalorisante, les qualifiant de "voyous" et de
"terroristes".
Les artistes, eux, ont été accusés par M. Erdogan d'appartenir à des "groupes marginaux".
Tandis que la fronde anti-gouvernementale, partie le 31 mai d'une
mobilisation contre la destruction programmée d'un jardin public
d'Istanbul, le parc Gezi, a rassemblé des dizaines de milliers de
personnes -- 2,5 millions de personnes dans 80 villes le weekend
dernier --, M. Erdogan a poussé ses partisans à organiser des
contre-manifestations. Il a ainsi déclaré: "Personne ne peut nous
intimider (...) nous ne prenons d'ordre ou d'instruction de personne
sauf de Dieu".
Dans leur gestion du mouvement de contestation, la plus grave crise
politique depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du
développement (AKP) en 2002, les autorités ont pris pour cible les
journalistes et artistes.
Samedi, le quotidien pro-gouvernemental Takvim a annoncé avoir porté
plainte contre la chaîne américaine d'informations en continu CNN et sa
journaliste vedette Christiane Amanpour les accusant d'avoir incité la
population à la haine par leur couverture des manifestations et la
diffusion de "fausses nouvelles".
L'acteur turc Mehmet Ali Alabora a, lui, été pris à partie par M.
Erdogan après avoir posté un tweet soutenant les manifestants. Le
Premier ministre l'a accusé de susciter des troubles et l'a menacé de
poursuites.
L'acteur avait signalé récemment avoir reçu des menaces après avoir été
désigné comme un dirigeant d'un "complot visant à faire tomber le
gouvernement" par le journal pro-gouvernemental Yeni Safak.
Et lundi, la BBC s'est dite inquiète de la campagne des autorités
turques visant à "intimider ses journalistes". Le maire d'Ankara, Melih
Gokcek, avait qualifié, sur son compte Twitter, la correspondante
turque de la BBC Selin Girit d'espionne à la solde du Royaume-Uni.
Le pianiste turc de renommée internationale Fazil Say, 43 ans, a, lui
aussi, subi l'ire des autorités turques. Connu pour son athéisme
militant, il a été condamné le 15 mai pour blasphème pour ses tirades
provocatrices contre la religion musulmane sur Twitter, provoquant une
volée de critiques contre la Turquie à l'étranger.
Fazil Say, dont la condamnation a été annulée, doit être rejugé prochainement devant un tribunal d'Istanbul.
Le mouvement de contestation a fait quatre morts et près de 8.000
blessés et la répression violente par la police a été très critiquée
dans le monde tandis que l'image de M. Erdogan a été écorné.
Les attaques répétées du Premier ministre contre les médias et les
recours devant les tribunaux pour faire taire ses ennemis ont alimenté
les inquiétudes quant au respect des droits de l'homme dans un pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
La Turquie est régulièrement critiquée par les ONG pour ses
atteintes à la liberté d'expression et le nombre de journalistes ou
d'avocats détenus dans ses prisons.
Les artistes soutenant le mouvement de contestation redoutent, par
ailleurs, qu'en représailles il ne leur soit interdit de participer aux
festivals ou spectacles organisés dans les municipalités dirigées par
des membres du parti au pouvoir, l'AKP.
(AFP, 29 juin
2013)
Le régime turc somme les réseaux sociaux de coopérer sous peine de sanction
Le ministre turc de la Communication Binali Yildirim a critiqué
vendredi le rôle joué par les réseaux sociaux dans la fronde
antigouvernementale des dernières semaines, les sommant de coopérer
avec les autorités turques sous peine de sanctions.
"Oui aux libertés jusqu'au bout et à l'utilisation de l'Internet, mais
non, absolument non à ce qu'il serve de moyen pour le chaos, la
violence et le crime", a déclaré M. Yildirim lors d'une réunion à Kars
(est).
"S'il y a un délit, celui-ci peut-être commis aussi bien dans la vie
réelle que virtuelle", a-t-il souligné, en évoquant les manifestations
contre le régime islamo-conservateur au pouvoir qui ont fait 4 morts et
quelque 8.000 blessés depuis le 31 mai.
Les plateformes comme Twitter et Facebook ont été largement utilisée pour la mobilisation des manifestants.
Lundi déjà, le même M. Yildirim avait déploré que le site de
micro-blogging Twitter ait refusé de coopérer avec les autorités
turques au moment des manifestations, notamment pour identifier leurs
instigateurs.
Son collègue de l'Intérieur Muammer Güler avait annoncé le 17 juin que
le gouvernement travaillait à l'élaboration d'une loi permettant de
poursuivre les internautes publiant des messages diffamatoires ou
incitant à la révolte sur les réseaux sociaux.
M. Yildirim a reconnu vendredi que les réseaux sociaux constituaient un
"domaine libre" et qu'il n'était pas question de l'interdire. Mais,
"c'est le droit le plus naturel pour la Turquie" de réclamer que les
réseaux sociaux ne constituent pas un moyen d'incitation à la violence,
a-t-il fait valoir.
Le ministre a exhorté Facebook et Twitter à ne pas "jouer avec la
dignité et la crédibilité" de la Turquie qui, a-t-il menacé, pourrait
leur asséner "une gifle".
Au début de la fronde qui le vise, le Premier ministre turc Recep
Tayyip Erdogan a vivement dénoncé la "menace" Twitter, qualifié de
"fauteur de troubles". "C'est là que se répandent les plus gros
mensonges", avait-il accusé, "les réseaux sociaux sont la pire menace
pour la société".
Plus de la moitié de la population de la Turquie, qui compte 76 millions d'habitants, bénéficie d'un accès à l'internet.
(AFP, 28 juin
2013)
"Ne pliez pas!": L'hebdomadaire allemand Der Spiegel en turc
Sous le titre "Ne pliez pas!", l'hebdomadaire allemand der Spiegel fait
pour la première fois de son histoire sa Une en turc en signe de
soutien aux manifestants anti-Erdogan, et consacre une dizaine de pages
en turc et en allemand à la fronde stambouliote.
"Boyun Egme" ("ne pliez pas"), proclame le prestigieux magazine sur sa
couverture parue dimanche avec une photo d'une jeune femme portant
cette pancarte. "Pour la première fois en 66 ans d'existence, l'article
de Une de Der Spiegel paraît aussi en langue turque", explique-t-il.
"C'est un geste, un signal", ajoute-t-il alors que l'Allemagne compte
la plus forte communauté turque à l'étranger, avec quelque 3 millions
de Turcs ou de personnes d'origine turque.
"Les événements en Turquie, officiellement candidat à l'adhésion à
l'UE, les sorties (verbales) du ministre turc aux Affaires européennes
contre la chancelière Angela Merkel, la répression et la fracture qui
traverse la société turque ne sont en aucun cas une 'affaire
intérieure' comme le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan l'a prétendu
ces dernières semaines", explique encore Der Spiegel.
"Cela nous regarde tous: les Turcs et les Allemands, les Allemands d'origine turque, les Européens", ajoute-t-il.
Berlin et Ankara se sont livrés ces derniers jours à des échanges
verbaux cinglants alors qu'Angela Merkel a eu des mots très durs sur la
répression des manifestations anti-gouvernementales en Turquie.
(AFP, 23 juin
2013)
Journalist beaten by policemen at Gezi Park protests in Istanbul
A journalist was assaulted by police on June 22 during the intervention
towards Gezi Park protesters in Istanbul’s Taksim Square.
Alpbuğra Bahadır Gültekin, a reporter for Turkish daily Radikal, has
told the Daily News that he had been attacked, hit with a baton and
kicked at by the police late on June 22, while he was trying to reach
home after covering the Gezi Park protests and the police intervention
in central Istanbul.
“I insistently said I was press after I was beaten up with a baton by
the police officer, whose anger on his face I could so clearly define.
His answer in response was to hit me with the baton while swearing at
me,” said Gültekin, describing how the assault took place.
Gültekin added that after he fell down on the ground almost all the policemen around hit or kicked him.
He has a swelling eye, bruises on his hips and baton marks on his back.
(hurriyetdailynews.com,
June 24, 2013)
Turkish "penguin" media protested at Speak Up Conference
Journalists, academics and politicians from the Balkan region attended
the opening session of the second “Speak Up” Conference in Brussels,
hosted by the European Commission.
Addressing the topic, “Freedom of Expression and Media in the Western
Balkans and Turkey,” participants expressed disappointment with the
state of the media in the region as well as hope about the new
possibilities presented by social media and independent funding.
Two years after the first conference, at which journalists and editors
from the Balkans and Turkey voiced high hopes over the role that the EU
could play in the struggle for a truly independent media, some of those
expectations have faded.
While some praise the EU for pushing for the adoption of laws that meet
EU standards, others say the EU should have been more pro-active in
combating growing political pressures. Click here for Balkan Insight's
regional analysis.
With the ongoing protests in Turkey weighing on the minds of
participants, the European Enlargement Commissioner, Stefan Fule,
underlined the importance of media freedom in achieving democracy.
“The deafening silence of the mainstream media [in Turkey] in the first
days of the recent protests in Istanbul… and the worrying use of police
actions against the media only serve to underline how much this
conference is needed,” he said.
One of the harshest speeches came from Turkish columnist Yavuz Baydar
who said the situation for the freedom of the press in his country had
never been worse.
Dunja Mijatovic, OSCE Representative on Freedom of the Media, observed
that she had had to intervene in more cases of media freedom violations
than any of her predecessors.
This should be seen as a “wake-up call” for the Balkans and Turkey, as well as the rest of Europe, she said.
In the afternoon session, on the “new media”, panellists sounded an
equally concerned but at times more light-hearted note. Discussing the
impact of social media on the protests in Turkey, Professor Yaman
Akdemiz stripped off his shirt to reveal a penguin.
The image has become iconic of the protests in the social media in
Turkey, referring to the fact that a major news channel failed to carry
any reports of the protests when they began and instead aired a
wildlife documentary about penguins. (www.balkaninsight.com, June 20,
2013)
EFJ Condemns Continuous Targeting of Journalists in Turkey
The European Federation of Journalists (EFJ) has today condemned the
continuous targeting of journalists and media organisations following
the police raid on the residences of journalists working for the daily
newspaper Atilim, Özgür Radio and Etkin News Agency Tuesday morning.
According to the Turkish Journalists Union (TGS), the police raided
the residences of Sedat Şenoğlu, general editorial coordinator of the
daily Atılım, Selvi Coşar of Özgür Radio and the news editor of Etkin
news agency, Derya Okatan as part of operations launched against the
anti-government demonstration, #occupygezi. Following the raid, Sedat
Şenoğlu and Selvi Coşar were taken into custody for questioning by the
prosecutor.
Meanwhile, IMC TV news editor Gökhan Biçici and Ulusal Channel
cameraman Emer Fidan who were arrested earlier this week were released
Tuesday evening after giving a statement to the prosecutor. It was
reported that they were beaten by the police during the arrested.
The continuous arrests and targeting of journalists are becoming a
growing concern among the global community of journalists, said Mogens
Blicher Bjerregård, EFJ President. We urge the government to release
immediately the arrested journalists who were exercising their rights
to inform the public.
Concerns have also grown over the increasing state control of media
organisations by the censoring body, RTÜK (the Supreme Board of Radio
and Television). According to media report, the RTÜK threatened to
impose fines on TV channels that are critical of the government,
including Ulusal Channel, Halk TV, Hayat TV and Cem TV.
It was also reported that the government is planning a draft law to
regulate the use of social media following the Turkish Prime Minister,
Recep Tayyip Erdogans claim that the social media is a threat to
society.
The EFJ and the the International Federation of Journalists, earlier
this week called on their affiliates around the world to press the
heads of the states and governments around the world to end the violent
crackdown on media in Turkey.
Today, the EFJ delegates will speak up for the journalists who are
fighting for press freedom in Turkey at a European conference focusing
on media freedom in the Western Balkans and Turkey hosted by the
European Commission in Brussels. It is estimated that 450 participants
from the region and EU Member States including journalists, media
analysts and politicians will attend.
''We call for solidarity among journalists and citizens in Europe to
support the fight for press freedom in Turkey,'' added Blicher
Bjerregård. (EFJ, June 20, 2013)
RSF: Déchaînement de violence policière contre les journalistes
Reporters sans frontières condamne fermement les brutalités et
interpellations arbitraires dont sont victimes les journalistes qui
couvrent la répression des manifestations antigouvernementales en
Turquie. Au moins huit représentants des médias ont été interpellés par
la police, le 16 juin 2013 à Istanbul. Les violences se sont largement
multipliées après la prise d’assaut du parc Gezi par les forces de
l’ordre, à Istanbul, dans la soirée du 15 juin 2013. Les journalistes
ont été largement tenus à distance de l’opération et l’accès à la place
Taksim était interdit à tous les professionnels des médias dépourvus de
carte de presse.
« Nous sommes extrêmement inquiets du caractère de plus en plus
systématique des violences policières. Cette brutalité évoque bien
davantage une revanche sans limite que le maintien de l’ordre. Il est
inacceptable que les journalistes soient délibérément pris pour cible,
empêchés de faire leur travail et passés à tabac par des policiers
censés les protéger. Les interpellations illégales doivent
immédiatement prendre fin, et des enquêtes doivent impérativement être
diligentées pour sanctionner les auteurs de ces abus », a déclaré
Reporters sans frontières. « Les autorités doivent clairement condamner
ces agissements et cesser de prendre les médias comme boucs émissaires
dans leurs discours, sans quoi elles donneront l’impression
d’encourager ces débordements », a-t-elle ajouté.
Le journaliste de la chaîne pro-kurde IMC TV Gökhan Biçici, son
cameraman Okan Altunkara, les reporters de l’agence de presse Dogan
(DHA) Ferhat Uludaglar et Ugur Can, le cameraman de la chaîne
nationaliste Ulusal Kanal Emre Fidan, ainsi que le reporter du
quotidien Aydinlik Aslan Sahan, ont été interpellés le 16 juin alors
qu’ils couvraient les affrontements entre les forces de l’ordre et
certains manifestants dans divers quartiers d’Istanbul. Les policiers
ont arraché le masque à gaz de Gökhan Biçici, saisi son iPad et l’ont
longuement traîné à terre. Aux dernières nouvelles, il était toujours
en garde à vue, de même que le photographe freelance italien Daniele
Stefanini, blessé et arrêté hier. Ugur Can et Okan Altunkara ont été
rapidement remis en liberté. Uludaglar a été libéré le 17 juin. D’après
l’agence DHA, plusieurs autres journalistes dépourvus de carte de
presse ont été interpellés. Le quotidien Hürriyet a mis en ligne une
vidéo documentant des incidents similaires.
Plusieurs professionnels des médias ont vu leurs enregistrements
détruits par la police. Dans la nuit du 15 au 16 juin, le photographe
du quotidien Aksam (Soir) Cem Türkel a ainsi été contraint d’effacer
les clichés qu’il avait pris d’affrontements survenus dans le quartier
de Harbiye, non loin de Taksim. Un journaliste indépendant britannique
a raconté à Reporters sans frontières qu’il avait été interpellé et
placé en garde à vue pendant trois heures, dans la nuit du 16 au 17
juin, dans le quartier Osmanbey. Les policiers ne lui ont rendu son
appareil photo et son microphone qu’après avoir supprimé tout ce qu’ils
contenaient. Ils ne lui ont pas rendu son carnet de notes, ni sa carte
de presse.
La journaliste Eylem Düzyol a été agressée à coups de matraque avec sa
collègue Fulya Atalay, alors qu’elle prenait des images à Istanbul le
16 juin. « Nous travaillions sous leurs yeux depuis le matin. La police
savait pertinemment que nous étions journalistes. J’ai même montré ma
carte de presse pour les convaincre. Mais ils ont continué à nous
frapper », a-t-elle raconté à Reporters sans frontières. Les deux
journalistes ont fait part de leur intention de porter plainte. Le même
jour, le journaliste de Today’s Zaman, Abdullah Ayasun, a rapporté sur
son compte Twitter qu’il avait été frappé au visage et plaqué au sol
pendant trois minutes par des policiers qui lui avaient « presque cassé
le bras », bien qu’il leur ait montré sa carte de presse
Les journalistes étrangers n’ont pas été épargnés par ce déferlement de
violence. Le 14 juin 2013, le journaliste russe Arkady Babtchenko a été
brutalement interpellé alors qu’il photographiait des voitures de
police sur la place Taksim. Il a passé la nuit en garde à vue, et se
déplace avec difficulté du fait des coups reçus aux jambes. La
correspondante de la rédaction hispanophone de la chaîne Russia Today,
Alexandra Bondarenko, a été atteinte par une balle en caoutchouc alors
qu’elle couvrait les affrontements dans la soirée du 15 juin. Paulo
Moura, du quotidien portugais Publico, a été passé à tabac par des
policiers le 16 juin.
Selon certains témoignages, les professionnels des médias ont également
été pris pour cible ce weekend par des tirs de gaz lacrymogène à
Ankara, alors qu’ils couvraient les protestations près de la place
Kizilay.
L’Association turque des journalistes (TGC) a demandé au gouverneur
d’Istanbul et aux chefs de la police de mettre un terme aux
interpellations de journalistes, et estimé que les menaces du Premier
ministre à l’encontre des médias « mettaient en péril la sécurité des
journalistes ». Reporters sans frontières partage cette inquiétude : à
chacun des discours tenus devant ses partisans ce weekend, Recep Tayyip
Erdogan s’en est pris aux médias internationaux, accusés de couvrir les
événements de façon biaisée, et a promis de sanctionner ceux qui
s’étaient livrés « à la provocation et à la désinformation » dans les
médias comme sur les réseaux sociaux.
Le bilan des violences subies par les journalistes depuis le début du
mouvement de protestation évolue constamment à la hausse. Reporters
sans frontières a appris que le reporter américain Jake Price (BBC in
Pictures) avait été atteint par un projectile alors qu’il prenait des
photos près du parc Gezi, le 11 juin. Le même jour, le directeur du
service de l’information du quotidien islamiste Zaman, Ibrahim Dogan,
avait été atteint au bras par une grenade lacrymogène lancée par la
police. Il a été hospitalisé à l’hôpital de Taksim avec un bras cassé.
Cihan Acar (Zaman) et Can Sisman (Milliyet) ont également été blessés
par des tirs de grenades lacrymogènes. Le premier a un bras cassé, le
second a dû subir quatre points de suture à l’arrière du crâne. Le 11
juin, deux reporters canadiens de CBC, Sasa Petricic et Derek Stoffel
ont été interpellés et placés en garde à vue pendant une journée alors
qu’ils travaillaient sur la place Taksim.
An urgent call from the Journalists' Union of Turkey
Dear colleagues,
Everything is getting worse.
In Istanbul, yesterday evening, police entered Gezi
Park by using tear gas, water cannon towards civilian people including
women and children. Police also used tear gas within hotels around
where the peoples got in for treatment.
Police does not allow press to work freely in Taksim
or other places where they attack to people. Pictures of a
photo-journalist (Cem Türkel from Akşam daily) has been deleted by
using force in Harbiye near Taksim yesterday night.
Today police began to arrest the doctors from the hotels who treated the peoples.
Police also made operation to some houses to arrest
the leaders of Çarşı group (which is the fan group of Beşiktaş football
team that was very active at the protesting demonstrations.)
Today in Ankara, there was a funeral ceremony for
Ethem Sarısülük who killed by plastic bullet fired by police. Police
does not allow people to meet in Kızılay, the center of Ankara. Police
used water cannon against people, also by targeting journalists and
especially cameramen who try to broadcast in live.
Most of the Turkish media companies do not publish
the realities. The people share the information and pictures mainly by
the social media, and a few tv companies and daily newspapers. The
Radio and Television High Council gave fine sentences for 4 tv
companies because of their broadcasting the demonstration related with
Gezi Park resistance.
Today, it was announced that the publication of Taraf daily has been banned.
At the moment many people within a big shopping center (Cevahir AVM) in
Mecidiyeköy protests police attack and government. Police wait within
the building.
This is an unseen brutally attack against the civilian people in
Turkey. This is a crime against humanity. I make the criminal complaint
against the Prime Minister who ordered the police attack.
The Prime Minister said yesterday at the meeting in Ankara held by his
party: "Everybody should empty Taksim until tomorrow (when there would
be the second meeting of the Prime Minister in Istanbul), otherwise my
police knows how to empty there."
Egemen Bağış who is the Minister of the Responsible for the EU
Relations declared that "everyone who wants to go to the Taksim from
now on are terrorists."
I ask all of you to protest the Turkish government by emphasizing the
situation of Turkey in the freedom of press and expression field.
I ask you to move your governments, the EU authorities to condemn Turkish government.
I hope I could have a chance to travel to Brussels on Wendesday to participate the Speak-up conference.
But before the conference please Speak-up.
Ercan Ipekci
President of the Journalists' Union of Turkey (TGS)
Media banned from reporting on new claims against MİT
An Ankara court issued on Saturday a ban on media reports covering
claims that Turkey’s intelligence agency has been profiling
businesspeople close to opposition parties to prevent them from winning
public tenders and being employed in public service.
The Ankara 6th Criminal Court of Peace announced on Saturday that a ban
had been imposed on reporting about claims laid against the National
Intelligence Agency (MİT) in line with the 24th and 26th articles of
the Constitution, which deal with the revelation of state secrets.
The court also said an investigation had been launched into the Taraf
daily, which claimed in a series of reports during the past week that
MİT has been engaged in illegally collecting data about people and
profiling them in such a manner that well deserves the label of "big
brother" tactics. The press has been banned from covering similar
stories until the investigation is completed.
In a report that appeared on Monday, Taraf claimed that MİT nearly a
year ago concluded protocols with Turkish Airlines (THY) and the
Ministry of Education (MEB), among other public institutions, enabling
the intelligence agency to profile anyone receiving services from these
institutions. According to the report, which was denied by the
intelligence agency, MİT has access to personal information, including
e-mail addresses, photographs and the private information of family
members of people flying with THY, as well as information about
students, together with their parents, who attend schools that fall
under the jurisdiction of the MEB.
In another story, the Taraf daily accused the intelligence agency of
profiling hundreds of people and companies, including politicians from
the main opposition Republican People’s Party (CHP) and businesspeople
close to the CHP and the Nationalist Movement Party (MHP), to inform
the government about their political views, religious affiliation and
other details about their private lives.
The aim, according to the daily, is to prevent those CHP members for
whom records have been kept from being employed in public service and
from taking part in public tenders. Businesspeople who previously
managed to win public tenders have since failed -- after they were
labeled as close to the MHP in the MİT documents -- to win even a
single public tender, the MİT documents demonstrate, the daily
reported.
(TODAY'S
ZAMAN, June 16, 2013)
RTÜK Fines TV Networks on Gezi Resistance Coverage
Turkey's High Council of Radio and Television (RTÜK) issued fines and
warnings on several television networks for “encouraging people to
violence” and “violating broadcasting principles”.
On a meeting yesterday, the council ordered Ulusal TV, Halk TV, Cem TV and EM TV to pay roughly 5,000 euros as penalty.
According to Gazeteport, the council reasoned its decision saying that
these channels broadcasted program content that could harm the
physical, moral and mental development of children and young people.
RTÜK members from Turkey’s main opposition party (CHP) objected to a
report by Content Evaluation Office President - a bureaucrat that
resumed office as interim despite a court on his removal from office.
RTÜK members from Turkey’s opposition parties Hülya Alp and Süleyman
Demirkan (CHP) and Esat Çıplak (MHP) objected to the decision saying
that mainstream media remained silent to Gezi Resistance on its very
first days and public had the right to information. But the remaining 5
members of the commission - who were selected from the quota of
governing AKP - supported the fines and warnings.
(BIA, June 12, 2013)
Eighteen journalists wounded, four others detained in Taksim
In a statement on yesterday's incidents at Taksim Square, Turkish
Journalists Association (TGC) said eighteen journalists were wounded
and four others beaten and detained by police while covering news
during the daylong protests at Taksim Square on Tuesday.
TGC called on the government, the opposition and the media to active
duty to ensure the safety of journalists and underlined that media and
press organizations must resist against all kinds of repression and
perform a transparent duty while covering the news, so that they can
reveal the truths and serve for people's freedom of information.
"Those who have so far turned a blind eye to the severe conditions
press members are facing today, under the repression and threat of
imprisonment, and the politicians who claim that the people have no
demands for the freedom of expression and the press have to see the
truth now", said TGC.
TGC remarked that the criticism that government and opposition side's
criticism directed at the media since the beginning of the incidents
have made press workers become a target. TGC called on politicians to
pay attention to their statements about the media and to provide media
organizations with necessary equipment to guarantee the safety of life
for journalists.
Media organizations are responsible for ensuring journalists a working
environment free from censorship and self-censor, TGC underlined and
criticized the Radio and Television High Council (RTÜK) for imposing a
fine on Ulusal TV, Halk TV, Cem TV and EM TV for allegedly promoting
violence in society by broadcasting scenes of the events during the
last two weeks.
TGC said RTÜK acted in line with the opinions of the government and called on the Council to display an objective attitude.
(BIA, June 12, 2013)
Conférence de presse de Nisanyan à Bruxelles sur la liberté de presse en Turquie
CONFERENCE DE PRESSE
Où en est la liberté d'expression en Turquie ?
par
M. Sevan NISANYAN
(Ecrivain condamné récemment par la justice turque à 13,5 mois de prison)
Le lundi 24 juin 2013 à 10h30
IPC, 155 rue de la Loi, Bloc C, Magritte Room – 1040 Bruxelles
Organisée par:
L'Association des Arméniens Démocrates de Belgique
Les Ateliers du Soleil
L'Institut Assyrien de Belgique
L'Institut Kurde de Bruxelles
La Fondation Info-Türk
RSVP: 0478-240 222 ou 0478-211 592
Qui est Sevan Nisanyan ?
Sevan Nisanyan est un écrivain, linguiste arménien de Turquie, qui a
été condamné par la 14ème Cour pénale d’Istanbul à 13 mois et demi de
prison le 22 mai 2013 pour avoir « ouvertement insulté les valeurs
religieuses d’une certaine partie de la société ».
La condamnation de Nisanyan est une atteinte à la liberté d’expression,
mais cela contribue également à le designer officiellement, à la
vindicte des islamo-nationalistes, comme ce fut le cas de Hrant Dink
avec les nationalistes.
Actuellement, il y a 76 journalistes incarcérés en Turquie. La Turquie
détient le triste record d’être le premier pays dans ce registre avant
la Chine et surtout l’Iran tellement d’écriée. Mais comme c’est allié
de l’Occident, les gouvernements et même les médias sont beaucoup moins
regardants.
A la lumière des évènements et surtout de la répression sanglante qui a
suivi l’occupation du Gezi Parc, le pouvoir Islamo-Nationaliste a
montré son véritable visage au monde entier. Cette arrogance, cette
impunité dont le pouvoir use et abuse devrait déclencher une prise de
conscience en Europe pour s’informer et informer l’opinion publique des
réalités auxquelles font face les peuples de Turquie.
RSF: Vague d’interpellations d’acteurs de l’information
Reporters sans frontières est vivement préoccupée par le nombre
croissant d’acteurs de l’information interpellés en marge du mouvement
de protestation antigouvernementale qui secoue actuellement la Turquie.
« Les interpellations d’acteurs de l’information qui se succèdent à
travers le pays suscitent notre profonde inquiétude. Nous appelons
instamment les autorités à faire preuve de retenue et à cesser de
recourir à de telles mesures, si disproportionnées qu’elles
s’apparentent à une manœuvre d’intimidation. L’exercice des libertés
d’information et de rassemblement ne saurait être criminalisé », a
rappelé l’organisation.
Trentre-quatre cyberactivistes interpellés
Au moins trente-quatre jeunes utilisateurs de Twitter ont été
interpellés à Izmir (Ouest) dans la nuit du 4 au 5 juin. Ils sont
accusés d’« incitation à commettre un crime » (article 214 du code
pénal) et d’« incitation à désobéir aux lois » (article 217). Tous,
sauf un, ont été progressivement relâchés dans la soirée du 5 juin.
Reporters sans frontières demande des explications urgentes quant au
sort de celui qui reste en garde à vue.
Les suspects, impliqués dans le mouvement de protestation
antigouvernementale, avaient posté sur Twitter les numéros de téléphone
des médecins volontaires et des avocats qui portent assistance aux
manifestants. D’après Imdat Atas, avocat de certains des
cyberactivistes interpellés, ses clients sont accusés d’avoir échangé
des informations liées aux interventions policières. D’après lui, ils
avaient également posté une photographie montrant des policiers en
train de traîner par les cheveux une jeune fille dans le quartier
Kordon d’Izmir. « Nous n’avons rien noté qui puisse constituer un
délit. La plupart des accusés ne se connaissent même pas. Il n’y a rien
de sérieux dans leur dossier. Nous estimons que [leur arrestation est
une conséquence] des déclarations du Premier ministre au sujet de
Twitter », a-t-il déclaré.
Parmi les contenus incriminés, figurent les Tweets suivants : « Voici
les codes Wi-fi à utiliser lors de la manif », « On se rassemble sur la
place Gündogdu à 19h30 », « Il y a des flics sur la place Lausanne et
l’avenue des Martyrs de Chypre », « Ils ont lancé du gaz lacrymogène,
n’y allez pas », « Les TOMA [véhicules anti-émeutes] y sont ; ils
projettent du gaz. Ils frappent avec des bâtons. »
Deux journalistes d’Ulusal Kanal interpellés
Mustafa Kaya, correspondant de la chaîne nationaliste Ulusal Kanal
(Chaîne nationale), et son cameraman Serkan Bayraktar, ont été
interpellés à Ankara le 5 juin. Ils retransmettaient en direct la
dispersion d’un rassemblement par les forces de l’ordre, quand des
policiers en civil sont intervenus pour les empêcher d’émettre et
saisir leur matériel. Des manifestants se sont interposés, puis les
deux journalistes ont été interpellés. Selon le Syndicat des
journalistes de Turquie (TGS), ils ont été déférés à la section
antiterroriste de la direction de la sécurité d’Ankara. Ils ont été
remis en liberté en fin de journée.
Une étudiante française risque l’expulsion
Lorraine Klein, étudiante française en journalisme et communication, en
échange Erasmus à l’université de Galatasaray (Istanbul), a été
brutalement interpellée dans la nuit du 3 au 4 juin, alors qu’elle
effectuait un reportage sur les manifestations et photographiait des
barricades dans le quartier de Beyoglu. Après une nuit en garde à vue
et des passages à l’hôpital pour faire constater ses blessures, elle se
trouve actuellement au centre de rétention de Kumkapi. Elle risque
d’être expulsée et interdite de séjour en Turquie pendant cinq ans.
Les locaux de Sol saccagés par la police
Les locaux du quotidien Sol (Gauche), édité par le Parti communiste
turc (TKP), ont été saccagés par les forces de l’ordre à Ankara, dans
la nuit du 3 juin. La police a procédé à une descente dans le bâtiment,
qui abrite également le siège du TKP et le Centre culturel Nazim
Hikmet. La représentante à Ankara du journal, Hatice Ikinci, la
reporter Fatos Kalaçay, ainsi que le directeur du site
www.haber.sol.org.tr, Can Soyer, ont été brutalisés. La police aurait
fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau à l’intérieur du
bâtiment pendant dix minutes. (RSF, 6 juin 2013)
FIJ condamne les violences visant les reporters
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a "condamné"
vendredi "l'usage disproportionné de la force" par les autorités
turques envers les manifestants et les "tirs ciblés de grenades
lacrymogènes" visant particulièrement les journalistes à Istanbul.
Dans une motion d'urgence adoptée au cours de son congrès mondial à
Dublin, la FIJ dénonce "l'usage disproportionné de la force,
l'utilisation massive de gaz lacrymogènes, le recours aux véhicules
blindés pour défoncer les barricades, les tirs tendus de grenade à
hauteur d'homme (...) par les forces de l'ordre en Turquie contre des
manifestants pacifiques".
Elle condamne aussi "les tirs ciblés de grenades lacrymogènes de la
police antiémeute d'Istanbul visant particulièrement les journalistes
de la presse écrite et audiovisuelle" et "s'étonne" des "propos du
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan relatifs à l'impact des
réseaux sociaux comme Twitter qu'il qualifie de +menace pour la
société+".
La FIJ dénonce également "les intimidations verbales et les dégâts
matériels commis par certains manifestants qui (...) se trompent de
cibles en s'en prenant aux journalistes turcs travaillant pour des
médias jugés favorables au gouvernement".
Le congrès de la FIJ a chargé son comité exécutif "d'interpeller le
gouvernement turc sur les événements" pour obtenir notamment la
libération des journalistes en garde à vue et l'abandon des poursuites
éventuelles à leur encontre.
La Turquie est secouée depuis fin mai par des manifestations contre le
Premier ministre et son Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002.
Le mouvement a fait trois morts -deux manifestants et un policier- et
près de 5.000 blessés, selon le syndicat des médecins turcs. Le bilan
officiel fait état de "plus de 300" blessés.
La FIJ a également réclamé vendredi "la libération immédiate" des deux
journalistes français portés disparus en Syrie depuis jeudi, et de
"tous les journalistes pris en otage au cours de ce conflit".
La FIJ comprend notamment les syndicats NUJ au Royaume-Uni, le SNJ-CGT et la SNJ en France, ainsi que la FNSI en Italie.
(AFP, 7 juin
2013)
76 journalistes en prison : il faut soutenir la liberté d'expression
APPEL SUR LE SITE DU NOUVEL OBS:
Les affrontements qui se déroulent
en ce moment en Turquie s'enracinent contre le gouvernement de l'AKP,
le parti au pouvoir accusé de museler l'opinion publique et les
libertés individuelles. Pour le collectif Vigilance Arménienne contre
le Négationnisme, il faut faire bouger la Turquie et soutenir les
prisonniers politiques. Tribune collective d'intellectuels turcs et
arméniens soutenue également par de nombreuses associations.
Les évènements en cours en Turquie traduisent l’exaspération d’une
jeunesse qui ne supporte plus les dérives et l’autoritarisme du
gouvernement AKP de Recep Tayyip Erdogan. L'usage disproportionné de la
force par la police turque est symptomatique de la violence exercée à
tous les niveaux de l’appareil d’État. Depuis 2009, le pouvoir mène en
effet une véritable répression à l’encontre de ses opposants,
emprisonnant des milliers d’étudiants, enseignants, universitaires,
avocats, journalistes et élus.
Sevan Nichanian, emprisonné pour insulte à l'islam
Le collectif Vigilance Arménienne contre le Négationnisme (VAN) ainsi
que les personnalités et associations signataires s’élèvent contre la
décision de la 14e chambre du Tribunal de police d’Istanbul qui a
condamné le 22 mai 2013, l’intellectuel arménien de Turquie, Sevan
Nichanian, à 13 mois et demi de prison pour avoir, dans l’un de ses
articles, "ouvertement insulté les valeurs religieuses d'une certaine
partie de la société".
Ce libre-penseur, bien connu pour ses prises de position estimées
iconoclastes, ne peut bénéficier de sursis pour cause d’une
condamnation antérieure : ayant interjeté appel, il devrait néanmoins
rester en liberté jusqu’à son nouveau procès pour "blasphème".
Condamner Sevan Nichanian, c’est une atteinte à la liberté
d’expression, mais c’est aussi le désigner officiellement à la vindicte
des islamo-nationalistes et intimer le silence aux Arméniens de
Turquie, déjà en proie à des discriminations, des menaces récurrentes
et des assassinats ciblés, suivis de procès biaisés.
