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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

45th Year / 45e Année
  Janvier
2019 January
N° 485
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 588 69 73
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Droits de l'Homme / Human Rights


Campaign by Amnesty International Against Ban on LGBTI
Les avocats voient leur avenir en noir en Turquie
Des magistrats français dénoncent une "condamnation infondée" en Turquie
Police Prevents Peace Mothers' Statement
78s Initiative Spokesperson Celalettin Can Detained
Former YARSAV Chair Murat Arslan Sentenced to 10 Years in Prison
HRW Report: State of Emergency Ended, Repression Continues in Turkey
La Turquie s'adresse à Interpol pour faire arrêter la star du NBA Kanter
Nouveau coup de filet en lien avec le putsch manqué
2018 Democracy Index: Turkey Ranks 110th
Les suspects de l'assassinat de l'ambassadeur russe devant la justice

Nouvelle vague d'arrestations liées au putsch manqué
At Least 351 Curfews Declared in Last 3.5 Years

Investigation Against Diyarbakır Bar Association
Right to Education of LGBTI+ Students Ignored

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Meurtre Khashoggi : une rapporteure de l'ONU rendra un rapport en mai
Lawyer Kozağaçlı Bids Farewell to Father While Handcuffed
Turkey Ranks Second After Russia in Distrust of Its Own Media
Journalist Ayşe Düzkan Goes to Prison: My Morale is High, See You

3-Year Prison Sentence Not Deferred for academics
‘Half of Journalists Put on Trial Behind Bars’

La Turquie expulse une journaliste néerlandaise pour "liens avec le terrorisme"
Turkish Journalists Association: We Never Forget Hrant Dink
No Freedom in Sight for News, No End to Court-Prison for Journalists
Campaign by Amnesty International Turkey for Freedom of Expression
Academic Sentenced to 2 Years, 1 Month in Prison; Sentence Not Deferred

Denial to Erdoğan on January 10 Working Journalists’ Day
Deferred Prison Sentence of 1 Year, 3 Months for 1 Academic
Journalist Pelin Ünker Sentenced to Prison for Paradise Papers Stories
Khashoggi: Amnesty demande une enquête

Meurtre Khashoggi: ouverture du procès, cinq peines de mort requises
Lawsuit Against Journalist Hasan Cemal

Khashoggi: diffusion d'images montrant le corps transporté dans des sacs
Lawsuit Due to Article Series on Cancer Research Results
Legal Action Taken Against 18,376 People Due to ‘Social Media’ This Year
Prosecutor's Office Launches Investigation Against TV Anchor Portakal


Kurdish Question / Question kurde

Manifestation contre une base turque au Kurdistan irakien

L'alliance antijihadistes arabo-kurde devra bénéficier d'un "statut spécial"
Libération conditionnelle de la députée kurde en grève de la faim

Et pendant ce temps, au Kurdistan…
Rassemblement pour soutenir une députée prokurde gréviste de la faim
Mélenchon interpelle Le Drian sur une députée prokurde en prison et "en danger"
Les Kurdes rejettent une "zone de sécurité" sous contrôle turc

Öcalan a rencontré son frère en prison
Thousands demanded justice for Sakine, Fidan and Leyla in Paris
Une députée prokurde en grève de la faim en danger de mort
HDP Honorary Chair Kürkçü Faces Up To 20 Years in Prison
7 Kurdish Parties Form Alliance for Local Elections

Prison Sentence of Selahattin Demirtaş Taken to Constitutional Court
Le régime annonce le retrait de 400 "combattants kurdes" de Minbej
Arrested Kurdish Politician Zeydan on Hunger Strike


Minorités / Minorities

Armenian Schools in California Vandalized with Turkish Flags

Turkey Among Countries With Probability of Committing Genocide
Commémoration de l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink
Le message de Dogan Özgüden à l'hommage à Hrant Dink

Hommage à Hrant Dink à Bruxelles

Politique intérieure/Interior Politics

13 Parties to Participate in Local Elections

Ankara Bar Association Denounces Decision of Supreme Election


Forces armées/Armed Forces

Plusieurs dizaines de pilotes de l'armée arrêtés
Erdogan veut "une zone de sécurité" frontalière "dans quelques mois"
Investigation Against Association of Conscientious Objection

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

L'EI revendique une attaque contre des forces kurdes et américaines
Un groupe jihadiste influent en faveur d'une offensive turque contre les Kurdes
Le patriarche de Constantinople officialise la nouvelle Eglise d'Ukraine
Rate of the Religious on Decline, That of Atheists on Increase in Turkey

Socio-économique / Socio-economic

Maisons vides, chantiers laissés en plan: la construction flanche en Turquie

Hasankeyf, une ville de 12.000 ans bientôt engloutie

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations


Des élus de la France insoumise en visite de "solidarité" auprès des Kurdes
"Le lâchage des Kurdes de Syrie par les Américains est une trahison"

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Un employé local des missions consulaires américaines libéré
Un procureur veut la prison à vie pour un employé du consulat américain
Un sénateur appelle Trump à ralentir le retrait américain

Erdogan s'en prend à Bolton venu discuter du retrait américain
Washington veut s'assurer que "les Turcs ne massacrent pas les Kurdes"

Relations régionales / Regional Relations

Pour venger ses morts, une tribu lutte contre l'EI aux côtés des Kurdes

Dans l'est syrien, comment filtrer les jihadistes de l'EI qui fuient parmi les civils?
L'ambassadeur turc convoqué après la mort d'un manifestant au Kurdistan

 Damas dénonce de nouveau les ingérences militaires turques
Erdogan veut prendre la relève à Minbej "sans perdre de temps"
La Syrie en guerre secouée par deux attentats et des frappes israéliennes
Minbej traumatisée après un attentat meurtrier contre les forces américaines
Zone de sécurité: le pouvoir syrien dénonce une "agression" turque

Quel avenir pour Idleb, passé sous l'emprise totale des jihadistes?
La police militaire russe commence à patrouiller dans la région de Minbej

Ankara et Bagdad promettent de renforcer leur coopération contre le terrorisme

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Assassinat d'un ex-banquier à Chypre: la Turquie condamnée par la CEDH


Immigration / Migration

"Faisons un nettoyage, balayons tous les imams bruxellois!"
Le terrible bilan des migrants morts en 2018 en Méditerranée
Nouvel An qui dégénère à Molenbeek: des policiers également pris pour cible





Droits de l'Homme / Human Rights

Campaign by Amnesty International Against Ban on LGBTI

Making a call to everyone to support the freedom of assembly of the LGBTI+ individuals, Amnesty International has launched a petition entitled "The ban imposed on LGBTI+ events in Ankara should be ended now."

On November 18, 2017, the Ankara Governorship indefinitely banned all public events to be held by LGBTI+ civil society organizations in Ankara.

The governorship based its decision on pretexts such as "social sensitivity and sensibilities", "inciting people to grudge and hostility", "protection of public health and morality" and "protection of others' rights and freedoms". The ban, which entered into force during the State of Emergency, has still been in effect though the State of Emergency has been lifted.

Stating that the ban violates the freedom of expression and freedom of assembly and association, Kaos GL Association first filed a lawsuit at the Ankara 4th Administrative Court, then appealed to the Constitutional Court. With its appeals to courts in Turkey remaining inconclusive, the association also applied to the European Court of Human Rights (ECtHR).

Deterioration in struggle against homophobia

In its petition, Amnesty International has underlined that the general bans imposed on events do not only threaten the existence of civil society organizations in the country, but they also lead to a deterioration in the positive steps taken against homophobia and transphobia.

The organization said, "The ban imposed on LGBTI+ events in Ankara should end and love should win. Write to the Governor of Ankara, give support and defend the freedom of peaceful assembly."

Amnesty International made a call for an immediate action on a global scale for the Middle East Technical University (METU) Pride Parade on May 4, 2018 and though the ban on LGBTI+ events in Ankara were still in effect at the time, the parade took place on May 11. (BIA
, January 29, 2019)

Les avocats voient leur avenir en noir en Turquie

Au palais de justice d’Istanbul, on reconnaît à quelques signes qu’un procès important est sur le point de commencer. L’attroupement sur le parvis, les banderoles dépliées, les policiers crispés à côté des blindés, la foule qui tente de pénétrer dans la salle d’audience et s’entend dire qu’il n’y a plus de place et qu’il faut reculer. Et, au milieu de cette foule, des dizaines de robes noires, cols rouges et manchettes vertes qui se fraient un passage pour rejoindre leur banc. Ce sont les avocats.

« Leur nombre peut étonner mais, en réalité, dans ces grands procès politiques, il n’y a que quatre ou cinq avocats qui plaident. Tous les autres sont là par solidarité, pour faire bloc et renforcer la position de l’avocat face à la cour », explique Ugur Altinarik, qui a notamment assuré, avec plus de 200 confrères, la défense des journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, condamnés pour « soutien à des groupes terroristes ».

Verdict écrit d’avance

Ugur Altinarik exerce depuis 13 ans. « Assez longtemps pour avoir connu une époque où la robe d’avocat inspirait encore un certain respect et où les juges nous considéraient encore comme des collègues », note cet homme grand et mince à la barbe soignée, vice-président du Centre des droits de l’homme du barreau d’Istanbul. Puis il décrit comment, dans les prétoires de 2019, les avocats turcs sont souvent « tancés, raillés, dédaignés par des magistrats pour lesquels nous ne sommes bons qu’à allonger les procédures, qui ne nous écoutent pas et qui n’hésitent pas à nous expulser de la salle d’audience ».

Récemment, Ilknur Alcan a eu le pied écrasé lors d’une évacuation musclée. « Ça arrive tout le temps, soupire cette avocate de 41 ans, connue pour sa défense des militants de la cause kurde, notamment des anciens codirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP). Les juges me disent : “Vous avez trois minutes. Ensuite, on coupe le micro.” Comment plaider en trois minutes quand l’acte d’accusation fait 2.000 pages ? »

Comment plaider surtout quand le verdict est écrit d’avance ? « La justice turque n’a jamais été indépendante, insiste Ilknur Alcan. Mais depuis la tentative de putsch [de juillet 2016] et l’état d’urgence qui a suivi, elle n’est plus qu’une justice aux ordres. S’ils prennent une décision qui déplaît au pouvoir, les magistrats s’exposent à des sanctions. Ils ont peur. »

Elle cite un exemple édifiant. Le 14 septembre 2018, un tribunal pénal a remis en liberté 17 accusés d’un procès. Six heures plus tard, le même tribunal est revenu sur sa décision, renvoyant en cellule huit des accusés. « Mais c’était trop tard : ces juges ont été relégués à des tribunaux subalternes », raconte Ilknur Alcan.

Assimilés à leurs clients

Le procès en question est d’autant plus emblématique que les 17 suspects défendus par cette avocate étaient eux-mêmes… des avocats. S’ils n’avaient pas été arrêtés, ils auraient représenté deux enseignants en grève de la faim et emprisonnés, à l’époque, pour des liens présumés avec un groupe terroriste d’extrême gauche. Au lieu de les défendre, leurs avocats se retrouvent jugés pour appartenance au même groupe.

« Nous sommes en danger parce que les juges nous regardent comme ils regardent nos clients, déplore Ömer Kavili, trente ans de plaidoiries. Ils se disent : “S’il défend cette personne, c’est qu’il doit être coupable lui aussi”. » Selon le barreau d’Istanbul, quelque 570 avocats sont actuellement incarcérés. Beaucoup sont accusés de soutenir le prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau désigné de la tentative de putsch.

En octobre dernier, Ömer Kavili a lui-même passé une nuit dans une prison d’Istanbul pour un tout autre motif : « résistance à un fonctionnaire ». La veille, lors d’une audience où il défendait des membres de Grup Yorum, une formation musicale marxiste révolutionnaire, l’avocat avait eu une altercation avec le juge. « J’avais demandé à m’entretenir quelques instants avec mon client. Le juge avait refusé sèchement en me disant : “Ce n’est pas à la cour mais aux gendarmes de vous y autoriser” », relate Ömer Kavili. Il fulmine : « En réalité, les gendarmes sont sous l’autorité du président du tribunal ! Le juge reconnaissait ainsi sa soumission au pouvoir. »

« Un rôle de témoins »

Chez les avocats spécialisés dans la défense des droits de l’homme, le découragement guette. « Beaucoup ont perdu la flamme, changé de métier pour ouvrir des cafés ou travailler à l’étranger », souligne Ugur Altinarik. « A quoi servons-nous ? Entre collègues, c’est un débat récurrent, confie Ilknur Alcan. Nous préparons nos plaidoiries en nous référant aux textes de droit et à la jurisprudence de la Cour de cassation et de la Cour européenne des droits de l’homme, mais les juges s’en moquent. Est-ce que je suis invisible ? Je leur pose souvent cette question. »

Ilknur Alcan a aussi des réponses. « Il y a une lutte pour la justice et nous devons la mener, par conscience humaine et professionnelle », assène-t-elle. « Nous avons un rôle de témoins, renchérit son collègue Ugur Altinarik. Pour les juges, nos plaidoiries ne sont peut-être que des feuilles volantes. Mais pour l’Histoire, elles serviront de documents sur les violations des droits de l’homme dans la période que nous traversons. » (Le Soir, ANNE ANDLAUER, 23 janvier 2019)

Des magistrats français dénoncent une "condamnation infondée" en Turquie

Les deux principaux syndicats de magistrats français ont dénoncé lundi la "parodie de procès" et la "condamnation infondée" de leur confrère turc Murat Arslan à dix ans de prison, et appelé l'Europe à peser pour faire cesser les violations des droits fondamentaux en Turquie.

"Le Syndicat de la magistrature et l'Union syndicale des magistrats dénoncent avec force l'arrestation injustifiée de Murat Arslan, son incarcération abusive et sa condamnation infondée" vendredi par "un tribunal turc soumis au pouvoir politique", dans un communiqué commun.

Ils appellent "les autorités internationales et en particulier l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et la Cour européenne des droits de l'Homme à peser pour qu'une situation plus démocratique et respectueuse des droits de tout citoyen soit rétablie dans ce pays, à faire cesser immédiatement les violations graves des droits fondamentaux et à obtenir la libération de toutes les personnes détenues pour motifs politiques en Turquie".

Murat Arslan, un ancien rapporteur de la cour constitutionnelle turque, a reçu en 2017 le prix des droits de l'Homme Vaclav Havel du Conseil de l'Europe, qui avait rendu hommage à son engagement en faveur de "l'indépendance de la magistrature".

M. Arslan, qui a notamment présidé l'Association des juges et des procureurs (YARSAV), une ONG critique envers le gouvernement turc et dissoute après la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016, a été révoqué puis arrêté en octobre 2016. Il a été accusé par les autorités d'être lié à la mouvance du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen - ce qu'il nie.

Comme lui, plus de 50.000 personnes, dont des militaires, des magistrats et des enseignants, ont été arrêtées après le putsch avorté lors de purges d'une ampleur inédite visant les partisans présumé du prédicateur Gülen, accusés d'avoir ourdi la tentative de coup d'Etat, mais aussi les milieux critiques du gouvernement.

Dans un message adressé à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), qui décerne le prix, M. Arslan avait présenté la Turquie comme une "prison, au sein de laquelle les voix des militants des droits de l'Homme sont étouffées". Ankara avait lui jugé "inacceptable" l'attribution du prix Vaclav Havel à un magistrat accusé de "terrorisme" dans son pays.
(AFP, 21 janvier 2019)

Police Prevents Peace Mothers' Statement


The Peace Mothers have sent a letter to Minister of Justice Abdülhamit Gül, calling the Minister to grant the demands of MP Leyla Güven and more than 200 inmates, who are on a hunger strike for the removal of the isolation imposed on Kurdistan Workers' Party (PKK) leader Abdullah Öcalan.

On the Galatasaray Square in İstanbul, the Peace Mothers wanted to make a press statement before sending their letter. Police intervened in and did not allow the statement.

The police officers also checked the IDs of the journalists who were following the gathering, through a system called General Information Retrieval (GBT).

The Peace Mothers distributed the copies of the written statement to the journalists after sending their letter.

"We are ready for duty"

In the statement, the mothers said that they lost their children under torture and in conflict and that the injustice between the peoples needs to be eliminated for social peace.

"For social peace to be built and isolation [on Öcalan] in recent times to be lifted, we, as the Peace Mothers, call out to the Ministry of Justice, which is responsible for securing the justice."

The Peace Mothers requested a face-to-face meeting with the Minister of Justice, saying that social peace will be possible with the removal of the isolation and they are ready for duty in this period.

"The demands shall be granted before it is too late"

The Peace Mothers requested that the isolation on Öcalan be lifted and that the demands of Leyla Güven and more than 200 political prisoners be granted.

"Before it is too late, we request that our elected woman MP's demands be granted and the necessary efforts begin."
(BIA, 25 January 2019)

78s Initiative Spokesperson Celalettin Can Detained

Spokesperson of the 78s Initiative and Party Assembly member of the Peoples' Democratic Party (HDP) Celalettin Can was detained this morning (January 18) in his home in İstanbul and was brought to the Ataköy Police Station by police officers.

Can's wife Nimet Tanrıkulu has told bianet that the police conducted a detailed search in the home. She added that Can did not have a computer because of the police search in the home last year and the computer in the home was confiscated although it was hers.

Celalettin Can was detained in his home during a police raid on February 7, 2018. He was arrested 14 days after the detention and was held in the Silivri Prison until June 27, 2018.

Order from İzmir Chief Public Prosecutor's Office

Nimet Tanrıkulu has given the following information regarding the happenings in the morning:

"A police team comes early in the morning and informs that they have been sent by the Bakırköy Chief Public Prosecutor's Officer upon the order of the İzmir Chief Public Prosecutor's Office.

"Although extensive searches were previously made in the home and everything is already under record, a detailed search is made in the home again. The computer in the home is confiscated although it belongs to me. An attorney was not present during the search.

"The second police team which arrives the home takes Can into custody and brings him to the Ataköy Police Station. There, they say that Can will be taken to İzmir by plane to depose."

"Had Prosecutor's Office summoned him, he would go"

Tanrıkulu has said that had Can been summoned, he would go to the Prosecutor's Office to depose.

"Celalettin is a person who openly expresses his thoughts anywhere, who does not hide his thoughts. A person who makes efforts for human rights, democracy, peace... What are they trying to prevent by detaining him?

"Moreover, he is not a person who is on the run and cannot be found. He openly attends many meetings. Police detains him all the time and he did not run up to this time. He would go by himself if he was summoned."

About Celalettin Can

Celalettin Can is the Spokesperson of the 78s Initiative as well as a party assembly member and 27th Term MP candidate of the Peoples' Democratic Party (HDP). He is 59 years old.

He was born in Dersim and moved to İstanbul for education in 1975. Engaging in the revolutionary struggle, he became the Chair of the Dev-Genç (Revolutionary Youth).

He was arrested in 1979, shortly before the military coup on September 12, 1980. He stayed in prison for 19 years and 9 months.

He was released from prison in late 1999 and founded the Foundation of the 78s.

In 2013, he became a part of the 63-membered Central Anatolia Committee of the Wise People.

He has two books: 78'liler Sorguluyor (The 78s are questioning) and Merhaba Başkaldırı (Hello uprising).
(BIA, 18 January 2019)

Former YARSAV Chair Murat Arslan Sentenced to 10 Years in Prison

Murat Arslan, the former Chair of the Association of Judges and Prosecutors (YARSAV), which was closed by a Statutory Decree, and a former judge at the Court of Accounts, was sentenced to 10 years in prison in his hearing at the Ankara 25th Heavy Penal Court today (January 18).

Arslan, who has been arrested pending trial since October 2016, was being tried for "being a member of FETÖ (Fethullahist Terrorist Organization, which is held accountable for the attempted coup on July 15, 2016).

Court rejected all requests

In the hearing held today, the attorneys of defendant Arslan requested recusation for the court board and the presiding judge on the ground that "they lost their independence." The court board rejected the request, stating that "it was aimed at prolonging the process of trial."

Öykü Didem Aydın, one of the attorneys of Arslan, argued that their requests were not taken into account and the hearing cannot continue until the upper court announces its judgement regarding their objections.

After the court board stated that they would continue the hearing, the attorneys of the defendant said that they resigned from the advocacy of the defendant and left the courtroom.

Stating that "this action of the attorneys also aimed at prolonging the process of trial", the court board ruled that Murat Arslan shall be sentence to 10 years in prison on charge of "being a member of an armed terrorist organization." The board also ruled that his arrest shall continue.

About Murat Arslan

Murat Arslan graduated from the Law School of İstanbul University in 1999. After completing his law internship, he started working as a Vice Auditor at the Court of Accounts in 2001.

From March 16, 2011 to July 23, 2016, he was the Chair of the Association of Judges and Prosecutors (YARSAV). The association was closed by the first Statutory Decree published on the Official Gazette on July 23, 2016 after the coup attempt on July 15. Judge Murat Arslan was also dismissed from his post at the Court of Accounts.
(BIA, 18 January 2019)

HRW Report: State of Emergency Ended, Repression Continues in Turkey


The Human Rights Watch (HRW) said, "Ending the state of emergency in Turkey has not ended repressive rule under President Recep Tayyip Erdoğan" in its World Report 2019 published today (January 17).

In the 674-page report that was announced at a press conference in Berlin, the HRW reviewed human rights practices in more than 100 countries.

On Turkey, the report said, "Prolonged and arbitrary jailing of critics on bogus terrorism charges has become the norm."

"Possible to defend human rights in darker times"

In his introductory essay to the report, Executive Director Kenneth Roth said,

"The populists spreading hatred and intolerance in many countries are spawning a resistance.

"New alliances of rights-respecting governments, often prompted and joined by civic groups and the public, are raising the cost of autocratic excess.

"Their successes illustrate the possibility of defending human rights —indeed, the responsibility to do so— even in darker times."

"Erdoğan government hounding critics and opponents"

Hugh Williamson, Europe and Central Asia director at Human Rights Watch, made the following remarks on Turkey in the report:

"Any hope that the end of the state of emergency six month ago would mark a return to respect for human rights has been dashed.

"The Erdoğan government's hounding of its critics and opponents has dismantled Turkey's rule of law framework and turned justice on its head."

"Media censored and candidates jailed"

In the chapter regarding Turkey, the report said,

"Turkey's parliamentary and presidential elections in June 2018 took place in a climate of media censorship and with some members of parliament and one presidential candidate jailed.

"Erdogan's ruling Justice and Development Party (AKP) retained control of a weakened parliament through a coalition. And with the election, in which Erdoğan was reelected, Turkey's presidential system of governance, approved in a 2017 constitutional referendum, entered fully into force."

"Widespread misuse of counterterrorism laws"

"Turkey's courts lack independence and have no compunction about locking up government critics or opponents while authorities subject them to bogus investigation and trials for terrorism.

"Widespread misuse of counterterrorism laws against government opponents has undermined legitimate efforts to prosecute those responsible for the 2016 military coup attempt."

"Journalists convicted"

"Several politically motivated trials of journalists concluded in 2018 with convictions.

"A court sentenced Ahmet Altan, Mehmet Altan, and Nazlı Ilıcak, prominent writers, to life in prison without parole for political commentary that did not advocate violence but that the court rules was an attempt to overthrow the government."

"Human rights defenders targeted"

"The authorities stepped up the targeting of human rights defenders, including a new investigation focused on the 2013 mass anti-government demonstrations in Istanbul known as the Gezi protests.

"Chief among those under investigation was an unjustly jailed businessman and leader of a cultural organization, Osman Kavala."

"ECtHR ruling defied"

"The government defied a European Court (of Human Rights, ECtHR) ruling for the release of opposition politician Selahattin Demirtaş, who has been arbitrarily jailed for over two years, along with other former parliament members and elected mayors from pro-Kurdish parties."

"Local democracy remains suspended"

"With local elections scheduled for March 2019, local democracy in the southeastern part of the country remains suspended.

"The government controls 94 municipalities in the region after ousting the representatives the Kurdish population elected."

World Report 2019 also looks at restrictions on the right to peaceful protest and assembly in Turkey, attacks on academic freedom, and a failure to investigate allegations of torture in police custody. Turkey remains host to the highest number of refugees in the world. 
(BIA, 17 January 2019)

La Turquie s'adresse à Interpol pour faire arrêter la star du NBA Kanter

Les autorités turques ont décidé de s'adresser à Interpol pour faire arrêter le basketteur turc des New York Knicks Enes Kanter, accusé d'appartenance à une "organisation terroriste", a rapporté mardi l'agence étatique de presse Anadolu.

Le pivot de 26 ans affiche régulièrement son soutien au prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan qui l'accuse d'avoir fomenté la tentative de putsch de 2016.

Le parquet d'Istanbul a préparé une demande d'extradition ainsi qu'une demande d'émission par Interpol d'une "notice rouge", qui relaiera le mandat d'arrêt international délivré à l'encontre du basketteur, et a transmis les documents nécessaires aux autorités compétentes à Ankara, selon Anadolu.

La Turquie avait déjà annulé en 2017 le passeport d'Enes Kanter, un opposant déclaré du président Erdogan, et émis un mandat d'arrêt en raison de ses liens avec le prédicateur Gülen.

Son père, Mehmet, avait été brièvement détenu.

Enes Kanter avait déclaré le 5 janvier qu'il ne participerait pas à un déplacement de son équipe à Londres, car il craignait pour sa vie en raison de son hostilité au chef de l'Etat turc.

Le président de la fédération turque de basketball, Hidayet Turkoglu, également conseiller du président Erdogan, avait qualifié ces propos de campagne de "diffamation" contre la Turquie.

Les autorités turques poursuivent sans relâche les partisans de Fethullah Gülen, lui-même installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années.
(AFP, 15 janvier 2019)

Nouveau coup de filet en lien avec le putsch manqué

Les autorités turques ont émis mardi des mandats d'arrêt contre plus de 250 personnes, en grande partie des militaires, dans le cadre des purges contre le mouvement guléniste accusé d'être derrière le putsch manqué de 2016, ont rapporté les médias.

Sept opérations distinctes ont été lancées mardi dans différentes provinces turques, notamment Ankara, Konya (centre), Kirikkale (centre) et Izmir (ouest), d'après les agences étatique Anadolu et privée DHA.

Les autorités turques accusent Fethullah Gülen d'avoir fomenté le coup d'Etat manqué de juillet 2016, ce que nie fermement l'intéressé, et poursuivent sans relâche ses partisans.

A la mi-journée, 21 des 29 personnes recherchées par le parquet d'Izmir avaient été arrêtées, selon DHA. Il n'a pas été précisé si des arrestations avaient déjà eu lieu dans le cadre des autres opérations.

Le parquet d'Ankara a lui annoncé dans un communiqué avoir émis des mandats d'arrêt contre 50 militaires d'active lundi et avoir par ailleurs arrêté 9 personnes sur 18 à l'encontre desquelles des mandats d'arrêt avaient été émis la veille.

Anadolu a ajouté que des mandats d'arrêt ont été émis contre 55 autres personnes à Ankara.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées depuis le putsch manqué et plus de 140.000 limogées ou suspendues.

Si ces purges ne connaissent pas de répit plus de deux ans après la tentative de putsch, avec de nouveaux coups de filet annoncés chaque semaine ou presque, ces vagues d'arrestations semblent avoir pris de l'ampleur ces dernières semaines.
(AFP, 15 janvier 2019)

2018 Democracy Index: Turkey Ranks 110th

According to the latest edition of the Economist Intelligence Unit's Democracy Index, the democracy stopped declining in 2018.

Rating 167 countries by 60 indicators across five categories, namely, electoral process and pluralism, functioning of government, political participation, democratic political culture and civil liberties, the report has concluded that only 4.5 percent of the world lives in a "full democracy."

The report has still shown that the overall global score remained stable in 2018 for the first time in three years. While 42 countries experienced a decline in democracy in 2018, this figure was 89 in the previous year, indicating that democracy improved in 48 countries in 2018.

Turkey's score declined for the sixth time in a row

Turkey, which ranked 100th in the 2017 Democracy Index of the Economist, ranked 110th in 2018. Reiterating that Recep Tayyip Erdoğan was re-elected as President and Chair of the ruling Justice and Development Party (AKP) in June 2018, the report made the following remarks on Turkey:

"Turkey's score declined for the sixth year in a row as President Recep Tayyip Erdogan swept aside most constraints on his power."

Biggest decline in Europe measured in Italy

According to the report, the biggest decline in terms of democracy has been measured in Italy, whose ranking fell from its previous level of 21 to 33.

Italy has been followed by Turkey, the score of which fell from 100 in 2017 to 111 in 2018. The third biggest decline in democracy has been observed in Russia, which has ranked worse than Afghanistan as reported by the Economist.
(BIA, January 10, 2019)

Les suspects de l'assassinat de l'ambassadeur russe devant la justice

Plusieurs suspects se sont défendus à la barre mardi à l'ouverture du procès de 28 personnes soupçonnées d'implication dans l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie, plus de deux ans après ce meurtre derrière lequel Ankara voit la main de sa bête noire, le prédicateur Fethullah Gülen.

L'ambassadeur Andreï Karlov a été tué le 19 décembre 2016 par un policier turc, en congé ce jour-là, lors du vernissage d'une exposition dans le centre-ville de la capitale turque.

Le meurtrier, Mevlüt Mert Altintas, avait affirmé avoir agi pour venger Alep, la grande ville du nord de la Syrie alors en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec l'appui de Moscou.
 L'auteur de ce meurtre dont les images prises en direct ont fait le tour du monde a été abattu au cours d'une fusillade avec des policiers sur le lieu de l'assassinat.

Mais la Turquie a très vite désigné comme responsable le réseau de Fethullah Gülen, qualifié de "groupe terroriste" par les autorités turques qui lui imputent le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan survenu quelques mois seulement avant l'assassinat de l'ambassadeur.

Douze des 28 suspects jugés à partir de jeudi sont poursuivis pour "appartenance à une organisation terroriste", et les autres sont accusés notamment de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" et de meurtre ou tentative de meurtre "avec un objectif terroriste", selon l'acte d'accusation.

Treize d'entre eux sont actuellement en détention préventive.

Au premier jour de ce procès qui se poursuivra toute la semaine, six personnes ont été auditionnées. Elles ont nié avoir des liens avec l'assassin et le mouvement guléniste, certains admettant toutefois avoir été approchés par ce dernier.

- "Chaos" -

Selon l'acte d'accusation, ce meurtre était un acte visant à créer un "environnement de chaos" et à "briser" les relations bilatérales entre Ankara et Moscou en provoquant un conflit ouvert entre eux.

La veuve de M. Karlov, Marina Karlova, a soutenu cette hypothèse dans une interview à la télévision Rossiya-24.

"Je pense que le but de ce meurtre était de briser ces pourparlers et de plomber les relations entre la Russie et la Turquie", a-t-elle déclaré.

Le procureur d'Ankara réclame la réclusion à perpétuité pour l'ensemble des personnes accusées.

