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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

41st Year / 41e Année
Juin
 
2015 June
N° 442
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events




Photo reportage sur la fête:
 http://www.binfikir.be/news/141/ARTICLE/9909/2015-06-28.html




Droits de l'Homme / Human Rights

Communiqué: Est-ce que les LGBT avaient l’intention de faire un putch?

Ortak Bildiri: LGBT’ler de mi darbe yapacaktı?
Une gay pride réprimée à Istanbul a coups de gaz et de canons à eau
Venice Commission: Moves against judges and prosecutors are against rule of law
Police Attacks United June Movement Members

Trois ex-magistrats seront jugés pour avoir enquêté sur des proches du régime
L'ouverture du procès du meurtre d'une étudiante qui a choqué le pays
Turkey’s top judicial body reshuffles more than 2,000 of judges, prosecutors

1,000 attorneys to represent brutally murdered college girl in Turkey
Le policier qui avait gazé la "Femme en rouge" condamné à 20 mois de prison

Trois morts dans des violences à Diyarbakir
Explosions mortelles au meeting du HDP: 4 morts, 300 blessés
Tirs contre un car de campagne électorale, un mort
La police boucle la place Taksim, deux ans après la résistance Gezi

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Journalist Ahmet Şıks sued for his Book on Parallel Structure
Quatre journalistes expulsés de Turquie suite à leur reportage au Rojava
Artist faces four years in jail for ‘insulting’ President Erdoğan
Un gouverneur fait arrêter quatre journalistes qui l'interrogeaient sur l'EI
Un rédacteur-en-chef condamné à 21 mois avec sursis pour insulte à Erdogan

Le prix de la liberté de pensée et d’expression à Özgüden et Tugsavul
The prize of freedom of thought and expression awarded to Özgüden Tugsavul
Özgüden ve Tuğsavul'a Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülü Verildi
Nouvelle diatribe d'Erdogan contre les médias étrangers avant les législatives
Erdogan intensifies attacks against journalists in opposition
Journalist Baransu faces 52 years in jail for coverage of MGK report

Avant les législatives, le ton monte à nouveau entre Erdogan et la presse
Des intellectuels défendent un quotidien attaqué par Erdogan

Prosecutor demands aggravated life sentence for journalist Dündar
Turkish actor fined in Erdoğan’s libel case
Turquie: "le pays des journalistes au chômage"

Erdogan menace publiquement le journal Cumhuriyet
RSF soutient Cumhuriyet face aux pressions d’Erdogan


Kurdish Question / Question kurde

Les forces kurdes chassent l'EI de la ville kurde de Kobané

Former HDP lawmaker demands acquittal during retrial in Istanbul
Les forces kurdes, un groupe clé dans la lutte contre les jihadistes de l'EI
HDP ready to lend support to ‘grand coalition’ between AKP, CHP
Les Kurdes coupent un accès vital des jihadistes entre la Syrie et la Turquie
Erdogan inquiet de l'avancée des forces kurdes dans le nord de la Syrie
Demirtaş: Hundreds of ISIS gangs await orders across Turkey
HDP leader accuses gov’t of inaction over violence in Kurdish areas
Le dirigeant kurde Demirtas, nouvelle étoile de la politique de la Turquie
Scènes de liesse après le bon score du DHP aux législatives

Le HDP promu au rang de "faiseur de rois" des législatives
Demirtas, le «Tsipras kurde» qui fait peur à Erdogan

Violence and savagery against HDP electoral meetings
Demirtaş: We will advocate peace in the Middle East and everywhere else
HDP’s Demirtaş reiterates call on president, PM for a live debate

Minorités / Minorities

Europalia: Question à l'intention des institutions
arménienne, assyrienne, grecque et kurde
La Turquie condamne les propos du Premier ministre belge sur le "génocide" arménien
Pierre-Yves Lambert: "Négationnisme turc: le jeu dangereux des partis belges"
Génocide arménien: "Emir Kir n'a plus le choix", estime Simone Susskind
Charles Michel reconnait le génocide arménien à la Chambre
L'opposition s'entend sur la reconnaissance du génocide arménien
Turkey recalls ambassador to Brazil over ’Armenian genocide’ legislation
EAFJD Observation Mission to 2015 Parliamentary Elections in Turkey

Politique intérieure/Interior Politics

Après son palais, la "table géante" d'Erdogan fait polémique
L'opposition choisit ses candidats à la présidence du Parlement
Le nouveau Parlement se réunit sur fond de tractations pour une coalition
Arméniens, Yazidis et Rom, les 1001 visages du nouveau Parlement turc

Les partis prêts à entrer dans le vif des tractations de coalition
Première séance du Parlement issu des législatives le 23 juin
Former President Süleyman Demirel died at age 91
Book reveals Erdoğan-Gül conflicts in foreign policy
Erdogan donne la priorité à l'AKP pour une coalition, puis mandatera l'opposition
Trust issues between parties hamper coalition formation
Debate heats up over return of former President Gül to AKP

Le gouvernement démissionne, discussions sur une coalition
Les scénarios possibles après les élections législatives
Tractations pour un gouvernement de coalition, après l'échec du parti d'Erdogan
Défaite cuisante d'Erdogan, grande victoire du HDP
Erdogan, le "sultan" ébranlé

La Turquie vote pour élire ses députés et décider du sort d'Erdogan
Clés pour suivre ce scrutin et quelques chiffres

7 juin: La Turquie devant un choix crucial
La Turquie vote dimanche pour des législatives-test pour le parti d'Erdogan
La campagne électorale s'invite dans les toilettes présidentielles

Forces armées/Armed Forces

Turkish army reluctant over government will to intervene in Syria

Erdoğan says Turkey not to allow Kurdish state in northern Syria

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Turkish citizen removes ‘Islam’ from ID card, receives death threats
Kurds find torture center, prison cells of Islamist ISIL in Tal Abyad
 Au G20, la Turquie veut promouvoir la finance islamique
L’Etat islamique à la « conquête » d’Istanbul
Women’s rights organizations denounce religious marriage ruling

Socio-économique / Socio-economic

Thousands March in Turkey against Transphobia: We Need a Law
Young woman found strangled to death after sexual assault in Muğla
Les marchés inquiets de l'instabilité, mais espèrent moins de populisme
96 femmes élues au nouveau Parlement turc, un record


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

EP highlights dismal state of democracy, freedom in critical Turkey report

EP President Schulz: HDP entry enriches the political landscape in Turkey
GUE/NGL President congratulates HDP on election results
EP Socialist Group: Democracy prevailed over obscurantism

Frontex: De plus en plus de migrants arrivent dans l'UE par la Turquie
S&D Group: Freedom of press must be respected by president Erdogan
EU minister warns European Parliament on amendments

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

US report highlights impunity, restrictions on freedoms in Turkey
US newspapers welcome Turkey’s decision to punish Erdoğan

Relations régionales / Regional Relations

Kobané: Les jihadistes EI étaient passées par le poste-frontière turc
Les jihadistes EI de retour à Kobané et entre à Hassaké
La Turquie confirme des discussions pour une normalisation avec Israël

La Turquie s'inquiète de la montée des forces kurdes en Syrie
Erdogan dénonce la peine de mort infligée à Morsi
La Turquie ne fournit pas d'informations à la Belgique malgré l'accord

Des milliers de Syriens fuyant les combats de Tall Abyad entrent en Turquie
Entretien Poutine-Erdogan à Bakou, notamment sur l'énergie et la Syrie

Cumhuriyet: Le régime a facilité l'entrée de jihadistes en Syrie
Une Française qui avait rejoint les jihadistes en Syrie arrêtée en Turquie
La Turquie joue au poker sunnite en Syrie

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Anastasiades: New Ankara gov’t may affect Cyprus talks

Akinci: un accord de paix est possible dans les mois à venir

Immigration / Migration

Turkey ranks bottom in migrant integration report with flow of refugees

Affaire Özdemir: le cdH de Schaerbeek n’a plus aucun conseiller communal

Ministre-président de Bruxelles Rudi Vervoort sur génocide et Emir Kir
Affaire du cabinet Milquet : la Justice marque le coup
Le cabinet ministériel de Joëlle Milquet perquisitionné
Le frère de Mahinur Özdemir, élu communal à Saint-Josse, quitte le CDH
Emir Kir a inauguré la première mosquée à minaret à Bruxelles
Pour qui ont voté les Turcs de Belgique?

Erdogan soutient Mahinur, Philippe Moureaux défend Emir
Comment le pouvoir turc met la pression sur les autorités belges
46.427 sur 131.000 ont voté depuis la Belgique pour les élections en Turquie
La fille d'Erdogan manifeste devant le Consulat belge pour Mahinur Özdemir
Dogan Özgüden à Telebruxelles sur l’affaire Mahinur Ozdemir

Droits de l'Homme / Human Rights

Communiqué: Est-ce que les LGBT avaient l’intention de faire un putch?
 
Erdoğan et son parti l'AKP ont étouffé le mouvement de Gezi, une des actions les plus pacifistes du monde, par assauts de canons à eau et balles de plastique, sous prétexte qu’il avait tenté un coup d’état.
 
Par la suite, ils ont littéralement tenu ce discours ; « les commerçants en pareilles circonstances sont aussi des agents de police, des soldats, des combattants de la foi et des gardiens de quartier » et c’est ainsi qu’ils ont causé la mort de jeunes et d' enfants partis simplement acheter du pain.
 
Erdoğan et son parti se sont servis du même prétexte de « tentative de coup d’état » pour couvrir l’immense scandale de corruption de 17-25 décembre, et avait offert à notre littérature de paranoïa comme un joker le terme de « parallèle » en utilisant pour chaque incident.
 
Cette fois-ci, on a mis le préfet d’Istanbul devant l’obligation de déclarer « cette manifestation ne peut pas avoir lieu pendant le ramadan ». Ainsi en déclarant encore une fois que la République turque est gouvernée selon les principes religieux, l’Article 2 de la Constitution qui définit la République turque de laïque a encore été violé. Tôt ou tard, Erdoğan et son parti l'AKP devront être prêts à rendre des comptes devant la justice indépendante pour ces violations constitutionnelles.
 
Les LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans) qui se préparaient à leur vingt troisième défilé ont-ils été attaqués à coups de canons parce qu’ils avaient aussi l’intention de faire un coup d’état ? Ce qu’ils ont subi aujourd’hui, ces citoyens qui ont un autre choix sexuel, et qui ne demandent rien d’autre que de pouvoir vivre librement leur vie sans nuire à autrui, n’ayant rien à avoir avec la lutte du pouvoir, ont montré ouvertement que le souci d’Erdoğan et de son parti AKP n’est nullement de craindre un coup d’état mais de réprimer tout ce qui est différent de leurs idées.
 
Cette situation ne peut plus perdurer. Soit ce sera la fin de la Turquie, soit la mentalité doit changer. Il n’y a pas d’autre alternative. Car une mentalité qui déclare insultante une pancarte amusante « Ramadan ne peut empêcher l’amour de Recep et de Şaban » est en train de s’autodétruire en éloignant les gens de la croyance musulmane.
 
Initiative de la libérté pour la pensée d’Ankara
A. Serdar Koçman, Adnan Chalma Kulhan,  Ahmet İsvan,  Akın Atauz, Alev Er, Ali Kılıç, Attila Dirim, Attila Tuygan, Baskın Oran , Bozkurt Kemal Yücel, Bülent Tekin, Celal İnal, David Vergili, Doğan Özgüden, Eflan Topaloğlu, Elif Yıldırım, Emre Kocaoğlu, Ercan Aktaş, Erdal Doğan, Erdem Özgül, Ergun Kuzenk, Erkan Metin,  Fikret Başkaya, Fusun Erdoğan, Garo Kaprielyan, Gül Gökbulut,  Gün Zileli, Güngör Şenkal, Hakan Yücel, Haldun Açıksözlü, Hanna Bet-Sawoce, Hasan Cemal, Hasan Zeydan, Hulusi Zeybel, İbrahim Seven, İnci Tuğsavul, İsmail Beşikçi, Kadir Akın, Kadir Cangızbay, Kamil Aksoylu, Kayuş Çalıkman Gavrilof, Kemal Akkurt, Kenan Urkun, Kenan Yenice, Mahmut Cantekin, Mehmet Özer, Mehmet Uluışık, Meral Saraç Seven, Mesut Tufan, Murad Mıhçı, Murat Kuseyri, Muzaffer Erdoğdu,  Nadya Uygun, Nail Beth- kinne, Necati Abay, Nurettin Değirmenci, Oktay Etiman, Osman Özarslan, Özcan Soysal, Pınar Ömeroğlu, Ragıp Zarakolu, Ramazan Gezgin,  Sait Çetinoğlu, Sarkis Arık, Şaban İba, Şanar Yurdatapan, Tamar Çıtak, Temel İskit, Tuma Çelik, Yalçın Ergündoğan, Yener Orkunoğlu, Yılmaz Demir, Zeynep Tanbay

Ortak Bildiri: LGBT’ler de mi darbe yapacaktı?

Erdoğan ve partisi AKP, dünyanın en barışçı olaylarından biri olan Gezi’yi “Darbe yapmak istediler” deyip biber gazına, TOMA saldırılarına ve plastik kurşunlara boğdurmuştu.

Ardından, aynen şunu söyleyerek, ekmek almaya giden çocukların ve filinta gibi gençlerin dayakla ve gerçek kurşunlarla öldürülmesine yol açmıştı:  “Esnaf gerektiğinde polistir, askerdir, alperendir, mahallenin bekçisidir”.

Erdoğan ve partisi AKP, aynı “darbe” gerekçesini 17-25 Aralık rezaletlerinin üstünü kapatmak için kullanmış, her olaya joker bir  “paralel” terimini paranoya literatürümüze hediye etmişti.

Şimdi de, İstanbul valisine “Ramazan’da bu yürüyüş olmaz!” dedirtildi. Türkiye Cumhuriyeti’nin (TC) İslam dini kurallarıyla yönetildiği bir kere daha ilan edilerek, 2. maddesinde TC’yi laik ilan eden Anayasa bir kere daha ihlal edildi. Erdoğan ve partisi AKP, bu anayasa ihlallerinin fiyatını bağımsız yargı önünde eninde sonunda ödemeye hazır vaziyette beklemelidir.

Yirmi üçüncü yürüyüşlerine hazırlanan LGBT’ler de mi darbe yapacaktı da boyalı top mermisine tutuldular? İktidar kavgasıyla ilgisi olmayan, kimseye zarar vermeden kendi hayatlarını yaşamaktan başka bir şey istemeyen bu farklı cinsel eğilimdeki vatandaşlara yapılanlar, Erdoğan ve partisi AKP’nin derdinin darbeden korkmak falan değil, kendi istemedikleri hiçbir şeye izin vermemek olduğunu açıkça göstermiştir.

Erdoğan ve partisi AKP bunu sürdüremez. Ya Türkiye batacaktır, yahut bu zihniyet. Başka alternatif yoktur. Çünkü, "Şaban'la Recep'in aşkına Ramazan engel olamaz" gibi esprili bir pankartı “Üç  Aylara hakaret” ilan edebilen bir zihniyet, insanları Müslümanlıktan da soğutarak kendi kendini tüketmektedir.

Ankara Düşünceye Özgürlük Girişimi

A. Serdar Koçman, Adnan Chalma Kulhan,  Ahmet İsvan,  Akın Atauz, Alev Er, Ali Kılıç, Attila Dirim, Attila Tuygan, Baskın Oran , Bozkurt Kemal Yücel, Bülent Tekin, Celal İnal, David Vergili, Doğan Özgüden, Eflan Topaloğlu, Elif Yıldırım, Emre Kocaoğlu, Ercan Aktaş, Erdal Doğan, Erdem Özgül, Ergun Kuzenk, Erkan Metin,  Fikret Başkaya, Fusun Erdoğan, Garo Kaprielyan, Gül Gökbulut,  Gün Zileli, Güngör Şenkal, Hakan Yücel, Haldun Açıksözlü, Hanna Bet-Sawoce, Hasan Cemal, Hasan Zeydan, Hulusi Zeybel, İbrahim Seven, İnci Tuğsavul, İsmail Beşikçi, Kadir Akın, Kadir Cangızbay, Kamil Aksoylu, Kayuş Çalıkman Gavrilof, Kemal Akkurt, Kenan Urkun, Kenan Yenice, Mahmut Cantekin, Mehmet Özer, Mehmet Uluışık, Meral Saraç Seven, Mesut Tufan, Murad Mıhçı, Murat Kuseyri, Muzaffer Erdoğdu,  Nadya Uygun, Nail Beth- kinne, Necati Abay, Nurettin Değirmenci, Oktay Etiman, Osman Özarslan, Özcan Soysal, Pınar Ömeroğlu, Ragıp Zarakolu, Ramazan Gezgin,  Sait Çetinoğlu, Sarkis Arık, Şaban İba, Şanar Yurdatapan, Tamar Çıtak, Temel İskit, Tuma Çelik, Yalçın Ergündoğan, Yener Orkunoğlu, Yılmaz Demir, Zeynep Tanbay
Une gay pride réprimée à Istanbul a coups de gaz et de canons à eau

La police anti-émeutes turque a violemment réprimé dimanche une Gay Pride, lançant des gaz lacrymogènes et utilisant des canons à eau pour disperser des milliers de manifestants rassemblés pacifiquement dans le centre d'Istanbul, a constaté l'AFP.

Lorsque des manifestants portant des drapeaux d'arc-en-ciel ont scandé des slogans dénonçant "le fascisme" du régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la police, présente en nombre à l'entrée de la grande artère piétonne d'Istiklal, a chargé en force la foule, utilisant par endroits des balles en caoutchouc.

Avant le lancement de la marche, de nombreux policiers en tenue ont fermé l'accès à la place Taksim, sur laquelle s'ouvre la rue d'Istiklal, centre de la contestation contre le régime islamo-conservateur de l'été 2013.

Depuis, tout rassemblement est interdit sur la place et ses abords.

Un groupe de civils, apparemment des nationalistes et islamistes qui s'étaient réunis près d'Istiklal, là où devait avoir lieu la marche, ont attaqué les journalistes couvrant l'événement, blessant légèrement plusieurs d'entre-eux dont un photographe de l'AFP.

La police n'a pas bronché à cette agression, selon les témoins et les médias.

Une vidéaste de l'AFP a, quant à elle, été brutalisée par la police alors qu'elle filmait son intervention musclée.

Au moins cinq manifestants ont été interpellés par la police.

- Précédentes marches sans problèmes -

Pourtant cette marche devait constituer la 13è édition de la marche des fiertés homosexuelles pour soutenir les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) qui s'étaient dans le passé déroulées sans incidents graves en Turquie, où l'homophobie reste répandue, surtout dans les zones rurales.

"Nous voulions simplement marcher. Cela fait des années que nous marchons ici en paix. nous n'avons ni pierre ni arme, nous voulons juste marcher", a expliqué, très incrédule, à l'AFP Can, un jeune militant LGBT.

"Et maintenant ils tirent du gaz sur nous sans aucune impunité", a-t-il regretté.

Cette année, la manifestation a coïncidé avec le mois musulman du Ramadan. Selon un communiqué publié par l'association des LBGT "le gouverneur d'Istanbul a interdit la manifestation au prétexte qu'elle intervient pendant le Ramadan", mois de jeûne en Turquie musulmane mais laïque.

Des députés de l'opposition social-démocrate au Parlement qui assistaient au début de la marche ont voulu négocier avec la police et l'un d'eux, Mahmut Tanal, du parti républicain du peuple (CHP) est monté sur un véhicule blindé de la police, selon les images diffusés par les médias.

De nombreux internautes ont fait part de leur indignation après la dispersion de la marche. "Attaquer des gens qui défilent pour soutenir l'amour n'a pas de place dans la démocratie. C'est tout simplement une honte", a lancé sur son compte Twitter Erdem Yener, un comédien connu de Turquie.

"Aucune quantité d'eau ne peut effacer les valeurs universelles d'égalité, de fierté, de diversité et d'espoir incarné par le drapeau arc-en-ciel", symbole de la communauté homosexuelle, a pour sa part écrit la romancière Elif Shafak.

La place de Taksim est devenue le symbole de la contestation contre M. Erdogan et de son régime pendant près d'un mois en 2013. Un mouvement, réprimé par la police, qui avait gagné toute la Turquie pour dénoncer la dérive conservatrice de l'homme fort du pays. La communauté LGBT était à l'avant front du mouvement qui s'était soldé par la mort de huit personnes.
(AFP, 28 juin 2015)

Venice Commission: Moves against judges and prosecutors are against rule of law

The Venice Commission has slammed Turkey for government interference in the independence of the judiciary, saying that steps taken by the Supreme Board of Judges and Prosecutors (HSYK) against judges and prosecutors due to their decisions contradicts the core principles of the rule of law.

"The Venice Commission is particularly concerned that the [HSYK] took immediate and direct action against judges and prosecutors on account of their decisions in pending cases. This practice of the High Council contradicts basic principles of the rule of law," the commission -- a legal advisory body of the Council of Europe -- said in a strongly worded declaration released on its website on Saturday.

The HSYK dismissed four prosecutors and a judge who ordered Turkey's biggest corruption scandal and two judges who granted a request for the release of critical media representatives and police officers who were imprisoned for their investigations into the corruption scandal. Four prosecutors who ordered a stop-and-search of Syria-bound trucks that were later found to contain weapons being sent to opposition groups in Syria were also dismissed.

Referring to these three cases, the commission said the cases "point to pattern of interference with the independence of the judiciary in clear violation of European and universal standards.”

The Venice Commission criticized an amendment to Turkey's law regulating the HSYK that strengthened the reach of the Justice Ministry within the HSYK, saying that the step “reversed the positive achievements of the reform carried out in 2010 following the constitutional referendum.”

The HSYK law was adopted on Feb. 14 of last year but strongly criticized for being one of the most tangible indications of the government's inclination to increase its control over the judiciary at the expense of the separation of powers. In its recent declaration, the Venice Commission called on the Turkish authorities to revise the law to reduce the influence of the executive within the HSYK.

“While many of these amendments were declared unconstitutional by a decision of the Constitutional Court of 10 April 2014, prior to this decision the Minister of Justice had already replaced key members of the administrative staff of the High Council and reassigned members of the Council to other chambers,” the commission stated, adding these facts “clearly demonstrate that there are insufficient guarantees for the independence of the judiciary in Turkey.” (TODAY'S ZAMAN, June 22, 2015)

Police Attacks United June Movement Members

United June Movement (BHH) members were marching with slogans “You will answer for all of it!” throughout İstiklal Avenue. Police attacked them twice.

According to the news of Cumhuriyet Daily, police stopped BHH members and attacked them by saying a protest couldn’t be allowed.

Freedom and Solidarity Party (ÖDP) Co-Chair Alper Taş called for protesters to meet at 5 o’clock in front of Galatasaray High School in İstiklal Avenue after the police attack.

After the call, BHH members came to Galatasaray Square and police attacked again with tear gas and water cannon.

Alper Taş spoke to protesters who didn’t disperse in spite of police attack : “You can march in the name of caliphate but you cannot march in the name of democracy in İstanbul,“ referring march by Hizb ut-Tahrir, an international pan-İslamic political organization, for ‘caliphate’ in ultraconservative Fatih district on Friday.
(BIA, June 22, 2015)

Trois ex-magistrats seront jugés pour avoir enquêté sur des proches du régime

Un tribunal d'Istanbul a décidé lundi de renvoyer devant la justice trois anciens magistrats à l'origine des enquêtes anticorruption qui ont fait vaciller le régime islamo-conservateur de l'actuel président Recep Tayyip Erdogan fin 2013, ont annoncé les médias.

Deux ex-procureurs, Celal Kara et Muammer Akkas, seront jugés pour "abus de pouvoir" et un ex-juge, Süleyman Karaçöl, pour "négligences" devant la cour suprême d'appel de la mégapole turque à une date qui n'a pas été précisée, a indiqué l'agence de presse Dogan.

Avec un autre de leurs collègues, ces trois magistrats avaient été radiés le mois dernier pour "atteinte à la dignité de la profession" par le Haut-conseil des juges et des procureurs (HSYK), l'instance disciplinaire de leur profession.

En décembre 2013, ils avaient ordonné l'arrestation de dizaines de proches du régime, hommes d'affaires, hauts-fonctionnaires et fils de ministres, dont celui de M. Erdogan alors chef du gouvernement, tous soupçonnés de corruption.

M. Erdogan avait alors dénoncé un "coup d'Etat" du mouvement de l'imam Fethullah Gülen, très influent dans la police et la justice, et riposté en multipliant les purges. Depuis cette affaire, qui a provoqué la chute de quatre ministres, l'homme fort de la Turquie a fait de M. Gülen, à la tête d'un vaste réseau d'écoles, d'entreprises et d'ONG, son ennemi numéro 1.

Le prédicateur nie catégoriquement avoir voulu renverser le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

Remise au pas par les purges qu'a ordonnées le pouvoir, la justice turque a depuis mis un terme à toutes les enquêtes qui visaient des proches du pouvoir.

M. Erdogan a essuyé le 7 juin un sérieux revers aux élections législatives, qui ont vu l'AKP perdre la majorité absolue qu'il détenait au Parlement depuis treize ans.

Les tractations pour la formation d'une coalition ont débuté entre l'AKP et les trois partis de l'opposition représentés au Parlement, qui ont tous fait de la lutte contre la corruption une condition sine quo non d'une éventuelle alliance avec le parti au pouvoir.
(AFP, 15 juin 2015)

L'ouverture du procès du meurtre d'une étudiante qui a choqué le pays



La justice turque a ouvert vendredi le procès de trois hommes poursuivis pour le viol et le meurtre il y a quatre mois d'une étudiante de 20 ans qui a suscité l'indignation de tout le pays et tourné à la mise en cause du gouvernement islamo-conservateur.

Devant un tribunal archicomble, le principal suspect, Ahmet Suphi Altindoken, a tenté de renvoyer une partie de la responsabilité des faits sur la victime et ses coaccusés.

L'enquête a établi que ce chauffeur de bus avait violé puis tué le 13 février dernier Özgecan Aslan, une étudiante qu'il ramenait dans son bus de l'université à son domicile de Tarsis, une petite ville du sud du pays.

Avec deux complices, son père et un ami, le chauffeur de bus a ensuite coupé les mains de sa victime et mis le feu à son corps pour faire disparaître toute trace.

"Elle m'a dit +tire-toi, tu es une honte+", a raconté vendredi M. Altindoken à la barre. "Comme chacun le sait, j'ai très mauvaise humeur", a-t-il ajouté en avouant l'avoir ensuite, de rage, roué de coups jusqu'à ce qu'elle perde connaissance.

Mais il a catégoriquement nié avoir tenté de la violer et accusé son complice Fatih Gökçe, présent à ses côtés dans le box des accusés, d'avoir abusé d'elle. "Après ça j'ai pris le couteau et je l'ai poignardée dans le cou", a-t-il conclu.

Le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre les trois accusés pour, a-t-il dit, "le meurtre sans pitié d'Aslan".

Près d'un millier d'avocats venus de toute la Turquie souhaitaient se constituer partie civile à ce procès très médiatisé, mais seule une centaine a pu entrer dans la petite salle d'audience, ont rapporté les médias turcs.

A l'appel de plusieurs ONG, quelques centaines de personnes ont manifesté devant le palais de justice pour exiger la condamnation des accusés, aux cris de "nous voulons la justice pour Özgecan" ou "Özgecan est notre révolte", selon Dogan.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la Turquie dans les jours qui ont suivi le meurtre d'Özgecan Aslan.

L'opposition et les mouvements féministes ont mis directement en cause la responsabilité du président Recep Tayyip Erdogan et de son gouvernement, accusés d'entretenir les violences contre les femmes par leurs préjugés religieux. M. Erdogan s'est récemment illustré en affirmant que l'égalité homme-femme était "contre nature".

Selon l'association turque des droits de l'Homme (IHD), les meurtres de femmes ont nettement augmenté ces dix dernières années pour atteindre 294 cas en 2014.
(AFP, 12 juin 2015)

Turkey’s top judicial body reshuffles more than 2,000 of judges, prosecutors

Turkey's top judicial body responsible for the appointment of judges and prosecutors has reassigned more than 2,000 judges and prosecutors in a major reshuffle.
 
The Supreme Board of Judges and prosecutors (HSYK), which has been accused of being highly politicized since a corruption scandal went public on Dec. 17, 2013, incriminating members of then-Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan's Cabinet, on Friday issued a decree in which it reassigned a total of 2,664 judges and prosecutors across the country.
 
The decree was prepared by the 1st Chamber of the HSYK, whose membership structure was last year changed in favor of the Justice and Development Party ( AK Party) government after the reassignment of two of its members.
According to the decree, judge Uğur Kalkan, who was among the panel of judges who ordered the arrest of four prosecutors last month for their role in the search of trucks allegedly carrying weapons to opposition groups in Syria, was appointed from southern district of Tarsus to the Bakırköy Courthouse in İstanbul in an apparent promotion.
 
The AK Party lost is parliamentary majority in elections carried out last Sunday. The party, which received less than 41 percent of national vote, is set to hold coalition talks with oppsoition parties to remain in power.
 
Also on Thursday, the HSYK dismissed 37 judges and prosecutors from their jobs as part of an investigation into alleged cheating on an exam administered in 2012, but allowed the pro-government prosecutors and judges who had entered the profession via the same exam -- and were once members of AK Party – to remain in their positions.
(TODAY'S ZAMAN, June 12, 2015)

1,000 attorneys to represent brutally murdered college girl in Turkey

As many as 1,000 attorneys are expected to represent Özgecan Aslan in the very first court hearing on June 12 in the case over her brutal murder. The 20-year-old’s burned body was found in a river bed in the Mediterranean province of Mersin two days after she was killed by a minibus driver on Feb. 11.

Several non-governmental organizations and rights groups are also expected to attend the court session headed by the Tarsus 1st Court for Serious Crimes, as well as about a thousand attorneys from all across Turkey.

Mersin Bar Association head Alpay Antmen said 660 attorneys had put in applications for authorization and this number was expected to rise to 1,000 with other attorneys coming to the court hearing on June 12.

“It is impossible to let all the attorneys in the court hall, but they will be in the court building. The Union of Turkish Bar Associations and its commission on women’s law, several bar associations and women’s rights groups will also attend the hearing,” said Antmen.

“Of course, the defendants will not be denied the right to plea to the court. We think they will be fairly tried and punished as the indictments require,” he added.

Ahmet Suphi Altındöken, the minibus driver who confessed to Aslan’s murder, will appear in court along with his father, Necmettin Altındöken, 50, and his friend Fatih Gökçe, 20, both of whom were sent to prison as Altındöken’s accomplices.

Aslan’s parents, Mehmet Aslan and Söngül Aslan, will reportedly not be attending the court hearing, while the victim’s uncle Yaşasın Aslan will be present in court on behalf of the Aslan family.

The court session is planned to be held at 9:00 a.m. on June 12 and precautionary security measures will be taken in the surrounding area.
(hurriyetdailynews.com, June 11, 2015)

Le policier qui avait gazé la "Femme en rouge" condamné à 20 mois de prison

Le policier qui avait aspergé de gaz lacrymogène la "femme en rouge", manifestante devenue icône de la fronde antigouvernementale de 2013 au parc Gezi d'Istanbul, a été condamné mercredi 10 juin à vingt mois de prison, selon l'agence de presse Dogan. Cette femme, Ceyda Sungur, a acquis une célébrité mondiale avec la publication d'une photo qui la montrait, vêtue d'une robe rouge, inondée à bout portant de gaz lacrymogène lors d'une évacuation musclée du parc Gezi le 28 mai 2013.

Un tribunal d'Istanbul a reconnu le policier, identifié sous le nom de Fatih Z., coupable de "coups et blessures volontaires" et de "faute professionnelle", et lui a infligé deux peines de dix mois d'emprisonnement ferme, dont il a été immédiatement dispensé pour "bonne conduite" pendant son procès. Les juges l'ont également condamné à une peine plus inhabituelle: planter 600 arbres et veiller à leur croissance pendant six mois.

Le mouvement de contestation sans précédent qui a visé Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre et aujourd'hui président, avait débuté fin mai 2013 par la mobilisation d'une poignée de militants écologistes hostiles à la destruction annoncée du parc Gezi, un jardin public qui surplombe la fameuse place Taksim d'Istanbul.

Leur évacuation musclée avait dégénéré en une vague de manifestations sans précédent qui a mobilisé pendant trois semaines plus de trois millions de personnes exigeant la démission d'Erdogan, accusé de dérive autoritaire et islamiste. La répression a fait au moins huit morts, plus de 8000 blessés et a été marquée par des milliers d'arrestations. La "dame en rouge" avait été initialement inculpée de "provocation dans le but de désobéir à la loi", avant qu'un procureur ne renonce à ces poursuites quelques mois plus tard. (
huffingtonpost.fr, 10 juin 2015)

Trois morts dans des violences à Diyarbakir

Trois personnes, dont le responsable d'une ONG islamiste, ont été tuées mardi à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, lors de violences opposant des militants kurdes rivaux deux jours après les élections législatives, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Le directeur de l'ONG Ihya-Der, Aytac Baran, proche du parti islamiste kurde Huda-Par, a été abattu en début d'après-midi par des hommes non identifiés en quittant son bureau de Diyarbakir, a-t-on appris de sources hospitalières.

Cette attaque a ensuite provoqué des heurts entre des partisans du parti Huda-Par et des militants du HDP qui ont fait deux autres morts, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, qui n'a donné aucun détail sur les identités.

Un précédent bilan de source hospitalières faisait état de 4 morts.

La police a interpellé trois personnes en possession d'armes soupçonnées d'avoir participé aux violences, a indiqué pour sa part le bureau du gouverneur local cité par les médias turcs.

Au moins trois journalistes ont par ailleurs été blessés en couvrant ces affrontements, a rapporté l'agence de presse Dogan.

L'avocat de M. Baran a affirmé que son client avait été menacé par des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) peu de temps avant son assassinat. Mais la branche jeunesse du PKK a démenti ces allégations dans un message posté sur son compte Twitter, dénonçant une "provocation".

Le chef de file du HDP Selahattin Demirtas a fermement condamné cet assassinat et appelé au calme. "Des manipulations sont à l'oeuvre toutes les parties doivent agir avec sang froid", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Le HDP a obtenu 13,1% des suffrages et 80 sièges de députés lors du scrutin de dimanche, qui a vu le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement.

Des affrontements entre partisans du HDP et militants de Huda-Par avaient déjà fait 2 morts et 6 blessés le 29 mai dernier dans la province de Sirnak (sud-est).

Ces violences interviennent quelques jours après l'attentat à la bombe qui a fait 3 morts et plus d'une centaine de blessés vendredi parmi des militants du parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) venus assister dans la même ville de Diyarbakir à une réunion de campagne de leur chef de file Selahattin Demirtas.

Les auteurs de cet attentat n'ont pas été identifiés mais le Premier ministre Ahmet Davutoglu a annoncé dimanche qu'un suspect avait été interpellé, sans autre détail.
(AFP, 9 juin 2015)

Explosions mortelles au meeting du HDP: 4 morts, 300 blessés



Au moins quatre personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées vendredi dans le sud-est de la Turquie dans deux explosions d'origine indéterminée survenues lors d'une réunion de campagne du principal parti kurde, à deux jours des élections législatives.

Ces déflagrations, dont l'une très puissante, se sont produites à proximité d'un transformateur électrique situé sur une place de la grande ville de Diyarbakir, où des dizaines de milliers de partisans du Parti démocratique du peuple (HDP) étaient réunis pour entendre leur chef de file Selahattin Demirtas.

Selon un bilan encore provisoire fourni par le ministre de l'Agriculture Medhi Eder, originaire de Diyarbakir, au moins deux personnes sont mortes et plus d'une centaine ont été blessés, dont certaines très grièvement.

Le secrétaire général de l'ordre local des médecins, Cengiz Günay, a évoqué auprès de l'AFP un bilan de quatre morts, qui n'a pas été confirmé de source officielle.

Des sources hospitalières interrogées par l'AFP ont évoqué au moins 130 blessés, dont 25 dans un état jugé extrêmement sérieux.

Les premières informations ont situé l'origine de la plus puissante explosion dans un transformateur électrique mais le ministre de l'Energie Taner Yildiz a remis en cause cette hypothèse, situant son origine à "l'extérieur" de l'installation sans toutefois préciser s'il pouvait s'agir d'une bombe.

"Notre inspection a clairement montré que la source de l'explosion n'était pas le transformateur", a affirmé M. Yildiz devant la presse.

Cet incident, le plus grave survenu depuis le début d'une campagne législative tendue et émaillée de violences, a provoqué une violente réaction des militants du HDP, qui ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre chargées d'assurer la sécurité de la réunion.

La police est intervenue avec du gaz lacrymogène et des canons à eau pour les disperser.

M. Demirtas, qui s'apprêtait à prendre la parole devant ses partisans au moment des explosions, a appelé ses troupes au calme.

- 'Provocation' -

"Nos amis doivent être très prudents et ne pas céder à la provocation", a insisté le dirigeant kurde. "Ils (nos adversaires) veulent créer la panique et le chaos (...), la paix l'emportera", a-t-il également écrit sur son compte Twitter.

Dans un communiqué, le président Recep Tayyip Erdogan a lui aussi évoqué une "provocation".
 "Il est d'une importance capitale que ce type de provocation contre nos citoyens ne perturbe pas le climat de paix et de fraternité de notre pays", a-t-il jugé.

En campagne à Gaziantep (sud), le Premier ministre Ahmet Davutoglu a promis une enquête rapide sur les événements. "Nous allons déterminer s'il s'agit d'une explosion de transformateur, d'une attaque ou d'une quelconque provocation", a-t-il déclaré.

Des échauffourées ont été signalées en soirée dans plusieurs quartiers de Diyarbakir entre des jeunes militants kurdes et la police, selon un correspondant de l'AFP.

Depuis plusieurs semaines, la campagne électorale des législatives a été le théâtre de nombreuses violences, qui ont pour l'essentiel visé le HDP.

Mercredi soir, le chauffeur d'un car portant les couleurs de ce parti a été tué à Bingol (est) par des tirs d'origine inconnue. Le mois dernier, deux explosions s'étaient produites aux quartiers généraux du HDP à Adana et à Mersin (sud), faisant plusieurs blessés.

Le score qu'obtiendra dimanche le HDP fait l'objet de toutes les attentions.

S'il franchit la barre des 10% des voix, requise pour entrer au Parlement, il devrait obtenir une cinquantaine de sièges de députés et ainsi priver le parti du président Erdogan des 330 députés dont il a besoin pour faire passer une révision constitutionnelle qui lui permettrait de renforcer ses pouvoirs.

"Nous participerons à ces élections et nous passerons la barre des 10%", a réaffirmé M. Demirtas après la double explosion de Diyarbakir.

Au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) est le favori du scrutin de dimanche, mais il est en nette perte de vitesse, victime du déclin de l'économie et des critiques récurrentes dénonçant sa dérive autoritaire.
(AFP, 5 juin 2015)

Tirs contre un car de campagne électorale, un mort

Un homme a été tué par balles lorsque des individus non identifiés ont ouvert le feu mercredi contre un car de campagne électorale dans le sud-est de la Turquie, quatre jours avant les législatives, a annoncé l'agence de presse Dogan.

La victime, identifiée comme le chauffeur du véhicule, a été trouvée morte près du car avec de nombreuses blessures par balles à la tête, dans le district de Karliova, province de Bingol dont la population est majoritairement kurde.

Une vaste opération de recherche a été lancée pour retrouver les assaillants, toujours selon Dogan.

La campagne électorale en vue des législatives du 7 juin en Turquie a été émaillée de nombreux actes de violences visant essentiellement le Parti démocratique du peuple (HDP), principal mouvement kurde.

Le mois dernier, deux explosions visant les quartiers généraux du parti dans les villes d'Adana et Mersin, sud du pays, avaient fait plusieurs blessés.

Les yeux sont rivés sur le score que fera le HDP. S'il réussi à passer la barre des 10% des voix pour entrer au Parlement, cela risque de compliquer les projets du président Recep Tayyip Erdogan de faire voter une réforme constitutionnelle pour élargir ses pouvoirs.
(AFP, 3 juin 2015)

La police boucle la place Taksim, deux ans après la résistance Gezi

La police turque a renforcé dimanche les mesures de sécurité autour de la place Taksim dans le centre d'Istanbul, deux ans après le début de manifestations sans précédent qui avaient fait vaciller le gouvernement pendant un mois, en juin 2013.

La police a bloqué en début de matinée les principales rues pour accéder à la célèbre place et vidé le jardin public adjacent de Gezi, où avait démarré la contestation antigouvernementale il y a deux ans, a constaté un photographe de l'AFP, notant que les transports en commun étaient interrompus.

La police antiémeute ainsi que des camions équipés de canons à eau étaient déployés sur la place, prêts à bloquer tout début de manifestation.

Au petit matin du 31 mai 2013, la police avait violemment délogé du parc Gezi quelques centaines de militants écologistes qui s'opposaient à sa destruction. Nourri par la répression, le mouvement avait fait boule de neige pour se transformer en une révolte politique sans précédent contre le pouvoir islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre à l'époque, aujourd'hui devenu président.

Quelque 3,5 millions de Turcs - chiffre officiel de la police - avaient défilé contre M. Erdogan dans toute la Turquie pendant les trois premières semaines de juin. Ces manifestations, sévèrement réprimées, avaient fait au moins huit morts et plus de 8.000 blessés. Les partenaires occidentaux de la Turquie avaient dénoncé ces interventions policières brutales. (AFP, 31 mai 2015)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Journalist Ahmet Şıks sued for his Book on Parallel Structure

Journalist Ahmet Şık was suited for libel due to his book titled ““Paralel Yürüdük Biz Bu Yollarda” (We Walked These Roads in Parallel) which was published in December 2014 upon complaint of former Minister of Transport, Maritime Affairs and Communications, Binali Yıldırım.

Ahmet Şık may get 2 years and 8 months prison sentence because of his book related to parallel structure, Imam Fethullah Gülen and Gülen Movement. Şık had been arrested together with another journalist Nedim Şener in March 2011 for allegedly supporting Ergenekon Organization.

Journalist Şık will stand trial on October 13 for libel suit

Public Prosecutor of İstanbul found the decision justified since Şık discussed claims about former Minister and his corruption. Ahmet Şık will stand trial on October 13 in İstanbul 2nd Criminal Court of First Instance for allegedly insulting Binali Yıldırım.

Who is Ahmet Şık?

Şık graduated from the Journalism department of Istanbul University, Faculty for Communication. Between 1991 and 2007, Şık worked for several newspapers such as Cumhuriyet, Radikal, Evrensel, and Yeni Yüzyıl. He has also worked at Nokta magazine and Reuters News Agency as a photo journalist.

Some of his books: Ergenekon'da Kim Kimdir? (Who is Who in Ergenekon?) 2010.

Kontrgerilla ve Ergenekon’u Anlama Kılavuzu (Guide to Understanding the Contra guerrilla and Ergenekon) 2010.

The Imam's Army (İmamın Ordusu), 2012.

We Walked These Roads in Parallel (Paralel Yürüdük Biz Bu Yollarda), 2014.

He has Photography Award of the Turkish Journalists' Association, News Award from the Association of Contemporary Journalists and UNESCO/Guillermo Cano World Press Freedom Prize.

Journalist Şık still works in Cumhuriyet Daily.
(BIA, June 26, 2015)

Quatre journalistes expulsés de Turquie suite à leur reportage au Rojava

L’incroyable histoire de l’expulsion en Roumanie de quatre journalistes (dont trois italien et un français) par le gouvernement turc racontée par l’un d’entre eux, Giuseppe Acconcia, journaliste du quotidien Il Manifesto, cueilli à la sortie de l’avion, en Italie, pour Le Peuple breton.

Le gouvernement turc a peur de l’autonomie démocratique pratiquée par les Kurdes du Rojava. C’est l’impression que l’on a en écoutant Giuseppe Acconcia, journaliste italien du quotidien Il Manifesto, le récit de son expulsion du territoire turc, juste après ses reportages réalisés à Kobane et Tall Al-Abyad au Kurdistan syrien (exemples désormais rarissimes de véritable journalisme).

Il y a dix jours, Acconcia avec deux collègues italiens et un collègue français (Samuel Forey, envoyé spécial du Figaro), a franchi illégalement la frontière entre Turquie et Syrie à la hauteur de Soruc. Ils avaient attendu en vain un visa pour la Syrie.

Pendant une semaine ils ont relaté l’expérience extraordinaire d’autonomie démocratique du Rojava, ont raconté la libération de Tall Al-Abyad (la colline blanche), une ville libérée par les forces kurdes YPJ et YPG, après presque un an et demi sous le contrôle de Daesh.

« Il s’agit d’une société en mouvement, qui essaye de se redresser, mais elle est assiégé. Le gouvernement d’Ankara a peur d’une liaison entre les cantons de Kobane et Cizire. En fait le conseil des ministres turc a décidé de fermer la frontière, en empêchant les refugiés syriens de sortir. Même pour les aides humanitaires, le passage de la frontière est interdit » dit Giuseppe Acconcia à son arrivé en Italie.

Les pires craintes d’Ankara sont devenues réalités après la victoire des Kurdes à Tall Al Abyad. « D’après le premier ministre turc, Erdogan, les Kurdes sont des terroristes, bien pires que les militants de Daesh. Il les accuse, sans aucune preuve d’ailleurs, d’épuration ethnique contre les arabes et les turkmènes », continue le journaliste.

« Au moment de partir du Rojava, nous avons décidé de nous rendre au poste de police à la frontière turque. On s’attendait à une amende, mais pas à ce qui nous est arrivé. Nous avons dû signer un procès verbal et nous avons étés transportés dans un hôpital, pour vérifier notre condition de santé. Ensuite, nous avons étés mis en garde à vue dans une prison de haute surveillance. Là, il y avait des refugiés syriens qui attendaient depuis des mois d’être expulsés. Nous avons passé la nuit dans une cellule avant de recevoir l’ordre d’expulsion en Roumanie au matin. Au début, ils avaient pensé à d’autres pays. La justice turque nous a aussi infligé une amende et interdit de rentrer en territoire turc pendant 24 mois (même plus d’après leur avocats). Nous avons essayé à plusieurs reprises de demander un interprète, qui nous a été refusé. Toutes les procédures se sont déroulées en langue turque. »

Les quatre journalistes ont étés escortés par un policier jusqu’à l’aéroport d’Istanbul, d’où ils ont étés expulsés à Bucarest. Dans la capitale roumaine, ils étaient libres, enfin.

Selon le journaliste, son expulsion se situe d’une manière générale « dans l’action de répression de la presse mis en place par le gouvernement. Il suffit de penser aux révélations du journal Cumhuriyet à propos des fournitures d’armes par la Turquie aux militants de Daesh, qui ont couté au directeur de la publication la requête de condamnation à la perpétuité. »

« De l’autre coté, conclut Giuseppe Acconcia, la situation est fortement tendue au Kurdistan turc après la victoire du parti kurde HDP et les attentats survenus (quatre victimes et des centaines de blessés dans un meeting du HDP juste avant les élections du 7 juin) pour lesquels les leaders kurdes ont directement accusé Daesh. »

En ligne de mire, il y a les difficiles discussions pour la formation d’un gouvernement suite aux élections législatives. Si elles n’aboutissent à rien, comme le parti d’Erdogan l’espère, il faudra retourner aux urnes… (
lepeuplebreton.bzh)

Artist faces four years in jail for ‘insulting’ President Erdoğan

An artist who President Recep Tayyip Erdoğan was ordered to be pay 10,000 Turkish Liras in compensation now faces four years in prison for describing the money as “haram,” or forbidden in Islam.

The Istanbul Public Prosecutor’s Office prepared a two-page indictment against sculptor Mehmet Aksoy after Erdoğan’s lawyer filed a complaint claiming that the artist had “insulted” the president.