Le cas Ragip et Deniz Zarakolu
Ainsi, les véritables commanditaires de l’assassinat, le 19 janvier
2007 à Istanbul, du journaliste arménien de Turquie, Hrant Dink, n’ont
pas été inquiétés jusqu’à présent ; l’exécution par un appelé
ultra-nationaliste le 24 avril 2011, date commémorative du génocide
arménien, du jeune Sevag Balikci, qui accomplissait son service
militaire, a été jugée "accidentelle". Le meurtre raciste de Maritsa
Küçük, une Arménienne âgée, égorgée à Istanbul le 28 décembre 2012, a
été fort opportunément imputé à un Arménien qui ne jouit pas de toutes
ses facultés mentales.
À l’occasion du verdict qui frappe Nichanian, le "Don Quichotte
arménien", il est bon aussi de se souvenir du sort que l’État turc
réserve à ses opposants turcs et kurdes.
Le procès de Ragip et Deniz Zarakolu se tient du 27 mai au 7 juin 2013 à Silivri, à 60 km d’Istanbul.
Si l’emblématique éditeur et défenseur des droits de l’homme, Ragip
Zarakolu, incarcéré pour "terrorisme" le 28 octobre 2011, comparaît en
prévenu libre après avoir effectué 5 mois et demi de préventive, il
n’en est pas de même de son fils Deniz Zarakolu, toujours emprisonné
depuis le 4 octobre 2011 pour avoir donné une conférence sur "La
Politique" d’Aristote, dans le cadre de l’Académie du BPD, parti légal
pro-kurde ayant 36 députés au parlement turc. Doctorant en sciences
sociales, Deniz Zarakolu travaille pour la maison d’édition familiale
"Belge" (prononcer "Belgué" qui veut dire "documents"). Son
incarcération – tout comme celle de son père Ragip – vise à museler
"Belge", renommée pour ses publications sur le génocide arménien et les
droits des minorités de Turquie.
D’autres collaborateurs de "Belge", tels Aziz Tunç, le poète kurde
Mulazim Ozcan, la traductrice Ayse Berktay, attendent dans leur cellule
l’issue de procès-fleuves regroupant des centaines de prévenus et
risquent de lourdes peines de prison à l’instar de l’universitaire
Busra Ersanli, en libération conditionnelle. Enfin, n’oublions pas la
sociologue féministe Pinar Selek, en exil à Strasbourg du fait de son
invraisemblable condamnation à perpétuité au terme de moult procès
kafkaïens.
76 journalistes incarcérés en Turquie
On s’interroge sur l’indifférence générale de l’Europe. Avec 76
journalistes incarcérés, la Turquie, candidate à l’adhésion à l’Union
européenne, a pourtant été désignée en 2012 "plus grande prison du
monde pour les journalistes devant l’Iran, l’Erythrée et la Chine" par
le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Les lois
anti-terroristes en vigueur renforcent la tendance du pouvoir turc à
"assimiler journalisme critique et terrorisme".
Une pétition intitulée "Sevan Nichanian n’est pas seul" a été lancée
par des intellectuels de Turquie, publiée en solidarité avec lui mais
également avec les journalistes Ibrahim Güvenç et Necati Abay qui
viennent de se voir infliger respectivement 10 et 11 ans et de 3 mois
de prison pour "terrorisme".
Le Collectif VAN ainsi que les personnalités et associations
signataires s’associent à cette démarche : tous les militants des
droits de l’homme doivent voir la fin des procédures indues engagées à
leur encontre, qu’ils soient en libération conditionnelle à l’instar de
Ragip Zarakolu et Busra Ersanli, en exil comme Pinar Selek, en prison
tels Deniz Zarakolu, Aziz Tunç, Mulazim Ozcan et Ayse Berktay, en
attente d’un second jugement comme Sevan Nichanian, ou sous le coup de
poursuites au titre du liberticide article 301, "pour insulte à
l’identité turque", comme Rober Koptas, rédacteur en chef du journal
arménien de Turquie Agos, l’écrivain Ümit Kivanç et le journaliste
Temel Demirer.
Il est temps que la France, qui semble avoir abdiqué sur le terrain de
la défense des droits de l’homme en Turquie, trouve le courage
d’affronter ceux qui piétinent l’idée même de démocratie. Elle se doit
d’apporter son soutien à ces femmes et ces hommes d’exception : ils
représentent le seul avenir possible pour un pays qui n’arrive toujours
pas à se défaire de ses tentations totalitaires.
Signataires :
Séta Papazian, Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme], Benjamin Abtan, Président du Mouvement Antiraciste Européen EGAM (European Grassroots Antiracist Movement), Catherine Coquio [Professeur de littérature à Paris 7], Aircrige-Paris [Association internationale de recherche sur les crimes contre l’humanité et les génocides], Serge Klarsfeld, Mémorial 98, Meïr Waintrater, Yves Ternon [Historien], Seve Izouli-Aydin [Avocate], Frédéric Encel [Politologue], Etienne Copeaux [Historien de la Turquie], Claire Mauss-Copeaux [Historienne], Erol Ozkoray [Ecrivain-journaliste - Istanbul/Turquie], Dogan Özgüden [Journaliste - Bruxelles/Belgique], Inci Tugsavul [Journaliste - Bruxelles/Belgique], Jacques Bérès [Président de France Syrie Démocratie], Bernard Schalscha [Secrétaire général de France Syrie Démocratie], MPCT [Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme], André Métayer [Président d’Amitiés kurdes de Bretagne], LICRA [Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme], Alain David [Bureau exécutif de la LICRA, philosophe], Roger W. Smith [Professor of government emeritus, College of William and Mary, Virginia, USA], Jacky Mamou [Président du CUD - Collectif Urgence Darfour], Alain Gauthier [Président du CPCR - Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda], Appui Rwanda, Serge Avédikian [Acteur et réalisateur], Anne Lainé [Cinéaste], Taner Akçam [Historien, Center for Holocaust and Genocide Studies, Clark University, USA], Marcel Kabanda [Président d’Ibuka-France], Cindy Léoni [Présidente de SOS Racisme], Jonathan Hayoun [Président de l’UEJF – Union des Etudiants Juifs de France], Aline Le Bail-Kremer [Directrice de la Communication de l’EGAM - European Grassroots Antiracist Movement].
Les réseaux sociaux dans le collimateur du pouvoir turc
Le gouvernement turc a engagé la chasse aux utilisateurs des réseaux
sociaux, qui ont détrôné les médias traditionnels jugés beaucoup trop
complaisants comme principaux vecteurs d'information sur la
contestation qui agite la Turquie.
Au sixième cinquième du mouvement, au moins vingt-cinq personnes ont
été interpellées mardi à Izmir (ouest) pour avoir tweeté des
"informations fausses ou diffamatoires" relatives aux manifestations
qui se déroulent depuis vendredi dans le pays.
"Auraient-ils déjà supprimé la liberté d'opinion et je ne serais pas au
courant ?", a écrit un utilisateur du réseau de micro-blogging Twitter,
@CRustemov, "qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire d'être arrêté
pour avoir tweeté ?"
Le Comité de protection des journalistes (CPJ), une ONG basée à New
York, a réagi très promptement pour critiquer les velléités des
autorités turques d'encadrer l'internet. "Imposer des restrictions va
promouvoir la rumeur et les conjectures à un moment où le pays a besoin
de faits et d'opinions librement exprimées", a jugé Nina Ognianova.
Comme ce fut le cas dans les "printemps arabes", Twitter et Facebook
ont joué un rôle moteur aux premières heures de la contestation sans
précédent qui vise le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip
Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la
Turquie.
Les manifestants, jeunes en majorité, préparent leur rassemblements et
battent le rappel de leurs troupes sur les réseaux sociaux. Ils y
diffusent aussi une foule de photos et de vidéos dénonçant la brutalité
de la répression policière, lancent des appels à témoins ou diffusent
des numéros de téléphone d'urgence.
Pour beaucoup de protestataires, ces réseaux constituent même le seul
espace de réelle liberté face à des journaux, radios et télévisions
très contrôlés.
"Il n'est pas surprenant que les médias sociaux jouent un tel rôle dans
les manifestations populaires, essentiellement à cause de l'échec des
médias traditionnels", juge Asli Tunc, professeur à l'université Bilgi
d'Istanbul.
"Les jeunes ne lisent plus les journaux ni ne regardent la télévision",
poursuit M. Tunc, "les médias sociaux sont devenus une plateforme de
résistance qui contredit l'idée selon laquelle la jeunesse de ce pays
est très largement apolitique".
Prudence
Au moment où ces nouveaux médias crépitaient de "posts" ou de "tweets",
l'essentiel de la presse turque, largement aux mains de grands
conglomérats jugés proches du pouvoir, a commencé sa couverture de la
contestation très... prudemment.
Alors que les premiers affrontements faisaient rage la semaine
dernière, certaines chaînes de télévision d'information ont refusé
d'interrompre leurs programmes. Ainsi CNN-Türk, qui a diffusé un
documentaire sur les pingouins...
Invité de la chaîne, l'acteur et réalisateur Sermiyan Midyat a protesté
contre ce qu'il a qualifié de censure en retirant en direct sa chemise
pour laisser un apparaître un T-shirt floqué d'un pingouin et du logo
de la station.
Autre anecdote, un animateur de jeu télévisé de la chaîne Bloomberg TV
qui a eu le mauvais goût lundi de faire tourner toutes ses questions à
un candidat sur le thème des manifestations a vu son émission supprimée
dès le lendemain.
Environ 3.000 personnes ont défilé lundi à Istanbul devant le siège de
la chaîne d'information NTV pour dénoncer cette "soumission" au
gouvernement. Et l'association internationale d'écrivains PEN Club
s'est déclarée "choquée (...) par les contraintes imposées aux médias
turcs ces dernières années".
Le relais pris par Twitter n'a pas été du goût du Premier ministre. "Il
existe un fauteur de troubles qui s'appelle Twitter", a-t-il fulminé
dans un discours dimanche, "on peut y trouver les pires mensonges".
Ces propos ont alimenté les craintes de ses utilisateurs, qui redoutent
une nouvelle offensive du gouvernement contre les médias sociaux.
En 2008, la plateforme de distribution de vidéo YouTube avait été
interdite en Turquie après avoir diffusé des images montrant des
supporteurs de football grecs se moquant des Turcs. L'interdiction
avait été levée plus tard sur décision de justice.
En attendant, les utilisateurs de Twitter s'en donnent à coeur joie.
"La révolution ne sera pas télévisée, elle sera tweetée", a résumé un
usager, en@ela_suleymangil.
(AFP, 5 juin
2013)
RSF: Au moins quatorze journalistes blessés par les forces de l’ordre
Reporters sans frontières déplore la poursuite des agressions brutales,
par la police, contre les professionnels de l’information couvrant le
mouvement de contestation de l’“Occupation du Parc Gezi” (Gezi Parki
Isgali) à Istanbul. Selon nos informations, quatorze journalistes ont
été blessés depuis le début des contestations, certains gravement, à
Istanbul et dans le reste du pays. Des dizaines d’autres ont aussi été
affectés par l’usage abusif de gaz lacrymogènes pour disperser les
manifestants.
Regarder la vidéo de CNN Turk
“Ces émeutes se transforment en vague de contestation
antigouvernementale et et ont fait deux victimes et de nombreux blessés
parmi les manifestants et les observateurs du mouvement. Nous
regrettons que malgré les multiples appels au calme lancés depuis la
fin de semaine dernière et le retrait partiel des forces de police de
la place Taksim à Istanbul, les violences policières continuent”, a
déclaré Reporters sans frontières.
“Nous condamnons avec vigueur le fait que plusieurs journalistes ont
été délibérément pris pour cibles par les forces de l’ordre durant les
événements. Nous nous joignons à l’indignation ressentie et exprimée
par des dizaines d’autres organisations, comme l’Association turque des
journalistes (TGC). Nous demandons que la sécurité des journalistes
couvrant les manifestations soit garantie et que le mouvement de
contestation bénéficie d’un traitement neutre et impartial sur les
médias publics”, a poursuivi l’organisation.
Le mouvement de contestation vis-à-vis du pouvoir et de son projet
d’urbanisme au Parc Gezi, situé sur l’emblématique place Taksim à
Istanbul (rive européenne), a causé en une semaine deux morts et
plusieurs centaines de blessés selon les derniers bilans. Des
professionnels des médias ont été atteints par des jets d’eau et des
grenades lacrymogènes projetées contre les manifestants.
Ainsi le photoreporter de l’agence britannique Reuters, Osman Orsal, a
été grièvement blessé, le 31 mai, par une grenade lacrymogène qui l’a
atteint à la tête. Le journaliste a été touché à proximité du Consulat
de France à Istanbul, dans le district de Beyoglu. Transféré à
l’hôpital de Taksim, il a reçu neuf points de suture. Son état de santé
s’améliore.
Osman Orsal est l’auteur d’une photo déjà emblématique de la répression policière lors du mouvement d’occupation du Parc Gezi.
Déluge de balles
Un autre photoreporter du quotidien libéral Hürriyet (« Liberté »),
Selçuk Samiloglu, a été touché au cours de la nuit du 31 mai par une
balle en caoutchouc tirée à partir d’une arme à feu. Blessé à la main
droite, le journaliste a ensuite reçu un projectile sur la tête. Après
avoir subi une intervention chirurgicale dans une clinique mobile
avoisinante, il a été transporté dans le même hôpital de Taksim pour
des points de suture. Ses jours ne sont pas en danger.
Le reporter du quotidien de gauche Günlük Evrensel (« Quotidien
Universel ») et de la chaîne nationaleHayat TV (« Vie »), Ismail
Afacan, a été blessé à l’œil lors d’une intervention à jet d’eau depuis
un blindé de la police le 31 mai. Le journaliste a été projeté à terre
et sa caméra a été endommagée. Le reporter du quotidien Sol (« Gauche
»), Onur Emre, fait aussi partie des journalistes blessés par une
capsule de gaz lacrymogène. Son collègue d’Ankara, Fatos Kalaçay,
aurait été agressé par les forces de l’ordre alors qu’il couvrait les
manifestations en cours dans la capitale en signe de solidarité avec le
mouvement de Taksim.
Deux autres reporters ont été brutalisés : le journaliste de l’agence
de presse Dogan (DHA), Ugur Can, et sa consoeur du quotidien Taraf («
Camps »), Tugba Tekerek, qui aurait également été insultée.
Le reporter de la chaîne privée ATV (proche du gouvernement), Mesut
Ciftçi, et le cameraman Ismail Velioglu ont été blessés respectivement
à l’épaule et à la main par des balles en caoutchouc le 1er juin. Les
journalistes ont été admis à l’hôpital de Taksim à Istanbul. Leurs
jours ne sont pas en danger. Le reporter du quotidien de gauche Birgün
(« Jour »), Olgu Kundakçi, a été, lui aussi, blessé par une balle en
caoutchouc reçue à la tête.
Un journaliste de la chaîne nationale privée Kanal D, Erhan Karadag, a
été interpellé par la police d’Ankara, la nuit du 1er juin, au motif
qu’il soutiendrait le mouvement de contestation qui a gagné la
capitale. Il a été retenu à la direction de la sécurité d’Ankara puis
libéré le lendemain matin. Son avocat affirme que son client a été
arrêté pour avoir apporté du lait aux manifestants, afin que ces
derniers l’appliquent sur leur visage pour soulager l’effet du gaz
lacrymogène.
Ahmet Sik, qui a été atteint à la tête le 31 mai, a quitté l’hôpital de
Taksim le 1er juin, dans l’après-midi. Ses points de suture derrière la
tête seront retirés dix jours plus tard.
« Silence médiatique »
Sur la place Taksim, les manifestants ont aussi protesté contre les
grands médias, y compris les chaînes d’information en continu, lesquels
gardent le silence sur le déroulement des événements. Des acteurs, des
écrivains, des musiciens, ainsi que des intellectuels ont protesté
contre l’attitude des médias de large audience depuis le déclenchement
des manifestations. Ces personnalités reprochent aux chaînes NTV (dont
le car a été renversé par les manifestants), CNN Türk, Haber Türk,
Kanal D, ATV, Star TV, Show TV et TRT, ainsi qu’aux quotidiens Star,
Sabah et HaberTürk d’assurer une couverture partiale de l’information.
Par ailleurs, certains de ces médias ont diffusé le discours du Premier
ministre prononcé devant un parterre d’hommes d’affaires. Dans son
discours, Recep Tayyip Erdogan a accusé le CHP (Parti républicain du
peuple) d’utiliser ce mouvement à des fins politiques. Il a demandé
l’arrêt des manifestations et a été contraint de reconnaître l’usage
abusif de la force par la police d’Istanbul, notamment dans son
utilisation des gaz lacrymogènes. Une enquête judiciaire est en cours.
Les manifestants se sont organisés grâce aux réseaux sociaux qui ont
permis un accès immédiat à l’information. Le Premier ministre Erdogan a
manifesté le 2 juin, son hostilité vis-à-vis des réseaux sociaux, plus
particulièrement Tweeter. Dans certains quartiers d’Istanbul, Internet
a été rendu inaccessible pendant quelques heures et certains sites web
de médias ont été hackés. Des perturbations ont également été relevées
sur les communications par téléphones portables. On en ignore les
raisons. (RSF, 4 juin 2013)
Erdogan gets into row with Reuters reporter over Taksim protests
Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan argued today with Reuters
reporter Birsen Altaylı about the seven-day long Taksim Gezi Park
protests, accusing her of misinforming her agency about the situation
in the country.
“Don’t tell me that all of society [is supporting the protests], I will
not believe it,” Erdoğan told the reporter. “There might be extensions
of ideological structures [behind the protests]. This might have gotten
them to revolt. You have to see that. What haven’t we done in this
country that [led the protesters to] take such a step?” said Erdoğan.
Altaylı also asked the prime minister whether more protesters were
coming out onto the streets because he had underestimated their
strength.
Erdoğan replied, asking what he could do to moderate the protests. “If you can tell me [what to do], I’ll do it,” he said.
“There is 50 percent of [the country who voted for the ruling Justice
and Development Party - AKP], and we can barely keep them at home [and
prevent them from coming onto the streets for counter-protests]. But we
have called on them to calm down,” the prime minister said after
Altaylı said the people on the ground did not represent any single
party and that they included students and housewives, unlike Erdoğan’s
claims.
After the Reuters reporters said the people on the ground had demands
about education and recent alcohol restrictions, Erdoğan said he had
seen no demands about education and accused Altaylı of misinforming her
agency about the situation.
Before Altaylı’s question session with the prime minister, she had 195
followers on Twitter, but the number exploded to more than 54,000
shortly after the argument.
The protests were triggered last week when a group of people were
exposed to gas and water cannon as they attempted to prevent the
construction of a shopping mall in a park on Taksim Square. (hurriyetdailynews.com, June 3, 2013)
Manifestation à Istanbul pour dénoncer la "soumission" de la presse turque
Environ 3.000 personnes ont défilé lundi à Istanbul pour dénoncer le
travail jugé partial des médias turcs au sujet du mouvement de
protestation antigouvernemental qui secoue la Turquie depuis quatre
jours, ont indiqué des manifestants à l'AFP.
"Presse vendue !", "on ne veut pas d'une presse soumise", a scandé la
foule, rassemblée devant les locaux du groupe de médias Dogus Holding,
qui détient notamment la chaîne d'information en continu NTV.
Les manifestants ont également protesté contre "la soumission" de nombreux groupes
de presse, dont la couverture de la protestation dirigée contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est jugée trop timide.
A l'inverse, les réseaux sociaux se sont massivement mobilisés dès
vendredi pour relayer les appels à manifester dans tout le pays et
dénoncer la brutalité des interventions des forces de l'ordre.
La presse écrite et télévisée en Turquie est largement contrôlée par des conglomérats
jugés proches du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.
Seuls quelques journaux et chaînes de télévision affichent leur
indépendance ou même leur opposition politique au pouvoir mais
subissent, selon les organisations de défense de la presse, des
pressions politiques et financières de sa part.
(AFP, 3 juin
2013)
Distinguished Turkish political exile Güzin Dino died in Paris
One of the distinguished Turkish political, literary
scholar, linguist,
translator and writer Güzin Dino died at the age of 103 in Paris on May
30, 2013. She was married with the painter Abidin Dino, another famous
political exile, who died earlier in 1993.
Subject to political pressure and prosecution, Abidin
Dino left Turkey in 1952 to settle in Paris, France. She followed her
husband in 1954 to France.
Güzin Dino worked in the French National Centre for Scientific Research
(CNRS), and was an instructor at the Institut national des langues et
civilisations orientales (INALCO).
By translating the works of the poet
Nazım Hikmet and the writer Yaşar Kemal into French language, she
introduced Turkish literature into France. Her translations were
published by many renowned publishing houses, and her essays found
positive interest by French and American journals.
She served also many
years as the head of the Turkish language section of the Radio France
Internationale (RFI).
Güzin Dino continued to live her entire life
alone in Paris after Abidin's death from throat cancer.
Telling about her life with Abidin Dino, the Turkish policy and the
memories with Nazım Hikmet to the younger generations, she used to
lament that "That country never showed respect and dignity for its
valued citizens".
RSF: Les autorités doivent mettre un terme aux violences policières à Istanbul
Reporters sans frontières condamne fermement la violence dont sont
victimes les journalistes qui couvrent le mouvement de protestation «
Occupy Gezi Park » à Istanbul, depuis quelques jours. Les
professionnels des médias subissent à la fois la violence indiscriminée
avec laquelle les forces de l’ordre dispersent les manifestants, et des
attaques ciblées.
« Les excès de violence répétés auxquels se livre la police d’Istanbul
sont intolérables et doivent impérativement faire l’objet d’un rappel à
l’ordre. Des enquêtes complètes et impartiales doivent être diligentées
pour identifier et sanctionner les policiers qui s’en prennent
délibérément aux journalistes. La police est tenue de faire respecter
l’ordre public, mais aussi de protéger les professionnels des médias
dans l’exercice de leurs fonctions », a rappelé l’organisation.
Dans la matinée du 31 mai 2013, alors qu’il photographiait les
affrontements non loin de députés du parti d’opposition CHP, le célèbre
journaliste indépendant Ahmet Sik a été atteint à la tête par une
grenade lacrymogène. Les observateurs présents sur place assurent que
le projectile, lancé à une dizaine de mètres de distance, visait
délibérément le journaliste. Blessé à l’arrière du crâne et au côté
droit du visage, Ahmet Sik a été hospitalisé. Selon le représentant de
Reporters sans frontières en Turquie, Erol Önderoglu, il est conscient,
mais les médecins préfèrent le garder en observation et effectuer des
analyses complémentaires.
De nombreux autres journalistes ont été affectés par l’usage massif et
disproportionné de la force par les forces de l’ordre. Hüseyin Özdemir,
photoreporter du quotidien Milliyet, a fait état de troubles
respiratoires, les environs de parc Gezi étant constamment plongés dans
un épais nuage de gaz lacrymogène. Emrah Gürel, photographe du
quotidien Hürriyet, a été blessé à la jambe dans des circonstances
encore floues.
La destruction du parc Gezi dans le cadre du chantier de piétonisation
de la place Taksim, dans le centre d’Istanbul, a été annoncée fin
avril. Les opposants au projet occupent les lieux depuis le 26 mai,
conduisant à l’interruption des travaux. Les forces de l’ordre sont
intervenues à plusieurs reprises depuis lors pour les disperser, à
chaque fois plus brutalement. Le 30 et le 31 mai, à l’aube, elles ont
lancé des raids contre le camp des manifestants, faisant usage de
véhicules blindés, de canons à eau et de grandes quantités de gaz
lacrymogène. Des tentes ont été brûlées et selon certains témoignages,
des manifestants ont été poursuivis alors qu’ils fuyaient les lieux par
les rues avoisinantes.
La police d’Istanbul s’est déjà rendue responsable de plusieurs incidents similaires ce mois-ci.
Voir le photoreportage de Hürriyet Daily News
No Acquittal For Women activist Canan Arın, Case Suspended
An Antalya court suspended the trial of Canan Arın - advocate and
founder of Mor Çatı women organization who was charged with “insulting
Prophet Mohammed and President Abdullah Gül - providing that she will
not be sued over the same charges for the next 3 years. She was charged
for a prison sentence up to 5 years. The suspension decision was taken
according to the third judicial package.
“I should have been acquitted instead. It was my expectation. I am not
satisfied with the outcome,” Arın said after the hearing.
The court also overturned its former decision to have lawyers from Antalya Bar Association join the trial.
What happened?
During a conference organized by Antalya Bar Association between
December 3-4, 2011 on “Violence Against Women and Women Rights Law”,
Arın reminded that early marriages was a common practice in Turkey’s
history mentioning the marriages of Prophet Mohammed and President
Abdullah Gül.
A group of male advocates filed lawsuits against Arın for “insulting
the islamic prophet” and were granted to become a plaintiff by the
court as they were “muslim”.
Judicial advisory studies conducted by academicians from Galatasaray
and Yeditepe University, as well as Prof. Dr Nur Centel found no
evidence of crime in Arın’s statement.
Last week, 85 women worldwide organizations from 31 countries released
a statement supporting Canan Arın and wrote a letter to President
Abdullah Gül to bring awareness on the issue on an international level.
(BIA, May 30, 2013)
Kurdish
Question / Question kurde
Final declaration of the Peace and Democracy Conference in Europe
The final declaration of the Peace and Democracy Conference in Europe
pointed out that the participants of the conference have undertaken
task of peace as the constituents of the peace and democracy process.
The final declaration, which was prepared following a series of debates
and proposals during two days of the conference in Brussels, was
approved by the delegates.
The sixteen-point declaration called on the AKP government and the
Turkish parliament to fulfill their responsibilities for the immediate
initiation of the second stage of the democratic solution process.
The declaration urged the AKP government to end its interventionist and
threatening policies against neighboring countries and called on
European countries to urgently end the arms sale and the military and
intelligence support they provide for the Turkish state.
The declaration also pointed out that the Turkish state needed to face
all massacres Armenians, Assyrians, Ezidis and Alewis have suffered on
these lands, the unsolved murders and the truth on disappeared people.
The declaration called on all individuals and institutions siding with
peace, democracy and labor to act together for the achievement of a
honorable and fair peace.
The final declaration said that:
1- Our conference believes it is essential to form a pluralist,
equitable and liberal constitution for the achievement of a lasting
peace and continuation of the negotiation processes, to grant equal
constitutional rights for all nations and belief groups and to
establish countrywide democratic self-governance systems basing on the
European Charter of Local Self Government. We believe the practice of
democracy and the building of peace constitute an entire totality.
2- We however put emphasis on our concerns over the problems that
constitute an obstacle to the advancement of the peace and democracy
process in mutual trust. We are of the opinion that the failure of the
beginning of the second stage of the three-stage action plan and the
recently revealed authoritarian sense of politics in the face of Gezi
protests lead up to significant problems considering the fact that the
first stage of the resolution process began with a ceasefire and
continued with the withdrawal of guerrilla units (from Turkish
borders). The AKP government and the Turkish parliament should fulfill
their responsibilities to strengthen the democratic solution and peace
process and to enable the beginning of the second stage, which includes
the initiation of a legal-constitutional process, immediately so that
the steps aiming to ensure mutual confidence do not remain as one sided.
3- In order to ensure the advance of negotiations with success, it is a
must to provide Mr. Abdullah Öcalan with necessary conditions of
health, security and freedom and to ensure that he gets in contact with
the Turkish parliament, public opinion and representatives of various
social circles. Our conference calls on the AKP government to take all
these steps in the soonest time.
4- The AKP government must pave the way for democratic politics to
ensure that the revealed historic opportunities of peace could be used
for the benefit of peoples and the negotiation process could become
socialized. To achieve this purpose, we call on the government to
remove all the obstacles to democratic politics (democratization of the
law on political parties and election law and the removal of the
election threshold etc.) to end all precautions that restrict the
freedoms of expression, organization, meetings and demonstrations,
press and broadcast, and to create a democratic environment where
everyone can receive education in their mother tongue and use it in all
areas of life.
5- In this respect, we urge the Turkish republic to meet the
requirements of the international conventions it is a party to, such as
the Charter of the United Nations, the Universal Declaration of Human
Rights and the European Convention on Human Rights, to end the
violation of human rights, to abide by the rule of law and the
principle of separation of powers strengthened by equilibrium and
inspection mechanisms, to immediately remove all drawbacks concerning
all international conventions for basic rights and freedoms, European
Charter of Local Self Government, Convention on the Rights of the
Children and Convention on the Elimination of all Forms of
Discrimination Against Women (CEDAW) being in the first place, and to
sign other conventions on human rights and nature conservation.
6- We demand the urgent implementation of legal arrangements necessary
to enable the release of all ill, child and political prisoners. In
connection with this, we call on the government and the parliament to
make necessary legal arrangements to ensure that all those exiled to
Europe in tens of thousands, as victims of military coups and the dirty
war in the country, can return their homeland and be granted all their
citizen rights.
7- Our conference calls upon the Turkish parliament to contribute to
the domination of a manner and language of politics conformed with the
spirit of peace in order to enable the advancement of the
democratization process, to abolish the coup constitution and to
prepare a new democratic constitution with the participation of all
social circles.
8- Our conference demands constitutional assurance for all houses of
worship as well as the ending of the constrained building of mosques in
the villages inhabited by Alewis, Assyrian-Syriacs, Armenians and
Ezidis as part of assimilation policies. The new constitution should
present a secular description of the state, abolish the Directorate of
Religious Affairs and end compulsory religion lessons. The houses of
worship seized by the state should be returned to relevant belief
groups and the name Yavuz Sultan Selim proposed for the third bridge in
Istanbul should be recalled for insulting the Alewi community.
9-Our conference believes the construction of a free and common future
depends on confronting our past. It is a precondition for peace to face
all massacres of Armenians, Assyrian-Syriacs, Ezidis, as well as the
Dersim, Maraş, Çorum, Sivas, Gazi and Roboski massacres being in the
first place, and unsolved murders and disappeared people. It is also
essential for the achievement of democratization and a lasting peace to
ensure the trial and punishment of the perpetrators of all prescribed
crimes against humanity.
10- Believing that peace and democracy is an indispensable necessity
for Turkey, four parts of Kurdistan and the Middle East, our conference
calls on the AKP government to end its interventionist and threatening
policies against neighboring countries.
11- The attendees of the conference, as people in solidarity with Kurds
in Rojava and peoples in Syria and feeling the pains they are
suffering, declare objection to all kinds of interventions in this
region. We declare that we are always standing by the Syrian peoples in
their struggle for building an equal, free, democratic and peaceful
future.
We also demand that light is shed on perpetrators of the Paris
massacre, bans on political institutions in Turkey and Kurdistan be
removed and those arrested for their connection with these institutions
be released.
12- As attendees of the European Conference for Peace and Democracy, we
see ourselves as the constituents of the peace and democracy process.
Our task includes not only monitoring the negotiation process but also
taking part in the process as intervening subjects, ensuring the
broader participation outside the constituents of the conference for
the socialization of the peace and negotiation process, and briefing
the democratic community in Europe about the process and to enable
their provision of contribution to peace.
13- As constituents of the conference, we call on all people who come
from Turkey and Kurdistan and live in Europe, and all the institutions
and establishments formed by these people to join the struggle in
Turkey for equality, justice and democratization. We point out that we
are open to different opinions in this regard, thinking that the
assurance of diversities will be achieved by means of the co-movement
of all victims.
14- We announce that we will be giving a common struggle as people who
have common demands and approaches about the achievement of peace,
solution and democratization. We declare that it is our common and
strong will to display determination about enhancing the struggle for
the socialization of the peace and democratization process and
negotiations, and for crowning the struggle for equality, freedom,
labor, rights and ecological justice with democracy.
15- Considering its determination that gender dilemma is one of the
basic problems of the 21st century, we point out that women, the most
dynamic and founding actor of community, cannot be handled separately
from the society.
Any intervention on women constitutes an intervention on the society.
Our conference declares objection to all kinds of attacks that target
women. It adopts the determination for equal participation in all areas
of the society basing on the principle of equality with diversities.
16- Our conference has been a strong will serving for solution, peace
and democratization by gathering together many various circles that
come from Turkey and Kurdistan and live in Europe. Our conference sees
it as one of its basic duties to organize a peace struggle from bottom
to top in order to contribute to the construction of a lasting peace
and a common democratic future.
Our conference has decided on the formation of a Peace and Democracy
Assembly to conduct the works it aims. It also decided on the
establishment of commissions affiliated to the Assembly, including a
truth and justice commission, a commission for briefing the European
community, public relations commission, law, arrangement and new
constitution commission, women's freedom commission and youth's
commission.
We call on all individuals and institutions that side with peace,
democracy and labor to take part in the joint struggle for the
achievement of a lasting peace, an equitable and liberal constitution
and the construction of a common democratic future.
Well aware of our responsibilities, we announce to our peoples and the
public opinion that we have undertaken the task of an honorable and
fair peace. (ANF, 30 JKune 2013)
Peace and Democracy Conference in Europe opened in Brussels
The Peace and Democracy Conference in Europe, the 3rd conference to
debate and decide on a working plan for the democratization of Turkey
and the resolution of the Kurdish question, has opened in Brussels on
Saturday.
The conference has been organized as part of the four conferences
Kurdish leader Abdullah Öcalan proposed as a necessity for the ongoing
process of talks aimed at a peaceful and democratic solution to the
Kurdish question. The first two Peace and Democracy conferences were
held on 25-26 May in Ankara and 15-16 June in Amed (Diyarbakır).
Following the conference in Brussels, the fourth one will take place in
Hewler in the coming months.
The conference is being attended by a number of institutions and
individuals including representatives of Kurdish, Turkish, Armenian,
Pontus-Greek, Assyrian-Syriac, Laz, Circassian, Arab and Roman peoples
and Alewit, Ezidi, Christian and Islamic organizations, as well as
Siirt deputy mayor Selim Sadak and BDP (Peace and Democracy Party)
deputy Nazmı Gür.
The first session of the conference included presentations about the
outcomes of the Ankara Conference, of the Amed Conference and of the 3.
Ankara Great Alevi Congress, by Saruhan Oruç, member of the People's
Democratic Congress (HDK).
Following the opening speeches by KNK (Kurdistan National Congress)
co-chair Nilüfer Koç, Kongra-Gel President Remzi Kartal and KADEP
Chairperson Lütfi Baksi, the session continued with the reading of the
message Kurdish people's leader Abdullah Öcalan sent to the conference.
Öcalan put emphasis on the importance of the conference in terms of
providing contributions of great importance to the ongoing process of
negotiations.
He said the democratic solution process has entered the second stage
and remarked that this stage required concrete steps without being left
in suspense.
The Kurdish leader said it was time to build peace that should dominate
the entire Middle East region on the basis of a new paradigmatic change
in Turkish-Kurdish relations. He said the Kurdish Liberation Movement
has decided on the withdrawal of armed units of the PKK (Kurdistan
Workers' Party) in order to give a chance to a solution. “It is thanks
to PKK's fulfillment of its responsibilities that deaths have ended and
the withdrawal process has been finalized to a large extend. It is now
the government's turn to make a move and to enable the achievement of
democratic politics now that I have conveyed to the government my
proposals about the progress of the second stage”, he said.
Öcalan said the government's making necessary legal and constitutional
amendments was the major step it is expected to take in this process in
order to create a system that guarantees everyone's right to democratic
politics. He said this stage required concrete steps without facing the
risk of being left in suspense, noting that everyone should avoid
statements and practices that may deepen the lack of confidence in the
process.
The Kurdish leader said the government's failure to pave the way for
democratic politics would conflict with the meaning of the resolution
process. However- he added- we will continue making an effort and
giving a struggle for the achievement of this purpose.