L'assassinat avait eu lieu en plein réchauffement des relations entre Ankara et Moscou entamé après une grave crise provoquée par la destruction d'un bombardier russe par l'aviation turque en novembre 2015 au-dessus de la frontière turco-syrienne.

Depuis, la Turquie et la Russie ont nettement renforcé leur coopération, notamment en Syrie où ces deux pays soutiennent pourtant des camps opposés.

M. Gülen, qui réside aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, est l'un des suspects dans ce procès et un mandat d'arrêt a été émis en avril 2018 contre lui dans le cadre de cette enquête.

Moscou n'a jamais publiquement soutenu la piste guléniste. Des enquêteurs russes ont collaboré à l'enquête turque mais, comme le souligne Selim Koru dans un rapport du Foreign Policy Research Institute, "s'ils ont fait des trouvailles différentes, ils ne l'ont pas dit".

L'assassinat de l'ambassadeur Karlov a choqué la Turquie qui se remettait alors de la sanglante tentative de putsch survenue quelques mois plus tôt et était secouée par une vague d'attentats.

Les images spectaculaires de ce meurtre ont fait le tour du monde et une photographie, prise par le photographe d'Associated Press Burhan Özbilici du meurtrier se tenant près de sa victime juste après son crime a été récompensée par le premier prix du World Press Photo en 2017.
(AFP, 8 janvier 2019)

Nouvelle vague d'arrestations liées au putsch manqué

Les autorités turques ont émis vendredi des mandats d'arrêt contre 137 personnes, poursuivant les purges engagées contre le mouvement guléniste, accusé par Ankara d'avoir fomenté le putsch manqué de 2016, selon le parquet d'Ankara et les médias locaux.

Le procureur d'Ankara a émis des mandats d'arrêt à l'encontre de 35 sous-officiers de la Marine, dont 10 d'active, selon une déclaration envoyée à la presse.

Des mandats d'arrêt ont par ailleurs été émis à l'encontre de 42 personnes par le procureur d'Istanbul et contre 60 militaires par le procureur de Konya (centre), selon l'agence étatique Anadolu.

En fin de matinée, 22 personnes avaient déjà été interpelées à Konya, a précisé Anadolu.

Ces 137 personnes recherchées sont soupçonnées de liens avec le mouvement de Fethullah Gülen, un prédicateur installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années.

Ankara accuse M. Gülen d'avoir fomenté le coup d'Etat manqué de juillet 2016, ce que nie fermement l'intéressé.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées depuis le putsch manqué et plus de 140.000 limogées ou suspendues.

Ces purges ne connaissent pas de répit plus de deux ans après la tentative de putsch, avec de nouveaux coups de filet annoncés chaque semaine ou presque. Mais ces vagues d'arrestations semblent avoir pris de l'ampleur ces dernières semaines.
(AFP, 4 janvier 2019)

At Least 351 Curfews Declared in Last 3.5 Years

The Human Rights Foundation of Turkey (TİHV) has shared information regarding the curfews declared from August 16, 2015 to January 1, 2019.

According to the figures announced by the Foundation, within the indicated 1,234-day period, at least 351 officially confirmed curfews were declared in 11 provinces and at least 51 districts in Turkey.

The starting date of the data has been determined as August 16, 2015 since it marks the first day, when indefinite curfews (ending dates of which are not announced beforehand) and/or round-the-clock curfews (which are expected to be in effect for 24 hours) started to be declared.

Highest number of curfews in Diyarbakır

The figures have shown that Turkey's southeastern province of Diyarbakır has been the city, where the highest number of curfews were declared.

Accordingly, in 3 years, 4 months and 16 days since August 16, 2015;

204 curfews were declared in Diyarbakır, 54 curfews in Mardin, 23 curfews in Hakkari, 13 curfews in Şırnak, 20 curfews in Bitlis, 7 curfews in Muş, 7 curfews in Bingöl, 6 curfews in Tunceli, 6 curfews in Batman, 2 curfews in Elazığ and 9 curfews were declared in Siirt.

The curfews with hour limitations have not been included in this count.

In addition, from August 11, 2017 to January 1, 2019, at least 23 curfews with hour limitations (within the time period indicated in the announcement) were declared in different villages and hamlets in the district of Şemdinli in Hakkari and in Hizan, Güroymak, Mutki, Tatvan and Merkez (Center) in Bitlis.

As stated by the TİHV Documentation Center, according to the last population census conducted in Turkey in 2014, at least 1 million 809 thousand people were living in the related districts.

It is estimated that fundamental rights of these people such as the right to liberty and security; right to privacy, family, home or correspondence; freedom of assembly and association; freedom of religion; freedom to receive and impart information; right to reserve of property; right to education and right to life; right to health and prohibition of torture were violated.
(BIA, 3 January 2019)

Investigation Against Diyarbakır Bar Association

The Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office has launched an investigation against the former Chair and Administrative Board members of the Diyarbakır Bar Association on charge of "openly degrading the Turkish nation, State of the Republic of Turkey and the bodies of the state" as per the Article no. 301 of the Turkish Penal Code (TCK).

Speaking to bianet about the investigation, former Chair of the Diyarbakır Bar Association Ahmet Özmen has stated that the activities of the association for the last two years have become subjects to the investigation and added that regardless of who chairs the Diyarbakır Bar Association, it will continue fulfilling its duty of protecting human rights.

In the investigation, the statements and reports released by the association have been referred to as "a number of statements contrary to law."

The investigation has been launched upon the complaints submitted to the then Prime Minstry [Presidency] Communication Center (CİMER).

The Ministry of Justice has granted the permission for both the investigation as per the Article 301 of the TCK and trial of the lawyers. The lawyers have been notified about the investigation and summoned to depose.

Turkish Penal Code (TCK) Article no. 301

A person who publicly degrades Turkish Nation, State of the Republic of Turkey, Grand National Assembly of Turkey the Government of the Republic of Turkey and the judicial bodies of the State shall be sentenced a penalty of imprisonment for a term of six months to two years. A person who publicly degrades the military or security organisations shall be sentenced according to the provision set out in paragraph one. The expression of an opinion for the purpose of criticism does not constitute an offence.

"Human rights activities subjected to investigation"

Lawyer Ahmet Özmen has stated that he has not made his deposition yet and added that they have been informed that the investigation has been launched as per the Article 301 of the Turkish Penal Code.

Regarding the investigation, Özmen has stated:

"The investigation covers the activities of the bar association between the years 2016 and 2018. The statements for the press made by the association regarding the current legal, political and social issues have become subjects of investigation. It has been alleged that these activities as well as the remarks in the statements constitute crimes.

"In other words, all human rights activities that were undertaken by the administrative board of a bar association for two years have been scanned and turned into subjects of investigation.

"We did not do anything clandestine. Reports, statements for the press and speeches are already open to public, these were all statements that were made to be shared with the public."

The investigation has been launched against the then Chair of Diyarbakır Bar Association Ahmet Özmen and its the then board members Mahsum Batı, Nurşin Uysal, Cihan Ülsen, Sertaç Buluttekin, Neşet Girasun, Serhat Eren, İmran Gökdere, Velat Alan, Ahmet Dağ and Nahit Eren.
(BIA, 2 January 2019)

Right to Education of LGBTI+ Students Ignored

The Education and Science Workers' Union (Eğitim-Sen) has released its Year-End Report on Sexism in Education for 2018.

The report has shown that the inequalities between girl and boy children as well as sexual abuse of children have increased over the last year.

Here are some of the highlights from the report:

"Women more disadvantaged than men"

In the Organization for Economic Co-operation and Development (OECD) countries, the level of education of men is lower than women. However, when Turkey is considered, the exact opposite is the case:

* In 2017, while the rate of men leaving education early in Turkey is 31 percent, the rate of women who interrupted their education is 34 percent.

* While the rate of women who are between the ages of 25 and 34 and who have not received any high school education in Turkey is 47 percent, the rate of men is 42 percent.

* When compared with other OECD countries, the country which spends the lowest amount of money per student is Turkey.

Women-men gap in youth unemployment

* When the rate of young women (between the ages of 18 and 24) who are neither employed nor receive education is considered, it can be seen that Turkey has fared worst among other OECD countries with 33.1 percent.

* While the gender gap in wages is expected to be closed in 50 years in OECD countries, the data on Turkey have indicated that the wage difference between men and women on high school level is 10 percent.

* Contrary to expectations, the gender-based wage difference in Turkey rises to 22 percent on university and higher levels of education.

Sexual offenses against children on the increase

* Throughout 2017 and in the first six months of 2018, 12,597 children have been registered as pregnant in Turkey.

* The number of offenses in lawsuits filed due to sexual abuse of children has reached to 16,348 in 2017.

* The possibility of poor girl children to get married at a young age in Turkey is 2.5 times higher than their rich peers.

* According to the Homophobia- and Transphobia-Based Hate Crimes Report for 2017, 23 of 117 hate crimes against LGBTI+ individuals were committed against children LGBTI+s and 10 of these 23 took place at schools.
(BIA, 31 December 2018)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Meurtre Khashoggi : une rapporteure de l'ONU rendra un rapport en mai

La rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a annoncé mardi qu'elle rendrait public en mai un rapport sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul.

"Le rapport sera rendu public quelques semaines avant que je le présente au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, donc probablement fin mai", a déclaré la rapporteure, Agnès Callamard, à des journalistes devant le consulat saoudien à Istanbul.

Le rapport sera ensuite présenté lors de la session de juin du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, a précisé Mme Callamard, qui effectue depuis lundi une visite en Turquie axée sur le meurtre de Khashoggi.

La rapporteure ne s'est pas rendue dans le consulat saoudien mardi, mais elle a émis le voeu de pouvoir le faire lors de sa visite qui s'achève en fin de semaine.

"Nous avons adressé une demande au gouvernement saoudien pour accéder au consulat et aussi pour rencontrer des responsables saoudiens en Arabie saoudite et nous attendons toujours leur réponse", a-t-elle dit. "Nous appelons respectueusement les autorités à nous y donner accès pendant notre séjour" en Turquie, a ajouté l'experte.

Omer Celik, porte-parole du parti au pouvoir turc AKP, a qualifié de "scandaleux" le fait que les Saoudiens n'aient pas donné de réponse à la demande de la rapporteure de l'ONU. "Cette approche montre un manque de coopération et une tentative de cacher certaines choses", a-t-il déclaré sur la chaîne A-Haber.

Mme Callamard s'est ensuite entretenue pendant quatre heures avec le procureur de la République à Istanbul, Irfan Fidan.

La veille, elle a été reçue par les ministres turcs des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, et de la Justice, Abdulhamit Gül.

Mme Callamard tente, lors de cette visite, de faire la lumière sur la mort, le 2 octobre 2018, de Jamal Khashoggi, tué par des agents saoudiens au consulat de son pays à Istanbul.

Cette mission, qui montre du "courage", "contraste avec la réticence du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à travailler avec la Turquie pour mettre en place une enquête de l'ONU", a estimé dans un communiqué Louis Charbonneau, directeur de plaidoyer auprès des Nations Unies à Human Rights Watch.

Ankara a plusieurs fois souligné la nécessité d'une enquête internationale sur cette affaire, déplorant le manque de transparence de l'enquête saoudienne.

Près de quatre mois après sa mort, le corps du journaliste, qui écrivait notamment pour le Washington Post, n'a toujours pas été retrouvé.

Son assassinat a plongé l'Arabie saoudite dans une grave crise diplomatique et a nettement terni la réputation du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui est accusé par des responsables américains et turcs d'avoir commandité le meurtre.

Ryad a toutefois imputé ce meurtre à des éléments "incontrôlés". Le procès de 11 suspects s'est ouvert début janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d'entre eux.
(AFP, 29 janvier 2019)

Lawyer Kozağaçlı Bids Farewell to Father While Handcuffed

Selçuk Kozağaçlı, the Chair of the Contemporary Lawyers' Association (ÇHD) and a People's Law Bureau (HHB) lawyer, has attended his father Ayhan Kozağaçlı's funeral.

Kozağaçlı lost his life on January 26 and was committed to the ground yesterday (January 28).

Selçuk Kozağaçlı bid farewell to his father while he was handcuffed to a plainclothes gendarme.

The People's Law Bureau said in a tweet, "They have brought Selçuk Kozağaçlı to his father's funeral with around 80 gendarmes. He is handcuffed to a plainclothes gendarme. Extraordinary measures are taken. They are all over the street. Selçuk's morale is high as always. We have sent him all our friends' greetings."

Denouncement from the IAPL

The International Association of People's Lawyers (IAPL) has released a statement regarding the funeral. Mentioning the criticism on social media, the statement said that many interpreted what happened "as the punishment of a lawyer due to his critical views of the government."

"Kozağaçlı angered the government by representing two academics [Nuriye Gülmen and Semih Özakça] who were fired from their jobs by government decrees, victims of a mine disaster in Soma and many other persecuted people" the IAPL stated.

Being founded in 2000, the aim of the IAPL is to gather lawyers involved in the legal support of collective struggles for people's rights and in situations of gross rights violations, according to its website.
(BIA, January 29, 2019)

Turkey Ranks Second After Russia in Distrust of Its Own Media

Edelman, a global communications marketing firm, has released its 2019 Trust Barometer based on online surveys conducted in 26 countries with the participation of over 33 thousand people from October 9 to November 16, 2018. Edelman has been releasing this annual global report since 2001.

According to the findings of the report, while the majority of the participants from Turkey believe that companies can improve the society, they distrust the media the most. The report has also shown that 52 percent of the general population in Turkey trust the government.

Though people of Turkey have a distrust of international organizations, the rate of participants trusting these organizations is on the increase.

Here are some of the highlights from the 2019 Trust Barometer:

Women trust the government less than men

72 percent of the participants from Turkey believe that "a company can take specific actions that both increase profits and improve the economic and social conditions in the communities where it operates."

52 percent of the citizens of Turkey who participated in the survey stated that they trust the government, which marks a 1-percent increase in comparison with the previous year. As for the average rate of trust in government across 26 countries, it has been announced as 47 percent.

The results of the survey have also indicated that 57 percent of the participants from Turkey trust in civil society organizations, which marks a 1-percent decrease when compared to the previous year. While women trust the government by 3 percent less than men, they trust civil society organizations by 3 percent more than men.

Increasing trust in the EU and UN

In 2019, while the trust of in the European Union (EU) has increased by 7 points in comparison with the previous year and reached 40 percent among the participants from Turkey, the trust in the United Nations (UN) has also increased by 5 percent and become 41 percent.

One out of every four people distrust media

The 2019 Trust Barometer has also shown that the people in Turkey distrust the media the most. According to the report, while the trust in the media has increased by three points and reached 47 percent on a global scale, it has fallen by three points in Turkey and become 27 percent.

Turkey has ranked second after Russia in terms of distrust of its media.
(BIA, January 29, 2019)

Journalist Ayşe Düzkan Goes to Prison: My Morale is High, See You

"I acted in solidarity with the Özgür Gündem, not just for freedom of the press, but also to lay claim to the demand for peace. My morale is high, see you."

Feminist and journalist Ayşe Düzkan said these words just before going to the İstanbul Courthouse Prosecutor's Office of Execution.

Düzkan was sentenced to 18 months in prison for acting as the editor-in-chief of the daily Özgür Gündem for one day, in an act of solidarity with the newspaper.

Düzkan was brought to Bakırköy Women's Prison from the İstanbul Courthouse.

A notification has not been sent to Düzkan regarding her sentence.

According to the BİA Media Monitoring Reports, at least 123 journalists are behind bars in Turkey.

Düzkan's friends, journalists and the members of the Press, Broadcast and Printing Press Workers Union of Turkey (DİSK/Basın-İş), which Düzkan is also a member of, were present in the courthouse.

Speaking to bianet, Düzkan said that acting in solidarity with the Özgür Gündem means laying claim to the demand for peace for her:

"Everyone who acted as editor-in-chief of Özgür Gündem was sentenced in the trial. Some sentences were adjourned. Murat Çelikkan is in prison. Secondly, I will go to prison. I think it is remarkable that we are both Turks. It is common to talk about Özgür Gündem as 'Kurdish press'. As a Turk, I think the Kurdish reality is important for us. Because the demand for peace is impossible without knowing this reality. I acted in solidarity with the Özgür Gündem, not just for freedom of the press, but also to lay claim to the demand for peace. My morale is high, I am in high spirits."

"The sentences given to us are less important than the structural changes in Turkey"

Saying that Turkey is going through a very critical period, Düzkan pointed out structural changes:

"We are going through such a period that the education is being reformed, the law is dying out, scientific work is being destroyed. Also, a period of grave poverty... Many people are sentenced to prison. My sentence is nothing compared to them. The sentences given to us are not important compared to these changes. My morale is high, I am in high spirits."
(BIA, January 29, 2019)

3-Year Prison Sentence Not Deferred for academics

Trial of academics, who have been charged with "propagandizing for a terrorist organization" for having signed the declaration entitled "We will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace, continued at the İstanbul Courthouse today (January 24).

The fourth hearing of Assoc. Prof. Ahmet Ersoy from Boğaziçi University has been held at the 24th Heavy Penal Court and the fourth hearing of Dr. Lecturer Yonca Demir from Bilgi University has been held at the 28th Heavy Penal Court.

The court has sentenced Dr. Lecturer Demir to 3 years in prison, stating, "The defendant is proven guilty of the offense of propagandizing for the PKK/KCK (Kurdistan Workers' Party / Kurdish Communities Union) terrorist organization."

Yonca Demir, who got the longest sentence since the trials of academics began on December 5, 2017, has said in the hearing that she does not accept the deferred announcement of the verdict.

The court board has ruled for not reducing the sentence "considering the defendant's negative behavior after the offense and during the trial."

After an argument with Demir's attorney Meriç Eyüboğlu, the presiding judge ordered the attorney out of the court hall. The academics who were watching the hearing intervened and prevented the security officers from getting the attorney out of the court hall.

The presiding judge said, "We gave a two-year sentence. Then we increased it to three years. And we did not reverse the verdict."

Demir and her attorneys will bring the case to the court of appeal.

About the Trials of Academics

On January 10, 2016, 1,128 academics published a declaration entitled "We will not be party to this crime" on behalf of the Academics for Peace initiative.

With the participation of further academics, the number of academics who have signed the declaration has reached 2,212.

With the indictment issued by the Prosecutor İsmet Bozkurt, lawsuits were filed against the academics on charge of "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article No. 7/2 of the Anti-Terror Law No. 3713.

As of January 24, 2019, 450 academics had stood trial since December 5, 2017. 83 of these academics were sentenced to 1 year and 3 months in prison; 3 academics to 1 year and 6 months in prison; one academic to 2 years and 3 months in prison; one academic has been sentenced to 2 years and 6 months in prison; one academic has been sentenced to 2 years and 1 month in prison; and one academic has been sentenced to 3 years in prison

The ones who did not request suspension of announcement of verdict

Until today, nine academics have not accepted that the announcement of their verdicts be suspended. While six of these academics have been sentenced to 1 year and 3 months in prison, three academics have been sentenced to 1 year and 6 months in prison and one academic has been sentenced to 2 years and 3 months in prison.

* Prof. Dr. Büşra Ersanlı - At the 32nd Heavy Penal Court - 1 year, 3 months in prison. While the sentence has been reduced, the announcement of the verdict has not been deferred.

* Prof. Dr. Zübeyde Füsun Üstünel - At the 32nd Heavy Penal Court - 1 year, 3 months in prison. The sentence has been reduced. The announcement of the verdict has not been deferred.

* Prof. Dr. Ayşe Erzan - At the 32nd Heavy Penal Court - 1 year, 3 months in prison. The sentence has been reduced, the announcement of the verdict has not been suspended.

* Prof. Dr. Nesrin Sungur Çakmak - At the 32nd Heavy Penal Court - 1 year, 3 months in prison. The sentence has been reduced, the pronouncement of the verdict has not been suspended.

* Prof. Dr. Özdemir Aktan - 1 year, 3 months in prison. While the sentence has been reduced, the pronouncement of the verdict has not been deferred.

* Lecturer Aslı Takanay - The verdict has not been pronounced.

* Assoc. Prof. Dr. Esra Arsan - The verdict has not been pronounced.

* Prof. Dr. Gülhan Türkay - 1 year, 3 months in prison. While the prison sentenced has been reduced, the pronouncement of the verdict has not been suspended.

* Dr. Lecturer Lütfiye Bozdağ - 1 year, 6 months in prison. Her prison sentence has not been reduced. The announcement of the verdict has not been deferred.

* Prof. Dr. Şebnem Korur Fincancı - 2 years, 6 months in prison. Korur Fincancı stated that she did not accept the suspension of the announcement of the verdict. Her sentence has not been suspended or reduced.

* Dr. Lecturer Yonca Demir - 3 years in prison. Neither the announcement of the verdict nor the sentence itself has been deferred.

The ones whose statements were not taken

* Research Assistant Onur Baysal - At the 28th Heavy Penal Court - 1 year, 3 months in prison. The court deferred his sentence without demanding his statement about it.

* Dr. Yonca Güneş Yücel - At the 28th Heavy Penal Court - 1 year, 6 months in prison. It was claimed that the academic accepted the suspension of the announcement of the verdict though her statement was not taken. The verdict has been deferred on the condition of 2-year probation.

* Prof. Dr. Gençay Gürsoy - At the 37th Heavy Penal Court - His statement as to the suspension of the pronouncement of the verdict was never taken. He has been sentenced to 2 years and 3 months in prison.

On March 10, 2016, the Academics for Peace made a statement for press and shared with the public what they had been going through since the declaration "We will not be a party to this crime" was published. The academics Dr. Lecturer Esra Mungan, Dr. Lecturer Muzaffer Kaya, Assoc. Prof. Dr Kıvanç Ersoy (March 15, 2016) and Dr. Lecturer Meral Camcı (March 31, 2016), who read out the above-mentioned statement for press, were arrested on charge of "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article No. 7/2 of the Turkish Anti-Terror Law. They were released on April 2016. Upon the request of the Prosecutor's Office, the Ministry of Justice granted a permission of trial as per the Article No. 301 of the Turkish Penal Code No. 301 on charges of "insulting the Turkish Nation, the State of the Republic of Turkey and the institutions and organs of the government."
(BIA, 24 January 2019)

‘Half of Journalists Put on Trial Behind Bars’

The Media and Law Studies Association (MLSA) and International Press Institute (IPI) monitored over 90 court sessions in 71 trials in the second half of 2018 and prepared a report on "Freedom of Expression Trials in Turkey."

The association shared the results of its "Justice Monitoring Report" with the public in a press conference yesterday (January 22).

Media and Law Studies Association Co-Directors journalist Barış Altıntaş and attorney Veysel Ok presented the report, which provides objective and quantitative data on the efficiency of courts in Turkey as well as the state of the right to a fair trial in the country.

Stating that they are bringing together journalism and law as an association, Barış Altıntaş indicated that they have been advocating the journalists, activists and civil society workers who are put on trial.

"The right to a fair trial has completely disappeared after the coup attempt"

Taking the floor after Barış Altıntaş, Veysel Ok also emphasized,

"Though the problems regarding the right to a fair trial and freedom of expression did not arise after the coup attempt [on July 15, 2016], in the light of our report, we can easily say that the right to a fair trial has completely disappeared after the attempted coup."

"This report that we have prepared proves it with data that there is no operating, effective justice system in Turkey."

Stating that they monitored over 90 hearings throughout this year, Ok shared the following information from the report:

"Almost half of defendants behind bars"

"In the 90 sessions that we monitored, the defendants in 49 sessions were arrested. In other words, almost half of the journalists, writers and activists who are put on trial are in prison pending trial.

If you ask what these people who are arrested due to their expressions are being charged with, we can say that in the trials that we followed, 72 percent of the defendants face terror charges.

"In 77 percent of these cases, where these people are charged with 'propagandizing for a terrorist organization', the statements, articles, news or social media posts of the journalists and activists were cited as evidence.

"34 percent of defendants not brought to court"

"34 percent of these people were not brought to the courtroom. The place of residence of 40 percent of the arrested defendants and the courts where they are tried are located in different provinces and the courts do not bring the arrestees to the hearings by showing this as an excuse.

"Half of defendants arrested for more than a year"

"Another issue is the period of arrest. We have identified that more than half of those who are arrested because of their expressions have been behind bars for more than a year.

"In our report, we also have a sub-section entitled 'the Panel's Disrespectful Conduct'. In 27 percent of the court sessions that we monitored, the court board treated the defendants' attorneys in a disrespectful manner. In 27 percent of the sessions, they also treated the defendants disrespectfully.

"Change of court board damages right to a fair trial"

"The fact that the court board has changed in almost half of the cases has shown us that there lies a malicious intent behind these cases. And it means that the right to an objective and fair trial has been damaged."


Full report (BIA, 23 January 2019)


La Turquie expulse une journaliste néerlandaise pour "liens avec le terrorisme"

Une journaliste néerlandaise basée à Istanbul, collaborant notamment au journal Het Financieele Dagblad, a été expulsée jeudi de Turquie en raison de liens présumés avec des jihadistes en Syrie, a affirmé un responsable turc.

Le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun a déclaré que la décision d'expulser la journaliste Ans Boersma avait été prise après qu'Ankara eut "reçu des informations de la police néerlandaise selon lesquelles elle avait des liens avec une organisation terroriste".

"Les Pays-Bas ont dit à la Turquie que la journaliste (...) avait des liens avec le Front al-Nosra", a par la suite précisé M. Altun sur Twitter.

Le Front al-Nosra est l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Le groupe a changé de nom en 2016 et s'appelle désormais le Front Fatah al-Cham.

"Seules les autorités néerlandaises sont en mesure d'expliquer comment elles sont parvenues à cette conclusion. Nous ne ferons pas de spéculations sur la crédibilité de leur renseignement", a déclaré M. Altun sur Twitter.

"Soyez assurés que l'expulsion de Mme Boersma n'est aucunement liée à ses activités journalistiques en Turquie", avait insisté le responsable turc dans une première déclaration.

Le parquet néerlandais a confirmé dans un communiqué que des "informations" concernant la journaliste avaient été récemment fournies aux autorités turques "dans le cadre d'une enquête pénale en cours".

"L'enquête pénale porte sur des soupçons en matière de terrorisme à l'encontre d'autres suspects. Les soupçons contre la femme ne concernent pas un crime avec une intention terroriste. Aucune demande d'arrestation, d'expulsion ou d'extradition n'a été faite", a ajouté le parquet.

Selon le journal Het Financieele Dagblad auquel elle collaborait, "Ans pense qu'il est possible que son expulsion soit liée au fait qu'elle a entretenu des relations jusqu'à l'été 2015 avec un Syrien qui a été arrêté aux Pays-Bas l'automne dernier en raison de son ancienne appartenance à l'organisation terroriste syrienne al-Nosra".

Mme Boersma a annoncé son expulsion dans la matinée sur un groupe de messagerie pour journalistes étrangers en Turquie.

"J'ai été arrêtée hier (mercredi) et j'ai été expulsée. Je prends l'avion maintenant", a-t-elle écrit.

Selon des informations partagées par des collègues de Mme Boersma dans le groupe de messagerie, la journaliste a été arrêtée mercredi après s'être rendue au service de l'immigration à Istanbul pour renouveler son permis de résidence en Turquie.

Les autorités turques lui avaient pourtant renouvelé il y a une dizaine de jours sa carte de presse turque.

La Turquie est régulièrement pointée du doigt par les ONG pour les atteintes à la liberté de la presse ces dernières années, en particulier depuis une tentative de coup d'Etat en 2016 qui a été suivie d'une implacable répression, y compris contre les médias critiques.

Le pays occupe la 157e place sur 180 au classement 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.

D'après le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, plus de 160 journalistes sont écroués en Turquie.
(AFP, 19 janvier 2019)

Turkish Journalists Association: We Never Forget Hrant Dink

Turkish Journalists Association (TGC) Chair Turgay Olcayto has made a statement commemorating the 12th anniversary of journalist Hrant Dink's murder, saying, "Revelation of those who killed Hrant Dink and those who instigated the killers should be the primary duty of the Turkish justice."

Olcayto has said, "In the 12th anniversary of Dink's departure as a result of a treacherous attack, we commemorate him with love and yearning" and added, "Hrant Dink, who made efforts for years for togetherness and friendship of Turkish and Armenian peoples, was a value for the society because of his belief in democracy and human-focused works."

"We want the judicial process to conclude as soon as possible"

"Frankly, I wonder if the circles which made Hrant a target for hitmen by spreading hate speech feel the slightest pang of conscience.

"For 12 years, there is no hope in the lawsuits in terms of justice being served. We want and expect the ongoing trials, which were postponed to March, to conclude as soon as possible.

"Hrant Dink was our colleague, friend and a proficient, human-focused journalist who defended peace in every platform.

"We have never forgotten him. The pain is in our hearts all the time. We hope that media targeting journalists, artists and intellectuals will not be allowed to do this hereafter. Rest in peace, good person."
(BIA, 18 January 2019)

No Freedom in Sight for News, No End to Court-Prison for Journalists


The BİA Media Monitoring Report has shown that in the period of October-November-December 2018, 233 journalists and media representatives faced 10 aggravated life imprisonment, one life imprisonment, 2 thousand 552 years and 10 months in prison and 3 million 928 Turkish Lira (TRY) in pecuniary and non-pecuniary damages in total. The report has also been manifesting the widespread censorship faced by the media in Turkey.

In this period, 25 journalists became defendants and suspects for "insulting Erdoğan. The Article no. 299 of the Turkish Penal Code (TCK), which started to be implemented for criticisms and allegations about Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan since August 2014, when he was elected President, became the basis of prison sentences or judicial fines given to at least 54 journalists until January 1, 2019.

You can find the following chapters in the BİA Media Monitoring Report: "killed journalists", "assaults, threats and obstructions", "impunity / right-seeking", "investigations, opened-ongoing cases, verdicts", "insults, personal rights and actions for compensation", "Constitutional Court", "ECtHR" and "Radio and Television Supreme Council".

123 imprisoned journalists

123 journalists in Turkey entered January 1 in prison over their journalistic activities or political cases. While 47 of these 123 journalists were convicts and trials of 34 of them were still continuing, an investigation was launched against 30 of them and 12 journalists took their cases to the Court of Appeal or the Supreme Court of Appeals after being convicted.

In October-November-December 2018, seven journalists were arrested. While four of them (Murat Aksoy, Atilla Taş, Kibriye Evren, Rojhat Doğru) were imprisoned as convicts or defendants, three of them (Hakan Gülseven, Berivan Bila, Sedat Sur) were arrested and released in the same period. Max Zirngast, a columnist from Austria, Ece Sevim Öztürk and Şirin Kabakçı, who were previously arrested, were released on probation in this period.
(BIA, 18 January 2019)

FULL TEXT

Campaign by Amnesty International Turkey for Freedom of Expression

Sharing a letter addressed to Minister of Justice Abdülhamit Gül in the petition campaign, the organization has made a call to the Minister "to release all journalists and media workers arrested for practicing their professions and put an end to similar arrests."