The indictment claimed that by calling the fine to be paid by Erdoğan “haram money,” Aksoy implied that the president had earned his money through illegal means.

An Istanbul court had ruled on March 3 for Erdoğan to pay 10,000 liras in moral indemnities to Aksoy, partially accepting the 100,000 liras case Aksoy had filed against Erdoğan.

The case was filed when Erdoğan was still serving as prime minister in 2011, after he expressed his dislike of Aksoy’s giant “Monument to Humanity,” which was in the process of being built in the eastern province of Kars on the border with Armenia, prompting local authorities to dismantle the sculpture. Aksoy then sued Erdoğan for “insulting” him.

After partially winning the case back in March, Aksoy said he planned to spend the money celebrating with his friends, rather than using it for his art.

“I will invite friends on March 21 for Nevruz celebrations and we will spend the money there. I will share it with them. We cannot do anything else with haram money,” he said.
(hurriyetdailynews.com, June 22, 2015)

Un gouverneur fait arrêter quatre journalistes qui l'interrogeaient sur l'EI

Un gouverneur turc a fait brièvement arrêter mardi quatre journalistes qui l'avaient interrogé sur la présence en Turquie de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), après la chute de la ville syrienne de Tall Abyad aux mains des forces kurdes.

Les quatre reporters, Hasan Akbas, du quotidien turc Evrensel, Pinar Ogunc, du journal Cumhuriyet, Özlem Topcu, de l'hebdomadaire allemand Die Zeit, et Deniz Yücel, du quotidien allemand Die Welt, ont annoncé sur leurs comptes Twitter avoir été interpellés, puis remis en liberté, après un contrôle d'identité.

Présents au poste-frontière turc d'Akçakale (sud) pour couvrir la bataille de Tall Abyad et l'exode massif de réfugiés qu'elle a provoqué vers la Turquie, ils y ont rencontré le gouverneur de la province de Sanliurfa, Izzetin Kücük.

Au cours de leur entretien, deux d'entre eux ont suscité sa colère en lui demandant un commentaire sur l'inquiétude manifestée par certains habitants d'Akçakale quant à la présence dans leur ville de militants de l'EI.

"Terminé !", s'est emporté M. Kücük, avant de donner aux policiers qui l'accompagnaient l'ordre suivant : "embarquez-les !"

Interrogé par l'AFP, un responsable turc a confirmé l'incident, mais précisé que les quatre journalistes n'avaient pas été officiellement arrêtés mais soumis à un contrôle d'identité.

Cet épisode a immédiatement causé une vague de protestations sur les réseaux sociaux sous le mot-clé #nesoriymvalime (Qu'est ce que je demande à mon gouverneur ?).

Souvent accusé d'avoir soutenu ou d'encore soutenir les jihadistes de l'EI, le gouvernement islamo-conservateur turc l'a toujours nié.

Le mois dernier, le quotidien proche de l'opposition Cumhuriyet a publié les photos de l'interception, en janvier 2014, d'un convoi en direction de la Syrie appartenant aux services de renseignement (MIT) et chargé d'armes. Le président Recep Tayyip Erdogan a porté plainte contre son rédacteur en chef, Can Dündar, qui risque une lourde peine de prison.

Depuis plusieurs années, la Turquie est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui dénoncent les pressions du pouvoir sur les journalistes. (AFP, 17 juin 2015)

Un rédacteur-en-chef condamné à 21 mois avec sursis pour insulte à Erdogan

Un tribunal d'Ankara a condamné mardi le rédacteur-en-chef du quotidien turc Today's Zaman à une peine de vingt-et-un mois de prison avec sursis pour avoir écrit un tweet jugé "insultant" à l'encontre du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

"Heureusement, la respectable mère de cet homme indigne ne vit plus pour voir quel fils elle a et peut s'épargner cette torture", a écrit l'an dernier Bülent Kenes sur les réseaux sociaux, sans même citer le nom du chef de l'Etat.

Dans son jugement, le tribunal de la capitale turque, qui a eu recours à un expert pour trancher, a malgré tout considéré ces lignes comme injurieuses à l'endroit de l'homme fort du pays, à l'époque Premier ministre, a rapporté le quotidien Today's Zaman, version anglaise du titre le plus vendu de la presse turque, Zaman.

Zaman est considéré comme proche de l'imam Fethullah Gülen, devenu l'ennemi numéro 1 de M. Erdogan depuis le scandale de corruption qui a éclaboussé son régime fin 2013.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan, élu en août 2014 à la magistrature suprême, a multiplié les plaintes en diffamation ou insulte contre ses adversaires, qu'il s'agisse d'adversaires politiques, de journalistes, d'artistes ou de simples citoyens.

L'opposition turque, qui dénonce régulièrement la dérive autoritaire de son régime, a exigé l'abrogation de l'article 299 très controversé du code pénal qui punit 'l"insulte" au chef de l'Etat, estimant qu'il porte atteinte à la liberté d'expression.

Le parti de M. Erdogan a perdu le 7 juin lors des élections législatives la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement de coalition. (AFP, 17 juin 2015)

Le prix de la liberté de pensée et d’expression décerné à Özgüden et Tugsavul


Prix de la liberté de pensée et d’expression décerné à Özgüden et Tuğsavul à Istanbul

La remise des prix de la liberté de pensée et d’expression pour 2015 de l’Union des éditeurs de Turquie (TYB) a eu lieu le 10 juin à Pera Palace à Istanbul.

A la cérémonie, organisée avec la contribution de Friedrich-Ebert-Stiftung, ont assisté plusieurs personnalités de la vie culturelle et artistique du pays.



Parmi les éditeurs primés se trouvent Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul, fondateurs de la revue et de la maison d’édition Ant. Ceux-ci sont toujours en exil et ce depuis 1971 en raison de leurs activités d’édition.

En raison de cette absence, le prix d’Özgüden et Tugsavul a été remis à leurs camarades Fahri Aral et Faruk Pekin. Ensuite, un message commun d’Özgüden et Tuğsavul préenregistré a été projeté sur grand écran dans la salle.


              
Faruk Pekin et Fahri Aral (3 et 4e de gauche) après avoir reçu le prix au nom d’Özgüden et Tugsavul

Autres primés par la TYB: Bahadır Baruter, caricaturiste de la revue Penguen, Haluk Hepkon, fondateur de la maison d’édition Kırmızı Kedi,  Erdal Akalın, fondateur de la maison d’édition  Dost, le quotidien Cumhuriyet qui avait publié la version turque de Charlie Hebdo, et Engelli Web, la source principale de la lutte contre la censure sur Internet.

Après les interventions de Metin Celal Zeynioglu, président de la TYB, et Ragip Zarakolu, président du Comité pour la liberté de publication de la TYB, on a présenté les points principaux d'un rapport détaillé de la TYB sur la violation des libertés en Turquie. L'éditeur primé Haluk Hepkon et le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar, ont exposé les violations actuelles de la liberté d'expresion et de pensée en Turquie.

The prize of freedom of thought and expression awarded to Özgüden and Tugsavul



The plate of the prize awarded to Özgüden and Tugsavul à Istanbul

The ceremony of prize for freedom of thought and expression in 2015 of the Union of Turkish Publishers (TYB) was held on June 10 evening at Pera Palace in Istanbul.

The ceremony organized with the contribution of Friedrich-Ebert-Stiftung was attended by many personalities of the cultural and artistic life of the country.



Among the award-winning editors are Doğan Özgüden and İnci Tugsavul, founders of the magazine and the publishing house Ant, which are still in exile since 1971 because of their publishing activities.

Because of their absence due to their exile, the prize of Özgüden and Tugsavul was given to their comrades Fahri Aral and Faruk Pekin. Then, a prerecorded common message of Özgüden and Tugsavul was projected on a large screen.




Faruk Pekin and Fahri Aral (3 and 4th from left) after receiving the award on behalf of Özgüden and Tugsavul


Other awards from the TYB: Bahadır Baruter, cartoonist of Penguen review;  Haluk Hepkon, founder of the publishing house Kırmızı Kedi; Erdal Akalın, founder of the publishing house Dost; the daily Cumhuriyet which published the Turkish version of Charlie Hebdo; and Engelli Web, the main source to fight against Internet censorship in Turkey.

After the interventions by Metin Celal Zeynioglu, chairman of the TYB, and Ragip Zarakolu, president of the Committee Publication Freedom of the TYB, main points of a detailed report on the endless violation of freedom in Turkey was presented. Award-winning publisher Haluk Hepkon and the daily Cumhuriyet’s chief editor Can Dündar also put emphasis on the violation of freedom of expression and thought in Turkey.

Özgüden ve Tuğsavul'a Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülü Verildi


İstanbul'daki törende Özgüden ve Tuğsavul'a verilen Düşünce ve İfade Özgürlüğü ödülü

Türkiye Yayıncılar Birliği’nin (TYB) düzenlediği Düşünce ve İfade Özgürlüğü 2015 Ödülleri, 10 Haziran akşamı İstanbul Pera Palas’ta düzenlenen törenle sahiplerine verildi. Ödül verilen yayıncılar arasında
gazetecilik ve yayıncılık faaliyetlerinden dolayı yıllardır sürgün hayatı yaşayan Ant Yayınları ile Ant Dergisi’nin kurucuları Doğan Özgüden ve İnci Tuğsavul da bulunuyor.



Friedrich-Ebert-Stiftung Türkiye Temsilciliği’nin katkılarıyla düzenlenen törene yayıncılık ve kültür-sanat dünyasından önemli isimler katıldı.

Sürgünde oldukları için törene katılamayan ve ödülleri kendilerinin mücadele arkadaşları Fahri Aral ve Faruk Pekin'e verilen Doğan Özgüden ve İnci Tuğsavul'un ortak mesajı tören salonunda video ile ekrana yansıtıldı. Video gösteriminden önce Faruk P
ekin, Fahri Aral ve Ant'in sorumlu müdürlerinden Osman Saffet Arolat Ant Yayınları’nda Özgüden çifti ile birlikte çalıştıkları döneme dair duygu ve düşüncelerini paylaştı.

TYB ödül töreninin yapıldığı Pera Palas salonunda ön sırada Ant'taki mücadele arkadaslarımızdan
Ragıp Zarakolu, Faruk Pekin, Osman Saffet Arolat ve Fahri Aral

Özgüden ve Tuğsavul dışında ödül verilenler: Penguen’in bir kapağında çizdiği figür nedeniyle “Cumhurbaşkanı’na hakaret” suçundan hapis cezası alan karikatürist Bahadır Baruter, muhalif kitaplarına çok sayıda dava açılan Kırmızı Kedi Yayınları’nın kurucusu Haluk Hepkon, Dost Kitabevi’nin kurucusu Erdal Akalın, Fransız mizah yayımı Charlie Hebdo ve gündemle ilgili yayınladığı pek çok haber ve yazı nedeniyle dava yağmuruna tutulan Cumhuriyet Gazetesi ve internetteki erişim engellemeleri ve kısıtlamalarıyla ilgili tek kaynak olan Engelli Web.

Törende TYB Yayınlama Özgürlüğü Komitesi Başkanı Ragıp Zarakolu ve Birlik Başkanı Metin Celâl Zeynioğlu'nun yaptığı konuşmalardan sonra Birliğin yıllık olarak yayınladığı Yayınlama Özgürlüğü Raporu 2015 ile ilgili kısa bilgi verildi. Yayıncı Haluk Hepkon ve Cumhuriyet Gazetesi genel yayın yönetmeni Can Dündar da Türkiye'de yayın hayatına baskıları vurgulayan birer konusma yaptılar.



Özgüden ve Tuğsavul'un videoyla verilen ortak mesajı

Değerli dostlarımız, yayın dünyamızın değerli temsilcileri,

1971 Darbesi’yle sizlerden ayrı düşüşümüzün 44. yılında Ant Dergisi ve Yayınevi’nin yöneticileri olarak bizleri hatırlamış olduğunuz için sizlere yürekten teşekkür ediyoruz.

Ant üzerine sevgili Fahri Aral ve Faruk Pekin’in gerekenleri söylediğinden eminiz.

Ant, Türkiye’de sosyalist düşüncenin yayılması ve de örgütlenmesi sürecine gerçekten militanca bir uğraşla katkıda bulunmaya çalıştı.

Dergimizin ve kitaplarımızın hazırlanışında sadece düsünce planında değil, aynızamanda estetik planda da Türkiye yayın yaşamına yenilikler getirmeyi görev bildik. Antimuvanlı kurşun kokusu taşıyan tüm yayınlarımızda mürettiplerimizin, baskıcılarımızın ve de ciltçilerimizin katkısıyla tekniğin ve estetiğin sınırlarını zorladık.

Bâbıali sokaklarını kanter içinde arşınlayarak sayfa kalıplarını dizgiciden baskıcıya taşıyan hamal dostlarımızı, dergimizin ve kitaplarımızın dağıtımını tüm tehditlere meydan okuyarak, sıkıyönetim koşullarında dahi sürdüren dağıtımcı dostlarımızı asla unutmuyoruz.

Yayın dünyasındaki kavgamız sadece Ant’la da sınırlı değildi. İlerici yayınevlerinin iktidardan gelen baskılara, dağıtım tekellerine karşı varolabilme kavgası bizim de kavgamızdı.

Bu nedenledir ki, yayınevlerinin örgütsel birlikteliğini sağlamaya katkıda bulunmak için Ant Dergisi’nde 1970 başından itibaren ilerici yayınevlerinin görüşlerini ve istemlerini yansıtan bir röportaj dizisi yayınlamıştık.

Mustafa Kemal Ağaoğlu, Şükran Kurdakul, Ahmet Küflü, Oğuz Akkan, Vedat Günyol, Hasan Erdoğan, Memet Fuat, Cengiz Tuncer, Süleyman Ege, Zülfü Livaneli, Fethi Naci, Bülent Habora, Yusuf Ziya Bahadınlı, Günay Akarsu, Mehmet Harmancı, Zeki Öztürk, Ahmet Öztürk, Bekir Harputlu, Muzaffer Erdost, Remzi İnanç’ın bu ankette yayınlanan görüşleri, Türkiye yayıncılığının darbe öncesi dönemdeki portresini ortaya koyar.

Bu dizinin yayınından hemen sonra yayıncıların örgütsel birliğini sağlamak için ilk girişimleri başlatmıştık, ne yazık ki 1971 Darbesi bunun gerçekleşmesine olanak vermedi.

Bu darbeden 15 yıl sonra, 1985’te,  Türkiye Yayıncılar Birliği’nin kurulmuş olduğunu 3 bin kilometre öteden görmenin bizi ne denli mutlu kıldığını bilemezsiniz.

Bugün diğer değerli meslekdaşlarla birlikte bu iki basın-yayın emekçisini, bizleri de anımsamış olmanız yıllardır uzak düştüğümüz ülkemizden gelen en büyük armağanlardan biri…

Tekrar yürekten teşekkür ediyor, tüm meslekdaşlarımızı başarı dilekleriyle kucaklıyoruz.


TYB ÖDÜLLERİNİ KAZANANLAR BİR ARADA
Özgüden ve Tuğsavul adına ödülü alan Faruk Pekin ve
ödülü sunan TYB 2. Başkanı Fahri Aral (Soldan 3 ve 4 üncü)


Doğan ve İnci'nin dostları Faruk Pekin, Osman Saffet Arolat ve Fahri Aral

Ragıp Zarakolu ve Osman Saffet Arolat

Osman Saffet Arolat ve Faruk Pekin, Doğan ve İnci'ye verilen TYB ödül plaketiyle


Türkiye Yayıncılar Birliği'nin ödüllerle ilgili duyurusu

Düşünce ve İfade Özgürlüğü 2015 Ödülleri Sahiplerini Buldu
 

Türkiye Yayıncılar Birliği’nin verdiği Düşünce ve İfade Özgürlüğü 2015 Ödülleri Pera Palas’ta düzenlenen ödül töreniyle sahiplerine verildi.

Türkiye Yayıncılar Birliği 2015 Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülleri 10 Haziran 2015 Çarşamba akşamı Pera Palas’ta, Friedrich Ebert Stiftung Derneği’nin desteğiyle düzenlenen törenle sahiplerini buldu.

Yayıncılık ve kültür-sanat dünyasından önemli isimler katıldığı törenin açılışında, Türkiye Yayıncılar Birliği Yayınlama Özgürlüğü Komitesi Başkanı Ragıp Zarakolu ve Birlik Başkanı Metin Celâl konuşma yaptı. Ardından 2015’in Özel Ödülleri takdim edildi. İlk Özel Ödül, 2008’den beri internetteki erişim engellemelerinin ayrıntılı istatistiklerini yayınlayan, Telekomünikasyon İletişim Başkanlığının veri yayınlamayı sonlandırdığı 2009’dan beri tek kaynak haline gelen Engelli Web’e verildi. Anonim kalmak isteyen site yöneticileri adına ödülü Alternatif Bilişim Derneği’nden Barış Büyükakyol, Ragıp Zarakolu’dan aldı.

İkinci Özel Ödül, İnci Tuğsavul Özgüden ve Doğan Özgüden’e verildi. 1967’den 1971’e kadar sosyalist haftalık Ant Dergisi ve Ant Yayınları’nı kurup yöneten, yayınlarından dolayı haklarında 50’den fazla davada açılan, 300 yılı aşkın hapis istemi nedeniyle Türkiye’den ayrılmak zorunda kalan Özgüden çifti 12 Eylül sonrasında Türk vatandaşlığından çıkarılmıştı. Halen Brüksel’de yaşayan ve Info-Turk ajansını yürüten Özgüdenler hakkında kısa bir fotoğraf gösteriminin ardından çalışma arkadaşları Faruk Pekin ödülü kendileri adına Türkiye Yayıncılar Birliği Yönetim Kurulu Üyesi Fahri Aral’dan aldı. Pekin, Aral ve Osman Arolat Ant Yayınları’nda Özgüden çifti ile birlikte çalıştıkları döneme dair duygu ve düşüncelerini paylaştı. Ödül takdiminin ardından Özgüdenlerin tören için hazırladıkları konuşma videosu gösterildi.

Son Özel Ödül ise Cumhuriyet Gazetesi’ne verildi. Tarihi boyunca bağımsız yayın çizgisini koruyan, bu nedenle baskı gören, yazarları ve muhabirleri yargılanıp hapis yatan, hatta öldürülen Cumhuriyet son dönemde Charlie Hebdo katliamı ve Suriye’ye geçen tırlarla ilgili yaptığı haberlerde cesur tavrıyla öne çıkmıştı. Gazetenin yazar ve muhabirlerine hâlihazırda 16 ceza soruşturması, 41 ceza davası ve çoğunluğu siyasetçiler tarafından 33 manevi tazminat davası açılmış durumda. Cumhuriyet Gazetesi adına ödülü Yayın Yönetmeni Can Dündar Metin Celâl’den aldı.

Geleneksel olarak her yıl bir yazar, bir yayıncı ve bir kitapçıya verilen Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülleri’nden ilki Dost Kitabevi’nin kurucusu, bağımsız kitapçılık mesleğini 38 yıldır sürdüren Erdal Akalın’a Türkiye Yazarlar Sendikası Başkanı Mustafa Köz tarafından takdim edildi.

Bir diğer ödül, son yıllarda pek çok siyasi içerikli kitap nedeniyle dava edilen, halihazırda Sabahattin Önkibar, Soner Yalçın, Yılmaz Özdil ve Merdan Yanardağ’ın kitapları nedeniyle birer, Sabri Uzun’un bir kitabı nedeniyle ise üçü yayınevine de olmak üzere toplam 14 dava görülmekte olan Kırmızı Kedi Yayınları adına yayınevinin kurucusu Haluk Hepkon’a verildi. Hepkon’a ödülü Türkiye PEN Başkanı Zeynep Oral takdim etti.

Son ödül ise bu yıl bir çizere, karikatürleri nedeniyle hakkında bugüne kadar 12 dava açılan, son olarak Penguen’in bir kapağı nedeniyle “Cumhurbaşkanı’na hakaret” suçundan hapis cezası alan karikatürist Bahadır Baruter’e verildi. Baruter ödülünü Metin Celâl’den aldı.

Dogan Hızlan'ın "En Üzücü Ödüller" başlıklı yazısı
Hürriyet, 11 Haziran 2015

TÜRKİYE YAYINCILAR BİRLİĞİ'nin düzenlediği Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülleri 2015, dün akşam Pera Palas Oteli'nde saat 18.00'deki ödül töreninde kazananlara verildi. Açılış konuşmasını TYB Başkanı Metin Celâl yaptı.

Bu yılki Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülleri, karikatürlerinden dolayı defalarca yargılanan Bahadır Baruter'e, yayınladığı kitapları toplatılan ve yargılanan tüm yayıncıları temsilen Kırmızı Kedi Yayınları sahibi Haluk Hepkon'a, ağır ekonomik ve siyasal koşullar altında mesleklerini inatla sürdüren kitapçılarımızı temsilen Ankara, Dost Kitabevi'nde kesintisiz 38 yıldır kitapçılık mesleğini sürdüren Erdal Akalın'a verildi. Bu yıl ayrıca Engelli Web'e, Cumhuriyet gazetesine, Doğan Özgüden ve İnci Tuğsavul Özgüden'e Düşünce ve İfade Özgürlüğü Onur Ödülü verildi.

TÜRKİYE'DEKİ basın, yayım özgürlüğü konusunda hazırlanan, "Yayınlama Özgürlüğü Raporu"nu okuduğumda, Türkiye'de basının, yazarların her an bir dava tehlikesiyle karşı karşıya kaldığını bir kere daha fark ettim.

Gazetelerde açılan davaları, yazarlar ve kitaplar hakkındaki soruşturmaları elbette okuyor, izliyoruz ama çoğunlukla nasıl sonuçlandığından haberimiz olmuyor.

Oysa bu izleme iki açıdan ihmal edilmemelidir.

Birincisi dava açanların özgürlük anlayışlarını ve hiç kuşkusuz tahammülsüzlüklerini yansıtıyor bu davalar.

İkincisi ise yargının da bu davalara yaklaşımını görmemizi sağlıyor... Kimi davalarda bilirkişi raporlarından tutun alınan mahkeme kararlarına kadar hepsi birer mizah öyküsü gibi!

Ne yazık ki bazı davalar ceza ile sonuçlanmış, aklanmalar beni sevindirse de kimi ileriye dönük ertelemeler, Demokles'in kılıcını havada bırakmak gibi geldi bana.

Rapor, eleştiri dozu arttıkça dava sayısının da arttığını gösteriyor.

Mizah tahammülün en belirgin göstergesidir, oysa mizahçıların çizgileri/yazıları çoğu zaman hakaret şemsiyesi altına sokuluyor. İl ve ilçelerde kimi kitap afişleri astırılmıyor, asılan afişler sökülüyormuş.

Üniversitede kitaplık kurulması, yönetim tarafından sakıncalı bulunuyor. Uludağ Üniversitesi'nde kurulacak Yaşar Kemal Kütüphanesi'nin önlenmesi gibi. Veya çocukların okuyacağı kitapların denetimden geçmesi gibi tuhaf örnekler yer alıyor raporda!

Raporda, hakkında dava açılan kişiler ve kitaplar sıralanmış. Davaların hangi aşamada olduğu da belirtilmiş.

Türkiye'deki basın/basım özgürlüğünün ne seviyede olduğunun, somut örneklerle anlatıldığı önemli bir rapor.

Belediyelerin bilbordlarına kitap afişleri için yapılan başvurular da, siyasal içerikleri, eğilimleri göz önüne alınarak konuluyor ya da reddediliyor!

Hapishanelerdeki çalışma düzeni, girecek kitapların niteliği de ayrı bir kısıtlama örneği.

Kitap fuarlarında gene bir anlayış, siyasal tercih göz önüne alınarak, konuşmalar, imza günleri iptal edilebiliyor.

Araştırmalara ambargo koymak da dikkati çekiyor.

YÖK'ün bildirisiyle üniversitelerde Suriyeliler konusunda inceleme yapmak yasaklanmış!

İnternet baskılarındaki durum da raporda yer alıyor.

YAZIMI, raporun altındaki dilekle bitireceğim:

"2016 yılında, artık bu ödüllerin verilmeyeceği bir Türkiye'ye ulaşma dileğiyle."

Zeynep Oral'ın "Ant solun yolunu açtı" başlıklı yazısı
(Cumhuriyet, 12 Haziran 2015)

Yıllar hızla geçiyor, her şey değişiyor, kimi şeyler hiç mi hiç değişmiyor. Dün ve önceki gün bu sayfalarda Türkiye Yayıncılar Birliği’nin verdiği Düşünce ve İfade Özgürlüğü Ödülleri haber ve yorumlarını okudunuz. Onur Ödülünü alanlar arasında Cumhuriyet gazetesinin bulunması hepimizi gururlandırdı.

Ödül töreninde beni çok duygulandıran ANT Dergisi’ni çıkaran, ANT Yayınları’yla bizleri zenginleştiren 1971’de askeri faşist darbe nedeniyle ülkeden ayrılıp bir daha dönemeyen Doğan Özgüden ve İnci Tuğsavul Özgüden’in ekrandan mesajlarını dinlemek oldu.

Sosyalist düşünce dergisi

1967- 71 Yıllarında çıkan Ant Dergisi, ilk gençliğini yaşayan bizler için eşsiz bir yol göstericiydi. Sosyalist düşüncenin yayılması için sayısız yazarın hem bilimsel, hem edebi yazılarına yer verirdi. Eşitlik, bağımsızlık, sömürüye karşı çıkış, toplumsal adalet kadar düşünce ve ifade özgürlüğünün de sözcülüğünü yapardı.

Ant Yayınları’nın kitapları hala kitaplığımda... Yaşar Kemal’in kitaplarını ilk onlar bastılar. Che Gueva, Nehru, Castro’nun anılarını da... Sosyalist öğretinin nice kaynağını da... Onları dinliyorum: “Ant, Türkiye’de sosyalist düşüncenin yayılması ve de örgütlenmesi sürecine gerçekten militanca bir uğraşla katkıda bulunmaya çalıştı.

Dergimizin ve kitaplarımızın hazırlanışında sadece düşünce planında değil, aynı zamanda estetik planda da Türkiye yayın yaşamına yenilikler getirmeyi görev bildik. Antimuanlı kurşun kokusu taşıyan tüm yayınlarımızda mürettiplerimizin, baskıcılarımızın ve de ciltçilerimizin katkısıyla tekniğin ve estetiğin sınırlarını zorladık... Babıâli sokaklarını kan ter içinde arşınlayarak sayfa kalıplarını dizgiciden baskıcıya taşıyan hamal dostlarımızı, dergimizin ve kitaplarımızın dağıtımını tüm tehditlere meydan okuyarak, sıkıyönetim koşullarında dahi sürdüren dağıtımcı dostlarımızı asla unutmuyoruz.”

Baskıya karşı 

40 yılı aşkın bir süredir birlikte çalışan, birlikte mücadele veren bu çifte karşı, yazdıkları ve yayımladıklarından dolayı 50’den fazla dava açıldı. 300 yılı aşkın hapis cezası istemiyle tehdit edildiler. 71’de ülkeyi terk ettiler. 

12 Eylül darbesinden sonra 1982’de Türk vatandaşlığından çıkarıldılar. On yıl sonra bu iptal edildi. Ancak Dışişleri Bakanlığı , Türkiye’ye dönerlerse, tutuklanmayacakları konusunda yazılı güvence vermeyi reddetti. Dönmediler.
Gepegençtiler. Şimdi saçları kırlaşmış, ekrandan ortak mesajlarını dinliyorum: 

“Yayın dünyasındaki kavgamız sadece Ant’la da sınırlı değildi. İlerici yayınevlerinin iktidardan gelen baskılara, dağıtım tekellerine karşı var olabilme kavgası bizim de kavgamızdı.” 

Bu amaçla yayınevlerini örgütlemeye çalışmışlar, girişimler başlatmışlardı. Ancak 1971 darbesi bunun gerçekleşmesine olanak vermedi. 

“Bu darbeden 15 yıl sonra, 1985’te, Türkiye Yayıncılar Birliği’nin kurulmuş olduğunu 3 bin kilometre öteden görmenin bizi ne denli mutlu kıldığını bilemezsiniz. Bugün diğer değerli meslektaşlarla birlikte bu iki basın-yayın emekçisini, bizleri de anımsamış olmanız yıllardır uzak düştüğümüz ülkemizden gelen en büyük armağanlardan biri... Tekrar yürekten teşekkür ediyor, tüm meslektaşlarımızı başarı dilekleriyle kucaklıyoruz.” 

Biz de size teşekkür ediyoruz İnci ve Doğan Özgüven. Solun yolunu açtığınız için, düşünce ve ifade özgürlüğü meşalesini her daim başınız dimdik tutuşturduğunuz için... (Belge Yayınları’ndan 2 ciltlik Vatansız Gazeteci’yi okuyabilirsiniz.)

Nouvelle diatribe d'Erdogan contre les médias étrangers avant les législatives



Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est livré à une nouvelle et violente diatribe contre les médias étrangers à la veille des élections législatives, ordonnant au Guardian de "ne pas dépasser les limites" et stigmatisant le "capital juif" du New York Times.

"Savez-vous ce qu'un journal britannique a écrit au sujet de cette élection ? Il a dit que les musulmans pauvres et pas totalement occidentalisés n'étaient pas autorisés à diriger leur propre pays !", a lancé M. Erdogan lors d'un discours à Ardahan (est).

"Qui êtes-vous ? Vous êtes grossiers ! Ne dépassez pas les limites. Depuis quand êtes-vous autorisés à nous juger ?", a-t-il fulminé sous les acclamations.

Depuis le début de la campagne électorale, le chef de l'Etat, à qui la Constitution interdit en principe de participer, a multiplié les attaques contre les médias, turcs ou étrangers, qui ont émis des critiques sur sa politique ou publié des informations embarrassantes pour le régime islamo-conservateur qu'il dirige.

Samedi, M. Erdogan a répété ses attaques contre le New York Times, qu'il avait déjà menacé pour avoir publié un article dénonçant sa dérive autoritaire.

Devant des milliers de partisans, il a une nouvelle fois accusé le quotidien américain de faire campagne contre la Turquie depuis des décennies. "Maintenant, ils crachent leur haine contre moi (...) nous connaissons ses dirigeants, le grand capital juif est derrière tout ça, malheureusement", a-t-il affirmé.

Au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan est le favori du scrutin de dimanche, mais il est en nette perte de vitesse.

Le chef de l'Etat a mis tout son poids dans la campagne de son parti avec l'espoir qu'il rafle plus de 330 des 550 sièges pour pouvoir réformer la Constitution et renforcer ses pouvoirs.
(AFP, 6 juin 2015)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est livré à une nouvelle et violente diatribe contre les médias étrangers à la veille des élections législatives, ordonnant au Guardian de "ne pas dépasser les limites" et stigmatisant le "capital juif" du New York Times.

"Savez-vous ce qu'un journal britannique a écrit au sujet de cette élection ? Il a dit que les musulmans pauvres et pas totalement occidentalisés n'étaient pas autorisés à diriger leur propre pays !", a lancé M. Erdogan lors d'un discours à Ardahan (est).

"Qui êtes-vous ? Vous êtes grossiers ! Ne dépassez pas les limites. Depuis quand êtes-vous autorisés à nous juger ?", a-t-il fulminé sous les acclamations.

Depuis le début de la campagne électorale, le chef de l'Etat, à qui la Constitution interdit en principe de participer, a multiplié les attaques contre les médias, turcs ou étrangers, qui ont émis des critiques sur sa politique ou publié des informations embarrassantes pour le régime islamo-conservateur qu'il dirige.

Samedi, M. Erdogan a répété ses attaques contre le New York Times, qu'il avait déjà menacé pour avoir publié un article dénonçant sa dérive autoritaire.

Devant des milliers de partisans, il a une nouvelle fois accusé le quotidien américain de faire campagne contre la Turquie depuis des décennies. "Maintenant, ils crachent leur haine contre moi (...) nous connaissons ses dirigeants, le grand capital juif est derrière tout ça, malheureusement", a-t-il affirmé.

Au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan est le favori du scrutin de dimanche, mais il est en nette perte de vitesse.

Le chef de l'Etat a mis tout son poids dans la campagne de son parti avec l'espoir qu'il rafle plus de 330 des 550 sièges pour pouvoir réformer la Constitution et renforcer ses pouvoirs.
(AFP, 6 juin 2015)

Erdogan intensifies attacks against journalists in opposition

The prosecution of journalists for their work or because of their criticisms of the government or President Recep Tayyip Erdoğan has become almost a daily occurrence in Turkey, with dozens of them facing charges of insulting a state official or conducting terrorist propaganda.

Most recently, Cumhuriyet Editor-in-Chief Can Dündar is facing an aggravated life sentence as a result of a criminal complaint filed by Erdoğan on Tuesday for the publication of images that prove that arms were transferred to Syria by MİT.

The images contradict the government's earlier claim that the trucks were only carrying humanitarian aid to Turkmens in the war-torn country.

Last week, journalist Erkam Tufan Aytav, who works for Bugün TV, testified to İstanbul Deputy Chief Public Prosecutor Fuzuli Aydoğdu as a suspect at the İstanbul Courthouse. Aytav did not give any information about the content of the investigation because it was confidential.

On the same day, another journalist, Aytekin Gezici, was also in court at the first hearing of a trial launched against him over charges of insulting President Erdoğan, Prime Minister Ahmet Davutoğlu, Deputy Prime Minister Bülent Arınç and former Justice Minister Bekir Bozdağ on social media.

In addition, journalists Mirgün Cabas, Koray Çalışkan and Banu Güven as well as TV host Pelin Batu were summoned by the İstanbul Chief Public Prosecutor's Office last week to testify as part of an investigation into their social media posts regarding the killing of a public prosecutor during a hostage crisis at the İstanbul Courthouse on March 31. The journalists are accused of conducting propaganda for a terrorist organization in their tweets on the day the prosecutor was killed.

Journalists facing legal action in Turkey today are just not limited to these figures, with dozens more who are either in prison or prosecuted.

Samanyolu Broadcasting Group General Manager Hidayet Karaca was taken into custody on Dec. 14, 2014 as part of a government-backed police operation. Karaca was later arrested and remains in prison on suspicion of being a member of an armed organization. The charges against him are based on a fictional TV series that was broadcast a few years ago.

Sedef Kabaş, a TV presenter, is facing a prison sentence of up to five years for posting a tweet about a corruption probe involving high-profile individuals. (TODAY'S ZAMAN, June 4, 2015)

Journalist Baransu faces 52 years in jail for coverage of MGK report

Journalist Mehmet Baransu, who was indicted for publishing classified documents from a 2004 National Security Council (MGK) meeting during which council members had discussed an action plan targeting the faith-based Gülen movement, is facing a prison term of 52 years, with the first hearing of his trial taking place at an İstanbul court on Wednesday.

The MGK document dated Aug. 25, 2004 persuades the Justice and Development Party (AK Party) government to implement a series of measures to curb the activities of the Gülen movement, also known as the Hizmet movement. It advises the government to adopt legal measures that would impose harsh penalties on Gülen-affiliated institutions.

Immediately after Baransu's report was published in the Taraf daily on Nov. 28, 2013, the Prime Ministry, the National Intelligence Organization (MIT) and the MGK filed a joint criminal complaint against the daily and Baransu for revealing confidential state documents. The complaint immediately turned into an investigation into the journalist, with Baransu facing charges of acquiring confidential documents crucial to state security, revealing information that is forbidden from being publicized and political and military espionage.

The first hearing of the trial was held at the Anatolia 10th High Criminal Court on Wednesday. Baransu, who is currently under arrest in Silivri Prison as a result of another investigation, did not attend the hearing.

Baransu was arrested by the İstanbul 5th Penal Court in March over documents he had submitted to prosecutors regarding the Sledgehammer (Balyoz) coup plot against the government in 2010.

Since November 2013, Taraf has published several confidential documents suggesting that the ruling AK Party and MİT have been profiling individuals linked to various religious and faith-based groups, mainly the Gülen movement, inspired by Turkish-Islamic scholar Fethullah Gülen. The party confirmed the authenticity of the documents but argued that no action was taken to implement the policy prescriptions indicated therein.

In the indictment, the prosecutor's office said although the entire contents of the Aug. 25, 2004 MGK meeting was required to be kept confidential, Baransu covered it on the front page of the newspaper, thus openly violating laws that provide a shield of secrecy for MGK meetings and documents.

In addition to Baransu, Taraf's then-managing editor Murat Şevki Çoban is also implicated for his role in allowing Baransu's story to be published. Çoban is also facing a prison term of 52 years.

Delivering his defense statement, Çoban said the report should be interpreted within the scope of press freedom. Stating that the exposure of a crime does not constitute a crime, Çoban sought his acquittal.

In the meantime, Baransu testified to a prosecutor at the İstanbul Courthouse in Çağlayan on Thursday based on a complaint by Esat Burak Uzundere, the user of pro-government Twitter troll account Esat Ç, known for posting insulting and inflammatory messages targeting people who do not support the AK Party.

Uzundere's complaint was based on a Twitter post by Baransu on him on the grounds that Baransu had violated his privacy.

In one of his earlier tweets, Baransu revealed Esat Ç's real identity as Uzundure, which was later confirmed by a court, and exposed his link to the AK Party.

Meanwhile, Baransu's lawyer and family members were disappointed and upset that the journalist was taken to Çağlayan on Thursday, the only day that they are allowed to have an open visit.

Baransu's lawyer Sercan Sakallı said the journalist had been taken to the courthouse while his family was waiting for an open visit with him in Silivri.

As he was being taken to courthouse, Baransu spoke to reporters waiting in the corridors of the courthouse, stating he has been kept in isolation for 98 days and that he is preparing his defense under difficult circumstances in prison. (TODAY'S ZAMAN, June 4, 2015)

Avant les législatives, le ton monte à nouveau entre Erdogan et la presse

A quelques jours des élections législatives de dimanche, le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan s'est lancé dans une nouvelle et violente croisade contre la presse d'opposition, alimentant un peu plus les critiques sur son autoritarisme.

Depuis quelques jours, c'est le quotidien d'opposition Cumhuriyet qui concentre les attaques de l'homme fort du pays, coupable d'avoir publié des images suggérant que son gouvernement a bel et bien livré des armes aux rebelles jihadistes syriens, malgré ses dénégations répétées.

Embarrassé et furieux, M. Erdogan a d'abord menacé le journal et son rédacteur-en-chef Can Dündar en promettant à la télévision qu'ils paieraient un "prix très lourd".

Sans se contenter de l'enquête officielle pourtant promptement ouverte par le parquet, il a ensuite personnellement porté plainte mardi contre M. Dündar, accusé d'avoir "publié des images et informations contraires à la réalité" et agi "contre les intérêts nationaux". Le chef de l'Etat a même réclamé contre lui une peine de prison à vie.

Fort du soutien de nombreux intellectuels, des ONG internationales de défense de la presse et de l'opposition au régime, Cumhuriyet a relevé le gant.

En janvier, ce quotidien avait déjà défié les autorités en publiant, malgré les menaces, des caricatures du prophète Mahomet extraites du magazine français Charlie Hebdo paru après l'attentat jihadiste qui a décimé sa rédaction.

Mardi, Cumhuriyet a publié sur sa première page des photos des membres de sa rédaction sous le titre "nous assumons". Mercredi, il a récidivé en publiant une tribune signée par trente intellectuels turcs sous le titre "Nous sommes derrière vous".

"La démocratie et la liberté d'expression ne devraient pas être sacrifiées à la frénésie des élections et la haine qu'elle génère", y écrit le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, dont les prises de positions lui ont souvent valu les foudres du régime actuel.

- 'Torchon' -

Ce soutien a été relayé sur les réseaux sociaux, où la campagne "Can Dündar n'est pas seul" s'est rapidement propagée sur Twitter.

Les ONG internationales sont elles aussi montées au créneau.

Human Rights Watch (HRW) a dénoncé la "tendance alarmante du gouvernement à réprimer toute critique" et le Comité de protection des journalistes (CPJ) exhorté M. Erdogan à arrêter "de menacer les journalistes et les médias".

L'actuel chef de l'Etat est un habitué des vives controverses avec les médias. Avant les municipales de l'an dernier, il avait menacé ceux qui rapportaient des accusations de corruption qui pesaient contre lui et ses proches, et bloqué les réseaux Twitter et YouTube pour empêcher leur diffusion.

Il y a deux semaines, il s'en est de même pris violemment au New York Times, qui avait déploré les "nuages noirs" qui pèsent sur la Turquie à la veille des élections législatives.

Relayé par la presse progouvernementale, le chef de l'Etat a qualifié le quotidien américain de "torchon" et lui a reproché une longue histoire de dénigrement des dirigeants turcs. "Ce n'est pas nouveau pour le New York Times (...) maintenant c'est moi qu'ils visent", a-t-il déclaré à la télévision mardi.

Après avoir dirigé le gouvernement pendant onze ans, M. Erdogan a été élu président en 2004 et souhaite réformer la Constitution pour qu'elle lui accorde l'essentiel du pouvoir exécutif, entre les mains du Premier ministre.

Pour y parvenir, il espère que son Parti de la justice et du développement (AKP) rafle dimanche au moins 330 des 550 des sièges de députés. Mais les sondages prévoient tous un tassement de l'AKP qui pourrait même le priver de sa majorité absolue.

Le pouvoir turc est régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression, classé 149e rang de l'index de la liberté établi par Reporters sans frontière (RSF). Cette année, de nombreux journalistes ont été poursuivis pour "insulte" au président.

"Cette justice grotesque peut se taire mais notre voix continuera à se faire entendre", a promis mercredi un ancien responsable de Cumhuriyet, Hasan Cemal.
(AFP, 3 juin 2015)

Des intellectuels défendent un quotidien attaqué par Erdogan

Trente personnalités turques, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, ont signé mercredi une tribune intitulée "Nous sommes derrière vous" dans le quotidien Cumhuriyet, contre le rédacteur en chef duquel le président Recep Tayyip Erdogan a porté plainte.

"La démocratie et la liberté d'expression ne devraient pas être sacrifiées à la frénésie des élections et la haine qu'elle génère", a écrit M. Pamuk.

Proche de l'opposition, Cumhuriyet a publié vendredi des images suggèrant que le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir à Ankara a fourni des armes aux rebelles jihadistes syriens.

Ces allégations ont provoqué la colère du régime, qui a toujours catégoriquement nié soutenir les groupes islamistes hostiles au régime de Damas.

M. Erdogan a menacé le quotidien et son rédacteur en chef Can Dündar, promettant qu'il "paierait le prix fort" pour son article. Mardi, il a personnellement déposé plainte contre lui pour espionnage et publication de fausses informations.

Cette nouvelle controverse entre M. Erdogan et la presse intervient à quelques jours des élections législatives de dimanche en Turquie. Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, y part favori mais affaibli, selon les sondages.

M. Erdogan espère cependant une large victoire de l'AKP pour réformer à sa main la Constitution.
(AFP, 3 juin 2015)

Prosecutor demands aggravated life sentence for journalist Dündar

A Turkish prosecutor has demanded aggravated life sentence along with a life sentence and 42 years jail term for daily Cumhuriyet's editor-in-chief Can Dündar as President Recep Tayyip Erdoğan has filed a criminal complaint over a critical news report, after he said they would pay a “heavy price.”

The footage released by Cumhuriyet on May 29 showed gendarmerie and police officers opening crates on the back of the trucks which contain what the daily described as weapons and ammunition sent to Syria by Turkey’s  National Intelligence Organization (MİT) in January 2014.

“This slander and illegitimate operation against the MİT are, in a way, an act of espionage. This newspaper is involved in this espionage activity, too,” Erdoğan said during an interview with public broadcaster TRT late May 31. “I suppose the person who wrote this as an exclusive report will pay a heavy price for this,” he added, referring to Cumhuriyet’s editor-in-chief, Can Dündar.

On June 2, scores of Cumhuriyet editors and columnists appeared on the newspaper’s front page, proclaiming that all of them were responsible for the report in tandem with a social media campaign, #CanDündarYalnızDeğildir (Can Dündar is not alone).

Continuing his tough stance on the matter, Erdoğan filed an individual criminal complaint against Dündar and Cumhuriyet on June 2, claiming that the story “included some footage and information that are not factual.”

The criminal complaint, filed to Ankara Chief Prosecutor’s Office to be sent to Istanbul where Cumhuriyet is based, argued that the newspaper “joined the actions” of the followers of U.S.-based Islamic cleric Fethullah Gülen, Erdoğan’s erstwhile ally, whose followers in the judicial and security organs are now described by the government as “the parallel organization.”

“By publishing the fabricated footage and information that were leaked to him by the parallel organization, [Dündar] joined the actions of the organization members who searched the trucks and plotted with fabricated evidence to create a perception in the scope of a planned setup as if the Republic of Turkey has been helping terrorist organizations,” the complaint said.

‘Violating confidentiality’

The plaintiff accused Dündar of both “trying to manipulate justice” with fabricated material and “violating confidentiality“ by publishing the story. Erdoğan’s lawyer Muammer Cemaloğlu also requested the prosecutor launch a public law suit following the investigation.

The Vienna-based International Press Institute (IPI) and its affiliate, the South East Europe Media Organisation (SEEMO), condemned Erdoğan on June 2 over what they described as a “disturbing lack of respect for the principles of media freedom and democracy” in Turkey ahead of the June 7 general elections.

“If Turkey’s voters can’t have the information they need to hold their elected leaders accountable, if they aren’t allowed make an informed decision about their future, then what’s the point of holding an election?” IPI Director of Advocacy and Communications Steven M. Ellis asked in the statement.

IPI: Public has a right to know before polls

“Reporting that apparently shows a politician saying one thing and then doing another is absolutely in the public interest and the Turkish public has a right to know what their leaders are doing in their name, especially as they go to the polls,” he added.

The New York-based Committee to Protect Journalists (CPJ) lambasted Erdoğan in a statement on June 1.

“We call on Recep Tayyip Erdoğan to stop bullying journalists and news outlets such as Can Dündar and Cumhuriyet just because he doesn’t like what they report,” CPJ Europe and Central Asia Program Coordinator Nina Ognianova said.

“For the very first time, a president is openly threatening a journalist because he exposed a lie. This shows Erdoğan’s impotence. In fact, it is he who should apologize to the people because he deceived and lied to them,” main opposition Republican People’s Party (CHP) leader Kemal Kılıçdaroğlu said June 1.
(hurriyetdailynews.com, June 2, 2015)

Turkish actor fined in Erdoğan’s libel case

A Turkish actor has been fined 7,080 Turkish Liras for a piece he wrote, on the grounds that it defamed the then-prime minister Recep Tayyip Erdoğan, meanwhile acquitting him of the piece’s remarks about the son of Erdoğan, Bilal Erdoğan, and Saudi businessman Yasin El Kadı.

Lawyers of Bariş Atay, the actor under trial, said the piece did not intend to defame, reminding the court that Yasin El Kadı was on the list of terror financiers in many countries. However, the lawyer of complainants Recep Tayyip Erdoğan and Bilal Erdoğan demanded punishment. Meanwhile, the lawyer of El Kadı refuted the financier claims in Atay’s piece saying Kadı was previously acquitted from the similar charges.

At the hearing, Atay voiced his disturbances about the current justice system.

“I am essentially known as a harsh criticizing journalist. So, I will speak in a soft tone as much as possible. In this respect, when I am watching TV at home as a citizen, I see the situation is in danger of turning into paranoia for the government and a witch-hunting for citizens. We will face specific restraints that belong to the Sultan Abdülhamid II era. Besides, I am disturbed by the functioning of justice system as a private court of a family. I have that impression when I look into the calendar of causes. I think I have the right to criticize as a press member and do not think it is a crime,” said Atay.

