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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

46th Year / 46e Année
Novembre
 
2022 November
N° 531
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Dogan Özgüden, l'éternel dissident turc, n'a jamais renié ses valeurs


Titres des évènements du mois

Titles of this month's events

Droits de l'Homme / Human Rights

Des milliers de personnes aux funérailles des victimes des raids turcs

17 personnes écrouées après l'attentat d'Istanbul
'Women prisoners work 12 hours a day for 600 lira'
8.600 ans de prison pour un gourou créationniste
Progressive Lawyers Association case: All lawyers given sentences on 'terror' charges
Des experts de l'ONU demandent la libération d'une médecin
Nouvelles arrestations parmi les partisans du prédicateur Gülen

Turkish prisons more crowded than country’s 20 provinces
Kavala completes five years in prison: 'I'm not the only one who is subjected to unlawfulness'
Erdoğan's AKP poised to propose 'anti-LGBTI+' amendment to Constitution


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Seventeen women journalists are in prison

Dogan Özgüden, l'éternel dissident turc, n'a jamais renié ses valeurs
Turkey's media laws under scrutiny after İstanbul bombing
16 journalists imprisoned in Diyarbakır waiting for indictment for five months

Deux fiertés de la Turquie: Zarakolu et Fincancı -  Doğan Özgüden
Extract concerning Ant and Info-Türk in a book by an academic researcher
Kurdish journalists left without computers after police raid


Kurdish Question / Question kurde

L'agression militaire d’Erdogan motivée des mensonges contre l’autonomie kurde
Huit combattants kurdes tués dans des frappes turques contre le camp d'Al-Hol
Les Kurdes, peuple sans etat bombardé par l’iran et la Turquie

Demirtaş on İstanbul explosion: I am only asking
Salih Muslim: Taksim attack is an anti-Kurdish move
New indictment against Aysel Tuğluk after release

Attentat d'Istanbul: Le PKK dément toute implication
Imprisoned Kurdish leader denounces legal cases targeting HDP as "lawless"
Au moins un membre du PKK tué par un drone turc en Irak
Turkey arrests 26 Kurdish journalists over the past five months
Turkish court rejects appeal of Kurdish politician who was punished for saying "Kurdistan"

Minorités / Minorities

20-year anniversary of European Armenian Federation for Justice and Democracy
Radio arménienne Belgahay... Un des rêves de Hrant Dink réalisé a Bruxelles

Eighty years after Wealth Tax: 'Memories are silenced'
Erdogan blames Armenian diaspora for hindering normalization

Il y a 40 ans, un assassinat génocidaire visant la diaspora…

Politique intérieure/Interior Politics

Un scénario fallacieux de a à z  des responsables de l’attentat de Pera - Ragip Duran
En Asie centrale, Erdogan exhorte au rapprochement des Etats turciques
Le leader de l'opposition visé par la loi sur la désinformation

Forces armées/Armed Forces

Bombardement turc contre une base russe, un mort parmi les forces kurdes

Frappes turques contre des régions kurdes dans le nord de la Syrie
International call for an OPCW investigation into Turkish use of chemicals
Turkish troops to stay in Azerbaijan for a further year

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Un bus refuse de s'arrêter pour la prière et relance le débat sur la laïcité


Socio-économique / Socio-economic

Un séisme de magnitude 6,1 secoue le Nord-Ouest de la Turquie, 50 blessés
Noisette turque: enquête contre Ferrero pour abus de position dominante
COP27: la Turquie annonce réviser ses engagements à la hausse, sans convaincre

L'explosion dans la mine d'Amasra due à des "négligences", selon un rapport
HRW accuse Ankara et Damas d'aggraver l'épidémie de choléra
4 blessés après une nouvelle explosion dans une mine

Inflation record en 25 ans en Turquie, à 85,5%

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Berlin appelle la Turquie à agir de façon "proportionnée" en Syrie et Irak

L'UE "rejette" le statut d'observateur de Chypre-Nord dans une organisation turcique
EU extends eastern Mediterranean sanctions on Turkey

German deputy demands investigation into Turkey's chemical warfare allegations

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Otan: la Turquie convoque l'ambassadeur de Suède
Otan: la Suède amende sa constitution pour durcir ses lois antiterroristes
Le patron de la CIA parle nucléaire et prisonniers avec son homologue russe en Turquie
La Turquie "rejette" les condoléances de Washington "qui soutient les terroristes"

Adhésion à l'Otan: le chef de la diplomatie suédoise prochainement à Ankara
Otan: le Premier ministre suédois donne des gages à Ankara
Adhésion à l'Otan : Erdogan rappelle les «mesures à prendre» par la Suède et la Finlande

Relations régionales / Regional Relations

Pourquoi les Kurdes craignent un rapprochement entre Damas et Ankara
Manifestations en Iran: tirs à balles réelles dans des régions kurdes
Première poignée de main entre les présidents Erdogan et al-Sissi au Qatar

L'accord sur les céréales ukrainiennes reconduit pour l'hiver
Pétrole russe: la Turquie devient une route détournée vers l'UE, selon un rapport

La Turquie nomme un ambassadeur en Israël après quatre ans de vacance
Erdogan vante sa relation de "confiance et solidarité" avec Poutine

La Russie retourne à l'accord céréalier, le trafic reprend en mer Noire

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

A Chypre-Nord, des universités "vendent du rêve" aux étudiants étrangers

Chypre-Nord nouveau membre observateur de l'Organisation des Etats turciques
Athènes dénonce la "détention" quelques heures d'un gouverneur grec en Turquie

Naufrages de migrants en Grèce: le bilan s'alourdit, au moins 21 morts

Immigration / Migration

Germany introduces dual citizenship reform

En Grèce, des ONG d'aide aux réfugiés confrontées à une hostilité croissante

Cinq Afghans retrouvés morts poignardés à Ankara
9 Syriens, dont huit enfants, tués dans un incendie
Policier tué à Schaerbeek: L'assaillant criait "Allah Akbar"

Belgium's largest human trafficking case still troubles workers from Türkiye
Record-high number of doctors seek emigration from Türkiye in 2022

Droits de l'Homme / Human Rights

Des milliers de personnes aux funérailles des victimes des raids turcs

Des milliers de Syriens ont assisté lundi aux funérailles d'une dizaine de personnes tuées la veille dans des raids aériens de la Turquie visant des régions sous contrôle kurde dans le nord de la Syrie, selon un correspondant de l'AFP.

Au moins 35 personnes en grande majorité des combattants kurdes et des soldats syriens ont péri dans ces frappes dans les provinces de Raqa et Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie. Il y a eu plus de 70 blessés.

Un précédent bilan faisait état de 31 morts et 40 blessés dimanche.

La Turquie, qui a également visé des régions kurdes en Irak, a annoncé que son opération aérienne visait plusieurs régions sous contrôle des forces kurdes syriennes et du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), accusées par Ankara de l'attentat qui a fait six morts à Istanbul le 13 novembre.

En Syrie, les frappes turques ont visé des zones frontalières contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes, notamment les villes de Kobané (nord) et Al-Malikiyah (nord-est).

Lundi, à Al-Malikiyah, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles de 11 victimes ayant péri dans les raids contre une centrale électrique, y compris un journaliste d'une agence de presse kurde, selon un correspondant de l'AFP sur place.
 Les corps des victimes étaient enveloppés dans le drapeau kurde rouge, jaune et vert. "Les martyrs ne meurent pas", a scandé la foule en deuil.

"Nous implorons le monde et tous ceux qui se soucient des droits humains" à mettre fin aux attaques de la Turquie "qui nous cible avec ses avions et drones", a déclaré à l'AFP Chaabane, 58 ans, lors des funérailles.

Plus tôt dans la journée, dans une réplique apparente contre Ankara, des tirs de roquettes depuis le territoire syrien ont visé la ville turque frontalière de Karkamis (sud-est), faisant trois morts dont un enfant et six blessés, a annoncé le ministre turc de l'Intérieur.

Des tirs de roquettes depuis la Syrie avaient déjà atteint dimanche un poste-frontière turc, faisant au moins huit blessés --deux soldats et six policiers turcs.

La Turquie, dont les soldats sont présents dans des zones du nord de la Syrie, menace depuis mai de lancer une nouvelle offensive contre les FDS, qu'elle considère comme "terroristes".

Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré cette menace, évoquant le possible lancement d'une "opération terrestre" en Syrie.

"Il n'est pas question que cette opération soit uniquement limitée à une opération aérienne", a-t-il déclaré. "Nous avons déjà prévenu: nous ferons payer ceux qui nous dérangent sur notre territoire." (AFP, 21 nov 2022)


17 personnes écrouées après l'attentat d'Istanbul

Dix-sept personnes ont été écrouées après l'attentat perpétré dimanche à Istanbul, attribué par les autorités aux combattants kurdes du PKK et à leurs alliés en Syrie, ont rapporté vendredi les médias turcs.

L'attentat n'avait pas été revendiqué vendredi.

Parmi ces 17 personnes figure la femme accusée d'avoir déposé la bombe sur un banc de l'avenue d'Istiklal, en plein coeur d'Istanbul.

Six personnes ont été tuées et 81 autres blessées dans l'explosion survenue en plein après-midi le 13 novembre sur cette artère piétonne très fréquentée.

Les 17 suspects, dont certains sont accusés d'avoir aidé directement à perpétrer l'attentat, ont été incarcérés à la prison de Marmara - jusqu'il y a peu connue sous le nom de prison de Silivri -, en lisière d'Istanbul.

Cinquante-et-une personnes avaient été arrêtées en début de semaine.

Interpellée dans la nuit de dimanche à lui dans un appartement de la banlieue d'Istanbul, la principale suspecte, Alham Albashir, présentée comme étant de nationalité syrienne, serait entrée clandestinement en Turquie en provenance du nord-est syrien, selon les autorités.

La jeune femme, âgée de 23 ans, a reconnu les faits lors de sa garde à vue, ont-elles affirmé.

Selon l'agence de presse officielle Anadolu, citant le rapport de police, elle a déclaré avoir été pour la première fois en contact avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en 2017, par l'intermédiaire de son ex-petit ami, et aurait gardé un lien avec l'organisation après leur rupture.

Le PKK et les YPG (Unités de protection du peuple), milice kurde active en Syrie et accusée par la Turquie d'être affiliée au PKK, ont nié toute implication dans l'attentat d'Istanbul.

Les YPG avaient été soutenus par plusieurs pays occidentaux, notamment les Etats-Unis et la France et avaient été en première ligne dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. (AFP, 18 nov 2022)

'Women prisoners work 12 hours a day for 600 lira'

Poor conditions and violations of rights in a women's prison in Bakırköy, İstanbul was brought up in the Parliament, during the discussions on the budget of the Ministry of Justice in the planning and budget commission by the main opposition Republican People's Party (CHP) MP Yıldırım Kaya.

Kaya told about his visit to Mücella Yapıcı, Çiğdem Mater and Mine Özerden, the three women, all Gezi prisoners kept in this prison and gave general information and reflected his impressions about the poor conditions and the oppression in the prison.

The three Gezi prisoners, were not in any way able to find an answer to the question "Why are we here?" told Kaya the commission.
600 lira for working 12 hours a day

Kaya also told the commission that he wants to share the problems of not only the Gezi prisoners but all 1.100 prisoners kept in the Bakırköy women's prison.

- Subsistence allowance (for food and other needs) was recently increased from 18 lira to 22 lira. It is completely insufficient.
- There is no sanitary ped in the women's prison.
- Half of the women do not have any income that they receive from outside.
- Only 338 lira (18 dollars) a month is given to the prisoners who do cleaning daily.
- The women who tailor the best bed clothes of Türkiye, working 12 hours a day, are paid only 600 lira (32 dollars) a month.
- One woman can only buy from the canteen things worth 1000 lira a week. This amount has not been raised since last year.
- There are serious problems concerning hygiene.
- Women are requesting books but they cannot receive them even after the books undergo inspection by administration. (BIA, 16 November 2022)


8.600 ans de prison pour un gourou créationniste

Un tribunal d'Istanbul a condamné mercredi à plus de 8.600 ans de prison un gourou et prédicateur créationniste, Adnan Oktar, reconnu coupable d'une série de crimes, dont des agressions sexuelles.

M. Oktar, plus célèbre sous le pseudonyme Harun Yahya, s'est fait connaître en animant une émission sur une chaîne en ligne dans laquelle il apparaissait entouré de femmes légèrement vêtues qu'il surnommait "chatons".

Arrêté en juillet 2018, le sexagénaire a été condamné à 8.658 ans de prison, notamment pour agressions sexuelles, vol de données personnelles et privation de liberté, selon l'agence de presse officielle turque Anadolu.

Dix co-accusés, membres de son organisation, ont été condamnés à la même peine.

M. Oktar avait initialement écopé en janvier 2021 de 1.075 ans d'emprisonnement, avant que le verdict ne soit annulé par une cour d'appel.

A l'étranger, M. Oktar s'est rendu célèbre après la publication d'un "Atlas de la création" dans lequel il rejette les théories évolutionnistes.
(AFP, 16 nov 2022)

Progressive Lawyers Association case: All lawyers given sentences on 'terror' charges

Twenty-two lawyers from the Progressive Lawyers Association (ÇHD) and the People's Law Bureau (HHB) have received various prison sentences on charges related to "terrorism."

The İstanbul 18th Heavy Penal Court ruled for the continuation of the arrest of Barkın Timtik, Selçuk Kozağaçlı and Oya Aslan at the final hearing today (November 11) at the Silivri Prison Complex in İstanbul.

The court ruled that its decision could be appealed not at the Regional Court of Justice but at the Court of Cassation, the country's top appeals court.

The lawyers received the following sentences:

Selçuk Kozağaçlı: 12 years in prison for "being a member of a terrorist organization" and 1 year for "propagandizing for a terrorist organization"

Barkın Timtik: 12 years in prison for "being a member of a terrorist organization" and 9 years and 8 months for "propagandizing for a terrorist organization"

Oya Aslan: 10 years in prison for "being a member of a terrorist organization" and 6 years for "propagandizing for a terrorist organization"

Taylan Tanay, Betül Vangölü Kozağaçlı, Güçlü Sevimli, Gülvin Aydın: 6 years and 3 months in prison for "being a member of a terrorist organization." The announcement of the verdict for "propagandizing for a terrorist organization" was deferred.

Güray Dağ, Efkan Bolaç, Serkan Arıkanoğlu, Mümin Özgür Gider, Metin Narin, Sevgi Sönmez, Alper Tunga Saral, Rahim Yılmaz, Selda Yılmaz: 6 years and 3 months in prison for "being a member of a terrorist organization"

Özgür Yılmaz: 1 year in prison for "propagandizing for a terrorist organization" (Because he had a finalized sentence for "being a member of a terrorist organization," this charge was dropped in this case.)

Şükriye Erden: Announcement of the verdict for "propagandizing for a terrorist organization" was deferred. (Because she had a finalized sentence for "being a member of a terrorist organization," this charge was dropped in this case.)

Naciye Demir: The announcement of the verdict for "propagandizing for a terrorist organization" was deferred.

Files of the defendants Zeki Rüzgar and Günay Dağ were separated.

The case against Ebru Timtik, who lost her life in a death fast demanding a fair trial was dropped.

The ÇHD case consists of two separate cases that were merged. After the first case at the İstanbul 37th Heavy Penal Court, the Court of Cassation had overturned the verdicts for four lawyers.

The verdicts for the other lawyers that were upheld by the Court of Cassation:

Özgür Yılmaz: 13 years and 6 months
Behiç Aşçı: 12 years
Şükriye Erden: 12 years
Engin Gökoğlu: 10 years and 6 months
Aytaç Ünsal: 10 years and 6 months
Süleyman Gökten: 10 years and 6 months
Aycan Çiçek: 9 years
Naciye Demir: 9 years

The local court had sentenced Ezgi Çakır, a lawyer of the defendants, to 8 years in prison. The Court of Cassation had ruled that Çakır should have been sentenced to "knowingly and willingly aiding the organization." (BIA, 11 November 2022)

Des experts de l'ONU demandent la libération d'une médecin

Cinq rapporteurs spéciaux de l'ONU ont demandé mardi à la Turquie la libération immédiate d'une médecin ayant réclamé une enquête sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par l'armée turque contre les rebelles kurdes du PKK en Irak.

Dans un communiqué, ces experts indépendants des Nations unies, dont les rapporteurs sur les exécutions extrajudiciaires, Morris Tidball-Binz, et sur la torture, Alice Jill Edwards, appellent la Turquie à ne plus utiliser la législation antiterroriste pour intimider les défenseurs des droits humains et demandent que Sebnem Korur Fincanci, présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), soit libérée "immédiatement" et "sans condition".

Mme Fincanci avait été arrêtée le 26 octobre banlieue d'Ankara, puis écrouée le lendemain pour "propagande terroriste", selon les médias turcs.

"L'arrestation de la Dr Fincanci semble s'inscrire dans un schéma délibéré de mise en oeuvre de la législation antiterroriste visant à discréditer les défenseurs et les organisations des droits de l'homme et à interrompre leur travail vital", affirment les experts de l'ONU, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'homme mais ne s'expriment pas en son nom.

"Nous avons documenté de nombreux cas où la législation antiterroriste et d'autres dispositions pénales ont été utilisées pour harceler, arrêter, détenir et condamner des acteurs de la société civile en Turquie, y compris la Dr Fincanci, pour des motifs fallacieux", indiquent-ils.

Le communiqué souligne que la Dr Fincanci, médecin légiste reconnue, a contribué à l'élaboration d'un manuel, plus connu sous le nom de Protocole d'Istanbul, destiné à servir d'outil de référence international pour évaluer les victimes présumées d'actes de torture et pour enquêter sur ces allégations.

Des accusations de recours à des armes chimiques, relayées par des médias pro kurdes et des membres de l'opposition turque, sont apparues courant octobre et les combattants kurdes ont diffusé une liste de 17 noms, accompagnés de photos, de personnes présentées comme des "martyrs" tués par des gaz toxiques dans le nord de l'Irak. Ankara avait aussitôt dénoncé une campagne de "désinformation".

Mme Fincanci avait dit avoir "regardé et examiné les images sur les réseaux sociaux" de ces victimes possible, selon elle, de "gaz toxiques" et appelé à une "enquête indépendante".

"La capacité des défenseurs des droits humains et des médecins à dire la vérité au autorités doit être protégée", rappellent les rapporteurs, soulignant que ce rôle de dénonciation des violations des droits humains est "l'une des pierres angulaires des sociétés démocratiques". (AFP, 8 nov 2022)

Nouvelles arrestations parmi les partisans du prédicateur Gülen

Les autorités turques ont annoncé mardi l'arrestation de 27 personnes, dont des militaires précédemment limogés, soupçonnées de liens avec le prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan qui l'accuse d'avoir orchestré une tentative de putsch en 2016.

