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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

44th Year / 44e Année
Août
 
2020 August
N° 504
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 897 78 71
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
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Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
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Cyprus and Greece
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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events


Mort d’une avocate kurde
qui était persécutée par le pouvoir turc


Droits de l'Homme / Human Rights

Ebru Timtik's funeral: Police use rubber bullets, tear gas against crowd
Mort d’une avocate kurde qui était persécutée par le pouvoir turc
Une application de traçage du Covid-19 accusée d'inciter à la dénonciation
Constitutional Court rejects death fasting lawyers’ request for release
Des milliers de femmes manifestent contre les violences
Death fasting lawyers: 'Conditions in prison were better than hospital'
Death-fasting arrested lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal not released

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Arrested journalists’ request for release rejected
Access to Jin News blocked for 10th time
Two broadcasters fined over guests criticizing government policies
Social media law published on Official Gazette
Orhan Pamuk: «Le choix fait pour Sainte-Sophie coûtera cher»
"Journalist should not question! We arrest! We close down!"
Two journalists stood trial a day in July
Indictment against journalist Rawîn Stêrk five months after his arrest

Kurdish Question / Question kurde

Les habitants assoiffés de Hassaké accusent Ankara de couper les vannes

Mesopotamia Cultural Center evicted from its building by force
Deux hauts gradés tués par un drone turc, Bagdad proteste vivement
Offensive turque au Kurdistan d'Irak: Le PJAK annonce 9 morts dans ses rangs
Le Conseil de l'Europe "exhorte" Ankara à autoriser les visites à Öcalan

Minorités / Minorities

L'église de Saint-Sauveur-in-Chora à Istanbul transformée en mosquée
Armenian cemetery in Ankara 'damaged by treasure hunters, contractors'

Politique intérieure/Interior Politics

'Is the new police unit authorized to track dissidents?'
Les ambitions d'Erdogan mettent de l'eau dans le gaz

Forces armées/Armed Forces

Manoeuvres militaires rivales en Méditerranée orientale

Le PKK abat un hélicoptère turc au Kurdistan irakien
Algérie: un ex-cadre militaire, extradé par Ankara, poursuivi pour trahison
La Turquie remet à Alger un ex-cadre militaire en fuite

Affaires religieuses / Religious Affairs
 
Une jihadiste française de 59 ans renvoyée par la Turquie et incarcérée
Les musulmans d'Athènes craignent de pâtir de "l'incident" Sainte-Sophie
Turkey uses ISIS to threaten international security
Fête du sacrifice: La deuxième prière à cimeterre à Sainte-Sophie

Socio-économique / Socio-economic

La Turquie prolonge ses recherches gazières, l'escalade continue

Un important gisement découvert en mer Noire, annonce Erdogan
Gaz: Ankara annonce une extension de ses recherches en Méditerranée
Colère après la "restauration" au marteau-piqueur d'un monument historique
Erdogan annonce la reprise des recherches turques en Méditerranée

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Méditerranée orientale: l'UE menace Ankara de nouvelles sanctions

The EU faces ‘brain death’ over Turkey
Merkel, Macron urge Turkey, Greece to resume direct talks
Pour Macron, la politique d'Erdogan est "un facteur de déstabilisation" de l'Europe
L'UE appelle Ankara à cesser "immédiatement" ses recherches de gaz
L'UE sanctionne le régime au Bélarus et cherche l'apaisement avec Ankara
La Turquie accuse la France de se comporter "comme un caïd" en Méditerranée
Macron appelle au dialogue et renforce la présence militaire française
Projet de sommet européen les 24-25 septembre: Turquie au menu

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Des critiques passées de Biden contre Erdogan suscitent la colère d'Ankara

Le Pentagone s'inquiète du déploiement militaire français en Méditerranée
Turkish Aggression Is NATO’s ‘Elephant in the Room’
Accord pétrolier entre les Kurdes de Syrie et une compagnie américaine

Relations régionales / Regional Relations

Avec la Turquie et l'Iran en amont, l'Irak et ses fleuves bientôt à sec?

La Turquie accuse les Emirats de "trahir la cause palestinienne"
Bagdad en campagne diplomatique pour bouter les forces turques hors d'Irak
Nouvelle visite du chef de la diplomatie turque à Tripoli
Libye : la Turquie s'en prend aux Emirats, demandera des "comptes"
Congo: l'opposant Mokoko évacué en Turquie pour des soins

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les relations turco-grecques: les dossiers qui fâchent

Collision entre une frégate turque et un navire grec en Méditerranée orientale
Athènes et Chypre veulent une UE plus ferme face à Ankara
La Grèce souhaite un sommet d'urgence de l'UE sur la Turquie
Egypte et Grèce signent un accord sur leurs frontières maritimes

Immigration / Migration

Des avocates belges en grève de la faim en soutien à leurs confrères turcs
Les loups gris, un autre outil de l’influence turque en Europe
Demonstrations for Shengal in many European cities
Un activiste associatif kurde menacé d’expulsion vers la Turquie

Droits de l'Homme / Human Rights

Ebru Timtik's funeral: Police use rubber bullets, tear gas against crowd

The body of lawyer Ebru Timtik, who lost her life on a death fast yesterday (August 27), has been brought from the Forensic Medicine Institution (ATK) after the autopsy was completed to Gazi Cemevi, where her funeral will be held.

The police did not allow the people who were waiting in front of the ATK to receive Timtik's body and used tear gas and rubber bullets against them.

Timtik's funeral will be held in the predominantly Alevi neighborhood of Gazi, following her will. Ahead of the funeral, the police also surrounded the Gazi Cemevi, an Alevi place of worship.

It was previously announced that Timtik's body would be brought to the İstanbul Bar Association in Beyoğlu district for a commemoration event. However, the police did not allow the body to be taken there. Lawyers still gathered in front of the bar association building.

"This death could have been prevented. They did not," the bar said in a statement.

Attorneys headed to Gazi Neighborhood after the commemoration.

Aytaç Ünsal, the other lawyer on a death fast, sent a message from the hospital he is held, saying that "Is there any other example of this, a lawyer who sacrifices her life for justice..."

What happened?

On a death fast for a fair trial, Ebru Timtik, one of the death fasting arrested lawyers, was held in the Dr. Sadi Konuk Training and Research Hospital in Bakırköy, İstanbul. On a death fast for 205 days, arrested lawyer Aytaç Ünsal is also currently held in Kanuni Sultan Süleyman Training and Research Hospital, a pandemic hospital in İstanbul.

Charged with "membership of the organization," Ebru Timtik was sentenced to 13 years, 6 months in prison and Aytaç Ünsal to 10 years, 6 months. The case filed against the lawyers of the Progressive Lawyers Association (ÇHD) is still pending the final verdict of the Court of Cassation.

An application was made to the Constitutional Court for arrested lawyers Timtik and Ünsal on August 10, 2020.

The application to the supreme court noted that "while they should have been released based on the reports prepared by the Forensic Medicine Institution, they were unjustly and unlawfully arrested and their health conditions were deteriorating in hospital conditions where they were held."

Within this context, the attorneys of Ünsal and Timtik requested that the Constitutional Court write an official letter to the local court, ordering the release of arrested lawyers as a precaution.

Rejecting death fasting lawyers' request for release, the Constitutional Court neither examined the medical reports nor their statements on not being treated at hospital. "There is no serious danger posed to their material or immaterial integrity," it concluded.

The İstanbul Forensic Medicine Institution announced its report on lawyer Ebru Timtik and Aytaç Ünsal on July 30, 2020 and said that neither of them was in a state to stay in prison.
(BIA, 28 August 2020)

Mort d’une avocate kurde qui était persécutée par le pouvoir turc

L’avocate kurde de Dersim, Ebru Timtik est décédée aujourd’hui après 238 jours de grève de la faim. Elle était accusée « d’appartenance à une organisation terroriste » pour avoir exercé son métier d’avocat.
 
Le 14 août, la Cour constitutionnelle de Turquie a rejeté une demande de libération des avocats en grève de la faim Ebru Timtik et Aytaç Ünsal. Ignorant le fait que les deux avocats ont déjà dépassé le seuil critique critique, la Cour a affirmé qu’il n’y avait pas d’informations ou de constatations disponibles concernant d’un danger imminent pour leur vie ou leur intégrité morale et rejeté la demande pour leur libération.
 
Le Bureau d’avocats du peuple (Halkın Hukuk Bürosu – HHB) a déclaré que Timtik avait perdu la vie.
 
Ebru Timtik et Aytaç Ünsal étaient en grève de la faim depuis des mois et ne sont pas libérés de prison bien qu’ils aient été déclarés inaptes à l’emprisonnement par l’Institut de médecine légale. Une plainte auprès de la Cour constitutionnelle turque d’Ankara a également été infructueuse. Les deux avocats, qui sont actuellement sous observation contre leur gré dans divers hôpitaux d’Istanbul, sont toujours en détention.
 
Ebru Timtik et Aytaç Ünsal étaient avocats du « Bureau d’avocats du peuple » (Halkın Hukuk Bürosu) et ont entamé une grève de la faim avec d’autres collègues emprisonnés en février, qu’ils ont transformée en « jeûne de la mort » le 5 avril – le « Journée des avocats ». Dans le complexe des procédures contre des membres présumés du DHKP-C, les avocats ont été condamnés à de longues peines de prison à cause des déclarations contradictoires d’un témoin clé. Par leur action, les avocats exigeaient un procès équitable.
 
Timtik est la quatrième personne poursuivie dans l’affaire du DHKP-C à être décédée cette année à la suite d’un jeûne de la mort. Helin Bölek, soliste du groupe de musique Grup Yorum, est décédée le 3 avril au bout de 288 jours de grève de la faim pour protester contre l’emprisonnement d’autres membres du groupe et l’interdiction des concerts du Grup Yorum. Le 7 mai, le bassiste du Grup Yorum Ibrahim Gökçek est décédé après une grève de la faim de 323 jours. Auparavant, le prisonnier politique Mustafa Koçak était décédé le 24 avril des suites d’une grève de la faim de 296 jours.


Emprisonnée meurt après 238 jours de grève de faim

Condamnée l'an dernier à plus de 13 ans de prison pour "appartenance à une organisation terroriste", Ebru Timtik avait entamé une grève de faim en février pour réclamer un nouveau procès.

L'avocate, qui ne consommait plus que de l'eau sucrée, des infusions et des vitamines au cours de sa grève de la faim, pesait 30 kg au moment de son décès, selon ses proches.

Elle était âgée de 42 ans.

Vendredi, des heurts ont brièvement opposé les proches de l'avocate et la police lorsque la foule venue à son enterrement a scandé des slogans et des chants révolutionnaires.
 Des policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et repoussé la foule avec leurs boucliers, selon des reporters de l'AFP.

"L'Etat criminel sera tenu pour responsable", ont lancé les personnes présentes après avoir disposé des fleurs et la robe d'avocate d'Ebru Timkit sur sa tombe.

Une échauffourée avait aussi éclaté plus tôt lorsque le corbillard transportant le corps d'Ebru Timtik avait quitté le Conseil de médecine légale d'Istanbul, où une autopsie avait été menée, sans que la famille puisse l'accompagner.

Un hommage a été rendu à l'avocate devant le barreau d'Istanbul, puis une prière funéraire s'est tenue dans un cemevi, lieu de culte des Alévis, membres d'une branche hétérodoxe de l'islam.

Des centaines de personnes scandant "Ebru Timtik est immortelle" ont pu accéder au cemevi, autour duquel un important dispositif policier avait été déployé, a constaté l'AFP.

- Combats politiques -

Avec Aytac Unsal, un confrère également en grève de faim en prison, Ebru Timtik était membre de l'Association des avocats contemporains, spécialisée dans la défense de cas politiquement sensibles.

Les autorités turques accusent cette association d'être liée à l'organisation marxiste-léniniste radicale DHKP-C, un groupe qui a commis plusieurs attentats et est qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Ebru Timtik a notamment défendu la famille de Berkin Elvan, un adolescent mort en 2014 des suites de blessures reçues lors des manifestations antigouvernementales de Gezi en 2013.

Le mois dernier, un tribunal d'Istanbul avait refusé de libérer Ebru Timtik, en dépit d'un rapport médical indiquant que son état de santé ne lui permettait plus de rester en prison.

Une demande similaire avait aussi été déposée en août auprès de la Cour constitutionnelle, sans succès.

Au lieu d'une libération, Ebru Timtik et M. Unsal avaient été transférés dans deux hôpitaux différents en juillet.

- "Sous le choc" -

La mort de l'avocate a ému de nombreux représentants de la société civile et élus en Turquie, mais aussi en Europe.

Le Conseil des barreaux européens (CCBE), composé des barreaux de 45 pays en Europe, s'est dit "sous le choc" à la suite du décès d'Ebru Timtik.

Dans une lettre adressée au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CCBE lui demande de "faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver l'avocat Aytac Unsal", qui continue sa grève de faim, "d'une fin aussi tragique".

Pour Bruxelles, le décès d'Ebru Timtik met en évidence "de graves lacunes" du système judiciaire turc.

Le sort "tragique" de l'avocate "illustre douloureusement le besoin urgent pour les autorités turques de traiter de manière crédible la situation des droits de l'homme dans le pays", a déclaré Peter Stano, porte-parole de la Commission européenne.

"Ce décès est une honte pour l'histoire de la justice turque", a déclaré vendredi le barreau d'Istanbul dans un communiqué, énumérant les violations du droit au procès équitable dont ont été victimes Ebru Timtik et d'autres membres de l'Association des avocats contemporains.

Remplacement des juges qui avaient ordonné leur libération, verdict annoncé sans que la défense ait pu proprement s'exprimer: leur procès a été totalement "injuste", s'est indigné le barreau d'Istanbul.

"Ebru Timtik a été envoyée à la mort sous nos yeux", a aussi réagi sur Twitter Sezgin Tanrikulu, député du CHP (social-démocrate).

Les autorités turques n'ont, elles, pas réagi à sa mort.

Le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu a déclaré à l'agence Anadolu qu'il allait porter plainte contre des membres de l'Association du barreau d'Istanbul, pour avoir déployé la bannière "d'une organisation terroriste" à son balcon. La bannière représentait Ebru Timkit.
(ANF-AFP, 28 août 2020)

Une application de traçage du Covid-19 accusée d'inciter à la dénonciation

L'annonce lundi de l'intégration d'une nouvelle fonction dans l'application gouvernementale de traçage du Covid-19 a suscité des inquiétudes en Turquie en terme de protection de données personnelles et concernant un éventuel encouragement des dénonciations.

L'application mobile "Hayat Eve Sigar" (La vie s'intègre à la maison, en turc), développée par le ministère turc de la Santé, s'est dotée lundi d'une nouvelle fonction offrant la possibilité de dénoncer le non-respect des restrictions dues à la pandémie de nouveau coronavirus.

Les utilisateurs pourront désormais prendre la photo des lieux où ils observent des violations et la soumettre aux autorités via l'application. Ils pourront aussi transmettre l'adresse exacte où la violation a eu lieu et une description écrite.

Développée en avril, l'application permet aux utilisateurs de visualiser sur une carte le nombre des infections et les localités à haut risque. Elle est aussi indispensable pour avoir accès aux transports interurbains, permettant de générer, sous forme de codes numériques, les autorisations nécessaires.

Récemment, les utilisateurs ont aussi commencé à voir, par le biais de l'application, si une personne infectée a été de passage dans un lieu ou a été en contact avec une personne en particulier.

Les autorités turques espèrent ainsi se servir de la technologie pour limiter la propagation du virus, dans un pays qui déplore plus de 6000 morts du Covid-19.

L'ajout d'une nouvelle fonction permettant la dénonciation du non-respect des règles a cependant suscité des craintes.

"Cette application n'est pas fiable, car elle n'assure pas l'anonymat des utilisateurs et partage leurs informations avec de nombreuses institutions publiques et privées, y compris les compagnies de transport", affirme Faruk Cayir, avocat et président de l'association Alternatif Bilisim, militant pour les droits numériques et contre la censure en ligne.

Inciter les citoyens à dénoncer leurs voisins ou collègues, ou encore des inconnus croisés dans un lieu public est aussi problématique pour M. Cayir.

"C'est un encouragement à la culture de dénonciation", estime-t-il. "Il n'est pas exclu qu'une personne ayant un différend avec quelqu'un le dénonce uniquement pour cette raison. Des exemples similaires ont été vus dans le passé en Turquie".

La durée de conservation des données collectées par l'application est aussi inconnue, le ministère de la Santé n'ayant précisé aucune date limite.

Les autorités turques affirment que l'application est nécessaire pour "sauver des vies" et qu'elle est conforme à la loi sur la protection des données personnelles.

Selon les chiffres du gouvernement turc publiés lundi, 259. 692 personnes ont été infectés par le Covid-19 en Turquie. Le pays compte 6.139 morts et un nombre de cas de plus de 1.000 par jour.

Pour Andrew Gardner, chercheur sur la Turquie à l'ONG Amnesty International, la pandémie a mis les gouvernements devant les choix difficiles.

"Les gouvernements ont une obligation de protéger la santé des populations. (...) Mais cette mission a aussi été utilisée comme excuse par les gouvernements dans le monde entier pour confisquer les droits ou augmenter leurs propres pouvoirs", a-t-il affirmé.
(AFP, 25 août 2020)

Constitutional Court rejects death fasting lawyers’ request for release

The Constitutional Court has rejected the request for release of death fasting arrested lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal, who are currently hospitalized in two separate hospitals in İstanbul.

The ruling of the Constitutional Court has read, "...it is not alleged that conditions are insufficient for reasons pertaining to the COVID-19 outbreak or other medical reasons." However, the visitors of arrested lawyers have frequently underlined that hospital conditions are even worse than prison.

In its ruling, the Constitutional Court has also alleged that the death fasting lawyers have been in treatment; however, both Ünsal and Timtik have declared that they do not accept any medical intervention. In line with this declaration, lawyers do not undergo any medical treatment at hospital:

"It has been understood that the applicants, who are in treatment at hospitals, have access to health services."

The Court has also concluded that the health of Timtik and Ünsal, who have been at the critical stage of their death fast, is not at a serious risk:

"It has been understood that there is no information or findings suggesting that a serious danger is posed to their lives or material or immaterial integrity for the sole reason that a ruling of release is not given for them."

'Medical report says they cannot stay in prison'

The Constitutional Court ruling dated August 11 has also indicated that, according to the related medical report, the lawyers cannot stay in prison:

"According to the result of the İstanbul Forensic Medicine Institution report, there are disorders in their general medical conditions and cachectc caused by nutritional deficiency; a medical follow-up and treatment is necessary by being hospitalized in hospital conditions; it has been understood that they are not in a medical state to stay in prison conditions..."

On a death fast in prison for their right to a fair trial, arrested lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal were not released despite a Forensic Medical report indicating that "they were not in a state to stay in prison." Shortly afterwards, they were taken to two separate hospitals on July 30.  (BIA , 14 August 2020)

Des milliers de femmes manifestent contre les violences

Plusieurs milliers de femmes ont manifesté mercredi à travers la Turquie pour demander au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan de ne pas se retirer d'un traité international visant à mieux lutter contre les violences domestiques.

A Istanbul, elles étaient plusieurs centaines à s'être rassemblées en brandissant des pancartes proclamant que "les femmes ne pardonneront aucune violence", ou d'autres sur lesquelles étaient inscrits les noms de femmes tuées par des hommes, selon des correspondants de l'AFP.

"Ils sont en train d'attaquer les droits que les femmes ont gagnés en luttant. Mais nous sommes dans la rue, sur les places pour défendre nos droits. Nous ne lâcherons rien", a déclaré à l'AFP une manifestante, Sinem Ozkan, 31 ans.

D'autres rassemblements ont eu lieu dans les principales villes du pays, comme Ankara et Izmir (ouest), où une dizaine de manifestantes ont été interpellées par la police, selon l'association Femmes solidaires NAR.

Cette mobilisation vise à soutenir la Convention d'Istanbul, un traité adopté en 2011 par le Conseil de l'Europe (qui rassemble 47 pays dont la Turquie) qui fixe des normes juridiquement contraignantes en vue de prévenir la violence sexiste.

Depuis plusieurs semaines, des associations et médias conservateurs exhortent M. Erdogan à retirer la Turquie de ce traité, estimant notamment qu'il "nuit aux valeurs familiales" et "banalise l'homosexualité".

Des responsables du parti islamo-conservateur de M. Erdogan, l'AKP, ont évoqué la possibilité d'un retrait, suscitant l'inquiétude de nombreuses associations. L'AKP doit prendre une décision la semaine prochaine, selon les médias.

Pour les militants des droits des femmes, un retrait de la Convention d'Istanbul affaiblirait la lutte contre les violences domestiques.

Ils accusent en outre les autorités de ne pas appliquer avec assez de fermeté les lois votées après la ratification du traité en 2012, ce qui explique selon elles la hausse du nombre de féminicides ces dernières années.

Selon la plateforme "Nous mettrons fin aux féminicides", 474 femmes ont été tuées en Turquie en 2019, contre 440 en 2018 et 180 en 2010.

"Toutes les femmes turques, sans distinction politique, ont besoin de cette convention", estime Benazir Coskun, 31 ans, venue manifester à Istanbul. "Nous sommes convaincues que si les femmes sont unies, nous parviendrons à empêcher ce retrait".
(AFP, 5 août 2020)

Death fasting lawyers: 'Conditions in prison were better than hospital'

Lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal, who have been on a death fast for 214 and 183 days, respectively, were taken to the hospital on Friday (July 31) for force-feeding.

The hospitalization of the lawyers came shortly after a court rejected their request for release despite a Forensic Medicine Institution report indicating that "it was not suitable for them to stay in prison."

Ebru Timtik's aunt, Yıldız Timtik, said today (August 3) that the conditions in prison were better than the hospital.

"They turn on the air conditioners even though they know that Ebru feels cold. They didn't close it. The hospital is very cold," she said.

"Although Ebru always said 'I'm a resister, not a patient,' they wanted to gauge her blood pressure. Ebru didn't allow this. She said she wanted to be released," Yıldız Timtik said, noting that the lawyer's request for a pen and a piece of paper was not met.

Aytaç Ünsal and Ebru Timtik

Attorney Didem Baydar, the spouse of Ünsal, said on Saturday that the court could still correct its mistake by accepting their objection and releasing the two lawyers.

Ebru Timtik is currently at Dr. Sadi Konuk Training and Research Hospital in İstanbul's Bakırköy district and Aytaç Ünsal is at Kanuni Sultan Süleyman Training and Research Hospital in Küçükçekmece district.

"Aytaç Ünsal is being prevented from sleeping"

Dozens of people including members of the Progressive Lawyers Association (ÇHD), the Peoples' Democratic Party (HDP) İstanbul provincial organization, the TAYAD association, the Peace Mothers Initiative and the Assembly for Resistance, held a demonstration in front of the Bakırköy Sadi Konuk Hospital yesterday, demanding the release of the lawyers.

Volkan Çeşme, the spokesperson of the Assembly for Resistance, stated that "the torture against the lawyers continued."

He said that the light of Ünsal's room was left open during the night and he was prevented from sleeping.

HDP party assembly member Esengül Demir said, "We are facing a serious political and legal absurdity. We want Ebru and Aytaç to live. For this reason, they should be released immediately and be treated with their own will."
(BIA, 3 August 2020)

Death-fasting lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal not released

The İstanbul Forensic Medicine Institution has released its first report on the health conditions of death-fasting arrested lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal and, for both of them, the Forensic Medicine Institution has said that "it is not suitable for them to stay in prison."

After this report was issued in early morning hours today (July 30), the attorneys of Timtik and Ünsal submitted a petition to İstanbul 37th Heavy Penal Court, presenting both this medical report and their request for release. 152 petitions written by lawyers abroad and petitions signed by dozens of lawyers in Turkey requesting their release were also added.

Examining the application of the attorneys, the İstanbul 37th Heavy Penal Court has ruled that the arrest of lawyers Timtik and Ünsal shall continue. The court has also ruled that "a writ shall be written to the İstanbul Chief Public Prosecutor's Office so that the necessary can be done to urgently ensure their medical follow-up and treatment in hospital conditions."

Prosecutor demanded continuation of arrest

Receiving the application, the court first sent it to the Prosecutor's Office. In his opinion, the prosecutor demanded that "the execution of their arrest take place at a hospital for treatment, considering their health conditions in the light of Forensic Medical Institution reports."

'As judicial control measures will fall short...'

Agreeing with the opinion of the prosecutor, the İstanbul 37th Heavy Penal Court has announced its ruling. Reiterating the reasons put forward by the attorneys for the release of Aytaç and Timtik and the findings in the Forensic Medicine Institution report, the court has said:

"...the report has indicated that 'the stay of defendants in prison conditions is not suitable for their health, they need to be hospitalized and their medical follow-up and treatment need to be done in hospital conditions;' accordingly, it has been considered that, at this stage, the medical follow-up and treatment of the defendants can be provided by the related prison administration, thereby fulfilling the requirements of the report..."

Regarding the request for release of the lawyers, the court has said that "...considering the nature and quality of the charged offense of being members of an armed terrorist organization, its being one of the offenses cited in the Article 100/3 of the Code of Criminal Procedure (CMK), the amount of penalty and the flight risk due to this amount of penalty, it has been concluded that the currently implemented measure will not be in an open improportionality and judicial control measures will fall short..."

Accordingly, the court has rejected their request for release and ruled that the arrest of Ebru Timtik and Aytaç Ünsal shall continue.

Ünsal death fasting for 179, Timtik for 210 days

On July 27, the İstanbul 37th Heavy Penal Court ruled that lawyers Ebru Timtik and Aytaç Ünsal, who have been on a death fast for their right to a fair trial in Silivri and Burhaniye Prisons respectively, should undergo a medical examination at the Forensic Medicine Institution.