Last year, Atay wrote a piece for daily Birgün, entitled ‘Hey, leader of the government.’ The complaints came over the sentence, “[…]That is the hotel lobby where Bilal met with Yasin El Kadı, one of the biggest financiers of terror, to plan corruption.”
(hurriyetdailynews.com, June 2, 2015)

Turquie: "le pays des journalistes au chômage"

La journaliste turque Asli Aydintasbas a annoncé fin mai son départ du quotidien Milliyet ("La Nation"), où elle avait travaillé pendant plusieurs années, afin de dénoncer l'absence de liberté de parole dans les médias

"La Turquie s'est transformée en pays des journalistes au chômage. La situation est telle que pour plusieurs médias, l'objectif principal est désormais le maintien de bonnes relations avec le gouvernement, et pas la qualité des matériaux publiés", explique-t-elle dans une interview accordée à Sputnik.

Selon la journaliste, l'impact de cette politique médiatique est tangible. Les médias internationaux, tels que New York Times ou The Economist, ont désormais de bonnes raisons de critiquer la situation actuelle en Turquie.

"La Turquie a besoin des gens qui savent réfléchir (…). Et ils existent. Ils veulent être sûrs de la qualité de l'information fournie par les médias. Pourtant, l'équilibre entre la demande et l'offre constitue un problème majeur: la demande pour un journalisme de qualité existe, alors que l'offre reste minime", poursuit Mme Aydintasbas.

A cet égard, la journaliste attache beaucoup d'importance aux élections législatives qui se tiendront en Turquie le 7 juin prochain. Elle espère que les électeurs feront un choix réfléchi, qui changera la situation dans le pays pour le mieux, la Turquie étant une république parlementaire.

"Je pense que le Parti pour la justice et le développement (AKP) ainsi que le président Recep Tayyip Erdogan recevront un message de la part des électeurs, qui nous permettra de respirer un peu. Les médias ont besoin de liberté afin de bien fonctionner. Et aujourd'hui les libertés démocratiques en Turquie sont régulièrement bafouées", conclut Asli Aydintasbas.

La situation s'est dégradée en décembre 2014, quand plusieurs journalistes ont été arrêtés sur ordre des autorités turques. La tentative d'interpellation d'Ekrem Dumanli, rédacteur en chef du quotidien Zaman, a eu un grand retentissement dans la société turque et a provoqué de nombreuses manifestations.

Au total près de 14 journalistes ont été arrêtés, dont le directeur exécutif, les producteurs et le réalisateur de la chaîne Samanyolu TV. Ils étaient accusés de liens avec Fethullah Gülen, le prêcheur turc et inspirateur du mouvement Hizmet (« service »). Depuis la fin des années 1990, celui-ci vit aux Etats-Unis tout en conservant une certaine influence dans les organes de l'ordre et l'administration judiciaire turcs.

En 2013, M. Erdogan avait accusé M. Gülen d'avoir instrumentalisé un vaste scandale de corruption éclaboussant son entourage afin de manipuler les forces de l'ordre et la justice, dans le but de déclencher un coup d'Etat sur le modèle des révolutions de couleur. Des centaines de policiers, soupçonnés de loyauté envers Fethullah Gülen, avaient alors été licenciés. (sputniknews.com/international)

Erdogan menace publiquement le journal Cumhuriyet

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé publiquement de représailles le journal qui a publié des images suggérant des livraisons d'armes par Ankara aux rebelles extrémistes syriens, à moins d'une semaine des élections législatives du 7 juin.

"Je pense que la personne qui a écrit cet article exclusif paiera un prix très lourd pour ça (...) je ne le laisserai pas s'en sortir impunément", a déclaré M. Erdogan.

Le quotidien turc d'opposition Cumhuriyet a diffusé des photos et une vidéo montrant des obus de mortier et des caisses de munitions dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la Syrie.

Cette affaire a viré au scandale politique quand des documents officiels publiés ensuite sur internet ont montré que ces camions appartenaient aux services de renseignement turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar al-Assad, la bête noire d'Ankara.

Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces mouvements, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI), le régime islamo-conservateur a toujours démenti.

"Ces affirmations diffamatoires et cette opération illégale contre le MIT constituent d'une certaine façon un acte d'espionnage. Ce quotidien est lui aussi impliqué dans cette activité d'espionnage", a répété dimanche soir M. Erdogan.

Dans un entretien à l'AFP, son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, avait qualifié les allégations de Cumhuriyet de "manipulation électorale".

Le rédacteur-en-chef du journal, Can Dündar, a réagi lundi sur Twitter en parodiant les menaces du chef de l'Etat. "La personne qui a commis ce crime paiera un prix très lourd. "Nous ne laisserons pas s'en sortir impunément", a-t-il écrit.

Le président Erdogan attribue la responsabilité de l'affaire des camions du MIT à l'organisation de l'imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés qu'il accuse depuis l'hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement.

Premier ministre de 2003 à 2014, chef de l'Etat depuis, M. Erdogan est régulièrement épinglé par ses détracteurs de dérive autoritaire et islamiste.

La semaine dernière, l'homme fort du pays s'en est pris au New York Times, accusé "d'ingérence" dans les affaires turques pour lui avoir reproché dans un éditorial ses "intimidations" contre la presse indépendante de son pays.
(AFP, 1 juin 2015)

RSF soutient Cumhuriyet face aux pressions d’Erdogan


Depuis qu’il a publié des éléments qui attesteraient de la livraison d’armes par les services secrets turcs (MIT) à des rebelles islamistes syriens, le journal Cumhuriyet est sous le coup d’une enquête judiciaire. Le 1er juin 2015, le président de la République Recep Tayyip Erdogan a personnellement accusé son rédacteur en chef d’“espionnage” et promis qu’“il ne s’en sortira[it] pas comme cela”.

Reporters sans frontières (RSF) dénonce les intenses pressions dont fait l’objet le quotidien indépendant Cumhuriyet de la part de l’exécutif turc. Déjà poursuivi pour avoir repris la Une du “numéro des survivants” de Charlie Hebdo en janvier 2015, le journal se retrouve à nouveau dans l’œil du cyclone. Le 29 mai, il a publié des photos et une vidéo suggérant que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie en 2014 étaient bien chargés d’armes.

Le jour même, le parquet d’Istanbul ouvrait une enquête contre le quotidien et son rédacteur en chef, Can Dündar, sur le fondement de la loi antiterroriste. Le procureur Irfan Fidan a du même coup requis le blocage de tout contenu reprenant les images incriminées sur Internet, affirmant que celles-ci “portent atteinte aux intérêts [...] de l’État turc et sont susceptibles de mettre en danger la sécurité nationale”. Trois jours plus tard, Recep Tayyip Erdogan a annoncé à la télévision qu’il avait personnellement porté plainte contre Can Dündar pour “espionnage”. “Celui qui a commis ce crime va le payer cher. Il ne s’en sortira pas comme cela”, a-t-il menacé, tout en accusant Cumhuriyet d’agir pour le compte de la confrérie Gülen, ancien allié du gouvernement devenu son pire ennemi.

“Nous demandons au président de la République de cesser ses menaces à l’encontre de la presse et d’arrêter d’interférer avec la justice. Le parquet d’Istanbul doit également abandonner sur le champ ses poursuites, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. La politique syrienne d’Ankara est un élément important du débat public turc, la population est donc en droit de savoir si son gouvernement a livré des armes et à qui. Si l’exécutif est au pied du mur, il ne peut en rendre coupable Cumhuriyet qui n’a fait que son travail d’information.”

A deux reprises, en janvier 2014, des véhicules affrétés par la MIT avaient été interceptés par la police avant de passer la frontière, alimentant les analyses sur une lutte de pouvoir entre l’exécutif turc et des pans de la justice sous l’influence de la communauté religieuse de Fethullah Gülen. Les policiers et magistrats responsables des fouilles avaient été promptement sanctionnés et toute mention de cette affaire dans les médias avait été interdite. Depuis lors, les autorités ont toujours nié que les camions transportaient des armes.

Les révélations de Cumhuriyet constituent donc un rebondissement majeur dans ce dossier explosif, d’autant qu’elles interviennent à moins d’une semaine des élections législatives. Pressé de s’expliquer, l’exécutif a multiplié les déclarations contradictoires tout en maintenant que l’“aide” de la Turquie était destinée à la communauté turkmène de Syrie et non à des factions islamistes. Or, d’après la plupart des observateurs, la région vers laquelle se dirigeaient les camions était aux mains de groupes tels que Jabhat Al-Nosra ou l’État islamique (EI).

RSF apporte son soutien total à Can Dündar, qui invoque le droit du public à être informé. Le journaliste résume sa position dans une chronique du 1er juin, intitulée : “Nous sommes des journalistes, pas des fonctionnaires d’Etat”. Outre cette affaire, Can Dündar est également appelé à comparaître le 2 juin pour “insulte” à Recep Tayyip Erdogan”. (RSF, 1 juin 2015)

Kurdish Question / Question kurde

Les forces kurdes chassent l'EI de la ville kurde de Kobané

Les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force kurde syrienne, ont chassé de la ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), ont indiqué une ONG et des militants.

"Les combattants kurdes ont repris le contrôle de certains points dont l'EI s'était emparé à Kobané", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Les YPG ont fait exploser un lycée, dernier endroit où des combattants de l'EI s'étaient retranchés", a précisé cette organisation basée en Grande-Bretagne, qui s'appuie sur un réseau de militants en Syrie.

Les jihadistes de l'EI étaient entrés jeudi dans Kobané, s'emparant de plusieurs points dans la ville d'où ils avaient été chassés en janvier, après quatre mois de combats, subissant ainsi leur premier revers depuis le début de l'expansion de l'EI en Syrie.
 Mais les combattants kurdes ont envoyé des renforts pour encercler les jihadistes, et repris les bâtiments occupés.

Le journaliste et militant Roudi Mohammad Amine, présent dans les régions kurdes, a indiqué à l'AFP via internet que "les combattants kurdes ont fait exploser des mines déposées autour du bâtiment du lycée avant d'y pénétrer".

Cette opération a été effectuée après que les combattants kurdes se sont assurés qu'il n'y avait plus de civils dans le bâtiment, a-t-il indiqué, ajoutant que "les YPG ont repris toute la ville".

Selon l'OSDH, "les YPG et les Assayech (police kurde) ratissent la ville à la recherche de jihadistes qui se seraient cachés" après leur retraite. (AFP, 27 juin 2015)

Former HDP lawmaker demands acquittal during retrial in Istanbul

The retrial of a former lawmaker who was convicted of being a member of a terrorist organization in 2012 started on June 24 in Istanbul.

Sebahat Tuncel, a former deputy of the Kurdish problem-focused Peoples’ Democratic Party (HDP), attended the hearing at Istanbul’s 10th High Penal Court as a defendant with her 10 lawyers on June 25.

“Opening this case against me is a political decision,” Tuncel said during the hearing. “I demand my acquittal in accordance with the Constitutional Court decision.”

The trial was adjourned to June 30 for prosecutor’s opinion.

Earlier in February, the Turkish Constitutional Court had ruled that Tuncel’s right to be tried fairly and in a reasonable time period had been violated and ordered the retrial. The court also ruled that Tuncel receive 5,000 Turkish liras ($1,880) in damages.    

The former HDP lawmaker had been sentenced to eight years and nine months in prison by the Istanbul High Criminal Court in September 2012.

She was detained on Nov. 5, 2006, because she had allegedly attended meetings with leaders of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) which Turkey, the U.S. and the European Union list as a terrorist organization.

Tuncel was then put on trial on charges of “being a member of a terrorist organization.”

On July 24, 2007, however, she was released after she was elected in that year’s parliamentary elections.
(hurriyetdailynews.com, June 25, 2015)

Les forces kurdes, un groupe clé dans la lutte contre les jihadistes de l'EI

Les combattants kurdes s'avèrent être parmi les forces armées les plus efficaces face au groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak depuis que l'organisation jihadiste a proclamé voilà un an un "califat" à cheval entre les deux pays.

Le soutien aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a cependant joué un rôle essentiel dans leurs succès.

En Irak, des milliers de soldats et policiers ont fui devant l'avancée fulgurante de l'EI en juin 2014, permettant aux forces kurdes de s'emparer ou renforcer leur contrôle sur les territoires disputés entre le pouvoir central de Bagdad et le Kurdistan, leur région autonome dans le nord du pays.

Mais les jihadistes sont parvenus à repousser les forces kurdes dans leur capitale régionale Erbil en août dans une offensive qui aurait pu tourner au désastre si les Etats-Unis n'étaient pas intervenus en bombardant les assaillants.

Aidés des frappes de la coalition, les Kurdes irakiens ont pu reprendre aux jihadistes des territoires, notamment ceux entourant la ville de Sinjar à l'ouest du Kurdistan, et se défendre contre leurs attaques dans d'autres secteurs non loin de leur zone autonome.

- 'Sacrifices' -

Après avoir payé un lourd tribut avec de nombreux morts dans les combats, le Kurdistan n'acceptera pas facilement de renoncer aux secteurs pris, même si le gouvernement fédéral, extrêmement affaibli, ne devrait pas les lui réclamer, du moins dans l'immédiat.

"Nous avons fait des sacrifices, versé notre sang et donc nous n'abandonnerons pas ces secteurs, nous les défendrons (...) jusqu'à la fin de cette guerre", prévient Mustafa Qader, le ministre des peshmergas du Kurdistan, qui fait état de "1.200 martyrs et près de 7.000 blessés" dans les rangs de ses forces.

"Je crois que la région du Kurdistan ne rendra pas facilement ces secteurs au gouvernement irakien", ajoute-t-il, notant cependant qu'"il est possible qu'un accord soit conclu".
 L'exemple le plus significatif est la ville pétrolière disputée de Kirkouk, au sud du Kurdistan, que les forces kurdes avaient prise après l'abandon par l'armée de ses positions dans la cité au début de l'offensive jihadiste.

Contrairement à leurs frères irakiens (15 à 20% de la population), les Kurdes de Syrie (10 à 15%) ne jouissent pas d'une région autonome et se plaignaient, avant le début de la guerre en 2011, de discriminations de la part du régime de Bachar al-Assad.

Or avec la guerre, ils ont réussi à mettre en place leur propre administration dans des zones du nord-est du pays après le retrait des troupes du régime.

Et la prise cette semaine de la ville de Tall Abyad (nord) aux jihadistes leur permet de contrôler désormais une bande de "400 km de frontière avec la Turquie allant de (Kobané) dans la province d'Alep jusqu'à la frontière irakienne", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

- 'Organisés, disciplinés' -

"Les Kurdes sont probablement la force de combat la plus efficace contre l'EI en Syrie. Ils sont bien organisés, disciplinés et croient vraiment en leur cause", a indiqué l'analyste Sirwan Kajjo.

Appuyés par les raids de la coalition, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) et leurs alliés ont défendu des mois Kobané contre les jihadistes qui tentaient de s'emparer de cette ville kurde sur la frontière avec la Turquie, une victoire psychologique significative pour ces forces antijihadistes.

La prise de Tall Abyad à l'EI est un coup très dur pour les jihadistes qui se servaient de cette ville comme passage vers la Turquie.

"Ils ont réussi à défaire l'EI dans plusieurs secteurs. Mais les frappes aériennes américaines y ont également joué un grand rôle", affirme Wladimir van Wilgenburg, un analyste à la Jamestown Foundation.

M. Kajjo rappelle que les Kurdes ont payé cher leurs combats avec l'EI, évoquant la fuite de "milliers d'entre eux" vers la Turquie au moment de la crise de Kobané. "Malgré la libération de leur ville, la grande majorité d'entre eux n'ont pu retourner dans leurs maisons totalement détruites".
(AFP, 19 juin 2015)

HDP ready to lend support to ‘grand coalition’ between AKP, CHP

The Peoples’ Democratic Party (HDP) has announced that it is ready to back a so-called grand coalition government that would be formed by the ruling Justice and Development Party (AKP) and the Republican People’s Party (CHP) on the condition that the coalition embraces their party’s principles, too.

“So far, we haven’t had any official or unofficial meetings for coalition talks. Our door is open to every party,” HDP co-chair Selahattin Demirtaş told reporters on June 18.

“From now on, [Prime Minister Ahmet] Davutoğlu should abandon his rhetoric and style he used before the election. This rhetoric led to the loss of the AK Parti in the election,” Demirtaş said.

“If the AK Parti and the CHP form a coalition in a way that would embrace our principles too, then we would lend support from the outside,” he said.

According to preliminary results of the June 7 election, the AKP received 40.87 percent, the CHP 24.96 percent, the Nationalist Movement Party (MHP) 18.29 percent and the HDP 13.12 percent.

Accordingly, the AKP will have 258 seats in the 550-seat parliament, the CHP will have 132, while the MHP and the HDP will have 80 seats apiece.

Having lost its parliamentary majority, the AKP is expected to engage in coalition negotiations with the other parties.

Demirtaş’s remarks came shortly after Davutoğlu disclosed that he was open to talks with the HDP, even though he frequently accuses the party of being provocative.

“I cannot say that I would not meet a party which got 13 percent of the vote,” Davutoğlu said late June 17, referring to the HDP.

“[But] I need to say that a party that can’t sever its ties with terror and violence will, in time, face a legitimacy problem,” Davutoğlu said, referring to his government’s oft-repeated argument that the HDP is actually under the tutelage of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK).

In Diyarbakır, Demirtaş touched upon the nature of relations between their party and the Kurdistan Communities Union (KCK), a supra organization of Kurdish groups that includes the PKK.

“Everybody can state their own opinion; the KCK executives can also state their opinions. They are actors in the resolution process,” Demirtaş said, referring to the AKP-led initiative to end the three-decade conflict between Turkey’s security forces and the militants of the PKK. The process has long been stalled.

“But we are not taking instructions from the KCK. Our party makes its decisions at its own boards. We are not taking instructions from anybody,” Demirtaş said.

Demirtaş’s remarks about the relationship between the HDP and the KCK came only a few days after Duran Kalkan, a senior executive committee member of the KCK, ruled out the engagement of the HDP in any coalition formula.

As long as the constitution and laws are not changed amid any reckoning with “the fascist Sept. 12 system,” the HDP’s engagement in a coalition would turn the party into “a system party,” said Kalkan, who is based at the PKK headquarters in the Kandil Mountains of northern Iraq.

Demirtaş, meanwhile, said: “The resolution process will not work the way it used to; it cannot move unwieldly and unilaterally as it did before. First of all, there is need for a reinforced cease-fire.”
(hurriyetdailynews.com, June 18, 2015)

Les Kurdes coupent un accès vital des jihadistes entre la Syrie et la Turquie



Les forces kurdes syriennes se sont emparées lundi de la ville de Tall Abyad, point de transit entre la Syrie et la Turquie vital pour les jihadistes de l'Etat islamique (EI), dont le fief de Raqa est ainsi menacé d'asphyxie.

Il s'agit d'un coup dur pour l'organisation extrémiste qui y faisait transiter armes et combattants vers les territoires qu'elle contrôle en Syrie.

Lundi soir, les forces kurdes contrôlaient "la quasi-totalité de la ville" de Tall Abyad, où seuls quelques combattants de l'EI constituaient de "petites poches de résistance", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un peu plus tôt, des combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) avaient pris position dans la partie syrienne du poste-frontière de Tall Abyad (Akçakale du côté turc), d'après un photographe de l'AFP sur place.

En début de journée, les YPG, appuyées par des groupes rebelles et les frappes aériennes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, étaient parvenues à couper la route reliant Tall Abyad à Raqa, a indiqué par téléphone à l'AFP un commandant kurde sur ce front, Hussein Khojer.

Raqa, situé à 86 km au sud de Tall Abyad, est le principal bastion de l'EI en Syrie, pays ravagé par un conflit complexe où régime, rebelles, kurdes et jihadistes tentent de s'arroger des pans de territoire.

Selon l'OSDH, au moins 40 membres de l'EI ont trouvé la mort en tentant de fuir Tall Abyad, encerclée par les YPG qui ont débuté leur offensive vers cette ville le 11 juin.

Cherfane Darwich, porte-parole d'un groupe rebelle combattant aux côtés des YPG, a fait état de "combats très violents" avec l'EI à la périphérie de la ville.

- 'Passage vital' pour l'EI -

La bataille de Tall Abyad a entraîné un nouveau drame humanitaire, avec la fuite de près de 20.000 personnes vers la Turquie toute proche.

Après leur avoir interdit pendant plusieurs jours l'entrée sur son territoire, Ankara a rouvert sa frontière dimanche soir et de nouveau lundi à la mi-journée, permettant le passage de plusieurs milliers de réfugiés qui attendaient sous un soleil de plomb.

Cet exode a donné lieu à des scènes de chaos avec des parents terrorisés tentant, leurs enfants dans les bras, de forcer les barrières séparant la Syrie de la Turquie, selon un photographe de l'AFP.

Tall Abyad était "stratégique (pour l'EI) car c'est une ville frontalière où peuvent transiter l'équipement, les recrues et autres" destinés à Raqa, a souligné Charlie Winter, spécialiste du jihadisme à la Fondation Quilliam à Londres.

Pour le groupe extrémiste sunnite, elle représentait "une plateforme financière et logistique", un "passage vital", selon Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes. "Une fois perdue, ce sera très compliqué pour l'EI de faire passer ses combattants, de vendre son pétrole et autres marchandises qu'il trafique", a-t-il ajouté.

Les forces kurdes, qui ont repris fin janvier à l'EI la ville symbole de Kobané, dans la province d'Alep, rognent depuis trois mois les territoires de l'EI dans celle voisine de Raqa, qui fut un moment donnée complètement sous son contrôle.

Cette avancée kurde a suscité les critiques du président turc Recep Tayyip Erdogan, selon qui elle "pourrait conduire à la création d'une structure qui menace (nos) frontières".
(AFP, 15 juin 2015)

Erdogan inquiet de l'avancée des forces kurdes dans le nord de la Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé son inquiétude dimanche face à l'avancée des forces kurdes sur la ville syrienne de Tal Abyad, tenue par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), jugeant qu'ils pourraient constituer une menace à venir pour la Turquie.

Face à l'exode de milliers de réfugiés fuyant les combats, la Turquie a fermé sa frontière et repousse désormais les Syriens qui cherchent à la franchir.

Le président turc a accusé les combattants kurdes de prendre pour cibles les populations arabes et turkmènes, confirmant que son pays avait accueilli environ 15.000 d'entre eux la semaine dernière avant de fermer sa frontière.

"Ce n'est pas bon signe", a déclaré M. Erdogan à des journalistes de la presse turque dans l'avion présidentiel qui le ramenait d'Azerbaïdjan. "Cela pourrait conduire à la création d'une structure qui menace nos frontières", a-t-il ajouté, ajoutant que "chacun doit prendre en compte nos sensibilités sur ce sujet".

Soutenues par des factions rebelles syriennes et les frappes de la coalition internationale antijihadistes, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont progressé dans leur offensive sur Tal Abyad, localité que l'EI utilise pour le passage de ses combattants. Elle est située dans la province de Raqa, le bastion du groupe extrémiste sunnite en Syrie.

Samedi soir, les YPG se trouvaient à environ 5 km au sud-est de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La Turquie, qui a rompu avec le régime syrien du président Bachar al-Assad, est le principal pays d'asile des réfugiés syriens qui fuient la guerre civile. Elle en accueille aujourd'hui officiellement plus de 1,8 million.

Le président Erdogan a à plusieurs reprises exprimé sa préoccupation face au soutien occidental aux forces kurdes de Syrie, disant craindre une domination des rebelles kurdes du PKK sur le nord de la Syrie.
 Le PKK, dont le chef historique, Abdullah Öcalan, purge une peine de prison à perpétuité, a lancé en 1984 une insurrection armée séparatiste qui a fait quelque 40.000 morts en Turquie.

En mars 2013, le PKK a décrété un cessez-le-feu unilatéral et son chef Abdullah Öcalan a demandé à ses troupes de déposer les armes. Son mouvement ne réclame plus l'indépendance, mais une large autonomie pour les 15 millions de Kurdes de Turquie (20% de la population).
(AFP, 14 juin 2015)

Demirtaş: Hundreds of ISIS gangs await orders across Turkey

Demirtaş criticized the Turkish police’s attempts to prevent the full investigation of the attack by pointing at one child as the only perpetrator, and said that the collaborators and their connections in Antep, Urfa, and Syria must be fully revealed. Demirtaş also criticized the state’s decision to continue the investigation in secrecy, and said that HDP and Kurdish people should be informed since they were the targets of the attack.

Demirtaş pointed out that such an attack could not have been organized without the collaboration of forces that belong to the state, and said that such dark forces should be revealed immediately. Demirtaş reminded that hundreds of ISIS cells within Turkey await orders, and called for an end to state support for ISIS.

Demirtaş said that the silence of those political parties that have not condemned the attack on HDP in Amed could only be explained through the pleasure these parties felt from HDP sufferings.

Demirtaş also commented on the events in Amed after the elections where İHYA-DER president Aytaç Baran was murdered and 4 HDP members were massacred. Demirtaş reminded the notifications Amed police department had sent to HDP and Hizbullah supporters two days prior to the events in Amed, and said that these efforts point at the organized quality of these murders. Demirtaş said that many Hizbullah supporters in Amed are armed but no HDP supporters is armed or would use violence. Demirtaş invited Hizbullah officials to acknowledge their possible participation in this provocation and apologize from the people of Amed.

Demirtaş reminded that they have never pointed at anyone as targets and would never arm their supporters. Demirtaş invited everyone to expand their political capacities through marches and rallies, not armed confrontation. Demirtaş warned Turkish public of jihadist armament in Turkey, and said that this danger should be prevented as soon as possible.

Demirtaş stated that coalition dialogues should be based on political debates such as peace process, new constitution, freedom of speech, Kobanê and Gezi resistances, and the Security law package instead of debates on which party will be in charge of which ministry. Demirtaş reminded that they would not form a coalition with AKP.

DBP Co-President Kamuran Yüksek criticized Erdoğan’s recent statement where he supported the ISIS gangs who are the target of YPG-YPJ’s operations in Til Abyad. Yüksek said that this statement is another illustration of Erdoğan’s support for ISIS, and called on the people of Kurdistan to resists such mind games targeting Kurdistan.
(ANF, June 12, 2015)

HDP leader accuses gov’t of inaction over violence in Kurdish areas

Peoples' Democratic Party (HDP) Co-Chairman Selahattin Demirtaş has accused Prime Minister Ahmet Davutoğlu, the Justice and Development Party (AK Party) government and President Recep Tayyip Erdoğan of deliberate inaction amid escalating violence in Diyarbakır.

Violence in Diyarbakır has increased just days after Sunday's general election ushered the HDP into Parliament and deprived the ruling AK Party of a majority to form a single-party government.

Complaining about the almost total absence of Davutoğlu and Erdoğan from public affairs since Sunday, Demirtaş told journalists in Ankara on Wednesday, “You would think they are waiting to allow the country to fall into a civil war so that they can say 'Look at how valuable the AK Party is'.”

Demirtaş argued that the HDP passed the 10 percent election threshold with the support of people who believe in the policies of the HDP and not with votes that temporarily came to the party. Underlining that Turkey would not be a livable country if the HDP had not taken a mature stance during the election process, he said, “Turkey will continue on its way with or without the AK Party as we will not allow any chaos or civil war to start.”

According to Demirtaş, the HDP has become a target in many parts of the country because of the hate speech of AK Party leaders and President Erdoğan during election campaigning. However, the HDP will continue with its stance in favor of bringing peace and stability to the region, Demirtaş stated.

Urging the Diyarbakır Police Department to shed light on the attack on the HDP rally on June 5 and the murders after the election, Demirtaş said the affiliations of those who were detained by the police must immediately be revealed in order to ease public tension.

Calling the pro-government media “irresponsible” for their fabricated headlines putting the blame on the HDP for Kurdish Islamist Free Cause Party (Hüda-Par) member Aytaç Baran's death on Tuesday. Demirtaş accused the pro-government media of being dishonest and worthless as the HDP was the victim of those attacks in Diyarbakır.

“They should stop this nonsense. We have no enmity with anyone or any group. We are not an armed group. People very well know who the armed groups are. We are a large political group in Turkey that supports democracy. Therefore, those who consider what is best for Turkey's future must be patient and take steps with common sense,” Demirtaş said.

Meanwhile, a group of pro-Kurdish Democratic Regions Party (DBP) members from the Batman provincial branch called on people to remain calm in order to prevent provocations, claiming that the perpetrators of these attacks are from an illegal deep-state organization.

“It is a game by deep-state elements to provoke people. We are being threatened with murder by messages from unknown people. But we will not take part in this game,” DBP member Ali Atalay said. (TODAY'S ZAMAN, June 11, 2015)

Le dirigeant kurde Selahattin Demirtas, nouvelle étoile de la politique de la Turquie



Jeune, charismatique et moderne, le chef de file du parti kurde HDP Selahattin Demirtas a fait dimanche lors des élections législatives une entrée en force sur la scène politique turque en faisant entrer en masse ses troupes au Parlement.

A l'issue d'une campagne tendue, M. Demirtas a réussi son pari: doper le score (13%) de son Parti démocratique du peuple (HDP) pour faire dérailler le projet de réforme de la Constitution du président Recep Tayyip Erdogan et lui infliger sa première défaite politique depuis 13 ans.

Il a aussi gagné ses galons d'homme d'Etat en maintenant le calme de ses troupes après l'attentat qui a fait deux morts et une centaine de blessés vendredi lors d'une de ses réunions publiques dans son fief à Diyarbakir (sud-est).

Après avoir frôlé les 10% lors de l'élection présidentielle de l'an dernier, cet avocat de 42 ans a confirmé qu'il était devenu l'une des figures politiques incontournables du pays, à la tête d'un groupe puissant de 80 députés.

A la base de son succès figure la transformation réussie du HDP d'un mouvement de la seule communauté kurde du pays, qui représente 20% de la population turque, et proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en un parti moderne, à la fibre sociale et ouvert aux femmes et à toutes les minorités.

"Nous, le parti des opprimés de Turquie qui veulent la justice, la paix et la liberté, nous avons remporté une grande victoire aujourd'hui", a déclaré M. Demirtas dimanche une fois son succès officialisé. "C'est la victoire des travailleurs, des chômeurs, des villageois, des paysans. C'est la victoire de la gauche", a-t-il insisté.

Ce succès a pris des allures de revanche pour le dirigeant politique, qui a subi pendant des semaines les violentes attaques du gouvernement.

M. Erdogan l'a traité d'"infidèle" après qu'il eut proposé de supprimer les cours de religion obligatoires à l'école, de "beau gosse" ou encore de "pop star" parce qu'il joue du "saz", une sorte de luth kurde.

"Nous, le HDP, allons transformer le lion qui est dans votre coeur en chaton", lui a répondu, serein, celui que ses admirateurs appellent le "Obama kurde".

Comme son modèle américain, M. Demirtas s'est volontiers présenté pendant la campagne en père de famille exemplaire, avec son épouse Basak, une enseignante, et ses deux filles, ou en préparant le petit-déjeuner devant le caméras.

"Le petit-déjeuner est le seul moment de la journée où nous pouvons profiter les uns des autres", a-t-il dit, "après ça, tout le monde file de son côté à l'école ou au travail".

Né dans la ville à majorité kurde d'Elazig (sud-est), le coprésident du HDP Demirtas est le deuxième d'une famille de sept enfants.

Il a raconté avoir pris conscience de son identité kurde lorsqu'il avait 15 ans, lors des funérailles d'un homme politique tué par les forces de sécurité à Diyarbakir. Huit personnes y ont été abattues par des hommes armés qui ont ouvert le feu sur la foule.

"C'est à ce moment-là que j'ai vraiment compris ce que voulait dire être kurde", a-t-il expliqué lors d'un entretien accordé à la presse turque.

Après un diplôme de droit de la prestigieuse université d'Ankara, Selahattin Demirtas a un temps travaillé comme avocat dans un cabinet de Diyarbakir spécialisé dans la défense des droits de l'Homme, avant d'opter pour la carrière politique en 2007.

Un de ses frères, Nurettin, a également été un temps incarcéré pour avoir rejoint les rangs du PKK, qui mène depuis 1984 une rébellion sanglante contre les autorités turques qui a fait plus de 40.000 victimes. Libéré depuis, Nurettin a rejoint le quartier général du PKK dans les monts Kandil, en Irak.
(AFP, 7 juin 2015)

Scènes de liesse après le bon score du DHP aux législatives



Feux d'artifice, concert de klaxons, les Kurdes de Turquie ont célébré dimanche en fanfare dans leur fief de Diyarbakir (sud-est) l'entrée en force de 80 députés de "leur" Parti démocratique du peuple (HDP) lors des élections législatives.

Dans les rues de la "capitale" kurde du pays, les voitures ont paradé bruyamment, leurs passagers hissés aux travers des fenêtres, les doigts fièrement écartés en "V" en signe de victoire. Quelques coups de feu ont même été tirés en l'air.

Ces scènes de liesse ont eu lieu deux jours seulement après un attentat à la bombe qui a fait deux morts et plus d'une centaine de blessés parmi les partisans du HDP venus assister à un meeting de leur chef de file, Selahattin Demirtas.

A la fermeture des bureaux de vote, l'ambiance était encore tendue, notamment par crainte de fraudes lors du dépouillement.

Mais dès l'annonce des premiers résultats provisoires qui confirmaient que le HDP avait passé le seuil des 10% de voix, nécessaires pour qu'un parti soit représenté au Parlement, une explosion de joie a eu lieu à Diyarbakir. Le parti a finalement obtenu 13% des suffrages.

Ses supporters ont dansé sous les youyous triomphants, scandant le slogan de campagne du parti: "nous sommes le HDP, nous sommes le Parlement."

"C'est une nuit de carnaval", s'est enthousiasmé Huseyin Durmaz, un Kurde de 47 ans.

"Les Kurdes ont explosé les urnes. Nous ne croyons plus à l'AKP", a-t-il ajouté en référence au Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) qui a perdu dimanche la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans.

"C'est une nuit semblable à celle où Diyarbakir célébrait la libération de Kobané", a comparé Aytbac Bayram, 34 ans.

En janvier dernier, la reprise par des combattants kurdes de la ville syrienne assiégée par les jihadistes du groupe État islamique (EI) avait été acclamée en Turquie.

"La montée du HDP symbolise l'unité des Kurdes et c'est une étape de plus vers la démocratie", a estimé Yalman, un autre partisan du parti kurde, "c'est un avertissement adressé à l'AKP et ses tendances dictatoriales".

Violant son devoir de neutralité, le président Recep Tayyip Erdogan, qui domine la politique turque depuis plus de dix ans, a fait campagne pour que son parti obtienne au moins 330 des 550 sièges du Parlement, afin de réformer la Constitution et de renforcer ses pouvoirs.

"L'AKP s'est tiré une balle dans le pied, il a perdu la confiance du peuple", a estimé Orhan Akgun, un Kurde de Diyarbakir qui dit avoir voté AKP par le passé.

Sous l'impulsion de M. Erdogan, le gouvernement a accordé ces dernières années de nouveaux droits aux Kurdes, notamment pour l'utilisation de leur langue. Mais le chef de l'Etat a récemment changé de rhétorique et mis entre parenthèses le processus de paix engagé avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
Nos représentants vont être au Parlement. Ils vont défendre les droits des Kurdes", s'est réjoui Selcuk Atasever, responsable d'un bureau de vote de Diyarbakir. "A partir de maintenant, nous aurons plus de poids dans le processus de paix".
(AFP, 7 juin 2015)

Le HDP promu au rang de "faiseur de rois" des législatives

Son chef Selahattin Demirtas l'admet, le sort du Parti démocratique du peuple (HDP) se jouera dimanche "sur le fil du rasoir". Mais en cas de succès, le parti kurde, en pleine progression, pourrait à lui seul déterminer l'issue des élections législatives turques.

Tous les sondages convergent, le HDP est promis à la quatrième place du scrutin avec autour de 10% des voix, loin derrière le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et ses deux principaux concurrents.

Son score précis signera sa victoire ou sa défaite. S'il reste bloqué sous la barre des 10%, il n'aura aucun siège de députés, ainsi que le prévoit la loi électorale turque.

S'il la dépasse, même d'une seule voix, il fera son entrée au Parlement avec plus de 50 députés et, surtout, devrait priver l'AKP de la majorité qualifiée d'au moins 330 des 550 sièges nécessaire à la réforme de la Constitution souhaitée par le président Recep Tayyip Erdogan. Peut-être même de sa majorité absolue.

Pour franchir cette ligne, le HDP a remis son destin entre les mains d'un "quadra" ambitieux et moderne, Selahattin Demirtas, dont le charisme et l'éloquence en font le rival le plus sérieux de M. Erdogan.

Fort des 9,7% qu'il a réunis sur son nom lors de la présidentielle d'août dernier, celui que ses partisans surnomment parfois le "Obama kurde", se dit persuadé de réussir. "Nous allons passer cette barre et entrer en force au Parlement", assure-t-il à l'AFP à quelques jours du scrutin, "nous ne pouvons pas nous permettre de rester au-dehors".

M. Demirtas en est persuadé, son parti devrait capter une partie des voix que sa communauté kurde --20% de la population turque-- accordait jusque-là au parti au pouvoir. Et il compte bien en récupérer ailleurs.

Car depuis son arrivée aux commandes du HDP, cet avocat s'est attaché à en faire autre chose que le porte-voix de la seule minorité kurde. Délibérément ancré à gauche, le parti défend aussi les droits des autres minorités, culturelles et sexuelles, et a développé un discours social proche de celui du parti Syriza en Grèce.

- 'Le Parti de tous' -

"Nous sommes le parti de tous, le parti des opprimés. Nous allons récolter des voix dans tout le pays", proclame Selahattin Demirtas. "Nous sommes les garants du système démocratique et laïque qui protège les libertés", renchérit un des candidats du parti à Mardin (sud-est), Erol Dora, un Chrétien d'origine syriaque.

Ces derniers mois, le gouvernement islamo-conservateur s'était rapproché du HDP à la faveur des pourparlers de paix engagés, via plusieurs députés kurdes, avec Abdullah Öcalan, le chef rebelle emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Mais à l'approche des élections législatives, l'espoir de mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984 se sont évanouis. Et, conscient de la menace politique qu'il représente, le pouvoir a musclé sa rhétorique contre le HDP.

M. Erdogan a joué la carte religieuse en accusant le parti d'être "anti-islam" pour avoir promis de supprimer les cours de religion obligatoires à l'école.

Cette semaine, le Premier ministre Ahmet Davutoglu s'en est pris vertement à son chef. "Demirtas se pose en jeune et beau démocrate. Mais dans ses réunions dans le sud-est du pays, il a menacé les électeurs au cas où ils ne lui accorderaient pas leurs voix", a accusé le chef du gouvernement à la télévision.

Contrairement aux législatives de 2011, M. Demirtas a fait le pari de présenter ses candidats sous les couleurs du parti.

Il y a quatre ans, les candidats kurdes s'étaient présentés en tant qu'indépendants, donc non soumis au seuil de représentation de 10%. Ils n'avaient retrouvé leur couleur politique officielle et formé un groupe parlementaire qu'une fois élus.

Malgré les risques de cette stratégie, les dirigeants du HDP espèrent dimanche profiter du statut de "faiseur de rois" que leur confère, cette fois, la loi électorale.

Nombre de soutiens des autres partis d'opposition ont ainsi souligné l'importance de leur entrée au Parlement. Ainsi le pianiste virtuose et farouche défenseur de la laïcité Fazil Say. "Est-ce qu'il serait mieux que l'AKP emporte 360 sièges et ait les mains libres pour faire ce qu'il veut ?", a-t-il averti dans la presse.

"Je pense que le HDP va entrer en Parlement parce qu'il est le seul moyen pour la Turquie +occidentale+ de faire obstacle à l'AKP", résume, confiant, un de ses partisans, Abdullah Demir, propriétaire d'un hôtel à Mardin.
(AFP, Fulya OZERKAN, 5 juin 2015)

Demirtas, le «Tsipras kurde» qui fait peur à Erdogan



Selahattin Demirtas, leader charismatique du Parti démocratique des peuples (HDP), pourrait déstabiliser le président contesté Erdogan lors des législatives turques, dimanche.

La foule est inhabituelle pour un meeting du Parti démocratique des peuples à Hatay, ville qui ne fait pas partie de la région kurde. Sur la scène, Selahattin Demirtas, le leader charismatique du HDP. Son parti vient de la tradition du mouvement kurde, mais a décidé de devenir « la voix de tous les opprimés », quelle que soit leur appartenance ethnique.

La foule éclate de rire lorsqu’il critique avec humour Recep Tayyip Erdogan, qui organise tous les jours des meetings électoraux, sous prétexte d’inaugurer une construction,  alors que la Constitution exige que le Président de la République reste neutre.

« Dites-lui que vous allez ouvrir un soda, il viendra l’inaugurer »

« Vous, les  femmes qui pétrissez la  pâte, faites attention, il peut venir à chaque instant, lance Demirtas. C’est comme s’il n’était pas Président de la République, mais Directeur chargé des inaugurations. Dites-lui que vous allez ouvrir une bouteille de soda, il viendra pour l’inaugurer. Il ne ratera pas une occasion pour faire la propagande de l’AKP. Les femmes, attendez-le avec un rouleau. Vous saurez quoi faire avec ».

Avec son sens d’humour,  son parler calme, mais joyeux, à l’opposé d’Erdogan colérique et autoritaire, et son talent pour s’adresser aux jeunes, Demirtas est devenue la star de la campagne pour les élections législatives prévues le 7 juin prochain.

Mais en plus de son charisme, c’est le rôle clé que le HDP joue dans les législatives qui l’a rendu si populaire. Si le parti arrive à passer le seuil de 10 % des votes, comme il l’espère, il pourrait stopper Erdogan qui souhaite instaurer un système présidentiel « à la turque ». Un tel système donnerait encore plus de pouvoir à Erdogan, alors qu’il est déjà critiqué pour ses dérives autoritaires.

« Erdogan, on ne te fera pas élire Président »

Pour être représenté au parlement turc, les partis doivent atteindre, au minimum, ce seuil de 10 % des votes au plan national.

Mis en place pour exclure les petits partis, ce « barrage » profitait jusqu’à présent à l’AKP, au pouvoir. Car, malgré le score de près de 70 % que le HDP faisait dans les régions kurdes, la majorité des sièges qu’il méritait revenait à l’AKP, du fait de ce barrage.

Le 7 juin prochain, le HDP espère mettre fin à cette confiscation des sièges. « Erdogan, on ne te fera pas élire Président » est devenu le leit-motiv de la campagne de Demirtas, qui a réussi à fédérer autour de lui des milieux traditionnellement loin du mouvement kurde.

Demirtas bat des records d’audience

Patiemment, il a expliqué maintes fois sur les chaînes télévisées qui adorent l’inviter – car il bat des records d’audience – qu’il souhaite plus de libertés pour tout le monde et pas seulement pour les Kurdes.

Un effort considérable a été nécessaire pour briser les préjugés de beaucoup de Turcs qui considéraient le HDP comme une prolongation du PKK. Pour d’autres, le HDP était un « collabo » du gouvernement, le rôle joué par les députés du parti dans les négociations de paix entre le gouvernement et le PKK renforçant cette image.

Demirtas a su convaincre un nombre considérable de ces Turcs inquiets en assurant que son objectif était la fin de la lutte armée et qu’il ne ferait en aucun cas une coalition avec l’AKP.

Il reconnaît « sans hésiter » le génocide arménien

Surnommé  le « Tsipras de Turquie », Demirtas a aussi réussi à dominer les débats avec des propositions qu’aucun autre parti n’ose faire. Il propose ainsi l’abolition de la Direction des affaires religieuses, qui fonctionne comme l’organe officiel du sunnisme en Turquie.

Il dit reconnaître « sans hésiter » le génocide arménien et propose une gestion autonome de toutes les régions de Turquie.  Ses violentes critiques contre la voiture de luxe accordée à Mehmet Görmez, Directeur des affaires religieuses, symbolisant ainsi la corruption et le gaspillage de l’argent public, ont obtenu gain de cause : Görmez a été contraint de rendre sa voiture.

Mais cette position a coûté cher au HDP : plus de 150 attaques ont eu lieu contre les bureaux électoraux et les membres du parti. Un chauffeur du parti a été assassiné mardi à Bingöl, alors que les participants au meeting ont été battus mercredi à Erzurum.

Un candidat gay

Erdogan et les médias proches du pouvoir tentent tous les jours de le décrédibiliser, surtout auprès de son électorat kurde, traditionnellement pieux. « Athée, déclarant que la place Taksim est sa Mecque, il n’hésite pas à manger du porc et il est soutenu par la diaspora arménienne », a-t-on dit de lui, espérant ainsi ternir son image dans une société majoritairement conservatrice.

Dernière  attaque en date de ce genre a été au sujet du candidat gay du parti à Eskisehir. « Nous n’avons pas de candidats gays comme eux », a pesté Erdogan.

Demirtas n’a pas tardé à lui répondre, en lui rappelant les affaires de corruption du gouvernement :« Nous avons toutes sortes de candidats. Mais heureusement aucun voleur ».

Avec un programme marquée nettement a gauche, qui met l’accent sur les droits des femmes et l’écologie, ayant des candidats de différents milieux et origines – Arméniens, Assyriens, Arabes, Kurdes et Turcs, des laïques mais aussi des femmes voilées -,  le HDP pourrait changer le paysage politique turc.

Selon les sondages publiés mercredi, il pourrait obtenir près  de 12 % des voix et mettre fin aux rêves de « sultanat » d’Erdogan. (ouest-france.fr)


Violence and savagery against HDP electoral meetings


Clashes erupted in Turkey's eastern city of Erzurum on Thursday after protesters attempted to disrupt an election campaign rally by the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) in the city center. At least four HDP supporters were injured during the violent protests.

The tension in Erzurum comes just days before a parliamentary election slated for June 7 and follows the killing of the driver of a HDP campaign bus in the neighboring province of Bingöl on Wednesday.

Clashes erupted in the eastern province of Erzurum on Thursday after protesters attempted to disrupt an election campaign rally by the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) in the city center.

The police used tear gas and water cannons to disperse the protesters, who started a march towards the rally venue at 10 a.m. Some protesters pushed down barriers before police forced them back with water cannon just meters from the rally. The HDP rally was held from 1 p.m. in Erzurum's İstasyon Square as scheduled.

Gendarmerie units were also dispatched to the scene after the police requested reinforcements to stop the crowd, who were waving Turkish flags and chanting “this is Erzurum, there is no escape from here,” and protect about 2,000 HDP supporters who arrived at the square to attend the rally.

Clashes erupted in the eastern province of Erzurum on Thursday after protesters attempted to disrupt an election campaign rally by the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) in the city center.

A police officer was wounded during confrontation with protesters. Protesters attempted to block the way of an ambulance dispatched to retrieve the wounded officer, leading to clashes with the police that also left some of the protesters injured.

An HDP campaign minibus headed to the rally venue was attacked by protesters throwing stones. The minibus steered off the road and slammed into a metal pole. While it was being towed away by a police truck, protesters set the vehicle on fire. The driver wounded in the attack was hospitalized. Some reports said the driver was in the vehicle when it was set ablaze and that he sustained burns before fleeing.

The Doğan news agency said there were smaller crowds gathering in other parts of the Erzurum city center and that the police were taking measures to prevent them from marching to İstasyon Square.

Clashes erupted in the eastern province of Erzurum on Thursday after protesters attempted to disrupt an election campaign rally by the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) in the city center.

Addressing the rally, HDP Co-Chairman Selahattin Demirtaş warned against provocations in the run up to the election. "There are only three days left. We will continue to work with patience, without allowing provocations [to succeed]," he told the gathered supporters.

In an apparent effort to prevent an encounter with anti-HDP protesters, Demirtaş also called on the supporters to take designated routes when leaving the rally venue.

Clashes erupted in the eastern province of Erzurum on Thursday after protesters attempted to disrupt an election campaign rally by the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) in the city center.