Ces 27 personnes, dont un général et deux officiers de l'armée déjà victimes des purges qui ont suivi le coup d'Etat raté, ont été interpellées à Ankara et à Istanbul et sept autres personnes sont encore recherchées, a rapporté l'agence officielle Anadolu.

L'opération, menée dans cinq provinces turques, vise au sein de l'armée et de la justice des proches ou sympathisants de "l'organisation terroriste Fetö", acronyme utilisé par le régime pour désigner le mouvement güléniste.

Par ailleurs, cinq personnes soupçonnées de faire partie du mouvement Gülen ont été arrêtés alors qu'elles s'apprêtaient à traverser la frontière vers la Grèce, a annoncé mardi le ministère turc de la Défense.

Un précédent coup de filet en octobre avait conduit à l'arrestation de plus de 700 personnes soupçonnées de participer aux activités financières du mouvement.

Autrefois allié précieux de M. Erdogan, Fethullah Gülen --installé aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans-- a été accusé par les autorités turques d'avoir propagé des accusations de corruption à l'encontre du gouvernement en décembre 2013, quand M. Erdogan était encore Premier ministre.

Le prédicateur, âgé de 81 ans, est considéré par le président Erdogan comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

Depuis lors, les autorités turques ont procédé à plus de 300.000 arrestations, en particulier dans les rangs de la police, de la justice et de l'armée et parmi les intellectuels et les journalistes.

La Turquie exige de la Suède et de la Finlande l'extradition de militants gülénistes vivant sur leur sol, en faisant une condition à la ratification par le Parlement turc de l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan. (AFP, 8 nov 2022)


Turkish prisons more crowded than country’s 20 provinces

The number of inmates in Turkish prisons outbids Turkey’s 20 provinces’ population, Birgun newspaper said on Friday.

The prison population in Turkey increased by 11.6 percent in 2021 to 297,860, it said.

The incarceration rate in Turkey has surged after the failed coup of July 2016. Ankara blamed Gulen Movement for attempting to overthrow the Turkish government and authorities launched a crackdown on the Islamic group’s followers, detaining over 290,000 and imprisoning around 30,000 people.

The inmate population in Turkish prisons is increasing at a rate of ten times the country’s population rate, Birgun said. The country’s population growth rate was 1.2 in 2021, it said.

Sentenced inmates made up 87.2 percent of the prison population, the newspaper said, citing Turkish penitentiary data. Detainees made up 12.8 percent, it said.

Turkey ranked second among European Council member states with the highest incarceration rates last year. According to the Annual Penal Statistics on Prison Population for 2021, Turkey has 325 inmates per 100,000 inhabitants. Russia topped the list with a very slight difference from Turkey with 328 inmates.

Turkey has 384 prisons nationwide and since 2016, the country has spent billions of liras to built new facilities. (gerceknews.com, 4 November 2022)

Kavala completes five years in prison: 'I'm not the only one who is subjected to unlawfulness'

"I believe that when the legal norms come to prevail in our country a renewal that emphasizes ethical values will also be initiated," Kavala has said.

Businessperson and rights defender Osman Kavala, who was sentenced to aggravated life imprisonment in late April for "attempting to overthrow the government" in the Gezi trial, completed the fifth year of his imprisonment today (November 1).

Releasing a statement marking his five years behind bars, he said, "As can be seen from the indictments issued against me, no evidence has been found showing that I was engaged in an activity that could be considered a crime.

"Despite this plain fact, which was put forward by the acquittal in the first Gezi trial, by two ECtHR verdicts, and by the dissenting votes of the President and members of the Constitutional Court, I completed my fifth year in Silivri prison.

"I keep in mind that I am not the only one who is subjected to unlawfulness, discrimination and cruelty. Listening to the stories of those others in prison and seeing people over 80 in the corridors is a constant reminder of this fact.

"I think that there is also a link between the arbitrary imprisonment of citizens and deadly work accidents such as mine disasters, that they both result from an understanding which does not particularly value human life.

"I believe that when the legal norms come to prevail in our country a renewal that emphasizes ethical values will also be initiated." (gerceknews.com, 1 November 2022)


Erdoğan's AKP poised to propose 'anti-LGBTI+' amendment to Constitution

President and Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan has said that his party will propose an amendment to the Constitution in the coming days.

The proposed amendment will be about guaranteeing women's right to wear a headscarf and "institutionalize family values," the president said today (October) in a speech addressing clerics in Ankara, the capital.

"A wide variety of scandals raise our threshold of astonishment every day, showing the wounds inflicted by the materialist mentality in society. They feel inferior to the West and equally arrogant towards their own values and nation, even if our mankurts [unthinking slaves in Turkic mythology] do not accept it, the facts are clear.

"If we don't take action now and take timely measures, it is highly likely that we will experience worse troubles in the future, may God forbid.

"I see the Constitutional amendment proposal, which we will submit to the discretion of our Assembly in the coming days, as an important step in this direction.

"With this proposal, we aim to protect the family institution, which is increasingly threatened by deviant currents, while providing constitutional guarantees for the headscarf."

Erdoğan brought up the idea of amending the Constitution in early October, in response to the main opposition Republican People's Party's (CHP) law proposal for safeguarding women's right to wear a headscarf.

He had suggested a Constitutional amendment that also includes provisions about "protecting the family" rather than a new law.

Since then, he has repeated his intentions multiple times

On October 22, he said a constitutional amendment is necessary not only for the freedom for wearing a headscarf but also to "strengthen our family institution constituted by the marriage of women with men," denying that there can be LGBTI+s in a strong family.

A recent EU Commission report states that Türkiye's anti-discrimination legislation does not meet European standards. The report indicates severe concerns about protecting the basic human rights of LGBTI+s.

There is neither legislation to combat hate speech nor regulations on hate crimes on sexual orientation and gender identity. Moreover, hate speech targeting LGBTI+ by elected and appointed state officials has increased. For instance, on September 18, a large anti-LGBTI+ rally was held in İstanbul. The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) published a video for the event on its website in the "public service announcements" category. (BIA, 31 October 2022)


Pression sur les médias / Pressure on the Media

'Seventeen women journalists are in prison'

Mesopotamia Women Journalists Platform (MKGP), announced its quarterly "Report on Violations of Rights Women Journalists Face" in a press meeting in İstanbul branch of the Human Rights Association (İHD).

Photographs of 10 Kurdish women journalists arrested in the last six months were held up during the presentation of the report covering the months August, September and October.

Speaking in the press meeting, Nezahat Doğan reminded that the indictments were not yet prepared for the 16 journalists in Diyarbakır on June 16, four of whom are women.

She told that again 5 of the nine journalists arrested in the scope of the investigation on October 29 were women. She underlined that ten of the 26 journalists arrested in the last six months are women.

Hayam Bulut spoke after Doğan and she said that violations of rights of journalists were on the rise regarding the right to life and the right to safety.

According to the information she gave "five journalists were attacked, 20 were subjected to violence, 18 were taken into custody, 6 journalists remanded in custody, 12 were prevented from doing research for their reports, 12 were subjected to maltreatment during detention, 4 were blacklisted and 9 were subjected to violations of their rights in prison."

There were also widespread violations of rights regarding freedom of thought and expression. Accordingly, new lawsuits were filed against 7 journalists, 26 journalists continued to stand trial, an investigation was started for one, there was pressure and censorship imposed on 2 while a total of journalists were given 16 years and 24 months of imprisonment in the ongoing trials in these three months and also imposed 30 thousand lira of fine.

MKGP reported that 17 women journalists in prison as of October are:

Berivan Altan - Mezopotamya Agency correspondent,
Ceylan Şahinli -Mezopotamya Agency correspondent,
Derya Ren - JINNEWS correspondent,
Dilan Oynaş - Azadiya Welat employee,
Diren Yurtsever - Mezopotamya Agency editor in chief,
Elif Ersoy – Yürüyüş Magazine, editor in chief,
Elif Üngür - Presenter,
Habibe Eren - JINNEWS correspondent,
Hatice Duman – Atılım, owner and editor in chief,
Neşe Toprak - Presenter,
Özden Kınık – TRT employee,
Özlem Seyhan – Journalist,
Öznur Değer - JİNNEWS correspondent,
Remziye Temel - accounter
Safiye Alagaş - JINNEWS manager,
Sibel Mustafaoglu – Azadiya Welat employee,
Tülay Canpolat – Sabah Ankara correspondent
(BIA, 24 November 2022)

Dogan Özgüden, l'éternel dissident turc, n'a jamais renié ses valeurs



Baudouin Loos, Le Soir, 21 novembre 2022

 
Dogan Özgüden n’a jamais pris sa retraite. L’idée ne l’a jamais effleuré. Son pas se fait sans doute plus lent – il a tout de même 86 printemps derrière lui – mais rien ne pourrait le convaincre de mettre fin à ses activités professionnelles. Lesquelles ont commencé il y a… 70 ans à Izmir, une ville turque sur la mer Egée, quand, à 16 ans, il est engagé comme sténographe dans un journal. Cette carrière de journaliste n’a donc pas encore pris fin.
 
Voilà un homme discret, abrité derrière sa moustache, qui cache une personnalité forte, sûre de ses valeurs, qui a donné du fil à retordre à tous les régimes que son pays, la Turquie, a connus depuis les années 1950. Le prix qu’il a dû payer s’est révélé d’une ampleur exorbitante. A savoir 48 années d’exil. Très majoritairement passées en Belgique. A Bruxelles, à Schaerbeek, précisément.
 
Son histoire mérite d’être contée.
 
Enfant, ce fils de cheminot partageait la vie des paysans en Anatolie. Dès son adolescence, lors de ses humanités, il dit avoir « pris conscience de bien des choses ». Des injustices, sans doute. C’est décidé, il militera. A gauche, très à gauche. « J’ai fait partie du premier syndicat turc de journalistes. Le coup d’Etat de 1960 avait donné lieu à une relative libéralisation. Le Parti ouvrier de Turquie (POT) a pu être créé, j’en étais membre. A Istanbul, je suis devenu rédacteur en chef du plus ancien quotidien de Turquie, Akşam. »
 
« Traîtres à la patrie »
 
Mais l’embellie des libertés fait long feu. « J’ai dû vivre de choses et autres comme l’écriture et la traduction de livres sur le fascisme. A partir de 1967, avec ma femme Inci épousée deux ans plus tôt, nous avons lancé l’hebdomadaire Ant. A l’époque, des sujets comme le génocide des Arméniens de 1915 ou la question kurde étaient tabous. On pouvait se retrouver labéllisés “traîtres à la patrie” si on soulevait ces sujets. Ce qu’on a fait ! Dans la revue, on a aussi dénoncé le militarisme turc, le rôle croissant de l’armée dans l’économie… »
 
Danger devant !! Un nouveau coup d’Etat, en 1971 et l’imposition de la loi martiale aboutissent à l’interdiction de la revue et les contraignent à la clandestinité. « Ma photo était affichée en rue, j’étais recherché. Nous avons alors décidé de partir en campagne en Europe pour pouvoir y exposer ce qui se passait en Turquie. » Un projet d’exil ? Non. Juste l’idée de lancer un mouvement de résistance démocratique grâce aux amitiés déjà consolidées en Europe, des journalistes, des hommes politiques et des associations ouvrières…
 
« Il croyait son exil provisoire, raconte Mazyar Khoojinian, historien à l’ULB et traducteur des Mémoires d’Özgüden, mais d’anciens réfugiés politiques en France lui disaient : “Tu es jeune et idéaliste mais ton exil va se prolonger”. » Ils avaient raison et lui s’est adapté. « C’est un homme de principes. Quand il se fixe des objectifs, il met tous les moyens pour y parvenir. Il a une mémoire prodigieuse et une plume acerbe. » De quoi se faire détester en haut lieu…
 
Faux passeports
 
En Europe, les difficultés surgissent immédiatement. « On est arrivés avec de faux passeports, ceux des parents de ma femme qu’on avait falsifiés, se souvient-il. Un des premiers pays visités fut la Belgique, par Anvers. On a ensuite voyagé en France, en Allemagne, etc. On publiait communiqués, rapports et revues en anglais, notamment à destination des parlementaires au Conseil de l’Europe, dont la Turquie faisait déjà partie. »
 
Cette question des faux passeports s’éternisait. Gênait leur liberté de mouvement en Europe. C’est un député travailliste néerlandais, Piet Dankert, qui leur conseille de demander l’asile politique aux Pays-Bas. Ils acceptent mais atterrissent vite à Bruxelles, qui abrite les institutions européennes. D’où ils lancent en 1974 « Info-Türk », une agence d’info alternative qui diffuse en plusieurs langues (turc, anglais, français, néerlandais et allemand), une première en Europe. Elle fonctionne toujours !
 
Mateo Alaluf, sociologue d’origine turque, les rencontre à ce moment. Et collabore avec eux. « J’ai une grande estime et amitié à leur égard, explique celui qui deviendra professeur à l’ULB. Ils sont, je crois, avant tout des journalistes engagés d’une droiture et honnêteté exemplaires. Des acteurs et témoins des trois grands moments de l’immigration des exilés turcs en Belgique et en Europe : les coups d’Etat de 1971 et 1980 et celui, manqué, de 2016 contre Erdogan. »
 
Le retour en Turquie ? Il fut tenté, en 1977. « Il y avait eu des progrès, relatifs, en Turquie. Ma mère était mourante, il nous fallait rentrer. On a pu le faire. Et revoir de nombreux amis là-bas qui sont devenus députés ou ministres. Quand nous nous sommes rendus à Ankara, nous avons reçu une convocation pour se présenter devant le procureur de la république. On m’a déconseillé d’obéir, car je risquais d’être incarcéré. Voire pire. Finalement, il nous a paru préférable de retourner en Belgique, en pensant encore que cela serait provisoire, mais nous y sommes toujours… »
 
Belges depuis le 3 avril 1995
 
En Turquie, un nouveau coup d’Etat, en 1980, sonne d’ailleurs le glas des vagues espoirs démocratiques. Comme des centaines d’autres, Inci et Dogan Özgüden sont même déchus de leur nationalité et deviennent apatrides. Cela pendant une dizaine d’années. « Nous avons un jour décidé de demander notre naturalisation belge. Avec succès mais non sans problèmes car le procureur du roi avait d’abord émis un avis négatif basé sur les accusations du régime d’Ankara. Puis des députés se sont mobilisés pour nous et le 3 avril 1995, nous sommes enfin devenus belges. On n’a jamais demandé à recouvrer notre nationalité turque. Le jour où un régime démocratique s’imposera à Ankara, nous le ferons ! C’est ma patrie, tout notre combat. »
 
Etrange destin d’un homme qui pourrait ne jamais revoir son pays. « C’est l’éternel dissident communiste, lance Mazyar Khoojinian avec une pointe d’admiration. Son baromètre, c’est la situation de la classe ouvrière, laquelle souffre sous Recep Tayyip Erdogan, qui écrase les syndicats. » Et il ne faut pas croire qu’on l’a oublié au pays. « On lit son blog, il parle encore aux Turcs via YouTube, Skype ou Zoom, sur des sites indépendants, malgré son âge et la santé fragile. »
 
Le rôle moteur de sa femme
 
Son combat ne sera pas que politique. Sa femme Inci aura un rôle moteur dans le lancement des « Ateliers du Soleil » à Schaerbeek, qui font aujourd’hui encore leur fierté. Il nous les présente : « L’association occupe une vingtaine de salariés et présente de multiples aspects : l’éducation permanente, l’école des devoirs, les ateliers créatifs (peinture, sculpture, céramique, etc.), l’insertion socio-professionnelle et des cours de français. Nous accueillons ici rue de Pavie des adultes et des enfants de quelque cinquante nationalités différentes. »
 
Dans cette partie de Bruxelles, les Özgüden côtoient beaucoup d’immigrés turcs, dont de nombreux partisans du président Erdogan. « Depuis le début de notre exil en Belgique, on y a ressenti une sympathie énorme, je dirais “à la turque”, ce qu’on n’a pas constaté ailleurs. » Quant aux Turcs de Bruxelles qui lui seraient hostiles, il s’en accommode. « Des menaces potentielles relayées parfois par des coups de téléphone anonymes n’ont jamais cessé mais je préfère vivre dans ce quartier où résident mes compatriotes et je garde de bonnes relations avec nombre d’entre eux, notamment pas mal de travailleurs immigrés pensionnés, simplement, on évite parfois de parler politique. »
 
Pour cet inlassable combattant de la liberté d’apparence réservée, la plus grande frustration restera évidemment l’éloignement de la terre natale. Mais il veut que son nom et celui d’Inci restent associés aux valeurs qu’ils n’ont cessé de chérir. « Nous sommes des défenseurs des droits de l’homme, qu’il soit Turc, Kurde, Arménien, Assyrien ou autre. » C’est aussi pourquoi les Özgüden ont confié des milliers de livres et documents sur la Turquie à la Bibliothèque royale de Belgique et à l’Institut international de l’Histoire sociale à Amsterdam.
 
L’histoire n’est d’ailleurs pas finie. « Nous avons eu la satisfaction d’avoir participé aux différentes luttes pour la justice dans mon pays depuis quasiment la Seconde Guerre mondiale. Et je continuerai, avec Inci, jusqu’à mon dernier souffle ! »
 
Deux livres à lire, écrits par Dogan Özgüden :
Journaliste « apatride », ASP Edition, 2014 et Ecrits d’exil, Info-Türk, 2021.
 

Turkey's media laws under scrutiny after İstanbul bombing

Journalism groups and opposition politicians have criticized the measures imposed on social media and news coverage following Sunday's (November 13) bomb attack in İstanbul's popular tourist area of Taksim.

Six people lost their lives and 81 others were wounded after a bomb planted under a bench detonated on İstiklal Avenue, a busy pedestrian street.

The authorities imposed several restrictions on news coverage regarding the bombing and on social media.

The Radio and Television Supreme Council (RTÜK) issued a broadcast ban for TV outlets shortly after the incident, while the Information Technologies and Communications Authority (BTK) restricted the bandwidth of social media platforms, making them unusable without a VPN or proxy connection.

A judgeship in İstanbul later issued a ban covering online platforms as well.

Such bans do not mean media outlets cannot report on the events in any way. They cover critical information such as visuals from the moments the incident happened, images showing the people who were killed and wounded, and the work of security units, etc.

After the bans were issued, prosecutors opened an investigation into those sharing "negative posts" about the incident on social media.

Also, police prevented reporters other than those of the state-run media from entering İstiklal Avenue, which was cordoned off following the explosion.
Legal basis of social media restrictions

Such restrictions violated the Constitution, critics argued.

In a written statement yesterday (November 14), the Journalists' Union of Turkey (TGS) said such restrictions can only be based on freedom of the press and expression, citing relevant laws.