Held in Burhaniye Prison, lawyer Aytaç Ünsal has been on a death fast for 179 days while lawyer Ebru Timtik has been on a death fast in Silivri Prison for 210 days. Ünsal was referred to Silivri to be taken to the İstanbul Forensic Medicine Institution. Their case file is currently in examination by the 16th Penal Chamber of the Court of Cassation.

What happened?

Announcing its verdict in the lawsuit filed against ÇHD lawyers on March 20, the court ruled that the lawyers should be sentenced to 3 years, 1 month, 15 days to 18 years, 9 months in prison.

The 2nd Penal Chamber of the İstanbul Regional Court of Justice rejected the objections and sent the file to the Court of Cassation.

The Chief Public Prosecutor's Office of the Court of Cassation expressed opinion that the prison sentences of all lawyers, except for the one given to lawyer Barkın Timtik, be upheld.

The letter of notification only indicated that the prison sentence of 18 years, 9 months given to Barkın Timtik for "establishing and leading an organization" as per the Article 314/1 of the Turkish Penal Code (TCK) should be overturned and he should also be penalized for "membership of an organization" like other lawyers.

The letter of notification only indicated that the prison sentence of 18 years, 9 months given to Barkın Timtik for "establishing and leading an organization" as per the Article 314/1 of the Turkish Penal Code (TCK) should be overturned and he should also be penalized for "membership of an organization" like other lawyers.

The letter of notification issued by the prosecutor's office has been sent to the 16th Penal Chamber of the Court of Cassation.

Lawyer Ebru Timtik, an executive of the ÇHD, and lawyer Aytaç Ünsal, a member of the ÇHD, have gone on a death fast for the right to a fair trial.   (BIA, 30 July 2020),


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Arrested journalists’ request for release rejected

The İstanbul 34th Heavy Penal Court has rejected the request for release of journalists Barış Pehlivan, Murat Ağırel and Hülya Kılınç, who have been arrested pending trial on the ground that they disclosed the identity of a National Intelligence Organization (MİT) officer who lost his life in Libya.

The request of the journalists has been rejected "as they might destroy evidence and have flight risk. The court has unanimously ruled for the continuation of their arrest, brief saying the following:

"...considering the quality and nature of the offenses charged, the Open Source Investigation reports suggesting strong criminal suspicion, the criminal complaints of the MİT, the existence of concrete evidence such as witness statements, the possibility of defendants to destroy evidence or to run away and hide, it has been concluded that the sufficient and efficient legal control cannot be maintained with judicial control measures..."

Attorney: Constitutional Court should take action

Sharing a picture of the ruling, Hüseyin Ersöz, one of the attorneys of the case, has called on the Constitutional Court to examine the applications of the journalists as soon as possible. In his statement, Ersöz has noted that the ruling's mentioning of "flight risk" has nothing to take seriously.

"All witnesses were heard. None of the witnesses made a statement against them. The expression of 'possibility of spoiling evidence' is nothing more than an abstract presumption," the attorney has protested.

Saying that the arrest of journalists was examined yesterday (August 23), Ersöz has noted that "what is written in the ruling as a justification is nothing but general and stock evaluations that cannot be concretized." Indicating that the 1.5-page complaint of the MİT "does not even mention Barış Pehlivan," Ersöz has also protested that Barış Pehlivan and Murat Ağırel, who went to depose themselves, have not been released "due to flight risk."

The attorney has also noted that "there is no evidence left to collect against the journalists who are facing charges over a three-line news report and tweets," reiterating that all witnesses have been heard and none of them has made any statement against the defendants.

Concluding his remarks, attorney Hüseyin Ersöz has said:

"The unjust ruling of continued arrest for the journalists is not only against the right of freedom, but it is also a grave violation of freedom of expression and press! In the face of this, our applications awaiting the examination of the Constitutional Court must be heard with priority."
RSF: Enemy law has to be ended

Sharing a brief message on social media, Reporters Without Borders (RSF) Representative to Turkey Erol Önderoğly has also denounced the ruling, underlining that "the imprisonment of journalists with stock 'justifications' is a scandal, which should concern the Ministry of Justice."

"The enemy law has to be ended," he has added.
(BIA, 24 August 2020)

Access to Jin News blocked for 10th time

The Information and Communication Technologies Authority (BTK) has blocked the access to Jin News, a woman-focused news outlet available in our languages.

This was the 10th order of access block against the website since it was founded in September 2017. The previous block order was given on February 23.

Jin News is currently accessible from Turkey at http://jinnews10.xyz/en after http://jinnews9.xyz/ was blocked.

A warning note in the blocked website says, "After technical analysis and legal consideration based on after the law nr. 5651, administrative measures have been taken on this website according to the decision nr. 490.05.01.2020-3580131 dates 13/08/2020 of the Information and Communication Technologies Authority."

With a team of woman editors and reporters, JinNews ("woman news" in Kurdish) exclusively focuses on women's issues. It is published in five languages: Turkish, Kurdish, Zaza language, English and Arabic.

It was founded on September 25, 2017, with the slogan, "On the path to truth, with women's pen."

Safiye Alağaş, the news director of the website, was awarded the International Prize for Journalism by the Italy-based Maria Grazia Cutuli Onlus Foundation.

JinNews succeeds outlets that were shut down upon statutory decrees (KHK). The JİNHA, which had defined itself as the "first women's news agency in Turkey," was shut down on October 29, 2016, upon Statutory Decree no. 675. The "Gazete Şûjin," founded in December 2016, was shut down on August 25, 2017, upon Statutory Decree no. 693. (BIA , 14 August 2020)

Two broadcasters fined over guests criticizing government policies

The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) Supreme Board convened yesterday (August 13). Discussing the reports of monitoring experts, the Board addressed the novel coronavirus (COVID-19) outbreak and the programs marketing counterfeit medical products and medication.

At the end of the meeting, the RTÜK Supreme Board has imposed an administrative fine on KRT TV over the remarks of Dr. Serdar Savaş, a guest at the "Gündem Özel" (Special Agenda) program, who criticized the reopening of high schools and universities amid pandemic.

According to the Board, Dr. Savaş "insulted and smeared the President, Health Minister and government" with his remarks.

The RTÜK Supreme Board has also imposed an administrative fine and broadcast suspension on Radio Harman, a local radio station based in the capital city of Ankara, over the allegations of Peoples' Democratic Party (HDP) Group Deputy Chair Saruhan Oluç about the Syria policy of Turkey.

Having discussed the programs marketing counterfeit medical products and medication, the Supreme Board has also imposed administrative fines and program suspension on the broadcasters Top Shop TV, Ber TV, Arafat TV, Alaska TV and Dolunay INT. (BIA , 14 August 2020)

Social media law published on Official Gazette

Prepared by the ruling Justice and Development Party (AKP) and Nationalist Movement Party (MHP) and passed by the General Assembly of the Parliament on July 29, the law foreseeing changes in social media was published on the Official Gazette today (July 31).

The legal amendment introduces a new definition of "social media provider" to the Law on Regulation of Publications on the Internet and Suppression of Crimes Committed by Means of Such Publications.

Foreign-based social network providers that have more than 1 million daily visitors in Turkey will now assign at least one representative in the country.

As reported by the state-run Anadolu Agency (AA), the bill aims to set a formal definition of social media providers with the aim of designating a responsible representative for investigations and legal proceedings relating to the offenses committed on social media platforms.

Alternative Informatics Association Chair Faruk Çayır previously spoke to Hikmet Adal from bianet about the bill passed by the AKP and MHP MPs.

Finding the criticisms of "censorship" right, Çayır said, "It is a huge trickery to say that the law will give the right to be forgotten. There is not a single thing about the right to be forgotten in the new legislation."

Çayır also briefly added: "No matter what they do, information is sure to spread in one way or another. In today's world, it is impossible to prevent people from sharing information. Just as printing has managed to survive despite being regarded as the 'invention of the devil' at first, the hardships caused by this legislation, as hard as it is, will lead people to look for a way out, find new ways and increase knowledge."  (BIA, 31 July 2020)

Orhan Pamuk: «Le choix fait pour Sainte-Sophie coûtera cher»

Marco Ansaldo, La Repubblica, 31 juillet 2020

« C’est une erreur. Et je crains qu’elle nous coûte cher. » Depuis la terrasse de son appartement à Istanbul, Orhan Pamuk pose son regard sur l’architecture virtuose de Sainte-Sophie. L’air du soir est frais, les minarets sont illuminés. La voix du muezzin parvient jusqu’à nous. Le musée, si cher à l’auteur du Musée de l’innocence, est redevenu une mosquée.

« Je me souviens qu’il y a 20 ans », raconte l’auteur de tant de romans couronnés de succès ayant trait aux couleurs (Mon nom est Rouge, Le Livre noir, Le Château blanc), « Sainte-Sophie était encore peinte en jaune. Je devais être le seul à suivre de loin mais avec grand intérêt la restauration qui lui a donné sa teinte rosée actuelle. Je dois admettre qu’ils ont bien travaillé. »

Orhan Pamuk est seul chez lui. Il prépare du poisson pour son hôte, une délicieuse tarte aux artichauts, et débouche une bouteille de vin turc frais. Nous prenons l’apéritif face à Topkapi, le palais des sultans, et à Sainte-Sophie. Nous trinquons, il soupire. Il ne peut s’empêcher de penser aux romans à écrire et aux engagements à honorer : « J’ai un livre à finir et mes 52 éditeurs dans le monde ne me laissent pas une seconde de répit », sourit-il. « Je suis complètement bloqué parce que je passe mon temps à répondre à des e-mails. »

La Turquie actuelle, avec ce tournant voulu par le président Erdogan, soulève une question fondamentale : peut-on encore parler d’un pays laïque, comme le souhaitait Mustafa Kemal ? « Atatürk a décidé de transformer Sainte-Sophie en 1934. À l’époque, c’était une mosquée ottomane. »

Et pourquoi l’a-t-il fait ?

Parce qu’il voulait ancrer la sécularisation de l’État turc et de son gouvernement. C’était aussi un message adressé au reste du monde : « Nous ne sommes pas comme les autres pays et gouvernements musulmans, nous voulons faire partie du monde occidental. » C’était ça, le message.

Et maintenant ?

Aujourd’hui, on remplace ce message par un discours populiste, anti-occidental et islamique. Il est évident qu’il appartient à la nation de décider du destin d’Ayasofya (Sainte-Sophie, NDLR). Mais comme moi, des milliers de Turcs croient au sécularisme et s’opposent à cette décision.

Que peuvent-ils faire ?

La liberté d’expression n’existe pas en Turquie : on ne peut donc pas les entendre.

Et quelle était la particularité de la Turquie en tant que pays laïque ?

Les Turcs sont fiers de l’héritage séculaire d’Atatürk. Ils sont fiers d’être différents des autres nations musulmanes. Mais cette fierté leur a été retirée par la nation. C’est une erreur, une erreur populiste.

Il semble qu’Erdogan tente de rassembler l’électorat conservateur et religieux de son parti et celui des nationalistes.

En réalité, le gouvernement ne se comporte pas toujours comme un islamiste pur et dur. Pendant la période de pandémie, par exemple, il a tout de suite décidé de fermer les mosquées pour les prières du vendredi, un véritable choix séculier, ce qui n’a posé de problème à personne.

Comment les autres pays musulmans se sont-ils comportés ?

En Iran et au Pakistan, les gouvernements n’ont pas été aussi courageux et n’ont pas fermé les mosquées aux foules.

Pourquoi l’a-t-on fait ici ?

C’est justement en vertu de l’héritage d’Atatürk que le gouvernement turc a pu fermer les mosquées.

Et maintenant, qu’en est-il ?

Maintenant cet héritage est réduit à néant.

Nous passons à l’étage supérieur, ouvert depuis peu. La vue y est encore plus belle. Sainte-Sophie, avec sa coupole grise plongée dans le rose des murs, semble dominer le Bosphore. Peu de meubles occupent l’immense espace intérieur. Orhan Pamuk désigne le canapé, devant la fenêtre, sur lequel il vient parfois prendre du repos, au frais. « J’aime écouter la voix du muezzin la nuit. »

Il arpente les couloirs, et avoue s’être mis à courir ici pendant le confinement. (« La réglementation interdisait aux plus de 65 ans de sortir, je faisais donc des tours, 40 minutes par jour. ») Il me montre avec fierté comment il a organisé ses bibliothèques (il détient 20.000 volumes). Celle consacrée à la littérature italienne – avec Dante et Manzoni, Boccace et Svevo, Moravia et Eco – se trouve justement dans le salon du canapé, avec la littérature allemande. Puis aux étages supérieur et inférieur, on trouve la littérature française, l’histoire et les traductions de ses livres. Les fameux 52 éditeurs, dans plus de 60 pays.

C’est dans une petite pièce qu’il a empilé tous ses manuscrits, dans des boîtes de déménagement. Et là, surprise, un coffre noir qui contient de nombreuses lettres. Il l’ouvre. C’est un cadeau précieux : à Stockholm, il lui a consacré son discours prononcé à l’occasion du Prix Nobel qui lui a été décerné. Puis il en a fait un livre, La valise de mon papa. Un titre qui pouvait bien se passer d’en mentionner la couleur.

Un esprit indépendant

Orhan Pamuk est né le 7 juin 1952 à Istanbul, dans une famille cultivée de la bourgeoisie. Son premier roman (Cevdet Bey et ses fils, 1982) s’inspire en partie de son histoire familiale.

En 1983, Le Château blanc est son premier roman à être traduit en anglais. Ecrivain turc le plus célèbre dans le monde, Orhan Pamuk est lauréat de nombreux prix littéraires internationaux. En 2006, il obtient le prix Nobel de littérature. Ses romans ont rencontré un succès planétaire depuis leur parution et l’on estime qu’ils se sont vendus à plus de onze millions d’exemplaires. Il a régulièrement manifesté son opposition au régime du président Erdogan.

"Journalist should not question! We arrest! We close down!"

While the pressures targeting critical journalists and media outlets are getting more and more grave in Turkey, the attempts to split bar associations and bring social media under a stricter government and judicial control could undermine rights-defending in fields such as freedom of expression.

The April-May-June 2020 BİA Media Monitoring Report signals that press freedom is subjected to serious pressures, in a way against the spirit of the Human Rights Strategy Document, as a result of political alliance policies of the Presidential Government System.

The report also points at a period when the Press Advertising Institution (BİK) and the Television and Radio Supreme Council (RTÜK), two media regulators that one would expect an autonomous and rightful stace, imposed harsh penalties on Evrensel, Cumhuriyet and BirGün newspapers on the one hand, and on Fox TV, TELE 1 and Halk TV on the other.

Journalism organizations and rights circles expressed their strong criticisms in the face of all those sanctions, underlining that "they served to toll the death knell for critical journalism" in Turkey.

Journalists frequently threatened with arrest

Covering the period when national and international journalism organizations raised their voices for several arrested journalists in Turkey such as Barış Pehlivan, Müyesser Yıldız, Murat Ağırel and Hülya Kılınç on the occasion of May 3 World Press Freedom Day, the report shows that 93 journalists faced 4 aggravated life sentences and 883.5 years in prison as well as non-pecuniary damages of 1 million 260 thousand Turkish Lira (TRY) in total as per the Turkish Penal Code (TCK), Anti-Terror Law (TMK), the National Intelligence Organization (MİT) Law, the Law on Banking Regulation and Supervision Agency (BDDK) and the Law on Capital Market (SPK). Several trials of journalists followed by bianet in the period covered by the report were adjourned to the aftermath of June 15, 2020.

In April-May-June 2020, at least two journalists were arrested. Of these two journalists, Odatv Ankara News Director Müyesser Yıldız is still arrested while Hakan Aygün was released in the same period.

Though three of them were released in their first hearing, the fact that six journalists were arrested for reporting on the funeral of a MİT officer who lost his life in Libya signalled how easy it was to arrest journalists by charging them with "disclosing the confidential information of the state" and how easy it was to release them on probation in authoritarian regimes.

The process has shown that a critical approach to the economy policies of the government in the time of novel coronavirus (COVID-19) pandemic and an objection to foreign policies such as an intervention in Libya would lead journalists to be arrested. The social media protest demanding the release of closed Cihan News Agency (CHA) reporter Mevlüt Öztaş suffering from pancreatic cancer helped to make it visible how difficult the conditions that old or ill prisoner journalists found themselves in.

As the ones behind bars as per the Anti-Terror Law or the Law on National Intelligence Organization (MİT) were not included in the law on criminal enforcement that was amended with the aim of reducing prison population following the outbreak of coronavirus pandemic, several journalists arrested on a series of charges such as "propagandizing for a terrorist organization", "aiding a terrorist organization", "membership of the organization", etc. were not released. That being the case, the lives of several journalists who allegedly violated freedom of press and expression were put at risk.

Local journalists targeted in detentions

In the period of April-May-June 2020, three journalists were taken into custody and three journalists were summoned to depose. This period also shows that the role of journalists as investigators disturbs the authorities to such an extent that they do not hesitate to arbitrarily detain them.

In this period, İsmail Dükel was detained because he thought about the foreign policy of Turkey, Yusuf Kayışoğlu from Bursa was detained because he reported on the struggle for environment and Gökhan Karabulut from Kocaeli because he criticized the health policies on coronavirus.

In Sakarya, in response to ruling AKP Sakarya MP Ali İhsan Yavuz, who complained that "the media did not write about good things," three journalists penned an article entitled "We are lucky to have you." They were forced to depose at the Security Directorate on charge of "insult."

2 attacks, 7 threats, verbal attacks on women

In the period of April-May-June 2020, two journalists were targeted in physical assaults and seven journalists were threatened. In this period, two women journalists (Şirin Payzın and Nevşin Mengü) were subjected to sexist insults and sexual harassment while two journalists, including Yeniçağ columnist Yavuz Selim Demirağ, were threatened with death.

While Minister of Interior Süleyman Soylu verbally attacked Saygı Öztürk, a columnist for Sözcü newpspaer, İzmir-based Çağrı news website Grant Holder and Çağrı Radio Editor-in-Chief Ulvi Tanrıverdi was physically assaulted by a person and taken to hospital.

In the same period last year, at least 10 journalists were attacked. These attacks targeted rather the ones who criticized the ruling AKP and the Nationalist Movement Party (MHP), two allies of the People's Alliance, following the Local Elections on March 31, 2019.

In the same period the year before, in 2018, two journalists and one media bureau were attacked and one media outlet was targeted in a verbal attack. 65 journalists were threatened, seven with death.

"Insulting the President": 61 journalists were convicted in six years

Article 299 of the Turkish Penal Code, which began to be widely used because of publications and thoughts regarding Recep Tayyip Erdoğan after he was elected the President in August 2014, constituted the basis for the prison sentences, deferred prison sentences and monetary fines against at least 61 journalists until July 1, 2020.

In the April-May-June 2020 period, six journalists (Mustafa Hoş, Cem Şimşek, Özgür Paksoy, Ahmet Sever, Necla Demir and Erk Acarer) were still on trial for "insulting the President) for their views and criticism about President Erdoğan, facing 28 years in prison in total.

"Arbitrary detention" and "censorship" convictions by the Constitutional Court

The Constitutional Court sentenced the state to pay 30,000 lira for damages in the April-May-June period, ruling that the arrest of a journalist for the second time violated the right to personal freedom and security. Also, the Constitutional Court ruled that freedom of expression and the press was violated with blocking access to sendika.org site entirely and sentenced the administration to pay 6,000 lira for damages. In this period, the Constitutional court ruled that an application by a journalist for the violation of the right to personal freedom and security and the right to a fair trial was clearly ill-founded.

In the same period last year, the Constitutional Court examined a total of 29 people and one media organization. It ruled that 95,207 lira (including court costs) shall be paid to three journalists for "violation of freedom of expression." The Constitutional Court also ruled that a total of 7,500 lira shall be paid to 15 arrested people. In this period, the Constitutional Court sentenced the state to pay a total of 102,707 lira for damages.

ECtHR's silence about journalists' rights

Continuing to examine high-priority files during the corona outbreak, the European Court of Human Rights (ECtHR) did not make a decision for the applications of the freedom of press and expression in the last three months. The only public decision was given in the January-March period. Throughout 2019, the ECtHR sentenced Turkey to pay 66,240 Euro (410,672 lira) in total for damages in applications by 14 people for violation of freedom of the press or freedom of expression. In two Özgür Gündem executives' applications, the ECtHR ruled that the right to freedom of expression was not violated on the ground of "defending violence."

RTÜK: 48 monetary, 4 warning, 29 broadcast suspension penalties

In the April-May-June period, the Radio and Television Supreme Council (RTÜK), which predominantly consists of Justice and Development Party (AKP) and Nationalist Movement Party (MHP) members, became a topic of conversation not only because of numerous broadcast bans and monetary penalties but also RTÜK Chair Ebubekir Şahin's remarks, Northern Cyprus-based Diyalog TV's exclusion from the TÜRKSAT satellite, the council's double standard against violence and similar debates.

In the April-May-June 2020 period, RTÜK imposed 48 monetary, 4 warning and 29 broadcast suspension penalties on TV organizations and 4 monetary and 3 broadcast suspension penalties on radio organizations. The council imposed administrative fines of a total of 5 million 906 thousand 326 lira on TVs and 25,035 on radios.

In the same period last year, TV organizations were given 19 monetary and 19 broadcast suspension penalties. The council fined TVs 943,787 lira in total.

17 new dismissals

Seven reporters and nine camerapeople of CNN Türk TV, the employees of which were made to work in containers set up in the car park due to the coronavirus outbreak, were first put on leave and then dismissed. Journalist-author İsmail Saymaz's program on Best FM titled, "I can also say that" was canceled.

In the same period last year, at least 30 journalists, columnists or editorial staff members were either dismissed or forced to quit their jobs as a result of the editorial transformation of the media groups they were affiliated with. Also, the state-run TRT's administration reported 169 experienced TRT laborers to the State Personnel Directorate as "Employment Surplus Personnel."   (BIA, 31 July 2020)

Two journalists stood trial a day in July

Main opposition Republican People's Party (CHP) 26th term MP Barış Yarkadaş, who was also a former journalist himself, regularly releases monthly reports on violations of rights in Turkey's media.

Sharing his July 2020 report with the public today (July 31), Barış Yarkadaş has referred to the Sacrifice Feast, which started today and will be celebrated till August 3, and said, "This feast is a bit bittersweet for journalists because dozens of their colleagues are in prison."

Devoting the report to his colleagues who have to work on the feast as well, Yarkadaş has underlined that the pressures targeting journalists in Turkey systematically continued in July as well. "In July, an average of two journalists stood before the judge everyday," he has noted.

What happened in July?

Yarkadaş has summarized July 2020 in terms of rights violations faced by journalists in Turkey as follows:

    •    60 journalists stood before the judge, one journalist was detained.
    •    Two TV channels were blacked out for five days each.
    •    Two journalists faced an investigation.
    •    One newspaper was not admitted into prison.
    •    Public ads of one newspaper were cut for five days.
    •    A criminal complaint was filed against one journalist.
    •    Two artists faced a lawsuit and prison sentence.
    •    One journalist was subjected to an armed attack.
    •    One journalist was sentenced 2 years, 9 months, 22 days in prison.
    •    One journalist faced a suit for damages.
    •    Two journalists were attacked by a group.
    •    One arrested journalist was kept waiting in the detention room of a hospital.

Investigations, bans, fines...

Yarkadaş has also listed the violations of rights faced by journalists on a day to day basis. Some of these violations and their days are as follows:

July 1, 2020: The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) blacked out broadcasters Halk TV and TELE 1 for five days each.

July 1, 2020: The Directorate of the Gaziantep Type L Closed Psion decided to not allow daily Evrensel into prisons by alleging that it was not one of the newspapers who had the right to receive public ads.

July 2, 2020: T24 news website Editor-in-Chief Doğan Akın was acquitted of "knowingly and willingly aiding the organization as a non-member."

July 3, 2020: Reporting on the protests of bar associations in front of the Parliament, Artı TV Ankara representative Sibel Hürtaş was detained.

July 4, 2020: The Press Advertisement Institution (BİK) cut public ads of daily Evrensel over a news story entitled "CHP's Özel slams Altun over unpermitted construction" published on the newspaper on April 16.

July 4, 2020: The Parliamentary Speaker's Office filed a criminal complaint against columnist Yılmaz Özdil on charges of "publicly degrading the Parliament" and "inciting the public to enmity and hatred."

July 6, 2020: Presidential Communications Director Fahrettin Altun filed a suit for damages of 250 thousand Turkish Lira (TRY) against daily Cumhuriyet over a news report entitled "There is illegal construction at the Bosphorus" about his house in Kuzguncuk, İstanbul.

July 7, 2020: A lawsuit was filed against actors Metin Akpınar and Müjdat Gezen on charge of "insulting the President." They are now facing four to eight years in prison each.

July 13, 2020: Arrested in Silivri Prison, journalist Murat Ağırel announced that he was kept waiting at the detention room of the prison hospital for 5.5 hours.

July 14, 2020: An investigation was launched against Nurcan Kaya, a columnist for Artı Gerçek news website, charging her with "propagandizing for the organization."

July 14, 2020: An investigation was launched against journalist Can Özçelik from daily Sözcü over his news story "the FETÖ exchange."

July 16, 2020: Journalist Gökhan Balcı was subjected to an armed attack while he was leaving his house in Çekmeköy, İstanbul in morning hours.