Attacks on the HDP supporters continued, however, after the event ended. A group of HDP supporters leaving the rally was attacked by a crowd of protesters wielding clubs and throwing stones near the venue. Police used tear gas and water cannons to disperse the mob.

Three people were injured in a separate incident when their car was stoned by a group of protesters as their car was leaving Erzurum after the rally.

The Doğan agency reported that a group also attempted to march to a predominantly Kurdish neighborhood in Erzurum which also hosts the HDP's provincial headquarters but were stopped by the police.

Unidentified assailants fired on a HDP campaign minibus in Bingöl province's Karlıova district, about 100 kilometers to the south of Erzurum, late on Wednesday. The driver of the bus was found dead 200 meters ahead of the vehicle, according to the Dogan news agency. He was shot several times.

The HDP has been attacked several times in the run-up to the election. Six people were wounded in coordinated bomb attacks on two party offices in the southern provinces of Adana and Mersin in May, while party officials reported dozens of less severe assaults on HDP offices.

The HDP is hoping to pass a 10-percent election threshold to enter Parliament. If it does, the ruling Justice and Development Party (AK Party) is likely to lose a parliamentary majority strong enough to press for constitutional amendments that will clear the way for a transition from the current parliamentary system to the presidential one coveted by President Recep Tayyip Erdoğan. (TODAY'S ZAMAN, June 4, 2015)

Demirtaş: We will advocate peace in the Middle East and everywhere else


                                                       HDP Meeting in Batman (Photo: Taraf)

Demirtaş saluted Kurdish and Turkish people who have been able to live together peacefully despite the difficult history and conditions they have had as well as the oppression and tortures they have endured. Demirtaş described the crowds in Bitlis as the hope of freedom for oppressed people and Turkey at large. Emphasizing their determination to enter the parliament, Demirtaş said that they bring together everyone who believes in freedom, equality and justice, and are determined to carry these different groups into the parliament.

Demirtaş rebuked the claims that a ‘higher mind’ in the US or Israel is guiding the HDP and said that those who fabricate such lies think that they are the only ones with a mind of their own. Demirtaş said that they are guided by common sense and conscience, as well as the people’s decision to live in peace and sisterhood in Turkey. Demirtaş emphasized that they are prepared to govern Turkey together with this common sense, and will not prioritize one identity or religious sect but embrace all members of Turkish society sincerely.

Demirtaş highlighted the representation of different religions and peoples within the HDP. He also criticized those who identify as Islamist and attack other religions and sects.

HDP Co-president described the smear campaign against the HDP, portraying the party as ‘Zoroastrian’, ‘infidel’ and ‘faithless,’ as the path of Yezid (a well known evil symbol and dictator in Islamic history). Demirtaş emphasized their equal approach to Alevis and Sunnis, and vowed to advocate the rights of all religious groups against the thieves currently in power. Demirtaş criticized the AKP strategy of describing non-AKP voters as infidels and said that they are inventing a new criterion for being Muslim.

Demirtaş ended his speech with peaceful messages and said that they will continue their struggle until they succeed and bird sounds replace bullet noises in the mountains. Demirtaş stated that they would stop the aid flowing into ISIS rapists and barbarians with MIT (Turkish Intelligence Agency) trucks, and advocate peace across the Middle East.
(ANF, June 2, 2015)

HDP’s Demirtaş reiterates call on president, PM for a live debate

Kurdish problem-oriented Peoples’ Democratic Party (HDP) co-chair Selahattin Demirtaş challenged Turkey’s president and prime minister to attend a televised live discussion program with him, where they could openly debate.

“I called on him [President Recep Tayyip Erdoğan] and his smaller one [Prime Minister Ahmet Davutoğlu]. Let’s [have a] discussion on TV; do you dare? If you trust yourself, your knowledge and wisdom, let’s appear alone. If you want, bring 100 advisors with you. Let’s openly [have a] discussion live,” Demirtaş said June 1, during his party’s rally in the southern province of Bitlis.

Demirtaş added if what Erdoğan has been saying was true, he would not hesitate to say it before him too, but if he had a wound, a lie, a sin or a crime, he would be afraid of it.

Demirtaş also said they needed to stop a government that was built on lies and fraud and which harmed humane, Islamic and conscious values.

Stating the HDP would establish a freedom and equality-based government, Demirtaş said nobody could be able to say anything against another’s’ attire.
(hurriyetdailynews.com, June 1, 2015)

AK Party preparing crackdown on all dissidents

Turkish dissident groups, ranging from opposition parties and media outlets to non-governmental organizations, may face a sweeping crackdown if the ruling Justice and Development Party (AK Party) wins a parliamentary majority strong enough to form a single-party government in the June 7 election, the leader of the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) has said.

"If [President Recep] Tayyip Erdoğan manages to get favorable results from the June 7 election, the government will launch a purging operation in all areas," Demirtaş said in an interview with Today's Zaman. "I am not saying this as a rumor or gossip. Currently, they have coordinated their forces accordingly."

Demirtaş's remarks came on the heels of a controversial decision by the state Banking Regulation and Supervision Agency (BDDK) to seize control of Bank Asya on Friday that stoked fears of political interference in the financial system. On Monday, Twitter whistleblower Fuat Avni claimed there were plans for a massive police operation targeting 200 people, including journalists, as well as the Zaman newspaper and Samanyolu television before the election.

"He [Erdoğan] has already confiscated the assets of a private bank; he may confiscate the media. Then, the Constitutional Court, the Radio and Television Supreme Council [RTÜK], the Supreme Election Board [YSK], the Council of State, the Court of Accounts, Parliament, etc., will follow," Demirtaş said. "No one can supervise him. Imagine if he becomes president [in a presidential system]; there is nothing that can restrain him."

Demirtaş, whose HDP hopes to pass a 10-percent threshold to enter Parliament, said many people have come to realize that such a course will be disastrous for Turkey and, for this reason, even some AK Party executives are "praying for the HDP to surpass election threshold." (TODAY'S ZAMAN, June 1, 2015)

Minorités / Minorities

Europalia: Question à l'intention des institutions arménienne, assyrienne, grecque et kurde

Comme nous avons annoncé en mai 2015 (http://www.info-turk.be/441.htm#Europalia) le programme d'Europalia-Turquie a été présenté le jeudi 28 mai au Palais d'Egmont à Bruxelles, en présence du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.

La 25e édition du festival consacrée à la culture turque se déroulera du 6 octobre au 31 janvier prochain.

Le festival sera inauguré au Bozar le 6 octobre en présence du roi Philippe et du président turc, Recep Tayyip Erdogan, avec l'exposition "Anatolia. Terre de rituels".

M. Reynders a souligné que le festival serait l'occasion de poursuivre la collaboration entre les deux pays. "Nous sommes ensemble à l'Otan. Nous ne sommes pas encore ensemble dans l'Union européenne, mais nous poursuivrons notre collaboration. Europalia représente un moment important pour la Belgique et la Turquie, mais surtout pour les Belges d'origine turque."

Les communautés arménienne, assyrienne,
grecque ou encore kurde seront également mises en lumière lors du festival, a pointé la directrice générale d'Europalia, Kristine De Mulder. "Nous reviendrons, par exemple, sur les rituels ancestraux arméniens lors de la grande exposition Anatolia."

A cette occasion nous avions posé une question qui reste toujours sans réponse:

Quelles institutions
arméniennes, assyriennes, grecques et kurdes ont été invitées à la programmation d'Europalia-Turquie?

Le mélange des cultures sera-t-il représenté dans ce festival comme il est souhaité par les communautés non turques et musulmanes de Turquie ou un soi-disant "mélange" sera-t-il utilisé pour duper l'opinion européenne qui manifeste sa méfiance à la politique négationniste du régime d'Ankara et aux adeptes de cette politique dans les assemblées fédérale et régionales à l'occasion du centenaire du génocide de 1915?

A l'heure actuelle, Europalia a annoncé son programme pour expositions, musique, danse et marionnette en ordre suivant:
http://europalia.eu/fr/discipline/expositions_67.html
http://europalia.eu/fr/discipline/musique_68.html
http://europalia.eu/fr/discipline/danse_69.html
http://europalia.eu/fr/discipline/theatre-de-marionnettes_70.html
Quant à la litterature, aux conférences et au cinéma, Europalia annonce ceci: "Programme bientôt en ligne!"

Au moins pour les programmes déjà annoncés (expositions, musique, danse et theatre de marionnettes), nous posons à nouveau cette questions à l'intention des institutions arméniennes, assyriennes, grecques et kurdes:
  • Le mélange des cultures sera-t-il représenté effectivement dans ce festival comme il est souhaité par les communautés non turques et musulmanes de Turquie?
  • Quelles institutions arméniennes, assyriennes, grecques et kurdes ont été invitées à la programmation d'Europalia-Turquie?

La Turquie condamne les propos du Premier ministre belge sur le "génocide" arménien

La Turquie a condamné samedi la reconnaissance par le Premier ministre belge Charles Michel du génocide des Arméniens par les Ottomans pendant la Première guerre mondiale.

"Les événements tragiques qui se sont produits entre 1915 et 1917 sous le dernier gouvernement de l'Empire Ottoman doivent être qualifiés de génocide, et c'est la position du gouvernement belge", a déclaré jeudi le Premier ministre Charles Michel devant le Parlement belge, répondant aux questions de deux élus de sa majorité.

Ces remarques ne sont "ni acceptables ni excusables", a commenté le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué publié samedi, ajoutant que le dirigeant belge avait "politisé" ce sujet.

Ces déclarations "déforment les faits historiques et négligent les lois", a estimé le ministère, avertissant d'éventuelles conséquences sur les relations entre Ankara et Bruxelles.

Le Parlement européen a adopté en avril une résolution reconnaissant le génocide arménien, une décision qui a fait enrager la Turquie.

Ankara nie que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant cette période et récuse le terme de "génocide" utilisé par l'Arménie mais aussi par de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie.

Le gouvernement turc mène une offensive diplomatique ces derniers mois pour empêcher les parlements étrangers de reconnaître le génocide, alors que 2015 marque le 100e anniversaire de la tragédie.

En avril, le pape François a utilisé le terme de "premier génocide du XXe siècle" pour le massacre des Arméniens. Jugeant ces propos inacceptables, la Turquie a rappelé son ambassadeur au Vatican, comme elle l'a fait avec ses ambassadeurs en Autriche, au Brésil et au Luxembourg.
(AFP, 20 juin 2015)

Pierre-Yves Lambert:
"Négationnisme turc: le jeu dangereux des partis belges"

Cela fait plus de vingt ans que j'observe (et que je participe parfois à mon niveau à) l'évolution de la participation politique des personnes d'origine et/ou de nationalité étrangère et des diasporas de et dans divers pays. De temps en temps, je suis interviewé, mais il n'en reste pas souvent grand-chose au final.

Pour une fois, il reste l'essentiel et même plus, et je me réjouis que deux Belgo-Turcs non négationnistes aient aussi été interviewés, les médias belges leur donnent rarement la parole, Dogan Özgüden, le "journaliste apatride" qui a créé Info-Türk et les Ateliers du Soleil, et Nuray Dogru, ex-conseillère communale Ecolo.

Les seuls élus belgo-turcs clairement non négationnistes l'ont d'ailleurs été sur des listes Ecolo*, à Saint-Josse (Nurinnisa Balci, tête de liste en 2000, Nuray Dogru, appelée à siéger en ?2010), à Schaerbeek (Suleyman Özdemir, appelé à siéger en mars 2006) et à Wemmel (Tural Fincan, élu au CPAS en 2006).

Cordialement,

Pierre-Yves Lambert
https://fr.groups.yahoo.com/neo/groups/suffrage-universel/conversations/messages

* Le PTB ne compte, à ma connaissance, aucun élu originaire de Turquie, je doute que, si c'était le cas, il fasse élire un(e) négationniste


Génocide arménien: "Emir Kir n'a plus le choix", estime Simone Susskind

Les élus d’origine turque qui, jusqu’à présent, refusaient de reconnaitre le génocide arménien sous prétexte que la Belgique ne l’avait pas fait de manière officielle sont aujourd’hui au pied du mur. La déclaration de Charles Michel jeudi à la Chambre change la donne. Ils devront se positionner clairement lorsque le Parlement aura voté une nouvelle résolution. La députée Simone Susskind, chargée par le parti socialiste d’une médiation sur le sujet, reconnait qu’ils n’ont aujourd’hui plus le choix. Propos tenus dans l'émission Le grand Oral La Première Le soir qui sera diffusée demain à 13H15 sur la Première.

Simone Susskind, députée socialiste, estime que les élus d’origine turque devront, à présent, se positionner clairement. Le mot " génocide " doit être entendu dans leur bouche. Ce sera le cas pour Emir Kir. En attendant, elle poursuit son travail de médiation, de rencontres, de débats entre Belgo-turcs et Belgo-arméniens. Quatre questions à Simone Susskind.

Jusqu’à présent les élus belges d’origine turque se retranchaient derrière le fait que la Belgique ne reconnaissait pas officiellement le génocide pour se soustraire à toute déclaration ou manifestation publique reconnaissant le génocide. La déclaration de Charles Michel met à néant leur argumentation. Vont-ils devoir, à présent, se positionner clairement et ouvertement ?

" Emir Kir et d’autres élus d’origine turque seront obligés de se positionner. C’est très difficile pour eux parce que leur électorat est majoritairement d’origine turque et ne comprendrait pas qu’ils fassent ce pas là. Ce serait plus facile pour eux si la Turquie reconnaissait le génocide. Il faut savoir que le débat est ouvert en Turquie. Le HDP, qui a réalisé une grande percée lors des dernières élections et qualifié de parti kurde mais qui s’est ouvert à d’autres parties de la population, reconnait le génocide. C’est le cas aussi de quelques chercheurs et historiens turcs de renom "

Le parti socialiste va-t-il demander à ses élus belgo-turcs, dont Emir Kir de se positionner clairement et d’être présent au Parlement lors du débat et du vote sur une nouvelle résolution reconnaissant le génocide ?

" Le parti socialiste dans son ensemble reconnait le génocide. Souvenez-vous qu’en 1998 c’est Philippe Mahoux qui a piloté la résolution prise par le Sénat. Donc, c’est évident que nos élus d’origine turque vont être obligés de se positionner même s’ils vont être confrontés à un choix cornélien et le parti aussi d’ailleurs. "

Le mot génocide doit sortir de leur bouche ?

" Je pense que c’est ce qu’attend notre opinion publique, c’est ce qu’attend le monde politique. Donc je ne sais pas ce qui va se passer, mais ce qui est clair c’est que le parti socialiste dans son unanimité reconnait le génocide arménien. "

Votre travail de médiation est toujours d’actualité après la déclaration de Charles Michel ?

" Je pense que oui. Je ne sais pas ce qui va se passer avec nos élus mais je suis convaincue qu’il y a un travail très important à faire avec la communauté belgo-turque, avec les enfants et les jeunes. Ils se trouvent confrontés à la fois à leur famille, où on leur dit que ça n’a pas existé, et ensuite à l’école, à des gosses qui leurs disent que leurs parents sont responsables d’un génocide. Je pense qu’il y a un travail pédagogique à faire dans notre pays. En ce sens, la déclaration de Charles Michel et le débat au Parlement sur une nouvelle résolution sont importants parce que cela va permettre d’inscrire l’enseignement du génocide arménien dans le cursus scolaire de nos élèves, avec l’enseignement des autres génocides. C’est quelque chose de fondamental parce qu’on ne peut pas se contenter de regarder ce qui se passe maintenant, mais il faut s’interroger sur ce qui va se passer avec cette nouvelle génération qui grandit dans la communauté belgo-turque et qui ne peut pas comprendre qu’on dise que c’est un génocide alors que l’identité turque est littéralement centrée sur la négation du génocide." (rtbf.be, 20 juin 2015)

Charles Michel reconnait le génocide arménien à la Chambre

Le Premier ministre Charles Michel a reconnu jeudi à la Chambre, au nom de son gouvernement, le génocide arménien perpétré il y a un siècle par le gouvernement Jeune Turc, dernière autorité de l'Empire ottoman. "Je considère que les événements tragiques de 1915-1917 perpétrés par le dernier gouvernement de l'Empire Ottoman doivent être qualifiés de génocide", a indiqué Charles Michel interrogé à la Chambre par deux élus de la majorité.

Le Premier ministre s'est également tourné vers l'avenir, soulignant l'importance du "dialogue" entre la Turquie et l'Arménie et observant à cet égard les expressions de "condoléances" de diverses autorités à l'occasion du centième anniversaire du génocide. Il a également évoqué les juridictions internationales dont le rôle est primordial pour qualifier ce type de massacres et a rappelé le vote, en Belgique, d'une résolution au Sénat en 1998.

Saluant cette intervention, le député Peter De Roover (N-VA) a annoncé le dépôt d'une résolution permettant d'aller de l'avant sur cette question. "Vous écrivez l'histoire", a constaté le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael qui interrogeait également le Premier ministre. Il faut pouvoir bien nommer les choses et aller plus loin afin d'éviter qu'elles se répètent, a-t-il ajouté.

L'intervention du chef du gouvernement a été accueillie par une salve d'applaudissements par la quasi-totalité des députés.

Sur les bancs de l'opposition, plusieurs élus ont salué une déclaration "historique".

Le président des FDF Olivier Maingain a notamment accueilli l'intervention du Premier ministre avec "satisfaction", un "signal très clair" à travers lequel majorité et opposition peuvent se retrouver dans un élan démocratique. Il s'agit aussi du "plus cinglant démenti à la faiblesse des déclarations de Didier Reynders sur le même sujet il y a quelques semaines", a-t-il relevé alors qu'interrogé par lui à la Chambre le ministre des Affaires étrangères n'avait pas franchi le pas de la reconnaissance.

Le député Georges Dallemagne (cdH), auteur d'une proposition de résolution sur la reconnaissance, s'est également réjoui "des propos clairs et historiques tenus en séance plénière de la Chambre". M. Dallemagne a également salué une intervention "qui dénote radicalement avec les propos pour le moins ambigus et certainement calamiteux du ministre des Affaires étrangères".

Georges Dallemagne a appelé la majorité à soutenir sa résolution à l'ordre du jour de la commission des affaires étrangères de la Chambre alors que le texte de la majorité n'est pas encore prêt. Il s'est réjoui de voir la majorité évoluer sur l'insistance du texte du cdH.

Benoît Hellings (Ecolo) s'est également dit "très heureux" jeudi, estimant que le Premier ministre "a bien fait son travail" contrairement au ministre des Affaires étrangères il y a quelques semaines. Le député écologiste souhaite qu'une résolution appelant à la réconciliation des Turcs et des Arméniens puisse à présent être cosignée par l'ensemble des groupes parlementaires démocratiques.

Cosignataire avec l'ensemble de l'opposition de la résolution Dallemagne, Olivier Maingain a pour sa part invité la majorité gouvernementale à soutenir la proposition de loi des FDF visant à "réprimer le négationnisme" du génocide arménien ainsi que le génocide des Tutsi par le pouvoir Hutu au Rwanda.

Le Premier ministre Charles Michel avait déjà reconnu il y a quelques semaines, au nom de son gouvernement, que le massacre des Arméniens il y a un siècle constituait un génocide, lors d'une interview télévisée sur la RTBF.

Cette question de la reconnaissance a suscité des débats publics ces dernières semaines alors que des élus d'origine turque refusent de qualifier de génocide les massacres commis il y a cent ans malgré un consensus très affirmé parmi les historiens.

Un travail pédagogique a notamment été entrepris au parti socialiste alors qu'au cdH, la députée bruxelloise Mahinur Özdemir a été exclue pour avoir persisté dans son refus de reconnaissance.

La cheffe de groupe PS à la Chambre Laurette Onkelinx a pour sa part dit attendre jeudi le contenu de la résolution que prépare la majorité. Les socialistes avaient notamment souligné la difficulté pour un certain nombre d'élus d'origine turque de s'inscrire dans un processus de reconnaissance en l'absence de déclaration en ce sens du gouvernement belge. (La Libre Belgique, 18 juin 2015)

L'opposition s'entend sur la reconnaissance du génocide arménien

L'opposition parlementaire s'est entendue sur des amendements communs qui demandent au gouvernement fédéral de reconnaître le génocide arménien. Ils ont été déposés mardi en commission de la Chambre.

La question agite le monde politique belge, en particulier francophone, depuis plusieurs semaines. La majorité a annoncé le dépôt d'un texte par lequel la Belgique reconnaîtrait officiellement le génocide mais le texte n'a pas encore été déposé et la première version ne demandait pas explicitement au gouvernement de reconnaître les massacres survenus en 2015 comme génocide.

"Un brouillon", a tranché il y a une semaine le chef de groupe MR, Denis Ducarme, sur les plateaux de télévision avant d'assurer la "ferme intention" de la majorité de reconnaître le génocide. Il a situé le vote d'une résolution vers la fin de l'année, ce qui a semblé trop tard à certains députés.

L'opposition souhaite avancer dans le débat. A l'ordre du jour de la commission des relations extérieures de la Chambre, figure une proposition de résolution de Georges Dallemagne (cdH) visant à étendre aux Araméens et aux Grecs pontiques la reconnaissance du génocide arménien. Les amendements précisent notamment que le parlement demande au gouvernement fédéral "de déclarer, par la voie d'une décision gouvernementale, que la Belgique reconnaît publiquement le génocide dont le peuple arménien a été victime en 1915".

Les amendements ont reçu la signature de Stéphane Crusnière (PS), Benoît Hellings (Ecolo-Groen), Olivier Maingain (FDF), Dirk Van der Maelen (sp.a) et Georges Dallemagne (cdH).
(Belga, 16 juin 2015)

Turkey recalls ambassador to Brazil over ’Armenian genocide’ legislation

The Turkish Foreign Ministry said on Monday it had recalled its ambassador to Brazil for consultation, after the Latin American country's Senate passed legislation recognizing the massacre of Armenians during World War One in Turkey as "genocide."

The ministry also summoned Brazil's ambassador to Ankara on June 3 over the matter, it said in an emailed statement.

Muslim Turkey accepts that Christian Armenians died during the upheaval of World War One but rejects declarations or legislation by foreign governments that classify the deaths as genocide.
"We view the decision by the Brazilian Senate that distorts reality and overlooks the law as irresponsible and we condemn it," the Foreign Ministry said.

Armenians, two dozen countries and most Western scholars consider the killings genocide.
(TODAY'S ZAMAN, June 9, 2015)

EAFJD Observation Mission to 2015 Parliamentary Elections in Turkey

A delegation led by the European Armenian Federation for Justice and Democracy (EAFJD) was invited by the Peoples’ Democratic Party (HDP, Halklarin Demokratik Partisi) for a short term observation mission to  the Parliamentary Elections of Turkey on 7 June, 2015.

The delegation was comprised of Kaspar Karampetian (President, EAFJD), Bedo Kurkjian – Demirdjian (PR & Communication, EAFJD), Vera Yacoubian (Executive Director, Armenian National Committee of the Middle East), Peter Petrossian (Chairman, Armenian National Committee of Belgium), and George Aghjayan (Member, Armenian National Committee of America, Eastern Region).

In a statement issued in May, the EAFJD supported the HDP and called on the Turkish citizens of Europe to vote in favour of the Peoples’ Democratic Party, taking into consideration the Party's inclusiveness of minorities and their rights, promotion of open democracy, and challenge to Erdogan’s autocratic aspirations.

Prior to the elections of June 7, the EAFJD delegation was briefed by HDP on the attacks, intimidation, fear, smear campaign and terror, and all other legal and illegal difficulties the Party faced. HDP co-president Selahettin Demirtas was personally targeted by the ruling AK Party for ‘collaborating’ with the Armenian Diaspora.

On Election day, the EAFJD led delegation visited a number of electoral districts and centres, noted all the irregularities and difficulties which the opposition parties in general and the HDP in particular faced. The findings of the delegation will be published in a report in the coming days.

After the ballots were cast, the EAFJD delegation followed the election results at the HDP Istanbul Central Office, where many voters were assembled to celebrate the victory. The delegation was also  present at the press conference given by HDP co-presidents Figen Yuksekdag and Selahettin Demirtas.

Three Armenians – Garo Paylan (HDP), Markar Esayan (AKP) and Selina Ozuzun Dogan (CHP) were elected, and  became the first Armenians to enter the parliament since 1961.

Kaspar Karampetian, President of EAFJD, welcomed the results of the elections, and said ‘we are happy that three Armenians are elected to the Parliament, and at the same time we are pleased that HDP could exceed the threshold of 10% that would allow them to enter the Parliament with an unprecedented representation.’ Karampetian added ‘we have already stated, that a HDP parliamentary group in the Grand National Assembly of Turkey would mean the presence of a party that will struggle for freedom, equality, peace and justice’. (bedo.demirdjian@eafjd.eu)


Politique intérieure/Interior Politics

Après son palais, la "table géante" d'Erdogan fait polémique

Déjà critiqué pour le coût exorbitant de sa résidence officielle, le président turc Recep Tayyip Erdogan est à nouveau accusé d'extravagance et de folie des grandeurs, à cause cette fois d'une table gigantesque dressée en son palais pour le Ramadan.

La polémique a débuté lundi, lorsque la présidence turque a diffusé des images de l'iftar, le repas quotidien de rupture du jeûne, offert par le chef de l'Etat aux pontes de la plus haute autorité musulmane du pays (Diyanet). M. Erdogan y est montré trônant autour d'une table ronde gigantesque, de la taille d'un terrain de squash.

Déjà à la pointe du combat contre le gigantisme du palais présidentiel, la Chambre des architectes d'Ankara a sauté sur l'occasion pour évaluer le prix de la fameuse table, de ses chaises et ornements : un million de livres turques (335.000 euros).

La réplique du président, piqué au vif, ne s'est pas fait attendre. "Tous ces chiffres sont faux et mensongers et relèvent de la calomnie pure et simple", a assuré M. Erdogan lors d'un discours mercredi soir, avant de menacer les auteurs de cette estimation des foudres de la justice.

Les réseaux sociaux se sont emparés de l'affaire pour railler le chef de l'Etat et lui suggérer, photos-montage à l'appui, d'occuper l'espace vide laissé au milieu de la table par une piste de lutte traditionnelle turque ou une énorme pizza.

La présidence a même pris la peine de diffuser une vidéo d'une minute révélant les dessous du meuble en cause, en fait composé de plusieurs tables de dimension plus classique dissimulées sous une immense nappe blanche.

Et pour parfaire sa défense, M. Erdogan a affirmé que ces tables étaient un héritage du président Süleyman Demirel (1993-2000) et que les chaises qui l'entouraient avaient été achetées par son prédécesseur Abdullah Gül.

Inauguré à l'automne, le nouveau palais présidentiel d'Ankara compte un millier de pièces réparties sur 200.000 m2 et a coûté 490 millions d'euros. L'opposition en a fait un symbole de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire qu'elle reproche au chef de l'Etat.
(AFP, 25 juin 2015)

L'opposition choisit ses candidats à la présidence du Parlement

Les deux principaux partis de l'opposition turque ont rendu publics mercredi les noms de leurs candidats respectifs à la présidence du Parlement, première épreuve politique depuis les législatives qui ont vu le parti du président Recep Tayyip Erdogan perdre la majorité absolue.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a annoncé qu'il présenterait son ancien chef, Deniz Baykal, un vétéran de la politique.

"Il faut de l'expérience pour la présidence du Parlement. Nous avons estimé que la personne la plus apte à cette tâche était Deniz Baykal", a déclaré à la presse le président du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, à l'issue d'une réunion de son parti.

Agé de 76 ans et doyen des députés, M. Baykal a présidé mardi la séance inaugurale du Parlement, au cours de laquelle les 550 élus ont prêté serment.

Connu pour sa défense farouche de la laïcité, volontiers nationaliste, il a présidé le CHP de 1992 jusqu'en 2010, date à laquelle il a été contraint à la démission, piégé par une vidéo révélant une liaison extraconjugale avec une députée de son parti.

De son côté, le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) a choisi de présenter à cette élection son député Ekmeleddin Ihsanoglu, 71 ans, un intellectuel et érudit de l'islam qui a dirigé l'Organisation de la coopération islamique (OCI), ont rapporté les médias.

M. Ihasanoglu s'était présenté à l'élection présidentielle d'août 2014 sous les couleurs du MHP et du CHP. Avec 38,4% des voix, il avait été largement battu par M. Erdogan, élu dès le premier tour avec près de 52% des suffrages.

Dès lundi, le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) avait quant à lui présenté la candidature de Dengir Mir Mehmet Firat à la présidence du Parlement.

Seul le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002, n'a pas encore révélé le nom de son candidat.

L'élection au "perchoir" du Parlement constitue le premier test sur la volonté de compromis des quatre grands partis après les législatives du 7 juin.

L'AKP y a obtenu 40,6% des voix et 258 sièges de députés, devant le CHP (25,1%, 132 sièges), le MHP (16,4%, 80 députés) et le HDP (12,9%, 80 sièges).

Aucun parti n'ayant obtenu de majorité absolue, les tractations vont bon train pour tenter de former un gouvernement de coalition.

Les deux premiers tours de l'élection du président du Parlement auront lieu le 30 juin. Si aucun des candidats n'est élu avec les deux tiers (367) des 550 députés, un troisième tour aura lieu le lendemain, le 1er juillet, et la majorité absolue (276 voix) sera alors requise. En cas de blocage persistant, les deux candidats arrivés en tête seront départagés au cours d'un 4e tour où la majorité relative suffira.
(AFP, 24 juin 2015)

Le nouveau Parlement se réunit sur fond de tractations pour une coalition

Le Parlement turc issu des élections législatives, qui ont vu le parti du président Recep Tayyip Erdogan perdre sa majorité absolue, a entamé ses travaux mardi alors que les discussions battent leur plein pour former un gouvernement de coalition.

Cette séance inaugurale, ouverte à 15h00 locales (12h00 GMT), est pour l'essentiel protocolaire: comme le veut l'usage, les 550 députés prêtent serment, l'un après l'autre, lors d'une cérémonie qui doit se prolonger jusqu'au coeur de la nuit.

Président par intérim car doyen d'âge, le député Deniz Baykal, du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a ouvert la séance en prêchant l'apaisement après les vives tensions de la campagne électorale. "Nous ne pouvons plus continuer avec la polarisation du pays", a-t-il lancé devant l'assemblée.

Son message n'a été qu'à moitié entendu puisque les députés de l'opposition se sont ostensiblement abstenus d'applaudir l'entrée de M. Erdogan dans l'hémicycle.

Une fois conclu le cérémonial du serment, la "Grande assemblée nationale" entrera dans le vif du sujet en procédant à partir du 30 juin à l'élection de son président, défi imposé par les résultats des législatives.

Après avoir dirigé le pays sans partage depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a subi le premier coup d'arrêt de son histoire en ne recueillant que 40,6% des voix, une baisse de près de 10 points par rapport aux législatives de 2011, et 258 sièges de députés.

Ce revers a sonné comme un échec personnel pour M. Erdogan, qui a fait ouvertement campagne, contre tous les usages constitutionnels, pour l'AKP afin de décrocher la majorité qualifiée nécessaire à l'instauration d'un régime présidentiel fort.

Derrière l'AKP, le CHP a obtenu 25,1% des voix et 132 sièges, devant le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) avec 16,4% et 80 sièges puis le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), grand vainqueur du scrutin avec 12,9% et 80 sièges aussi.

- Conditions -

Faute de majorité absolue pour une seule formation, la bataille pour le "perchoir" du Parlement doit donner une première idée des dispositions des quatre partis à nouer des alliances pour doter l'assemblée d'un président et, ensuite, former un cabinet de coalition.

Une alliance entre l'AKP et le MHP semble être le scénario privilégié par les commentateurs.

"Il semble qu'une coalition AKP-MHP soit plus facile à constituer", a ainsi estimé le ministre de l'Economie, Nihat Zeybekçi, qui s'est déclaré confiant sur la possibilité d'un "compromis" entre les deux formations.

M. Erdogan devrait formellement charger dans les jours qui viennent le Premier ministre sortant et chef de l'AKP, Ahmet Davutoglu, de former un nouveau gouvernement.

Mais les négociations s'annoncent très délicates car, jusque-là, les formations représentées au Parlement ont toutes posé des conditions a priori inconciliables.

Pour s'unir à l'AKP, les trois partis d'opposition ont exigé de M. Erdogan qu'il respecte ses obligations d'impartialité imposées au chef de l'Etat par la Constitution. Une demande d'ores et déjà refusée par son camp. "Il va continuer à s'exprimer sur les questions politiques", a assuré mardi le vice-président de l'AKP, Mustafa Sentop, estimant que "c'est son devoir".

"Rien n'est encore certain et défini", a tempéré sous couvert d'anonymat à l'AFP un responsable du MHP, ajoutant que "des intentions ont été annoncées par les uns et les autres mais pour l'instant aucun contact officiel n'a été engagé".

M. Davutoglu a répété dimanche qu'il "ne ferme la porte à personne" pour la formation d'un nouveau gouvernement, attendu avec impatience par les milieux financiers qui s'inquiètent des effets d'une instabilité prolongée sur une économie déjà à la peine.

La menace d'un retour aux urnes pourrait toutefois convaincre les différents protagonistes de mettre de l'eau dans leur vin. Mardi, un vice-président du CHP, Akif Hamzaçebi, a promis de "trouver un compromis pour éviter des élections anticipées".

M. Erdogan a rappelé ce week-end que si aucun gouvernement n'était constitué dans un délai de 45 jours, "le peuple tranchera".
(AFP, 23 juin 2015)

Arméniens, Yazidis et Rom, les 1001 visages du nouveau Parlement turc

Des députés d'origine arménienne, des représentants de la minorité yazidie, une Rom, de nombreuses femmes: le Parlement turc issu des législatives du 7 juin, qui a débuté ses travaux mardi, affiche une inédite diversité ethnique, religieuse et de genre.

+ Trois députés d'origine arménienne, Selina Dogan du Parti républicain du peuple (CHP), Garo Paylan du Parti démocratique des peuples (HDP) et Markar Eseyan, du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, ont décroché un siège à la "Grande Assemblée nationale".

"Je ne représenterai pas que les Arméniens" au Parlement, a déclaré à l'AFP Selina Dogan, avocate. "Comme nous, les femmes musulmanes sunnites peuvent aussi se sentir +l'autre+ dans ce pays si elles ne portent par le foulard islamique", a-t-elle expliqué, en promettant de tout faire pour favoriser le dialogue entre son pays et l'Arménie.

Même s'ils ne sont pas les premiers "Arméniens" à y siéger, l'entrée de ces députés dans l'hémicycle revêt une importance symbolique en cette année du centenaire des massacres perpétrés contre leurs aînés par l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale.

Les commémorations du 24 avril dernier ont suscité de vives tensions entre Ankara, qui nie tout génocide, et les pays qui ont reconnu le caractère systématique des tueries.

D'environ deux millions de personnes à l'époque, la communauté arménienne de Turquie est réduite aujourd'hui à 60.000 membres, selon les chiffres officiels. Mais de plus en plus de Turcs découvrent leurs racines arméniennes, enfouies lors de conversions forcées à l'islam.

+ Autre particularité du nouveau Parlement, il accueille deux représentants yazidis, une première. Jusque-là très peu connus, les Yazidis, une communauté kurdophone non-musulmane, ont fait la une de l'actualité en août 2014, lorsque le groupe Etat islamique (EI) a pris le contrôle des alentours du Sinjar, dans le nord de l'Irak.

Les jihadistes ont alors exécuté de nombreux hommes et enlevé des milliers de femmes de cette communauté, vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'état d'esclave sexuelle, selon Amnesty International.

Feleknas Uca et Ali Atalan portent tous les deux les couleurs du HDP.

Elue de Diyarbakir (est), Mme Uca veut apporter un peu de "couleur". "En Turquie, le système repose sur une nation, une langue, un pays et une religion. Nous, nous voulons plus de religions, plus de langues et plus de nations", a-t-elle déclaré à l'AFP.

A signaler aussi au titre de la diversité, l'entrée au Parlement d'Özcan Purcu (CHP), première députée issue de la communauté Rom de Turquie, et la réélection d'Erol Dora, chrétien syriaque (HDP).

+ Présenté comme proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le HDP a envoyé au Parlement quelques proches des figures de la rébellion kurde.

Celle qui porte le nom le plus célèbre est Dilek Öcalan, 28 ans, nièce du chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 une peine de réclusion à vie sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest).

Autre élu, Ziya Pir est le neveu d'un des cofondateurs du mouvement qui mène la rébellion contre l'Etat turc depuis 1984. Après avoir vécu plusieurs années en Allemagne, cet économiste a décidé de rentrer au pays pour se lancer dans la politique.

"Kemal Pir était mon oncle, mort au 57e jour d'une grève de la faim dans une prison située à seulement 200 m de là", a raconté M. Pir à l'AFP. "Je suis un réaliste qui croit au droit (...) nous allons mener un combat démocratique pour que les droits des Kurdes soient inscrits dans la Constitution", a-t-il promis.

La communauté kurde représente 20% de la population de Turquie, soit 15 millions de personnes. Des pourparlers de paix ont débuté fin 2012 entre le gouvernement turc et M. Öcalan, mais ils n'ont pas encore abouti à un accord de paix.

+ Le nouveau Parlement compte 96 femmes sur 550 députés, un record dans un pays quasi exclusivement musulman où la parité reste un défi, surtout en zones rurales.
(AFP, 23 juin 2015)

Les partis prêts à entrer dans le vif des tractations de coalition

Les couteaux sont tirés, les arguments affûtés, les lignes rouges tracées. Deux semaines après les législatives, les grandes manoeuvres pour la formation d'un gouvernement de coalition vont enfin débuter en Turquie, et elles s'annoncent particulièrement agitées.

Après treize ans d'un règne sans partage, le revers subi par le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a replongé le pays dans une ère qu'il croyait révolue. Le Parti de la justice et du développement (AKP) privé de majorité absolue, revoici le temps des apartés, des rumeurs et des revirements.

Les résultats officiels proclamés jeudi, M. Erdogan doit donner le coup d'envoi officiel de ces tractations la semaine prochaine en confiant formellement au Premier ministre sortant et chef de l'AKP, Ahmet Davutoglu, la tâche de former un nouveau cabinet.

Sans attendre, tous les protagonistes ont posé leurs conditions à une alliance. Et à entendre leurs propos de la semaine, elles semblent inconciliables.

Crédité de 40,6% des voix et de 258 des 550 sièges de députés, l'AKP s'est dit prêt à offrir un strapontin gouvernemental à tout "partenaire honnête et sincère". "Notre priorité est de tout faire pour une coalition", a assuré M. Davutoglu.

Mais dans l'opposition, les candidats ne se sont pas bousculés. En tout cas pour l'instant.

Le 7 juin, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a obtenu 25,1% des voix et 132 députés et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) 16,4% et 80 sièges. Quant au Parti démocratique des peuples (HDP), il a réussi une performance historique avec 12,9% des suffrages et 80 députés.

Adversaire numéro 1 de l'AKP, le chef du CHP Kemal Kiliçdaroglu a clairement marqué sa préférence pour une alliance des trois partis de l'opposition et a même proposé d'en confier la tête au MHP. "Formons un gouvernement ensemble. Et soyez-en le Premier ministre", a-t-il lancé vendredi dans le quotidien Hürriyet.

Le président du MHP, Devlet Bahçeli, a par avance rejeté l'idée d'un tel bloc, jugeant impossible tout accord avec le HDP, favorable à la poursuite des discussions de paix avec lle Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

- 'Propos tactiques' -

"Comment pourrions-nous participer à un bloc incluant la vitrine politique d'une organisation terroriste ?", a tranché M. Bahçeli.

Le dirigeant ultranationaliste s'est montré tout aussi intransigeant sur une alliance avec l'AKP. "Si le processus de paix (kurde) est arrêté, les responsables du scandale de corruption de 2013 poursuivis et si Erdogan n'excède pas de ses prérogatives, alors nous pourrons envisager une coalition avec l'AKP", a-t-il dit.

Autant de préalables difficiles à accepter pour le parti au pouvoir, à commencer par un effacement politique du chef de l'Etat. "Tout ce qui vise la présidence ou le président nous vise aussi", a tonné M. Davutoglu, "nous ne le tolérerons pas".

Quant au HDP, il a lui écarté tout rapprochement avec l'AKP ou le MHP.

Malgré cette cascade de propos péremptoires, les commentateurs turcs sont persuadés que les négociations aboutiront. Par obligation.

"Toutes les déclarations que l'on entend ne sont que des propos tactiques, destinés à renforcer les positions avant les discussions", analyse le politologue Sinan Ulgen, du Centre d'études internationales et économiques (Edam) d'Istanbul. "Mais on aboutira à une coalition, même de courte durée, car il n'y a pas d'alternative".

Si aucun gouvernement susceptible de réunir le soutien de la majorité du Parlement n'est formé dans un délai de 45 jours, M. Erdogan peut convoquer des élections anticipées. Un scénario que les quatre partis semblent vouloir éviter à tout prix.

"Après une campagne coûteuse et épuisante, les partis et les nouveaux élus sont réticents à l'idée de retourner aux urnes. Et ils ne voudraient pas en être tenus pour responsables", pronostique Inan Demir, économiste à la Finansbank, "je pense qu'ils essaieront de former un gouvernement jusqu'à la dernière minute".

Une perspective qui ne réjouit guère les milieux économiques et financiers, qui détestent l'incertitude. Cette semaine, le président de l'association des chambres de commerce (TOBB) Rifat Hisarciklioglu a prié les partis d'aboutir "aussi vite que possible".
(AFP, 20 juin 2015)

Première séance du Parlement issu des législatives le 23 juin

Le Parlement issu du scrutin législatif du 7 juin en Turquie se réunira pour la première fois le 23 juin, a annoncé jeudi le Haut-conseil électoral (YSK) en confirmant les résultats qui ont vu le parti du président Recep Tayyip Erdogan perdre sa majorité absolue.

Selon les chiffres définitifs proclamés devant la presse par le président du YSK Sadi Güven, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan, qui détenait seul le pouvoir depuis treize ans, a recueilli 40,66% des suffrages et enlevé 258 des 550 sièges de députés.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a obtenu 25,13% des voix et 132 sièges et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) 16,45% et 80 sièges. Grand vainqueur du scrutin, le Parti républicain des peuples (HDP, prokurde) a lui réuni 12,96% des suffrages pour 80 sièges de députés.

La première tâche du nouveau Parlement consistera à élire un nouveau président, dans un délai maximal de dix jours après sa première réunion.

Après cette séance inaugurale, M. Erdogan devrait également formellement confier à l'actuel Premier ministre Ahmet Davutoglu, chef du parti arrivé en tête, la tâche de constituer un nouveau gouvernement.

Faute de majorité absolue, les tractations ont débuté pour la formation d'une coalition mais elles s'annoncent particulièrement délicates. S'il n'y parvient pas en quarante-cinq jours, M. Erdogan peut dissoudre le Parlement et convoquer des élections anticipées.

Ces élections ont constitué un revers personnel pour le chef de l'Etat, qui a plaidé pendant toute la campagne pour l'instauration d'un système présidentiel fort. Faute de la majorité qualifiée requise, M. Erdogan ne pourra procéder à une révision de la Constitution.
(AFP, 18 juin 2015)

Former President Süleyman Demirel died at age 91

Süleyman Demirel, Turkey's ninth president, died following a political life spanning over four decades.
Surviving two military interventions in 1971 and 1980, Demirel was taken Güven Hospital in the capital city of Ankara last Wednesday due to a respiratory infection. The hospital said in a statement that the former president died at 2:09 Wednesday morning despite all efforts of doctors to save him.

Demirel served as the president of Turkey between 1993 to 2000. He previously served as the prime minister five times between the years 1965 and 1993. He was the leader of the Justice Party (AP) from 1964 to 1980 and of the True Path Party (DYP) from 1987 to 1993.

In 1971, then-Prime Minister Demirel stepped down and a coalition of conservative politicians and technocrats set to restore order under the supervision of the military. Martial law was established in several provinces and not completely lifted until September 1973.

Nine years later, the military ousted the government of Demirel, leading to suspension of Parliament and civil liberties and the imprisonment, torture and deaths of many Turkish citizens.
General Kenan Evren, who also died last month, carried out the coup.

After the sudden death of Turgut Özal, Demirel, who was leading the Democratic Path Party (DYP) in government, was elected as a president by the Parliament.

Book reveals Erdoğan-Gül conflicts in foreign policy

A much-awaited new book by Ahmet Sever, the 12-year ally of former president Abdullah Gül, leaves no doubt that tension between Gül and current President Recep Tayyip Erdoğan rose on several occasions, peaking after the corruption allegations arose against the latter’s former ministers in December 2013.

The book by Sever, who served as the press advisor to the ruling Justice and Development Party (AKP) founder during his time as prime minister and foreign minister, comes as the AKP discusses reasons for its vote erosion in the recent general election. It paints a portrait of Erdoğan and Gül - decades-long comrades - facing a serious split of opinion on a number of key issues, including the government’s Syria policy, the 2013 Gezi Park protests, and free speech.

In “Abdullah Gül ile 12 Yıl” (12 Years with Abdullah Gül), which hit bookshelves on June 14, Sever writes that Gül told Erdoğan and AKP seniors after the spate of illegal wiretappings and corruption probes in 2013 that the accused ministers should either be dismissed or resign.

“If they are sent via a censure motion, then you will be in a difficult position,” Sever quotes Gül as saying in the book, which he says was reviewed by the former president before publishing.

Nevertheless, he maintained that the four former ministers - Egemen Bağış, Erdoğan Bayraktar, Zafer Çağlayan and Muammer Güler - should be kept out of the cabinet, the book concluded.

The future of these former cabinet members, who were cleared in a parliamentary vote thanks to the AKP’s majority, remains a core issue in today’s coalition talks.

Following their resignations Erdoğan actually wanted to keep former European Union Minister Egemen Bağış in a new cabinet, but Gül prevented such an attempt, Sever claims.

According to the book, in a meeting with his consultants before the presidential election in August last year, Gül said that if he retook the prime ministry seat after Erdoğan becomes president then he “would return Turkey to the period when its star was shining.”

“I would re-enliven the EU membership process. I would correct the mistakes in foreign policy. The country is too polarized and I would take steps to correct this. I would focus on democratization. I would send the four ministers who were involved in corruption claims to the Supreme Court,” Gül reportedly said.
 
“But Mr. Tayyip [Erdoğan] would object to this and we would have conflicts. This would not be good for the country,” he said.

The AKP held its first congress after Erdoğan was elected president on Aug. 27, only one day before Gül’s post formally came to an end. At the congress, former foreign minister Ahmet Davutoğlu was chosen as the AKP’s new leader and prime minister, closing the door on Gül’s path. 

Sezer writes that Gül told Davutoğlu personally that he and Erdoğan had gone to too far in getting involved in the politics of Middle Eastern countries, “acting like Egypt’s or Syria’s prime minister and foreign minister.” He said that this would harm Turkey’s interests.

On the Gezi Park protests of the summer of 2013, Sever says Gül and Erdoğan’s stances were totally different, with Gül thinking the protests should have been handled more sensitively from the start.

The book also quotes Hürriyet Daily News editor-in-chief Murat Yetkin’s interview with then-first lady Hayrünnisa Gül one week before her husband left his seat.

“They think we do not read anything, do not hear anything, are not aware of anything. So far I have stayed silent, but that won’t last long. I will start speaking up, perhaps I will be the one to start an intifada,” she said, using the Palestinian uprising metaphor to criticize those “attacking” President Gül within the pro-government media.

In Sever’s words, Gül left Erdoğan a “de-mined field” of the presidency, just as he did before his prime ministry in 2002. But his now-public quotes in Sever’s book are likely to plant new mines on the two men’s future path - both privately and in the party.
(hurriyetdailynews.com, June 14, 2015)

Erdogan donne la priorité à l'AKP pour une coalition, puis mandatera l'opposition

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche qu'il demanderait à sa formation, le Parti de la justice et du développement (AKP) de former un gouvernement de coalition après les législatives qui l'ont vu perdre la majorité absolue.