The letter has also contained the following statements:

"Turkey is now the country with the highest number of arrested journalists. I am deeply concerned that journalists face charges as per groundless anti-terror laws because they use their right to freedom of expression.

"I am calling you to exercise your full authority for the protection of freedom of press and expression, respect for the right to a fair trial and prevention of inmates from being held in inhumane prison conditions."

Click here to sign the petition (Turkish)

BİA Media Monitoring: 123 imprisoned journalists

According to the BİA Media Monitoring Report for October-November-December 2018, 123 journalists are currently behind bars in Turkey. In this three-month period, 36 journalists have become suspects and defendants for "insulting President Recep Tayyip Erdoğan."

The report has also shown that 233 journalists and media representatives have been facing life imprisonment aggravated for 10 times, one life imprisonment, 2 thousand 552 years and 10 months in prison and 3 million 928 Turkish Lira (TRY) in pecuniary and non-pecuniary damages in total.
(BIA, 17 January 2019)

Academic Sentenced to 2 Years, 1 Month in Prison; Sentence Not Deferred

Trial of academics, who have been charged with "propagandizing for a terrorist organization" for having signed the declaration entitled "We will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace, continued in İstanbul Çağlayan Courthouse today (January 16).

Eight academics had their hearings at three separate courts:

At the İstanbul 35th Heavy Penal Court: Assoc. Prof. Dr. Metin Altıok from Mersin University; Prof. Dr. Murat Kızıl, Prof. Dr. Emine Meşe and Research Assistant Hümeyra Yılmaz from Dicle University; and Research Assistant Melek Zorlu from Munzur University had their first hearings.

At the İstanbul 23rd Heavy Penal Court: Assoc. Prof. Dr. Meltem Toksöz from Boğaziçi University had her third hearing.

At the İstanbul 25th Heavy Penal Court: Dr. M.A. from İstanbul Bilgi University had the third hearing.

Academic sentenced to 2 years, 1 month in prison

Having her third hearing, academic M.A. has been sentenced to 2 years and 1 month in prison on charge of "knowingly and willingly aiding a terrorist organization as a non-member" as per the Articles 314/2 and 220/7 of the Turkish Penal Code (TCK) and Article 5/1 of the Anti-Terror Law (TMK).

Neither the pronouncement of the verdict nor the sentence has been suspended on the ground that "there is no legal possibility.
(BIA, 17 January 2019)

Denial to Erdoğan on January 10 Working Journalists’ Day

The Presidency Press Center released a message on the occasion of January 10 Working Journalists' Day today (January 9).

In the message shared on behalf of President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan, it was stated,

"The Turkish press, unfortunately, suffered serious pressure and unjust treatment during the periods of tutelage, when our democracy was interrupted and rights and freedoms were suspended.

"The reforms adopted over the last 16 years in our country have contributed to the enrichment and diversification of the Turkish press and helped it to have a more democratic and liberal structure."

However, the data shared by the Media Monitoring Report of bianet have been saying the exact opposite:

123 journalists in prison on October 1, 2018

According to Media Monitoring Report, in July-August-September 2018;

* 7 journalists were taken into custody,

* 85 journalists were dismissed,

* 37 journalists became defendants in lawsuits filed for insult,

* 20 journalists faced 93 years, 4 months in prison in total on charge of "insulting the President,"

* 247 journalists faced life imprisonment aggravated for 46 times, one aggravated life imprisonment, 2 thousand 855 years and 6 months in prison and 30 thousand Turkish Lira as penalty fines in total,

* Access to at least 2 thousand 518 news reports and articles was banned,

* The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) imposed administrative fines of 2 million 33 thousand 185 Turkish Lira in total on television channels.

* European Court of Human Rights (ECtHR) sentenced Turkey to pay a compensation of 2 thousand 500 Euro for violating freedom of expression,

* 123 journalists were in prison on October 1, 2018.

Journalists arrested between 2001 and 2011

bianet previously published a book compiling its Media Monitoring Reports from 2001 to 2011.

According to the book "Ten Years of Freedom of Expression", while the number of arrested journalists between 2001 and 2004 did not exceed 10, 15 journalists from eight media outlets were arrested in 2004.

In 2007, 20 journalists from 11 different media outlets were arrested. On December 31, 2011, 104 journalists and 30 distributors/media workers in total were behind bars in Turkey.

Journalists imprisoned between 2012 and 2017

According to the BİA Media Monitoring Reports, the number of imprisoned journalists in Turkey from 2012 to 2017 is as follows:

2012 - 68 imprisoned journalists
2013 - 59 imprisoned journalists
2014 - 22 imprisoned journalists
2015 - 31 imprisoned journalists
2016 - 131 imprisoned journalists
2017 - 122 imprisoned journalists

(BIA, January 10, 2019)

Khashoggi: Amnesty demande une enquête internationale

L'ONG Amnesty International a appelé jeudi à ouvrir une enquête internationale sur le meurtre de Jamal Khashoggi, lors d'une cérémonie marquant le centième jour de l'assassinat de cet éditorialiste saoudien dans le consulat d'Arabie à Istanbul.

"Nous demandons une nouvelle fois l'ouverture d'une enquête internationale placée sous l'autorité de l'ONU sur le meurtre de Jamal Khashoggi", a indiqué Amnesty International dans une déclaration lue par l'une de ses responsables en Turquie, Göksu Ozahishali.

"Nous réclamons justice pour Jamal Khashoggi qui se battait pour la liberté d'expression dans le monde arabe", selon cette déclaration lue devant le consulat d'Arabie à Istanbul, scène de ce meurtre qui a suscité une onde de choc mondiale et considérablement terni l'image de la pétromonarchie.

Après la déclaration, des militants d'Amnesty ont symboliquement accroché une plaque portant le nom de Jamal Khashoggi à l'entrée de la rue menant au consulat dont l'accès est bloqué par des barrières métalliques.

Plus de trois mois après le meurtre perpétré le 2 octobre, le corps de Khashoggi n'a toujours pas été retrouvé et plusieurs questions, dont l'identité du ou des commanditaires de cette opération menée par un commando de 15 responsables saoudiens, restent sans réponse.

"Il est tout simplement choquant que 100 jours après, rien de concret n'a été fait pour que la justice soit rendue dans ce meurtre", a déclaré à l'AFP Andrew Gardner, chercheur à Amnesty en Turquie.

"Hélas, la (réaction de la) communauté internationale a été d'une faiblesse sidérante, et les relations commerciales et diplomatiques avec l'Arabie saoudite ont pris le dessus sur des principes humains fondamentaux", a-t-il ajouté.

La Turquie et l'Arabie saoudite ont ouvert des enquêtes séparées, mais Ankara accuse régulièrement Ryad de ne pas coopérer et s'interroge sur la volonté des autorités saoudiennes de chercher à identifier les "vrais donneurs d'ordre".

Des responsables turcs et américains ont fait porter la responsabilité de ce meurtre au prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, ce que les autorités saoudiennes nient catégoriquement.

Un procès s'est ouvert la semaine dernière en Arabie saoudite. Le procureur a requis la peine de mort contre cinq personnes dont les identités n'ont pas été révélées.
(AFP, 10 janvier 2019)

Deferred Prison Sentence of 1 Year, 3 Months for 1 Academic

Trial of academics, who have been charged with "propagandizing for a terrorist organization" for having signed the declaration entitled "We will not be a party to this crime" prepared by the Academics for Peace, continued in İstanbul Çağlayan Courthouse today (January 8).

The hearing of Assoc. Prof. Dr. Y.A. from Kemerburgaz University was held at the İstanbul 37th Heavy Penal Court.

Announcing its verdict, the court board ruled that the academic shall be sentenced to 1 year and 3 months in prison on charge of "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article 7/2 of the Anti-Terror Law (TMK).

The announcement of the verdict has been deferred.

Demand of acquittal

The Prosecutor's Office repeated its opinion as to the accusations which it gave in the previous hearing, demanding the defendant to be sentenced according to the Article 7 of the TMK. Y.A. and his attorney demanded acquittal in their defense as to the accusations.

The court board ruled that the the defendant was proven guilty of the offense of "propagandizing for a terrorist organization" and sentenced Y.A. to 1 year and 3 months in prison.

Announcement of the verdict has been deferred considering defendant's behavior in the hearing and the defendant having no criminal record.
(BIA, January 8, 2019)

Journalist Pelin Ünker Sentenced to Prison for Paradise Papers Stories

Journalist Pelin Ünker has been sentenced to 1 year, 1 month and 15 days in prison and fined 8,860 TRY (~1,615 USD) for "defamation and insult" for her stories that were published on the daily Cumhuriyet regarding the then Prime Minister Binali Yıldırım's and his sons' offshore companies in Malta. The companies were revealed in the Paradise Papers in 2017.

The second hearing of the case was held at the İstanbul 2nd Penal Court of First Instance in the Çağlayan Courthouse today (January 8).

Muhammed Gök, the attorney of Binali Yıldırım and his son Bülent Yıldırım, Pelin Ünker and her attorneys Abbas Yalçın, Tora Pekin, Halil Kocabaş attended the hearing. Reporters Without Borders (RSF) Turkey Representative Erol Önderoğlu and journalists also watched the hearing.

Attorney Muhammed Gök spoke first and said that his clients' personal rights were violated as they stated in their petition of complaint.

"Petition of complaint includes stories that do not belong to Ünker"

Ünker's attorney Abbas Yalçın said that the petition of complaint includes news stories that were not written by his client and the statements in the series of articles that were mentioned in the complaint are not true.

Attorney Pekin, speaking after Yalçın, called for the acquittal of his client, stating that Ünker cannot be held responsible for stories she did not write:

"[Paradise Papers] were reported as news all across the world but the only one who is being tried for that is Pelin Ünker. In a democratic society, the press has an indispensable duty. It is obliged to reveal all the documents that interest the public. Pelin did this" the attorney said.

"They did not deny founding companies in tax haven"

"Founding a company in a tax haven... The story is all about this. They did not deny this in the petition of complaint. Anybody can found this type of companies anyway. It is not a crime. But can Prime Minister's son do this? They cannot ethically. If they do, the people have the freedom to receive news on this. The people have the right to read the Paradise Papers."

"I did my duty as a journalist"

Pelin Ünker stated that she repeats her previous defenses and what she did was an act of journalism.

"I did my duty as a journalist. The story was about public figures. I fulfilled my duty to announce the incident to the public. The right to reply was granted to himself. I don't think the story I did constitutes a crime."

Prison sentence and fine for Ünker

Pelin Ünker has been fined 8,660 Turkish Liras for "insulting a public officer", considering "how the offense was committed, importance and value of the subject of the offense, weight of the result and intention of the defendant." Ünker has been sentenced to 1 year, 1 month, 15 days in prison for "defamation."

The court rejected to defer the announcement of the verdict on the ground that they could not reach a conclusion on whether Ünker will again commit an offense. Ünker and her attorneys will bring the case to the court of appeal.
(BIA, January 8, 2019)

Meurtre Khashoggi: ouverture du procès, cinq peines de mort requises

Le procureur général saoudien a formellement requis la peine de mort contre cinq suspects à l'ouverture jeudi du procès des meurtriers présumés du journaliste Jamal Khashoggi, alors que des zones d'ombre demeurent dans cette affaire qui a terni l'image du royaume.

Khashoggi, un détracteur du pouvoir de Ryad qui collaborait notamment avec le Washington Post, a été tué le 2 octobre par des agents saoudiens au consulat du royaume à Istanbul.

Le meurtre, qui a eu un retentissement planétaire, a ébranlé l'Arabie saoudite, certains responsables en Turquie et aux Etats-Unis évoquant une responsabilité directe du puissant prince héritier, Mohammed ben Salmane, jeune dirigeant qui était présenté comme un réformateur pressé.

Trois mois après le meurtre, un procès s'est ouvert jeudi devant une cour pénale de Ryad, selon un communiqué du procureur général publié par l'agence de presse officielle SPA.

Onze suspects ont comparu en présence de leurs avocats, ajoute le communiqué, sans dévoiler l'identité des suspects.

Le procureur général "demande la peine de mort pour cinq des accusés en raison de leur implication directe dans le meurtre", indique le communiqué.

Les avocats ont demandé à prendre connaissance des accusations exactes portées contre leurs clients et un délai pour les étudier. Le tribunal a accédé à leurs demandes, sans fixer de date pour la prochaine audience, pendant que l'enquête se poursuit, selon le communiqué.

Le procureur saoudien a indiqué que ses deux demandes auprès des autorités turques pour obtenir des éléments de preuve sur cette affaire sont restées sans réponse.

"Ce procès suscite un immense intérêt au niveau international, mais aussi beaucoup de suspicion quant à savoir si les responsables réels du crime seront tenus de rendre des comptes", a déclaré à l'AFP H.A. Hellyer, membre associé du Royal United Services Institute (RUSI), un centre de réflexion britannique sur la défense et la sécurité.

Après avoir un temps nié la mort du journaliste, Ryad a fini par expliquer qu'il avait été tué lors d'une "opération hors de contrôle" de l'Etat, supervisée par deux hauts responsables qui ont été destitués depuis.

Mais Ankara a accusé les "plus hauts niveaux" de l'Etat saoudien. Des médias turcs et américains, ainsi que la CIA, soupçonnent le prince héritier saoudien, surnommé MBS, d'avoir lui-même commandité l'opération contre Jamal Khashoggi.

La Turquie a demandé l'extradition de 18 Saoudiens arrêtés dans leur pays et soupçonnés d'implication dans le meurtre.

Mais l'Arabie saoudite a répondu qu'il n'était pas question d'extrader des citoyens saoudiens en Turquie en affirmant que les suspects seraient jugés dans leur pays.

- Procès rapide -

La justice saoudienne n'a pas traîné en désignant dès le 15 novembre 21 suspects et en inculpant onze personnes.

Son impartialité dans cette affaire est mise en doute par des défenseurs des droits de l'Homme, dont Samah Hadid, directrice des campagnes d'Amnesty International au Moyen-Orient.

"Vu le manque d'indépendance du système de justice pénale en Arabie saoudite, l'impartialité de toute enquête et de tout procès serait mise en doute", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"C'est pourquoi une enquête indépendante et dirigée par l'ONU est nécessaire sur ce meurtre", a dit Samah Hadid.

Les Nations unies et d'autres groupes de défense des droits de l'Homme ont appelé eux aussi à une enquête indépendante sur le meurtre de Khashoggi.

Le 20 octobre, les autorités saoudiennes ont annoncé le limogeage de cinq personnalités présentées comme des responsables indirects du meurtre.

Parmi elles figure le général Ahmed al-Assiri, chef adjoint du renseignement accusé, selon le procureur, d'avoir ordonné à une équipe de 15 agents de ramener de "gré ou de force" Khashoggi en Arabie saoudite.

Autre responsable destitué: Saoud al-Qahtani, conseiller à la Cour royale qui aurait joué un rôle de premier plan dans l'expédition turque.

On ignore si ces anciens responsables seront ou non poursuivis par la justice.

Mais Saoud al-Qahtani figure sur une liste de 17 responsables saoudiens sanctionnés par les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux pour leur "responsabilité ou leur complicité" dans le meurtre.

Le président américain Donald Trump a refusé de suivre les conclusions de la communauté du renseignement qui penche pour une responsabilité du prince héritier. Il n'a jamais mis directement en cause Mohammed ben Salmane.

Mais d'influents parlementaires au Congrès américain n'ont pas renoncé à l'idée de représailles contre Ryad et pourraient accentuer la pression sur M. Trump dans les prochaines semaines.
(AFP, 4 janvier 2019)

Lawsuit Against Journalist Hasan Cemal

The first hearing of the lawsuit, which was filed against journalist Hasan Cemal on charge of "propagandizing for a terrorist organization" due to his article entitled "From Silvan: They have so accustomed us to deaths" published on T24 news website on December 4, 2015, was held at the İstanbul Courthouse in Çağlayan today (January 3).

In 2015, Hasan Cemal went to the district of Silvan in Diyarbakır, met and talked to three people and wrote an article afterwards. While the three people, whom Cemal interviewed three years ago, have been acquitted in the lawsuits filed against them, Cemal had his first hearing today.

In his written petition to the board of the 36th Heavy Penal Court, attorney Fikret İlkiz stated that in the article that his client Hasan Cemal penned three years ago, the journalist recounted his observations and interviews that he made with Gülsüma Güçer, Mehmet Ali Dünser and the then Silvan Co-Mayor Zuhal Tekiner when he went to Silvan.

Emphasizing that Güçer and Tekiner, whose names are mentioned in the article of Cemal, were acquitted of the charges which were pressed against them by the Diyarbakır 4th Heavy Penal Court, attorney İlkiz requested that his client Hasan Cemal be also acquitted.

Rejecting the request for acquittal, the court board ruled that a writ shall be issued to the Diyarbakır 4th Heavy Penal Court to request the minutes of the hearing of Güçer and Tekiner, the justified ruling (if it has been announced) and a copy of the judgement (if it has been finalized).

The next hearing of Hasan Cemal will be held on April 16, 2019.

Cemal: It was an article defending peace

Appearing before the judge, Hasan Cemal rejected the charge brought against him with following remarks:

"I have written four books and thousands of articles and essays on Kurdish question. This article was one of them. It was an article defending peace and condemning sorrows and deaths.

"The entire article is within the scope of journalistic activity and freedom of expression. Neither journalism nor freedom of expression is a crime. I have never propagandized for a terrorist organization. I request my acquittal since this article is within limits of freedom of expression."

İlkiz: Term of litigation has expired

Stating that the article of Cemal subject to lawsuit was written three years ago, attorney İlkiz also underlined that the term of litigation has expired as per the related articles of the Press Law.
(BIA, 3 January 2019)

Khashoggi: diffusion d'images montrant le corps transporté dans des sacs

La chaîne de télévision turque A-Haber a publié tard dimanche des images de vidéosurveillance montrant des hommes transportant des sacs dans lesquels se trouve, selon elle, le corps démembré du journaliste Jamal Khashoggi après qu'il a été tué dans le consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre.

Les images, tirées de la vidéosurveillance, montrent trois hommes transportant un total de cinq valises et deux gros sacs sombres à l'intérieur de la résidence du consul saoudien, située non loin du consulat.

Citant des sources turques, A Haber affirme que le corps démembré de Jamal Khashoggi se trouve dans ces sacs et valises.

Les autorités turques n'avaient pas encore commenté ces images lundi à la mi-journée.

L'éditorialiste saoudien critique du pouvoir de Ryad a été tué le 2 octobre par un commando saoudien dans le consulat de son pays à Istanbul où il s'était rendu pour des démarches administratives.
 Après avoir un temps nié la mort du journaliste, collaborateur du Washington Post, Ryad a fini par expliquer qu'il a été tué lors d'une "opération hors de contrôle" de l'Etat, menée par deux responsables qui ont été destitués depuis.

Mais Ankara accuse les "plus hauts niveaux" de l'Etat saoudien et des médias turcs et américains, ainsi que la CIA, soupçonnent le prince héritier Mohammed ben Salmane lui-même de l'avoir commandité.

Le corps de Jamal Khashoggi n'a toujours pas été retrouvé, près de trois mois après sa mort. Les autorités turques ont révélé que le corps avait été démembré puis sorti du consulat, mais des interrogations persistent sur ce qu'il s'est passé ensuite.

A-Haber explique que les valises et sacs visibles sur ses images ont été apportés à bord d'un minibus qui se trouvait initialement devant le consulat et qui s'est ensuite rendu dans un garage de la résidence du consul.

Selon A-Haber, les trois hommes que l'on voit portant des sacs et valises avec lesquels ils entrent dans la résidence du consul viennent de décharger le minibus. Celui-ci n'est pas lui-même visible sur les images diffusées.

La résidence et le consulat ont été fouillés par les autorités turques mi-octobre. Plusieurs autres localités à Istanbul et près de la ville ont également été fouillées, sans permettre pour autant de retrouver le corps du journaliste.

Les médias turcs avaient ainsi rapporté pendant un temps que les enquêteurs privilégiaient la piste d'une dissolution du corps dans de l'acide après son démembrement.
(AFP, 31 déc 2018)

Lawsuit Due to Article Series on Cancer Research Results

A lawsuit has been filed against Food Engineer and bianet columnist Asst. Prof. Dr. Bülent Şık on charges of "disclosure of secrets about duty" (Turkish Penal Code Article No. 258); "provision of prohibited information" (Turkish Penal Code Article No. 334); and "disclosure of prohibited information" (Turkish Penal Code Article No. 336).

In the indictment issued by Prosecutor Gökhan Boydak from the İstanbul Terror and Organized Crimes Investigation Bureau, the article series of Bülent Şık published on Cumhuriyet newspaper have been cited as the reason for the charges brought against Şık.

Investigation launched upon Ministry's complaint

The article series of Bülent Şık subjected to investigation were on "the Project on Assessment of Environmental Factors in the Provinces of Kocaeli, Antalya, Tekirdağ, Edirne, Kırklareli and Their Impacts on Health," the findings of which have not been published by the state officials.

The article series entitled "The state has concealed the carcinogen products, we are making them public! Here is the poison list" were published on Cumhuriyet daily newspaper for four days from April 15 to April 18, 2018.

After the article series were published on Cumhuriyet, the Ministry of Health filed a criminal complaint against Şık. The indictment, which demands that Şık be sentenced to 5 to 12 years in prison, was first prepared by the Press Crimes Investigation Bureau of the İstanbul Chief Public Prosecutor's Office.

However, this indictment was returned to the Prosecutor's Office and it was re-submitted to court by the terror crimes bureau without any changes.
(BIA, 2 January 2019)

Legal Action Taken Against 18,376 People Due to ‘Social Media’ This Year

The Ministry of Interior released a statement today (31 December) regarding the operations conducted in 2018.

According to the statement which was released on the official website of the ministry, 42,406 social media accounts were investigated and legal action was taken against 18,376 persons.

The legal action was taken regarding these offenses:

"Propagandizing for a terrorist organization, promoting these organizations, declaring affiliation with terrorist organizations, inciting people to enmity and hatred, insulting state officials, attempting against state's indivisible integrity and people's life security, committing hate speech."

7 thousand detentions in one year

Minister of Interior Süleyman Soylu made this statement on December 11 at the Cyber Crimes Workshop:

"We formed virtual patrols working 24/7 on the purpose of investigation of criminal content on the internet.

"Within this context, in 2018, 110 thousand social media accounts have been investigated, users of 45 thousand accounts have been identified, 7 thousand of them have been caught and sent to judicial authorities."

Legal action against 2,793 people in İstanbul

İstanbul General Directorate of Security, Combating Cyber Crimes Branch Directorate also released a statement, saying that legal action was taken against 2,793 people in relation with the following charges:

* 750 persons for propagandizing for a terrorist organization,

* 236 persons for insulting Atatürk's spiritual memory and state authorities,

* 507 persons for propagandizing for Fethullahist Terrorist Organization (FETÖ), which is held responsible for the coup attempt on July 15, 2016,

* Provoking, driving people into hatred and animosity,

* 81 persons regarding crimes of smuggling,

* 16 persons for illegal arms sales and trade,

* 5 persons regarding suicide and suicide attempts,

* 440 persons for other crimes.
(BIA, 2 January 2019)

Prosecutor's Office Launches Investigation Against TV Anchor Portakal

The Chief Public Prosecutor's Office in Bakırköy district of İstanbul has launched an investigation against Fox TV anchor Fatih Portakal because of what he said on prime-time news bulletin on December 10, 2018.

It has been stated that a written request has been made to Radio and Television Supreme Council (RTÜK) for the records of the mentioned program and the 16 complaint petitions submitted against Portakal were combined.

What did Portakal say?

While presenting the news on December 10, Portakal said,

"Here we go, let's protest these price increases, the increases in prices of natural gas with a peaceful protest demonstration. Come on, let's do it. Can we do it? How many people can take to the streets out of fear and concern? Can you please tell me, for God's sake, how many people can take to the streets? They are trying to take the individual and social opposition under pressure, they are trying to intimidate them.

"It is the most natural right, but it cannot be implemented. To be honest, it doesn't make any difference whether it is in France or Turkey."

From Erdoğan to Portakal: This nation will hit you in the back of your neck

After these statements, Fatih Portakal was targeted by pro-government media outlets as well as President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan, who said,

"Somebody, I do not know if he is orange, mandarin or citrus, calls people to streets. Know your place. If you do not know your place, this nation will hit you in the back of your neck. Nobody can play games with my nation's honor. That would cost them dear."

CLICK - Journalism Organizations Comment on Erdoğan's Threat to TV Anchor Fatih Portakal

The Radio and Television Supreme Council also imposed a penalty of broadcast suspension for three days and an administrative fine on FOX TV Prime News Bulletin presented by Fatih Portakal.
(BIA, 28 December 2018)

Kurdish Question / Question kurde

Manifestation contre une base turque au Kurdistan irakien

Des protestataires kurdes ont attaqué samedi une base militaire turque dans l'ouest du Kurdistan irakien, des témoins faisant état de victimes et de dégâts.

Lors de ces heurts, survenus dans la province de Dohouk, frontalière de la Turquie, des manifestants s'en sont pris aux forces turques qu'ils accusent d'avoir tué quatre civils dans un récent bombardement.

La Turquie invoque régulièrement son droit à la légitime défense pour frapper en Irak des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une formation considérée comme "terroriste" par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Sur Twitter, le ministère de la Défense turc a accusé les manifestants d'avoir été "incités par le PKK" et indiqué que les dégâts dans la base turque étaient limités à "des véhicules et des équipements militaires".

Des témoins ont, eux, fait état de plusieurs blessés après que les militaires turcs ont tiré sur les manifestants pour les repousser de cette base située dans la localité de Cheladzi.

Des vidéos diffusées par des militants montrent des manifestants incendiant des véhicules militaires turcs.

Le gouvernement de la région autonome du Kurdistan s'est dit dans un communiqué "attristé par les dégâts humains et matériels".
 Il évoque "des événements à Cheladzi", derrière lesquels se cachent "des saboteurs", sans toutefois mentionner la Turquie ou la présence de forces turques sur son sol.

Mi-décembre, des frappes turques en territoire irakien avaient provoqué des remous dans les relations entre les deux pays voisins.

Les autorités irakiennes avaient convoqué l'ambassadeur turc à Bagdad pour protester contre des bombardements "répétés" sur son sol, dénonçant une "violation de (sa) souveraineté".

Ankara avait pour sa part appelé Bagdad à coopérer dans la lutte contre le "terrorisme".

Samedi, peu avant ces violences, la Turquie avait repris les vols vers la ville kurde irakienne de Souleimaniyeh, après 16 mois d'interruption en raison du blocus aérien imposé en rétorsion au référendum d'indépendance.
(AFP, 26 janvier 2019)

L'alliance antijihadistes arabo-kurde devra bénéficier d'un "statut spécial"

L'alliance antijihadistes arabo-kurde en Syrie devra bénéficier d'un "statut spécial" en cas d'accord politique entre les Kurdes et le régime de Bachar al-Assad, a déclaré un haut commandant kurde impliqué dans l'offensive contre le groupe Etat islamique (EI).

"Tout accord politique devra inclure un statut spécial" pour les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui ont lutté contre les jihadistes "au nom de l'humanité toute entière et même de l'armée syrienne", a déclaré dans une interview exclusive à l'AFP Mazloum Kobani, commandant en chef de cette force soutenue par les Etats-Unis.

"C'est notre ligne rouge et nous ne cèderons pas sur ce point" lors des discussions en cours avec le régime syrien, a-t-il souligné.

La coalition arabo-kurde a "protégé le nord-est de la Syrie. Elle a libéré ces régions et c'est son droit de continuer à en assurer la protection", a dit le commandant Kobani qui s'est entretenu avec l'AFP près de la ville de Hassaké.

Les FDS contrôlent environ un tiers du territoire syrien après avoir chassé les jihadistes de l'EI de vastes territoires dans le nord et l'est du pays en guerre avec l'aide de la Coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington.

Pour sa part, le régime syrien contrôle désormais deux tiers du pays après avoir reconquis des territoires aux rebelles et aux jihadistes avec l'aide de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah libanais.

Le régime syrien refuse d'accepter une autonomie des régions kurdes du nord-est de la Syrie.

Après des décennies de marginalisation, les Kurdes sont eux réticents à abandonner l'autonomie qu'ils ont conquise à la faveur du conflit.

Depuis juillet, des représentants politiques kurdes négocient avec le régime afin d'arriver à une décentralisation favorable à leur région.

"Les discussions sont en cours mais n'ont pas encore donné de résultat positif", a indiqué M. Kobani.

Selon lui, le régime "continue à penser qu'il peut revenir à la situation d'avant 2011", année où la guerre a éclaté. "Il espère toujours pouvoir prendre militairement le contrôle de toute la région, mais il doit comprendre que c'est impossible".

Selon M. Kobani, les FDS sont préparées à "protéger la frontière syrienne et l'unité du territoire syrien".
(AFP, 25 janvier 2019)

Libération conditionnelle de la députée kurde en grève de la faim

Diyarbakir (Turquie), 25 jan 2019 (AFP) - Une députée kurde observant depuis 79 jours une grève de la faim qui a entraîné une grave détérioration de son état de santé a été remise en liberté conditionnelle vendredi dans le sud-est de la Turquie.

La décision de faire sortir de prison Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a été prise par un tribunal de Diyarbakir, la principale ville de cette région dont la population est en majorité kurde.

Cette mesure a été assortie d'une interdiction de quitter le territoire. Son procès a été ajourné au 29 mai.

Quelques heures après cette décision, la députée du Parti démocratique des peuples (HDP), le principal parti prokurde en Turquie, a été libérée de la prison de Diyarbakir et conduite vers son domicile à bord d'une ambulance, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Mme Güven, 55 ans, n'était pas présente à l'audience à laquelle ont assisté des représentants de plusieurs partis européens de gauche pour exprimer leur solidarité avec l'élue kurde.

Celle-ci avait entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre afin de dénoncer les conditions de détention d'Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie), qui purge une peine de prison à vie sur une île proche d'Istanbul après avoir été capturé par la Turquie en 1999.

- "Poursuivre la grève" -

La codirigeante du HDP, Pervin Buldan, a rendu visite à Leyla Güven après sa remise en liberté, affirmant qu'elle allait "poursuivre sa grève de la faim chez elle".

Sur des photos de la rencontre, on peut voir la députée, affaiblie et portant un masque hygiénique, la tête appuyée sur l'épaule de Mme Buldan.

Selon le HDP, des médecins doivent l'examiner vendredi et rendre public un rapport sur son état de santé.

"Nous, on est là, ici aujourd'hui, pour exprimer notre solidarité avec Leyla Güven, notre solidarité avec le HDP, pour soutenir et appuyer sa revendication qui est la libération de tous les prisonniers politiques en Turquie et la rupture de l'isolement que subit Öcalan", a déclaré à l'AFP devant le tribunal Danielle Simonnet, une personnalité de La France Insoumise (gauche radicale).