Öcalan called on the Kurdish people in diaspora, representatives of
classes and cultures, women, oppressed sects and belief groups and all
those excluded by the system to ensure active participation in the
process of democratic politics and struggle by means of the Peace and
Democracy Conference in Europe.
The second session of the conference witnessed debates and proposals
handling the question “What sort of Turkey does the people of Turkey
and Kurdistan living in Europe want?”.
Workers and BDP members march in Istanbul to protest Lice clashes
Turkish public sector workers joined members of the pro-Kurdish Peace
and Democracy Party (BDP) in a peaceful march through Istanbul's
İstiklal Avenue to protest the killing of a demonstrator by the
security forces in the southeastern Diyarbakır province yesterday.
Clashes had broke out in Diyarbakır's Lice district between soldiers
and demonstrating villagers who were denouncing the construction of a
gendarmerie outpost.
The group held banners reading, "We don't want outposts but peace" and
"Resist Lice, resist Gezi Park." BDP deputies Sırrı Süreyya Önder, who
was also very active during the early Gezi Park protests, and Sabahat
Tuncel also participated in the march.
Protestors also held posters of Medeni Yıldırım, the 18-year-old victim of the Lice clashes.
Peace won’t come this way
Önder said that the government was showing a lack of determination in
the peace process. “Someone who wants peace does not waste time
building outposts. Civilians expressing their outcry in a peaceful way
were fired upon. All their wounds were on their back. Peace won’t come
this way,” Önder said.
He also said that there were many parallelisms between the social
demands of Gezi Park protesters and Kurdish people. The government
should use this brutal incident as a reason to review its policies,” he
added.
Tuncel also slammed the attempt of building outposts, saying that it reminded the Kurdish people of torture and death.
"The ruling Justice and Development party should remove the commander
of the gendarmerie station and do what's right. You didn't understand
Gezi Park, and if you don't understand Lice you will be unable to cope
with the [peace] process," Tuncel said.
“All those who don’t come out into the streets will be accomplice of the massacre,” she added.
Turkish security forces had opened fire killing 18-year-old Medeni
Yıldırım and wounding ten others during a demonstration against the
construction of a new gendarmerie outpost in the Kayacik village.
The incident had raised huge outcry and fear that it could derail the
ongoin peace process as the Interior Ministry commissioned four
inspectors to investigate into the incident.
(hurriyetdailynews.com,
June 29, 2013)
Kurdish mourners blast Turkish gov’t after shootings
Hundreds of Kurds chanted anti-government slogans at the funeral on
Saturday of a demonstrator killed by security forces in southeast
Turkey, raising fears of violence at weekend protest marches planned
around the country.
Turkish security forces killed one person and wounded ten on Friday
when they fired on a group protesting against the construction of a new
gendarmerie outpost in Kurdish-dominated southeastern Turkey.
The incident, in Kayacık village in Diyarbakır province, appeared to be
the most violent in the region since a ceasefire declaration by jailed
Kurdish rebel chief Abdullah Öcalan in March in a decades-old conflict
between his fighters and the Turkish state, and it risks derailing the
nascent peace process.
The mourners in the city of Diyarbakır warned Turkish Prime Minister Tayyip Erdoğan to respect the peace process.
"Behave, Erdoğan, don't push us to the mountains!" they chanted,
referring to the camps of Öcalan's Kurdistan Workers Party (PKK) in the
mountains of northern Iraq from where they used to attack targets
within Turkey.
In a mark of solidarity with the Kurds, Turkish public sector workers
joined members of the pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP) in a
peaceful march through İstanbul on Saturday.
The Kurdish tensions come at a time of increased vigilance and
nervousness among Turkish security forces after weeks of unrelated
anti-government protests in İstanbul, Ankara and other cities in which
four people died and thousands injured.
Erdoğan tried on Friday to reassure Turkey's Kurds that those protests,
quelled with water cannons and tear gas, would not harm the peace
process in the southeast.
"The peace process was not affected (by these protests)... and our
brotherhood grew stronger thanks to our people's common sense," he said.
Turkey's interior ministry said four inspectors would investigate
Friday's incident, which it said had involved up to 250 people
attacking the construction site. It said the death resulted from
warning shots fired to disperse the crowd. (Reuters, June 29, 2013)
Soldiers opened fire on protestors in Lice, one dead and ten wounded
According to the reports received, soldiers from Kayacık military in Diyarbakır's Lice district post
attacked villagers who took to the streets today to protest against the
construction of additional buildings to the military post in the
village. The wounded protestors have been taken to Lice public hospital.
Villagers responded to soldiers with stones and set fire to three tents where workers of the building are staying near the post.
Gendarme regimental command has sent armored vehicles and a number of soldiers as well as special operation teams to the area.
A protestor, Medeni Yıldırım, was killed after the
bloody attack by Turkish soldiers. Yıldırım's body has been taken to morgue in Lice public
hospital where casualties are being treated.
Ten people are reported wounded in the attack, including Salih
Bedirhan, Ramazan Çakır, Veysi Özmen, Mehdi Aslan and 16 years old
Ronida Pervane.
A delegation of the Peace and Democracy Party (BDP), including co-chair
Gültan Kışanak and DTK (Democratic Society Congress) co-chair Aysel
Tuğluk have left for Lice where tension is quite high and the number of
casualties is feared to increase.
BDP co-chair Gültan Kışanak and independent Van deputy Aysel Tuğluk have gone to the site to collect clear information.
The attack in Lice was marked at the forums in Istanbul parks, which
emerged in the aftermath the Gezi Park protests that shook the city for
more than three weeks.
Participants in the forums at city parks both on the Asian and European
sides of Istanbul chanted slogans today in support of the people in
Lice and condemning the violence there. (ANF, June 28, 2013)
BDP launches campaign for urgent action by Turkish government
Peace and Democracy Party (BDP) has announced the outcomes of the Party
Council and Central Executive Board meeting it held in the main Kurdish
city Amed on 27-28 June.
The statement by BDP pointed out that the ongoing process in search of
a democratic and peaceful solution to the Kurdish question has entered
its second stage. The party indicated that the ongoing first stage has
proved its success with the maintenance of the non-conflict environment
for the last six months without any kind of actions from the Kurdish
side violating the process.
Remarking that Kurdish people's leader Abdullah Öcalan has conveyed his
proposals to the government for the second stage of the resolution
process, BDP said the government must now take urgent steps for the
accomplishment of the second stage.
BDP noted that the party has launched a campaign calling for urgent
steps from the government, adding that the campaign will be started
with the mass marches to take place in Amed, Mersin and Adana on 30
June.
BDP said HPG (People's Defense Forces) guerrillas have agreed on the
withdrawal and put it into practice with no preconditions upon the call
by Kurdish leader Abdullah Öcalan.
Remarking that the people cannot leave the matters of democracy and
freedom to the initiative of the AKP government, BDP said “It is our
basic duty to establish democracy and to lead the march to freedom. The
urgent duty that must be fulfilled today is to advance the second stage
of the democratic solution process and to take a common action with all
social circles that demand democracy. Considering the fact that the
democratic solution process has been initiated by Mr. Öcalan, it is our
duty and responsibility to ensure its advancement”.
BDP said that the campaign calling on the government to take steps will
start with the marches in Amed, Mersin and Adana and continue in all
areas during the summer season demanding freedom for Öcalan as well as
more democracy and more freedom.
BDP said the Kurdish people, Women's Councils being in the first place,
will also take to the streets in mass to bring those to book who raped
a sixteen years old girl in Bingöl. We will create public sensitivity
to the fight against prostitution and drugs and also develop social
policies in this respect”, it said.
BDP ended its statement by calling on all circles in search of
democracy, freedom, peace and a honorable life to organize activities
and events in support of the democratic solution move.
(ANF, June 28, 2013)
No Peaceful Promise from Erdogan to "Wise Persons"
The group of "Wise Persons", which was gathered by the government as
part
of the recent bid to find a solution to the Kurdish issue, submitted
their final reports to Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan in Istanbul
on June 26. Although the reports by the "Wise Persons" asked for a
deeper democratisation and the recognition of all fundemantal rights of
the Kurdish people, Erdogan replied them by omitting any promise
for peaceful solutions.
Four members of the group were missing after two academics, Murat Belge
and Baskın Oran, resigned a day earlier, and two others declared
excuses.
Oran, who was the first on Friday to announce that he would not attend
the final meeting of the commission, told Today's Zaman that the
government has been sabotaging the settlement process since the new
year by having not uttered a single word on the reforms as concerns the
Kurdish issue. “The prime minister's style and rhetoric during the Gezi
Park protests provoked everyone,” said Oran in reference to Erdoğan's
definition of Öcalan as the “chief of the terrorists.” Oran reacted to
Erdoğan by saying, “The one who you call the chief terrorist is your
partner [in the negotiations].”
On Tuesday, Belge announced that he would not attend the final meeting
in a column published in the Taraf daily. It is no longer possible to
attend the meeting of the wise people while being critical of how the
prime minister managed the three-week crisis, Belge said. He added that
the choice of words and language the prime minister used to describe
those who had participated in the Gezi Park protests were also a
“personal insult” directed at him.
The meeting between "Wise People" commission and Turkish Prime Minister
Recep Tayyip Erdoğan ended in the evening, lasting shorter than
expected as Erdoğan listened only to the presidents of the delegations
on the grounds that he had another program for late today.
According to the information ANF obtained, Erdoğan made no mention of
his AKP's projects about the ongoing resolution process.
Referring to the withdrawal of Kurdish guerrillas from Turkish borders,
Erdoğan reportedly said that “Only 10-15 percent of the groups has
finalized the withdrawal, with the rest creating problems for still
being present in their areas”. Erdoğan claimed that Kurdish guerrillas
detained people in some regions.
Erdoğan continued speaking about the construction of dams in the
Kurdish region, defending that the enhancement of dam constructions had
nothing to do with "security" policies but was related with
arrangements in international water management policies. "Turkey will
be facing water shortage should we fail to build these dams", he said.
The PM remarked that the construction of new military posts in the
Kurdish region was supposed to continue as a need for border security
and a precaution against potential internal problems considering the
probability of various developments in Syria, Iran and Iraq.
Referring to demands for education in Kurdish, Erdoğan said his
government had no constitutional projects on the mother tongue issue.
"Turkish is the only official language and we have already enabled
Kurdish as an elective course", he said.
The PM alleged that they employed no further village guards, saying
they retired old village guards from th system and could appoint the
rest to various institutions by granting all their social rights.
Erdoğan noted that their reform works were going on, remarking that
they had however no reform package concerning the resolution process.
Maintaining his attitude towards the10 percent election threshold in
Turkey, the highest in Europe, the PM pointed out that they in no way
considered removing the threshold. "They should make an effort to pass
it", he said, referring to the parties remaining below the threshold.
Erdoğan said they would take notice of the reports of the "Wise People"
commission, collect all the outcomes of these works into a book and
share it with the public.
Report highlights urgent need for deeper democratization
The report prepared by the Southeastern Group of the "Wise People"
Commission has highlighted urgent need for deeper democratization in
order to solve the decades-old Kurdish dispute and terrorism problem
through introducing constitutional, legal and administrative changes to
the political system in address to demands of Turkey’s Kurds.
After analyzing the underlying dynamics and causes of the decades-old Kurdish dispute, The 39-page report
presents a proposal including a long lists of demands to bring a
permanent and viable solution to the simmering conflict which killed at
least 40,000 people over the past three decades.
Led by Yılmaz Ensaroğlu, the southeastern group comprising of several
academics, intellectuals and artists worked for more than two months to
finalize its report after meeting hundreds of representatives of
non-governmental organizations (NGO), rights groups and civil society
groups in the southeastern region.
According to the report, majority of the people in the region demand
constitutional guarantee for Kurds’ cultural and political rights. The
major rights of Kurdish population, such as education in one’s mother
tongue, identity, political decentralization, equality and others must
be guaranteed in constitutional basis.
The demands of region’s people fall into some major categories such as
constitutional demands, changes on administrative level, demands which
require legal regulations, demands based on rights stemming from
international treaties.
According to the report, people address the need for introduction of a
new definition of citizenship, a much more inclusive in comparison to
existing one in the current constitution in which citizenship is
defined in reference to Turkish ethnicity.
The removal of the compulsory military service, the removal of
obstacles on freedom of thought and religion, a decentralized political
system in which governors of provinces are elected by locals, not
appointed by government in Ankara, granting a status to Kurds in the
constitution, recognition of right of education in one’s mother tongue
on constitutional ground, introducing constitutional guarantee to all
minority groups in the country constitute the major demands on
constitutional level.
The report also insists the need for adopting programs for social
rehabilitation of militants once they return to home after de-armament
of the terrorist Kurdistan Workers’ Party (PKK) is fully completed as
part of the settlement process aimed at finding a political and
peaceful solution to the Kurdish dispute and armed conflict.
The removal of the mechanism of village guards also bears critical
importance for the settlement process, the report said in reflecting
thoughts of locals regarding the security mechanism that long endured
due to the ensuing armed conflict until this year.
The report also suggests that establishment of truth commissions is
required to investigate the crimes committed by state officials during
the three decades of the armed conflict in a move to heal the wounds in
the region and to restore the sense of justice.
Peace and Democracy Conference in Europe to open on 29 June
The Peace and Democracy Conference in Europe, the 3rd conference to
debate and decide on a working plan for the democratization of Turkey
and the resolution of the Kurdish question, will be held on 29-30 June
2013 in Brussels.
The first two Peace and Democracy conferences were held on 25-26 May in
Ankara and 15-16 June in Amed (Diyarbakır). Following the conference in
Brussels, the fourth one will take place in Hewler in the coming months.
Participants invited to the conference include 30 institutions and
organizations, various ethnic and religious groups as well as prominent
personalities from Turkey and North Kurdistan who live in Europe. The
conference is expected to be attended by some 350 participants
representing 60 organizations, associations and a great number of
individual VIPs from many European countries.
A committee consisting of 14 representatives of various associations
and organizations has carried out the preparations for the conference
and held talks with all relevant circles in Europe.
The drafting committee, involving representatives of the national,
religious, gender based, and cultural organizations, issued a call to
all the ancient ethnic peoples of Anatolia and Mesopotamia now living
in Europe, namely Arabs, Armenians, Assyrian-Syriacs, Circassians,
Greeks, Kurds, Laz, Roms, Turks, and those of repressed beliefs: Alevi,
Christian, Ezidi, Jewish, Muslim, to support the Peace and Democracy
Conference where common ideas will be discussed and a programme will be
developed that reflects the democratic aspirations and demands of all
the oppressed peoples.
The committee called on all these groups to gather at the conference
for founding together an equitable and free life with their proper
identities, without oppressing and being oppressed. “During the
historic process that we are going through, an opportunity for a
lasting peace has been created that lays the foundation for a free and
democratic future for all our peoples. This period marks a turning
point for the future of everyone. The peoples living in Europe who can
trace their origins to Kurdistan and Turkey are a fundamental part of
this process. All the peoples and religious groups who have suffered
massacres, exile and have been cut off from their lands as a result of
the repressive policies of the Turkish Republic must be involved in
this process and put forward their own demands”, the committee
underlined.
The first session on the first day of the conference will include
presentations about the outcomes of the Ankara Conference, of the Amed
Conference and of the 3. Ankara Great Alevi Congress.
The second session on the same day will handle the question “What sort
of Turkey does the people of Turkey and Kurdistan living in Europe
want?”. It will witness discussions on the designation of the problem
and resolution suggestions about the following points;
a) the problems and suggestions of ethnic and belief identities living in the Europe
b) the reasons of exiles and their problems and their return projects
c) the problems originated from Turkish State of Migrant workers, the labour exploitation and suggestions
d) the unique problems originated from Turkish State of Migrant Women and Youths and suggestions
e) the negative roles and demands of EU and EU countries with the politics of Turkey
The third session on the second day will debate the role that people
living across Europe and originated from Turkey and Kurdistan might
play while building the Democracy and Peace process, including
discussions and suggestions around
a) the active participation of all peoples
and organisations living across Europe and originated from Turkey and
Kurdistan to the Democracy and Peace process,
b) what kind of diplomatic and lobby activities must
be conducted to create awareness in European Public and Politics to the
Democracy and Peace process (Discussions and suggestions to adopt
global democratic principals and agreements to Turkey)
The fourth session will handle discussions and decisions towards
organisation methods for building the future and mutual struggle as
well as planning and decision drafts.
The last session will include final declaration and closing.
The Place of the Conference:
Boulevard International 7, 1070 BRUSSELS
Please do not hesitate to contact us if you need any further information
Tel: 0032 – 489 592 192 (english) / 0032 - 485041539 (german)
e-mail: demokrasibariskonferansi2013@gmail.com
The institutions and personalities that called for the conference:
Armenians from Dersim
Association of Protecting Laz Language and Culture (LAGEBURA)
Assyrian-Syriac Federation in Germany and Central Europe
Communist Party of Kürdistan
Confederation of Oppressed Migrants in Europe (Aveg-Kon)
Confederation of Alevis Unions in Europe
Confederation of Kurdish Associations in Europe (KON-KURD)
Europe Karerli Association in Europe
European Federation of Pontus Greeks
European Peace Assembly
European Platform of Exiles
Federation of Democratic Alevis (FEDA)
Federation of Democratic Workers Associations
Federation of Ezidi Associations
Federation of Kurdish Associations in Germany (YEK-KOM)
Freedom and Solidarity Party (ÖDP Europe)
Group of Ezidi Scholars
Human Rights Association Germany-Turkey (TÜDAY)
Inititative of Freedom to Ocalan
Islam Party of Kürdistan
Journalists' Union of Kürdistan
Karakoçan Association in Europe
Kurdish Institute
Kurdish Women Movement in Europe
Kürdistan Federation of İslam Community
Peace Inititative of Kurdish and Turkish Women -Stockholm
Revolutionary Proletariat (A World to be Lived)
Socialist New Establishment Party
Sweden Peace Assembly
Union of Socialist Women
Derwich Ferho (Brussels Kurdish Institute)
Doğan Özgüden (Journalist)
Günay Aslan (Journalist-Writer)
İ. Metin Ayçiçek (Journalist-Writer)
İnci Tuğsavul (Journalist)
Mahmut Şakar (Lawyer, MAF-DAD)
Murat Çakır (Journalist-Writer)
Mustafa Ayrancı (The Union of Workers of Turkey in Netherlands)
Remzi Kartal (President of Kongra-Gel)
Teslim Töre (Politician)
Zeynel Özen (Politician)
Zübeyir Aydar (Member of KCK Executive Council)
(ANF-DIDF, June 26, 2013)
Öcalan initie une nouvelle étape dans le processus de paix
Le chef emprisonné des rebelles kurdes de Turquie, Abdullah Öcalan, a
annoncé mardi le début d'une deuxième étape dans le processus de paix
engagé avec les autorités d'Ankara, après la fin prochaine du retrait
de ses combattants du territoire turc.
"A l'heure actuelle, nous sommes passés à la deuxième étape. J'ai
présenté à l'Etat (turc) par écrit nos propositions sur les modalités
de cette deuxième étape", a déclaré M. Öcalan dans un message remis
lundi à des députés kurdes qui lui ont rendu visite sur l'île-prison
d'Imrali (nord-ouest), où il purge une peine de prison à vie.
Les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont
commencé à se retirer le mois dernier vers leurs bases du nord de
l'Irak, première étape de l'accord passé entre le chef rebelle et
Ankara pour un règlement au conflit kurde qui a coûté la vie à plus de
40.000 personnes depuis 1984.
Selon les médias turcs, le retrait des rebelles touche à sa fin.
La deuxième étape devrait permettre au gouvernement islamo-conservateur
turc de faire les réformes nécessaires pour accroître les droits de la
communauté kurde de Turquie, estimée à environ 12 à 15 millions sur 76
millions d'habitants.
Le dirigeant kurde a indiqué qu'il souhaitait mener le processus en cours à son terme.
"J'espère que l'Etat prendra en considération nos propositions
concernant la deuxième étape et parviendra aux bonnes conclusions",
a-t-il souhaité dans son message, se disant convaincu que "malgré
certaines obstructions (...) nous parviendrons au but".
La semaine dernière, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP,
pro-kurde), impliqué dans le processus de paix, avait appelé le
gouvernement à accélérer les réformes, attendues d'ici les vacances
parlementaires début juillet.
Les Kurdes revendiquent des amendements au code pénal et aux lois sur
les élections de façon à favoriser la minorité kurde. Ils réclament
aussi le droit à l'éducation en langue kurde, ainsi qu'une forme
d'autonomie régionale.
Une frange de l'opinion turque reste catégoriquement opposée aux
discussions engagées par le gouvernement avec le chef du PKK, largement
considéré comme un "terroriste".
(AFP, 25 juin
2013)
Karayılan calls on EU delist PKK as a terrorist organization
In an interview to German daily Die Presse's correspondent Wieland
Schneder, KCK (Kurdish Communities Union) Executive Council President
Murat Karayılan called on the EU to remove the PKK (Kurdistan Workers
Party) from the list of terrorist organizations.
Karayılan remarked that the Turkish government must make the next step
in the ongoing solution process, noting that the first phase, the
withdrawal of Kurdish guerrillas from Turkish borders, is about to end
by now.
Karayılan commented Gezi protests as a manifestation of Turkey's need
for democracy, adding that he didn't think the protests would have a
negative effect on the peace process in search of a democratic solution
to the Kurdish question. “I am of the opinion that the public demand
for democratization should be united with Kurdish people's demand for
peace. There are no doubt nationalist circles among the demonstrators
taking part in Gezi protests. This movement could therefore lead up to
wrong ways should the protestors give the control away to these
circles”.
Karayılan pointed out that the AKP government should understand the
fact that Turkey's democratization depended on Kurdish question's
solution.
Asked about his opinion about the consideration of the PKK as a
terrorist organization by the U.S. and the EU, KCK Executive Council
President said that; “It is not acceptable that a movement sympathized
by millions of Kurds is still being regarded as a terrorist
organization. The EU can provide a contribution to the ongoing peace
process by removing the PKK from the list of terrorist organizations.
Should it fail to do so, it means that Europe is not interested in the
peace process between the PKK and the Turkish state”.
Asked whether it was the situation in Syria that forced the Turkish
state to establish dialogue with PKK, Karayılan said that, “It may have
had some effects but is not the basic reason for the initiation of
negotiations. The main reason is the revolutionary operation the
Kurdish movement launched in Turkey's Kurdistan together with the
Kurdish people. On the other hand, the formation of a defacto autonomy
in the Kurdish region and the strengthening of the position of the
Kurdish side in Syria has made the Turkish government angry”.
Karayılan, asked whether PKK had ties with the PYD (Democratic Union
Party) or any other organizations in Syria, pointed out that PKK had no
wings or organizations in Syria affiliated to itself. “There are a
number of Kurdish parties in Syria and PYD is one of them. What differs
PYD from other parties is the fact that it bases on our leader Abdullah
Öcalan's ideology and philosophy. It is quite natural that a party or a
person could be inspired by the ideology of a leader who has written
over 300 books so far”.
(ANF, 23 June
2013)
Northern Kurdistan Conference in Amed calls for an immediate solution
The two day “Northern Kurdistan Conference for Solution and Unity” in
the main Kurdish city Amed has ended on Sunday. The conference was
organized as a part of the four conferences Kurdish leader Abdullah
Öcalan suggested should take place in the ongoing process in search of
a peaceful and democratic solution to the Kurdish question.
The final declaration of the conference called on the government to
take more sincere steps for the solution of the Kurdish question and
demanded Kurdish leader Abdullah Öcalan's freedom to ensure a healthy
progress in the solution process.
Reading the Turkish side of the final declaration, which was released
in Kurdish as well, DTK (Democratic Society Congress) co-chair Aysel
Tuğluk underlined that "the conference which was attended by Kurdistani
identities has been a significant step serving for a free future for
Kurdistan".
Tuğluk listed the following thirteen points decided on at the conference;
* Mr. Öcalan created a historic opportunity and taken concrete and
sincere steps for a democratic and peaceful solution to the Kurdish
question. Our conference has stated that the government must also take
steps displaying the same sincerity and seriousness.
Our delegation is concerned over the language the government is still
using and the attitude it is displaying, the construction of new
military posts in the Kurdish region and the increase in the employment
of village guards. It calls for the ending of these practices which
lead to the loss of public trust and questioning of the government's
sincerity towards the process.
In this respect, our conference demands freedom for Abdullah Öcalan,
the main actor of the democratic solution process, in order to ensure a
healthy progress in the solution process.
* Our conference decided that no lasting solution could be achieved for
the Kurdish question unless Kurdistan gains a status. It was agreed
that the people of Kurdistan have the right to national
self-determination (such as autonomy-federation-independence) on the
basis of their own decisions and choices.
* Our delegation demands the formation of a contemporary and democratic
constitution and constitutional guarantee for Kurds' right of
organization, for mother tongue education and for the recognition of
Kurdish as official language.
*Kurdistan is facing great social problems such as poverty, migration,
unemployment and ecocide. Our conference puts emphasis on the
importance of the establishment of a mechanism that shall include
politics, NGOs, local administrations, and the transfer of public
funding to Kurdistan on the basis of positive discrimination principle.
Our conference expresses its trust in the youth in the establishment of
Kurdistan's future and attaches importance to their will.
*Legal arrangements are required to enable the release of all political
prisoners in jails, child and ill prisoners in particular.
The Turkish state must fulfill its responsibilities to shed light on unsolved murders and mass graves.
*Considering its evaluation of the gender paradox as one of the basic
problems of 21st century, our conference points out that the situation
of women, the most dynamic and the founding actor of the community,
cannot be handled as distinguished from the society. Any kind of
intervention against women is an intervention in the society. Our
conference declares objection to all kinds of attacks targeting women.
The Kurdish women's role in the fight for Kurdistan serves as a model
to the entire world. Our conference embraces women's determination for
equal participation in all stages of the social life on the basis of
gender equality.
*The policies of the Turkish state and the false consciousness they
raise lead up to significant problems for the peoples living in
Kurdistan territory, such as Armenians, Assyrians, Arabs, Turkmenians,
and belief groups such as Muslims, Christians, Jews, Ezidis and Alewis.
We see it a must to face the past of these peoples and to build a new
and equal life for them. Our conference will make great efforts to
provide the conditions needed to enable identities to lead a free life
basing on their beliefs. Northern Kurdistan Conference for Solution and
Unity calls for the return of all circles that monist policies forced
to leave their territory in the 20th century.
*Our conference announces support to the popular revolution people in
Rojava reformed on the basis of their own power and politics. It
considers it significant that their unity and alliance should be
ensured under the umbrella of Kurdish High Council. It indicates that
each person in Kurdistan should protect the achievements accomplished
in Rojava. It condemns the dictator regime and all attacks some gang
groups affiliated to the Syrian opposition launch against Rojava. Our
conference calls on Rojava to keep its door open and the people of
Kurdistan to launch aid campaigns for Rojava. It urges the
international community to demand that relevant Syrian mechanisms
officially recognize the Rojava Kurdistan.
*Our conference attaches vital importance to the gathering of the
National Conference and announces that it will be doing its part in
this respect. It calls on Iraqi President Jalal Talabani, Kurdistan
Federal Region (KRG) President Massoud Barzani, KCK (Kurdish
Communities Union) Executive Council Presidency and all other powers in
Kurdistan to take steps for the gathering of the National Conference as
soon as possible.
* The conference delegation expresses respect and gratefulness to all
individuals and structures that have provided contribution to the cause
of Kurdistan.
*Our conference calls on the United Nations, the European Union, İKÖ
and all peoples in the world to display responsibility towards the
struggle the people of Kurdistan give for justice, freedom and
equality. Our conference urges all international organizations and
states to delist the PKK (Kurdistan Workers' Party) from terrorist
organizations.
*The conference delegation decided on the establishment of a “Unity and
Solution Committee” to represent the will of the Northern Kurdistan
Conference for Solution and Unity. In a way open to broader
participation, the committee will be authorized to monitor all the
decisions the conference makes, establish commissions in the event of
need and to gather the Conference again at a later time. The committee
will perform its works on the basis of its mission as the operative
body of the democratic negotiation process.
* Our conference calls on the peoples of Turkey to recognize the will
presented at the conference and to urge the Turkish Republic to
recognize the rights of Kurdish people. Our conference also supports
the democratic and fair struggle of Turkey's peoples. (ANF, June 20,
2013)
Turquie : quand la contestation croise la question kurde
Par Jean Marcou
Au cours des derniers jours, le mouvement de Gezi Parkı a volé la
vedette de l’actualité turque au «processus de règlement» de la
question kurde. Il faut dire que ce dernier avait déjà commencé à se
faire discret. Après de premières initiatives spectaculaires, comme les
visites des députés du BDP à Abdullah Öcalan, le leader du PKK
emprisonné sur l’île d’İmralı, et l’appel de ce dernier au
cessez-le-feu, ce processus était presqu’entré dans la routine, ses
phases successives s’enclenchant sans surprise, comme si elles avaient
été répétées de longue date. La dernière d’entre elle, amorcée le 8 mai
dernier (cf. notre édition du 11 mai 2013), avait vu, comme prévu, les
militants du PKK commencer à se retirer du territoire turc et certains
annoncer qu’au train où il se déroulait, ce retrait ne prendrait pas
plus d’un mois. Mais depuis une dizaine de jours, l’attention se
polarise sur Taksim et sur les lieux qui cristallisent la contestation
en Turquie. Le règlement de la question kurde est-il pour autant
oublié, voire même menacé dans son existence ?
Si le mouvement de protestation parti de Gezi Parkı est parvenu, contre
toute attente, à rassembler un ensemble extrêmement hétérogène de
contestataires et de mécontents, allant de l’extrême-gauche aux
nationalistes, en passant par les militants associatifs, des
féministes, des alévis, des étudiants, des syndicalistes, des
écologistes ou des fans de clubs de supporters (…), il n’a guère attiré
les Kurdes. Les provinces du sud-est, si promptes à s’embraser, sont
restées étonnamment calmes, ces derniers jours. En dépit de quelques
déclarations de sympathie et même si certains de ses députés ou de ses
militants ont été vus sur les barricades, le BDP est donc prudemment
resté en dehors du coup.
Force est de constater que Gezi Parkı survient au plus mauvais moment
pour la cause kurde, celui où un règlement d’ensemble du premier
problème de la démocratie en Turquie semblait être enfin à portée de
main. À bien des égards, le processus engagé a largement reposé
sur la personne de Recep Tayyip Erdoğan et sur sa capacité à faire
reculer les hostilités et les nationalismes les plus radicaux qui se
manifestaient jusque dans son propre camp. Ainsi, dès lors qu’un
mouvement nouveau et inattendu entame l’autorité du chef du
gouvernement, cela peut avoir des conséquences sur le bon déroulement
du «processus de règlement».
Le 7 juin 2013, Abdullah Öcalan a quand même salué le mouvement de
Taksim, en déclarant qu’il constituait une véritable «rupture», mais il
l’a aussi mis en garde contre les risques d’instrumentalisation
nationaliste venant entre autres des réseaux Ergenekon ! Une manière de
ne pas enfoncer totalement le gouvernement en l’occurrence. Les propos
du leader kurde ont été de surcroît rendus publics par une délégation
du BDP qui revenait de l’île d’İmralı et qui a surpris par sa
composition, puisque ne comprenant que Pervin Buldan et Selahattin
Demirtaş, et se passant des services de Sırrı Süreyya Önder (interviewé
sur la photo), qui a été la grande révélation du «processus de
règlement», mais qui a surtout été vu au premier rang des manifestants
lorsque le mouvement de Taksim a commencé. Les dirigeants du BDP ont
certes affirmé que le gouvernement n’était pas intervenu dans la
composition de la délégation en question, mais l’on peut penser que
l’absence du fantasque Önder dont Erdoğan a dit à plusieurs reprises
qu’il était imprévisible, n’était probablement pas pour déplaire, en
pareilles circonstances, au leader de l’AKP. Après avoir entre autres
rencontrés le président Gül pour tenter de faire cesser les violences
policières, l’ancien réalisateur de cinéma a d’ailleurs appelé les
animateurs de la contestation de Gezi Parkı, à transformer leur
mouvement en un «festival». Un conseil qu’ils ne sont pas loin d’avoir
suivi d’ailleurs !
En ces jours d’effervescence, le BDP est-il donc trop prudent, voire
suspect de vouloir sauver le soldat Erdoğan ? Peut-être, mais cette
attitude se comprend mieux quand on se rend compte que, soucieux de
protéger les acquis des premiers développements du «processus de
règlement», les Kurdes n’entendent pas devenir un bouc-émissaire tout
désigné pour le cas où ils s’impliqueraient par trop dans les
manifestations en cours. Et puis, certains mots d’ordre nationalistes
ou kémalistes, qui traversent le mouvement de contestation sans pour
autant l’incarner dans sa totalité, ne sont pas sans les inquiéter. Le
MHP demeure farouchement hostile au «processus de règlement», et le CHP
s’est divisé sur la question, sa direction se montrant néanmoins
particulièrement critique à l’égard des premiers efforts de paix
entrepris.
Dès lors, tout en laissant une marge de manœuvre à leurs militants et
partisans, les principales forces représentatives kurdes préfèrent
attendre que l’orage passe, en priant pour qu’il ne soit pas fatal, non
seulement au gouvernement mais aussi à son chef qui, depuis qu’il s’est
mis en tête de régler le problème kurde, en a fait comme on pouvait s’y
attendre, un de ses nouveaux grands projets, presqu’aussi important que
le 3ème pont, le 3ème aéroport, le Kanal d’Istanbul et bien sûr le
réaménagement de la place Taksim réunis…
(http://ovipot.hypotheses.org/, 11 juin 2013))
Peace and Democracy Conference in Europe to be held on 29-30 June
The Peace and Democracy Conference in Europe will take place in the
Belgium capital Brussels on 29-30 June and witness participation from
Europe and Scandinavian countries as well as by the representatives of
all ethnic groups in European diaspora, belief groups, political
groups, left-wing, democrat and opponent groups and all other circles
supporting the democratic solution process.
The drafting committee of the Conference held its second meeting in
Brussels on Saturday, following the first meeting on 19 May. The
committee has finalized preparations on the context of the conference,
including the topics to be discussed and the number of participants to
attend the conference which has been increased to 300 due to great
interest.
The two-day conference will be held in four separate sessions, among
which the first one on the first day, titled 'Opening and
Presentations' will handle the questions what kind of a Turkey is
wanted by the Kurds and Turks living in Europe, problems of ethnic and
belief identities in Europe and their proposals on these problems,
reasons and problems of the European diaspora and the return project,
Turkey-based problems of immigrant workers, women and youth,
exploitation of labor and proposals for a solution, negative roles the
EU and EU countries play with their policies on Turkey.
The second day will witness two sessions, of which the first one will
be titled "the role people of Turkey and Kurdistan living in Europe can
take in the process of democracy and peace". The session will witness
presentations and proposals on the active participation of all Turkish
and Kurdish peoples and structures in the democracy and peace process
and proposals on the diplomatic and lobbying work to be practiced by
the European Public Opinion and Politics with an aim to create
sensitivity towards the democracy and peace process.
The last session of the conference will be titled "the mechanisms to be
used by the people of Turkey and Kurdistan living in Europe for their
participation in the process" and include presentations and debates on
the "ways of organization for the construction of a democratic future
and a joint struggle".
Following the planning of decisions to be reached after the
presentations and debates, the conference will end after the approval
of the final declaration.