En cas d'échec de la formation islamo-conservatrice, M. Erdogan a indiqué qu'il mandaterait le parti arrivé en deuxième place, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), pour former ce gouvernement.

Si ces discussions échouent encore, le chef de l'Etat a affirmé qu'il utiliserait ses droits constitutionnels pour convoquer des élections anticipées.

"Il est impensable que le pays reste sans gouvernement", a déclaré M. Erdogan à des journalistes turcs à bord de l'avion le ramenant d'un voyage en Azerbaïdjan.

"Je vais d'abord donner mandat (pour les discussions) au chef du parti qui a recueilli le plus de voix", a-t-il ajouté en référence au Premier ministre et chef de l'AKP Ahmet Davutoglu.

"Si une coalition ne peut pas être formée, je donnerai alors ce mandat au chef du parti arrivé en deuxième place", c'est dire le chef du CHP Kemal Kilicdaroglu, a-t-il poursuivi.

Des élections anticipées -qu'il a préféré qualifier "d'élections répétées"- auraient lieu en cas de blocage persistant, a ajouté le président turc.

M. Erdogan a ajouté qu'il comptait inviter la semaine prochaine les dirigeants des quatre partis représentés au parlement.

Le chef du parti arrivé troisième, le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), Devlet Bahceli, a toutefois déclaré qu'il n'accepterait de rencontrer que la personne mandatée pour former une coalition, et qu'il "ne revenait pas au président de rencontrer un à un les chefs des partis".

Le CHP devait pour sa part discuter de sa stratégie lundi.

Au pouvoir depuis treize ans, l'AKP est arrivé en tête du scrutin du 7 juin en recueillant 40,8% des voix.

Le parti a toutefois subi un recul de près de 10 points par rapport à son score de 2011 (49,9%), ce qui l'a privé de la majorité absolue qu'il détenait.

Avec seulement 258 des 550 sièges de députés, l'AKP est contraint pour la première fois de former une coalition.

Le CHP et le MHP, ont obtenu respectivement 132 et 80 sièges. Le parti prokurde HDP (Parti démocratique des peuples) a réussi une performance historique en envoyant 80 députés à l'Assemblée.
(AFP, 14 juin 2015)

Trust issues between parties hamper coalition formation

A survey carried out by Ipsos for CNN Turk after the elections showed that the highest probability (nearly 48 percent) for a government was a coalition between the Justice and Development Party (AK Parti) and the Nationalist Movement Party (MHP).

The survey’s next probable coalition was between the Republican People’s Party (CHP), MHP and the Peoples’ Democratic Party (HDP) with 32 percent, followed by an AK Parti-CHP coalition with 23 percent and an AK Parti-HDP one with 21 percent.

But a quick examination of parties’ positions makes it clear that none of those scenarios are easy and some are almost impossible.

For example, Prime Minister Ahmet Davutoğlu’s AK Parti, which lost its parliament majority through the elections, simply rules out a coalition with the HDP.

Davutoğlu’s first choice is actually the MHP. But the MHP has conditions. Its leader Devlet Bahçeli sees President Recep Tayyip Erdoğan as the real loser of the elections, since Bahçeli has put his credibility forward during the elections and  does not want Erdoğan to get involved in government politics in any way. He also asks Davutoğlu to immediately stop the Kurdish peace process, which could force him a lot.

On the other hand, the HDP, which has been mediating the talks between the Davutoğlu government and the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) both with its imprisoned leader Abdullah Öcalan and military headquarters in Iraq’s Kandil Mountains, asks Davutoğlu - or any possible government - to resume the talks immediately.

The HDP co-chairman Selahattin Demirtaş made it clear that they would not be a part of any coalition but could give outside support to non-AK Parti formulas.

A coalition with the MHP is the CHP’s first option as well. But they do not sum up to 276 deputies, the number necessary for a vote of confidence. But the MHP reject outright the idea of being in the same coalition with the HDP, or even in a coalition with the CHP if it could survive with the outside support of the HDP.

According to reports, during a meeting of the AK Parti executive body on June 7, an assessment was made that the AK Parti could work in better harmony with the MHP in a coalition but could better produce solutions to Turkey’s problems with the CHP, a typical hearts or minds problem.

The CHP, on the other hand, do not want to share the government with the AK Parti, which they have been accusing of corruption and misconduct for the last 13 years; they need to have some sort of guarantee about the re-opening of certain corruption files, such as those belonging to the four ex-ministers who were forced to resign by Erdoğan late 2013, in order to explain it to AKP’s grassroots.  The CHP is also absolutely against Erdoğan’s interference in politics. That is why Erdoğan’s move to get into contact with CHP’s former leader Deniz Baykal did not make Kemal Kılıçdaroğlu, its current leader, very happy; on the contrary, it triggered a debate within the party, as the move was seen as something making Erdoğan’s involvement a legitimate one.

Despite a clear message by Davutoğlu on June 10, acknowledging that the voters have refused a shift to a presidential system and Turkey must keep moving with the current system, Erdoğan in his first public speech on June 11 after the elections made remarks on the current political situation and coalition talks.

“It is not impossible to get into a coalition with them,” a CHP source who asked not to be named. “But we do not trust them, even if everything is written down in a protocol. They have cheated us before on many occasions.”

But Davutoğlu’s need to also stay in government to keep his party chair in the August congress and be a part of the government could work the same way for Kılıçdaroğlu, who could not reach his elections targets. This is a factor that could empower the logical solution versus the sentimental one. Yet again, it seems it is not going to be very easy.
(hurriyetdailynews.com, June 11, 2015)

Debate heats up over return of former President Gül to AK Party

After the Justice and Development Party (AK Party) failed to obtain a parliamentary majority, rendering it unable to form a single-party government following Turkey's June 7 general election, pro-government figures have started to consider the return of former President Abdullah Gül, a co-founder of the party, to politics as a replacement for Prime Minister Ahmet Davutoğlu.

In addition to discussions in pro-government media outlets, the issue has been the subject of surveys, with Andy-AR -- a pro-government polling company -- finding that support for Gül stood at 76 percent among AK Party supporters.

The discussions about Gül have heated up following speculation concerning snap elections, given that no party achieved the majority needed to establish a single-party government, and coalition possibilities are not promising due to deep ideological divisions.

Andy-AR is known for its controversial findings, showing considerably more electoral support for the AK Party than it achieved on June 7 and showing the pro-Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) as failing to surpass the 10 percent election threshold. The HDP went on to garner roughly 13 percent of the national vote. The recent Andy-AR survey purported to reveal that the downward trend in support for the AK Party could be reversed if Gül takes over as leader of the AK Party, and that support could rebound to over 45 percent.

Fehmi Koru, a pro-government columnist for the Habertürk daily, has asked for Ahmet Davutoğlu's position to be opened up for discussion, saying in his column on Wednesday that "the AK Party's ordinary congress scheduled for this September will be brought forward and a party chairman who will ease the dilemmas that the AK Party has currently will be elected. If Ahmet Davutoğlu is re-elected, objections to his leadership will decrease; however, if someone else is elected as the chairman, then bargains about a coalition government will gain momentum smoothly."

Koru then made a more radical suggestion and asked President Recep Tayyip Erdoğan to leave his lavish and controversial presidential palace, dubbed Ak Saray, which was constructed despite several courts ruling that it was being built illegally. "Because the plans for creating a Turkish-style presidential system were not approved by the public, as indicated by the election results, the presidential palace might be allocated to the prime minister and the president might move to the Çankaya palace -- the former presidential office," Koru suggested.

Koru's comments sparked heated words among pro-government voices with Ahmet Taşgetiren, a columnist for the Yeni Şafak daily, accusing Koru of "dragging Gül into a war" and asking whether Gül was aware of the piece before Koru wrote it.

In reference to former First Lady Hayrünnisa Gül's comments, in which she said she would start a "real intifada" in response to harsh criticism of Abdullah Gül -- which she claimed was worse than that during the notorious 1997 post-modern coup -- Taşgetiren wrote in his column on Thursday: "An intra-party intifada? Don't you dare! It harms everyone [in the AK Party]."

Ahmet Takan, a chief political adviser of Gül when he was prime minister, told Today's Zaman on Thursday that he is certain that Davutoğlu will be forced to leave the Prime Ministry. "However, Erdoğan will do whatever is takes to prevent Gül from controlling the AK Party. But, Gül is also avoiding a public struggle with Erdoğan. He prefers to mobilize secondary elements within and outside the party as well securing the support of the international organizations for his leadership. He is on hold. He is orchestrating a plan to show himself up behind the curtains. He is trying to show that the AK Party is desperately in need of his leadership."

Takan added: "The AK Party has been shattered into pieces [by the election]. Its future will become clear in the following days. There might be resignations as well as orders to form a new political party, a movement started by offended deputies and political actors. In brief, Gül has never been out of the political game and a renewed struggle for the leadership has already begun within the AK Party. But even if Gül reaches his goal and manages to unseat Davutoğlu, his leadership will not be enough to reverse the collapse of the AK Party."

Another covert war between Erdoğan and Davutoğlu

The struggle between Erdoğan and Davutoğlu, exacerbated by the June 7 general election, has taken on another dimension with supporters of both politicians criticizing each other behind the scenes. Former EU Affairs Minister Egemen Bağış, who is among the primary suspects of the Dec. 17, 2013 corruption investigation and currently one of Erdoğan's top advisers, recently harshly criticized Davutoğlu during in a meeting.

Bağış accused Davutoğlu of being responsible for the failure of AK Party in the election, saying that "the chief [Erdoğan] made a great mistake by appointing Davutoğlu as party leader." (TODAY'S ZAMAN, June 11, 2015)

Le gouvernement Davutoglu démissionne, discussions sur une coalition

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accepté mardi la démission du gouvernement d'Ahmet Davutoglu tandis que les tractations sur la formation d'un gouvernement de coalition vont bon train, deux jours après le revers aux législatives de leur parti qui n'a pas obtenu la majorité absolue.

A l'issue d'un entretien entre les deux hommes dans le palais de M. Erdogan, la présidence a annoncé que, conformément à l'usage, le Premier ministre et son équipe resteraient en place "jusqu'à la constitution d'un nouveau gouvernement".

Selon une source proche du gouvernement, M. Davutoglu, chef du parti arrivé en tête au scrutin de dimanche, ne devrait être chargé de former une nouvelle équipe qu'après l'officialisation des résultats, dans les deux semaines.

Au pouvoir depuis treize ans, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a obtenu 40,8% des suffrages et 258 des 550 sièges de députés, en net recul par rapport aux législatives de 2011, quand il avait frôlé les 50%.

Ce résultat a ouvert les tractations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition entre l'AKP et l'opposition, qui s'annonce comme un casse-tête.

Lundi, M. Erdogan a plaidé pour la formation d'une coalition, appelant les partis à préserver la "stabilité" de la Turquie. En cas d'échec des discussions dans les quarante-cinq jours suivant la nomination attendue de M. Davutoglu, il pourrait dissoudre le nouveau Parlement et convoquer des élections anticipées.

Depuis dimanche soir, les conjectures vont bon train sur les scénarios et le visage aux contours très incertains que pourrait prendre le nouveau gouvernement.

Les deux principaux adversaires de l'AKP, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) ont respectivement eu 25% et 16,3% des suffrages, totalisant 132 et 80 sièges.

Grande surprise des élections, le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) et son charismatique chef de file Selahattin Demirtas ont bouleversé le paysage politique turc en réalisant un score historique de 13,1% et en obtenant 80 députés.

Ces trois partis ont jusque-là publiquement exclu toute alliance avec l'AKP. "Ce dont nous sommes sûrs, c'est que nous ne participerons pas à une coalition avec l'AKP", a répété mardi M. Demirtas devant la presse.

- 'Perte de temps' -

Tout au long de leur campagne, les trois partis d'opposition ont vertement dénoncé la dérive autoritaire du parti au pouvoir et de l'homme fort du pays.

Dans ces conditions, un accord, quel qu'il soit, s'annonce très compliqué.

"Ils vont sans doute exiger en premier lieu de M. Davutoglu qu'il s'émancipe du président et le cantonne à ses seules prérogatives constitutionnelles", pronostique à l'AFP Deniz Zeyrek, chef du bureau du quotidien Hürriyet à Ankara. "L'abandon de son projet de présidentialisation du régime sera leur condition sine qua non", pronostique-t-il.

Chef du gouvernement pendant onze ans, président depuis dix mois, M. Erdogan a mis tout son poids dans la bataille des législatives pour défendre la mise en place d'un régime présidentiel fort. Mais la dégringolade de l'AKP, qui devait obtenir 330 députés pour réviser la Constitution, a sonné la fin de son ambition.

Les scénarios alternatifs à une coalition dirigée par l'AKP restent très hypothétiques.

Le chef du CHP Kemal Kiliçdaroglu a évoqué l'idée d'une alliance de l'opposition, car "des élections anticipées ne seront qu'une perte de temps", a-t-il écrit mardi sur Twitter.

Un de ses vice-présidents, Sezgin Tanrikulu, est allé plus loin en préconisant un "gouvernement de restauration" composé des trois partis d'opposition.

Les chances d'une telle coopération semblent toutefois très minces.

Les nationalistes du MHP sont très réticents à s'allier avec le HDP. Ils souhaitent l'arrêt des négociations de paix menées avec les rebelles armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), alors que le parti prokurde a fait de leur relance une de ses priorités.

Reste l'idée d'un gouvernement AKP minoritaire. "C'est l'éventualité la plus lointaine, inutile d'en parler pour le moment", a tranché son vice-président, Mehmet Ali Sahin.

Par ailleurs, de nouvelles violences entre militants kurdes rivaux ont fait trois morts mardi à Diyarbakir (sud-est), dont celle du patron d'une ONG islamiste. Elles interviennent après l'attentat à la bombe qui a fait trois morts et une centaine de blessés vendredi dans la même ville de Diyarbakir, au cours d'une réunion électorale du HDP.
(AFP, 9 juin 2015)

Les scénarios possibles après les élections législatives

Les Turcs ont infligé dimanche un camouflet au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan en ne renouvelant pas, à l'occasion des élections législatives, la majorité absolue que son parti détenait au Parlement depuis treize ans.

Voici les différents scénarios politiques possibles au lendemain de ce scrutin:

- un gouvernement AKP monocolore mais minoritaire

Conformément à la Constitution, M. Erdogan va demander au chef du Parti de la justice et du développement (AKP), arrivé en tête avec 40,8% des voix et 258 des 550 sièges de députés, de former un nouveau gouvernement.

Théoriquement, l'actuel Premier ministre Ahmet Davutoglu peut former une équipe minoritaire, donc forcément instable, et gouverner seul. Mais le chef de l'Etat a exclu cette hypothèse. "Les résultats actuels ne donne l'opportunité à aucun parti de former à lui seul un gouvernement", a-t-il relevé dans sa première réaction post-électorale.

- une coalition des trois partis d'opposition

Sur le papier, elle est parfaitement possible. Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a recueilli 25% des voix et 132 sièges de députés, le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) 16,3% et 80 sièges et le Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde-gauche) 13,1% et 80 sièges. Soit un groupe majoritaire de 292 députés.

"Le CHP est parfaitement capable de former un gouvernement", a déclaré dès dimanche soir Haluk Koç, le porte-parole du parti arrivé deuxième derrière l'AKP.

Mais l'éventualité d'une cohabitation entre les nationalistes et kurdes semble très aléatoire. Proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le HDP soutient le processus de paix entre le gouvernement et son chef Abdullah Öcalan. De son côté, le MHP, qui considère M. Öcalan comme un "terroriste" et défend bec et ongles l'unité de la Turquie, y est franchement opposé.

Reste l'hypothèse d'une autre combinaison avec seulement deux partis. "Une possible coalition CHP-MHP pourrait être soutenue par le HDP au Parlement, qui n'entrerait pas dans le gouvernement", évoque Deniz Zeyrek, du journal Hürriyet.

Autre alliance possible, une alliance CHP-HDP, soutenue au seul Parlement par le MHP.

- une coalition de l'AKP avec un autre parti

C'est l'hypothèse privilégiée par les dirigeants de l'AKP et les éditorialistes. Dimanche soir, M. Davutoglu a clairement fait comprendre qu'il ne cèderait pas le pouvoir. "Cette élection a encore montré que l'AKP était la colonne vertébrale de ce pays", a-t-il lancé.

"Pour l'instant le scénario d'une coalition est la plus vraisemblable", a commenté lundi le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus. Le porte-parole du gouvernement Bülent Arinç a renchéri en affirmant qu"une formation ne ferme jamais la porte" à une alliance avec d'autres partis pour gouverner.

Mais avant les élections, les trois partis d'opposition ont tous refusé l'idée-même d'une coalition avec l'AKP, encore et toujours sous la tutelle d'un président qu'ils ont traité pendant toute la campagne électorale de "dictateur" ou de "voleur"...

- de nouvelles élections

En cas d'échec de toutes les tractations pour constituer un gouvernement dans les prochains 45 jours, le chef de l'Etat peut dissoudre la "Grande assemblée nationale" et convoquer des élections anticipées, dit la Constitution.

Peut-être sous le coup du revers infligé dimanche à son parti favori, la presse gouvernementale a agité dès lundi matin cette hypothèse. "Élections anticipées en vue", a ainsi titré le quotidien Yeni Safak. "Cette dernière option est la plus lointaine", a toutefois tempéré le vice-Premier ministre Kurtulmus.
(AFP, 8 juin 2015)

Tractations pour un gouvernement de coalition, après l'échec du parti d'Erdogan

Les tractations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition se poursuivent mardi en Turquie, où le président Erdogan doit rencontrer son Premier ministre après leur cuisant échec aux législatives.

Au terme d'un scrutin transformé en plébiscite autour de son fondateur, le Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan a perdu dimanche la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement de coalition ou à de nouvelles élections.

Dans une première déclaration écrite, M. Erdogan avait pris acte des résultats, sur un ton conciliant tranchant avec celui de sa campagne, et appelé les partis politiques à agir avec "responsabilité" pour préserver la "stabilité" du pays.

Le chef de l'Etat avait également plaidé pour un gouvernement de coalition, jugeant que le scrutin ne donnait à aucun parti de mandat pour "former un gouvernement seul".

Selon les médias turcs, M. Erdogan doit s'entretenir mardi de la situation politique avec le chef de l'AKP et du gouvernement Ahmet Davutoglu, qu'il devrait formellement charger de former le nouveau gouvernement.

Selon les résultats officiels, l'AKP est arrivé en tête du scrutin de dimanche mais n'a recueilli que 40,8% des suffrages, une dégringolade de près de 10 points par rapport à son score d'il y a quatre ans (49,9%). Il n'a obtenu que 258 des 550 sièges de députés, nettement en dessous de la majorité absolue de 276.

Les trois partis d'opposition ont tous refusé, avant même le scrutin, de former un gouvernement de coalition avec l'AKP mais les spéculations vont déjà bon train.

Plusieurs membres du gouvernement ou responsables de l'AKP se sont déclarés lundi ouverts aux discussions. "C'est le scénario le plus vraisemblable", a estimé le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus.

Si aucun gouvernement n'est constitué dans les 45 jours, M. Erdogan pourrait dissoudre le Parlement et reconvoquer les électeurs devant les urnes.

- 'Le début de la fin' -

Le "tombeur" du parti au pouvoir est le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple), qui a réussi à franchir la barre des 10% imposée pour envoyer des élus au Parlement. Grand vainqueur du scrutin, le mouvement dirigé par Selahattin Demirtas, un "quadra" charismatique et ambitieux, a réuni 13,1% des suffrages et raflé 80 sièges.

Les deux autres principaux concurrents du parti au pouvoir, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), obtiennent 25% et 16,3% des voix et totalisent 133 et 80 sièges.

Ces résultats ont sonné comme une défaite pour M. Erdogan, la première depuis treize ans, et brisé son rêve de perpétuer son règne contesté à la tête du pays.

Elu à la tête de l'Etat il y a dix mois après avoir dirigé le gouvernement pendant onze ans, il a fait campagne pour que l'AKP obtienne les 330 sièges de députés nécessaires à une réforme de la Constitution et à l'instauration d'un régime présidentiel fort.

"Les électeurs n'ont pas approuvé le rôle de plus en plus actif d'Erdogan sur la scène politique turque, ils ont considéré qu'il aurait dû rester impartial", a commenté Ali Carkoglu, professeur de relations internationales à l'université Koç d'Istanbul.

Les rivaux du chef de l'Etat ont salué sa première défaite politique depuis treize ans.

M. Demirtas s'est réjoui de la défaite de "ceux qui veulent l'autoritarisme, qui sont arrogants et se considèrent comme les seuls détenteurs de la Turquie". "C'est le début de la fin pour l'AKP", a même pronostiqué le chef du MHP, Devlet Bahçeli.

Au même moment l'agence de presse Dogan annonçait que l'attentat à la bombe qui a visé vendredi à Diyarbakir (sud-est) un rassemblement du parti kurde HDP avait fait une troisième victime.

Le cuisant revers essuyé aux élections législatives par le parti du président islamo-conservateur a par ailleurs inquiété les marchés financiers qui ont immédiatement sanctionné l'entrée de la Turquie dans une phase d'instabilité politique, inédite depuis 2002.

Après une ouverture catastrophique sur un recul de 8%, le principal indice de la Bourse d'Istanbul a clôturé la journée en retrait de 5%. La livre turque (LT) a elle aussi dégringolé face au dollar (-3,5% à 2,76 LT) et à l'euro (-4% à 3,10 LT), malgré la prompte intervention de la Banque centrale.
(AFP, 9 juin 2015)

Défaite cuisante d'Erdogan, grande victoire du HDP



Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a essuyé un sérieux revers dimanche aux législatives et perdu sa majorité absolue détenue depuis treize ans au Parlement, enterrant de fait ses espoirs de renforcer son règne sans partage sur le pays.

Selon les résultats définitifs, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) est arrivé sans surprise en tête du scrutin mais n'a recueilli que 40,7% des suffrages et 258 sièges de députés sur 550, le contraignant pour la première fois à former un gouvernement de coalition.

Autre première dans le paysage politique turc, le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) a largement franchi la barre des 10% imposée aux partis pour obtenir un siège sur les bancs du Parlement. Avec 13% des voix, il en obtient 79.

"Nous avons remporté une grande victoire (...) ceux qui veulent la liberté, la démocratie et la paix ont gagné, ceux qui veulent l'autoritarisme, qui sont arrogants et qui se considèrent comme les seuls détenteurs de la Turquie ont perdu", a déclaré le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Le HDP comptait déjà 29 sièges dans l'Assemblée sortante. Mais ils avaient été élus sous l'étiquette indépendante pour contourner le seuil obligatoire des 10%. Ces députés n'avaient retrouvé leurs couleurs et formé un groupe qu'une fois en fonction.
 Les deux autres principaux concurrents du parti au pouvoir, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), obtiennent 25,1% et 16,4% des voix et totalisent 132 et 81 sièges.
 Vainqueur de tous les scrutins depuis 2002, le parti AKP se présentait pour la première fois affaibli face aux électeurs, victime du déclin de l'économie et des critiques récurrentes sur la dérive autoritaire de son chef historique.

Ce premier "raté" électoral sonne comme une sévère défaite pour M. Erdogan, qui avait fait de ce scrutin un référendum autour de sa personne.

"L'AKP n'a pas perdu les élections mais Erdogan a perdu tout espoir de faire passer la Turquie à un système présidentiel", a commenté l'universitaire Ahmet Insel.

Lors de son traditionnel "discours du balcon" depuis le siège de son parti à Ankara, le Premier ministre Ahmet Davutoglu s'est efforcé de minimiser l'ampleur de ce revers.

- 'Colonne vertébrale' -

"Cette élection a montré une fois de plus que l'AKP était la colonne vertébrale de ce pays. Personne ne doit essayer de transformer une défaite en victoire", a-t-il lancé devant des milliers de partisans. "Nous allons poursuivre nos efforts pour changer la Constitution avec le soutien d'autres partis", a-t-il promis.

Premier ministre à poigne pendant onze ans, Recep Tayyip Erdogan a été élu haut-la-main président en août dernier et vise depuis la présidentialisation du régime et le renforcement de ses pouvoirs. Pour y parvenir son parti devait totaliser au moins 330 sièges pour faire passer une réforme de la Constitution.

Alors que la Constitution lui impose une stricte neutralité, le chef de l'Etat a fait campagne pendant des semaines en réclamant "400 députés" pour changer le système parlementaire actuel. Ce régime est "un obstacle au changement", a-t-il répété.

Pendant toute la campagne, l'opposition s'est opposé vigoureusement à son projet, qualifié de "dictature constitutionnelle".

"Nous avons mis un terme à ce qui était une ère de répression par des moyens démocratiques", s'est réjoui le président du CHP, Kemal Kiliçdaroglu. "La Turquie a gagné, la démocratie a gagné", a-t-il insisté.

"C'est le début de la fin pour l'AKP", a commenté le chef du MHP, Devlet Bahçeli.

Grand vainqueur de la soirée, le chef de file du parti kurde HDP, Selahattin Demirtas, a réussi son pari. Ce "quadra" charismatique et ambitieux a mené une campagne moderne, très marquée à gauche et anti-Erdogan qui lui a permis d'élargir son audience au-delà de la seule communauté kurde (20% de la population turque).

Sitôt les résultats confirmés, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Diyarbakir, la "capitale" kurde du sud-est de la Turquie, pour célébrer la victoire du HDP en agitant des drapeaux et en klaxonnant.

La campagne a été marquée par de nombreuses violences, visant pour l'essentiel le HDP. Vendredi soir, un attentat à la bombe contre une réunion publique du HDP à Diyarbakir a fait deux morts et plusieurs centaines de blessés.


CHRONOLOGIE: La Turquie depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP

Principales évolutions en Turquie depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur):

--2002--

L'AKP remporte les élections législatives (3 novembre), balayant une classe politique minée par les scandales et une crise financière. C'est la fin d'une ère d'instabilité mais aussi le début de l'inquiétude des milieux laïcs.

--2004--

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan entreprend des réformes démocratiques et brise un tabou en autorisant le kurde à la télévision publique. Il obtient en octobre 2005 l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne.

--2007--

Au printemps, l'AKP veut faire élire son candidat à la présidence de la République, suscitant une grave crise. L'armée menace d'intervenir en cas d'atteinte à la laïcité.

En juillet, l'AKP remporte des législatives anticipées et, le 28 août, les députés élisent l'un de ses fondateurs, Abdullah Gül, comme président. Son épouse est voilée --une première-- comme celle de M. Erdogan.

Le gouvernement parvient ensuite à mettre progressivement au pas les militaires, auteurs de trois coups d'Etat depuis 1960. Des centaines d'officiers seront lourdement condamnés par la justice en 2012 et 2013.

--2008--

Pour satisfaire une revendication emblématique de l'islam politique en Turquie, les députés veulent libéraliser le port du voile et amendent la Constitution afin de l'autoriser à l'université (9 février).

Mais la Cour constitutionnelle annule l'amendement le 5 juin et l'AKP échappe de justesse à une procédure d'interdiction pour "activités allant à l'encontre de la laïcité" (30 juillet).

Le voile entre néanmoins à l'université dès 2010, dans la fonction publique et au Parlement (2013) puis les lycées (2014), suscitant la colère des opposants au régime.

--2011--

En juin, l'AKP remporte sa troisième victoire d'affilée aux législatives avec près de 50% des voix. Erdogan entame un nouveau mandat, le dernier selon les règles de son parti.

--2012--

Le 22 juin, un avion de chasse turc est abattu par la défense anti-aérienne syrienne. D'autres incidents suivront, alors qu'Ankara a rompu avec le régime de Damas dès le début de la révolte en mars 2011 et soutient la rébellion et accueille de nombreux réfugiés syriens (quelque deux millions en 2015).

--2013--

Abdullah Öcalan, chef emprisonné des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont la guérilla a fait plus de 40.000 morts depuis 1984, annonce en mars un cessez-le-feu unilatéral, globalement respecté depuis, dans le cadre de difficiles pourparlers ouverts en 2012 avec le gouvernement.

Le 31 mai, la contestation d'un projet d'aménagement urbain à Istanbul vire en fronde antigouvernementale. Pendant trois semaines, 3,5 millions de Turcs défilent. Le régime reprend la main au prix d'une violente répression (au moins huit morts).

Mi-décembre éclate un scandale de corruption qui éclabousse le sommet de l'Etat. M. Erdogan riposte en déclarant la guerre à ses anciens alliés de la confrérie de l'imam Fethullah Gülen, accusés de complot.

--2014--

Pour juguler le scandale de corruption, le gouvernement se raidit et multiplie les purges anti-Gülen dans la police et la justice, fait voter des lois pour mieux contrôler magistrats et internet et bloque momentanément Twitter et YouTube.

Il renoue aussi spectaculairement avec l'armée qui obtient la révision des grands procès d'officiers. Le scandale finira sur un non-lieu général (17 octobre).

L'AKP remporte les municipales en mars (45%) malgré une contestation persistante, ravivée par la pire catastrophe industrielle du pays dans la mine de Soma le 13 mai (301 morts).

Le 10 août, M. Erdogan est élu président dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel avec 52% des voix.

--2015--

L'AKP arrive en tête des élections législatives, mais perd la majorité absolue qu'elle détenait au Parlement depuis 2002. Ce résultat sonne la fin des ambitions de M. Erdogan, qui souhaitait réformer la Constitution pour instaurer un régime présidentiel.

Erdogan, le "sultan" ébranlé



Aussi adulé que détesté, il régnait depuis treize ans sur la Turquie. Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a essuyé dimanche aux législatives son premier sérieux revers politique, qui compromet ses rêves de domination sans partage.

A 61 ans, M. Erdogan reste de très loin le chef politique le plus populaire et le plus charismatique de son pays depuis Mustafa Kemal Atatürk, l'emblématique père de la République laïque. Mais sa volonté de recréer une "superprésidence" à l'image de celle de son lointain prédécesseur s'est brisée pour longtemps.

Depuis son élection haut-la-main en août dernier, le nouveau chef de l'Etat n'a eu de cesse de reprendre la barre du pays à son successeur à la tête du gouvernement, le Premier ministre Ahmet Davutoglu, en réformant la Constitution pour renforcer ses prérogatives.

"Les électeurs turcs lui ont clairement signifié qu'ils n'approuvaient pas le passage à un régime présidentiel", a commenté dimanche soir l'analyste politique et universitaire Seyfettin Gürsel sur la chaîne CNN-Türk.

Arrivé à la tête du gouvernement en 2003 sur les ruines d'une grave crise financière, M. Erdogan est loué par ses partisans comme l'homme du miracle économique et des réformes qui ont libéré la majorité religieuse et conservatrice du pays du joug de l'élite laïque et des interventions politiques de l'armée.

Mais depuis deux ans, il est aussi devenu la figure la plus critiquée de Turquie, cette fois par ceux qui lui reprochent sa dérive autocratique et islamiste.

Luxueux, gigantesque et extravagant, le palais de 500 millions d'euros dans lequel il a emménagé à l'automne dernier est devenu le symbole de la "folie des grandeurs" et de la "corruption" que lui reprochent ses détracteurs.

Fils d'un officier des garde-côtes, M. Erdogan se targue pourtant volontiers de ses origines modestes.

- Un nouveau 'sultan' -

Élevé dans le quartier populaire de Kasimpasa à Istanbul, éduqué dans un lycée religieux, vendeur de rue, "Tayyip" a un temps caressé le rêve d'une carrière de footballeur, avant de se lancer en politique dans la mouvance islamiste.

Elu maire d'Istanbul en 1994, il triomphe en 2002 lorsque son AKP remporte les législatives et devient Premier ministre un an plus tard, une fois amnistiée une peine de prison qui lui avait été infligée pour avoir récité en public un poème religieux.

Pendant des années, son modèle de démocratie conservatrice, alliant capitalisme libéral et islam modéré, enchaîne les succès, dopé par la croissance "chinoise" de son économie et sa volonté d'entrer dans l'Union européenne (UE).

Réélu en 2007 puis en 2011, avec près de 50% des voix, il se prend alors à rêver de rester au pouvoir jusqu'en 2023 pour célébrer le centenaire de la République turque.

Mais ce scénario se complique en juin 2013. Pendant trois semaines, plus de trois millions et demi de Turcs exigent sa démission dans la rue en lui reprochant sa main de fer et une politique de plus en plus ouvertement "islamiste".

Le chef du gouvernement répond par une répression sévère des "pillards" et des "terroristes" qui le contestent, mais son crédit démocratique en prend un sérieux coup.

Dénoncé comme un "dictateur" dans la rue pendant les émeutes de juin 2013, il est considéré comme un "voleur" depuis sa mise en cause, en décembre 2013, dans un scandale de corruption sans précédent qui a fait trembler son régime sur ses bases.

Depuis cette date, il n'a plus quitté la même rhétorique, clivante et provocatrice.

Tout au long de la campagne, celui que ses partisans appellent volontiers le "sultan" ou le "grand maître" s'est à nouveau illustré par ses violentes diatribes.

Parmi ses cibles favorites, l'opposition bien sûr, son ex-allié l'imam Fethullah Gülen et aussi les grands médias étrangers comme le New York Times américain ou la BBC britannique, élevés au rang d'"ennemis" de la "nouvelle Turquie". Autant de sorties qui ont encore inquiété un peu plus ses détracteurs.
(AFP, 7 juin 2015)




La Turquie vote pour élire ses députés et décider du sort d'Erdogan

Les électeurs en Turquie ont commencé à voter dimanche pour élire leurs députés dans un scrutin déterminant pour l'avenir du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui espère une très large victoire de son parti, au pouvoir depuis treize ans, pour renforcer son emprise de plus en plus contestée sur le pays.

Près de 54 millions d'électeurs sont appelés aux urnes, ouvertes de 8h00 à 17h00 (5h00 à 14h00 GMT), au terme d'une campagne électorale sous tension après un attentat à la bombe qui a fait deux morts et une centaine de blessés parmi les partisans du principal parti kurde dans son fief de Diyarbakir (sud-est).

Les résultats seront connus en soirée et devraient se solder par une nouvelle victoire du Parti de la justice et du développement (AKP), qui a remporté l'un après l'autre tous les scrutins depuis 2002.

L'ampleur de son succès s'annonce crucial pour M. Erdogan, qui joue son va-tout dans cette élection.

Premier ministre à poigne pendant onze ans, il a été élu chef de l'Etat en août dernier et a rendu sur le papier les clés de l'exécutif et du parti à son successeur, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Mais, bien décidé à garder les rênes du pays, il milite depuis pour la présidentialisation du régime et le renforcement de ses pouvoirs.

Malgré les critiques, il a ouvertement fait campagne pour "sa" réforme et son parti, contre la lettre de la Constitution qui lui impose un strict devoir de neutralité.

A la veille du scrutin, le chef de l'Etat a une dernière fois défendu samedi à Ardahan (est) ses convictions et étrillé l'opposition qui, a-t-il dit, "cherche à arrêter la Nouvelle Turquie en marche".

Pour réussir son opération, M. Erdogan a besoin d'un raz-de-marée électoral. Si l'AKP rafle les deux tiers (367) des 550 sièges de députés, il pourra voter seul la réforme constitutionnelle qui renforce ses prérogatives. S'il n'en obtient que 330, il pourra la soumettre à référendum. Sinon, son ambition s'écroulera.

"L'issue de ce vote va probablement fixer les règles de la vie politique turque pour les années à venir", a commenté le politologue Sinan Ulgen, du Centre d'études des affaires économiques et diplomatiques (Edam) d'Istanbul.

Même si elles sont à prendre avec précaution, les enquêtes d'opinion suggèrent que M. Erdogan pourrait perdre son pari.

- 'Se débarrassser de Tayyip Erdogan

"J'espère que cette élection sera la bonne et que nous pourrons nous débarrasser de +Tayyip+ et de sa bande", a déclaré à l'AFP Ergin Dilek, un ingénieur de 42 ans venu voter avec son épouse dans le quartier résidentiel de Yildiz, à Ankara, qui vote traditionnellement pour l'opposition.

Tout en restant très populaire, l'AKP a vu son aura pâlir, victime du récent ralentissement de l'économie, jusque-là sa principale vitrine, et des critiques récurrentes sur sa dérive autoritaire. Les derniers sondages créditent le parti au pouvoir de 40 à 42% des voix, en net repli par rapport aux 49,9% récoltés il y a quatre ans.

Le principal parti kurde, le Parti démocratique du peuple (HDP), constitue le principal obstacle sur la route de M. Erdogan.

S'il franchit la barre des 10% des voix, requise pour entrer au parlement, le HDP devrait obtenir une cinquantaine de sièges de députés et ainsi priver l'AKP de la majorité qualifiée qu'il convoite.

"Si le HDP entre au parlement, il bouleverse le jeu", résume Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union européenne à Ankara qui est aujourd'hui analyste à la fondation Carnegie Europe.

A gauche, moderne et tourné vers les minorités, le parti kurde est emmené par un "quadra" charismatique, Selahattin Demirtas, qui espère profiter de son statut de "faiseur de rois" pour élargir son audience traditionnelle.

"Je ne suis pas d'origine kurde mais j'ai décidé de voter HDP pour que l'AKP ait moins de sièges", a confié à l'AFP Ilker Sorgun, un électeur d'Ankara venu voter à l'ouverture des urnes.

Les deux autres grands partis d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) ont dénoncé pendant toute la campagne la volonté de M. Erdogan d'instituer une "dictature constitutionnelle" et espèrent priver l'AKP de sa majorité absolue.

Fin de campagne législative tendue en Turquie après un attentat contre le parti kurde

Le gouvernement islamo-conservateur et l'opposition turques ont conclu samedi leur campagne pour les élections législatives dans un climat tendu, au lendemain d'un attentat mortel qui a visé le principal parti kurde, élevé au rang d'arbitre du scrutin.

Les ténors des quatre principaux partis, comme l'incontournable président Recep Tayyip Erdogan, ont une dernière fois déroulé leurs slogans et harangué leurs partisans, au lendemain d'un attentat à la bombe qui a fait deux morts et plus d'une centaine de blessés à Diyarbakir lors d'une réunion publique du Parti démocratique du peuple (HDP).

Les premiers éléments de l'enquête ont confirmé l'origine criminelle de la double explosion, un temps attribuée à un transformateur électrique.

Devant la presse, le ministre de l'Agriculture Mehdi Eker, originaire de la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, a rapporté que les deux détonations avaient été causées par "des charges de TNT" et déclenchées par un téléphone portable.

Selon M. Eker, 80 personnes étaient toujours hospitalisées, pour la plupart blessées par des éclats de métal et les billes métalliques contenues dans les engins. L'état de huit d'entre elles était toujours considéré comme sérieux, a-t-il ajouté.

Cette attaque a été unanimement condamnée comme une "provocation". Mais au terme d'une campagne électrique, elle n'a fait que relancer la controverse entre les principales forces politiques, signe des enjeux du scrutin de dimanche.

Au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) en est donné favori. Mais, victime du déclin de l'économie et des critiques récurrentes sur sa dérive autoritaire, son règne sans partage est pour la première fois menacé.

M. Erdogan a lui-même ajouté aux tensions en transformant l'élection en référendum autour de sa personne. Pendant des semaines, il a fait campagne pour que l'AKP décroche plus de 330 des 550 sièges de députés nécessaires à une réforme de la Constitution qui renforcerait ses pouvoirs de président.

Dans cette course aux suffrages, le HDP a été promu au rang de "faiseur de rois".

S'il franchit la barre des 10% des voix, requise pour entrer au parlement, il devrait obtenir une cinquantaine de sièges de députés et ainsi priver l'AKP des 330 sièges qu'il convoite. Les enquêtes d'opinion les plus audacieuses pronostiquent même que le HDP pourrait faire perdre sa majorité absolue à l'AKP.

Ce rôle de pivot a fait du parti kurde la cible de nombreuses attaques, parfois violentes, depuis le début de la campagne.

Après l'attentat de Diyarbakir, le chef de file du HDP Selahattin Demirtas a ordonné à ses troupes de garder leur calme. Mais il a accusé le pouvoir d'en porter la responsabilité et assuré qu'il ne cèderait pas face aux "menaces".

"Cela fait deux mois que le HDP est pris pour cible et décrit comme un traître à la patrie (...) le président de la République et le Premier ministre voulaient démontrer que le HDP a mérité ce qu'il lui arrive", a-t-il dénoncé à Istanbul.

En meeting dans son fief de Konya (centre), le chef de l'AKP et du gouvernement Ahmet Davutoglu a promis de "tout faire" pour retrouver les auteurs de l'attentat. "Personne ne pourra changer le destin de ces élections par la menace", a-t-il assuré.

Sur le ton plus accusateur qu'il affectionne, M. Erdogan a attribué l'attaque aux "ennemis" du pays, citant pèle-mêle les rebelles du Partis des travailleurs du Kurdistan (PKK), proches du HDP, sa bête noire l'imam Fethullah Gülen et le "lobby arménien".

Faisant à nouveau fi de la neutralité que lui impose la Constitution, il a étrillé l'opposition qui, a-t-il dit, "cherche à arrêter (...) la Nouvelle Turquie en marche".

Un peu isolé, seul le chef du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a pris ses distances avec les événements de Diyarbakir.

"Le dollar s'envole, le chômage aussi (...) 17 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté", a-t-il martelé à Istanbul, "la Turquie a besoin d'un nouveau programme économique et d'un gouvernement de confiance".
(AFP, 7 juin 2015)

Clés pour suivre ce scrutin et quelques chiffres




Les électeurs élisent dimanche leurs députés à l'occasion d'élections législatives incertaines, qui devraient aussi décider du sort de la présidentialisation du régime ardemment souhaitée par leur chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan.

- les chiffres

Selon le Haut-conseil électoral (YSK), un total de 53.765.231 électeurs de Turquie (pour une population de 77,6 millions d'habitants) sont appelés aux urnes dimanche, un chiffre en hausse d'un million depuis la présidentielle d'août dernier. 2.867.658 citoyens turcs résidant à l'étranger ont déjà voté ces dernières semaines. Les plus de 174.000 bureaux de vote seront ouverts de 8h à 17h locales (5h-14h GMT).

- le mode de scrutin

Les députés turcs sont élus en un seul tour au scrutin de liste dans chacune des 81 provinces du pays. Les sièges y sont attribués proportionnellement au nombre de voix qu'ils obtiennent, selon un système appelé loi d'Hondt.

Mais, afin de favoriser des majorités stables, seuls les partis qui réunissent plus de 10% des suffrages au niveau national participent à cette répartition. Très critiqué car injuste, ce système existe dans d'autres pays européen, où le plancher de représentation est toutefois limité à 5%. En 2007 par exemple, il avait permis à l'AKP de M. Erdogan d'enlever 62% des sièges (341) avec seulement 46,5% des voix.

- les forces politiques en présence

Si le YSK a officiellement enregistré 37 partis pour ces élections, seuls quatre d'entre eux sont susceptibles de faire leur entrée au Parlement.

Au pouvoir depuis 2002, l'AKP a remporté l'un après l'autre tous les scrutins disputés en Turquie et même renforcé ses positions à chaque législative (34,2% en 2002, 46,5% en 2007 puis 49,9% en 2011). Il reste largement favori mais, affaibli par le récent déclin de l'économie, en net recul (40 à 45% des intentions de vote).

Héritier du père-fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) dénonce à tour de bras la dérive autoritaire et islamiste de M. Erdogan. Mais il souffre de l'absence d'un chef emblématique. Il est crédité de 25 à 28% des suffrages, en légère hausse par rapport à 2011.

Très à droite, le Parti de l'action nationaliste (MHP) espère profiter de l'effritement de la base conservatrice de l'AKP, qui voit d'un mauvais oeil les négociations engagées par le gouvernement avec les rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les enquêtes d'opinion lui prédisent un score de 15 à 18%, en hausse.

Porte-voix politique du peuple kurde (20% de la population turque), le Parti démocratique du peuple (HDP) est déterminé à franchir le seuil de 10% des voix grâce aux voix de la communauté kurde, déçue des promesses non tenues de M. Erdogan sur le processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). A gauche, moderne et tourné vers toutes les minorités, il compte aussi sur la popularité de son jeune chef Selahattin Demirtas, qui a obtenu 9,7% lors de la présidentielle de 2014.

- l'élection de 2011 et la composition actuelle du Parlement

Lors des précédentes législatives, l'AKP avait obtenu 49,83% des suffrages au niveau national, devant le CHP (25,98%) et le MHP (13,01%). Le Parlement sortant se compose de 311 députés AKP, 125 du CHP, 52 du MHP, 29 du HDP (élus sous l'étiquette indépendante) et 18 non inscrits. Quinze sièges sont par ailleurs vacants.
(AFP, 7 juin 2015)

7 juin: La Turquie devant un choix crucial

Par Piotr Moszynski

Les Turcs se rendent aux urnes le dimanche 7 juin pour élire un nouveau Parlement, dont dépendra la composition du nouveau gouvernement. L’équipe islamo-conservatrice du parti AKP du président Recep Tayyip Erdogan est au pouvoir depuis treize ans. Elle se présente aux élections législatives en favorite, mais affaiblie.

L’AKP se présente aux élections dans un contexte de ralentissement de l’économie et des critiques qui visent la dérive autoritaire de son leader historique, le président Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci compte sur une nette victoire électorale de son parti pour instaurer un régime présidentiel autoritaire.

La nature de l’Etat en jeu

Ce qui est donc clairement en jeu, c’est la nature même de l’Etat turque. De l’avis de l’historien et politologue Samim Akgönül, enseignant chercheur à l’Université de Strasbourg et au CNRS, il s’agit de « petites élections législatives qui peuvent avoir des conséquences lourdes pour le régime ». Il rappelle que « le régime en Turquie est certes parlementaire, avec un président de la République qui a des prérogatives sans avoir de responsabilités ». Mais comme il s’agit, dans le cas de Recep Tayyip Erdogan, d’un « homme fort d'un mouvement politique » et « qu'il a été Premier ministre pendant onze ans et qu'il est devenu président au suffrage universel pour la première fois », il n’est pas surprenant de le voir éprouver la tentation de « changer ce régime en véritable régime présidentiel où il n’y aura pas d’équilibre de pouvoir ». Pour Samim Akgönül, si l’AKP obtient au moins 330 sièges au Parlement sur 550, le changement du régime en ce sens sera « le véritable résultat de ces élections ».

Un nouvel acteur sur la scène politique

Et pourtant, ce résultat est encore loin d’être assuré. En effet, les islamo-conservateurs doivent affronter un nouvel acteur sur la scène politique, le mouvement HDP (le Parti démocratique des peuples). Issu d’un parti prokurde, il est devenu une coalition hétéroclite de mouvances de gauche diverses et variées, rassemblées autour des idées de la liberté et de la démocratie.

Selon Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales, « ce mouvement, c’est un peu le début d’une restructuration du paysage politique turque ». Pour la chercheuse, deux ans après les grandes manifestations qui avaient agité la Turquie, « on a d’une certaine façon enfin une force politique qui a compris qu’il y avait un terrain à occuper sur l’idée des valeurs démocratiques, des droits de l’homme, d’une Turquie plus égalitaire, d’une Turquie qui serait débarassée des enjeux strictement religieux et communautaires ».

L’enjeu majeur : le seuil de 10%

Cela dit, un obstacle majeur se dresse devant le HDP. En effet, la loi électorale turque impose à un parti de réunir plus de 10% des voix au niveau national pour entrer au Parlement, seuil parmi les plus élevés au monde. Si le HDP réussissait à le franchir, les conséquences politiques pourraient être multiples. D’abord, observe Samim Akgönül, « il y aurait certainement une coalition ». Autrement dit, l’AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne pourrait plus gouverner tout seul. Dans ce cas de figure, qui pourrait former une coalition avec qui ? « Oh, j’ai une petite idée », remarque Samim Akgönül : « certainement, le parti islamiste au pouvoir avec le parti ultranationaliste peuvent très bien former un gouvernement de coalition ».