Le HDP avait affirmé le 10 janvier que sont état de santé s'était à un tel point dégradé que sa vie était "en danger".

Selon ce parti, Leyla Güven a perdu "quelque 15 kilos" depuis qu'elle a cessé de s'alimenter et "ne peut plus marcher seule".

Le HDP affirme que des dizaines de "prisonniers politiques" ont observé des grèves de la faim dans les prisons turques pour protester contre "le maintien à l'isolement" de M. Öcalan sur l'île d'Imrali.

Leyla Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive militaire turque alors en cours dans l'enclave en majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Après la décision du tribunal, des partisans du HDP se sont rassemblés devant la prison de Diyarbakir pour attendre sa sortie.

"Les autorités ont attendu qu'elle soit à l'article de la mort pour la libérer. L'Etat n'aurait pas dû la traiter de la sorte", a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Ramazan Yakar.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, est détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une "organisation terroriste", de "propagande terroriste" et d'"incitation à commettre des crimes".

Ce parti a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi la tentative de putsch de juillet 2016 et plusieurs de ses députés ont été arrêtés.
(AFP, 25 janvier 2019)

Et pendant ce temps, au Kurdistan…

Le Soir, 19 janvier 2019

La crise – ou plutôt les crises – qui secoue le Proche-Orient depuis longtemps est d’une effroyable complexité. Il y a cependant quelques lignes de force communes, qui apparaissent lorsque l’on fait un zoom sur le facteur humain. Autrement dit, celui dont on tient le moins compte, la chair à canon, le facteur d’ajustement…

Plusieurs essais ont marqué notre époque : Ces malades ou Ces psychopathes qui nous gouvernent. Qu’ils soient malades ou psychopathes, nos gouvernants – pas tous élus démocratiquement pour ce qui concerne la région en question – sont certainement conduits par le sacro-saint principe de la realpolitik, qui fait peu de cas du facteur humain et vise les intérêts de la nation, le plus souvent à court terme. Ainsi, les Américains ont soutenu les talibans contre les Russes, sans imaginer qu’un jour, ce Ben Laden se retournerait contre eux. Et pendant ce temps, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants subissent les horreurs d’une guerre contre laquelle ils ne peuvent rien, qu’ils n’ont pas voulue et qui ne leur apporte que mort et destruction.

Il y a quelques semaines, Trump – qui combine sans doute les deux tares, malade et psychopathe – a annoncé le retrait des forces américaines de Syrie. En clair, cela signifiait qu’il livrait les Kurdes aux armées d’Erdogan. Tollé dans les sphères du pouvoir américain, effrayées une fois de plus par l’immaturité de leur président, lequel a tenté une marche arrière en mettant en garde Ankara contre toute atteinte à l’encontre des Kurdes.

Le peuple kurde est un des plus anciens de cette région. Il vient d’Anatolie et leur présence serait attestée depuis la période sumérienne (quatrième millénaire avant notre ère). Comme les Iraniens ou les Arméniens, les Kurdes ont toujours été présents dans cette région, à la différence des Turcs, qui ne sont arrivés qu’au onzième siècle. Ils vivent à cheval essentiellement sur trois pays : l’Irak, la Syrie et la Turquie, auquel il faut ajouter une présence en Iran.

Les aléas de l’histoire n’ont pas altéré l’homogénéité ethnique des Kurdes mais les ont conduits à embrasser des religions et des courants religieux variés : chrétien, sunnite, chiite.

En tant que minorité, les Kurdes étaient protégés en Irak et en Syrie, comme les autres minorités ethniques ou religieuses – Assad étant lui-même membre d’une minorité. Ils y jouissaient même d’une relative autonomie. Lorsque l’Occident a décidé de lâcher Assad, il a aussi abandonné les Kurdes et les chrétiens de la région. Les Kurdes ont accepté de s’unir aux alliés dans leur lutte contre Daesh, et les milices du PYD – l’aile syrienne du PKK turc, le parti indépendantiste kurde reconnu comme terroriste par le pouvoir turc et ses alliés – ont pesé très lourd dans la défaite des islamistes.

La menace turque

L’adversaire numéro un des Kurdes n’est autre que la Turquie – qu’elle soit ou non d’Erdogan. Au lendemain de la première guerre mondiale, après la dislocation de l’empire ottoman, le traité de Sèvres, en 1919, prévoyait la possibilité d’un Kurdistan autonome dans le sud-est de la Turquie ; après l’arrivée de Kemal, ce traité a été renégocié et le projet a été abandonné au nom d’intérêts supérieurs – en tout cas supérieurs à ceux du peuple kurde.

Les Kurdes se réfèrent toujours à cette promesse et à cet accord, que la Turquie refuse de prendre en compte – tout comme elle refuse de reconnaître le génocide arménien, un autre peuple minoritaire qui a fait les frais de l’Histoire et des intérêts supérieurs. Et la Turquie d’Erdogan est plus que jamais déterminée à s’opposer à toute velléité d’indépendance ou d’autonomie pour le peuple kurde.

Le grand absent de la région et de ce conflit, c’est la démocratie. Elle n’existe plus en Turquie, qui est en passe de devenir une dictature pure et simple ; elle n’existe pas beaucoup plus en Russie, qui est incontournable dans le dossier ; et dans le chef du locataire de la Maison Blanche, elle est un mot de quatre syllabes, donc beaucoup trop long pour être pris en compte. Et ce, sans parler des autres dirigeants de la région qui ne s’intéresseront aux Kurdes que dans la mesure où cela pourra servir leurs intérêts à court ou moyen terme. Les coups de tête de Donald Trump autant que ses menaces n’auront aucune influence sur Erdogan. Si les Américains retirent effectivement leurs troupes, les Kurdes risquent d’être purement et simplement massacrés, ou de servir comme prétexte au déclenchement d’un nouveau conflit, dont de toute manière ils seront les premiers à faire les frais.

Qui s’intéresse aux Kurdes ?

Pas grand monde… Ils n’ont pas de véritables représentants capables de peser, pour l’une ou l’autre raison. Ils ne sont religieusement pas homogènes, ce qui fait que, de part et d’autre, certains ont de bonnes raisons pour les détester et refuser de leur accorder quoi que ce soit – voire, pour espérer les voir disparaître.

Alan – le vrai prénom kurde de celui que la presse appelle Aylan, selon la forme turque ; son nom de famille serait Shenu et non Kurdi, qui serait une invention turque elle aussi, construite sur le fait que la famille est kurde –, retrouvé mort sur une plage, était kurde. Mawda aussi. Comme leurs familles, d’autres Kurdes ont tenté de fuir pour sauver leur vie ; si Erdogan met ses menaces à exécution, ils seront encore plus nombreux. Et comme nous l’avons fait pour Mawda et Alan, nous continuerons à fermer nos frontières. Ou bien nous demanderons à la Turquie de régler le problème, peut-être ? Ce serait un peu comme si les Anglais ou les Américains avaient renvoyé en Allemagne des bateaux chargés de réfugiés juifs… Comme si ? C’est vrai ; ils l’ont fait.

Le fait d’être sur une terre depuis longtemps, plus longtemps que ceux qui la dirigent aujourd’hui, ne veut rien dire, semble-t-il. Je suis d’accord pour dire que cette antériorité ne donne pas le droit d’exploiter ou d’oppresser des populations qui seraient arrivées après ; mais elle ne doit évidemment servir de prétexte pour spolier ces populations, voire pour les exterminer. Or, l’histoire de l’Occident et du Proche-Orient est marquée de telles exactions à l’encontre des « nations premières », comme on ne les appelle pas de ce côté du globe. Les Américains (ou plutôt, les migrants économiques européens) ont exterminé les Indiens et parqué les survivants dans des réserves ; aujourd’hui, les Kurdes qui ne seront pas massacrés par l’un ou l’autre de leurs ennemis se retrouveront dans des camps, gardés par leurs pires ennemis, parce que l’Europe aura une fois encore manqué à ses obligations humanitaires.

Les germes de la haine et de la colère

Pourquoi en serait-il autrement, alors que, huit mois après la mort de leur fille, les parents de Mawda attendent toujours que Charles Michel, Premier ministre désormais démissionnaire, tienne ses promesses de régularisation pour raisons humanitaires?

Nos promesses n’engagent plus personne, car plus personne n’y croit. Nos obligations servent de papier hygiénique pour les populistes et les extrémistes qui, petit à petit, prennent le contrôle politique de l’Europe et du monde. Mais à force de ne viser que des intérêts économiques à court terme, à force de jouer la carte du repli et de l’égoïsme nationalistes, nous semons les germes d’une haine et d’une colère qui finira par nous renverser. Chez nous et dans les pays du monde où nous aurons fait passer nos intérêts avant nos valeurs, l’argent avant la vie, le pouvoir avant la justice.

Rassemblement pour soutenir une députée prokurde gréviste de la faim

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie pour soutenir une députée en grève de la faim depuis plus de deux mois dans la prison où elle est détenue.

Brandissant des drapeaux du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), faisant le signe de la victoire ou dansant des danses kurdes, plusieurs milliers de personnes ont manifesté leur solidarité avec la députée Leyla Güven lors d'un rassemblement à Diyarbakir, a constaté un journaliste de l'AFP.

Détenue depuis janvier 2018, Mme Güven, une députée du HDP, a entamé une grève de la faim le 8 novembre pour dénoncer les conditions de détention d'Abdullah Ocalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le leader historique du PKK, une organisation qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc et est qualifiée de "terroriste" par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, a été capturé en 1999 et purge une peine de prison à vie dans une île proche d'Istanbul.

La semaine dernière, M. Ocalan a reçu une visite de son frère Mehmet pour la première fois depuis plus de deux ans.

Mme Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué une offensive turque contre une milice kurde dans le nord de la Syrie.

Son parti, le HDP, a affirmé la semaine dernière que l'état de santé de la députée, très amaigrie et affaiblie, s'était dégradé au point de "mettre sa vie en danger".

"Nous avons l'obligation d'ajouter notre voix à celle de Leyla, d'ajouter nos forces aux siennes", a lancé la co-présidente du HDP Pervin Buldan lors du rassemblement.

Accusé par le président Recep Tayyip Erdogan d'être la "vitrine politique" du PKK, le HDP a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi une tentative de putsch en 2016 avec l'arrestation depuis plusieurs de ses députés.

Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, est ainsi détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une "organisation terroriste", de "propagande terroriste" et d'"incitation à commettre des crimes".
(AFP, 19 janvier 2019)

Mélenchon interpelle Le Drian sur une députée prokurde en prison et "en danger"

Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a adressé samedi une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour lui demander "d'intervenir" en faveur d'une députée du parti prokurde HDP, en grève de la faim dans une prison turque.

Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a entamé une grève de la faim le 8 novembre pour protester contre les conditions de détention d'Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui purge une peine de prison à vie dans une île proche d'Istanbul après avoir été arrêté par la Turquie en 1999.

Elle entend "protester contre la répression qui s'abat sur les Kurdes en Turquie du fait du régime de Recep Tayyip Erdogan", le président turc, écrit M. Mélenchon dans ce courrier retranscrit sur son blog. Selon lui, "elle est aujourd'hui dans un état de santé très dégradé. Elle est atteinte d'une tumeur du cerveau et son traitement ne peut plus lui être administré".

La formation de Mme Güven, le Parti démocratique des peuples (HDP), accusé par M. Erdogan d'être la vitrine politique du PKK, classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, a affirmé dans un communiqué du 10 janvier, que la santé de sa députée s'était dégradée à un point "mettant sa vie en danger".

"Je vous demande donc d'intervenir, au nom de la République française, en sa faveur auprès des autorités turques afin qu'elle puisse être libérée et prise en charge médicalement", un soutien que "la France se doit d'apporter aux prisonniers politiques d'un peuple qui a tant combattu pour notre liberté", écrit M. Mélenchon.

Mme Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive turque alors en cours dans l'enclave à majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.
(AFP, 19 janvier 2019)

Les Kurdes rejettent une "zone de sécurité" sous contrôle turc

Les Kurdes de Syrie ont rejeté mercredi l'instauration d'une "zone de sécurité" sous contrôle de la Turquie dans le nord du pays, une initiative évoquée par Ankara en partenariat avec Washington, qui cherche à atténuer les conséquences du départ annoncé de ses troupes.

Depuis mi-décembre, la Turquie est revenue à la charge contre la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), menaçant de lancer une nouvelle offensive dans le nord syrien pour déloger les combattants de sa frontière.

Dans ce contexte délicat, Washington, allié stratégique de la Turquie au sein de l'Otan, mais également partenaire des YPG dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), se retrouve pris en étau, et tente de trouver une solution.

Le président Donald Trump a récemment évoqué la création d'une "zone de sécurité" de 30 km en Syrie, et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a assuré mardi que l'idée était de laisser la Turquie se charger de cette initiative.

L'idée semble d'autant plus problématique que ce secteur pourrait englober plusieurs villes dominées par la communauté kurde directement à la frontière, à l'instar de Kobané ou encore Qamichli.

La proposition a été rejetée en bloc par l'influent politicien kurde Aldar Khalil, haut responsable de l'administration semi-autonome mise en place par la minorité.

"La Turquie n'est pas neutre, c'est une partie prenante au conflit (...) et toute partie (prenante) ne peut pas être un garant de la sécurité", a indiqué M. Khalil à l'AFP.

- Forces de l'ONU ? -

"Il peut y avoir une ligne de démarcation entre la Turquie et le nord syrien avec des forces de maintien de la paix de l'ONU (...) Tout autre choix est inacceptable", a-t-il souligné.

"M. Trump veut mettre en place ces zones de sécurité en coopérant avec la Turquie, mais n'importe quel rôle turc va changer l'équilibre et la région ne sera pas sûre", a insisté M. Khalil.

Le chef d'état-major turc doit rencontrer son homologue américain mercredi à Bruxelles pour définir les "modalités" de cette "zone de sécurité" qui serait contrôlée par Ankara, selon le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin.

Semblant rejeter une telle zone, Moscou, soutien indéfectible du président Bachar al-Assad, a estimé mercredi que Damas devait reprendre le contrôle du nord du pays après le retrait américain attendu.

"L'issue optimale, et la seule qui soit juste, est un passage de ces territoires sous contrôle du gouvernement syrien", a dit le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Mardi, après un entretien avec son homologue américain, M. Erdogan a expliqué que son pays pouvait se charger d'établir cette zone entre la frontière et les positions des YPG.

Au cours de cette conversation, Donald Trump "a mentionné une zone de sécurité d'une largeur de 20 miles, ce qui représente plus de 30 km, qui sera établie par nous le long de la frontière", a déclaré le président turc, se disant favorable à l'idée.

Pour des experts, l'annonce de M. Trump a semé la confusion. "Ce n'est pas très clair ce qu'il voulait vraiment dire, et jusqu'à présent, il n'y a aucune clarification de l'administration américaine", commente Mutlu Civiroglu, spécialiste de la politique kurde.

- "Agression" turque -

Les tensions entre les Kurdes syriens et la Turquie sont exacerbées par l'annonce de M. Trump, en décembre, du retrait des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre l'EI aux côtés des forces kurdes.

Aucun calendrier n'a été dévoilé, mais l'annonce a pris de court les forces kurdes, qui craignent un lâchage. Et quand Washington a tenté de les rassurer en réclamant des garanties concernant leur sécurité, c'est Ankara qui s'est mise en colère.

De son côté, Damas a qualifié d'"irresponsables" les déclarations de M. Erdogan sur une zone de sécurité en territoire syrien, en dénonçant une "agression".

L'antagonisme entre la Turquie et les Kurdes illustre la complexité de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et a fait plus de 360.000 morts.

Ankara considère les YPG comme une "organisation terroriste" et désapprouve l'autonomie de facto acquise par les Kurdes à la faveur du conflit syrien, craignant que cela ne galvanise les velléités indépendantistes de la minorité sur son propre territoire.

Cette autonomie de facto, établie dans le nord et le nord-est syrien, s'est traduit par la création de forces de sécurité, mais aussi l'instauration d'institutions publiques et d'écoles où la langue kurde est enseignée.

Ces territoires, où se trouvent d'importants champs pétroliers, représentent près de 30% de toute la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
(AFP, 16 janvier 2019)

Öcalan a rencontré son frère en prison

Le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a été autorisé à rencontrer samedi son frère dans sa prison située dans une île proche d'Istanbul, à la suite d'une grève de la faim sur ses conditions de détention lancée par un parlementaire d'un parti prokurde.

Öcalan a rencontré son frère Mehmet pour la première fois depuis plus de deux ans, a annoncé sur Twitter Pervin Buldan, co-présidente du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche kurde).
 Le chef historique du PKK -- parti interdit en tant que groupe terroriste par la Turquie -- "était en bonne santé", a-t-elle précisé.

Öcalan, 55 ans, purge une peine de prison à vie après avoir été capturé par la Turquie en 1999.

La rencontre a été confirmée à l'AFP par le neveu du fondateur du PKK, Omer Öcalan, un parlementaire, qui a précisé que son oncle restait en isolement dans sa prison de l'île d'Imrali.

"En tant que famille, nous demandons qu'Öcalan soit soumis aux mêmes règles que d'autres prisonniers(...) Il a le droit de rencontrer sa famille chaque semaine", a plaidé le neveu.
 Abdullah Öcalan avait pour la dernière fois rencontré son frère Mehmet le 11 septembre 2016.

La députée du HDP Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, avait entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre pour protester contre les condition de détention d'Öcalan.

Le HDP avait alors affirmé que la santé du leader turc s'était dégradée à un point "mettant sa vie en danger".

Plus de 150 prisonniers politiques sont en grève de la faim dans les prisons turques pour protester contre "le maintien à l'isolement" de M. Öcalan, selon le HDP.

Mme Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive turque qui était alors en cours dans l'enclave à majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Le HDP avait fait porter au gouvernement turc la responsabilité "pour toutes les conséquences négatives découlant de la protestation de Leyla Güven et les autres militants qui poursuivent leur grève de la faim en prison".
(AFP, 12 janvier 2019)

Thousands demanded justice for Sakine, Fidan and Leyla in Paris

Joining a massive rally in Paris today, thousands protested the policy of impunity and silence on the triple murder of Sakine Fidan, Leyla, while at the same time demanding freedom for Öcalan, international guarantee for Rojava and saluting Leyla Güven.

Around 15 thousand people gathered in front of Gare Nord in Paris in the early morning hours today before staging a march to the Republique Square, giving the message “We know the perpetrators, we demand them put on trial”.

The slogan of the march this year was “For justice against impunity” and it was marked by the ongoing hunger strikes inspired by the action of DTK Co-chair and HDP MP Leyla Güven who is on the 66th day of her indefinite hunger strike against the aggravated isolation regime imposed upon Kurdish People’s Leader Abdullah Öcalan.

Dozens of women's organizations like the World Women's March and political parties and organizations like the Communist Party France attended the march. Leftist organizations from Turkey and people from various ethnicities in France were also present in the march where the crowd chanted “We know the murderers” and demanded France put the perpetrators and instigators on trial.

The march was followed by a rally at the Republique Square where speeches were made, highlighting the following reactions and demands:

- We know the perpetrators, we know who ordered it, they must be put on trial

- French judiciary must carry out its duty, the government must take on responsibility

- Öcalan must be freed

- Solidarity with hunger strikes must be expanded

- Kurds are our main ally

- Turkish occupation must be stopped

- French government must take an initiative at the UN Security Council in order for Kurds to be out under international guarantee and for Rojava to be declared a no-fly zone

- PKK must be removed from the list of terrorist organisations.

-A statement on behalf of the Kurdish Women’s Movement in Europe (TJK-E) said: “Those who murdered comrade Sakine have helped her meet with the world’s women”. 
(ANF, 12 Jan 2019)

Une députée prokurde en grève de la faim en danger de mort

Le principal parti prokurde de Turquie a affirmé jeudi que l'une de ses députées, en grève de la faim en prison depuis plus de deux mois, était en danger de mort.

Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre pour protester contre les condition de détention d'Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui purge une peine de prison à vie dans une île proche d'Istanbul après avoir été capturé par la Turquie en 1999.

La formation de Mme Güven, le Parti démocratique des peuples (HDP), a affirmé dans un communiqué que sa santé s'était dégradée à un point "mettant sa vie en danger".

Selon le HDP, Mme Güven a perdu "quelque 15 kilos" depuis le début de sa grève de la faim et "ne peut plus subvenir à ses besoins ou marcher seule".

Son rythme cardiaque et sa pression artérielle sont très bas et "elle ne peut plus consommer de liquides, y compris l'eau", a ajouté le HDP.

Selon le HDP, "171 prisonniers politiques" sont actuellement en grève de la faim dans les prisons turques pour protester contre "le maintien à l'isolement" de M. Öcalan dans sa prison sur l'île d'Imrali.

Mme Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive turque qui était alors en cours dans l'enclave à majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Dans son communiqué, le HDP fait porter au gouvernement turc la responsabilité "pour toutes les conséquences négatives découlant de la protestation de Leyla Güven et les autres militants qui poursuivent leur grève de la faim en prison".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du PKK, classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas est détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une "organisation terroriste", de "propagande terroriste" et d'"incitation à commettre des crimes".

Le HDP a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi la tentative de putsch de juillet 2016 et, outre M. Demirtas, plusieurs de ses députés ont été arrêtés.
(AFP, 10 janvier 2019)

HDP Honorary Chair Kürkçü Faces Up To 20 Years in Prison

A lawsuit has been filed against Peoples' Democratic Party (HDP) Honorary Chair and 24th Term Mersin and 25th-26th Term İzmir MP Ertuğrul Kürkçü. Kürkçü has been facing up to 20 years in prison.

Upon seeing that the summaries of proceedings which were issued against Kürkçü while he was an MP became subject to two different investigations, Diyarbakır Public Prosecutor Kenan Karaca issued an indictment against Kürkçü by combining these investigations.

Charging Kürkçü with "membership of an armed terrorist organization", "praising the crime and the criminal" and "attending illegal meetings and demonstrations unarmed and not dispersing despite warnings", Prosecutor Karaca demanded that the lawsuit to be filed against Kürkçü would be combined with the one at the Diyarbakır 10th Heavy Penal Court.

Court has combined the two cases

Accepting the indictment of the Diyarbakır Public Prosecutor's Office, the Diyarbakır 10th Heavy Penal Court has ruled that the recent lawsuit filed against Kürkçü shall be combined with the ongoing court case filed on charges of "membership of an armed terrorist organization", "openly inciting the public to enmity and hatred", "propagandizing for a terrorist organization" and "inciting the public to disobey the laws."

Cases in Mardin and Diyarbakır were also combined

Two other lawsuits were also filed against Ertuğrul Kürkçü in Mardin and Diyarbakır in relation with a speech that he made in Nusaybin in 2012 and three speeches that he made in Diyarbakır in 2015-2016.

The Mardin 4th Heavy Penal Court ruled that two cases shall be combined at the Diyarbakır 10th Heavy Penal Court. Kürkçü and his attorney Mustafa Bayram Mısır objected to the verdict.

However, the Regional Court upheld the verdict and the case of the combined files began at the Diyarbakır 10th Heavy Penal Court.

Issuing a single indictment based on two investigations, Prosecutor Karaca demanded that the lawsuit to be filed against Kürkçü be combined with the above-mentioned lawsuit.
(BIA, January 8, 2019)

7 Kurdish Parties Form Alliance for Local Elections

Seven Kurdistani political movements, associations and parties have released a joint declaration and announced that they have formed an alliance for the local elections on March 31, 2019.

The political entities partaking in the alliance are as follows:

Kurdistan Islamic Movement (AZADÎ), Democratic Regions Party (DBP), Revolutionary Democratic Kurdish Association (DDKD), Peoples' Democratic Party (HDP), Human and Freedom Party (PİA), Partîya Komunîsta Kurdistan (KKP), Platforma Demokrata Kurdistan (PDK) and Partîya Demokrata Kurdistanê -Türkiye (PDK-T).

These parties will enter the local elections under the umbrella of HDP.


Demirtas: "I call our people to close ranks around this alliance"

HDP's former Co-Chair Selahattin Demirtaş has sent a message from Edirne Prison regarding the alliance of the Kurdish parties:

"I congratulate all my friends who have contributed to this work, which I believe will lay the ground for stronger and more successful alliances, and, with the belief that this alliance will be beneficial, I am making a call to our whole people, young and old alike, to close ranks around this alliance."

Reasons of the alliance

Releasing a joint declaration, the groups party to the declaration have expressed their reasons for forming the alliance as well as its importance.

They have referred to four main reasons for the alliance: The Parliament has been rendered non-functional with the adoption of the Presidential system; The perception of 'a trustee will be appointed anyway' has been created; There is an insistence on politics based on the loss of Kurds; The formation of a Kurdistani local election alliance has become indispensable in order to overcome the Justice and Development Party (AKP) government with peoples' will in a democratic legitimate election process.
(BIA, 7 January 2019)

Prison Sentence of Selahattin Demirtaş Taken to Constitutional Court

After the 2nd Penal Chamber of the İstanbul Regional Court of Justice upheld the prison sentence of 4 years and 8 months given to Peoples' Democratic Party (HDP) former Co-Chair Selahattin Demirtaş, his attorneys appealed to the Constitutional Court on December 31, 2018.

Making a statement on January 1, the attorneys stated, "The court should give a verdict that would protect the rule of law in the face of reckless attacks directed to Demirtaş by the executive and judiciary."

The prison sentence of 4 years and 8 months, which was given to Demirtaş on the ground of his Newroz speech dated March 20, 2013 by the İstanbul 26th Heavy Penal Court on September 7, 2018, was upheld by the court of appeal, the 2nd Chamber of the İstanbul Regional Court of Justice. Demirtaş has been behind bars in Edirne Type F Prison since November 4, 2016.

Regarding the lawsuit filed against Demirtaş by the Ankara 19th Heavy Penal Court, the European Court of Human Rights (ECtHR) ruled that "all necessary measures shall be adopted to end the pre-trial detention of Demirtaş." However, the court did not put the verdict into effect.

Reference to the ECtHR ruling in application

Appealing to the Constitutional Court against the upheld prison sentence of Demirtaş, his attorneys referred to the ruling of release pronounced by the ECtHR on November 20, 2018, reminding that his right to a fair trial and the principle of presumption of innocence, his right to a free election as well as his freedom of expression have been violated.

In its ruling, the ECtHR also emphasized that the pre-rial detention of Demirtaş "pursued the predominant ulterior purpose of stifling pluralism and limiting the freedom of political debate."

"The application should be urgently concluded"

Shortly after the ECtHR ruling on Selahattin Demirtaş was announced, President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan said, "The judgements of the ECtHR are not binding for us. We will make our counter-move and close the deal."

In their statement, the attorneys of Demirtaş also indicated that President Erdoğan met the Ankara Chief Public Prosecutor on the day when the ECtHR verdict was pronounced.

The attorneys added, "It has been understood that what Erdoğan meant by 'counter-move' was that the court of appeal upheld the prison sentence of 4 years and 8 months given to Demirtaş on charge of 'propagandizing for a terrorist organization', thereby invalidating the ECtHR ruling."

Pointing to "the possibility that any ruling of violation that could be given by the ECtHR or the Constitutional Court might be invalidated by another criminal sentence," his attorneys emphasized that "Demirtaş is face to face with a systematic threat of penalty."

Attorneys also stated that their application to the Constitutional Court "should be urgently considered and concluded."
(BIA, 2 January 2019)

Le régime annonce le retrait de 400 "combattants kurdes" de Minbej

L'armée syrienne a annoncé mercredi le départ de "près de 400 combattants kurdes" de la région de Minbej, dans le nord du pays, quelques jours après son déploiement dans le secteur à l'appel des forces kurdes menacées par une offensive turque.

Minbej est un des points de contentieux entre la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), les Etats-Unis, leur allié qui a des troupes déployées dans le secteur, et la Turquie, qui menace de lancer une offensive contre la ville.
 Aujourd'hui, un tel assaut semble de fait écarté depuis que le pouvoir de Bachar al-Assad a déployé fin décembre des forces dans la région de Minbej, après un appel des forces kurdes.

Par le passé, les YPG ont assuré avoir retiré leurs hommes de Minbej, mais le voisin turc n'a eu de cesse d'affirmer que ce retrait n'avait pas eu lieu.

Le 28 décembre, les YPG, confirmant leur retrait de la région face aux "menaces turques", avaient appelé l'armée syrienne à reprendre leurs positions. Et Damas avait annoncé le jour même son déploiement.

"Un convoi des unités de combat kurdes comprenant plus de 30 véhicules a quitté la région de Minbej, se dirigeant vers la rive est du fleuve Euphrate", a indiqué mercredi le ministère syrien de la Défense sur son site Internet.

Le ministère a publié une vidéo montrant un long cortège de 4X4 et de pick-ups blancs, montés par des combattants en treillis militaire, exhibant des drapeaux des YPG, ou de la coalition arabo-Kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).

"Des informations indiquent que près de 400 combattants kurdes ont quitté Minbej jusqu'à maintenant", poursuit le ministère syrien.

- "provocation" -

Contacté par l'AFP, un porte-parole des YPG n'a pas réagi dans l'immédiat à l'annonce de Damas.

De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a assuré que "les combattants qui se sont retirés mercredi ne font pas partie des YPG, mais appartiennent à des milices" alliées au sein de la coalition arabo-kurde des FDS.

La région de Minbej jouxte directement des territoires tenus par des rebelles syriens pro-Ankara. Mercredi, ces factions ont retiré les renforts déployés depuis plusieurs jours sur la ligne de démarcation, selon l'OSDH, signalant une détente.

Les forces kurdes avaient appelé le pouvoir syrien à déployer ses troupes après des déclarations inattendues du président Donald Trump, annonçant le 19 décembre un retrait de quelque 2.000 militaires américains stationnés en Syrie.

M. Trump avait souligné que ce désengagement serait "lent" mais aussi "extrêmement coordonné" avec la Turquie.

Vendredi, la Turquie avait dénoncé le déploiement près de Minbej des troupes prorégime, estimant que les forces kurdes n'avaient "pas le droit" de faire appel à elles et mettant en garde contre toute "provocation".

Soutenu militairement par ses alliés indéfectibles, l'Iran et la Russie, le régime Assad a réussi à renverser la donne et contrôle désormais près des deux-tiers du pays morcelé par une guerre ayant fait plus de 360.000 morts depuis 2011.
(AFP, 2 janvier 2019)

Arrested Kurdish Politician Zeydan on Hunger Strike

Peoples' Democratic Party (HDP) 26th Term MP for Hakkari Abdullah Zeydan has announced that he has begun a 10-day hunger strike.

Zeydan was detained on November 4, 2016 and is arrested in the Edirne Type F Prison with HDP's former Co-Chair Selahattin Demirtaş. The MP is on a hunger strike in support of HDP Hakkari MP Leyla Güven.

Güven is on the 56th day of her hunger strike. Zeydan began his hunger strike yesterday (January 1) and will end it at the end of the 10th day.