During the second meeting, the drafting committee also saluted the Gezi
park resistance which is going on within the second week today and
called for the enhancement of the joint struggle in Europe to ensure
mass and effective participation in the resistance by the constituents
of the conference. (ANF, June 11, 2013)
Ocalan approuve et salue les manifestations
Le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
Abdullah Öcalan, a approuvé vendredi les manifestations
antigouvernementales qui secouent la Turquie depuis huit jours, en
dépit de ses négociations de paix en cours avec les autorités turques.
"Je trouve le mouvement de résistance plein de sens et je le salue", a
déclaré M. Öcalan, dans un message lu par le vice-président du Parti
pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde), au retour d'une visite
sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest), où le chef rebelle purge une
peine de prison à vie.
Il a en revanche appelé dans ce message les manifestants, qui réclament
la démission du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip
Erdogan, à se prémunir contre toute éventuelle récupération par des
mouvements nationalistes turcs, a rapporté la chaîne d'information
CNN-Türk sur son site Internet.
"Personne ne doit se laisser utiliser par les milieux nationalistes et
putschistes", a-t-il conseillé aux manifestants, les encourageant au
contraire à s'ouvrir aux forces "démocratiques, révolutionnaires
patriotiques et progressistes de Turquie".
Concernant le processus de paix en cours depuis plusieurs mois en
Turquie entre le PKK et Ankara, M. Öcalan a estimé qu'il s'était à ce
stade "acquitté de ses responsabilités et au-delà".
"J'espère que le gouvernement fera ce qui lui incombe avec le même
sérieux. Ceux qui croient en ce moment qu'ils peuvent m'utiliser et me
berner se trompent", a-t-il prévenu.
Malgré l'échec de plusieurs tentatives précédentes, le gouvernement
turc a repris à la fin 2012 des discussions avec M. Öcalan pour tenter
de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts
depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984.
Les combattants du PKK ont commencé le 8 mai à se retirer du sol turc
pour rallier leurs bases du nord du Kurdistan irakien, un mois et demi
après l'appel historique de M. Öcalan à se retirer.
En échange de son retrait, le PKK a exigé des réformes en faveur des
Kurdes de Turquie, qui réclament la reconnaissance de droits
spécifiques, notamment le droit à l'éducation en langue kurde, pour
leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une forme
d'autonomie régionale.
(AFP, 7 juin
2013)
Echange de coups de feu entre la guérilla et l'armée
Des rebelles kurdes ont échangé lundi des coups de feu avec des soldats
turcs, pour la première fois depuis le cessez-le-feu proclamé le 20
mars par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé
l'état-major de l'armée turque.
"Un groupe de terroristes a tiré des coups de feu d'intimidation sur
une base de l'armée (...) dans la ville de Sirnak, dans le sud-est (du
pays) et un hélicoptère a riposté en légitime défense", a indiqué le
commandement militaire dans un communiqué.
Un soldat a été légèrement blessé lors de cet incident par une pierre
qui ricochait, selon la même source, qui n'a donné aucune précision sur
d'éventuelles victimes dans les rangs rebelles.
Les combattants du PKK ont commencé le 8 mai à se retirer du sol turc
pour rallier leurs bases du nord du Kurdistan irakien, un moi et demi
après l'appel historique de leur chef emprisonné Abdullah Öcalan à se
retirer.
Les quelque 2.000 combattants du PKK doivent achever leur retrait de Turquie d'ici au début de l'hiver.
Malgré l'échec de plusieurs tentatives précédentes, le gouvernement
turc a repris à la fin 2012 des discussions avec M. Öcalan, qui purge
une peine de prison à vie, pour tenter de mettre un terme au conflit
kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
En échange de son retrait, le PKK a exigé des réformes en faveur des
Kurdes de Turquie qui réclament la reconnaissance de droits
spécifiques, notamment le droit à l'éducation en langue kurde, pour
leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une forme
d'autonomie régionale. (AFP, 3 juin
2013)
BDP: EU should redefine PKK’s terrorist organization status after process
If the ongoing peace process is successful, there will be no need to
keep the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) on the list of
terrorist organizations, the co-chair of the Peace and Democracy Party
(BDP) Selahattin Demirtaş said in Brussels May 29.
“If the violence ends, the weapons end, it is not necessary to define
[the PKK] as a terrorist organization. Quite on the contrary, this can
put the process at risk,” Demirtaş said following a meeting with the
President of the European Parliament Martin Schulz and the head of the
EU-Turkey Joint Parliamentary Committee Hélène Flautre. “The [terrorist
organizations] list should be reviewed in order to support and
facilitate the transition of PKK militants to a normal life or to
politics.”
Demirtaş also called on the EU to encourage the current process in
Turkey. “We said that the PKK was withdrawing all its militants from
Turkish soil and we have indicated that the EU should play an
encouraging role for the stage of laying down the arms.”
Support for new charter
Following a meeting with the EU Enlargement Commissioner Stefan Füle a
day earlier, Demirtaş said that his party would “lead and support” the
new Constitution, which is currently being written.
“As you know, we have a clear manner regarding the new charter. If
Turkey makes a new Constitution, the BDP will absolutely be a part of
it, lead it and support it.” The two discussed recent political
developments in Turkey, notably the peace process, the drafting of a
new civilian Constitution, and recently passed legal changes, as well
as the need for further reforms, according to a written statement from
the European Commission released after the meeting.
For his part, Füle expressed the European Union’s support to Turkey in
this process. “I reiterated our decisive support for the peace process.
Ending terrorism is a key objective which will allow the Kurdish issue
to be solved, bringing peace and prosperity to southeast Turkey,” Füle
said. (hurriyetdailynews.com,
May 31, 2013)
Minorités
/ Minorities
Slain German publisher’s wife denied Turkish citizenship
Suzanne Geske, the widow of Tillmann Geske, who was killed in the 2007
Malatya Zirve Publishing House massacre, has been denied Turkish
citizenship.
Living with her children in the eastern province of Malatya, where the
massacre took place, Geske is determined to continue her struggle for
citizenship. Geske told the Hürriyet Daily News that they faced some
difficulties due to the alleged reports issued by the Turkish National
Strategies and Operations Department (TÜSHAD).
“We saw in the ongoing Zirve Publishing House massacre case that TÜSHAD
forged false reports about us. They submitted the reports to the
prosecutor. The reports were also sent to the National Intelligence
Agency (MIT). My attorney went to the Interior Ministry for the
procedures about my citizenship but they told him that a citizenship
could not be granted to me due to these reports,” Geske said.
When asked whether she was considering leaving Turkey if she could not
obtain citizenship, Geske said “I don’t have a plan yet. I only believe
in God. If God wills, I will take the citizenship one day.”
Geske also said all the smear campaigns made against her, her family and friends were unjust.
Three missionaries, including Tillman Geske and two Turks, Necati Aydın
and Uğur Yüksel, were tied up and tortured before their throats were
slit at the Zirve Publishing House, a Christian publisher in Malatya,
on April 18, 2007. Before the incident, Father Andrea Santoro and
Armenian journalist Hrant Dink were murdered. (hurriyetdailynews.com,
June 26, 2013)
Génocide arménien : le pape François enfonce le clou
La semaine dernière, alors qu'il recevait Sa Béatitude Nersès Bédros
XIX Tarmouni, le primat de l’Église catholique arménienne, le pape
François avait déclaré que « le premier génocide du XXe siècle a été
celui des Arméniens » (en 1915).
En 2006, alors archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait
déjà appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien comme « le
plus grave crime de la Turquie ottomane contre le peuple arménien et
l'humanité toute entière ». Il n'avait pas encore réaffirmé cela
publiquement depuis son élection.
Ses propos ont en tout cas provoqué une réaction de la Turquie qui, par
la voix de son ministre des Affaires étrangères, a répondu : « Ce que
l'on attend du pape, c'est qu'il contribue à la paix dans le monde,
avec toute la responsabilité de la place spirituelle qu'il occupe, pas
qu'il ressorte des différends du passé ». Le ministre a également
appelé le nonce apostolique en Turquie pour lui expliquer que la
déclaration du pape était « inacceptable » et inviter très fortement le
Vatican à « éviter de poser des actes qui risqueraient d'affecter de
façon irréparable les relations bilatérales » entre les deux Etats.
Un autre responsable politique turc, cité par le journal Today's Zaman,
précise : « Ce n'est pas à la papauté d'exprimer une opinion sur les
affirmations de génocide par les Arméniens ; en réalité, ce devrait
être aux historiens et aux avocats de commenter cela après avoir
examiné les faits historiques ».
Malgré cela, le pape François a précisé depuis qu'il souhaitait visiter
Erevan, la capitale arménienne, et y célébrer une cérémonie religieuse
en 2015, à l'occasion du centenaire des massacres de 1915.
Cette déclaration pourrait avoir pour conséquence de voir la Turquie
interdire au pape de se rendre prochainement à Istanbul pour rencontrer
le patriarche grec orthodoxe, comme ses prédécesseurs l'ont fait avant
lui, même si, selon des responsables turcs, cette question n'a pas
encore été débattue. (lavie.fr, 11 juin 2013)
Sous le parc occupé d'Istanbul, un cimetière arménien
Istanbul, correspondance. Dans une allée du parc Gezi, qui jouxte la
place Taksim, les jeunes militants arméniens de Nor Zartonk ("Nouvel
éveil") ont collé deux plaques de polystyrène gris qui forment une
tombe symbolique. Dessus figure l'identité du défunt : "Cimetière
arménien Sourp Hagop 1551-1939". Et un message : "Vous nous avez pris
notre cimetière, vous n'aurez pas notre parc !" Car là où s'est
installé depuis dix jours le mouvement de protestation contre le
premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, sous le parc Gezi, reposent
les morts d'une partie de la communauté arménienne d'Istanbul. Une
histoire inconnue de la plupart des manifestants, que quelques-uns
tentent de faire revivre. Là où M. Erdogan affirme vouloir
"reconstruire l'histoire" bâtissant la réplique d'une ancienne caserne
ottomane, qui abritera un centre commercial ou un musée de la ville.
L'histoire du cimetière Sourp Hagop remonte à Soliman le Magnifique.
Une tentative d'assassinat se préparait contre le sultan. Les
comploteurs approchèrent l'un de ses cuisiniers, un Arménien de Van,
Manouk Karaseferyan, pour qu'il empoisonne le dîner impérial. Mais le
cuisinier n'en fit rien et dénonça le plan au sultan. En signe de sa
gratitude, Soliman lui demanda ce qu'il pouvait lui offrir.
Karaseferyan émis un souhait inattendu : un lieu pour les morts de sa
communauté, un cimetière.
PIERRES TOMBALES RÉUTILISÉES
Le terrain donné par le sultan se trouve aujourd'hui au nord de la
place Taksim, occupé par une partie du parc Gezi, quelques hôtels de
luxe, des immeubles et un bâtiment de la Radio télévision turque (TRT).
De ce vaste terrain, seul l'hôpital Sourp Hagop subsiste. Le reste, qui
appartenait à la communauté, a été spolié par la République. Le
cimetière a été entièrement détruit dans les années 1930 et ses pierres
tombales ont été réutilisées dans la construction d'un nouveau centre
urbain par l'urbaniste Henri Prost, l'auteur du plan d'aménagement
d'Istanbul choisi par Atatürk.
Un mémorial au génocide arménien fut même brièvement construit dans le
cimetière, à la place de l'hôtel Divan. Le monument subsista de 1919 à
1922, avant d'être détruit à son tour. Dans le brouhaha de la révolte
de Taksim, l'association antiraciste DurDe, qui organise chaque année
un rassemblement silencieux sur la place Taksim pour le 24 avril,
l'anniversaire du déclenchement du génocide arménien, voulait faire
revivre ce monument.
L'inauguration était programmée pour lundi soir. Mais l'association a
dû renoncer sous la pression de militants nationalistes, brandissant
des drapeaux turcs, et scandant des slogans hostiles, confirme Cengiz
Algan, de DurDe. Cette mouvance extrémiste, que l'historien Hamit
Bozarslan qualifie de courant "national-socialiste", est bien loin de
faire l'unanimité parmi les manifestants, mais elle se fait entendre.
"Tous les partis politiques s'entretuent, mais lorsqu'il s'agit des
Arméniens, il y a toujours un consensus", lance une figure de la
communauté d'Istanbul. (Le Monde, Guillaume Perrier, 11 juin 2013)
Politique
intérieure/Interior Politics
Main opposition CHP building in Istanbul attacked
A group of people attacked the main opposition Republican People’s
Party’s (CHP) provincial branch's building in Şişhane, breaking the
windows, while two CHP deputies, Binnaz Toprak and Melda Onur, were
inside.
“We were told that the building was being attacked by a group of around
35 to 40 people who had sticks. The young people who were sheltered
inside the CHP building rushed to the entrance. They later told me that
the group attacked the building with stones and chanted ‘Recep Tayyip
Erdoğan.’ But I did not witness this as I was on the upper floors. I
heard that this group dispersed after they saw the young people inside
our building,” Toprak told the Hürriyet Daily News immediately after
the incident.
She said nobody was hurt in the attack, but that the windows of the
building were broken, adding that there was still an unpleasant
atmosphere outside.
While all routes linked to Taksim Square are being kept closed by the
police, some protesters tried to escape from the tear gas and took
shelter in the CHP provincial branch's building in Şişhane. Toprak said
that some of these people exposed to tear gas were in a bad situation.
“Our nurse was treating them. Then we heard the attack,” she added.
After the attack, Toprak said she called the CHP deputy leader Haluk
Koç, who contacted Interior Minister Muammer Güler. “Haluk Koç told me
that the interior minister told him that he was sending a team here
immediately. We haven’t seen any security outside yet, but CHP deputies
Sezgin Tanrıkulu and Bülent Tezcan have come here,” she added.
Toprak stressed that the attack on the CHP building came after Prime
Minister Recep Tayyip Erdoğan repeatedly targeted the CHP during his
speech at the Kazlıçeşme rally today, adding that the prime minister
could have used a “calmer tone” in his address.
(hurriyetdailynews.com,
June 16, 2013)
La contestation expose les dissensions entre Erdogan et Gül
La contestation qui agite la Turquie a exposé les divergences au sommet
de l'Etat entre le très ferme Premier ministre Recep Tayyip Erdogan,
cible préférée des manifestants, et le plus conciliant président
Abdullah Gül, rivaux potentiels pour la présidentielle de 2014.
Depuis les premiers tirs de gaz lacrymogène vendredi aux abords de la
place Taksim d'Istanbul, le chef du gouvernement turc est resté fidèle
à son image. Sûr de son poids électoral --son parti islamo-conservateur
a récolté 50% des voix aux élections générales de 2011--, ferme,
provocateur même.
Pas question de céder aux "extrémistes" ou à une "bande de vandales",
a-t-il répété sur tous les tons, avant de s'envoler pour une tournée de
quatre jours dans les pays du Maghreb comme si de rien n'était. "A mon
retour de cette visite, les problèmes seront réglés", a-t-il même
assuré lundi depuis Rabat.
"C'est très blessant d'être traité de cette façon", estime Ahmet
Insel, politologue à l'université Galatasaray d'Istanbul en rappelant
que la masse des protestataires est constituée de jeunes laïcs non
politisés.
"Ce qui se passe en Turquie c'est une révolte de la dignité par des
gens méprisés par le Premier ministre", ajoute-t-il, "il a du mal à
contenir son langage agressif et arrogant qui passe mal au sein d'une
frange importante de la société".
Sans surprise, le ton très ferme, presque méprisant, du chef du
gouvernement a concentré l'hostilité des manifestants sur sa seule
personne. Et des dizaines de milliers de personnes se déversent chaque
jour dans les rues dans de nombreuses villes du pays aux cris de
"Tayyip, démission !"
A la faveur du déplacement de M. Erdogan, le chef de l'Etat Abdullah
Gül et le vice-Premier ministre Bülent Arinç ont tenté de réparer les
pots cassés en imposant un autre ton, plus accommodant, à la tête de
l'Etat.
Convoqué au palais présidentiel par M. Gül, le numéro deux du
gouvernement a présenté des excuses pour les manifestants blessés et
tenté de désamorcer les critiques en assurant que le pouvoir avait
compris les "leçons" des événements.
Rivalité
Garant de l'unité du pays, le président a lui aussi pris le contrepied
du Premier ministre, accusé de dérive autoritaire et raillé par ses
opposants comme un "nouveau sultan". "La démocratie ne se résume pas
aux élections", a lancé M. Gül, "il est tout à fait naturel d'exprimer
des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques".
Pressé de réagir à ces propos, M. Erdogan n'a pas caché son inconfort.
"Je ne sais pas ce qu'a dit le président, mais pour moi la démocratie
vient des urnes", a-t-il lancé.
Ce n'est pas la première fois que les deux hommes sont pris en flagrant
délit de contradiction. Au cours des derniers mois, M. Gül, 63 ans, et
M. Erdogan, 59 ans, se sont opposés publiquement sur l'opportunité de
lever l'immunité de députés kurdes, ou encore sur l'interdiction d'une
manifestation à Ankara.
Ces deux compagnons de route ont pourtant longtemps évolué ensemble en
politique, incarnant la tendance réformiste au sein de l'islam
politique, étaient inséparables. Ils ont notamment participé à la
création du Parti de la justice et du développement (AKP), arrivé au
pouvoir à la faveur des élections de 2002.
Mais la perspective de l'élection présidentielle de 2014 a brouillé cette parfaite entente.
Réputé proche, comme M. Arinç, de la puissante confrérie musulmane de
Fetulllah Gülen Abdullah Gül se verrait bien rempiler. Mais Recep
Tayyip Erdogan, qui tient l'AKP, envisage lui aussi de briguer une
présidence aux pouvoirs renforcés, empêché par les règles de son parti
de rester à la tête du gouvernement au-delà de 2015.
Dans l'ombre, la bataille est lancée, très ouverte.
"M. Erdogan a été affaibli par cette crise et son accession au poste de
président est compromise", tranche Deniz Zeyrek, éditorialiste au
quotidien libéral Radikal, alors que M. Gül "a consolidé son image de
démocrate".
(AFP, 5 juin
2013)
Top judge warns on bans on different lifestyles
Adding new chains of interference in lifestyles will only overstrain an
already exhausted public consciousness, Turkey’s top judge has warned,
in an apparent reference to ongoing discussions over lifestyles that
were sparked after the government passed a regulation restricting the
use of alcohol.
“Steps that have been taken without convincing the public consciousness
bring about nothing but a distortion of the record of the democratic
rule of law in the state. Causing inconceivable violations of rights as
a result of ignoring this reality is unacceptable for those who have
the state authority,” Haşim Kılıç, President of the Constitutional
Court said in his address to the High Advisory Council of the Turkish
Industrialists’ and Businessmen Association (TÜSİAD) yesterday.
The top judge’s remarks followed the parliamentary approval of a
government-led alcohol regulation that strictly restricts the sale and
the use of alcoholic drinks.
“Our social and political history is full of traces of interference in
different lifestyles based on imaginary fears and concerns,” Kılıç
said, recalling interferences in the lifestyles of pious Muslims in
Turkey in the past. “It’s a virtue to protect the rights of others.
Even though we do not agree with them, it’s a natural reflex to share
the burden of those whose rights have been violated.”
Kılıç also warned that violations on lifestyles caused irrecoverable
damage to human dignity and it was the state’s mission to provide
assurances to the individual to freely exercise his or her rights in
his or her autonomous area.
Risks of presidency
Another message by Kılıç was on the ongoing debate over the
government’s intention to change the administrative system from the
current parliamentary system into a presidential one. Using French
philosopher Montesquieu’s famous Spirit of Laws as the base of his
conceptualization of today’s discussion in Turkey, Kılıç recalled the
philosopher’s famous saying: “There would be an end of everything, were
the same man or the same body, whether of the nobles or of the people,
to exercise those three powers, that of enacting laws, that of
executing the public resolutions, and of trying the causes of
individuals.”
Underlining that the modern democratic-constitutional system was based
on the principle of the separation of powers with concerns that those
who have absolute power could abuse it, Kılıç urged that any amendment
should be based on principles and not on specific personalities, giving
the example of the 1982 Constitution that was designed to elect
junta-leader Kenan Evren as the president. “The healthiest way to take
our nation to the enlightenment is to shape our societal projects on
the basis of principles. If the goal is to establish a rule of law
state in which rights and freedoms of individuals are under assurances
and to create a strong and stable administration, then this good will
find its answer in the public opinion,” he stressed. “Whatever the
system is, the system of checks and balances is of vital importance,”
he said, and added that apart from an independent judiciary, an
influential opposition was also needed in this sense. “The vacuum that
would be caused by the inefficiency of the opposition in balancing
would push the intention of authoritarianism of the governing power.”
No to ‘dead silence’
Recalling that Turkish political history had suffered from party
closures and strict prohibitions against different voices in the past,
he said freedoms guaranteed by the principle of rule of law should not
be understood as “dead silence.” “On the contrary, the pluralistic and
participatory nature of the democratic system obliges ‘vocal existence’
of those who are different,” he added.
Fair trials and the full independence of judges and prosecutors were
also very important for the existence of the principle of the rule of
law, he explained, adding that the majority of the individual
applications to the Constitutional Court were made due to violations of
the right to a fair trial.
(hurriyetdailynews.com,
May 31, 2013)
Forces
armées/Armed Forces
Changement d'un article qui a justifié des coups militaires
Le AKP a déposé jeudi au
Parlement un projet de loi qui amende une disposition controversée du
règlement intérieur des armées maintes fois utilisée pour justifier des
coups d'État militaires.
"La proposition qui amende la disposition 35 sera remise aujourd'hui (jeudi) au Parlement", a déclaré le vice-Premier ministre Bekir Bozdag.
L'article 35, entré dans la législation après le coup d'État de 1960,
stipule que le devoir de l'armée est notamment de "préserver et de
protéger la République de Turquie".
Les militaires turcs ont mené leurs deux coups d'État de 1971 et 1980,
sur la base de cet article, arguant que les autorités civiles ne
parvenaient pas à préserver les principes constitutionnels.
La formule présentée par le Parti de la justice et du développement
(AKP, issue de la mouvance islamiste) cantonne l'armée aux seules
fonctions militaires.
L'opposition parlementaire devrait appuyer la proposition du parti
gouvernemental, qui devrait être votée après les vacances
parlementaires en octobre, selon M. Bozdag.
La modification de l'article 35 s'inscrit dans la volonté du régime
turc de réduire l'influence de l'armée sur la vie politique. Depuis son
arrivée au pouvoir en 2002, l'AKP a mis en oeuvre des réformes en ce
sens, notamment pour accélérer ses négociations d'adhésion à l'Union
européenne.
Depuis 2007, des centaines de militaires d'active ou à la retraite ont
également été incarcérés, poursuivis ou condamnés pour des complots
présumés contre le régime.
L'armée turque, gardienne autoproclamée des valeurs républicaines, a
réalisé trois coups d'État et forcé en 1997 un gouvernement
d'inspiration islamiste à démissionner.
(AFP, 27 juin
2013)
Prosecutor's Office refers Uludere case to military
The Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office has ruled that a case
concerning the killing of 34 civilians in a military air strike in late
2011 in Uludere is outside of its jurisdiction and decided to refer the
case to military prosecutors.
The office, which had been investigating the tragic death of the 34
victims, on Tuesday decided to send the Uludere case to the General
Staff Military Prosecutor's Office, claiming that the case is outside
of its jurisdiction.
Retired judge Reşat Petek in initial comments about the prosecution's
decision recalled that a parliamentary commission investigating Uludere
had released an unsatisfactory report. “There is the Uludere report
from Parliament and there is also the judicial investigation. The
parliamentary report was not adopted by unanimous vote. The prime
minister told everyone to wait for the outcome of the judicial
investigation. The jurisdiction ruling is about procedural methods. It
doesn't mean that there is no crime, rather it means that the
investigation falls under the scope of the military judiciary.”
Petek said that by its nature, a ruling that states that a case is
outside one's jurisdiction indicates that the person who committed a
certain crime has not yet been identified. “So this is not about
closing the case. It is only saying the military judiciary is in charge
of this investigation. Although the judicial scope of the military
judiciary was narrowed in the [2010] referendum, the military court of
the General Staff is still functional. After this point we should look
at this within the scope of military trial procedures. If the military
court also rules the case out of its jurisdiction, the case might be
referred to a court of disputes,” Petek explained.
A retired prosecutor from the Supreme Court of Appeals, Ahmet Gündel
also stated that the prosecutor has only announced a decision that it
is not his job to investigate Uludere. “Now the General Staff will
assign the task of investigating this case to the military prosecutor's
office and if that office decides that the case is within its own
jurisdiction, it will carry out the investigation. If it also rules it
out of its jurisdiction, then a court will decide which court should
hear the case.”
However, Gündel also noted that the civilian prosecutor didn't have to
wait this long to decide whether it should be the prosecutor's office
or the military judiciary investigating the case. “Most probably they
thought it was their job initially, but later they decided that this
wasn't the case. But the people who died were killed in an airstrike.
This was obviously done by military individuals. This is why they
should have made this ruling earlier.”
Thirty-four men and boys were traveling back to their villages in
Şırnak's Uludere region from cities in northern Iraq after a day of
trading in late 2011 when Turkish jets bombed the border-crossers,
later saying that the commanders mistook them for Kurdistan Workers'
Party (PKK) terrorists.
The parliamentary sub-commission investigating the incident said in its
report in March that the killings were not deliberate although it
listed numerous flaws in the decision-making leading up to the
incident.
(TODAY'S
ZAMAN, June 11, 2013)
L'armée turque a riposté lundi soir à des tirs venus de Syrie
L'armée turque a riposté lundi soir à des
tirs venant de Syrie qui n'ont pas fait de victimes, a annoncé mardi
l'état-major turc, cité par l'agence de presse Anatolie.
Les tirs ont visé des véhicules blindés de l'armée turque dans la
province de Hatay, dans le sud de la Turquie, frontalière avec la
Syrie, précise un communiqué.
"Soixante coups de feu ont été tirés à la hauteur de la localité de
Narlica contre des véhicules blindés", selon le document, qui déclare
que l'armée turque y a répliqué par 50 tirs.
"Aucun dégât, ni perte en vie humaine n'est à déplorer", indique le
communiqué, ajoutant que le groupe qui a ouvert le feu vers la Turquie
a pris la fuite à l'intérieur du territoire syrien.
L'armée turque avait déjà annoncé la semaine dernière avoir riposté à
des tirs similaires ayant visé l'un de ses blindés lors d'une
patrouille à la frontière.
La Turquie soutient les rebelles syriens et a appelé au départ du
pouvoir du président Bachar al-Assad. Elle accueille sur son sol
quelque 400.000 réfugiés syriens.
Le 11 mai, un double attentat à la voiture piégée dans une ville turque
située non loin de la frontière a coûté la vie à 52 personnes, Ankara
imputant l'attaque à un mouvement turc ayant des liens avec les
services de renseignement syriens.
(AFP, 4 juin
2013)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Name Yavuz Sultan Selim for third bridge causes outrage among Alevis
President Abdullah Gül, who attended the groundbreaking ceremony for
the third Bosporus bridge on Wednesday, announced that the bridge will
be named after Yavuz Sultan Selim, an Ottoman sultan, resulting in
Alevi organizations across the country harshly criticizing the name of
the bridge, claiming that Yavuz Sultan Selim killed 70,000 Alevis in
Anatolia during his rule in the 1500s.
Hüseyin Aygün, a deputy of Kurdish and Alevi origin
from the Republican People's Party (CHP), said on his Twitter account
on Wednesday, “The fact that the name of the executioner of Alevis was
given to the bridge is open bullying of Alevis.”
In remarks to the media, İzzettin Doğan, the head of the Cem
Foundation, said that it was the wrong political decision to name the
third bridge after Yavuz Sultan Selim.
“Yavuz Sultan Selim is an important political figure. He has been
remembered for his deeds for centuries. But history also recorded his
massacre of 70,000 Alevis. It is politically wrong use the name of a
person with this kind of record on a place where he will always be
remembered,” he said.
Alevis accuse Yavuz of killing more than 70,000 Turkmen-Alevis during
the Battle of Chaldiran against the Safavid Empire in 1514.
Yavuz Bahadıroğlu, a historian and writer, on Thursday denied claims by
some Alevis about the murder of 40,000 Alevis during Yavuz's rule.
Speaking to Moral FM radio, he said that such accusations were nothing
but lies.
“There aren't any documents in either national or foreign sources
proving that claims are true. Most of such allegations have their
sources in the Iranian Safavid Empire,” he said.
Professor Ahmet Şimşirgil, a historian and a lecturer at the history
department of Marmara University, also refuted the claims about Yavuz.
“Yavuz is a sultan who was misunderstood by Alevis. The claims
suggesting that he killed 40,000 Alevis and carried out a massacre have
no basis. The most prominent historians of the republic have said that
such claims are exaggerated and that such incidents never took place.
None of the historians today who take historical realities into
consideration give credit to such claims, either,” he said.
(TODAY'S
ZAMAN, May 30, 2013)
12 personnes soupçonnées de liens avec un groupe terroriste arrêtées
La police turque a interpellé ces
derniers jours dans plusieurs villes de Turquie douze personnes en
possession de "substances chimiques" non identifiées et soupçonnées de
liens avec une "organisation terroriste", a annoncé jeudi le gouverneur
de la ville d'Adana (sud).
Selon plusieurs médias turcs, ces personnes, arrêtées à Istanbul, Adana
et Mersin, seraient liées à la nébuleuse Al-Qaïda et au Front al-Nosra,
un groupe islamiste engagé dans la guerre contre le régime du président
syrien Bachar al-Assad.
Le gouverneur, Huseyin Avni Cos, s'est refusé pour l'heure à confirmer
l'appartenance de ces personnes. "Nous ne pouvons révéler pour
l'instant le nom d'une quelconque organisation, mais leurs liens seront
évidents dès lors que nous les aurons interrogées", a-t-il dit, cité
par l'agence de presse Anatolie.
Le quotidien libéral Radikal a affirmé que la police avait saisi deux
kilos de gaz neurotoxique sarin en perquisitionnant dans une cache à
Adana, à environ 150 kilomètres de la frontière syrienne.
"Nous n'avons pas saisi de gaz ou quelque produit qui y ressemble", a
pour sa part déclaré M. Cos, confirmant toutefois que la police avait
mis la main sur des "substances chimiques" en cours d'analyse.
Six des personnes arrêtées ont été remises en liberté après avoir été
interrogées, selon le gouverneur d'Adana, qui a ajouté que les autres
étaient toujours en garde à vue.
Cette opération de police est intervenue près de trois semaines après
le double attentat à la voiture piégée qui a fait 52 morts et plus
d'une centaine de blessés dans la ville turque de Reyhanli, près de la
frontière syrienne, qui a relancé les craintes d'un débordement du
conflit syrien.
Une dizaine de personnes, toutes de nationalité turque issues d'un
mouvement clandestin d'extrême gauche, ont été interpellées à la suite
de cet attentat. Ankara les a accusées d'avoir agi pour le compte du
régime syrien, qui l'a catégoriquement démenti.
L'opposition turque a au contraire mis en cause la responsabilité du front al-Nosra.
Signe de la tension persistante à la frontière turco-syrienne, un
véhicule blindé de l'armée turque a été la cible de tirs venus de
Syrie, auxquels il a riposté, selon un communiqué de l'état-major de
l'armée turque. Cet incident n'a fait aucun blessé.
Une commission d'enquête de l'ONU a fait état début mai de "soupçons"
d'emploi de gaz sarin par les rebelles syriens mais n'a pas réussi à
produire de preuves formelles. (AFP, 31 mai 2013)
Socio-économique
/ Socio-economic
Les transsexuels aussi manifestent contre le gouvernement turc
Près d'un millier de manifestants réunis dimanche sur la place Taksim
d'Istanbul pour une "marche en l'honneur des transsexuels" en ont
profité pour entonner des slogans du mouvement contre le gouvernement
islamo-conservateur qui secoue la Turquie depuis des semaines, sans
être réprimés par la police.
"Ce n'est que le début, la lutte continue", a scandé la foule colorée
de militants des droits des transsexuels, travestis, gays et
lesbiennes, là où la veille encore, la police avait repoussé des
milliers de contestataires hostiles au Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan avec des canons à eau, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Tayyip, les invertis arrivent!", ont également crié les militants, "je suis là mon amour, ouvre, ouvre!"
Partis de la place Taksim, théâtre de nombreux heurts entre policiers
et manifestants depuis la fin mai, les manifestants ont marché sur
l'avenue commerçante Istiklal en arborant des pancartes en turc et en
kurde sur lesquelles on pouvait lire "être transsexuel n'est pas une
maladie" et "la transphobie tue".
Le mouvement de contestation antigouvernementale est né le 31 mai dans
le parc Gezi, jouxtant la place Taksim, quand la police a violemment
réprimé quelques centaines de défenseurs de l'environnement qui
voulaient s'opposer à l'arrachage des arbres du parc dans le cadre d'un
projet d'aménagement voulu par le gouvernement.
La fronde a ensuite gagné tout le pays, les contestataires reprochant à
M. Erdogan son autoritarisme et sa volonté d'islamiser la société
turque, le parc Gezi devenant alors un camp retranché des manifestants.
La confrontation avec la police a pris fin après que celle-ci a investi
le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de
canons à eau.
Une nouvelle manifestation a cependant été dispersée samedi.
En Turquie, pays en majorité musulman mais au régime laïc, les
relations homosexuelles et les opérations de changement de sexe ne sont
pas illégales, contrairement à d'autres pays musulmans. Mais
l'homophobie y est très présente et souvent accompagnée de violences.
(AFP, 23 juin
2013)
Un segment de faille sous haute tension aux portes d'Istanbul
Epargné de longue date par les séismes qui frappent régulièrement la
Turquie, un petit segment de faille situé aux portes d'Istanbul, sous
la mer de Marmara, expose la mégalopole turque à un tremblement de
terre potentiellement dévastateur, avertit une étude publiée mardi.
La faille nord-anatolienne, la plus active d'Europe, a provoqué
d'importants séismes tout au long du XXe siècle, à commencer par celui
de Ganos (ouest de la Turquie) en 1912 et celui d'Erzincan (est de
l'Anatolie) en 1939.
Les deux secousses les plus récentes sont survenues en 1999, près
d'Izmit et Düzce, à l'est d'Istanbul. Toutes deux avaient une magnitude
supérieure à 7 et ont fait de nombreuses victimes, quelque 20.000 morts
au total dans le cas d'Izmit.
Depuis lors, l'activité sismique semble s'être accrue le long de la
faille nord-anatolienne juste au sud d'Istanbul, sous la mer de Marmara.
Pourtant, cette zone d'environ 150 km de long est la seule à n'avoir
pas été à l'origine d'un séisme significatif depuis le début du XXe
siècle.
Les géologues ont malgré tout des indices suggérant que les tensions ne cessent de s'accumuler dans cette région.
Marco Bohnhoff, du centre allemand pour les Géosciences de Potsdam, et
son équipe ont étudié l'activité sismique de cette zone, décortiquant
les données récoltées sur 835 micro-séismes entre 2006 et 2010.
D'après leur analyse, un segment de la faille long de seulement 30 km,
situé à une dizaine de kilomètres sous l'archipel des îles des Princes,
servirait de point d'ancrage à toutes ces tensions telluriques. Et si
ce verrou sautait brutalement, il pourrait provoquer un séisme d'une
magnitude supérieure à 7 aux portes d'Istanbul, mégalopole d'environ 13
millions d'habitants.
"Le contraste entre l'activité sismique croissante enregistrée dans la
partie orientale de la mer de Marmara depuis 2002 et le calme qui règne
sous les îles des Princes, au large d'Istanbul, est frappant", souligne
l'étude, publiée dans la revue britannique Nature Communications.