"The BTK has no authority to give instructions for internet restrictions, and if there was a decision taken, it should be disclosed to the public and its legal basis should be explained," it said.

The BTK announced the bandwidth restriction hours after its implementation. Twitter, YouTube, Instagram and Facebook were affected by the practice, according to Netblocks, a platform monitoring internet censorship globally.

The restrictions were in violation of articles 26 and 28 of the Constitution, which are about the freedom of expressing and disseminating thoughts and freedom of the press, the union argued.

The BTK has the authority to impose bandwidth restrictions for 10 hours, according to a social media law enacted in 2020. For restrictions for over 24 hours, it needs a judgeship decision.

While bandwidth restrictions were a common practice in cases of similar attacks in the 2010s, it was the first time that it was applied under the new law, Erselan Aktan, a lawyer working in the field of freedom of expression, noted commenting on the issue for bianet.

However, he added, the authorities could have implemented different methods to prevent the dissemination of "objectionable" images and footage rather than restricting access to the platforms completely.

"Twitter and Instagram have tools that can block an image as soon as it is uploaded. Although it is mostly used for copyright reasons, this application is also frequently used for triggering content," he said. "However, the first thing the BTK, the ministry and the judgeship think of is broadcast bans and bandwidth restrictions."
Vague definitions

The basis of the RTÜK ban was article 7 of the Radio and Television Law No. 6112, which gives the council the authority to impose restrictions in case of extraordinary situations such as "war, attacks, natural disasters and similar extraordinary situations."

"We are of the opinion that the decision taken with the ambiguous and broad authority provided by the article is not in compliance with freedom of expression," said the TGS.

Aktan also said, "The ambiguous expressions in the title and content of the article make it impossible for the article to be predictable. And this ambiguity gives an unlimited scope of authority to the Presidency and ministers, who are given the authority of [requesting an] access ban."

The judgeship had issued the ban at the request of the Ministry of Tourism and Culture.
Legal action

The Media and Law Studies Association (MLSA) yesterday filed an appeal against the ban issued by the İstanbul 10th Penal Judgeship of Peace.

It also alleged that the ban violated the same articles of the Constitution, as well as article 22 about freedom of communication.

"The intervention in question ... is not only a block of access to news but also the elimination of a source of news," it said.

The main opposition Republican People's Party (CHP) announced yesterday that it would file a criminal complaint against the public officials responsible for the bandwidth restrictions on social media platforms.

CHP deputy Gürsel Tekin said, "An explosion occurred at the center of the largest city of the country. People were killed and injured. Everyone is curious, but the public doesn't have the right to receive news about that. Why? Because the BTK chair doesn't see it as appropriate. But he shares his condolence message on Twitter." (BIA, 16 November 2022)

16 journalists imprisoned in Diyarbakır waiting for indictment for five months

"The prosecutor of the investigation has changed. The police did not send the digital transcripts. The prosecutor did not prepare an indictment. Our friends spent five months in prison without even knowing what they were accused of," says Dicle Fırat Journalists Association (DFG) Co-Chair Dicle Müftüoğlu about the experiences of 16 journalists imprisoned in Diyarbakır.

Tomorrow (November 16) marks the fifth month of the arrest of 16 journalists. The experiences of the journalists, who are in prison for 153 days, are precise as Müftüoğlu described. Five months with no indictment and no charges.

According to Müftüoğlu, what happened when the journalists were taken into custody on June 8 and arrested on June 16 differs from the news and statements broadcast by the media close to the government.

"At that time, the created perception the arrests were huge and sensational," says Müftüoğlu.

He finds it strange that the government, which carried out such a big operation against journalists, has not brought a single accusation against them while five months have passed.

"When our lawyers meet with the prosecutor, the prosecutor does not even say anything clear about when the indictment will be arranged."

"The indictment is deliberately kept on hold"

"Our friends were taken because of their journalistic activities, and the operation was carried out to prevent their work. Otherwise, the procedure for which so much preparation has been made, and despite the statements criminalizing journalists, it is impossible not to prepare an indictment in five months.

"Diyarbakır, compared to Istanbul, is a city with a lower judicial workload. To make them wait is done deliberately. The prosecutor says that the investigation is continuing and that they are waiting for the transcript of the digital materials, which is why the indictment is not yet ready.

"Moreover, the prosecutor who started the investigation was brought from Bismil. After the arrests, the prosecutor was assigned to Izmir. Then another prosecutor was assigned to the case.

"Imagine that the prosecutor says that five months have passed, and the prosecutor still has not received the digital transcripts. In other words, the digital transcripts have not yet been sent to the prosecutor's office by the police.

"It is the police who do the search and seize digital documents. Perhaps the police are deliberately extending the time by not touching these devices. Our friends are being intentionally punished."

Protests in front of the courthouse

Müftüoğlu also said that tomorrow (November 16), they will hold an action against their imprisoned colleagues in front of the Diyarbakır Courthouse at 1 p.m.

"We will make a statement demanding the end of this torture of arrest against our friends." "We will call for either our friends to be released or the prosecutor to prepare the indictment," "We want this process to be ended as soon as possible."

What happened?

On June 8, the police raided several homes and offices of news outlets in the predominantly Kurdish populated province of Diyarbakır. Twenty-two people, including 20 journalists, were detained.

After eight days in detention, a judgeship ruled for the arrest of 16 journalists on "terrorist propaganda" charges, citing their news reports and social media posts as evidence.

During their interrogation, the questions they were asked included what they meant by "Kurdish question" and whether they had received instructions, an attorney of the journalists had told bianet.

The arrests triggered a backlash from journalists and international organizations. (BIA, 15 November 2022)

Deux fiertés de la Turquie: Zarakolu et Fincancı


 
Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 31 octobre 2022

Le temps passe vite... Quatre mois se sont écoulés depuis qu'Erdoğan ait fait du chantage à la Suède et à la Finlande en exigeant l'extradition vers la Turquie de 33 exilés politiques, dont le journaliste-éditeur Ragıp Zarakolu, afin d'approuver leur demande d'adhésion à l'OTAN.
 
Pendant ce temps, des élections générales ont eu lieu en Suède et un nouveau gouvernement de droite a été formé... Le nouveau premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a annoncé qu'il irait personnellement voir Erdoğan dans les prochains jours pour lui demander d'approuver l'adhésion de son pays à l'OTAN.
 
Le nouveau ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billström, est allé encore plus loin en déclarant que le nouveau gouvernement de centre-droit remplirait toutes les conditions de l'accord d'adhésion à l'OTAN avec la Turquie. "Nous appuyons pleinement la politique qui signifie que les organisations terroristes n'ont pas le droit d'opérer sur le territoire suédois", a promis le ministre, ajoutant qu'il partageait les préoccupations concernant le PKK/YPG.
 
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a également annoncé qu'il se rendrait à Ankara le 4 novembre pour négocier avec Erdoğan le renforcement de la dépendance de la Turquie vis-à-vis de l'OTAN, notamment la condition de "renvoi de 33 exilés politiques".
 
Alors que ces développements menacent son séjour en Suède, Ragıp Zarakolu fait face à une autre attaque, cette fois en provenance de Turquie... Notre ami, le professeur Baskın Oran l'a annoncé dans un message qu'il nous a envoyé le 25 octobre :
 
"Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, je l'ai appris aujourd'hui : À la suite d'un procès intenté par un employé des Éditions Belge qui a été licencié, les comptes bancaires et les comptes de distribution de la maison d'édition ont été saisis.
 
"Si vous vous souvenez, le pouvoir judiciaire avait précédemment pris une décision incroyable de confisquer la pension d'un retraité, ce qui était inédit. La décision de la Cour pénale n° 3 d'Istanbul en date du 23 décembre 2019, qui est maintenant à l'ordre du jour dans cette conjoncture, est la suivante: '...d'accepter partiellement la demande de confiscation des biens, droits et créances de l'accusé Zarakolu en Turquie afin de s'assurer que le fugitif se présente à l'audience, et de confisquer les paiements de pension effectués à Zarakolu par l'Institution de Sécurité Sociale...' Pourtant, Zarakolu n'était pas un 'fugitif', il est parti avec un passeport et son adresse en Suède était connue.”
 
Le même jour, j'ai reçu le message suivant de Ragıp lui-même :

"Pour la première fois, je me suis senti seul. Pendant que l'humanité se battait pour sa survie à l'époque du Covid-19, quelqu'un était occupé à intenter un procès. Juste le jour de l'anniversaire de la mort d'Ayşe Nur Zarakolu, alors que le tribunal a décidé de confisquer ma pension dans l'affaire Özgür Gündem, quelqu'un était occupé à déposer un procès pour confisquer les Éditions Belge...
 
"Je ne suis pas Jésus-Christ, mais j'ai pourtant mon Judas, il a mangé à ma table... Selon les mots d'Hannah Arendt, ‘la banalité du mal’...
 
"Ayşe Nur Zarakolu a brisé la censure portant sur le génocide avec une grande force morale... Une dimension du génocide consistait à confisquer leurs biens. Je n'ai jamais pensé que je ferais cette expérience."
 
Malheureusement, ce système, surtout lorsque vous êtes éloigné, vous fait vivre de nombreuses choses douloureuses inimaginables. Dans le deuxième volume du livre Le journaliste "apatride", j'ai décrit en détail ce qu'İnci et moi-même avons vécu après avoir dû nous exiler, la censure et les restrictions imposées à notre revue Ant par l'État, et ce que certains que nous considérions comme des amis ont fait en profitant de notre absence.
 
En plus d'informer Baskın Oran et moi-même de cette nouvelle pratique répressive, Ragıp avait également informé l'Association des Éditeurs Turcs, l'Association des Journalistes de Turquie et PEN Turquie.
 
Avant de commencer à écrire l'article de cette semaine, j'ai attendu jusqu'à la dernière minute qu'au dernier cri de Ragıp Zarakolu, mon cher collègue et compagnon de lutte depuis 54 ans, depuis 1968, réponde une voix depuis la Turquie, le pays où il est né et a grandi et où il a consacré toute sa vie à la lutte pour un pays libre et démocratique.
 
Jusqu'au moment où j'écris ces lignes, il n'y a eu aucune nouvelle d'une quelconque campagne de protestation ou de solidarité lancée par ces organisations.
 
À la veille de la visite du Premier ministre Ulf Kristersson en Turquie, une voix très importante s'est élevée depuis la Suède, où M. Zarakolu vit en exil.
 
Auparavant, en mai, d'éminents écrivains, journalistes, artistes et musiciens suédois avaient pris position dans une déclaration commune:
 
"La Suède ne peut en aucun cas remettre des éditeurs à un régime loin de ses frontières et qui veut faire taire ses opposants. Nous comprenons la manœuvre politique d'Erdoğan visant à exiger l'extradition des personnes qui ont cherché refuge en Suède comme une tentative d'exporter sa propre interprétation de la liberté d'expression dans notre pays, la Suède.
 
"Ne tombons pas dans le piège d'Erdogan, qui utilise son droit de veto contre l'adhésion de la Suède à l'OTAN ! En aucun cas, nous ne devons faire de la liberté de pensée et d'expression une monnaie d'échange ! Défendez la liberté de pensée et d'expression ! Défendez la langue kurde ! Ne livrez pas les éditeurs qui ont fui la répression en Turquie !"
 
Cette semaine, l'ancien ministre Pierre Schori, l'écrivain et journaliste kurde suédois Kurdo Baksi, l'écrivain et rédacteur en chef du journal Dala-Demokraten Göran Greider et la rédactrice en chef de Dagens Arbete Helle Klein ont publié une déclaration commune à l'intention du Premier ministre Kristersson :
 
"Le Premier ministre Kristersson a le devoir de se demander pourquoi tant de véritables politiciens démocratiques sont en prison, notamment Selahattin Demirtaş, leader du HDP, troisième parti de Turquie, et parti-frère du parti social-démocrate suédois.
 
"M. Kristersson devrait faire savoir clairement que le Parlement suédois et le gouvernement suédois s'opposent aux projets annoncés par M. Erdogan d'attaquer à nouveau les zones kurdes du nord de la Syrie, ainsi qu'aux projets répétés d'agression militaire contre la Grèce.
 
"Les organes médiatiques pro-gouvernements turcs doivent immédiatement cesser de suivre les journalistes turcs qui ont retrouvé leur liberté en Suède.
 
"Le gouvernement Erdoğan doit immédiatement cesser sa campagne de diffamation contre les Kurdes de Suède, lancée afin de marquer des points lors des élections parlementaires et présidentielles de l'année prochaine en Turquie. En aucun cas, la Suède ne doit aider à organiser une chasse aux sorcières contre des Kurdes innocents et sans culpabilité, comme cela s'est produit après le meurtre d'Olof Palme."
 
Le troisième paragraphe de cet appel met en évidence la menace qui pèse sur Ragıp Zarakolu et le dernier paragraphe est particulièrement important car il attire l'attention sur les lâches campagnes de dénigrement du régime d'Ankara contre les citoyens d'origine kurde, les organisations et les médias kurdes, non seulement en Suède, mais dans tous les États membres de l'UE.
 
Oui, au moment même où cet appel était lancé, Şebnem Korur Fincancı, la présidente de l'Association des Médecins Turcs, a été détenue en Turquie pour avoir répondu aux questions de la chaîne de télévision kurde Medya Haber en Belgique sur "l'utilisation présumée d'armes chimiques par les forces armées turques dans des opérations militaires" alors qu'elle se trouvait en Allemagne dans le cadre d'une conférence.
 
Le parquet d'Ankara a alors ouvert une enquête contre elle "pour ses déclarations faites le 20 octobre 2022 au soi-disant organe de presse de l'organisation terroriste armée PKK/YPG, pour avoir fait de la propagande pour une organisation terroriste au regard de l'article 7/2 de la loi antiterroriste n° 3713 et pour avoir insulté la nation turque, l'État de la République de Turquie, les institutions et les organes de l'État au regard de l'article 301/2 du code pénal turc n° 5237", et l'a fait arrêter.

Le président du MHP, Devlet Bahçeli, a également demandé que Fincancı soit déchue de sa citoyenneté, comme la junte militaire de Kenan Evren l'avait fait contre nous dans les années 1980.

L'arrestation d'une éminente scientifique accusée de "faire de la propagande pour une organisation terroriste" pour avoir répondu à des questions posées par une chaîne de télévision sur un sujet relevant de son domaine de connaissance est l'un des pires scandales de notre histoire médiatique.
 
En tant que journaliste exerçant son métier depuis plus de 50 ans à la tête d'une agence de presse à Bruxelles, la capitale de l'Union européenne et de l'OTAN, je dois immédiatement souligner que des milliers de journalistes de centaines de pays du monde entier, de nationalités différentes, quelles que soient leurs tendances et leurs opinions, jouissent de l'égalité des droits et de la liberté d'expression dans ce pays. Lorsqu'il le faut, ils peuvent également assister aux réunions de l'UE et de l'OTAN et poser des questions aux responsables.

Medya Haber TV, qui a posé des questions à Fincancı et relaté ses réponses dans ses informations, est l'une des organisations médiatiques les plus respectées de Belgique, que nos collègues kurdes ont fait vivre avec beaucoup de dévouement pendant près de trente ans.
 
Dans le deuxième volume de mes mémoires intitulé Le journaliste "apatride", j'ai décrit la naissance de Med TV, le prédécesseur de Medya Haber, comme suit :

"En 1994, la diaspora kurde a connu une évolution que je qualifierais de ‘miracle’. Au cœur de Bruxelles, on préparait une chaîne de télévision qui s'adresserait non seulement au monde kurde, mais aussi à l'opinion publique turque.

"À ce stade, je me rendais de temps en temps au studio avec les parlementaires kurdes en exil et je suivais de près l'évolution de la situation. De jeunes kurdes, ayant été déracinés du pays et sans aucune expérience des médias, travaillaient jour et nuit pour apprendre au plus vite toutes les techniques de diffusion télévisuelle des Flamands, dont ils ne parlaient même pas la langue.
 
"Le lancement de Med TV a coïncidé avec la création du Parlement Kurde en Exil. Les parlementaires kurdes de Turquie ont fait un pas de plus dans l'organisation à l'étranger et ont tenu le congrès fondateur de ce parlement alternatif aux Pays-Bas le 12 avril 1994. Ce parlement deviendrait plus tard le Congrès national du Kurdistan.
 
"Bruxelles devenait progressivement le centre politique de la diaspora kurde. Je pense que c'était le bon choix. La Belgique était un État pluri-communautaire créé artificiellement par les superpuissances au XIXe siècle, et qui évoluait rapidement vers le fédéralisme, voire le confédéralisme. La voix du peuple kurde, deuxième entité la plus forte de la mosaïque des peuples de Turquie, que l'Europe embrasse malgré toutes ses contradictions politiques et sociales, pourrait mieux s'élever dans ce pays européen à trois peuples.

"J'ai participé à de nombreux programmes de Med TV et pris part à des programmes de débat avec Abdullah Öcalan et des politiciens et intellectuels kurdes en Turquie. Notre dernier dialogue avec Öcalan a eu lieu le 28 août 1998.

"Autant que je m'en souvienne, outre moi-même, des représentants des médias kurdes, des reporters de NTV, ATV, Milliyet, İhlas News Agency et de nombreux reporters de médias étrangers ont également assisté au programme.
 
"C'était la dernière allocution face à un large public d'Öcalan, qui a initié la résistance armée du peuple kurde contre l'oppression national-fasciste en Turquie et a fondé la guérilla, avant d'être victime d'une conspiration internationale. Soulignant que le conflit armé ne pouvait pas apporter de solution durable pour les deux parties, il a annoncé qu'ils étaient prêts à négocier pour toute solution pacifique et a souligné que si aucune solution ne pouvait être trouvée au cours de ces dernières années du 20e siècle, des problèmes encore plus importants seraient à prévoir au 21e siècle.

"J'étais extrêmement pensif lorsque j'ai quitté le programme. Les opérations armées du PKK avaient été suspendues depuis longtemps pour soutenir l'initiative de paix d'Öcalan. Mais la paix n'a jamais fait partie du vocabulaire du gouvernement fasciste d'Ankara.

"En fait, alors que les propositions de paix d'Öcalan occupaient l'agenda turc lors de la Journée mondiale de la paix du 1er septembre, il a été annoncé que le Conseil de Sécurité Nationale avait décidé de faire pression sur la Syrie au sujet du PKK. Cela a été suivi, le 15 septembre 1998, par le discours menaçant du commandant des forces terrestres turques, le général Attila Ateş, à la frontière syrienne, puis, le 1er octobre, par les menaces du président Demirel dans son discours inaugural au Parlement, et le 9 octobre, Öcalan a été contraint par le gouvernement Assad de quitter la Syrie, où il se trouvait depuis des années.