July 16, 2020: While journalist Deniz Yücel was acquitted of "inciting the public to enmity and hatred," he was sentenced to 2 years, 9 months and 22 days in prison for "propagandizing for the organization." A criminal complaint was filed against Yücel on charge of "insulting the President" and as per the Article 301 of the Turkish Penal Code (TCK).

July 17, 2020: Mezopotamya Agency reporter Ayşe Sürme and Jinnews reporter Öznur Değer were battered by a group during news follow-up.

July 22, 2020: Journalist Rojhat Doğru faced a 41-page indictment charging him with "membership of a terrorist organization" for having sent 2,000 Turkish Lira (TRY) to an arrestee.

July 24, 2020: Upon the application of the Muş Provincial Directorate of Family, Labor and Social Services, a broadcast and publication ban was imposed on the news regarding Fatma Altınmakas, a woman who was sexually assaulted by the brother of the man whom she was married to and was killed by the man that she was married to.

July 24, 2020: The Ankara 8th Penal Judgeship of Peace imposed an access block on four news about Minister of Treasury and Finance Berat Albayrak published on daily Sözcü, T24, Odatv and Toplumsal Haber news websites on the ground that they "violated his personal rights."

July 25, 2020: The access block on sendika.org is still in effect despite a Constitutional Court ruling dated March 2020. Making a statement about the issue, sendika org has said that it has been 136 days since the Constitution Court ruling of right violation.  (BIA, 31 July 2020),

Indictment against journalist Rawîn Stêrk five months after his arrest

İstanbul Chief Public Prosecutor's Office has filed an indictment against Rûdaw reporter Rawîn Stêrk, who was arrested on March 6 while reporting on the situation of refugees on Turkey-Greece border in Edirne after Turkey announced that it opened the border to Europe.

In its indictment filed five months after his arrest, journalist Stêrk is now facing the charges of "propagandizing for a terrorist organization" and membership of an armed terrorist organization."

The two pages of three-page indictment prepared by Prosecutor Edip Şahiner are allocated to the establishment of the Kurdistan Workers Party (PKK) and the Kurdish Communities Union (KCK), their history and how their structure and organization have changed over the years.

Edip Şahiner was also the prosecutor of Gezi Trial, where 16 defendants, including Osman Kavala, were put on trial for "attempting to overthrow the government of Republic of Turkey."

Demanding aggravated life sentence for Osman Kavala, Yiğit Aksakoğlu and Mücella Yapıcı and prison sentences of up to 20 years for six defendants, he appealed against the ruling after the defendants were acquitted.

'Rûdaw' not mentioned in the indictment

The indictment of the prosecutor has indicated that the Anti-Terror Bureau of the İstanbul Security Directorate took an action against Stêrk in 2013, accusing him of "establishing, leading and being a member of an armed terrorist organization." It has also noted that the Adana Anti-Terror Bureau also took action against him in 2008, charging him with "propagandizing for the PKK/KCK terrorist organization."

It has also alleged that before he was arrested, Stêrk was a reporter for Roj TV and DİHA, "which are broadcasting in the name of PKK," he was making news for these media outlets and got on Roj TV on the phone.

The indictment has not mentioned that he is a reporter for Rûdaw.

The news photos, archive photos and images in their cameras and digital materials that they had with they when they were detained were also considered criminal evidence for "propagandizing for the organization."

Prosecutor demands penalization

In the "legal evaluation and conclusion" part of the indictment, prosecutor Şahiner has noted that "...when the social media posts of the suspect, the findings acquired from the examination of digital materials that the suspect had on him and his activities in media outlets engaging in activities in the name of terrorist organization are evaluated as a whole, it has been understood that the suspect acted in a de facto and organic bond with the organization within the frame of PKK terrorist organization's ideologies, thereby committing the charged offense of membership of a terrorist organization as per the Article 314/2 of the Turkish Penal Code (TCK) and the offense of propagandizing for a terrorist organization in a repetitive manner as per the Article 7/2 of the Anti-Terror Law no. 3713..."

Accordingly, the indictment has demanded that journalist Rawîn Stêrk be penalized on the offenses charged.

His attorney requested his release

After the indictment was prepared, Özcan Kılıç, the attorney of Stêrk, has requested his release on the ground that, in contrast with the "organization membership" charge brought by the prosecutor's office, the court arrested him on charge of "propagandizing for the organization."

Noting that the allegation of "organization membership" mentioned in the indictment is not based on concrete evidence or the article of the law, Kılıç has underlined that the investigation dated 2013 was cited as the reason for his arrest and, as there is already a file of this investigation, arresting Stêrk based on this file means filing repeating lawsuits.   (BIA, 30 July 2020)


Kurdish Question / Question kurde

Les habitants assoiffés de Hassaké accusent Ankara de couper les vannes

Devant son domicile du nord-est de la Syrie, Cheikha Majid raconte que sa vie est devenue une quête interminable pour trouver de l'eau, depuis que la Turquie s'est emparée d'une station de pompage d'eau potable alimentant sa ville.

"Je passe mon temps à courir après des camions-citernes", résume cette grand-mère de 43 ans, qui souffre des pénuries d'eau depuis des mois à Hassaké, ville sous contrôle de l'administration semi-autonome kurde.

"Parfois, je dois quémander de l'eau à mes voisins", ajoute-t-elle.

L'inquiétude est d'autant plus vive que 394 cas de contamination au nouveau coronavirus --dont 26 décès-- ont été recensés dans les zones kurdes, dont des dizaines à Hassaké.

Les habitants de la région paient le prix fort d'un nouveau bras de fer entre les forces turques et les Kurdes.

L'armée turque et ses supplétifs syriens occupent depuis 2019 une bande frontalière de 120 kilomètres en Syrie, y compris la station d'Allouk qui fournit de l'eau potable à 460.000 personnes.

Pour les responsables kurdes et des analystes, Ankara utilise l'eau comme outil de pression afin d'obtenir davantage de courant électrique, fourni par les Kurdes, dans les zones qu'elles a conquises.

La Turquie dément. Le ministère turc de la Défense a encore affirmé le 6 août que la station d'Allouk faisait l'objet de travaux de maintenance et qu'Hassaké était toujours approvisionnée en eau.

Non, ont répliqué les Kurdes, inondant les réseaux sociaux de photos, avec commentaires à l'appui, assortis du mot-dièse "La soif étrangle Hassaké".

Les organisations humanitaires ont maintes fois mis en garde contre l'utilisation de l'eau à des fins politiques ou militaires au détriment des civils.

Et l'ONU a tiré la sonnette d'alarme dès le mois de mars, avertissant de retombées sanitaires et humanitaires graves.

Damas a aussi accusé lundi Ankara d'utiliser l'eau comme une "arme contre les civils syriens".

- 21 jours sans eau -

En août, les robinets sont restés à sec pendant 21 jours.

"La plupart du temps, nous nous baignons dans l'eau salée" des puits pour maintenir une hygiène de base, raconte Cheikha, qui vit avec ses sept enfants et deux petits-enfants.

Dans les rues étroites, des femmes et des enfants portent des bidons vides en attendant des livraisons d'eau. Une jeune fille remplit un réservoir sur un toit avec un long tuyau relié à un camion-citerne.

"Cette fois, cela a vraiment duré longtemps", déplore Mohamad Khatar, un habitant âgé. "Nous n'avons rien à voir avec la politique, tout ce que nous voulons, c'est manger du pain, boire de l'eau et travailler".

Ankara a coupé les vannes à huit reprises depuis l'automne, selon les Kurdes.

"Ils occupent nos terres et maintenant ils nous coupent l'eau", se lamente Saleh Fattah, 45 ans.

Les forces kurdes ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, aux côtés des Etats-Unis, mais Ankara les qualifie de "terroristes" pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla sanglante en Turquie depuis les années 1980.

Selon les responsables kurdes, un accord prévoyait après la dernière offensive qu'Ankara alimente la région en eau en contrepartie de l'acheminement du courant par les Kurdes.

Mais les pressions vont depuis crescendo pour "demander plus d'électricité", déplore Suzdar Ahmad, co-directeur de l'autorité hydraulique au sein de l'administration kurde.

- "Interminables" négociations -

"Depuis que les Turcs occupent Ras al-Ain, il y a eu d'interminables cycles de négociations sur les coupures d'eau", ajoute Aheen Sweid, codirectrice de l'autorité de l'énergie.

Cette fois, les Kurdes ont décidé de répliquer: le 13 août, ils ont coupé le courant dans cette région, indique-t-elle.

Les deux parties ont fini par négocier un accord via la Russie prévoyant un retour à la normale dès lundi à Hassaké.

Pour l'analyste Nicholas Heras, "s'emparer de la station d'Allouk était l'un des principaux objectifs de la campagne militaire turque" en octobre 2019.

"La Turquie veut utiliser l'eau comme moyen de pression pour retourner la population locale (...) contre les Forces démocratiques syriennes", alliance dominée par les combattants kurdes.

Et le rapport de force est largement à l'avantage d'Ankara qui a la "capacité de couper indéfiniment l'eau à plus d'un demi-million de personnes", explique-t-il. 
(AFP, 25 août 2020)

Le PKK abat un hélicoptère turc au Kurdistan irakien

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé lundi avoir abattu un hélicoptère turc dans le Kurdistan irakien, en représailles à la mort d'un de ses commandants aux côtés de deux hauts-gradés irakiens la semaine dernière.

Le maire de Kani Massi, la localité où l'hélicoptère s'est écrasé le long de la frontière avec la Turquie, a confirmé le crash d'un appareil turc à l'AFP.

"Nos forces ont mené une opération contre des hélicoptères Sikorsky (...) et ont abattu l'un des appareils turcs", indique un communiqué des Forces de défense du peuple, branche armée du PKK.

"Dix minutes après le crash du premier hélicoptère, un autre a été touché et forcé de rebrousser chemin", ajoute le texte.

Serbest Aqraoui, le maire de Kani Massi, a assuré à l'AFP ne pas pouvoir confirmer cette seconde cible ni l'étendue des dégâts, tant l'accès à la zone des combats est réduit.

"Cette opération a été menée en mémoire du martyr Akid Karzan et des deux officiers irakiens tués dans un raid aérien de l'armée d'occupation turque", précise le communiqué.

Il n'a pas été possible dans l'immédiat d'obtenir une réaction des responsables turcs.
 Mardi dernier, un drone turc a visé une réunion entre commandants des garde-frontières irakiens et du PKK au Kurdistan, tuant deux haut-gradés irakiens, un soldat et un commandant du PKK.

Bagdad a vivement protesté auprès d'Ankara. Mais la Turquie, inflexible, poursuit ses raids aériens et terrestres, assurant devoir se charger elle-même de bouter le PKK hors d'Irak tant Bagdad "détourne le regard" des actions d'un groupe qu'elle considère, à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne, comme "terroriste".

L'Irak, de son côté, tente de mobiliser pays arabes et européens pour forcer Ankara à se retirer de son sol, où depuis 25 ans, elle a consolidé des positions militaires, pour contrer le PKK, qui lui aussi a multiplié les bases au Kurdistan d'Irak.
(AFP, 17 août 2020)

Mesopotamia Cultural Center evicted from its building by force

The İstanbul Mesopotamia Cultural Center (MKM), a Kurdish culture and art center in Tarlabaşı Neighborhood, has been evicted from its building by force. As the time given to the center to leave the building expired today (August 20), the building was blockaded by the police.

As reported by daily Yeni Yaşam, after the workers of the center took their necessary staff from the building and left, they made a statement for the press in front of the building. The statement was also attended by Peoples' Democratic Party (HDP) İstanbul MP Hüda Kaya, HDP Central Executive Committee member Ferhat Encü, HDP İstanbul Co-Chair Elif Bulut and Kurdish Studies Association Co-Chair Eyüp Subaşı.

'They are taking our building from us'

MKM artist Hüseyin İldan (Genim), one of the founders of the Koma Çiya music band, has said that they have been doing their cultural and artistic activities in this building for years now despite all types of hardships, underlining that the right of millions of Kurds to express themselves in their own language, culture and arts has been usurped.

"But they take this right from us. They take our building from us by force," İldan has noted and underlined that "they will keep on with their activities now and from now on despite all types of attacks."
'A forced eviction means seizure'

Taking the floor after İldan, HDP MP Hüda Kaya has also underlined that the forced closure of the MKM, which has been engaging in arts and culture in İstanbul for years, is both illegal and unlawful.

HDP MP Kaya has stressed that the forced eviction of the building means seizure and briefly added the following:

"We will keep making statements that criticize you and take off your masks. We will keep on doing our music and art that object to you and raise this objection, awaken and raise awareness of the society. We will keep doing our music and art wherever we are. This government had better write this down somewhere: We will not surrender to the rule of oppression."

Tenants were not informed

In 2019, a tender was lodged by the Directorate General of Foundations for the building for 3 times without informing the tenants though they had rent contracts. Informed about the tender by different means, the MKM bidded in three tenders and won two of them. However, the Directorate cancelled these tenders, saying "There was not enough competition.

Handed over to Beyoğlu Sub-Governor's Office, the building will be given to the ruling Justice and Development Party's (AKP) Beyoğlu Municipality.

About the Mesopotamia Cultural Center (MKM)

It was established by a group of intellectuals and artists, including writer, poet and journalist Musa Anter, sociologist and writer İsmail Beşikçi and artist Ali Temel, in İstanbul on September 27, 1991.

Engaging in Kurdish cultural and artistic works and activities, the MKM has been active for 20 years with a perspective of "free life, revolutionary art."

Producing cultural and artistic works in different disciplines such as theater, cinema, music, folk dances and contemporary dance, the MKM has undertaken the mission of being the voice, language and color of the peoples in Mesopotamia, Anatolia and the Middle East.
(BIA, 20 August 2020)

Deux hauts gradés tués par un drone turc, Bagdad proteste vivement

Bagdad a annulé une visite d'un ministre et convoqué l'ambassadeur turc après qu'un drone turc a tué mardi deux hauts gradés irakiens dans le nord du pays où Ankara estime être dans son droit en bombardant des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, opposition kurde en Turquie).

Depuis que la Turquie a lancé en juin son opération "Griffes du Tigre" au Kurdistan irakien, les deux voisins n'ont cessé de s'opposer --sur le plan diplomatique-- au sujet des frappes aériennes et de l'incursion terrestre de commandos turcs.

Mardi, la mort pour la première fois de commandants des forces régulières irakiennes a suscité des mesures plus drastiques: le ministère des Affaires étrangères a annoncé que Bagdad ne voulait plus recevoir jeudi le ministre turc de la Défense.

En outre, le ministère a ajouté que l'ambassadeur turc à Bagdad serait de nouveau convoqué --pour la troisième fois depuis juin-- et se verrait remettre "une lettre de protestation comprenant des termes forts pour dire que l'Irak refuse catégoriquement les agressions et les violations" d'Ankara.

La présidence irakienne a, elle, dénoncé "une violation dangereuse de la souveraineté de l'Irak", appelant Ankara à "cesser toutes ses opérations militaires".

Invariablement Ankara assure lutter contre le PKK qu'elle considère comme une organisation "terroriste" à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Si l'Irak dénonce l'opération turque, en réalité, le PKK est aussi un ennemi pour Bagdad et un rival pour Erbil, qui, tous deux, ne veulent pas se mettre à dos l'allié turc, principal partenaire économique de l'Irak et poids lourd régional.

Le Kurdistan d'Irak, lui, ne peut pas se prononcer frontalement contre un groupe qui entend porter la cause kurde, la même qu'Erbil a défendu pour obtenir son autonomie en 1991. Mais dans le même temps, le PKK, qui ne le reconnaît pas comme un gouvernement kurde, lui fait concurrence sur son propre terrain.

- Postes militaires turcs -

La Turquie possède depuis 25 ans une dizaine de postes militaires au Kurdistan irakien. Autant de positions qu'elle n'entend pas perdre et auxquelles elle aurait même ajouté de nouvelles implantations, selon des sources kurdes.

Mardi, c'est un drone turc qui a frappé dans la région de Pradost, aux confins de l'Irak, de la Turquie et de l'Iran, dans le nord de la province d'Erbil.

Deux hauts gradés irakiens, à la tête de bataillons de gardes-frontières, ont été tués avec un chauffeur alors qu'ils se trouvaient à bord d'un véhicule, a indiqué l'armée irakienne qui dénonce "une agression turque flagrante".

Ils sortaient, selon Ihssane Chalabi, maire de la localité proche de Sidakan, d'une "réunion entre des commandants des gardes-frontières irakiens et des combattants du PKK".

Des témoins ont rapporté que des accrochages avaient eu lieu dans la matinée entre combattants du PKK et forces irakiennes. La réunion visée par le drone avait été convoquée en urgence pour tenter de calmer les tensions, selon des sources locales.

Depuis le début mi-juin de "Griffes du tigre", au moins cinq civils ont été tués, tandis qu'Ankara a annoncé la mort de deux de ses soldats et le PKK et ses alliés de dix combattants et partisans.
(AFP, 11 août 2020)

Offensive turque au Kurdistan d'Irak: Le PJAK annonce 9 morts dans ses rangs

Une formation kurde liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, opposition kurde en Turquie) a annoncé lundi la mort de sept de ses combattants et deux de ses partisans dans des frappes turques au Kurdistan d'Irak.

Le Parti pour une vie libre du Kurdistan (PJAK), une formation de Kurdes iraniens opposés au régime de Téhéran et qui dispose de bases au Kurdistan irakien, a affirmé que ces personnes ont été tuées "le 7 août lors de frappes aériennes turques".

Le 4 août, des frappes "menées par des drones" cette fois, ont entraîné "d'importants dégâts matériels et des incendies", sans faire de victimes, dans la même région de Charbazher, au nord de Souleimaniyeh, frontalière de l'Iran, précise le communiqué du PJAK.

Erbil, capitale du Kurdistan irakien, est actuellement dans une position inconfortable. D'une part, le Kurdistan autonome irakien se présente comme le prolongement naturel de la région semi-autonome kurde de Syrie et un exemple pour les Kurdes de Turquie et d'Iran.

Mais d'autre part, il est régulièrement le théâtre de bombardements contre des positions du PKK et de ses alliés syriens et iraniens sur son sol.

En dépit des protestations des autorités irakiennes, la Turquie continue à lutter contre le PKK qu'elle considère comme "terroriste", comme les Etats-Unis et l'Union européenne.

Mi-juin, Ankara a ainsi lancé une nouvelle campagne au Kurdistan irakien, "Griffes du tigre", avec frappes aériennes et commandos héliportés pour opérer au sol.

Au moins cinq civils ont déjà péri dans ces violences, tandis qu'Ankara a annoncé la mort de deux de ses soldats et le PKK d'un de ses combattants.
(AFP, 10 août 2020)

Le Conseil de l'Europe "exhorte" Ankara à autoriser les visites à Öcalan

Le Conseil de l'Europe "exhorte" les autorités turques à autoriser les visites des familles et des avocats des détenus de l'île-prison d'Imrali (nord-ouest de la Turquie) parmi lesquels le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, dans un rapport publié mercredi.

Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil appelle Ankara "à prendre les mesures nécessaires pour garantir que tous les détenus de la prison d'Imrali puissent effectivement, s'ils le souhaitent, recevoir la visite de leurs parents et avocats".

Le Comité exhorte également une nouvelle fois la Turquie "à procéder à une révision complète du régime de détention appliqué aux détenus condamnés à la réclusion à perpétuité aggravée" et à réviser sa législation en ce sens.

Dans son rapport, le CPT "se félicite" toutefois que le 2 mai 2019, Abdullah Öcalan ait "obtenu la première visite de deux de ses avocats depuis juillet 2011", précisant que, selon les autorités turques, "des visites d'avocats ont également eu lieu les 22 mai, 12 juin, 18 juin et 7 août 2019". Mais il déplore que depuis lors, "toutes les demandes (...) aient apparemment été rejetées".

Outre le leader du PKK, la prison de haute sécurité d'Imrali abrite trois autres prisonniers qui, selon le CPT, ont "indiqué être traités correctement par le personnel" pénitentiaire.

Le service de santé de la prison a laissé "une fois de plus, une impression favorable" à la délégation du CPT qui s'est rendue du 6 au 17 mai 2019 en Turquie, le Comité estimant que "les conditions matérielles de détention sont restées globalement satisfaisantes pour tous les détenus" d'Imrali.

Toujours selon le rapport, la délégation qui s'était également rendue dans de nombreuses autres prisons, commissariats de police et casernes de gendarmerie à travers le pays a en revanche "enregistré un nombre considérable d'allégations de recours excessif à la force et/ou de mauvais traitements physiques par des policiers et des gendarmes".

Parmi de nombreuses autres recommandations, le CPT "réitère" ainsi son souhait qu'un "message clair et ferme de +tolérance zéro+ des mauvais traitements soit adressé à tous les responsables de l'application des lois par le plus haut niveau politique, à savoir le Président de la République" turc.

Figure de la rébellion kurde en Turquie, Abdullah Öcalan, 72 ans, a été capturé le 15 février 1999, puis condamné à mort le 29 juin 1999 pour trahison et tentative de diviser le pays. Sa condamnation a toutefois été commuée en 2002 en réclusion à perpétuité après l'abolition de la peine de mort.
(AFP, 4 août 2020)

Minorités / Minorities

L'église de Saint-Sauveur-in-Chora à Istanbul transformée en mosquée

Après avoir transformé en mosquée l’ancienne basilique Sainte-Sophie d’Istanbul, le président islamiste turc Recep Tayyip Erdogan a décrété le 20 août 2020 le même sort pour un autre monument célèbre de l’art byzantin: l’église de Saint-Sauveur-in-Chora à Istanbul.

Connue du grand public sous le nom de Kariye Camii (Mosquée Kariye), musée depuis 1948, l’église de Saint-Sauveur-in-Chora du XIe siècle figure comme Sainte-Sophie sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les islamistes turcs ont déjà retransformé en mosquées diverses églises historiques, comme en 2011 l’église Sainte-Sophie, alors un musée, à Iznik (anciennement Nicée), où se tint en 787 le second Concile de Nicée.

Selon Bulletin de Cath-Info du 6 août 2020, les fines mosaïques et ses fresques de l’église de Saint-Sauveur-in-Chora, datant en grande partie des XIIIe et XIVe siècles, représentent différentes étapes de la vie de Jésus, de Marie, divers saints de l’Eglise et d’importants personnages de l’époque byzantine. Ce monument, bâti au XIe siècle en forme de croix grecque, est considéré comme un des plus beaux exemples d’église byzantine.

Ce monument, situé dans le district stambouliote d’Edirnekapi (anciennement ‘Porte d’Andrinople’) fut un monastère orthodoxe jusqu’au XVème siècle. Cette église abrita, lors du siège par Mehmet II en 1453, une icône de la Vierge censée protéger la capitale byzantine des assaillants ottomans. Mais l’église fut pillée, l’icône détruite, avant d’être transformée plus tard en lieu de culte musulman.

Les superbes mosaïques de Saint-Sauveur-in-Chora furent alors recouvertes de chaux quand l’église fut convertie en mosquée entre 1495 et 1511 par l’eunuque Atik Ali Pacha, grand vizir de Beyazit II, huitième sultan ottoman. Un minaret fut ajouté à l’édifice.

Passée largement inaperçue – sauf en Russie, mais surtout en Grèce voisine, qui veille sur le patrimoine byzantin présent sur sol turc – une décision de novembre 2019 du Conseil d’Etat turc (le Danıştay) réaffectait Saint-Sauveur-in-Chora au culte musulman. Le Danıştay abrogeait ainsi l’ordonnance de 1945 transformant l’ancienne église byzantine en musée.

Chef du parti islamo-conservateur, le Parti de la justice et du développement (AKP), le «sultan» Erdogan porte depuis des années l’ambition de récupérer Sainte-Sophie, qui fut pendant un millénaire la plus grande basilique chrétienne dans le monde et, avant la conquête ottomane, le siège du Patriarcat oecuménique, sachant qu’une telle mesure fortifierait sa base électorale dans les milieux islamistes.

Sans oublier qu’il s’est senti humilié l’an dernier par son pire revers électoral en 17 ans: la défaite de son candidat à la mairie d’Istanbul, l’ancien Premier ministre Binali Yildirim, de l’AKP.

La «prise» de Sainte-Sophie sonne pour Erdogan comme une revanche, lui qui fait vibrer à chaque occasion la fibre nationaliste turque, affirmant que «l’ouverture au culte de la mosquée Sainte-Sophie est une question interne de la Turquie», que c’est «le symbole de la conquête d’Istanbul, là où le sultan ottoman Mehmet II le Conquérant a fait la première prière du vendredi après avoir conquis la ville!»

«Sainte-Sophie et Kariye Camii (monastère de Chora, ndlr) sont la propriété de la Turquie, et toute décision les concernant relève des affaires intérieures de la Turquie. Les décisions prises ou à prendre ne relèvent pas de la responsabilité des autres pays», a martelé pour sa part Hami Aksoy, porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.

Il répondait ainsi aux «graves inquiétudes» américaines exprimées dans le rapport 2020 de la Commission des Etats-Unis pour la liberté religieuse dans le monde (USCIRF), qui a placé la Turquie sur sa Liste de surveillance spéciale (SWL). Et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, cofondateur de l’AKP, de marteler à son tour que Kariye Camii, tout comme Sainte-Sophie, «ce n’est pas l’affaire d’autres pays, c’est une question de souveraineté nationale!» (Info-Turk, 21 août 2020)


Armenian cemetery in Ankara 'damaged by treasure hunters, contractors'

Peoples' Democratic Party (HDP) MP Garo Paylan has submitted a parliamentary question to Minister of Culture and Tourism Mehmet Nuri Ersoy about the photos showing the damage on an Armenian cemetery in Sincan, Ankara, the capital.