Selon les chercheurs, ce segment "pourrait avoir servi de barrière
contre la rupture d'Izmit en 1999, empêchant le glissement de la faille
de se poursuivre en direction d'Istanbul", un peu plus au nord.
Si c'est bien le cas, en bloquant et en concentrant les tensions
sismiques, ce même segment "pourrait aussi être la source d'un futur
séisme" frappant Istanbul, avertit l'étude, qui recommande de
surveiller étroitement les micro-séismes sur cette portion de la faille
pour donner l'alerte en cas de signes avant-coureurs.
Des relevés historiques font état d'importants séismes (magnitude
supérieure à 7) dans la région d'Istanbul, les deux derniers en date
ayant eu lieu en 1509 et 1766, ce qui aboutirait à une fréquence
d'environ 200 à 250 ans.
Selon des estimations récentes, la probabilité qu'un tel séisme se reproduise d'ici 2034 est comprise entre 35 et 70%.
(AFP, 20 juin
2013)
Appel à la grève générale
Deux des principaux syndicats turcs ont annoncé dimanche une grève
générale à partir de lundi dans toute la Turquie pour dénoncer les
violences policières contre les manifestants opposés au Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, a déclaré à l'AFP le porte-parole du
syndicat KESK.
"Nous nous mettons en grève demain (lundi) dans tout le pays, avec le
(syndicat) DISK et d'autres organisations", a déclaré Baki Cinar,
porte-parole du KESK. Des médecins, des ingénieurs, des architectes et
des dentistes se joignent à l'appel à la grève.
Les organisations syndicales appellent également à la fin "immédiate" des violences policières.
Ces syndicats avaient déjà observé un grève mercredi au lendemain d'une
opération coup de poing de la police pour évacuer les dizaines de
milliers de manifestants de la place Taksim à Istanbul.
Ce premier appel à la grève générale avait été peu suivi. La
Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK) revendique
420.000 membres et la Confédération syndicale des salariés du secteur
public (KESK) 250.000 membres.
(AFP, 17 juin
2013)
Le président promulgue la loi qui limite la consommation d'alcool
Le président turc Abdullah Gül a promulgué lundi une loi controversée
voulue par le gouvernement islamo-conservateur qui restreint la
consommation, la vente et la publicité des boissons alcoolisées, en
dépit des manifestations qui secouent le pays depuis 11 jours.
Le président "a transmis la loi 6.487 aux services du Premier ministre
pour publication" au Journal officiel, a annoncé la présidence dans un
communiqué.
La loi entrera en vigueur dès sa publication au Journal officiel.
Voté le 24 mai au terme d'une procédure d'une rare célérité, le texte a
été présenté au Parlement par le Parti de la justice et du
développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan au nom de
la protection de la santé de la population.
Aux termes de cette loi, la vente d'alcool est interdite dans tous les
commerces entre 22h00 et 6h00 du matin, de même qu'à toute heure à
proximité des établissements scolaires et des mosquées. Des messages
rappelant les dangers de l'alcool sont désormais obligatoires sur
chaque boisson en contenant.
De même, le parrainage d'événements sportifs ou autres par les
producteurs de boissons alcoolisées est banni, tout comme la présence
d'images incitant à sa consommation dans les films projetés en salles,
les séries télévisées et les clips musicaux.
Le texte renforce également la répression contre l'ivresse au volant en
prévoyant une amende de 700 livres turques et une suspension de six
mois du permis de conduire pour tout automobiliste contrôlé avec un
taux d'alcoolémie supérieur à 0,05%. Ceux dont le taux dépasse 0,1%
sont passibles d'une peine de deux ans de prison ferme.
Tout au long des débats parlementaires, l'opposition laïque a
violemment dénoncé un texte liberticide en prêtant au régime la volonté
de vouloir régir les comportements privés de la population et
d'islamiser la société turque.
L'approbation de ce texte controversé intervient alors que des dizaines
de milliers de Turcs manifestent depuis onze jours pour exiger la
démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir
islamiser la Turquie.
La loi fait partie des principaux griefs des manifestants, qui sont
nombreux à boire de la bière dans la rue pour braver l'ordre moral que
tente, selon eux, d'imposer le gouvernement.
(AFP,10 juin
2013)
Les syndicats mobilisent au 6e jour de la contestation anti-Erdogan
Deux importants syndicats devaient rejoindre mercredi les manifestants
qui demandent la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
dans toute la Turquie, où des dizaines de milliers de personnes
continuaient d'occuper la rue, pour la sixième journée consécutive.
Au lendemain d'une nouvelle nuit de mobilisation et de violences, la
Confédération des syndicats du secteur public (KESK) et la
Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), marquées
à gauche, ont annoncé pour la mi-journée des marches de protestation et
des grèves dans les grandes villes du pays.
Dans l'attente du retour jeudi en Turquie du chef du gouvernement, en
visite officielle au Maghreb, les protestataires restent plus que
jamais déterminés à montrer leur force, malgré les "excuses" présentées
par le vice-Premier ministre Bülent Arinç aux victimes de brutalité
policières des derniers jours.
M. Arinç devait rencontrer mercredi à la mi-journée à Ankara des
responsables du collectif de défense du parc Gezi, ce jardin public
proche de Taksim dont le projet de destruction a allumé la mèche de la
fronde vendredi.
"Nous voulons des excuses du Premier ministre Erdogan. Nous voulons la
libération des personnes qui ont été arrêtées. Nous voulons la
démission du gouverneur d'Istanbul, du chef de la police et du Premier
ministre", a dit mercredi à l'AFP Kerem Aligil, un manifestant
étudiant, "nous voulons tout ça et ensuite seulement nous envisagerons
de ne plus manifester".
Comme c'est devenu la tradition, des milliers de personnes ont encore
envahi mardi soir l'emblématique place Taksim d'Istanbul, le coeur de
la contestation, et les rues de la capitale Ankara en scandant des
slogans réclamant le départ de M. Erdogan.
Des milliers de manifestants ont également défilé à Izmir, Bursa
(ouest) ou encore Hatay (sud), ainsi que dans des villes plus petites.
Et comme les nuits précédentes, des affrontements ont à nouveau éclaté
à Istanbul et Ankara. Les forces de l'ordre ont dispersé à grand
renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau quelques centaines de
manifestants qui tentaient de s'approcher des bureaux du chef du
gouvernement.
Dans ces deux villes, la masse des manifestants est restée à distance
de la police, respectant les appels au calme des réseaux sociaux. Seuls
des militants plus politisés ont été "au contact" des forces de l'ordre.
Twitter dans le collimateur
"Les manifestations de la nuit ont surtout été organisées par des
groupes radicaux. Nous, nous avons voulu rester à distance", a expliqué
à l'AFP Gamze Güven, une dentiste d'Ankara, "ce sont surtout les plus
jeunes qui ont attaqué la police".
Des heurts ont également eu lieu dans la ville de Hatay (sud-est) à la
frontière syrienne où un jeune homme de 22 ans est décédé la veille
après avoir été blessé lors d'une manifestation. Selon la chaîne de
télévision privée NTV, deux policiers et trois manifestants ont été
blessés mercredi à Hatay.
Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été interpellées à Izmir
(ouest) pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des
"informations trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence de
presse Anatolie. Ali Engin, un responsable local du principal parti
d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré que les
suspects étaient détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".
Dimanche, M. Erdogan avait pesté publiquement contre Twitter et les réseaux sociaux, les qualifiant de "faiseurs de problèmes".
A l'opposé du ton ferme du Premier ministre, son numéro deux Bülent
Arinç a qualifié mardi de "légitimes" les revendications écologistes à
l'origine des troubles et en assurant que son parti islamo-conservateur
respectait "les différents modes de vie" des Turcs.
Depuis le début de la contestation vendredi dernier, les manifestants
accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser"
la Turquie laïque.
"Nous n'avons pas le droit ou le luxe d'ignorer le peuple, les
démocraties ne peuvent pas exister sans opposition", a également
souligné M. Arinç.
M. Erdogan, qui est resté muet mardi sur les événements, doit rentrer de Tunisie jeudi.
Hormis les deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des
quatre derniers jours ont fait plus de 1.500 blessés à Istanbul et au
moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de
l'Homme et les syndicats de médecins, des chiffres qui n'ont pas été
confirmés par les autorités.
(AFP, 4 juin
2013)
Un syndicat appelle à la grève contre le recours à la "terreur par l'Etat
L'une des plus importantes confédérations syndicales turques a annoncé
lundi qu'elle appelait à partir de mardi à une grève de deux jours pour
dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les manifestants
qui défient le gouvernement.
"La terreur exercée par l'Etat contre des manifestations totalement
pacifiques se poursuit de telle façon que cela menace la vie des
civils", a estimé la Confédération des syndicats du secteur public
(KESK) dans un communiqué publié sur son site Internet.
Marquée à gauche, la KESK, qui revendique 240.000 adhérents regroupés
dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression
traduisait l'"hostilité envers la démocratie" du gouvernement
islamo-conservateur au pouvoir.
La Turquie est agitée depuis quatre jours par un mouvement de
protestation antigouvernementale sans précédent depuis l'accès du Parti
de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en 2002.
(AFP, 3 juin
2013)
La bourse d'Istanbul chute de 10,47% au 4e jour des manifestations
La bourse d'Istanbul a dégringolé lundi de 10,47% en clôture, au
quatrième jour des manifestations contre le gouvernement du Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan qui agitent l'ensemble la Turquie.
Le principal indice du marché turc s'est établi à 76.983,66 points à la
clôture, en baisse de 9.006,35 points par rapport à la clôture de
vendredi soir.
Le cours de la livre turque a également brutalement chuté. L'euro
s'échangeait lundi à 2,46 livres turques contre 2,35 vendredi, tandis
que le dollar américain cotait 1,89 livre turque contre 1,81 vendredi.
Les marchés financiers ont largement profité de la forte croissance de
l'économie turque depuis l'arrivée de l'actuel gouvernement
islamo-conservateur au pouvoir en 2002, qui a affiché des taux de plus
de 8% en 2010 et 2011.
(AFP, 3 juin
2013)
Les grands projets urbains d'Erdogan à l'origine de la contestation à Istanbul
Les grands projets urbains du Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan sont à l'origine de la contestation qui secoue Istanbul depuis
quatre jours, les manifestants se mobilisant pour préserver leur ville
des intérêts économiques et idéologiques du gouvernement.
C'est d'un petit espace de verdure, quelque 600 arbres au coeur de la
rive européenne d'Istanbul, qu'est parti le mouvement de protestation
qui s'est ensuite répandu à travers le pays et a agrégé toutes les
colères contre le gouvernement.
Les premiers manifestants ont investi le parc Gezi pour empêcher la
construction à sa place de la réplique d'une caserne militaire de
l'empire ottoman, qui doit accueillir un centre culturel, un centre
commercial et, M. Erdogan l'a souligné dimanche, une mosquée.
"On peut clairement voir à l'oeuvre la synthèse entre le libéralisme et
l'islamisme prônée par le gouvernement: d'un côté il parle de
construire un grand centre commercial et de l'autre il parle de
construire une splendide mosquée qui va symboliser la gloire de la
société musulmane", estime Simten Cosar, politologue à l'université de
Hacettepe (Ankara).
Le symbole est d'autant plus fort que le parc Gezi est situé en bordure
de la place Taksim, qui pendant des décennies a été le lieu
d'expression de toutes les luttes sociales.
"Il s'agit de faire de Taksim un lieu plus conservateur, plus
capitaliste, il s'agit d'un règlement de comptes avec le courant
réformiste", confirme l'urbaniste Murat Cemal Yalçintan, de
l'université stambouliote Mimar Sinan.
Le gouvernement a également lancé le projet de construction d'une
gigantesque mosquée d'une capacité de 30.000 places sur la plus haute
colline d'Istanbul, Camlica, d'où elle surplombera le détroit du
Bosphore.
Mais au-delà du parc Gezi et de la construction de mosquées, M. Erdogan
et son Parti de la justice et du développement (AKP) ont d'autres
ambitions pour Istanbul.
Au nord de la ville, le Premier ministre a officiellement lancé la
semaine dernière la construction d'un troisième pont reliant les deux
rives du Bosphore, pour un coût d'environ 3 milliards de dollars (2,3
milliards d'euros).
Spéculation
Le pont doit s'intégrer dans un gigantesque projet incluant la
construction d'un immense aéroport --il pourrait accueillir usqu'à 150
millions de passagers par an--, celle d'un canal reliant la mer Noire à
la mer de Marmara pour désengorger le Bosphore et de deux villes
nouvelles d'un million d'habitants chacune aux abords de ce canal.
"L'enjeu de ce projet, c'est l'ouverture de nouvelles terres à la
construction", prévient Tayfun Kahraman, président de la Chambre des
urbanistes d'Istanbul, dont l'organisation a planté une tente dans le
parc Gezi.
"Dans la ville, il ne reste plus de terres constructibles. C'est pour
cela que l'Etat privatise tous les terrains publics et qu'il met en
oeuvre des projets géants d'infrastructure qui lui permettront de
déclarer de nouveaux terrains constructibles", ajoute M. Kahraman,
déplorant le massacre attendu des forêts du nord d'Istanbul, "une
richesse naturelle d'une importance vitale pour la cité".
Derrière ces grands projets comme ceux plus discrets de réhabilitation
urbaine, beaucoup dénoncent la mainmise de certains groupes économiques
proches de l'AKP sur la ville.
"Il est clair que le projet de réhabilitation urbaine n'a pas été conçu
pour assurer un meilleur logement aux habitants, mais pour faire
changer de mains certains titres de propriété", commente Sami
Yilmaztürk, secrétaire général de la Chambre des architectes d'Istanbul.
Il rappelle que, dans de nombreux quartiers "rénovés", les habitants de
condition modeste ont été contraints de se chercher un nouveau logement
dans la périphérie de la ville, cédant la place à une population plus
aisée, pour le plus grand plaisir des promoteurs immobiliers.
"Il y a plein d'exemples à Istanbul où des terrains municipaux ont été
vendus et on a ensuite modifié le plan d'occupation des sols pour
permettre la construction de grands gratte-ciels. Il y a là de gros
enjeux financiers, qui impliquent des groupes bien déterminés", indique
pour sa part M. Kahraman.
"Les gens en ont conscience et réagissent très fortement à cela",
ajoute l'urbaniste, selon lequel "les Stambouliotes veulent
s'approprier leur ville".
(AFP, 3 juin
2013)
Erdogan lance la construction d'un troisième pont sur le Bosphore
Le Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan a lancé mercredi la construction d'un troisième pont reliant
les rives européenne et asiatique d'Istanbul au dessus du détroit du
Bosphore pour un coût d'environ 3 milliards de dollars (2,3 milliards
d'euros).
"Quand le projet sera complètement achevé, il va alléger le fardeau
d'Istanbul, qui est un des plus importants corridors de transit au
monde", a déclaré M. Erdogan avant d'appuyer sur le bouton commandant
la première coulée de ciment, près du village de pêcheurs de Garipçe,
sur la rive européenne du Bosphore.
"Nous pensons grand", a affirmé avec fierté le chef du gouvernement
islamo-conservateur en énumérant les projets pharaoniques envisagés par
son administration, de la construction d'un aéroport géant --l'appel
d'offres a été remporté début mai par un consortium turc pour 22,15
milliards d'euros-- à celle d'un canal reliant la mer Noire à la mer de
Marmara pour désengorger le Bosphore.
M. Erdogan a évoqué un coût approximatif de 3 milliards de dollars.
"Ce pont sera nommé Sélim 1er Yavuz", a indiqué le président Abdullah
Gül, en hommage au premier sultan ottoman à avoir endossé le titre de
calife, c'est-à-dire de dirigeant de la communauté des musulmans, et
dont le règne a duré de 1512 à 1520.
Le nouveau pont autoroutier et ferroviaire, d'une longueur de 1.275 m,
doit franchir le Bosphore dans sa partie nord, près de la mer Noire. Il
doit faire partie d'un nouvel axe autoroutier de quelque 260 km reliant
la Thrace orientale à l'Anatolie en contournant la zone urbaine
d'Istanbul.
Sa construction et son exploitation pour 10 ans et 3 mois ont été
attribuées en mai 2012 par un appel d'offres au consortium
turco-italien Içtas-Astaldi.
Un premier appel d'offres organisé en janvier 2012 avait été annulé en raison de l'absence de candidatures.
Deux ponts suspendus ont déjà été construits sur le détroit du Bosphore, en 1973 et 1988.
Istanbul, la principale agglomération de Turquie avec plus de 15
millions d'habitants, est confrontée à de graves problèmes de trafic
routier, notamment en raison des goulets d'étranglement que constituent
les deux ponts existants.
Les détracteurs du projet de troisième pont, en discussion depuis
plusieurs années, estiment que celui-ci va défigurer le nord du
Bosphore et les forêts voisines, jusque-là plutôt bien préservés de
l'urbanisation, et encourager les Stambouliotes à utiliser d'avantage
la voiture. (AFP, 31 mai 2013)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
Merkel à la Turquie: "les valeurs européennes ne sont pas négociables"
La chancelière allemande Angela Merkel a martelé jeudi à l'adresse de
la Turquie que les valeurs défendues par l'Europe, liberté d'expression
en tête, n'étaient "pas négociables".
L'accord mardi entre l'Union européenne et Ankara sur l'ouverture d'un
nouveau chapitre de négociations d'adhésion "montre clairement que la
Turquie est un partenaire important", a dit Mme Merkel dans une
allocution aux députés du Bundestag. Mais elle a aussi assuré que "les
valeurs européennes (...) s'appliquent tout le temps, ne sont pas
négociables".
"Je me réjouis du résultat" trouvé mardi qui fait avancer ce dossier
mais dans le même temps "ne fait pas comme si de rien n'était",
a-t-elle ajouté.
Berlin a sévèrement critiqué les violences des forces de l'ordre
turques contre les manifestants en Turquie ces dernières semaines, les
responsables allemands se disant inquiets et même choqués de la
situation dans le pays.
L'Allemagne accueille la plus importante communauté turque à
l'étranger, avec environ trois millions de personnes ayant des racines
turques sur son territoire.
L'Union européenne a décidé mardi de relancer les négociations
d'adhésion avec la Turquie, un processus au point mort depuis plusieurs
années, malgré les réticences de l'Allemagne après la répression des
manifestations contre le gouvernement turc.
L'ouverture effective d'un nouveau chapitre de ces négociations ne
devrait cependant pas intervenir avant l'automne, et non mercredi comme
prévu initialement.
Ce compromis a été trouvé après d'intenses discussions entre ministres
européens réunis à Luxembourg sur fond de divergences sur le message à
envoyer aux autorités turques après les troubles politiques.
L'Allemagne, soutenue par les Pays-Bas et l'Autriche, prônait la
fermeté. Les autres pays de l'UE étaient favorables à la relance des
négociations.
(AFP, 27 juin
2013)
L'UE relance les négociations, mais avec des réserves
L'Union européenne a décidé mardi de relancer les négociations
d'adhésion avec la Turquie, un processus au point mort depuis plusieurs
années, malgré les réticences de l'Allemagne après la répression des
manifestations contre le gouvernement turc.
L'ouverture effective d'un nouveau chapitre de ces négociations ne
devrait cependant pas intervenir avant l'automne, et non mercredi comme
prévu initialement.
Ce compromis a été trouvé après d'intenses discussions entre ministres
européens réunis à Luxembourg sur fond de divergences sur le message à
envoyer aux autorités turques après les troubles politiques.
D'un côté, l'Allemagne, soutenue par les Pays-Bas et l'Autriche,
prônait la fermeté, affirmant qu'il n'était pas possible d'"ignorer ce
qui s'est passé ces dernières semaines", selon son chef de la
diplomatie, Guido Westerwelle.
Les autres pays de l'UE étaient favorables à la relance des
négociations car il est important de "laisser la porte ouverte" à la
Turquie, selon le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn.
"Nous devons penser davantage au peuple qu'au gouvernement turc. Des
millions de personnes en Turquie espèrent que l'UE va continuer à
mettre la pression" sur le pouvoir, a-t-il expliqué.
"Je ne suis pas sûr que les gens qui manifestaient dans la rue auraient
souhaité que l'Union européenne ferme la porte du dialogue entre
l'Union et la Turquie", a renchéri le ministre français des Affaires
européennes, Thierry Repentin.
Parlant de donnant-donnant, il s'est réjoui que l'UE n'ait "pas rompu
le dialogue avec un partenaire stratégique à l'égard de qui il faut
avoir à la fois l'ouverture du dialogue pour un arrimage à l'Europe et
le rappel des règles fondatrices, des principes de l'Union européenne".
La France a exprimé en début d'année sa volonté de relancer ses
relations avec Ankara, très fraîches ces dernières années en raison de
l'hostilité de l'ancien président Nicolas Sarkozy à l'adhésion de la
Turquie. Paris a ainsi donné en février son feu vert à l'ouverture du
chapitre 22, sans toutefois se prononcer sur l'évolution à long terme
du processus.
Bloqués par la question de Chypre
L'UE n'a "pas à être guidée par le court terme", a soutenu le ministre
suédois, Carl Bildt, en liant la position de Berlin aux enjeux
politiques du scrutin législatif de septembre. "Les élections
allemandes ne doivent pas être une excuse pour retarder tout le reste
en Europe", a-t-il dit.
Les autorités turques ont accusé la chancelière Angela Merkel
d'utiliser les événements récents à des fins de "politique intérieure"
alors que son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), a réaffirmé
dimanche son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'UE.
Le compromis trouvé mardi repousse de fait l'ouverture du nouveau
chapitre après les législatives du 22 septembre. Il interviendra
opportunément après "la présentation du rapport annuel de la
Commission", qui évalue chaque automne les progrès réalisés dans
l'harmonisation de la législation turque avec celles de l'UE, ont
précisé les ministres.
Malgré ce report, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a
salué l'accord européen. "Une question qui aurait pu constituer un
obstacle dans les relations euro-turques a pu être surmontée (...) Le
train Turquie-UE pourra ainsi avancer à toute vitesse", s'est-il
félicité.
Dans les faits, le processus de négociations engagé en 2005 s'avère le
plus lent jamais mené avec un pays candidat à l'adhésion. Le dernier
chapitre ouvert l'a été en 2010 et seul un chapitre sur 35 a pu être
clos.
De plus, le chapitre 22 prochainement ouvert concerne l'un des sujets
les plus consensuels, la politique régionale. Il restera ensuite à
aborder des chapitres jugés cruciaux portant sur la justice et les
droits fondamentaux.
Il s'agira également de résoudre les blocages liés à la question
chypriote, Ankara refusant de reconnaître la République de Chypre, l'un
des 27 pays de l'UE.
Ils empêchent actuellement d'avancer sur un dossier central, le
Protocole d'Ankara, destiné à élargir l'union douanière entre l'UE et
la Turquie.
(AFP, 25 juin
2013)
Une étudiante française expulsée après les manifestations
Une étudiante française a été expulsée lundi soir de Turquie après
avoir été arrêtée le 11 juin à Istanbul en marge de manifestations
antigouvernementales, a annoncé mardi une source au consulat de France
à Istanbul.
Elisa Couvert, 24 ans, a été renvoyée en France par une décision
administrative après avoir passé quatre jours en garde à vue, puis dix
jours dans un centre de rétention pour étrangers, alors que la justice
turque avait renoncé à engager des poursuites contre elle, a indiqué
cette source.
La jeune femme a été interpellée au siège local du Parti de la
démocratie socialiste (SDP), une petite formation de gauche active dans
les manifestations qui ont secoué la Turquie depuis la fin mai et dont
la police a investi le 11 juin les locaux, arrêtant une quarantaine de
personnes, selon une responsable de l'Association des droits de l'homme
(IHD).
Elle venait d'achever un stage à l'IHD et continuait de travailler à
titre bénévole pour l'association, selon cette militante. Elle est
aussi étudiante en master de sociologie à l'université de Galatasaray à
Istanbul, selon une de ses proches.
Mme Couvert a dénoncé dans un message diffusé sur Facebook "des
conditions de détention inacceptables" dans le centre de rétention
stambouliote de Kumkapi et l'obligation qui lui a été faite de payer
elle-même son billet d'avion pour rentrer en France.
Un autre Français arrêté lors des manifestations a en revanche été libéré samedi, a indiqué la source consulaire.
Thibault Alquier, arrêté durant le week-end du 15 au 16 juin, n'a pas
fait l'objet de poursuites et a été relâché samedi soir après quelques
jours en centre de rétention, selon cette source.
Deux autres Françaises, dont une étudiante venue à Istanbul dans le
cadre du programme d'échange européen Erasmus, avaient été arrêtées le
4 juin dans les manifestations, puis relâchées le 8 juin après un
parcours analogue.
(AFP, 25 juin
2013)
Les conservateurs de Merkel toujours contre l'adhésion turque
Les conservateurs allemands de la chancelière Angela Merkel ont
réaffirmé dimanche dans leur programme électoral leur opposition à
l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne alors que Berlin et
Ankara ont eu des paroles sévères l'un pour l'autre ces derniers jours.
L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son alliée bavaroise de la CSU
ont renoncé à employer le terme de "partenariat privilégié" entre la
Turquie et l'Union européenne, au motif que Ankara était opposé à la
formule.
"Nous avons renoncé à ce terme car ce que nous tenons pour quelque
chose de bon (le terme de partenariat privilégié, ndlr) n'est pas
considéré comme tel par l'autre partie", a expliqué la chancelière lors
d'une conférence de presse dimanche soir à Berlin.
Sur le fond, rien de changé, le programme parle "d'approfondissement et
d'amélioration du partenariat", a expliqué Horst Seehofer, chef de la
CSU.
"Nous voulons une coopération si possible forte entre l'Union
européenne et la Turquie ainsi qu'une étroite collaboration stratégique
dans les questions de politique étrangère et de sécurité", peut-on lire
dans le programme pour les élections législatives du 22 septembre.
Les Unions chrétiennes se sont toujours montrées hostiles à l'adhésion
de la Turquie assurant que le pays ne remplissait pas les critères.
"L'Union européenne serait en outre débordée en raison de la grandeur
du pays et de sa structure économique", répète le texte de près de 130
pages présenté dimanche.
La répression des manifestations antigouvernementales en Turquie a créé
de vives tensions entre les deux capitales. Samedi le ministre allemand
des Affaires étrangères Guido Westerwelle a estimé, après un entretien
avec son homologue turc, qu'il restait encore du chemin à faire pour
apaiser les différends.
Les ambassadeurs des deux pays avaient été convoqués aux ministères des Affaires étrangères respectifs.
Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a menacé la
chancelière Angela Merkel de "réactions" turques si elle ne revenait
pas sur ses déclarations, alors qu'elle avait qualifié de "beaucoup
trop dure" la répression policière contre les manifestants opposés au
Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
M. Bagis avait accusé Mme Merkel d'utiliser la situation en Turquie à
des fins de "politique intérieure", avec en tête les élections
législatives.
La chancelière a toujours affiché son scepticisme quant à
l'aboutissement des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE,
entamées en 2005 et qui n'avancent que très lentement, mais elle
s'était montrée favorable en début d'année à l'ouverture d'un nouveau
chapitre de négociations.
Toutefois selon des diplomates européens, l'Allemagne et les Pays-Bas s'opposent désormais à l'ouverture de ce chapitre.
(AFP, 23 juin
2013)
Ankara menace l'Allemagne de représailles
Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a mis en garde
vendredi la chancelière allemande Angela Merkel contre toute velléité
de bloquer l'ouverture d'un nouveau chapitre des négociations
d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne (UE).
"J'espère qu'elle va corriger l'erreur qu'elle a commise lundi
(...) ou cela donnera lieu à des réactions", a déclaré M. Bagis devant
la presse, faisant allusion aux déclarations de Mme Merkel déplorant la
répression "beaucoup trop dure", selon elle, des manifestations
antigouvernementales en Turquie.
"La Turquie n'est pas n'importe quel pays", a encore dit M. Bagis, cité
par les médias turcs, déplorant une "manoeuvre électoraliste facile" de
la part de Mme Merkel à l'approche des élections législatives en
Allemagne.
M. Bagis avait déjà mis en garde l'Allemagne jeudi en des termes
particulièrement fermes. "Si Mme Merkel se cherche de la matière
destinée à la politique intérieure pour ses élections, cette matière ne
doit pas être la Turquie", avait-il déclaré faisant allusion aux
élections prévues le 22 septembre en Allemagne.
Berlin a convoqué vendredi l'ambassadeur de Turquie en Allemagne pour
protester contre les propos jeudi de M. Bagis, et Ankara devait faire
de même, par mesure de réciprocité.
Dans une déclaration publiée vendredi soir, le ministre turc des
Affaires européennes a "regretté" la réaction de Berlin et s''est
déclaré "déçu" par son attitude.
"Nous avons été déçus par la décision de l'Allemagne d'empêcher
l'ouverture de ce (nouveau) chapitre des négociations", a déclaré M.
Bagis, "nous estimons que notre sincérité nous impose d'exprimer notre
déception".
"Nous regrettons également de constater l'intolérance et la mauvaise
interprétation de nos rappels sincères par nos amis allemands, qui
critiquent injustement la Turquie en matière de liberté d'expression",
a-t-il ajouté, avant de plaider pour que les deux pays dépassent leur
différend.
A Odessa (Russie), où il se trouve en visite de travail, le ministre
turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a fait part de son
"malaise".
"Nous avons eu connaissance d'un blocage d'inspiration politique sous le prétexte
d'arguments techniques", a indiqué M. Davutoglu à la presse turque qui l'accompagnait.
Le chef de la diplomatie turque a lui aussi brandi la menace d'une
détérioration des relations euro-turques si Berlin persistait dans son
refus. "Nous (...) prendrons les mesures nécessaires contre les pays
qui feront en sorte d'interrompre les relations entre la Turquie et
l'Union" européenne, a-t-il dit.
La chancelière a toujours affiché son scepticisme quant à
l'aboutissement des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE,
entamées en 2005 et qui n'avancent que très lentement depuis, mais elle
s'était montrée favorable en début d'année à l'ouverture d'un nouveau
chapitre de négociations.
Toutefois selon des diplomates européens, l'Allemagne et les Pays-Bas
s'opposent désormais à l'ouverture de ce chapitre, dans la foulée de
leurs critiques déplorant la brutalité de la répression des
manifestations antigouvernementales qui ont agité la Turquie pendant
près de trois semaines.
Si un accord unanime des 27 n'est pas trouvé lundi à Bruxelles, la
conférence intergouvernementale qui devait donner mercredi prochain son
feu vert à l'ouverture de ce nouveau chapitre pourrait être reportée,
selon les diplomates européens.
(AFP, 21 juin
2013)
Une délégation du Parlement européen annule une visite en Turquie
Une délégation du Parlement européen a annulé mercredi une visite
prévue en Turquie en raison de déclarations très critiques faites par
le gouvernement turc à l'encontre du Parlement européen.
"Face à des déclarations faites par des représentants du gouvernement
turc, la délégation a décidé de reporter sa visite", a indiqué
l'eurodéputé conservateur allemand Elmar Brok, qui devait diriger cette
délégation.
"Je le regrette", a ajouté M. Brok. "La Turquie est et reste un
partenaire important pour l'UE, mais elle doit savoir comment réagir
aux critiques", a-t-il dit.
"Nous poursuivrons les contacts avec nos homologues turcs pour rétablir un dialogue constructif avec eux", a-t-il affirmé.
Une délégation de 13 eurodéputés de la commission des Affaires
étrangères du Parlement européen devait se rendre à Ankara et dans le
Kurdistan turc, à Diyarbakir, mercredi et jeudi. Les députés avaient
prévu de rencontrer des représentants du gouvernement ainsi que des
dirigeants de la Grande Assemblée nationale de Turquie, des partis de
l'opposition, des groupes de réflexion ainsi que des représentants des
médias.
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, avait jugé la semaine
dernière "inacceptable" une résolution adoptée jeudi dernier par le
Parlement européen qui critiquait un usage "excessif" de la force par
la police turque contre les manifestants anti-gouvernementaux.
"Cette résolution, lorsqu'elle nous sera transmise, sera immédiatement rejetée", avait dit le ministre turc.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait également vivement critiqué la résolution des députés européens.
"Vous vous prenez pour qui? Avec quelle audace vous osez adopter une
telle décision? Je ne la reconnais pas", avait lancé M. Erdogan,
principale cible d'une contestation sans précédent qui agite la Turquie.
Dans leur résolution, les députés européens ont exprimé leur "profonde
inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale
de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes".
Le Parlement "met en garde" par ailleurs le gouvernement d'Ankara
contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants
pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position
d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la
situation".
(AFP,19 juin
2013)
Le Conseil de l'Europe appelle à éviter l'"escalade de la violence" en Turquie
Le Conseil de l'Europe a appelé dimanche la Turquie à éviter "toute
escalade supplémentaire de la violence", au lendemain de l'évacuation
par la force du dernier bastion des manifestants à Istanbul.
"J'appelle toutes les parties à poursuivre le dialogue", a écrit dans
un communiqué le secrétaire général de l'organisation paneuropéenne,
Thorbjorn Jagland, ajoutant que "toute escalade supplémentaire de la
violence doit être évitée".
Au regard des normes "juridiquement contraignantes" imposées par la
Convention européenne des droits de l'homme, et qui s'applique à la
Turquie, toute restriction à la liberté de rassemblement "doit être
prévue par la loi et nécessaire dans une société démocratique", a par
ailleurs rappelé M. Jagland.
Ainsi, "au cas où les forces de sécurité doivent intervenir avec force,
cette intervention doit être strictement adaptée et nécessaire".
Les autorités se doivent d'assurer le "déroulement pacifique" des
manifestations et la "sécurité de tous les citoyens", selon le
secrétaire général. (AFP, 16 juin 2013)
Berlin appelle Ankara à respecter la liberté de manifester
Berlin a appelé dimanche la Turquie à "respecter la liberté de
manifester et d'expression", estimant qu'Ankara envoyait par "son
comportement regrettable" de "mauvais signaux".
"Le gouvernement allemand réitère sa mise en garde : la liberté de
manifester et d'expression doit être garantie, les citoyens pacifiques
doivent être respectés", a écrit le porte-parole du gouvernement
allemand, Steffen Seibert, dans un tweet réagissant aux derniers
événements en Turquie.
Dans un autre tweet, M. Seibert se prononce en faveur de la "poursuite
du dialogue" en Turquie, ajoutant que "le gouvernement allemand appelle
à nouveau toutes les parties à la raison".
"Le gouvernement turc envoie par son comportement regrettable des
signaux totalement mauvais, d'une part, en direction de son propre
pays, et d'autre part, en direction du monde entier, et aussi, vers
nous l'Europe", a dit de son côté le ministre allemand des Affaires
étrangères, Guido Westerwelle.
"Ces derniers jours, nous avions espéré que la situation s'apaiserait",
a dit le ministre qui a qualifié de "revers" l'escalade des violences,
dans un entretien avec la télévision publique ZDF.
"J'attends du gouvernement turc qu'il contribue à l'apaisement (...) et
qu'il fasse un pas en direction de ceux qui veulent exercer leur droit
de manifester", a-t-il ajouté.
Et d'enfoncer le clou : "Quand il y a des manifestations, c'est le
signe d'une société civile mûre. On ne doit pas en avoir peur dans une
démocratie, mais on doit s'en réjouir".
L'Allemagne abrite la plus grande communauté turque des pays de l'Union
européenne et des manifestations y ont eu lieu dans plusieurs villes
dimanche en solidarité avec les opposants au gouvernement
islamo-conservateur de M. Erdogan.
