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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

50th Year / 50e Année
Février
 
2024 February
N° 546
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



Droits de l'Homme / Human Rights

Les ténèbres dans lesquelles est née la génération 36 ! - Dogan Özgüden
La société civile sous une pression croissante
Erdoğan criticizes Constitutional Court and Council of State
Over 3,700 acts of armed violence recorded in Turkey in 2023

Constitutional Court President speaks up directly to Erdoğan
Attaque contre le palais de justice d'Istanbul: trois morts dont les deux assaillants

Un an après le séisme, des survivants réclament justice

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Kurdish play banned in Istanbul
Journalist Nagihan Yılkın fined for 'insulting public official'
Three journalists found guilty of aiding terrorist organization ‘without being a member’
Drop in jailed  journalists belies a long-simmering press freedom crisis

Deux journalistes kurdes placées en garde à vue
Constitutional Court rules ‘violation of rights’ for 502 internet censorship cases

Judicial pressure on journalists escalated with the 'disinformation law'
Journalist Mahmut Altıntaş detained, says police beat him
Revue de la presse d’un hôpital pyschiatrique -  Ragip Duran

Kurdish Question / Question kurde

La justice somme le gouvernement fédéral irakien de payer les fonctionnaires du Kurdistan
Les Kurdes demandent la reconnaissance officielle de la langue kurde
Un bombardement fait deux morts au Kurdistan d'Irak

Marchers complete freedom walk in Turkey, demand Kurdish rights
Öcalan, l'icône kurde condamnée au silence
Manifestation kurde à Bruxelles pour la libération d’Öcalan

DEM Party's İstanbul candidates are Meral Danış Beştaş and Murat Çepni
Les Kurdes lancent la « Marche pour la liberté »
Kurdish service of Radio Sweden to close

Minorités / Minorities

Arrestation de six personnes soupçonnées d'espionner des Ouïghours
Tensions à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, quatre soldats arméniens tués
Esclavage de Yézidis: vers un premier procès en Belgique
EP conference on Yazidis: Turkish attacks on Shengal must stop

Turkey's last Armenian village stands strong with its women after earthquakes
Attaque dans une église catholique d'Istanbul: un mort, les deux assaillants arrêtés

Politique intérieure/Interior Politics

L’opposition turque en rangs dispersés pour les élections municipales
Scènes modernes du charabia turc - Ragip Duran
Can Atalay, élu député, mais toujours en prison - Ragip Duran
Le député d'opposition Can Atalay, en prison, déchu de son mandat

Forces armées/Armed Forces

La Somalie approuve un accord de défense avec la Turquie

La Turquie construit une nouvelle route à Berwari
La vente des F-16 américains à la Turquie officiellement approuvée
La Turquie va fournir des drones à l'Egypte
Le Canada réexaminera les demandes d'exportation d'armes vers la Turquie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

En Turquie, l’islamisation croissante de l’enseignement public

Les sept otages retenus "pour Gaza" libérés sains et saufs

Socio-économique / Socio-economic

La Banque centrale turque conserve son taux d'intérêt à 45%
L’or brille, mais il tue... - Ragip Duran

Un navire de marchandises coule au sud d'Istanbul, six disparus
Au moins neuf personnes piégées dans une mine d'or après un glissement de terrain

L'inflation stable sur un an, mais en forte hausse en janvier
Turquie: 4h17: Un an apres le séisme, le chagrin intact

Démission de la gouverneure de la Banque centrale, remplacée par le vice-gouverneur
Gap between minimum wage and poverty line closing
Le séisme de 2023 a fait près de 60.000 victimes


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Un Syrien arrêté en Turquie, accusé d'espionner pour la France
Deux hommes suspectés d'être des "loups gris" mis en examen à Paris

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Ankara confirme une visite imminente de Poutine, sans précision de date

Relations régionales / Regional Relations

Sissi et Erdogan ouvrent "une nouvelle page" dans leurs relations après une décennie de brouille
Putin to visit Nato-member Turkey on Feb 12, says Turkish official
La Turquie veut aider le Niger à "renforcer son indépendance"
Erdogan "se félicite" de la décision de la CIJ concernant Israël


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration


Débat au Parlement bruxellois sur les sourates récitées
L'imam savait ce qu'il faisait
Le scandale du verset à la tribune parlementaire de la capitale de l’Europe - Doğan Özgüden
LA PRIERE, LE PECHE ET L'OFFRANDE
Le PS a désigné Hasan Koyuncu la tête de sa liste pour l’élection communale à Schaerbeek
En Italie, 20 ans de prison pour un passeur après un naufrage meurtrier

Trois arrestations pour trafic d'armes entre la Turquie et la France

Droits de l'Homme / Human Rights

Les ténèbres dans lesquelles est née la génération 36 !



Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 27 février 2024)

Il y a exactement 88 ans, l'année de ma naissance, les régimes fascistes se renforçaient dans trois pays européens, tandis que le racisme turc marquait de son empreinte la science dans notre pays
Il y a huit mois, dans mon article intitulé "Un point-virgule dans la vie du journalisme...", j'annonçais que je continuerais à écrire de manière plus intermittente, plutôt qu'hebdomadaire, en raison de l'intensification de mon travail d'archivage.
 
Cependant, comme l'actualité en Turquie et dans le monde ne me permettait pas de rester silencieux pendant de longs intervalles, j'ai continué à écrire au même rythme, malgré le fait que l'accident de voiture douteux que j'ai eu le 25 août a rendu mes problèmes de santé encore plus graves.
 
Aujourd'hui, 27 février, c'est mon anniversaire...
 
Le court mois de février a été consacré intensivement à la publication d'un grand livre documentaire de 839 pages en anglais, que nous avons préparé pour le 53e anniversaire du coup d'État du 12 mars 1971, puis de la version française du livre sur la lutte multidimensionnelle d'İnci.
 
En préparant ces deux livres pour leur publication, nous avons une fois de plus fait l'expérience des luttes, des douleurs, des joies et des espoirs que nous avons partagés pendant 62 ans, 9 ans en Turquie et 53 ans en exil.
 
Dans cet article, que j'écris alors que je laisse derrière moi 87 ans de ma vie, j'ai pensé analyser une partie de l'histoire que je n'ai jamais abordée dans mes mémoires et mes articles sur l'exil publiés précédemment, à savoir ce qui se passait dans le monde et en Turquie en 1936, l'année de ma naissance, dans quel genre de monde je suis né, et partager les résultats avec mes lecteurs.
 
En réalité, je ne suis pas né le 27 février, mais le 12 février 1936, en tant que premier enfant d'une famille de cheminots à la gare intermédiaire d'Irmak à Kalecik, mais comme il a fallu deux semaines à mon père pour se rendre dans la grande ville et m'enregistrer, le 27 février 1936 a été inscrit sur mon acte de naissance comme ma date de naissance.
 
Pendant les trois premières années de ma vie, les grands événements qui ont marqué la Turquie et le monde ne font pas partie de ma mémoire. Il m'est impossible de me rappeler que j'avais un an lorsque les six flèches du CHP ont été ajoutées à la Constitution de la République de Turquie, officialisant la dictature du parti unique, puis un an lorsque la résistance de Dersim a été brutalement réprimée, et deux ans lorsque Mustafa Kemal est mort... Ni le jour où la Seconde Guerre mondiale a commencé... 
 
Le premier événement important gravé dans ma mémoire depuis mon enfance dans le désert anatolien a été le tremblement de terre d'Erzincan de 1939, qui a également secoué la gare de Musaköy, où nous nous trouvions dans la province de Tokat...
 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque j'ai commencé à étudier dans l'école primaire en briques de terre et à maître unique d'un village proche de la gare intermédiaire de Kunduz, la première fois que je suis entré dans l'unique salle de classe où cinq classes étaient réunies, j'ai vu la célèbre carte des routes migratoires à côté du portrait du grand Atatürk sur le mur.
 
Elle avait été réalisée conformément à la thèse de l'histoire turque, élaborée par un comité d'historiens dirigé par Afet Inan sur instruction d'Atatürk, afin de prouver que la race turque avait migré de l'Asie centrale aux quatre coins du monde et apporté la civilisation, et que les tribus qui avaient fondé les anciennes civilisations en Anatolie étaient essentiellement turques. Il était obligatoire d'accrocher cette carte aux murs de toutes les écoles primaires afin d'élever les nouvelles générations au rang de racistes turcs.
 
C'était l'expression graphique de la vantardise "Nous avons existé avant l'histoire, nous existons après l'histoire..." de l'hymne de la dixième année, qui était chanté tous les matins après le serment "Je suis turc, je suis juste, je suis travailleur"...
 
L'année où le racisme a atteint son paroxysme, tant en Europe qu'en Turquie...
 
Aurait-il été facile pour une génération qui avait suivi toutes les classes de l'école primaire sous le lavage de cerveau imposé par cette carte de briser les chaînes du racisme et du futurisme ?
 
Voici quelques nouvelles que j'ai découvertes pour la première fois cette année, lorsque j'ai creusé un peu plus sur ce qui se passait en 1936, l'année de ma naissance, et qui montrent le monde sur lequel j'ai ouvert les yeux cette année-là, et comment le fascisme et le racisme ont prospéré à la fois dans le monde et dans notre pays :
 
5 mai : Les troupes fascistes italiennes occupent Addis-Abeba, la capitale de l'Éthiopie.
 
9 mai : Benito Mussolini déclare que l'Italie est désormais un empire fasciste.
 
19 août : Les fascistes espagnols abattent le grand écrivain Federico Garcia Lorca.
 
1er octobre : Le chef fasciste, le général Francisco Franco, devient chef du gouvernement espagnol.
 
25 octobre : Le dirigeant nazi allemand Adolf Hitler et le dirigeant fasciste italien Benito Mussolini forment l'axe de pouvoir Rome-Berlin.
 
Qu'en est-il de ce qui s'est passé en Turquie en 1936 ?
 
Le 9 janvier, la faculté de langues, d'histoire et de géographie est inaugurée à Ankara en présence du président Atatürk afin de dispenser un enseignement universitaire raciste aux jeunes, nouvelle étape dans l'ascension raciste du pouvoir CHP.
 
Extrait du journal Cumhuriyet du 10 janvier 1936 :
 
"La cérémonie d'ouverture de la faculté de langues, d'histoire et de géographie a commencé par l'hymne national après que le président de la République soit entré dans les loges. Le ministre de la Culture, Saffet Arıkan, a pris la parole et a lu les discours suivants, qui ont été très applaudis :
 
"La Société historique turque, fondée par Atatürk en 1929, a tracé les grandes lignes de l'histoire turque. Aujourd'hui, c'est non seulement notre droit naturel, mais aussi notre devoir sacré de rechercher les racines de la langue turque dans les cultures chinoise, hindoue, élamite, sumérienne, hittite, égyptienne, étrusque et latine, qui ont toutes été fondées par nos ancêtres turcs.
 
"Vous êtes les enfants des hommes qui ont fondé la culture du monde entier et vous êtes les enfants turcs qui recréeront la culture mondiale qui aujourd'hui semble s'être décomposée ! C'est Atatürk, notre père, qui veut cela".
 
Ce fut le début de l'hostilité et de l'oppression raciale et religieuse qui se perpétue aujourd'hui contre la nation kurde et les anciens peuples d'Anatolie sous la tyrannie de la dictature islamo-fasciste.
 
Après avoir lu cela, je me suis mieux souvenu du type de lavage de cerveau et de conditionnement raciste auquel notre génération, née en 1936 et dans les années qui ont suivi, a été soumise.
 
Mes hommages à tous les amis qui sont nés en 1936 et résisté au racisme
 
Si j'ai pu résister à ce conditionnement, si j'ai pu prendre parti pour la démocratie et la gauche alors que j'étais encore au secondaire et au lycée, c'est d'abord parce qu'enfant, j'ai partagé la misère des paysans anatoliens pendant les années de guerre et que j'ai été le témoin direct des persécutions de la gendarmerie. En outre, c'est parce que mon père et ma mère, immigrés de Roumélie, ont toujours pris le parti des opprimés, et que mon père m'a donné l'occasion de lire les livres des écrivains de gauche de l'époque, Nazım Hikmet, Sabiha et Zekeriya Sertel.
 
L'attentat contre le journal Tan de Sertel alors que j'étais en dernière année d'école primaire, l'assassinat de Sabahattin Ali pendant mes années de lycée, la capitulation devant l'impérialisme américain, l'envoi de troupes en Corée, les arrestations de communistes et l'inclusion de la Turquie dans l'OTAN en guise de récompense pour tout cela, ont été des facteurs importants dans mon adoption des opinions de gauche. Dès que j’ai commencé à travailler comme journaliste en 1952, j'ai assumé des responsabilités au sein du syndicat des journalistes et, à partir de 1962, dans les rangs du Parti ouvrier de Turquie.
 
Aujourd'hui, alors que j'ai franchi la 87e année de ma vie, j'ai pensé à celles et à ceux qui, comme moi, sont nés en 1936, mais sont décédés...
 
Güner Sümer en 1977, Oktay Arayıcı en 1985, Metin Oktay en 1991, Onat Kutlar en 1995, Behzat Ay en 1999, Suna Korad en 2003, Oğuz Aral en 2004, Tuncer Necmioğlu en 2006, Esin Afşar en 2011, Nous avons perdu Ergin Orbey en 2012, Tuncel Kurtiz en 2013, Çolpan İlhan en 2014, Erol Büyükburç et Güney Dinç en 2015, Erdoğan Teziç en 2017, Erol Toy en 2021, Suna Kan, Bilge Umar et Orhan Erinç en 2023.
 
D’autres, nés à des dates différentes, ont aussi partagé ces valeurs et nous ont quittés...
 
Ceux que j'ai connus personnellement ou ceux que j'ai côtoyés au sein du Parti ouvrier de Turquie, dans le syndicalisme, à Akşam, Ant ou dans nos luttes en exil dont je peux me souvenir en écrivant cet article :
 
Tahir Öztürk en 1967, Orhan Kemal en 1970, Hikmet Kıvılcımlı en 1971, Deniz Gezmiş, Hüseyin İnan, Yusuf Arslan, Cihan Alptekin et Suat Derviş en 1972, Zeki Baştımar et Ulvi Uraz en 1974, Harun Karadeniz en 1975, İbrahim Güzelce en 1976, Kerim Sadi, et Yalçın Çetin en 1977, Bedrettin Cömert en 1978, Kemal Türkler et Celalettin Kesim en 1980, Rıza Kuas et Cengiz Tuncer en 1981, Nubar Yalım en 1982, Mim Uykusuz en 1983, Yılmaz Güney et Necmeddin Büyükkaya en 1984, Fikri Sönmez, Turgut Uyar, A. Kadir et Ruhi Su en 1985, Edip Cansever en 1986, Niyazi Ağırnaslı, Behice Boran et Örsan Öymen en 1987, Hasan İzzettin Dinamo en 1989, Turan Dursun et Cemal Süreya en 1990, Musa Anter en 1992, Aşık Nesimi en 1993, Medet Serhat en 1994, Mehmet Ali Aybar, Aziz Nesin et Kemal Sülker en 1995, Can Yücel, Enver Aytekin et Fakir Baykurt en 1996, Cemal Hakkı Selek en 1999, Ahmet Kaya et Ferruh Doğan en 2000, Tilda Kemal en 2001, Bülent Tanör en 2002, Dursun Akçam en 2003, Oğuz Aral et Şükran Kurdakul en 2004, Selahattin Hilav et Attila İlhan en 2005, İsmet Sungurbey, Muzaffer Buyrukçu, Kemal Nebioğlu et Şinasi Kaya en 2006, Hrant Dink en 2007, Eflatun Nuri et Fethi Naci en 2008, Aşık İhsani, Asiye Eliçin et Ohannes Yaşar Uçar en 2009, Nihat Sargın en 2010, Fahrettin Petek, Mihri Belli, Halit Çelenk et Mekin Gönenç en 2011, Hüseyin Baş en 2012, Uğur Hüküm et Tuncel Kurtiz en 2013, Toygun Eraslan, Orhan Suda et Alpay Kabacalı en 2014, Yaşar Kemal et Çetin Altan en 2015, Bertan Onaran, Tarık Akan, Yaşar Kaya et Vedat Türkali en 2016, Refik Erduran et Barbro Karabuda en 2017, Mahmut Makal, Güneş Karabuda, Nebil Varuy, Ülkü Tamer et Tektaş Ağaoğlu en 2018, Teslim Töre, Müşür Kaya Canpolat, Ataman Aksöyek, Garbis Altınoğlu et Şeref Bakşık en 2019, Şekibe Çelenk et Muzaffer Erdost en 2020, Demir Özlü, Ali Ertem, Doğan Akhanlı et Yücel Sayman en 2021, Yalkın Özerden en 2022, Aydın Engin, Osman Saffet Arolat, Niyazi Dalyancı et Rana Cabbar en 2023, Yalçın Cerit en 2024.
 
Dans ma 88e année, leur mémoire continuera à me donner de la force, ainsi qu'à İnci.
 
Je me souviens d'eux avec respect et amour.

La société civile sous une pression croissante

Les activités des organisations non gouvernementales sont de plus en plus restreintes en Turquie, a affirmé jeudi le Centre de développement de la société civile (STGM), basé à Ankara, dans un rapport publié avec le soutien de l'Union européenne.

"Le champ d'action de la société civile est de plus en plus restreint en Turquie avec les nouvelles réglementations et la montée de la pression de l'Etat", a affirmé le STGM qui a présenté jeudi à Ankara les conclusions d'une étude de terrain menée auprès de plus de mille organisations.

Les associations de défense des droits fondamentaux sont particulièrement ciblées par des pressions, déclenchées souvent par une campagne de lynchage médiatique, suivi d'une inspection administrative et d'éventuelles amendes ou encore de procès pour la fermeture, affirme Murat Ozcelebi, du STGM.

"Les organisations considérées comme opposantes au pouvoir subissent beaucoup plus d'inspections donnant lieu à des sanctions. Cela pousse beaucoup d'entre eux à l'autocensure", ajoute-t-il.

Plus de 1500 associations et fondations ont été fermées depuis le durcissement du pouvoir qui a suivi la tentative du coup d'Etat de 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

En plus des sanctions, des poursuites pénales contre des responsables d'ONG sont aussi utilisées comme un moyen d'intimidation pour l'ensemble de la société civile, précise M. Ozcelebi.

Les associations de défense des droits des LGBT et de l'égalité des sexes sont particulièrement victimes "des agressions verbales et physiques ainsi que du harcèlement à travers les médias", souligne le rapport.

Adoptée en 2020, l'obligation légale pour les ONG de communiquer l'identité de l'ensemble de leur membres aux autorités a été un autre coup dur pour leurs activités.

"Après cette obligation, le nombre des membres des associations a chuté de 12 à 8 millions en Turquie. Les gens ont peur d'être fichés, surtout s'ils sont membres des organisations oeuvrant dans des domaines considérés comme sensibles, comme la défense des LGBT", affirme M. Ozcelebi.

"Une démocratie n'est possible qu'avec une forte société civile. Il existe cependant de nombreuses lacunes concernant la participation de la société civile en Turquie", regrette de son côté Levent Korkut, président du STGM.

Sur 163 lois adoptées en 2021 et 2022, seules deux ont été rédigées après consultation et prise en compte des avis des ONG, note le rapport. (AFP, 22 fév 2024)

Erdoğan criticizes Constitutional Court and Council of State

President Recep Tayyip Erdoğan, on his return from Egypt, shared his assessments and answered questions from journalists on the plane.

Erdoğan stated that his visit to Egypt took place upon "a very insistent invitation from Sisi." He also announced that the President of Egypt would reciprocate the visit and come to Ankara.

Taking aim at both the Constitutional Court and the Council of State, Erdoğan described some decisions of the Constitutional Court as "peculiar."

Erdoğan commented on the decision of the Council of State, which allowed 450 judiciary members dismissed on the grounds of alleged connections to the Fethullah Gülen group to return to duty, saying:

"We cannot remain silent about the decision made by the Council of State. Just as we do not stay indifferent to some peculiar decisions of the Constitutional Court as the People's Alliance, we cannot stay silent on this either. Moreover, I cannot digest these decisions of the Constitutional Court. The Council of State occasionally does it, bothering us with such decisions, but the frequent occurrence of such decisions by the Constitutional Court seriously bothers us.

"For instance, the Constitutional Court has also made a decision regarding the Information and Communication Technologies Authority (BTK). Where do you even start with that? How can such a decision be made? We are delving into this matter, and we will continue to follow this issue in the Council of State as well." (BIA, 15 February 2024)

Over 3,700 acts of armed violence recorded in Turkey in 2023

The Umut Foundation has released its annual "Turkey Armed Violence Map" report.

Over the past decade, a total of 34,197 incidents of armed violence have occurred, resulting in 21,434 fatalities and 31,207 injuries, some severe.

In 2023, the top 11 provinces with the highest incidents are, in order: Istanbul, Samsun, Adana, Izmir, Kocaeli, Sakarya, Bursa, Şanlıurfa, Ankara, Diyarbakır, and Çorum.

Of the 3,773 incidents in 2023, 29.23% (1,103 cases) occurred in the Marmara Region, 14.71% (555 cases) in the Black Sea Region, 14.44% (545 cases) in the Southeastern Anatolia Region, 12.54% (473 cases) in the Aegean Region, 12.30% (464 cases) in the Central Anatolia Region, 11% (415 cases) in the Mediterranean Region, and 5.78% (218 cases) in the Eastern Anatolia Region.

Erzincan stands out as the calmest city this year, with a 92% decrease in incidents, contrasting with serious increases, reaching up to 400%, in some cities. Meanwhile, other cities experienced significant reductions, ranging from 30% to 70% compared to the previous year.

In Erzincan, where only one incident was reported, the decrease is reflected as 92%.

Notably, one of the violent incidents last year involved the use of a keychain-type assassination weapon.

In Cihangir, Istanbul, during the first week of 2023, a keychain gun homicide occurred. Abdürrahim G., walking his dog, encountered his adversary Mustafa G. on the street. After handing over his dog to a friend, Abdürrahim took out a keychain-shaped assassination gun (clearly premeditated) and fired two shots at his opponent. Mustafa G., shot in the chest with the bullet lodged in his liver, was quickly apprehended. The assailant claimed he shot Mustafa G. because he held him responsible for his son's shooting.

Every city experiences armed violence, and incidents are increasing every year, even in cities formerly considered peaceful. Erzincan, with only one incident, stands out as the calmest city this year.

While some cities witnessed a surge of up to 400% in serious armed violence incidents, there is also a notable decline in some provinces by 30%, 40%, 50%, and even 70%, compared to the previous year. In Erzincan, where only one incident was reported, the decrease is an impressive 92%. (BIA, 12 February 2024)

Constitutional Court President speaks up directly to Erdoğan

Constitutional Court President Zühtü Arslan spoke at the swearing-in ceremony attended by Erdoğan: "You may not like or agree with the decisions of the Constitutional Court, but compliance with these decisions is a constitutional obligation."

Arslan, at the ceremony attended by President Recep Tayyip Erdoğan, Speaker of the Parliament Numan Kurtulmuş, Minister of Justice Yılmaz Tunç, and President of the Court of Cassation Mehmet Akarca, stated, "Compliance with the decisions of the Constitutional Court is a constitutional obligation."

Especially targeted after the violation decisions AYM made regarding the Workers' Party of Turkey (TİP) Hatay Deputy Can Atalay, Arslan addressed Erdoğan.

Arslan stated, "The ultimate authority to interpret the constitution is given to the Constitutional Court."

Referring to individual applications that have been debated in recent times, Arslan continued his speech:

There is no constitutional or legal basis or foundation for not complying with the decisions of the Constitutional Court after judicial decisions that have been finalized through appeal due to differences in opinions and interpretations following the decision and interpretation of the Constitutional Court.

The effectiveness of individual applications depends on the elimination of the violation and the elimination of its consequences. Therefore, in addition to determining the violation, the Constitutional Court must also show how this violation will be remedied and how the consequences of the violation will be eliminated. This is an obligation imposed on the Constitutional Court by the constitution and laws.

Eliminating the consequences of the violation generally requires restoring the situation to the state before the violation. The way to do this is to ensure the elimination of the judicial decision if the violation arises from a judicial decision.

Certainly, we may not like or agree with the decisions and interpretations of the Constitutional Court and decisions regarding constitutional provisions. However, even if we do not agree, compliance with these decisions is a constitutional obligation in a state of law. In fact, according to Article 153 of our Constitution, the decisions of the Constitutional Court are final and bind the legislative, executive, and judicial organs, administrative authorities, as well as real and legal persons.

In essence, even if there were no Article 153 in the Constitution, this result would not change. Because the violation decisions are not only a requirement of Article 153. The implementation of the decisions is also a necessary consequence of the Constitution being a social contract that binds all of us, ensures the legitimacy of the powers we use, and the obligation of loyalty to this contract and the principle of fidelity to the covenant that we use." (BIA, February 8, 2024)

Attaque contre le palais de justice d'Istanbul: trois morts dont les deux assaillants

Un civil a trouvé la mort et cinq personnes ont été blessées, dont trois policiers, dans une tentative d'attaque mardi du palais de justice d'Istanbul, lors de laquelle les deux assaillants ont été tués, a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le ministère de l'Intérieur avait précédemment fait état de la mort de deux assaillants dans une attaque "terroriste" d'une organisation marxiste-léniniste radicale, ajoutant que trois policiers qui gardaient le palais et trois civils avaient été blessés.