He noted that the Stanoz Armenian Cemetery was declared a protected area in the 1990s and added, "This area's loot by treasure hunters and contractors deeply upset the Armenian community in Turkey and all our conscious citizens."

He asked the following questions to the minister:

Why don't you protect Ankara Stanoz Armenian Cemetery?

Do you have a plan to protect the numerous Armenian cemeteries in the country?

Have you had an attempt to catch the treasure hunters, who loot the Stanoz Armenian Cemetery?
Stanoz Armenian Cemetery

Located in the Zir Valley in the Sincan district's Yenikent neighborhood, the cemetery has a second-degree protection area status.

A part of the cemetery, which has agricultural lands next to it is also used as a picnic area. The barbed wires put by the Sincan Municipality to protect the cemetery are removed and cemetery's land is added to the land of the vineyard houses in the valley.

The barbed wires around the cemetery pulled by the Sincan Municipality in recent years have been removed and added to the land of the vineyard houses built in the valley.

Photographs of human bones coming out of places dug by treasure hunters in the cemetery have been seen on social media many times.
(BIA, 20 August 2020)

Politique intérieure/Interior Politics

'Is the new police unit authorized to track dissidents?'

Main opposition Republican People's Party (CHP) İstanbul MP Sezgin Tanrıkulu has submitted a parliamentary question about a new police unit established in İstanbul.

The İstanbul Reinforcement Ready Forces Directorate was founded with a Presidential Decree by Recep Tayyip Erdoğan on August 20.

The new unit will directly report to the General Directorate of Security rather than the İstanbul Provincial Security Directorate. The general directorate stated on Saturday (August 22) that the reinforcement force will help the authorities taking measures "in every kind of social events," and participate in search and rescue operations.

The first Reinforcement Ready Forces Directorate was founded in 2018 in Ankara, the capital.

Minister of Interior Süleyman Soylu had said the new unit would prevent "time loss" and "save costs" for the security units.

MP Tanrıkulu asked Minister of Interior Süleyman Soylu, "What is the purpose of the establishment of the Reinforcement Ready Forces Directorate?" and "In what ways does it differ from the purpose of establishment and the field of work of the riot police?"

He asked whether the allegations that the reinforcement unit will be authorized to track citizens and politicians who are against the Justice and Development Party (AKP) government were true.

Tanrıkulu also asked the following questions:

"How many police officers have been assigned under the Reinforcement Ready Forces Directorate?

"From which areas of expertise are the personnel to be assigned selected?

"Will there be a public statement about all the allegations mentioned?"
(BIA, 24 August 2020)

Les ambitions d'Erdogan mettent de l'eau dans le gaz

Forages gaziers unilatéraux, discours martial, déploiement de navires militaires: les démonstrations de force de la Turquie en Méditerranée orientale s'ancrent dans une stratégie baptisée "patrie bleue" visant à établir sa souveraineté sur des zones disputées.

Craignant d'être exclu du partage des immenses réserves de gaz naturel de la région, Ankara a déployé le 10 août des bâtiments de guerre dans une zone revendiquée par la Grèce, provoquant une escalade des tensions avec Athènes et l'inquiétude de l'Europe.

Signe que la crise n'est pas finie, le président Recep Tayyip Erdogan, galvanisé par la découverte d'un important gisement gazier en mer Noire, a annoncé vendredi que son pays allait accélérer les recherches en Méditerranée orientale.

Ce "n'est pas seulement un combat pour nos droits, mais un combat pour notre avenir" qui se joue, a résumé M. Erdogan. "La défense de notre +patrie bleue+ est aussi importante que celle de notre territoire", a-t-il ajouté.

Théorisée par le contre-amiral Cem Gürdeniz, la "patrie bleue" est une doctrine qui encourage Ankara à imposer sa souveraineté sur une zone de 462.000 km2 en mer Noire, Egée et Méditerranée.

Elle est jugée nécessaire à "sa prospérité, sa sécurité et, même, son bonheur", explique à l'AFP le militaire aujourd'hui retraité.

Si M. Gürdeniz a créé l'expression "patrie bleue" en 2006, M. Erdogan ne l'utilise que depuis quelques mois, dans un contexte d'exacerbation du sentiment nationaliste après une tentative de putsch en 2016.

- L'île de la discorde -

Réfutant toute accusation d'expansionnisme, la Turquie soutient qu'elle ne réclame que ce qui lui revient de droit face aux revendications maritimes de la Grèce et de Chypre qu'elle juge démesurées.

Ankara rejette notamment toute prétention des îles grecques situées au large des côtes turques à une zone économique exclusive, estimant que cela reviendrait à "emprisonner la Turquie à l'intérieur de ses rivages".

La petite île grecque de Kastellorizo, située à deux kilomètres au large d'Antalya (sud), cristallise la colère turque.

Selon Athènes, les eaux entourant cette île sont sous souveraineté grecque, ce qui priverait Ankara de dizaines de milliers de km2 de mer riche en gaz.
"C'est risible", s'esclaffe le contre-amiral Gürdeniz, ajoutant, visage sérieux: "C'est une ligne rouge".

C'est précisément au sud de ce territoire que la Turquie a déployé ses navires le 10 août.

La découverte d'importants gisements gaziers ces dernières années n'a fait qu'aggraver un différend ancien qui empoisonne les relations entre Ankara et ses voisins grec et chypriote.

- "Enchères" -

"C'est un problème que la plupart des gouvernements de la région ont délibérément ignoré, car trop difficile à régler", souligne Muzaffer Senel, enseignant en relations internationales à l'Université Sehir à Istanbul.

L'emboîtement d'îles grecques dans le littoral turc et la rivalité entre Ankara et Athènes "rendent la situation extrêmement complexe", abonde Felicity G. Attard, spécialiste de droit maritime international à l'Université de Malte.
La partition de Chypre complique aussi l'équation, selon elle : au nord, se trouve une République turcophone non-reconnue par la communauté internationale, qui revendique une zone économique exclusive admise uniquement par Ankara.

Mais pour M. Senel, la Turquie est consciente que ses revendications maritimes sont inacceptables pour la Grèce. Et si M. Erdogan défend publiquement sa "patrie bleue", c'est pour "annoncer sa position de départ avant des négociations".

"La +patrie bleue+ n'est pas un objectif réaliste", note un diplomate occidental, jugeant qu'Ankara "fait monter les enchères avant des tractations".

- "Situation volatile" -

Pour les experts, les coups de force de la Turquie traduisent aussi son isolement en Méditerranée orientale, où elle est en froid avec presque tous ses voisins.

Pour donner du poids à ses revendications, Ankara a signé, en novembre 2019, un accord de délimitation maritime avec le gouvernement officiel libyen en échange d'une aide militaire, suscitant la colère d'Athènes.

Ankara investit aussi de façon importante dans la marine et doit mettre en service son premier porte-hélicoptères d'ici la fin de l'année.

"La situation est volatile et toute erreur de calcul pourrait avoir de graves conséquences", note le diplomate occidental.

M. Erdogan "est pragmatique et sait que prolonger les tensions serait mauvais" ajoute-t-il, en citant la menace de sanctions économiques.

Mais selon M. Gürdeniz, Ankara défendra ses revendications maritimes coûte que coûte. "Même si des sanctions ou un embargo sont imposés à la Turquie, elle n'abandonnera pas".
(ANF, 23 août 2020)

Forces armées/Armed Forces

Manoeuvres militaires rivales en Méditerranée orientale

Malgré les appels à la désescalade, des manoeuvres militaires rivales ont eu lieu mercredi en Méditerranée orientale, dans un contexte de tensions croissantes entre la Turquie et la Grèce, toutes deux membres de l'Otan, qui se disputent des zones maritimes riches en hydrocarbures.

D'un côté, des navires de guerre turcs ont procédé à des exercices *avec un destroyer américain, selon le ministère turc de la Défense.

De l'autre, "Chypre, la Grèce, la France et l'Italie se sont mises d'accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l'Initiative quadripartite de coopération (QUAD)", a annoncé le ministère grec de la Défense.

Ces manoeuvres ont commencé mercredi et doivent durer jusqu'à vendredi dans le sud et le sud-ouest de Chypre, selon une source militaire.

Elles interviennent en plein accroissement des tensions entre la Turquie et la Grèce en Méditerranée orientale, où la découverte d'importants gisements gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux pays voisins concernant leurs frontières maritimes.

Depuis le 10 août, le bâtiment sismique turc Oruç Reis accompagné d'une escorte navale se trouve dans cette zone, provoquant l'ire d'Athènes qui a répliqué en envoyant sur place des bâtiments.

La France a averti Ankara que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer "un terrain de jeu" pour des "ambitions" nationales.

"Le respect du droit international doit être la règle et non l'exception", a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly dans un tweet.

En dépit des appels à la désescalade en provenance de l'Europe, des Etats-Unis et de l'Otan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt tenu dans un discours des propos au vitriol.

Il a averti que la Turquie ne ferait "aucune concession" pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale, appelant ses "interlocuteurs" à "se garder de toute erreur" qui mènerait à leur "ruine", dans une allusion à la Grèce qu'il n'a pas nommée.

- Athènes sur "le qui-vive" -

"Nos forces armées restent sur le qui-vive", a de son côté prévenu le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis devant le parlement, "la Grèce est aussi forte sur le terrain qu'elle l'est dans le dialogue".

Le gouvernement grec attend que du président Erdogan qu'il "montre ce qu'il a dit à nos partenaires européens (...) c'est-à-dire qu'il amorce une désescalade dans sa rhétorique et dans ses actes", selon son porte-parole Stelios Petsas.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est dit "préoccupé par la situation en Méditerranée orientale", exhortant lui aussi à "la désescalade" et au "dialogue".

"Nous devons trouver un moyen de régler cette situation (...) sur la base de l'esprit de solidarité entre alliés et du droit international", a-t-il lancé.

Pour le ministère chypriote de la Défense, "les tensions et les tentatives de déstabilisation en Méditerranée orientale (...) ont atteint leur pic".

Dans le cadre de sa mission de médiation entre Ankara et Athènes, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, avait prévenu mardi que "la moindre étincelle pouvait conduire à une catastrophe".

"Personne ne veut régler ce différend par des moyens militaires", avait souligné le ministre allemand, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

La petite île grecque de Kastellorizo, située à deux kilomètres des côtes turques, cristallise la colère d'Ankara.

Selon Athènes, les eaux l'entourant sont sous souveraineté grecque, ce qui priverait Ankara de dizaines de milliers de km2 de zones maritimes riches en gaz.

Ankara réclame "un partage équitable des eaux en Méditerranée" et s'est dit prêt mardi à "un dialogue sans conditions préalables" avec la Grèce, qui, pour sa part, s'est dite disposée à dialoguer "mais pas sous les menaces".

- Déploiement "planifié" -

"Ceux qui veulent s'opposer à nous et qui sont prêts à en payer le prix, qu'ils le fassent. Sinon, qu'ils s'écartent de notre chemin", a encore averti le président Erdogan mercredi.

Selon le ministère turc de la Défense, "la frégate turque TCG Barbaros et la corvette TCG Burgazada ont effectué des manoeuvres d'entraînement militaire avec le contre-torpilleur américain USS Winston S. Churchill", le même qui avait participé à un exercice avec la Grèce lundi.

De son côté, la France a engagé trois avions de chasse Rafale, une frégate et un hélicoptère dans les manoeuvres communes, selon la ministre des Armées.

Les Italiens ont quant à eux engagé dans ces opérations une frégate, les Grecs une frégate et des moyens héliportés tandis que Chypre a déployé des moyens héliportés et un patrouilleur, selon le ministère français.

"Il y a une volonté de ces pays (...) de renforcer leur présence et de réaffirmer à la fois le droit international et la liberté de navigation", a précisé le ministère, selon lequel ce déploiement est "planifié depuis un certain temps".

Le différend gréco-turc sera à l'ordre du jour d'un conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE jeudi et vendredi à Berlin.
(AFP, 26 août 2020)

Algérie: un ex-cadre militaire, extradé par Ankara, poursuivi pour trahison

Un ancien cadre militaire algérien, proche de l'ex-chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, est poursuivi pour haute trahison après avoir été extradé par la Turquie, a annoncé mardi soir le ministère de la Défense dans un communiqué.

L'adjudant-chef à la retraite Guermit Bounouira a été placé en détention provisoire par le parquet militaire de Blida, près d'Alger, en compagnie d'un autre accusé, le commandant Hichem Darouiche, est-il précisé dans le communiqué.

Par ailleurs, un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre d'un troisième gradé, le général à la retraite Ghali Belksir, ancien patron de la Gendarmerie nationale, qui est en fuite, dans le cadre de la même affaire.

Les trois militaires sont accusés de "possession d'informations et de documents secrets pour les remettre à des agents d'un pays étranger".

M. Bounouira, ancien secrétaire particulier du général Ahmed Gaïd Salah, avait été livré le 30 juillet aux autorités algériennes par la Turquie, où il s'était enfui. Ex-chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah est décédé d'une crise cardiaque le 23 décembre 2019.

Selon les médias algériens, M. Bounouira aurait tenté de "négocier sa naturalisation (en Turquie, NDLR) contre des documents qu'il aurait subtilisés du coffre-fort" d'Ahmed Gaïd Salah.

Selon ces mêmes sources, il aurait quitté le pays avec son épouse et ses deux enfants le 5 mars.

De nombreux officiers algériens sont poursuivis ou ont récemment été condamnés par la justice militaire pour corruption.
(AFP, 11 août 2020)

La Turquie remet à Alger un ex-cadre militaire en fuite

La Turquie a remis à l'Algérie un ancien cadre militaire algérien en fuite, proche de l'ex-chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, ont indiqué dimanche dans un communiqué les services de sécurité, précisant qu'il serait déféré lundi devant la justice.

"L'adjudant-chef à la retraite Guermit Bounouira, qui avait fui le pays, a été remis jeudi aux autorités" algériennes par les autorités turques, selon le communiqué, diffusé par l'agence officielle APS.

Il doit comparaître lundi devant un juge d'instruction militaire à Blida, près d'Alger. Mais les chefs d'accusation n'ont pas été divulgués.

Selon des médias algériens, M. Bounouira a été le secrétaire particulier du général Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d'état-major et vice-ministre de la Défense qui est décédé d'une crise cardiaque le 23 décembre 2019.

M. Bounouira aurait, selon des médias locaux, tenté de "négocier sa naturalisation (en Turquie, NDLR) contre des documents qu'il aurait subtilisés du coffre-fort" d'Ahmed Gaïd Salah.

Selon ces mêmes sources, il aurait quitté le pays avec son épouse et ses deux enfants le 5 mars.

De nombreux officiers supérieurs algériens sont poursuivis ou ont été condamnés par la justice militaire pour corruption.
(AFP, 2 août 2020)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Une jihadiste française de 59 ans renvoyée par la Turquie et incarcérée

Une jihadiste française de 59 ans a été mise en examen et incarcérée lundi dans la foulée de son expulsion par la Turquie après plus de six années passées en zone irako-syrienne, a-t-on appris jeudi de sources concordantes, confirmant une information de L'Express.

Pascale Reymonenq, qui était visée par un mandat d'arrêt de la justice antiterroriste française, avait été arrêtée avant l'été dans une zone tenue par les forces turques dans le nord de la Syrie.

Elle avait quitté la France en 2013 pour rejoindre un homme dans les zones de combat jihadistes, a précisé la source judiciaire.

Arrivée lundi en France, elle a été immédiatement présentée à un juge d'instruction, qui l'a mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", avant d'être placée en détention provisoire, a indiqué cette source.

Joint par l'AFP, son avocat Xavier Nogueras n'a pas souhaité réagir.

L'expulsion de Pascale Reymonenq s'est déroulée dans le cadre du "protocole Cazeneuve", du nom de l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste (2014-2016).

Signé en 2014, cet accord de coopération policière entre Paris et Ankara permet que des jihadistes de retour de Syrie via la Turquie soient expulsés vers la France et immédiatement arrêtés à leur retour.

En juillet, 281 personnes sont revenues au titre de ce protocole, a précisé une source proche du dossier.

Plusieurs femmes et leurs enfants sont actuellement aux mains des autorités turques et pourraient être prochainement expulsées en vertu de ce protocole, a indiqué une autre source proche du dossier.

Parmi elles se trouve Emilie Khiari, une femme de 28 ans environ arrêtée par les forces turques en même temps que Pascale Reymonenq. Toutes deux auraient été un temps retenues aux mains de l'Armée syrienne libre.

Emilie Khiari, issue de la filière jihadiste d'Albertville (Savoie), a été condamnée le 25 juin en son absence à 20 ans de réclusion criminelle par une cour d'assises spéciale. En cas de retour en France, elle pourra demander à être rejugée.
(AFP, 20 août 2020)

Les musulmans d'Athènes craignent de pâtir de "l'incident" Sainte-Sophie

A Athènes, seule capitale européenne privée de mosquée, la communauté musulmane redoute que la reconversion de l'ancienne basilique Sainte-Sophie d'Istanbul ne retarde encore l'inauguration sans cesse repoussée d'une mosquée officielle, attendue à l'automne.

"Après cet incident, il pourrait être encore plus difficile d'ouvrir la mosquée officielle à Athènes qu'on attend déjà depuis une dizaine d'années", confie à l'AFP l'imam Atta-ul Naseer.

Durant la récente fête de l'Aïd, une dizaine d'hommes, portant des masques en tissu pour cause de pandémie de coronavirus, pénètrent dans le lieu de culte officieux que l'imam dirige, dans un appartement près de la gare Larissis d'Athènes.

Les fidèles peuvent y étudier dans une bibliothèque remplie de corans en différentes langues, et y prier dans une salle couverte de tapis orientaux de couleur.

Le projet d'ouvrir une mosquée officielle à Athènes, seule capitale européenne à en être dépourvue, a été lancé en 2007. Mais il s'est immédiatement heurté à une très forte opposition de la puissante Église orthodoxe grecque et aux groupes nationalistes.

Après moult reports, la construction, sans minaret et sous la supervision de l'État grec, devrait finalement ouvrir aux fidèles d'ici la fin de l'automne dans l'ancien quartier industriel d'Elaionas, au nord-est d'Athènes, selon le ministère de l'Education et du Culte.

Mais la décision, le 10 juillet, du président turc Recep Tayyip Erdogan de rendre au culte musulman l'ancienne basilique byzantine Sainte-Sophie à Istanbul, risque encore de retarder son ouverture, craignent les religieux musulmans d'Athènes.

"De la même manière que les chrétiens attendent de Sainte-Sophie qu'elle reste une église, les musulmans attendent qu'une mosquée reste une mosquée. Elle ne doit pas devenir une église ou autre chose", estime l'imam Atta-ul Naseer.

Pour le représentant religieux originaire du Pakistan, une mosquée comme celle de la place Monastiraki, au coeur du quartier touristique du centre d'Athènes, qui a été transformée en musée, aurait pu servir de lieu de culte officiel, comme l'avait souhaité le président turc.

- "Le musulman assimilé à l'envahisseur turc" -

Mais le sujet est délicat dans un pays qui a été occupé par l'Empire ottoman pendant des siècles, avant de reconquérir son indépendance au XIXe siècle.

En Grèce, le sentiment anti-turc reste fort et les tensions actuelles entre les deux pays sur les questions migratoires et de forage en Méditerranée orientale, ne font que le renforcer.

"Dans l'esprit des Grecs, le musulman est encore assimilé à l'envahisseur turc et le contexte actuel tendu entre les deux pays pourrait être néfaste aux musulmans qui habitent en Grèce", déplore l'imam pakistanais.

Installé depuis sept ans en Grèce, lui et ses fidèles ont dû affronter le racisme et parfois même la violence de certains militants néo-nazis d'Aube dorée. "Mais en général la cohabitation entre chrétiens et musulmans est paisible", assure-t-il.

- En attendant, ils prient dans des caves -

En attendant sa mosquée, la communauté musulmane d'Athènes, forte de près de 300.000 personnes, en majorité des migrants installés depuis une vingtaine d'années, prie dans des appartements, des caves ou des hangars.

Afin de réguler l'essor de salles de prière non officielles, l'État grec fournit des permis de fonctionnement.

Pour en bénéficier, les lieux de culte doivent notamment déclarer le nom du chef religieux et son parcours, le nombre de fidèles rattachés à la mosquée, les ressources financières. L'édifice doit également répondre aux normes sécuritaires, disposer d'un système d'alarme anti-incendie, de sanitaires, d'une issue de secours...

"Les démarches sont compliquées et prennent du temps. Peu de mosquées -cinq seulement- ont en fait obtenu des autorisations du ministère", explique l'imam.

Dans le quartier pakistanais d'Athènes, derrière une porte verte de la rue commerçante d'Eschilou, se cache la mosquée Al Jabbar.

L'imam bangladais Abu Bakr montre à l'AFP le document obtenu auprès du ministère de l'Éducation et des Cultes, collé sur le mur à l'entrée: "depuis 2017, nous opérons en toute légalité", dit-il fièrement.

"La mosquée officielle que l'État grec veut ouvrir est loin du centre d'Athènes où vivent de nombreux réfugiés musulmans et ne peut accueillir de toutes façons que 350 personnes", dit-il. "D'autres mosquées comme la nôtre resteront donc nécessaires pour les musulmans qui souhaitent pratiquer leur foi à Athènes", souligne l'imam.

En Grèce, les seules mosquées datant de l'époque ottomane qui fonctionnent encore, sont situées dans la région frontalière avec la Turquie, en Thrace, où vit une minorité turque de 150.000 personnes.
(AFP, 6 août 2020)

Turkey uses ISIS to threaten international security

The head of the office of the Displaced and Refugees Affairs in the Autonomous Administration of North and East of Syria explained that what happened in Al-Hol camp proves Turkey's relationship with ISIS mercenaries that was the main crossing point for its entry into Syria, and a step to threaten international security, and said, "It is the responsibility of the international community to block Turkey's blackmail and the Turkish occupation. "

Since the outbreak of the Syrian crisis and the emergence of ISIS mercenaries and other radical mercenary groups, Turkey has endeavored in every way to support and benefit from terrorism in Syria, to pass its plans and agendas in the region.

Recently, the official Turkish media and spokesperson for the Justice and Development Party in Turkey revealed that Turkish intelligence managed to smuggle a Moldovan citizen and her 4 children from the families of ISIS mercenaries from Al-Hol camp.

Al-Hol camp that is located 45 km east of the city of AL-Hasakah, is one of the most dangerous camps in the world, because it houses more than 40 thousand ISIS women and their children, who entered the camp after the SDF defeated the terrorist organization on the last ISIS strongholds in Al-Baghuz in Deir ez-Zor countryside.

Top officials of the Turkey were receiving the Moldovan mother that is called Natalia Barkal and her family that that travelled in the accompany of her husband to Syria before 2013 and was smuggled with the help of the Turkish intelligence; all this proves that Turkey is the key supporter of the ISIS and the terrorist factions in Syria and other countries of the world.

What happened in Al-Hol camp is evidence of the strong Turkey- ISIS mercenaries relationship

The AANES issued a statement on July 17th, where it held Turkey responsible for smuggling and receiving ISIS mercenaries, and providing clear and hidden support for its cells deployed in the region, and hindering the efforts of the international coalition and the SDF in combating it.

"What Turkey did at al-Hol camp is not new to the Turkish state and ISIS mercenary cells, as it gives clear evidence of the strong relationship between the two sides," says Sheikhamus Ahmad, head of the Office of Displaced and Refugees in the AANES.

Turkey is the source of ISIS mercenaries

Since 2011 thousands of mercenaries entered into Syria through the official Turkish border gates and other roads. Most of them are foreign mercenaries who initially joined (Jabhat al-Nusra) and later to ISIS mercenaries after its announcement.

Ahmed explained that the Turkish state uses refugees and mercenary groups to threatens the international community and European countries "The Turkish state is the source of ISIS mercenary cells, Turkey is sending them to Libya, Armenia and all parts of the world."

The head of the External Relations Department, Abdel Karim Omar, during a meeting with the Hawar News Agency, considered that the recognition by the Turkish agencies of smuggling a Moldovan woman and 4 children was "solid evidence of her involvement in the relationship with ISIS mercenary cells."

Eliminating the autonomous administration and a democratic nation

Ahmed pointed out during his speech that "the Turkish state is the primary successor to build ISIS mercenaries that aim to eliminate the project of AANES and the project of the democratic nation. Therefore, it moves the ISIS mercenary cells and strengthens them and restructures them again in the regions of northeast Syria in general, and Al-Hol camp in particular, the mini-ISIS mercenaries state. "

The international community must stand up to Turkish plans

This direct support for ISIS mercenaries pose a threat on the security and stability of the entire world as well as northeast of Syria. The Turkish state blackmails all countries through these mercenary groups.

Turkey is currently using relief organizations to smuggle foreign ISIS women, and send them to European and other countries to target the peoples of those countries.

Security sources at Al-Hol camp told our agency that the so-called Turkish Humanitarian Relief and Human Rights and Freedoms (IHH) is operating under the guise of a charitable organization to smuggle ISIS women with foreign nationalities, use them as pressure cards, and send them to their countries, in a move that threatens European security because the majority of women are European women.

Security sources familiarized themselves with the ISIS confessions, noting that the money that reaches those who are trying to escape comes from Turkey through Turkish Turkmen ISIS organizing campaigns called "charity" in Turkey, and they collect the money with the aim of smuggling families who do not have a financial source.