"Fait particulièrement honteux pour les dirigeants de ces pays, Öcalan fut été expulsé de tous les pays dans lesquels il avait trouvé refuge, y compris la Russie, l'Italie et la Grèce, sous plusieurs prétextes peu convaincants au cours des quatre mois ayant précédé son arrestation au Kenya le 15 février 1999, avec l'aide des services secrets américains et israéliens, et son transfert en Turquie.
 
"Un ami journaliste grec, qui s'était réfugié en Belgique pendant le pouvoir de la Junte des Colonels en Grèce et qui est devenu le correspondant à Bruxelles de l'Agence de presse d'Athènes après la transition vers la démocratie, m'a téléphoné en larmes le soir de l'expulsion d'Öcalan de Grèce et m'a dit : ‘Doğan, ce qui s'est passé à Athènes aujourd'hui est tout simplement honteux... Je te téléphone pour présenter mes excuses au nom de mon peuple".
 
Oui, c'est ainsi que les espoirs de paix et de démocratie ont été gâchés à l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de la République turque.
 
En 2015, qui coïncidait avec les 92 ans de cette même république, Erdoğan allait à nouveau dilapider les espoirs de paix et de démocratie en renversant d'un coup de pied la table de paix soutenue également par Öcalan.
 
A l'approche du centenaire de la république, le même Erdoğan continue de gâcher les espoirs de paix et de démocratie en maintenant Selahattin Demirtaş, Figen Yüksekdağ, Osman Kavala, Şebnem Korur Fincancı et des milliers d'autres vrais patriotes en prison et en menaçant Ragıp Zarakolu et d’autres exilés politiques.
 
Et l’opposition ?
 
Je partage le cri de Selahattin Demirtaş, qui s'exprime depuis la prison :

"La part de l'opposition, qui croit au caractère sacré de l'armée et du militarisme, est tout aussi responsable que le gouvernement qui a rendu Şebnem Fincancı vulnérable aux opérations de lynchage politique et judiciaire."

Extract concerning Ant and Info-Türk in a book by an academic researcher

Vera Eccarius-Kelly is an academic researcher from Siena College in New-York. She contributes to research on human rights & diaspora.

Her 245-page book entitled "The Militant Kurds: A Dual Strategy for Freedom" was published in December 2010 by ABC-CLIO Publishing House.

This extensive examination of the Kurdish conflict in Turkey, Iraq, Germany, and the EU focuses on the history and development of the Kurdish Workers Party (PKK) and its impact on transnational security, human rights and democratization.

In the book, the commitment of the review Ant in Turkey and Info-Türk in exile to the democratization of the political, social and cultural life in Turkey explained as follows:

"Following the military intervention in 1971 and immediately after the coup in 1980, the state eliminated political, religious, and ethnic opponents for their interpretations of nationhood. Many of the most outspoken and radicalized adversaries of the Turkish state, among them writers, editors, political activists, and students, left the country to escape prison sentences and torture dungeons. Finding it impossible to return to Turkey over the past couple of decades, some dissidents continued to express their disdain for Turkey's inability to overcome the military's influence on public life from abroad.

"Doğan Özgüden, for instance, the chief editor of the Brussels based non-profıt organization Info-Türk, harshly criticized Turkey's constitution as a lasting reminder of the military's destructive and authoritarian role in Turkish society. He suggested that "The constitution enforced in Turkey is a militarist constitution, which was imposed after the coup in 1980. It is therefore clearly based on a Kemalist ultra-nationalist ideology. Furthermore, it denies the people many fundamental rights whether they are from ethnic or religious minorities."

"Özgüden's involvement with the Workers Party of Turkey (WPT) and his work as publisher of the Istanbul-based socialist review Ant, along with running the Ant Publishing House throughout the 1960s, made him a target of the nationalist segment of society-including the military. Ant Publishing House released more than 50 critical books, and the socialist review's lengthy articles expressed constant and biting criticism of the authorities. Özgüden and his fellow contributors, most notably Ant's co-founder and co-editor Inci Tuğsavul-Özgüden, criticized the difficult economic and social conditions for urban workers, peasants, the Kurdish minority, and the children of politically silenced and socially repressed classes. In response to the relentless challenges by the writers, the Turkish establishment repeatedly sued the two editors to intimidate and silence them. When an Ant editorial announced that it was time for a shift in the Marxist movement, namely from analytical thinking to a new emphasis on practical intervention in the political environment, state authorities began to persecute staff members in earnest.

"Özgüden's connection to the WPT created an additional layer of suspicion about his level of radicalism, especially after the party criticized the discrimination and persecution of minorities in Turkey. With its powerful links to a very active trade-union movement, the party had a wide range of supporters and became the first party to integrate demands for the improvements of the miserable condition of Kurdish people into a larger platform. Politically aware Kurds found the WPT appealing. What attracted them to most left-wing parties was the hope that organized and engaged groups could broaden the political consciousness in the country-a common ideal among nationalist Kurds and leftist Turks.

"Following the 1971 military takeover, however, Özgüden and Tuğsavul¬ Özgüden left for Europe to avoid arrest and long prison sentences. The military junta accused both editors of having committed "crimes of opinion" and "incitement of peasants." This forced them into permanent exile for fear of physical harm, torture, or even death. In 1982 the Özgüdens were stripped of their Turkish citizenship along with some 200 other opponents of the military regime who resided abroad. As late as 2003 the Turkish government accused Doğan Özgüden of "insulting the Turkish army." He has been tried in absentia followed by warrants for his arrest that have been issued to all Turkish border crossings. According to Özgüden, "a strong sense of cooperation and solidarity has existed between the exiled Turkish and Kurdish left since the 1971 and 1980 military coups. We are always determined to defend the fundamental rights of the Kurdish people and of all other minorities."

"In their role as co-editors of Info-Türk, Özgüden and his wife have demonstrated a decades-long commitment to the democratization of the political, social, and cultural life for all members of Turkish society. In 2006, the Özgüdens along with three other journalists received the Ayse Zarakolu Price for Freedom of Thought awarded by the lstanbul Section of the Human Rights Association of Turkey (IHD) for their courageous commitment to freedom of the press and their work related to Info-Türk in Belgium. But for those who adhere to the exclusive ideals espoused by the Turkish ultra-nationalists, an organization such as Info-Türk continues to be a threat to the nation's stability, its territorial integrity, and its reputation as a powerful secular state. "Sadly," Özgüden stated, "some members of the Turkish left have decided to join the side of the ultra-nationalists and militarist forces.”


Kurdish journalists left without computers after police raid

A week ago, police conducted raids in nine cities as part of an investigation into two Kurdish media outlets, the Mezopotamya Agency (MA) and the JINNEWS.

Eleven journalists were arrested for "being a member of a terrorist organization" in what was the second mass detention of journalists in four months. Sixteen journalists who were arrested in Diyarbakır in June are still behind bars.

The office jointly used by the two agencies in Ankara, the capital, suffered the heaviest damage. During the raid there, police seized all computers, even though they didn't take cameras and other digital devices.

Currently, there are only two computers in the office. One was brought by Özgür Paksoy, an editor who came from Diyarbakır after the raid, and another was temporarily given by a reader in an act of solidarity.

"This is extortion"

Given that 10 journalists currently work at the office, with seven from MA and three from JINNEWS, they now have to take turns to use the two computers, said Paksoy.

"In this economic [situation], we try to find computers from friends and acquaintances," he said. "Among our colleagues, there are ones who try to report news using their phones. But not everyone can be practical on the phone.

"Moreover, we need computers to upload photos or videos. Editing photos and videos is a different matter.

"There is no crime, but both our colleagues were arrested, and our computers are gone. Not only the computers of the office, but they also confiscated our personal computers. They dropped the camera of a friend of ours during the house raid. Its lens was broken. This is punishment.

"We had experienced a similar process after our report on the two people who were thrown from a helicopter in Van. they had confiscated computers during the raid. It took a year to put things together in Van. And now this... It's a financial burden. Let me be clear, it's called extortion.

"We report the news. Today alone, we sent 12-13 reports from Ankara. We lay claim to the honor of the profession. We expect solidarity from our colleagues." (BIA, 1 November 2022)

Kurdish Question / Question kurde

L'agression militaire d’Erdogan motivée des mensonges contre l’autonomie kurde

L’armée turque a entamé le 19 novembre des frappes aériennes sur le nord de la Syrie, qui se poursuivaient jeudi pour le cinquième jour consécutif. Le motif avancé par Ankara pour cette opération baptisée Griffe Épée est de punir les combattants kurdes pour leur rôle présumé dans l’attentat qui a fait six morts et 81 blessés à Istanbul le 13 novembre, mais les dirigeants kurdes affirment n’avoir rien à voir avec cet attentat et accusent la Turquie d’un coup monté.

Les Kurdes affirment que la jeune femme qui a été arrêtée, Ahlam al-Bachir, n’est pas membre du PKK, mais au contraire issue d’une famille arabe d’Alep sympathisante de l’État islamique. “Trois de ses frères sont morts en combattant pour l’État islamique”, a dit Mazloum Abdi, commandant des FDS soutenues par les États-Unis, dans une interview à Al-Monitor. “Un est mort à Raqqa, un autre à Manbij et le troisième en Irak. Un autre de ses frères est un commandant de l’opposition syrienne soutenue par la Turquie à Afrin. Elle a été mariée à trois combattants différents de l’État islamique. Nous n’avons absolument rien à voir avec cet attentat”.

En s’attaquant aux groupes kurdes proches du PKK opérant au nord de la Syrie et de l’Irak, la Turquie tente à la fois de mettre fin à tout projet d’autonomie kurde à ses frontières et à relocaliser les milliers de réfugiés syriens qu’elle accueille. Les Kurdes s’inquiètent du rapprochement qui s’opère progressivement entre Ankara et Damas, car les deux capitales ont un intérêt commun à mettre fin à cette expérience autonome, laïque et de gauche. Mercredi, selon l’AFP, Erdogan a jugé “possible” une entrevue avec Bachar al-Assad, estimant qu’il “n’y a pas de place pour le ressentiment en politique”.

Les tirs d’artillerie et les frappes aériennes visent des positions du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de Protection du peuple (YPG), qu’Ankara lie étroitement, mais les témoignages et photos montrent aussi qu’ont été touchées des réserves de fuel, une raffinerie de gaz, deux bases distinctes russe et américaine partagées avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les forces kurdes assurant la sécurité du camp d’al-Hol, où sont entassés 53 000 sympathisants de l’État islamique (EI).

Même le Centre de commandement de l’armée américaine (Centcom), qui considère les FDS comme un élément central de la lutte contre les cellules clandestines de Daech, a mis en cause les frappes turques. Dans un communiqué diffusé le 22 novembre, l’armée américaine a affirmé que “ces frappes mettent en danger la sécurité des civils, fracturent la stabilité chèrement acquise de la région et perturbent notre but commun de défaire l’État islamique”. On ne dispose d’aucun bilan fiable sur le nombre de victimes, civiles et militaires.

Chose inhabituelle, Washington et Moscou ont tous les deux appelé la Turquie à “la désescalade” et à “la retenue” tout en affirmant comprendre les exigences de sécurité d’Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été plus direct. “Ces puissances qui nous ont garanti qu’il n’y aurait aucune menace de ces régions sous leur contrôle n’ont pas su tenir parole”, a-t-il dit. “Par conséquent, nous avons le droit de gérer nous-mêmes nos affaires” en Syrie.

L’enquête sur l’attentat d’Istanbul a été bouclée dans un temps record. Dès le lendemain, le ministre de l’Intérieur Souleyman Soylu a désigné le PKK comme “le responsable” de l’attentat et affirmé qu’il avait été fomenté de Kobane, la ville frontalière dont l’armée turque rêve de s’emparer depuis des mois pour consolider sa zone de protection à l’intérieur du territoire syrien. (Christophe Lamfalussy, La Libre Belgique, 25 nov 2022)

Huit combattants kurdes tués dans des frappes turques contre le camp d'Al-Hol

Huit combattants kurdes ont été tués dans des frappes turques qui ont visé mercredi soir le camp d'Al-Hol, abritant des familles de jihadistes dans le nord-est de la Syrie, ont indiqué jeudi les forces kurdes.

Les bombardements turcs "ont fait huit morts parmi nos combattants chargés de protéger le camp", ont déclaré dans un communiqué les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis.

Sous administration kurde, le camp d'Al-Hol, délabré et surpeuplé, abrite plus de 50.000 proches de jihadistes du groupe Etat islamique (EI) depuis la défaite du groupe, ainsi que des déplacés syriens et des réfugiés irakiens.

Parmi les habitants du camp figurent plus de 10.000 étrangers originaires d'une soixantaine de pays, dont des Français et d'autres Européens.

Mercredi, les FDS ont prévenu que "certaines familles de l'EI pourraient fuir le camp" en profitant du chaos.

La Turquie mène depuis dimanche une opération baptisée "Griffe-Epée" contre les forces kurdes en Syrie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak, accusés par Ankara du récent attentat qui avait fait six morts le 13 novembre à Istanbul.

Les forces kurdes ont nié toute implication.

Jeudi, des tirs d'artillerie turcs ont visé plusieurs positions kurdes dans les provinces de Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord), ciblant aussi une position des forces du régime syrien à l'est de la ville de Kobané, sans faire de victime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Depuis dimanche, 35 combattants kurdes, 23 soldats syriens, ainsi qu'un journaliste travaillant pour une agence de presse kurde ont été tués dans les raids aériens turcs, toujours selon l'OSDH.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé lundi de lancer une offensive terrestre dans le nord de la Syrie, suscitant l'inquiétude de plusieurs pays qui ont déployé des forces dans cette région. Le Kremlin a exhorté mardi la Turquie de ne pas "déstabiliser la situation" dans le nord de la Syrie. (AFP, 24 nov 2022)

Les Kurdes, peuple sans etat bombardé par l’iran et la Turquie

Des frappes aériennes menées par la Turquie visent actuellement des combattants kurdes dans leurs fiefs du nord de l’Irak et de la Syrie, après un attentat le 13 novembre à Istanbul, attribué par Ankara à des groupes kurdes. Près de 500 cibles ont été visées par l’aviation et l’artillerie turques dans ces régions depuis dimanche, a affirmé mercredi le ministre turc de la Défense Hulusi Akar. Mardi soir, des bombardements de l’artillerie turque se concentraient notamment sur la ville emblématique de Kobané, bastion des Unités de protection du peuple (YPG) repris en 2015 aux jihadistes du groupe Etat islamique avec le soutien occidental, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Peuple sans Etat, les Kurdes, une minorité dont le nombre est estimé entre 25 et 35 millions de personnes, sont principalement présents en Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran.

La Turquie est «déterminée plus que jamais» à protéger sa frontière avec la Syrie des combattants kurdes, a déclaré mercredi le président Recep Tayyip Erdogan. «Notre opération avec nos avions, nos canons et nos drones, n’est qu’un début. Notre détermination à protéger toutes nos frontières sud (…) par une zone de sécurité est plus forte aujourd’hui que jamais», a lancé le président turc lors d’un discours à l’Assemblée. «Nous allons poursuivre nos opérations aériennes sans interruption et nous entrerons sur le terrain des terroristes au moment qui nous semblera opportun».

La Turquie a lancé dimanche l’opération Griffe Epée, une série de raids aériens suivis depuis par des tirs d’artillerie soutenus contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des YPG. Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace également de lancer une opération terrestre dans le nord de la Syrie. En Irak, l’Iran bombarde l’opposition kurde iranienne installée dans le nord du pays, en l’accusant d’encourager les manifestations qui secouent la République islamique depuis la mort mi-septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini.

Lutte antijihadiste

En Syrie, la milice YPG a été dès 2014 l’une des principales forces combattant le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avec l’appui aérien de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Début 2015, les forces kurdes soutenues par la coalition chassent l’EI de Kobané, proche de la frontière turque. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de 25 000 Kurdes et 5000 Arabes, sont créées en octobre. Dominées par les YPG, elles reçoivent une aide conséquente de Washington.

Les FDS vont chasser l’EI de son fief de Raqa, puis s’emparer en mars 2019 de son ultime bastion syrien, Baghouz. En Irak, les combattants kurdes peshmergas ont également pris part à la lutte contre les jihadistes.

Divisés entre quatre pays

Peuple d’origine indo-européenne, les Kurdes descendent des Mèdes de l’ancienne Perse, qui fondèrent un empire au VIIe siècle avant J.-C. En majorité musulmans sunnites, avec des minorités non musulmanes et des formations politiques souvent laïques, les Kurdes sont établis sur près d’un demi-million de kilomètres carrés. Leur nombre total varie selon les sources de 25 à 35 millions de personnes. Le plus grand nombre vit en Turquie (environ 20% de la population). En Irak, les Kurdes représentent 15 à 20% de la population, en Syrie 15% et en Iran environ 10%.

Installés dans des zones à l’intérieur des terres, ils ont su préserver leurs dialectes, leurs traditions et un mode d’organisation largement clanique. D’importantes communautés kurdes vivent aussi en Azerbaïdjan, en Arménie ou au Liban ainsi qu’en Europe, notamment en Allemagne.

L’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale avait ouvert la voie à la création d’un Etat kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920, situé dans l’est de l’Anatolie et dans la province de Mossoul. Mais après la victoire de Mustafa Kemal en Turquie, les Alliés sont revenus sur leur décision et, en 1923, le traité de Lausanne a consacré la domination de la Turquie, de l’Iran, de la Grande-Bretagne (pour l’Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.

Conflits avec les pouvoirs centraux

Revendiquant la création d’un Kurdistan unifié, les Kurdes sont perçus comme une menace pour l’intégrité territoriale des pays où ils sont installés. En Syrie, les Kurdes, qui ont souffert de décennies de marginalisation et d’oppression du régime, adoptent au début du conflit en 2011 une position de «neutralité» envers le pouvoir et la rébellion. En 2016, ils proclament la création d’une vaste «région fédérale» dans le Nord, composée de trois cantons, s’attirant l’inimitié des forces de l’opposition et l’hostilité de la Turquie voisine.

En Turquie, le conflit entre le gouvernement et le PKK a repris à l’été 2015, faisant voler en éclats les espoirs d’une résolution de cette crise qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. Ankara a déjà mené trois offensives d’envergure en Syrie: en 2016 et début 2018 pour repousser de sa frontière les jihadistes de l’EI et les combattants des YPG, puis en 2019 contre les forces kurdes dans le Nord-Est.

En Irak, les Kurdes persécutés sous Saddam Hussein se soulèvent en 1991 après la défaite de Bagdad au Koweït et instaurent une autonomie de fait. Le Kurdistan irakien se constitue en région autonome selon les termes de la Constitution de 2005, qui instaure une République fédérale. En 2017, les Kurdes votent pour la sécession, contre l’avis de Bagdad et de la communauté internationale. En représailles, le pouvoir central envoie ses blindés reprendre les zones disputées.