L'attaque visait le poste de police à l'entrée du palais de justice.

Les blessés, dont l'un a succombé à ses blessures, ont été hospitalisés.

"Je félicite nos forces de sécurité qui ont éliminé cette attaque perfide grâce à une intervention opportune. Deux terroristes, une femme et un homme, ont été neutralisés", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie commémorant le séisme du 6 février 2023 à Kahramanaras (sud-est), près de l'épicentre.

"La Turquie continuera de lutter avec détermination contre toutes les organisations terroristes et leurs partisans, sans aucune discrimination", a-t-il promis.

Selon le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, les deux assaillants ont été "identifiés comme des membres du groupe terroriste DHKP-C".

Qualifiée de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, l'organisation marxiste-léniniste radicale DHKP-C a revendiqué plusieurs attentats dans le passé en Turquie.

Le ministre n'a pas précisé quelles étaient les armes utilisées pour l'attaque mais un témoin, rencontré sur les lieux par l'AFP, a assuré avoir assisté à un échange de tirs.

"J'ai vu deux personnes, un homme et une femme, tirer sur la police. L'homme a été abattu en premier. Puis la femme a tiré encore quelques coups de feu", a raconté Mahir Yildiz, 25 ans, évoquant la "panique" qui s'est emparée des personnes présentes.

"J'ai entendu 20 à 25 coups de feu. Il y avait une grande panique et une grande peur à ce moment-là. Nous ne savions pas quelle direction prendre" a-t-il ajouté.

 - "Anti-impérialiste" -

 Le ministre de la Justice a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "terrorisme".

Toute entrée et sortie au palais de justice de Caglayan ont été temporairement suspendues.

Le groupe armé d'extrême-gauche DHKP-C ("Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple"), fondé il y a près de 50 ans, ne s'en prend cependant généralement pas aux forces armées turques, mais vise plutôt les intérêts "impérialistes" américains et l'Otan.

Il figure notamment sur la liste officielle des organisations terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis, qui ont offert trois millions de dollars en 2014 pour la capture de ses dirigeants.

Un kamikaze s'en réclamant s'était fait exploser en 2013 devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, tuant un garde turc.

Le groupe avait aussi commis en 2015 une attaque contre le palais de justice d'Istanbul, tuant le procureur d'alors, Mehmet Selim Kiraz. (AFP, 6 fév 2024)

Un an après le séisme, des survivants réclament justice

Zahide Seker a souvent songé au suicide après avoir perdu presque toute sa famille dans le séisme du 6 février 2023 qui a dévasté le sud-est de la Turquie.

Mais la quadragénaire a vaincu ses démons et veut désormais que ceux qu'elle tient pour responsables de l'effondrement de son immeuble à Kahramanmaras, grande ville proche de l'épicentre, soient traduits en justice.

"Je ne me tairai pas tant que justice ne sera pas faite", affirme-t-elle à l'AFP dans le conteneur où elle vit désormais, comme plusieurs centaines d'autres milliers de rescapés du tremblement de terre de magnitude 7,8.

Zahide Seker habitait la cité Ebrar, où près d'une vingtaine d'immeubles de huit étages se sont effondrés en pleine nuit tuant 1.400 personnes.

Les autorités estiment que 7.500 immeubles de la ville n'ont pas résisté aux secousses, submergeant les secours déjà ralentis par la tempête de neige qui s'abattait sur la région.

Zahide Seker n'a pu extraire les corps de ses deux enfants des décombres qu'au sixième jour, à mains nues.

"On m'a pris ma joie de vivre. Ca fait un an et je n'arrive toujours pas à dépasser ce traumatisme. J'ai voulu mourir plusieurs fois", lâche-t-elle en sanglots.

"Seule la justice pourra me consoler."

- "colonnes coupées" -

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a imputé le lourd bilan -- plus de 50.000 morts -- aux entrepreneurs et promoteurs, les accusant d'avoir utilisé des matériaux de mauvaise qualité et d'avoir violé les normes de construction.

Plus de 260 d'entre eux ont été arrêtés dans les semaines suivant le séisme, certains alors qu'ils tentaient de fuir la Turquie.

Mais les avocats des familles des victimes craignent que beaucoup échappent à la justice, une partie des preuves à charge ayant disparu sous les chenilles des bulldozers.

Les enquêtes contre les fonctionnaires ayant accordé les permis de construire et validé les inspections de sécurité nécessitent une autorisation du ministère de l'Intérieur: aucune n'a pour l'heure été ouverte.

Nebahat Pacala, qui a perdu son mari, sa fille et sa petite-fille, assure avoir répété aux entrepreneurs qu'ils construisaient sur un sol instable et violaient les normes de construction.

"Ils ont construit une salle de prière en sous-sol et ont coupé des colonnes" porteuses, assure la sexagénaire.

Les murs de son appartement gonflaient également à cause d'infiltrations d'eau, "mais les entrepreneurs ont menacé mon fils lorsque nous les avons alertés", affirme-t-elle.

- "preuves retirées" -

Devant le tribunal, Tevfik Tepebasi, l'un des principaux entrepreneurs de la cité Ebrar, s'est dit innocent, affirmant même pour sa défense ne "rien connaître" aux règles de construction, afin de rejeter la faute sur ses équipes. Argument qui a suscité un tollé.

L'homme, poursuivi dans plusieurs enquêtes liées au séisme, encourt jusqu'à 22 ans et demi de prison s'il est reconnu coupable d'avoir causé la mort ou des blessures par négligence.

Gamze Bilginer Dogan, 29 ans, qui a perdu ses parents et sa fille dans la cité Ebrar, s'est constituée partie civile "pour que Tepebasi ne ressorte pas libre", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Un rapport d'expertise consulté par l'AFP a conclu au sujet d'un des immeubles effondrés que les normes n'avaient pas été "suffisamment respectées".

Ses auteurs accusent les fonctionnaires chargés de la supervision du projet d'être responsables de la "principale négligence".

Ömer Gödeoglu, l'avocat des familles, redoute toutefois que le manque de preuves atténue la sanction: "pendant que tout le monde était concentré sur ses proches décédés, les preuves ont été retirées et les décombres dégagés", explique-t-il.

- amnistie controversée -

Lors d'un meeting à Kahramanmaras en 2019, le président Erdogan s'était félicité d'une loi d'amnistie controversée adoptée l'année précédente, qui a régularisé près de six millions de logements construits illégalement à travers le pays.

Cette loi a offert un toit à 145.000 personnes à Kahramanmaras. Mais au lendemain du séisme, ses détracteurs l'ont accusée d'être l'une des raisons du lourd tribut payé par la population.

Sur les ruines d'un ancien immeuble de cinq étages, Tuba Erdemoglu, 35 ans, montre des morceaux d'une mousse d'ordinaire utilisée comme isolant.

Selon elle, c'est cette mousse -- et non du béton -- qui avait été utilisée dans les colonnes du bâtiment, qui en s'écroulant a tué quarante-quatre personnes, dont sa soeur et ses parents.

"Le bâtiment s'est effondré en quelques secondes. La mousse a volé comme de la neige", affirme-t-elle.  "Je veux que les fonctionnaires municipaux soient poursuivis", ajoute-t-elle. "Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont assassiné ma famille." . (AFP, 28 jan 2024)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Kurdish play banned in Istanbul

A group of Kurdish actors was getting ready to perform a play in Istanbul's Sisli district on Friday, until police raided the Cemil Candas theatre.

The play, The King and Travis, was banned by Sisli mayor's office. The reason is not known.

Two actors from the Sano Ar troupe were surrounded by police inside the theatre. They were later expelled from the building.

The brother of one of the actors was detained in the raid.

The play had previously been banned in Agiri and Batman.

Actors and their fans believe the play was banned because it is in the Kurdish language.

Sano Ar said in a video message that they will not give up their right to perform in Kurdish.

"We will not leave the theatre. Let everyone know that Kurdish art is not without support. We will never abandon our language. We, as Kurdish artists who struggle for Kurdish art, say long live Kurdish theatre and Kurdish language," Bahoz Ozsunar, one of the members of the troupe, said.

A large number of police officers surrounded Cemil Candas Cultural Center and prevented the audience from entering the building.

"I have been standing here for two hours. Although I knew the event had been canceled, I still came here. I came for Deniz [Ozer] and myself," Xece, theater goer, told Rudaw.

"The only reason for the ban is because it is in Kurdish. I will not say anything else. We have been disrespected for hundreds of years. We will not tolerate this anymore," said Kocher, another theatre goer.

Pro-Kurdish Peoples' Equality and Democracy Party (DEM Party) and lawyers condemned the ban on social media.

"This thing was carried out completely illegally. A paper was handed to our clients but it only says the play was banned without stating any reasons. This is a complete violation of the law," Dilsah Tas, lawyer for the actors, said.

"When it comes to Kurds, they [the state] only do discrimination. There is no other reason. They [the actors] are not linked to politics or parties. They are comedians who want to perform, theater goer Ahmed said.

This is not the first time that Kurdish plays and concerts have been banned in Turkey, where the Kurdish language is not permitted in official settings, except for limited hours of elective Kurdish classes in schools.
(RUDAW, 17 February 2024

Journalist Nagihan Yılkın fined for 'insulting public official'

Cumhuriyet reporter Nagihan Yılkın and cumhuriyet.com.tr Editor-in-Chief Mustafa Büyüksipahi have received a verdict in the case opened on charges of "insulting a public official", as per article 125 of the Turkish Penal Code, upon the complaint of the then Governor of Gaziantep, Davut Gül.

According to Expression Interrupted, the trial, which had its fourth hearing at İstanbul 2nd Criminal Court, was not attended by Yılkın and Büyüksipahi. However, their legal representatives were present during the hearing.

The prosecutor reiterated the indictment presented in the session dated July 13, 2023, demanding punishment for Yılkın and Büyüksipahi on the charges against them. Davut Gül's lawyer stated that the complaints persisted and requested the punishment of Yılkın and Büyüksipahi in line with the prosecutor's recommendation.

"There is public interest in the news"

Lawyer Özge Naz Akkaya, representing the journalists, argued that the news was prepared within the scope of legal compliance with visible reality. She stated, "The subject of the news is the then Governor of Antep, Davut Gül, who performs public duties. The content of the news is not related to Gül's personal and private life but concerns a public tender project that has ended unfavorably. Therefore, there is public interest in the news. There is no expression in the news that constitutes an insult. Yılkın's actions fall within the scope of legitimate reporting, and we request her acquittal."

Referring to the amendment in the Press Law eliminating the criminal liability of the news director, Akkaya requested the acquittal of Büyüksipahi, who was the responsible editor-in-chief during the period when the news was published.

The court, in its decision, imposed a judicial fine of 7,080 Turkish Liras on Yılkın for the crime of "insulting a public official." Büyüksipahi was acquitted due to the absence of the defined act as a crime in the law.

The case was initiated upon the complaint of Davut Gül regarding the article titled "Complaint against Gaziantep Governor's Office: Corruption and bribery network exposed," published on the Cumhuriyet newspaper's website on March 5, 2022. The reporter Yılkın and Büyüksipahi, who was the Responsible Editor-in-Chief at the time of the news, faced the legal action. (BIA, 16 February 2024)

Three  journalists found guilty of aiding terrorist organization ‘without being a member’

The Committee to Protect Journalists urges Turkish authorities not to fight the appeals of journalists Ahmet Altan, Nazlı Ilıcak, and Fevzi Yazıcı and ensure that members of the press are not subject to judicial harassment.

The 26th Istanbul Court of Serious Crimes found the three journalists guilty of “assisting a [terrorist] organization without being a member” on Wednesday over their alleged ties to the exiled preacher Fethullah Gülen. The government accuses Gülen of maintaining a terrorist organization, which it calls FETÖ/PDY, and blames for a failed 2016 military coup.

The court sentenced well-known novelist and journalist Altan to six years and 3.5 months imprisonment; Ilıcak, former commentator for pro-Gülen daily Özgür Düşünce and shuttered broadcaster Can Erzincan TV, to five years and three months imprisonment; and Yazıcı, former layout editor for shuttered daily Zaman, to two years and one month.

The court did not immediately order the journalists’ arrests, leaving Altan and Ilıcak—who are both in their 70s—under judicial control, which means they are under a travel ban and must report to the police regularly. The court removed judicial control measures on Yazıcı.

“Turkish journalists Ahmet Altan, Nazlı Ilıcak, and Fevzi Yazıcı have already spent years of their lives behind bars on trumped-up terrorism charges stemming from their journalistic activities. It’s time to stop this endless circle of dragging the journalists into courtrooms and give them peace,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Turkish authorities should stop fighting the appeals of Altan, Ilıcak, and Yazıcı and work towards improving the country’s press freedom record.”

The court acquitted Yakup Şimşek, Zaman’s former advertising director, of the terrorism charge against him.

The three journalists have been enmeshed in multiple appeals and retrials since they were initially arrested in 2016 and sentenced to life imprisonment in 2018. Ilıcak was released from prison in 2019, Altan in 2021, and Yazıcı in March 2023.

Ilıcak was imprisoned from December 4, 2023, to January 28, 2024, after losing an appeal for the charge of “slander” connected to a 2016 column, which contained allegations about a prosecutor who was overseeing a terrorism investigation.

CPJ’s email to the Istanbul chief prosecutor’s office requesting comment did not receive an immediate reply. (CPJ, 15 February 2024)



Drop in jailed  journalists belies a long-simmering press freedom crisis

In CPJ’s 2023 annual prison census, Turkey was the world’s 10th worst jailer of journalists—its most press-friendly ranking in almost a decade—with 13 behind bars, down from 40 the previous year.

But the latest numbers don’t tell the full story. Turkey has consistently vied with China for the top slot in CPJ’s list of shame and has taken first place five times in recent years, in 2012, 2013, 2016, 2017, and 2018.

The fall in imprisoned journalists in Turkey does not signal an improvement in media freedom, Barış Altıntaş, co-director of the Media and Law Studies Association (MLSA), a local group advocating for press freedom and freedom of speech, told CPJ.

“Even if there were zero journalists in prison today, 200 journalists may be arrested tomorrow,” she said. “The government determines the number of arrested journalists, even when it is low.”

Although dozens of journalists have been freed since 2022, most are still under investigation or awaiting trial, placing a stranglehold on the country’s critical media, CPJ’s research shows.

Why is Turkey—a NATO member with close ties to the West—frequently ranked alongside authoritarian states like Iran and Egypt in CPJ’s prison census?

Understanding Turkey’s high rates of incarceration of journalists requires a closer look at its domestic politics, particularly the long-running conflict with Kurdish insurgents.

Imprisoned due to political winds

The reasons that journalists are imprisoned in Turkey are “100% political,” said Ülkü Şahin, a lawyer with the Journalists’ Union of Turkey (TGS), who monitors media trials. “The arrests of journalists run in parallel with politics in Turkey. Whenever there are times of crisis in Turkey, the number of arrested journalists increases.”

The conservative Justice and Development Party (AKP), which has ruled Turkey since 2002, has repeatedly used the security forces and judicial system to outmaneuver its political opponents.

“The journalism trials all stem from politics,” one court reporter told CPJ on condition of anonymity, citing fear of reprisal. “The judges are either ignorant about the law or they manipulate it for their advantage.”

Shifting political winds in Turkey regularly sweep up journalists across the political spectrum. Left-wing nationalist journalists were targeted in the early 2010s, when hundreds including lawmakers, retired generals, and academics were arrested in relation to the alleged ultra-nationalist Ergenekon conspiracy to overthrow the government.

Some jailed reporters were linked to coup plots, while others were arrested for “influencing a fair trial”—effectively criminalized for independent coverage of police and court activities. Journalists who had been close to the previous regime were imprisoned alongside Kurdish citizens and socialists, two groups that are always present in the country’s prisons.

Today, Turkey’s three longest-serving journalists are socialists serving life sentences. Hatice Duman has been behind bars since 2003, Mustafa Gök since 2004, and Erdal Süsem since 2010.

In 2016, the trend of politically-influenced media arrests continued with the mass detention of journalists working for outlets associated with the U.S.-based Islamic cleric Fethullah Gülen, after his religious group fell out with its former ally the AKP.

Media detentions intensified after the 2016 attempted military coup, which President Recep Tayyip Erdogan blamed on Gülen, who denied involvement. That year, Turkey set a new global record of 84 journalists in jail—the most ever imprisoned by a nation in a year in CPJ’s census.

‘We will punish you through the judiciary’

Today, the government continues to pressure the media to report its version of reality, a second court reporter told CPJ on condition of anonymity, citing fear of reprisal, adding that the arbitrary sentences handed down to journalists were the “best indicator of how the judiciary is under the influence of politics.”

The government’s attitude has been “either you practice journalism according to our instructions or we will punish you through the judiciary, with either investigations or prison,” said Fatma Demirelli, co-director of Platform for Independent Journalism (P24), a local press freedom group.

Mehmet Baransu, a former reporter and columnist for the shuttered newspaper Taraf, has been imprisoned since 2015 on multiple charges that stemmed from his reporting. In 2020, he was sentenced to more than 19 years in prison on charges that include alleged membership in Gülen’s movement. The government considers Taraf a mouthpiece for the Gülen movement, which it has designed as a terrorist organization and refers to as FETÖ/PDY.

Baransu has appealed the verdict. After the 2016 coup attempt, thousands of people with suspected ties to the Gülen community were interrogated but “there wasn’t one testimony regarding my or Taraf’s involvement [with Gülen],” Baransu told CPJ in an interview conducted via his lawyer.

Meanwhile, he remains in prison awaiting retrial on two cases which have been merged. One charge relates to a leaked National Security Council document that Taraf published and the other charge, which the journalist denies, is that he obtained a classified military document titled “The Sovereign Action Plan.”

Baransu believes the multiple journalism-related charges that he is facing are a punishment for his 2010 scoop about a planned coup. These reports, based on leaked documents and published in Taraf in 2010, led to the so-called Sledgehammer trials, in which more than 300 military officers were jailed.

Kurdish journalists labeled as terrorists

Kurdish journalists in particular are in the crosshairs. The question of Kurdish self-determination is a live one in Turkey, where Kurdish people have been subjected to decades of discrimination since the country’s founding. Turkish security forces have been fighting the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) since 1984 and peace efforts in the early 2010s failed. The PKK is designated as a terrorist organization by Turkey, the United States, and many Western governments.

Vaguely worded anti-terror and penal code statutes have allowed authorities to conflate journalistic reporting that they consider favorable to banned groups, like the PKK, with membership of a terrorist organization—for which the punishment is up to 15 years in prison.

Journalists’ union lawyer Şahin described terrorism-related charges as a “very functional” offense for authorities because of their “flexible” legal definition. Instead of asking prosecutors for evidence of a defendant’s “organic ties” or links to a terrorist organization, courts punish journalists simply for reporting the news, Şahin said.

Four out of five of the newly jailed journalists named in CPJ’s 2023 prison census were Kurdish— Sedat Yılmaz, Abdurrahman Gök, and Dicle Müftüoğlu were arrested over alleged PKK ties. Meanwhile, Celalettin Can was serving a 15-month sentence for guest editing the pro-Kurdish newspaper Özgür Gündem for one day in 2016 before it was shuttered due to alleged PKK ties.

(CPJ’s prison census provides a snapshot of journalists jailed as of December 1; since then, some Turkish reporters have been released. Gök and Yılmaz were freed pending trial on December 5 and 14 respectively, while Can was released conditionally on December 20.)

‘Revolving door’ of arrests and intimidation

When it comes to the Kurdish media, Turkey has an unofficial revolving door policy: as soon as one journalist from a newsroom is released pending trial, another is arrested, said Serdar Altan, one of 15 Kurdish members of the press — 14 journalists plus one media worker — imprisoned in June 2022 on charges of PKK membership.

This is an intimidation tactic, said Altan, who was freed on bail, after 13 months behind bars, on July 12, the day that the group’s mass trial on terrorism charges opened.

Sometimes the aim is to hinder an outlet’s work, at other times it’s to make an example of the journalists, but authorities generally avoid arresting every journalist at an outlet or shuttering it to avoid “negative publicity,” he said.

The main reason that the number of Turkish journalists in jail dropped in CPJ’s 2023 census is that a mass group that was imprisoned as of CPJ’s census date in 2022 had been released, awaiting trial, on that same date in 2023.

All were indicted on charges of terrorism, with their outlets labeled as propaganda tools because of their news policies, according to CPJ’s review of indictments, verdicts, and interrogation records.

CPJ visited the mainly Kurdish city of Diyarbakır, in southeastern Turkey, to observe several of these trials on terrorism charges in 2023. The courthouse had the usual harsh, white florescent lighting seen in similar buildings across Turkey, but security was noticeably tighter: two X-ray searches, full height turnstiles, an ID control, a ban on phones in the courtroom.

Journalists’ trials in this part of the country usually do not attract much public attention in western Turkey because the government is “effective” in presenting them as cases involving terrorist propaganda, said Altan, who is based in Diyarbakır.

“The Western media says, ‘Let’s not get into this if they took the journalist because of terrorism,’” he said.

Altan co-chairs the Dicle Fırat Journalists Association, a local press freedom group. His other co-chair, Dicle Müftüoğlu, is being held on terrorism charges in Sincan Women’s Closed Prison in the capital, Ankara. When her trial opened in Diyarbakır on December 7, she participated via teleconference.

Yılmaz—who worked with Müftüoğlu as an editor at the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency—agreed that Turkish civil society was often reluctant to stand up for Kurdish journalists.

“Being a Kurdish journalist is perceived as a potential crime in the polarized, divided circumstances of Turkey,” said Yılmaz, who spent eight months in detention prior to his December 14 release on the first day of his trial on terrorism charges.

“Being a Kurdish journalist makes your non-existent crime even heavier.” (CPJ, 15 February 2024)

Deux journalistes kurdes placées en garde à vue

La machine répressive du régime turc continue de s’emballer. Après l’arrestation ce matin, à Istanbul, d’une correspondante de JinNews, une autre journaliste kurde a été arrêtée à Cizre.

Après l’arrestation de Kibriye Evren, de l’agence de presse féminine JinNews, tôt vendredi matin à Istanbul, une autre journaliste kurde, Selamet Turan, a été placée en garde à vue à Cizre, dans la province kurde de Sirnak.

La correspondante de l’agence de presse féminine JinNews, Kibriye Evren, a été conduite à la direction anti-terroriste de Kocaeli à l’issue de la perquisition de son domicile. Selon JinNews, elle s’est vue imposer une interdiction de contact de 24 heures. Pendant une journée, la journaliste n’aura donc pas doit à l’assistance d’un avocat. Le motif de l’arrestation n’est pas connu pour l’heure.

Ce n’est pas la première fois que Kibriye Evren est la cible de la répression du régime turc. À l’automne 2018, la journaliste kurde avait déjà été arrêtée dans le cadre d’une vague d’arrestations visant l’opposition et la société civile kurdes. Accusée d'”appartenance à une organisation terroriste” et de “propagande terroriste”, elle avait été libérée sous contrôle judiciaire après 13 mois de détention préventive. Son procès est toujours en cours devant la juridiction pénale de Diyarbakir.

Comme dans le cas d’Evren, les autorités n’ont pas donné d’informations sur les raisons de l’arrestation de Selamet Turan. Condamnant l’arrestation des deux femmes, l’ONG Coalition For Women In Journalism (CFWIJ) a exigé leur libération immédiate.

Selon le rapport de janvier 2024 de l’Association des femmes journalistes de Mésopotamie (MKG), 9 femmes journalistes étaient derrière les barreaux à la fin du mois de janvier, tandis que 18 étaient poursuivies pénalement.

Selon l’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), dont le dernier rapport date du mois de janvier, 57 journalistes se trouvent actuellement dans les geôles turques. (ROJINFO, 9 février 2024)

Constitutional Court rules ‘violation of rights’ for 502 internet censorship cases

The Constitutional Court (AYM) has collectively ruled for the first time on a violation of rights following its pilot decision on internet access restrictions on October 27, 2021.

Reviewing all applications within the scope of freedom of expression, the AYM reiterated that violations arising from Article 9 of Law No. 5651 constitute a structural problem, referencing its Keskin Kalem decision in 2021.

It noted that the access restriction decisions of Peace Criminal Judgeships systematically violate freedom of expression, and the appeal mechanisms are ineffective. Additionally, the AYM pointed out that despite the pilot decision urging the Parliament to make new legislative arrangements, the Parliament did not comply.

In light of this, the AYM stated that it is now possible to collectively resolve the applications, emphasizing, "What the judiciary should do in this context is to initiate retrial proceedings and issue a new decision in line with the principles stated in the violation decision, eliminating the reasons that led to the violation."

The AYM also ruled for the payment of a certain amount of moral compensation to the applicants for non-pecuniary damages that cannot be remedied by the finding of a violation.