Sheikhimos Ahmed, head of the Office for Displaced and Refugees Affairs stressed that it is the responsibility of the international community to stand up to this blackmail and the plans of the Turkish occupation and fulfill the promises it made, especially in the recent period, and added, "What Turkey is doing is a threat to the Arab and the world as a whole".
(hawarnews.com, 22 Jul 2020)

Fête du sacrifice: La deuxième prière à cimeterre à Sainte-Sophie

Plusieurs milliers de musulmans ont pris part vendredi 31 juillet à la première prière de la Fête du sacrifice organisée dans l'ex-basilique Sainte-Sophie depuis la reconversion en mosquée de cet édifice emblématique d'Istanbul.

L'événement alarmant de la journée était une fois de plus le show guerrier du chef de l'Autorité religieuse (Diyanet) Ali Erbas qui, pendant son prêche, tenait un cimeterre symbolisant la conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453.

Le chef du Parlement Mustafa Sentop a également participé à cette première prière de la Fête du sacrifice Sainte-Sophie depuis 86 ans.

Œuvre architecturale majeure construite au 6ème siècle, Sainte-Sophie a été une basilique byzantine avant d'être convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453.

En 1934, le président de la République Atatürk a converti le monument en musée afin d'en faire le symbole d'une Turquie laïque.

Mais le 10 juillet dernier, le président Recep Tayyip Erdogan a décidé de rendre l'édifice au culte musulman, dans la foulée d'une décision de justice révoquant son statut de musée.

Cette mesure a suscité la colère de la Grèce, pays voisin de la Turquie qui suit de près le devenir du patrimoine byzantin. Le pape François s'est aussi dit «très affligé».
(AFP, 31 juillet 2020)


Socio-économique / Socio-economic

La Turquie prolonge ses recherches gazières, l'escalade continue

La Turquie a annoncé jeudi de nouvelles manoeuvres militaires en Méditerranée orientale et l'extension de ses recherches dans une zone riche en hydrocarbures, faisant fi des appels européens à apaiser les tensions avec la Grèce.

Face à cette escalade marquée par les manoeuvres militaires rivales la veille de la Grèce et de la Turquie en Méditerranée, l'Allemagne, qui s'efforce de calmer les esprits par une médiation, a plaidé jeudi pour une "solution diplomatique".

Mais, sur le terrain, l'heure est aux tambours de guerre : la marine turque a annoncé que le navire sismique Oruç Reis, dont la mission devait prendre fin jeudi, effectuerait des recherches d'hydrocarbures dans une zone revendiquée par la Grèce jusqu'au 1er septembre.

C'est justement le déploiement de l'Oruç Reis et de son escorte militaire au sud de l'île grecque de Kastellorizo, le 10 août, qui a suscité l'ire d'Athènes et déclenché l'accroissement des tensions toujours en cours.

L'extension des opérations de l'Oruç Reis permet de voir "qui veut une désescalade et qui ne la souhaite pas et qui prétend vouloir un dialogue et qui le souhaite vraiment", a commenté une source diplomatique grecque.

Dans une indication que les tensions vont durer, le Parlement grec a ratifié jeudi soir un accord bilatéral sur la délimitation des zones maritimes entre la Grèce et l'Egypte en Méditerranée orientale, qui suscite la colère de la Turquie.

Ce texte est en effet considéré comme une riposte à un accord turco-libyen signé fin 2019 autorisant Ankara à accéder à des eaux revendiquées par la Grèce.

- Exercices de tir -

Dans un signe de défiance, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a assuré jeudi que l'exploration gazière d'Ankara durerait "aussi longtemps" que "nécessaire".

La marine turque a aussi annoncé jeudi qu'elle procèderait à des "exercices de tir" les 1er et 2 septembre au large d'Iskenderun, dans une zone située au nord-est de l'île de Chypre.

Mais ces manoeuvres n'inquiètent pas Athènes car elles se déroulent loin de la Grèce, a dit une source militaire grecque à l'AFP.

Face à cette situation volatile, les manoeuvres militaires rivales "doivent cesser" pour permettre le dialogue entre Athènes et Ankara, a déclaré jeudi le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

"Les parties ne vont pas s'asseoir à la même table alors que des bâtiments de guerre se font face" dans la région, a regretté M. Haas au début d'une réunion des ministres européens qui se prolongera vendredi.

Le président américain Donald Trump s'est entretenu au téléphone mercredi avec le chef d'Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

A M. Erdogan, il a exprimé son inquiétude à propos de "la hausse des tensions" entre la Grèce et la Turquie, toutes deux alliées au sein de l'Otan, selon la Maison Blanche.

M. Mitsotakis a affirmé qu'Athènes était prêt à une "désescalade significative à condition que la Turquie arrête immédiatement ses actions de provocation".

- "Caïds" -

Le différend sur les frontières maritimes entre la Turquie et la Grèce est ancien, mais il a pris une toute autre dimension avec la découverte, depuis une décennie, d'immenses réserves de gaz naturel en Méditerranée orientale.

Ankara exprime régulièrement son agacement au sujet de l'intervention des pays européens, en particulier de la France, et des Etats-Unis dans son contentieux avec la Grèce.

Le ministre turc de la Défense a ainsi accusé jeudi la France de contribuer à l'escalade en déployant des avions de guerre à Chypre pour exprimer son soutien à Athènes.

"Le temps des caïds est révolu. Vous n'avez aucune chance d'obtenir quoi que ce soit de nous en agissant de la sorte", a affirmé M. Akar, qui a en outre appelé la Grèce à un dialogue direct avec la Turquie.

"Nos voisins grecs devraient savoir qu'ils ne pourront rien obtenir en appelant les pays comme la France (...) Nous, les Turcs et les Grecs, devons régler nos problèmes nous-mêmes par le dialogue".

La Grèce a plusieurs fois réclamé, sans succès, des "sanctions" de l'Europe à l'encontre de la Turquie.
 Athènes pourrait reformuler sa demande à l'occasion de la réunion jeudi et vendredi des 27 de l'UE à Berlin.
(AFP, 27 août 2020)

Un important gisement découvert en mer Noire, annonce Erdogan

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi que la Turquie avait découvert en mer Noire "le plus grand" gisement de gaz naturel "de son histoire", ajoutant que son pays allait intensifier ses recherches en Méditerranée orientale malgré les tensions.

Cette annonce intervient alors que la Turquie multiplie depuis plusieurs années les efforts pour s'imposer comme un acteur énergétique majeur dans la région et réduire sa dépendance aux importations d'hydrocarbures qui plombent sa fragile économie.

Les réserves dévoilées vendredi ne suffiront pas à faire de la Turquie un exportateur majeur, mais elles pourraient encourager Ankara à poursuivre ses recherches maritimes qui ont causé des frictions avec les pays voisins en Méditerranée.

"La Turquie a fait en mer Noire la plus grande découverte de gaz naturel de son histoire", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Istanbul, précisant que ces réserves étaient estimées à 320 milliards de mètres cubes.

Le chef de l'Etat turc a assuré que cette découverte était d'une "importance historique pour l'avenir" de la Turquie, qui dépend quasi exclusivement des importations, notamment russes, pour satisfaire son appétit énergétique croissant.

"Dieu nous a ouvert une porte vers des richesses inédites", s'est-il enthousiasmé. "Notre objectif est de mettre le gaz de la mer Noire au service de notre nation dès 2023", année du centenaire de la République turque, a-t-il poursuivi.

M. Erdogan a précisé que la découverte avait été faite le mois dernier dans le puits d'exploration Tuna-1 par le navire de forage Fatih ("le conquérant", en turc).

Les premières indications "laissent penser que le gisement découvert fait partie d'une réserve bien plus importante", a ajouté le chef de l'Etat turc, sans autre détail.

- "Pas mal" -

La Turquie consomme chaque année entre 45 et 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel, presque entièrement importé. Cela représente environ 11 milliards d'euros, selon l'autorité régulatrice des marchés énergétiques (EPDK).

La découverte annoncée vendredi "n'est pas mal du tout, mais cela ne change pas la donne non plus", a relativisé sur Twitter Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau à Ankara de l'institut américain German Marshall Fund.

"Bien que relativement modeste par rapport à d'autres gisements de gaz naturel dans le monde, celui-ci va aider la Turquie à réduire sa facture énergétique", a souligné le cabinet Capital Economics dans une note.

"Cela dit, il y a des raisons d'être prudent. Il faudra du temps pour installer les infrastructures nécessaires à l'extraction du gaz", a-t-il ajouté.

Le président Erdogan avait suscité l'attente en affirmant mercredi qu'il annoncerait vendredi une "grande nouvelle".

Les marchés ont cependant semblé quelque peu déçus, certaines fuites dans la presse jeudi ayant mentionné un volume de gaz plus de deux fois supérieur à celui annoncé vendredi.

La livre turque était ainsi en légère baisse face au dollar après le discours de M. Erdogan, s'échangeant à 7,34 contre un billet vert.

- Forages en Méditerranée -

Le président turc a par ailleurs affirmé que la Turquie allait accélérer dans les prochains mois ses recherches d'hydrocarbures en Méditerranée orientale, faisant fi des appels de l'Union européenne à la désescalade dans un contexte de tensions croissantes.

"Nous allons accélérer nos opérations en Méditerranée avec le déploiement en fin d'année du (navire de forage) Kanuni, qui est actuellement en maintenance", a déclaré M. Erdogan, ajoutant qu'il espérait y "faire des découvertes semblables" à celle annoncée vendredi.

Un autre navire de forage et plusieurs navires de recherche sismique turcs sont déjà déployés dans des zones de la Méditerranée orientale disputées entre la Turquie, la Grèce et Chypre.

Il y a deux semaines, Ankara a envoyé le navire de recherche Oruç Reis, escorté par des bâtiments de guerre, dans une zone revendiquée par la Grèce, déclenchant une escalade des tensions.

La découverte ces dernières années d'importants gisements gaziers en Méditerranée orientale a suscité l'appétit des pays riverains.

Se sentant exclu du partage, Ankara a multiplié les forages unilatéraux, s'attirant les foudres de ses voisins et de l'UE.
(AFP, 21 août 2020)

Gaz: Ankara annonce une extension de ses recherches en Méditerranée

La Turquie a annoncé dimanche qu'elle allait prolonger ses recherches de gisements gaziers dans une zone disputée de la Méditerranée orientale, faisant fi des appels de l'Union européenne à la désescalade.

Dans une notice maritime (Navtex) publiée dans la nuit de samedi à dimanche, la marine turque indique que le navire de forage Yavuz, déployé au large de Chypre depuis plusieurs mois, mènera des recherches au sud-ouest de l'île du 18 août au 15 septembre.

"Nous déconseillons fermement de se rendre dans la zone de recherche", met en garde la marine turque dans ce message.

L'annonce de l'extension de ces opérations intervient dans un contexte de tensions croissantes en Méditerranée orientale, où la découverte ces dernières années d'importants gisements gaziers a aiguisé l'appétit de la Turquie.

La semaine dernière, Ankara a déployé le navire de recherche sismique Oruç Reis, escorté par des bâtiments de guerre, dans une zone revendiquée par la Grèce, suscitant la colère d'Athènes et la préoccupation de l'UE.

L'Oruç Reis, qui a été déployé entre Chypre et l'île grecque de Crète, doit mener ses opérations jusqu'au 23 août.
 Réagissant à l'annonce turque dimanche, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé Ankara à cesser "immédiatement" ses recherches de gisements gaziers.

L'extension des activités turques au large de Chypre accroît "regrettablement les tensions et l'insécurité", a ajouté M. Borrell dans un communiqué.

Ces tensions ont par ailleurs été au coeur d'une rencontre dimanche en République dominicaine entre le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.

Lors de leur entretien, les deux ministres ont parlé du "besoin urgent de réduire les tensions en Méditerranée orientale", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué.

Lors d'un point presse après cette rencontre, M. Cavusoglu a affirmé qu'Ankara allait "continuer de défendre ses intérêts".

Vendredi, les ministres des Affaires étrangères des pays européens s'étaient réunis à Bruxelles pour appeler à la désescalade.
 La France, dont les rapports avec la Turquie se sont tendus ces derniers mois, a renforcé jeudi sa présence militaire en Méditerranée orientale pour soutenir Athènes.

Dans ce contexte de crispations, le président Recep Tayyip Erdogan s'est dit samedi prêt à dialoguer, tout en soulignant que son pays ne reculerait "pas devant les sanctions et menaces".

Dimanche, le ministère turc de la Défense a par ailleurs publié des photos de manoeuvres navales en Méditerranée orientale. Ces images montrent des navires de guerre en train d'escorter un autre navire de recherche sismique turc, le Barbaros Hayrettin Pasa.
(AFP, 16 août 2020)


Colère après la "restauration" au marteau-piqueur d'un monument historique

Le gouvernement turc a été vivement critiqué mercredi après la publication d'une vidéo montrant des ouvriers en train de démolir au marteau-piqueur un mur dans la Tour de Galata, un monument emblématique d'Istanbul construit au 14ème siècle.

Ces images, filmées avec un téléphone et diffusées par la municipalité d'Istanbul, montrent deux ouvriers creusant un mur au marteau-piqueur à l'intérieur de la tour, fermée depuis plusieurs semaines pour des travaux de restauration pilotés par le ministère de la Culture.

"Une telle manière de procéder est insensée", a réagi le directeur du Département de l'héritage culturel à la mairie d'Istanbul, Mahir Polat, dénonçant un "acte de vandalisme dans l'un des monuments les plus importants" de la capitale économique turque.

La municipalité d'Istanbul, qui est dirigée par Ekrem Imamoglu, un opposant du président Recep Tayyip Erdogan, a indiqué qu'une plainte avait été déposée.

La vidéo a aussi suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux comme Twitter, où les mots "Tour de Galata" étaient parmi les plus partagés mercredi.

Signe de l'ampleur de la polémique, le ministre de la Culture et du Tourisme a été contraint de réagir pour tenter d'éteindre l'incendie.

"Les allégations selon lesquelles +des murs de la Tour de Galata ont été détruits+ sont infondées", a dit sur Twitter le ministre, Nuri Ersoy, affirmant que les murs démolis ne faisaient pas partie de la construction originale et avaient été "rajoutés plus tard".

"En ce qui concerne les procédés employés pour ces travaux de restauration, des sanctions ont été prises" contre les responsables du chantier, a-t-il néanmoins ajouté.

Plus haute construction de la ville lorsqu'elle a vu le jour en 1348, la Tour de Galata, érigée par les Génois, a été utilisée par les militaires pour surveiller le trafic maritime, puis a servi de poste d'observation pour repérer et signaler les incendies.
(AFP, 12 août 2020)

Erdogan annonce la reprise des recherches turques en Méditerranée

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé vendredi la reprise des recherches turques d'hydrocarbures dans une zone disputée de la Méditerranée orientale, au lendemain de la signature d'un accord maritime entre Athènes et Le Caire décrié par Ankara.

"Nous avons repris les activités de forage et avons, à ce propos, de nouveau envoyé le (navire de recherche sismique) Barbaros Hayrettin en mission", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Istanbul.

Ankara avait annoncé la semaine dernière la suspension de ses recherches en Méditerranée orientale pour entamer des négociations avec Athènes.

M. Erdogan a affirmé vendredi qu'il avait consenti à suspendre ces recherches à la demande de la chancelière allemande Angela Merkel afin de "faciliter" les discussions entre la Turquie et la Grèce, mais accusé Athènes de "ne pas tenir ses promesses".

Le président turc n'a pas fourni davantage de détails à ce sujet, mais l'annonce de la reprise des forages turcs intervient au lendemain de la signature d'un accord maritime entre l'Egypte et la Grèce.

Cet accord, qui vise à délimiter les frontières maritimes entre les deux pays, semble être une réponse directe à un accord similaire conclu en novembre dernier entre la Turquie et le gouvernement officiel libyen basé à Tripoli.

Ce pacte turco-libyen, aux termes duquel le territoire maritime de la Turquie est considérablement élargi, a suscité la colère de la plupart des pays situés en Méditerranée orientale, Grèce en tête.

Vendredi, M. Erdogan a affirmé que l'accord gréco-égyptien n'avait "aucune valeur", ajoutant que la Turquie "appliquerait avec détermination" son propre accord conclu avec le gouvernement libyen.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains, comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l'Egypte et Israël.

Les Turcs ont multiplié les forages exploratoires au large de Chypre, s'attirant les foudres de la plupart des pays de la région et de l'Union européenne qui dénoncent des activités "illégales".

Le mois dernier, le président français Emmanuel Macron a dénoncé la "violation" des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie en Méditerranée orientale, appelant à sanctionner Ankara.
(AFP, 7 août 2020)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Méditerranée orientale: l'UE menace Ankara de nouvelles sanctions

Le représentant de l'UE pour la diplomatie Josep Borrell a menacé vendredi Ankara de nouvelles sanctions, s'il n'y a pas de progrès dans le dialogue avec Athènes sur la crise en Méditerranée orientale.

"En l'absence de progrès de la part de la Turquie, nous pourrions établir une liste de nouvelles mesures restrictives" qui serait discutée au sommet de l'UE le 24 septembre, a dit M. Borrell, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres à Berlin.

Une menace accueillie froidement par Ankara: "Le recours de l'UE à la menace de sanctions n'aide pas à résoudre le problème", a dit le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, ajoutant que cela poussait au contraire son pays à être plus déterminé que jamais.

Les tensions entre Ankara et Athènes, qui se disputent certaines zones maritimes en Méditerranée orientale, riches en hydrocarbures, sont montées d'un cran cette semaine, avec des manoeuvres militaires rivales, incluant d'un côté des navires de guerre turcs et américains, et de l'autre des bâtiments grecs, chypriotes, français et italiens.

"Nous voulons donner une sérieuse chance au dialogue et j'apprécie énormément l'effort déployé par l'Allemagne --qui assure la présidence semestrielle de l'UE, ndlr-- pour trouver des solutions", a dit M. Borrell.

Mais étant donnée leur "frustration grandissante" face à l'attitude d'Ankara, les 27 ministres de l'UE se sont entendus pour sanctionner de nouvelles personnalités --dont les noms ont été suggérés par Chypre-- pour leur rôle dans les forages exploratoires turques dans les eaux revendiquées par l'île. Actuellement, seules deux personnes sont frappées de sanctions.

Questionné sur les "mesures restrictives" contre la Turquie qui pourraient être discutées au sommet de l'UE le 24 septembre, M. Borrell a déclaré que cela pouvait par exemple être une interdiction d'utilisation des ports de l'UE ou une saisie éventuelle de navires impliqués dans les forages.

Des sanctions visant des secteurs entiers de l'économie turque pourraient également être envisagées, a-t-il dit, mais il a indiqué qu'elles seraient décidées seulement dans le cas où celles ciblant les forages s'avéraient inefficaces.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères grec Nikos Dendias a déclaré aux médias grecs: "Je pense que la partie grecque a obtenu ce qu'elle pouvait, c'est-à-dire des sanctions possibles si la Turquie ne choisit pas la désescalade et ne revient pas au dialogue".

"J'espère que la Turquie va revenir à la raison, cesser les provocations, les actions arbitraires et arrêter de violer le droit international", a-t-il ajouté.

La crise creuse en outre un fossé entre membres de l'Otan. Lors d'une conversation téléphonique vendredi avec M. Erdogan, le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg a mis l'accent sur la nécéssité du "dialogue" et de la "désescalade", selon un tweet.

M. Erdogan a répondu à M. Stoltenberg que "l'Otan devrait remplir ses responsabilités contre des initiatives unilatérales qui ne respectent pas les lois internationales et nuisent à la paix régionale", selon la présidence turque.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté assuré vouloir "réengager un dialogue oisitif" avec la Turquie mais avec des "préalables". "Ces dernières années, la stratégie qui a été celle de la Turquie n'est pas la stratégie d'un allié de l'Otan", a souligné le président Macron.

Il a indiquer "assumer complètement" la déploiement par la France mi-août de deux navires de guerre et deux avions Rafale pour soutenir la Grèce.

"Nous n'avons pas déployé une armada en Méditerranée orientale mais nous avons simplement dit que nous considérons que les déploiements faits (par la Turquie, ndlr) sont une provocation", a ajouté le président français.
(AFP, 28 août 2020)

The EU faces ‘brain death’ over Turkey

By Alexandra Brzozowski | EURACTIV.com,  Aug 25, 2020

Turkey has long been the ‘hot potato’ of EU foreign policy, but these days, it is rapidly turning into a really serious problem that cannot be swept under the carpet.

As a brief reminder: Despite being a NATO member, Ankara has bought Russian air defence, blocked the alliance’s Eastern defence plans, and engaged in a Greek-Turkish showdown in the Eastern Mediterranean which has nearly led to armed conflicts with France and Greece.

On Monday (24 August) Athens bluntly dismissed Turkey’s stated intention to start a dialogue and defuse tensions over gas drilling in the Eastern Mediterranean, saying Ankara is not reliable.

“Under the state of blackmail, one cannot start a dialogue,” Greek media quoted government sources as saying.

In turn, Turkish President Recep Tayyip Erdogan responded by saying his navy will not back down as Greece “sows chaos” in the eastern Mediterranean Sea, where the countries have deployed frigates and escalated war-mongering rhetoric, fuelled by conflicting views of the extent of their continental shelves in waters dotted with mostly Greek islands.

Of Greece’s EU and NATO partners, only France has shown full support and sent ships to the Eastern Mediterranean, angering Ankara even further and leading to a French-Turkish naval incident.

However, none of the other NATO members have so far been able or willing to decisively mediate and solve the dispute.

Although it started a ‘reflection’ process about how the alliance deals with everyday business, the alliance still has not found a solution for how to cope with its increasingly rogue member, Turkey.

Last year, French President Emmanuel Macron complained that NATO was ‘brain dead’ following US President Trump’s decision to withdraw troops from Syria.

A similar fate appears to be awaiting the EU if it continues to tolerate Turkish aggressive behaviour.

Although EU foreign ministers have offered rhetorical support to Greece and condemned Ankara’s actions, no substantive action has followed, while a decision might be taken at an EU foreign ministers’ presidency meeting in Berlin this week.

So far, EU officials have been too reluctant to utter the word ‘sanctions’ in relation to Turkey, though they sanctioned Russia for invading Ukraine and Georgia and are close to doing the same for Lukashenko’s regime in Belarus.

In July, EU’s chief diplomat Josep Borrell met Turkey’s Foreign Minister Mevlut Çavuşoğlu, who publicly threatened the EU with retaliation if sanctions are imposed on Ankara. The threat was met with a diplomatic appeal for dialogue.

“The precondition is that Turkey has to stop its illegal actions, it would open a whole avenue for dialogue,” a senior EU official said on the eve of the informal EU foreign affairs ministerial in Berlin.

It is not clear what measures the EU could take against Turkey.

The phrase ‘range of options’ can go both ways: either there is no unanimity for any of them, or there is a portfolio which could be gradually escalated once a concrete decision has been made.

For sure, unanimity for sectoral sanctions against Turkish banks, as Athens has requested, remains a pipe dream, though it is clear that “discreet” diplomacy toward Turkey, which countries like Spain have championed so far has not worked.

“Unanimity depends on the level of ambition,” the EU official said.

At the same time, Germany’s role in the recent discussions has led some to question its true intentions in the region.

Some pundits are suggesting Berlin’s reluctance to go stronger on sanctions is motivated by fears that sanctions might jeopardise the EU’s migration deal with Ankara, or harm Germany’s not insignificant economic interests in Turkey.

But no matter the motivation, the question remains the same. How far can Turkey challenge the EU and NATO before the bloc shows resolve and acts firmly?

The Roundup

The protests to unseat Belarus’ authoritarian President Alexander Lukashenko are neither pro- nor anti-Russian but a democratic revolution “for the right of the people to decide their own destiny,” the leader of the protests, Svetlana Tikhanovskaya, told an extraordinary meeting of the European Parliament’s foreign affairs committee on Tuesday (25 August).

Also have a look at the latest autumn policy forecast: In the wake of an “enlargement summit” in May that omitted the word enlargement altogether, the Western Balkans region is set to stay high on the Brussels agenda this autumn and possibly even mark one or two milestones in the drawn-out process.

The Greek government dismissed on Monday (24 August) Turkey’s stated intention to start a dialogue and de-escalate tensions over gas drillings activities in the Eastern Mediterranean, saying Ankara is not reliable.

Spanish health authorities confirmed that some 37,064 new COVID-19 cases had been recorded in the last week, a figure that has prompted hotspot regions to enforce new restrictions just two weeks before schools are scheduled to reopen, EURACTIV’s partner EFE reports.

Look out for…

EU defence ministers meet physically in Berlin for on informal meeting under the EU’s Council presidency with Commissioners Borrell, Breton and Vestager and NATO’s Secretary-General Jens Stoltenberg in attendance.

Merkel, Macron urge Turkey, Greece to resume direct talks

Germany's Chancellor Angella Merkel and President Emmanuel Macron of France called for de-escalation of tensions in the Eastern Mediterranean and said they would support diplomatic efforts to resolve maritime boundary disputes between Greece and Turkey.

Merkel reiterated her call on Athens and Ankara to resume direct talks to resolve their long-standing disputes and said Berlin and Paris would enhance their cooperation to facilitate a diplomatic solution.

"We need stability in the Eastern Mediterranean, not tensions. We are aware of the critical situation there. I am confident that if Germany and France join their forces, hopefully, we can find a good solution, which can make cooperation possible," Merkel told a joint news conference Macron, following their meeting at Macron's presidential mansion of Fort de Bregancon on the Mediterranean coast.

Merkel also underlined that it was important to maintain unity among EU member states, and demonstrate solidarity with EU members Greece and the Greek Cypriot administration.

Meanwhile, Macron renewed his criticism of Turkey, but also expressed readiness to promote a constructive dialogue among all states in the Eastern Mediterranean, including Turkey, to de-escalate tensions and resolve current disputes.