En Iran, un soulèvement kurde durement réprimé a suivi la révolution islamique de 1979. Le pays affronte depuis des activistes kurdes, qui utilisent des bases situées dans le Kurdistan irakien pour perpétrer des attaques dans le pays. (AFP, 23 novembre 2022)


Demirtaş on İstanbul explosion: I am only asking

Selahattin Demirtaş, ex Co-Chair of People's Democratic Party (HDP) has written a short article on the explosion on Sunday on İstiklal Avenue in İstanbul killing six people.

"Bloody Massacre on İstiklal Avenue: I am only asking" is the title of Demirtaş's article and in it he says, "Maybe we will never learn the perpetrators of this terror attack, those behind them or their real motives. Just like thousands of other massacres similar to this one around the world, this terror attack will also be forgotten in the dark of "the deep politics" which we the mortals cannot work out."

Demirtaş says in his article, "My experience in law and in politics has taught me this: Focus on the facts which are hidden from you, not on those that are shown to you! We cannot take up this bloody massacre independent from the elections of historical significance to take place in 2023, the regional and global power struggles or the conflicts between multiple groups in power in Türkiye. We can analyze each one of these in many aspects.

"When I saw the event on the television, I recalled the near past. Without putting blame on anyone, without bringing anyone under suspicion, I just want to ask. Maybe the authorities will give satisfactory answers to these questions and we will feel comfortable."
52 kilograms of explosives

Date: March 21, 2022
Place: Yüksekova, Hakkari [in far Southeast Türkiye]

52 kilograms of explosives are caught in the search in the vehicle of a police officer in Yüksekova, Hakkari.
NTV program dated March 21, 2022

Demirtaş describes how Minister Soylu spoke about the above event in a TV program that evening.

"In the evening on the same day, the Minister of Interior Affairs, Süleyman Soylu talks about this serious event in a disregardful manner, considering it unimportant. He says, in the TV program he participates, for the police officer caught with 52 kilograms of explosives, "A very troubled guy. He has also stolen cables." And he drops the subject.

"I think who had this police officer caught was another power group within the state. Maybe he had to be 'caught' when they engaged in."
Questions

Demirtaş then asks the following questions:

* From whom has this police officer taken the 52 kilograms of explosives? Why is it still left in the dark?

* Who were the ones to receive the 52 kilograms of explosives in İstanbul? Why is this still left in the dark?

* Why was it that the officer was not tracked and then caught in İstanbul together with the receivers.

* Why did Soylu disclose the operational information on the evening of the same day? Didn't they ever think about the possibility that the receivers may flee? Or did they want them to flee.

* Are there other explosives which were not caught and which were brought to İstanbul in a similar way, other than that 52 kilograms?

* Whose bomb is the one that exploded in İstiklal?

* Süleyman Soylu was in Idlib in northern Syria when the explosion took place. How was he able to state the source of the bomb as Kobani and Afrin (both in northern Syria) as soon as he came to İstanbul? Do they want to pave the way for a cross-border operation to Syria before the elections?

* Who is the person caught and declared as the bomber, said to have taken intelligence training, crying out with her appearance saying "I am here, catch me" in every detail and stupefied fully when caught and taken photos of after making wear a t-shirt on which is written "New York?"

* For whom has she carried out this massacre?

* Is it possible to do this without any support from within the state?

* Does President Erdoğan feel the need to look into the method, the timing and the details of this terror attack in order not to say "we were fooled" again in the future? Or does he find the announcements made sufficient?

Demirtaş says in his article that only an independent judiciary and impartial investigation could lay open the answers to these questions. (BIA, 16 November 2022)

Salih Muslim: Taksim attack is an anti-Kurdish move

A bomb explosion shook Istanbul on Monday. A bomb in busy Istiklal Caddesi killed six people and injured dozens. The alleged culprits were quickly at hand and the Turkish regime blamed the PKK and the northern Syrian YPG. However, the regime's claims quickly collapsed, as all organizations of the Kurdish freedom movement sharply rejected any involvement in the action and condemned the attack. It is becoming clear that the AKP/MHP regime is attempting to use the attack to prepare for another northern Syrian invasion.

"An Ottoman Intrigue"

Speaking to ANF, the co-chair of the PYD, Salih Muslim, said that the attack is a conspiracy by Turkey's Special Warfare Department. "This was a terrorist attack, which we condemn like everyone else. This is an Ottoman intrigue that benefits no one. As the Rojava Defense Forces, the Syrian Democratic Forces (SDF), the Autonomous Administration and the PYD, we have condemned this attack from day one.”

"Prepared scenario to create an opportunity to attack"

Salih Muslim underlined the need to take action against the threat of an increase in attacks on Rojava, saying: “The attacks on Rojava have not stopped. It is possible that they will be further strengthened. Therefore, all our defense forces and democratic forces must be prepared. We must take precautions.”

"It's about revenge for Kobanê"

Salih Muslim pointed out that the Turkish state was resorting to such a conspiracy because it had not yet been able to carry out its plans for an attack on Rojava. Kobanê in particular is being targeted as Turkey wants to take revenge for the defeat of ISIS there. “Revenge for Kobanê shapes their consciousness. Because the Islamic State was defeated there. That's why Kobanê and Manbij are particularly targeted. The Turkish state has prepared appropriate scenarios and will attack as soon as it finds the opportunity.”

"The alleged perpetrator has links to the FSA"

Salih Muslim said there are photos of the person arrested by Turkish police in connection with the Taksim attack that suggest links to groups like the Turkish-controlled Free Syrian Army. "Nobody in our region knows the person who was responsible for the attack committed an attack. However, her social media accounts indicate that she has ties to groups such as the FSA. There are photos of her in front of Sultan Murad Brigade flags. She is not Kurdish and has no ties to the Rojava Autonomous Administration.”

"Be alert"

Salih Muslim called on everyone to be vigilant and sensitive to such attacks. He appealed: "Such a provocation is aimed at the Kurdish people. Everyone, especially the democratic forces, should be careful and sensitive, because they know how such conspiracies have been organized by the Special Warfare Department since the 1970s. I think the public in Turkey is also aware of this. We are in a very sensitive phase. This conspiracy is primarily aimed at domestic politics. This is how the regime tries to prolong his life. We must be vigilant and take the necessary precautions.” (ANF, 16 November 2022)


New indictment against Aysel Tuğluk after release

A court has accepted a new indictment against Aysel Tuğluk, a former MP and a senior Kurdish politician, for "being a member of a terrorist organization."

The indictment concerns a 2014 incident where Tuğluk had allegedly "aided" a Kurdish militant who was wounded during clashes with ISIS in Syria, Mezopotamya Agency (MA) reported.

Turgut T., the militant in question, testified to the Adana Chief Public Prosecutor's Office in January 2021.

According to his statement, his leg was injured during clashes with ISIS. Members of the People's Defense Units (YPG), a Kurdish armed group in Syria handed him over to the Turkish Armed Forces soldiers at the border, and he was treated at the Suruç State Hospital, he said.

Turgut T. claimed that Aysel Tuğluk and Faysal Sarıyıldız, who were MPs of the Peoples' Democratic Party (HDP) at that time, visited him during his treatment.

The prosecutor seeks a prison sentence of 7 years and 6 months to 15 years for Tuğluk for "being a member of a terrorist organization."

Among several senior HDP politicians who were put in prison in late 2016, Tuğluk was diagnosed with dementia in March 2021.

After a series of applications by her lawyers and several medical reports that her condition was not suitable to stay in prison, the Forensic Medicine Institute (ATK) concluded in October that she could not stay in prison. Tuğluk was released on October 27. (BIA, 15 November 2022)


Attentat d'Istanbul: Le PKK dément toute implication

La Turquie a enterré lundi les six victimes de l'attentat survenu dimanche dans la grande rue commerçante d'Istiklal à Istanbul, attribué par les autorités aux mouvements kurdes du PKK/YPG, qui démentent toute implication.

Plus de 24 heures plus tard, l'opération n'a pas été revendiquée.

La ville d'Adana (sud) a accompagné les funérailles de la petite Ecrin, 9 ans, tuée avec son père alors qu'ils attendaient ensemble la mère, entrée dans une des nombreuses boutiques de la rue.

Les quatre autres victimes ont été enterrées à Istanbul. Le maire de la ville Ekrem Imamoglu a porté le cercueil d'une jeune femme tuée, avant d'aider, pelle en main, à le recouvrir de terre.

Les six passants ont succombé à une explosion de TNT survenue dans l'artère bondée en ce dimanche ensoleillé. Plus de 80 autres ont été blessés, dont une vingtaine restaient hospitalisés lundi.

Les autorités ont rapidement accusé les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés en Syrie, annonçant 47 arrestations dont celle de la poseuse de bombe, une jeune Syrienne de 23 ans qui aurait agi à leur demande.

"D'après nos conclusions, l'organisation terroriste PKK est responsable" de l'attentat, avait affirmé dans la nuit de dimanche à lundi le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu.

Mais le PKK, qui affronte Ankara depuis près de quarante ans, a assuré n'avoir "aucun lien avec cet événement": "Nous ne visons pas les civils et rejetons les opérations qui le font", a affirmé l'organisation via une agence de presse amie, Firat.

- "Ordre donné depuis Kobané" -

La principale suspecte, nommée Alham Albashir selon la police, serait entrée clandestinement en Turquie en passant par Afrine, dans le nord-est syrien, contrôlée par l'armée turque et des supplétifs locaux.

Des images diffusées par la police turque montraient la jeune femme en sweatshirt violet, visage tuméfié, après son arrestation dans la banlieue d'Istanbul avec d'autres suspects.

Selon M. Soylu, "l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané", ville du nord-est de la Syrie contrôlée par des mouvements kurdes alliés au PKK comme les YPG, les Unités de protection du peuple.

Pour Ankara, les YPG et le PKK sont des mouvements "terroristes".

Mais par un communiqué, les YPG ont également "démenti catégoriquement tout lien avec Ahlam Albashir".

Kobané est restée célèbre pour la bataille qui, en 2015, a permis aux forces kurdes soutenues par la coalition occidentale de repousser le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Dès dimanche soir, le président Recep Tayyip Erdogan et son vice-président Fuat Oktay avaient désigné "une femme" comme la responsable de l'attentat.

Selon le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, celle-ci "s'est assise sur un banc pendant 40 à 45 minutes et, une ou deux minutes après, il y a eu une explosion".

Les médias turcs ont partagé l'image tirée d'une caméra de surveillance de l'avenue d'Istiklal, montrant une jeune femme en pantalon de treillis, coiffée d'un ample foulard noir, qui s'enfuit en courant dans la foule.

M. Soylu a donné un tour diplomatique à la crise lundi en affirmant que la Turquie "rejetait" les condoléances des Etats-Unis qui "soutiennent les terroristes" de Kobané.

Lundi, l'avenue d'Istiklal, principale artère piétonne d'Istanbul qui avait été fermée après l'explosion, était totalement rouverte au public.

Mais tous les bancs de l'avenue -- entièrement pavoisée lundi du drapeau rouge de la Turquie -- avaient été retirés, a constaté l'AFP.

- PKK et Otan -

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, dont les Etats-Unis et l'Union européenne, s'est rendu coupable par le passé de nombreux attentats sanglants sur le sol turc.
 Malgré les démentis, un haut responsable turc a indiqué à l'AFP que des éléments orientent vers "des unités au sein d'une organisation de jeunesse affiliée au PKK".

En décembre 2016, un groupe radical proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), avait revendiqué un double attentat près du stade de foot de Besiktas, à Istanbul, qui avait fait 47 morts dont 39 policiers et 160 blessés.

Le PKK est par ailleurs au coeur d'un bras de fer entre la Suède et la Turquie qui bloque depuis mai l'entrée de Stockholm, accusé de mansuétude envers le PKK, dans l'Otan.

Ankara réclame l'extradition de plusieurs de ses membres.

L'armée turque mène régulièrement des opérations transfrontalières, dans les zones montagneuses du nord de l'Irak notamment, pour poursuivre les combattants kurdes.

Le mois dernier, des accusations relayées par l'opposition et des médias pro-kurdes, démenties par les autorités, ont évoqué l'emploi d'armes chimiques contre les combattants du PKK. Ceux-ci ont publié une liste de 17 noms, accompagnés de photos de personnes présentées comme des "martyrs" tués par des gaz toxiques. (AFP, 14 nov 2022)

Imprisoned Kurdish leader denounces legal cases targeting HDP as "lawless"

Imprisoned former leader of the pro-Kurdish People's Democratic Party (HDP) said in his defense statement at court on Friday that the party has been subjected to the political administration's systematic attacks in recent years, some through the judiciary, +Gercek's Seda Taskin reported.

Selahattin Demirtas said in the 18th hearing session of the Kobani trial:

"This trial has always been a politically motivated one. We are faced with a lawless process that is carried out in accordance with the political objectives of the administration, and it cannot be described as a trial. And neither can the prosecution's comments be described as comments, as they constitute a document of mere contortion."

He added:

"We have responded to this political move by displaying a political stance, and we will continue to do so. The objective of this political move, which is presented as a trial, is criminalizing HDP and isolating it politically. It seeks to contribute to another election win by the AKP-MHP [the ruling Justice and Development Party and its partner Nationalist Movement Party] bloc. And yet, this trial is not the only instrument of plot used for achieving their illegitimate objectives."

He continued:

"The closure case against HDP is another political process that is carried out with the same objective. Besides those, a most severe attack is conducted through a policy of fueling division, inner strife and separation within HDP (...) Our response to such dirty operations will be uniting around HDP more than ever, and raising the struggle for democracy, freedom and peace. Everybody should know that we were born to politics within the parties of [political] tradition and HDP, we grew with HDP, and we'll prevail with HDP."

The Kobani trial's latest hearing session and Demirtas's defense coincided with the anniversary of his arrest and incarceration on 4 November 2016.

The "Kobani Case"

108 members and officials of HDP, including former co-chairs Selahattin Demirtas and Figen Yuksekdag, faces trial in the Kobani Case.

The case involves deadly incidents allegedly linked with 2014 demonstrations that had begun in solidarity with Syria’s Kurdish-majority city of Kobane, which had been under the siege of the Islamic State (ISIS) at the time.

After the largest demonstrations had been staged on 6 October, and following a live address by Turkish president Recep Tayyip Erdoğan who made a remark about ‘Kobane falling soon’, the next day violent incidents ensued, during which dozens were killed, most of them supporters of the Peoples’ Democratic Party (HDP).

The "Kobane Case" later turned into a convenient tool for prosecuting and jailing Kurdish political figures including the 2016 arrest of Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, the party co-chairs at the time. They are accused of instigating violence that resulted in multiple deaths. (gerceknews.com, 4 November 2022)

Au moins un membre du PKK tué par un drone turc en Irak

Au moins un membre du groupe rebelle kurde du PKK a été tué jeudi soir dans un raid turc mené au moyen d'un drone dans le nord de l'Irak, ont annoncé les services anti-terroristes du Kurdistan d'Irak.

"Un drone turc a visé un véhicule appartenant au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le quartier d'Al-Nasr" dans la ville de Sinjar, ont indiqué dans un communiqué ces services, précisant que la frappe avait entraîné la "mort d'un combattant du PKK et fait deux blessés".

Une source au sein de l'administration locale de Sinjar a quant à elle évoqué, sous le couvert de l'anonymat, "la mort d'une femme membre du PKK et de son chauffeur".

La Turquie et ses alliés occidentaux classent le PKK comme groupe "terroriste".

La région de Sinjar se trouve dans le nord de l'Irak, où la Turquie dispose de dizaines de bases militaires depuis 25 ans. Ankara y lance régulièrement des opérations militaires contre les bases arrière des insurgés kurdes turcs du PKK.

Mais les civils se retrouvent bien souvent en première ligne. En juillet dernier, neuf d'entre eux ont été tués par des frappes d'artillerie au Kurdistan irakien. Bagdad a accusé son voisin turc, qui a nié toute responsabilité.

Les opérations militaires turques compliquent les relations entre le gouvernement central irakien et Ankara, l'un des premiers partenaires commerciaux de l'Irak.

Elles valent à l'ambassadeur turc en poste à Bagdad d'être régulièrement convoqué au ministère irakien des Affaires étrangères. Mais les remontrances irakiennes sont généralement sans lendemain. (AFP, 3 nov 2022)

Turkey arrests 26 Kurdish journalists over the past five months

Turkish authorities have detained 33 Kurdish journalists, arresting 26 over the past five months, Mezopotamya news agency said on Tuesday.

All of the 26 journalists are held in jail on charges of being members of a terrorist organization, one already having a final sentence.

Kurdish journalists frequently find themselves under investigation related to terrorism charges over the Kurdish issue. Turkish authorities accuse them of publishing news benefiting the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK), which is a “crime” punishable by several years in prison under Turkey’s anti-terror laws.

Turkish police have detained 21 people in Southeastern Diyarbakir province on June 8 following office and home raids on Kurdish media companies, including JinNews and Ari, Piya and Pel productions. After eight days in police custody, 16 out of 21 Kurdish journalists and media workers have been arrested, all facing charges of terrorism over their journalistic activities. Four of them have been released on parole and one without conditions.

Despite being held in prison for over four months, no indictment has yet been prepared against the journalists.

Within the scope of a separate Ankara-based investigation, security forces detained eleven Kurdish journalists during simultaneous operations held in nine provinces on Oct.25.

Nine out of ten journalists of Mezopotamya Agency and JinNews who have testified before the court after four days in custody, have been arrested on terrorism charges.

JinNews reporter Derya Ren, who was detained on the same day, has been arrested and taken to a Diyarbakir prison, as her prison sentence in a previous case became final. (gerceknews.com, 1 November 2022)


Turkish court rejects appeal of Kurdish politician who was punished for saying "Kurdistan"

The Turkish Constitutional Court (AYM) dismissed a prominent Kurdish politician's appeal for the annulment of a penalty that was imposed on him because he used the word "Kurdistan" in an address in the Turkish Grand Assembly (TBMM) five years earlier.

Osman Baydemir, former deputy for the Peoples' Democratic Party (HDP) and former mayor of the Kurdish-majority province of Diyarbakir, was banned temporarily from the parliament and was charged a fine, after he had said:

"As a Kurd, and as a representative coming from Kurdistan, I wish that this roof serves as a roof for both Kurdish and Turkish people."

When met with reactions from ruling bloc deputies and asked by deputy speaker of the parliament, Aysenur Bahcekapili, where Kurdistan is, Baydemir had responded by pressing his palm on his chest and saying: "This is where Kurdistan is, Ms. Deputy."

Baydemir said in his application to the Constitutional Court in 2018 that the punishment imposed on him constitutes a violation of both the European Convention on Human Rights, and the Turkish constitution that secures freedom of expression and legislative immunity.