"The decision was delayed by a year"

Providing information to bianet about the not yet published judgment, Prof. Dr. Yaman Akdeniz from the Freedom of Expression Association, who evaluated the decision, stated that the applications for which the AYM made a decision date back to 2014. He mentioned that out of 502 applications, 352 (70%) were made by the Freedom of Expression Association.

Akdeniz, stating that the AYM's decisions today were expected after its Keskin Kalem decision in 2021 and it was not a surprise, mentioned that despite this, the AYM delayed the decision by about a year. He said, "The AYM said it would wait for a year, but it waited for two years."

Reminding that after the Keskin Kalem decision in 2021, the AYM annulled Article 9 of Law No. 5651, which allows courts to block access for personality rights, Akdeniz continued as follows:

"The pressure on the Constitutional Court, the consecutive applications made finally led to the annulment of both Article 9 and the violation decision in 502 applications.

The Constitutional Court gave the Parliament nine months to make a new regulation on this issue. The annulment decision will come into effect on October 10, 2024. Meanwhile, a similar or even worse sanction article will probably be added to Law No. 5651.

In the meantime, until October 2024, decisions under Article 9 will continue to be given by peace criminal judgeships. They are already giving them. Nothing will change. We will even enter the local elections with the existence of this article.

In this case, the Constitutional Court did not want to go into the content in the judgment where it ruled a violation for 502 applications. I called it a Pyrrhic Victory for this. After all, a decision was made with great losses like the Pyrrhic Victory. But on the other hand, as a result of the work we have done, 502 news, which have an archive quality, will return through retrial.

News obstructed mostly by President Recep Tayyip Erdoğan and his family. News removed by Bilal Erdoğan, Sümeyye Erdoğan, Burak Erdoğan. When the decisions are disclosed, a serious political censorship map parallel to political history will emerge.

On the other hand, if the Parliament does not make a new regulation, new violation decisions will continue to come, but they will not go into the content, and the Constitutional Court will not open a new discussion. Because there is a pilot decision of the Constitutional Court on this issue. Only the finalization of the applications will be facilitated.

Nevertheless, the issue is not closed, censorship continues. Therefore, the struggle will continue.

35,000 news articles censored in 8 years

According to the last EngelliWeb report published by the Freedom of Expression Association in July 2023, within the scope of Article 9 of Law No. 5651, 35,023 news were obstructed by 6,509 different decisions made by 543 different peace criminal judgeships between 2014-2022, and 29,253 news were removed, withdrawn, or deleted.

In 2022 alone, while a total of 6,528 news with public interest were obstructed as a result of decisions made under the pretext of 'violation of personality rights,' 5,388 news were also removed from publication and censored. (BIA, February 8, 2024)

Judicial pressure on journalists escalated with the 'disinformation law'

A study based on bianet's Media Monitoring Reports and data entered into the Media Observation Database evaluates the freedom of expression for media outlets and journalists in Turkey over the past year.

Since 2001, the IPS Communication Foundation/bianet has been regularly reporting on violations of freedom of expression, and its 2023 assessment report is now available.

This report, prepared with the financial support of Oslo Metropolitan University (Center for Journalism and Media International Center, JMIC), has been prepared by Sinem Aydınlı and Erol Önderoğlu.

Referencing the BİA Media Monitoring Database 2023 data and four media monitoring reports published in the same year, the report evaluates the state of freedom of expression for media organizations and journalists in Turkey over the past year.

The Media Monitoring Database, regularly updated through daily media monitoring, lists a total of 210 new interferences between January 1, 2023, and January 1, 2024. Alongside interferences from previous years where trials are ongoing, there are a total of 352 interferences for the year 2023.

These interferences include interventions by third parties, such as threats, harassment, or physical violence against journalists, along with interventions by judicial or executive authorities.

The data presented in the report indicates that journalists and media workers in Turkey have predominantly faced the threat of imprisonment due to cases based on the Turkish Penal Code and the Anti-Terrorism Act.

Freedom of expression in 2023
According to the report, 2023 marked the return of Turkey to the category of "countries that detain the most journalists" for the first time since the attempted coup on July 15, 2016.

In the World Press Freedom Index by Reporters Without Borders (RSF), Turkey declined further, ranking 165th out of 180 countries, compared to 149th the previous year.

Turkey is categorized as "not free" in both the global freedom index and the internet freedom index, according to the report by Freedom House.

The law enacted in October 2022, commonly known as the "disinformation law" or referred to as the "censorship law" by opposition circles, criminalizing "publicly spreading misleading information," added another layer to the interventions against freedom of expression.

News coverage of the presidential elections on May 14 and 28 became another indication of the decline in media freedom. Mass arrests of Kurdish journalists, the severe attack on Sinan Aygül after reporting on corruption in Tatvan, and the arrest of TELE1 Editor-in-Chief Merdan Yanardağ are just a few examples of these interventions.

A look at 2023 by the numbers

- 55 journalists were detained.

- 25 journalists were attacked.

- 81 media workers left their jobs due to layoffs or disagreements arising from the editorial line of the media outlet.

- 42 journalists faced physical intervention, attacks, damage to their equipment, targeting, or verbal threats.

- At least 13 journalists were sentenced to a total of 18 years, 8 months, and 25 days in prison and a total of 14,500 TL in fines.

- At least 121 journalists were accused of crimes in defamation and slander cases.

- Trials continued for at least 22 journalists and media workers on charges of "insulting the President."

- RTÜK issued 18 broadcast suspensions and a total of 56 fines amounting to 29,861,186 TL to radio and television institutions.

- Peace Criminal Judgeships or the Union of Access Providers imposed access restrictions on at least 986 news articles in a manner that would restrict the formation of public opinion, based on requests from government representatives and privileged circles.

- The Constitutional Court ruled that the imprisonment of journalists constituted a "violation of the right to freedom of expression" and ordered a total of 88,800 TL in compensation to be paid to journalists.

- "Disinformation" served as the pretext for at least 33 investigations and prosecutions against journalists in 2023. Sixteen journalists were detained, investigated, or arrested on charges of "publicly spreading misleading information." (BIA, Feb 1, 2024)

Journalist Mahmut Altıntaş detained, says police beat him

Turkish authorities must stop the country’s security forces from harassing the press and investigate accusations by Mahmut Altıntaş, a reporter for the pro-Kurdish Mezopotamya News Agency, that police beat him in detention, the Committee to Protect Journalists said Thursday.

Police in the eastern province of Adıyaman took Altıntaş into custody on suspicion of terrorism propaganda on Saturday, January 27, freed him pending investigation, and then immediately took him into custody a second time and held him overnight. Altıntaş told CPJ and local news organizations that police officers hit him the first time he was in custody. 

“The treatment of Mahmut Altıntaş, who was taken into custody twice, is absolutely unacceptable even in an environment where members of the press are routinely abused for doing their work,” said Özgür Öğret, CPJ’s Turkey representative. “Turkish authorities must investigate Altıntaş’ complaint against those he said used force against him, hold them accountable, immediately return his confiscated equipment, and take action to prevent unnecessary arrests and violence by security forces.”

Altıntaş, based in Şanlıurfa province, traveled to Adıyaman on Saturday to report on the aftermath of a 2023 earthquake when he was taken into police custody on suspicion of terrorism propaganda and questioned about 19 of his social media posts, including links to articles written by him and others on Mezopotamya and articles from Kurdish language newspaper Xwebûn, according to the sources above.

Altıntaş said a police officer told him to keep his head low while being taken to see a prosecutor at the city courthouse following the police interrogation. The journalist told CPJ that five officers surrounded him when he refused to lower his head.

“I chanted the slogan ‘Biji Çepemanya Azad,’ which in Kurdish means ‘long live the free press’ to protest the situation. I received a blow on my face after that. One of the officers was holding my neck; another put his finger in my mouth. The others were holding my arms,” said Altıntaş. He said he was then brought inside the courthouse as the officers were holding his arms, pressing his head down, and insulting him.

Altıntaş was later released under judicial control pending investigation by an Adıyaman court, but before he could leave the courthouse, he was informed that an officer filed a complaint against him for “resisting the police.” He was once again taken into police custody by the order of a prosecutor and spent a night in jail before another court released him under judicial control pending investigation. Adıyaman police confiscated his phone, computer and camera, Altıntaş told CPJ.

The journalist’s lawyer has filed a criminal complaint against the police officers Altıntaş says were involved in the abuse.

CPJ emailed the Adıyaman chief prosecutor’s office and the Interior Ministry of Turkey, which oversees the police, for comment but didn’t receive any reply. (CPJ, February 1, 2024)

Revue de la presse d’un hôpital pyschiatrique

Ragip Duran, TVXS.GR, 27 janvier 2024
Les réseaux sociaux et quelques quotidiens encore indépendants décrivent une Turquie débordée, déséquilibrée, mais encore plein d’humour.
Rituel matinal sine quo non de l’homme moderne, quand on surfe sur l’Internet ou bien quand on feuillette les rares quotidiens indépendants du pays, on voit une Turquie complètement irrationnelle, très bizarre voire intégralement folle.

Heureusement, l’humour y est encore présent.

Le voyage dans l’espace du pilote militaire turc, payé par le régime (50 millions d’euros), au seuil des élections locales du 31 mars prochain, continue à produire des blagues:

- Le patron du Space-X, apparaît sur une affiche de campagne électorale. “Elon Musk, candidat de l’AKP pour la mairie du planète Mars.”

- Une affiche collée sur la vitrine d’un petit magasin : Livraison de licence d’astronaute/Nous vous envoyons à la lune!

- Des photos truquées produites grâce à l’application Deepfake montrent des Turcs dans l’espace, assis par terre en train de prendre du raki à côté du barbecue, sport favori des Turcs.

* Alors que les téléspectateurs suivaient les aventures de l’astronaute turc, le même jour, un décret Présidentiel d’Erdogan a mis fin au statut forestier de 6 millions de m2 dans les 13 départements du pays. Ainsi, ses terrains sont désormais ouvert à la construction.

* La Présidente d'IYI Parti (Le Bon Parti, issu de l’extrême droite, 38 sièges sur 600), Mme Meral Aksener a déclaré qu’elle avait été témoin “des assassinats braves” quand elle était jeune, c’est-à-dire avant le Coup d’Etat de 1980.

* Plus de 14.000 médecins ont quitté la Turquie lors des 10 dernières années selon l’Union des Médecins de Turquie. Une militante de l’AKP avait déclaré publiquement son amour pour le Président Erdogan et avait ajouté, “Nous sommes très contentes. Auparavant, on n’avait même pas le droit de battre les médecins alors qu’aujourd’hui, on peut les frapper librement”!

* Voici la liste des bacheliers, des meilleurs lycées d’Istanbul, qui sont partis en 2023 à l’étranger pour faire des études universitaires :

- Lycée d’Autriche: 74 sur 75
- Lycée allemand: 122 sur 124
- Lycée d’Istanbul des Garçons: 133 sur 166
- Lycée Galatasaray: 78 sur 121
- Robert College: 34 sur 97

L’analyse du proviseur du Lycée Galatasaray, Prof. Dabak: “Ces jeunes croient qu’ils peuvent recevoir un meilleur enseignement à l’étranger et puis le désir de liberté y joue également”.

* La situation économique et financière de la majorité de la population va de pire en pire. Mais par ailleurs le régime dépense des millions de livres turcs pour les deux palais présidentiels selon le journaliste Fatih Altaylı.

- Le Palais estival d’Okluk (Egée) a un budget annuel de 840.000.000 LT (Environ 24 millions Euros). Alors que le Président n’y va que seulement 3 jours au maximum en un an.

- Le Palais estival d’Ahlat (Est) a un budget annuel de 1.215.000.000 LT (Environ 37 millions Euros) . Le Président s’y rend peut être 1 ou 2 fois par an.

“İnsupportable est d’être turc” est le titre du livre de Haluk Sahin, professeur de communication en retraite de l’Université Bilgi d’Istanbul.

Kurdish Question / Question kurde

La justice somme le gouvernement fédéral irakien de payer les fonctionnaires du Kurdistan

La justice irakienne a sommé mercredi le gouvernement fédéral de verser directement les salaires aux fonctionnaires dans le Kurdistan, et non plus en passant par les autorités locales de cette région autonome du nord de l'Irak, après plusieurs mois d'impayés.

Le verdict de la Cour suprême fédérale, plus haute instance judiciaire d'Irak, vient en réponse à une plainte déposée par des avocats et des fonctionnaires de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan, où des enseignants ont fait grève et manifesté plusieurs semaines en raison de trois mois de salaires impayés fin 2023.

Le gouvernement fédéral avait annoncé en septembre le versement annuel aux autorités du Kurdistan de trois tranches de 700 milliards de dinars (plus de 490 millions d'euros), pour payer les salaires publics.

Mais dans son verdict diffusé à la télévision publique, le juge Jassem al-Amiri a ordonné mercredi à Bagdad de verser les salaires, les pensions de retraite et les prestations sociales par virement sur les comptes bancaires des bénéficiaires.

Toutes les instances étatiques concernées doivent adopter ce mécanisme "sans en référer" aux autorités locales du Kurdistan, a souligné le juge.

Le budget des salaires sera déduit des financements versés par Bagdad au gouvernement régional du Kurdistan.

Le verdict somme également Erbil, capitale régionale du Kurdistan, de "remettre au gouvernement fédéral tous ses revenus pétroliers et non-pétroliers", et réclame un audit des comptes.

Des années durant, le Kurdistan autonome disposait de financements indépendants grâce à ses exportations pétrolières.

Mais désormais, ces ventes de pétrole, actuellement suspendues en raison d'un litige entre l'Irak et la Turquie, devront passer par Bagdad, en échange de quoi un pourcentage du budget fédéral est alloué à la région autonome.

Le Kurdistan continue néanmoins de bénéficier des revenus tirés de plusieurs points de passage à ses frontières avec la Turquie, la Syrie et l'Iran voisins.

Les relations entre Bagdad et le Kurdistan, autonome depuis 1991, sont depuis toujours en dents de scie et la question du versement des salaires des fonctionnaires vient régulièrement empoisonner leurs rapports. (AFP, 21 fév 2024)


Les Kurdes demandent la reconnaissance officielle de la langue kurde

Ce 21 février, c’est la Journée internationale de la langue maternelle. Le 19 février, 24 membres d’institutions kurdes se sont rassemblées à Van et ont exigé que la langue kurde ait un statut officiel en Turquie et sur la scène internationale.

Le bureau de Van du Parti DEM et 24 institutions de la société civile de la ville ont organisé lundi une déclaration à la presse dans le cadre des activités du 21 février, Journée internationale de la langue maternelle. Les membres des organisations civiles et politiques de Van ont défilé jusqu’au bâtiment du DEM parti au Centre de recherche linguistique, culturelle et artistique (ARSİSA) où a eu lieu la conférence de presse.

« La plus ancienne langue de l’humanité »

Le co-porte-parole de la Commission Langue et Culture du Parti DEM, Hemid Dilbihar, a rappelé que de nombreuses langues, dont le kurde, sont actuellement menacées de disparition. Dilbihar a déclaré : « La Journée mondiale de la langue maternelle célèbre l’égalité de toutes les langues. Mais malheureusement, le statut et l’avenir de nombreuses langues sont encore aujourd’hui incertains. Elles sont menacées d’assimilation et d’extinction. Aujourd’hui, il existe des langues comme le syriaque, le laz, le bosniaque, hemsin, circassien, arménien, roumain et arabe en Anatolie. L’une des langues menacées est la langue kurde, parlée par des dizaines de millions de Kurdes. La langue kurde est la langue la plus ancienne et la plus riche de l’humanité. »

Dilbihar a déclaré : « La langue kurde est l’âme, l’esprit et le corps des Kurdes. La langue kurde est l’épine dorsale de l’unité de la nation kurde. Sans langue, il n’y a pas de Kurdes ni de Kurdistan. Les Kurdes et le Kurdistan ne font qu’un et ne peuvent être séparés. L’un ne peut exister sans l’autre. La liberté de la langue kurde est aussi la liberté des Kurdes et du Kurdistan. Les Kurdes continuent leur lutte pour protéger, revitaliser et développer leur langue. La langue kurde a les mêmes droits fondamentaux que l’anglais, l’allemand, Français, arabe, persan, turc et toutes les autres langues. Des millions de Kurdes et tous les mouvements, partis, institutions, organisations et cercles kurdes doivent s’unir pour la liberté de leur langue. »

Demandes

Déclarant qu’ils poursuivront leur lutte jusqu’à ce que le kurde soit accepté comme langue officielle, Dilbihar a énuméré leurs revendications suivantes :

« Nous voulons la langue kurde dans tous les domaines et nous nous battons pour elle. Cette lutte va continuer.

Nos revendications et objectifs pour la langue kurde sont très clairs et concrets :

-La langue kurde doit avoir un statut officiel et international ;

-Doit être officiellement accepté par les lois constitutionnelles et internationales ;

-Le kurde devrait être la langue de l’éducation ;

-Le kurde devrait être utilisé dans des lieux tels que le parlement, les gouvernorats, les municipalités, les tribunaux et les hôpitaux :

-L’Institut de la langue kurde devrait être officiellement reconnu et géré par des représentants du peuple kurde.

– S’il y a des opportunités pour le turc, il devrait y avoir aussi des opportunités pour le kurde. »

(Kurdistan Au Féminin,
20 février 2024)

Un bombardement fait deux morts au Kurdistan d'Irak

Deux personnes ont été tuées mardi au Kurdistan autonome d'Irak dans un bombardement imputé à la Turquie, ont rapporté une source de sécurité et un responsable médical dans le nord irakien, où Ankara mène régulièrement des frappes contre les combattants kurdes turcs du PKK.

L'armée turque confirme épisodiquement ses bombardements en territoire irakien, où elle mène régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses positions au Kurdistan autonome d'Irak et dans la région montagneuse du Sinjar.

Le bombardement de mardi a eu lieu en soirée près du village reculé de Kafya, dans la région montagneuse d'Akre, située dans le nord de l'Irak non loin de la frontière avec la Turquie, a assuré à l'AFP la source sécuritaire s'exprimant sous couvert d'anonymat.

"Deux civils ont été tués et un troisième blessé dans un bombardement aérien turc", a précisé cette source, ajoutant qu'une équipe médicale avait été dépêchée sur le site avec les proches des victimes pour récupérer les corps.

De son côté, un responsable médical a fait état d'un bilan de deux morts et de deux blessés dans un bombardement dans la région d'Akre.

La Turquie a installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases militaires au Kurdistan irakien pour lutter contre le PKK, qui dispose également de bases arrières dans cette région.

Samedi le ministère turc de la Défense avait rapporté la mort d'un soldat turc dans une attaque contre une base militaire turque dans le nord de l'Irak.

Au moins 18 soldats turcs avaient été tués dans des attaques séparées en janvier et décembre dernier dans le nord de l'Irak.

En octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan assurait que son pays allait "continuer d'intensifier" ses frappes en Irak et en Syrie contre le PKK, classé groupe "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux. (AFP, 20 fév 2024)

Marchers complete freedom walk in Turkey, demand Kurdish rights

In Halfeti (Xelfetî), Urfa (Riha), a southeastern Kurdish-majority province of Turkey, 75 participants concluded their 15-day 'Great Freedom March' advocating for Kurdish rights and the release of Kurdistan Workers' Party's imprisoned leader Abdullah Öcalan, amidst calls for a peaceful resolution to the Kurdish issue.

The ‘Great Freedom March’ reached its final destination in Halfeti (Xelfetî) district of Turkey’s southeastern Kurdish-majority Urfa (Riha) province on Thursday 15 February, marking both the 25th anniversary of the capture of the Kurdistan Workers’ Party’s (PKK) imprisoned leader Abdullah Öcalan, and the culmination of a 15-day journey to champion the cause of Kurdish rights and the release of Öcalan.

The march, initiated on 1 February, aimed to highlight the Kurdish issue and call for Öcalan’s physical freedom as a step towards a democratic solution.

Democratic Regions Party (DBP) Co-chair Çiğdem Kılıçgün Uçar emphasised the collective nature of the march. “This march is not only for those who walked but represents the movement of millions. We will continue to fight until Mr. Öcalan’s voice reaches everyone and the Kurdish issue is resolved,” she stated.

The marchers, welcomed by locals with banners and slogans supporting Öcalan, made a statement at Turkey’s pro-Kurdish Peoples’ Equality and Democracy Party’s (DEM Party) district office in Halfeti, advocating for peace and resistance against the ongoing war policies of the Turkish state.

The marchers attempted to proceed to Öcalan’s birthplace, Amara, but were denied entry by the officials who cited “restrictions due to military operations”. Despite this setback, the participants remained determined, highlighting the Kurdish struggle against the Islamic State (ISIS) and the significant role of Kurdish women in North and East Syria in establishing a new paradigm as envisioned by Öcalan.

Uçar criticised the Turkish state’s approach to the Kurdish issue and the continued isolation imposed on Öcalan, calling for a unified effort to address the Kurdish reality and demanding Öcalan’s freedom as the key to resolution. She thanked all those who supported the march, reaffirming the Kurdish commitment to their cause despite international and domestic challenges.

The march concluded in Halfeti, with the participants vowing to persist in their advocacy until a just solution is achieved, underscoring the importance of solidarity and peaceful activism in the Kurdish movement. (medyanews.net, 15 February 2024)

Öcalan, l'icône kurde condamnée au silence

L'oncle qui incarne la cause": vingt-cinq ans après sa capture par les services secrets turcs, Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), reste depuis sa cellule le visage incontournable de la rébellion kurde.

 L'ennemi public numéro un d'Ankara, arrêté le 15 février 1999 au Kenya au terme d'une traque acharnée, s'apprête à fêter ses 75 ans à l'isolement début avril sur l'île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, au sud d'Istanbul.

Son dernier contact avec l'extérieur fut un bref échange téléphonique avec des proches fin mars 2021. Ses avocats n'ont eux "aucune nouvelle" depuis le 7 août 2019, "ni par téléphone ni par fax", a indiqué à l'AFP l'un de ses conseils, Ibrahim Bilmez, affirmant n'avoir "aucune idée de son état de santé".

Cette année-là, les autorités avaient autorisé ses avocats à lui rendre visite, une première depuis 2011, après que des milliers de détenus eurent observé une grève de la faim pour protester contre son isolement.

Malgré l'enfermement et le silence, celui que ses fidèles appellent "Apo" ou "Serok" ("oncle" et "chef", en kurde) continue d'incarner la rébellion kurde en Turquie, où le conflit entre le PKK et l'Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Son aura perdure également en Europe, où des réfugiés kurdes brandissent à longueur d'années des drapeaux et pancartes frappés de son visage rond à l'épaisse moustache noire -- bien que les dernières images du leader kurde, vieilles d'une décennie, montrent un homme à la moustache et aux cheveux blanchis par l'âge.

- perpétuité -

Né le 4 avril 1949 dans une famille paysanne de six enfants dans le village d'Omerli, à la frontière syrienne, Abdullah Öcalan s'engage à l'extrême gauche pendant ses études en sciences politiques à Ankara, ce qui lui vaut un premier séjour en prison en 1972.

En 1978, il fonde le PKK, d'obédience marxiste-léniniste. Deux ans plus tard, c'est l'exil, le plus souvent à Damas ou dans la plaine libanaise de la Bekaa alors sous contrôle syrien, où il installe son quartier général.

"Apo" décide en août 1984 d'engager la lutte armée pour obtenir la création d'un Etat kurde.

Aux attaques du PKK répond la répression d'Ankara. Le sud-est du pays est plongé dans un état de quasi-guerre civile, contre un groupe considéré comme "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Contraint en 1998 de quitter la Syrie sous la pression turque, il erre dans toute l'Europe avant d'être capturé par les services secrets turcs à la porte de l'ambassade de Grèce à Nairobi, au Kenya.

Ramené en Turquie, il est condamné à mort, une peine commuée en emprisonnement à perpétuité lors de la suppression de la peine capitale en 2002.

- "acteur de référence" -

Ankara pensait en l'arrêtant avoir décapité le PKK. Mais même à l'isolement, il continuera longtemps à diriger son mouvement en délivrant ses instructions à ses visiteurs.

C'est ainsi lui qui ordonne un cessez-le-feu unilatéral qui perdure jusqu'en 2004. Lui aussi qui commande au mouvement de renoncer à un Etat kurde indépendant et de militer pour une autonomie politique au sein de la Turquie, dont les Kurdes représentent selon certaines estimations un cinquième des 85 millions d'habitants.

Lui encore qui, en 2012, ordonne la fin d'une grève de la faim suivie par 700 détenus kurdes, et renoue le dialogue avec Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

En 2013, il appelle à nouveau ses troupes à un cessez-le-feu pour parvenir à un règlement pacifique avec Ankara, avant que le conflit ne reprenne en 2015.

Depuis, "la société kurde s'est diversifiée, et le mouvement kurde politique et légal s'est imposé comme un acteur", souligne Hamit Bozarslan, directeur d'études à l'EHESS, à Paris.