He also argued that recent diplomatic initiatives of Germany and France on the Eastern Mediterranean were not contradictory but complementary, and said they were pursuing the same goals, such as supporting the sovereign rights of EU member states and protecting stability in the region.

He underlined the importance of Merkel's diplomatic initiative and said Paris will support Berlin's efforts.
(BIA, 21 August 2020)

Pour Macron, la politique d'Erdogan est "un facteur de déstabilisation" de l'Europe

Emmanuel Macron considère que la politique du président turc Recep Tayyip Erdogan est "une politique expansionniste qui mêle nationalisme et islamisme, qui n'est pas compatible avec les intérêts européens" et "facteur de déstabilisation", dans un entretien paru jeudi dans Paris Match.

"L'Europe doit voir les choses en face et s'assumer. Je ne suis pas pour l'escalade. Mais, symétriquement, je ne crois pas dans une diplomatie impuissante. On a envoyé le signal que la solidarité européenne avait un sens", ajoute le chef de l'Etat français, qui doit recevoir jeudi la chancelière allemande Angela Merkel au Fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var), la résidence estivale des présidents français.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié mercredi de "piraterie" les activités des pays opposés à la Turquie en Méditerranée, où les recherches d'hydrocarbures menées unilatéralement par Ankara ont provoqué de vives tensions, notamment avec la Grèce, qui revendique la zone.

Sans la nommer, M. Erdogan s'en est aussi pris à la France, au moment où les relations entre Ankara et Paris sont tendues.

La France avait annoncé la semaine dernière avoir déployé en Méditerranée orientale deux navires de guerre et deux avions en signe de soutien à Athènes, ce qui avait provoqué une certaine irritation du gouvernement allemand, bien que l'Elysée affirme qu'"il n'y a pas de contradiction sur le fond".

M. Erdogan s'est toutefois dit prêt à dialoguer, soulignant qu'il attendait de ses interlocuteurs "des pas qui pourraient réduire les tensions".

Pour Emmanuel Macron, qui affirme ne pas avoir "un rapport univoque avec la Turquie", "la France est une puissance méditerranéenne".

"Je suis un des rares dirigeants européens à avoir reçu Erdogan ces dernières années, à Paris, en janvier 2018. Beaucoup me l'ont reproché. C'est sans doute un des dirigeants avec lequel j'ai passé le plus de temps en conversation. Je suis moi-même allé le revoir en septembre 2018 à Istanbul, et j'ai pris l'initiative d'un sommet conjoint de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni avec la Turquie, à Londres, en décembre 2019", fait encore valoir le président français.
(AFP, 19 août 2020)

L'UE appelle Ankara à cesser "immédiatement" ses recherches de gaz

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a appelé dimanche Ankara à cesser "immédiatement" ses recherches de gisements gaziers en Méditerranée, après l'annonce par la Turquie d'une extension de ses activités de forage.

L'annonce d'Ankara accroît "regrettablement les tensions et l'insécurité", souligne Josep Borrell dans un communiqué publié par ses services.

Sur fond de tensions en Méditerranée orientale, cette annonce "sape les efforts pour reprendre le dialogue et les négociations" et s'oppose à la désescalade qui est "la seule voie vers la stabilité et des solutions durables comme l'ont redit les ministres des Affaires étrangères vendredi", lors d'une réunion à distance des chefs de la diplomatie des Etats membres.

Josep Borrell, est-il ajouté, "appelle les autorités turques à cesser ces activités immédiatement et à s'engager de bonne foi et totalement dans un large dialogue avec l'Union européenne".

La Turquie a annoncé dimanche qu'elle allait prolonger ses recherches de gisements gaziers dans une zone disputée de la Méditerranée orientale, faisant fi des appels de l'UE à une baisse des tensions dans cette zone.

Dans une notice maritime (Navtex) publiée dans la nuit de samedi à dimanche, la marine turque indique que le navire de forage Yavuz, déployé au large de Chypre depuis plusieurs mois, mènera des recherches au sud-ouest de l'île du 18 août au 15 septembre.

Lors de la réunion de vendredi, les ministres des 27 Etats membres ont appelé la Turquie à une "désescalade immédiate et un réengagement dans le dialogue".

Josep Borrell a été mandaté en juillet pour préparer des "mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie".

Il s'est engagé à soumettre différentes options aux ministres lors de leur réunion à Berlin fin août. L'unanimité est requise pour adopter des sanctions.
(AFP, 16 août 2020)

L'UE sanctionne le régime au Bélarus et cherche l'apaisement avec Ankara

L'Union européenne a décidé vendredi de sanctionner la répression au Bélarus après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko et cherché l'apaisement avec la Turquie.

"L'UE va maintenant lancer un processus de sanctions contre les responsables des violences, arrestations et fraudes liées à l'élection" présidentielle au Bélarus, a annoncé la ministre des Affaires étrangères suédoise, Ann Linde, à l'issue d'une vidéoconférence avec ses homologues.

"Nous assistons à un terrorisme d'État au Bélarus. C'est clairement inacceptable en Europe au XXIe siècle", a dénoncé le chef de la diplomatie du Luxembourg Jean Asselborn.

La France est "pleinement engagée sur le principe de sanctions individuelles ciblées et le soutien aux droits et aux libertés du peuple biélorusse", a assuré le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune dans un message sur son compte twitter.

Une liste de personnes accusées d'avoir organisé et procédé à la répression au Bélarus va être établie et elle sera soumise pour approbation aux Etats membres.

Le Bélarus est toujours sous le coup d'un embargo sur les ventes d'armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression. Quatre personnes sont déjà interdites de séjour dans l'UE et leurs avoirs ont été gelés depuis 2016. Les nouveaux noms s'ajouteront à cette liste.

L'UE veut forcer le président Loukachenko à s'engager sur un plan de médiation en trois points proposé par la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, voisins du Bélarus.

La Pologne a préconisé vendredi l'organisation de nouvelles élections. "Elles doivent être équitables, avec des observateurs d'autres pays", a demandé le Premier ministre Mateusz Morawiecki.

Minsk s'est dit prêt à un "dialogue constructif" et a commencé à relâcher des centaines de personnes arrêtées depuis lundi. Tous les témoignages dénoncent l'extrême brutalité de la répression menée par les forces spéciales du régime.

L'opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie après avoir contesté la victoire d'Alexandre Loukachenko, a appelé vendredi à des "manifestations pacifiques" dans son pays durant le week-end.

- Solidarité avec la Grèce

La discussion sur les contentieux avec Ankara a été plus complexe. Les ministres ont affiché leur solidarité avec la Grèce dans son différend avec la Turquie et ont décidé de revenir sur le sujet lors de leur prochaine réunion les 27 et 28 août à Berlin.

Un appel à été lancé à la Turquie pour "une désescalade immédiate et un réengagement dans le dialogue", a annoncé le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell.

"Je tiens à dire ma satisfaction de la condamnation du comportement illégal de la Turquie et du soutien exprimé à nouveau par nos partenaires à l'égard de la Grèce et de Chypre", a déclaré le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias.

La réunion a toutefois été marquée par une prise de distance de Berlin avec la décision de la France de déployer des moyens militaires en Grèce pour adresser un avertissement à Ankara.

L'Allemagne redoute une nouvelle crise migratoire en Grèce si la Turquie ouvre ses portes aux millions de migrants et réfugiés syriens bloqués sur son territoire.

Les contentieux entre l'UE et la Turquie se sont multipliés au cours des derniers mois. L'un d'eux est la délimitation du plateau continental entre la Grèce et la Turquie. Les forages turcs au large de Chypre sont un deuxième sujet de discorde. Les violations par la Turquie de l'embargo de l'ONU contre la Libye, un troisième.

L'arrivée du navire de recherche sismique turc Oruç Reis, sous escorte de bâtiments militaires, au large de l'île grecque de Kastellorizo, dans le sud-est de la mer Egée, une zone considérée riche en gisements d'hydrocarbures, est le dernier épisode de l'escalade de la tension entre la Grèce et la Turquie.

La situation a été jugée "très sérieuse" par Josep Borrell, en raison des risques d'affrontement.

L'Espagnol a été mandaté en juillet pour préparer des "mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie".

Il s'est engagé à soumettre différentes options aux ministres lors de leur réunion à Berlin. L'unanimité est requise pour adopter des sanctions.
(AFP, 14 août 2020)

La Turquie accuse la France de se comporter "comme un caïd" en Méditerranée

La Turquie a accusé vendredi la France de se comporter en "caïd" en Méditerranée orientale et adressé une sévère mise en garde à la Grèce, renforçant l'inquiétude des pays européens qui ont appelé à la désescalade.

La situation en Méditerranée orientale est explosive depuis l'envoi lundi par Ankara d'un navire de recherche sismique, escorté par des bâtiments militaires, dans une zone riche en gisements gaziers revendiquée par Athènes.

Au lendemain du déploiement par Paris de navires et d'avions de guerre en Méditerranée orientale pour afficher son soutien à Athènes dans cette crise, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a accusé la France d'agir "en caïd".

"La France, en particulier, devrait cesser de prendre des mesures qui accentuent les tensions", a déclaré M. Cavusoglu, dans un contexte de crispations croissantes entre Ankara et Paris liées à la situation en Méditerranée, mais aussi à la Libye et à la Syrie.

Préoccupée, l'Union européenne a réuni vendredi les ministres des Affaires étrangères de ses pays membres pour afficher sa solidarité avec la Grèce, en plus de discuter de la situation au Bélarus.

Les ministres européens ont appelé à une "solution négociée" et à la "désescalade", tout en décidant de discuter à nouveau de la situation lors d'une prochaine réunion fin août, selon plusieurs responsables.

- Menace de "représailles" -

Signe de la volatilité de la situation, Ankara a affirmé vendredi avoir riposté à une tentative d'agression contre son navire sismique, l'Oruç Reis.

Un navire militaire turc d'escorte "leur a donné la réponse appropriée et ils sont retournés dans leur port", a assuré vendredi M. Erdogan, sans fournir davantage de détail. "Si cela continue, il y aura des représailles", a-t-il ajouté.

Le quotidien grec Kathimerini a rapporté vendredi qu'une collision s'était produite mercredi entre une frégate grecque et un bâtiment turc, mais l'état-major grec n'a pas confirmé cet incident.

Le président français Emmanuel Macron, qui n'a pas répondu aux dernières attaques d'Ankara, a assuré vendredi sur Twitter que la France avait des "vues convergentes sur la situation en Méditerranée" avec les Etats-Unis et les Emirats arabes unis.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est d'ailleurs entretenu à Vienne avec son homologue grec Nikos Dendias du "besoin urgent de réduire les tensions en Méditerranée orientale", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué.

En parallèle de ses déclarations de fermeté, la Turquie a aussi adopté vendredi une attitude qui se voulait conciliante.

Vendredi, le chef de la diplomatie turque a ainsi assuré que son pays ne "souhaitait pas l'escalade" et était partisan d'un "dialogue apaisé".

Et le ministre de la Défense Hulusi Akar a affirmé que la Turquie espérait que des discussions entre experts grecs et turcs pourraient se tenir à Ankara.

- "Adoucir"-

Dans un effort de médiation, la chancelière allemande Angela Merkel s'est entretenue jeudi avec le chef de l'Etat turc et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

M. Erdogan a déclaré qu'il avait affirmé à Mme Merkel que le navire sismique continuerait ses recherches jusqu'au 23 août, ajoutant toutefois avoir accepté des discussions après cette date pour "adoucir les choses".

Ankara avait déjà annoncé la semaine dernière avoir suspendu ses recherches gazières à la demande de Berlin, avant de les reprendre quelques jours plus tard.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, deux pays voisins aux relations régulièrement ponctuées de crises.

Athènes dénonce une violation de son territoire maritime par Ankara, dont le navire sismique a été déployé au sud de l'île grecque de Kastellorizo.

Mais la Turquie refuse d'admettre que la présence de cette petite île située à deux km des côtes turques et plus de 500 km d'Athènes limite sa marge de manoeuvre.

Pour tenter d'appuyer ses revendications en Méditerranée orientale, la Turquie a signé l'an dernier un accord controversé de délimitation maritime avec le gouvernement officiel libyen, basé à Tripoli.

Cependant, dans une tentative de contrer Ankara, la Grèce a conclu la semaine dernière un accord similaire avec l'Egypte, suscitant l'ire du gouvernement turc.
(AFP, 14 août 2020)

Macron appelle au dialogue et renforce la présence militaire française

Emmanuel Macron a appelé mercredi la Grèce et la Turquie à se concerter davantage pour apaiser les tensions en Méditerranée orientale, où il a annoncé un renforcement de la présence militaire française, selon l'Elysée.

Au cours d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le chef de l'Etat a de nouveau fait "part de sa préoccupation au sujet des tensions provoquées par les décisions unilatérales de la Turquie en matière d'exploration pétrolière, qui doivent cesser pour permettre un dialogue apaisé entre pays voisins et alliés au sein de l'Otan", indique la présidence dans un communiqué.

"Rappelant l'importance de régler les différends actuels par le dialogue", il "a souligné la nécessité d'une plus grande concertation entre la Grèce et la Turquie et a salué à cet égard l'initiative de médiation engagée par l'Allemagne", ajoute le texte.

"Afin de mieux apprécier la situation dans cette région de la Méditerranée et marquer sa volonté de faire respecter le droit international, le président a décidé de renforcer temporairement la présence militaire française en Méditerranée orientale dans les prochains jours, en coopération avec les partenaires européens, dont la Grèce", conclut le communiqué.

L'Elysée n'était pas en mesure de donner, dans l'immédiat, des détails sur ce renforcement de la présence française.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, pays voisins et alliés au sein de l'Otan, aux relations régulièrement ponctuées de crises.

La situation s'est détériorée lundi après le déploiement par Ankara d'un navire de recherche sismique, escorté par des bâtiments militaires, dans le sud-est de la mer Égée, une zone de la Méditerranée disputée et riche en gisements gaziers. La marine grecque est également présente dans la zone pour "surveiller" les activités turques, selon Athènes.
(AFP, 12 août 2020)

Projet de sommet européen les 24-25 septembre: Turquie au menu

Un sommet européen extraordinaire est planifié les 24 et 25 septembre pour permettre aux dirigeants de l'Union européenne de faire le point sur leurs difficiles relations avec la Chine et la Turquie, a-t-on appris jeudi de sources européennes.

Le sommet sera officiellement confirmé si les dates conviennent aux Etats membres, a-t-on précisé.

La réunion devrait réunir physiquement les dirigeants de l'UE, si les conditions le permettent. Mais les règles de distanciation
imposées pour éviter tout risque de contamination par le Covid-19 vont empêcher d'organiser une salle de presse, a-t-on précisé.

Ce sommet doit permettre aux dirigeants européens de discuter de tous les sujets qui n'ont pas été abordés depuis le début de la crise économique provoquée par la pandémie. Ils devraient toutefois faire un point sur les négociations avec le Parlement européen pour permettre l'adoption du budget pour la période 2021-2027 et sur le processus de ratification du plan de relance engagé dans chacun des Etats. La capacité d'emprunt doit en effet être approuvée par les Parlements nationaux des 27 pays membres.

Ils devront par ailleurs se prononcer sur la stratégie politique et économique vis-à-vis de la Chine après le report d'un sommet extraordinaire UE-Chine prévu en septembre à Leipzig, en Allemagne, qui devait réunir le président chinois XI Jinping et les dirigeants des 27 pays de l'UE.

Les relations se sont tendues avec Pékin depuis l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi sécuritaire imposée à Hong Kong et la décision de la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam, nommée par Pékin, de reporter d'un an les élections législatives prévues dans le territoire et de disqualifier les candidats de opposition.

Les dirigeants européens doivent également décider de la conduite à tenir vis-à-vis de la politique de confrontation menée par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Des sanctions sont à l'étude pour contraindre Ankara à respecter l'embargo imposé par les Nations unies sur les ventes d'armes à la Libye et à cesser les forages illégaux réalisés dans la zone économique maritime de Chypre.

Le président turc est par ailleurs accusé de violer les droits de l'homme dans son pays et sa décision de transformer en mosquée l'ex-basilique Sainte-Sophie, un haut lieu de l'orthodoxie, est vécue comme une "provocation" en Grèce.

Michel Barnier devrait enfin informer les dirigeants européens de l'état des discussions avec les Britanniques sur la relation avec le Royaume-Uni après le Brexit. Les négociations auront repris depuis le 17 août, avec plusieurs séances de travail, et une séance de négociation est prévue du 28 septembre au 2 octobre à Bruxelles.
(AFP, 6 août 2020)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Des critiques passées de Biden contre Erdogan suscitent la colère d'Ankara

La Turquie a exprimé sa colère dimanche après la publication d'une vidéo virale dans laquelle le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden critique le président Recep Tayyip Erdogan et appelle à soutenir ses opposants.

M. Biden a tenu ces propos lors d'un entretien filmé avec le New York Times en décembre, mais la vidéo le montrant en train de critiquer le gouvernement turc a refait surface samedi, embrasant les réseaux sociaux.
 Interrogé au sujet de la Turquie, le candidat démocrate qualifiait M. Erdogan d'"autocrate", dénonçait sa politique envers les Kurdes et préconisait de soutenir l'opposition.

"Nous devrions avoir une approche très différente avec lui, faire comprendre clairement que nous soutenons les leaders de l'opposition", déclarait notamment M. Biden.

Il faut, expliquait-il, "enhardir" les rivaux du dirigeant turc "pour qu'ils puissent affronter et vaincre Erdogan. Pas par un coup d'Etat, pas par un coup d'Etat, mais par le processus électoral".

Si l'interview de M. Biden au New York Times n'avait pas suscité de réaction notable après sa publication en janvier en format écrit, la vidéo a provoqué un tollé en Turquie, où le gouvernement a vivement réagi.
 "L'analyse de la Turquie par Joe Biden est basée sur une ignorance pure, de l'arrogance et de l'hypocrisie", a ainsi dénoncé dimanche le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin.

"Les jours où la Turquie était menée à la baguette sont révolus. Mais si vous pensez pouvoir y arriver, tentez votre chance. Vous en paierez le prix", a-t-il ajouté sur Twitter.

- Embarras de l'opposition -

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a par ailleurs estimé que les déclarations de M. Biden sonnaient comme un aveu de l'implication de Washington dans un putsch manqué contre M. Erdogan le 15 juillet 2016, date où M. Biden était vice-président.

"Lorsqu'il insiste à deux reprises (sur l'expression +coup d'Etat+), moi je comprends ceci: +Nous avons déjà essayé un putsch dans le passé. Comme cela n'a pas marché, changeons de tactique+", a déclaré M. Cavusoglu.

Des responsables turcs accusent souvent, plus ou moins ouvertement, les Etats-Unis d'avoir soutenu le putsch manqué, ce que Washington dément catégoriquement.

Les déclarations de M. Biden ont par ailleurs plongé dans l'embarras l'opposition à M. Erdogan, qui accuse régulièrement ses rivaux d'être à la solde de puissances étrangères.

Plusieurs responsables du principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), ont d'ailleurs rapidement pris leurs distances, appelant à "respecter la souveraineté de la Turquie".

Les critiques de M. Biden présagent aussi une possible dégradation des relations entre Ankara et Washington, déjà difficiles, s'il parvient à défaire Donald Trump à la prochaine élection présidentielle américaine, en novembre.

M. Erdogan, qui s'est efforcé ces dernières années de cultiver une relation personnelle avec M. Trump, s'en prend souvent à son prédécesseur, Barack Obama.

Les rapports entre Ankara et Washington s'étaient tendus sous le deuxième mandat de M. Obama (2012-2016), en raison notamment de désaccords sur la Syrie et des atteintes croissantes aux libertés en Turquie.
(AFP, 16 août 2020)

Le Pentagone s'inquiète du déploiement militaire français en Méditerranée

Le Pentagone s'est inquiété jeudi du déploiement militaire français en Méditerranée orientale en soutien à la Grèce face aux revendications gazières de la Turquie, soulignant qu'il intervient dans un contexte "moins que coopératif" entre Paris et Ankara.

L'armée américaine est "bien évidemment préoccupée par les incidents qui se produisent en Méditerranée orientale", a indiqué un porte-parole du ministère américain de la Défense, Jonathan Hoffman.

La France et la Turquie sont "tous deux des alliés extrêmement important de l'Otan et nous voudrions voir les tensions diminuer", a ajouté M. Hoffman au cours d'un point de presse.

"Nous voudrions donc qu'ils continuent de coopérer et qu'ils trouvent des solutions qui n'impliquent pas la nécessité d'avoir des navires de guerre ou des avions déployés dans un environnement moins que coopératif", a-t-il conclu.

Dans un contexte de tensions croissantes entre la Turquie et la France, liées notamment à des intérêts divergents en Libye, la France a déployé temporairement deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale en Méditerranée orientale pour soutenir la Grèce dans son différend avec la Turquie sur l'exploration des ressources gazières en mer.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, aux relations régulièrement ponctuées de crises.

La situation s'est détériorée lundi après le déploiement par Ankara d'un navire d'exploration sous-marine, escorté par des bâtiments militaires, dans le sud-est de la mer Égée, une zone de la Méditerranée disputée et riche en gisements gaziers. La marine grecque est également présente dans la zone pour "surveiller" les activités turques, selon Athènes.
(AFP, 13 août 2020)

Turkish Aggression Is NATO’s ‘Elephant in the Room’

The warships were escorting a vessel suspected of smuggling weapons into Libya, violating a United Nations arms embargo. Challenged by a French naval frigate, the warships went to battle alert. Outnumbered and outgunned, the French frigate withdrew.

But this mid-June naval showdown in the Mediterranean was not a confrontation of enemies. The antagonists were France and Turkey, fellow members of NATO, sworn to protect one another.

A similarly hostile encounter between Turkey and a fellow NATO member happened just two weeks ago, when Turkish warplanes buzzed an area near the Greek island of Rhodes after Greek warships went on alert over Turkey’s intent to drill for undersea natural gas there.

Turkey — increasingly assertive, ambitious and authoritarian — has become “the elephant in the room” for NATO, European diplomats say. But it is a matter, they say, that few want to discuss.

A NATO member since 1952, Turkey is too big, powerful and strategically important — it is the crossroads of Europe and Asia — to allow an open confrontation, alliance officials suggest.

Turkey has dismissed any criticism of its behavior as unjustified. But some NATO ambassadors believe that Turkey now represents an open challenge to the group’s democratic values and its collective defense.

A more aggressive, nationalist and religious Turkey is increasingly at odds with its Western allies over Libya, Syria, Iraq, Russia and the energy resources of the eastern Mediterranean. Turkey’s tilt toward strongman rule after 17 years with President Recep Tayyip Erdogan at the helm also has unsettled other NATO members.

“It’s getting hard to describe Turkey as an ally of the U.S.,” said Philip H. Gordon, a foreign policy adviser and former assistant secretary of state who dealt with Turkey during the Obama administration.

NATO heads of government in London in December. Some of the group’s ambassadors believe Turkey represents an open challenge to NATO’s values and its collective defense.

Despite that, Turkey is getting a kind of free pass, analysts say, its path having been cleared by a lack of consistent U.S. leadership, exacerbated by President Trump’s contempt for NATO and his clear admiration for Mr. Erdogan.
(nytimes.com, Aug. 5, 2020)

Accord pétrolier entre les Kurdes de Syrie et une compagnie américaine

La Turquie a dénoncé lundi un accord pétrolier "inacceptable" conclu entre une compagnie pétrolière américaine et l'administration semi-autonome kurde dans le nord-est de la Syrie morcelée par la guerre, affirmant qu'il revenait à "financer le terrorisme".

L'immense majorité des champs pétroliers, dans l'est et le nord-est du pays, échappe toujours à Damas. Ils sont contrôlés essentiellement par les Kurdes --soutenus par des troupes américaines sur place--, qui en ont fait la principale source de revenus de leur administration semi-autonome.

Ni l'administration semi-autonome kurde ni les Forces démocratiques syriennes (FDS) n'ont communiqué sur ce dossier, alors qu'à Washington, des responsables ont confirmé un accord "pour moderniser les champs pétroliers du nord-est syrien" sans plus de détails.

Le ministère turc des Affaires étrangères a précisé dans un communiqué que l'accord avait été conclu avec la compagnie Delta Crescent Energy LLC.

"Nous regrettons le soutien américain à ce fait qui ignore le droit international (...) et qui concerne le financement du terrorisme", ajoute le communiqué, qualifiant l'accord d'"inacceptable".

L'armée turque mène régulièrement des opérations en Turquie contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par Ankara comme une organisation "terroriste".

Dimanche, le gouvernement syrien avait déjà condamné cet accord, dénonçant un "vol" et une atteinte à la souveraineté du pays.

Jeudi, lors d'une audience au Congrès américain à Washington, le sénateur Lindsey Graham a assuré avoir évoqué l'accord avec le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi.

"Apparemment ils ont signé un accord avec une compagnie pétrolière américaine pour moderniser les champs pétroliers du nord-est syrien", a-t-il dit.

Interrogé par M. Graham lors de cette audience, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a confirmé le soutien de Washington.

"L'accord a pris plus longtemps que ce que nous espérions, nous en sommes maintenant à sa mise en oeuvre. Il peut être très puissant", a-t-il ajouté.

La guerre meurtrière qui dévaste la Syrie depuis 2011 a coûté des dizaines de milliards de dollars au secteur des hydrocarbures.

Les combats ont parfois ravagé les infrastructures, cibles des convoitises des différents belligérants.
(AFP, 3 août 2020)

Relations régionales / Regional Relations

Avec la Turquie et l'Iran en amont, l'Irak et ses fleuves bientôt à sec?