The court ruled on Thursday that Baydemir's application "is not acceptable."

The court is expected to publish within a week the grounds on which its decision was based on. (BIA, 1 November 2022)


Minorités / Minorities

20-year anniversary of European Armenian Federation for Justice and Democracy

On the 9th of November the office of EAFJD celebrated its 20-year anniversary with a reception in the heart of Brussels.

 The reception was widely attended by Members of the European Parliament (MEPs) of all the main political groups, members of the   Flemish and French-speaking parliament, the Belgian Federal Parliament.

The ambassador of Armenia to the Kingdom of Belgium and the European Union, H.E. Mrs. Anna Aghajanyan, head of Armenia's Mission to the NATO Arman Israelyan, the chairman of ARF and the president of the Armenian National Council Hagop Der-Khatchadourian, representatives of the Armenian community in Belgium and friends of the EAFJD were present.

After the reception, EAFJD Chairman Kaspar Karampetian shared the following message at the organisation’s social media:

I would like to thank all the devoted activists that worked for those 20 years and established EAFJD as an important and serious organization representing the rights of our people in Artsakh (Nagorno Karabakh), Armenia, and the diaspora. I have to mention also the hundreds of volunteer activists of our 14  ANCs across Europe, who have had a very big impact on our successes.

H.E. the Ambassador and the staff of the Embassy of the Republic of Armenia, for their presence and mainly for the sincere and effective collaboration that we have.

Heartfelt thanks also to all friends, members of the European Parliament, members of the Belgian Parliaments, and politicians that were present and honored us.

In particular, I would like to thank Doğan Özgüden  (editor of INFO-TURK) and his wife Inci Tugsavul not only for their presence but also for their support to our people for many decades, despite all the threats they have from fanatics.

Radio arménienne Belgahay... Un des rêves de Hrant Dink réalisé a Bruxelles

L’aventure Belgahay radio est à l’origine le vœu pieux d’un journaliste arménien de Turquie fraîchement établi à Bruxelles, Aris Nalci.

Avant cela, c’était le rêve de son rédacteur en chef à Istanbul, Hrant Dink (journaliste arménien de Turquie, assassiné le 19 janvier 2007 – le procès des responsables est toujours en cours… malgré l’arrestation du bras armé).

C’est en 2016 qu’une petite équipe de bénévoles se regroupe autour de deux heures hebdomadaires sur les antennes de Radio Campus (92.1 FM) suite à une timide demande auprès de son coordinateur, Monsieur Henrion.

Pendant deux ans et demi, l’émission Belgahay a été diffusée sur Radio Campuse et la constatation a été flagrante : une très forte demande de la communauté à la fois d’origine arménienne, d’origines ethniques diverses, belge et internationale pour une diffusion 24h/24h et 7jours/7j.

Belgahay est actuellement écoutée tant en Belgique qu’en Turquie, en Syrie, au Liban, aux Etats-Unis, en France, aux Pays-Bas, …).

https://belgahay.be/

La communauté arménienne, présente depuis plusieurs siècles en Belgique a un besoin presque vital d’un outil médiatique lui permettant de rejeter le repli identitaire, développer un sens de la citoyenneté ne dénigrant pas les origines ethniques, de mieux faire connaître ses multiples facettes (culturelles, religieuses, intellectuelles, musicales, etc.) permettant ainsi de pallier une forme de ségrégation raciale de plus en plus palpable.

Cet outil de transmission de la mémoire et de la langue s’inscrit dans la prolongation d’une intégration réussie et permettra aux générations suivantes d’avoir des repères socioculturels essentiels à une citoyenneté active et ouverte sur le monde.

La programmation musicale, elle est très loin des programmations radiophoniques habituelles puisqu’elle accordera une large place à la création arménienne de par le monde (pop, folk, classique, instrumental, …).

Belgahay, la radio arménienne organise sa tombola annuelle! Les premiers prix sont 1000 € cash et un vol AR pour l’Arménie!

Info sur cette initiative:
https://belgahay.be/.../lotto-noel-pour-supporte-belgahay/

Eighty years after Wealth Tax: 'Memories are silenced'

Exactly 80 years ago today (November 11) a law was adopted in the Parliament in Ankara without any objections, quietly and with the support of most deputies. This was the Wealth Tax Law no. 4305.

Government of Türkiye, praising itself for not entering the Second World War, changed the history of a young country irreversibly by adopting the Wealth Tax Law on November 11, 1942.

For this law that was adopted in the parliament on November 11, and published in the Official Gazette on November 12, Şükrü Saracoğlu, the prime of the period was going to say, "This law is also a revolution legislation. We have an opportunity to gain our economic independence. By eliminating the foreigners who dominate our market, we will give the Turkish market to the Turks."

21 died "in debt"

The law was requesting a certain part of the properties from the wealthy.

Three commissions were set up in İstanbul where most non-Muslims lived. These commissions prepared lists and the Jews, the Armenians and the Greeks were forced to pay high taxes not separating the poor and the rich.

While Muslims were paying low taxes such as five percent, Jews were asked to pay 179 percent, and Armenians 229 percent. The non-Muslims who could not pay this tax although being wealthy were sent to work camps in Aşkale. 1229 people were sent to these camps. 639 people managed to pay their debts. 21 died under these conditions in debt.

"This meant losing the non-Muslims of the country"

Işıl Demirel is studying minority politics and doing field studies.

She says, "The wealth tax meant losing the non-Muslims in the society. What we know as hand-over of houses, workplaces was not only a transfer of capital.

"It also meant ending their professions, ending a culture. You know the narrative that "once upon a time you could not go to Beyoğlu without a hat." This was the starting point of that process.

"Ultimately the non-Muslims had met an education system as we know today earlier than the Turkish/Muslim population and therefore started education earlier. Those people who received education, who spoke foreign languages, who had different ways of doing business, trade migrated. Those who stayed continued living trying to be invisible."

"Memories were silenced"

Academic Özgür Kaymak, who studies minorities and identity politics, doing field studies also spoke to bianet.

She said, "The wealth tax was both a financial trauma and a crisis of confidence trauma for the minorities. We are talking about a memory which needed to be forgotten, which was not (could not be) narrated to new generations, which was covered, made silent.

"Leave alone large masses being aware of the 1934 Thrace pogrom, the Wealth Tax, the Events of September 6-7, many Jews, Greek or Armenians did not know what their families lived or they had some bit by bit stories.

"Although this memory started to resurface with the TV series 'Kulüp' and with novels such as 'Çember Apartmanı', most of the time the memories of those who suffered and their children were silenced most of the time.

"On the other hand, although the sad events are not narrated or discussed in the family, tax bills, or seals hanged on the houses taken away from them are still being kept as symbols of the trauma they went through. They are thus trying to prevent its total omission from the collective memory."

"There was no reason to stay"

The results of the minority policies and especially of the Wealth Tax has been destructive for Türkiye. One third of the Jews in Türkiye went to Israel established in 1948 after the end of the Second World War. The number was approximately 30,000.

Such mass migration was a sign showing how far the minorities had been intimidated. In 1948 the Jews migrated from a country with a 25 year history which had declared its independence with reforms to a newly established state the future of which was not clear and where there was no peace established. Leaving behind a centuries old history.

When asked why they went to Israel years later, they would say "There was no reason to stay." Most of the Greek population that remained behind would be leaving after the 1955 September 6-7 pogrom and the 1964 Relocation. (BIA, 11 November 2022)

Erdogan blames Armenian diaspora for hindering normalization

The Armenian diaspora living in France and the US hamper the efforts to normalize Turkey’s ties with Armenia, Turkish President Tayyip Erdogan said on Thursday, on his way to Uzbekistan for a summit of Turkic countries in Uzbekistan.

"The diasporas are constantly working against it, both in France and in the US," he said, suggesting that Armenia could turn "the negative effects of these diasporas into a positive direction."

"If the Armenian administration achieves this, of course, the steps they will take with Azerbaijan over both Lachin and Zangezur (corridors), will positively affect the steps we will take," added the Turkish leader. "We strive to make friends, not enemies."

The Lachin corridor is a road that links Armenia and the Karabakh region under an agreement that ended a 44-day war between Armenia and Azerbaijan in fall 2020, currently patrolled by Russian peacekeeping forces.

Also agreed upon in the cease-fire, the Zangezur route is a planned link through Armenian territory to connect Azerbaijan and its exclave of Nakhchivan.

Last month, Erdogan and Armenia's Prime Minister Nikol Pashinyan met for the first time in years on the sidelines of a European summit.

The meeting was considered an important step for the normalization process between Turkey and Armenia as well as for a permanent peace between Armenia and Azerbaijan.

During the meeting, the sides underscored the need for rapid implementation of agreements, in particular, the agreements regarding opening of the land border for citizens of third countries and direct air cargo shipments between Armenia and Turkey.

Armenia wants the borders opened as soon as possible. In return, Turkey takes cautious steps in coordination with Baku and intends to carry out the normalization process in parallel with the efforts to find a permanent peace agreement between Yerevan and Baku. (GercekNews, 10 nov 2022)


Il y a 40 ans, un assassinat génocidaire visant la diaspora…
...et un livre sur 4 générations arméniennes entre 1915 et 1999




Doğan Özgüden
(Info-Türk, 9 novembre 2022)
 
Il y a quatre jours, le 5 novembre, c'était le 40e anniversaire d'une des journées les plus douloureuses de mon exil…  Notre ami Nubar Yalımyan, écrivain et poète révolutionnaire de la diaspora arménienne, fut assassiné par des tueurs à gages du MIT (services secrets turcs) à Utrecht, aux Pays-Bas.
 
Né en 1957, membre de la tribu arménienne des Varto, Nubar émigre à Istanbul avec sa famille en 1969, participe au mouvement révolutionnaire en 1974-75 alors qu'il est étudiant, milite dans les rangs du Partizan, se rend aux Pays-Bas en 1978 et participe activement à la résistance depuis l'étranger contre la junte militaire du 12 septembre 1980.
 
Nubar, qui est un des fondateurs du journal arménien Baykar (Combat) et de l'Association de la Jeunesse Arménienne aux Pays-Bas, a également assuré le lien entre les organisations progressistes kurdes, turques et arméniennes.
 
Selon les informations fournies par l'Association des Arméniens démocrates de Belgique, le 26 avril 2015, les noms de Hrant Dink, Manuel Demir, Kevork Sergeant, Monte Melkonian, Antranik Ozanyan, Monte Melkonian, Antranik Ozanyan et Nubar Yalımyan ont été gravés sur une pierre commémorative érigée dans la région de Dersim en Turquie en l'honneur du commandant Armenak Bakirjian, mais le monument a ensuite été détruit par l'armée turque.
 
J'ai été profondément touché par un message envoyé par Hazar Yüksel à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Nubar Yalımyan. Il m'a rappelé que Nubar se trouvait comme moi parmi les orateurs de la soirée du Newroz organisée en 1981 à Bruxelles par Tekoşer, l'organisation de nos amis kurdes.
 
Oui, cette soirée-là, pour la première fois dans ma vie de combat politique, j'ai partagé le micro avec un révolutionnaire arménien...
 
Ce n'est qu'après la création de l'Association des Arméniens Démocrates de Belgique par les proches et les camarades de Nubar Yalımyan que nous avons pu établir des relations sur le plan organisationnel avec la diaspora arménienne.
 
Suat Öğüt, l'un des célèbres sculpteurs des Pays-Bas, qui a inclus un buste de Nubar Yalımyan dans son exposition de sculptures intitulée "Le premier immigrant turc ou les héros sans nom de la révolution", répond à la question "Comment le vécu et l'œuvre de Nubar Yalımyan ont-ils été inclus dans le projet ?" dans une interview publiée dans le journal Agos le 2 janvier 2015 à l'occasion de l'ouverture de son exposition à Istanbul :
 
"Alors que je venais de déménager en Belgique, j'ai commencé à faire des recherches sur l'accord sur les ‘migrants invités’ des années 60 et sur la question des migrants dans les neuf pays européens où cet accord a été appliqué. En fait, cette question a été beaucoup traitée. Moi, je faisais des recherches sur les personnes qui ont migré pour d'autres raisons. Outre les questions d'immigration déjà bien manifestes, je me suis intéressé à ses ‘sous-titres’. Les années 60, 70 et 80 n'ont pas été des périodes très favorables pour la Turquie. À la suite de coups d'État militaires et de divers événements, de nombreuses personnes ont dû migrer vers l'Europe. Les exilés politiques, tant en Turquie qu'en Europe, sont une question qui n'a pas été traitée dans un cadre historique. Ce sont eux, les ‘héros sans-nom de la révolution’ de mon exposition. C'est un titre qui reflète mes recherches axées sur cette histoire alternative et mon approche biographique.
 
"Au cours de mes recherches, j'ai rencontré Doğan Özgüden et sa femme, deux des fondateurs de la revue Ant, qui ont quitté la Turquie dans les années 70 pour des raisons politiques. Özgüden a rédigé un livre en deux volumes intitulé Le journaliste ‘apatride’, qui traite la position politique de la Turquie et de l'Europe depuis les années 50. Ce livre, qui est l'une des sources importantes de mon projet, parlait également de l’assassinat de Nubar Yalımyan.
 
"Que dit le livre d'Özgüden au sujet de Yalımyan?
 
"Il est très difficile de trouver des informations sur Yalımyan, qui fut assassiné à un jeune âge. Il a émigré aux Pays-Bas en 1978. Plus tard, à la suite des décisions prises par le gouvernement de la junte militaire, un mouvement a été lancé contre les Arméniens vivant en Europe. Dans le livre, il est mentionné que Nubar Yalımyan a été assassiné par les services secrets turcs sur décision de la junte. Les documents trouvés et les déclarations faites après l'incident de Susurluk vont également dans ce sens. Yalımyan a été retrouvé mort en 1982 à son domicile d'Utrecht aux Pays-Bas. Il fut victime d'un meurtre non élucidé.
 
"Par l'intermédiaire d'Aris Yalman Nalcı, j'ai contacté le cousin de Yalımyan, c'est de lui que j'ai appris ces histoires et j'ai vu son livre de poèmes publié en arménien.
 
"Où le livre fut-il imprimé ?
 
"Je pense que c'est à Bruxelles. Il s'agit d'un recueil de poèmes de Yalımyan publiés dans des revues aux Pays-Bas et des journaux en Turquie à l'époque. Mon amie l'artiste Hera Büyüktaşçıyan a traduit pour moi une grande partie des poèmes du livre. Au fur et à mesure de la traduction des poèmes, certaines choses sont devenues plus claires pour moi.
 
"Pourquoi en particulier le poème ’Si j'avais été un peintre’?

"Yalımyan fut à la fois révolutionnaire et poète. Bien qu'il ait écrit ses poèmes principalement pour lui-même, il les a régulièrement publiés dans des journaux arméniens. Dans ses poèmes, il décrit généralement le combat qu'il mena tout au long de sa vie. Le texte ‘Si j'avais été un peintre’, écrit en 1977, dans lequel il dépeint la lutte d'un révolutionnaire à travers les yeux d'un peintre, est l'un d'entre eux. Ce qui m'intéresse vraiment, c'est le lien qu'il établit entre l'art et la révolution. Yalımyan décrit ses expériences du point de vue d'un poète. J'ai réfléchi à la manière dont je pourrais, en tant qu'artiste, interpréter mon propre travail à travers ses yeux. J'ai établi une relation entre l'évaluation par un révolutionnaire de sa propre situation et de son combat à travers la poésie et l'art et ma vision de sa vie."

LIVRE DE NOTRE AMI ARMÉNIEN VAROUJAN SIRAPIAN :
QUATRE GÉNÉRATIONS ARMÉNIENNES ENTRE 1915 ET 1999

Varoujan Sirapian, un de mes amis arméniens en exil, occupe une place particulière tant dans la lutte contre le négationnisme du génocide que dans sa vie de journaliste et d'éditeur. Plus récemment, dans le numéro de janvier-juin 2022 d'Europe et Orient, la revue qu'il dirigeait en France, il a inclus un long article que j'ai écrit et intitulé ‘Les loups gris et la politique belge’.

Issu d'une famille arménienne ayant survécu au génocide de 1915, Varoujan, qui a reçu toute son éducation en Turquie et fut actif dans les mouvements de jeunesse des années 60 ainsi que dans les activités musicales, raconte l'histoire de quatre générations arméniennes entre la Turquie et la France entre 1915 et 1999 dans son livre Palou-Paris*, récemment publié par les éditions Siegest.

Dans l'introduction que j'ai écrite dans ce livre à sa demande, j'ai exprimé mes sentiments et mes pensées comme suit :

"Bien que l’Anatolie fût la patrie des Arméniens comme les Grecs, les Assyriens et les Kurdes avant la conquête turque, j’ai rencontré la grande majorité de mes amis arméniens qui ont laissé leur marque sur ma vie non pas quand j’étais en Turquie, mais dans l’exil où je vis depuis plus d’un demi-siècle. La raison est évidente... Après le génocide et les déportations de 1915, la présence de la nation arménienne en Turquie est passée de plusieurs millions à des dizaines de milliers, tandis qu’une diaspora arménienne se comptant par millions s’est formée en dehors de ce pays. En exil, j’ai eu des centaines d’amis et de camarades de la diaspora arménienne à la fois pour poursuivre la lutte contre les régimes oppressifs en Turquie et pour contribuer ensemble à la vie multiculturelle du pays dans lequel nous sommes.
 
"Je connaissais mes amis arméniens en Turquie en général au sein de la lutte de gauche. Sans aucun doute, en tête de ceux que je ne peux pas oublier, vient mon estimé collègue, le grand maître de la photographie Aram Güleryan... Ohannes Yaşar Uçar, un de mes confrères, occupe une place particulière dans ma vie professionnelle... Pendant les années où Vartan, le héros de ce roman, courait de concert en concert à Istanbul, Izmir et dans toute l’Anatolie en tant que guitariste d’un célèbre groupe de musique, Ohannes, qui avait le même âge, était l’un des premiers éditeurs responsables de la revue Ant, que nous avons publiée avec Yaşar Kemal à partir de 1967. Il a été poursuivi pour des articles publiés dans Ant, et après le coup d’État du 12 mars 1971, il a été immédiatement arrêté, torturé et emprisonné pendant des années.

"Dans ce livre, j’ai été particulièrement touché par quelqu’un qui avait des souvenirs des attitudes racistes que le personnage de ce livre a rencontrées alors qu’il étudiait à l’Université d’Istanbul. Dans sa première conférence à la Faculté des Lettres, le célèbre sociologue Prof. Cahit Tanyol disait ‘La nation turque a quatre ennemis héréditaires’ puis écrivait les noms de ces ennemis au tableau : ‘Les Grecs, les Bulgares, les Albanais et... les Arméniens... ‘.
 