HDP has announced that there will be more people to begin hunger strikes on January 5.

Abdullah Zeydan announced his decision yesterday with the note he sent with his attorneys:

"Our DTK (Democratic Society Congress) Co-Chair and Hakkari MP Leyla Güven left her body hungry for removal of the isolation on Öcalan (Abdullah, leader of the PKK). For Turkey, the way out of this spiral of violence which claimed thousands of our people's lives is removal of the isolation on Öcalan. I would like to state that I begin a 10-day hunger strike in response to our valuable MP's outcry and call."

What happened?

HDP MP Leyla Güven, who has been held arrested in Diyarbakır Type E Prison since January 31, 2018, began a hunger strike on November 7, 2018, demanding the right to a fair trial and removal of the isolation on PKK (Kurdistan Workers Party) leader Abdullah Öcalan.

On December 1, 2018, Democratic Regions Party (DBP) Co-Chair Sebahat Tuncel and 14 women began hunger strikes for ten days in support of Güven. Diyarbakır Metropolitan Co-Mayor Gültan Kışanak and Dersim Co-Mayor Nurhayat Altun also began supporting the strikes on December 18.

HDP former Co-Chair Figen Yüksekdağ and Socialist Party of the Oppressed (ESP) Chair Çiçek Otlu announced that they began hunger strikes. Human Rights Association (İHD) Co-Chair Öztürk Türkdoğan announced 80 convicts in 17 prisons began hunger strikes with the same demands.

HDP MPs in the parliament went on two-day hunger strikes.
(BIA, 2 January 2019)

Minorités / Minorities

Armenian Schools in California Vandalized with Turkish Flags

ENCINO, Calif.—The Los Angeles Police Department (LAPD) is investigating what they are calling an alleged ‘hate incident’ at two Armenian private schools after officials say their campuses were vandalized with Turkish flags overnight.

School officials from AGBU Manoogian-Demirdjian School and Holy Martyrs Ferrahian High School in the San Fernando Valley notified families of the incident Tuesday morning.

In pictures that have been widely circulated in the Armenian community on social media, Turkish flags are seen scattered about on campus, hanging on the entrance gates to the school and on stairways that lead to classrooms and offices. At Ferrahian in Encino, the Turkish flags were hanging feet away from the steps leading to the church on-site.

Meantime at AGBU in Canoga Park, officials say classes are still in session, but campus is on lockdown until further notice. Parents are being asked to park off-campus and walk to the main security gate during pick-up and drop-off. They can also expect to see police on-campus during drop-off Wednesday morning. One father told the Armenian Weekly that some parents want to pick up their children early from school.

In a statement to school families, Principal Sossi Shanlian explained classes are still in session at Ferrahian but that the school is taking extra precaution to ensure the safety of its student body. The Armenian Weekly has reached out to Ferrahian, but since the investigation is ongoing, school officials have declined to comment.

The Armenian community is outraged, both by these targeted acts against their schools and churches and law enforcement’s use of the word ‘incident’ instead of ‘crime.’ AGBU school officials say police are labeling it as an incident because a crime was not committed.

“They did not trespass or leave any note or any indication of a threat,” read the statement.

“Bigotry and hatred is alive and thriving when Grey Wolves, pro-Erdogan, anti-democracy goons get their way,” writes Tsoghig Hekimian on Facebook. The City Clerk of Glendale Ardashes Kassakhian writes, “These campuses are places where children from kindergarten to high school attend classes, play with friends, eat their lunches, pray in the chapel, and learn how to be productive and law abiding citizens. They also learn about their history, which includes the dark chapter known to all as the Armenian Genocide…”

The red and white Turkish flags have since come down, and in their place, students have draped their school—their second home—with the tri-colors of the Armenian flag. (armenianweekly.com, January 29, 2019)

Commémoration de l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink


Le journaliste arménien Hrant Dink, qui a perdu la vie lors d’une attaque armée il y a 12 ans devant le journal Agos à Şişli, à Istanbul, a été commémoré le 19 janvier en Turquie et dans plusieurs villes du monde.

A Istanbul, sur l’ancien bâtiment du journal Agos, la photo de Hrant Dink ainsi que des banderoles portant l’inscription « Nous réclamons la justice », « Nous n’abandonnons pas Ahparig (frère) » et « Pour Hrant, pour la justice » posées par les amis de Hrant ont été suspendus.

A l'ouverture de la cérémonie, on a dit: «Nous sommes sur cette place depuis 12 ans. Nous continuons d’exiger que justice soit rendue à Hrant Dink, sur cette place ainsi que dans le monde entier. Cela fait 12 ans. Notre chagrin ne s’est pas apaisé. Notre demande est claire dès le premier jour: nous demandons justice.

«Nous sommes venus ici pour dire: 'Cette affaire ne se terminera pas avant que nous le disions.' Nous sommes venus ici pour dire 'Hrant est toujours allongé sur ce trottoir'.

«Voici la tribune du journal de Hrant Agos, la tribune de Hrant lui-même. Écoutez la voix qui vient d’ici. Multiplions la voix qui vient d’ici. Tu nous manques, tu es dans nos cœurs ahparig... Nous aimerions que tu sois ici aujourd’hui. Cette place est une place où nous pouvons nous rapprocher en tant qu’amis. Peut-être que cette place est aussi la place où nous sommes les plus puissants. Hrant n’est pas ici depuis 12 ans, il n’y a pas eu de justice depuis 12 ans, il n’y a pas eu d’abandon depuis 12 ans."

A cette occasion, à l'initiative de l'Association des Arméniens démocrates de Belgique, un requiem a été célébré le dimanche 20 janvier avec la participation de ses amis à l’église arménienne et devant le monument dédié au Génocide des Arméniens à Bruxelles.

Le message de Dogan Özgüden à l'hommage à Bruxelles



Ahparig Hrant, mon frère, mon confrère,

Tu as été assassiné il y a 12 ans… A chaque date anniversaire, non seulement ta famille, tes amis, tes collègues, non seulement la nation arménienne, mais tout le monde attaché aux causes de la démocratie et de la paix se réunit autour de ta mémoire, comme nous faisons ici dans la capitale européenne.

Hier, la commémoration devant ton journal Agos a pris une ampleur exceptionnelle en liant ton assassinat avec tous les crimes de l’Etat turc, depuis l’Empire ottoman jusqu’à nos jours.

Tout d’abord, un de tes proches amis, le grand mécène de la lutte démocratique Osman Kavala, t’a salué avec un message envoyé de la prison de Silivri. Comme centaines d’intellectuels de notre pay, il est toujours l’otage du régime islamo-fasciste de Recep Tayyip Erdogan.

Le lien de ton assassinat avec l’histoire honteuse de la république a été exposé par l’écrivaine Filiz Ali, fille de célèbre journaliste Sabahattin Ali, assassiné en 1948 par des agents de l’Etat turc.

Après avoir donné les noms des autres journalistes assassinés par les tueurs de l’état turc, elle disait: “Notre grande famille s’est agrandie de 1948 à 2007… Ils sont avec nous aujourd’hui. Ils demandent le sort de milliers de personnes qui ont été victimes de disparition forcée en Turquie depuis les années 1970. »

Cher Hrant, je vais encore plus loin… Depuis le génocide et la déportation des Arméniens en 1915, l’Etat turc héritier de l’Empire ottoman a assassiné en 1921 Mustafa Suphi et ses 14 camarades dans la mer noire… Il a assassiné en 1937 le leader kurde Seyyid Riza et ses 4 camarades et executé en 1971 trois leaders de la jeunesse progressiste, Deniz Gezmis, Yusuf Arslan et Hüseyin Inan...  En 1993 il a brulé vifs 35 opposants de l’obscurantisme islamiste à Sivas.

On n’oublie jamais non plus l’assassinat en 1982 de notre jeune ami arménien Nubar Yalim aux Pays-Bas.

Cet obscurantisme envahit toute la vie sociale, culturelle, économique et politique du pays depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.

Douze ans après ton accès à l’éternité, nous te saluons malheureusement toujours avec des nouvelles révoltantes de nos terres natales…

Tout d'abord le procès sur ton assassinat qui n'a pas encore rendu la justice…

Depuis le coup d’état truqué il y a plus deux ans notre pays se trouve toujours sous le collimateur d’un régime répressif avec tous ses ingrédients : purges, arrestations, assassinats, tortures, et même exils forcés...

Après l’occupation d’Afrin en Syrie, l’Armée turque se prépare à l’invasion d’une grande partie de ce pays voisin jusqu’au désert Deir-ez-Zor, terre d’exil de la déportation inhumaine des Arméniens en 1915.

Dans ces jours encore plus noir, même si nous sommes en minorité, nous poursuivrons notre combat pour défendre les libertés et les droits des citoyens arméniens, assyriens, juifs, kurdes, turcs et yézidis.

Voici une petite information littéraire de cette année clôturée… Un livre écrit sur ton assassinat par une journaliste de Charlie-Hebdo, Le Sillon de Valérie Manteau, a reçu le prix Renaudot en France.

Oui, cher Hrant, ton nom reste toujours comme un symbole de la résistance et de l’espoir pour les défenseurs des droits humains et de la liberté de l’expression, non seulement pour nous, mais pour  le monde entier...


Turkey Among Countries With Probability of Committing Genocide

According to the Early Warning Project of the U.S. Holocaust Memorial Museum, Turkey is ranked 8th among countries with the highest risk of committing mass killings. Azerbaijan is wrongly ranked much lower at 87th and Armenia is correctly ranked even lower at 102nd. Turkey is assessed as having 11.2 percent, or 1 in 9 chance of new mass killings during 2019.

The Early Warning Project stated that “genocides are never spontaneous. They are always preceded by a range of early warning signs. If these signs are detected, their causes can be addressed, preventing the potential for catastrophic progression.”

The United States Holocaust Memorial Museum’s founding charter, written by Holocaust survivor Elie Wiesel, states that “only a conscious, concerted attempt to learn from past errors can prevent recurrence to any racial, religious, ethnic or national group. A memorial unresponsive to the future would also violate the memory of the past.”

Turkey’s high risk of committing genocide once again is based on its past and present actions. The Turkish government has not only committed genocide against Armenians, Assyrians and Greeks a century ago, but continues to commit mass killings against its minority Kurdish population. Even more concerning is the fact that Turkish leaders deny their history of mass murders and shamefully remain unapologetic, which leads to the commission of new crimes against humanity.

Turkey’s genocidal risk assessment is understated as the study only includes mass killings within a country, excluding the victims of interstate conflict. As Turkey has been involved in large-scale military attacks against Kurds in Syria and Iraq, and threatens to expand its military actions in Northern Syria, the risk of its commitment of mass crimes is much higher than the study indicates.

The Early Warning Project explains that the failed coup attempt in 2016 increased the chances of mass killings in Turkey. Over 100,000 military and civilian personnel were dismissed and tens of thousands were imprisoned, many without a trial. “Other [Turkish genocide] risk factors include a lack of freedom of movement, the country’s anocratic regime type [a mix of autocratic and democratic characteristics], a large population, a history of mass killings, and the ongoing armed conflict between the government and Kurdish rebels.”

Turkish Journalist Jailed for Telling the Truth

An Istanbul court sentenced Turkish journalist Pelin Unker to imprisonment for 13 months and 15 days after being accused of defaming her nation’s former Prime Minister and two of his sons. She was also fined $1,615 on January 8, 2018.

Unker had written an article in the Turkish newspaper Cumhuriyet, exposing that former Prime Minister Binali Yildirim and his two sons owned five shipping companies in Malta. After serving as Prime Minister for two years, Yildirim became Speaker of Turkey’s Parliament. He is currently a candidate for Mayor of Istanbul on behalf of Pres. Erdogan’s ruling Justice and Development Party (AKP).

Yildirim family’s ownership of companies in Malta was exposed by the “Paradise Papers” and published in newspapers around the world. As I had reported in my June 2017 article, the Yildirim family owned the following shipping and other foreign assets worth $140 million:

— 18 ships (Dutch conglomerates, fully or partly owned)
— 1 ship (Netherlands Antilles company)
— 4 Malta companies
— 7 properties in the Netherlands
— 8 ships in the Netherlands
— 3 ships in Malta

Strangely, Pelin Unker was the only journalist punished for exposing the Yildirim assets. Unker said she will appeal the unfair sentence as Yildirim acknowledged in court that he owned the companies in an offshore tax haven. The former Prime Minister and his sons filed a lawsuit in November 2017, accusing Unker of “insulting and slandering a public official.”

Gerard Ryle, Director of the International Consortium of Independent Journalists, condemned Unker’s punishment “as yet another disgraceful attack on free speech in Turkey.” Ryle added: “the sentence ignored the truth of the Paradise Papers’ investigation and it would have a chilling effect on what little remained of press freedom in Turkey. This unjust ruling is about silencing fair and accurate reporting. Nothing more. ICIJ commends Pelin Unker’s brave and truthful investigative reporting and it condemns this latest assault on journalistic freedom under Turkish President Recep Tayyip Erdogan’s autocratic rule.”

Reporters Without Borders (RSF) ranked Turkey 157th of 180 countries on the 2018 World Free Press Index. RSF described Turkey as “the world’s biggest prison for professional journalists!”

In all of the trials of academics heard by the İstanbul 25th Heavy Penal Court, the court board referred to the related articles and demanded additional defense from the defendants.

Also, in all opinions as to the accusations announced by the prosecutor of the court, it was demanded that academics be penalized for "propagandizing for a terrorist organization" as per the Article 7/2 of the TMK.

The court board, which has for the first time announced a verdict in the trial of an academic, has given a prison sentence to the academic, from whom it demanded an additional defense. One member of the board expressed dissenting opinion as to the verdict, stating that "the defendant should have been penalized as per the Article 7/2 of the Anti-Terror Law."
(THE CALIFORNIA COURIER, 15 January 2019)

Hommage à Hrant Dink à Bruxelles




A l’occasion de la commémoration du 12éme anniversaire de l’assassinat de Hrant Dink
Pour dire non à cette injustice.
Pour dire assez à l’hypocrisie fasciste de l’Etat turc.
Nous vous invitons à être présent nombreux (après le requiem à la mémoire de Hrant Dink à l’Eglise arménienne)
Lieu : Square Henri Michaux
Ixelles 1050 Bruxelles
Association des Arméniens Démocrates de Belgique
Info: Gsm. 0489 00 14 01

Politique intérieure/Interior Politics

13 Parties to Participate in Local Elections

The Supreme Election Council (YSK) has announced that 13 parties will participate in the local elections, which will be held on March 31, 2019.

The following political parties will participate in the elections:

Justice and Development Party (AKP)
Independent Turkey Party (BTP)
Great Union Party (BBP)
Republican People's Party (CHP)
Democratic Party (DP)
Democratic Left Party (DSP)
Peoples' Democratic Party (HDP)
Free Cause Party (HÜDAPAR)
İYİ Party
Nationalist Movement Party (MHP)
Felicity Party (SP)
Communist Party of Turkey (TKP)
Patriotic Party (Vatan Partisi)

The parties' places on the joint ballot paper will be determined by a draw which will take place on January 27.

Voter lists for neighborhood units will be hung from January 4 to January 17. Voters who are confined to bed because of disabilities or illness should apply through a relative within the designated time.

Political parties will submit their lists of candidates on February 19. Temporary candidate lists will be announced on February 22, final lists will be announced on March 3.

Election propaganda and election silence will begin on March 21.

From March 21, 2019 to March 30, 2019 on 6 p.m., it will be forbidden to publish the results of public opinion polls, surveys or forecasts regarding the election or make broadcasts that can influence the opinions of the voters ten days before the election.

Criticism from EMEP, LDP and ÖDP

Three political parties which were not included in the list of the participating parties in the local elections have criticized the Supreme Election Council.

The Labor Party (EMEP) Chair Selma Gürkan has said, "The Supreme Election Council ignored the records of the Supreme Court of Appeals and did not include our party in the list of the parties which will participate in the elections. This approach of the YSK is far from objective, totally arbitrary and antidemocratic" in a written statement.

Gürkan has said that they will make "necessary objections with documents, will never accept the arbitrary decision by the YSK and will not permit their right to do politics to be extorted."

The Liberal Democratic Party (LDP) has said, "We regretfully announce that our party was not permitted to participate in the elections due to not being with the political power and its team, unlike HÜDAPAR and because of farcical reasons. We want you to know that we need you more than ever to join our party to remove the excuses which were presented as reasons" in a statement it posted on Twitter.

The Freedom and Solidarity Party (ÖDP) has also made a statement on Twitter:

"Our party is not included in the list of the parties to participate in the elections. Our party provided the conditions of organizing which were determined by the YSK. For this reason, we will use our right to object the decision."
(BIA, 2 January 2019)

Ankara Bar Association Denounces Decision of Supreme Election

Ankara Bar Association has released a written statement in the wake of a decision by the Supreme Election Council (YSK), which prevents prisoners and those convicted of negligent offenses from casting votes ahead of local elections on March 31, 2019.

The Association has denounced the decision of the YSK by stating, "It is an open intervention in the essence of the right to vote, which is one of the most fundamental rights guaranteed by the Constitution."

Here are some of the highlights from Ankara Bar Association's statement:

"The right to vote is sacred"

"Though the Article 67 of the Constitution and the Article 7 of the Law no. 298 openly grant the right to vote to prisoners and the ones convicted of negligent offenses and though the Article 13 of the Constitution states that the right to vote can only be restricted by a law, such a regulation has been introduced with a decision by the YSK by ignoring the Constitution.

"The right to vote is so sacred that it cannot be abolished with administrative practices or administrative restrictions introduced as part of these administrative practices. No administrative authority has the right or jurisdiction to decide on the existence or survival of this right.

"In this country, democracy and Constitutional rights can be abolished with a single administrative decision, the presumption of innocence can be equated with execution as per the same decision.

"In the legal history of Turkey, this decision, which was published on the Official Gazette, is evidence that shows how the presumption of innocence, which is the biggest guarantee of the state of law, Constitutional and most fundamental human rights, democracy and human dignity, can be abolished with a single administrative act."
(BIA, 31 December 2018)

Forces armées/Armed Forces

Plusieurs dizaines de pilotes de l'armée arrêtés

Les autorités turques ont arrêté mercredi plusieurs dizaines de pilotes de l'armée soupçonnés d'être liés au prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi une tentative de coup d'Etat en 2016.

Selon le parquet d'Ankara, 48 pilotes d'hélicoptères rattachés au commandement de l'armée de terre, dont trois qui ont le grade de colonel et quatre celui de lieutenant-colonel, ont été arrêtés et placés en garde à vue au siège de la police antiterroriste de la capitale turque.

D'après le parquet, le procureur général d'Ankara a par ailleurs émis des mandats d'arrêt contre 15 civils soupçonnés d'être les "officiers traitants" de ces pilotes pour le compte du mouvement du prédicateur Gülen que le gouvernement turc qualifie de "terroriste".

Ce nouveau coup de filet survient alors que les purges lancées après le putsch manqué du 15 juillet 2016 se poursuivent à un rythme soutenu, avec des dizaines, voire des centaines d'arrestations hebdomadaires.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées depuis le putsch manqué et plus de 140.000 limogées ou suspendues.

M. Gülen, un ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan dont il est devenu la bête noire, nie toute implication dans la tentative de renversement et affirme diriger un mouvement religieux pacifique.

Il réside depuis une vingtaine d'années aux Etats-Unis et Ankara réclame son extradition, une demande restée lettre morte à ce jour.
(AFP, 30 janvier 2019)

Erdogan veut "une zone de sécurité" frontalière "dans quelques mois"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à la création "dans quelques mois" d'une "zone de sécurité" dans les régions syriennes frontalières de la Turquie, faute de quoi Ankara se chargera seul de la mettre en place.

"Nous nous attendons à ce que la promesse de créer une zone de sécurité pour protéger nos frontières des terroristes soit tenue dans quelques mois. Sinon, nous nous en chargerons nous-mêmes", a déclaré M. Erdogan dans un discours retransmis à la télévision.

"Notre patience n'est pas sans limites et nous n'allons pas attendre indéfiniment que la promesse donnée soit tenue", a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump a proposé mi-janvier la création d'une "zone de sécurité" d'une largeur de 30 km "le long de la frontière" en Syrie, une idée soutenue par les autorités turques qui se disent prêtes à mettre un tel projet en oeuvre.

La Turquie explique que cela répond au besoin d'éloigner de sa frontière les milices kurdes syrienne YPG, qu'elle considère comme "terroristes", et le groupe Etat islamique (EI).

Mais les YPG, qui contrôlent une grande partie des territoires du nord de la Syrie, et qui sont alliées aux Américains, sont hostiles à cette proposition.

La Russie, l'un des principaux acteurs dans le conflit syrien qui dure depuis 2011, a pour sa part appelé à un retour du régime syrien dans ces régions après le retrait prévu des forces américaines.

Dans un entretien téléphonique dimanche, MM. Trump et Erdogan se sont mis d'accord pour accélérer les discussions en cours entre les généraux de leurs deux pays concernant ce projet de "zone de sécurité".

La Turquie considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla à l'Etat turc depuis 1984, et redoute de voir s'installer le long de sa frontière, un embryon d'Etat kurde susceptible de renforcer les velléités séparatistes sur le sol turc.

M. Erdogan et d'autres responsables turcs affirment depuis quelques jours que la Turquie est fondée à intervenir sur le sol syrien sur la base d'un accord qu'elle a signé en 1998 avec la Syrie aux termes duquel cette dernière s'était engagée à empêcher le PKK d'opérer dans le nord de son territoire.

L'accord, connu sous le nom de "protocole d'Adana", avait été signé dans cette ville turque pour mettre fin à une crise entre Ankara et Damas provoquée par la présence en Syrie à l'époque du chef du PKK Abdullah Öcalan et de bases du groupe.

La Turquie estime que ce protocole lui donne le droit d'intervenir sur le territoire syrien contre le PKK et ses affiliés faute d'actions du régime syrien contre eux.
(AFP, 25 janvier 2019)

Investigation Against Association of Conscientious Objection

An investigation has been launched against the Association of Conscientious Objection (VR-DER) because of the posts shared on social media and the vicdaniret.org website.

Furkan Çelik, who owns the domain, and VR-DER Co-Chair attorney Gökhan Soysal deposed at the Prosecutor's Office yesterday (January 11).

Soysal has stated that the investigation was launched because of eight news articles and they were charged with "provocative posts intended not to fulfill the military service duty."

Speaking to bianet, Soysal has said the following regarding the process:

"NOT A CRIME BUT A CONSTITUTIONAL RIGHT"

"The Bureau for Combating Cyber Terrorism stumbled upon a news story regarding a conscientious objector who was being tried. They thought that we share provocative posts intended not to fulfill the military service duty.

"They searched for the domain of vicdaniret.org and reached Furkan Çelik.

"Now the file has come from the Police Department to the Prosecutor's Office. The Prosecutor's Office, without doing any procedural act on the lawsuit, summoned Furkan Çelik to depose.

"We went to depose at the Prosecutor's Office yesterday. An investigation has been launched into eight news articles. But the charge is not clear. The only charge we know is provocative posts intended not to fulfill the military service.

"Furkan Çelik said he bought the domain when the association was being founded. Both the web page and the social media account was managed by the association and he did not share the posts.

"I stated that the mentioned posts do not contain an element of a crime. I referred to the ECtHR (European Court of the Human Rights) verdicts on conscientious objection against Turkey.

"I said that sharing posts intended not to fulfill the military service duty is not a crime but a constitutional right."

(ebco-beoc.org, 18 january 2019)


Affaires religieuses / Religious Affairs

L'EI revendique une attaque contre des forces kurdes et américaines

Un convoi des forces américaines et de leurs alliés locaux en Syrie a été pris pour cible lundi par un kamikaze au volant d'une voiture piégée, une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans laquelle cinq combattants ont été tués.

L'attentat intervient moins d'une semaine après une attaque meurtrière également revendiquée par l'EI contre une patrouille américaine à Minbej (nord), alors que Washington a annoncé en décembre le retrait à venir des troupes qui avaient été déployées en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Lundi, cinq combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance arabo-kurde soutenue par Washington, ont été tués dans l'attentat survenu dans la province de Hassaké (nord-est), a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Un convoi des troupes américaines escorté par les FDS a été pris pour cible par un kamikaze au volant d'une voiture piégée", sur la route reliant la ville de Hassaké à celle de Chadadi, a précisé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Le porte-parole de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington a confirmé sur son compte Twitter un attentat contre "un convoi conjoint des Etats-Unis et d'une force syrienne partenaire".

"Il n'y a pas de victimes américaines", a-t-il précisé. Selon l'OSDH, deux soldats américains ont été blessés.

Un témoin contacté par l'AFP a affirmé que l'explosion avait eu lieu à proximité d'un barrage de contrôle des forces kurdes, près de Chadadi. Des avions survolaient le secteur avant qu'il ne soit entièrement bouclé, a-t-il précisé.

- Menaces de l'EI -

Dans un communiqué, la police kurde des Assayech a confirmé une attaque mais assuré qu'il n'y avait "pas de pertes humaines", précisant que seule une policière avait été "légèrement blessée".

L'EI a revendiqué "une attaque suicide menée avec une voiture piégée", selon son organe de propagande Amaq.

Le groupe jihadiste a menacé les forces américaines et leurs alliés de nouvelles attaques, affirmant sur l'application Telegram que "ce qui leur est arrivé à Hassaké et à Minbej n'est que le début".

Le 16 janvier, dix civils et cinq combattants des forces arabo-kurdes ont été tués dans un attentat revendiqué par l'EI à Minbej. Quatre Américains ont également péri: deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d'un sous-traitant du Pentagone.

Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie, au vu des chiffres du Pentagone.

Ces violences interviennent alors que les Etats-Unis ont annoncé le mois dernier le prochain départ de Syrie des quelque 2.000 soldats américains, justifiant ce désengagement par la défaite de l'EI.

Mais les jihadistes, acculés dans des petits secteurs dans l'est de la Syrie, continuent à perpétrer des attentats meurtriers.

- Territoire morcelé -

Minbej constitue un des principaux points de contentieux entre la minorité kurde de Syrie, qui a instauré une autonomie de facto dans le nord et le nord-est du pays en guerre, et le voisin turc, qui voit d'un mauvais oeil cette émancipation, craignant qu'elle ne ravive les velléités indépendantistes de la communauté sur son propre territoire.

En décembre, Ankara avait menacé de lancer une nouvelle offensive pour déloger de sa frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG).

Lors d'un entretien téléphonique dimanche avec M. Trump, le président turc Recep Tayyip Erdogan "a indiqué que la Turquie était prête à assurer, sans perdre de temps, la sécurité dans la région de Minbej".

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a été mis en déroute par de multiples offensives lancées dans ces deux pays.

Dans l'est syrien, un ultime bastion des jihadistes est toujours la cible d'une offensive des FDS, soutenues par les raids aériens de la coalition anti-EI.

Outre ce réduit, l'EI est présent dans un secteur du désert syrien qui s'étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor. C'est dans cette zone que des affrontements sporadiques opposent les jihadistes aux forces progouvernementales.

L'ancien envoyé spécial américain pour la coalition internationale antijihadiste, Brett McGurk, qui a démissionné de ses fonctions après l'annonce du retrait américain, déplorait pour sa part dimanche que Washington n'ait "pas de plan" pour ce qui devait suivre, après le désengagement.

Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations par le pouvoir de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
(AFP, 21 janvier 2019)

Un groupe jihadiste influent en faveur d'une offensive turque contre les Kurdes

Le chef du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), Abou Mohamad al-Joulani, a affirmé lundi que son organisation --ex-branche syrienne d'Al-Qaïda-- appuie l'idée d'une offensive militaire turque contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie.

Ankara menace depuis plusieurs semaines de mener une offensive contre la principale milice kurde en Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle qualifie de "terroriste" pour ses liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla armée sur le sol turc depuis 1984.

L'annonce par le président américain le 19 décembre d'un retrait de ses quelques 2.000 soldats déployés en Syrie en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG constituent l'épine dorsale, a attisé les craintes parmi les Kurdes d'une opération turque imminente.

Les Kurdes, qui représentent 15% de la population syrienne, ont constitué une région autonome de facto dans le nord-est de la Syrie.

"Nous sommes en faveur d'une libération de cette région du PKK (...)", a affirmé M. Joulani dans un entretien publié lundi par le média "Amjad", affilié à HTS, en assimilant les YPG au PKK, comme le fait la Turquie.

"Nous ne saurons être un obstacle à une opération contre un des ennemis de la révolution" syrienne, a répondu le chef de HTS à une question sur une éventuelle offensive turque contre les YPG.

HTS a étendu la semaine dernière son emprise administrative sur la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, et des segments des provinces voisines de Hama, Lattaquié et Alep, en reprenant aux rebelles soutenus par la Turquie plusieurs zones qu'ils contrôlaient jusqu'alors.

La guerre en Syrie a éclaté en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie. Elle s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères. Le conflit a fait plus de 360.000 morts.
(AFP, 14 janvier 2019)

Le patriarche de Constantinople officialise la nouvelle Eglise d'Ukraine

Le patriarche Bartholomée de Constantinople a signé samedi à Istanbul le décret confirmant formellement la création d'une Eglise ukrainienne indépendante de Moscou, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Chers Ukrainiens, c'est un événement historique! C'est un grand jour", a déclaré, en remerciant le patriarche, le président ukrainien Petro Porochenko qui assistait à la cérémonie de signature de ce décret ("tomos").

"Une fois de plus, des mots de grande gratitude au nom du peuple ukrainien, au nom de notre nation, pour votre Sainteté", a poursuivi M. Porochenko. "Cela nous a pris très longtemps pour en arriver là".

L'ancien président ukrainien Victor Iouchtchenko était également présent à la cérémonie.

Le patriarcat de Constantinople a pris en octobre 2018 la décision historique de reconnaître une Eglise orthodoxe indépendante en Ukraine, suscitant l'ire de l'Eglise russe qui a dénoncé un "schisme" et rompu ses liens avec Constantinople.

Basé à Istanbul, l'ancienne Constantinople qui fut la capitale de l'empire byzantin avant la conquête ottomane en 1453, le patriarche de Constantinople est considéré comme "le premier parmi ses égaux" et exerce une primauté historique et spirituelle sur les autres patriarches du monde orthodoxe.

- Concile à Kiev -

En décembre 2018, un concile réuni à Kiev a acté la création d'une nouvelle Eglise orthodoxe, mettant fin à 332 ans de tutelle religieuse russe sur l'Ukraine, et élu à sa tête le métropolite Iepifani, né Serguiï Doumenko, âgé de 39 ans.

La nouvelle Eglise rassemble deux formations orthodoxes, le Patriarcat de Kiev autoproclamé en 1992 et doté du plus grand nombre de fidèles, selon les sondages, ainsi que la minuscule Eglise dite autocéphale.