L'Irak, le "pays entre les deux fleuves", pourrait bientôt être totalement sec. Chaque année, ses voisins turc et iranien construisent de nouveaux barrages en amont du Tigre, de l'Euphrate et de leurs affluents dont les cours ont perdu leur luxuriance légendaire depuis l'Antiquité.

C'est sûrement à Bassora, seule province côtière du pays, que la situation est la plus inquiétante. Là, parce que les flots des deux fleuves qui se rejoignent ne sont plus assez puissants, l'eau salée du Chatt al-Arab remonte du Golfe, inondant les cultures.

"La salinité a augmenté ces dernières années et elle tue les terres agricoles", affirme à l'AFP Abou Chaker, 70 ans, dont presque autant d'années passées à bichonner ses palmiers.

Si l'eau salée s'est soudainement mise à remonter de la mer vers les terres, c'est parce que l'Iran a hérissé ces dernières années son fleuve Karoun de barrages, détournant de nombreux affluents du Tigre.

Résultat, Abou Chaker et les agriculteurs des environs sont partis, abandonnant leurs terres imbibées de sel où pourrissent des palmiers morts.

- 'Tout est mort' -

"Avant, nos dattes se vendaient dans le Golfe et jusqu'aux Etats-Unis, mais aujourd'hui tout est mort", se lamente cet Irakien qui cultive désormais un petit lopin de terre un peu plus au nord, avec de l'eau du robinet, impropre à la consommation humaine tant elle est salée.

Le ministre des Ressources hydrauliques, Mehdi al-Hamdani, estime à 50% la réduction de la quantité d'eau arrivant en Irak depuis la constructions des barrages turcs et iraniens.

Son ministère assure à l'AFP avoir "un plan stratégique pour garantir la sécurité de l'Irak en eau jusqu'en 2035, avec pour pire scénario de pouvoir garantir uniquement l'eau de boisson en quantité suffisante pour tout le pays".

Il envisage même la construction à Makhoul, au nord de Bagdad, d'un immense barrage, "le plus grand projet depuis 2003" et la chute de Saddam Hussein durant l'invasion américaine, explique M. Hamdani.

Mais comme pour tous les grands projets en Irak, l'effort de guerre contre les jihadistes en 2014 puis la récente chute des prix du pétrole ont réduit les fonds disponibles pour les infrastructures.

Bassora, où durant l'été 2018 un empoisonnement de l'eau par la langue salée remontée du Chatt al-Arab avait envoyé plus de 100.000 personnes à l'hôpital, devra encore attendre.

- 'Pétrole contre eau' -

Beaucoup en Irak se demandent si le pays, qui avait trouvé dans les années 1990 une parade à l'embargo avec le programme "pétrole contre nourriture", ne devrait pas se lancer dans un nouveau "pétrole contre eau".

Les négociations a ce sujet avec Ankara, suspendues deux ans, ont repris avec le gouvernement de Moustafa al-Kazimi nommé en mai. Et même si M. Hamdani assure que cela n'a aucun impact sur les discussions, la Turquie mène actuellement une campagne de bombardements dans le nord de l'Irak.

De quoi réduire les chances de Bagdad de faire pression sur son voisin qui doit bientôt remplir son tout dernier barrage hydroélectrique, Ilisu, et pourrait transformer le Tigre irakien en un mince filet d'eau.

Côté iranien, le débit en amont des barrages de Doukan et de Darbandikhan au Kurdistan irakien a été drastiquement réduit "de 45 mètres cubes par seconde à sept mètres cubes et même à deux mètres cubes dans certains endroits", selon le ministère.

Face à ses deux puissances régionales influentes Irak, Bagdad est impuissante, accuse Mohammed al-Chlehaoui, patron des coopératives agricoles de Diwaniyah (sud).

- 'Guerre de l'eau' -

"La Turquie peut lancer la guerre de l'eau à tout moment, quand cela l'arrangera et sans prévenir l'Irak", assène-t-il.

Le pire se situe à l'horizon 2025-2030, dit-il: "à ce moment-là, le Tigre et l'Euphrate pourraient s'assécher et priver le pays de ses cultures et même de l'eau de boisson".

"L'Irak n'a qu'une seule solution: jouer la pression économique face à la Turquie", premier exportateur en Irak, avec près de 16 milliards de dollars de biens et de services vendus en 2019, préconise-t-il.

Car le temps presse. Une fois tous les projets hydrauliques turcs et iraniens terminés en 2035, cette quantité pourrait être réduite à 51 kilomètres cubes par an (51 milliards de mètres cubes).

Or, les besoins en eau des 40 millions d'Irakiens s'élèvent déjà à 71 kilomètres cubes. Et en 2035, selon les experts, la population dépassera les 50 millions.
(AFP, 26 août 2020)

En Syrie, les habitants assoiffés de Hassaké accusent Ankara de couper les vannes

Devant son domicile du nord-est de la Syrie, Cheikha Majid raconte que sa vie est devenue une quête interminable pour trouver de l'eau, depuis que la Turquie s'est emparée d'une station de pompage d'eau potable alimentant sa ville.

"Je passe mon temps à courir après des camions-citernes", résume cette grand-mère de 43 ans, qui souffre des pénuries d'eau depuis des mois à Hassaké, ville sous contrôle de l'administration semi-autonome kurde.

"Parfois, je dois quémander de l'eau à mes voisins", ajoute-t-elle.

L'inquiétude est d'autant plus vive que 394 cas de contamination au nouveau coronavirus --dont 26 décès-- ont été recensés dans les zones kurdes, dont des dizaines à Hassaké.

Les habitants de la région paient le prix fort d'un nouveau bras de fer entre les forces turques et les Kurdes.

L'armée turque et ses supplétifs syriens occupent depuis 2019 une bande frontalière de 120 kilomètres en Syrie, y compris la station d'Allouk qui fournit de l'eau potable à 460.000 personnes.

Pour les responsables kurdes et des analystes, Ankara utilise l'eau comme outil de pression afin d'obtenir davantage de courant électrique, fourni par les Kurdes, dans les zones qu'elles a conquises.

La Turquie dément. Le ministère turc de la Défense a encore affirmé le 6 août que la station d'Allouk faisait l'objet de travaux de maintenance et qu'Hassaké était toujours approvisionnée en eau.

Non, ont répliqué les Kurdes, inondant les réseaux sociaux de photos, avec commentaires à l'appui, assortis du mot-dièse "La soif étrangle Hassaké".

Les organisations humanitaires ont maintes fois mis en garde contre l'utilisation de l'eau à des fins politiques ou militaires au détriment des civils.

Et l'ONU a tiré la sonnette d'alarme dès le mois de mars, avertissant de retombées sanitaires et humanitaires graves.

Damas a aussi accusé lundi Ankara d'utiliser l'eau comme une "arme contre les civils syriens".

- 21 jours sans eau -

En août, les robinets sont restés à sec pendant 21 jours.

"La plupart du temps, nous nous baignons dans l'eau salée" des puits pour maintenir une hygiène de base, raconte Cheikha, qui vit avec ses sept enfants et deux petits-enfants.

Dans les rues étroites, des femmes et des enfants portent des bidons vides en attendant des livraisons d'eau. Une jeune fille remplit un réservoir sur un toit avec un long tuyau relié à un camion-citerne.

"Cette fois, cela a vraiment duré longtemps", déplore Mohamad Khatar, un habitant âgé. "Nous n'avons rien à voir avec la politique, tout ce que nous voulons, c'est manger du pain, boire de l'eau et travailler".

Ankara a coupé les vannes à huit reprises depuis l'automne, selon les Kurdes.

"Ils occupent nos terres et maintenant ils nous coupent l'eau", se lamente Saleh Fattah, 45 ans.

Les forces kurdes ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, aux côtés des Etats-Unis, mais Ankara les qualifie de "terroristes" pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla sanglante en Turquie depuis les années 1980.

Selon les responsables kurdes, un accord prévoyait après la dernière offensive qu'Ankara alimente la région en eau en contrepartie de l'acheminement du courant par les Kurdes.

Mais les pressions vont depuis crescendo pour "demander plus d'électricité", déplore Suzdar Ahmad, co-directeur de l'autorité hydraulique au sein de l'administration kurde.

- "Interminables" négociations -

"Depuis que les Turcs occupent Ras al-Ain, il y a eu d'interminables cycles de négociations sur les coupures d'eau", ajoute Aheen Sweid, codirectrice de l'autorité de l'énergie.

Cette fois, les Kurdes ont décidé de répliquer: le 13 août, ils ont coupé le courant dans cette région, indique-t-elle.

Les deux parties ont fini par négocier un accord via la Russie prévoyant un retour à la normale dès lundi à Hassaké.

Pour l'analyste Nicholas Heras, "s'emparer de la station d'Allouk était l'un des principaux objectifs de la campagne militaire turque" en octobre 2019.

"La Turquie veut utiliser l'eau comme moyen de pression pour retourner la population locale (...) contre les Forces démocratiques syriennes", alliance dominée par les combattants kurdes.

Et le rapport de force est largement à l'avantage d'Ankara qui a la "capacité de couper indéfiniment l'eau à plus d'un demi-million de personnes", explique-t-il. 
(AFP, 25 août 2020)

La Turquie accuse les Emirats de "trahir la cause palestinienne"

Ankara pourrait officiellement suspendre ses relations diplomatiques avec Abou Dhabi en réponse à un accord de normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël, dénoncé par la Turquie, a affirmé vendredi le président Recep Tayyip Erdogan.

"J'ai donné des instructions à notre ministre des Affaires étrangères, j'ai dit que nous pourrions suspendre nos relations diplomatiques avec le gouvernement d'Abou Dhabi ou bien rappeler notre ambassadeur", a déclaré M. Erdogan à la presse à Istanbul.

Plus tôt, le ministère turc des Affaires étrangères avait accusé les Emirats de "trahir la cause palestinienne" avec cet accord qui doit être signé dans trois semaines à Washington.

"L'Histoire et la conscience des peuples de la région n'oublieront pas cette hypocrisie et ne la pardonneront jamais", a estimé le ministère dans un communiqué.

Selon les Emirats, en échange de cet accord, Israël a accepté de "mettre fin à la poursuite de l'annexion des territoires palestiniens". Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a pas confirmé, évoquant un simple "report".

Ardent défenseur de la cause palestinienne, le président Erdogan critique régulièrement les pays arabes qu'il accuse de ne pas adopter une attitude suffisamment ferme face à Israël.

 La vive réaction d'Ankara intervient aussi au moment où les relations entre la Turquie et les Emirats arabes unis, deux rivaux régionaux, sont tendues.

Les deux pays s'opposent notamment en Libye, où ils soutiennent des camps opposés.
(AFP, 14 août 2020)

Bagdad en campagne diplomatique pour bouter les forces turques hors d'Irak

Bagdad a annoncé jeudi avoir contacté ses voisins et la Ligue arabe "pour tenir une position unie obligeant la Turquie à retirer" ses hommes d'Irak, où ils combattent le Parti des travailleurs kurdes (PKK, opposition kurde en Turquie).

Mardi, un drone turc a tué deux haut-gradés ainsi qu'un soldat irakiens, les premières victimes dans les rangs des forces irakiennes de l'opération "Griffes du Tigre" lancée en juin par la Turquie au Kurdistan d'Irak.

Un haut commandant du PKK a également été tué dans ce bombardement, a annoncé jeudi le PKK, confirmant que le drone avait visé une réunion entre combattants du Parti des travailleurs kurdes et garde-frontières irakiens.

Bagdad a convoqué mercredi pour la troisième fois en deux mois l'ambassadeur turc pour protester contre une "agression flagrante" et une "violation de (sa) souveraineté".

En face, Ankara répond invariablement lutter contre une organisation qu'elle considère comme "terroriste", à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.

L'ambassadeur turc à Bagdad, Fatih Yildiz, a publié jeudi sur Twitter un communiqué d'Ankara accusant l'Irak "de détourner le regard alors que des membres du PKK terroriste se trouvent sur son sol".

Le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein a de son côté annoncé avoir contacté ses homologues égyptien, jordanien, saoudien et koweïtien ainsi que le patron de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit.

Il a plaidé pour "d'importants efforts arabes pour éviter des développements dangereux (...) et tenir une position unie obligeant la Turquie à retirer ses forces qui se sont infiltrées en territoire irakien", ajoute un communiqué du ministère.

Une tâche qui s'annonce difficile, affirment les experts, car la Turquie possède depuis 25 ans une dizaine de postes militaires au Kurdistan irakien. Autant de positions qu'elle n'entend pas perdre et auxquelles elle aurait même ajouté de nouvelles implantations, selon des sources kurdes.

Bagdad a déjà annulé la visite du ministre turc de la Défense jeudi ainsi que "toutes les autres visites prévues entre les deux pays pour le moment", a annoncé le gouvernement.

Depuis le début, mi-juin, de l'opération "Griffes du tigre", au moins cinq civils ont été tués.

Ankara a annoncé la mort d'au moins sept de ses hommes et le PKK et ses alliés de 10 combattants et partisans.
(AFP, 13 août 2020)

Nouvelle visite du chef de la diplomatie turque à Tripoli

Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, s'est de nouveau rendu jeudi, pour la deuxième fois en quelques semaines, en Libye, où Ankara soutient activement le gouvernement d'union (GNA) reconnu par l'ONU face au pouvoir rival de l'Est libyen.

Le 17 juin, M. Cavusoglu était accompagné à Tripoli de son homologue des Finances et du chef des services de renseignement. Jeudi, il a effectué ce nouveau déplacement dans la capitale libyenne en compagnie du ministre maltais des Affaires étrangères, Evarist Bartolo, pour rencontrer notamment le chef du GNA, Fayez al-Sarraj.

Ce déplacement surprise, qui fait également suite à celui du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et du chef d'état-major, Yasar Guler, intervient alors que les tensions restent fortes sur ce dossier, malgré une pause dans les combats.

Les troupes de l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, ont tenté durant 14 mois, en vain, de prendre Tripoli, siège du GNA. Après une série de revers au début de l'été, les deux camps se font face près de Syrte, verrou entre l'ouest et l'est du pays.

"Même s'il n'y a pas de cessez-le-feu officiellement déclaré, le calme règne sur le terrain", a relevé devant la presse le chef de la diplomatie turque.

Mais "le problème en Libye subsiste", a poursuit M. Cavusoglu, qui s'exprimait devant des journalistes à l'issue de ses entretiens avec les responsables libyens.

Sur le plan militaire, pour qu'un cessez-le-feu soit "durable", le GNA, "gouvernement légitime" de la Libye, doit pouvoir étendre son contrôle sur Syrte (450 km à l'est de Tripoli) et Joufra, plus au sud, où se trouve une importante base aérienne, aujourd'hui toutes deux sous le contrôle des pro-Haftar, a encore argué M. Cavusoglu.

Dans le même temps, les Libyens, qui ont grandement souffert des combats autour de Tripoli -- plusieurs centaines de personnes ont été tuées et quelque 200.000 autres déplacées --, "ont besoin de services, comme l'électricité, l'eau, les services municipaux, les transports publics", a-t-il souligné.

Dans un communiqué distinct, le GNA a de son côté mentionné avoir évoqué avec le chef de la diplomatie maltaise la perspective de la reprise de vols avec cette île méditerranéenne voisine.

La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Depuis la fin 2019, le GNA bénéficie d'un soutien militaire accru -- et décisif dans la bataille de Tripoli -- de la Turquie. M. Haftar est lui appuyé par l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Russie.
(AFP, 6 août 2020)

Libye : la Turquie s'en prend aux Emirats, demandera des "comptes"

La Turquie a vivement dénoncé vendredi les actions "malintentionnées" des Emirats arabes unis en Libye, où les deux pays soutiennent des camps opposés, et affirmé que les "comptes seront faits" entre Ankara et Abou Dhabi.

"Abou Dhabi est en train de faire certaines choses en Libye et en Syrie. Tout cela est en train d'être consigné. Les comptes seront faits en temps et en heure", a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar dans un entretien avec la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.

"Il faut demander à Abou Dhabi d'où viennent cette hostilité, ces mauvaises intentions, cette jalousie", a ajouté M. Akar, selon le compte-rendu en turc de cette interview publiée par le ministère de la Défense à Ankara.

Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions croissantes entre les pays impliqués dans le conflit en Libye, qui oppose le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et siégeant à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l'est et une partie du sud de ce pays.

Le GNA est soutenu militairement par la Turquie, mais M. Haftar est appuyé par l'Egypte voisine, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Russie.

"Il faut que ces pays cessent de soutenir (Haftar) pour que la stabilité revienne et qu'un cessez-le-feu puisse être négocié. Il faut qu'ils poussent le putschiste Haftar à renoncer à certains de ses objectifs", a déclaré M. Akar, réaffirmant l'appui turc au GNA.

Les tensions se sont renforcées ces dernières semaines, l'Egypte menaçant d'intervenir militairement si le GNA avance vers la ville stratégique de Syrte, le prochain objectif affiché des forces de Tripoli.

Le conflit en Libye a aggravé les tensions entre Ankara et Abou Dhabi, dont les relations se sont dégradées ces dernières années sur fond de rivalité régionale et en raison du soutien apporté par les Turcs au Qatar dans la querelle qui oppose ce pays à ses voisins du Golfe.

Si la Turquie évite de s'en prendre directement à la puissante Arabie saoudite, elle n'hésite pas à critiquer les Emirats arabes unis.

En 2018, la Turquie avait ainsi donné le nom d'un dignitaire ottoman critiqué par Abou Dhabi à la rue où était située l'ambassade des Emirats à Ankara.
(AFP, 31 juillet 2020)

Congo: l'opposant Mokoko évacué en Turquie pour des soins

Les autorités de Brazzaville ont autorisé jeudi l'évacuation par avion médicalisé à destination d'Ankara en Turquie de l'opposant et prisonnier congolais Jean-Marie Michel Mokoko, 73 ans, au terme de longues semaines de tractations, a-t-on appris de sources concordantes.

"L'avion (médicalisé) transportant le général, son médecin et trois agents de sécurité a décollé de l'aéroport international de Brazzaville à 11h28 (10h28 GMT) à destination d'Ankara en Turquie", a déclaré à l'AFP Yvon Éric Ibouanga, avocat du général Mokoko.

L'information a été confirmée par une source de l'Agence nationale de l'aviation civile (Anac), qui a requis l'anonymat: "Le général a bien embarqué et l'avion a bien décollé".

"Envoyer le général Mokoko en Turquie pour des soins, c'est exporter la maison d'arrêt de Brazzaville à Ankara, parce que la Turquie n'est pas un modèle en matière des droits de l'homme et des libertés fondamentales", a réagi l'opposant Paulin Makaya, dirigeant du parti Unis pour le Congo (UPC), au cours d'une conférence de presse.

Candidat malheureux au scrutin présidentiel en mars 2016, le général Mokoko, qui avait contesté la réélection de Denis Sassou Nguesso, a été condamné pour "atteinte à la sûreté de l'État" et "détention illégale d'armes et munitions de guerre", au terme d'un procès controversé en 2018.

Il avait été admis à l'hôpital militaire de Brazzaville le 2 juillet pour "fatigue générale et manque d'appétit", selon son avocat.

Plusieurs associations de défense des droits de l'homme, des avocats et des opposants ont multiplié des appels en vue de son évacuation.

Le 16 juillet, les autorités avaient interdit une marche pacifique organisée par une coalition de la société civile pour réclamer cette évacuation, évoquant des risques de propagation du coronavirus.

"Le plus important est qu'il recouvre sa santé. Le reste nous le verrons plus tard", a réagi auprès de l'AFP Trésor Nzila, de l'Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH).

Le président Sassou Nguesso, qui cumule 35 ans au pouvoir, avait estimé début mai qu'il n'y avait "pas de raison" de libérer deux opposants politiques, dont M. Mokoko, pour désengorger les prisons face au coronavirus.
(AFP, 30 juillet 2020)


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les relations turco-grecques: les dossiers qui fâchent

Les tensions entre la Grèce et la Turquie liées au partage des gisements gaziers en Méditerranée orientale se sont aggravées ces dernières semaines. De nombreux autres dossiers empoisonnent les relations entre ces deux pays membres de l'Otan.

- Frontières maritimes -

La Turquie et la Grèce, qui ont frôlé la guerre en 1996 à cause de deux îlots inhabités en mer Egée, se disputent depuis des décennies l'étendue de leurs eaux territoriales respectives.

La Grèce assure que le droit maritime international lui permet d'établir à 12 milles marins la limite de ses eaux territoriales, contre six aujourd'hui. Ce que rejette la Turquie.

Ankara refuse aussi toute prétention des îles grecques situées au large des côtes turques à une zone économique exclusive, ce qui lui couperait l'accès aux gisements gaziers en Méditerranée et "emprisonnerait la Turquie à l'intérieur de ses rivages", selon le président Recep Tayyip Erdogan.

En novembre 2019, Ankara a signé un accord de délimitation maritime avec le gouvernement officiel libyen pour donner du poids à ses revendications en Méditerranée orientale.

Le texte a suscité la colère de la Grèce qui, pour contrer la manoeuvre turque, a signé un accord similaire avec l'Egypte.

- Migrants -

La Turquie, qui accueille près de quatre millions de réfugiés syriens sur son sol, est l'une des principales voies de passage empruntées par les migrants qui tentent de se rendre en Europe depuis le Proche-Orient, l'Asie, mais aussi l'Afrique.

En mars 2016, la Turquie et l'Union européenne ont signé un accord controversé qui a permis de réduire considérablement les passages vers l'Europe, en échange notamment d'une aide financière de Bruxelles à Ankara.

La question des migrants est depuis devenue un levier de pression pour la Turquie lorsqu'elle souhaite obtenir gain de cause auprès de Bruxelles.

Ainsi, mécontent de ne pas pouvoir obtenir le soutien de l'UE dans son bras de fer avec la Russie en Syrie, M. Erdogan a ordonné en février l'ouverture des frontières pour laisser passer les migrants vers la Grèce, provoquant l'afflux à la frontière grecque de dizaines de milliers de personnes.

La Turquie accuse également la Grèce de refouler illégalement les demandeurs d'asile en mer, tandis que la Grèce dénonce une campagne de "désinformation" menée par Ankara à ce sujet.

- Sainte-Sophie et le patrimoine byzantin -

La Turquie a récemment reconverti en mosquées deux anciennes églises orthodoxes emblématiques d'Istanbul, Sainte-Sophie et Saint-Sauveur-in-Chora.

Ces décisions ont suscité des craintes pour la survie des mosaïques et fresques chrétiennes de ces édifices, l'islam interdisant les représentations figuratives.

Pour nombre d'observateurs, les récentes reconversions d'anciennes églises byzantines visent à galvaniser la base électorale conservatrice et nationaliste de M. Erdogan, dans un contexte de difficultés économiques aggravées par la pandémie.

La Grèce a vivement réagi aux reconversions, y voyant une "provocation envers le monde civilisé".

- Minorités -

La Turquie accuse régulièrement la Grèce de discrimination envers la minorité musulmane et turcophone qui vit sur son territoire.

Ankara dénonce notamment la fermeture par la Grèce de certaines écoles appartenant à la communauté turcophone.

De son côté, Athènes reproche à la Turquie d'empêcher l'ouverture d'une école du clergé orthodoxe située sur une île au large d'Istanbul.

Le titre "oecuménique" du patriarche grec orthodoxe d'Istanbul est aussi rejeté par Ankara, qui refuse de lui reconnaître ce statut.

- Tentative de putsch en Turquie -

La fuite en Grèce de huit militaires turcs accusés par Ankara d'être impliqués dans la tentative de coup d'Etat en 2016 constitue un autre point de discorde.

En 2017, un tribunal grec avait rejeté la demande d'Ankara concernant leur extradition.

Les militaires turcs avaient démenti toute implication dans la tentative de coup d'Etat et affirmé qu'ils avaient décidé de fuir par peur de représailles.
(AFP, 26 août 2020)

Collision entre une frégate turque et un navire grec en Méditerranée orientale

Une frégate turque et un bâtiment grec sont entrés en collision la semaine dernière en Méditerranée orientale, a indiqué mercredi à l'AFP une source militaire grecque, confirmant des informations de presse.

Le quotidien grec Kathimerini a publié mercredi la photo d'une frégate turque endommagée, selon le journal, lors d'une collision.

Une source militaire grecque a confirmé à l'AFP l'incident sans toutefois donner plus de détail.

Selon l'influent quotidien, la collision a eu lieu mercredi dernier, tôt le matin, après "une erreur de manoeuvre" du bâtiment turc Kemal Reis qui avait tenté "d'empêcher" la navigation de la frégate grecque Limnos.

"La manoeuvre était mal calculée, en conséquence la proue du Limnos a endommagé le Kemal Reis", souligne le quotidien.

Les tensions entre Ankara et Athènes se sont encore aggravées depuis que la Turquie a envoyé le 10 août le navire Oruç Reis, pour procéder à des explorations d'hydrocarbures dans une zone au large de l'île grecque de Kastellorizo dans le sud-est de la mer Egée.

Plusieurs bâtiments de guerre turcs accompagnaient l'Oruç Reis dont la frégate Kemal Reis.
 La Grèce a envoyé ses propres bateaux de guerre dans la zone pour surveiller les activités turques, qualifiées par Athènes de "provocation", en appelant Ankara à "se retirer de la zone".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu jeudi qu'une attaque contre un navire turc cherchant des hydrocarbures dans une zone disputée de la Méditerranée se payerait au "prix fort", et a laissé entendre qu'un incident s'était déjà produit.

De son côté, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avait prévenu mercredi dernier du "risque d'accident quand il y a une concentration de forces militaires dans une zone limitée".

"Et dans ce cas, la responsabilité appartient à celui qui provoque ces conditions", avait-il ajouté.