"Le personnage du roman, Vartan, exprime très bien sa réaction justifiée de ce jour-là en tant que jeune Arménien, dans ses mémoires : ‘Si en 1966, cinquante ans après les massacres des Arméniens, on pouvait encore rencontrer un tel nationalisme et du racisme à un tel niveau intellectuel dans le milieu universitaire, il n’y avait pas grand espoir que les mentalités changent dans ce pays.’
 
"Pourquoi est-ce que j’écris ceci ? Parce que nous avions exposé dans le magazine Ant les manœuvres ordurières de ce professeur pour contrecarrer la carrière des jeunes assistants de gauche à l’université. Deniz Gezmiş, l’un des leaders de la résistance de 68, et exécuté par la junte militaire en 1972, entouré de ses amis, avait occupé le rectorat de l’Université d’Istanbul le 26 décembre 1968 pour protester contre Cahit Tanyol.
 
"Cependant, comme le dit à juste titre le personnage principal de ce livre, malgré l’essor des mouvements de la gauche en Turquie dans les années 60, le génocide de 1915 restera tabou même dans les milieux progressistes, mais ce n’est qu’après l’assassinat ignoble de notre collègue arménien Hrant Dink devant le journal Agos en 2007 qu’il commencera à être discuté, quoique de manière limitée.
 
"En revanche, en Europe, en raison de l’intensification de la migration politique après le coup d’État du 12 septembre 1980 en Turquie, et de la formation d’organisations arméniennes, assyriennes et kurdes, en particulier dans les métropoles, la lutte pour la reconnaissance du génocide de 1915 est entrée à l’ordre du jour plus tôt en exil qu’en Turquie. Pendant cette période de lutte, j’avais un nombre incomparablement plus grand d’amis arméniens que ceux que j’avais quittés en Turquie. Les Ateliers du Soleil, dont nous avons été les pionniers avec İnci Tuğsavul à Bruxelles, et où se sont réunis des immigrants et des exilés de plus de 50 nationalités, sont une création aussi de nos amis arméniens.
 
"Un des amis arméniens que j’ai connus en exil est sans aucun doute Varoujan Sirapian, qui dans son livre Palou-Paris raconte l’histoire de la vie de Vartan, le personnage de ce roman, avec une grande sensibilité.
 
"Varoujan, que j’ai rencontré lors d’une conférence au Parlement européen, a toujours été solidaire des événements que nous organisons en Belgique depuis vingt ans, reflétant nos points de vue dans la revue Europe et Orient dont il est le directeur.
 
"L’un des intervenants du colloque sur ‘L’impact des régimes répressifs sur l’exode massif vers les pays européens’, que nous avons organisé pour le compte des organisations d’exilés politiques en Belgique dans la Municipalité métropolitaine de Bruxelles le 13 mars 2006, et de la conférence ‘La Turquie est-elle vraiment démilitarisée ?’ organisée par Info-Türk le 8 décembre 2010, était Ragıp Zarakolu et l’autre était Varoujan Sirapian.
 
"Ce dernier ouvrage de Varoujan Sirapian a non seulement clarifié de nombreux points que je ne connaissais pas sur le génocide et les déportations de 1915, mais m’a également fait découvrir l’ambiance de la Turquie dans les années 60 au Robert College et à l’Université d’Istanbul, une fois de plus avec son amertume et sa douceur.
 
"Dans l’un des chapitres du livre qui m’a le plus frappé, lorsque Vartan découvre son identité à 30 ans… ‘Il ne connaissait rien, ou presque, de l’histoire de l’Arménie. Il n’avait même pas conscience que les massacres de 1915-1922 étaient le premier génocide du 20e siècle, pages occultées dans l’histoire officielle turque, dictée par Kemal. Les récits décousus de ses parents ou d’autres rescapés ne donnaient pas une image globale de ces massacres systématiques et de leur ampleur’.
 
"Je félicite Varoujan de tout cœur d’avoir, avec ses travaux en France, déchiré cette obscurité qui entoure l’histoire turque et d’avoir commencé à enquêter sur la vérité, d’avoir pris une part active aux luttes pour la reconnaissance non seulement du génocide de 1915, mais aussi de toutes les violations des droits de l’homme en Turquie ; il l’a fait en tant que citoyen Français, et cela lui a permis de faire entendre notre lutte commune, grâce aux livres et articles qu’il a publiés. Palou-Paris constitue à ce titre un point d’orgue romanesque particulièrement convaincant. "

*Varoujan Sirapian, Palou-Paris, Sigest
https://sigest.fr/2022/09/22/palou-paris/

Politique intérieure/Interior Politics

Un scénario fallacieux de a à z  des responsables de l’attentat de Pera

Ragip Duran, Chronique Turquie, 19 nov 2022

Les déclarations des officiels et les faits sont en pleine contradiction au sujet de l’attentat du 13 novembre.

Une semaine après l’attentat à la bombe du 13 novembre où 6 personnes ont trouvé la mort et 81 blessées au centre d’Istanbul, toujours aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité de cet acte sanglant.

La police turque, a seulement 6 heures après l’attentat a arrêté une jeune femme noire, présentée comme ‘"une militante spécialement formée comme agent de renseignement du PKK-PYD" (Parti des Travailleurs du Kurdistan de la Turquie et Parti de l’Union Démocratique de la Syrie du Nord). Selon des images des caméras de surveillance, c’est elle qui a déposé la bombe.

Mme Ahlam Al-Bashir a tout avoué. Elle aurait reçu des ordres du PKK, selon la police.

Les deux partis accusés ont publié des communiqués refusant la thèse officielle d’Ankara. "Le régime turc coincée, désire préparer le terrain pour une intervention militaire contre Rojava" (Le Kurdistan syrienne). L’administration de Rojava a declaré que le nom d’Ahlam Al-Bashir n’apparaît dans aucun registre de population de la Syrie du Nord.

Il y en effet plusieurs contradictions entre les déclarations officielles et les faits révélés la plupart du temps par les témoins et les faits publiés par les réseaux sociaux.

· Al-Bashir n’a pas du tout l’air d’une militante kurde. On ne sait toujours pas si elle est citoyenne de Syrie, de Somalie ou d’Erythrée.

· Al-Bashir n’a pas agi comme une "bonne militante qui commet un attentat". Dimanche, elle portait un pantalon de guérilla, des bottes militaires et un foulard. Elle était par ailleurs bien maquillée.

· Il y a eu plus de 50 personnes mis en garde à vue, dont la majorité des Arabes de Syrie résidant à Istanbul. Mais la police n’a donné aucune information sur les interrogations de ces suspects.

· Al-Bashir, visiblement frappée pendant l’interrogation avait l’air très effrayé et étonné, en pleine panique.

· Elle est tranquillement rentrée chez elle après l’attentat. Dans sa maison elle avait beaucoup d’argent, surtout des devises étrangères et des bijoux.

· La police avait annoncé qu’elle est venue d’Afrin (Ville syrienne sous occupation de l’armée turque) à Istanbul il y a quatre mois alors que les voisins ont dit qu’elle vivait ici depuis au moins un an et qu’elle travaillait dans un atelier de confection.

· La police aurait trouvé quatre téléphones cellulaires dans la maison de Al-Bashir. Un protecteur de village, milice pro-gouvernementale de la région frontalière turco-irakienne, le responsable locale (Guclukonak/Sirnak) du MHP (Parti d’Action Nationaliste, extrême-droite, seul allié du Président Erdogan) aurait au moins deux fois parlé avec la suspecte officielle. Pratique peu courante, le Préfet du département frontalier a publié un communiqué dans lequel il défend l’innocence du responsable du MHP. Ce dernier était déjà accusé de trafic de stupéfiants et d’êtres humains.

· Le ministre turc de l’İntérieur a déclaré que la suspecte avait des plans pour fuir en Grèce encore selon des complices de la jeune femme, thèse non confirmée par des sources indépendantes.

Les médias du gouvernement ainsi que ceux de l’opposition (A l’exception du HDP, kurdes et gauches, 3e parti du Parlement) approuvent les thèses officielles et accusent simultanément les kurdes et les Syriens. Des théories de complot circulent également dans les milieux proches du pouvoir. Les Etats Unis et Israël sont visés sans aucune preuve concrète. Mais les observateurs indépendants ainsi que les citoyens qui ont un sens critique, dévoilent sur la Toile, l’irrationalité du scénario officiel ainsi que les contradictions du pouvoir.

Le régime avait dans le passé déjà une expérience qui avait marché : quand l’AKP avait perdu la majorité parlementaire à la suite des élections générales de juin 2015, une série de grands attentats avait eu lieu jusqu’aux élections de novembre 2015 et AKP avait pu récuperer les votes qu’il avait perdus. Le Premier ministre de l’époque M. Davutoğlu, aujourd’hui dans l’opposition, avait déclaré: ‘’Nos voix augmentent à la suite de toute explosion’’. Le pouvoir, aurait selon certains responsables de l’opposition, commandé ces attentats aux membres de l’Etat Islamique par l’intermédiaire des services secrets turcs.

Le régime Erdogan, est en pleine crise économique, en pleine difficulté diplomatique. Il est en chute libre dans les sondages d’opinion publique à 8 mois des élections présidentielles et générales. Erdogan a besoin de 51% des votes pour être réelu, mais il est à peine à 32% d’intention de vote. Pour gagner les élections, il a besoin de plus de soutien des nationalistes, des milieux ennemis des kurdes et des Syriens. Autre scénario : il peut également reporter les élections, si l’Etat de Guerre est déclaré, à la suite d’une opération militaire contre les kurdes en Syrie du Nord ou en Irak du Nord.

"Les huit prochains mois en Turquie ne seront pas ordinaires" constate presque l’ensemble des observateurs locaux et étrangers.

En Asie centrale, Erdogan exhorte au rapprochement des Etats turciques

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi en Ouzbékistan les Etats turciques d'Asie centrale, carrefour énergétique et commercial majeur, à renforcer leur coopération avec Ankara, espérant profiter de l'affaiblissement de Moscou, ex-puissance tutélaire enlisée en Ukraine.

Face à la guerre en Ukraine qui a ouvert une "période délicate et pleine de risques, il devient encore plus nécessaire de renforcer notre coopération, notre solidarité et notre harmonie", a déclaré M. Erdogan lors d'un sommet de l'Organisation des Etats turciques (OET) à Samarcande.

Il s'agit du troisième déplacement du président turc en Asie centrale en deux mois, signe de ses efforts pour resserrer les liens avec les ex-républiques soviétiques turciques de cette région et du Caucase avec lesquelles la Turquie partage des liens culturels, linguistiques et religieux.

Devant ses homologues de la région, M. Erdogan a aussi plaidé pour la mise en place "dès que possible" d'un Fonds d'investissement turcique, qui permettrait de renforcer la coopération économique entre ces pays.

Fondée en 2009 sous le nom de "Conseil turcique", l'OET regroupe quatre ex-républiques soviétiques du Caucase (Azerbaïdjan) et d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan et Ouzbékistan), ainsi que deux pays observateurs: le Turkménistan -- autre pays ex-soviétique d'Asie centrale -- et la Hongrie.

- Imbroglio chypriote -

Avec cet outil, Ankara espère accroître son influence dans une région dominée depuis des décennies par Moscou qui, même après la chute de l'Union soviétique, a conservé sa mainmise à travers des alliances militaires et économiques.

Mais l'invasion russe de l'Ukraine, fin février, a ouvert des brèches en détournant l'attention de Moscou et en suscitant l'inquiétude des pays de la région, qui regardent plus que jamais ailleurs, vers la Chine mais aussi l'Europe.

Le dirigeant kirghiz, Sadyr Japarov, a ainsi insisté sur la "nécessité de collaborer plus étroitement sur le plan commercial".

Le sommet a cependant été marqué par un imbroglio autour de l'adhésion annoncée par Ankara de Chypre-Nord, un Etat autoproclamé et non reconnu par la communauté internationale, comme membre observateur de l'OET.

M. Erdogan a "remercié" lors de son discours ses homologues d'avoir "accepté" cette adhésion, mais aucun autre pays ne l'a confirmée. Pire, l'Ouzbékistan a jeté le doute en assurant qu'aucun texte en ce sens n'avait été "signé".

Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a, lui, souligné l'importance de "l'intégrité territoriale de tous les Etats", la diplomatie kazakhe affirmant que ces propos se rapportaient à la demande turque d'intégrer Chypre-Nord.

Ce sommet et les fréquentes visites de M. Erdogan en Asie centrale illustrent en tout cas l'espoir d'Ankara de donner plus d'ampleur à l'OET, après des décennies de domination incontestable de la région par Moscou.

- "Obstacle" russe -

"Depuis le début de ce rêve de création d'une communauté turcique, le poids et l'influence de la Russie ont été des obstacles", explique à l'AFP Bayram Balci, docteur en sciences politiques affilié à Sciences Po et ex-directeur de l'Institut Français d'études sur l'Asie centrale.

Mais cette influence russe s'érode depuis quelques années, notamment depuis la guerre du Haut-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en 2020, et surtout l'invasion de l'Ukraine par Moscou cette année.

"La Turquie récolte indirectement les fruits des échecs et des erreurs de la Russie, qui permettent à d'autres pays de s'implanter", selon M. Balci.

Pour Andreï Grozine, spécialiste russe de l'Asie centrale à l'Institut des pays de la Communauté des Etats indépendants, "toute activité en Asie centrale est perçue par Moscou (...) comme indésirable".

Mais la Turquie et la Russie, qui coopèrent par ailleurs sur plusieurs dossiers, pourraient trouver un terrain d'entente pour essayer d'exercer une influence conjointe, car leurs intérêts ne sont "pas incompatibles", dit-il.

Selon M. Balci, les Etats centrasiatiques "feront partie de ces deux unions (turque et russe) en prenant ce qui les intéresse et rejetant ce qui ne les intéresse pas".

Si la Turquie s'efforce de vendre des drones militaires aux ex-républiques soviétiques et d'exercer aussi un soft power via des projets culturels, les échanges commerciaux restent toutefois limités à ce stade par rapport aux autres puissances régionales. (AFP, 11 nov 2022)

Le leader de l'opposition visé par la loi sur la désinformation

Le président du principal parti d'opposition en Turquie, et probable candidat à l'élection présidentielle l'an prochain contre le président sortant Recep Tayyip Erdogan, est devenu jeudi le premier inculpé au titre de la nouvelle loi sur la désinformation.

Selon une source au sein de son parti le CHP, confirmant des informations de presse, Kemal Kiliçdaroglu est poursuivi pour "diffusion publique d'informations trompeuses" par la direction de la police nationale.

En vertu de l'article 29 de cette loi controversée, adoptée le mois dernier par le Parlement turc, M.Kiliçdaroglu encourt jusqu'à trois ans de prison.

Il avait dénoncé lundi via Twitter la responsabilité du gouvernement AKP (islamo-conservateur), le parti de M. Erdogan, dans la propagation de ce qu'il a appelé "une épidémie de métamphétamines" en Turquie.

Le patron du CHP, premier parti d'opposition (social-démocrate) au parlement, affirmait que le gouvernement récupérait une partie de l'argent sale de ce trafic pour combler le déficit public.

Dans une vidéo diffusée via le réseau social, il affirmait: "Ils ont fait venir cette drogue dans le pays, ils ont dit aux (trafiquants) +venez avec votre argent+ et ensuite ils ont fermé les yeux", a accusé M.Kiliçdaroglu.

Le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu lui avait répondu le lendemain, par la même voie, estimant qu'il ne revenait pas à un citoyen turc, encore moins à un président de parti, de calomnier l'Etat, la police, la gendarmerie et l'armée".

Pour l'avocat du CHP, Celal Çelik, cité par l'agence de presse Anka (proche de l'opposition) "ils (les autorités) avaient prévenu que cet article (29, ndlr) serait appliqué aux politiques dans le but de restreindre leur liberté d'expression. C'est exactement ce qui s'est passé".

Adoptée le 13 octobre malgré de vives critiques des organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, la loi sur la désinformation a été publiée au Journal Officiel et promulguée cinq jours plus tard. (AFP, 3 nov 2022)

Forces armées/Armed Forces

Bombardement turc contre une base russe, un mort parmi les forces kurdes

Un combattant kurde a été tué et trois autres blessés mercredi dans une attaque de drone menée par l'armée turque contre une base russe dans le nord-est de la Syrie, a indiqué à l'AFP un responsable des forces kurdes.

La frappe intervient alors que la Turquie mène depuis dimanche une série de raids aériens en Syrie et en Irak contre des combattants kurdes appartenant à des groupes "terroristes" selon Ankara.

Les victimes sont des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS, une coalition dominée par les Kurdes) qui disposent d'une position dans la base russe, située dans la province de Hassaké, a précisé le responsable des FDS, Farhad Chami.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, un soldat russe a également été blessé.

La Russie n'a pas réagi dans l'immédiat à ces informations.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé lundi de lancer une offensive terrestre dans le nord de la Syrie, suscitant l'inquiétude de plusieurs pays qui ont déployé des forces dans cette région. Le Kremlin a exhorté mardi la Turquie de ne pas "déstabiliser la situation" dans le nord de la Syrie.

L'armée russe est engagée dans le conflit syrien depuis 2015 aux côtés du régime de Bachar al-Assad.

Disposant au départ de bases dans l'ouest du pays, elle s'est aussi déployée fin 2019, en vertu d'un accord avec la Turquie, dans le nord-est, où les Kurdes ont mis en place une administration autonome. L'objectif était de servir de force tampon entre la Turquie et les combattants kurdes.

Les soldats américains sont pour leur part sur le sol syrien depuis 2014, dans le cadre d'une coalition internationale soutenant les forces kurdes dans leurs combats contre les jihadistes.

Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019.

Toujours dans la province de Hassaké, l'artillerie turque a également visé mercredi les environs d'une prison à Qamichli, où sont détenus des jihadistes de l'EI, selon l'OSDH et le responsable des FDS.

L'OSDH a en outre fait état de frappes de drones turcs mercredi contre quatre sites pétroliers et gaziers, dont une raffinerie de gaz et une station de pompage de pétrole, dans cette même province. (AFP, 23 nov 2022)

Frappes turques contre des régions kurdes dans le nord de la Syrie

Les forces kurdes ont accusé l'armée turque d'avoir bombardé samedi soir plusieurs régions sous leur contrôle dans le nord de la Syrie, au moment de l'annonce par Ankara que "l'heure des comptes a sonné", à la suite du récent attentat à Istanbul.

Ces raids sont menés quelques jours après que le PKK et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, ont rejeté les accusations d'Ankara sur leur responsabilité et nié tout lien avec l'attentat d'Istanbul du 13 novembre, qui a fait six morts et 81 blessés.