La troisième branche, loyale au Patriarcat de Moscou, qui a perdu une partie de ses fidèles depuis le début de la crise avec la Russie en 2014 mais dispose toujours du plus grand nombre de paroisses en Ukraine, a rejeté le concile comme "illégal".

Cette reconnaissance officielle par le patriarche de Constantinople n'est donc pour l'Eglise indépendante ukrainienne que "le premier pas sur une longue route", a jugé Regina Elsner, experte du Centre pour les Etudes sur l'Europe de l'Est à Berlin.

"Il faut voir maintenant combien d'évêques ukrainiens vont rejoindre cette Eglise, et combien d'autres Eglises orthodoxes la reconnaissent".

Un représentant du patriarcat de Moscou, Vladimir Legoïda, a déclaré que le décret constituait "un document qui résulte d'ambitions politiques et personnelles incontrôlables". Il a été "signé en violation des canons et ne possède donc aucune force canonique", a-t-il ajouté dans un communiqué.

Un autre haut responsable de l'Eglise orthodoxe russe, Nikolaï Balachov, a de son côté accusé le patriarche Bartholomée d'avoir ainsi "mis fin à la fraternité orthodoxe mondiale, et d'avoir perdu le droit d'être appelé un dirigeant spirituel".

Critique de l'influence religieuse russe en Ukraine, Mgr Iepifani est considéré comme un proche du patriarche de Kiev, Filaret, excommunié par Moscou pour la création d'une Eglise dissidente en Ukraine en 1992, après la dissolution de l'URSS, et réhabilité en octobre 2018 par le patriarcat de Constantinople.

Les tensions religieuses marquent un nouvel épisode du divorce politique, culturel et social entre Kiev et Moscou depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et l'éclatement d'un conflit armé entre l'armée ukrainienne et des séparatistes prorusses.
(AFP, 5 janvier 2019)

Rate of the Religious on Decline, That of Atheists on Increase in Turkey

Konda Research and Consultancy published the results of its research entitled "What Has Changed in 10 Years?" on January 2.

Based on the interviews conducted between 2008 and 2018, the research has been offering findings on a series of subjects such as urbanization, religious structure, gender roles and discrimination.

The research has shown that while the rate of the ones who say that "I am happy" or "I am very happy" has decreased from 57 percent to 52 percent, the rate of those who believe that living conditions in Turkey will change for the better in five years has increased from 25 to 38 percent.

Farming on the verge of disappearing

According to the findings of the research on occupational groups, the rate of farmers has decreased from 10 percent to 3 percent and that of workers has fallen from 10 percent to 8 percent. The rates of shopkeepers, private sector workers and civil servants have increased.

"Religiosity" both on the decrease and increase

The findings of the research have shown that no significant change has occurred in the religious structure in Turkey within the indicated time period.

However, the rate of "religious conservatives" has decreased from 32 percent to 25 percent while that of "traditional conservatives" has increased from its previous level of 37 percent to 45 percent.

Also, the rate of the ones defining themselves as "religious" has fallen from 55 to 51 percent while the rate of those who refer to themselves as "believer" has increased from 31 percent to 34 percent.

The rate of atheists has also increased from 1 percent to 3 percent and that of "non-believers" has increased from 1 percent to 2 percent.

No significant changes in gender roles

More than half of the respondents said that they have been subjected to discrimination. The rate of the ones who say that their children can marry a person with a different ethnic background, sect or religion has increased.

While over half of the participants have stated that a woman has to get the permission of her husband to be able to work, this rate has fallen from its former level of 69 percent to 55 percent in 2108.

The rate of people who say that their children "can have different sexual orientations" has increased from its former level of 10 percent to 14 percent.

Newspaper readership on decrease

The results of the research have also shown that the use of social media, which was 38 percent in 2008, has increased to 72 percent in 2018.

As for the rate of the ones who read newspaper, it has fallen from its former level of 61 percent to 26 percent. The rate of those who follow the news on television has also decreased from 98 percent in 2010 to 84 percent.

Also, the rate of the people who say "Political parties should be closed if needs be" has fallen from 50 percent to 37 percent and that of the ones who say "The military should seize the power if needs be" has decreased from its former level of 48 percent to 19 percent.
(BIA, 4 January 2019)

Socio-économique / Socio-economic

Maisons vides, chantiers laissés en plan: la construction flanche en Turquie

Des centaines de villas en rangées impeccables, d'un style évoquant tant les châteaux français que ceux de Disney, se dressent dans cette province du nord-ouest de la Turquie. Mais ces bâtisses destinées à de riches acheteurs étrangers sont vides et n'ont plus rien du conte de fées pour les investisseurs.

L'ambitieux projet fait les frais du marasme de la construction en Turquie, un secteur-clé pour l'économie du pays, ainsi que de troubles régionaux, au moment où l'économie turque ralentit.

Après une longue période de croissance, celle-ci s'est contractée de 1,1% entre le 2e et le 3e trimestre 2018 et de nombreux économistes craignent désormais une récession.

La livre turque s'est effondrée en août, sur fond de tensions diplomatiques avec les Etats-Unis, et l'inflation a atteint de nouveaux sommets. La devise turque a perdu 28% de sa valeur face au dollar en 2018 et les marchés restent sceptiques devant la stratégie mise en place par Ankara pour gérer les problèmes sous-jacents de l'économie (hausse de la dépense publique, baisse de la TVA...)

- Faillites -

Aux abords de Mudurnu, dans la province montagneuse de Bolu, s'alignent des centaines de villas mitoyennes blanches aux toits pointus, censées évoquer l'architecture européenne. Elles font partie d'un ambitieux projet lancé en 2014 par Sarot, un groupe de construction turc engagé dans plusieurs programmes immobiliers importants dans la région.

A terme, le chantier "Burj al-Babas" est censé compter jusqu'à 732 villas et un centre commercial.

Mais il a essuyé des revers financiers au point que Sarot a, comme des centaines d'autres entreprises turques, demandé à être placé sous le régime des faillites: la justice l'a autorisé en novembre à suspendre les paiements à ses créanciers pour restructurer sa dette, tout en continuant à fonctionner sous la protection de l'Etat.

Le groupe Sarot a été acculé après que des clients se sont retrouvés incapables de payer pour les villas qu'ils avaient achetées, a déclaré à l'AFP le vice-président du groupe, Mezher Yerdelen.

Sarot avait déjà vendu 351 villas, d'une valeur variant entre 400.000 et 500.000 dollars chacune, principalement à des investisseurs des pays du Golfe - ce qui laissait espérer des recettes d'au moins 140 millions de dollars. Mais certaines ventes ont été annulées, alors que 100 millions de dollars avaient déjà été engagés dans ce projet évalué à 200 millions au total, et que 80% des 351 villas vendues étaient déjà sorties de terre.

A l'origine du problème, selon M. Yerdelen: les difficultés rencontrées par les investisseurs du Golfe, liées notamment à la chute du prix du pétrole, ainsi que "l'impact négatif des fluctuations économiques sur les prix" du BTP en Turquie.

Alors que la bataille pour l'avenir de Sarot est en cours devant les tribunaux turcs, M. Yerdelen reste optimiste et veut croire que le projet sera achevé en octobre.

- Bulle -

Sarot est loin d'être un cas isolé en Turquie. La construction a été l'un des moteurs assurant à l'économie une solide croissance depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003, mais le secteur s'est replié de 5,3% sur un an au troisième trimestre 2018, et les difficultés s'accumulent.

"Sur quatre entreprises demandant à être placées sous le régime des faillites ou se déclarant en faillite, trois relèvent du secteur de la construction", explique Alper Duman, professeur associé à l'Université d'économie d'Izmir.

"Qu'on l'appelle une bulle de la construction ou une bulle immobilière, il y a une bulle en Turquie", ajoute-t-il.

La preuve en est selon lui la quantité de logements invendus: en 16 ans, 10,5 millions d'appartements ont été construits mais seulement 8 millions sont utilisés.

"Il y a de grandes chances que cette bulle explose", estime-t-il.

La ministre du Commerce, Ruhsar Pekcan, a déclaré mi-décembre que 846 entreprises avaient demandé à être placées sous le régime des faillites depuis mars 2018, un chiffre très en deçà de la réalité aux yeux du quotidien d'opposition Sözcü, qui évoquait en octobre celui de 3.000 entreprises concernées.

- Jeune population -

Pour le président de la Chambre des ingénieurs civils de Turquie, Cemal Gökçe, trop de logements ont été construits dans le pays. Il prédit davantage de demandes de placement sous le régime des faillites et de faillites parmi les entreprises de construction.

Mais sur le long terme, d'autres se veulent plus optimistes, comme l'ancien directeur exécutif du groupe d'études Reidin Data and Analytics, Kerim Alain Bertrand.

"La construction est la locomotive du pays", soulignait-il à la fin de l'année 2018. "Même si c'est limité, nous nous attendons à une consolidation dans ce secteur", notamment parce qu'il sera "maintenu en vie" par la jeune population, dans un pays à la très forte croissance démographique, selon lui.

L'âge médian en Turquie était de 31,7 ans en 2017, selon l'Office national des statistiques, contre 42,8 ans dans l'Union européenne.
(AFP, 9 janvier 2019)

Hasankeyf, une ville de 12.000 ans bientôt engloutie

Depuis la citadelle qui domine la vallée, Ridvan Ayhan observe le Tigre avec une ride au front. Après avoir subvenu aux besoins de ses ancêtres pendant des siècles, le fleuve s'apprête à engloutir sa ville, Hasankeyf.

Située dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, la petite cité de Hasankeyf, habitée depuis 12.000 ans, est vouée à disparaître dans les prochains mois sous un lac artificiel, conséquence du barrage hydroélectrique d'Ilisu construit en aval sur le Tigre.

"Mes petits-enfants ne verront pas où j'ai grandi, où j'ai vécu. Ils me demanderont +papy, tu viens d'où ? Tu as vécu où ?+ Je vais faire quoi ? Leur montrer le lac ?", demande Ridvan en réajustant l'écharpe qui soutient son visage émacié.

Ilisu est une pièce centrale du Projet d'Anatolie du Sud-Est (GAP), un plan d'aménagement du territoire visant à doper l'économie de cette région longtemps négligée par Ankara en s'appuyant sur l'énergie et l'irrigation.

Face à cet ouvrage qui noiera leur ville et une centaine de villages, les quelque 3.000 habitants de Hasankeyf sont partagés entre la colère contre le sacrifice qui leur est imposé et l'impatience de profiter des retombées économiques promises par le gouvernement.

- "Grand crime" -

Retraité, Ridvan consacre tout son temps et toute son énergie à militer contre le barrage au sein du collectif "Maintenir Hasankeyf en vie", qui rassemble des ONG et des élus locaux.

Assyriens, Romains, Seljoukides... Les empires se sont succédé ici, laissant derrière eux un patrimoine exceptionnel sur un site prisé des touristes pour ses milliers de grottes habitées jusque dans les années 1970.

"Il y a tellement d'histoire ici. A chaque coup de pioche, on tombe sur une civilisation différente", indique Ridvan. "Détruire Hasankeyf, c'est commettre un grand crime."

Le gouvernement turc balaie ces critiques et soutient que tout est fait pour sauver les monuments du site, dont plusieurs ont été déplacés lors d'impressionnantes opérations.

Ce jour-là, des ouvriers s'efforcent de caler les restes d'une mosquée ayyoubide du 14e siècle sur une plateforme qui l'emportera à trois kilomètres de là, vers le futur "parc culturel".

Ce grand déménagement a transformé Hasankeyf en chantier. Aux cars de touristes ont succédé une grue à l'entrée de la ville et un fourmillement de camions-bennes.

"Il n'y a plus de touristes, qui voudrait venir voir ça ?", peste Zeki, boucher "depuis toujours" dans le vieux bazar où les commerçants font grise mine. "A chaque pas, tu marches dans un trou."

- "De la plongée à Hasankeyf !" -

En inaugurant le chantier d'Ilisu en 2006, le président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, avait promis que ce barrage, voué à devenir le deuxième plus grand du pays, apporterait "le plus grand bénéfice" aux habitants.

Dans le cadre de ce projet, un "nouveau Hasankeyf" est en train d'être construit de l'autre côté du fleuve, avec des appartements spacieux et un hôpital ultramoderne.

Ahmet Akdeniz, un ancien berger qui préside aujourd'hui l'Association culturelle de Hasankeyf, soutient sans réserve la construction du barrage et n'a qu'une hâte : "Enfin commencer (sa) nouvelle vie".

Mais la construction de la ville, une succession de petits immeubles séparés par des routes boueuses pour la plupart non goudronnées, traîne en longueur. Ahmet, qui devait emménager en décembre, cible désormais l'été prochain.

"Regardez comment on vit aujourd'hui", dit-il en faisant visiter sa maisonnette de 45m2 aux murs fissurés et chauffée par un poêle à bois. Il y habite avec six membres de sa famille. "Tout ce qu'on veut, c'est vivre dignement."

Ahmet est également persuadé que le barrage va donner un coup de fouet au tourisme, grâce à la rénovation de la citadelle et de certaines grottes qui seront épargnées par la montée des eaux.

"Il va y avoir des bateaux, un téléphérique, on va avoir des hôtels", s'enthousiasme-t-il. "Certains de nos jeunes ont déjà commencé à se former à la plongée. De la plongée à Hasankeyf, vous imaginez ?"

- Vie en suspens -

Les ingénieurs attendent le feu vert de M. Erdogan pour fermer la dernière des trois vannes du barrage encore ouverte et achever de retenir l'eau, un processus entamé l'été dernier.

A ce moment-là, un compte à rebours de trois mois s'enclenchera pour Hasankeyf avant la submersion.

Contactée par l'AFP, la Gestion des eaux (DSI), responsable des barrages en Turquie, n'a pas communiqué de calendrier. Mais les médias rapportent que l'affaire sera bouclée en 2019.

Avant même d'être terminé, le projet a déjà eu un impact considérable sur les habitants, explique Süleyman Agalday, propriétaire d'un petit café fait de quelques tabourets protégés par une toiture de branchages.

L'opacité, les retards et les péripéties notamment financières qui ont accompagné la construction du barrage, dont le projet initial remonte aux années 1960, ont "causé beaucoup d'incertitude dans notre vie", dit-il, emmitouflé dans sa parka.

Le classement de Hasankeyf en zone spéciale de conservation en 1981 s'est accompagné d'une interdiction de construire qui a tenu les investisseurs à l'écart et poussé de nombreux habitants à quitter la ville.

Il y a quelques semaines, Süleyman s'est rendu dans la province voisine de Sanliurfa pour voir le village de Halfeti, submergé depuis une vingtaine d'années à cause d'un barrage sur l'Euphrate, l'autre grand fleuve qui abreuve la région.

"Là-bas, j'ai vu à quoi ressemblerait mon avenir et ça m'a fait mal", raconte-t-il. "Je suis allé m'asseoir dans un coin et j'ai pleuré."
(AFP, 8 janvier 2019)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Des élus de la France insoumise en visite de "solidarité" auprès des Kurdes

Des élus de la France insoumise se trouvent mardi dans les territoires kurdes du nord-est de la Syrie pour une visite de "solidarité", alors que cette minorité est fragilisée par le retrait annoncé des forces américaines et la menace d'une offensive turque.

Les députées Danièle Obono et Mathilde Panot, accompagnées par Pascal Troadec, l'adjoint au maire de Grigny (Essonne), sont arrivés lundi dans cette région "fédérale" autoproclamée par les Kurdes en 2016 qui s'étend du nord au nord-est de la Syrie, sur près de 30% de la superficie du pays en guerre.

"Nous sommes présents aujourd'hui pour apporter notre soutien et exprimer notre solidarité avec le peuple du Rojava", a confié Mme Obono à un correspondant de l'AFP, utilisant le nom kurde donné à la région semi-autonome.

La délégation a visité un camp de réfugiés de la minorité yazidie, qui a souffert des exactions du groupe Etat islamique (EI), et a été reçue par des responsables locaux des autorités kurdes.

"Effectivement, il y a une grande inquiétude par rapport au risque que la Turquie intervienne et attaque la région", a-t-elle souligné lors de cet entretien réalisé dans la ville d'Amouda, dans le nord-est syrien.

"C'est une inquiétude que nous relayons et que nous tenions à relayer auprès du gouvernement français qui en est conscient", a-t-elle ajouté.

Les Etats-Unis ont annoncé en décembre le retrait à venir des quelque 2.000 soldats américains, engagés en Syrie pour épauler les forces kurdes dans la lutte contre l'EI.

Cette annonce a pris de court la communauté kurde, qui craint une offensive du voisin turc. Ankara a haussé le ton ces dernières semaines, menaçant de lancer une nouvelle offensive pour déloger de sa frontière les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie.

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans. Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
(AFP, 22 janvier 2019)

"Le lâchage des Kurdes de Syrie par les Américains est une trahison"

Le député Georges Dallemagne (CDH)

Bien sûr, le lâchage des Kurdes de Syrie par les Américains est une trahison, une faute morale grave comme Donald Trump nous y a malheureusement habitués. Les Forces démocratiques syriennes, alliance des Unités de protection du peuple (YPG kurdes), de tribus arabes sunnites et de forces chrétiennes syriennes, au sein desquelles les Kurdes sont très majoritaires, ont été le fer de lance de la lutte contre Daech. Ils ont perdu huit mille hommes et femmes dans la reconquête des territoires occupés par l'Etat islamique. Ils ont sauvé Kobané en janvier 2015, contre la volonté turque, alliée aux islamistes. Ils ont aussi repris les bastions islamistes d'où sont partis les terroristes qui nous ont frappés : Raqqa en octobre 2017 et Deir ez-Zor en novembre de la même année.

Alors qu'ils sacrifiaient ces milliers de soldats pour combattre ceux qui étaient autant nos ennemis que les leurs, nous, Belges, limitions les risques, refusant que notre aviation intervienne en Syrie. Nos forces spéciales et nos avions de combat réalisaient un travail remarquable en Irak, il faut le souligner, mais s'abstenaient en Syrie, faute d'autorisation formelle du Conseil de sécurité de l'ONU, en raison du veto de la Russie.

Au même moment, Bachar al-Assad matait ses opposants avec cruauté et sans discrimination, avec l'aide cruciale de l'aviation russe et des milices du Hezbollah appuyées par l'Iran.

Les oublis de la diplomatie belge

Les Kurdes syriens espéraient au moins en retour, pour prix du sang versé, une protection contre la volonté d'Erdogan de les envahir et de les écraser. Mais, lorsque l'armée turque et ses supplétifs islamistes syriens ont envahi l'enclave kurde d'Afrin en janvier 2018, prétextant un harcèlement kurde envers la Turquie totalement imaginaire, nous avons détourné le regard. La diplomatie belge s'est contentée d'appeler à ce que le droit humanitaire, c'est à dire le droit de la guerre, soit respecté. Notre ministre des Affaires étrangères oubliait au passage de rappeler que cette invasion était évidemment illégale et violait la Charte des Nations unies. Il oubliait aussi de rappeler à l'ordre un allié au sein de l'Otan qui foulait aux pieds le Traité de l'Atlantique Nord. Il y eut des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés.

Mais ce lâchage des Kurdes n'est pas qu'une infamie, il est aussi une gigantesque erreur stratégique que les Etats-Unis, mais aussi les Européens, pourraient payer lourdement s'il ne devait y avoir aucun sursaut de leur part. Avec son credo répété à l'envi, " America first ", Trump accélère paradoxalement le déclin américain, entre autres sa suprématie en matière de sécurité internationale.

Les dirigeants russes ont largement tourné le dos aux idéaux démocratiques. L'actualité démontre chaque jour un peu plus qu'ils cherchent à affaiblir et à fracturer nos propres démocraties. Ils interviennent aujourd'hui massivement, notamment via les réseaux sociaux pour antagoniser nos sociétés et dynamiter le projet européen. Car ces idéaux européens nuisent à leur volonté de reconquête idéologique et militaire. Ils cherchent furieusement à recouvrer de vastes zones d'influence à leur profit. Leur opposition à douze résolutions du Conseil de sécurité tout au long des sept années du conflit syrien a largement contribué à l'enlisement de cette horrible guerre, à sa violence extrême, au terrorisme qui en est surgi, aux millions de réfugiés qui l'ont fui.

Toutes ces années, les Kurdes de Syrie ont réussi à maintenir dans le Rojava, au nord de la Syrie, une zone stable, sans grande violence, laïque, où tous les peuples, Arabes, Kurdes, chrétiens et Yézidis coexistent plutôt bien. Les femmes y tiennent un rôle proéminent, comme nulle part ailleurs dans cette partie du monde. Mais cette expérience unique, qui affiche une forte affinité pour l'Europe, est menacée de disparition. Les Kurdes n'ont eu d'autre choix que de chercher la protection de Damas et de la Russie. Ils ont choisi le moindre mal. C'est à Moscou que se joue leur sort. Ils négocient aujourd'hui âprement un reste d'autonomie contre la protection russe. Poutine ne cache pas son plaisir.

L'Etat islamique n'est pas mort

L'Europe est quasi hors-jeu. Pourtant, les Kurdes l'appellent au secours. Ils viennent d'adresser un appel à l'aide pressant à ses Etats membres, y compris la Belgique. La France et la Grande-Bretagne maintiennent encore sur place - pour combien de temps ? -, de petits contingents de Forces spéciales. La Belgique serait bien inspirée d'y envoyer ses meilleurs éléments les épauler. Et nous pourrions y déployer un bataillon européen. Une véritable initiative de défense européenne pourrait voir le jour. Les Européens démontreraient enfin leur capacité à assurer eux-mêmes leur sécurité, en l'absence de l'oncle Sam. Car l'Etat islamique n'est pas mort. Il ressurgit déjà ça et là comme en témoignent la récente attaque contre les forces spéciales britanniques à Deir ez-Zor et les attentats quasi quotidiens aux alentours de Raqqa.

Notre présence là-bas est d'autant plus cruciale que des millions de Syriens devraient un jour pouvoir rentrer chez eux. C'est leur désir ardent. C'est notre intérêt. Ils ne le feront que si nous assurons leur protection et que nous contribuons à la reconstruction de leurs villes dévastées. Les Russes ne le feront pas. Ils ne l'ont jamais fait nulle part. Les Kurdes ont besoin de notre assistance militaire, humanitaire et civile. Ils ont besoin que nous restions à leur côté. Et nous avons encore besoin d'eux. Notre partenariat est fondamental. Soyons à la hauteur des valeurs que nous affichons et de nos intérêts stratégiques. (Vif/L'Express du 10 janvier 2019)


Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Un employé local des missions consulaires américaines libéré

Un tribunal turc a ordonné mercredi la libération sous contrôle judiciaire d'un employé local du consulat américain d'Adana (sud) incarcéré depuis près de deux ans et condamné pour aide à une "organisation terroriste", selon l'agence de presse étatique Anadolu.

Hamza Ulucay, qui travaillait notamment comme traducteur pour le consulat, a été condamné mercredi à 4 ans et 6 mois d'emprisonnement pour "aide à une organisation terroriste sans en être membre".

Mais "prenant en considération le temps déjà passé en détention", le tribunal de Mardin (sud-est) a ordonné sa remise en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire, selon Anadolu.

M. Ulucay avait initialement été arrêté en février 2017, puis relâché et écroué le mois suivant, soupçonné d'avoir soutenu le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qualifiée de "terroriste" par la Turquie et les Etats-Unis.

Le chargé d'affaires américain Jeffrey Hovenier et le consul américain à Adana Alejandro Baez ont assisté à l'audience mercredi, selon Anadolu.

Contactée par l'AFP, l'ambassade américaine à Ankara a refusé de commenter.

La détention de M. Ulucay, ainsi que celle d'un autre employé local des missions américaines en Turquie, ont alimenté les tensions entre Ankara et Washington, pourtant alliés au sein de l'Otan.
(AFP, 30 janvier 2019)

Un procureur veut la prison à vie pour un employé du consulat américain

Un procureur turc réclame une peine de prison à vie contre un employé turc du consulat américain à Istanbul qu'il accuse d'espionnage et dont l'arrestation a créé des tensions dans les relations entre Ankara et Washington, a rapporté la presse turque dimanche.

Le procureur accuse notamment cet employé consulaire, Metin Topuz, d'avoir récolté des informations "à des fins d'espionnage politique ou militaire" et d'avoir "tenté de renverser la République", selon le quotidien progouvernemental Hürriyet et la télévision d'Etat TRT.

Dans l'acte d'accusation qu'il a préparé et qui sera envoyé à un tribunal dans les jours qui viennent, le procureur d'Istanbul demande la condamnation de Metin Topuz à une peine de prison à perpétuité, selon les médias turcs.

M. Topuz a été arrêté puis écroué en octobre 2017, soupçonné par les autorités turques d'être lié au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d'Ankara qui l'accuse d'avoir ourdi une tentative de coup d'Etat en 2016.

Son placement en détention a provoqué une crise diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis qui ont suspendu, de façon réciproque, pendant plusieurs mois la plupart de leurs services de délivrance de visas.

Cet épisode a contribué à attiser les tensions dans les relations entre les deux pays, déjà empoisonnées par des différends sur le dossier syrien et la demande d'extradition turque, infructueuse à ce jour, du prédicateur Gülen.

M. Gülen, qui réside depuis une vingtaine d'années aux Etats-Unis, nie catégoriquement tout lien avec le putsch manqué en 2016.

Selon Hürriyet et la TRT, M. Topuz est accusé par le procureur d'avoir eu des contacts fréquents avec des membres présumés du mouvement du prédicateur Gülen.

M. Topuz est notamment accusé de s'être entretenu à plusieurs reprises avec des enquêteurs à l'origine d'un scandale de corruption qui a fait vaciller le gouvernement turc en 2013, avant d'être étouffé et mis par Ankara sur le compte d'un complot de M. Gülen.

L'acte d'accusation, long de 78 pages, doit encore être accepté par un tribunal, ce qui ouvrirait alors la voie à un procès.

Les relations entre Ankara et Washington se sont quelque peu détendues ces derniers mois après la libération conditionnelle, en octobre, d'un pasteur américain détenu pendant deux ans.
(AFP, 20 janvier 2019)

Un sénateur appelle Trump à ralentir le retrait américain

Un influent sénateur américain a appelé samedi le président Donald Trump à ralentir le retrait annoncé des troupes américaines de Syrie pour s'assurer que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) soit "réellement vaincu" et éviter le "chaos".

"J'espère que le président Trump ralentira le retrait jusqu'à ce que l'EI soit réellement vaincu", a déclaré Lindsey Graham lors d'un déplacement à Ankara où il a été reçu vendredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan et plusieurs de ses ministres.

"Je peux comprendre le désir de se retirer (de Syrie), mais se retirer sans avoir de plan mènera au chaos", a mis en garde l'élu de Caroline du Sud, appelant à "faire cela de manière intelligente".

Ces déclarations surviennent quelques jours après un attentat mercredi dans la ville syrienne de Minbej, revendiqué par l'EI, qui a tué 16 personnes dont quatre Américains. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière pour les forces américaines en Syrie depuis 2014.

S'il a estimé que l'EI était "pratiquement" vaincu sur le plan "territorial", M. Graham a déclaré que "plusieurs milliers de combattants de l'EI restent tapis en Syrie". "L'objectif de détruire l'EI n'est pas encore rempli", a-t-il insisté.

Le mois dernier, Donald Trump a annoncé le retrait prochain des quelque 2.000 militaires américains déployés en Syrie pour combattre les jihadistes.

Cette annonce a suscité l'inquiétude de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe appuyé par Washington mais considéré comme "terroriste" par la Turquie qui menace de déclencher une nouvelle offensive contre ses positions.

Afin d'éviter une confrontation entre leurs partenaires kurdes et la Turquie, alliée au sein de l'Otan, les Etats-Unis défendent l'idée d'une "zone de sécurité" qui permettrait de séparer la frontière turque et les positions des YPG dans le nord de la Syrie.

La Turquie considère que l'aile politique des YPG, le PYD, n'est qu'une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe kurde menant une sanglante guérilla sur le sol turc et qualifié de "terroriste" par Ankara et Washington.

Dans un effort apparent d'apaiser Ankara, le sénateur Graham a indiqué samedi qu'il comprenait ses préoccupations au sujet des combattants kurdes en Syrie, affirmant que le PYD était "interconnecté avec le PKK", ce que le gouvernement turc n'a de cesse de répéter.
(AFP, 19 janvier 2019)

Erdogan s'en prend à Bolton venu discuter du retrait américain

Le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton, venu à Ankara discuter du retrait américain prévu de Syrie, a essuyé mardi la colère du président turc Recep Tayyip Erdogan pour avoir défendu une milice kurde syrienne que la Turquie entend mettre en déroute.

Les désaccords entre les deux pays portent sur les Unités de protection du peuple (YPG), partenaires de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) mais considérées comme "terroristes" par Ankara qui menace depuis plusieurs semaines de lancer une nouvelle offensive pour les déloger du nord de la Syrie.

Lors d'un déplacement en Israël dimanche, M. Bolton avait déclaré que le retrait des Etats-Unis de Syrie, annoncé le mois dernier par le président américain Donald Trump, serait notamment conditionné à des garanties concernant la sécurité de leurs alliés kurdes.

Ces propos "sont pour nous inacceptables et impossibles à digérer", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours, peu après la fin d'un entretien à Ankara entre M. Bolton et un haut responsable de la présidence turque, Ibrahim Kalin.

"Alors que ces gens sont des terroristes, certains disent: +Ne touchez pas à ceux-là, ils sont kurdes+. (...) Ils pourraient aussi bien être turcs, turkmènes ou arabes. D'où qu'ils viennent, si ce sont des terroristes, alors nous ferons le nécessaire", a lancé le président turc.

"Nous allons très bientôt passer à l'action pour neutraliser les groupes terroristes en Syrie", a insisté M. Erdogan.

M. Kalin a en outre catégoriquement démenti que le chef de l'Etat turc s'était engagé auprès de Donald Trump à garantir la sécurité des milices kurdes après le retrait américain de Syrie, comme l'a affirmé lundi le secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

"En ce qui concerne les déclarations de Pompeo, il n'est absolument pas question d'une telle assurance donnée lors des entretiens (entre Erdogan et Trump) ou via d'autres canaux", a assuré M. Kalin.

"Que personne n'attende de la Turquie qu'elle donne des assurances à une organisation terroriste", a-t-il lâché.

- "Récupérer les armes" -

Selon la presse progouvernementale turque, M. Erdogan a refusé de rencontrer M. Bolton, mais selon M. Kalin la tenue d'une telle entrevue n'avait jamais été confirmée dans le programme de la visite.

Un porte-parole de M. Bolton, Garrett Marquis, a néanmoins qualifié son entretien avec M. Kalin de "productif".

M. Trump a annoncé en décembre le retrait des quelque 2.000 soldats américains postés en Syrie, prenant de court les alliés de Washington, des milices kurdes sur le terrain aux autres membres de la coalition internationale antijihadiste.