Lors des élections municipales de 2019, Öcalan et le parti prokurde HDP (rebaptisé DEM) ont ainsi fait étalage de leurs divergences.

Mais si des discussions de paix devaient reprendre aujourd'hui, "je continue à penser qu'il resterait l'acteur de référence", estime M. Bozarslan.

D'après lui, "pour une grande partie des Kurdes, (...) c'est l'oncle qui incarne non seulement la cause, mais qui incarne la nation kurde dans sa totalité". (AFP, 17 février 2024)


Manifestation kurde à Bruxelles pour la libération d’Öcalan

Un rassemblement était organisé par la communauté kurde de Belgique, dimanche en début d'après-midi, devant la gare de Bruxelles-Central, pour demander la libération du leader populaire kurde Abdullah Öcalan et pour militer en faveur des droits des Kurdes.

"À bas régime fasciste en Turquie", ont scandé les manifestants, qui étaient un peu plus de cent, munis de drapeaux imprimés du portrait d'Abdullah Öcalan dont ils réclament la liberté.

Il y a 25 ans, les services secrets turcs enlevaient au Kenya le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, et l'emmenaient en Turquie.

Öcalan sera condamné à mort, peine commuée ensuite en prison à vie. Il est détenu sur l'île-prison d'Imrali dans la mer de Marmara. Il avait joué un rôle capital dans les négociations de paix en 2013 et 2015 entre l'État turc et le PKK.

Les manifestants ont aussi réclamé une solution politique à la question kurde, alors que le conflit entre l'État turc et le PKK a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Ils ont attiré l'attention sur l'urgence d'une solution pacifique.

Ils ont aussi insisté sur le fait que le peuple kurde ne soit pas oublié, parmi les autres conflits majeurs dans le monde, alors que des milliers d'opposants politiques, surtout kurdes, sont enfermés dans les prisons du régime du président Erdogan. (Agence Belga, 11 février 2024)

DEM Party's İstanbul candidates are Meral Danış Beştaş and Murat Çepni

DEM Party Spokesperson Ayşegül Doğan announced the municipal mayoral candidates of her party. Doğan announced that Meral Danış Beştaş and Murat Çepni are the candidates for İstanbul, stating, "Our decision is not a gesture to some and a challenge to others."
 
DEM Party's İstanbul candidates are Meral Danış Beştaş and Murat Çepni
People's Equality and Democracy Party (DEM Parti) Spokesperson Ayşegül Doğan addressed reporters in a press conference at the party's headquarters regarding the local election agenda.

Doğan has announced the co-mayoral candidates for many cities, including İstanbul and Ankara.

Referring to the 'Great Freedom March' in her speech, Doğan said, 'I come to you with the dust of my feet from Cizre. The Freedom March has been continuing for 9 days now, stopping at new stations. The Freedom March will continue until February 15 with demands for equality, freedom, justice, and peace. I salute the marchers. Isolation is not only in prisons but in many of our lives. Our right to object, our rebellion, our freedom of expression are under siege. That's why isolation, like a snowball, is holding Turkey hostage.

Doğan then announced the co-mayoral candidates for 40 provinces and 16 metropolitan municipalities.

After announcing the candidates, Doğan stated: "We are a political movement too strong and experienced to be squeezed into the options of either winning or losing. Our decision is neither a gesture nor a challenge. We present everything transparently. We are fighting not for a party to feel powerful, but for peoples to live in a stronger and more peaceful manner."

Who is Meral Danış Beştaş?

Meral Danış Beştaş, born in 1967 in Mazıdağı, Mardin, graduated from Dicle University Faculty of Law in 1990. She worked as an independent lawyer affiliated with the Diyarbakır Bar Association, where she also served in various capacities within the bar administration. She specialized in women's rights and human rights issues and represented clients in cases of human rights violations brought before the European Court of Human Rights (ECHR). She held positions within the Human Rights Association (İHD).

She notably served as the applicant's lawyer in Turkey's first conviction for domestic violence, known as the Opuz case.

Beştaş served as the Co-Vice Chair of the Peace and Democracy Party (BDP) and was a member of its legal commission. She was elected as a Member of Parliament for Adana in the 25th and 26th terms, and for Siirt in the 27th term. She held the positions of Co-Spokesperson and Co-Chair of the Legal and Human Rights Commission within the Peoples' Democratic Party (HDP).

She fulfilled the role of a member of the Constitutional Conciliation Commission established in the Turkish Grand National Assembly (TBMM). Additionally, she served as a member of the Constitution Committee, the Human Rights Examination Committee, and as the Deputy Chair of the Subcommittee on Children's Rights. She also served as the Deputy Parliamentary Group Chair of the HDP.

Danış-Beştaş is married and has two children. (BIA, February 9, 2024)


Les Kurdes lancent la « Marche pour la liberté »

La « Grande Marche pour la Liberté » a débuté aujourd’hui à Qers avec des revendications pour la levée de l’isolement d’Imrali et la solution du problème kurde et la liberté d’Abdullah Öcalan. De nombreux élus politiques, dont Cengiz Çiçek, co-porte-parole du Congrès démocratique des peuples (HDK), Çiğdem Kılıçgün Uçar, coprésidente du Parti des régions démocratiques (BDP), Tülay Hatimoğulları, coprésidente du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), Kerem Canpolat, coprésident du MED TUHAD-FED et des membres du mouvement des femmes kurdes (Tevgera Jinên Azad – TJA) ont participé à la marche qui a eu lieu après une déclaration à la presse.

Tout au long de la marche, des slogans kurdes tels que « Bijî berxwedana zindanan », et « Bijî berxwedana Îmraliyê (Vive la résistance d’Imralı) » ont été scandés. Le long du parcours de la marche, les riverains ont également soutenu les manifestants. Les membres des partis politiques et les représentants des organisations de la société civiles se sont rendus à pied au bâtiment de l’organisation provinciale du parti DEM. La foule rassemblée ici scandait fréquemment les slogans « Bijî Serok Apo ». Les manifestants ont expliqué le but de la marche au public rassemblé.

Le co-porte-parole du Congrès démocratique des peuples (Halkların Demokratik Kongresi – HDK, union de nombreuses associations et partis politiques de gauche en Turquie), Cengiz Çiçek, a déclaré : « La question kurde est une question de statut. Il est de notre responsabilité de garantir la liberté physique de M. Öcalan. Ce n’est pas notre choix, c’est notre obligation. Serhildan (le soulèvement) nous a amenés à ce jour. Nous devons garantir cet esprit. Si un peuple défend sa liberté, il obtiendra certainement sa liberté. La victoire appartient à ceux qui se mettent en route. Il faut chaque jour accroître cet enthousiasme et aller jusqu’à la victoire. Le système veut nous distraire de nos agendas. Pour cette raison, notre ordre du jour est M. Öcalan, malgré le génocide et le colonialisme. Notre marche se poursuivra jusqu’à ce que M. Öcalan rencontre le peuple en liberté. Le jour de la rencontre sera notre jour de liberté. » (infolibertaire.net, 1 février 2024)

Kurdish service of Radio Sweden to close

The management of Radio Sweden is closing down the Kurdish service, which has been broadcasting for 23 years, citing "economic crisis" as the reason.

The radio management has also decided to close some sections broadcasting in various languages, including the Kurdish section.

The Kurdish service, staffed by four individuals, will conclude its final broadcast on March 31, 2024, and will be closing down.

Kurdish section at Radio Sweden, mentioned in his statement to bianet that discussions about the closure of some sections due to "economic crisis" have been ongoing for the past few months. Kavak noted that, however, the name of the Kurdish service was not among those mentioned. He emphasizes that they experienced a huge shock:

"Great sorrow, a huge shock... The Kurdish editorial team within Swedish Radio was highly valued. It was considered a fundamental engine for multilingual broadcasting. There was a significant demand for us to conduct our broadcasts in Swedish also, and we were meeting that demand. As a team of four, we didn't view this work as just an 8-hour job; we saw it as our child. We were dedicated to nurturing it in the best and most beautiful way possible. We dedicated our days and nights to it, conducting most of our research outside of regular working hours. It wasn't just a job done for a livelihood; we saw it as an important section for both the general population in Sweden and the Kurdish community in Sweden. Our colleagues in other services are also deeply saddened."

"Significant loss for Kurdish journalism"

Beşir Kavak also expressed the significance of the Kurdish service of Radio Sweden for Kurdish journalism:

"We are aware of the situation in Kurdish media. Political structures establish media outlets out of necessity. Partisanship is clearly evident in Kurdish media. Media organizations often aim to increase their followers and readership, sometimes publishing news that is not well-founded or based on reliable sources. Radio Sweden, which maintains a high level of journalism, provides training for all employees several times a year. We are in constant contact with all our Swedish colleagues every day for news verification. Therefore, I consider the discontinuation of this example to be a significant loss."

"Bridge between the Kurdish community and Sweden"

Kavak highlights the two main tasks of the Kurdish section, stating that one is to "inform Kurds living in Sweden who cannot express themselves sufficiently in Swedish about the national agenda," and the other is to "raise awareness in the Swedish society about the problems of the Kurdish community living in Sweden."

Due to these two aspects, Kavak notes that the Kurdish service of Radio Sweden serves as a "bridge" between the Kurdish community and Sweden. He also expresses the view that the radio plays a significant role in the integration of the Kurdish community into Swedish society.

Following the announcement of the closure of the Kurdish section, Kurds living in Sweden and abroad expressed their reactions on social media platforms. Some social media users speculated, referring to Sweden's NATO membership, that the Kurdish section might have been closed due to Turkey's request. However, Beşir Kavak considers these claims as "speculation":

"As long as we don't have concrete evidence, all of these are just speculation. Based on my experience at the radio, I can say that I don't believe the radio management makes decisions under political influence. There is indeed independent media in Sweden. They make their decisions independently. I have also followed the discussions in question. There are some debates calling for the termination of broadcasts in foreign languages on the radio. However, without concrete evidence, all of these are just speculation." (BIA, Feb 1, 2024)


Minorités / Minorities

Arrestation de six personnes soupçonnées d'espionner des Ouïghours

Six personnes soupçonnées d'espionner des réfugiés ouïghours sur le sol turc pour le compte des services de renseignement chinois ont été arrêtées à Istanbul, a annoncé mardi l'agence de presse étatique turque Anadolu.

Un septième suspect est toujours recherché, lui aussi accusé d'avoir collecté des informations sur des membres et des associations de la minorité musulmane et turcophone des Ouïghours, selon Anadolu.

Plusieurs dizaines de milliers de Ouïghours ont trouvé refuge ces dernières années en Turquie, pays culturellement proche et qui est l'un des principaux défenseurs de leur cause face à Pékin, accusé de crimes contre l'Humanité à leur encontre.

Des manifestants ouïghours se réunissent régulièrement devant le consulat chinois à Istanbul, brandissant les portraits de membres de leur famille dont ils disent être sans nouvelles parfois depuis des années.

Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont dénoncé un "génocide" en cours contre les Ouïghours.

Depuis 2017, plus d'un million d'entre eux ou de membres d'autres groupes ethniques, principalement musulmans, ont été internés dans des "camps" de "rééducation", des termes rejetés par Pékin qui évoque des centres de formation permettant d'éloigner la population de l'extrémisme et d'assurer la paix. (AFP, 20 fév 2024)

Tensions à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, quatre soldats arméniens tués

La hache de guerre n'est pas encore enterrée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les deux pays se sont accusés mutuellement mardi 13 février d'avoir procédé à des tirs à la frontière, un incident qui a fait au moins quatre morts parmi les soldats arméniens selon Erevan.

Mardi matin, "les tirs des forces armées azerbaïdjanaises en direction des positions de combat arméniennes près de Nerkin Hand (dans le sud-est de l'Arménie, NDLR) ont fait quatre morts au combat et un blessé du côté arménien", a indiqué le ministère arménien de la Défense dans un communiqué. Un précédent bilan donné par Erevan faisait état de deux militaires tués dans cet accrochage frontalier.

De son côté, le Service azerbaïdjanais des gardes-frontières a affirmé que l'armée azerbaïdjanaise avait mené une "opération de vengeance" en réponse à une "provocation" des forces arméniennes commise lundi soir selon Bakou et ayant blessé un soldat azerbaïdjanais.

Le Kremlin appelle "à la retenue"

Selon un communiqué du ministère azerbaïdjanais de la Défense, les forces arméniennes ont tiré à deux reprises lundi soir sur ses positions "en direction du village de Kokhanabi, dans la région de Tovouz" (nord-ouest de l'Azerbaïdjan).

À l'issue de l'opération mardi, "le poste militaire d'où provenaient ces tirs (...) a été entièrement détruit", a assuré le Service azerbaïdjanais des gardes-frontières, promettant une "riposte encore plus sévère et résolue" à "chaque provocation" à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Le ministère arménien de la Défense a de son côté rejeté ces accusations en affirmant qu'elles "ne correspondent pas à la réalité".

Le Kremlin a lui appelé "les deux parties à la retenue".

Cet incident survient quelques jours après la réélection à la tête de l'Azerbaïdjan d'Ilham Aliev, au pouvoir depuis deux décennies dans ce pays riche en hydrocarbures.

L'homme fort de Bakou, âgé de 62 ans, surfe sur sa victoire militaire contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023, qui a mis fin à trois décennies de sécessionnisme marquées par deux guerres.

En septembre 2023, l'armée azerbaïdjanaise, à la faveur d'une offensive éclair, a pris entièrement le contrôle de cette enclave montagneuse qui était dirigée par des séparatistes arméniens depuis des décennies, poussant à la fuite vers l'Arménie de dizaines de milliers d'habitants.

Équilibre précaire

Le président azerbaïdjanais est cependant suspecté par Erevan d'avoir d'autres ambitions territoriales : le contrôle de la région arménienne de Siounik pour relier l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan au reste de l'Azerbaïdjan.

Dans cette optique, l'Arménie a rejoint officiellement fin janvier la Cour pénale internationale, qui mène des enquêtes et juge les personnes accusées des crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale.

L'Azerbaïdjan nie de son côté toute volonté d'expansion territoriale.

Mais l'équilibre reste fragile entre les deux voisins ennemis du Caucase : des incidents armés comme celui de mardi ont toujours régulièrement lieu à la frontière. De quoi pousser de nombreux observateurs avisés à rester prudents sur l'avancée des négociations entre Bakou et Erevan, tant les désaccords et sources de tensions entre les deux pays se sont accumulés en trente ans.

Ces derniers mois, plusieurs cycles de négociations chapeautées séparément par l'Union européenne, les États-Unis et la Russie – allié traditionnel de l'Arménie – n'ont pas donné de résultats.

Fin janvier, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait affirmé avoir proposé à l'Azerbaïdjan de signer un "pacte de non-agression", dans l'attente d'un traité de paix, quelques semaines après que son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait assuré ne pas vouloir d'une "nouvelle guerre".

Début décembre 2023, les deux pays s'étaient engagés à prendre des "mesures concrètes" pour "normaliser" leurs liens. Moins d'une semaine plus tard, ils échangeaient des prisonniers de guerre. (AFP, 15 février 2024)

Esclavage de Yézidis: vers un premier procès en Belgique

Louis Colart, Le Soir, 6 février 2024

Le calvaire du peuple yézidi résonne jusqu’en Belgique. Et certains de leurs bourreaux pourraient faire l’objet de procès aux assises pour des faits de crimes contre l’humanité.

Les Yézidis, peuple de quelques centaines de milliers d’âmes vivant essentiellement au nord de l’Irak et en Syrie, ont fait l’objet d’une tentative de génocide dès l’été 2014 par un groupe Etat islamique (EI) en pleine expansion. Suivant leur propre religion – un monothéisme teinté d’influences chrétiennes et musulmanes – cette ethnie kurde a été sévèrement opprimée par le groupe djihadiste. Les hommes embrigadés de force ou tués en masse, des milliers de femmes et de filles enlevées pour être réduites en esclavage. Notamment comme esclaves sexuelles pour faire les enfants qui constitueraient la prochaine génération de combattants de Daesh, sorte de « plan de natalité » ayant germé dans les cerveaux malades des chefs de l’EI.
Comme Le Soir, De Morgen et d’autres médias l’ont rapporté dès 2021 à l’issue d’enquêtes réalisées en Irak, plusieurs djihadistes d’origine belge sont reliés à l’esclavage de femmes yézidies. La justice s’en est saisie. Et les dossiers avancent bien. En témoigne ce déplacement d’enquêteurs et de magistrats belges réalisé au travers d’une commission rogatoire internationale en juin 2023, au nord de l’Irak, afin de recueillir les témoignages de survivantes.

« Il y a 15 dossiers ouverts au parquet fédéral pour ces faits commis à l’égard de la communauté yézidie », confirme le porte-parole de l’institution, Eric Van Duyse, en réponse à nos questions. « Les suspects sont originaires de la région bruxelloise, de la région verviétoise de la région anversoise. »

Un suspect verviétois est connu : il s’agit de Tarik Jadaoun. Le djihadiste croupit dans une prison de Bagdad après une condamnation à mort prononcée par la justice irakienne il y a plusieurs années.

Des vivants et des présumés morts

Dans certains cas à partir d’informations du Soir, la justice a ouvert ou approfondi trois dossiers concernant des Bruxellois : Younes Abaaoud, le petit frère du coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris ; Yassine Cheikhi, qui serait détenu par les forces kurdes du nord-est de la Syrie ; et le Laekenois Sammy Djedou.

Si Cheikhi serait bien vivant dans une prison syrienne, les deux autres sont présumés décédés. Mais, faute de preuves formelles de leurs morts respectives, la justice peut malgré tout se poursuivre. Et concernant Sammy Djedou, le dossier est le plus mûr parmi les 15 enquêtes en Belgique pour ces crimes commis à l’égard de la communauté yézidie. « Le juge d’instruction a annoncé la prochaine communication du dossier Djedou au parquet fédéral. L’orientation de ce dossier sera déterminée par le magistrat titulaire après examen du dossier. Il est prématuré à ce stade de donner un timing pour la fixation de ce dossier devant les juridictions d’instruction », ajoute Eric Van Duyse.
Jugés par défaut ?

Selon nos informations, on s’achemine bien vers un premier procès d’assises en Belgique dans ce type d’affaires, donc des faits qualifiés de « crimes contre l’humanité », pour juger Sammy Djedou. Si l’intéressé était bien renvoyé devant les assises, la fixation ne sera toutefois pas une priorité pour la justice : l’homme ayant plus que vraisemblablement été tué dans une frappe de drone américaine en 2016. Djedou, haut cadre de la cellule des opérations extérieures de l’EI, la cellule qui planifiait les attentats en Europe, a été condamné plusieurs fois par défaut en Belgique pour des faits de terrorisme.

Et pour les suspects vivants ? La question d’éventuels procès futurs risque d’être compliquée par la quasi-impossibilité de rapatrier ces hommes en Belgique. On le sait, le gouvernement fédéral n’est pas ouvert au rapatriement des djihadistes hommes. Seuls des retours d’enfants accompagnés de leurs mères, au cas par cas, ont été effectués sous cette législature. Il n’a jamais été question de transférer les hommes. « Si les personnes poursuivies ne sont pas présentes sur le sol belge, il est possible d’entamer des procédures par défaut à leur encontre », rappelle toutefois le parquet fédéral.

EP conference on Yazidis: Turkish attacks on Shengal must stop

In the last session of the conference organised by the umbrella organisation of Yazidi Women's Councils (SMJÊ) in cooperation with the Centre of the Union of Yazidi Associations at the European Parliament, the focus was on reconstruction of Shengal and the recognition of its self-government.

In the session moderated by Shilan Badal Kheder, the first presentation was made by Suham Dexîl Reşo, spokesperson of the Diplomatic Committee of the TAJÊ (Yazidi Women’s Freedom Movement). She noted that the Yazidi people have been through 74 fermans throughout their history. Ferman is the term the Yazidis use to refer to the massacres and extermination operations in their history. While in Ottoman usage the term stands for a decree of the Sultan, in the Yazidi community the word took on the denotation of persecutions and pogroms. The genocide and femicide that began with the rout of the KDP peshmerga and the ISIS invasion of Shengal on 3 August was the 74th ferman in Yazidi history. Calling for more countries to recognise the Yazidi genocide, Suham Dexîl Reşo said, "The genocide perpetrated against Yazidis in 2014 was also a femicide.”

Suham Dexîl Reşo said, "The Yazidi community must be protected from new genocides. Germany has also recognised the genocide, but recognition is not enough. Yazidis should be protected. However, they are not."

ATTACKS OF THE TURKISH STATE MUST BE STOPPED

Suham Dexîl Reşo stated that after the ISIS genocide in Shengal, the Turkish state started to attack the Yazidi town and not a year has passed without an attack since. "This reality should be seen when talking about the protection of the Yazidis. These attacks must be stopped in order to protect the Yazidis". Reşo called especially for Germany to stop arms sales to the Turkish state. Pointing to the agreement concluded between the Erbil and Baghdad governments against Shengal, Suham Dexîl Reşo underlined that the decisions taken regarding the Yazidis should be taken in consultation with the Yazidi people. She criticised the fact that the Erbil-Baghdad agreement does not recognise the will of the Shengal people, adding: "The Yazidi people want this agreement to be cancelled."

Suham Dexîl Reşo stated that it is not possible to develop a solution as long as the attacks of the Turkish state continue, underlining that another issue is reconstruction, "Today there is a model in Shengal, which embraces all the peoples in the region. After 74 fermans, it is the right of Yazidis to defend themselves and to be autonomous. This is a legitimate right. Self-defence is a right for the Yazidi people and all peoples."

THREAT OF GENOCIDE CONTINUES

Pointing out that the threat of genocide continues besides the attacks of the Turkish state, Suham Dexîl Reşo said that the genocidal onslaught in 2014 was a planned aggression and that ISIS continues to exist in Iraq, especially in the Anbar region close to Shengal.

Suham Dexîl Reşo remarked that the threat of genocide continues and added, "ISIS gangs and their collaborators should be prosecuted and held to account. The establishment of an international court to this end is important and necessary."

Reşo called for international steps to be taken for those who were kidnapped by ISIS and whose fate is still unknown, and for mechanisms to be established to find them.

CALL FOR FREEDOM FOR ABDULLAH ÖCALAN

Suham Dexîl Reşo also recalled Kurdish People's Leader Abdullah Öcalan’s appeal for the protection of the Yazidi community and the intervention of freedom fighters to rescue the Yazidis from genocide when ISIS attacked. Reşo denounced the isolation of Abdullah Öcalan, who has not been heard from for nearly three years, and called for participation in the global campaign for the freedom of the Kurdish leader.

THE BIGGEST THREAT IS THE TURKISH STATE

Scientist and journalist Dr. Rassmann gave information about the geographical location of Shengal in a presentation titled “Shengal - A so-called disputed region.”  Providing details about the region and its strategic importance on maps, Dr. Rassmann remarked that the Turkish state poses the biggest threat among the neighbouring countries. Rassmann pointed to Turkey's undisguised expansionist policies and said: "Turkey wants to take Mosul and Kirkuk. In addition, the Turkish state pursues a hostile policy against the Kurds."

THE SOLUTION LIES IN THE RECOGNITION OF SHENGAL’S AUTONOMY

Dr. Rassmann said that the Turkish state is constantly bombarding and intensively using drones and said, "In this way, civilian life is made difficult. Pointing out that the Turkish state also conducts intelligence activities in the region and threatens the people, Rassmann said: "The presence of drones is a terrorist activity. The people are terrorized.”

Defining the never-ending Turkish attacks as "extrajudicial executions" and "de facto execution", Dr. Rassmann emphasised that "They want to depopulate the region". Dr Rassmann concluded by emphasising that the solution lies in the recognition of the autonomy of Shengal.

The last speaker of the session, Dr Mechthild Exo, made a presentation titled “The democratic nation as a future model and solution for Shengal and the region”. Mechthild Exo said, "Autonomy is a peaceful future and a solution for the Shengal region."

Mechthild Exo shared information about the organisation and life in Shengal, saying "Shengal today is protected by the Yazidi youth, and women play a fundamental role in all institutions."

Mechthild Exo underlined that this is a very important process and drew attention to the attacks of the Turkish state, saying that although there is talk of 74 fermans against the Yazidis, the attacks against them continue.

Mechthild Exo also talked about the concept of democratic nation and said, "The nation state and related powers constitute a problem, especially in the Middle East. In the democratic nation model, there is no organisation as a state. Society takes its place in the organisation with its own free will. In Shengal, the democratic nation is no longer just being discussed, it is being implemented.”

Mechthild Exo said that the model in Shengal can be expanded and applied to other regions of Iraq as a solution, emphasising that the attacks of the Turkish state can be prevented in this way. (ANF, 30 Jan 2024)

Turkey's last Armenian village stands strong with its women after earthquakes

Last year’s earthquakes on February 6 and 20 undoubtedly changed the routines of intra-city travel in Hatay.

Most of the city's roads are in ruins not only because of the earthquakes but also due to the heavy machinery and trucks involved in debris removal. If you are driving from Antakya to Samandağ, you need to be careful along the way. The road, usually two lanes, can suddenly narrow down to one, and construction machinery and trucks can appear any time.