Ensuite, à moyen terme, observe le chercheur, « il est sûr et certain que la Turquie a besoin d’une nouvelle Constitution démocratique et pluraliste, d’une décentralisation, et de changer la loi électorale, la loi sur les partis, sur les associations, pour qu’elle puisse devenir un pays véritablement démocratique ». Enfin, si le HDP réussit son pari électoral, le projet de « présidentialisation » du régime, cher à Recep Tayyip Erdogan, sera sans doute compromis. Le choix entre ces différentes options, essentielles pour l’avenir du pays, appartient aux seuls Turcs. Ils le feront lors du vote du dimanche 7 juin. (
www.rfi.fr)

La Turquie vote dimanche pour des législatives-test pour le parti d'Erdogan



Le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis treize ans se présente en favori mais affaibli aux élections législatives de dimanche en Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdogan veut profiter pour perpétuer son règne contesté sur le pays.

Auteur d'un grand chelem électoral inédit depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) est assuré d'arriver en tête au soir du 7 juin. Mais son étoile a sérieusement pâli, victime du ralentissement de l'économie et des critiques, tant en Turquie qu'à l'étranger, qui visent sa dérive autoritaire.

Les sondages sont à prendre avec précaution mais la plupart situent l'AKP entre 40 et 42% des intentions de vote, en recul par rapport aux 50% récoltés aux législatives de 2011, au point pour les plus pessimistes de menacer sa majorité absolue.

Premier ministre à poigne pendant onze ans, M. Erdogan a été élu chef de l'Etat en août dernier et a rendu sur le papier les clés de l'exécutif et du parti à son successeur, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.

Mais, bien décidé à garder la barre du pays, il milite depuis pour la "présidentialisation" du régime et a fait du scrutin du 7 juin un référendum pour ou contre ses ambitions.

Contre l'esprit de la Constitution qui lui attribue un rôle "au-dessus des partis", le chef de l'Etat a pris la tête de son camp et fait ouvertement campagne, à raison de plusieurs discours par jour, pour un changement de Constitution.

Le régime actuel est "un obstacle au changement" et fait de la Turquie "une voiture qui tousse car son réservoir est vide", a-t-il répété à longueur de discours, "il faut donner 400 députés au parti qui défend le système présidentiel".

Car pour réussir son opération, M. Erdogan a besoin d'un raz-de-marée électoral. Si l'AKP rafle les deux tiers (367) des 550 sièges de députés, il pourra voter seul la réforme qui renforce les pouvoirs du chef de l'Etat. S'il n'en obtient que 330, il pourra la soumettre à référendum. Sinon, son ambition s'écroulera.

Dans cette course aux voix, le score du principal mouvement kurde, le Parti démocratique du peuple (HDP), constitue l'enjeu essentiel d'un scrutin qui impose à un parti de réunir plus de 10% des voix au niveau national pour entrer au Parlement.

- Les Kurdes faiseurs de roi -

"Si le HDP franchit ce niveau, il sera impossible au parti au pouvoir de récupérer 330 sièges et de changer la Constitution. S'il ne le passe pas, ses voix seront redistribuées et l'AKP finira avec une large majorité", résume Soli Özel, professeur de sciences politiques de l'université Kadir Has d'Istanbul, "le HDP est un acteur incontournable".

Jusque-là grosse pourvoyeuse de voix de l'AKP, la minorité kurde, qui réunit 20% de la population du pays, pourrait cette fois lui préférer le HDP, anticipent les analystes.

Bien décidée à le faire trébucher, l'opposition a concentré ses attaques contre le "sultan" Erdogan et ses projets de réforme, qu'elle qualifie de "dictature constitutionnelle".

Comme le HDP, les deux autres grands partis d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) ont aussi mis l'accent sur le récent ralentissement de l'économie du pays.

La page du "miracle" turc semble aujourd'hui tournée. Le chômage est à son plus haut depuis cinq ans, l'inflation élevée, la devise fragilisée par rapport au dollar et à l'euro et la croissance atone à moins de 3%, loin des années "chinoises" à plus de 8%.

"Pendant dix ans, la Turquie a connu une croissance élevée (...) qui a été bien partagée", note l'économiste Seyfettin Gürsel, de l'université Bahçesehir d'Istanbul. "Nous sommes aujourd'hui entrés dans un cycle de croissance faible qui ne permet plus de réduire les inégalités", ajoute-t-il, "il est clair que l'AKP va perdre des électeurs".

En difficulté sur ce qui était autrefois un atout, M. Erdogan a puisé dans le registre de la fierté nationale et de la religion. Quand ses rivaux ont promis de relever le salaire minimum, il a vanté les réalisations de son camp sur le thème "ils parlent, nous faisons" et exalté la grandeur passée de l'Empire ottoman, Coran à la main.

Mais cette personnalisation du scrutin et la rhétorique partisane du président, de plus en plus virulente contre ses adversaires et les médias, n'ont pas rassuré ses troupes.

Au sein-même de son camp, certains ont déploré son "arrogance". "Le 8 juin, la Turquie pourrait bien se réveiller avec un gouvernement de coalition", a résumé un éditorialiste bien en cour, Abdulkadir Selvi, dans le quotidien Yeni Safak. (AFP,
Philippe ALFROY, 2 juin 2015)

La Turquie depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP (REPERES)

Principales évolutions en Turquie depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur):

--2002--

L'AKP remporte les élections législatives (3 novembre), balayant une classe politique minée par les scandales et une crise financière. C'est la fin d'une ère d'instabilité mais aussi le début de l'inquiétude des milieux laïcs.

--2004--

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan entreprend des réformes démocratiques et brise un tabou en autorisant le kurde à la télévision publique. Il obtient en octobre 2005 l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne.

--2007--

Au printemps, l'AKP veut faire élire son candidat à la présidence de la République, suscitant une grave crise. L'armée menace d'intervenir en cas d'atteinte à la laïcité.
En juillet, l'AKP remporte des législatives anticipées et, le 28 août, les députés élisent l'un de ses fondateurs, Abdullah Gül, comme président. Son épouse est voilée --une première-- comme celle de M. Erdogan.
Le gouvernement parvient ensuite à mettre progressivement au pas les militaires, auteurs de trois coups d'Etat depuis 1960. Des centaines d'officiers seront lourdement condamnés par la justice en 2012 et 2013.

--2008--

Pour satisfaire une revendication emblématique de l'islam politique en Turquie, les députés veulent libéraliser le port du voile et amendent la Constitution afin de l'autoriser à l'université (9 février).

Mais la Cour constitutionnelle annule l'amendement le 5 juin et l'AKP échappe de justesse à une procédure d'interdiction pour "activités allant à l'encontre de la laïcité" (30 juillet).

Le voile entre néanmoins à l'université dès 2010, dans la fonction publique et au Parlement (2013) puis les lycées (2014), suscitant la colère des opposants au régime.

--2011--

En juin, l'AKP remporte sa troisième victoire d'affilée aux législatives avec près de 50% des voix. Erdogan entame un nouveau mandat, le dernier selon les règles de son parti.

--2012--

Le 22 juin, un avion de chasse turc est abattu par la défense anti-aérienne syrienne. D'autres incidents suivront, alors qu'Ankara a rompu avec le régime de Damas dès le début de la révolte en mars 2011 et soutient la rébellion et accueille de nombreux réfugiés syriens (quelque deux millions en 2015).

--2013--

Abdullah Öcalan, chef emprisonné des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont la guérilla a fait plus de 40.000 morts depuis 1984, annonce en mars un cessez-le-feu unilatéral, globalement respecté depuis, dans le cadre de difficiles pourparlers ouverts en 2012 avec le gouvernement.

Le 31 mai, la contestation d'un projet d'aménagement urbain à Istanbul vire en fronde antigouvernementale. Pendant trois semaines, 3,5 millions de Turcs défilent. Le régime reprend la main au prix d'une violente répression (au moins huit morts).

Mi-décembre éclate un scandale de corruption qui éclabousse le sommet de l'Etat. M. Erdogan riposte en déclarant la guerre à ses anciens alliés de la confrérie de l'imam Fethullah Gülen, accusés de complot.

--2014--

Pour juguler le scandale de corruption, le gouvernement se raidit et multiplie les purges anti-Gülen dans la police et la justice, fait voter des lois pour mieux contrôler magistrats et internet et bloque momentanément Twitter et YouTube.

Il renoue aussi spectaculairement avec l'armée qui obtient la révision des grands procès d'officiers. Le scandale finira sur un non-lieu général (17 octobre).

L'AKP remporte les municipales en mars (45%) malgré une contestation persistante, ravivée par la pire catastrophe industrielle du pays dans la mine de Soma le 13 mai (301 morts).

Le 10 août, M. Erdogan est élu président dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel avec 52% des voix.

--2015--

L'AKP est favori des législatives du 7 juin mais le ralentissement de l'économie pourrait éroder sa domination au Parlement. M. Erdogan, qui souhaite instaurer un régime présidentiel à sa main, a besoin d'au moins 330 députés pour changer la Constitution.


La campagne électorale s'invite dans les toilettes présidentielles

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 26 mai 2015 à Hakkari, dans l'est de la Turquie © AFP/Archives - STR
La campagne des élections législatives turques du 7 juin a fait lundi un détour inattendu par les commodités présidentielles, lorsque le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan a mis le chef de l'opposition au défi de prouver que le siège de ses toilettes était... en or.

Inédite, la polémique politico-sanitaire a été lancée par le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) Kemal Kiliçdaroglu qui, ce week-end, a pris pour cible le gigantesque et luxueux palais de M. Erdogan, signe selon lui de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire de l'homme fort du pays.

Lors d'une réunion publique samedi à Izmir (ouest), il a dénoncé ces "messieurs d'Ankara" pour lesquels on a "construit des palais, livré des avions, acheté des voitures Mercedes (...) et des sièges en or (pour recouvrir) les toilettes".

Lors d'un entretien dimanche soir sur la télévision publique TRT, M. Erdogan a très sérieusement répondu aux allégations de son adversaire en l'invitant à les vérifier in situ.

"Je l'invite venir faire une visite (...) je me demande s'il sera capable de trouver un couvercle de toilettes en or dans une salle de bains", s'est amusé le chef de l'Etat. "Si c'est le cas, je démissionnerai de la présidence", a ajouté M. Erdogan, goguenard.

Tout aussi sérieuse, la présidence de la République a fait savoir lundi qu'elle avait envoyé une invitation officielle à M. Kiliçdaroglu.

Inauguré à l'automne dernier, le nouveau palais présidentiel, qui compte un millier de pièces et coûté 490 millions d'euros, est l'une des cibles favorites des détracteurs du président islamo-conservateur.

Au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan se présente en favori mais affaibli aux législatives de dimanche. L'actuel chef de l'Etat espère y obtenir une forte majorité pour réformer à sa main la Constitution. (AFP, 1 juin 2015)

Forces armées/Armed Forces

Turkish army reluctant over government will to intervene in Syria

Turkey’s government wants more active military action to support the Free Syrian Army (FSA) against the regime, Kurdish and jihadist forces in Syrian territory, but the military is reluctant to do so, playing for time as the country heads for a new coalition government, official sources told the Hürriyet Daily News.

According to the HDN sources, who asked not to be named, the “active support” which Prime Minister Ahmet Davutoğlu government has been seeking from the military ranges from long-range artillery fire (not only in retaliatory terms) against the Islamic State of Iraq and Levant (ISIL) positions in Syrian territory to air operations and entering Syria with land forces to secure a strip along the Turkish border.

One source explained the “need” as to “prevent more clashes between the ISIL and the Kurdish forces led by the Democratic Union Party (PYD), prevent the PYD from taking full control over the Turkish-Syrian border and create a safe zone against a new wave of refugees on Syrian territory, no longer in Turkey.”

Chief of General Staff Gen. Necdet Özel has delayed the government directive with justifications of international law and politics and the uncertainty of reactions from the Bashar al-Assad regime in Syria, as well as from its supporters Russia and Iran, together with the United States.

The government has been conducting dialogue since then to convince the army on its plans.

The contacts with the Americans have provided limited to U.S.-led coalition attacks on ISIL – limited because Turkey has not opened the İncirlik air base in Adana yet, meaning the jets are taking off from Kuwait and Qatar.

In that context, the actions against ISIL and its contacts with the Syrian regime was discussed between Turkish Foreign Ministry Undersecretary Feridun Sinirlioğlu and Russian President Vladimir Putin’s Middle East and Africa special envoy, Mikhail Bogdanov, on June 24 in Ankara. The sources said Russia has acknowledged that there could be cooperation between al-Assad and ISIL forces (especially after a series of meetings with them on May 28-31 in Haseke near the Turkish border) regarding the recent westward attack by ISIL and agreed to talk about the situation with Damascus. But there is no information showing that Russia would turn a blind eye to Turkey’s active military intervention in Syria.

The situation in Syria, including the fate of al-Assad, was discussed between Putin and Turkish President Tayyip Erdoğan in Baku on June 15, but the key meeting in Ankara with the Turkish decision-makers was held three days later on June 18.

According to the HDN sources, Davutoğlu suggested that it could be time for Turkey to intervene in the situation in Syria, especially targeting the town of Jarabulus based on the assessments of the National Intelligence Organization (MİT) that ISIL could launch new attacks from there, especially after the PYD’s taking of Tel Abyad from ISIL on June 16.

Özel said he needed a written directive for that. When Davutoğlu could not convince Özel that the earlier motion by the parliament would be enough, he asked his office to produce a new government directive immediately which they did and he signed.

With the directive in writing, Özel began to list certain consequences of an active Turkish intervention into Syrian territory, whether it would be directed at ISIL, which is a legitimate target for all U.N. members. Özel said ISIL could attack Turkish soldiers there and civilians in Turkey, the Turkish army could come to face to face with the PYD, as well as its Turkey-based sister organization, the Kurdistan Workers’ Party (PKK), on Syrian soil, while the PKK could resume actions in Turkey following a three-year period of relative silence thanks to the government’s Kurdish peace initiative.

He also said that since al-Assad forces have been cooperating with ISIL, the Syrian Air Force could attack Turkish targets which would make it necessary for the Turkish military to retaliate. That’s why he said the Syrian government should know that Turkey was entering its territory to fight terrorism and secure refugees. That is how the recent diplomatic efforts started.

But in the meantime, ISIL attacked Kobane on June 25 from Jarabulus, killing dozens, the next day that the Turkish and Russian foreign ministries were talking on the issue.

The developments have apparently made the Davutoğlu government nervous.

The military does not want to get into a major military action on the directives of the Justice and Development Party (AK Parti) government which lost its parliamentary majority in the June 7 elections. The coalition talks to form a new government with either the Republican Peoples’ Party (CHP) or the Nationalist Movement Party (MHP) will start next week and if a new government is formed in weeks’ time, the directive which might lead to a war could be obsolete. It is a fact that if the CHP becomes a coalition partner, which is more likely, that Turkey’s policy on Syria and ISIL could change.

There is also the factor of a reshuffle among military ranks. The office of Özel ends in August and civilian sources speculate that he is playing with time in order not to become the general that takes Turkey into war at a critical time.

Özel elected for surgery in May, before the elections, when again there were rumors that the government wanted more active military involvement regarding ISIL and PYD forces in Syria.
(hurriyetdailynews.com, June 27, 2015)

Erdoğan says Turkey not to allow Kurdish state in northern Syria

Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has said his country will not allow the establishment of an independent state in northern Syria, once again voicing Turkey's concerns of a Kurdish autonomous region being formed in the void left by Islamic of Iraq and the Levant (ISIL) in the region.

“I am appealing to the whole world. We will never allow the establishment of a state in Syria’s north and our south. We will continue our fight in this regard no matter what it costs. They want to complete the operation to change the demographic structure of the region. We will not turn a blind eye to this,” Erdoğan said during a fast-breaking dinner hosted by Kızılay (Turkish Red Crescent) on Friday.

Turkey, a country with its own sizable Kurdish minority, is uncomfortable with the gains made by Kurdish militia in Syria, fearing it could inflame separatist sentiment among its own Kurdish population.

Ankara has frequently expressed concern over the dominance of the US-backed Kurdish People's Protection Units (YPG) in northern Syria. It accuses the Kurdish militia of deliberately attempting an ethnic cleansing of the area in a bid to change the demographic balance of the region in favor of the Kurds.

Erdoğan earlier voiced concern about the YPG dominance in the region, pointing out that Kurds were taking over areas from which Arabs and Turkmen were being forcibly displaced. Erdoğan accused the West of backing what he called Kurdish terrorists and said the outcome could eventually threaten Turkey's border.

Backed by air forces from the global anti-ISIL coalition, the YPG has made swift gains and pushed back ISIL after months of heavy fighting in the struggle to defend Kobani -- another contested town on the Turkish-Syrian border. The retention of Kobani was seen as a turn in the tide against ISIL. Turkey was forced to absorb more than 150,000 civilians during brutal clashes in and around Kobani in late 2014.

Erdoğan said in October that it was wrong of the United States to air-drop military supplies to Kurdish fighters defending Kobani, as some weapons were seized by ISIL militants surrounding it. (TODAY'S ZAMAN, June 27, 2015)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Turkish citizen removes ‘Islam’ from ID card, receives death threats

A self-described atheist from the southeastern province of Adıyaman has been forced to leave his hometown after receiving death threats for removing the term “Islam” from the religious affiliation section of his national identity card.

The threats began on May 21, with the young man, identified only by the initials E.F., receiving two letters containing death threats and his house being marked.

Fearing for his life, E.F. appealed to the Adıyaman branch of Turkey’s Human Rights Association (İHD), which filed a criminal complaint in his name.

He subsequently decided to leave Adıyaman for the neighboring province of Gaziantep, where started to live with his uncle.

However, the threats continued when E.F. visited Adıyaman with his uncle on June 13 for the funeral of his grandfather.

Upon his return to Gaziantep, E.F. found another letter containing a verse from the Quran written in Arabic and a sentence written in Turkish below that read “We are entitled to your blood.”

Although he filed a complaint at the police station in Gaziantep’s Şahinbey district, E.F. returned to his hometown Adıyaman as the death threats did not subside in Gaziantep.

Speaking to Radikal newspaper, E.F. said the state should grant him legal protection.

“I can no longer leave my house or hang out with my friends. I am an atheist. My family members are Alevis. I believe this is why I’m receiving death threats. I want the state to find those who are threatening me and I want the state to protect me,” he said.

The head of İHD’s Adıyaman branch, Osman Süzen, urged the chief public prosecutor’s office to shed light on the incidents.

“We believe the continuation of such threats could damage E.F.’s mental health. Those who are threatening him could be people who are closely acquainted with him. We demand that the public prosecutor’s office clarify the situation,” Süzen said.

The religious affiliation section in national ID cards remains a thorny issue in Turkey, where citizens were obliged to declare their religion until 2006.

Turkish citizens have since been allowed to leave the section blank.

Nevertheless, the European Court of Human Rights ruled on Feb. 2, 2010 that the mere presence of a religious affiliation section on national identity cards is a violation of freedom of conscience and religion as defined in the European Convention on Human Rights. 
(hurriyetdailynews.com, June 23, 2015)

Kurds find torture center, prison cells of Islamist ISIL in Tal Abyad

As Syrians who fled the clashes between the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) and Kurdish forces have started returning to Tal Abyad after the jihadists’ defeat, Kurdish militia have discovered a torture center and prison cells in the Syrian town.

Daily Hürriyet has seen a few square-meter cells with no ventilation in the prison just 600 meters from the center of Tal Abyad. The facility was apparently a depot before the ISIL occupation.

A special torture chamber stands in the middle, giving off a heavy smell.

A prison book left behind in the prison shows that most of the inmates were recorded as murderers and thieves. It is not hard to guess their ultimate fate.

“Rules of jihad” hangs on the walls of the prison, an interpreter translated.

Some 23,000 people fled to Turkey because of the clashes, Turkish authorities have confirmed. ISIL was beaten nearly a week ago, after which the Kurdish People’s Protection Units (YPG) and the Women’s Protection Units (YPJ), the military arm of the Democratic Union Party (PYD), closed the border gate at Tal Abyad-Akçakale so that it could clear mines and unexploded ordnance.

Local Turkish authorities confirmed that the YPG side of the border gate opened June 22.

The border gate from Turkey to Syria gate was opened at 10:20 a.m. on June 22 following an announcement in Arabic, before Tal Abyad residents rushed to the gate.

The crowd began passing through the gates under the tight control of Turkish security forces.

Some 1,300 people had passed the border as of noon. Some were seen crying as they bid farewell to their relatives who stayed on the Turkish side.

Small trailers carried loads of vegetables and fruits to the Syrian side.

“There are no fruits or vegetable in Tal Abyad,” said a tradesman, the owner of the goods. “I am sending these goods to greengrocers there. This is just the initial delivery.”

Some 10 tons of eggplants, four tons of tomatoes, two tons of peaches, one ton of cucumbers and some cherries passed through the border.

As Arabs from Tal Abyad pass through the Akçakale gate, Kurds prefer the Mürşitpınar-Kobane gate further to the west in the province of Şanlıurfa because they initially chose not to stay with Arabs in Akçakale when they first fled, and moved to Suruç and its villages, where they have relatives and kin. Sources said some 1,000 Kurds passed the border on June 22, while another 3,000 others passed last week. 

‘60,000 Kurds returned to Syria’

An official told Hürriyet that some 60,000 out of 200,000 Kurds who escaped to Turkey had returned by January this year.

“This number may increase,” the source said.

Large groups of Kurds had fled Turkey during the ISIL attacks on Kobane, defended by Kurdish forces for four months last year, before the jihadists were defeated in January.

Turkish soldiers, meanwhile, have begun digging ditches by the border in Nusaybin in the southeastern province of Mardin.

The town stands directly across from Kurdish-dominated Qamishli in Rojava where a suicide bomb targeted security forces.

Syria’s civil war has turned more than 3 million people into refugees.

Turkey hosts some 1.8 million Syrian refugees, at it has become the world’s leading host of refugees. There are also around 7.6 million internally displaced people in Syria, according to the latest U.N. figures. 

Turkey had expressed grave concerns over the Kurdish capture of Tal Abyad from ISIL, accusing the YPG of driving out Arabs and Turkmen, claims the group denied.
(hurriyetdailynews.com, June 23, 2015)

Au G20, la Turquie veut promouvoir la finance islamique

La Turquie, 17e puissance économique mondiale, accueillera le sommet du G20 en novembre prochain. Parmi ses trois objectifs affichés pour soutenir la croissance, le pays plaide pour une économie plus "inclusive". La finance islamique –une finance alternative conforme aux principes de la charia- pourrait, selon la présidence du G20 turc, répondre au problème du financement des entreprises. Pour autant, la promotion de cette finance trouvera-t-elle un écho chez les autres puissances mondiales ?

"La Turquie souhaite promouvoir la finance islamique auprès des membres du G20". Au Mozambique, le 11 juin dernier, lors d'une réunion de la banque islamique de développement (BID) à Maputo,  Burhanettin Aktas, le vice-conseiller au Trésor a donné le ton. Mais un tel type de financement a-t-il des chances de se développer dans les pays occidentaux ? A Bodrum, en pleine préparation du G20 qui aura lieu à Antalya en novembre, l'ambassadrice du G20 en Turquie, Ayşe Sinirlioğlu en est convaincue : "Notre usage (de cette finance) est encore très limité en Turquie. Mais d'autres pays, comme la Grande-Bretagne sont de grands utilisateurs. Le G20 est une occasion de promouvoir ce type de financement qui constitue une opportunité pour l'économie mondiale".

Quant aux éventuelles réticences, l'ambassadrice turque n'y croit pas : "Il y a une attitude très positive de nombreux pays autour de ce financement parce qu'en réalité, plusieurs d'entre eux utilisent déjà ces actifs et ce n'est pas un problème". Emre Deliveli, économiste de formation, chroniqueur économique pour le Hurriyet Daily News, présent aux réunions préparatoires du G20 assure que le développement de cette finance est stratégique pour le pays : " En Turquie, le gouvernement veut commencer par créer une grande place financière à Istanbul. Dans ce domaine, ils veulent se concentrer sur les actifs islamiques. En effet,  nous sommes un pays musulman et c'est un avantage à mettre en avant".

La Turquie, à la croisée de deux civilisations, ambassadrice de la finance islamique

La finance islamique, apparue sous sa forme moderne au début des années 1970, pèserait aujourd'hui près de 2.000 milliards de dollars, selon le Al Huda Center of Islamic Banking and Economics (CIBE). Si cette finance enregistre une croissance à deux chiffres (entre 20 et 25%) , elle ne représente que 2% de l'économie mondiale des affaires, d'après la spécialiste de la finance islamique Kaouther Jouaber, également maître de conférences à Paris-Dauphine. Ce segment a aussi bien mieux résisté à la crise de 2008, puisque cette finance prohibe la spéculation et le prêt à intérêt. Une opportunité à saisir pour Ankara : "La Turquie a raison de poser ce thème sur la table car elle a une expertise dans ce domaine, et elle est à la croisée de deux civilisations. De plus, elle le fait dans un cadre laïque, ce qui lui donne plus de crédibilité", décrypte Kaouther Jouaber.

 De plus, si la Turquie souhaite que les regards des puissances mondiales convergent en ce sens, elle a presque mis de côté la dimension première qui est religieuse : "En Turquie, on ne parle pas de finance islamique mais on utilise le terme de finance participative. Cela permet de parler du thème avec plus d'aisance", détaille la spécialiste. Et malgré son appellation "finance islamique", elle n'est pas réservée exclusivement à un public qui pratique l'islam.

 La finance islamique n'est pas réservée aux musulmans

Ainsi, cette finance, qui n'a pas vocation à supplanter la finance conventionnelle mais à être un complément, séduit aussi des pays non musulmans depuis plusieurs années, assure Emre Deliveli, "Singapour utilise la finance islamique et pourtant ce n'est pas un pays majoritairement musulman, au même titre que la Grande-Bretagne". Elle pourrait aussi intéresser d'autres pays : " En Europe, où vivent de nombreux musulmans, ce type de financement pourrait trouver son public. La France en fait partie », poursuit-il.

 En Malaisie, pays pionnier en la matière, et qui concentre près de deux tiers des émissions mondiales de sukuk (équivalent des obligations), cette finance séduit aussi d'autres communautés, explique Kaouther Jouaber : "La Malaisie est un pays où plusieurs communautés et religions se côtoient. Et la finance islamique s'adresse à tout le monde, les malaisiens d'origine chinoise sont d'ailleurs de grands utilisateurs de cette finance". (
latribune.fr)

L’Etat islamique à la « conquête » d’Istanbul



Manifestation contre la publication de dessins de
"Charlie Hebdo" par "Cumhuriyet", le 14 janvier à Istanbul.

L’Etat islamique poursuit sa redoutable opération marketing et lance Konstantiniyye, un magazine mensuel en turc, également disponible gratuitement en ligne. Le premier numéro est paru le jour de la date d’anniversaire de la conquête de Constantinople par les Ottomans, le 29 mai 1453, fêté en grande pompe en Turquie.

Konstantiniyye n’est pas le premier instrument d’une propagande soigneusement mise en scène par l’Etat islamique. Sa revue en arabe, Dabiq, lancée en 2014, a ensuite été déclinée en anglais, en russe et dans une version française dénommée Dar Al-Islam. L’organisation terroriste se sert de son puissant organe de communication, l’éditeur Al-Hayat Media, pour relayer ses idées dans le monde et in fine recruter ses prochains combattants.

Avec 46 pages en couleur, illustrées de photos des plus beaux monuments stambouliotes, Konstantiniyye rassemble tous les codes d’un magazine traditionnel. Son contenu, en revanche, propose une autre vision de la Turquie. On y trouve des articles encourageant la destruction des idoles et des analyses critiquant vivement la démocratie. À la page 41, une photo du caricaturiste français Luz vient alimenter la propagande anti-Charlie Hebdo. « En Turquie, le public est réceptif à ce genre de discours », estime Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste du Moyen-Orient. Le 16 janvier, une manifestation de soutien aux frères Kouachi avait réuni une centaine de personnes devant la mosquée Fatih à Istanbul.

L’EI RENFORCE SON RÉSEAU MULTINATIONAL

Revendiquant sa dimension populaire et globale, le magazine souligne dans un éditorial sa volonté de faciliter l’accès pour les Turcs aux « informations, articles et vidéos » publiés par l’Etat islamique. Selon Wassim Nasr, « cette revue s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie des djihadistes de l’Etat islamique : utiliser la communication comme outil de recrutement ». En déclinant ses publications dans plusieurs langues, le « califat » vise un public plus large et mondialisé. L’organisation a progressivement élargi son champ de propagande aux populations occidentales anglophones et francophones, puis russophones. L’appel au djihad se propage désormais en Turquie, en Asie centrale et en Asie du Sud, où le calife autoproclamé, Abou Bakr Al-Baghdadi, a notamment fait traduire son discours en bengali. L’Etat islamique a en outre diffusé en juin sur Internet une vidéo à destination des Balkans, prônant une conquête de l’Europe du Sud par les « armées de l’islam ». A travers ses propres canaux médiatiques, l’EI parvient ainsi à s’adapter aux populations locales pour recruter des djihadistes.

En publiant une revue en turc, l’Etat islamique manifeste d’autant son désir d’expansion en Anatolie. Dans un article intitulé « Immigration », l’organisation enjoint formellement les musulmans de Turquie à gagner les territoires du « califat ». Ingénieurs, professeurs et soldats sont invités à émigrer vers l’Etat islamique. « Ils recrutent massivement et à tous les niveaux, y compris des Kurdes et des Turkmènes d’Irak », ajoute Wassim Nasr. En mai, un rapport de l’ONU a recensé au moins 1 300 Turcs répartis dans des groupes djihadistes dans le monde.

UNE CONQUÊTE IDÉOLOGIQUE

Konstantiniyye ne reconnaît pas la prise d’Istanbul par le Sultan Mehmet II en 1453 et appelle à une « vraie » conquête de Constantinople, « sans guerre ni sang ». Cette fois, l’Etat islamique n’incite pas ses sympathisants à prendre les armes mais à s’emparer de la cité d’Istanbul par une action spirituelle. « La conquête de Constantinople est un objectif symbolique que l’EI n’a jamais caché, poursuit le spécialiste. L’organisation vise idéologiquement la Turquie mais ce n’est pas une déclaration de guerre ».

En ne proférant aucune menace directe contre la sécurité de la Turquie, l’Etat islamique fait finalement fait passer un message explicite : « Si vous ne vous mêlez pas de nos affaires, nous ne nous mêlerons pas des vôtres tant que vous ne devenez pas des apostats ». Mais la récente défaite électorale des islamo-conservateurs du parti AKP de Recep Tayyip Erdogan pourrait mettre à mal une sorte de « pacte de non-agression » informel entre la Turquie et l’Etat islamique dénoncé notamment par certains laïques et Kurdes.
Source : Le Monde, 12 juin 2015
 

Women’s rights organizations denounce religious marriage ruling

A number of women's rights organizations have condemned a recent ruling by a Turkish court that legalizes Islamic marriages, arguing that the ruling will lead to an increase in underage marriages and domestic abuse.

Previously, religious marriages were not recognized without an official civil marriage being conducted first, and imams conducting religious marriages without official marriage documents could be imprisoned from two to six months, according to Article 230 of the Turkish Penal Code (TCK). The change to the law follows an increasing tendency for unmarried couples in Turkey to cohabit, in addition to a rise in the number of children being born out of wedlock. While participants in civil marriages must be at least 17 years old, religious marriages conducted by an imam have no specific age limit, but the bride must have begun to menstruate.

The Association for Education and Supporting Women Candidates (KADER) condemned this decision in a written statement shared with the press on Tuesday. “This decision increases the danger of more child marriages and male polygamy. As it is in our country, one out of every three marriages occurs when [the brides] are ‘children',” the statement read. The organization argued that this will only increase following the ruling, as will violence against women and women's poverty.

“This decision is against the CEDAW [Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women] treaty -- which outlaws discrimination against women -- the İstanbul Convention and is contrary to the principle of equality. According to the Article 41 of our Constitution, it is the state's duty to protect the family and especially mothers and children,” KADER's statement further noted.

The Women's Consultation and Solidarity Center (KAMER) also released a report on Tuesday detailing the various forms of marriage and the victimization of women in Turkey, which they claim to be an extremely sensitive issue for Turkey given the legalization of “imam marriages.”

The foundation has released the results of its “Women's Rights are Human Rights” project, consisting of information they acquired from interviewing 24,723 women across Turkey between January 2014 and May 2015. The group found that 90 percent of the women they interviewed believed that they were victims of violence and that only 38.6 percent of those had made an effort to save themselves from their violent circumstances.

A total of 59.6 percent of those surveyed said that they had got married at or after the age of 18, while 25 percent were married between 16 to 17 and 14.6 percent were married between 13 and 15. The survey also revealed that 60.7 percent of the women interviewed had had their marriages arranged by their families, while 34.2 percent married out of love. A total of 5.1 percent stated that they were forced into their marriage. (TODAY'S ZAMAN, June 2, 2015)

Socio-économique / Socio-economic

Thousands March in Turkey against Transphobia: We Need a Law

This year, 6th Trans Pride Week ended with theme “We need a law”. Thousands marched along İstiklal Avenue against transphobia on Sunday.

Slogans in both Turkish and Kurdish like “Bize Bir Yasa Lazım” (We need a law), “Nerdesin aşkım, buradayım aşkım” (Where are you my love? I’m here my love), “Tayyip kaç kaç kaç, dönmeler geliyor” (Tayyip [the president] run run! Faggots are coming!), "Transfobik devlet, yıkacağız elbet" (transphobic state, we’ll break you down), "Jin, jiyan, azadi" (woman-life-freedom in Kurdish) etc. under the pink-white colors of trans flag.

Tradesmen in İstikal Avenue sold badges “LGBTİ” and “We don’t shut up, we aren’t afraid” written on them.

"Make love out of spite”

When LGBTI people gathered in İstiklal Avenue, the police said they couldn’t allow them to march since other policemen were ready for protests of United June Movement (BHH) in the same avenue.

Organizers of Trans Pride March told they would march like previous years.

After the protests of BHH ended at 17.40, police barricade was opened and the march began. LGBTI people shouted slogans like “Make love out of spite”.

Transsexual inmates and people killed during Gezi Park protests were commemorated

LGBTI people shouted:

“God save us from the evilness of Tayyip “, “Hail the martyrs of Gezi!”, “Break down the presidential palace, build a brothel instead”…

Homosexual municipal officials who attended the march were applauded. Transsexual inmates were remembered.

Peoples’ Democratic Party (HDP) İstanbul deputy Erdal Ateş also marched.

“All colors of the society are here"

 LGBTI people made a press statement in İstiklal Avenue and touched upon hate speech in Turkey, society’s prejudices against transsexuals, Justice and Development Party (AKP) deputies targeting transsexuals, femicide and Kobane resistance.

LGBTI people stated:

"We are angry! However, we are strongminded to change our destiny. Call us a bunch of heretics if you want but we are all colors of the society. Socialists, feminists, tree huggers, political parties, public opposition, heterosexuals, our mothers, brothers, sisters, and friends are all here.

"We must wake up. If transsexual women are tortured, you can also be tortured.

"We cry out with thousands of people against transphobia today! We need a law against transvestite murders, alienation, killing and ignoring.”
(BIA, June 23, 2015)

Young woman found strangled to death after sexual assault in Muğla

An 18-year-old Turkish woman who had been missing since Sunday was found on Tuesday in a channel after being sexually assaulted and strangled to death.

Cansu Kaya was last heard of after she left a restaurant where she was working as a waitress on Sunday evening in the Dalyan neighborhood of Muğla province. Her family informed the police of her disappearance when they could not reach her after her shift. Kaya's body was found by her sister, Burcu Kaya, who had joined the search and rescue efforts with gendarmes on Tuesday.

The body of the young woman, who was found almost naked, was sent to the Council of Forensic Medicine (ATK) for an autopsy. Initial findings showed that the woman was sexually assaulted and then strangled to death before being thrown in the ditch.

Three people, including Kaya's boyfriend U.D., were called to testify in connection with Kaya's death. Two of them were detained on Thursday evening.

The woman was buried on Wednesday in the Ortaca district of Muğla following noon prayers. Speaking during the funeral, her father Osman Kaya said his daughter was the victim of a brutal murder and called on the authorities to immediately find the perpetrator.

Kaya's death is reminiscent of the killing of 20-year-old Özgecan Aslan in February.

Aslan was brutally murdered on Feb. 11 and her body found by police on Feb. 13. She was the last passenger on a minibus whose driver took her to an isolated area and attempted to rape her. Aslan fought back with pepper spray, and scratches were found on the face of the suspected attacker, Ahmet Suphi Altındöken. It is claimed that Altındöken stabbed her repeatedly and then with the help of his father and a friend, cut off the young women's hands, burned her and threw her in a river.

The woman's death sparked protests across the country in which thousands of people participated. The Monday following her murder was called “Black Monday,” with people dressing in black or wearing black ribbons in Aslan's memory.

The tragic incident has drawn strong reactions from social media users who reacted to Kaya's assault and murder with the hashtag #KadınaŞiddeteTavizİstemiyoruz (We stand against all violence against women). This hashtag remained the top trending Turkish hashtag on Twitter for hours.

Between the years 2002-2009, during which time the Justice and Development Party (AK Party) was in power, the murder of women reportedly increased by 1,400 percent, with at least five women killed each day. At present, all of the statistics for 2009-2015 are being held by the government, which is not sharing the figures with the public.

Another woman allegedly raped in Ankara

A woman was allegedly raped by two people at a park in Ankara on June 14, the Radikal daily reported on Thursday.

The 32-year-old woman, T.Y., who reportedly worked as soloist at a nightclub, was raped by two men named Mustafa and Recep as she left the club at around 6 a.m. The report stated that the woman was initially attacked while waiting for a taxi near Ankara's Yunus Emre Park and then raped in the park. The suspects also stole T.Y.'s phone and wallet. (TODAY'S ZAMAN, June 18, 2015)

96 femmes élues au nouveau Parlement turc, un record

Le nouveau Parlement issu des élections législatives de dimanche en Turquie comptera 96 députées sur un total de 550, un record dans un pays presque exclusivement musulman où la parité hommes-femmes, surtout dans les zones rurales, reste un combat.

Selon un décompte effectué par l'AFP, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002, enverra sur les bancs de la "Grande assemblée nationale" 41 femmes, dont plusieurs voilées.

Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui a raflé 132 sièges comptera 20 députées femmes, alors que le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) en 4 parmi ses 80 élus.

Le Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde), qui milite pour la parité et compte de nombreux dirigeantes, enverra lui 31 femmes à l'Assemblée, sur un total de 80 élus. Parmi elles figure Dilek Öcalan, la nièce du dirigeant rebelle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie.

Le Parlement sortant comptait 79 femmes et une seule seulement dans le gouvernement.

Selon les associations féministes, la situation des femmes s'est détériorée depuis l'arrivée au pouvoir du parti du président Recep Tayyip Erdogan en Turquie, où les violences conjugales et les crimes d'honneur coûtent chaque année la vie à des dizaines d'entre elles.
(AFP, 8 juin 2015)

Les marchés inquiets de l'instabilité, mais espèrent moins de populisme

Les marchés financiers, qui détestent l'incertitude, ont accueilli lundi par une chute de la bourse et une dégringolade de la devise le revers du parti du président Recep Tayyip Erdogan aux législatives, même si un gouvernement de coalition pourrait les rassurer.

C'était l'un des scénarios les plus redoutés des analystes. En perdant la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement, le Parti de la justice et du développement (AKP) a fait passer un frisson d'inquiétude chez les investisseurs.

Première victime, la bourse d'Istanbul a ouvert sur une dégringolade de 8%. Son principal indice s'est ensuite progressivement ressaisi au cours de la journée pour clôturer en séance sur un recul de 5% à 77.800 points.

La livre turque (LT) a simultanément subi le même mouvement. Après avoir établi un nouveau plus bas historique face à la monnaie américaine à 2,8 LT, elle s'échangeait en soirée à 2,76 LT pour un dollar (-3,5%) et 3,10 LT (-4%) pour un euro.

La Banque centrale a promptement réagi en baissant ses taux sur les dépôts en devises à une semaine. Ils passeront à partir de mardi de 4% à 3,5% pour le billet vert et de 2% à 1,5% pour l'euro, a indiqué l'institution monétaire. Cette décision n'a pas suffi à faire remonter significativement la monnaie turque.

L'AKP est arrivée en tête du scrutin de dimanche mais n'a recueilli que 40,8% des suffrages, en baisse de près de 10% par rapport à son score d'il y a quatre ans (49,9%). Avec 258 sièges de députés sur 550, il ne pourra former seul un nouveau gouvernement.

Ces résultats "peu concluants (...) ont augmenté les incertitudes politiques à court terme et pourraient aggraver les tensions concernant la politique économique", a indiqué l'agence de notation Fitch's dans sa note post-électorale.

L'absence de majorité absolue a donné le coup d'envoi des spéculations sur la formation d'un éventuel gouvernement de coalition.

"Ces résultats vont donner lieu a des discussions et des négociations politiques intenses pendant des semaines", a relevé Deniz Ciçek, économiste à la Finansbank.

- 'Vulnérable' -

Cette incertitude constitue une nouveauté pour les marchés. Arrivé au pouvoir en 2002 en pleine débâcle financière, le parti de M. Erdogan a mené des réformes qui ont ouvert une décennie de stabilité et de forte croissance pour l'économie turque.

Depuis 2012 toutefois, la page de ce "grand bond en avant" turc est révolue. La croissance a chuté (2,9% en 2014), l'inflation et les déficits publics restent élevés et le chômage a retrouvé son plus fort niveau depuis cinq ans.

Pour toutes ces raisons, "la Turquie est peut-être le plus vulnérable de tous les pays émergents à l'heure actuelle", a résumé lundi William Jackson, de Capital Economics.

Dans ce contexte très politisé, un gouvernement de coalition pourrait toutefois rassurer les analystes qui redoutaient qu'une large victoire du camp du président Erdogan n'encourage ses tentations "populistes" en matière d'économie.

Les marchés se sont récemment inquiétés des pressions à répétition exercées par M. Erdogan sur la Banque centrale, en principe indépendante, pour qu'elle réduise massivement ses taux d'intérêt afin de pour protéger la croissance. Une perspective rejetée par les investisseurs, inquiets du niveau de l'inflation.

"Une coalition qui marche permettrait de réduire les risques à moyen terme que faisait peser la perspective d'un renforcement des pouvoirs du président", a jugé Michael Harris, analyste à Renaissance Capital, "il n'y a aucune raison de s'inquiéter d'une coalition".

"Nous pensons que l'application du dernier plan présenté par le gouvernement (...) dépend d'abord des nominations qui seront faites à certains postes-clé, que l'AKP décide de former une coalition ou de gouverner seul", a jugé lundi Standard and Poor's, qu a maintenu sa note à BB+ perspective négative.

De l'avis unanime des analystes lundi, la monnaie et la bourse turques devraient rester fragiles jusqu'à la formation du futur gouvernement.
(AFP, 8 juin 2015)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

EP highlights dismal state of democracy, freedom in critical Turkey report

Jolted by the abysmal state of democracy and fundamental rights, the European Parliament (EP) overwhelmingly approved a critical progress report on Turkey, urging Ankara to "respect media freedom, free expression and judicial independence" while expressing its satisfaction with the recent parliamentary election.

"Turkey must put its reform process at the center of domestic policy choices and commit ‘unequivocally' to democratic rules and principles, which are at the heart of the EU, say MEPs in a resolution on the progress of reform in Turkey in 2014," a statement on the EP's website said on Wednesday.

Postponed following a fierce wrangling over the content, the report, which was drafted by rapporteur Kati Piri, a member of the Group of the Progressive Alliance of Socialists and Democrats (S&D Group) in the EP, was approved by 432 votes to 94, with 127 abstentions.

The lack of judicial independence, the government crackdown on the press on Dec. 14, 2014, the imprisonment of journalists and the erosion of separation of powers in Turkey are among the major topics the report dealt with. While calling on the EU to stimulate dialogue with Turkey, the report fell short of issuing a clear call for the opening of negotiation chapters about justice and security, which are seen as key to revive the stalled negotiation process.

"The European Commission should review the conduct of the EU accession negotiations with Turkey and consider how EU-Turkey relations could be improved and intensified, MEPs say," the statement continued.

The EP, in a break from tradition, did not conclude the voting process last month after negotiations between various factions over the scope of the report ended in rancor. When the vote was delayed to June 10, the MEPs then said the EP wanted to avoid an impression of European interference in Turkish politics just ahead of the election on June 7.

The MEPs reflected their growing concerns in recent months in the report. In a review of the EP approval of her report, Piri emphasized that “the independence of the judiciary, freedom of expression and the freedom of the press are primary issues that are at the core of the accession process.”

Election result indicates desire for change in Turkey

The report came at a time when Turkey went through a critical parliamentary election in which voters sunk President Recep Tayyip Erdoğan's ambitious bid for the introduction of a US-like executive presidency.

In a comment on the Sunday's parliamentary election in Turkey, Piri said there is also a clear indication of a desire for change from Turkish voters.

"Turkish voters have indicated that they want change. Our reaction should not be to shut the door," said Piri regarding the parliamentary elections. "This report also clearly calls for more, not less, engagement with Turkey at all levels," she added after approval of her report.

"The outcome wipes [out the possibility of] further centralization of power, puts the conclusion of peace process with the Kurds back at the top of political agenda and forces political parties to cooperate and compromise," she said. "These are all positive elements, which could enable the new government to reinvigorate the democratization process. But also the EU should do something to stimulate these half-stalled membership negotiations."

Parliament members said the elections demonstrated the “resilience of Turkish democracy and the democratic spirit of its citizens” and welcomes "the most inclusive and representative Parliament in Turkish modern history, reflecting the country's diversity.” The EP has called on on all political parties to work towards the establishment of a stable and inclusive government which should reinvigorate the democratization process in Turkey and its reform dialogue with the EU.

To revive frozen negotiations, Piri says, that the EP repeats its call to "start the negotiations of fundamental rights and judiciary."

"The EU would thus create a permanent forum for making progress in these essential areas. It is, in our interest, that EU remains the benchmark for the reform process in Turkey, so the European Parliament continues to support the country's EU accession process," she went on to say.

The European Commission, the MEPs insist, must support Ankara's efforts to finalize a settlement process with Turkey's Kurdish community aimed at solving the decades-old problem. The Kurdistan Workers' Party (PKK), listed as a terrorist organization by Turkey, the US and EU, waged a bloody insurgency against the Turkish state in an attempt to carve out regional autonomy. The Turkish government has held talks with the militant group since 2013, and a truce, however fragile, is still in place.

EP calls on Turkey respect press and internet freedom; fight corruption

The EP is deeply concerned about “the independence, impartiality and efficiency of the judiciary and the separation of powers in Turkey,” the report says.

The Turkish government must also guarantee media freedom "as a matter of priority,” they say, asserting that its action against the freedom of the press and plurality of opinion is incompatible with EU fundamental rights and “conflicts with the spirit of the negotiations process.”

"Parliament condemns the Turkish government's attempts to ban access to social media and websites, the intimidation of journalists and other pressures put on them. It again calls on the Council to start talks on justice and fundamental rights in order to promote effective reforms," the report goes on to say, stressing that "Turkey must show more political will to create a proper legal framework for the fight against corruption."

In the report, the EU also called on Turkey to expedite legal investigations against officials involved in wrongdoing against protesters during the Gezi Park protests in summer of 2013. Ankara is criticized for dragging its foot in determining those responsible for violence against civilians.

In the same session, the MEPs rejected a request seeking to remove the Kurdistan Workers' Party (PKK) from EU's terrorist list.