Les autorités turques attendaient d'obtenir de M. Bolton, venu avec le chef d'état-major Joseph Dunford et l'envoyé spécial pour la coalition internationale antijihadiste James Jeffrey, des détails sur le plan de retrait des Etats-Unis.

Depuis l'annonce de Donald Trump, le gouvernement américain multiplie en effet les messages destinés à gommer l'impression initiale de départ précipité.

"Nous quitterons (la Syrie) à un rythme adapté tout en continuant en même temps à combattre l'EI et à faire ce qui est prudent et nécessaire pour tout le reste", a ainsi tweeté M. Trump lundi.

L'annonce surprise du retrait américain et le flou qui entoure ses modalités et son calendrier ont poussé la Turquie à surseoir à l'offensive qu'elle semblait sur le point de déclencher mi-décembre dans le nord de la Syrie.

Mardi, M. Kalin a par ailleurs indiqué que la Turquie attendait des Etats-Unis qu'ils récupèrent les armes livrées aux YPG après le retrait des troupes américaines.
 "Ce que nous attendons, c'est que toutes les armes livrées soient récupérées", a-t-il déclaré après son entretien avec M. Bolton.

"Ils nous ont dit qu'ils étaient en train d'y travailler, mais les détails deviendront plus clairs dans les prochains jours", a poursuivi M. Kalin, ajoutant qu'il n'y avait pour la Turquie "aucune alternative acceptable" à la récupération de ces armes.

La Turquie s'est engagée à éradiquer ce qui reste de l'EI en Syrie après le retrait américain mais des experts doutent de sa capacité à mener ce combat sans la pleine coopération de la Russie, alliée du régime syrien et acteur clef dans le conflit.

L'EI "est actuellement à 350 km de la frontière turque. Comment est-ce que l'armée de l'air turque est censée les atteindre? Sans le feu vert de Moscou, cela est impossible", souligne l'analyste militaire Metin Gürcan.
(AFP, 8 janvier 2019)

Washington veut s'assurer que "les Turcs ne massacrent pas les Kurdes"

Les Etats-Unis veulent continuer de s'assurer que "les Turcs ne massacrent pas les Kurdes" en Syrie malgré le retrait des militaires américains décidé par Donald Trump, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

"L'importance de faire en sorte que les Turcs ne massacrent pas les Kurdes, la protection des minorités religieuses en Syrie, tout ça fait toujours partie de la mission américaine", a-t-il dit dans un entretien au site Newsmax.

Il a refusé de fournir un calendrier du retrait américain, pour éviter que "les adversaires" des Etats-Unis "sachent précisément" quand les GIs quitteront le territoire syrien.

Le président américain a créé la surprise avant Noël en annonçant le départ des quelque 2.000 soldats déployés en Syrie pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique.

Cette décision a ébranlé de nombreux alliés de Washington et a provoqué la démission du ministre de la Défense Jim Mattis et de l'envoyé spécial des Etats-Unis auprès de la coalition internationale antijihadistes Brett McGurk.

Depuis, Donald Trump a assuré que le retrait se ferait "sur un certain temps" et pas "du jour au lendemain", semblant avoir pris acte des appels à éviter un départ précipité.

Le retrait américain représente notamment une menace pour les combattants kurdes jusqu'ici alliés de Washington dans la lutte contre les jihadistes.

Ankara ne cache pas son intention de lancer une offensive contre eux pour éviter la formation, à ses portes, d'un embryon d'Etat kurde susceptible de raviver le séparatisme des Kurdes de Turquie.
(AFP, 3 janvier 2019)

Relations régionales / Regional Relations

Pour venger ses morts, une tribu lutte contre l'EI aux côtés des Kurdes

Près du front, dans l'est syrien, Amer Khalifa joue avec une épée trouvée dans une maison abandonnée. Pour venger les morts de sa famille, issue de la tribu sunnite des Chaïtat, il a rallié la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

A l'image de ce jeune homme de 22 ans à la silhouette frêle, de nombreux membres de cette influente tribu arabe ont rejoint les rangs des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les Kurdes de Syrie et qui compte aussi des combattants arabes.

"Je vais lutter jusqu'à la fin de la bataille (contre l'EI), et après je vais pourchasser leurs cellules dormantes", martèle Amer. "Je veux venger mon frère et mes proches".

En prenant en 2014 le contrôle de la province orientale de Deir Ezzor, les jihadistes ont exécuté plus de 900 membres de la tribu des Chaïtat, qui s'était soulevée contre l'EI.

Pour Amer, il ne fait aucun doute que son frère, alors âgé de 26 ans, ses oncles et un cousin en font partie.

Le jeune homme a fui les territoires jihadistes et son village d'Abou Hammam pour échapper à une nouvelle exaction ou à la conscription imposée par l'EI. Réfugié à Hassaké, province du nord-est syrien dominée par la minorité kurde, il s'est enrôlé fin 2016 au sein des FDS.

- Fosses communes -

"Mon père était contre, parce que je suis le plus jeune de ses fils, mais je ne l'ai pas écouté", raconte le combattant dont la veste militaire est parsemée de trous.

Sa famille n'a plus jamais eu de nouvelles des disparus. Ils n'ont pas non plus été retrouvés dans les nombreuses fosses communes creusées par l'EI pour faire disparaître ses victimes.

Fin 2014, les corps de 230 personnes exécutées par les jihadistes avaient été découverts dans l'un de ces charniers, à Deir Ezzor. Toutes les victimes faisaient partie des Chaïtat.

Depuis leur création en octobre 2015, les FDS sont le fer de lance de la lutte antijihadiste en Syrie. L'alliance bénéficie du soutien de la coalition internationale emmenée par Washington.

Dominées par la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), les FDS regroupent environ 30.000 combattants, dont 5.000 arabes, mais aussi des membres des communautés syriaques et turkmènes.

En trois ans, les FDS ont chassé les jihadistes de vastes régions dans le nord et le nord-est de la Syrie, prenant notamment le contrôle de Raqa, l'ex-"capitale" autoproclamée de l'EI.

A Deir Ezzor, où l'ultime bastion des jihadistes près de la frontière irakienne s'est réduit comme peau de chagrin, les FDS comptent de nombreux combattants arabes.

Dans l'assaut récemment donné contre le village de Baghouz, arraché dans sa quasi-totalité à l'EI, les Chaïtat étaient bien présents.

- "Tristesse normale" -

Malgré son oeil de verre, Abou Zeid est célèbre parmi ses camarades pour sa vue perçante, qui lui permet de repérer au loin les jihadistes qui se déplacent en voiture ou à moto.

"Les voilà sur la route", "regardez entre les deux arbres", "ils sont là, derrière les colonnes", lance-t-il de temps en temps à des journalistes emmenés par les FDS à Baghouz.

Quand il s'agit de parler des combats sur le front et de la victoire qui approche, le trentenaire ne cache pas son enthousiasme.

Mais quand on l'interroge sur sa tribu, les Chaïtat, il s'enferme dans un profond silence. Lui aussi a perdu des proches.

"C'est normal, tout est normal. Même notre tristesse est devenue normale", lâche le combattant en habit militaire, un foulard vert olive noué autour du crâne.

Quand résonnent les explosions causées par les tirs d'artillerie visant les ultimes positions des jihadistes aux abords de Baghouz, les combattants se déplacent prestement d'un balcon à l'autre pour observer.

Les jihadistes sont désormais acculés dans un territoire de quatre kilomètres carrés près de la frontière avec l'Irak.

En attendant la fin de la bataille, les combattants arabes, en majorité des Chaïtat, campent dans plusieurs bâtisses de Baghouz.

Dans un immeuble en construction abandonné, Amer se réchauffe avec des camarades Chaïtat autour d'un feu, sur lequel le thé a été mis à bouillir.

Tous ont le même mot d'ordre, la même motivation: "on veut se venger".
(AFP, 29 janvier 2019)

Dans l'est syrien, comment filtrer les jihadistes de l'EI qui fuient parmi les civils?


Parfois une réponse hésitante ou un doigt rendu calleux par la gâchette suffisent: pour identifier les jihadistes potentiels, interrogatoires poussés et prélèvements d'empreintes attendent ceux qui fuient l'ultime réduit du groupe Etat islamique (EI) dans l'est de la Syrie.

Dans le désert aux abords du village de Baghouz, les camions continuent de déverser un flot incessant d'hommes, de femmes et d'enfants, qui ont abandonné les derniers territoires tenus par l'EI pour se livrer aux Forces démocratiques syriennes (FDS).

"Les hommes par ici, les femmes de ce côté", crie un des combattants de cette alliance arabo-kurde soutenue par Washington, dont certains ont le visage masqué.

Pour les hommes, un responsable des FDS prélève leurs empreintes digitales à l'aide d'un appareil, avant de les prendre en photo et de demander leur nom et leur nationalité.

Interrogé sur son pays d'origine, l'un d'eux hésite. Il bafouille des propos incompréhensibles, avant de se résigner à répondre: l'Irak. Il est envoyé vers un deuxième enquêteur qui va l'interroger, avant de passer devant un troisième qui a encore plus de questions.

Une fois ces interrogatoires terminés, les hommes sont maintenus à l'écart, assis par rangées au sol, à distance les uns des autres.

Pour reconnaître un homme aguerri au combat, il faut dans certains cas bien peu de choses. "Parfois tu a le sentiment que c'est un (combattant) de l'EI à cause des hésitations dans ses réponses", explique à l'AFP un des enquêteurs, refusant de s'identifier par mesure de sécurité.

"Ou alors s'il a des traces sur la main qui trahissent une utilisation intensive de la gâchette, ou des marques sur les épaules à cause de son gilet militaire", ajoute-t-il.

- "Civils ou combattants?" -

Des soldats de la coalition internationale emmenée par Washington, qui épaulent les FDS dans la lutte contre l'EI, patrouillent dans le secteur. Quel est leur rôle dans les opérations de filtrage? Personne ne le dit.

Depuis le lancement de leur offensive en septembre, les FDS ont conquis l'écrasante majorité du réduit de l'EI. Acculés dans leurs derniers retranchements, des irréductibles jihadistes tiennent toujours une poignée de hameaux et de terres agricoles.

Plus de 32.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont quitté depuis début décembre les territoires de l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Parmi eux, plus de 2.700 combattants, qui se sont spontanément rendus ou qui ont été repérés au milieu de la foule, d'après la même source.

"J'avais peur d'être arrêté", confie à l'AFP un des nouveaux venus, dont les proches sont sortis il y a une semaine et ont été transférés vers le camp de déplacés d'Al-Hol dans le nord syrien.

"Je suis en contact avec eux et ils m'ont dit +sors il ne va rien t'arriver+", précise-t-il.

Les femmes sont aussi soumises aux procédures de vérification. Une combattante des FDS est chargée de vérifier les visages dissimulés derrière les niqab et de fouiller leurs affaires.

Pour les "immigrées", les étrangères de l'EI qui ne sont ni syrienne ni irakienne, leurs empreintes sont prélevées et on les prend en photo.

L'objectif de "cette opération de sécurité est de savoir qui sont ces déplacés. S'agit-il de civils ou des combattants cachés", explique à l'AFP Mohamed Souleimane Othmane, un responsable local chargé du transfert vers le camp d'Al-Hol.

- "Ils vont vous égorger" -

Assises et entourées de leurs enfants, les femmes n'ont qu'une seule question à la bouche. Quand irons-nous au camp d'Al-Hol?

Plusieurs d'entre elles affirment qu'un enfant est décédé durant la nuit à cause du froid. Et que deux femmes ont accouché.

Un camion arrive et tout le monde se précipite. C'est la distribution de pains.

Amena Hajj Hassan, originaire de la province d'Alep (nord), a quitté le village de Baghouz avec son fils de cinq ans.

Son époux, un "modeste employé" auprès de l'EI, est parti depuis déjà cinq mois pour rejoindre de manière illégale la Turquie, où il travaille, dit-elle.

"Je voulais sortir depuis le début des bombardements il y a plusieurs mois, mais on nous disait +les Kurdes vont vous égorger+", explique la jeune femme de 28 ans.

Elle est interrompue par Noura al-Ali, encore agitée après avoir été séparée de son mari par les procédures de sécurité.

"Les combattants de l'EI n'étaient plus en position d'empêcher les gens de sortir" ces derniers jours, assure la jeune femme de 18 ans.

Elle promet que "pas un jour" son époux n'a appartenu à l'EI. "Il travaillait dans un restaurant", se plaint-elle.
 Elle-même désobéissait aux jihadistes, qui imposaient une interprétation rigoriste de l'islam, assure-t-elle. "J'écoutais de la musique en cachette".

Aujourd'hui, elle n'a qu'un souhait: "aller avec mon mari en Turquie pour retrouver notre famille".
(AFP, 28 janvier 2019)

L'ambassadeur turc convoqué après la mort d'un manifestant au Kurdistan


Le ministère irakien des Affaires étrangères a annoncé dimanche qu'il convoquait l'ambassadeur de Turquie au lendemain d'une manifestation violente dans le Kurdistan au cours de laquelle une personne a été tuée par des tirs turcs.

Samedi, des protestataires avaient attaqué une base militaire turque à Cheladzi, dans l'ouest de la région autonome du Kurdistan irakien, frontalière de la Turquie.

Des vidéos de ces heurts, survenus dans la province de Dohouk, ont montré des manifestants incendiant des véhicules militaires turcs et s'en prenant aux forces turques qu'ils accusent d'avoir tué quatre civils dans un récent bombardement.

Dans son communiqué, le ministère dit "condamner les tirs des forces turques sur des citoyens (...) qui ont fait un mort et plusieurs blessés". En outre, poursuit le texte, "les avions militaires turcs ont ensuite survolé la foule à très basse altitude, ce qui a effrayé les gens".

"Une note de protestation" sera remise à l'ambassadeur turc, indique encore le ministère, qui avait déjà convoqué le diplomate en décembre pour protester contre des bombardements "répétés" sur son sol, dénonçant une "violation de (sa) souveraineté".

Ankara affirme exercer son droit à la légitime défense pour frapper en Irak des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) --une formation considérée comme "terroriste" par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis-- et appelle régulièrement Bagdad à coopérer dans la lutte contre le PKK.

Samedi sur Twitter, le ministère de la Défense turc a accusé les manifestants d'avoir été "incités par le PKK" et indiqué que les dégâts dans la base turque étaient limités à "des véhicules et des équipements militaires".

Et dimanche, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a indiqué à la presse que l'aviation turque avait mené des "opérations couronnées de succès" contre "des repaires terroristes du PKK".

"Perturbé" par ces opérations, "le PKK provoque la communauté locale et nous savons qu'il est derrière" ces violences, a-t-il ajouté.

M. Cavusoglu a affirmé que le Premier ministre kurde irakien Netchirvan Barzani lui avait assuré samedi soir par téléphone qu'il prendrait "les mesures nécessaires". "Nous leur avons dit qu'ils devaient impérativement interdire des provocations de ce genre", a-t-il encore dit.

Le gouvernement de la région du Kurdistan irakien s'était dit samedi soir "attristé par les dégâts humains et matériels". Son communiqué évoquait "des événements à Cheladzi", derrière lesquels se cachent "des saboteurs", sans toutefois mentionner la Turquie ou la présence de forces turques sur son sol.

Le PKK, qui mène une insurrection armée en Turquie depuis 1984, dispose dans le nord de l'Irak de bases arrières régulièrement visées par les forces armées turques. 
(AFP, 27 janvier 2019)

Damas dénonce de nouveau les ingérences militaires turques

Le régime de Damas a critiqué de nouveau samedi les interventions militaires de la Turquie dans le nord de la Syrie, dénonçant des "violations" d'un accord signé entre les deux voisins en 1998, a rapporté l'agence officielle Sana.

Les autorités turques ont déployé dès 2016 des troupes dans certains secteurs du nord de la Syrie en guerre, où elles soutiennent des groupes rebelles, qualifiés de "terroristes" par Damas.

Elles prônent désormais la mise en place d'une "zone de sécurité" sous contrôle turc sur les territoires syriens à sa frontière, dont ceux où est active la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment affirmé que son pays avait le droit d'intervenir chez son voisin sur la base d'un accord signé en 1998 avec la Syrie, connu sous le nom de protocole d'Adana.

Mais samedi, le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que la Turquie contrevenait à cet accord.

"Le régime turc continue de violer l'accord, à travers son soutien au terrorisme (...) ou l'occupation des territoires syriens par le biais de groupes terroristes qui sont à ses ordres ou directement avec l'armée turque", a estimé une source du ministère dans un communiqué publié par Sana.

Cette réaction intervient au lendemain de nouvelles déclarations de M. Erdogan, qui a appelé à la création "dans quelques mois" de la "zone de sécurité", promettant que faute de quoi la Turquie s'en chargerait elle-même. Les Etats-Unis avaient proposé mi-janvier la création de ce secteur sans fournir les détails de l'initiative.

L'accord d'Adana avait été signé pour mettre fin à une crise entre Ankara et Damas. A l'époque, la Turquie avait menacé la Syrie d'action militaire si elle n'arrêtait pas de soutenir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, qui livre une sanglante guérilla à l'Etat turc depuis 1984) et d'abriter son chef Abdullah Ocalan.

Avec le protocole, Damas s'était engagée à empêcher le PKK d'opérer dans le nord de son territoire, avant d'expulser de Syrie M. Ocalan.

Mais Ankara, qui considère les YPG comme la branche syrienne du PKK, estime que l'accord d'Adana lui donne le droit d'intervenir sur le territoire syrien contre le PKK et ses affiliés faute d'actions du régime syrien contre eux.

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
(AFP, 26 janvier 2019)

Erdogan veut prendre la relève à Minbej "sans perdre de temps"

La Turquie est prête à prendre la relève "sans perdre de temps" pour assurer la "sécurité" de la ville de Minbej, dans le nord de la Syrie, a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan lors d'un entretien téléphonique avec Donald Trump.

Lors de cette conversation téléphonique, la deuxième entre les deux dirigeants en moins d'une semaine, M. Erdogan "a indiqué que la Turquie était prête à assurer, sans perdre de temps, la sécurité dans la région de Minbej", a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

La ville de Minbej, contrôlée par des combattants kurdes appuyés par des militaires américains, a été secouée mercredi par un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) qui a fait 19 morts, dont quatre Américains.

D'après Anadolu, M. Erdogan a déclaré à M. Trump que cette attaque était une "provocation" visant à influer sur la décision de retirer les troupes américaines de Syrie prise le mois dernier par le président des Etats-Unis.

Minbej est depuis plusieurs mois dans le collimateur de la Turquie qui menace de lancer une offensive pour en déloger la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Les YPG sont soutenues par les Etats-Unis contre les jihadistes de l'EI.

Mais Ankara considère ce groupe comme une "organisation terroriste" et redoute de voir s'installer, le long de sa frontière, un embryon d'Etat kurde susceptible de renforcer les velléités séparatistes sur le sol turc.

Afin de réduire les tensions, la Turquie et les Etats-Unis se sont mis d'accord, en mai dernier, sur une feuille de route prévoyant notamment le retrait des YPG de Minbej et la mise en place de patrouilles conjointes américano-turques, qui ont démarré en novembre.

Les deux pays alliés au sein de l'Otan s'efforcent par ailleurs de trouver un accord sur la mise en place d'une "zone de sécurité" visant à séparer les territoires tenus par les YPG de la frontière turque.

Lors de leur entretien dimanche, MM. Erdogan et Trump se sont mis d'accord pour accélérer les discussions en cours entre les généraux des deux pays concernant ce projet de "zone de sécurité", a rapporté Anadolu.
(AFP, 20 janvier 2019)

La Syrie en guerre secouée par deux attentats et des frappes israéliennes


 La Syrie a été secouée dimanche par deux attentats, le premier à Damas, contrôlée par le régime, avant l'explosion d'une bombe dans un bus à Afrine, ville du nord-ouest visée par une offensive turque contre les Kurdes il y a un an.

Des frappes israéliennes ont également ciblé une région du sud de ce pays en guerre, selon une source militaire citée par l'agence de presse officielle syrienne Sana et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Israël n'a pas fait de commentaire.

La défense anti-aérienne syrienne aurait riposté à ces frappes, selon la source militaire syrienne.

A Damas, un "terroriste" a fait détoner un "engin explosif" dans le sud de la capitale, sans faire de victime, a affirmé Sana, selon qui l'auteur présumé de cet attentat a été interpellé.

"Il y a des personnes tuées et blessées mais nous n'avons pas encore pu vérifier le bilan" exact, a de son côté déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, ajoutant que l'explosion avait été "suivie de tirs".

Il s'agit de la première attaque dans la capitale syrienne en plus d'un an, selon l'ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.

La télévision d'Etat avait initialement rapporté qu'une explosion avait été entendue près d'une autoroute dans le sud de la ville, faisant état de "premiers rapports suggérant un acte terroriste".

Le régime syrien a annoncé en mai 2018 contrôler "totalement" Damas et ses environs pour la première fois depuis 2012, après avoir chassé les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de leur dernier réduit dans la capitale.

Attentat à Afrine -

Plus tard en matinée, c'est la ville d'Afrine, contrôlée par des forces pro-turques dans la province d'Alep (nord), qui a été le théâtre d'un attentat.

"Trois civils ont été tués et neuf autres personnes, dont des combattants, blessées lorsqu'un engin piégé a explosé dans un bus", a indiqué à l'AFP l'OSDH.

Cette ville a déjà été le théâtre d'un attentat le 16 décembre ayant fait au moins neuf morts, dont cinq civils.

Cette nouvelle attaque coïncide avec la date anniversaire du lancement d'une offensive turque contre cette région syrienne à majorité kurde.

Après le lancement de cette offensive meurtrière, Afrine a été prise en mars par l'armée turque et ses supplétifs syriens, qui en ont chassé les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde en Syrie.

Ankara considère cette milice comme un groupe terroriste émanant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

La Turquie a menacé à plusieurs reprises de lancer une nouvelle offensive contre les YPG.

L'attentat dans le bus a eu lieu alors que des milliers d'habitants kurdes de Qamichli (nord-est) ont manifesté dimanche pour dénoncer "l'occupation turque" d'Afrine, un an après le lancement de l'offensive d'Ankara.

"Nous ne laisserons pas notre terre à Erdogan", a lancé à l'AFP Amin Mohammed, un manifestant, en référence au président turc Recep Tayyip Erdogan.

Dans un communiqué, les YPG se sont engagées à poursuivre la "lutte" en vue de la libération d'Afrine "de la puissance occupante".

"Ils n'arriveront jamais à nous dissuader de poursuivre notre combat à Afrine", a rétorqué M. Erdogan lors d'une conférence téléphonique avec des militaires turcs ayant participé à l'offensive l'an dernier.

- "Roquettes israéliennes" -

Déclenché en 2011 par la répression sanglante de manifestations prodémocratie par le régime, le conflit syrien s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et étrangères et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.

Il a fait plus de 360.000 morts, des millions de déplacés et de réfugiés, et a bousculé l'équilibre géopolitique régional.

Pays voisin inquiet du soutien iranien au régime de Bachar al-Assad, Israël a mené dimanche un nouveau raid aérien en Syrie, selon des médias d'Etat syriens et la Russie, alliée de M. Assad.

Selon l'armée russe, "quatre avions F-16 des forces armées israéliennes ont tiré des roquettes sur le territoire syrien". Dans ce communiqué, Moscou fait état de la destruction de "sept roquettes israéliennes" par la défense anti-aérienne syrienne.

L'armée israélienne a déjà frappé à de multiples reprises ces dernières années des cibles de l'Iran et de son allié le Hezbollah libanais en Syrie, qui soutiennent militairement le régime Assad.

"Nous avons une politique bien établie: saper l'enracinement de l'Iran en Syrie et nuire à quiconque tente de nous nuire", a déclaré dimanche aux journalistes le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors d'un déplacement au Tchad.

Dimanche dernier, M. Netanyahu avait reconnu que l'aviation israélienne avait effectué deux jours plus tôt un raid contre des "entrepôts d'armes" iraniens dans l'enceinte de l'aéroport international de Damas, une rare confirmation de la part d'un responsable israélien.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé dimanche avoir intercepté une roquette tirée de Syrie, sans donner d'autres précisions.
(AFP, 20 janvier 2019)

Minbej traumatisée après un attentat meurtrier contre les forces américaines

Les vitrines ont volé en éclat, la viande crue est toujours sur le grill à kébabs du restaurant. Après l'attentat suicide meurtrier qui a frappé la coalition internationale antijihadistes à Minbej, dans le nord syrien, les habitants restent sous le choc.

L'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) est la plus meurtrière contre les forces américaines de la coalition en Syrie depuis 2014. Dix-neuf personnes, dont quatre Américains, ont été tuées par un kamikaze qui a fait détonner sa veste d'explosifs près du "Palais des Princes", un restaurant de grillades sur le marché central de Minbej.

Cette ville du nord, sous contrôle d'une alliance arabo-kurde alliée à la coalition, est une place-forte pour les forces américaines. Un calme relatif règne à Minbej depuis qu'elle a été arrachée aux jihadistes de l'EI en 2016. En juillet, deux sénateurs américains s'y étaient même rendus.

"On vient au marché, mais on a peur. On va au travail, mais on a peur. On est là maintenant, mais on a peur, on ne sait pas ce qui peut arriver", lâche Jomaa al-Qassem, un des clients qui s'est déplacé en voiture pour faire des courses avec son fils de trois ans.

Devant la façade noircie du restaurant, les forces de sécurité, fusil à la main, empêchent les curieux de s'approcher, ou même de prendre des photos avec leur téléphone portable.

Un rideau de fer à demi-tiré révèle un grill à kébabs où les morceaux de viande rouge sont encore abandonnés, couverts de poussière. Un amas de fer blanc déchiqueté, venu du mobilier de la cuisine, gît à même le sol.

- "Boule de feu" -

Avec dans ses mains plusieurs ours en peluche rouges, Abou Abdel Rahmane est en train de vider la devanture de sa papeterie. Il lui reste encore les ballons de foot à sortir. Sa vitrine a volé en éclat, et le verre brisé est éparpillé sur le sol.

"J'étais à l'entrée de ma boutique. J'ai vu une boule de feu s'échapper du restaurant. Après il y avait des morceaux de corps sur le sol", confie-t-il à l'AFP, blouson de cuir noir sur sa djellaba couleur sombre, un keffieh rouge et blanc lui barrant le visage.

L'attentat de mercredi visait une "patrouille de routine" des forces de la coalition internationale emmenée par Washington pour lutter contre l'EI.

Dix civils et cinq combattants arabo-kurdes ont été tués. Quatre Américains ont subi le même sort: deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d'un sous-traitant du Pentagone.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie, au vu des chiffres du Pentagone qui rapporte la mort ces dernières années de deux Américains tombés au combat dans ce pays, dans deux incidents distincts.

Aux entrées de la ville, des barrages de sécurité, tenus par des forces du Conseil militaire de Minbej, fouillent scrupuleusement les véhicules qui entrent et qui sortent et vérifient les identités, tandis que des patrouilles ratissent les rues.

- "Sabotage" -

Mais pour Malek al-Hassan, ce n'est pas suffisant.

"On espère que les forces seront plus vigilantes aux barrages, et qu'elles vont mettre les bouchées doubles pour empêcher (les jihadistes) infiltrés de commettre ces actes de sabotage", martèle ce père de 45 ans.

Après une ascension fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI est aujourd'hui acculé dans ses derniers retranchements. Malgré les défaites qu'il a subies, le groupe jihadiste parvient encore à semer la mort avec des attentats comme celui de mercredi.

L'attentat de Minbej intervient après l'annonce en décembre d'un retrait prochain des troupes américaines de Syrie. Le président Donald Trump avait justifié ce désengagement en assurant que l'EI avait été vaincu.

Naassan Dandan a les larmes aux yeux en se souvenant du drame. "J'étais dehors, et puis en rentrant l'explosion a eu lieu, j'ai été projeté au sol", confie le quadragénaire.

Il continue de déblayer les morceaux de verre de sa vitrine éparpillés dans son studio de photographie. Aux murs, les portraits d'enfants pris tout au long de sa carrière sont couverts de poussière.

Le voyant faire, deux gamins qui passent par là s'approchent pour l'aider.

Après l'impact de l'explosion, M. Dandan a réussi à se relever puis est sorti dehors. "J'ai vu les corps, les morts et les blessés", se remémore-t-il.

Pour Malek al-Hassan aussi, le souvenir de l'attentat reste vivace. "J'étais venu hier pour acheter des livres pour les enfants. Quand l'explosion a eu lieu, je ne sais pas comment on a réussi à s'échapper du centre-ville", dit-il, tremblant encore.
(AFP, 18 janvier 2019)

Zone de sécurité: le pouvoir syrien dénonce une "agression" turque

Les autorités syriennes ont dénoncé mardi comme une "agression" les déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a dit que son pays était prêt à établir une "zone de sécurité" en Syrie, pays en guerre frontalier de la Turquie.

Les déclarations "irresponsables" de M. Erdogan "montrent une nouvelle fois que son régime ne traite qu'avec le langage de l'occupation et de l'agression", a indiqué l'agence officielle Sana, citant une source au ministère des Affaires étrangères.

La question de la zone de sécurité, qui serait établie entre la frontière turque et les positions d'une milice kurde soutenue par Washington mais honnie par Ankara, a été évoquée dans un entretien téléphonique lundi entre M. Erdogan et le président américain Donald Trump.

"La Syrie affirme que la tentative de porter atteinte à son unité est considérée comme une agression claire et une occupation de son territoire", a ajouté la même source en accusant la Turquie de "soutenir le terrorisme".

"Nous sommes déterminés à défendre par tous les moyens notre peuple et notre territoire contre toute forme d'occupation ou d'agression, y compris l'occupation turque", a-t-elle poursuivi.

M. Erdogan a affirmé à M. Trump que la zone de sécurité serait établie par la Turquie et que son pays demanderait un appui logistique de la coalition internationale antijihadistes regroupant une soixantaine de pays, dont les Etats-Unis et la France.

Depuis l'annonce en décembre par Donald Trump du retrait prochain des troupes américaines de Syrie, la Turquie et les Etats-Unis s'efforcent de trouver un accord qui les satisfasse mutuellement au sujet de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Si Washington appuie les YPG contre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), Ankara qualifie cette milice de "terroriste" et menace depuis plusieurs semaines de déclencher une nouvelle offensive contre ses positions dans le nord de la Syrie, frontalier de la Turquie.

La Turquie défend depuis plusieurs années l'idée d'une "zone de sécurité" le long de sa frontière en Syrie, mais cette proposition a jusqu'ici été rejetée, y compris par le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama.

Le pouvoir syrien a souvent dénoncé la présence en Syrie de soldats turcs déployés dans le nord du pays, au côté de rebelles syriens appuyés par Ankara.
(AFP, 15 janvier 2019)

Erdogan et Trump évoquent l'établissement par Ankara d'une "zone de sécurité"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi avoir évoqué avec son homologue américain Donald Trump l'établissement par Ankara d'une "zone de sécurité" en Syrie séparant la frontière turque des territoires aux mains d'une milice kurde.