Vakıflı is a small village, approximately 5 kilometers from Samandağ and 25 kilometers from Antakya districts. Nestled at the foot of Mount Musa, overlooking the Mediterranean, it is surrounded by orange, tangerine, lemon, and grapefruit trees, emanating the fragrance of citrus. It is the last Armenian village in Turkey.

Vakıflı is located in southern Hatay.

Journalist and author Serdar Korucu, in his 2021 book "Sancak Düştü" (The Sanjak Falls), writes about the Armenians of Mount Musa, once part of the "İskenderun Sanjak" during the Ottoman era:

"Out of the six villages on Mount Musa – Hıdır Bek/Hıdırbey, Yoğunoluk, Kebusiye (now known as Kapısuyu), Hacıhabibli (Eriklikuyu), Bityas (Batıayaz), Vakıf (Vakıflı) – many Armenians 'preferred' leaving Hatay. The ones who stayed gathered in Vakıflı, affectionately termed by the media as Turkey's 'only Armenian village' (actually the 'last Armenian village'). These migrations were not limited to Mount Musa. In 1936, the Armenian population, constituting 11% of the Sanjak's population, dwindled to a symbolic number."

While the earthquakes on February 6 did not cause destruction in the village of about 35 households and 135 residents, the earthquakes centered around Defne and Samandağ in the Hatay-centered quake on February 20 resulted in nearly half of the church and houses being either damaged or collapsed. The heavy rainfall the day before filled small potholes on the damaged village roads with water, making our journey to Vakıflı a bit challenging.

Vakıflı is a special case for women. The women's cooperative, established long before February 6, re-engaged in regional production activities shortly after the earthquake. We visited Vakıflı to see the women's production workshops and discuss the period before and after February 6.

After the collapse of its bell tower and damage in its walls, Surp Asdvadzadzin Church will undergo restoration.
We call Kuhar Kartun when we arrive at the Vakıfköy Patriarch Mesrob II Cultural Center. A minute later, she greets us from a short distance: "Come, come, we are downstairs, in the production workshop."

The lower floor of the cultural center, located just behind the Surp Asdvadzadzin Church, is the Mihran Ulikyan Production and Food Workshop. The center consists of two separate three-story buildings, including a guesthouse, lodge, and museum.

Kuhar Kartun is from the Vakıfköy Women's Cooperative management and has been living in Vakıflı for about 30 years.

"Unfortunately, Vakıfköy has been the last Armenian village in Turkey since 1938. I say 'unfortunately' because we are the only village left from thousands of villages in these lands," says Kartun.  (BIA, Feb 2, 2024)

Attaque dans une église catholique d'Istanbul: un mort, les deux assaillants arrêtés

Un homme a été tué dimanche à Istanbul en pleine messe dans une église italienne catholique par deux assaillants masqués qui ont ouvert le feu et ont été finalement arrêtés par la police turque.

Le groupe Etat islamique a revendiqué l'attaque, via le réseau social Telegram.

Les autorités turques avaient auparavant estimé que l'attaque semblait viser une personne en particulier plutôt que l'église Santa Maria, située dans le quartier Sariyer sur la rive européenne d'Istanbul.

La victime, qui assistait à la célébration, d'abord identifiée par ses initiales C. T, s'appelait Tuncer Cihan, a déclaré dimanche soir le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.

Les deux assaillants ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de fuir, a annoncé dans la soirée le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya.

Sur des images prises par des caméras de sécurité avant l'attaque, on peut voir deux hommes portant des masques noirs et les mains dans les poches. L'un d'eux a des lunettes de soleil.

Une quarantaine de personnes participaient à la messe, selon des responsables locaux, dont le consul général de Pologne à Istanbul, Witold Lesniak, et sa famille.

L'attaque est survenue vers 11H40 locales (08H40 GMT). "Après le second coup de feu, l'arme à feu n'a plus fonctionné, alors les assaillants ont pris la fuite. A ce moment là, tout le monde était couché sur le sol. Il y avait entre 35 et 40 personnes à l'intérieur", a précisé à la presse le maire de quartier, Sukru Genc.

L'attaque n'a fait aucun blessé, selon le gouverneur d'Istanbul, Davut Gul.

 - "Attaque ignoble" -

 Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré plus tôt que les "mesures nécessaires" avaient été prises pour arrêter les assaillants, dont le mobile restait inconnu.

Le pape François a exprimé depuis Rome sa "proximité" avec la communauté de cette église. "Nous condamnons fermement cette attaque ignoble", a-t-il ajouté.

Le ministre italien des Affaires étrangères a égalemnt exprimé ses "condoléances" et sa "ferme condamnation".

L'attaque survient plus d'une semaine après une rencontre à Istanbul entre M. Erdogan et la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

"Nos forces de sécurité mènent une enquête à grande échelle sur cette affaire", a déclaré Omer Celik, le porte-parole du parti au pouvoir AKP (Parti pour la justice et le développement). "Ceux qui menacent la paix et la sécurité de nos citoyens n'atteindront jamais leurs objectifs".

Le populaire maire de la ville, Ekrem Imamoglu, a lui affirmé: "Nous n'accueillerons jamais dans notre ville ceux qui visent notre unité et notre paix en attaquant des lieux de culte".

En décembre, les forces de sécurité turques avaient arrêté 32 suspects, membres présumés du groupe jihadiste Etat Islamique (EI), soupçonnés de préparer des attentats contre des synagogues, des églises et l'ambassade d'Irak. Les arrestations avaient été effectuées dans neuf villes différentes, dont Istanbul et Ankara, la capitale.

L'EI a revendiqué un certain nombre d'attentats meurtriers en Turquie dont l'un, le 1er janvier 2017 dans un nightclub d'Istanbul, qui avait fait 39 morts. (AFP, 28 jan 2024)

Politique intérieure/Interior Politics

L’opposition turque en rangs dispersés pour les élections municipales

Courrier International, 22 février 2024

Réunie en une vaste coalition allant de l’extrême gauche à une partie de l’extrême droite, l’opposition turque a échoué à défaire le pouvoir ultranationaliste de Recep Tayyip Erdogan lors de l’élection présidentielle de mai 2023. Aujourd’hui désunie, elle pourrait voir lui échapper une partie des mairies qu’elle avait conquises en 2019. Les élections municipales du 31 mars s’annoncent en effet très disputées, en particulier concernant les métropoles d’Istanbul et d’Ankara, tombées dans l’escarcelle de l’opposition en 2019.

Après l’espoir d’une victoire électorale au printemps 2023, la défaite a eu raison de l’unité de la coalition formée par les partis d’opposition turcs. Le parti d’extrême droite IYI a ainsi décidé de présenter ses propres candidats aux élections locales, plutôt que de se ranger sous la bannière du principal parti d’opposition, le CHP [le parti kémaliste, nationaliste et laïc], au risque de disperser les voix d’opposition, notamment dans des villes comme Istanbul et Ankara, où il bénéficie d’une certaine audience, souligne le média en ligne Turkey Recap.

Candidats kurdes à Istanbul

Sans être officiellement allié à l’opposition, le parti prokurde, le DEM [ancien HDP, récemment rebaptisé face à des risques d’interdiction, comme le font régulièrement les partis kurdes depuis les années 1990], se contentait généralement de présenter ses candidats dans ses bastions de l’est du pays et de soutenir tacitement le candidat d’opposition dans les grandes villes de l’Ouest en ne lui opposant pas de rival.

Hostile au maire CHP d’Ankara, dont les Kurdes peinent à oublier le passé de militant d’extrême droite, le DEM a fait planer le doute jusqu’au dernier moment concernant son possible soutien à Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul. Mais le mardi 20 février, à l’heure limite du dépôt des candidatures, le parti a fait savoir qu’il présenterait ses propres cocandidats, proposant comme il le fait systématiquement un tandem formé d’un homme et d’une femme, rapporte le quotidien Sözcü.

La partie n’est pas jouée pour Erdogan

Face à ces divisions, le ton est à un triomphalisme parfois un peu outrancier dans le camp du pouvoir. Ainsi de cet éditorialiste du quotidien progouvernemental Hürriyet [ancien journal d’opposition, racheté en 2018 par un homme d’affaires proche du pouvoir], qui s’imagine déjà conquérir Izmir, la troisième ville du pays, historiquement très libérale et laïque, ce qui lui vaut dans le pays le surnom d’“Izmir l’infidèle” :

Mais le pouvoir doit lui aussi compter avec une certaine désunion dans ses rangs. Le parti islamiste du YRP, avec lequel il avait fait alliance pour la présidentielle, se sent pousser des ailes. Mécontent des quelques sièges de seconde main que lui réservait Erdogan, il a décidé de faire cavalier seul, quitte à faire gagner l’opposition. “Nous ne sommes pas la roue de secours de l’AKP, nous allons présenter nos listes”, a ainsi affirmé son dirigeant dans une interview au journaliste Murat Yetkin, estimant que, “à Istanbul et Ankara, les candidats de l’opposition sont bien placés pour l’emporter à nouveau”.

Dans la ville d’Antakya, décimée par le séisme de février 2023, le CHP a fait le choix, malgré les oppositions locales, de représenter le maire actuel, Lütfü Savas, pourtant jugé en partie responsable du terrible bilan humain de la catastrophe et copieusement hué lors des récentes commémorations.

Le parti au pouvoir, lui aussi conspué pour sa gestion du tremblement de terre, entend jouer sur ces failles pour reprendre cette ville symbolique. “Si le pouvoir central et les institutions locales ne se donnent pas la main, ne se soutiennent pas mutuellement, alors rien de bon ne peut arriver à une ville. Regardez l’exemple de cette pauvre Antakya”, a ainsi déclaré le président turc.

Des propos jugés scandaleux, que l’hebdomadaire satirique Leman a choisi de tourner en dérision en une de son édition du 20 février.

“Chuchote-moi quelque chose de sale”, demande ainsi une femme à son partenaire, qui lui récite alors la tirade d’Erdogan. Ce à quoi elle répond : “Ah non, là tu vas trop loin !”

Scènes modernes du charabia turc

Ragip Duran, TVXS.GR, 10 février 2024
* La vérité est dans la rue. Elle est relatée d’une façon plus ou moins déformée sur les médias sociaux. Aujourd’hui en Turquie la vérité est très bizarre voire elle est tristement fantasmagorique.
“Les Temps Sont Difficiles” chantait en France Léo Ferré dans les années 60. Aujourd’hui en Turquie “Les Temps Sont Absurdes” diront les citoyens qui lisent les médias sociaux ou traditionnels.

Ces derniers sont devenus les versions en turc des magazines légendaires d’humour, comme Canard Enchaîné ou Charlie Hebdo en France, Private Eye en Grande-Bretagne ou Krokodil (URSS) et Mad (USA), ces deux derniers malheureusement en retraite.

Voici une liste des événements et déclarations absurdes des deux dernières semaines publiés sur la toile ou la presse quotidienne écrite:

* La Justice (Adalet en turc) est un nom de femme. La Loi (Kanun) est le nom d’un instrument de musique orientale. Alors de nos jours, chez nous, la Loi joue et la Justice danse!

* Dialogue lors d’une entrevue de recrutement:

- J’ai une licence d’archéologie et un master d’histoire. Je cherche un emploi!

- Très bien, citez moi donc la sourate de Tebareke… (Une longue sourate du Coran sur la propriété, la grandeur et l’unicité d’Allah)

* Un bâtiment de trois étages sur l’avenue centrale d’une ville d’Anatolie.

- 3ème étage, la permanence locale du MHP (extrême-droite)

* 2ème étage, la permanence locale d’IYI Parti (Issu du MHP)

* 1er étage, la permanence locale d’AKP (Erdogan)

* Rez-de-chaussée, Le Monopole du Coin (monopole du tabac et d’alcool)

* Ahmet en robe, porte parole populaire d’une secte islamiste: “L’augmentation des prix est une bonne chose. Car elle empêche les péchés. Je ne suis pas au courant, mais je crois que le prix de l’alcool, des stupéfiants et celui des femmes des bordels sont également en hausse. Alors vous voyez…”

* Il s’est avéré que Le Président du Conseil İnteruniversitaire, entité créée par décret du Conseil des ministres, M. Orhan Hikmet Azizoglu n’est pas un universitaire. Il n’a même pas une licence. Mais il n’est pas le seul haut responsable dans ce cas. Ils gardent tous toujours leurs postes.

* L’hymne national turc est le seul au monde, qui commence par l’appel “N’aie pas peur!”.

Malgré cela…

* Les médias du pouvoir ont fait l’éloge de Mme Alev Alatli, crypto intellectuelle, libérale au départ, puis propagandiste Erdogan, est morte. Elle avait reçu Le Grand Prix Culturel de la présidence de la République. Son fils a été financièrement soutenu par le régime. Elle avait déclaré devant Erdogan: “Je suis sûre que George Orwell et voire Daniel Defoe vous applaudiraient!”. Très peu de personne dans la salle, connaissait Orwell et Defoe, mais ils avaient quand même applaudi sans savoir le sens de ce compliment. Personne d’ailleurs ne le sait encore!

* Enfin un peu d’optimisme: Selon un papier d’Ertugrul Ozkok, ancien dirigeant du quotidien populaire Hurriyet qui cite les statistiques des mesures d’audience des TV et autres chiffres officiels d’autres secteurs, estime que le régime n’a toujours pas pu, après 22 ans de pouvoir, établir sa domination idéologico-culturelle

- Les soap opéras diffusés sur les chaînes de TV sont au moins 20 fois plus regardés que les séries pseudo historiques sur la grandeur de l’Empire ottoman et des sultans, malgré de grandes campagnes de publicité et de promotion du pouvoir.

- Il y a de moins en moins d’écolier qui préfèrent les écoles et lycées religieux (Imam Hatip), alors que ces établissements sont considérés comme des centres de formation des nouveaux cadres du régime.

- Selon des chiffres officiels, la population de la Turquie en fin 2023 est de 85.372.377. Il y a eu une augmentation de seulement 92.824 par rapport à la fin 2022. (Faut-il tenir en compte des plus de 100 milles morts lors du tremblement de terre de février et des plus de 100 milles morts du Covid). Le taux de croissance de la population était de 7.1 sur mille alors que le taux est descendu à 1.1 sur mille en un an. Cela veut dire que la majorité des familles turques n’a pas tenu compte des appels du Président Erdogan qui disait: “Trois enfants ne suffisent pas, il faut en avoir au moins 5”.

- Personne ne peut prétendre que le nombre de personnes qui fréquente les mosquées, qui font la prière 5 fois par jour, qui fait le jeûne pendant le Ramadan a augmenté depuis 2002, date de la prise du pouvoir par Erdogan.

“Le normal n’existe plus. Tout est désormais anormal. C’est pourquoi on s’étonne aujourd’hui quand on voit ou quand on entend un fait ou une déclaration rationnelle, logique, conforme à la réalité” conclut un journaliste chevronné d’Ankara.

Can Atalay, élu député, mais toujours en prison

Ragip Duran, TVXS.GR, 5 février 2024
Le régime n’a pas libéré l’avocat Can Atalay malgré deux verdicts de la Cour Constitutionnelle qui risque d’être elle-même abolie.
L’avocat Can Atalay (48), condamné à 18 ans de prison ferme en 2022 pour avoir participé “au soulèvement de Gezi” (protestation spontanée en masse de la jeunesse contre le régime en mai 2013 pour empêcher la construction d’une caserne militaire dans le parc Gezi d’Istanbul), élu en 2023 député d’Antioche (Sud-est) du Parti ouvrier de Turquie (TIP, Gauche, 4 députés sur 600) il restera encore en prison. Car le Président de l’Assemblée Nationale a lu à la tribune le 30 janvier dernier la décision de la Cour de cassation qui avait confirmé la condamnation de M. Atalay, malgré deux verdicts de la Cour Constitutionnelle qui avait précisé que “les droits de l’accusé avaient été violés” et avait demandé la libération et le rejugement de l’avocat. La lecture de la décision de la Cour de cassation à l'Assemblée nationale met fin à la députation de M. Atalay. Alors qu’il n’avait pas pu mettre les pieds dans l’enceinte du Parlement à Ankara.

En Turquie, depuis 1946, date des premières élections libres, au moins 7 personnes en prison ont été élues député et ont été immédiatement libérées, conformément à la loi toujours en vigueur.

Le régime actuel continue à nier la suprématie de la Cour Constitutionnelle comme dans le procès de M. Osman Kavala, homme d’affaire et organisateur des ONG qui a été condamné à perpétuité pour “ tentative de renverser le gouvernement” en tant que “coordinateur des événements de Gezi”. La Cour Constitutionnelle turque et la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait demandé plusieurs fois la libération immédiate de M. Kavala.

M. Bahceli, Président du MHP (Parti d’Action Nationaliste, extrême-droite, allié d’Erdogan, 49 sièges) avait même demandé “l’abolition pure et simple de la Cour Constitutionnelle”, qui parfois prend des décisions conformes à la loi mais qui vont contre les intérêts du régime. La Cour de cassation, a décrété que les verdicts de la Cour Constitutionnelle “n’avaient aucune valeur légale”. La Cassation a même osé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les membres de la Cour Constitutionnelle, accusés “d’être sous l’influence des terroristes” .

Plusieurs responsables des barreaux, ceux des ONG ainsi que les Associations des Droits de l’Homme et des professeurs de droit ont tous protesté contre le verdict de la Cour de cassation et la décision de l'Assemblée nationale où le Parti d’Erdogan et ses alliés ont la majorité. (323 sièges contre 269).

Can Atalay, est un juriste très actif surtout dans la défense des opprimés, des travailleurs et les victimes du régime. Il était l’avocat des parents des 301 mineurs morts à Soma (2014), des parents des 7 mineurs tués à Hendek (2021), des parents des 25 voyageurs de train morts à Corlu (2018), des familles de 13 étudiantes mortes dans un foyer d’un secte islamiste à Adana (2016).

Au fond de sa cellule dans la prison de Silivri à 70 km. d’Istanbul, il préparait des dossiers pour la reconstruction d’Antioche, la plus grande victime du tremblement de terre du 6 février 2023 où le régime délaisse à cause de sa population multi-ethnique et multi-religieuse, essentiellement arabe et chrétienne.

Plusieurs personnalités et organisations de l’opposition critiquent sévèrement la détention de l’avocat :

- Alors qu’Erdogan ne cesse de répéter que la volonté nationale (C’est-à-dire ceux qui sont élus avec les votes de la nation) est primordiale, il viole le droit d’élire et d’être élu des habitants d’Antioche.

- La Cour de cassation et l'Assemblée nationale ont violé la Constitution. Elles ont commis un crime contre la loi suprême. C’est illégal.

Un professeur d’économie en exil en France critique ces opposants : “Ils n’ont probablement pas lu ni Baruch Spinoza, ni George Orwell, ni Hannah Arendt” dit-il. Et ajoute :

“Désormais, rien n’est illégal, car le droit n’existe plus !”

Le député d'opposition Can Atalay, en prison, déchu de son mandat

Le député turc d'opposition Can Atalay, élu en mai dernier depuis sa cellule de prison et au coeur d'un imbroglio judiciaire, a été déchu mardi de son mandat parlementaire, a annoncé le vice-président du parlement turc.

Plusieurs députés ont brandi des pancartes "Liberté pour Can Atalay" dans l'hémicycle à la lecture de la décision, selon des images diffusées en direct à la télévision.

L'avocat, élu sous la bannière du Parti des travailleurs de Turquie (TIP, gauche), avait été condamné en avril 2022 à 18 ans de prison, accusé d'avoir cherché, avec le philanthrope Osman Kavala -- condamné à la prison à vie -- à renverser le gouvernement en 2013 à travers une vague de manifestations sans précédent.

Le député de la province d'Hatay (sud), qui rejette ces accusations, est depuis plusieurs mois au coeur d'une bataille judiciaire opposant deux des plus hautes cours de Turquie.

La Cour constitutionnelle a ordonné par deux fois la remise en liberté de l'élu, âgé de 47 ans, arguant que son droit à la "liberté" et à la "sécurité individuelle", ainsi que celui d'être "élu et de mener des activités politiques", avaient été "violés".

Le premier avis de la Cour constitutionnelle, rendu en octobre dernier, avait été contesté par la Cour de cassation. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors pris le parti de cette dernière en accusant la Cour constitutionnelle "d'accumuler les erreurs".

Un deuxième avis, rendu fin décembre, a été pareillement ignoré. (AFP, 30 jan 2024)


Forces armées/Armed Forces

La Somalie approuve un accord de défense avec la Turquie

Le gouvernement et le parlement somalien ont approuvé mercredi un accord de défense avec la Turquie, sur fond de tensions régionales entre Mogadiscio et son voisin éthiopien qui a signé un accord avec la région somalienne séparatiste du Somaliland.

Dans le cadre de cet accord de défense, d'une durée de 10 ans, la Turquie, membre de l'OTAN et proche alliée de la Somalie, aidera à défendre le long littoral somalien et à reconstruire les forces navales de ce pays instable de la Corne de l'Afrique, a expliqué le président Hassan Cheikh Mohamoud à la suite d'une session conjointe du Parlement.

"L'accord soumis au Parlement aujourd'hui porte uniquement sur la coopération entre la Somalie et la Turquie en matière de défense maritime et d'économie, il ne vise en aucun cas à créer de la haine ou une querelle avec un autre pays ou gouvernement", a-t-il déclaré.

Les tensions sont fortes entre les voisins de la Corne de l'Afrique depuis un rapprochement entre l'Ethiopie et le Somaliland, matérialisé par la signature le 1er janvier d'un "protocole d'accord" prévoyant la location pour 50 ans à l'Ethiopie de 20 km de côtes du Somaliland sur le golfe d'Aden. Mogadiscio a dénoncé un accord "illégal".

Les autorités somalilandaises ont affirmé qu'en échange de cet accès à la mer, l'Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître officiellement, ce qu'aucun n'a fait depuis que ce petit territoire de 4,5 millions d'habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991. (AFP, 21 fév 2024)


La Turquie construit une nouvelle route à Berwari

L’Etat colonialiste turc a a commencé la construction d’un nouveau bâtiment dans la région kurde de Bewarî et empêche les civils de se rendre dans la zone.

L’État turc a construit des dizaines de bases militaires et de centres de renseignement à 40 kilomètres à l’intérieur du sud du Kurdistan. L’Irak et le gouvernement de la région du Kurdistan restent silencieux face à l’invasion turque et aux attaques génocidaires de l’État turc.

Les attaques d’invasion de l’État turc occupant contre le territoire du Kurdistan du Sud (nord de l’Irak) se poursuivent sans interruption. L’État génocidaire turc, qui a subi une grande défaite contre la guérilla de la liberté du Kurdistan, a construit des dizaines de bases militaires dans le sud du Kurdistan avec le soutien du PDK au pouvoir.

Selon un reportage de RojNews basé sur des informations obtenues de sources locales, l’État turc occupant a commencé la construction d’une nouvelle route dans le village de Keste, dans le quartier de Berwarî, au pied du mont Metîna, avec des machines de construction.

La source a indiqué que l’État turc occupant empêchait les journalistes et les civils d’entrer dans la région et que les villageois vivant dans la région ne pouvaient pas se rendre sur leurs terres et faire leurs travaux agricoles. (Infolibertaire.net, 13 février 2024)

La Turquie va fournir des drones à l'Egypte

La Turquie a donné son accord pour fournir des drones de combat à l'Egypte, où le président Recep Tayyip Erdogan devrait se rendre prochainement, scellant la réconciliation des deux pays, a annoncé dimanche le chef de la diplomatie turque.

"Le processus de normalisation est largement achevé. Les relations (entre les deux pays) sont importantes pour la sécurité et le commerce dans la région" a souligné Hakan Fidan lors d'un entretien télévisé.

"Nous avons passé un accord pour leur fournir des véhicules aériens sans pilote", a-t-il indiqué.

"Nous devons avoir des relations sérieuses avec l'Egypte pour la sécurité en Méditerranée", a insisté le ministre turc.

Selon l'agence de presse turque Anka, la visite du président Erdogan à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qu'il avait qualifié de "putschiste", devrait avoir lieu le 14 février, après douze ans de brouille entre les deux dirigeants.

La dernière visite du chef de l'Etat turc au Caire remonte à novembre 2012, quand il était Premier ministre, pour y rencontrer le président d'alors Mohamed Morsi.

Les deux pays avaient mutuellement rappelé leurs ambassadeurs après le coup d'Etat du maréchal al-Sissi en 2013.

Le rapprochement entre les deux dirigeants s'est opéré en novembre 2022 au Qatar, en marge de la Coupe du monde de Football, et en juillet 2023 Ankara a renvoyé un ambassadeur au Caire.
(AFP, 4 fév 2024)

Le Canada réexaminera les demandes d'exportation d'armes vers la Turquie

Le Canada a annoncé lundi reprendre sous certaines conditions l'évaluation des demandes d'exportation d'armes à la Turquie près d'une semaine après la ratification par le parlement turc de l'adhésion de la Suède à l'Otan.