Une lettre ouverte signée par une vingtaine de personnalités célèbres
du monde artistique, dont le réalisateur allemand d'origine turque,
Fatih Akin, a été adressée à la chancelière allemande Angela Merkel,
l'appelant à s'engager en faveur de la fin des violences en Turquie, a
indiqué leur porte-parole dimanche à l'AFP.
"Les événements et leur évolution en Turquie parlent d'eux-mêmes. S'il
vous plaît, ne restez pas passifs. Faites en sorte, avec vos collègues
européens, que le gouvernement turc cesse immédiatement ses violences
contre la population", déclarent les artistes, selon le texte de cette
lettre, dont l'AFP s'est procurée une copie.
En outre, Fatih Akin, a envoyé une lettre ouverte, écrite en allemand
et en turc, au président turc, Abdullah Gül, dont l'AFP a également
obtenu une copie.
"J'en appelle à votre conscience : Mettez fin à cette folie !", a-t-il dit.
La coprésidente de Verts -parti de l'opposition-, Claudia Roth, qui
s'est rendue à Istanbul pour manifester aux côtés des opposants à M.
Erdogan, s'est insurgée dans un entretien avec la chaîne de
télévision publique ARD contre la "violence brutale" des forces de l'ordre turques.
Elle a appelé "l'Europe" à "montrer plus que jamais de quel côté elle
est (...) du côté des démocrates" et a appelé le gouvernement allemand
à de très vives critiques des violences en Turquie. (AFP, 16 juin 2013)
Le Parlement européen critique l'usage "excessif" de la force
Le Parlement
européen a critiqué jeudi le "recours excessif à la force" par la
police en Turquie, et le "refus" du Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan d'oeuvrer à la réconciliation dans son pays.
Dans une résolution adoptée à mains levées, les députés européens ont
exprimé leur "profonde inquiétude" face à la "violence excessive" et à
"l'intervention brutale de la police" contre des manifestations
"pacifiques et légitimes".
Le Parlement "met en garde" le gouvernement d'Ankara contre l'adoption
de "mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques" et
"exhorte le Premier ministre à adopter une position d'unité et de
conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation".
Il "demande la libération immédiate de tous les manifestants pacifiques
arrêtés et actuellement détenus". Les autorités turques doivent
"enquêter de manière approfondie sur les violences policières, traduire
les responsables en justice et proposer de dédommager les victimes",
selon la résolution.
Le Parlement "déplore" les "réactions dures du gouvernement turc et du
premier ministre Erdogan, dont le refus de prendre des initiatives en
faveur de la réconciliation, de présenter des excuses ou de comprendre
les réactions d'un segment de la population turque n'ont fait que
contribuer à polariser davantage la société".
La Turquie, "en tant que candidate à l'adhésion à l'Union, est tenue de
respecter et de promouvoir la démocratie et de renforcer les droits et
libertés démocratiques et humains", soulignent les députés.
Le mouvement de contestation actuel "reflète également le
mécontentement qui grandit dans des pans de la population turque",
analysent les parlementaires, qui demandent au gouvernement de
"respecter la pluralité et la richesse de la société turque", de
"protéger les modes de vie laïcs" et de respecter la liberté de la
presse.
Au cours du débat avant ce vote, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait
appelé mercredi M. Erdogan à privilégier "le dialogue et non la confrontation".
"Ce qui s'est passé en Turquie est une claire violation des droits de
l'Homme, et nous savons tous que ce n'est pas un cas isolé", avait
fustigé le chef de file des élus libéraux, l'ancien Premier ministre
belge Guy Verhofstadt.
M. Erdogan "doit changer s'il ne veut pas éloigner la Turquie de
l'Europe et du respect des valeurs européennes", avait estimé son
homologue du groupe socialiste, l'Autrichien Hannes Swoboda. (AFP,13 juin
2013)
Le texte adopté par le PE:
1. exprime ses sincères condoléances aux familles des
manifestants et du policier qui ont perdu la vie et souhaite un prompt
rétablissement aux nombreux blessés;
2. fait part de sa profonde inquiétude face au recours
disproportionné et excessif à la force par la police turque en réponse
aux manifestations pacifiques et légitimes du parc Gezi d'Istanbul et
appelle les autorités turques à enquêter de manière approfondie sur les
violences policières, à traduire les responsables en justice et à
proposer de dédommager les victimes; met en garde le gouvernement turc
contre l'adoption de mesures sévères à l'encontre des manifestants
pacifiques et exhorte le premier ministre à adopter une position
d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la
situation;
3. déplore que les autorités turques aient annoncé qu'elles
tiendraient des pourparlers avec certains des meneurs des
manifestations, les violences policières sur et autour de la place
Taksim se poursuivent, jetant de fait une ombre sur les perspectives de
pourparlers entre le gouvernement et les manifestants;
4. invite les autorités turques à garantir et à respecter
les droits de tous les citoyens à la liberté d'expression et à se
réunir et à manifester pacifiquement; exige que tous les détenus aient
accès sans restriction à l'avocat de leur choix; demande la libération
immédiate de tous les manifestants pacifiques arrêtés et actuellement
détenus; demande des informations sur le nombre exact de détenus et de
blessés;
5. déplores les réactions dures du gouvernement turc et du
premier ministre Erdogan, dont le refus de prendre des initiatives en
faveur de la réconciliation, de présenter des excuses ou de comprendre
les réactions d'un segment de la population turque n'ont fait que
contribuer à polariser davantage la société turque;
6. se félicite de la réponse modérée du président Gül et des
excuses que le vice-premier ministre Arinç a présentées aux
manifestants blessés, ainsi que de leur dialogue avec la plate-forme
Taksim et les personnalités de l'opposition politique en vue d'apaiser
les tensions; souligne l'importance du dialogue entre le gouvernement
turc et les manifestants pacifiques;
7. rappelle à la Turquie que, dans une démocratie
intégrative et pluraliste, tous les citoyens devraient se sentir
représentés et que la majorité est tenue d'associer l'opposition et la
société civile au processus décisionnel; rappelle également aux partis
d'opposition le rôle qu'il leur incombe de jouer pour instaurer une
culture politique démocratique dans le respect des divergences de
points de vue et d'opinion;
8. se déclare préoccupé par les confrontations actuelles
entre les partis politiques et par le peu d'empressement du
gouvernement et de l'opposition à œuvrer pour atteindre un consensus
sur des réformes clés; exhorte l'ensemble des acteurs politiques, le
gouvernement et l'opposition à œuvrer de concert pour améliorer le
pluralisme politique au sein des institutions de l'État et pour
promouvoir la modernisation et la démocratisation de l'État et de la
société;
9. attire l'attention sur le caractère essentiel de
l'existence d'un système d'équilibre des pouvoirs dans la gouvernance
d'un État démocratique moderne, laquelle doit se refléter dans le
processus constitutionnel en cours et reposer sur le principe de la
séparation des pouvoirs et de l'équilibre entre les pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire, sur le respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales, en particulier la liberté d'expression et la
liberté de la presse, ainsi que sur une culture politique de
participation qui offre un reflet fidèle du pluralisme d'une société
démocratique; estime qu'en soi, l'organisation de manifestations
pacifiques et légitimes atteste le dynamisme de la société civile
turque; rappelle à la Turquie l'importance de poursuivre ses efforts
pour continuer de renforcer ses institutions démocratiques, l'état de
droit et le respect des libertés fondamentales;
10. insiste sur la nécessité de continuer à former les
forces de police et la magistrature de manière intensive, tant lors de
la formation initiale que de la formation continue, à l'application du
protocole d'Istanbul (ensemble de lignes directrices internationales
contre la torture et les mauvais traitements) et à la primauté des
droits individuels et des libertés;
11. demande aux autorités locales et nationales turques de
lancer des consultations publiques pour tous les projets de
développement urbain et régional; rappelle la nécessité d'équilibrer la
croissance économique avec les facteurs sociaux, environnementaux,
culturels et historiques; demande que tous les projets concernés en
Turquie soient soumis à une évaluation d'impact environnemental, sans
exception;
12. observe que la vague de protestations sans précédent
reflète également le mécontentement qui grandit dans des pans de la
population turque face à la réglementation du mode de vie; rappelle que
dans le cadre d'une politique démocratique, les gouvernements se
doivent de promouvoir la tolérance et de garantir la liberté de
religion et de conviction de tous les citoyens; demande au gouvernement
de respecter la pluralité et la richesse de la société turque et de
protéger les modes de vie laïcs;
13. met en garde contre le fait que la répression policière
met à mal la crédibilité de la Turquie dans son rôle régional de
champion des changements démocratiques dans les pays du voisinage
méridional;
14. rappelle que la liberté d'expression et le pluralisme
des médias sont au cœur des valeurs européennes et qu'une société
démocratique, libre et pluraliste réclame une véritable liberté
d'expression; rappelle que la liberté d'expression s'applique non
seulement aux informations ou aux idées reçues favorablement ou jugées
inoffensives, mais aussi, dans le respect de la convention européenne
des droits de l'homme, aux idées qui heurtent, choquent ou dérangent
l'État ou une frange quelconque de la population;
15. exprime sa préoccupation face à la détérioration de la
liberté de la presse, à certains actes de censure et à l'autocensure de
plus en plus pratiquée parmi les médias turcs, y compris sur internet;
invite le gouvernement turc à veiller au respect du principe de la
liberté de la presse; fait observer qu'une presse indépendante est
indispensable à une société démocratique et met en avant, dans ce
contexte, le rôle essentiel du pouvoir judiciaire pour protéger et
améliorer la liberté de la presse, afin de garantir ainsi un espace
public propice aux débats libres et ouverts à tous; s'inquiète du grand
nombre de journalistes en détention et des nombreux procès de
journalistes en cours; demande la libération des militants actifs dans
les médias sociaux; juge profondément regrettable la décision du RTUK
(Conseil suprême de la radio et de la télévision) de sanctionner les
chaînes de télévision qui ont couvert les événements du parc Gezi
depuis le début pour "atteinte au développement physique, moral et
mental des enfants et des jeunes";
16. relève à nouveau avec préoccupation que la plupart des
médias sont concentrés entre les mains de grands groupes aux intérêts
commerciaux multiples; rappelle la nécessité d'adopter une nouvelle loi
sur les médias traitant notamment des questions de l'indépendance, de
la propriété et du contrôle administratif;
17. charge son président de transmettre la présente
résolution au Conseil, à la Commission, à la haute représentante de
l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité / vice
présidente de la Commission, au Secrétaire général du Conseil de
l'Europe, au président de la Cour européenne des droits de l'homme, aux
gouvernements et aux parlements des États membres ainsi qu'au
gouvernement et au parlement de la République de Turquie.
Ankara juge "inacceptable" une résolution du Parlement européen
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet
Davutoglu, a jugé "inacceptable" une résolution adoptée jeudi par le
Parlement européen qui critique un usage "excessif" de la force par la
police turque contre les manifestants anti-gouvernementaux.
"Cette attitude est inacceptable", a martelé M. Davutoglu devant les
journalistes, affirmant que la Turquie était une "démocratie de
première classe" et n'avait de leçon à recevoir de personne.
"Cette résolution, lorsqu'elle nous sera transmise, sera immédiatement rejetée", a dit le ministre turc.
Peu auparavant, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a aussi vivement critiquée la résolution des députés européens.
"Vous vous prenez pour qui? Avec quelle audace vous osez adopter une
telle décision? Je ne la reconnais pas", a lancé M. Erdogan, principale
cible d'une contestation sans précédent qui agite la Turquie depuis
deux semaines, faisant quatre morts et près de 5.000 blessés.
Dans leur résolution, les députés européens ont exprimé leur "profonde
inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale
de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes".
Le Parlement "met en garde" par ailleurs le gouvernement d'Ankara
contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants
pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position
d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la
situation".
(AFP,13 juin
2013)
Manifestation réprimée en Turquie : un mauvais signal, selon Berlin
Le gouvernement allemand a condamné mercredi la répression dont ont été
victimes les manifestants de la place Taksim à Istanbul, la qualifiant
de "mauvais signal" pour la Turquie et pour l'Europe.
"Les images de la place Taksim sont dérangeantes. Le gouvernement
envoie jusqu'ici avec sa réaction un mauvais signal, dans son propre
pays mais aussi vers l'Europe", a déclaré le ministre allemand des
Affaires étrangères, Guido Westerwelle, dans un communiqué.
Faisant part de "l'inquiétude" de Berlin à la vue de ses images, au
cours d'un point de presse régulier, le porte-parole du gouvernement
allemand, Steffen Seibert, a rappelé le droit de tout citoyen "à la
liberté d'expression, la liberté de rassemblement".
"C'est un principe de la démocratie qui doit être respecté", a-t-il
ajouté. Et d'appeler à "l'apaisement et au dialogue". "Le gouvernement
allemand espère que des entretiens constructifs restent possibles",
a-t-il dit.
Interrogé pour savoir si Berlin avait des contacts avec ses partenaires
sur la situation en Turquie, le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Andreas Peschke, a précisé que M. Westerwelle avait eu des
"entretiens téléphoniques" avec plusieurs partenaires et qu'il était
"naturellement en contact" avec les partenaires turcs.
Selon une source proche du gouvernement allemand, le scepticisme est de
plus en grand à Berlin sur la possibilité d'ouvrir un nouveau chapitre
des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
"Il semble que cela ne va pas être possible", a indiqué cette source à
l'AFP. Il y a "de sérieux doutes" en raison de nombreuses questions en
suspens, a-t-elle ajouté.
Le 3 juin, le gouvernement allemand avait estimé que les événements en
Turquie n'avaient pas d'influence sur les discussions d'adhésion à l'UE.
En février, la chancelière allemande Angela Merkel s'était montrée
favorable à l'ouverture d'un nouveau chapitre avec la Turquie, tout en
affirmant qu'elle était sceptique quant à l'aboutissement.
La Turquie a ouvert en 2005 des négociations d'adhésion à l'UE, mais
les pourparlers patinent, en raison de l'hostilité de pays européens
comme la France et l'Allemagne à une pleine adhésion de ce pays, mais
aussi à cause de blocages d'Ankara.
L'Allemagne abrite la plus grande communauté turque des pays de l'UE et
quelques petites manifestations y ont eu lieu ce week-end en solidarité
avec les opposants au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip
Erdogan.
(AFP,12 juin
2013)
La France préconise la "retenue" et le "dialogue"
La France souhaite "l'apaisement et la retenue" en Turquie et préconise
"le dialogue" entre le gouvernement turc et les manifestants, a déclaré
mercredi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui craint
que les autorités ne jouent la carte du "pourrissement".
"Nous appelons à l'apaisement et à la retenue", a déclaré à la chaîne
de télévision France 2 le chef de la diplomatie française qui a dit en
avoir parlé mardi avec son homologue turc Ahmet Davutoglu, au cours
d'un entretien téléphonique portant sur la Syrie.
"On a parlé aussi de la Turquie. Il m'a expliqué quelle était sa vision
et je lui ai dit la position de la France: nous souhaitons la retenue
et l'apaisement et la solution passe par le dialogue, là-bas, comme
partout", a affirmé M. Fabius.
"Il y a un apaisement démocratique à trouver et j'espère que ça va être
trouvé rapidement", a dit M. Fabius qui, en réponse à une question, a
admis que le gouvernement turc jouait plutôt la carte de la fermeté,
"et peut-être même du pourrissement".
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait évacuer à deux
reprises par la force mardi les manifestants sur la place Taksim, au
centre d'Istanbul, en prévenant qu'il n'aurait plus "aucune tolérance"
envers leur mouvement.
"Dans une démocratie, il faut le dialogue. C'est ce qu'a demandé le
président turc, M. Abdullah Gül, et j'espère qu'on ira vers cela", a
poursuivi M. Fabius.
La Turquie s'éloigne-t-elle de l'Europe? "Je ne crois pas, mais c'est
vrai qu'il y a un certain nombre de pratiques qui ne sont pas celles
qu'on souhaite voir se développer en Europe", a-t-il ajouté.
Le ministre a estimé qu'on ne pouvait parler de "printemps turc" en
allusion aux "printemps arabes": "Ce n'est pas le même phénomène,
d'abord parce que la Turquie est en développement économique alors que
les pays arabes ne l'étaient pas au moment des printemps arabes,
ensuite parce que M. Erdogan a été élu, ce qui n'était pas le cas de M.
Moubarak (Hosni Moubarak, l'ex-président égyptien) ou de M. Ben Ali"
(Zine El Abidine Ben Ali, l'ex-président tunisien).
(AFP,12 juin
2013)
Füle critique le recours excessif à la force par la police
Le recours excessif de la police à la force n'a "pas sa place" dans une
démocratie mais les manifestations en cours en Turquie ne remettent pas
en cause son processus d'adhésion à l'Union européenne (UE), a estimé
vendredi à Istanbuk le commissaire européen à l'Elargissement Stefan
Füle.
"Les manifestations pacifiques constituent une voie légitime pour
l'expression d'opinions dans une société démocratique. L'usage excessif
de la force par la police contre ces manifestations n'a pas sa place
dans une démocratie", a déclaré M. Füle lors d'un discours devant M.
Erdogan.
"Permettez-moi (...) d'appeler la Turquie à ne pas abandonner ses
valeurs de liberté et de respect des droits de l'Homme. Et
permettez-moi de vous assurer que, de notre côté, nous n'avons pas
l'intention d'abandonner le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE",
a ajouté le commissaire européen.
Plusieurs pays de l'UE ont dénoncé ces derniers jours les brutalités
policières dans la répression des manifestations anti-Erdogan qui
agitent depuis huit jours la Turquie.
Selon le dernier bilan fourni par l'Association des médecins turcs,
cette vague sans précédent de contestation et sa répression ont fait
trois morts, deux manifestants et un policier, et 4.785 blessés, dont
48 très grièvement.
(AFP, 7 juin
2013)
Merkel: La Turquie ne doit pas exercer de violence contre les manifestants
La chancelière allemande Angela Merkel a dit vendredi à Berlin "compter
sur le fait (...) qu'il n'y ait pas de violence contre les
manifestants" turcs.
"Je compte sur le fait que l'on discute des problèmes avec les jeunes
du pays, et qu'aucune violence ne soit exercée contre les
manifestants", a déclaré la chancelière en réponse à une question sur
la Turquie lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre
tunisien Ali Larayedh.
"Nous suivons l'évolution en Turquie et nous sommes d'avis que les
manifestations font partie d'un Etat de droit et pour cette raison il
faut se comporter conformément à l'Etat de droit avec les
manifestants", a dit Mme Merkel.
Egalement questionné sur la Turquie, M. Larayedh, qui a reçu mercredi
et jeudi la visite du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan en
Tunisie, a botté en touche : "je ne connais pas tous les détails de la
situation en Turquie", a--t-il répondu.
"M. Erdogan a été questionné (lors de sa visite en Tunisie, ndlr) sur
la situation en Turquie et il a répondu qu'il avait compris les
manifestations comme étant l'expression de la colère des jeunes, tant
qu'elles restaient dans le cadre législatif", a dit M. Larayedh.
"Il a présenté ses excuses auprès de tous pour l'utilisation de la
violence envers les manifestants", a-t-il ajouté, en exprimant sa
"confiance envers le peuple turc qui surmontera ces problèmes et
retrouvera le chemin du progrès".
(AFP, 7 juin
2013)
Paris dénonce la "répression policière" en Turquie
Le ministre délégué aux Affaires
européennes Thierry Repentin a dénoncé jeudi "la répression policière"
en Turquie et appelé à nouveau les autorités turques "à la retenue" et
au respect du droit de manifester.
"La répression policière a fait deux morts, 2.000 blessés, 1.700
arrestations temporaires, c'est trop! Aucune démocratie ne peut se
construire sur la répression de ceux et celles qui s'expriment dans la
rue. Le droit de manifester, le droit de s'opposer, doit être
respecté", a déclaré M. Repentin, devant les sénateurs.
Face à "l'usage excessif" de la force en Turquie "par les forces de
l'ordre à l'égard de la jeunesse qui a manifesté, la France a appelé et
appelle à la retenue vis-à-vis des manifestations démocratiques",
a-t-il poursuivi.
Dimanche, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait
déjà appelé les autorités turques à faire preuve de "retenue" face aux
manifestants qui dénoncent la politique du Premier ministre Recep
Tayyip Erdogan.
Ce dernier, en déplacement jeudi à Tunis, a fait état de l'arrestation
de sept étrangers impliqués dans les troubles dans son pays.
Le Quai d'Orsay a confirmé jeudi l'arrestation à Istanbul de deux
Françaises, désormais sous le coup d'une procédure judiciaire, et
précisé qu'elles bénéficiaient de la protection consulaire.
Au Sénat, M. Repentin a rappelé qu'en février, Paris avait "fait un
geste" envers vers la Turquie concernant le processus de son adhésion à
l'Union européenne.
"Ce geste ne doit pas être à sens unique. Il faut que les autorités
turques fassent preuve aussi d'avancée à l'égard du respect de la
démocratie et des droits de l'homme", a-t-il affirmé.
M. Repentin qui doit rencontrer son homologue turc Egmen Bagis la
semaine prochaine, a dit aborder cet entretien dans un "esprit à la
fois d'ouverture mais aussi d'exigence".
En février, le gouvernement socialiste s'était dit prêt à rouvrir l'un
des cinq chapitres de négociations (sur 35) bloqués par l'ancien
président Nicolas Sarkozy, celui relatif aux aides régionales,
relançant le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, entamé en 2005.
(AFP, 6 juin
2013)
Rassemblement à Paris en soutien aux manifestants en Turquie
Plusieurs centaines de personnes se sont
réunies mardi soir à Paris pour apporter leur soutien aux manifestants
en Turquie et dénoncer les violences policières du régime du Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, a constaté un journaliste de l'AFP.
"A bas le régime fasciste en Turquie", "Vive la résistance de Taksim",
clamaient au son des tambours les manifestants, en très grande majorité
des jeunes, en référence à l'emblématique place Taksim, dans le centre
d'Istanbul, où se réunissent régulièrement les opposants.
Organisé dans le centre de Paris par l'Assemblée citoyenne des
originaires de Turquie (ACORT), le rassemblement a été rejoint par de
nombreuses organisations turques, kurdes et de défense des droits de
l'homme, comme Amnesty dont une banderole proclamait "Halte aux
violences policières".
"On veut enfin la démocratie en Turquie, les Turcs n'y ont jamais
goûté", a expliqué à l'AFP Ozan Keçeli, membre de la fédération des
Alévis de France (une confession progressiste et mystique particulière
à la Turquie, qui regroupe environ 15 millions de personnes), qui
dénonce "la répression des Kurdes, de la gauche, des intellectuels, des
écologistes"...
La Turquie est en proie depuis vendredi à un mouvement de contestation
sans précédent. Les manifestants accusent M. Erdogan de dérives
autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.
Hormis deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des
quatre derniers jours ont fait plus de 1.500 blessés à Istanbul et au
moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de
l'Homme et les syndicats de médecins.
Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités.
La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux
sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays
occidentaux, notamment aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni.
Une porte-parole du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de
l'Homme, Mme Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête
"rapide, complète, indépendante et impartiale" sur "les policiers qui
auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de
l'Homme".
(AFP, 4 juin
2013)
La CGT condamne la répression, collabore avec le Disk
La CGT condamne avec force mardi "l'usage
disproportionné de la violence et l'ampleur de la répression" en
Turquie et suit les événements "en collaboration" avec le syndicat turc
Disk.
"La CGT condamne avec force l'usage disproportionné de la violence et
l'ampleur de la répression, exprime sa pleine et entière solidarité aux
manifestants et appelle le gouvernement turc à
respecter les droits fondamentaux internationaux", indique le premier syndicat français dans un communiqué.
La CGT affirme qu'en "collaboration avec l'organisation syndicale Disk,
elle suit au plus près les événements et les initiatives qui peuvent
être prises pour le respect des droits en Turquie".
Elle rappelle que déjà, à
l'occasion du 1er mai, à Istanbul "quelques 25.000 policiers, des
véhicules antiémeutes et des hélicoptères avaient été mobilisés pour
empêcher les stambouliotes de manifester à Taksim".
Les violents heurts lors de la célébration du 1er mai à Istanbul
avaient fait près de 30 blessés et donné lieu à de nombreuses
arrestations.
(AFP, 4 juin
2013)
GUE/NGL condemns Turkish government's violent clampdown on protestors
In light of the Turkish government's oppression of mass peaceful
protests and its stifling of media reporting, the GUE/NGL Group
condemns Prime Minister Erdogan's actions and calls for an immediate
end to the violence.
GUE/NGL President Gabi Zimmer, said: "We condemn the state violence of
the Turkish Government against the demonstrators. The government must
stop its authoritarian style of governing and hold talks with the
protesters to avoid an escalation of the violence and further victims.
Erdogan's actions are creating a dangerous division in Turkish society."
GUE/NGL Vice-President Takis Hadjigeorgiou, Member of the Delegation to
the EU-Turkey Joint Parliamentary Committee, commented: "We express our
solidarity with the demonstrators' demands for respect of democracy and
democratic and human rights and freedoms. We call on the Turkish
Government to immediately end this violence against its people."
According to reports more than 1000 people have been arrested and
hundreds injured while several people are said to have died. Turkish
anti-riot police are also specifically targeting political
parties.
MEP Hadjigeorgiou continued: "These mass protests highlight the
numerous and deep-rooted problems the country is facing. Although
positive steps have been made by AKP-led governments to limit the role
of the army in political life and on efforts to negotiate a solution to
the Kurdish problem, the government projects an increasingly more
despotic image, which is of course of great concern first and foremost
to the Turkish people. Turkey, as a candidate for EU accession, must
promote democracy and reinforce democratic and human rights and
freedoms." (
www.guengl.eu, June 4, 2013)
Les troubles en Turquie embarrassent les Européens
La brusque flambée de manifestations antigouvernementales en Turquie a
pris par surprise les pays européens, qui appellent Ankara à la
"retenue" et au "dialogue" en attendant de voir si ce pays sera à son
tour saisi par la fièvre qui déstabilise le Moyen-Orient.
Quatre jours après le début des troubles, la prudence prévalait lundi à
Bruxelles comme dans la plupart des capitales européennes, témoignant
de l'embarras à appréhender la situation.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé dimanche
sa "vive inquiétude au sujet de la violence qui a éclaté à Istanbul et
dans d'autres villes de Turquie", et a "regretté l'usage
disproportionné de la force par la police turque". Elle a appelé à un
"dialogue ouvert pour trouver une solution pacifique".
L'Allemagne, qui suit "avec inquiétude" la situation, a également prôné lundi le "dialogue" et "l'apaisement".
A Paris, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a appelé
dimanche les autorités à faire preuve de "retenue" face aux
manifestants et à analyser "les causes" de la contestation.
Mais il a réfuté l'idée d'un "printemps turc", par analogie avec les
printemps arabes. "Je rappelle qu'on a affaire à un gouvernement qui a
été démocratiquement élu", a déclaré le chef de la diplomatie française.
Sur la même ligne, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a
rappelé que le parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la justice et du
développement), avait "obtenu un soutien incroyable des électeurs" et
que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait "été reconduit à
plusieurs reprises". Il l'a toutefois appelé à "répondre favorablement"
aux "pressions pour davantage d'ouverture, davantage de liberté de la
presse et des réformes dans le sens d'une libéralisation".
Au-delà de ces réactions modérées, "nous attendons de voir l'évolution
de la situation au cours des prochains jours. Est-ce un feu de paille
ou le début d'une véritable contestation?", s'interroge un diplomate à
Bruxelles. "Mais il est à ce stade très hasardeux d'établir des liens
avec le Printemps arabe", selon lui.
Sinan Ulgen, un expert turc invité par l'institut Carnegie Europe,
estime que "les comparaisons avec les manifestations de la place Tahrir
(au Caire) ne sont pas pertinentes" car "il n'y a pas d'appel à un
changement de régime comme cela avait été le cas en Egypte".
La prudence des Européens est également liée aux craintes qu'une
poursuite des troubles ne rende encore plus compliquée la recherche
d'une solution pour mettre fin
à la guerre civile en Syrie, pays voisin de la Turquie.
Négociations UE-Turquie au point mort
Dans l'immédiat, les événements des derniers jours ne devraient pas
avoir d'influence sur les négociations en cours entre l'Union
européenne et la Turquie sur une éventuelle adhésion au bloc européen.
"Cela n'a pas d'effet sur les discussions (...) Je ne vois pas de lien
direct", a estimé le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen
Seibert.
De fait, les négociations engagées en 2005 piétinent depuis des mois,
en raison de l'hostilité de pays européens, comme la France et
l'Allemagne, à une pleine adhésion turque, mais aussi de blocages
d'Ankara.
Le 27 mai, l'UE avait indiqué "constater avec beaucoup de regrets que,
malgré ses demandes répétées, la Turquie refusait toujours de remplir
ses obligations".
Présent ce jour-là à Bruxelles, le chef de la diplomatie turque, Ahmet
Davutoglu, avait réclamé à l'UE de "débloquer le processus", car "à ce
rythme, il faudra 50 ans pour l'achever". "Sans la Turquie, l'UE ne
sera pas complète, elle n'aura pas de continuité stratégique et
géographique", avait-il soutenu.
Daniel Cohn-Bendit, vice-président des Verts au Parlement européen, a
appelé lundi l'UE à "accorder plus d'attention aux événements" après
"s'être détournée de la Turquie au cours des dernières années". Selon
lui, "ouvrir les négociations d'adhésion sur les chapitres cruciaux que
sont la justice et les droits fondamentaux serait particulièrement
pertinent et opportun".
(AFP, 3 juin
2013)
Reynders appelle au dialogue en Turquie
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires
étrangères Didier Reynders suit de près les événements de ces derniers
jours en Turquie. Comme la Haute Représentante de l’UE Catherine
Ashton, il regrette que les manifestations pacifiques aient été
réprimées d’une façon disproportionnée par des membres de la police
turque.
Didier Reynders rappelle l’importance qu’il attache à la liberté
d’expression et d’assemblée qui contribue à la vivacité de la
démocratie. Le Ministre plaide pour recourir à un dialogue ouvert,
participatif et franc comme méthode privilégiée de résolution des
questions de société conformément aux principes et aux valeurs défendus
par l’Union européenne.
Le Ministre Reynders rappelle aux touristes belges présents en Turquie
de se tenir à l’écart des rassemblements et autres manifestations.
(press@diplobel.fed.be, 3 juin 2013)
EU and US concerned by violent police raid against Taksim protesters
The United States State Department and the European Union have
expressed their concerns May 31 following the brutal police raids on
demonstrators protesting against the demolition of Taksim Gezi Park at
the heart of Istanbul.
The Spokesman of U.S. State Department Jen Psaki said that Washington
was concerned about the number of injured in the police raids,
emphasizing the respect for the rights of the protesters.
“We believe that Turkey’s long-term stability, security and prosperity
can be guaranteed with the protection of the fundamental freedoms.
That’s what the [protesters] seemed to be doing. These freedoms are
very important in a healthy democracy,” Psaski said, adding that they
had seen Amnesty International’s report condemning police’s violence.
Psaki also noted that the crackdown of the police forces armed with
tear gas and water cannons happened in one of the most touristic places
where many of the biggest hotels are located, indirectly warning that a
travel advisory for U.S. citizens could be issued. “We will follow
regularly the latest developments,” he said.
Meanwhile, the European Commissioner for enlargement Stefan Füle’s
spokesperson Peter Stano also stressed that the freedom of assembly
should be protected. “The European Commission is concerned about the
recurring clashes between police and demonstrators in Istanbul. We
condemn all excessive and disproportionate use of force,” Stano said in
a statement. Füle will raise the issue during his meeting with Turkish
Justice Minister Sadullah Ergin in Istanbul next week, Stano added. (hurriyetdailynews.com,
May 31, 2013)
Turquie-USA-OTAN /
Turkey-USA-NATO
Washington appelle Ankara à respecter la liberté d'expression
Les Etats-Unis ont exhorté mercredi la Turquie, en proie à des
manifestations, à respecter la liberté d'expression, se disant
"préoccupés" par "toute tentative de punir des individus pour avoir
simplement exercé" ce droit.
"Nous sommes préoccupés par toute tentative de punir des individus pour
avoir simplement exercé leur liberté d'expression", a déclaré à la
presse la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, évoquant
ce droit suprême aux Etats-Unis protégé par le 1er amendement de la
Constitution.
"Nous condamnons les tentatives de toutes les parties de provoquer des violences", a-t-elle ajouté.
"Nous comptons sur les autorités turques pour faire respecter ces
libertés", a affirmé Mme Psaki, énumérant les "libertés d'expression,
de réunion, d'association" et l'existence de "médias libres et
indépendants" comme piliers nécessaires d'une Turquie stable et
prospère.
Depuis près de deux semaines, un large mouvement de contestation contre
le gouvernement turc agite le pays, marqué par des heurts entre
manifestants et forces de l'ordre.
Ces protestations ont été déclenchées après une intervention brutale de
la police le 31 mai pour évacuer les occupants du parc Gezi, voué à la
destruction dans le cadre d'un projet d'aménagement de la place Taksim,
à Istanbul.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a tenté mercredi de
désamorcer la fronde en évoquant l'idée d'un référendum sur ce projet
d'aménagement de la place Taksim.
(AFP,12 juin
2013)
Manifestation à New York en soutien aux protestataires de Turquie
Tapant sur des casseroles et brandissant des drapeaux turcs, plusieurs
centaines de personnes ont manifesté samedi square Zuccotti à New York,
en signe de soutien aux protestataires en Turquie.
"Erdogan écoute ton peuple", pouvait-on lire sur certains panneaux,
d'autres demandant carrément la démission du Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan, confronté depuis la semaine dernière à un
mouvement de contestation qui s'est répandu dans toute la Turquie.
"Je veux vivre dans une Turquie moderne, dans une démocratie, pas dans
l'ancien temps", expliquait une manifestante, Tezcan Baris, une
comptable venue du New Jersey voisin, en brandissant un grand panneau
"Resistance for democracy".
"Ceux qui suppriment les droits démocratiques doivent s'en aller", ajoutait une autre protestataire.
"Nous sommes là pour que les gens se rendent compte" ajoutait Volkan
Yargici, venu aussi du New Jersey avec son fils de 4 ans. "C'est la
goutte d'eau qui fait déborder le vase. Assez, c'est assez",
ajoutait-il, dénonçant les violences policières et des arrestations
"sans raison" en Turquie.
"Nous avons un gouvernement élu mais le Premier ministre se comporte un dictateur", ajoutait un de ses amis.
Un groupe de Grecs très applaudi s'était joint aux manifestants turcs,
également soutenus par le mouvement Occupy, qui avait démarré dans ce
square Zuccotti à l'automne 2011.
Cette manifestation était la 3e organisée en soutien de la contestation turque en une semaine à New York.
Sous le titre "Qu'est-ce qui se passe en Turquie?", la contestation
turque s'est offerte vendredi une pleine page de publicité dans le New
York Times, après avoir récolté sur internet plus de 100.000 dollars en
cinq jours.
(AFP, 8 juin
2013)
La contestation turque s'offre une pleine page de pub dans le NYT
Sous le titre "Qu'est-ce qui se passe en Turquie", la contestation
turque s'est offerte vendredi une pleine page de publicité dans le New
York Times, après avoir récolté sur internet plus de 100.000 dollars en
cinq jours.
"La population de Turquie a parlé, nous ne serons pas oppressés",
affirme cette publicité, dont le titre disparaît partiellement derrière
la fumée d'un gaz lacrymogène.