Athènes a entrepris un marathon diplomatique auprès de ses partenaires européens et des Etats-Unis pour condamner les activités turques qu'elle juge "illégales".

Dimanche, le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Josep Borrell a appelé Ankara à cesser "immédiatement" ses recherches de gisements gaziers en Méditerranée.

L'annonce d'Ankara accroît "regrettablement les tensions et l'insécurité", souligne Josep Borrell dans un communiqué publié par ses services.
(AFP, 19 août 2020)

Athènes et Chypre veulent une UE plus ferme face à Ankara

La Grèce et Chypre ont appelé mardi l'Union européenne à adopter une position plus ferme face aux velléités de la Turquie en Méditerranée orientale, sur fond de tensions exacerbées liées à l'exploration d'hydrocarbures.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a effectué une visite à Chypre afin que ces deux pays de l'Union européenne se coordonnent, après l'envoi par Ankara d'une flotte navale pour accompagner un navire de recherche sismique dans des eaux disputées. En réaction, Athènes a dépêché des navires militaires.

"L'escalade de l'agression turque" est dirigée contre l'UE, a affirmé M. Dendias lors d'une conférence de presse à Nicosie, après avoir rencontré son homologue chypriote Nikos Christodoulides et le président de la République Nicos Anastasiades.

"Les provocations turques montrent du mépris à l'égard des positions claires de l'UE, des Etats-Unis (...) du mépris pour les valeurs européennes, pour le droit international (...) et constituent une militarisation inacceptable", a-t-il relevé, accusant Ankara de jouer un "rôle déstabilisateur" dans la région.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, membres de l'Otan mais en désaccord sur la délimitation de leurs frontières maritimes.

Nicosie et Athènes accusent Ankara d'avoir violé leur souveraineté territoriale ainsi que celle de l'UE, en effectuant des recherches jugées illégales car menées dans leurs eaux.

"Depuis longtemps, Chypre et la Grèce ont affirmé que la conciliation avec (le président turc Recep Tayyip) Erdogan entraînerait une escalade sans précédent du comportement délinquant de la Turquie", a affirmé M. Christodoulides.

La situation a empiré après la signature le 6 août par l'Egypte et la Grèce d'un accord délimitant leurs frontières maritimes. Ankara a rejeté ce "prétendu accord maritime", le qualifiant de "nul et non avenu".

En soutien à la Grèce, la France a déployé temporairement la semaine dernière deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale en Méditerranée orientale.

Les ministres européens des Affaires étrangères ont appelé vendredi à une "solution négociée" et à la "désescalade".

Mais Ankara a annoncé dimanche la prolongation de ses recherches et l'envoi du navire de forage Yavuz, déployé au large de Chypre depuis plusieurs mois, pour des recherches au sud-ouest de l'île du 18 août au 15 septembre.
(AFP, 18 août 2020)

La Grèce souhaite un sommet d'urgence de l'UE sur la Turquie

La Grèce souhaite un sommet d'urgence de l'Union européenne sur la Turquie, a annoncé mardi le bureau du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, après l'envoi d'un navire turc de recherche d'hydrocarbures dans une zone disputée de Méditerranée orientale qui a ravivé les tensions entre ces deux pays.

"Le ministère des Affaires étrangères va déposer une demande pour un sommet d'urgence du Conseil des Affaires étrangères de l'Union européenne", a-t-on déclaré de même source.

Athènes avait la veille accusé Ankara de "menacer la paix" en Méditerranée orientale, estimant que la présence dès lundi dans cette zone maritime du navire sismique de recherche turc Oruç Reis constituait "une nouvelle escalade grave" et "montrait" le "rôle déstabilisant" de la Turquie.

La Grèce "n'acceptera aucun chantage" et "défendra sa souveraineté et ses droits souverains", avait ajouté le ministère grec des Affaires étrangères après une réunion des chefs des forces armées convoquée d'urgence.

La marine grecque a localisé mardi l'Oruç Reis au sud-est de l'île de Crète : il est escorté par une flottille turque, le tout sous la surveillance de bâtiments de guerre grecs.

La Turquie a précisé que ce bateau procéderait à ses recherches du 10 au 23 août dans une zone située entre la Crète, dans le sud de la Grèce, et Chypre et au large de la ville turque d'Antalya.

Lundi, M. Mitsotakis a parlé de ce sujet de tensions entre son pays et son voisin turc, tous deux membres de l'Otan, avec le président du Conseil européen Charles Michel et avec le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg.

"Cette situation doit être réglée dans un esprit de solidarité entre alliés et en accord avec les lois internationales", a ensuite déclaré M. Stoltenberg sur Twitter.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait dénoncé dimanche les mouvements "extrêmement préoccupants" de la marine turque en Méditerranée après la signature d'un accord maritime entre l'Egypte et la Grèce.

Cet accord vise à délimiter les frontières maritimes entre ces deux pays et semble être une réponse directe à un accord similaire conclu en novembre dernier entre la Turquie et le gouvernement officiel libyen qui a son siège à Tripoli.

Le pacte turco-libyen, aux termes duquel l'espace maritime de la Turquie est considérablement élargi, a suscité la colère de la plupart des Etats situés en Méditerranée orientale, à commencer par la Grèce.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l'Egypte et Israël.
(AFP, 11 août 2020)

Egypte et Grèce signent un accord sur leurs frontières maritimes

L'Egypte et la Grèce ont signé jeudi un accord délimitant leurs frontières maritimes, a annoncé Le Caire, dans une période marquée par de vives tensions avec la Turquie autour de l'exploitation des ressources naturelles en Méditerranée orientale.

Fin 2019, la Turquie et le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, ont conclu un accord autorisant Ankara à accéder à une large zone en Méditerranée orientale où d'importants gisements d'hydrocarbures ont été découverts ces dernières années.

Cet accord a été vivement contesté par l'Egypte, la Grèce et Chypre, qui l'ont jugé illégal et visant à imposer une domination turque dans la région.

L'accord de jeudi "autorise l'Egypte et la Grèce à aller de l'avant en tirant chacun le maximum d'avantages des ressources disponibles dans la zone économique exclusive (ZEE), notamment les réserves de pétrole et de gaz", a indiqué le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue grec, Nikos Dendias.

Cet accord est "historique", a affirmé M. Dendias. Il est "tout l'opposé" de l'accord "illégitime (...) signé entre la Turquie et Tripoli", a ajouté le ministre grec.

Ankara a immédiatement rejeté ce "prétendu accord maritime", le qualifiant de "nul et non avenu".

"Cet accord représente une violation du plateau continental et des droits de la Turquie et de la Libye. De notre point de vue, il est nul et non avenu", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu dans une allocution télévisée.

Plus tôt, le ministère turc des Affaires étrangères avait affirmé que la Turquie "n'autoriserait aucune activité" dans les zones qu'elle revendique.

Peu avant l'annonce de l'accord gréco-égyptien, Athènes s'était dit prête à discuter avec Ankara des zones maritimes disputées en mer Egée, quelques semaines après un pic de tensions entre ces deux membres de l'Otan concernant l'exploration des ressources d'énergie.

Egypte, Grèce et Chypre dénoncent par ailleurs l'accord sécuritaire également signé fin 2019 entre Ankara et le Tripoli.

A la suite de ces accords, Ankara a renforcé son soutien armé au GNA, qui combat les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, pour sa part appuyé par l'Egypte, la Russie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
(AFP, 6 août 2020)


Immigration / Migration


Des avocates belges en grève de la faim en soutien à leurs confrères turcs

Gokan GUNES et Raziye AKKOC

Une dizaine d’avocates belges ont entamé une grève de la faim en soutien à leurs confrères turcs judiciairement poursuivis. Cette action est plus particulièrement solidaire d’Ebru Timtik et Aytac Ünsal, condamnés à 13 et 10 ans de prison.

Une dizaine d’avocates belges ont entamé, lundi en début d’après-midi, une grève de la faim de 24 heures en soutien à leurs nombreux confrères turcs qui font l’objet de poursuites judiciaires dans leur pays. Cette action est plus particulièrement organisée par solidarité avec les avocats turcs Ebru Timtik et Aytac Ünsal, condamnés à 13 et 10 ans de prison, et qui font une grève de la faim depuis février dernier.

Les avocates belges ont mené une brève action, lundi vers 12h30, devant l’ambassade turque à Bruxelles, située rue Montoyer, pour revendiquer la fin des répressions à l’encontre de leurs confrères turcs, avant de débuter une grève de la faim pour les 24 prochaines heures.

«Depuis 2017, vingt avocats turcs appartenant à la Progressive Lawyers Association et au People’s Law Office font l’objet de poursuites judiciaires injustes. Elles sont justifiées par les autorités turques du simple fait de l’exercice de leur profession par nos confrères», a communiqué Avocats.be, l’Ordre des barreaux francophone et germanophone de Belgique, qui soutient l’action.

La justice n’est rendue ni de manière impartiale ni de manière indépendante

«Connus pour avoir défendu des personnes considérées comme des opposants au gouvernement turc, ces avocats font l’objet de procès politiques. Malgré la présence assidue d’observateurs internationaux, la justice n’est rendue ni de manière impartiale ni de manière indépendante. Lorsque certains juges ont décidé de mettre fin à la détention préventive de nos confrères, ils ont été récusés et les avocats à nouveau arrêtés», a dénoncé l’Ordre.

«Nous sommes toutes et tous préoccupés par la situation que nous vivons ici avec la crise du coronavirus. Cela ne doit pas occulter les dérives d’un pouvoir autoritariste aux frontières de l’Europe. Des confrères sont en danger. C’est un devoir de les soutenir», a déclaré Xavier Van Gils, président d’Avocats.be.
(lavenir.net, 24 août 2020)

Les loups gris, un autre outil de l’influence turque en Europe

Outre la gestion du financement des Frères musulmans en Europe, la Turquie et le Qatar gèrent des centaines d’associations et de projets dans divers pays européens, et parmi les outils d’influence et de contrôle figure l’organisation des loups gris. La Turquie cherche spécifiquement à accroître son influence à travers ses mandataires en Europe, en particulier dans les pays germanophones, à savoir l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, sans parler de la surveillance et du suivi des opposants au régime turc. La Turquie atteint ainsi d’autres objectifs, en soumettant à sa volonté politique les citoyens des autres pays, et comme ça, ces pays perdent une partie de leur souveraineté. Le contrôle des communautés non turques conduit également à transmettre les idées et l’agenda turcs dans leurs pays pour servir les projets politiques turcs.

Les Loups gris sont une organisation nationaliste turque extrémiste qui est née au sein du Parti d’action nationaliste turc et s’est transformée en long bras d’Erdogan pour répandre la violence, le chaos et l’extrémisme en Europe. L’organisation compte 2 000 dirigeants actifs en Autriche et des dizaines de mosquées et d’institutions culturelles. La base idéologique de l’organisation est basée sur les idées des premiers nationalistes turcs, qui prônaient la suprématie raciale, historique et morale de tous les peuples turcs s’étendant de l’Afghanistan et de la Chine jusqu’au sud-est des Balkans.

Le rôle de l’organisation nationale des loups gris en Autriche ne s’arrête pas à la propagation de l’extrémisme national, mais œuvre également pour accroître l’influence de la Turquie et créer une société parallèle pour les Autrichiens d’origine turque et entraver leur intégration, ce qui mine la cohésion sociale. Cela soulève l’inquiétude des politiciens locaux. À Kufstein, par exemple, des idées racistes d’organisation sont diffusées, ce qui a incité le maire adjoint Hans Rauch à dire dans des déclarations au journal autrichien Krone: «Nous ne pouvons tolérer les sociétés parallèles, nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher l’apparition de tels abus en premier lieu, et ces mouvements doivent être combattus fermement, et l’intégration des immigrés dans la société et toute tentative de créer des sociétés parallèles doivent être arrêtées. ”

L’organisation est revenue sur la scène, des événements en Autriche il y a quelques semaines, lorsqu’un groupe de ses partisans a attaqué deux manifestations organisées par des groupes de gauche kurdes, turcs et autrichiens les 27 et 28 juin à Vienne pour protester contre les opérations militaires turques en cours au Kurdistan irakien, ainsi que contre une récente série de tuer les femmes en Turquie, dont les victimes sont presque toutes des militantes kurdes.

L’organisation des loups gris en Allemagne :

L’organisation a une forte présence dans les terres allemandes avec des dizaines d’associations et environ 18 mille membres, et selon une étude du Centre fédéral pour la formation politique en Allemagne, l’organisation loups gris existe dans les terres allemandes depuis des décennies, et elle a des dizaines de petites et moyennes organisations, telles que Türk Federasyon et ITEP. L’organisation extrémiste lance des campagnes de propagande contre les Turcs, les Kurdes et les Arméniens de gauche résidant en Allemagne. Et elle est soumise au contrôle du « renseignement interne » allemand, l’Autorité de protection de la Constitution, en raison de son danger pour la sécurité du pays, selon un document du Parlement allemand datant d’octobre 2018.

Un document du Parlement allemand daté du 9 novembre 2018 indique qu’Erdogan dirige une alliance étrange et dangereuse d’extrémistes qui comprend les Frères musulmans et le mouvement Millî Görüş, la << vision nationale >> et les nationalistes extrémistes représentés par les loups gris et le parti de l’action national dans le but de contrôler la politique turque en interne et d’exercer une influence et un contrôle sur la communauté turque d’environ 5 millions de personnes en Allemagne. Le document déclarait que «la coopération et l’alliance entre Erdogan et les loups gris sont devenues une réalité en Allemagne après l’échec de la tentative de coup d’État en 2016. Le gouvernement d’Erdogan a intensifié la politique de répression contre les Kurdes et les partisans du prédicateur Fethullah Gulen, ce qui a conduit à l’approfondissement de l’alliance entre le président turc et l’organisation en raison de l’unité des objectifs et des moyens. Le groupe est actuellement un allié stratégique important du gouvernement AKP et du président Erdogan.

Les partisans des « Loups gris » et d’Erdogan sont apparus côte à côte dans des manifestations contre le prétendu coup d’État de 2016, dans des villes allemandes, et l’affaire a été répétée dans une manifestation de soutien à Erdogan le même mois à Munich, dans le sud de l’Allemagne, ainsi que dans la capitale Berlin, et à Hambourg et Stuttgart à l’ouest. “. Il y a également eu de nombreuses attaques contre des institutions kurdes et des sociétés religieuses près de Cologne en Allemagne, dans les mois qui ont suivi la prétendue tentative de coup d’État, dans laquelle les autorités ont pointé du doigt l’alliance d’Erdogan et les loups gris.

Selon l’étude allemande, il existe une appréciation mutuelle et une convergence idéologique entre les néonazis et l’organisation des Loups gris à l’heure actuelle, atteignant le stade de la coordination, lorsque des membres des Loups gris sont apparus dans une manifestation aux côtés de militants du parti néonazi en avril 2016, contre le Parti des travailleurs de gauche du Kurdistan (PKK), dans la ville de Nuremberg, dans le sud de l’Allemagne. Selon un autre document parlementaire daté du 3 juillet 2015, il existe des liens entre l’organisation des Loups gris en Allemagne et les organisations terroristes, “puisque 24 membres de l’organisation ont rejoint ISIS en Syrie en 2014 et 2015, et certains d’entre eux ont déjà été tués dans des batailles”.

Mesures autrichiennes :

L’Autriche a fait le premier pas pour affronter les loups gris au printemps 2019, lorsqu’elle a interdit tous ses slogans et drapeaux, et après que les loups gris ont attaqué la manifestation organisée par les gauchistes autrichiens, kurdes et turcs, le gouvernement autrichien a annoncé la création d’un centre de recherche spécialisé pour suivre et documenter les activités de l’islam politique car cela selon le gouvernement représente un danger croissant pour les pays européens.

Il est clair que le gouvernement autrichien, à l’unanimité des partis, a pris cette décision d’affronter les formations affiliées à la Turquie sur son sol et de faire face à l’extrémisme, qu’il soit nationaliste, fasciste ou de droite. L’Autriche espère que le centre de recherche présentera une image positive qui pourra être appliquée ultérieurement au niveau européen pour combattre l’islam politique. En tant que consensus des partis en Autriche. Cette tendance était évidente dans la déclaration du ministre autrichienne de l’intégration, Susanne Raab, dans laquelle elle a déclaré : « Le gouvernement autrichien sait très bien qu’il existe des structures organisationnelles en Autriche qui sont financées de l’étranger, en particulier de la Turquie, du Qatar et d’autres pays, soulignant que le gouvernement de Vienne veut combattre ces organisations et les structures disséminées dans le pays.

La Turquie travaille avec plus d’un outil pour influencer la vie politique en Europe et gagner plus d’influence. Elle emploie des groupes islamiques politiques dans cette stratégie et emploie également d’autres mouvements tels que les Loups gris, ainsi que d’autres associations, institutions et projets. La turquie exploite la diffusion de l’islam politique en Europe et en Autriche en particulier, qui œuvre à la mise en place d’incubateurs et de sociétés parallèles qui adoptent sa vision politique à l’intérieur de l’Europe et mettent en œuvre ses agendas dans leurs pays d’origine, ce qui conduit à influencer les lois en Europe d’une part, et transformer ces communautés en armées dans le cadre de projets internationaux et régionaux dirigés contre leurs pays d’origine. Ces communautés perdent leur identité, elles ne se transforment donc pas en identité européenne et ne s’accrochent pas à leur identité d’origine, mais se transforment en étranges identités hybrides faciles à être dirigées dans les conflits internationaux et régionaux. Elle peut représenter une menace pour la sécurité qui mine la cohésion de la société, sape la démocratie, viole l’état de droit, entrave l’intégration, crée des sociétés parallèles et place des secteurs de la population sous l’administration de parties externes, c’est-à-dire que cela affecte indirectement la souveraineté des États.

Le discours politique en Europe a ignoré le danger de l’islam politique et les mouvements qui partagent les mêmes visions, tels que les loups gris qui tournent dans l’orbite turque, et se sont concentrés sur les organisations extrémistes telles que le djihadisme et le salafisme, et en fait, d’autres groupes ont bénéficié de l’accent mis sur les organisations violentes pour se développer et obtenir la légitimité de leur existence dans le cadre d’un jeu de « contenir l’extrémisme ».

Ces groupes ont tiré plus d’avantages et ont gagné des bénéfices en étendant leurs structures et institutions, se sont engagés à respecter les lois et se sont commercialisés sous le couvert de la démocratie et des droits de l’homme, dans le but de contrôler et de pénétrer les centres de décision au nom de la religion, on s’est rendu compte récemment que cela est devenu une réalité qui doit être contenue, dans le cadre de projets politiques étrangers et non pour faire obstacle à la liberté de religion et de culte garantie pour tous.
(cfrp24.com, 17 Août 2020)

Demonstrations for Shengal in many European cities

On the anniversary of the beginning of the Shengal genocide, actions took place in Gießen, Berlin, Cologne, Mannheim, Frankfurt, Achim, Heilbronn, Dortmund, Düsseldorf, Wesel, Stuttgart, Switzerland, Sweden and France.

August 3 marked the sixth anniversary of the beginning of the genocide against the Yazidi people of the Shengal region. All around Europe people commemorated the mass murder and femicide under the eyes of the world public.

Berlin: Protest rally in front of the Parliament

In front of the German Parliament in Berlin, a protest rally was held by the Kurdish women's association Dest-Dan, Nav-Yek and various other Kurdish associations.

Nûjiyan Günay gave the opening speech and said: "Especially the Yazidi faith was attacked. The Yazidi people are wanted destroyed. The Ottomans had committed massacres before, but had not been successful. This genocide is in the Ottoman tradition. Nine guerrilla fighters stopped the ISIS attack and enabled over one hundred thousand Yazidis to escape. We therefore owe them a lot. We will pay our debt through our struggle."
 
Cologne - commemoration in front of the cathedral

A commemorative event also took place in the Rhine metropolis of Cologne. Activists gathered in front of the cathedral, following the call of the Viyan Women's Council and Nucan Women's Council from Leverkusen, and first held a minute's silence for the victims. To commemorate the enslavement by the ISIS, women put on black veils and tied their hands.
 
Demonstration in Gießen

A demonstration took place in Giessen. Led by a banner with the picture of the Yazidi representative Zekî Şengalî (Ismail Özden) killed by a Turkish air raid on 15 August 2018, the activists commemorated the Shengal genocide and condemned the ongoing Turkish attacks against the region.
 
Protest in Mannheim and Frankfurt am Main

Protesters also gathered in Mannheim and Frankfurt am Main to remember the victims of Shengal genocide. The demonstration in Mannheim was promoted by Yazidi association FEDA-Mannheim, the Kurdish Community Center and the Ronahî-Bêrîvan Women's Council. The activists demanded an autonomous status for Shengal.

The protest in Frankfurt was supported by the Amara and Sara women's councils, Women Defend Rojava and the women's organization ADKH.
 
Rally in Heilbronn

In Heilbronn a rally was held to commemorate the genocide victims. Activists put on black scarves and reminded of the horrors of the ISIS terror. During the rally the activists repeatedly chanted slogans like "Terrorist Erdoğan".

Demos in Dortmund, Düsseldorf and Wesel

Rallies were held in Dortmund, Düsseldorf and Wesel. In Wesel, the rally was followed by a demonstration where the silence of the world on the genocide against Yazidi community was sharply criticized. The activists chanted "Murderer Erdoğan", "Status for Shengal" and "Long live YBŞ".
 
Stuttgart: Demonstration at Schlossplatz

In Stuttgart, protesters gathered at Schlossplatz, displayed pictures of the mass murder and handed out leaflets.
 
Protest action in Achim near Bremen
 
A rally was also held in Achim near Bremen, where an official status for Shengal was demanded. The co-chairman of the NAV-YEK association, Tuncer Yalınkılıç, pointed out that 3000 Yazidis were still missing. He called for the development of the Shengal region.

Switzerland: Protests in Bern, Lausanne, Winterthur and Zurich
 
There were also protests in several Swiss cities. Activists gathered in Bern, Lausanne, Winterthur and Zurich and remembered the victims of Shengal genocide.
 
The crowd chanted slogans including "Kurds are being murdered and Europe is watching".

Rallies in other European cities
 
Also in Marseille, Uppsala, Copenhagen and Limassol people took to the streets, condemning the massacre and commending the resistance of Shengal.
(ANF, 4 Aug 2020)

Un activiste associatif kurde menacé d’expulsion vers la Turquie

Après avoir été condamné par la justice française pour de soi-disant liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un activiste associatif kurde est aujourd’hui menacé d’expulsion vers la Turquie, pays où il risque d’être arrêté et torturé.

Condamné en 2019 à deux ans de prison dont un an ferme, Mehmet Yalcin a dû porter un bracelet électronique pendant près d’un an. Il est actuellement sans papiers du fait du rejet de sa demande d’asile par l’OFPRA, rejet motivé par cette condamnation. Incriminé comme un vulgaire terroriste, privé de papiers, il est maintenant menacé d’être jeté dans la gueule du loup.

Le 28 juillet dernier, cet homme marié, père de trois enfants (âgés de 2, 4 et 6 ans), résidant à Bordeaux depuis 2006, a été convoqué au commissariat où il a été immédiatement menotté et placé en rétention. A ce stade, tous les recours déposés par ses avocats ont été rejetés. M. Yalcin dont l’expulsion est prévue le 28 août prochain a fait savoir qu’il entamait une grève de la faim.

L’expulsion de Mehmet Yalcin vers la Turquie serait une violation grave de la convention européenne des droits de l’homme et de la Convention de Genève sur les réfugiés. La Turquie n’a rien d’un État de droit. L’orientation franchement autoritaire et répressive prise par le régime d’Erdogan au cours de ces dernières années le démontre largement. Chaque jour, des militants politiques, élus, journalistes, avocats, syndicalistes sont arrêtés et emprisonnés en Turquie. La presse est muselée et les réseaux sociaux en passe d’être entièrement contrôlés par le régime. Par ailleurs, les cas de torture et de mauvais traitements sont en pleine recrudescence, comme le dénonce un rapport récent de l’ONG Human Rights Watch.

Depuis des années, la France mène des opérations contre les associations kurdes et leurs militants, prétextant leur proximité avec le PKK. Les militants associatifs kurdes sont poursuivis, condamnés, détenus. Et comme si cela ne suffisait pas, ils se voient interdire le territoire français, retirer leur statut de réfugié et placés sous FIJAIT, une sorte de contrôle judiciaire à vie.

Jusqu’où va aller la France dans ce harcèlement judiciaire et administratif à l’encontre des Kurdes ? Est-il interdit de militer sur le territoire français pour la reconnaissance des droits et libertés d’un peuple opprimé ?

La France doit cesser de se voiler la face. Les Kurdes et leurs activités ne représentent aucun danger, ni en France, ni ailleurs dans le monde. Le véritable danger, c’est le régime fasciste et autoritaire d’Erdogan qui gronde aux portes de l’Europe, ainsi que ses réseaux islamo-nationalistes qui prolifèrent ici et là.

Si la France veut lutter contre le terrorisme, comme elle le prétend, qu’elle agisse contre la Turquie et cesse son acharnement politique et judiciaire contre les Kurdes dont le seul tort est de résister face à la violence et l’oppression étatique.

Nous demandons instamment aux autorités françaises d’abroger les mesures d’éloignement prises à l’encontre de M. Yalcin et de lui accorder un droit de séjour afin que lui et sa famille puissent vivre en France dans des conditions dignes.

Nous appelons les partis politiques, les élus, les organisations de défense des droits humains et toutes les personnes indignées par cette situation à interpeller les autorités françaises pour empêcher l’expulsion de Mehmet Yalcin. (cdkf.fr, 2 août 2020)


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