Les permis pour articles militaires et certains types d'armes seront maintenant examinés "au cas par cas", a déclaré le gouvernement canadien dans un avis aux exportateurs, précisant que le refus présumé des demandes d'exportation "n'est plus en vigueur".

En 2021, le Canada avait annulé "un certain nombre de licences d'exportation" vers Ankara en raison de "preuves crédibles que l'Azerbaïdjan utilisait des technologies canadiennes exportées vers la Turquie dans le cadre du conflit militaire au Nagorny Karabakh en 2020", a précisé à l'AFP Jason Kung, porte-parole d'Affaires mondiales Canada, le ministère des Affaires étrangères canadien.

L'annulation concernait une trentaine de permis d'exportation de différents types de matériel militaire.

Le Canada exige dorénavant que les exportateurs obtiennent de l'importateur turc "une assurance quant à l'utilisation finale" des armes, notamment une déclaration d'Ankara à savoir "si les biens seront réexportés ou transférés vers un pays non-membre de l'Otan, à l'exception de l'Ukraine".

Le ministère canadien des Affaires étrangères se réserve en outre le droit de prendre "les mesures qui s'imposent" en cas d'"utilisation abusive" d'une arme "pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international".

"Affaires mondiales Canada peut décider de cesser de délivrer des licences à tout moment", a ajouté M. Kung.

Dans un communiqué, le comité national arménien du Canada a condamné la décision du gouvernement canadien.

"Cette décision soulève de profondes inquiétudes pour la communauté arméno-canadienne car elle compromet l'engagement du Canada envers les droits de la personne, la sécurité internationale et la justice", a affirmé l'organisation.

La reprise des ventes d'armes par le Canada en Turquie survient trois jours après que les Etats-Unis ont donné leur feu vert à la vente d'avions de chasse F-16 à Ankara dans la foulée de la très attendue ratification turque pour l'adhésion de la Suède à l'Otan. (AFP, 30 jan 2024)

Affaires religieuses / Religious Affairs

En Turquie, l’islamisation croissante de l’enseignement public

Le Monde, 23 février 2024
En dépit des réticences de parents d’élèves, les établissements « imam hatip », chargés de former prédicateurs et imams, se développent sous l’impulsion du pouvoir islamo-conservateur.

Parents d’élèves, enseignants, habitants du quartier, ils ont tout essayé, de la veillée quotidienne aux pétitions, des manifestations aux actions en justice, qu’ils ont même gagnées. Rien n’y a fait. Le collège public Ismail-Tarman, situé sur la rive européenne d’Istanbul, a été progressivement transformé en institution religieuse, une de ces écoles destinées à former prédicateurs et imams appelées en Turquie « imam hatip » et dont l’essor, porté par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, ne cesse de s’affirmer dans tout le pays. Lundi 19 février, une quinzaine de contestataires se sont à nouveau regroupés, tôt le matin, devant l’entrée de l’établissement avec une banderole à peine jaunie par le temps et sur laquelle est écrit « Nous voulons notre école ! »

Cela fait plus de sept ans qu’ils sont en lutte. Sept ans, depuis qu’une poignée de familles a appris, un jour de printemps 2016, que le ministère de l’éducation à Ankara avait décidé de changer la vocation de cet établissement plutôt bien coté et apprécié pour son bon niveau. Très vite, ils découvriront que trois autres écoles situées à proximité, dans cet arrondissement de Besiktas, réputé laïque et ouvert sur le monde, se trouvent dans la même situation.

Plus de 950 familles sur les 1 140 élèves que compte Ismail-Tarman se sont alors mobilisées. Des habitants du quartier, même sans enfants, ont rejoint le mouvement. « Cela a légèrement freiné les ambitions des autorités, elles ont mis un an avant de changer de directeur et ont introduit la non-mixité des classes et les cours religieux d’abord à partir de la 6e, avant de les installer progressivement, année après année, dans les classes supérieures », explique Bengü Dogan, mère d’un adolescent du collège et engagée de la première heure au sein du collectif.
« Génération pieuse »

Aujourd’hui, moins de 500 élèves fréquentent l’établissement. Certaines salles sont vides, des activités ont été supprimées. La plupart des élèves d’Ismail-Tarman se sont retrouvés dans des établissements publics plus éloignés, dans des classes surchargées, ou, pour les plus fortunés, dans des lycées privés.

Les sept otages retenus "pour Gaza" libérés sains et saufs

Un homme armé prétendant agir "pour Gaza" a retenu neuf heures durant jeudi sept employés d'une usine turque du groupe américain Procter & Gamble (P&G), finalement libérés sains et saufs.

Selon le gouverneur de la province de Kocaeli (nord-ouest) Seddar Yavuz, le preneur d'otages, un ancien employé, a été arrêté sans violence au cours d'une brève opération des forces de l'ordre.

"Nos forces de sécurité ont mené leur opération lorsqu'il s'est rendu aux toilettes, sans blesser les otages", a-t-il expliqué aux journalistes sur place, précisant que l'assaillant ne s'était revendiqué d'aucun groupe politique ou militant.

Il réclamait la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza et l'ouverture du point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, a précisé le gouverneur.

Les familles réunies aux abords du site ont confirmé à l'AFP que les sept otages, dont une jeune femme de 26 ans, étaient sains et saufs.

"Nous sommes très heureux après ces longues heures d'attente. Dieu merci, ils tous sont sains et saufs", a confié à l'AFP Fatma Dursun, tante d'un des otages.

L'homme, qui détenait "deux armes" et "un dispositif" possiblement explosif, selon le gouverneur, avait fait irruption sur le site vers 14H30 (11H30 GMT).

 - "qu'il aille se battre là-bas" -

 Selon une photo diffusée par l'une des otages sur son compte Instagram - vérifié par l'AFP -, il apparaissait le visage partiellement couvert par un keffieh palestinien, portant ce qui pouvait être des explosifs fixés sous la poitrine par du ruban adhésif et un pistolet dans la main droite.

"Pour Gaza", indiquait un message bombé en rouge sur un mur derrière lui, sous deux drapeaux turc et palestinien se faisant face.

"S'il fait ça pour la Palestine, qu'il aille se battre là-bas. Qu'est-ce que ma fille de 26 ans a à voir là-dedans?", s'était insurgée auprès de l'AFP Çigdem Aydemir, la mère de cette jeune employée, entourée de proches anxieux patientant dans la nuit.

"Il fait ça supposément pour l'Islam mais ce sont ceux comme lui qui font le plus de mal à l'Islam", avait aussi réagi Sedat Degirmenci, le beau-père d'un des otages.

Les familles, tenues à l'écart du site par un cordon policier, se sont plaintes au cours de ces heures d'attente du manque d'information de la part des autorités.

Un porte-parole du fabricant américain de produits ménagers et d'hygiène Procter & Gamble avait précisé à l'AFP que l'usine de Gebze, à la périphérie est d'Istanbul, avait été "évacuée plus tôt dans la journée".

"Les travailleurs ont été évacués de l'usine P&G de Gebze; sept ouvriers restent otages", avait également indiqué le syndicat Umut-Sen dans un message posté sur le réseau social X.

 - soutien américain à Israël -

 Le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a dénoncé à plusieurs reprises le soutien des Etats-Unis à Israël, qu'il a qualifié d'Etat "terroriste" et "génocidaire".

Des appels au boycott de produits américains ont également été très relayés en Turquie depuis le début du conflit. Plusieurs restaurants McDonald's et cafés Starbucks - qui opèrent sous licence turque - ont été vandalisés à travers le pays.

Début novembre, la police turque avait dû disperser à l'aide de gaz lacrymogènes un rassemblement pro-palestinien organisé devant une base militaire abritant des forces américaines, quelques heures avant une visite à Ankara du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Des foules de manifestants s'étaient également rassemblées dans les premiers jour du conflit devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara et son consulat à Istanbul.

Des manifestations de soutien aux Palestiniens sont régulièrement organisées dans le pays. (AFP, 1 février 2024)

Socio-économique / Socio-economic

La Banque centrale turque conserve son taux d'intérêt à 45%

La Banque centrale turque a maintenu jeudi son taux directeur à 45%, marquant ainsi la fin de son cycle de resserrement monétaire comme elle l'avait annoncé le mois dernier après huit mois consécutifs de hausses.

"Le niveau actuel du taux directeur sera maintenu jusqu'à ce qu'il y ait une baisse significative et durable de la tendance sous-jacente de l'inflation mensuelle", a précisé la banque.

La Turquie avait entamé en juillet dernier une politique de relèvement des taux d'intérêt afin d'endiguer l'inflation, qui restait établie en janvier autour de 65% sur un an, selon les dernières statistiques officielles.

Celles-ci sont cependant dénoncées par les économistes indépendants qui estiment que la hausse des prix à la consommation atteint au moins le double.

Un nouveau gouverneur de la Banque centrale, l'ex-économiste d'Amazon Fatih Karahan, a été nommé au début du mois en remplacement de Hafize Gaye Erkan, première femme à ce poste, démissionnaire après moins d'un an à la suite d'accusations d'avantages accordés à sa famille, ce qu'elle a nié.

Lors de sa première apparition publique le 8 février, M. Karahan avait estimé qu'une nouvelle hausse des taux n'était pas nécessaire.

Il a cependant précisé que la banque reverrait sa décision en cas de détérioration de l'inflation.

Selon Liam Peach, économiste principal des marchés émergents chez Capital Economics, basé à Londres, la hausse des taux d'intérêt sera mise en pause au cours des prochains mois.

"Avec une inflation susceptible de terminer l'année entre 30 et 35 pour cent, il est toujours possible que la banque centrale entame un cycle d'assouplissement avant la fin de l'année", a-t-il précisé dans une note adressée à ses clients.

"Mais notre point de vue de base reste que les taux d'intérêt resteront inchangés cette année", a-t-il ajouté.

Selon Bartosz Sawicki, analyste de marché chez Conotoxia, le nouveau gouverneur suit les pas de son prédécesseur qui avait affirmé que le cycle de resserrement s'était achevé en janvier.

La livre turque s'échangeait jeudi après-midi autour d'un dollar américain pour 30,99 livres turques.

Selon les prévisions de Conotoxia, la monnaie turque pourrait continuer de baisser en 2024 pour atteindre 35 livres pour un dollar.(AFP, 22 fév 2024)

L’or brille, mais il tue...

Ragip Duran,
TVXS.GR, 17 février 2024
* Quand le profit sans limite et sans contrôle des compagnies devient la règle principale le pays sombre dans le malheur catastrophique.
Le 13 février dernier vers 14h00 locale (13h00 en Grèce) 9 ouvriers sont restés sous 10 millions de m3 de terre à la suite du glissement de terrain survenu dans une mine d’or à Ilic, district d’Erzincan (Est).

Cette mine est exploitée par une compagnie américano-canadienne, Anagold (La Mère Or, en turc) avec son partenaire turc Calik Holding dirigé jadis par le gendre du Président Erdogan.

Anagold a pu obtenir tous les permis officiels grâce à leur partenaire turc, mais les responsables de la mine sont accusés de faire des sondages et de l’extraction avec de la cyanure, légalement interdite.

La pluie et l’Euphrate qui n’est pas très loin de la zone de la mine risquent, selon les spécialistes de l’écologie, de détruire complètement toute la région et peut empoisonner la nature d’abord dans une zone de 275 km2 et puis dans toute la vallée que traverse l’Euphrate.

L’opposition, les ONG et les spécialistes accusent les autorités qui avaient accordé les permis sans faire les études et contrôles nécessaires et sans prendre les mesures obligatoires.

De leur côté, les porte-parole du ministère et ceux des compagnies minières appellent au calme et prétendent qu’il n’y aucun risque. Pourtant, ‘4 procureurs et 10 scientifiques sont sur le terrain et poursuivent leurs travaux” a déclaré le ministre de l’Intérieur. Il y a également des responsables locaux du parti au pouvoir qui ont estimé que “ce fléau vient du haut, c’est le destin, donc on ne peut pas s’opposer contre la volonté divine!”. Amen!

4 responsables techniques d’Anagold ainsi qu’un activiste écologiste local ont été arrêtés par le parquet.

Anagold avait fait en 2019 un don de 13 millions de Liras (environ 400 milles Euros) à l’Université Binali Yidirim d’Erzincan, du nom du dernier Premier ministre d’Erdogan et avait fait cadeau de plusieurs véhicules et engins à la municipalité d’Ilic. L’avocat de cette compagnie, était l’ancien Président de l’Union des Barreaux de Turquie d’Istanbul, le Prof. Metin Feyzioglu, promu plus tard comme ambassadeur de “la République Turque de Chypre du Nord” reconnu uniquement par Ankara. M. Hakkı Akil, ancien ambassadeur de Turquie à Paris, est actuellement le porte-parole du holding Calik.

En pleine campagne électorale pour le scrutin du 31 mars, date des élections locales, le candidat du pouvoir à Istanbul, dirigé par l’opposition depuis juin 2019, Murat Kurum n’est pas au sommet de sa forme. Car il était récemment le Ministre de l’Environnement, de l’Urbanisme et du Changement Climatique qui avait délivré les licences nécessaires, aujourd’hui contestées par les spécialistes, pour l’exploitation de cette mine d’Anagold.

Enfin, un internaute, une mauvaise langue, désire soutenir le candidat du pouvoir avec un slogan pour Kurum:

“ - Grâce à l’amnistie de zonage que j’avais légiféré, j’ai contribué à la destruction de 11 départements lors du séisme de février.

- J’ai fait augmenter la capacité technique des zones minières ainsi le pays tout entier sera noyé dans la cyanure.

- Donnez-moi l’autorité, votez pour moi, je vais effacer Istanbul de la carte!”


Un navire de marchandises coule au sud d'Istanbul, six disparus

Un navire de marchandises a coulé jeudi en mer de Marmara, au sud d'Istanbul, avec à son bord six marins, ont annoncé les autorités turques.

Le cargo long de 69 mètres, qui transportait plus de 1.000 tonnes de poussière de marbre, a été localisé à 51 mètres de profondeur, a indiqué jeudi soir le ministère turc de la Défense.

Le vraquier battant pavillon turc avait envoyé un signal de détresse peu après 06H30 (03H30 GMT) alors qu'il se trouvait au large de l'île d'Imrali, située à une cinquantaine de kilomètres des rives sud d'Istanbul, selon le ministère turc des Transports.

Le signal du navire avait cessé d'émettre à 07H12 (04H12 GMT).

Des avions et bateaux des garde-côtes turcs ont été dépêchés dans la zone dès les premières heures du jour, mais seul un radeau de sauvetage vide a pu être identifié à la surface de l'eau.

Selon la presse turque, les six marins portés disparus sont tous de nationalité turque. (AFP, 15 fév 2024)

Au moins neuf personnes piégées dans une mine d'or après un glissement de terrain

Au moins neuf personnes sont piégées dans une mine d'or dans la province d'Erzincan, dans le nord-ouest de la Turquie, après le glissement d'une butte de terre qui pourrait être contaminée par du cyanure, ont annoncé mardi les autorités turques.

"Il n'y a pas de nouvelles de neuf mineurs. Une opération de secours est en cours avec une équipe de 400 personnes", a affirmé le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, sur la chaîne publique TRT Haber.

"Il s'agit du glissement d'une butte formée par un empilement de terre retirée de la mine", a précisé le ministre.

La terre qui s'est effondrée pourrait contenir du cyanure utilisé pour extraire l'or, a de son côté mis en garde un syndicat de mineurs.

"Le sauvetage des mineurs pourrait prendre beaucoup de temps à cause de la terre contenant du cyanure", a estimé Basaran Aksu, du syndicat Bagimsiz Maden Is.

"Il n'est pas question d'une fuite en ce moment dans l'Euphrate", le fleuve qui traverse la province d'Erzincan, a affirmé le gouverneur Hamza Aydogdu.

Le ministère de l'Environnement a de son côté annoncé que des mesures ont été prises pour "empêcher des matériaux de se déverser dans l'Euphrate".

 -Effondrement en quelques secondes-

 Selon les premières images diffusées par des médias turcs, une butte de terre s'est effondrée en quelques secondes et a dévalé comme une coulée de lave dans une vallée, couvrant une large superficie.

Le glissement concerne "une masse terrestre de 8 à 10 décares" qui s'est par la suite répandue sur "100 décares", a affirmé M. Yerlikaya.

"Nous avons pris nos dispositions pour un éclairage nocturne. Nous n'avons qu'un souhait : pouvoir donner une bonne nouvelle à leurs familles, nos prières vont dans ce sens", a-t-il ajouté.

Ce glissement de terrain est survenu vers 14H00 locales (11H00 GMT) à Iliç, dans la province d'Erzincan, et des équipes de secours des villes voisines ont été déployées, a annoncé l'agence publique de gestion des catastrophes Afad.

Les ministres de l'Intérieur et de l'Energie sont attendus sur place, selon la chaîne privée turque NTV.

"Nous mobiliserons tous nos moyens pour mettre en lumière les raisons de cet incident", a de son côté affirmé l'entreprise chargée de la mine d'or, Anagold.

Employant 667 mineurs, cette même mine avait déjà fait la une des journaux en 2022 après une fuite de cyanure, incitant les autorités à suspendre brièvement ses opérations.

Elle avait cependant rouvert après avoir payé une amende, provoquant un tollé de l'opposition turque.

"Malgré la fuite de cyanure, le permis de la mine n'a pas été retiré et sa capacité a été accrue. L'entreprise a bénéficié d'une protection judiciaire (...). Tout cela a pavé la voie du désastre", a réagi l'Ordre des médecins de Turquie.

Des glissement de terrain ou des effondrements de mines sont relativement fréquents dans certaines régions de Turquie.

Quarante-deux mineurs ont été tués lors d'une explosion survenue en 2022 à Amasra, dans le nord du pays. (AFP, 13 fév 2024)

L'inflation stable sur un an, mais en forte hausse en janvier

L'inflation en Turquie est restée stable en janvier à 64,8% sur un an, selon les données officielles publiées lundi, mais la hausse des prix sur un mois est la plus forte depuis août.

Quoique comparable au taux d'inflation annuel enregistré en décembre (64,7%), la hausse des prix à la consommation sur le seul mois de janvier a atteint 6,7% - contre 2,9% en décembre 2023.

Ces chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui estiment que la hausse réelle des prix atteint 129,1% en glissement annuel.

Malgré les hausses régulières des salaires et des pensions de retraite, l'inflation demeure un sujet brûlant en Turquie, à deux mois d'élections municipales que le président Recep Tayyip Erdogan - réélu fin mai pour un troisième mandat - souhaite remporter à Ankara et Istanbul, les deux plus grandes villes du pays, passées aux mains de l'opposition en 2019.

La Banque centrale turque, qui a relevé son taux directeur de 8,5% à 45% depuis juin pour tenter d'endiguer l'inflation, a estimé fin janvier que "le niveau de resserrement monétaire requis pour établir la désinflation a été atteint".

La gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan, en poste depuis moins d'un an, a annoncé vendredi sa démission dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'accusations impliquant sa famille - qu'elle a démenties.

Elle a dans la foulée été remplacée par le vice-gouverneur, l'ancien économiste d'Amazon Fatih Karahan, né en 1982. (AFP, 5 fév 2024)

Turquie: 4h17: Un an apres le séisme, le chagrin intact

Cem TAYLAN , avec Anne CHAON , AFP,  6 fév 2024

Le visage tendu, un portrait de leur enfant ou de leur parent disparu serré dans les bras, les proches des victimes se sont recueillis par milliers mardi dans les ruines du pire séisme de la Turquie contemporaine.

A 4H17, l'heure de la première secousse, qui a fait plus de 53.500 morts dans le sud et le sud-est de la Turquie le 6 février 2023, les familles et les amis des disparus se sont rassemblés dans le centre-ville d'Hatay, le nom moderne d'Antakya, l'ancienne Antioche millénaire dévastée à 90%.

Effondrés, noyés de larmes, ou figés dans la douleur de ces 65 secondes qu'ils revivent ad nauseam depuis un an, ils sont serrés les uns contre les autres en silence autour de braseros improvisés, une branche de laurier en main, la fleur symbolique d'Antakya.

Enlacés, ravagés par le chagrin, ils ont improvisé de petits autels à même le sol, déposant des bougies et des roses à l'endroit même où se tenait l'immeuble, la maison qui a englouti leur bien-aimé, leur enfant, leurs parents, des familles entières parfois.

Au sol, les proches ont disposé entre les bougies les photos des dizaines d'habitants de la résidence Rana, effondrée comme des milliers d'autres en quelques secondes sous la violence du choc.

 - "On se connaissait tous" -

 "Je n'ai pas l'impression que c'était il y a un an, pour moi c'était hier", confie Eda Boz, 44 ans, contrainte de se réfugier dans la capitale Ankara, et revenue spécialement pour les commémorations. "Dans cet immeuble vivaient mes amis d'enfance, des camarades d'école. On se connaissait tous", regrette-t-elle les larmes aux yeux en se jurant "de revenir à Hatay".

Un bref moment de tension a d'ailleurs opposé les familles désireuses de se recueillir devant la résidence aux forces de police qui voulaient les empêcher d'accéder au site, avant de se résoudre à les laisser passer, a constaté l'AFP.

Au même moment, un rassemblement identique se déroulait un peu plus au nord dans le centre de Kahramanmaras, ville située à une cinquantaine de km de l'épicentre du séisme: "65 secondes qui ont valu une éternité", a résumé dans un message sur le réseau social X l'Afad, l'agence de secours turque accusée d'avoir tardé à venir en aide aux sinistrés - et même d'avoir vendu des tentes qui leur étaient destinées.

Le président Recep Tayyip Erdogan, attendu mardi à Kahramanmaras, un fief de son parti, l'AKP, a également posté mardi matin un message sur "X" à l'heure de la secousse: "De tels désastres et de telles souffrances sont des tournants où la force de l'unité, de la solidarité et de la fraternité des nations est mise à l'épreuve".

"Nous poursuivrons notre travail jusqu'à ce que nos villes soient reconstruites et que le dernier citoyen dont la maison a été détruite ou rendue inutilisable soit amené dans un foyer sûr" a-t-il promis malgré la défiance qui accompagne l'action du gouvernement depuis le drame.

A Antakya, Esat Gül, un étudiant de 19 ans n'y croit guère.

"Un an a passé, la ville est toujours en ruine", lâche-t-il. "Je n'ai plus beaucoup d'espoir dans l'avenir. Beaucoup de jeunes de mon âge cherchent à quitter le pays", ajoute-t-il en jetant une rose dans le fleuve Oronte qui traverse la ville.

Démission de la gouverneure de la Banque centrale, remplacée par le vice-gouverneur

La gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan, en poste depuis moins d'un an, a annoncé vendredi sa démission dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'un scandale impliquant sa famille.

Dans la foulée, le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a remplacée par le vice-gouverneur, l'ancien économiste d'Amazon Fatih Karahan, né en 1982.

Ce dernier a commencé sa carrière d'économiste à la Réserve fédérale de New York en 2012. Il avait rejoint Amazon en 2022, et la Banque centrale turque en juillet dernier.

Sa nomination semble confirmer l'orientation pro-marché de M. Erdogan, après des années de crise économique.

Mme Erkan a été accusée par plusieurs médias turcs d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de la Banque centrale, ce qu'elle nie.

Les investisseurs occidentaux avaient salué ses premières mesures, une série rapide de hausse des taux d'intérêt qui ont aidé à stabiliser la lire en déroute et à maîtriser la flambée du coût de la vie en Turquie, victime d'une crise qui a vu l'inflation atteindre 85% en 2022 et près de 65% en 2023.

Elle explique dans son communiqué avoir demandé au président Erdogan d'être "libérée de (ses) fonctions, qu'elle a remplies avec honneur depuis le premier jour".

La gouverneure âgée de 44 ans, première femme à ce poste et réputée pour son expertise aux Etats-Unis, avait pris ses fonctions début juin après la réélection du président Erdogan.

Elle est notamment accusée d'avoir permis à son père de prendre en toute illégalité des décisions au sein de la Banque centrale.

Un bureau, une voiture de fonction et des gardes de corps auraient été accordés à son père Erol Erkan, aux ordres duquel "personne n'ose s'opposer", ont également rapporté les journaux turcs, suscitant de virulentes critiques sur les réseaux sociaux.

Selon des observateurs, elle se serait attiré les foudres du président lorsqu'elle a raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie.

"Une campagne visant à ruiner ma réputation a été organisée contre moi", a-t-elle expliqué dans son communiqué. Elle a ajouté avoir pris la décision de démissionner "pour protéger (sa) famille et (son) bébé innocent, âgé de moins de 18 mois".

 - "Alléger la pression" -

 Les attaques visant la banquière, très appréciée des milieux économiques, inquiètent les investisseurs et soulèvent la question sur le long terme de la loyauté du chef de l'Etat à l'égard de ses collaborateurs.

Mme Erkan vivait depuis deux décennies aux Etats-Unis où elle a étudié avant de prendre ses fonctions à Ankara au sein d'une équipe d'économistes respectés, formés notamment à Wall Street, chargés de sortir la Turquie de la crise.

Leurs réformes ont fait revenir les investisseurs étrangers et sauvé le pays d'une potentielle crise bancaire.