"Durant les dix ans au pouvoir du Premier ministre Erdogan, nous avons
vu l'érosion constante de nos droits civiques et de nos libertés. Les
arrestations de nombreux journalistes, artistes et élus, et les
restrictions sur la liberté d'expression, les droits des femmes et des
minorités, montrent que le parti au pouvoir n'est pas sérieux sur la
démocratie", ajoutent les auteurs du texte, qui se disent solidaires
des "citoyens ordinaires qui protestent" en Turquie.
Ils demandent "la fin de la brutalité policière (...) une presse libre
(...) un dialogue démocratique ouvert (...) et une enquête sur les abus
de pouvoir récents du gouvernement qui a conduit à la mort d'innocents".
La publicité, signée "Gezi Democracy Movement", du nom du parc
d'Istanbul où la contestation a démarré il y a une semaine avant de
s'étendre dans le pays, a été payée par une collecte de fonds sur
internet, qui en cinq jours a permis de récolter 102.000 dollars, le
double de ce qui était espéré.
Plus de 2.500 personnes ont contribué, ont précisé à l'AFP ses
organisateurs, l'immense majorité pour des sommes ne dépassant pas 50
dollars.
Une nouvelle manifestation de solidarité est prévue samedi à New York,
et ses organisateurs y attendent plusieurs milliers de personnes venues
de toute la région.
(AFP, 7 juin
2013)
La fronde en Turquie embarrasse l'allié américain
La fronde en Turquie embarrasse les Etats-Unis qui ont érigé leur
alliée en une démocratie islamique modèle pour le monde arabe et sur
laquelle ils s'appuient pour régler les conflits en Syrie et au
Proche-Orient, relèvent des analystes.
La crise turque est particulièrement épineuse pour Washington car la
bête noire des manifestants, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan,
vient d'être reçu à la Maison Blanche par un président Barack Obama
réputé entretenir une relation très chaleureuse avec l'homme fort
d'Ankara.
"Les Américains sont vraiment mal à l'aise avec la Turquie qu'ils
présentaient il y a peu comme un exemple pour le monde musulman, un
pays qui a concilié islam, démocratie et progrès économique", résume
pour l'AFP Bayram Balci, chercheur au centre de réflexion Carnegie
Endowment.
Depuis une semaine, l'exécutif américain marche effectivement sur des
oeufs face à une vague de contestation en Turquie qui l'a visiblement
pris de court.
Le secrétaire d'Etat John Kerry a certes condamné l'usage "excessif" de
la force par la police turque et réaffirmé l'attachement des Etats-Unis
aux "libertés d'expression et de rassemblement". Mais la Maison Blanche
s'est empressée ensuite de saluer les "excuses" du vice-Premier
ministre Bülent Arinç aux victimes de la répression et les appels au
calme du président Abdullah Gül.
Barack Obama n'a pas dit un mot et son vice-président Joe Biden s'est montré fort prudent, qualifiant Ankara d'"allié vital".
De fait, "la Turquie est une alliée stratégique" des Etats-Unis, membre
de l'Otan depuis 1952, abonde Steven Cook, du centre de recherche
Council on Foreign Relations (CFR).
Mais, critique l'analyste, Washington s'est mis dans une position
"délicate en faisant de la Turquie un modèle (démocratique) pour le
monde arabe sans jamais dire un mot, par exemple, sur les journalistes
emprisonnés", un gros grief d'organisations des droits de l'homme
contre Ankara.
(AFP, 7 juin
2013)
Kerry tance l'allié turc pour l'usage "excessif de la force" policière
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tancé l'allié turc lundi en
condamnant l'usage "excessif" de la force par la police contre le
mouvement de protestation en cours en Turquie.
Le chef de la diplomatie américaine s'est dit "inquiet" des
"informations faisant état d'un recours excessif à la force" par la
police turque et a réaffirmé l'attachement des Etats-Unis aux "libertés
d'expression et de rassemblement".
"Nous espérons évidemment qu'il y aura une enquête complète sur ces
incidents et que la police fera preuve d'une grande retenue dans le
recours à la force contre ce genre d'incidents", a prévenu M. Kerry qui
s'exprimait lors d'un point de presse au département d'Etat en recevant
son homologue polonais Radoslaw Sikorski.
"Nous exhortons tous ceux qui sont impliqués --ceux qui manifestent et
font usage de leur liberté d'expression et ceux au gouvernement--
d'éviter toute provocation violente", a encore exigé le secrétaire
d'Etat, dont le ministère s'était déjà ému vendredi de la réponse
policière turque aux manifestations.
M. Kerry a assuré qu'il ne cherchait pas à "interférer" dans les
affaires intérieures de la Turquie --très proche alliée de Washington
notamment sur le dossier syrien--, mais à réaffirmer des "principes et
valeurs universels essentiels à la pratique démocratique".
Les affrontements ont repris lundi pour la quatrième journée
consécutive en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a nié toute dérive
autoritaire et rejeté l'éventualité d'un "printemps turc".
(AFP, 3 juin
2013)
Manifestation à New York en solidarité avec les protestataires en Turquie
Aux cris de "nous voulons la liberté", une centaine de personnes ont
manifesté lundi devant le consulat de Turquie à New York, demandant la
démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et exprimant leur
solidarité avec les protestataires turcs.
"Nous voulons la liberté", "Erdogan, démission", scandaient les
manifestants, rassemblés à l'angle de la 3e avenue et de la 50e rue
sous stricte surveillance policière, à l'heure du déjeuner, a constaté
l'AFP.
Certains portaient la photo du Premier ministre accompagnée de symboles
nazis, d'autres des drapeaux turcs. "Turquie, tu n'es pas seule",
"arrêtez la brutalité policière", dénonçaient d'autres pancartes
brandies par les manifestants contenus derrière un cordon de sécurité.
Ces manifestants, turcs pour la plupart, entendaient ainsi afficher
leur solidarité avec ceux qui depuis quatre jours manifestent à
Istanbul et ailleurs en Turquie.
Des milliers de personnes ont à nouveau envahi lundi soir la place
Taksim d'Istanbul, tandis que la police est intervenue pour disperser
une manifestation aux abords des bureaux stambouliotes du chef du
gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A Ankara, sur la place Kizilay, la police est également violemment
intervenue pour déloger des centaines de personnes, essentiellement des
jeunes étudiants et des lycéens.
Le gouvernement islamo-conservateur turc est confronté depuis quatre
jours à sa plus forte contestation depuis son arrivée au pouvoir en
2002.
Il est accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" le pays.
Le Premier ministre Erdogan a cependant estimé lundi depuis Rabat que la situation était "en train de se calmer".
Le ministère de l'Intérieur a fait état de 1.700 interpellations dans plus de 67 villes.
(AFP, 3 juin
2013)
Violences à Istanbul: Washington rappelle à l'ordre son allié turc
Washington a exceptionnellement rappelé à l'ordre vendredi son allié
turc au sujet des libertés publiques, condamnant la répression par la
police d'Istanbul d'une manifestation contre le gouvernement.
"Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés
lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a critiqué
la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.
"Le meilleur moyen de garantir la stabilité, la sécurité et la
prospérité de la Turquie, c'est de respecter les libertés d'expression,
d'association et de rassemblement telles que ces personnes visiblement
les exerçaient", a poursuivi la responsable américaine, dont le pays
est un très proche allié d'Ankara, notamment sur le dossier syrien.
"Ces libertés sont vitales à toute démocratie saine", a encore averti Mme Psaki.
De violents affrontements ont opposé vendredi toute la journée les
forces de l'ordre à des manifestants dans le centre d'Istanbul, faisant
des dizaines de blessés, à la suite d'un rassemblement dirigé contre un
projet d'urbanisation controversé qui a viré en protestation
antigouvernementale.
intervient au lendemain d'une réunion à Amman des "amis de la Syrie",
dont font partie les trois pays qui ont présenté cette requête. Elle
intervient également alors que les efforts diplomatiques se multiplient
pour réunir une conférence internationale dite Genève2 pour chercher
une issue politique au conflit.
La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire devenue
insurrection armée face à la répression du régime. Plus d'1,5 million
de Syriens ont trouvé refuge dans la région depuis le début du conflit
tandis qu'en Syrie 6,8 millions de personnes ont besoin d'aide (dont
4,25 millions de déplacés), selon l'ONU.
Une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR),
Melissa Fleming, a expliqué vendredi aux médias que cela faisait
désormais sept jours que presque plus aucun Syrien ne franchissait la
frontière jordanienne. Le HCR est particulièrement inquiet et demande
qu'aucune personne ne soit empêchée de quitter la Syrie.
Sur le terrain, dimanche, le Hezbollah, allié indéfectible du régime de
Bachar al-Assad, est entré à Qousseir, bastion de la rébellion proche
du Liban, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le contrôle de Qousseir est essentiel pour les rebelles, car cette
ville de 25.000 habitants se trouve sur le principal point de passage
des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban. La
ville est également stratégique pour le régime car elle est située sur
la route reliant Damas au littoral, sa base arrière. (AFP, 31 mai 2013)
Relations
régionales / Regional Relations
La CIA entraîne depuis des mois des rebelles syriens
La CIA et des forces spéciales américaines entraînent des rebelles
syriens en Jordanie et en Turquie depuis des mois, soit bien avant que
la Maison Blanche n'annonce son intention d'accroître son aide
"militaire" à l'opposition, rapporte vendredi le Los Angeles Times.
La formation des insurgés comprend le maniement d'armes de guerre
antichars et anti-aériennes, affirme le journal, citant des
responsables américains et des commandants de la rébellion syrienne.
Ces entraînements, qui n'avaient jamais dépassé dans la presse le stade
de la rumeur, ont débuté en novembre 2012 dans une base américaine du
sud-ouest de la Jordanie, d'après le L.A. Times, qui explique qu'ils
consistent en des sessions de deux semaines pour 20 à 45 combattants
syriens rebelles.
La Maison Blanche a annoncé le 13 juin qu'elle voulait apporter un
"soutien militaire" aux rebelles syriens, mais sans jamais préciser
officiellement s'il s'agissait de fournir des armes. Des analystes
pensent que Washington n'enverra pas d'armements lourds et
sophistiqués, mais des armes légères qui seraient insuffisantes pour
changer le cours du conflit.
Historiquement, la CIA est réputée entraîner et armer en secret des
insurgés dans de nombreux conflits du globe, avec l'appui de forces
spéciales américaines.
Ni la centrale de renseignements, ni la Maison Blanche n'ont voulu commenter les informations de presse.
Des rebelles de l'armée syrienne libre (ASL) sont formés au maniement
de fusils et missiles antichars et d'armes lourdes pour résister aux
avions des forces armées syriennes, détaille le L.A. Times, citant un
commandant de l'opposition armée.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est envolé vendredi pour le
Qatar, où il participera à une nouvelle conférence des "Amis de la
Syrie" pour coordonner avec dix autres pays l'aide, y compris
militaire, à apporter à la rébellion syrienne.
(AFP, 21 juin
2013)
Les manifestations en Turquie inquiètent les islamistes arabes
Les manifestations dans plusieurs villes turques sont suivies de près
dans le monde arabe, inquiétant les dirigeants islamistes qui vantent
depuis longtemps la Turquie comme un modèle de réussite de l'islam
politique, selon des analystes.
Des milliers de Turcs ont participé à ces manifestations contre le
gouvernement, défiant l'appel du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
à mettre fin aux pires troubles depuis qu'il est entré en fonctions il
y a environ dix ans.
Les troubles ont commencé lorsque la police a brutalement réprimé une
petite campagne pour sauver un parc d'Istanbul, se transformant en
manifestations à l'échelle nationale contre M. Erdogan et son parti,
l'AKP, considérés comme de plus en plus autoritaires. Des évènements
que les pays du "Printemps arabe" suivent de près.
L'Égypte et la Tunisie, où les islamistes sont arrivés en tête aux
élections, "doivent être inquiètes devant les problèmes rencontrés par
la Turquie d'Erdogan, censée constituer un modèle abouti de
fonctionnement" de l'islam politique, estime Antoine Basbous, de
l'Observatoire des pays arabes, à Paris.
La Tunisie et l'Égypte, où des révoltes sans précédent ont fait tomber
deux dictateurs en 2011 et ouvert la voie aux islamistes, ont à
plusieurs reprises vanté la Turquie comme un modèle de démocratie
islamiste modérée.
Le parti islamiste tunisien Ennahda, arrivé en tête à la première
élection après la révolte, a ouvertement exprimé son admiration pour
"le modèle turc", tandis que le président égyptien Mohamed Morsi, qui a
prononcé un discours devant un congrès de l'AKP en septembre 2012, a
affirmé que le parti de M. Erdogan était "une source d'inspiration".
Mais les deux pays arabes pâtissent d'une polarisation croissante entre
islamistes et laïcs, les islamistes au pouvoir étant notamment accusés
de ne pas tenir leur promesse de garantir les droits et libertés.
En Egypte, beaucoup font le parallèle entre les manifestations anti-AKP
et un rassemblement prévu le 30 juin contre le président Morsi à
l'occasion du premier anniversaire de son accession au pouvoir.
Mais des membres du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) de M.
Morsi affirment que de telles comparaisons visent seulement à couper
l'herbe sous le pied des dirigeants islamistes.
"Ce qui se passe en Turquie n'a rien à voir avec les besoins quotidiens
ou économiques. Cela vise à promouvoir l'idée que les régimes
islamistes, qui ont fait des prouesses économiques et prouvé au monde
qu'ils pouvaient faire face à tous les défis externes, ont échoué",
assure Mourad Ali, un responsable du PLJ, dans une interview au
quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom.
Mais M. Basbous estime que les manifestations en Turquie servent à
rappeler aux libéraux et aux laïcs dans le monde arabe "qu'ils ont été
les moteurs du changement" en 2011.
Cela ne se traduira toutefois pas nécessairement en un changement sur
le terrain, ajoute-t-il, l'opposition aux islamistes en Egypte et en
Tunisie restant faible et peu organisée.
L'analyste politique tunisien Sami Brahem affirme de son côté qu'"il y
a des tentatives d'exporter ce qui se passe en Turquie vers la Tunisie.
Ce sera difficile d'en faire un mouvement de protestation d'envergure,
mais (la situation en Turquie) peut constituer un soutien moral à tous
les laïcs face à des gouvernements islamistes".
Certains considèrent que les manifestations en Turquie reflètent un
mécontentement à travers la région face à l'islam politique, toutes
proportions gardées toutefois: M. Erdogan a été élu trois fois, avec
une augmentation constante des votes en sa faveur.
"Au final, ce qui importe ce n'est pas la justesse de l'analogie, mais
sa perception publique et sa capacité à frapper les esprits, ce qui
semble le cas en ce moment", affirme Hesham Sallam, un politologue de
l'Université de Georgetown, aux États-Unis.
Plus de deux ans après les soulèvements, l'Égypte et la Tunisie
traversent une crise économique et pour certains spécialistes, c'est
l'économie, plus que l'idéologie, qui conduirait à de nouveaux
mouvements de protestation.
L'incertitude politique en Tunisie a paralysé les investissements
étrangers et menace une reprise du tourisme, qui représente 7% du PIB
et emploie quelque 400.000 Tunisiens. L'instabilité en Egypte a les
mêmes effets et pèse sur les négociations autour d'un prêt du FMI.
"L'échec des gouvernements à réaliser les promesses (économiques et
sociales) peut conduire à un nouveau mouvement de contestation", estime
M. Brahem.
(AFP, 9 juin
2013)
Du Maroc, Erdogan assure que la situation est en voie "de se calmer"
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, confronté à une vive
contestation populaire, a estimé lundi, au premier jour d'une tournée
au Maghreb, que la situation était "en train de se calmer" dans son
pays.
"La situation est en train de se calmer. (...) A mon retour de cette
visite (au Maghreb, ndlr), les problèmes seront réglés", a affirmé lors
d'une conférence de presse M. Erdogan, selon une traduction de ses
propos tenus en turc.
Le chef du gouvernement, qui est arrivé au Maroc en début d'après-midi,
a par ailleurs accusé ses opposants de vouloir instrumentaliser la
contestation.
"Au début, le problème des arbres a provoqué les événements. Mais
ensuite les manifestants ont été poussés par des gens qui n'ont pas
gagné les élections", a-t-il avancé.
"Le parti républicain (du peuple) et d'autres sont parties prenantes dans ces événements", a ajouté M. Erdogan.
Interrogé sur les propos plus conciliants du président Abdullah Gül,
Recep Tayyip Erdogan s'est montré inflexible: "Je ne sais pas ce qu'a
dit le président, mais pour moi la démocratie vient des urnes", a-t-il
déclaré.
M. Gül avait jugé qu'"une démocratie ne signifie pas seulement (une
victoire) aux élections". "Il est tout à fait naturel d'exprimer des
opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques", avait-il
proclamé.
La Turquie a connu lundi sa quatrième journée de manifestations
antigouvernementales, et des milliers de manifestants envahissaient à
nouveau l'emblématique place Taksim d'Istanbul en soirée, d'après un
journaliste de l'AFP.
Partie de protestations contre un projet immobilier qui impliquait la
destruction d'un parc au coeur d'Istanbul, la contestation s'est
transformée en un vaste mouvement anti-AKP après la répression brutale
par la police des premières manifestations.
Ce mouvement est sans précédent depuis l'accession au pouvoir en 2002
du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur)
de M. Erdogan, accusé par les manifestants d'autoritarisme et de
vouloir "islamiser" la société turque.
Malgré ces manifestations, qui ont fait un mort et des centaines de
blessés à Istanbul et Ankara selon un dernier bilan, Recep Tayyip
Erdogan a maintenu sa visite au Maghreb, rejetant toute idée de
"printemps turc" et affichant sa fermeté face aux manifestants.
Lundi après-midi, il s'est entretenu avec son homologue marocain,
Abdelilah Benkirane, issu tout comme lui d'un mouvement islamiste
qualifié de "modéré".
Après sa conférence de presse, M. Erdogan, qui est accompagné de
plusieurs ministres et d'une imposante délégation d'acteurs
économiques, devait participer à un forum d'hommes d'affaires.
Le Maroc et la Turquie sont liés depuis plusieurs années par un accord
de libre-échange et le commerce bilatéral, en hausse constante, atteint
1,3 milliard de dollars.
Après le Maroc, le Premier ministre turc est attendu mardi en Algérie puis le lendemain en Tunisie.
Son retour en Turquie est prévu jeudi.
Avant de quitter Istanbul, lundi matin, il avait redit sa fermeté.
"Nous resterons fermes (...) calmez-vous, nous dépasserons tout ça", avait-il lancé à la presse.
(AFP, 3 juin
2013)
La Syrie retourne avec ironie les mots qu'Ankara avait utilisés contre elle
Le régime syrien savoure sa vengeance et les médias officiels prennent
depuis trois jours un malin plaisir à utiliser le même vocabulaire dont
la Turquie, soutien des rebelles syriens, a usé à l'égard de Bachar
al-Assad.
Raillant les malheurs du gouvernement turc, qui fut un grand ami du
régime syrien avant d'appuyer la rébellion, les ministres syriens ont
accusé Ankara de "terroriser" sa population et ont décrit le mouvement
de protestation comme le "vrai Printemps".
Dimanche, le ministère des Affaires Etrangères a "conseillé" aux
Syriens d'éviter de se rendre en Turquie "à cause de la détérioration
de la situation sécuritaire".
Plus de 400.000 réfugiés ayant fui les violences en Syrie se trouvent
actuellement dans le sud de la Turquie, et Istanbul a récemment
accueilli une grande réunion de l'opposition syrienne.
La télévision officielle syrienne, qui n'a jamais accordé d'importance
aux manifestations contre M. Assad, couvre les événements en Turquie en
continu et a annoncé dans une alerte que les manifestants réclamaient
la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
"Vous devez démissionner si vous respectez réellement la démocratie. Le
mouvement en Turquie est un vrai Printemps", a lancé à M. Erdogan un
expert syrien sur la chaîne officielle al-Ikhbariya.
"C'est une révolution pure car ni le Qatar ni Israël ne sont
impliqués", assure la télévision, qui accuse régulièrement ces deux
pays de soutenir les insurgés syriens.
Samedi, le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi a repris mot pour
mot les appels à la démission de M. Erdogan à l'adresse de Bachar
al-Assad.
"Le fait qu'il empêche les manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan
est déconnecté de la réalité. Le peuple turc ne mérite pas une telle
sauvagerie", a-t-il dénoncé.
Dimanche, le ministre a enfoncé le clou en appelant la Turquie à
"libérer tous les prisonniers de conscience" et en estimant que "rien
ne justifiait l'arrestation d'un si grand nombre de manifestants
pacifiques".
Deux jours de violents incidents ont fait des centaines de blessés en
Turquie, où plus de 1.700 manifestants ont été arrêtés. En Syrie, les
violences ont fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011 et plusieurs
dizaines de milliers de personnes sont détenues dans les prisons du
régime, selon des ONG.
Pour Damas, les images de violences en provenance d'Ankara représentent
une occasion de rendre la pareille au gouvernement islamo-conservateur
d'Ankara.
La Turquie est le principal appui à la rébellion, et la longue
frontière commune permet le passage de rebelles et de munitions. Une
grande partie du nord syrien est d'ailleurs hors de contrôle du
gouvernement, qui accuse son voisin de piller ses usines dans la région
d'Alep.
La télévision syrienne accorde une couverture exceptionnelle aux manifestations contre "la junte au pouvoir" en Turquie.
Les médias syriens assurent même que le projet d'aménagement urbain
contesté, à l'origine de la révolte à Istanbul, vise à construire un
centre commercial "financé par des investisseurs qataris et la famille
d'Erdogan".
Les mots comme "protestations populaires", "manifestations pacifiques"
et "révolution" utilisés pour décrire ce qui se passe chez le voisin
honni, n'ont jamais été employés pour le mouvement de révolte syrien,
considéré par Damas comme un complot terroriste international.
Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, résumait ainsi dimanche le
sentiment des autorités syriennes: "Après des dizaines de déclarations
critiquant la Syrie, le Premier ministre a autorisé ses forces à
utiliser une force excessive et la barbarie contre des milliers de
manifestants pacifiques".
(AFP, 3 juin
2013)
Manifestation anti-Erdogan à Tel-Aviv
Une centaine de personnes se sont rassemblées dimanche soir devant
l'ambassade de Turquie à Tel-Aviv pour exiger la démission du Premier
ministre turc Recep Tayyip Erdogan, selon un photographe de l'AFP sur
place.
"Erdogan démission,", "démocratie pour la Turquie", ont scandé les
manifestants parmi lesquels se trouvaient notamment des Israéliens
d'origine turque. La manifestation s'est déroulée sans incident.
En Turquie, plusieurs milliers de personnes manifestent depuis trois
jours contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, issu de la
mouvance islamiste, donnant lieu à de violents affrontements avec la
police à Istanbul et à Ankara.
(AFP, 2 juin
2013)
Damas accuse Erdogan d'agir de façon "terroriste" contre le peuple turc
Le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a accusé samedi les
autorités turques d'agir de façon "terroriste" contre le peuple turc,
et a appelé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à
démissionner.
"Les revendications du peuple turc ne méritent pas toute cette violence
et si Erdogan est incapable d'user de moyens non-violents, il doit
démissionner", a déclaré le ministre syrien, cité par la télévision
officielle.
"Erdogan dirige son pays d'une façon terroriste et détruit la civilisation et les acquis du peuple turc", selon M. Zohbi.
Au deuxième jour d'un violent mouvement de protestation contre le
gouvernement turc, M. Erdogan a sommé les manifestants à Istanbul de
cesser "immédiatement" leur mouvement, tout en concédant que la police
avait agi de façon extrême contre les manifestants.
"Le fait qu'il réprime des manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan
est déconnecté de la réalité", a ajouté M. Zohbi, assurant que "le
peuple turc ne méritait pas toute cette sauvagerie".
"Nous souhaitons la stabilité et le calme au peuple turc et nous
conseillons la sagesse à Erdogan et qu'il ne traite pas le peuple turc
comme il l'a fait avec le peuple syrien", a poursuivi M. Omrane.
La Turquie soutient les rebelles syriens face au régime du président
Bachar al-Assad. Elle accueille sur son sol 400.000 réfugiés syriens
ayant fui les violences dans leur pays.
Le pouvoir de M. Assad fait face depuis mars 2011 à une révolte
populaire violemment réprimée, qui s'est transformée en un conflit
armé. Au total, ces violences ont fait plus de 94.000 morts dans le
pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui s'appuie
sur un réseau de militants et de sources médicales.
(AFP, 1 juin
2013)
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
Les négociations de paix à Chypre au point mort, pour des mois encore
Les négociations de réunification peinent à reprendre à Chypre, divisée
depuis 1974 entre Chypriotes-grecs au Sud et Chypriotes-Turcs au Nord,
et des avancées significatives semblent difficiles à court terme malgré
les pressions liées à la crise économique.
Les pourparlers, déjà poussifs, ont été suspendus en juillet 2012 par
la partie chypriote-turque, qui voulait protester contre le fait que la
partie chypriote-grecque assure la présidence tournante de l'Union
européenne.
Elu en février, le nouveau président chypriote-grec Nicos Anastasiades
a rencontré le dirigeant chypriote-turc Dervis Eroglu la semaine
dernière, plus d'un an après la dernière réunion à un tel niveau.
Les tractations et psychodrames ayant précédé cette rencontre -- un
simple dîner --, en disent long sur la méfiance entre les deux parties,
tandis que l'ONU, déployée depuis bientôt un demi-siècle sur l'île,
fait profil bas en attendant des jours meilleurs.
L'île de Chypre est coupée en deux depuis l'invasion turque de 1974, et
l'occupation turque d'un tiers Nord, à la suite d'un coup d'État
fomenté par des nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la
rattacher à la Grèce.
Les Chypriotes-turcs se disent prêts à reprendre sans attendre des
négociations. Mais les Chypriotes-grecs, insistant sur le fait qu'ils
ne se laisseront pas acculer à des compromis, veulent auparavant
remettre sur les rails leur économie, durement ébranlée par les
conditions draconiennes d'un plan de sauvetage financier controversé.
"Les pourparlers vont commencer aux alentours d'octobre", assure à
l'AFP le ministre chypriote-grec des Affaires étrangères, Iaonnis
Kasoulides.
De son côté, le négociateur turc, Osman Ertug, se dit conscient des
difficultés économiques du Sud: "Mais cela ne devrait pas retarder la
reprise des négociations, d'autant que nous avons eu de notre côté des
soucis économiques pendant des décennies, et nous n'avons jamais fui la
table des négociations".
"Les négociations atteignent un seuil de plus en plus critique",
souligne-t-il car "les nouvelles générations s'éloignent l'une de
l'autre et la division pourrait finir par devenir permanente".
Le contexte ne semble pourtant guère propice.
Côté turc, M. Eroglu est en pleine tourmente alors que se profilent des
échéances électorales, et les manifestations en Turquie accentuent
l'incertitude politique.
Côté grec, le président Anastasiades, qui n'a toujours pas nommé de
négociateur, "a été très affaibli politiquement" par les mesures
drastiques qu'il a dû mettre en oeuvre à la demande de l'Union
européenne et du FMI en échange d'un prêt de 10 milliards d'euros pour
sauver l'île de la faillite, souligne l'expert politique Hubert
Faustmann, spécialiste de Chypre.
Or il est "l'un des politiciens les plus susceptibles de parvenir à une
solution", dans la mesure où il a été l'un des rares dirigeants
chypriotes-grecs à soutenir le plan de réunification de 2004, accepté
par le Nord mais rejeté par le Sud, estime M. Faustmann.
Une fois relancés, les pourparlers risquent fort de faire un bond en arrière.
En effet, M. Anastasiades veut remettre en cause certaines avancées,
concernant par exemple le mode de scrutin pour les futures institutions
fédérales ou encore la possibilité que certains colons turcs restent
sur l'île.
En outre, les Chypriotes grecs veulent que leur représentant puisse
aussi négocier avec Ankara, car, souligne M. Kasoulides, "le véritable
différend est entre Chypre et la Turquie".
Dénonçant "des complications", M. Ertug réclame dans ce cas de parler directement à Athènes.
Pourtant, Chypre a plus que jamais besoin d'unité, alors que les
réserves d'hydrocarbures découvertes au large de l'île apparaissent
comme une planche de salut face à une récession historique.
"L'Union européenne a commencé avec le charbon et l'acier, l'Union
chypriote peut commencer avec le gaz et le pétrole", espère M. Ertug.
Mais M. Kasoulides rappellent que les Chypriotes-grecs seront consultés
par référendum sur toute solution et risquent de se braquer si on leur
dit: "Maintenant que vous êtes en difficulté économique, il faut faire
des concessions pour résoudre le problème de Chypre".
A court terme au contraire, "la crise financière rend les choses
beaucoup plus difficiles", remettant par exemple en cause les
compensations prévues pour les propriétaires spoliés, fait-il valoir.
(AFP, 7 juin
2013)
Manifestation de la gauche grecque en solidarité avec les manifestants turcs
Plusieurs milliers de Grecs, essentiellement de gauche, ont manifesté
lundi soir à Athènes leur soutien aux manifestants turcs hostiles au
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui ont affronté la police pour
le quatrième jour consécutif, dans plusieurs villes en Turquie.
"L'autoritarisme a été brisé par la rue, solidarité avec le peuple
turc", ont clamé près d'un millier de manifestants issus de différents
partis de gauche, dont le principal parti d'opposition grec, Syriza
gauche radicale.
"De la place Taksim à Athènes, nous luttons contre la pauvreté et la
faim", chantaient les manifestants,faisant allusion à la place qui a
servi de point de rassemblement aux manifestants.
Au sein des manifestants, qui se sont rassemblés à proximité de
l'ambassade de Turquie à Athènes, se trouvaient des réfugiés kurdes qui
brandissaient une banderole en grec et en turc demandant un
"renversement du régime".
Un groupe plus important de communistes, estimés par l'AFP à 2.000
personnes et à 1.500 par la police, se sont rassemblés séparément à
quelques blocs d'immeubles de là scandant: "Travailleurs grecs et turcs
unis"
Une manifestation de soutien similaire a eu lieu à Thessalonique dans le nord de la Grèce dimanche.
Les manifestations ont été déclenchées par un problème local
d'environnement mais se sont vite transformées en un mouvement de
grande ampleur, le plus important auquel le gouvernement d'Erdogan ait
eu à faire face depuis son arrivée au pouvoir en 2002.
Syriza, deuxième plus important parti politique du pays, a dénoncé la
réaction disproportionnée de la police et demandé aux autorités de
l'Union européenne de faire pression sur la Turquie.
(AFP, 3 juin
2013)
Rassemblement en solidarité avec les manifestants turcs
Un millier de militants de gauche se sont rassemblés dimanche soir
devant le consulat turc de Thessalonique, dans le nord de la Grèce,
pour exprimer leur solidarité avec les manifestants turcs, a-t-on
appris de source policière locale.
"Resist Ankara Ismir", "(Recep) Tayyip (Erdogan) dictator, stop police
terrorism", "It's not about the parc, it's about human rights",
proclamaient en anglais des banderoles des manifestants, selon un
journaliste de l'AFP.
Parmi les manifestants figuraient une centaine d'étudiants turcs
participant au programme d'échange universitaire Erasmus de
l'Université de Salonique.
La plupart des manifestants étaient des militants des organisations
grecques de gauche et du principal parti grec d'opposition, la Gauche
radicale Syriza.
Des organisations grecques de gauche ont appelé dimanche à de nouveaux
rassemblements lundi en fin d'après-midi dans le centre d'Athènes en
solidarité avec les manifestants en Turquie. (AFP, 2 juin
2013)
Enquête policière après l'enlèvement d'un réfugié kurde de Turquie en Grèce
La police d'Athènes a ouvert samedi une enquête après la dénonciation
par des ONG de l'enlèvement d'un jeune réfugié turc d'origine kurde
dans un quartier du centre de la capitale grecque, a-t-on appris samedi
de source policière.
Des avocats du Réseau grec de défense des réfugiés ont dénoncé à la
police "l'enlèvement" jeudi soir de Bulut Yayla, un étudiant qui avait
été torturé en Turquie et était arrivé il y a environ deux mois à
Athènes, où il tentait d'obtenir l'asile politique.
"Alors que le réfugié traversait une rue du quartier athénien
d'Exarchia jeudi soir, cinq hommes sortis d'une voiture l'ont attaqué
et l'ont poussé dans le véhicule", ont déclaré vendredi dans un
communiqué le Réseau de défense des réfugiés et le Conseil grec des
réfugiés, une ONG qui dépend de la section grecque du Haut commissariat
aux réfugiés des Nations unies (HCR).
Les ONG soulignent qu'un retour forcé du jeune réfugié en Turquie
constituerait "une violation de la Convention européenne des droits de
l'Homme".
Elles estiment que la vie de Bulut Yayla "est en danger" et expriment
leur "inquiétude, car les autorités turques exercent systématiquement
des pressions sur la Grèce pour (l'arrestation) et la remise des
réfugiés turcs (aux autorités turques)".
Selon les ONG, la police grecque a nié avoir arrêté le réfugié.
Athènes a été impliqué dans la capture par Ankara en 1999 du chef
historique des rebelles kurdes de Turquie, Abdullah Öcalan. Ce dernier
s'était caché à Athènes pendant deux jours avant d'être aidé par les
services de renseignement grecs à gagner l'ambassade de Grèce au Kenya,
où il avait finalement été arrêté le 15 février 1999 par des agents
turcs avec l'aide des services de renseignement américains.
(AFP, 1 juin
2013)
Première rencontre depuis un an entre dirigeants de l'île divisée
Le dirigeant chypriote grecque, Nicos
Anastasiades, et chypriote turque, Dervis Eroglu, se retrouvent jeudi
pour un dîner à l'invitation de l'ONU, la première rencontre à ce
niveau depuis plus d'un an.
C'est la première fois depuis son élection en février que M.
Anastasiades, président de la République de Chypre, rencontre M.
Eroglu, qui dirige la République turque de Chypre Nord, entité
autoproclamée sur la partie Nord de l'île occupée par la Turquie depuis
1974.
La partie chypriote grecque a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un
événement "purement social", et en aucun cas d'une reprise des
négociations, formellement suspendues depuis mi-2012 et qu'elle ne veut
pas reprendre avant l'automne.
Seuls participeront au dîner les deux dirigeants et leurs épouses ainsi
que le Conseiller spécial de l'ONU sur Chypre Alexander Downer, la
représentante spéciale de l'ONU à Chypre Lisa Buttenheim, et leurs
conjoints respectifs.
"Cela ne sert à rien de se jeter dans des négociations tant que le
travail de préparation n'a pas été fait", a affirmé M. Downer, sans
évoquer de calendrier pour une reprise du dialogue.
Signe de l'impasse dans laquelle se trouvent les parties, aucun des
deux dirigeants n'a pris la parole à l'issue du dîner, M. Downer s'est
cantonné à dire que "la soirée avait été très sympathique", refusant de
répondre aux questions de la presse.
"Les dirigeants des deux communautés étaient satisfaits de se
rencontrer et son engagés à participer au processus de paix pour
trouver une solution aceptable", a-t-il assuré sans élaborer.
Ce type de rencontre exclusivement conviviale a été organisé par le
passé à Chypre pour tenter de briser la glace et relancer le processus
de paix après un blocage.
Les négociations sur la réunification de l'île, qui étaient au ralenti
depuis plusieurs mois, ont été suspendues en juillet 2012 par la partie
turque, pour protester contre l'exercice par la République de Chypre de
la présidence de l'Union européenne.