Turkey to return progress report, deems it void

Turkey's EU Affairs Ministers and Chief Negotiator Volkan Bozkır said Ankara will not accept the report and will return it to the EP.

Bozkır said the report will not find a place in his office and will not go to official diplomatic records, although the it will be in archive of the EP.

As to how the political efforts to form a coalition government in Turkey would effect EU-Turkey relations, Bozkır ruled out any dramatic change, stressing that EU membership is the Turkish state's core policy and stands above partisan politics. The point where Turkey is now is the product of a culmination of past efforts driven by the government and opposition parties alike, Bozkır said. (TODAY'S ZAMAN, June 11, 2015)

EP President Schulz: HDP entry enriches the political landscape in Turkey
 

Yesterday's elections in Turkey were a healthy democratic exercise: the turnout was remarkable and the elections were free and fair. The election stands as proof of the vibrancy and pluralism of Turkish democracy.
 
The outcome of these elections now offers an opportunity to move from polarisation to dialogue, to reinforce the checks and balances in the system and to face the many challenges Turkey is confronted with: from a cooling economy to a testy foreign policy.
 
The entry into parliament of the HDP enriches the Turkish political landscape and offers an opportunity to reinvigorate the peace process, an opportunity which must be seized.
 
Turkey is a key EU partner and candidate country. The EU and Turkey might not see eye to eye on all issues, but we should never allow our differences to escalate into mystifications. We need a genuine and mutual commitment to move forward, be it in helping to stabilise our Southern neighbourhood or to move the accession process forward.
 
As I made clear during my last visit, I will never refrain from highlighting the great contribution Turkey makes on the international stage, for example, in welcoming millions of refugees from Syria and Iraq. I am equally firm however in underlining setbacks such as the worrying state of freedom of expression or the independence of the judiciary.
 
I look forward to working with the next government and with the new colleagues of the Grand National Assembly of Turkey to fortify EU-Turkey relations. (EP Presidency Press Release)

GUE/NGL President congratulates HDP on election results
 
Gabi Zimmer, President of GUE/NGL in the European Parliament, warmly congratulated the pro-Kurdish HDP for their result in yesterday's Turkish parliamentary elections.
 
"With more than 13 percent of the vote, HDP clearly passed the 10 per cent threshold and succeeded in taking seats in the Turkish Parliament. Their progressive programme and campaigning reached far more than just Kurdish voters. We warmly congratulate the campaigners and the co-chairs of the HDP for this great success. In particular, we are very pleased for our comrade Feleknas Uca, a former GUE/NGL MEP, who will now join the HDP in the Turkish Parliament."
 
Gabi Zimmer continued: "Erdogan is the definite loser in this election. He and his conservative AKP party have failed to reach their goal to get a constitutional amending majority in order to introduce an authoritarian presidential system. This project has been clearly rejected by the Turkish electorate."
 
On the issue of the increasing repression by AKP and its followers against journalists and political opponents, Gabi Zimmer said: "AKP ran a smear campaign against the HDP and their campaigners and, in doing so, fuelled a dangerous atmosphere and provoked resentment. Erdogan lacked respect towards democratic values ​​and the Turkish Constitution by not remaining neutral as president and by openly speaking out in favour of an AKP government. This is why many Turkish people voted against him. Despite an intense atmosphere, the elections were mainly peaceful and respectful of democratic values as was also confirmed by our MEP Martina Michels who observed the elections in Diyarbakir on behalf of the GUE/NGL. This election result is a great success for democracy, the Kurdish peace process, the coexistence of the different ethnic groups, and women's rights in Turkey." (www.guengl.eu)

EP Socialist Group: Democracy prevailed over obscurantism

Following the outcome of the general election in Turkey, where people clearly decided to change course despite intimidations and pressure on journalists, the leader of the Socialist and Democrats Group in the European Parliament, Gianni Pittella, stated:

"Democracy has prevailed over obscurantism. Turkish people have sent a clear message to President Erdoğan: Turkey should remain a modern democracy, multicultural and multi-religious based on lay constitution, where minorities' and free press rights are respected. The outcome of the elections assures for the very first time in modern Turkish history the representation of a pro-Kurdish party and other national minorities.

"The number of women elected has definitely increased as well as the turnout and the participation of young people to the vote. We very much welcome the result obtained by our sister parties, HDP and CHP, and we now call President Erdoğan and all progressive and responsible forces to work for a parliamentary solution in order to assure an inclusive government able to put Turkey back on the tracks of European integration."

S&D MEP and rapporteur on Turkey, Kati Piri, said:

"Voters want Turkey to change course. No further concentration of power - but a peaceful and sustainable conclusion of the peace process with the Kurdish community and a need for parties to compromise - that is the outcome of the elections."

"Despite problems during the campaign and the pressure exerted on journalists and media outlets, the people proved the resilience of Turkish democracy; with a very high turn-out of 86%, and the participation of some 50,000 civic volunteers at the ballot boxes, Turks elected the most inclusive and representative parliament ever. This is a victory for democracy." (jan.bernas@europarl.europa.eu)

Frontex: De plus en plus de migrants arrivent dans l'UE par la Turquie

De plus en plus de migrants arrivent en Europe par la Turquie et la Grèce et les passages par cette "route de la Méditerranée orientale" ont augmenté de plus de 500% en début d'année, a affirmé mercredi le patron de Frontex, Fabrice Leggeri.

"Depuis le 1er janvier on a eu au total environ 100.000 franchissements irréguliers de la frontière extérieure de l'Union européenne, contre 40.000 sur la même période de l'an dernier", a indiqué M. Leggeri lors d'une rencontre avec des journalistes à Paris.

Cela s'explique pour une part par "un afflux très important de Kosovars" entre janvier et mars, avec une "très forte pression sur la frontière hongroise".

Mais "deux routes d'immigration sont aujourd'hui particulièrement importantes: celle de la Méditerranée centrale, allant de la Libye vers le sud de l'Italie, et celle de la Méditerranée orientale allant de la Turquie vers la Grèce", a-t-il ajouté.

Si les deux voies ont connu un nombre d'arrivées à peu près équivalent (43.000 et 45.000 respectivement), l'évolution est spectaculaire: +5% sur un an pour la Méditerranée centrale, mais "+550% pour la route passant par la mer Egée", a-t-il noté.

Cela traduit une évolution des profils des migrants, car "la question aujourd'hui en Méditerranée orientale est plus une demande d'asile", avec une grosse moitié de Syriens, qui sont quasiment assurés d'obtenir le statut de réfugié en Europe, a indiqué M. Leggeri.

En revanche le patron de Frontex a noté une "quasi disparition" des Syriens dans les flux arrivés par l'Italie, remplacés par des migrants d'origine sub-saharienne "qui ont d'avantage un profil de migrants irréguliers économiques".

"Mon travail en tant que patron de Frontex est de faire en sorte que l'agence puisse être prête à augmenter son opération Poséidon en mer Egée du côté de la Grèce et de la Bulgarie si c'est nécessaire, et mon diagnostic est que c'est nécessaire", a-t-il affirmé.

"Les Grecs sont très demandeurs de travailler avec l'UE", a-t-il ajouté, alors qu'Athènes risque de se retrouver en première ligne de cet afflux de migrants.

"Frontex ce n'est pas seulement des bateaux, des avions", a-t-il affirmé, soulignant que l'agence avait aussi pour vocation d'apporter une aide aux "systèmes qui sont menacés d'être au bout de l'épuisement".

"Peut-être la conclusion à tirer est qu'on ne fait pas encore assez d'Europe, parce qu'on n'est pas assez loin dans l'intégration. Cela veut dire aussi que les Etats acceptent qu'on aille plus loin", a-t-il ajouté, alors que les pays européens peinent à s'accorder sur une répartition au sein de l'UE des demandeurs d'asile pour soulager l'Italie et la Grèce.

Le Conseil européen a décidé en avril un triplement des moyens accordés aux opérations de Frontex en Méditerranée (Triton en Italie et Poséidon en Grèce) qui se traduiront par une rallonge de 25 millions d'euros en 2015 et 45 millions en 2016, a rappelé M. Leggeri, saluant cet "effort significatif".

Frontex va par ailleurs installer "d'ici quinze jours" une équipe de coordination à Catane (Sicile) pour recueillir des informations sur les opérations de terrain et faire de la coordination. Ce ne "sera pas un lieu pour recevoir les migrants", a-t-il insisté.
(AFP, 3 juin 2015)

S&D Group: Freedom of press must be respected by president Erdogan

The S&D Group in the European Parliament has expressed its deepest concerns with the threats of Turkey’s president and government directed at journalists and the life sentence demanded for Cumhuriyet´s editor-in-chief, Can Dündar.
S&D Group president, Gianni Pittella stated:
 
"We condemn in the strongest possible terms the tighter and tighter stranglehold on the media and freedom of expression in Turkey, put in place by the Turkish president and the national authorities. We consider the life sentence handed to Cumhuriyet´s editor-in-chief, Can Dündar, to be simply unacceptable. In a modern democracy the freedom of the press and expression must be respected, always. Especially a few days away from the elections.
 
"We reiterate our sincere and strong willingness to support the European path of Turkey. Nevertheless we cannot give up on the basic democratic values which are common and shared values with the whole of Turkish society."

S&D MEP and rapporteur on Turkey, Kati Piri said:
 
"The life sentence and 42 years jail term demanded for Cumhuriyet´s editor-in-chief, Can Dündar, for making a critical news report is absurd and a very worrying development. The Turkish government and judicial system must immediately stop applying unacceptable pressure on journalists. The judicial system must be independent from the executive and uphold press freedom and their duty to maintain an informed public. Especially in election periods, as it is crucial that the voters can acquire information. I trust that Turkey´s striving civil society will ensure a valuable debate on how to revive a true democratic system."
(info@socialistsanddemocrats.eu)

EU minister warns European Parliament on amendments

European Union Affairs Minister Volkan Bozkır has sent letters to senior European Parliament figures, urging them to consider proposals to amend an upcoming report on Turkey, warning that Ankara has “sensitivities over three topics in particular.”

A planned vote on approving the report on Turkey on May 21 was postponed because of the lack of time for political groups in the European Parliament to discuss proposals for amendments.

In letters sent to European Parliament President Martin Schulz, Foreign Affairs Committee Chairman Elmar Brok, and the leaders of party groups in the parliament, Bozkır expressed Turkey’s concerns about some amendment proposals in the report, which will be voted on in June.

He stressed that any mention in the report regarding the European Parliament’s April 15 resolution recognizing the 1915 mass killing of Ottoman Armenians as genocide, or any call to exclude the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) from the EU’s list of terrorist organizations, would “not be acceptable” for Turkey, diplomatic sources said. 

In his letter dated June 1, Bozkır also said any call to block opening new negotiation chapters for Turkey, or to lift financial assistance to Turkey, would make the report “unacceptable” for Ankara.

Bozkır added that the report should not include a “one-sided” perspective that could negatively influence the ongoing talks for reunification of Cyprus, according to the sources.

The European Parliament adopted the Annual Report on Human Rights and Democracy in the World 2013 and detailed the EU’s policy on the matter on March 12, calling on EU member states to recognize the 1915 killings as “genocide.”
(hurriyetdailynews.com, June 2, 2015)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

US report highlights impunity, restrictions on freedoms in Turkey

The United States has highlighted impunity and weak administration of justice in Turkey in its annual human rights report, criticizing the Turkish government for interfering with freedom of expression and assembly as well as inadequately protecting minorities.

The report was presented by Secretary of State John Kerry on Thursday -- following a three-month delay -- and Assistant Secretary Tom Malinowski, who described 2014 as a "tough year" for human rights around the world.

The report noted that the judiciary and law enforcement agencies in Turkey were politicized, giving the appearance of "impropriety and bias." It recalled that the government reassigned thousands of police and prosecutors in response to an anti-corruption investigation they were conducting of a number of senior government officials and their families, and the prosecutors who initiated the investigation were suspended.

It added that the Turkish government closed the investigation and destroyed evidence that was gathered; many police officers involved in the investigation were accused publicly of a conspiracy to overthrow the government.

Two elections, local and a presidential one, followed twin investigations that targeted the inner circle of President Recep Tayyip Erdoğan, who repeatedly characterized the corruption scandal as a plot to topple him and hence gaining an upper hand in both elections.

The report also criticized Turkish authorities for failing to fully prosecute members of the police for "excessive force" that led to dozens of deaths and scores of injuries among demonstrators in 2013 and 2014.

The State Department also mentioned the reshuffle of members of judiciary in favor the government, claiming that the executive branch took greater control over the bodies responsible for judicial appointments and discipline. The report criticized the government for creating a new set of courts -- Penal Courts of Peace -- in which single judges wield extraordinary powers and to which it assigned politically sensitive cases, which had a chilling effect on potential future investigations of politically connected persons.

Erdoğan publicly acknowledged that the courts were particularly established to fight against the Gülen movement, which Erdoğan claims orchestrated the corruption investigations to oust him. Leading figures in the movement deny any involvement. The penal courts of peace have become a mechanism at the hand of the authorities to jail critics and launch investigations into political cases.

The report noted "wide leeway" granted to prosecutors and judges, which contributed to "inconsistent court verdicts."

Turkish authorities applied the broad anti-terror law extensively with little transparency and continued to engage in arbitrary arrests, hold detainees for lengthy and indefinite periods, and conduct extended trials.

The human rights report said the Turkish penal code and anti-terror law retain multiple articles that restrict freedom of expression, the press, and the Internet. The report put the number of jailed journalists at seven.

It said self-censorship was common because journalists feared that criticizing the government could prompt reprisals, adding that the government vilified and prosecuted individuals sympathetic to some religious, political, and cultural viewpoints. The report stated that the new legislation gave the state expanded authorities to block Internet sites without judicial oversight. In his introduction of the report, Malinowski specially mentioned Turkey for blocking access to Twitter and YouTube in the lead up to elections.

The human rights report recalled that the authorities detained more than 20 members of the media in raids that appeared to target media outlets openly critical of the government.

"Those detained included Zaman chief editor Ekrem Dumanlı and Samanyolu Media Group head Hidayet Karaca," the report said. The report also mentioned this reporter, who was deported from Turkey in February last year for sharing tweets that were critical of then-Prime Minister Erdoğan.

Regarding minorities, the State Department said the government did not effectively protect vulnerable populations from societal abuse, discrimination, and violence. Kurds continued to face human rights problems, particularly limitations on freedom of assembly. Roma, women, children, and lesbian, gay, bisexual, and transgender (LGBT) individuals were also subject to discrimination and abuse. Violence against women, including so-called honor killings, remained a significant problem, and child marriage persisted.

Other problems during the year, the report added, included poor prison conditions, including overcrowding; restrictions on religious freedom; government restrictions on human rights organizations; and a rise in the expression of anti-Semitic sentiments by political leaders and pro-government media outlets.

"The government took limited steps to investigate, prosecute, and punish members of the security forces and other officials who were accused of human rights abuses. Impunity was a problem," the report underlined. (TODAY'S ZAMAN, June 25, 2015)

US newspapers welcome Turkey’s decision to punish Erdoğan

Major US newspapers have rallied behind the outcome of Sunday's parliamentary vote in Turkey, heralding the results as the beginning of an era of stronger democracy and increased freedoms.

The New York Times described the electoral outcome as the triumph of democracy in Turkey, where the former ruling Justice and Development Party (AK Party) lost its 13-year majority in Parliament. The newspaper said in an editorial that Turkish voters reasserted their "commitment to democracy" in the elections. It added that the Turks made clear they would not allow President Recep Tayyip Erdoğan, "an increasingly authoritarian leader," to amass even more power.

"This was a resounding rebuke for Mr. Erdoğan," the editorial continued, adding that he turned the election into what amounted to a referendum on himself and, in the end, emerged gravely tarnished.

The paper said the Turkish president has veered sharply off the democratic path, crushing efforts to challenge or limit his powers. Erdoğan, according to The New York Times, reacted with excessive force to peaceful protests in 2013 and was dogged by a corruption scandal. It added that his obsession with overthrowing Syrian President Bashar al-Assad caused him to allow jihadists to cross from Turkey into Syria to join the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL).

"Under his tough-guy image lay the thinnest of thin skins," the paper stated. "He has a long history of intimidating and co-opting the Turkish media, but grew more desperate and vicious in the closing weeks of the campaign, filing bogus criminal complaints against opposition newspapers."

Alert electorate to stop authoritarianism

"So the man who would be the next Ottoman sultan will have a harder road than he imagined," The Wall Street Journal said in its editorial. The newspaper described Sunday's outcome as "good news" for politics in Turkey because it shows an "electorate alert to stop what has been Mr. Erdoğan's creeping authoritarianism."

The WSJ said Erdoğan has harassed opponents in business, the media, the military and even the courts. "If he were able to coalesce more power into a dominant Presidency, he could rule like a Vladimir Putin with Islamist characteristics," the editorial noted. Speculating on possible coalition governments, the WSJ said Turkish democracy has trials ahead, but at least on Sunday the voters "rejected one-man, one-party Islamist rule."

Autocratic power rejected

The Washington Post has said the vote on Sunday was indeed a "decisive rejection of the president's drive to consolidate autocratic power."

The newspaper's editorial said on Tuesday that although Erdoğan was supposed to stay above the political fray, Erdoğan had vociferously stumped for the ruling AK Party. "This Putinesque move," the editorial said, produced a broad backlash from Turkey's diverse and increasingly middle-class voters, who turned out in droves to support opposition parties.

It noted that a logical response to this defeat would be for Erdoğan to drop his power grab and look for ways to compromise with opponents.

There are initially mixed signals from party officials and lawmakers, some of whom even said the party should prepare for an early election, a possible scenario if the ruling party cannot form a coalition government in 45 days. Erdoğan called on parties to act "responsibly" in forming the coalition in a statement he released a day after the elections, without bringing up the issue of early polls.

"Mr. Erdoğan," the editorial said, "may be tempted to maneuver around his rebuff." It warned that the early elections could give Erdoğan another chance to win over former AK Party voters, push the Kurdish party below the threshold for parliamentary representation and scoop up most of its seats.

"That sounds like a recipe for sustained instability in a country that can ill afford it, perched as it is on the border of the war zone encompassing Iraq and Syria," the Post said. A period of turmoil could, according to the paper, in the end, benefit Turkey if the result is to defang an autocracy-in-the-making.

"But better that Mr. Erdoğan accept now that he must change course."

Less of Erdoğan

The Chicago Tribune said in its editorial that Turkish voters sent a "clear, welcome" message: They want more inclusive rule. And they want less of Erdoğan.

The newspaper said Turkey is a US ally, but it has been an unreliable one. That relationship has been severely strained, the paper maintained.

"The country has been captive to Erdoğan's ambitions and fears," the editorial claimed, adding that he has been more focused on the threat posed by his brutal neighbor, Assad, than he has been on the "sadistic" ISIL spreading its influence and control of territory in the region.

According to the paper, Erdoğan has dominated Turkey, often by harassing and arresting the media and political opponents. "Last year he gave censors the power to shut down websites in Turkey without a court order. He has put at risk Turkey's standing as a strong democracy in a part of the world where such freedom is sorely lacking," it stressed.

The Chicago Tribune said Erdoğan will be forced to acknowledge he can't run Turkey as "a fiefdom." If Turkey can work through the political uncertainty, the Tribune underlined, its people will be better off for the effort. (TODAY'S ZAMAN, June 11, 2015)

Relations régionales / Regional Relations

Kobané: Les jihadistes EI étaient passées par le poste-frontière turc

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des combattants de l'EI ont lancé une attaque surprise dans Kobané où ils ont mené trois attentats suicide à quelques heures d'intervalle. Des combats continuaient à faire rage dans le centre de la ville.

Au moins 57 personnes ont été tuées dans les violences de jeudi, 35 Kurdes et 22 jihadistes, a précisé l'OSDH.

Les autorités turques ont pour leur part recensé dans les hôpitaux de Suruç, la ville frontalière turque qui fait face à Kobané, quatre morts et 135 blessés parmi les personnes transportées sur son territoire après l'attaque, selon un nouveau bilan.

Un militant kurde syrien, Arin Shekhmos, a affirmé jeudi à l'AFP que les forces de l'EI qui ont attaqué Kobané étaient passées par le poste-frontière turc de Mursitpinar, à quelques kilomètres à peine de la ville syrienne.

Les responsables du principal parti kurde de Turquie ont profité des attaques de Kobané pour dénoncer une nouvelle fois l'ambiguïté du gouvernement islamo-conservateur turc vis-à-vis des groupes jihadistes en guerre contre le régime de Damas.

"Ce n'est pas nouveau, l'EI a depuis longtemps utilisé le territoire turc pour entrer et sortir (de Syrie)", a déclaré à la presse Figen Yuksekdag, coprésidente du Parti démocratique des peuples (HDP).

"Je veux croire de toutes mes forces que les militants de l'EI n'ont pas pénétré en Syrie via la Turquie", a renchéri l'autre coprésident du HDP, Selahattin Demirtas, lors d'un entretien télévisé, "nous espérons que la Turquie a coupé son soutien à l'EI".

M. Erdogan a vivement réagi aux insinuations du HDP en lui demandant de "prendre eux-mêmes leur distances avec le terrorisme", en référence aux liens du parti kurde avec la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les pays occidentaux reprochent régulièrement au gouvernement turc de ne pas déployer suffisamment d'efforts pour contrôler sa frontière avec la Syrie et y bloquer le flux des militants qui rejoignent les rangs jihadistes.

La Turquie dément toute complaisance en mettant en exergue les arrestations sur son territoire de recrues étrangères à destination de la Syrie et accuse en retour ses alliés de ne pas partager leurs informations sur ces candidats au "jihad".

Appuyées par les frappes aériennes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, les milices kurdes ont repoussé en janvier l'EI hors de Kobané, après plus de quatre mois d'intenses combats ayant provoqué l'exode de 200.000 réfugiés, pour la plupart kurdes, vers la Turquie.

Kobané, ville symbole de la lutte antijihadiste

La ville kurde de Kobané, de nouveau la cible d'une attaque du groupe Etat islamique (EI), a été érigée en
symbole de la lutte contre les jihadistes en Syrie après des mois de combat.

C'est dans cette petite agglomération du nord de la Syrie et frontalière de la Turquie que l'EI avait connu sa première défaite cuisante en ce pays, où il contrôle de larges territoires.

Les jihadistes ont en effet été défaits en janvier après avoir perdu des centaines de combattants, tués par les forces kurdes et les frappes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Sous l'oeil des caméras du monde entier, installés des semaines durant de l'autre côté de la frontière turque, jihadistes et Kurdes se sont affrontés rue après rue pour cette petite ville dont l'importance militaire a souvent été mise en doute.

Les Américains eux-mêmes avaient été réticents à la qualifier de "stratégique", mais avaient fini par augmenter le nombre de raids, permettant aux Kurdes au sol de chasser définitivement les jihadistes de ce qui n'était plus qu'un champ de ruines.

"80% de la ville est détruite et de nombreuses armes non explosées (...) sont présents dans les décombres", indiquait l'ONG Handicap International début juin.

Des semaines de guérilla urbaine

L''EI avait lancé le 16 septembre 2014 son offensive sur les environs de Kobané (Aïn al-Arab en arabe), chef-lieu de l'un des trois "cantons" de la région où les Kurdes ont instauré une sorte d'autonomie après le début de la crise syrienne en 2011.

Le 6 octobre, les jihadistes entrent dans la ville, devenue ensuite le théâtre d'une guérilla urbaine pendant des semaines.
 Sous la pression internationale, la Turquie autorise finalement des combattants kurdes irakiens, les Peshmergas, à rejoindre avec des armements, la ville via son territoire.

Ces renforts couplés aux nombreuses frappes américaines obligent l'EI à abandonner une colline stratégique puis progressivement Kobané, annoncée par les Kurdes "libérée" fin janvier.

L'EI n'a ainsi pas réussi à capturer une ville qui lui aurait donné le contrôle d'une large bande le long de la frontière turque, essentielle pour faire transiter armes et combattants. Les Kurdes, de leur côté, se sont félicités de franchir une étape en vue de la création du Kurdistan syrien dont ils rêvent.

Une telle situation a de fait placé en première ligne la Turquie, dont la politique à l'égard de ses frontières avec la Syrie a maintes fois été qualifiée d'ambiguë, voire de complice des jihadistes.

Jeudi encore, quelque heures après le premier attentat suicide de l'EI dans Kobané, les Kurdes ont affirmé que les kamikazes avaient transité par la Turquie. Des accusations aussitôt balayées par Ankara, qui les a qualifiées de "propagande".

Après une série de revers face aux Kurdes notamment dans son fief de la province de Raqa, l'EI veut vraisemblablement prouver, à travers son attaque de jeudi, qu'il n'a pas été fragilisé.

"Il veut prouver qu'il peut attaquer à tout moment et n'importe où, et même à Kobané qui est devenu un symbole", affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
(AFP, 25 juin 2015)

Les jihadistes EI de retour à Kobané et entre à Hassaké

Le groupe Etat islamique a repris pied dans la ville kurde syrienne de Kobané, cinq mois après en avoir été chassé, et est entré dans celle de Hassaké, qu'elle tente de s'emparer depuis un mois, indique jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Ces percées dans ces secteurs kurdes du nord de la Syrie interviennent après une série de revers des jihadistes face aux forces kurdes dans la province de Raqa, notamment la perte de la ville de Tall Abyad, qui permettait au groupe extrémiste sunnite d'acheminer des armes et combattants depuis la Turquie.

A Kobané, des affrontements opposaient jeudi des jihadistes aux forces kurdes dans le centre de cette ville frontalière de la Turquie, dévastée après quatre mois d'intenses combats fin 2014.

"Les jihadistes ont réalisé une attaque suicide dans le secteur proche du poste-frontière avec la Turquie, au moins cinq personnes ont été tuées", a indiqué le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. "Des combats intenses ont ensuite éclaté, il y a des corps dans les rues", a-t-il ajouté, sans fournir de bilan.

L'EI avait tenté pendant quatre mois de prendre cette ville kurde syrienne avant d'en être chassé en janvier par les forces kurdes appuyées par des raids de la coalition internationale.

A Hassaké, ville du nord-est de la Syrie que l'EI tente de prendre depuis près d'un mois, des jihadistes se sont emparés de deux quartiers auparavant sous contrôle du régime.

Au moins 20 jihadistes et au moins 30 membres des forces du régime ont été tués lors de violents affrontements toujours en cours jeudi dans cette ville dont le régime syrien et les forces kurdes se partageaient le contrôle. L'EI y est entré après avoir lancé le 30 mai l'offensive sur ce chef-lieu d'une province frontalière de la Turquie et de l'Irak, où le groupe extrémiste sunnite est également implanté.

D'après l'OSDH, l'attaque qui a permis à l'EI d'entrer dans la ville a débuté tard mercredi, à l'aide notamment d'au moins un attentat suicide contre un point de contrôle tenue par une milice pro-régime.

"Des combats violents continuent, avec des bombardements des deux côtés", a expliqué Rami Abdel Rahmane, qui a précisé que les deux quartiers pris par les jihadistes se trouvaient dans le sud de la ville. "Les civils dans ces secteurs fuient vers le nord de la ville", sous contrôle des forces kurdes, a ajouté le directeur de l'ONG.
(AFP, 25 juin 2015)

La Turquie confirme des discussions pour une normalisation avec Israël

Des responsables turcs et israéliens se sont récemment rencontrés pour tenter de relancer les efforts de normalisation entre leurs deux pays, a indiqué mercredi le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, confirmant des informations de presse.

"Il est tout à fait normal que les deux pays s'entretiennent pour normaliser leurs liens. Comment peut-on parvenir à un compromis sans discuter ?", a-t-il dit devant la presse, cité par l'édition internet du journal Hürriyet.

M. Cavusoglu a expliqué que des responsables des deux pays se rencontraient "au niveau des experts" depuis longtemps.

Selon le journal israélien Haaretz, le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Dore Gold, s'est entretenu à Rome avec son homologue turc Feridun Sinirlioglu.

Les relations diplomatiques entre la Turquie et Israël se sont détériorées en 2010, après l'assaut lancé par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, un navire turc qui faisait partie d'une flottille humanitaire à destination de Gaza.

Neuf Turcs sont morts dans le raid et un dixième est décédé à l'hôpital l'an dernier après quatre ans passés dans le coma.

A la demande pressante du président américain Barack Obama, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait présenté ses excuses à la Turquie. Depuis, des responsables turcs et israéliens se sont rencontrés pour discuter de l'indemnisation des familles des victimes, sans toutefois parvenir à un accord.

Le ministre turc des Affaires étrangères turc a une nouvelle fois insisté mercredi sur ces compensations, affirmant que "la balle est dans le camp adverse". "Nous attendons une réponse de leur part", a-t-il dit.
(AFP, 25 juin 2015)

La Turquie s'inquiète de la montée des forces kurdes en Syrie

A contre-courant de l'euphorie occidentale provoquée par la prise de la ville syrienne de Tall Abyad au groupe État islamique (EI), la Turquie s'inquiète de la progression des forces kurdes, accusées de vouloir installer un bastion autonome à sa frontière.

Après Kobané, plus à l'ouest, en janvier, les combattants des Unités de protection du peuple (YPG), soutenus par les frappes aériennes internationales, ont infligé mardi une nouvelle défaite cinglante aux jihadistes de l'EI en les repoussant hors de Tall Abyad, qu'ils occupaient depuis près d'un an.

S'il a récemment durci le ton à l'endroit du groupe radical, le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara a ouvertement manifesté son hostilité envers les Kurdes.

Le président Recep Tayyip Erdogan s'est dit troublé par l'avancée des forces kurdes à sa porte, assimilée à la "création d'une structure qui menace (nos) frontières".

Dans la foulée, son vice-Premier ministre Bülent Arinç a accusé les Kurdes de mener une campagne de "purification ethnique" contre les autres populations de Tall Abyad, en majorité arabes, et de vouloir y créer une région autonome qui irait de l'Irak jusqu'à Kobané, dans la province syrienne d'Alep à l'ouest.

Les YPG ont immédiatement riposté aux accusations turques, qualifiées de "diffamation". "Nous répétons clairement que les YPG défendent l'unité syrienne et non pas sa dissolution", a assuré le mouvement dans une déclaration.

Contrairement à ses rapports avec la province autonome du Kurdistan irakien, les relations entre la Turquie et les Kurdes de Syrie sont mauvaises.

Ankara dénonce régulièrement les liens de leur principal mouvement, le Parti de l'union démocratique (PYD) avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une guérilla meurtrière. Et s'inquiète des risques pour son territoire, peuplé de 15 millions de Kurdes, de la création d'une région autonome à sa frontière sud.

Dans la ligne des propos de M. Arinç, un responsable turc a affirmé que le PYD conservait des liens étroits avec le PKK et menait une politique "systématique et planifiée" visant à changer la composition démographique des régions dont il a pris le contrôle.

- Contamination -

"Les Arabes et les Turkmènes, mais aussi les Kurdes qui ne sont pas liés au PYD, en sont exclus", assure-t-il à l'AFP sous couvert de l'anonymat. "Le PYD n'autorise même pas les autres factions kurdes sympathisantes à survivre. Ceux qui ne le suivent pas sont expulsés en Turquie", accuse ce responsable, ajoutant: "nous n'allons pas laisser faire ça".

Ankara estime ainsi que les 23.000 réfugiés accueillis sur son sol depuis début juin sont majoritairement arabes ou turkmènes, et non pas kurdes.

La présence kurde dans le nord de la Syrie alarme ouvertement la Turquie depuis 2012. Cette année-là, le président syrien Bachar al-Assad avait retiré ses troupes des zones de peuplement kurde pour confier la sécurité de ce territoire aux milices kurdes.

Le gouvernement de M. Erdogan avait engagé à la fin de cette même année des pourparlers de paix avec le PKK, toujours inaboutis. Le chef du PYD a même été reçu officiellement à Ankara dans le cadre de ses discussions avec l'opposition au régime de Damas.

Mais sa défiance envers les Kurdes de Syrie n'a pas changé. Elle a même éclaté au grand jour pendant la bataille de Kobané à partir de l'automne 2014. Son refus de venir en aide aux forces kurdes assiégées par les jihadistes de l'EI lui a valu les critiques du monde entier et provoqué des émeutes meurtrières dans le sud-est de la Turquie.

Le patron du PYD, Salih Muslim, a tenté de rassurer Ankara sur ses intentions en affirmant que ses troupes quitteraient Tall Abyad sitôt l'ordre et la sécurité restaurés.

"La Turquie ne doit pas s'inquiéter", a-t-il plaidé dans un entretien publié mercredi par le quotidien turc Hürriyet. "Les deux côtés de la frontière sont habités par notre peuple. Comment pourrait-on être hostile à notre propre peuple?", a-t-il demandé.

Expert au centre d'études Tepav d'Ankara, Nihat Ali Özcan interprète d'abord les ambitions kurdes dans le nord de la Syrie comme "une revanche contre la politique d'arabisation du régime syrien dans les années 1960".

Mais il n'en cache pas les dangers pour Ankara. "Ce qui se passe avec l'EI cache un conflit ethnique qui risque de déborder en Turquie", conclut M. Özcan.
(AFP, 17 juin 2015)

Erdogan dénonce la peine de mort infligée à Morsi

Le président turc Recep Tayyp Erdogan a sévèrement dénoncé mardi la confirmation par la justice égyptienne de la peine de mort infligée à l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, qualifiée de "massacre contre les droits fondamentaux et les libertés".

"Il est vital pour la paix sociale et la restauration de la stabilité en Egypte d'empêcher l'application du verdict de mort infligé à M. Morsi", a estimé M. Erdogan dans un communiqué, appelant la communauté internationale à "agir".

Le gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan, alors Premier ministre, était un proche soutien de l'islamiste Mohamed Morsi après son élection à la tête de l'Egypte en 2012, espérant qu'il aiderait à ranimer l'influence de la Turquie dans la région.

La Turquie s'est insurgée contre sa destitution par l'armée et M. Erdogan critique depuis régulièrement son homologue égyptien actuel Abdel Fattah al-Sissi. (AFP, 17 juin 2015)

La Turquie ne fournit pas d'informations à la Belgique malgré l'accord

La Turquie ne livre guère d'informations à la Belgique sur les candidats combattants belges qui se rendent dans ce pays dans le but de pénétrer en Syrie malgré l'accord de coopération conclu en janvier 2013, ressort-il d'une réponse fournie par le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, à une question écrite du député Benoît Hellings (Ecolo).

Le député voulait notamment connaître le nombre de refoulements de candidats belges depuis la signature de l'accord ou savoir si des mineurs se trouvaient parmi eux. "Les données disponibles demeurent malheureusement peu précises", indique M. Jambon (N-VA).

Le ministre invoque diverses raisons: plusieurs services s'occupent en Turquie du contrôle aux frontières et différents intervenants sont également impliqués dans les contrôles à l'intérieur du pays. Qui plus est, une règle interne turque limite la communication d'informations.

"De manière générale, le pays fournit par conséquent des informations relatives aux entrées et sorties dans le pays sans plus. Ainsi, sur les rares cas de refoulements effectivement traités en 2014, il n'y a pas, à ce stade, de transmission par les autorités turques d'information autre que la date de l'interpellation", précise-t-il.

L'année en cours devrait être celle de la redynamisation de la coopération policière enclenchée en 2013 par la signature d'un "memorandum of understanding", estime le ministre qui signale au passage que l'année 2014 a été marquée par une vaste réorganisation de la police turque. Au mois de septembre, une mission conjointe Intérieur-Justice-Affaires étrangères partira en Turquie pour concrétiser cette intention.

En mai 2013, la ministre de l'Intérieur de l'époque, Joëlle Milquet, s'était déjà rendue en Turquie pour y discuter avec les autorités. Elle avait rencontré diverses personnalités dont Recep Tayip Erdogan, alors Premier ministre. Les ministres des deux pays s'étaient mis d'accord sur un échange constant d'informations et un renforcement de la coopération policière et judiciaire. Au mois de juin de cette année-là, quatre jeunes venant de Belgique avaient été interpellés à la frontière syrienne et rapatriés.

"Deux ans après, on peut constater que cet accord n'est pas une grande réussite. Or, aujourd'hui, la seule façon de maîtriser le flux de combattants vers la Syrie, c'est de savoir qui est où. Et les services turcs le savent mais, manifestement, la Turquie ne fait pas sa part du travail en termes d'information. Est-cela qui justifie que l'on se montre aussi coulant avec elle? Le ton très mesuré de la Belgique, que ce soit pour les événements de la place Taksim ou dans la reconnaissance du génocide arménien, n'amène même pas la coopération policière", a déploré le député. (Belga, 16 juin 2015)


Des milliers de Syriens fuyant les combats de Tall Abyad entrent en Turquie

Des milliers de Syriens fuyant les combats entre les Kurdes et l'Etat islamique pour le contrôle de la ville de Tall Abyad sont entrés dimanche en Turquie qui a rouvert sa frontière à ces réfugiés, après l'avoir maintenue fermée pendant des jours.

En début de soirée, une longue file de réfugiés, beaucoup avec leurs effets personnels entassés dans des sacs, a commencé à traverser dans l'ordre le point de passage d'Akçakale, tandis que des milliers d'autres attendaient de l'autre côté de la frontière, a constaté un photographe de l'AFP.

Ces Syriens avaient fui dans l'espoir de se rendre en Turquie, mais l'armée turque les en avaient jusqu'alors empêchés, utilisant même des canons à eau pour les tenir à l'écart, selon le photographe.

Après avoir passé la nuit coincés entre les combats et les barbelés, nombre d'entre eux réclamaient de l'eau, les températures dépassant 35 degrés Celsius dans la journée, et des travailleurs humanitaires turcs lançaient des bouteilles dans la foule d'où des dizaines de mains se levaient pour les attraper.

Après avoir été soumis à un contrôle sanitaire et enregistrés par les autorités turques, ceux ayant des parents en Turquie étaient autorisés à rester avec eux, les autres devant être emmenés plus tard dans des camps de réfugiés déjà existants, a souligné l'agence de presse Dogan.

La télévision turque a évalué à 3.000 le nombre total des personnes qui devraient ainsi entrer en Turquie, mais le correspondant de l'AFP a estimé qu'il y en avait bien plus.

Les autorités turques avaient annoncé mercredi qu'elles allaient fermer localement la frontière, "sauf en cas de tragédie humanitaire".

Les responsables à Akçakale ont fait savoir plus tôt dans la journée de dimanche que l'autorisation avait été finalement donnée de laisser entrer en Turquie les Syriens massés à proximité de cet endroit.

Les forces kurdes sont parvenues dimanche à l'entrée de Tall Abyad et sont en train d'y combattre les forces de l'organisation Etat islamique, a affirmé à l'AFP un commandant kurde sur place.

"Nous sommes arrivés à 50 mètres de l'entrée est de la ville et nous combattons l'EI à un barrage", a assuré Hussein Khojer, un commandant des Unités de protection du peuple kurde (YPG) à Tall Abyad.

Les Kurdes veulent reprendre cette cité peuplée d'Arabes et de Kurdes pour priver l'EI d'un important point d'entrée d'armes et de combattants jihadistes.

Avant que la frontière dans la région ne soit fermée la semaine dernière, la Turquie avait déjà accueilli plus de 13.500 Syriens ayant fui les combats pour le contrôle de Tall Abyad, ont affirmé des responsables turcs.

Depuis que le conflit syrien a éclaté, en 2011, la Turquie a accepté sur son sol 1,8 million de réfugiés en provenance de Syrie.
(AFP, 14 juin 2015)

Entretien Poutine-Erdogan à Bakou, notamment sur l'énergie et la Syrie

Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu samedi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, notamment sur l'énergie et la Syrie, en marge des Jeux européens de Bakou dont ils avaient assisté la veille à la cérémonie d'ouverture, ont rapporté les agences de presse russes.

M. Poutine était accompagné de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de responsables du secteur énergétique lors de cet entretien à huis clos, selon les médias russes.

Avant le début de l'entretien, les deux hommes ont échangé quelques mots le temps d'une séance de photos, le président turc commentant l'absence de dirigeants de l'Union européenne aux premiers Jeux européens de l'histoire, cibles de nombreuses critiques en raison des atteintes aux droits de l'Homme en Azerbaïdjan.

"Cela s'appelle les Jeux européens mais il n'y a en fait aucun responsable de pays membres de l'UE ici", a déclaré M. Erdogan, proche allié du président Ilham Aliev, selon des propos cités par les agences turques.

"La Turquie, candidate à l'adhésion à l'UE, représente l'Union européenne tout entière", a dit en souriant M. Poutine, selon des images télévisées.

Selon les médias turcs, l'entretien entre les deux hommes a duré une heure et demie.

Outre le chef de la diplomatie russe, Vladimir Poutine était accompagné du ministre de l'Energie Alexandre Novak, du chef de l'agence russe de l'énergie nucléaire (Rosatom) Sergueï Kirienko et du patron du géant du gaz Gazprom Alexeï Miller, selon le site du Kremlin.

La délégation turque comprenait quant à elle les ministres des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu et de l'Energie Taner Yildiz.

Cette rencontre, la première entre MM. Poutine et Erdogan depuis une visite d'Etat du président russe en décembre en Turquie, devait selon le porte-parole du Kremlin aborder notamment le projet de gazoduc TurkStream qui doit permettre d'alimenter la Turquie en gaz russe et dont la construction doit commencer à la fin du mois.

Le gazoduc TurkStream doit permettre à la Russie de livrer du gaz à l'Europe sans passer par l'Ukraine, mais l'accord intergouvernemental entre Moscou et Ankara n'a toujours pas été paraphé, en raison selon la presse russe de difficultés à se mettre d'accord sur les prix.

MM. Poutine et Erdogan devaient aussi discuter de la situation en Syrie au cours de leur entretien qualifié d'"important" par le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

A l'issue de sa rencontre avec M. Erdogan, M. Poutine s'est entretenu avec le président d'Azerbaïdjan et l'a félicité pour le "spectacle impressionnant" de la cérémonie d'ouverture, selon l'agence TASS.
(AFP, 13 juin 2015)

Cumhuriyet: Le régime a facilité l'entrée de jihadistes en Syrie

Le quotidien turc Cumhuriyet a affirmé vendredi que le gouvernement avait facilité l'entrée des combattants jihadistes en Syrie, une semaine après avoir provoqué sa fureur en diffusant des images suggérant qu'il leur avait aussi livré des armes.

Dans son édition de vendredi, le journal proche de l'opposition écrit que les services de renseignement turcs (MIT) ont loué deux bus qui ont servi le 9 janvier 2014 à faire illégalement entrer en Syrie à partir du poste-frontière de Reyhanli (sud-ouest) plusieurs dizaines de rebelles islamistes hostiles au régime de Damas.

A l'appui de ses allégations, Cumhuriyet publie les photos des deux véhicules interceptés par les forces de l'ordre turques au lendemain de l'opération, dans lesquels ont été retrouvés des armes et des munitions.

Selon le journal, les chauffeurs des deux véhicules, brièvement interpellés, ont affirmé aux enquêteurs que leurs bus avaient été loués par le MIT, qui leur a présenté leurs passagers comme de simples réfugiés syriens.

Il y a une semaine, Cumhuriyet a suscité la colère du gouvernement islamo-conservateur turc en publiant des images d'armes dans des camions du MIT interceptés en janvier 2014 par les gendarmes turcs près de la frontière syrienne.

Cette opération alimente la polémique depuis que des documents officiels publiés sur internet ont révélé que ces armes étaient destinées aux groupes jihadistes.

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui a toujours nié tout soutien à ces combattants, a riposté en portant personnellement plainte contre le quotidien et son rédacteur-en-chef, Can Dündar, réclamant contre eux la prison à vie.

A quelques jours des élections législatives de dimanche, ce nouveau bras de fer entre le chef de l'Etat et un média a relancé l'inquiétude de l'opposition turque et des ONG de défense de la liberté de la presse, qui dénonce la dérive autoritaire de M. Erdogan.

Quelque 400 intellectuels, artistes ou universitaires, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, ont manifesté leur soutien au journal dans une tribune.

M. Erdogan espère une large victoire de son parti aux législatives de dimanche, afin de réformer à sa main la Constitution en renforçant ses pouvoirs.
(AFP, 5 juin 2015)

Une Française qui avait rejoint les jihadistes en Syrie arrêtée en Turquie

La police a arrêté en début de semaine dans le sud-est de la Turquie une Française qui rentrait de Syrie, où elle avait épousé un combattant du groupe Etat islamique (EI), a-t-on appris de source officielle turque jeudi.

Sonia Belayati, 22 ans, a été interpellée mardi à l'aube dans une gare routière de la province de Sanliurfa, grâce à un signalement fourni par la France, a précisé à l'AFP un responsable turc sous couvert d'anonymat.

Selon cette source, la jeune femme était arrivée en mars en Turquie via Istanbul, avant d'entrer illégalement en Syrie pour y rejoindre l'EI. "Elle a travaillé pour l'organisation terroriste Daesh pendant trois mois. Puis elle s'est mariée avec un combattant étranger haut placé du groupe", a-t-il ajouté.

La jeune Française s'est ensuite séparée de cet homme et a été incarcérée dans une prison de l'EI. Une fois remise en liberté, elle a réussi à repasser la frontière pour regagner la Turquie, selon ce responsable.

Les autorités turques ont engagé contre elle une procédure d'expulsion.

Longtemps critiqué pour ne pas suffisamment lutter contre les filières de recrutement jihadistes qui traversent son territoire vers la Syrie, le gouvernement islamo-conservateur turc a nettement renforcé récemment les contrôles à ses frontières.

Ankara a annoncé avoir inscrit plus de 13.500 noms sur sa "liste noire" des citoyens étrangers interdits d'entrée sur son territoire en raison de leurs sympathies présumées pour les jihadistes qui combattent le régime du président syrien Bachar al-Assad.

La Turquie a également indiqué avoir déjà expulsé plus de 1.350 personnes suspectes de vouloir rejoindre les rangs de l'EI.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan exige depuis le début de la guerre civile syrienne le départ du président Assad, devenu sa bête noire.
(AFP, 4 juin 2015)

La Turquie joue au poker sunnite en Syrie

Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 4 juin 2015

Le 21 février dernier, les forces turques se sont enfoncées en Syrie sur une profondeur de 25 km, non pas pour porter le fer dans le conflit syrien, mais pour aller chercher le tombeau du grand­père du fondateur de l’Empire ottoman, Suleiman Shah. Pas un coup de feu n’a été tiré. L’Etat islamique n’a pas bronché. Et le tombeau a été ramené à la frontière turco­syrienne, avec sa garde rapprochée.

Depuis qu’Erdogan a rompu en 2011 les liens avec le régime de Ba­char al Assad, c’est la seule incursion militaire turque en Syrie – et le signe qu’Ankara veut à tout prix éviter toute confrontation de ses troupes sur le sol syrien. Car ce conflit ne lui apporte que des ennuis : près d’1,5 million de réfugiés s’incrustent dans le pays; les filières de djihadis­ tes, d’armes et de pétrole prospèrent, et la population kurde est en ébulli­tion, prête à infliger une défaite élec­torale au parti au pouvoir, l’AKP, lors des législatives de ce dimanche 7 juin.

Livraisons d’armes en Turquie

Mais la Turquie ne reste pas inac­tive. En tournant le dos à son allié sy­rien et en tissant des liens avec les monarchies sunnites du Golfe arabo­-persique, Erdogan a rompu avec ce vieux rêve de la Turquie moderne de servir d’interface économique entre l’Est et l’Ouest. Le fameux principe de la diplomatie AKP – “zéro problème avec les voisins” – a été abandonné. Ankara a pris parti contre le régime syrien pro­iranien, avec les encoura­gements de la France, du Royaume­-Uni et des “Amis de la Syrie”.