La démission de Mme Erkan intervient une semaine après la fin d'une série de hausses historiques des taux d'intérêt, qui ont vu le taux de base passer de 8,5% à 45%.

La Banque centrale avait indiqué la semaine dernière qu'elle prévoyait de maintenir les taux élevés dans un avenir immédiat afin de maintenir l'inflation sous contrôle.

Le ministre des Finances Mehmet Simsek a qualifié la décision de Mme Erkan de "totalement personnelle".

"Notre programme économique, mené sous le leadership de notre président Recep Tayyip Erdogan, se poursuit résolument et sans interruption", a assuré le ministre dans un communiqué. "Nous continuerons de prendre des mesures fermes pour arriver à notre objectif de stabilité des prix".

Des analystes ont estimé que le départ de la gouverneure pourrait aider Mehmet Simsek et son équipe à poursuivre leurs réformes en éliminant un scandale gênant.

"Je ne pense pas que la démission de la gouverneure de la Banque centrale aura un impact négatif", a ainsi jugé Fatih Ozatay, professeur à l'Université d'économie et de technologie TOBB d'Ankara. "En outre, c'est un développement qui va alléger la pression sur la Banque centrale". (AFP, 2 février 2024)

Gap between minimum wage and poverty line closing

The Confederation of Turkish Trade Unions (TÜRK-İŞ) has released the January results of its monthly "Poverty and Destitution Threshold Research," conducted regularly to highlight the 'livelihood conditions.'

According to the research:

The monthly expenditure required for a four-person family to be able to eat healthily, balanced, and adequately (poverty threshold) is 15,048 lira.

The total amount of compulsory monthly expenditures for other necessities such as clothing, housing (rent, electricity, water, fuel), transportation, education, health, and similar needs, in addition to food expenses (poverty line), is 49,019 lira.

The 'cost of living' for a single employee has risen to 19,630 lira per month.

In December, TÜRK-İŞ measured the poverty threshold at 14,431 lira, the poverty line at 47,009 lira, and the cost of living for a single employee at 18,796 lira.

Furthermore, TÜRK-İŞ noted that the minimum spending for food for a 4-person family residing in Ankara increased by 4.27% compared to the previous month. The calculated rate of change over the last 12 months was 69.76%.

According to the research, the increase in meat prices continued this month, with the highest increase observed in fish prices. There was an average increase of 32 lira in fish prices, and the price per kilogram of anchovy rose to 120 lira.

There was a slight increase in the price of eggs per piece, with chicken prices rising by 5 lira compared to the previous month, with an average kilogram price of 77 lira on the shelves.

In January, the price of bread increased, and the price of a 200-gram bread in Ankara rose to 8 lira. The highest increase in the legumes group was observed in green lentils, with the kilogram price reaching 86 lira.

The average price per kilogram of vegetables was 34.34 lira, while the average price per kilogram of fruit was calculated to be 34.25 lira.

There has been an average increase of 30 lira in the price per liter of olive oil. The liter of olive oil is now being sold at an average of 330 lira. Similarly, with a price increase of 17 lira, black olives are priced at an average of 225 lira, and green olives are priced at an average of 190 lira on supermarket shelves. (BIA, Feb 1, 2024)

Le séisme de 2023 a fait près de 60.000 victimes

Le séisme du 6 février 2023 qui a frappé le sud-est de la Turquie a fait 53.537 morts et 107.213 blessés, selon le dernier bilan donné vendredi par le ministère turc de l’Intérieur.

Avec les 1414 morts comptabilisés de source officielle dans les zones contrôlées par Damas en Syrie voisine, et les plus de 4500 recensés dans les régions échappant au contrôle de Damas, le désastre aura causé la mort de près de 60.000 personnes.

«Lors des tremblements de terre qui ont causé de lourdes destructions, nous avons perdu 53.537 vies et 107.213 de nos citoyens ont été blessés», a indiqué vendredi le ministre turc Ali Yerlikaya devant la presse, près d’un an après le désastre. Le précédent bilan, arrêté en avril, faisait état de 50.783 morts et 107.204 blessés.

Alors que les autorités avaient été sévèrement critiquées par la population pour leur manque de réactivité et la lenteur des secours, le ministre a voulu revenir sur l’organisation de l’aide.

Après le séisme survenu à 4h17 locales (2h47 suisses), les premiers secours ont été envoyés à partir de 5h45 (3h45 heure suisse) et à 11h25 (9h25 suisses) les premières tentes étaient installées, a affirmé M. Yerlikaya.

«14 millions de citoyens affectés»

Onze provinces turques ont été touchées sur une superficie de 120.000 kilomètres carrés, a-t-il rappelé, affectant avec plus ou moins de gravité «14 millions de nos concitoyens, entrant ainsi dans l’histoire mondiale en termes de zone d’impact», a-t-il ajouté.

Selon ses chiffres, 38.901 bâtiments ont été immédiatement détruits par les secousses. Au total 650.000 personnels de secours, dont 11.500 envoyés par d’autres pays en signe de solidarité, ont été déployés.

Selon le ministre, 645.000 tentes ont été installées pour abriter temporairement 2,5 millions de personnes. Un an après, près de 700.000 sinistrés vivent toujours dans 414 villes conteneurs, dont 215.224 unités ont été installées. Au total, plus de 2,3 millions de bâtiments ont été endommagés par le séisme, dont 60.421 ont été ou seront rapidement détruits car trop fragilisés. 91% des débris ont été déblayés.

Pour marquer l’anniversaire de la catastrophe, le président Recep Tayyip Erdogan doit se rendre samedi à Hatay, la province la plus touchée près de la Syrie, où il remettra symboliquement les clés de 41.000 logements neufs et de 5000 maisons de village à leurs nouveaux occupants, a encore annoncé le ministre. (AFP, 2 févr 2024)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Un Syrien arrêté en Turquie, accusé d'espionner pour la France

Un opposant syrien en Turquie, investi dans la défense des réfugiés, a été arrêté et accusé d'espionnage au profit de la France, a indiqué mercredi une source proche du dossier, confirmant une information de la presse locale.

Selon le quotidien pro-gouvernemental Sabah, Ahmed Katie a été arrêté en compagnie de deux autres ressortissants syriens à Bursa (130 km au sud d'Istanbul) et accusé "d'espionnage au profit de la DGSE", les services de renseignement extérieur français.

Sabah précise que Katie, qui réside légalement en Turquie depuis 2013, avait été gardé sous étroite surveillance avant d'être interpellé et placé en détention.

Selon un proche du dossier refusant d'être cité, Ahmed Katie "a été coincé" alors qu'il s'apprêtait à quitter la Turquie avec sa famille pour gagner la France afin d'y déposer une demande d'asile quand il a été interpellé.

L'avocat d'Ahmed Katie, Halim Yilmaz, n'avait pu être joint mercredi par l'AFP.

Militant des droits de l'homme et opposant au régime syrien de Bachar el-Assad, plusieurs fois emprisonné et torturé en Syrie, Ahmed Katie a disparu le 27 novembre 2023, selon ses proches.

Son épouse avait signalé sa disparition le 30 novembre.

Quelques jours plus tard, plusieurs organisations turques et syriennes de défense des droits humains avaient donné une conférence de presse, s'inquiétant de sa disparition.

Fin octobre, Ahmed Katie avait posté un message sur sa page Facebook, annonçant qu'il suspendait ses activités au côté des réfugiés syriens en raison de "circonstances" particulières et de "pressions".

Les autorités turques ont conduit récemment de nombreuses arrestations de personnes accusées d'espionnage au profit d'Israël ou de l'Iran.

La Turquie accueille officiellement plus de 3 millions de réfugiés syriens qui ont fui la guerre dans leur pays. (AFP, 21 fév 2024)

Deux hommes suspectés d'être des "loups gris" mis en examen à Paris

Deux hommes suspectés d'appartenir au mouvement ultranationaliste turc des "Loups gris" ont été mis en examen jeudi à Paris pour apologie du terrorisme et reconstitution d'un groupe de combat dissous, a appris l'AFP du parquet de Paris et d'une source proche du dossier.

A la suite d'une enquête confiée par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris aux enquêteurs du 1er district de police judiciaire, une information judiciaire a été ouverte jeudi, a précisé le parquet.

Deux personnes, "nées en France en 2000 et 2003" et qui selon BFM TV avaient été interpellées mardi à Strasbourg et Saint-Etienne, ont été mises en examen pour apologie publique en ligne d'un acte de terrorisme et participation au maintien ou à la reconstitution de groupe de combat dissous, a indiqué le ministère public.

"Sans antécédents, ils ont été placés sous contrôle judiciaire. L'instruction aura notamment pour objet de poursuivre les investigations sur leur matériel informatique", a-t-on ajouté.

BFM TV avait indiqué que ces deux personnes étaient membres des "Loups gris", un mouvement ultranationaliste turc proche des nationalistes alliés au gouvernement. Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP qu'ils étaient suspectés d'appartenir à ce groupe.

Ce mouvement, dont de nombreux membres soutiennent le président Recep Tayyip Erdogan, a été dissous en France en novembre 2020, provoquant des tensions entre Ankara et Paris.

A l'origine, les "Loups gris" sont un surnom donné aux membres des "Foyers idéalistes", un mouvement ultranationaliste qui s'est développé à partir des années 1960 dans l'orbite du parti turc d'extrême droite MHP.

Ralliés à l'idéologie "panturquiste" et soupçonnés d'accointances avec la mafia turque, ils ont surtout fait parler d'eux dans les années 1970 et 1980 par leurs actions violentes dans les rues et sur les campus en Turquie contre des militants de gauche et des minorités, allant jusqu'au meurtre.

En annonçant sa dissolution en novembre 2020, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié les "Loups gris" de groupe qui "incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des actions violentes".

Les "Loups gris", dont le nombre est difficile à quantifier, avaient été accusés par le gouvernement d'avoir participé à des incidents entre les communautés turque et arménienne près de Lyon.

Ils promeuvent "une idéologie tendant à discriminer voire à provoquer à la violence contre les personnes d'origine kurde et arménienne", affirmait le décret de dissolution.
(AFP, 7 fév 2024)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

La vente des F-16 américains à la Turquie officiellement approuvée

La vente d'avions de chasse américains F-16 à la Turquie a été "approuvée" par le Congrès américain, point final à des mois de tractations entre Washington et Ankara, a annoncé dimanche l'ambassadeur américain en Turquie.

"La décision (...) du Congrès d'approuver l'acquisition par la Turquie de 40 avions F-16 et de 79 kits de modernisation est une grande avancée", s'est félicité l'ambassadeur, Jeff Flake, dans un message publié par l'ambassade américaine à Ankara sur le réseau social X.

Le gouvernement américain avait donné le 26 janvier son accord à cette vente d'un montant de 23 milliards de dollars, trois jours après la ratification par Ankara de l'adhésion de la Suède à l'Otan.

Le Congrès américain, notifié le même jour de cette vente réclamée par la Turquie, disposait d'un délai de quinze jours - désormais échu - pour s'y opposer.

Les Etats-Unis, avant de donner leur feu vert, avaient attendu que les instruments de ratification par la Turquie de l'adhésion suédoise à l'Otan soient physiquement déposés à Washington, a indiqué un responsable américain, témoignant du caractère ultra-sensible des négociations ayant prévalu à cet accord.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a bloqué vingt mois durant l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, avait conditionné l'adhésion suédoise à l'approbation "simultanée" par les Etats-Unis de la vente des chasseurs F-16 à son pays. (AFP, 11 fév 2024)

Relations régionales / Regional Relations

Sissi et Erdogan ouvrent "une nouvelle page" dans leurs relations après une décennie de brouille

Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et turc Recep Tayyip Erdogan ont annoncé mercredi au Caire ouvrir "une nouvelle page" dans leurs relations après plus d'une décennie de brouille.

En 2013, quand M. Sissi alors chef de l'armée renversait l'islamiste Mohamed Morsi, grand allié de M. Erdogan, ce dernier jurait qu'il ne parlerait "jamais" à "quelqu'un comme" lui.

Une décennie plus tard, le dirigeant turc a été accueilli avec les honneurs par son homologue égyptien à son atterrissage à l'aéroport du Caire.

Les deux hommes ont ensuite signé plusieurs accords, plaidant tous deux pour "une nouvelle étape dans les relations", une augmentation des échanges commerciaux "à 15 milliards de dollars par an sous quelques années" et une coopération diplomatique au Moyen-Orient et en Afrique.

Si le torchon a longtemps brûlé --l'Egypte et la Turquie soutiennent deux gouvernements rivaux en Libye et ne se sont que récemment réconciliés sur le dossier soudanais--, les relations commerciales sont restées au beau fixe: Ankara est le cinquième partenaire commercial du Caire.

"L'Egypte est actuellement le premier partenaire commercial de la Turquie en Afrique", s'est félicité M. Sissi mercredi.

 - "Occupation et massacres" -

 Lundi, M. Erdogan avait affirmé se rendre aux Emirats arabes unis puis en Egypte pour "voir ce qui peut être fait de plus pour nos frères à Gaza", petit territoire palestinien frontalier de l'Egypte pilonné sans répit par Israël depuis l'attaque meurtrière sans précédent du Hamas contre le sud du pays le 7 octobre.

M. Erdogan avait ajouté qu'Ankara faisait "tout pour arrêter le bain de sang", alors que plus de 28.000 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des civils, selon le gouvernement du Hamas, dans l'offensive lancée dans la bande de Gaza par Israël en représailles à l'attaque.

L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes côté israélien, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une semaine fin novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens détenus par Israël.

M. Erdogan a dénoncé mercredi "la politique d'occupation et de massacres du gouvernement de Benjamin Netanyahu", le Premier ministre israélien.

Evoquant Rafah, la ville du sud de la bande de Gaza sur laquelle l'armée israélienne menace de lancer une offensive, M. Erdogan a exhorté la communauté internationale à "ne pas laisser se produire une telle folie qui mènera au génocide".

 - Aide humanitaire -

 M. Sissi, lui, a dénoncé "les obstacles d'Israël qui font que l'aide humanitaire entre trop lentement à Gaza".

L'Egypte tient l'unique ouverture de Gaza sur le monde qui ne soit pas contrôlée par Israël: le terminal de Rafah. Tous les autres points de passage sont hermétiquement fermés par Israël.

Si Rafah relie les territoires palestinien et égyptien, les Israéliens exigent de fouiller l'ensemble des camions qui y transitent, ce qui ralentit l'acheminement de l'aide.

M. Erdogan, qui a qualifié Israël d'"Etat terroriste" et le Hamas de "groupe de libérateurs", a rappelé début novembre son ambassadeur à Tel-Aviv, tout en jugeant impossible de "rompre complètement" avec Israël.

Avant le 7 octobre, plusieurs dirigeants politiques du Hamas étaient installés à Istanbul. Ils ont discrètement été priés de partir depuis.

Dès le début du conflit à Gaza, M. Erdogan a proposé sa médiation mais les discussions sur des trêves sont jusqu'ici menées par le Qatar et l'Egypte.

Mardi, les directeurs des services de renseignement américain et israélien, le Premier ministre qatari et des dirigeants égyptiens ont discuté au Caire des moyens pour "oeuvrer à une trêve dans la bande de Gaza".

Ces discussions, qui portaient aussi sur une nouvelle libération d'otages, ont été "positives" et doivent se poursuivre jusqu'à vendredi, a rapporté une télévision proche du renseignement égyptien. (AFP, 14 fév 2024)

Ankara confirme une visite imminente de Poutine, sans précision de date

Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a confirmé dimanche soir une visite imminente du président russe Vladimir Poutine, sans en préciser la date.

"La visite de M. Poutine était prévue. Elle aurait dû se produire plus tôt. Cette visite nous donnera l'occasion d'aborder de nombreuses questions" a déclaré le ministre sur la chaine publique TRT Haber.

Des médias ont évoqué la date du 12 février, mais la présidence turque, interrogée à plusieurs reprises par l'AFP, a refusé de confirmer ou de préciser où le président Recep Tayyip Erdogan prévoit de recevoir son homologue russe.

La Turquie, qui sera le premier pays membre de l'Otan dans lequel se rendra M. Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, a approuvé le mois dernier, après vingt mois de suspens, l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique.

"Nos présidents se rencontrent régulièrement", a rappelé M. Fidan. Leur dernier tête-à-tête a eu lieu en septembre 2023 à Sotchi, dans la résidence de vacances de M. Poutine, mais depuis les deux dirigeants se sont fréquemment entretenus par téléphone.

M. Erdogan est parvenu depuis le début de la guerre à ménager ses relations à la fois avec l'Ukraine et avec la Russie.

La Turquie aide notamment Moscou à contourner les sanctions occidentales, auxquelles elle ne s'est pas jointe, en poursuivant ses échanges commerciaux avec la Russie.

"Beaucoup de questions seront sur la table", a estimé M. Fidan, qui a notamment cité l'énergie, la situation dans le territoire palestinien de Gaza, "le corridor des céréales" en mer Noire, qui permettait l'exportation sécurisée des produits agricoles ukrainiens et auquel Moscou a mis fin après un an, à l'été 2023.

La Syrie sera également à l'ordre du jour, a glissé le ministre turc: quoique raccord sur de nombreux dossiers internationaux, Moscou et Ankara s'opposent sur la présence des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et de leurs alliés dans le nord-est de la Syrie.

En 2019, un accord entre Ankara et Moscou avait mis fin à une offensive turque sur la promesse de la création d'une "zone de sécurité" de 30 km pour protéger la Turquie des attaques qui pourraient venir du territoire syrien.

La Turquie reproche à la Russie de ne pas respecter ces accords. (AFP, 4 fév 2024)

Putin to visit Nato-member Turkey on Feb 12, says Turkish official

Russian President Vladimir Putin will visit NATO member Turkey to meet President Tayyip Erdogan on Feb. 12, a Turkish official said on Wednesday.

Putin's visit will be his first to a NATO member since Russia's full-scale invasion of Ukraine in February 2022.

Putin's scope to travel abroad has been limited since March last year when the International Criminal Court (ICC) issued an arrest warrant against him for the alleged deportation of Ukrainian children to Russia, a war crime. Russia denied the charge and called the move outrageous, but said it was legally void in any case because Russia is not a member of the ICC.

Turkey is also not a party to the Rome Statute of the ICC, so Putin can travel to Turkey without fear of being arrested under the warrant.

Turkey has sought to maintain good relations with both Moscow and Kyiv since Russia invaded Ukraine. It has provided military support to Ukraine and voiced support for its territorial integrity, but also opposes sanctions on Russia in principle.

Ankara is seeking to convince Russia to return to the so-called Black Sea Grain Initiative after Moscow withdrew last July, ending a year of protected exports from Ukrainian ports amid the war. Erdogan said alternatives to the deal could not provide a lasting solution.

Separately, Erdogan will travel to Egypt on Feb. 14, the official said, after the two countries upgraded their diplomatic relations by appointing ambassadors last year following a decade of tension. (Reuters, 1 Feb 2024)

La Turquie veut aider le Niger à "renforcer son indépendance"

La Turquie a affirmé jeudi vouloir aider le Niger à "renforcer son indépendance" après l'annonce par Niamey de son retrait de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

"Le président Erdogan a exprimé le soutien de la Turquie aux mesures prises par le Niger pour renforcer son indépendance politique, militaire et économique", a indiqué la présidence turque à l'issue d'un tête-à-tête à Ankara entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, nommé par le régime militaire au pouvoir à Niamey.

La Turquie dit vouloir renforcer ses échanges commerciaux avec le Niger, qui a annoncé mardi -- à la suite du Mali et du Burkina Faso -- avoir notifié son retrait de la Cedeao, une décision aux conséquences potentiellement lourdes pour son économie et sa stabilité politique.

La Cedeao s'est employée en vain à obtenir le retour le plus rapide possible de civils au pouvoir à Niamey, Bamako et Ouagadougou, où des coups d'Etat ont renversé les présidents élus.

Selon la présidence turque, M. Erdogan a déclaré que "la Turquie s'opposait aux interventions militaires étrangères qui victimisent le peuple nigérien et continuerait à le faire".

Ankara, qui a étendu sa présence au Sahel et souhaite y accroître encore son influence en profitant notamment du départ forcé de la France, a adopté une position conciliante avec les militaires arrivés au pouvoir au Niger à l'issue d'un coup d'Etat fin juillet.

La situation au Niger est scrutée de près par Ankara, le pays sahélien étant situé à la frontière sud de la Libye, où la Turquie possède de très nombreux intérêts. (AFP, 1 février 2024)

Erdogan "se félicite" de la décision de la CIJ concernant Israël

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est félicité vendredi de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" et à autoriser l'accès humanitaire à Gaza.

"Je considère comme précieuse la décision d'injonction provisoire prise par la Cour internationale de justice concernant les attaques inhumaines à Gaza et je m'en félicite", a écrit sur le réseau social X le président turc.

"Nous espérons que les attaques d'Israël contre les femmes, les enfants et les personnes âgées prendront fin", a ajouté le chef de l'Etat turc, l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

La Turquie continuera "de suivre le processus (judiciaire) pour garantir que les crimes de guerre commis contre des civils palestiniens innocents ne restent pas impunis", a-t-il souligné.

Le président turc avait affirmé la semaine dernière que son pays fournissait des preuves à charge contre Israël à l'Afrique du sud, qui a saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste. (AFP, 26 jan 2024)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece


Immigration / Migration


Débat au Parlement bruxellois sur les sourates récitées

La Libre Belgique, 24 février 2024

La vidéo d’un imam récitant une sourate du Coran au perchoir du Parlement bruxellois a enflammé les débats durant plusieurs jours.

Plusieurs personnes représentant l’ASBL Friends of Brussels avaient été invitées, à l’initiative du député socialiste Hasan Koyuncu (PS), pour une remise de prix au sein de l’assemblée parlementaire. Parmi les personnes présentes figuraient l’imam pakistanais de Leeuw-Saint-Pierre, Muhammad Ansar Butt qui, après sa récitation depuis la tribune, a reçu une décoration de la Secrétaire d’État bruxelloise Nawal Ben Hamou.

Polémique autour d'une sourate au Parlement : "Notre député a été instrumentalisé, mais cela ne peut plus se reproduire"

Le sujet a été abordé ce vendredi au Parlement bruxellois, lors d’un débat d’actualité.

Interrogée par plusieurs députés, Nawal Ben Hamou a donné sa version des évènements, qui se sont déroulés le 13 janvier. “Ces récitations religieuses n’ont aucunement leur place dans une assemblée”, a-t-elle rappelé. “J’ai été induite en erreur par cette association (ASBL Friends of Brussels) et je la condamne fermement.”

Il apparaît toutefois, comme l’a souligné Céline Frémault (Les Engagés), que cette rencontre a été organisée via le député Hasan Koyuncu. “Est-ce l’ASBL elle-même qui a organisé cette visite ou les députés de votre parti ?”

L’absence d’Hasan Koyuncu

Hasan Koyuncu (PS), qui avait invité l’association au Parlement bruxellois, n’était pas présent au sein de l’hémicyle pour apporter ces précisions…

Une lettre lui a été envoyée et il a été officiellement convoqué ultérieurement par Rachid Madrane, président du Parlement bruxellois.

”Vous connaissez mon engagement en faveur de la laïcité et de la stricte séparation du culte et de l’État. C’est ce qui a fondé mon engagement politique et c’est ce qui m’anime au quotidien”, a encore expliqué Nawal Ben Hamou. “J’ai été invité à un évènement de l’association qui présentait cela comme la une visite de 80 citoyens bien intégrés dans la communauté bruxelloise. Je n’ai pas organisé cet évènement, je n’ai pas invité cette association, je ne l’ai pas sélectionnée ni financée”, a-t-elle poursuivi. “Un monsieur a ensuite pris place à la tribune et a récité un texte. J’ai compris que cela avait une dimension religieuse.”

Mise devant le fait accompli, je lui donne la médaille. Tout s’est passé en quelques secondes. Je regrette et condamne la décision de l'association de lui décerner un prix. Je n'avais pas toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé en quelques secondes seulement."

Nawal Ben Hamou (PS), Secrétaire d'Etat bruxelloise au Logement.

La socialiste assure alors avoir quitté la salle. “J’ai tenu à m’en distancier symboliquement et physiquement avec mes collègues députés”, ajoute-t-elle. “Une fois revenue dans la tribune, j’ai fait connaître ma volonté de partir définitivement. L’organisateur a insisté, il a dit compter sur moi. Il y avait un hémicycle rempli, et je devais remettre des prix à une dizaine de personnes présentes dans l’assemblée. Et là, alors qu’on me confie les prix à décerner, je me rends compte qu’il est destiné à la personne qui a récité la prière et qu’on place face à moi. Mise devant le fait accompli, je lui donne la médaille. Tout s’est passé en quelques secondes. Je regrette et condamne la décision de l’association de lui décerner un prix. Je n’avais pas toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé en quelques secondes seulement.”

”J’ai l’impression par-dessus tout, que cette histoire est peut-être avant tout l’histoire d’une association qui a voulu faire plaisir à des représentants politiques, et l’histoire de représentants politiques qui ont voulu faire plaisir à une association”, synthétise John Pitseys, chef de groupe Ecolo.