Les Chypriotes turcs se sont dits prêts à reprendre sans délai les
pourparlers, mais les Chypriote grecs ont fait savoir qu'ils ne
souhaitaient pas reprendre les négociations avant l'automne, le temps
de remettre sur les rails leur économie mise à mal par une sévère
récession et un plan de sauvetage européen controversé.
Les Chypriotes grecs ont demandé récemment, pour restaurer la confiance
entre les deux parties avant toute nouvelle négociation, une
restitution de Varocha, ancien fleuron commercial et touristique de
l'est de l'île, actuellement clôturé et sous administration turque. Ils
ont proposé en échange une légalisation du port de Famagouste, qui
permettrait à Chypre Nord de commercer directement avec l'Union
européenne.
Chypre est divisé depuis l'invasion turque en 1974 du tiers Nord de
l'île à la suite d'un coup d'État fomenté par des nationalistes
chypriotes grecs et visant à rattacher le pays à la Grèce.
Seule la Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord. La
République de Chypre, qui rassemble les Chypriotes grecs, est la seule
entité internationalement reconnue. (AFP, 30 mai 2013)
Immigration
/ Migration
Des dizaines de milliers défilent à Cologne contre Erdogan
Des dizaines de milliers de personnes, répondant à l'appel de la
communauté islamique alévie, ont manifesté samedi à Cologne (ouest de
l'Allemagne) contre le gouvernement du Premier ministre turc Recep
Tayyip Erdogan, ont annoncé les organisateurs du rassemblement.
La police de Cologne, interrogée par l'AFP, s'est refusée à donner un
chiffre de participation précis, évoquant seulement "plusieurs dizaines
de milliers de personnes" pour ce rassemblement qui s'apparente à la
plus grande manifestation anti-gouvernementale turque en Allemagne
depuis le début de la contestation contre M. Erdogan.
L'afflux de participants a été tel que le défilé prévu à travers les
rues de Cologne a dû être annulé, les manifestants se contentant de
rester sur une grande place de la cité rhénane.
"Pour la tenue immédiate de nouvelles élections", a lancé le secrétaire général de la Communauté alévie d'Allemagne, Ali Dogan.
Les manifestants, venus de toute l'Allemagne mais aussi de France, de
Suisse et d'Autriche, étaient réunis sous ce slogan: "Taksim (le nom
d'une place d'Istanbul devenue le symbole de la révolte anti-Erdogan,
ndlr), c'est partout. La résistance c'est partout. Finissons-en avec la
dictature d'Erdogan". Des pancartes affirmaient: "La révolution vient
seulement de commencer" ou "Nous ne sommes pas tous là, il manque les
personnes emprisonnées".
Pendant trois minutes, les protestataires ont également adopté la
posture de "l'homme à l'arrêt". Cette action pacifique et muette, le
regard fixe, adoptée par un artiste stambouliote, est devenue le
symbole de la contestation en Turquie. Relayée par les médias et les
réseaux sociaux, elle a été adoptée par plusieurs milliers de personnes
depuis plusieurs jours en Turquie.
"Nous voulons montrer notre solidarité avec les manifestants en
Turquie", a expliqué une jeune manifestante de 19 ans, Laura, qui
portait un masque de protection de la bouche pour protester contre
l'utilisation de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre turques à
Istanbul.
Une minute de silence a également été observée en hommage aux trois manifestants tués lors de la crise.
L'alévisme constitue une branche hétérodoxe de l'islam essentiellement présente en Turquie.
Les Alévis étaient aussi au coeur des protestations en Turquie alors
qu'ils ont dans le passé eu à subir la répression de la majorité
musulmane sunnite. L'Allemagne, où vivent quelque trois millions de
Turcs ou personnes d'origine turque, accueille également quelque
500.000 Alévis qui se présentent volontiers comme libéraux notamment
envers les femmes.
De nombreuses manifestations anti-Erdogan se sont déroulées ces
dernières semaines en Allemagne, notamment à Berlin, en parallèle à la
fronde stambouliote. A Kreuzberg, l'un des quartiers berlinois où vit
une importante communauté turque, plusieurs défilés ont été organisés.
(AFP, 22 juin
2013)
Mise au point avec la ministre Joëlle Milquet
La ministre de l'Intérieur a réagi à l'article « La vérité dérange, Milquet se venge » publié par Investig’Action après l'arrestation de Bahar Kimyongür en Espagne ce 17 juin. Dans sa lettre, Milquet dit:
"Cher Monsieur Collon,
"J’ai pris connaissance de l’article sur votre site Investig’action
relatif à Bahar Kimyongür et souhaite vous faire part des éléments
suivants :
"L’objectif exclusif de ma visite en Turquie en mai dernier portait sur
le renforcement de la coopération relative à la situation des
ressortissants belges et européens combattant en Syrie. A aucun moment,
il n’a été question du cas spécifique de Monsieur Bahar Kimyongür.
"Je n’ai par ailleurs rien à voir avec l’arrestation effectuée en Espagne par des autorités judiciaires indépendantes.
"Il s’agit en outre d’un dossier judiciaire, qui n’entre pas dans mes compétences de Ministre de l’Intérieur.
"En restant à votre disposition, je vous prie de croire, cher Monsieur Collon, à l’assurance de ma parfaite considération."
La réponse de Michel Collon à cette lettre se trouvent au lien suivant:
http://www.michelcollon.info/Mise-au-point-avec-la-ministre.html?lang=fr
Duel Hellings-Milquet au Sénat sur l'arrestation de Kimyongür
La question orale du sénateur Benoit Hellings (Ecolo) et les réponses
de Joëlle Milquet (vice-première ministre et ministre de l'Intérieur et
de l'Égalité des Chances) sur l'arrestation de Bahar Kimyongür en
Espagne.
http://www.youtube.com/watch?v=Hq9y5v1Nefc
Kimyongur: «Je soupçonne Joëlle Milquet d'avoir trafiqué sur mon dos»
MARC METDEPENNINGEN
Le Soir, Vendredi 21 juin 2013
INTERVIEW EXCLUSIVE Arrêté alors qu’il visitait la cathédrale de
Cordoue avec femme et enfants, Bahar Kimyongur a été libéré mercredi.
Il commente son arrestation: « La Belgique, une nouvelle fois, a été
l’objet de pressions de l’Etat turc.»
Il était tard. La chaleur renaissante pesait sur Madrid et la prison
Soto del Real où le militant d’extrême-gauche belge Bahar Kimyongur
avait été emprisonné sur foi d’un mandat d’arrêt international lancé
par la Turquie pour un chahut lancé au Parlement européen en 2000 alors
que s’y trouvait un ministre turc, décédé depuis… Devant la prison, une
foule de journalistes se pressaient. Non pas pour Bahar Kimyongur, mais
bien pour une personnalité espagnole, elle aussi libérée, et impliquée
dans des faits de détournements.
La veille, Bahar Kimyongur avait été transféré du commissariat de
Cordoue dans une camionnette pénitentiaire, entravé, les mains dans le
dos, sur les sièges de cuir de ce bahut qui fonçait à vive allure vers
le tribunal de l’Audience Nationale de Madrid où le juge Javier Gomez
Bermudez devait statuer sur son sort. «Soto de Real était une prison
correcte, en regard de ce que j’avais connu à Cordoue dans les cellules
rongées par la mérule», esquisse Bahar Kimyongur, quelques heures après
sa libération conditionnelle, accordée sous le bénéfice du versement
d’une caution de 10.000 euros (rassemblée par sa famille), dont le
remboursement est conditionné à sa représentation « à tous les actes de
procédure » nécéssités par la demande d’extradition turque.
Dans la cathédrale de Cordoue
Il était 15h45, peut-être 16 h, ce lundi 17 juin. Bahar Kimyongur, son
épouse Deniz et leurs deux enfants étaient arrivés à Cordoue, après
être passés par Genève, Faro (Portugal). Il voulait contempler, lui le
licencié en archéologie et histoire de l’art de l’ULB, ce lieu magique
de l’architecture religieuse, d’abord temple romain, ensuite mosquée
symbole de l’art des Omeyades, devenue enfin église, puis cathédrale au
gré de la Reconquista espagnole du XVIeme siècle. Les enfants étaient
sans nul doute fatigués de ces vacances studieuses. « J’étais à la
recherche d’une ambiance, comme celle que je connaissais à Antioche, la
ville dont ma famille est originaire, raconte Bahar Kimyongur. Les
forêts de colonnes de ce bâtiment islamo-chrétien sont merveilleuses.
Les enfants étaient exténués. Nous nous sommes assis sur les longs
bancs de bois de la cathédrale. On était sur le point de sortir. J’ai
vu un jeune homme. Je lui ai demandé où étaient les toilettes ». Son
épouse, Deniz, avait mangé une pêche dans l’édifice religieux. Elle a
cru que l’intervention policière était motivée par cela. « Ce jeune
homme, poursuit Bahar Kimyongur, était un policier en civil. Neuf
autres ont fait irruption pour m’arrêter. Il y avait une femme qui
parlait vaguement le français. Et dehors nous attendaient trois
fourgons. Même mes enfants ont été emmenés au commissariat ».
Transféré à Madrid à l’audience Nationale, Bahar Kimyongur a finalement
été libéré sous caution. « Le juge a demandé à la Turquie des
précisions sur cette demande d’extradition », précise son avocat belge
Christophe Marchand.
Un précédent avec les Pays-Bas
Bahar Kimyongur, acquitté par les tribunaux et Cours belges des
accusations d’appartenance à une organisation terroriste (le DHKP-C),
avait déjà été arrêté en 2008 aux Pays-Bas. Les services hollandais
avaient été renseignés par les services belges, désireux de laver
l’affront subi par l’évasion réussie de Fehriye Erdal, cette militante
du DHKP-C qui devrait répondre prochainement par défaut devant la cour
d’assises de Gand du triple assassinat commis à Ankara dans la tour
Sabanci. Les services belges, au cours d’une réunion rassemblant 30
fonctionnaires ministériels et policiers, avaient, comme l’avait révélé
« Le Soir » à l’époque, sciemment organisé la livraison d’un
ressortissant belge à une puissance étrangère.
Pour Bahar Kimyongur, il n’y a pas de doute. « La Belgique, une
nouvelle fois, a été l’objet de pressions de l’Etat turc. Je soupçonne
Joëlle Milquet (la ministre de l’Intérieur CDH qui s’était rendue en
Turquie à la fin du mois de mai) d’avoir trafiqué sur mon dos. Depuis
mon acquittement définitif à Bruxelles, je me suis rendu à une centaine
de reprises dans des pays étrangers, sans avoir connu de problèmes. Je
crois qu’avoir dénoncé le sale rôle de la Turquie dans le conflit
syrien m’a porté préjudice. J’ai mis le doigt où cela
faisait mal. Ce n’est pas étonnant de constater que le mandat d’arrêt
international délivré contre moi l’a été le 28 mai, soit quelques jours
après le retour de Mme Milquet de Turquie ».
Hier, au Sénat, la ministre de l’Intérieur, interpellée par le sénateur
Ecolo Benoît Hellings sur l’implication éventuelle des services belges
dans l’arrestation de Bahar Kimyongur, a démenti, renvoyant le
questionnement à sa collègue de la Justice, Annemie Turtelboom.
Kimyongür a été libéré par un tribunal espagnol
Arrêté à Cordoue, Bahar Kimyongur, ce ressortissant
belge victime d’un mandat d’arrêt international délivré par Ankara,
devrait rapidement sortir de prison et regagner la Belgique.
Le juge de
Madrid, où se traitent les questions d’extraditions, a entendu les
arguments de sa défense, suggérant le versement d’une caution de 10.000
euros. Hier soir, des sympathisants de Bahar Kimyongur ont lancé un
appel à une récolte de fonds lors d’un rassemblement (non autorisé)
devant le ministère des Affaires Étrangères à Bruxelles. (Communiqué du Clea)
Son avocat
belge, Christophe Marchand, s’interroge sur les circonstances de son
interpellation en Espagne qui reproduit celle qu’il dût subir en avril
2008 aux Pays- Bas, avec la complicité des autorités belges.
Le
sénateur Ecolo Benoît Hellings interpellera aujourd’hui la ministre de
l’Intérieur de l’Intérieur Joëlle Milquet (CDH). Lors de son voyage en
Turquie, fin mai, elle avait établi des protocoles d’accord avec Ankara
sur la lutte contre les opposants du DHKP-C. Bahar Kimyongur en fut le
porte-parole du bureau bruxellois. Il fut acquitté après un long
parcours judiciaire. (Le Soir, 20 juin 2019)
Libérez Bahar Kimyongür, chercheur primé par Info-Türk
Nous venons d'apprendre avec indignation que Bahar Kimyongür, chercheur
primé par notre fondation en 2008 pour son travail intitulé "l'impact
des coups d'état militaires de 1971 et 1980 sur l'exode de Turquie vers
l'étranger", a été arrêté en Espagne par une escouade de policiers en
civils, probablement membres de la Sûreté espagnole, alors qu’ils
visitaient la cathédrale de Cordoue avec son épouse et ses deux enfants.
Il s'agit d'un nouvel acte inacceptable à l'encontre d'un opposant du
régime répressif d'Ankara, fomenté par les services obscures du pays
d'origine et des pays européens.
Il s'agit également d'une honte pour les instances européennes de ne
pas intervenir alors que la terreur du pouvoir islamiste contre le
peuple de ce pays "candidat à l'Union européenne" a atteint un degré
insupportable notamment lors de la résistance de Taksim.
Rappelons que Bahar Kimyongür a été primé par un jury présidé par
l'historienne Anne Morelli (ULB) et le sénateur-journaliste Josy Dubié
le 12 mars 2008 lors d’une cérémonie organisée par des organisations,
arménienne, assyrienne, kurde et turque, issues de l’émigration
politique en provenance de Turquie, à l’occasion du 37e anniversaire du
coup d’état militaire de 1971.
Le concours portait sur l’impact des coups d’état militaires sur l’émigration politique.
Plusieurs personnalités des milieux politique, académique et associatif
étaient présentes à la cérémonie déroulée dans les locaux des Ateliers
du Soleil à Bruxelles. (Voir)
La Fondation Info-Türk, une des plus anciennes organisations de
l'émigration politique en Belgique appelle tous les dirigeants belges,
le Premier ministre Elio di Rupo, le ministre des affaires étrangères
Didier Reynders et le ministre des affaires intérieures Joëlle Milquet,
à intervenir tout de suite auprès des instances espagnoles pour la
libération immédiate de Bahar Kimyongür.
Bruxelles, ler 19 juin 2013
Dogan Özgüden
Président
Fondation Info-Türk
Bahar Kimyongur arrêté en Espagne
La visite de Joëlle Milquet en Turquie
est-elle à l’origine de cette arrestation? Bahar Kimyongur avait déjà
été arrêté aux Pays-Bas grâce à la complicité des services belges. Il
sera tranferé demain à Madrid où un juge statuera sur son sort
L’histoire semble se répéter pour Bahar Kimyongur, ce
ressortissant belge (il est né dans la banlieue bruxelloise), autrefois
poursuivi pour « appartenance à une organisation terroriste (le
mouvement d’extrême-gauche Dhkp-c », des faits dont il fut acquitté.
Kimyongour se trouvait en Espagne avec son épouse Deniz et ses deux
enfants. Ils ont été interpellés, hier, par une escouade de policiers
en civils, probablement membres de la Sûreté espagnole, alors qu’ils
visitaient la cathédrale de Cordoue. Bahar Kimyongur a été emmené en
détention. Il devait être transféré jeudi à Madrid devant une unité
anti-terroriste et présenté au juge appelé à statuer sur son
extradition demandée par la Turquie. L’état ottoman réclame depuis des
années son extradition pour des « faits de terrorisme ». Le mandat
d’arrêt transmis par Interpol avait été suspendu avant d’être réactivé
le 28 mai dernier, soit quelques jours avant son départ en vacances. Ce
mandat d’arrêt international se fonde sur son intervention lors d’une
comparution à Bruxelles de l’ex-ministre de la Justice turc qui avait
été verbalement vilipendé par Bahar Kimyongur et ses sympathisants,
sans qu’aucune violence n’ait été commise.
L’histoire semble effectivement se répéter pour Kimyongur. Ce diplômé
d’histoire de l’art et d’archéologie de l’ULB avait été poursuivi
devant les tribunaux de Bruges (5 ans de prison), les Cours d’appel de
Gand, Anvers et Bruxelles qui l’avait définitivement acquitté, après un
long parcours devant la cour de cassation. Après sa libération, il
avait été l’objet d’une surveillance continue de la Sûreté de l’Etat et
des unités anti-terroristes de la police judiciaire. Le 28 avril 2008,
comme l’avait révélé « Le Soir » à l’époque, il avait été intercepté à
Doordrecht (Pays-Bas) dans le but d’être livré à la Turquie, malgré sa
nationalité belge. Deux jours plus tôt, une réunion rassemblant 30
fonctionnaires (Justice, Parquet fédéral, police judiuciaire et zonale,
etc.) avait mis au point ce scénario de l’interpellation de Kimyongur
dans le but de satisfaire les services turcs qui reprochaient aux
services belges d’avoir laissé échapper la militante du DHKP-C, Fehryie
Erdal, logée dans le « bureau » bruxellois de l’organisation turque, et
soupçonnée d’avoir commis trois meurtres dans la tour Sabanci à Ankara.
Ces faits ont été dénoncés à la Belgique et devraient faire
prochainement l’objet d’un procès d’assises par défaut (Erdal est en
fuite).
La livraison de Kimyongur aux Pays-Bas avait fait l’objet de nombreux
débats parlementaires. Le dossier relatif à cette affaire est contenu
dans un coffre-fort du Sénat. Les proches de Kimyongur s’étonnent de la
répétition de cet épisode. « Les agents qui l’ont arrêté étaient en
civil, ils ne pouvaient pas savoir qu’il était en Espagne sans l’appui
des services belges », estime l’une de ses proches. « Parce qu’il n’y a
pas d’enregistrement aux frontières, donc, il devait être surveillé ».
Bahar Kimyongur était revenu ces dernieres semaines au faîte de
l’actualité en commentant (dans « Le Soir », notamment) le sort des
Belges partis combattre en Syrie. Ses positions, contestées, ont sans
doute refocalisé l’attention des autorités turques sur lui et la
délivrance d’un nouveau mandat d’arrêt international. (Le Soir, MARC METDEPENNINGEN, 18 juin 2013)
Appel par l'équipe Investig'Action
Nous appelons chacun à dénoncer cette violation du droit d'expression,
cette basse vengeance des politiciens qui s'alignent sur les
Etats-Unis, Israël et la Turquie !
Faites circuler ce message sur le Net, facebook et partout, interpellez vos mandataires politiques et les médias.
Demandez des comptes à la ministre Milquet. Elle ne bouge pas pour
aider les parents désemparés, mais se rend complice d'Erdogan pour
arrêter Bahar :
Cabinet du ministère de l'Intérieur, 2 rue de la Loi, 1000 Bruxelles
Tél : 02 504 85 40 Attaché de presse : Geoffroy Kensier : 0478 59 41 51
www.milquet.belgium.be
(http://www.michelcollon.info/Bahar-Kimyongur-arrete-La-verite.html?lang=fr)
Appel par le Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association
Dès ce mercredi 19 juin, à 16 heures 30, donnons-nous rendez-vous
devant le ministère des Affaires Etrangères (rue des Petits Carmes,
entre la Porte de Namur et le Sablon).
Et exigeons «la libération immédiate de Bahar !»…
N.B. Dans sa qualité de Directeur pour la Belgique de l'organisation
suisse «Institut international pour la paix, la justice et les droits
de l’Homme (IIPJHR)», Bahar Kimyongür joue un rôle très actif dans
l'aide des familles belges à retrouver leurs enfants partis sur le
front syrien. [Lire]
Par ailleurs, Bahar Kimyongür a joué un rôle actif dans la solidarité
envers les manifestants turcs à Istambul et ailleurs en Turquie, se
trouvant, d'ailleurs, parmi ceux qui ont appellé à une manifestation de
solidarité avec les démocrates turcs le samedi 1er juin à Bruxelles. [Lire]
(http://leclea.be/clea/communiques/19-06-2013_empechons_l-extradition_de_bahar.html)
Autres réactions et données :
•Fr. Wallemacq (RTBF-radio-La Première) : “Focus” 18-06-13 - spécial arrestation Bahar Kimyongür (audio)
•RTBF-Info : Bahar Kimyongür a été arrêté en Espagne
•Secours Rouge : Belgique/Turquie : Bahar Kimyongür arrêté hier en Espagne
•PTB-News : Bahar Kimyongür arrêté en Espagne à la demande de la Turquie : quel rôle joue la Belgique ?
•Bahar
Kimyongür interpelle Mme Milquet dans «Ces Belges partis en Syrie»
(RTBF-radio-La Première : «Face à l'info» - 13/06/2013 - audio)
•Bahar Kimyongür : «Une ministre belge confirme : Al Qaïda est notre allié indirect en Syrie»
Interview sur les Belges qui se battent en Syrie
Le Soir, Propos recueillis par RICARDO GUTIERREZ, 7 juin 2013
Le Belgo-Turc Bahar Kimyongür, 39 ans, militant d'Attac-Bruxelles,
poursuivi pour terrorisme en 2006 mais acquitté en 2009, a un regard
tout particulier sur les Belges partis en Syrie pour soutenir la
rébellion contre le régime de Bachar el Assad. Il est en effet
originaire d'Antioche, dans la province turque du Hatay, par où
transitent les jeunes candidats à la résistance.
Que se passe-t-il dans votre région d'origine?
La situation est dramatique. On fait face à de véritables
tour-opérateurs du terrorisme international. Pour 200 euros, en
quelques heures, un jeune Bruxellois peut se retrouver, via Istanbul, à
Antioche, où des recruteurs viendront le cueillir, en camionnette ou en
4X4 rutilant, afin de l'affecter aux brigades internationales de la
rébellion: les étrangers de Sham, les Mouhajiroun, voire Al Nosra. Tous
les camps de réfugiés syriens, le long de la frontière turco-syrienne,
au sud d'Antioche, sont doublés de camps d'entraînement. Les ateliers
de fabrication d'armes pullulent. La frontière est une passoire. C'est
un vrai far-west. C'est Mad Max !
A entendre les rebelles aguerris, comme Abdel Rahman Ayachi, fils de
l'imam franco-syrien Bassam Ayachi, ces volontaires sont des poids
morts.
Je suis de près une maman dont les deux enfants sont partis se battre
en Syrie. Comme beaucoup de jeunes volontaires, ils sont généralement
affectés à des tâches de ravitaillement et de logistique, en
arrière-garde. Pour monter au front, les brigades préfèrent les
Lybiens, les Yéménistes ou les Tunisiens. Ce qui est inquiétant, c'est
que ces jeunes sont exposés à des heures de formation théologique. Un
véritable endoctrinement.
Qui sont ces jeunes?
Parfois de simples frimeurs qui rêvent de se faire photographier le
lance-roquettes à l'épaule; des idéalistes qui croient sincèrement
oeuvrer à la "libération" de la Syrie; des fous furieux, anciens
délinquants, qui sont pressés d'en découdre; et puis des idéologues, de
vrais djihadistes.
Il y a donc bien un fond religieux.
Certains instrumentalisent la religion pour attiser la haine. Il faut
que les parents des enfants qui partent en Syrie sachent que leurs
mômes sont embrigadés par des réseaux qui ne sont pas émancipateurs,
qui pratiquent la surenchère anti-chiite, anti-alaouite. La Syrie vit
sous la coupe d'une dictature militaire, mais j'ai bien peur qu'on
remplace un mal par un pire: le djihadisme inféodé aux pays du Golfe.
Que dites-vous aux jeunes tentés par la Syrie.
Qu'ils se trompent de lutte. Que les réseaux qui les embrigadent,
infiltrés de criminels sans foi ni loi, distillent la haine. En partant
en Syrie, nos jeunes se livrent aux pires islamophobes que je
connaisse, les sbires d'Al Qaïda et de Sharia4Belgium.
(Bahar Kimyongür est l'auteur de Syriana, coédité par Investig'Action et Couleur Livres, en 2012)
Un tribunal suisse accorde l'asile à un Kurde
Un tribunal suisse a annulé vendredi la décision de l'Office fédéral
des migrations (BFM) de rejeter la demande d'asile d'un jeune militant
kurde, estimant qu'il y avait encore pour lui un vrai risque de
tortures et de mauvais traitements en Turquie, sous le feu des
critiques après la violente répression de manifestations.
Le Tribunal fédéral administratif suisse a fait valoir que bien que des
progrès concernant les droits de l'Homme aient sans aucun doute été
faits en Turquie depuis 2001, la situation y restait "problématique",
d'après l'agence de presse ATS.
Cette décision intervient à un moment où la Turquie fait face à des
critiques internationales concernant les violations des droits de
l'Homme pendant les manifestations qui la secouent depuis fin mai et
qui ont fait trois morts et des milliers de blessés.
L'Office fédéral des migrations de la Suisse avait rejeté en 2011 la
demande d'asile de ce militant kurde, dont le nom n'a pas été révélé,
considérant qu'il ne serait pas en danger s'il rentrait en Turquie,
selon ATS.
Membre du Parti de la société démocratique (DTP) aujourd'hui interdit
par la justice turque car soupçonné de liens avec les rebelles kurdes
du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), le jeune homme avait dit
s'être fait plusieurs fois menacer et battre par la police. Il avait
aussi dit avoir été détenu par les services de renseignement, qui lui
avaient ensuite administré pendant deux jours des électrochocs et des
coups sur la plante des pieds.
Le BFM avait néanmoins conclu que la Turquie avait fait de
considérables progrès en matière de respect des droits de l'Homme, en
vue de son intégration à l'Union européenne, et que les actes
mentionnés par ce militant n'étaient pas crédibles. Pour l'Office
fédéral des migrations, le fait qu'il n'ait pas porté plainte ou tenté
de rendre publiques ces exactions, ainsi que l'absence d'un certificat
médical donnant le détail de ses blessures, étaient le signe qu'il
n'avait pas été maltraité, a expliqué ATS.
Le jeune Kurde avait alors fait appel de la décision auprès du Tribunal administratif fédéral suisse.
Pour le tribunal, il ne pouvait pas être exclu que le demandeur d'asile
avait subi des mauvais traitements, ni qu'il avait été torturé, ni
qu'il risquait de passer des années en prison pour son militantisme
politique s'il retournait en Turquie. Il a en conséquence ordonné au
BFM de lui accorder le droit d'asile.
Avec des lois floues sur l'antiterrorisme, les autorités turques
peuvent poursuivre leurs citoyens exerçant leur liberté d'expression ou
prenant part à des activités politiques légales, a ajouté le tribunal
suisse.
Sa décision survient deux jours seulement avant un référendum
concernant l'approbation ou non d'un durcissement d'urgence de la
législation sur le droit d'asile en Suisse, pays prospère qui fait face
à une arrivée en masse de réfugiés.
Avec un réfugié pour 332 habitants, la Suisse est au quatrième rang des
pays d'accueil les plus populaires d'Europe, uniquement dépassée par
Malte, la Suède et le Luxembourg.
(AFP, 7 juin
2013)
Rassemblement à Strasbourg en soutien aux manifestants de Taksim
Entre 200 et 300 personnes se sont
rassemblées jeudi soir sur une place du centre-ville de Strasbourg pour
apporter leur soutien aux manifestations organisées depuis plusieurs
jours en Turquie, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ne touche pas à notre liberté Tayyip"(Recep Tayyip Erdogan, le Premier
ministre turc, ndlr), "un pays uni ne sera jamais vaincu", pouvait-on
notamment lire sur les pancartes des manifestants, qui se sont déjà
réunis plusieurs fois à Strasbourg depuis le début des manifestations
en Turquie.
"Montrons-nous solidaires avec les citoyens de la Turquie! Prouvons que
là-bas, ils ne sont pas seuls, qu'on les soutient de loin et qu'on
refuse de voir notre pays à nouveau divisé", ont exhorté les
organisateurs du rassemblement.
Ces derniers avaient appelé les participants à ne pas brandir de
drapeaux aux couleurs de partis politiques ou d'associations, pour
éviter toute récupération.
Des membres de l'équipe municipale socialiste de la Ville de Strasbourg étaient présents lors du rassemblement.
Des élus municipaux d'origine turque de plusieurs villes de l'est de la
France avaient regretté mercredi des prises de position d'élus PS
strasbourgeois soutenant ces rassemblements de soutien, dans un texte
communiqué à la presse.
Ce soutien "froisse la majorité des associations turques de la ville,
favorables en très grande majorité au parti de l'AKP", au pouvoir à
Ankara, avaient-ils affirmé.
"Ce qui se passe en Turquie aujourd'hui est très préoccupant, et le
rôle de Strasbourg, ville symbole de la démocratie et des droits de
l'homme, est d'appeler au dialogue et à la fin des violences", a réagi
jeudi le maire PS de la Ville, Roland Ries, dans un communiqué.
Les manifestations en Turquie, qui durent depuis une semaine, ont fait
trois morts (deux manifestants et un policier). Le syndicat des
médecins turcs a recensé 4.355 blessés, dont 47 grièvement. Le dernier
bilan officiel fait état de "plus de 300" blessés.
Le ministre français délégué aux Affaires européennes Thierry Repentin a dénoncé jeudi "la répression policière" en Turquie.
(AFP, 6 juin
2013)
Procès de néonazis en Allemagne : l'un des accusés s'excuse
L'un des cinq néonazis
allemands jugés à Munich (sud) pour leur participation à une série de
meurtres racistes en Allemagne au début des années 2000, a présenté des
excuses aux familles des victimes jeudi.
"Cela me fait une immense peine d'avoir fait ça. Je souhaite m'en
excuser (...) Je veux avant tout exprimer mes condoléances aux proches
des victimes", a déclaré Holger G., qui comparaît pour "assistance à
une association terroriste".
Holger G. est le premier accusé dans ce procès - le plus important
concernant des crimes néonazis dans l'Allemagne d'après-guerre - à
exprimer des regrets.
Il est accusé d'avoir aidé un groupuscule d'extrême droite,
"Clandestinité nationale-socialiste" (NSU) (composé d'Uwe Böhnardt et
d'Uwe Mundlos, deux hommes qui se sont suicidés en 2011 et qui sont
soupçonnés d'avoir tué dix personnes, dont neuf pour des motifs
xénophobes, entre 2000 et 2007, et de leur complice Beate Zschäpe, 34
ans, la principale accusée du procès, qui a échappé à la police pendant
des années.
Holger G. est l'un des deux accusés du procès, sur cinq, à coopérer
avec la justice. Beate Zschäpe qui est jugée pour sa participation aux
crimes, garde un silence absolu depuis l'ouverture du procès.
Holger G. n'a cependant pas reconnu l'intégralité des faits qui lui
sont reprochés dans l'acte d'accusation. Il reconnaît avoir aidé le
trio dans leur fuite, en leur fournissant des faux papiers, mais il
assure ne jamais avoir su ou avoir pu deviner les crimes commis par le
groupuscule.
Cette affaire a été caractérisée par une série de scandales autour de
l'enquête et a mis en lumière de graves dysfonctionnements au sein de
la police et des services de renseignements intérieurs qui semblent
avoir fait preuve d'un aveuglement coupable. Une commission d'enquête
parlementaire travaille actuellement sur cette affaire.
(AFP, 6 juin
2013)
Manifestation à Bruxelles contre la répression d'Erdogan en Turquie
Quatre cents manifestants, selon les organisateurs, ont manifesté,
samedi, de 17 heures à 19 heures, place du Luxembourg, à Bruxelles,
pour dénoncer les violences policières en Turquie.
Deux musiciens du groupe Yorum, Muharrem Cengiz et Caner Bozkurt, ont
témoigné, dès 13 heures, au Sazz n'Jazz, rue Royale, à Saint-Josse Ten
Noode, des émeutes de la place Taskim, à Istanbul. Plusieurs musiciens
de Yorum ont participé aux manifestations du parc Gezi, à proximité de
la place Taksim, à Istanbul.
Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a ordonné le retrait des
forces de police, samedi après-midi, après deux jours de répression
policière.
"Cette action écologique pour sauver le dernier ilot vert dans cet
océan de béton qu'est devenu Istanbul s'est muée en un mouvement social
contre la politique d'Erdogan qui tend à formater la jeunesse et à
anéantir toute forme de contre-pouvoir", a expliqué Bahar Kimyongür,
militant belge d'origine turque. Une caserne de l'époque ottomane
devait être construite sur le site.
Les musiciens du groupe sont régulièrement poursuivis pour leur lien
supposé avec le groupement d'extrême gauche turc du DHKP-C. Cinq
membres de Yorum ont ainsi été arrêtés en janvier. Les deux musiciens
venus à Bruxelles assurent que la population les a largement rejoints
dans leur engagement. "A force d'être persécutés, nous avons reçu un
énorme soutien de la population. Nombre de personnes se sont
auto-proclamées membre du groupe pour ce que nous représentons. Des
milliers de poèmes, de partitions et d'enregistrements nous sont
parvenus", ont-ils fait valoir (Belga, 1 juin 2013)
Groupe Yorum en concert en Allemagne contre les terroristes nazis
Yorum est le nom du groupe musical le plus populaire de Turquie et sans doute le plus résistant du monde.
La répression, Grup Yorum connaît.
Depuis sa création en 1984, Yorum cumule en effet plus de 400 procès,
des dizaines de garde à vue, la prison, la torture, les intimidations,
la censure, la destruction par la police de ses instruments de musique
et de ses locaux, la confiscation de ses enregistrements audio...
Au fil des années, cette répression a eu pour effet de consolider Yorum et d'accroître son public de manière fulgurante.
Au début, le groupe donnait des concerts quasi clandestins dans les
squares des bidonvilles, aux portes des usines, sur les campus
universitaires et même parmi les "gueules noires" au fond des mines de
charbon.
Aujourd'hui, il compte des millions de sympathisants en Turquie, plus que tous les mouvements de gauche réunis.
Ses concerts se convertissent en manifestations anti-impérialistes monstre.
Le 14 avril dernier, Grup Yorum a réuni 550.000 fans sur la place de marché de Bakirköy à Istanbul.
Ce jour-là, les yankees, l'OTAN, le gouvernement AKP et les fascistes
en ont eu pour leur grade ainsi que les mercenaires d'Erdogan qui
sèment la mort en Syrie.
Plus qu'un groupe musical, Yorum est un phénomène social qui étonne de
nombreux observateurs étrangers peu habitués à voir des centaines de
milliers de personnes agitant des drapeaux rouges et levant le poing
dans un pays historiquement dominé la droite conservatrice.
Le samedi 8 juin prochain, les musiciens de Yorum se produiront à
Oberhausen près de Düsseldorf en Allemagne pour un concert de
solidarité avec les victimes des attentats commis par l'organisation
fasciste NSU.
Ce concert fait également écho à la mobilisation contre la criminelle
néonazie Beate Zchäpe et son réseau terroriste dont le procès pour
l'assassinat de dix commerçants étrangers (neuf Turcs et un Grec) se
déroule à Munich.
L'entrée du concert de Yorum à Oberhausen est de 10 euros. Des bus
affrétés pour l'occasion partiront de plusieurs villes d'Europe. Les
frais de transport seront gratuits.
Samedi 8 juin à 17h
Les départs en autocar (de Charleroi, Hasselt, Bruxelles, Anvers et Liège) vers Oberhausen en Allemagne sont gratuits.
Adresse: Arenastrasse 1, 46047 Oberhausen
Pour plus d'information, veuillez contacter le numéro suivant: 0486 846 170
deniz-demirkapi@hotmail.com
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