Ce dispositif a été discuté dans un entretien téléphonique lundi soir entre les deux hommes destiné à apaiser les tensions après que le président américain eut menacé de "dévaster" l'économie de la Turquie si celle-ci attaquait les combattants kurdes en Syrie.

Au cours de cette conversation "extrêmement positive", Donald Trump "a mentionné une zone de sécurité d'une largeur de 20 miles, ce qui représente plus de 30 km, qui sera établie par nous le long de la frontière", a affirmé M. Erdogan dans un discours à Ankara.

Mais répondant peu après aux questions de journalistes, le chef de l'Etat a ajouté que la mise en place de cette "zone de sécurité" pourrait se faire avec la coalition internationale antijihadiste regroupant une soixantaine de pays, dont les Etats-Unis, la Turquie ou encore la France.

Depuis l'annonce, le mois dernier par Donald Trump, du retrait prochain des troupes américaines de Syrie, la Turquie et les Etats-Unis s'efforcent de trouver un accord qui les satisfasse mutuellement au sujet de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Si Washington appuie les YPG contre l'organisation Etat islamique (EI), Ankara considère cette milice kurde comme un groupe "terroriste" et menace depuis plusieurs semaines de déclencher une nouvelle offensive contre ses positions dans le nord de la Syrie.

L'annonce du futur départ des militaires américains a été bien accueillie par la Turquie, mais des déclarations de responsables américains évoquant l'établissement d'un lien entre ce retrait et la garantie de la sécurité des combattants kurdes ont suscité la colère d'Ankara.

- Zone "extensible" ? -

La Turquie pousse depuis plusieurs années à la création d'une "zone de sécurité" le long de sa frontière en Syrie, mais cette idée a jusqu'ici été rejetée, y compris par le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama.

Cependant, cette option est revenue sur le devant de la scène lorsque le président américain a sommairement évoqué une "zone de sécurité de 20 miles" (environ 32 km) dans un tweet dimanche, une occasion que le gouvernement turc s'est empressé de saisir.

"J'aborde ce sujet positivement, il est possible de travailler sur cette idée", a déclaré à la presse mardi M. Erdogan, ajoutant, sans autres précisions, que la largeur de cette zone pourrait même être "étendue" au-delà des 20 miles évoqués par M. Trump.

Le chef de l'Etat turc a par ailleurs refusé tout net la participation des YPG à l'établissement de cette "zone de sécurité" : "Ce sont des terroristes", a-t-il dit.

Mais la création d'une telle zone supposerait que les YPG acceptent de quitter les positions qu'elles occupent le long des 900 km de la frontière turco-syrienne, dont la milice kurde contrôle une grande partie.

Activement engagée sur le théâtre syrien, la Turquie a déjà délogé les YPG de plusieurs positions dans le nord-ouest, aujourd'hui contrôlées par des groupes rebelles et où des troupes turques sont également déployées, suscitant des accusations d'"occupation".

"Comparer la présence de la Turquie en Syrie à celle d'autres pays est une insulte à l'histoire, à notre civilisation et à notre culture", s'est néanmoins exclamé mardi M. Erdogan, nostalgique de l'Empire ottoman.

- Après Trump, Poutine -

Alors que les désaccords au sujet des YPG enveniment les relations entre la Turquie et les Etats-Unis depuis deux ans, M. Erdogan s'est dit convaincu mardi d'être parvenu à "une compréhension mutuelle d'une portée historique" avec M. Trump au cours de l'entretien de lundi.

Ce ton apaisé tranche sensiblement avec l'atmosphère orageuse des jours précédents, Ankara critiquant avec virulence la menace du président américain de "dévaster" l'économie turque si cette milice kurde était attaquée.

Les déclarations de Donald Trump ont réveillé le spectre de sanctions américaines, celles-ci ayant déjà accéléré l'effondrement de la livre turque l'été dernier. Lundi, la monnaie nationale a perdu plus de 1,5% de sa valeur face au dollar.

Membre de l'Otan et soutenant des groupes rebelles en Syrie, la Turquie coopère par ailleurs étroitement avec la Russie, le principal soutien du régime de Damas.

M. Erdogan a annoncé mardi qu'il se rendrait le 23 janvier dans ce pays pour s'y entretenir notamment du retrait américain avec le président Vladimir Poutine.
(AFP, 15 janvier 2019)

Quel avenir pour Idleb, passé sous l'emprise totale des jihadistes?

La province d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie est désormais totalement contrôlée par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une alliance jihadiste dominée par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda.

Certaines factions jihadistes également présentes dans cette région sont déjà alliées à HTS. Les groupes rebelles devront eux accepter la tutelle de l'administration locale mise en place par HTS ou alors quitter le secteur et rejoindre d'autres zones insurgées du nord de la Syrie.

Comment les jihadistes de HTS ont-ils pu consolider leur "émirat" de facto? Quelle influence peuvent-ils désormais avoir sur l'évolution du conflit et sur ses autres protagonistes?

- Les jihadistes en expansion? -

En septembre, la Turquie, soutien des rebelles, et la Russie, alliée indéfectible du président syrien Bachar al-Assad, ont dévoilé un accord qui a permis d'éviter une offensive meurtrière du régime syrien contre Idleb et des territoires adjacents dans les provinces voisines de Hama et Alep.

L'initiative prévoyait la création d'une "zone démilitarisée" pour séparer les secteurs insurgés des territoires gouvernementaux. Mais certaines conditions de l'accord n'ont pas été respectées, notamment par les jihadistes.

Moscou avait chargé la Turquie, qui soutient à Idleb la coalition rebelle du Front National de Libération (FNL), de neutraliser les factions les plus extrémistes, selon les experts.

Cela ne s'est pas produit et HTS a lancé début janvier une offensive contre le FNL, prenant le contrôle de plusieurs localités rebelles, au terme de combats qui ont fait plus de 130 morts dans les deux camps, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Jeudi, les jihadistes ont imposé aux rebelles un accord qui permet à HTS d'étendre son emprise sur toute la province d'Idleb et ses environs, par le biais de son administration locale, le "Gouvernement du Salut".

"Désormais, HTS peut se présenter à la Turquie et à d'autres comme un interlocuteur indispensable pour toute solution non-militaire à Idleb", souligne Sam Heller, analyste au centre de réflexion International Crisis Group.

"La Turquie n'a pas empêché la prise de contrôle de HTS, mais il semble qu'elle n'était en mesure de le faire", soutient-il.

HTS disposerait d'environ 25.000 combattants aguerris et bien armés, selon certaines estimations.

- Un revers pour la Turquie ?

Ankara, qui dispose de troupes à Idleb et ailleurs dans le nord syrien, n'a pas réagi à l'offensive jihadiste.

"Pour la Turquie, c'est une défaite de ses alliés", confirme le géographe à l'Université française de Lyon et expert sur la Syrie, Fabrice Balanche.

Avec l'accord de jeudi, plusieurs secteurs, dont les villes rebelles de Maarat al-Noomane et d'Ariha, dans le sud de la province d'Idleb, passent sous la coupe des jihadistes.

Les factions du FNL qui s'y trouvent, Ahrar al-Cham et Souqour al-Cham, resteront sur place, mais sous la supervision du "Gouvernement du Salut".

Les rebelles qui refusent le pouvoir jihadiste pourront eux migrer vers des territoires insurgés pro-Ankara près de la frontière turque.

C'est le cas du groupe Noureddine al-Zinki, dont les combattants mis en déroute par HTS se sont réfugiés dans l'enclave d'Afrine (province voisine d'Alep), conquise par des rebelles proturcs l'an dernier.

La Turquie soutient des factions syriennes qui l'épaulent dans ses opérations militaires contre les Unités de protection du Peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie.
 Ankara menace depuis décembre d'une offensive contre cette milice implantée dans le nord-est syrien. Le principal obstacle à un tel assaut est la présence de troupes américaines dans ce secteur.

Mais le retrait des forces américaines entamé jeudi sur décision du président Donald Trump pourrait changer la donne.

- Le régime va-t-il attaquer ? -

Le renforcement des jihadistes démontre que les dispositions de l'accord russo-turc de septembre n'ont pas été respectées.

Ces violations pourraient servir de prétexte au régime syrien pour remettre à l'ordre du jour une offensive contre Idleb, où vivent quelque trois millions de personnes.

Un assaut pourrait provoquer une catastrophe humanitaire de grande échelle. La Turquie, qui accueille déjà sur son territoire 3,6 millions de réfugiés syriens, cherche à tout prix à éviter des violences qui pourraient provoquer un nouvel afflux vers sa frontière.

Mais avec le retrait des troupes américaines et le rapprochement amorcé entre les forces kurdes et Damas, Idleb n'est pas la priorité du régime, estime M. Balanche.

"Récupérer l'est de la Syrie est plus important. Il y a le pétrole et ça sera plus facile politiquement", explique l'expert, évoquant les territoires et les champs pétroliers tenus par les Kurdes.

Selon M. Balanche, Moscou se sert de la Turquie "pour mettre la pression sur les Américains afin qu'ils quittent le nord-est de la Syrie".

Jeudi les autorités turques ont vivement réagi à de récentes déclarations de Washington perçues comme un rétropédalage, menaçant de lancer leur offensive contre les forces kurdes si le retrait américain devait être retardé.
(AFP, 11 janvier 2019)

La police militaire russe commence à patrouiller dans la région de Minbej

La police militaire russe a commencé à patrouiller dans les environs de la ville syrienne de Minbej, une zone autrefois sous contrôle des combattants kurdes soutenus par les Etats-Unis, a indiqué mardi un porte-parole de l'armée russe.

"L'objectif est d'assurer la sécurité de la zone de responsabilité et de surveiller la situation et les mouvement des formations armées", a précisé à la chaîne de télévision Rossiïa 24 Ioussoup Mamatov, ajoutant que la police militaire russe était déployée "autour de Minbej", mais pas dans la ville en elle-même.

Selon Rossiïa 24, la police militaire russe sera déployée dans la zone "de manière régulière". La chaîne a montré un groupe d'une dizaine de membres de cette force, vêtus de kaki, traverser des villages à bord de véhicules tout-terrain et de camions arborant le drapeau russe.

La Russie intervient depuis septembre 2015 en soutien des troupes gouvernementales syriennes, qui se sont récemment déployées dans la région de Minbej, située dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie.

Les combattants kurdes, redoutant une offensive turque, ont appelé le régime syrien à déployer ses troupes dans la zone fin décembre, après l'annonce surprise par Donald Trump d'un retrait américain de Syrie.

De hauts responsables militaires américains ont multiplié les mises en garde à l'égard de Donald Trump contre un retrait précipité qui laisserait la voie libre en Syrie aux alliés du régime de Bachar al-Assad, à savoir la Russie, grande rivale des Etats-Unis, et l'Iran, bête noire de l'administration Trump.

Quelque 2.000 soldats américains, essentiellement des forces spéciales, sont actuellement déployés en Syrie pour combattre le groupe Etat islamique et former les forces locales dans les zones reprises aux jihadistes.

Les combattants kurdes forment l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avaient pris Minbej à l'EI en 2016. Ils se sont récemment retirés de cette ville après l'annonce du départ américain.

Lundi, Donald Trump a assuré que le retrait américain serait mené "à un rythme adapté tout en continuant en même temps à combattre l'EI et à faire ce qui est prudent et nécessaire pour tout le reste".
(AFP, 8 janvier 2019)

Ankara et Bagdad promettent de renforcer leur coopération contre le terrorisme

La Turquie et l'Irak ont insisté jeudi sur leur volonté de renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme, au cours d'une visite du président irakien à Ankara.

"Nous sommes conscients de l'importance qu'il y a à ce que nous travaillions ensemble pour avoir du succès dans notre lutte contre le terrorisme", a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Si Dieu le veut, nous allons approfondir notre coopération dans ce domaine", a-t-il poursuivi, citant nommément le groupe Etat islamique (EI), le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le mouvement guléniste accusé par Ankara d'avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.

"L'Irak souhaite une coopération réelle et un partenariat stratégique avec la Turquie", a déclaré le président irakien Barham Saleh, estimant que cela bénéficierait "non seulement aux deux pays, mais à l'ensemble de la région".

Le PKK, qui mène une insurrection armée en Turquie depuis 1984, dispose dans le nord de l'Irak de bases arrière régulièrement visées par les forces armées turques.

Jeudi encore, l'armée turque a ainsi affirmé avoir détruit la veille, dans les zones de Zap, Metina et Avashin-Basyan, des abris et des dépôts de munitions appartenant au PKK, classé organisation "terroriste" par la Turquie, mais aussi l'Union européenne, les Etats-Unis et le Canada.

Mi-décembre, ces frappes avaient provoqué des remous dans les relations entre les deux pays: les autorités irakiennes avaient convoqué l'ambassadeur turc à Bagdad pour protester contre les bombardements turcs "répétés" sur le sol irakien, dénonçant une "violation de la souveraineté" de l'Irak.

Ankara avait pour sa part appelé Bagdad à coopérer dans la lutte contre le PKK, invoquant dans le cas contraire son droit à la légitime défense pour intervenir en Irak.
(AFP, 2 janvier 2019)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Assassinat d'un ex-banquier à Chypre: la Turquie condamnée par la CEDH

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné mardi la Turquie pour avoir refusé de collaborer avec Chypre dans une enquête pour élucider l'assassinat d'un ancien banquier chypriote-turc controversé, abattu avec sa femme et sa fille en 2005.

Dans cette affaire qui n'a jamais été jugée, la Turquie "n'a pas consenti le niveau minimum d'efforts requis", épingle la Cour dans son arrêt de Grande chambre, instance suprême de la juridiction basée à Strasbourg (est de la France).

Ankara a notamment "ignoré" les demandes d'extradition des suspects adressées à la République de Chypre et les lui a retournées sans réponse", poursuit la Cour, initialement saisie par la famille des victimes, qui conclut à la violation de l'article 2 (droit à la vie/à une enquête) de la Convention européenne des droits de l'homme.

L'affaire remonte à janvier 2005, lorsque les corps d'Elmaz Guzelyurtlu, ancien banquier de la République turque de Chypre nord (RTCN, autoproclamée), âgée de 52 ans, de son épouse Zerin, 50 ans, et de leur fille de 15 ans avaient été découverts par la police chypriote au bord de l'autoroute entre Larnaca et Nicosie, tués par balles.

Banquier controversé, M. Guzelyurtlu avait fui la RTCN pour la République de Chypre, au sud de l'île, en 2000 après que la banque Everest qu'il dirigeait eut fait faillite, y provoquant une crise financière majeure, la ruine de nombreux clients et une grande agitation sociale.

Huit suspects avaient été interpellés en RTCN, avant d'être relâchés. La République turque de Chypre du nord n'a par la suite jamais donné suite aux demandes d'extraditions formulées par Nicosie et les auteurs présumés n'ont jamais été jugés.

L'affaire avait posé à l'époque un casse-tête juridique, sur fond de tensions politico-diplomatiques entre la République de Chypre, au sud, et la partie du nord de Chypre, la RTCN, considérée internationalement comme occupée par la Turquie et où sont stationnés quelque 35.000 soldats turcs.

Dans un premier arrêt consacré à l'affaire, la CEDH avait condamné à la fois Chypre et la Turquie, jugeant que les deux pays avait insuffisamment collaboré dans ce dossier.

Mardi, les juges ont cette fois estimé que la République de Chypre n'était coupable d'aucune violation et avait, au contraire, "fait tout ce que l'on pouvait raisonnablement attendre d'elle" pour obtenir la remise des suspects par la Turquie.

De son côté, Ankara "n'a pas consenti le niveau minimum d'efforts requis" dans ces circonstances, pointe la Cour.
(AFP, 29 janvier 2019)
Immigration / Migration

"Faisons un nettoyage, balayons tous les imams bruxellois!"

Jeune retraité, Hamid Benichou a derrière lui près de trente ans d'expérience d'agent de police de proximité dans les communes de Saint-Josse, Schaerbeek et Evere. Restant actif dans l'associatif, ce Belge d’origine algérienne continue de s'informer quasi quotidiennement auprès de ses anciens collègues de la situation dans les rues de Bruxelles. Il faut dire, Hamid Benichou s'est toujours énormément impliqué dans son métier. D'ailleurs, dès les années 1990, tel un lanceur d'alertes, c'est lui qui, parmi les premiers, a prévenu que l'intégrisme prospérait chez certains jeunes. Aujourd'hui, ce musulman pratiquant livre un regard sans concession et plutôt inquiétant sur l'islam rigoriste qui s'implante dans la capitale de l'Europe. Hamid Benichou est l'Invité du samedi.

A Molenbeek, la nuit du Nouvel an, des jeunes ont détruit des voitures, des vitrines ou des abribus, puis ils se sont confrontés à la police. Cela vous étonne-t-il ?

Les autorités communales et policières connaissent le terrain, elles auraient dû anticiper. Il n'empêche, ces événements sont insupportables. Je trouve fou que des gens saccagent, pillent au moment de la Saint-Sylvestre. Ces kets, qui ont parfois à peine 10 à 16 ans, ne devaient pas traîner dans la rue dans un tel moment de fraternité. Mais ils considèrent que le Nouvel an n'est pas leur fête, que c'est celle des autres. Je n'ai jamais entendu autant de rejet de cette célébration qu'aujourd'hui. Ce discours date d'il y a des années, mais il s'exprime avec de plus en plus de force. Mais qui sont-ils pour juger ce qui est bon de ce qui est mauvais ?

Leur vision serait binaire, entre le bon et le mauvais ?

Ils mettent dans leur vision de la société une dose de religion qui sépare le licite (halal) de l'illicite (haram). Tout ce qui est bien est musulman, tout ce qui est impropre est non musulman. Vous savez, leurs parents ne veillent pas sur eux, ignorent à quelle heure ils rentrent, ne s'étonnent pas qu'ils reviennent avec des objets qui ne leur appartiennent pas... Il y a un manque flagrant d'éducation, de communication au sein de beaucoup de familles. On ne leur enseigne pas non plus le respect de l'autre, la vie en communauté. Par contre, dans la famille, on explique bien à ces jeunes la différence entre haram et halal !

Certains leur trouvent des excuses, à travers le racisme ambiant, l’absence de perspectives, la discrimination à l’embauche... Vous y souscrivez ?

Très vite, surtout sur les réseaux sociaux, certains ont brandi le panneau "victimisation" ou "stigmatisation" pour expliquer de tels comportements. Ces excuses viennent toujours des mêmes personnes, issues de la communauté musulmane, soutenues globalement par des bobos occidentaux, auxquels s'adjoignent quelques politiques en recherche de voix. Moi, je réponds que chacun doit s'intégrer complètement dans cette société et faire face aux discriminations et au racisme qui touchent toutes les communautés, même chez les Belgo-Belges. Pourquoi cette frange musulmane de la population cherche-t-elle à s'accaparer l'excuse de la stigmatisation ? J'ai vécu des situations insupportables, mais je me suis défendu moi-même, sans l'aide des associations et des bobos.

Cela concerne davantage la communauté musulmane que les autres communautés ?

Il n'y a pas photo ! Il suffit de voir où les problèmes se posent et qui vit à ces endroits... Il est temps de sévir contre ces voyous, il faut les interpeller et qu'ils assument leurs actes, sans leur trouver d'excuse.

Est-il possible de raisonner ces jeunes ?

C'est un travail à mettre en oeuvre en amont. Il faut que les agents de quartier les identifient, puis qu'ils travaillent avec des partenaires du monde associatif. Avant, il y avait des passerelles : dans les années 1990, je discutais avec les associations de jeunes, je leur signalais des problèmes, je leur demandais d'être vigilants. J'allais aussi voir les parents, chez eux, en présence du gosse. Ça demande du travail, de la motivation, de l'empathie. Qui ose encore faire ça ? Or, il faut disposer de suffisamment de renseignements sur chacun pour savoir qui est qui et pour pouvoir intervenir rapidement.

En quoi l'approche policière a-t-elle changé aujourd'hui ?

Avant, on travaillait 4/5e de notre temps à l'extérieur. Aujourd'hui, ce n'est plus que 1/5e, tant il y a de paperasse. Il y a tout de même moyen de dégager du temps. Mais il faut que l'agent de quartier aime aller au contact de l'autre, c'est un minimum ! Actuellement, il y a une défaillance incroyable dans le temps d'intervention à cause du manque de motivation, d'engagement. Il faut aussi que les horaires des agents soient adaptés pour qu'ils soient présents sur le terrain aux moments où la commune bouge, soit après la sortie des classes.

Y a-t-il des endroits à Bruxelles où la police n’ose pas intervenir ou craint de se rendre ?

Oui, Etangs noirs, place Liedts, quartier Nord, Pavillon... La police y passe mais, au moindre incident, c'est le grabuge assuré. Pourquoi ? Entre autre parce que notre police de proximité n'a pas été suffisamment à la rencontre des citoyens pour dire qu'elle était présente pour régler les soucis. La police ne doit pas être là uniquement pour surveiller, elle doit apporter une quiétude et faire respecter la loi.

Fusionner les six zones de police en Région bruxelloise entraînerait plus d'efficacité ?

Je ne sais pas, mais la police locale est trop dépendante du pouvoir des bourgmestres et des Collèges de police. Il faut la libérer de cette main politique qui codifie les interventions et qui peut fluctuer d'élection en élection. On entend parfois dire "le bourgmestre n'aime pas qu'on fasse ceci", et donc on n'y touche pas... Evidemment, ils ne l'admettront pas, mais les bourgmestres interviennent énormément. Et certaines de leurs décisions sont aberrantes.

D'après vous, beaucoup de musulmans intégristes vivent à Bruxelles ?

De plus en plus deviennent rigoureux dans le concept islamique. Pour eux, le halal est devenu le sixième commandement du coran. Demain, ils pourraient même ajouter un septième, la polygamie, car cette pratique est de plus en plus courante, notamment en Afrique du Nord. Ils rabaissent l'islam au niveau du caniveau et cela me blesse. Ils se disent Frères musulmans mais ils sont salafistes dans leur idéologie, ce sont des purs et durs. Ce sont ces musulmans qui affirment que le Nouvel an c'est haram, qui ne veulent pas d'alcool dans les cafés, pas de certaines viandes dans les restaurants. Ils disent qu'ils veulent vivre en paix, mais en tant que citoyens à part, en tant que "bons musulmans" qui se regroupent entre eux.

Quel est leur poids dans la communauté ?

Il est important, ils sont nombreux ! Ils disent aux jeunes que ce qu'ils subissent est dû au rejet de la religion. L'extrême droite, le racisme, la discrimination sont devenus des slogans dont ils se servent.

Comment leurs messages sont-ils véhiculés ?

Evidemment, ces messages vivent sur les réseaux sociaux. Mais ils passent d'abord au sein de la famille, où il existe un vrai conditionnement. Chez certains, tu peux à peine embrasser ta femme devant tes gosses. La danse du ventre, c'est terminé. Que Madame Moureaux organise une fête avec des danseuses du ventre ou un concert de musique, et elle verra comment cela va se passer... Il n'y a plus que les chants religieux qu'ils acceptent.

Cet endoctrinement se déroule aussi dans les mosquées ?

Le vendredi, les mosquées sont pleines. Au lieu d'aborder des problèmes concrets, de la société, du respect des lois, des logements, les imams ne parlent que de halal et de haram. Ils continuent de rapper sans cesse les fameux hadiths, ces textes écrits plus de 200 ans après la mort du prophète. Faisons un nettoyage, balayons tous les imams bruxellois ! Certains sont là depuis 40 ans, qu'ils partent à la retraite ! Et recrutons un jeune qui fasse des discours en français ou en néerlandais, sans aller puiser dans les hadiths, et qui ose évoquer les problèmes causés par ces jeunes.

Certains de ces jeunes pourraient-ils devenir des djihadistes et passer à l'acte ?

Je ne suis pas capable de le dire. En tout cas, leur violence verbale, notamment à l'égard des femmes, prend de plus en plus d'espace dans notre société. La police, le monde associatif, les citoyens savent et voient ce qu'il se passe. Mais qui ose interpeller ces gens ? Dès qu'on leur dit que la religion relève du privé, ils s'offusquent et ils présentent leur religion comme un étendard. Quand ils apprennent qu'un musulman est aussi laïque, ils se fâchent.

Votre discours est très franc. Vous ne craignez pas qu'on s'en prenne à votre intégrité ?

Je suis souvent agressé via les réseaux sociaux. Je leur réponds que leurs discours c'est du réchauffé, que tout ce qu'ils disent je l'ai connu pendant la décennie noire algérienne, ou sur le terrain dans les années 1990. Il faut créer un dialogue direct avec eux, tout mettre à plat.

(La Libre Belgique, Jonas Legge, 12 janvier 2019)

Le terrible bilan des migrants morts en 2018 en Méditerranée

Plus de 2.260 migrants ont trouvé la mort en tentant de traverser la mer, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Des arrivées en baisse, mais plus de 2.260 morts : la Méditerranée est restée en 2018 la voie maritime la plus meurtrière pour les migrants, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a appelé les pays européens à "sortir de l'impasse".

Un total de 2.262 migrants sont "morts ou portés disparus" en tentant de traverser la Méditerranée l'an passé, contre 3.139 en 2017, selon les chiffres publiés par le HCR sur son site internet.

Baisse du nombre d'arrivées

Du côté des arrivées, 113.482 personnes ont traversé la mer pour gagner les côtes des pays méditerranéens, soit une baisse par rapport à 2017 (172.301). A ces chiffres, il faut ajouter quelque 6.700 personnes enregistrées dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en territoire africain, mais qui n'ont pas traversé la mer. Au total, 120.200 migrants sont arrivés en Europe en 2018.

Ces chiffres marquent une chute drastique par rapport au "pic" de 1,015 million d'arrivées en 2015, au cœur de la crise des réfugiés. Mais pour les décès, la baisse est moins marquée : il y avait alors eu près de 3.800 morts.

En proportion, la mortalité a d'ailleurs un peu augmenté en 2018 par rapport à l'année précédente.

Meurtrière Méditerranée

Dans une déclaration à l'AFP, la porte-parole du HCR en France Céline Schmitt s'inquiète :

"La Méditerranée est depuis plusieurs années la voie maritime la plus meurtrière au monde pour les réfugiés et les migrants, avec un taux de mortalité qui a fortement augmenté."

"En 2019, il est essentiel de sortir de l'impasse actuelle et de mettre fin à des approches au cas par cas, c'est-à-dire bateau par bateau, pour savoir où débarquer les passagers secourus", a-t-elle ajouté, en plaidant pour un "mécanisme régional de débarquement".

L'année 2018 a été marquée par une crise diplomatique entre pays européens autour de l'accueil des réfugiés, notamment après que le gouvernement italien, au fort discours anti-migrants, a fermé les ports aux bateaux humanitaires cet été.

L'Espagne en première ligne

Alors que la voie principale de migration passait jusque-là par la Libye et l'Italie, l'Espagne est ainsi redevenue en 2018 la première porte d'entrée en Europe, avec 55.756 arrivées par la mer (contre 22.103 en 2017).

Cette tendance pourrait se poursuivre puisque les garde-côtes espagnols ont indiqué, mercredi, avoir porté secours à 401 migrants au cours des deux premiers jours de 2019.

De son côté, l'Italie a enregistré 23.371 arrivées, en chute libre par rapport à 2017 (119.369), et la Grèce 32.497.

En 2018, le premier pays d'origine des migrants était la Guinée (13.068 personnes), suivi du Maroc (12.745) et du Mali (10.347). La Syrie n'était que le quatrième pays d'origine des arrivants, suivie de l'Afghanistan et de l'Irak.

Entraves aux navires humanitaires

Autre conséquence, plusieurs navires humanitaires ont été contraints d'errer en Méditerranée depuis l'été, faute de savoir où accoster. Chaque situation s'était débloquée avec un accord trouvé dans l'urgence entre pays européens pour la répartition des réfugiés.

En ce début 2019, deux navires d'ONG allemandes transportant 49 migrants ont reçu l'autorisation de s'"abriter" dans les eaux maltaises. Les Pays-Bas se sont dits prêts à accueillir une partie d'entre eux, "à condition que d'autres pays européens fassent de même".

Mais les navires humanitaires, qui dénoncent des entraves croissantes à leur action, sont de moins en moins nombreux : début décembre, Médecins sans frontières et SOS Méditerranée ont dû mettre un terme aux opérations de l'"Aquarius", devenu un symbole de la crise européenne sur l'accueil des migrants.

Responsabilité de l'Europe

MSF avait alors pointé la responsabilité des gouvernements européens dans les décès en Méditerranée, "en soutenant les garde-côtes libyens pour intercepter les personnes en mer".

Au large de la Libye, une vaste zone est aujourd'hui placée sous la responsabilité de garde-côtes libyens, dont le niveau de formation et d'équipement est régulièrement dénoncé du côté des ONG.

Mme Schmitt rappelle :

"Nous réitérons notre appel à la communauté internationale pour qu'elle lutte contre les causes profondes des déplacements et les facteurs qui forcent les gens à entreprendre des voyages de plus en plus dangereux et périlleux."
(L'Obs avec AFP, 3 janvier 2019)

Nouvel An qui dégénère à Molenbeek: des policiers également pris pour cible

La police de Bruxelles-Ouest (Molenbeek-Saint-Jean, Jette, Ganshoren, Berchem-Sainte-Agathe et Koekelberg) a procédé, dans la nuit de lundi à mardi, à une vingtaine d’arrestations administratives, dont tout du moins deux sont déjà devenues judiciaires, a indiqué mardi matin Caroline Vervaet, porte-parole de la police locale. L’identification des personnes impliquées dans les dégradations et violences, qui donnera lieu à des arrestations judiciaires, se poursuit. Au total, sept voitures privées ont été incendiées.

Sur la place devant la station de métro Etangs noirs, des jeunes du quartier ont mis le feu à des déchets qui traînaient sur la voie publique ainsi qu’à un véhicule. Les vitres de trois commerces ont été endommagées. Des jeunes sont entrés dans une pharmacie, qui a été vandalisée. Des jets de cailloux ont ciblé des pompiers et des policiers. Au total, quatre véhicules de police et deux autopompes ont été endommagés par des caillassages et quatre policiers ont été légèrement blessés. Seul l’un d’entre eux a fait valoir le besoin de voir son médecin traitant ce mardi.

Par la suite, trois voitures ont été incendiées dans la rue Ribaucourt. Le feu est parti dans une camionnette, garée à proximité des deux autres voitures. Les façades de deux immeubles inhabités ont également été endommagées. Un expert incendie est descendu rue de Ribaucourt, à la demande du parquet, a précisé Gilles Dejemeppe, porte-parole du parquet de Bruxelles. Il ajoute que l’intention criminelle n’est pas forcément à l’œuvre dans l’éventualité de jets de pétards. (Le Soir, 1 janvier 2019)


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