L'imam savait ce qu'il faisait

Razika Adani, La Libre Belgique, 21 février 2024

Le 13 janvier dernier depuis la tribune du Parlement bruxellois un imam pakistanais, Muhammad Ansar Butt, a récité en psalmodiant pendant trois minutes et 30 secondes des versets du Coran, ce qui est un scandale politique d’une extrême gravité étant donné que cet imam ne s’est pas retrouvé au Parlement bruxellois par hasard. Il a été invité par des parlementaires. Il s’agit également d’un scandale politique car ceux qui l’ont invité ne pouvaient pas ignorer son activisme islamiste fondamentaliste, surtout qu’ils l’ont invité pour lui remettre une médaille de la bonne intégration. Des parlementaires bruxellois considèrent donc que son profil de fondamentaliste islamiste est un exemple de la bonne intégration des musulmans en Belgique. On marche sur la tête.

Pas une maladresse

Cet événement doit être pris avec la gravité qu’il représente. Il n’est pas une simple maladresse. L’imam savait parfaitement ce qu’il faisait et réciter le Coran au sein du parlement n’est pas anodin. Pour lui, il s’agissait d’un signe fort pour les islamistes non seulement de Belgique mais du monde entier sur la capacité de l’islam à s’imposer en Occident non seulement dans les lieux publics, mais aussi au sein du parlement, lieu où on exerce la politique par excellence et où on légifère. Le choix des versets a également un sens. L’imam a récité les versets 41 à 47 de la sourate 33, Les Coalisés, qui appellent à embrasser l’islam et rappellent les récompenses que Dieu réserve aux musulmans. L’imam a donc fait de la prédication, il a appelé à embrasser l’islam, au sein du Parlement Bruxellois.

Pour les islamistes, la symbolique est forte. Le piétinement de la neutralité de l’État est également fort, la religion s’est immiscée par la grande porte dans la politique.

Ce scandale politique soulève des questions importantes sur l’audace de l’activisme islamiste en Occident et jusqu’où il peut aller. Cet activisme qui a fait non seulement échouer le processus de modernisation des sociétés musulmanes, qui a eu lieu entre le XIXe siècle et le XXe siècle, mais les a également poussées à renoncer à ce qu’elles ont réalisé lors de cette période comme je l’explique dans mon étude Maghreb : l’impact de l’islam sur l’évolution sociale et politique, publiée par Fondapol en décembre 2022. L’activisme islamiste s’attaque aujourd’hui à cette même modernité mais en Occident, c’est-à-dire sur sa propre terre natale. Il n’y a pas un islamisme spécifique à l’Occident comme le pensent certains. L’activisme islamiste en Occident s’inscrit dans la continuité de celui mené dans les pays musulmans. On ne peut pas comprendre l’islamisme qui s’active en Occident si on le dissocie de celui des pays musulmans, sa matrice.

Complaisance du Parti socialiste

Il soulève des questions sur la complaisance du Parti socialiste avec l’islamisme et jusqu’où il peut aller pour faire plaisir à ses alliés islamistes, étant donné que l’imam fondamentaliste a été invité par le Parti socialiste et précisément par le député Hasan Koyuncu, vice-président de la Cocof. La secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des chances de ce même parti, Nawal Ben Hamou, est celle qui l’a décoré. Il soulève des questions sur les élus musulmans ou issus de familles musulmanes et leur capacité à résister à la pression des islamistes sans avoir peur d’être accusés d’incrédulité ou de trahison. Le comportement de cet imam et de beaucoup d’autres islamistes n’est pas dans l’intérêt des musulmans d’Occident. Si ces derniers veulent s’intégrer dans leurs pays d’accueil et vivre en harmonie avec les autres, s’ils ne veulent pas être rejetés par l’Occident, ils doivent respecter les valeurs et les lois de leur pays et être munis de la force nécessaire pour que jamais leur religion ne prime sur les lois de leur pays et ses valeurs, dont la neutralité de l’État chèrement acquise.

Le scandale du verset à la tribune parlementaire de la capitale de l’Europe !



Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 19 février 2024)

Les dernières œuvres du Parti socialiste belge qui, tout comme son parti-frère, le CHP en Turquie, tente de s’attirer les faveurs des islamistes, commencent également à l’éclabousser.
Ces jours-ci, la Belgique, tout comme la Turquie, est en pleine bascule électorale… Après les élections locales qui auront lieu en Turquie le 31 mars, les électeurs belges se rendront aux urnes pour les assemblées fédérale et régionales et le Parlement européen le 9 juin, et les conseils communaux (municipaux) le 13 octobre.

Bien que les citoyens turcs résidant en Belgique ne puissent pas voter pour les élections municipales en Turquie, contrairement aux élections parlementaires et présidentielles, ils observent cependant avec curiosité et enthousiasme les candidats que les partis pour lesquels ils ont voté en mai dernier désigneront dans les villes et villages dont ils sont originaires, et leurs chances de se faire élire.

Par exemple, les immigrants originaires d’Emirdağ, qui constituent le premier grand groupe d’émigrés de Turquie en Belgique, ont protesté à juste titre contre la décision fractionnelle de la direction du CHP de ne plus présenter comme candidat, Yılmaz Büyükerşen, le maire sortant de la municipalité depuis 25 ans. Une municipalité dont le district d’Emirdağ est proche, sinon sur le plan administratif, du moins sur les plans socioéconomique et culturel…
 
Et ils ont tout à fait raison… J’ai personnellement connu Yılmaz Büyükerşen au début des années 1960 comme journaliste et syndicaliste, et qui, depuis un quart de siècle, a rendu de grands services et créer des réalisations inoubliables à Eskişehir. À l’époque où je représentais le syndicat des journalistes d’Izmir au sein de la Fédération des syndicats de journalistes de Turquie, Yılmaz représentait le syndicat des journalistes d’Eskişehir.

Je ne peux pas oublier non plus la manière dont Yılmaz, au nom du syndicat d’Eskişehir, avait soutenu lors d’une réunion intersyndicale extraordinaire à Istanbul, notre déclaration face aux accusations de « propagande communiste » proférées à notre encontre par l’un de nos syndicats membres à la suite de la publication au nom de la fédération d’un communiqué appelant à l’abrogation des articles 141 et 142 du Code pénal turc interdisant la pensée et les organisations de gauche. C’était en 1962, au moment où le Parti ouvrier de Turquie avait commencé à s’organiser.

Mais l’attention des originaires de Turquie en Belgique est davantage encore concentrée sur les deux élections qui se tiendront à court intervalle en Belgique. Dans la capitale, ce sont surtout les élections pour le Parlement régional de Bruxelles et les conseils communaux de Schaerbeek et de Saint-Josse, où les immigrants originaires de Turquie sont les plus représentés, qui sont au centre des attentions…

Les originaires de Turquie ont depuis des années le droit de voter à la fois aux élections parlementaires et aux élections locales, et (dans ce dernier cas) même s’ils n’ont pas acquis la nationalité belge… Pour peu qu’ils aient acquis la citoyenneté belge, ils peuvent être candidats et éligibles au conseil communal, au parlement régional, au parlement fédéral et au Parlement européen.

Les élections qui se tiendront à Bruxelles revêtent une grande importance pour les partis politiques belges, pas uniquement du fait de l’électorat de Turquie, mais aussi du fait que la région possède la plus grande part de la population musulmane de Belgique. Suivant les dernières données, alors que les taux de personnes originaires de pays musulmans sont de 4,9 pourcents en région wallonne et de 5,1 pourcents en région flamande, ce taux atteint 23,6 pourcents en région bruxelloise.

En région bruxelloise, les ressortissants originaires de pays musulmans constituent 45 pourcents de la population de Saint-Josse, et 37,3 pourcents à Schaerbeek.

On ne s’attend pas à de grandes surprises pour les élections à venir à Saint-Josse, où vit le plus haut taux de musulmans. Emir Kır, maire sortant depuis 12 ans, exclu du Parti socialiste il y a quatre ans après avoir reçu dans ses bureaux des politiciens du MHP, a déclaré dans une interview accordée le 17 février à un site d’information turc, et bien qu’il se soit entretenu dans les derniers jours avec le chef du Mouvement réformateur (MR), qu’il se présentera à l’élection communale comme indépendant sur une « Liste du Bourgmestre » confectionnée par ses soins, mais qu’il pourrait former une coalition avec d’autres partis, même si sa liste arrivait en tête en nombre de sièges.  

En revanche, dans la commune de Schaerbeek où les musulmans forment le tiers de la population, des changements surprenants sont attendus lors des prochaines élections… Une crise majeure secoue ces derniers temps l’administration communale en raison des réactions suscitées parmi les habitants de certaines décisions imposées par le parti École, partenaire au pouvoir, tendant à compliquer la vie quotidienne… À tel point qu’en raison du refus de l’opposition d’assister aux séances, le Conseil communal n’a plus pu se réunir depuis des mois et ne parvient pas à se prononcer sur de nombreuses questions urgentes et vitales.

La contre-offensive des socialistes à Schaerbeek


C’est pourquoi le Mercato, c’est-à-dire le « marché des transferts politiques », dans la commune de Schaerbeek avait déjà débuté au milieu de l’année passée.   

C’est ainsi que Sadık Köksal, à la fois conseiller communal à Schaerbeek et député régional bruxellois, avait quitté au mois de juin le parti des francophones belges DEFI, qui dirige la commune, pour devenir membre du Mouvement réformateur (MR), tandis qu’Emin Özkara, député régional bruxellois depuis 2004 et membre du conseil communal de Schaerbeek avait rejoint en septembre les rangs de DEFI après avoir démissionné du Parti socialiste.

Le Parti socialiste, dans l’opposition depuis 18 ans face à la coalition DEFI-ECOLO qui dirige la commune de Schaerbeek, a fait une sortie sensationnelle dans le courant de la semaine dernière, dans la perspective de prendre part à la direction de la commune en cas de minorisation de la coalition actuellement au pouvoir lors des prochaines élections. Afin d’attirer les votes musulmans, il a désigné comme candidat bourgmestre pour les élections à venir, Hasan Koyuncu, membre du conseil communal de Schaerbeek depuis 12 ans et parlementaire bruxellois depuis 10 ans.

Comme d’autres politiciens turcs membres du Parti socialiste, Hasan Koyuncu n’a jamais manqué de défendre avec insistance les vues imposées par l’État turc et les islamistes au sein des assemblées et des institutions dans lesquelles il officie.

Par exemple, bien que l’abattage des animaux d’abattoirs sans anesthésie ait été interdit dans les régions wallonne et flamande, la même proposition d’interdiction a été rejetée lors de la séance du Parlement régional bruxellois du 17 juin 2022, par 42 voix contre, 38 pour et 8 abstentions, conformément aux diktats de la Fondation Diyanet de Belgique et du Conseil de coordination des institutions islamiques de Belgique.

Le côté édifiant de ce vote fut que les partis de gauche et écologistes, qui ont voté sans exception en faveur de cette interdiction dans les régions flamande et wallonne, ont effectué un virage à 180 degrés en région bruxelloise, 16 des 19 députés du Parti socialiste (PS et VOORUIT) en ce compris Hasan Koyuncu, l’ensemble des 11 députés du Parti du Travail de Belgique (PTB et PVDA) et 9 des 19 députés Verts (ECOLO et GROEN) ayant voté contre.

Encouragés par les votes négatifs des députés de gauche et verts, à commencer par ceux du Parti socialiste, avec comme seule arrière-pensée les votes musulmans à attirer lors des prochaines élections, l’Exécutif des Musulmans de Belgique et le Conseil de Coordination des Institutions Islamiques de Belgique avaient fait appel devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg pour faire annuler les décisions d’interdiction dans les régions flamande et wallonne.

Cependant, l’arrêt rendu la semaine dernière par la Cour européenne des droits de l’homme, en statuant que les réglementations interdisant la pratique de « l’abattage rituel » n’étaient pas contraires à la liberté de croyance et ne contenaient pas de discrimination, a été un choc complet, non seulement pour les organisations et médias aux ordres des institutions islamistes et de l’État turc, mais aussi les partis de gauche qui dirigent la région et les communes bruxelloises.

Le summum dans le pari du racolage des islamistes du Parti socialiste !


Mais après cette décision, toute l’opinion publique belge a vécu un choc plus grand encore, qui plus est des œuvres du candidat bourgmestre du Parti socialiste à Schaerbeek, Hasan Koyuncu.

Dans une vidéo publiée ce vendredi dernier sur les réseaux sociaux, on pouvait voir un imam du nom de Muhammad Ansar Butt en train de lire des versets du Coran à la tribune du Parlement bruxellois après avoir reçu une médaille.

Cette vidéo, enregistrée lors d’une cérémonie de remise de prix organisée le 13 janvier par le vice-président du parlement, Hasan Koyuncu, en collaboration avec l’association des Amis de Bruxelles (Friends of Brussels), avait été mise en ligne sur Facebook par l’imam d’origine pakistanaise, résidant dans la commune de Leeuw-Saint-Pierre en région flamande.

La vidéo de cette scène incroyable avait été vue par le député fédéral et ancien secrétaire d’État à la Migration Theo Francken (N-VA) et aussitôt partagée et commentée sur Twitter avec un très long message de commentaire.

Francken critiquait le Parti socialiste « pour se soumettre toujours plus aux exigences des islamistes » et condamnait avec force « des scènes sans précédents de capitulation ».

Georges-Louis Bouchez, président du MR, un parti de centre-droit, décrivait cette évolution comme le résultat « de faire du communautarisme une arme électorale », et le président régional du parti demandait que les responsables rendent des comptes : « Des siècles de luttes de religion nous regardent. Comment pourrait-on accepter de tels agissements ? »

Quant au président de Défi, François De Smet, il qualifiait cette situation de « scène aussi surréaliste qu’inadmissible, qui illustre la montée du communautarisme en politique bruxelloise », et d’affirmer que « ceci justifie pleinement d’inscrire la laïcité politique dans la Constitution ».

Et Darya Safai, qui a pris part à l’opposition contre le régime islamiste en Iran et a demandé l’asile politique à la Belgique après sa sortie de prison, a été élue au parlement fédéral lors des dernières élections comme députée N-VA, tout en rappelant sa détention à Téhéran, déclarait : « Chaque matin, nous étions réveillés dans la prison des Ayatollahs par le genre de versets lus au Parlement bruxellois, et nous étions forcés de prier avec les mêmes mots dans notre cellule. Dans le même temps, on pendait quelques Iraniens pour que cela serve de leçon aux autres. Cela me choque d’entendre les mêmes choses en Belgique, dans le cœur de la démocratie occidentale, 24 ans après avoir survécu à cette prison ».

Face à ce scandale, Rachid Madrane, le président du Parlement bruxellois issu du Parti socialiste, a rappelé que les députés ont le droit d’organiser des événements dans l’enceinte du Parlement avec la participation des citoyens, et que la salle de l’assemblée plénière reçoit chaque année 10 000 visiteurs. Il a cependant souligné que le « Parlement est le temple de la démocratie : ce n’est ni une mosquée, ni une église, ni une synagogue, ni un temple maçonnique » et qu’il enverrait à ce sujet un courrier d’avertissement au vice-président Hasan Koyuncu et aux autres chefs de groupes de parti.

Cela dit, Rachid Madrane, qui se démarque par sa tendance laïque au sein du Parti socialiste, est aussi en froid avec la direction du parti à la veille du scrutin…

Lors du congrès bruxellois du Parti socialiste tenu le 16 décembre 2023 pour approuver les têtes de liste du parti à Bruxelles pour les prochaines élections régionales et fédérales, lorsque le président de la fédération bruxelloise, Ahmed Laaouej, s’est placé comme tête de liste à la région, Rachid Madrane a annoncé qu’il ne serait pas candidat pour les élections de juin 2024, en déclarant « Cela me fait mal, mais je ne peux pas. Je ne crois pas en la façon dont cette liste a été établie, et donc je ne crois pas en cette liste. Je vous souhaite bonne chance », avant de quitter la salle en compagnie d’autres membres.

Pour en revenir à Schaerbeek, il semble très peu probable que le Parti socialiste, qui patauge dans tant d’incohérences et de conflits internes, puisse arriver au pouvoir lors des prochaines élections avec une liste dirigée par celui qui a préparé le terrain à la lecture d’une sourate à la tribune du parlement bruxellois.

Le Parti socialiste peut-il augmenter ses chances électorales, en intensifiant davantage encore ses concessions aux islamistes, et en prenant des initiatives pour se rendre plus agréable encore au lobby turc ?

Ce n’est pas facile dans un environnement où presque tous les partis jouent la carte islamiste et évitent soigneusement les commentaires et critiques susceptibles de déranger la dictature islamo-fasciste en Turquie…

Tout comme son parti-frère au sein de l’Internationale socialiste, le Parti républicain du Peuple (CHP) en Turquie, qui continue à stagner malgré toutes les concessions et les soutiens apportés à l’islamisme et au nationalisme et ses prises de distance constantes avec la résistance démocratique kurde…

Traduction: Mazyar KHOOJINIAN


LA PRIERE, LE PECHE ET L'OFFRANDE

François Mathieu, La Libre Belgique, 19 février 2024

Depuis des décennies, depuis les attentats de Bruxelles tout particulièrement, le débat sur la laïcité de l’État s’est enflammé. On l’a vu tout récemment encore lors des débats sur le port du voile dans l’administration... Nouvel épisode en date, cette vidéo montrant un imam récitant une prière depuis la tribune du Parlement bruxellois.

Elle est évidemment choquante, puisqu’elle remet en cause le sacro-saint principe de la neutralité de l’État. Comme l’a fort bien dit Rachid Madrane, le président de l’assemblée bruxelloise, "le Parlement n’est pas le temple d’autre chose que de la démocratie". La neutralité de l’État est même l’un des piliers de notre démocratie, en ce sens qu’elle permet de garantir des droits et des libertés à chacun dans une société qui se veut pluraliste.

Ce principe de base a été bafoué, peu importe la teneur du message véhiculée par cet imam pakistanais invité par un député socialiste, Hasan Koyuncu. Chaque député, sans en prévenir le bureau du Parlement, peut organiser des visites. Le "temple", pour reprendre ce mot, doit rester ouvert à chaque citoyen. Mais l’invitation de cet imam, encore plus à quelques encablures des élections, jette un fameux doute sur la vision communautariste qu’elle laisse entrevoir.

Le pluralisme ne doit pas être utilisé à des fins communautaristes, pratique détestable qui a refait débat lorsque la question des signes convictionnels a été remise sur la table fin de l’année dernière. Détestable, parce qu’in fine elle est en complète contradiction avec l’idée de pluralisme véhiculée par cette notion même de neutralité de l’État, qui garantit à chaque citoyen d’être traité de manière identique, quelles que soient notamment sa religion et sa couleur de peau...

C’est, à chaque fois, une entorse au "vivre ensemble", dont le monde politique dit pourtant vouloir se prévaloir dès qu’il le peut. La vérité, c’est que cet activisme communautariste, au-delà d’être contraire aux principes de notre démocratie, fait encore plus le lit de l’extrême droite. Y compris parce que la récupération qui en est faite est parfois outrancière, voire incorrecte. Bref, ce sont encore une fois les seuls extrémistes qui se frottent les mains...

Le PS a désigné Hasan Koyuncu la tête de sa liste pour l’élection communale à Schaerbeek

Réunis en assemblée générale ce mardi soir, les militants du PS de Schaerbeek ont approuvé à une large majorité le binôme qui tirera la liste socialiste aux élections communales d’octobre.
Si le PS a autrefois misé sur une star nationale en la personne de Laurette Onkelinx, avec deux échecs électoraux à la clé, il change de stratégie pour 2024, en optant pour un candidat très ancré localement.

"Je suis un enfant de Schaerbeek ", confirme Hasan Koyuncu, invité de Bruxelles Matin sur Vivacité. "J’y ai grandi, j’y ai fait mes études, ma famille y vit depuis les années 1960. "
Conseiller communal depuis douze ans, député bruxellois depuis dix ans, il se fixe un nouveau cap pour Schaerbeek : "notre objectif principal est de peser sur les politiques sociales", dit celui qui se présentera en binôme avec Justine Harzé, présidente du PS schaerbeekois.

Se voit-il déjà bourgmestre, dans une commune où les socialistes sont dans l’opposition depuis 18 ans ? "Par nature, oui, comme toutes les têtes de liste. Aujourd’hui, Schaerbeek a besoin de renouer avec la gauche."

Belge d’origine turque, il est le premier candidat PS issu de la diversité à occuper la tête de liste dans la deuxième commune la plus peuplée de Bruxelles. "Je ramasse des voix de partout, pas seulement de ma communauté", précise celui qui avait enregistré le plus de voix de préférence (2581) sur la liste socialiste schaerbeekoise en 2018.

Si Hasan Koyuncu n’émet "aucune exclusive" en termes de partenaires de majorité, il s’avance sur Good Move, le plan de mobilité régional particulièrement contesté à Schaerbeek. S’il devient bourgmestre, il mettra en place "un mécanisme de concertation citoyenne sincère. Cela n’a pas été le cas jusqu’à maintenant. On ira à la rencontre des citoyens et on fera les corrections si nécessaire, avec ou sans Écolo", se projette le député bruxellois. (RTBF, 7 février 2024)

En Italie, 20 ans de prison pour un passeur après un naufrage meurtrier

Un tribunal italien a condamné mercredi à vingt ans de prison un passeur turc impliqué dans un naufrage qui a causé la mort d'au moins 94 migrants, ont rapporté les médias.

Le tribunal de Crotone (sud) a reconnu Gun Ufuk, un ressortissant turc de 29 ans, coupable d'avoir provoqué le naufrage d'un navire plein de migrants et d'avoir participé à un réseau d'immigration clandestine.

Il l'a également condamné à une amende de trois millions d'euros et à verser des dommages et intérêts aux parties civiles.

M. Ufuk était l'un des quatre trafiquants d'êtres humains présumés à bord d'un navire de migrants qui a fait naufrage lors d'une tempête au large de la Calabre le 26 février 2023.

Le bateau, qui transportait environ 180 migrants originaires d'Afghanistan, d'Iran, du Pakistan et de Syrie, dont de nombreux enfants, avait quitté les côtes turques mais a coulé peu après.

Un passeur présumé a péri dans le naufrage, tandis que deux autres ont comparu en justice.

M. Ufuk a affirmé au tribunal mercredi qu'il n'avait été engagé que pour être le mécanicien du bord, pas le pilote.

"J'ai dû fuir la Turquie pour des raisons politiques", a-t-il déclaré au tribunal, affirmant qu'il avait été emprisonné pour avoir critiqué le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Après ce naufrage, la Première ministre italienne, d'extrême droite Giorgia Meloni a promis de se montrer plus sévère envers les passeurs.

Son parti a remporté les élections de 2022 en s'engageant notamment à réduire les arrivées de migrants par la mer dans la péninsule. (AFP, 7 fév 2024)

Trois arrestations pour trafic d'armes entre la Turquie et la France

Trois suspects, interpellés après l'interception d'un convoi près de Montluçon (Allier), ont été mis en examen pour contrebande d'armes à feu "trafiquées" en provenance de Turquie et à destination de la banlieue parisienne, a annoncé mardi le parquet de Bordeaux.

Deux de ces personnes ont été interpellées sur l'autoroute A71 par le GIGN le 22 janvier lors d'un convoi remontant vers Paris, "l'un à bord d'un véhicule +ouvreur+, le second conducteur du véhicule +porteur+, transportant plusieurs armes de poing", a précisé le parquet. La troisième personne a été arrêtée en région parisienne.

Menées par les sections de recherches de la gendarmerie de Toulouse et Versailles, sous l'égide de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux, les investigations conduites entre l'Allier et le Val-d'Oise ont permis de saisir une cinquantaine d'armes à feu, des munitions et plusieurs milliers d'euros.

Quelque 120 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour cette opération, dont les Groupes d'observation et de surveillance (GOS) d'Ile-de-France et de Lyon, la section aérienne de gendarmerie de Lyon, les groupements de gendarmerie départementale de l'Allier et du Val d'Oise, ainsi que le commissariat de police de Sarcelles.

Les trois suspects, deux hommes et une femme âgés de 21 à 34 ans, de nationalité turque et française, ont été mis en examen pour acquisition, détention et cession d'armes et munitions, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits, et blanchiment en bande organisée. Ils ont été placés en détention provisoire.

Les armes saisies présentaient "des caractéristiques d'armes modifiées", ce qui suggère qu'elles pourraient provenir d'une "filière souterraine de modification et d'acheminement d'armes trafiquées", a précisé Frédérique Porterie, procureure de la République à Bordeaux, dans un communiqué.

Elles étaient "destinées à alimenter les réseaux criminels des banlieues parisiennes", selon le parquet.

Les interpellations font suite à une première opération au cours de laquelle trois autres suspects avaient été interpellés par le GIGN lors d'une transaction d'armes en mars 2023 à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées. Quarante-quatre armes avaient alors été saisies. (AFP, 30 jan 2024)




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