En mars 2013, le “New York Times” indiquait que plus de 160 vols cargo militaires, surtout en provenance du Qatar et d’Arabie saoudite, avaient atterri depuis janvier 2012 en Tur­quie et en Jordanie. Ces avions étaient remplis d’armes et de muni­tions à destination des rebelles dits “modérés”, mais dont on sait qu’ils changèrent d’allégeance rapidement pour rejoindre des groupes plus structurés, comme l’Etat islamique qui émergea en 2014.

Ces livraisons d’armes se sont poursuivies au cours des mois. Un journal turc laïc, le “Cumhuriyet”, vient de diffuser des images de ca­mions transportant des munitions vers les zones rebelles et interceptés en janvier 2014 par un magistrat turc local, aujourd’hui taxé de traître par le président Erdogan.

Axe Turquie-Qatar-Arabie saoudite

Ce n’est pas le plus important. De­puis février, selon plusieurs sources, la Turquie a rejoint un axe sunnite avec l’Arabie saoudite et le Qatar, qui agit à la fois sur le plan militaire et di­plomatique. Militaire, en soutenant une “Armée de la conquête” (“Jaish al­Fatah” en arabe) qui accumule les conquêtes dans le nord­ouest de la Syrie. Cette nouvelle alliance s’est emparée d’Idlib et de Jisr al­-Chou­ghour, un verrou vers la ville d’Alep. Le groupe est composé de salafistes combattant pour Ahrar al-Sham, mais aussi des djihadistes du Front Al­Nosra, toujours considéré par les Occidentaux comme une filiale sy­rienne d’Al Qaïda. Son chef al­Jolani a accordé une rare interview en mai à la chaîne Al Jazeera en promettant de ne pas utiliser la Syrie comme un tremplin pour attaquer l’Occident et de respecter les minorités. Cette ten­ tative de normaliser l’image d’Al­-Nosra a pour but de présenter une al­ternative raisonnable à l’Etat islami­ que, jugé infréquentable même par les Etats arabes qui craignent que l’éclatement de l’Irak et de la Syrie ne se propage à leurs pays.

L’Occident sans réelle stratégie

L’offensive diplomatique de l’axe Doha­Ankara­Riyad a été menée par le Qatar, qui a réussi à calmer les craintes saoudiennes à propos des Frères musulmans, soutenus par la Turquie et le Qatar. Cet axe plaide pour la création de zones de sécurité et d’interdiction de survol en Syrie, mais n’a pas encore réussi à convain­cre Washington.

Car l’Europe et les Etats­Unis, sans réelle stratégie, plaident pour une “solution politique” en Syrie. Des contacts ont repris à ce sujet avec la Rus­sie, qui se demande si le régime de Bachar al Assad tiendra. Mais l’axe sunnite a une longueur d’avance. “Ces trois pays se posent la question de lancer un processus politique alors qu’on est en train de gagner sur le ter­rain”, explique un diplomate. Et leur objectif est clair: établir un régime à dominante sunnite en Irak et en Sy­rie, deux pays aujourd’hui dirigés par des chiites et soutenus par l’Iran. La menace est assez claire pour Damas, qui affirme avoir reçu ces derniers jours le renfort de près de 7 000 com­battants iraniens et irakiens.

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Anastasiades: New Ankara gov’t may affect Cyprus talks

Both sides in Cyprus must work to find a solution that does not create winners or losers on the divided island, Greek Cypriot leader Nicos Anastasiades told Hürriyet in a recent interview, adding that a new government in Turkey may have a “direct effect” on the talks that recent got back on track.
 
“Depending on who is going to form the coalition government in Turkey, or whether there is going to be a new election, I think the situation will affect Cyprus,” Anastasiades said.

“I do not want to make any comments on the internal situation in Turkey. All I can say is that, as Cypriots, knowing that a key element of the decision-making is in Ankara, the situation is definitely dependent on the government that is in power and how helpful it might be,” he added.

Referring to the recently reinvigorated talks, Anastasiades said he and Turkish Cypriot leader Mustafa Akıncı, who was elected in April, shared the same vision. “It is indeed a crucial moment for Cyprus. Full of hope … [We share] a vision to work tirelessly in order to find a solution on the agreed basis of a bi-zonal, bi-communal federation with political equality in a single sovereignty, single-citizenship and single-international legal personality.”

“The climate is quite positive due to the political history of Mr. Akıncı. Of course, my own commitment is well-known. This is the moment that we have to work for in order to find, as soon as possible, a solution that will not create losers or winners,” he said.

“After 41 years, and with the presence of two leaders who are committed to the reunification of the island, I think we have a great chance. It is one of the best chances we have had ever since the problem was created,” Anastasiades added.

The Greek Cypriot president declined to give an exact timeframe for the talks, preferring instead to say “the soonest possible.”

“There are no timeframes, because if you set timetables it means you are under pressure. This has been demonstrated in the past … It proved counterproductive and ineffective, with the most apt example being the process that led to the Annan plan,” he said, referring to the plan named after the former United Nations Secretary General Kofi Annan that was rejected by Greek Cypriots in a 2004 referendum.

Anastasiades said Turkey’s contribution to talks is vital, as a number of core issues are directly dependent on Turkey.

“I will give you an example with regard to Confident Building Measures [CBMs]. We are talking about the opening of many more crossing points [between northern and southern Cyprus]. But the most important crossing points, which will benefit both communities, are being characterized by the other side as military zones. In this respect, the demilitarization of certain areas, or as many areas as possible, is going to be one of the most important CBMs. But we need the support of Turkey to do this. We also definitely need the contribution of Turkey regarding core issues such as the withdrawal of troops, territorial adjustments, settlers and so on,” he said.

Asked about the Turkish military presence on the island, Anastasiades said a solution would make them “anachronistic.”

“It goes without saying that if we find a solution, we consider the presence of foreign troops to be an anachronistic concept for a modern European state. We will discuss all the core issues in due course and I expect that we will be in a position to find a solution,” he said.

“We are a member of the European Union. There might be a need for a small military force to contribute towards certain obligations we have for CSDP [Common Security and Defense Policy] missions and Search and Rescue activities, as well as the fight against asymmetrical threats such as terrorism.  Otherwise, we support demilitarization,” he added.

“Of course, we have to take into consideration the mistrust of Greek Cypriots toward Turkey, while at the same time we have to take into consideration the mistrust of our Turkish Cypriot compatriots toward the Greek Cypriots. We will find a way. We are a European country. Europe is one of the best solutions to give maximum protection to both Greek Cypriots and Turkish Cypriots. It may be that, for a transitional period, United Nations forces will have to look after the implementation of the solution,” Anastasiades added.

“The most important thing is for the solution to be a win-win situation and for the people to accept it.  This is quite important. Nobody can ignore the concerns of the Greek Cypriots or the concerns of the Turkish Cypriots. It should be a balanced compromise and it should not ignore the protection of human rights and the Acquis,” he said.

Natural gas exploration rights around the island remain a core issue in the negotiations. Italian oil and gas firm ENI was recently licensed by the Greek authorities for search activities in the Mediterranean, Anastasiades recalled.

“They have carried out two exploratory drillings but due to technical reasons, they have currently suspended their drilling. For the time being, apart from the management of the already discovered natural gas in the Aphrodite field, there are no plans for further drillings. Of course, the obligations of ENI are there. We are negotiating to give them the time they need in order to overcome these technical issues,” he said.
(hurriyetdailynews.com, June 11, 2015)

Akinci: un accord de paix est possible dans les mois à venir

Le dirigeant chypriote-turc Mustafa Akinci n'est pas un "magicien", mais avec quelques soutiens de poids, il espère pouvoir en finir avec la division de Chypre dans les mois à venir, a-t-il dit vendredi en marge de réunions à l'ONU à New York.

Le dirigeant récemment élu la tête de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue seulement par Ankara, a notamment rencontré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour évoquer le processus de paix.

M. Akinci, élu il y a deux mois, lui a fait part de son optimisme: "Je ne suis pas magicien et ce serait difficile de penser qu'on peut résoudre cela d'ici la fin de l'année", a-t-il dit à l'AFP.

"Mais je suis prêt à vous affirmer qu'il s'agit d'une question de mois, pas d'années. C'est ce que je crois", a ajouté Mustafa Akinci, qui a rencontré son homologue de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, fin mai pour une entrevue informelle.

Au cours de cette rencontre, les deux dirigeants ont traversé ensemble la "ligne verte" de démarcation entre les parties sud et nord, à Nicosie, ce qui a constitué une grande première.

"Ce n'est pas un secret qu'il n'y a plus rien sur quoi discuter. Chaque point de la question chypriote a été largement négocié depuis des années", a jouté M. Akinci. "Ce dont nous avons besoin, c'est d'une volonté politique".

Diverses mesures ont été prises en vue d'un rapprochement des deux parties de cette île coupée en deux depuis 1974 et l'invasion du tiers nord de l'île méditerranéenne par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat nationaliste visant à la rattacher à la Grèce.

Parmi ces mesures, de nouveaux points de passage pour traverser la "ligne verte" ont été ouverts, les réseaux de téléphonie mobile ont été harmonisés et ceux d'électricité ont été reliés.

Lors de sa rencontre avec le secrétaire général, M. Akinci a requis l'expertise de l'ONU pour aider à nettoyer 28 champs de mines dans le nord de Chypre, après que la Grèce a indiqué leurs emplacements précis.

"C'est un processus initié par les dirigeants, mais nous aurons besoin d'aide de parties intéressées", a repris M. Akinci, faisant allusion à la Turquie, à la Grèce, à la Grande-Bretagne, à l'Union européenne, aux Nations unies et aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à qui il sera demandé d'appuyer un accord de paix final par le biais d'un soutien politique et financier.

L'élection fin avril de M. Akinci, favorable de longue date à une réconciliation, a ravivé les espoirs d'une solution de paix.
(AFP, 5 juin 2015)

Immigration / Migration


Turkey ranks bottom in migrant integration report with flow of refugees

Turkey’s legal framework hinders the integration of migrants, and the country ranks bottom of a list of 38 developed nations, according to the latest world ranking by a Brussels-based think tank.

Turkey is failing to integrate migrants amid an increased flow of refugees from Syria, according to the Migrant Integration Policy Index (MIPEX) 2015 report released on June 23.

“Immigrant workers and their families have restricted rights and little-to-no state support. The policies are unfavorable for labor market mobility, education, and political participation, even compared to other new countries of immigration in Central and Southeastern Europe,” said the report.

Turkey also has the weakest protections against discrimination because a dedicated anti-discrimination law and agency are still lacking and pending approval by parliament, the report stated.

The country’s relative strength, family reunion, is still incompatible with EU law and weak compared to laws in most MIPEX countries, it added. Settled immigrants face not only a slightly unfavorable path to citizenship, as in several new countries of immigration, but also one of the least favorable paths to simply a long-term residence permit, far below EU standards, it added.

A reform of Turkey’s asylum and migration policies is now less about relations and accession to the EU and more about the future of the now 1.7 million registered Syrian refugees, who are projected to reach 2.5 million by the end of 2015, the project’s authors said. Turkey is now the largest host country of refugees in the world, with just 250,000 in 25 refugee camps and the rest in cities across the country.

The MIPEX 2015, led by the Barcelona Centre for International Affairs (CIDOB) and the Migration Policy Group (MPG), conducted a complete review of integration outcomes, policies, and beneficiaries in all EU member states, as well as Australia, Canada, Iceland, Japan, New Zealand, Norway, South Korea, Switzerland, Turkey and the United States.

For Turkey, Istanbul Bilgi University’s European Institute and Kemerburgaz University have been the official partners of the MIPEX Project since 2013 and have collected and analysed the data for Turkey.
(hurriyetdailynews.com, June 23, 2015)

Affaire Özdemir: le cdH de Schaerbeek n’a plus aucun conseiller communal

Le cdH schaerbeekois prend l’eau: le dernier conseiller communal humaniste a «pris ses distances» avec le parti. Auquel il reproche le manque de clarification concernant la démission forcée de Mahinur Özdemir.

Le conseiller communal schaerbeekois Seydi Sag a lié l’acte à la parole mardi soir, en quittant les bancs de son groupe et du même coup le conseil communal, comme il l’avait annoncé la veille, faute d’avoir eu les explications que la section locale du cdH a demandées à la présidence du parti au sujet de la démission forcée de Mahinur Özdemir, sur fond de non-reconnaissance par celle-ci du génocide arménien.

Seydi Sag n’a pas dit clairement mardi soir qu’il quittait le cdH pour autant.

La veille, il avait expliqué au journal La Capitale qu’une semaine après l’envoi d’un courrier de demande d’explications à la présidence du parti, la section locale n’avait reçu aucune explication de la part du président, ni de proposition de rendez-vous.

«La moindre des choses: écouter les membres de la section locale»

«La moindre des choses était d’écouter les membres de la section locale, de nous informer de cette décision. On ne nous a pas demandé notre avis... Je suis le dernier conseiller communal cdH et je devais, au prochain conseil, devenir le chef de groupe. Vous imaginez un peu le malaise», avait ajouté Seydi Sag précisant qu’il prendrait ses distances avec le parti, «tant qu’il n’aurait pas de réponse».

Dont acte mardi soir.

Aucun conseiller cdH ne siège donc actuellement au conseil. Le centre démocrate Humaniste compte par contre toujours deux échevins: Denis Grimberghs (Finances, Mobilité et Logement), et Mohamed El Arnouki (Espaces verts et Famille).

Les défections de Mahinur Özdemir et de Seydi Sag ne mettent pas la majorité Liste du Bourgmestre (B. Clerfayt)-Ecolo-cdH en danger. Quelle que soit l’issue de cet épisode, celle-ci compte encore 28 membres sur 47. (L'Avenir, 24 juin 2015)

Ministre-président de Bruxelles Rudi Vervoort sur génocide et Emir Kir

Le bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS) est de nouveau sous tous les projecteurs depuis que jeudi dernier le Premier ministre Charles Michel (MR) a officiellement reconnu le génocide des Arméniens au nom de l’Etat belge. Invité de Pascal Vrebos, dimanche midi, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort s’est montré un brin agacé lorsque l’animateur lui a posé la question de savoir si M.Kir risque l’auto-exclusion du Parti socialiste. L’Excellence éveroise a répété que “le PS (qui reconnaîtra officiellement lui aussi ce génocide) devra être suivi, sans exception par l’ensemble des députés”... (La Libre Belgique, 22 juin 2015)

Affaire du cabinet Milquet : la Justice marque le coup

Les perquisitions, hier, dans les bureaux de la ministre Joëlle Milquet et à son domicile indiquent une accélération de l'instruction judiciaire sur les emplois fictifs suspectés au cabinet de l'Intérieur en 2014. Et aussi une détermination de la justice vis-à-vis du monde politique, même si celle-ci sait qu'elle doit faire preuve de prudence.

En février 2014, dans une série de deux articles, Le Vif/L'Express s'interrogeait sur l'embauche suspecte, à six mois des élections fédérales et régionales du 25 mai, d'au moins huit nouveaux collaborateurs aux cabinets de l'Intérieur et de l'Egalité des chances, soit les portefeuilles que détenait alors Joëlle Milquet au sein du gouvernement Di Rupo.

Etonnant : nous constations que ces collaborateurs présentaient tous un même profil bruxellois et politique. La plupart d'entre eux avaient été élus ou avaient figuré comme candidats CDH aux élections locales de 2012 dans des communes comme Molenbeek, Anderlecht, Saint-Josse-ten-Noode, Bruxelles-Ville, etc., là où précisément la candidate bruxelloise Milquet battait campagne. Parmi ceux-ci, Mustafa Özdemir, conseiller à Saint-Josse, qui a récemment annoncé son départ du CDH suite à l'éviction de sa soeur Mahinur.

Nous avions également mis la main sur des profils de fonction qui, pour chacun de ces collaborateurs, décrivaient un certain nombre de tâches à remplir pour la préparation du scrutin du 25 mai. Sur chaque profil, était indiqué de manière particulièrement ostensible : "A faire en dehors des heures de travail et les jours de congé". La liste des tâches était tout de même très longue pour n'être accomplie qu'en dehors des heures de travail. En outre, certaines tâches - comme cette "réunion chaque vendredi" avec le secrétaire particulier de la ministre ou la "conception de la revue de presse Ville et Région pour 9h le matin", la "veille médiatique des JT de Télé Bruxelles (+l'interview de 12h45, des JP Bruxellois sur Vivacité..." - paraissaient difficilement réalisables en dehors des heures de travail. Par ailleurs, des sources directes, proches de la ministre, nous avaient confirmé que ces collaborateurs travaillaient bien pour la campagne au sein du cabinet.

Lors de notre premier article, Joëlle Milquet nous a avait répondu qu'il s'agissait-là d'insinuations absurdes, voire d'accusations calomnieuses et que jamais elle n'avait préparé de campagne à partir de son cabinet. Pour le second article, qui révélait les profils de fonction, elle ne nous n'avait plus répondu et sa porte-parole nous avait renvoyé vers le CDH de Bruxelles.

L'ENQUÊTE. Les articles du Vif ont visiblement titillé la justice puisqu'une information judiciaire a rapidement été ouverte au parquet de Bruxelles. En jeu : une infraction à la loi sur les dépenses électorales. Mais, à ce stade de la procédure aucun devoir d'enquête n'a été demandé. Le dossier à l'information est ensuite remonté, quelques mois plus tard, au parquet général, ce qui est logique car les affaires touchant un ministre sont du ressort de la cour d'appel. Mais il a fallu attendre fin janvier 2015, près d'un an après la publication des articles du Vif, pour que le conseiller Frédéric Lugentz soit saisi du dossier pour l'instruire. Pourquoi une si longue hésitation ?

Lancer l'armada judiciaire avant les élections aurait été très risqué, car la candidate Milquet aurait pu mettre un éventuel mauvais résultat électoral sur le compte de la publicité d'une telle action de la justice. Cela dit, l'instruction a été ouverte bien longtemps - plus de six mois - après les élections... Une explication tiendrait à la personnalité de la principale intéressée. Poids lourd en politique, Joëlle Milquet était ministre de l'Intérieur à l'époque des faits et elle est aujourd'hui ministre de l'Education en fonction au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Depuis la loi de 1998 qui règle la responsabilité pénale des ministres, ce genre de procédure judiciaire n'a été en mise en oeuvre qu'une fois, à l'égard de Jean-Claude Van Cauwenberghe, mais jamais encore pour un ministre fédéral. Les magistrats marchent donc sur des oeufs. Certes, depuis les affaires Inusop et Agusta, le monde judiciaire est attentif aux dérives du monde politique. Mais il reste néanmoins prudent. Il ne veut pas se voir reprocher de prendre une quelconque revanche par rapport au sort que le politique lui réserve depuis pas mal d'années, notamment sur le plan budgétaire.

Cela dit, le juge Lugentz et ses enquêteurs ont frappé fort, hier, en perquisitionnant tous azimuts, entre autres les bureaux de la ministre, place Surlet de Choquier, et son domicile. C'est qu'outre les articles du Vif, ils devaient disposer d'indices suffisamment sérieux pour agir de la sorte. On ne mobilise pas trente policiers pour rien. De telles perquisitions à l'encontre d'un ministre en fonction ne se décident pas à la légère, mais collégialement par plusieurs magistrats de la cour d'appel. Il aura aussi fallu l'accord du procureur général de Bruxelles.

LA SUITE. Comme nous l'avons déjà écrit (Le Vif-L'Express du 8 mai), l'enquête ne sera pas simple, même si Lugentz n'est pas un débutant en matière d'investigations sensibles. C'est lui qui, en 2009, avait mené la délicate instruction sur les enquêteurs du dossier KB-Lux. Démarrer l'instruction du dossier Milquet avec tant de retard n'est toutefois pas un cadeau, tant pour mettre la main sur des indices probants que pour recueillir des témoignages fiables.

Les enquêteurs ont choisi d'effectuer les perquisitions avant les vacances d'été, sans doute pour pouvoir examiner à l'aise ce qu'ils ont récolté (documents, PC, GSM...), sans subir de pression médiatique. Il est probable qu'à un moment donné de l'enquête, Joëlle Milquet soit interrogée par le magistrat instructeur, mais cela ne devrait pas se produire avant plusieurs mois. Pour l'heure, aucune inculpation n'a été prononcée et la ministre bénéficie bien sûr de la présomption d'innocence. Lorsque le juge Lugentz aura terminé son instruction, il remettra ses conclusions au procureur général, lequel pourra requérir un éventuel règlement de procédure devant la chambre des mises en accusation qui, au niveau de la cour d'appel, décide du renvoi ou non d'une affaire devant un tribunal. En l'occurrence, si une juridiction de fonds devait se pencher sur un dossier impliquant un ministre, ce serait une chambre à sept juges de la cour d'appel, comme le veut la loi de 1998.
(Vif/L'Express, Thierry Denoel, 17 juin 2015)

Le cabinet ministériel de Joëlle Milquet perquisitionné



La justice a procédé mardi à des perquisitions au cabinet de la ministre de l'Education, Joëlle Milquet, a-t-on indiqué de source officielle, confirmant ainsi une information de la RTBF.

Cette opération de police menée par une trentaine d'enquêteurs de la police judiciaire s'inscrit dans le cadre de l'instruction du dossier sur les collaborateurs litigieux engagés au cabinet de l'Intérieur par Joëlle Milquet, lorsqu'elle était titulaire de ce portefeuille, six mois avant les élections de 2014.

Les enquêteurs ont notamment emporté des documents et se sont intéressé à des téléphones portables et des ordinateurs, indique-t-on à bonne source.

Interrogé mardi, le porte-parole de Mme Milquet (cdH) a confirmé cette perquisition dans les bureaux de la ministre situés place Surlet de Chokier, à Bruxelles, ajoutant que l'intéressée n'était plus présente sur place. Dans une déclaration à Belga, la ministre dit se "réjouir que les vérifications d'usage que permet une instruction puissent enfin mettre un terme définitif à ce dossier". Pour Joëlle Milquet, il n'y a "rien de neuf à déclarer au sujet de l'instruction en cours déjà rendue publique".

Selon elle, celle-ci repose "sur les insinuations sans aucun fondement, démenties depuis le début et contenues dans un seul article de presse, du Vif l'Express, datant de février 2014". La ministre s'est refusé à tout autre commentaire.

Le parquet général a de son côté confirmé une enquête "dans le cadre d'une instruction déjà ouverte à charge de Joëlle Milquet. Le secret de l'instruction reste le principe général et il ne fera pas exception dans ce cas", a ajouté le parquet général, se refusant à donner davantage d'informations.

En février 2014, le magazine 'Le Vif/L'Express' avait révélé le recrutement de collaborateurs de campagne par la vice-Première ministre et ministre de l'Intérieur de l'époque, au sein de ses deux cabinets, à six mois des élections. Selon le magazine, ces collaborateurs semblaient uniquement chargés de préparer la campagne électorale de Mme Milquet à Bruxelles. Une grande partie de ces nouveaux collaborateurs s'étaient par la suite retrouvés sur les listes du cdH. (Belga, 16 juin 2015)

Texte complet de l'article du Vif/Express, 7 février 2014

La grande soirée avec Erdogan orchestrée par le frère de Mahinur Özdemir

"Toujours selon nos sources, les nouveaux collaborateurs du 2, rue de la Loi seraient notamment chargés d’organiser ou de repérer, d’ici au mois de mai, des événements où la candidate Milquet pourrait rencontrer un maximum d’électeurs potentiels d’origine marocaine, turque, congolaise... D’ailleurs, la grande soirée au Concert Noble (à Bruxelles) qui, le 21 janvier, célébrait les 50 ans de l’immigration turque, en présence de Joëlle Milquet et de Recep Erdogan, aurait été orchestrée par Mustafa Özdemir, au sein du cabinet. Ce serait également au cabinet que les invitations ont été préparées. (
Extrait de l'article du Vif, 7 février 2014)

Le frère de Mahinur Özdemir, élu communal à Saint-Josse, quitte le CDH


Le frère Özdemir (à gauche) avec l'ancien ministre turc Egemen Bagis (AKP)

Au lendemain de l’exclusion de la députée bruxelloise Mahi­nur Özdemir du CDH, nous vous annoncions que le parti ris­quait de perdre des voix à Bruxelles, mais aussi des mandataires. C’est dé­sormais officiel ! Vendredi, deux conseillers commu­naux de Saint-­Josse ont envoyé un courrier au parti pour annon­cer leur départ.

Cevdet Yildiz et Mustafa Alperen Özdemir ­ qui n’est autre que le frère de Mahinur Özdemir ­ se disent choqués par l’expulsion de la dépu­tée bruxelloise et cheffe de groupe au conseil communal de Schaerbeek. Pour rap­pel, Mahinur Özdemir a été mise à la porte de son parti le 29 mai dernier, au motif d’avoir refusé de re­connaître publique­ment le génocide ar­ménien.

Dans leur missive, les deux élus réclament que toute la lumière soit faite sur la méthode ayant mené à cette exclusion. “Celle-­ci ne semble pas respecter tant les règles de forme que de fond relatives aux statuts du CDH, ses principes, ceux de l’Etat de droit et de la Convention européenne des Droits de l’Homme. Le respect des statuts et de la charte de l’humanisme démocratique ne supporte aucune atti­ude ambiguë et réclame une totale clarté; sans quoi une telle procédure exceptionnelle apparaîtrait comme discriminatoire.”

De façon plus générale, les deux conseillers communaux dénoncent une droitisation du CDH. “Ses tenta­tions populistes et électoralistes minent l’unité du parti et de nombreux mem­bres font part de leur incompréhension de cette décision, mais ont peur de l’ex­primer publiquement, tant à Bruxelles qu’en Wallonie”, font savoir Cevdet Yildiz et Mustafa Alperen Özdemir.

Ces derniers font état d’un malaise réel au sein du CDH depuis quelques années qui serait dû notamment à l’entrée en fonction de Benoît Lutgen.

“Le pré­sident du CDH ne con­naît manifestement pas la réalité sociologique de notre capitale euro­péenne cosmopolite. D’ailleurs nous avons reçu de nombreux té­ moignages de person­nes de toute origine fai­sant part de leur mé­contentement dans cette saga. Nous voulons porter cette voix publi­quement au nom de la démocratie, de l’éthique, de la justice et du res­pect de l’autre.”

Les deux élus n’envisagent pas de remettre leur mandat au CDH qui passe donc de cinq à trois sièges dans la commune de Saint-­Josse. Selon nos informations, d’autres départs dans les communes d’Anderlecht, Schaerbeek, Molenbeek et Bruxel­les-­Ville ne sont pas à exclure. (La Libre Belgique,
Pa. D., 13 juin 2015)

Emir Kir a inauguré la première mosquée à minaret à Bruxelles



Après un long silence sur la question du génocide arménien, le Bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS), a inauguré le dimanche 7 juin 2015 la première mosquée turque à minaret dans sa commune. “La réalisation de ce projet constitue un tournant. Au 50e anniversaire de l’immigration turque en Belgique, cette mosquée est une preuve de la volonté de la communauté turque de vivre en cohésion avec la société belge” a-t-il dit lors de la cérémonie.

Les plans de cette mosquée ont été réalisés par l'architecte belgo-turc Sefik Birkiye qui est également l'architecte du fastueux palais du président de la République Recep Tayyip Erdogan en Turquie. La construction de ce palais a été  contestée par une grande partie de la population. Elle est une des raisons principales de la défaite cuisante de l'AKP lors des dernières élections législatives en Turquie.

La mosquée à minaret appartient à l’Union des Centres culturels islamiques de Belgique (UCCIB), une des branches européennes du mouvement islamiste turc Süleymancilar.

Une étude académique d'Ural Manço, publiée en 1997, donnait les précisions suivantes sur ce mouvement:

"Concurrent de toujours à la fois de Milli Görüs et de la Diyanet, le mouvement Süleymanci est apparu en Europe en 1973. Il s'agit d'une mouvance millénariste et antikémaliste. Son origine remonte aux années '40, au départ du fondateur, Süleyman Hilmi Tunahan (1888-1959), de la confrérie Naksibendi.

"Le mouvement Süleymanci regroupe des mosquées et des écoles coraniques portant le nom de Centre culturel islamique (Islam Kültür Merkezi). Les Süleymanci ont toujours affirmé représenter la majorité de l'islam organisé par les immigrés en Allemagne, sans que cela puisse être démontré dans les faits.

"Bien que présents partout en Europe, leur influence paraît sensiblement moindre que celle de Milli Görüs. En 1992, on estimait l'audience du mouvement en Allemagne à 20.000 membres. La sécurité allemande dénombrait 270 centres culturels Süleymanci en Allemagne. A l'heure actuelle, il en existe probablement une vingtaine aux Pays-Bas, 13 en Belgique et 11 en Suède. Dans ce dernier pays, ils bénéficient d'une reconnaissance officielle exceptionnelle, au même titre que les mosquées de la Diyanet. La Suède est le seul pays où les Süleymanci sont mieux établis que le mouvement Milli Görüs.

"L'organisation est également présente, mais plus symboliquement, en Suisse, en France, en Autriche et au Danemark. Il s'agit d'un groupe fortement hiérarchisé et discret, qui n'affectionne pas particulièrement la publicité. Des documents émanant des Süleymanci sont rares. Le mouvement entretient également certains contacts avec des églises en Allemagne.

"Idéologiquement, le mouvement est proche de l'extrême droite turque. Mais il n'a jamais négligé ses contacts avec le Parti de la Juste Voie de T. Çiller. Il arrive que des parlementaires de ce parti visitent, en Europe, les centres culturels des Süleymanci.”*

Après la chute de Çiller, les Süleymanci ont poursuivi leurs relations avec tous les partis de droite en Turquie, notamment avec le parti islamiste AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002.

En Belgique, les Süleymanci ont été soutenus en 2012 par certains hommes politiques, notamment Emir Kir (PS), secrétaire d'état à l’époque, dans leurs démarches en vue d'
obtenir le permis de bâtir de la mosquée à minaret.
*Source : Extrait de U. MANÇO (1997), "Des organisations socio-politiques comme solidarités islamiques dans l'immigration turque en Europe", Les Annales de l'Autre Islam, Institut national des Langues et des Civilisations orientales, n° 4, pp. 97-133

Pour qui ont voté les Turcs de Belgique?

Le vote des Turcs de Belgique n’est pas tout à fait semblable à celui de l’ensemble des Turcs résidant à l’étranger.

Les Turcs de Belgique ont largement plébiscité le parti de l’actuel président, Recep Tayyip Erdogan, lors des élections législatives turques, qui se tenaient ce dimanche. Le Parti de la justice et du développement (AKP) a remporté 62,93 % des voix en Belgique. Le Parti démocratique des peuples (HDP, pro Kurdes) – grand vainqueur des législatives, puisqu’en obtenant 13,1 % des voix (votes turcs et extérieurs combinés), il est entré au Parlement et fait perdre la majorité absolue de l’AKP – a obtenu 13,49 % en Belgique. Le CHP (Parti républicain du peuple, principal parti d’opposition en Turquie) est à 10,97 %. Le MHP (Parti d’action nationaliste) n’a, en Belgique, pas dépassé la barre des 10 %, avec 9,11 % des voix.

Un taux de participation en hausse
Le vote des Turcs de Belgique n’est pas tout à fait semblable à celui de l’ensemble des Turcs résidant à l’étranger. Les résultats extérieurs à la Turquie (toutes diasporas confondues) sont les suivants : 49,95 % pour l’AKP, 20,41 % pour le HDP, 17,04 % pour le CHP et 9,25 % pour le MHP.

Le taux de participation, à l’étranger et en Belgique, est de 35 %. En Belgique, ce taux est nettement supérieur à celui de l’élection présidentielle d’août 2014, où seulement 8 % des Turcs de Belgique s’étaient rendus au consulat pour remplir leur bulletin de vote (sur un total de 130.000 électeurs). La différence de participation entre les deux élections s’explique par le changement des modalités électorales pour les résidants étrangers. Cette année, les Turcs de Belgique disposaient de 28 jours pour aller voter.
(Avec infographies: Le Soir, 8 juin 2015 )

Erdogan soutient Mahinur, Philippe Moureaux défend Emir

Nicolas Zomersztajn, Publié dans Regards n°821


Mahinur Özdemir, députée bruxelloise exclue du CDH pour ne pas avoir reconnu le génocide des Arméniens a reçu le soutien de l’AKP d’Erdogan. Emir Kir, député-bourgmestre PS de Saint-Josse, refusant également de reconnaître ce génocide peut compter sur Philippe Moureaux. Comment expliquer cette convergence de vue entre un socialiste belge et un parti conservateur islamiste turc ?

Suite à l’exclusion de la députée bruxelloise Mahinur Özdemir du CDH pour avoir refusé de reconnaître le génocide des Arméniens, le parti (AKP) du Prédisent Turc Erdogan a publié un communiqué dans lequel il qualifie cette décision d’injuste. Le très liberticide AKP n’hésite pas souligner que « Les décision du CDH montrent seulement que le parti ne respecte pas la liberté de conscience et d'expression dans ses rangs. En Turquie, toutes les différentes opinions concernant les événements de 1915 sont libres. L'AKP croit que tous les citoyens, spécialement les parlementaires et les politiciens, doivent pouvoir être capables de s'exprimer librement sur ces matières historiques ».

Il va falloir que l’AKP explique alors pourquoi des journalistes et des intellectuels turcs sont poursuivis devant les tribunaux ou tout simplement menacés publiquement par Erdogan pour avoir osé dire ce qu’ils pensent de sa politique et sa manière très personnelle et très autoritaire de gouverner ce pays. Pour un parti dont le chef de file et président passe son temps à réduire au silence la moindre opposition, cette accusation à l’encontre d’un parti démocratique belge montre à quel point l’AKP cherche à exercer un contrôle idéologique sur les communautés turques d’Europe. Le message est clair : même s’ils sont des citoyens à part entière des Etats européens où ils vivent et où ils exercent leurs droits politiques, ils demeurent turcs et donc soumis à la chape de plomb de l’histoire officielle et de l’autorité de l’Etat turques.

Mais il n’y a pas que l’AKP qui est venu apporter son soutien aux responsables politiques belges d’origine turque ne reconnaissant pas le génocide des Arméniens. Philippe Moureaux, ancien bourgmestre de Molenbeek s’est pleinement acquitté de cette mission en essayant de sauver le soldat et camarade Emir Kir. Cela s’est passé sur les ondes de la RTBF à l’émission Le grand Oral du samedi 30mai 2015 (enregistré vendredi, avant l’annonce de l’éviction du CDH de Mahinur Özdemir).

Comme toujours, l’ancien bourgmestre de Molenbeek cherche à impressionner ses interlocuteurs en rappelant qu’il est historien. Historien certes, mais un rien en panne de recherche car ses derniers travaux datent des années 70’ et sont consacrés à l’histoire économique et industrielle des Pays-Bas autrichiens. « D’abord, je suis historien. Et les historiens qui sont aussi des démocrates se méfient de l'utilisation de l’histoire pour accabler des populations ». On comprend alors que le missile est sur sa rampe de lancement et que c’est ici que l’auditeur doit bien ouvrir ses oreilles:

« Personnellement, je regrette que Turcs et Arméniens n’aient pas pu dialoguer et dépasser ça. Personnellement, mais je n’ai pas une connaissance suffisante pour être totalement affirmatif, je pense qu’il y a eu volonté de génocide, pas génocide, la preuve c’est qu’il y a un pays même, l’Arménie ! ». Pour Philippe Moureaux, ce ne serait qu’une histoire de Turcs et d’Arméniens qui se tapent dessus. Non. Il y a d’un côté les Arméniens qui ont subi un génocide, et de l’autre des Turcs dont le pays d’origine mène une véritable politique de négationnisme d’Etat et pour qui toute idée de reconnaissance du génocide des Arméniens est considérée comme une atteinte à la sécurité nationale.

Quant à considérer que ce qui s’est passé entre 1915 et 1916 dans l’Empire ottoman ne serait qu’une « tentative de génocide », il y a un pas qu’aucun historien sérieux n’oserait plus franchir depuis longtemps. Quelle serait la réaction des Juifs si on leur disait qu’il n’y a qu’une « tentative de génocide » parce que des Juifs vivent encore aujourd’hui en Europe et qu’ils ont bâti l’Etat d’Israël ? On l’imagine sans peine.

Bien qu’il prenne la précaution oratoire de préciser qu’il ne possède pas une connaissance suffisante de la problématique, Philippe Moureaux avance malgré tout des affirmations non fondées et fait abstraction du consensus des historiens sur cette question, faute de se référer à leurs travaux. Sur des sujets aussi importants, il n’est pas possible d’avancer de tels faits sans un minimum de référence, de la même manière qu’il ne serait pas légitime d’écrire sur le développement industriel des Pays-Bas autrichiens sans se référer aux travaux de Philippe Moureaux.

Pire, en faisant l’impasse sur le fait avéré que les historiens spécialistes des crimes de masses et des génocides ont tranché depuis longtemps la question du caractère génocidaire des tueries de 1915-1915, l’historien que Philippe Moureaux prétend être ne fait qu’entretenir le doute auprès du grand public qui l’écoute et s’en tient précisément à sa qualité d’historien.

Et lorsque les journalistes s’efforcent de lui demander son point de vue sur ses camarades de parti qui ne reconnaissent pas le génocide des Arméniens en citant notamment l’exemple d’Emir Kir, Philippe Moureaux répond ceci : « C’est très facile pour nous de dire cela. Remarquez que tant que la Turquie a été dirigée par des dictateurs proches de l’OTAN, on ne faisait pas de procès aux Turcs. Cela étant dit, demander aux autres de penser exactement la même chose que moi sur des faits qui ont eu lieu il y a cent ans, ce n’est pas possible.  Je voudrais plutôt qu’on essaye de se rapprocher par le dialogue. Ce serait la sagesse, mais pour le moment on instrumentalise ça pour mettre sur le banc toute une population. Quant à Emir Kir, c’est un homme qui a été plébiscité par sa population, donc certains essayent de le démolir. Il a été un excellent ministre, il est un excellent bourgmestre, là-dessus on ne sait pas l’avoir. Donc, on essaye de s’attaquer à lui sur d’autres critères parce que certains ne supportent pas que quelqu’un qui a des origines comme les siennes soit à un poste de responsabilités ».

Ainsi, Philippe Moureaux ne fait que reprendre à son compte le relativisme culturel et les éléments de langage développés par les autorités turques. Pour balayer d’un revers de manche toutes les initiatives de reconnaissance du génocide des Arméniens, les gouvernements turcs successifs ont toujours pris soin de les assimiler à la stigmatisation des populations turques en Europe, voire à du racisme. Le communiqué de l’AKP sur l’éviction de Mahinur Özdemir reprend d’ailleurs cette idée en affirmant que le débat sur la reconnaissance du génocide des Arméniens n’est qu'une « excuse pour exprimer son hostilité envers la Turquie ».

Comment un socialiste qui veut incarner la gauche de son parti peut ignorer que nombre d’intellectuels turcs de gauche en pointe sur la reconnaissance du génocide des Arméniens ont été poursuivi par la justice turque et ont subi la vindicte des autorités pour avoir affirmé la vérité historique ? Ayant presque tous subi la répression de la dictature militaire turque dans les années 70’ et 80’ en raison de leur militantisme marxiste ou tout simplement de gauche, ces intellectuels affrontent aujourd’hui les menaces judiciaires et la peur de l’emprisonnement qu’impose le gouvernement Erdogan toujours plus liberticide.

On ne peut qu’espérer que les considérations de Philippe Moureaux ne soient pas celles qui vont donner l’impulsion au Parti socialiste belge qui a pourtant pleinement reconnu le génocide des Arméniens. N’oublions pas que Philippe Mahoux avait joué un rôle moteur dans la résolution de reconnaissance de ce génocide du Sénat en 1998 et que le Président du PS, Elio Di Rupo a rappelé que « sans aucun doute possible, le PS reconnait le génocide arménien, qui est une réalité historique ».

Dans un très beau discours prononcé le 24 avril 2015 à l’occasion de la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens, Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, a souligné toute l'importance de la reconnaissance de ce génocide et de sa qualification comme tel. « Ce massacre minutieusement orchestré porte aujourd’hui un nom –un nom que nul ne peut nier, contester ou nuancer– un nom dont nous connaissons tous la postérité tragique au 20e siècle. Ce nom, c'est génocide. Le peuple arménien a été victime d’un génocide et sa souffrance est celle de l'humanité entière confrontée à la perspective de sa disparition. Le temps ne peut pas, ne doit pas abolir cette souffrance qui est un antidote à tous les fanatismes et tous les totalitarismes. Commémorer le génocide arménien, c'est regarder en face le mal radical dont l'humanité a été capable pour empêcher sa résurgence. Derrière le devoir de mémoire, il y a la mémoire du devoir. Ce devoir est d'abord un devoir de vérité ».

C’est ce devoir de vérité qui fait cruellement défaut à Philippe Moureaux aujourd’hui.

Comment le pouvoir turc met la pression sur les autorités belges

AKP. Trois lettres qui cristallisent toute l’attention politique. L’AKP est le parti islamo-conservateur au pouvoir au Turquie, celui du président Erdogan. Au CDH, on est intimement persuadé qu’il a instrumentalisé la députée bruxelloise Mahinur Özdemir, exclue vendredi du parti pour ne pas voir reconnu le génocide arménien. André du Bus, député bruxellois, en veut pour preuve la présence, lundi, de la fille du Président turc Sümeyye Erdogan dans une manifestation en soutien à Mahinur Özdemir devant le consulat belge d’Istanbul.

André du Bus connaît bien la problématique de la non-reconnaissance du génocide arménien par la Turquie. En avril 2013, il a effectué une mission sur place, accompagné de Jean-Claude Defossé (Ecolo) et Fatoumata Sidibé (FDF). Pour la petite histoire, il ne s’agissait pas d’une mission parlementaire en bonne et due forme. La première fois que l’idée avait été évoquée, c’était en 2012, "juste avant les élections communales" . "Les pressions étaient réelles pour ne pas trop déranger l’électorat d’origine turque… La mission avait été refusée de manière radicale par le PS et le CDH." Les trois parlementaires décideront tout de même de partir de leur propre initiative, en finançant eux-mêmes le voyage.

André du Bus, que vous a appris cette mission ?

Elle m’a permis de comprendre à quel point la négation du génocide arménien fait partie intégrante de l’identité turque, non seulement par rapport aux événements de 1915-1916, mais aussi à propos de toute une série de mesures discriminatoires envers les Arméniens en vigueur aujourd’hui en Turquie. La négation du génocide fait partie de l’histoire enfouie des populations turques. En Turquie. Mais aussi chez nous.

Quel lien faites-vous entre l’AKP et les élus belges d’origine turque ?

Le pouvoir en place n’hésite pas à prendre contact avec les autorités, qu’elles soient fédérales ou communales, pour dire sa façon de penser (exemples ci-contre, essentiellement sur la question du génocide). Et puis, il y a aussi le Diyanet, le ministère turc des Affaires religieuses. Il gère toutes les mosquées turques à travers le monde : financement, nomination des imams, rédaction des prêches. Le Diyanet dépend directement du Premier ministre. Le pouvoir turc a donc ce vecteur religieux pour délivrer la pensée idéologique et politique dominante dans le pays et pour dispenser son point de vue à l’ensemble des populations turques dans le monde. C’est vous dire que la communauté et les élus belges d’origine turque sont tout le temps sous la pression du pouvoir en place. Et ce qu’il faut souligner, c’est que depuis que le président Erdogan est en place, on constate la diffusion d’une pensée qui passe d’une identité turque à une identité musulmane.

Quel est l’enjeu chez nous ?

Les phénomènes de replis identitaires et de perte de cohésion sociale sont une réalité. Le politique doit y trouver des solutions. Les acteurs incontournables sont les élus d’origine étrangère. Ils doivent jouer les intermédiaires entre les populations d’origine étrangère et les populations belgo-belges. Ce rôle doit être assumé, activé, renforcé. Mais aujourd’hui, ces élus - attention : pas tous ! - ont beaucoup de mal à le faire.

Qu’est-ce qui coince, concrètement ?

Les stratégies déployées par des puissances étrangères, en l’occurrence la Turquie via l’AKP, sont un réel frein à nos politiques d’inclusion. Elles empêchent les élus belges d’origine étrangère d’assumer une part de leurs responsabilités. Le modus operandi de l’AKP maintient une pression terrible sur eux. Ce parti est extrêmement bien organisé et structuré.

Finalement, cette situation n’a-t-elle pas été provoquée par les partis politiques belges eux-mêmes qui se sont lancés dans une chasse au vote communautaire ?

Mais c’est une opportunité que de mettre des gens d’origine étrangère bien placés sur les listes électorales. Moi, je fais le pari de la diversité. Une diversité inclusive et réciproque. Mais ce pari est difficile à gagner, précisément en raison d’allégeances de certains élus alimentées par des courants politiques ou religieux - voire les deux. L’AKP en est la parfaite illustration.

Exemples d’ingérence turque

SEPTEMBRE 2013 André du Bus organise au Sénat un colloque sur le génocide arménien. Il y invite Guillaume Perrier, auteur de “La Turquie et le fantôme arménien”. “L’ambassade de Turquie à Bruxelles, apprenant cela, a pris contact avec la présidente du Sénat, Sabine de Bethune” (CD&V), puis “avec le cabinet de la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, pour faire annuler le colloque”. Sans succès.

10 MAI 2015 Inauguration à Jette d’un mémorial commémorant le génocide araméen, syriaque, chaldéen, assyrien et grec pontique perpétré par l’Empire ottoman. “Le bourgmestre Hervé Doyen (CDH) a reçu un coup de fil de l’ambassade de Turquie à Bruxelles lui demandant de ne pas organiser l’inauguration. Il m’a encore rappelé ce mardi les intimidations dont son secrétariat a fait l’objet.”

22 MAI 2015 Même type d’événement à Etterbeek et même réaction auprès du bourgmestre Vincent De Wolf (MR).

23 MAI 2015 La manifestation belgo-turque qui s’est tenue à Schaerbeek pour rejeter le terme de génocide “a été téléguidée par les activistes de l’AKP en Belgique”.
(La Libre Belgique, 3 juin 2015)

46.427 sur 131.000 ont voté depuis la Belgique pour les élections en Turquie

Au total, 46.427 Turcs ont voté en Belgique à l’occasion des élections législatives, a appris mardi l’agence Belga auprès du consul général d’Anvers, Kemalettin Eruygur.

«La participation des 131.000 Turcs de Belgique s’élève donc à plus de 35% », souligne M. Eruygur. « C’est également quatre fois plus que pour la présidentielle de l’an dernier .»

Les Turcs de Belgique avaient l’occasion de voter dans les consulats de Bruxelles et Anvers entre le 8 et le 31 mai. Chaque ville a accueilli environ la moitié des votants. (http://www.sudinfo.be)

La fille d'Erdogan manifeste devant le Consulat belge pour Mahinur Özdemir



Le soutien du président islamiste de Turquie Tayyip Erdogan à la députée Mahinur Özdemir a été confirmé une fois de plus le 1er juin 2015 par la présence de sa fille Sümeyye Erdogan dans la manifestation devant le Consulat belge à Istanbul contre la décision du cdH.

Selon le journal Sözcü du 2 juin, Sümeyye Erdogan a eu un entretien avec le consul belge Henri Vantieghem.
Après cet entretien a fille d'Erdogan a déclaré que le consul belge a promis de communiquer à l'Etat belge et au cdH sa demande d'annulation de l'exclusion de Özdemir du cdH.

Mahinur Özdemir est soutenue par Erdogan depuis sa fête de mariage en 2009 à Istanbul en présence de toute la famille du premier ministre Erdogan.

En plus du Premier ministre et de sa famille, un nombre important de mandataires turcs, ministres, députés et élus locaux de l'AKP (Parti de la Justice et du Développement) et du MHP (Parti d'Action Nationaliste, extrême droite turque) avait participé à la fête de mariage de la députée bruxelloise.

Dogan Özgüden à Telebruxelles sur l’affaire Mahinur Ozdemir


http://www.telebruxelles.be/dernier-jt/



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