Selon les FDS, la Turquie a mené des frappes aériennes sur les zones sous son contrôle dans les provinces d'Alep (nord) et de Hassaké (nord-est), notamment contre la ville de Kobané, près de la frontière turque.

"Kobané, la ville qui a défait l'Etat islamique, est la cible de bombardements par l'aviation de l'occupation turque", a annoncé Farhad Shami, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition armée dominée par les Kurdes), qui avait démenti tout lien avec l'attentat.

Plus de vingt frappes ont été effectuées par l'armée turque dans les deux provinces, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Les bombardements ont tué au moins six membres des FDS et six soldats prorégime, selon l'OSDH.

Les forces kurdes n'ont pas annoncé de pertes dans leurs rangs.

Mais M. Shami a confirmé que les bombardements turcs visaient des sites appartenant aux forces gouvernementales syriennes dans les provinces de Raqqa et de Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord), faisant des morts et des blessés.

Le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, a également critiqué des bombardements "agressifs et barbares".

"Le bombardement turc de nos zones menace la région entière. Ce bombardement ne sert aucun parti. Nous faisons tout pour éviter une catastrophe majeure. Si la guerre éclate, tout le monde sera affecté", a-t-il tweeté.

«Rendre des comptes»

"L'heure des comptes a sonné", a annoncé dimanche sur Twitter le ministère turc de la Défense, montrant la photo d'un avion décollant pour une opération nocturne sans précision de lieu.

"Les salauds devront rendre des comptes pour leurs attaques perfides", a poursuivi le ministère sur son compte officiel.

Les autorités turques accusent une jeune femme de nationalité syrienne d'avoir posé la bombe, qui a explosé dans la grande rue commerçante d'Istiklal, dans le centre d'Istanbul.

Les autorités avaient immédiatement désigné le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les YPG (Unités de protection du peuple), milice kurde active en Syrie, accusée par la Turquie d'être affiliée au PKK.

Le ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu avait affirmé que "l'ordre de l'attentat a(vait) été donné de Kobané", ville contrôlée par les forces kurdes.

Le Département d'Etat américain avait dit vendredi craindre "une éventuelle action militaire de la Turquie", en déconseillant à ses ressortissants de se rendre dans le nord de la Syrie et de l'Irak.

En guerre depuis 2011, la Syrie est morcelée à cause de l'intervention de multiples groupes et puissances étrangères dans le conflit.

Entre 2016 et 2019, l'armée turque a lancé trois opérations d'envergure dans le nord de la Syrie visant les milices et organisations kurdes.

La Turquie, dont les soldats sont présents dans des zones du nord de la Syrie, menace depuis mai de lancer une offensive d'envergure contre les FDS, qu'elle considère comme "terroristes".

Ankara dit vouloir créer une "zone de sécurité" de 30 kilomètres de largeur à sa frontière sud. (AFP, 20 nov 2022)

International call for an OPCW investigation into Turkish use of chemicals

International legal organizations released a joint statement calling for “no prosecution” of those demanding disclosure of alleged chemical weapons use by the Turkish state in northern Iraq.

The statement by ten international legal organizations reads as follows:

“We are concerned about reports that tear gas shells have been used in northern Iraq. Although tear gas is not included in the list of banned chemicals in the Chemical Weapons Convention (CWC) annexes, the view that tear gas shells used by the military are covered by the Chemical Weapons Convention finds support in CWC Art II Nos. 1, 2, and 5.

However, it also depends on the circumstances whether the use of tear gas grenades by the military violates the Chemical Weapons Convention and can be classified as a war crime under Article 8 of the Rome Statute of the International Criminal Court. Since, according to press reports, the Turkish defense minister does not deny the use of tear gas by the Turkish military in northern Iraq, only an independent investigation can clarify whether the use of tear gas violated international treaties that Turkey has ratified. Turkey is a state party to the CWC but not to the Rome Statute.

It is therefore not surprising that the demand for an independent investigation into the use of tear gas in northern Iraq has been raised by various organizations and personalities. What is surprising, on the other hand, is that in several cases the response has been the initiation of preliminary proceedings against those involved.

During the General Assembly of the Izmir Bar Association, the executive board member of the Lawyers for Freedom Association (ÖHD), lawyer Aryen Turan, was threatened through various media channels, including social media, for her speech for demanding an investigation into the use of chemicals, and it was reported in the same media channels that an investigation was initiated against her. She was taken into custody and later released with a ban on going abroad.

On the morning of October 25, 11 journalists were detained during raids on their homes and their workplaces after reporting on various findings and allegations of the use of chemicals by Turkish official forces on the territory of the Kurdistan Regional Government. The Ankara Public Prosecutor's Office released footage of journalists Berivan Altan and Deniz Nazlım being detained by way of rear handcuffing them. page1image806408528page1image806409056page1image806409664page1image806409968page1image806410272

Following these incidents, Prof. Dr. Şebnem Korur Fincancı, Chairwoman of the Turkish Medical Association, who demanded an investigation into the use of chemicals on a TV channel as a forensic medicine expert in Turkey, was initially targeted by government bodies and then was subjected to numerous insults on social media, and finally her house was raided, and she was detained on the morning of October 26. Following the pre-trial, she was arrested.

The Organisation for the Prohibition of Chemical Weapons (OPCW) is the implementing body for the Chemical Weapons Convention. A first step should therefore be a formal investigation by the OPCW, and this requires a request by an OPCW member state.

We therefore urge the OPCW member states to;
• open the way for an independent investigation by the OPCW
• demand an investigation, using the UN Secretary-General's special mechanism to investigate alleged uses of biological or chemical weapons

We call on the government of Turkey to;

• end its crackdown on civil society organizations, journalists and human rights defenders who demand such an investigation.

•release the journalists and Prof. Dr. Şebnem Korur Fincancı immediately.

Signatories:

Asociación Americana de Juristas, (AAJ)
Association for Democracy and International Law, (MAF‐DAD)
Association of Lawyers for Freedom, (ÖHD)
European Association of Lawyers for Democracy and World Human Rights, (ELDH)
European Democratic Lawyers, (AED)
Giuristi Democratici - National Association of Democratic Jurists. Italy, (GD)
Lawyers Right Watch Canada, (LRWC) National Union of People’s Lawyers (NULP), the Philippines
Progressive Lawyers’ Association, (ÇHD)
 The Center of Research and Elaboration on Democracy/ Legal International Intervention Group (CRED, GİGİ)
(ANF, 9 Nov 2022)

Turkish troops to stay in Azerbaijan for a further year

A motion authorizing the Turkish administration to deploy troops in Azerbaijan for a further term of one year was approved by the Turkish Grand National Assembly (TMBB) on Tuesday.

Turkish troops were dispatched to Azerbaijan in the wake of a conflict between Azerbaijan and Armenia in 2020 over disputes concerning the region of Karabakh.

The new term will begin on 17 November, with the previously set objectives of observing ceasefire, preventing violations, and supporting peace and stability.

The joint center established by Turkey and Russia where Turkish troops have been deployed continues with its activities, the motion noted, adding that the presence of Turkish military units at the center is pivotal for Turkey to play an effective and constructive role in the region and in protecting its own national interests.

State rhetoric behind the deployment

The Turkish state news agency AA had used the headline, "Turkish troops in Azerbaijan after 102 years," in its report on the deployment of Turkish troops two years ago.

It had said:

"The grandchildren of the soldiers who served in the Islamic Army of the Caucasus that was invited 102 years ago to Azerbaijan will now be deployed in the region in a positive response to Azerbaijan's calls for assistance and support."

The said army was formed in July 1918, a couple of months before the end of the First World War, on orders of The Ottoman Minister of War, Enver Pasha, a convicted war criminal and one of the perpetrators of the Armenian Genocide.

Enver Pasha, alongside other senior officials of the Union and Progress Party, was convicted by an Ottoman Military Tribunal, and was sentenced to death in absentia for bringing the Empire into the First World War, and for organizing massacres against Greeks and Armenians. He was killed in August 1922 by the Soviet Red Army in a revolt he tried to organize against the Soviets. (gerceknews.com, 1 November 2022)


Affaires religieuses / Religious Affairs

Un bus refuse de s'arrêter pour la prière et relance le débat sur la laïcité

Pour avoir refusé de céder à un passager qui réclamait un arrêt le temps de faire sa prière, un chauffeur de bus longue distance a relancé bien malgré lui le débat sur la laïcité en Turquie.

L'autocar effectuait samedi l'un des plus longs trajets à travers la Turquie, entre Van, près de la frontière iranienne (est) et Izmir, sur la côte égéenne (ouest), soit plus 24 heures de voyage, selon l'avocat de la compagnie Oz Ercis joint mardi par l'AFP.

"La compagnie se retrouve au centre d'une polémique sur la laïcité. Nous sommes désignés comme une cible. Or nous sommes respectueux de toutes les croyances", affirme l'avocat, Tuncay Keserci.

Tout a commencé, selon lui, par le message sur Twitter d'un passager se plaignant de n'avoir pas pu faire sa prière pendant son voyage parce que la compagnie avait refusé de s'arrêter.

En réponse, la compagnie a rappelé, dans un communiqué partagé par son avocat, que la Turquie est un pays laïc selon la Constitution.

"Aucun des droits définis par la Constitution ne peut être utilisé pour violer la conception démocratique et laïque" de la République, expliquait-elle.

"Il n'est pas possible (...) d'ignorer les droits des autres passagers qui ne prient pas et qui veulent arriver à temps à leur destination pour qu'un passager puisse prier", justifie-t-elle encore.

La réponse de la compagnie est devenue virale en Turquie, un pays à majorité musulmane mais de tradition laïque, malgré l'érosion de ce principe par le gouvernement islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.

De nombreux internautes turcs ont félicité Oz Ercis pour sa défense de la laïcité et son "courage", tandis que d'autres la condamnent et assurent qu'ils ne voyageront plus avec elle.

L'Islam prévoit cependant que les voyageurs peuvent aménager leur temps et les horaires des prières lors de leurs déplacements.

"On est victime d'une campagne de lynchage, comme si on empêchait les gens de prier", regrette l'avocat, Me Keserci, qui précise que le passager en question a pu prier plus tard, lorsque le bus s'est arrêté sur une aire de repos.

Les dirigeants de la compagnie sont très pieux et la région de Van est connue pour être majoritairement conservatrice, insiste l'avocat.

"Notre rappel de la laïcité ne veut pas dire que nous ne sommes pas croyants. La laïcité protège aussi les musulmans", fait-il valoir.

Le président Erdogan, qui a rétabli l'autorisation de porter le foulard islamique dans les universités et l'administration, a promis d'en faire inscrire le principe dans la Constitution avant les élections de juin 2023. (AFP, 8 nov 2022)

Socio-économique / Socio-economic

Un séisme de magnitude 6,1 secoue le Nord-Ouest de la Turquie, 50 blessés

Un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le Nord-Ouest de la Turquie mercredi, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.

La secousse, survenue peu après 04H00 locales (01H00 GMT), a été fortement ressentie à Istanbul, la plus grande ville du pays.

L'épicentre est situé à environ 170 km à l'est de la ville, à une dizaine de kilomètres de profondeur, selon l'Institut américain des études géologiques (USGS).

La magnitude a été évaluée à 6,1 par l'USGS et 5,9 par les autorités turques.

Selon l'AFAD, l'agence gouvernementale de gestion des catastrophes, plus d'une centaine de répliques ont été enregistrées, la plus forte d'une magnitude de 4,3.

Le ministère de l'Intérieur et l'AFAD ont dénombré 50 blessés et de légers dommages causés à des bâtiments.

"Nous avons été réveillés par un grand bruit et une secousse. Nous sommes sortis dehors en panique", a raconté à l'AFP Fatma Colak, une villageoise de la province de Düzce.

La crainte de nouvelles secousses a poussé de nombreux habitants de Düzce à poursuivre leur nuit en plein air, allumant parfois des feux pour se réchauffer.

La Turquie est située dans l'une des zones sismiques les plus actives du monde.

Cette même région du Nord-Ouest avait été durement éprouvée en août 1999 par un séisme d'une magnitude 7,4, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.

En janvier 2020, un séisme de magnitude 6,7 a frappé les provinces d'Elazig et de Malatya (Est), faisant plus de 40 morts.

En octobre de la même année, un tremblement de terre de magnitude 7 en mer Égée avait fait 114 morts et plus de 1.000 blessés en Turquie. (AFP, 23 nov 2022)

Noisette turque: enquête contre Ferrero pour abus de position dominante

L'Autorité turque de la concurrence a annoncé l'ouverture d'une enquête contre l'italien Ferrero pour déterminer s'il s'est rendu coupable d'abus de position de dominante sur le marché turc, où il achète la majorité de ses noisettes.

"Le Conseil de la concurrence a jugé les conclusions [de l'enquête préliminaire] sérieuses (...) et a décidé d'ouvrir une enquête", a indiqué l'instance mardi dans un communiqué.

L'Autorité précise qu'elle cherchera à déterminer si le groupe Ferrero et ses filiales "ont violé la loi sur la protection de la concurrence (...) sur le marché des noisettes à tous les niveaux, de la production à l'achat et du décorticage à l'exportation".

Les producteurs de noisettes de Turquie, premier exportateur mondial, dénoncent régulièrement la mainmise sur leurs récoltes de l'italien Ferrero, accusé de casser les prix.

Ferrero est célèbre pour sa pâte à tartiner Nutella et ses Ferrero Rocher.

Le maire de la ville turque d'Ordu (nord-est), chef-lieu de la province éponyme sur la Mer Noire, qui figure parmi les principales zones de production de noisettes du pays, a annoncé avoir entamé dès septembre une procédure judiciaire contre le géant italien.

"Nous ne pouvons pas laisser les noisettes à la merci de quelques spéculateurs", avait alors dénoncé l'édile, Hilmi Güler, dans un entretien au quotidien turc Hürriyet.

Contacté mercredi, Ferrero n'a pas immédiatement répondu.

Le groupe italien, qui cherche à diversifier ses approvisionnements, avait affirmé l'an dernier à l'AFP "respecter les lois du marché [turc] et sa dynamique", rappelant être présent en Turquie depuis plus de 35 ans.

Selon la FAO, le Fonds pour l'agriculture des Nations unies, la Turquie assure plus des deux tiers de la production mondiale de noisettes. (AFP, 16 nov 2022)

COP27: la Turquie annonce réviser ses engagements à la hausse, sans convaincre

Turquie a annoncé mardi à la COP27 le relèvement de ses engagements climatiques, des propos accueillis avec scepticisme par les ONG, et s'est proposée pour accueillir la conférence mondiale sur le climat en 2026.

"Nous avons actualisé notre contribution" nationale déterminée (NDC), document qui liste les engagements de réduction d'émissions d'un pays aux termes de l'accord de Paris sur le climat, a annoncé le ministre de l'Environnement, Murat Kurum dans un discours en séance plénière à la conférence climat de Charm el-Cheikh.

Cette NDC est "en adéquation avec notre cible de neutralité carbone à 2053" et "revoit à la hausse de 21% à 41% sa cible de réduction des émissions d'ici à 2030" par rapport au niveau qu'elles auraient atteint cette même année si la Turquie maintenait son rythme actuel d'émissions, a-t-il indiqué.

"Nos émissions atteindront leur pic au plus tard en 2038", a poursuivi le ministre sans donner plus de précisions sur ces nouveaux engagements de la Turquie, 10e émetteur mondial de gaz à effet de serre.

"Nous allons engager des processus de transformation en profondeur dans tous les domaines liés au climat tels que l'industrie, l'énergie, les transports, les bâtiments, le secteur des déchets, les puits de carbone et les transports propres", a-t-il conclu.

La nouvelle NDC de la Turquie, qui actualise la précédente datant d'octobre 2021, ne figurait pas encore mardi au registre des contributions tenue par l'ONU-climat.

Mais selon des ONG, vu le rythme actuel d'augmentation des émissions du pays, cette diminution par rapport à un scénario "où rien ne change", aboutit finalement à une hausse nette certes réduite, mais tout de même de 31% par rapport aux niveaux actuels.

Pour Oyku Senlen, du groupe de réflexion E3G, "la Turquie rate l'occasion d'établir des trajectoires de décarbonation solides et d'afficher une action climatique ambitieuse tout en augmentant sa sécurité énergétique" et son objectif actualisé "est loin d'être aligné sur la trajectoire de +1,5°C," de réchauffement maximum, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris.

"L'objectif de zéro émission nette pour la Turquie en 2053, annoncé par notre président en septembre 2021, s'avère aujourd'hui être un rêve totalement irréalisable", a ajouté dans un communiqué Guven Sak, directeur de la Fondation pour la recherche en politique économique de Turquie.

"Nous aimerions pouvoir accueillir la COP31 en 2026," a par ailleurs dit M. Kurum. La tenue des conférences sur le climat de l'ONU tourne selon des zones géographiques mais l'organisation peine parfois à trouver des pays hôtes pour ces événements qui réunissent plus de 40.000 personnes sur deux semaines. (AFP, 15 nov 2022)

L'explosion dans la mine d'Amasra due à des "négligences", selon un rapport

L'explosion survenue mi-octobre dans la mine turque d'Amasra, dans laquelle 42 mineurs ont été tués, est la conséquence d'une "chaîne de négligences", souligne un rapport rédigé par la police locale et consulté jeudi par l'AFP.

Les auteurs du rapport affirment que la concentration en méthane dans la mine de charbon avait dépassé le seuil d'avertissement (1%) à 85 reprises le jour de l'accident - des mesures étant effectuées chaque minute.

A 18h09, dans les secondes qui ont précédé le coup de grisou, la concentration en méthane s'élevait à 1,69%. Elle avait dépassé le seuil d'avertissement à 17h59 et le seuil d'alarme (1,5%) à 18h05.

Un employé de la mine chargé de la surveillance des concentrations de gaz, cité dans le rapport, indique ne pas avoir pu joindre les mineurs dans les minutes avant l'explosion; il évoque des dysfonctionnements dans les systèmes de télécommunication et un problème de sous-effectif.

"Après examen du fonctionnement général [de la mine], il est possible de parler d'une chaîne de négligences", écrivent les auteurs du rapport qui a été transmis au bureau du procureur général de Bartin.

"Il est entendu que la prévalence des infractions aux règles et les défauts de supervision ont longtemps laissé (s'installer) un manque de discipline dans l'entreprise, générant l'apathie, notamment en matière de santé et de sécurité au travail", poursuit le rapport de 240 pages.

Ses auteurs soulignent aussi des défaillances dans le système de ventilation de la mine, propriété de l'Etat, qui ont pu conduire à une accumulation de méthane.

Un nouveau système de ventilation devait être livré en mars, mais l'entreprise mandatée avait demandé un délai qui arrivait à échéance le 6 novembre.
 Au total, 350 personnes - survivants de l'accident, employés et responsables de la mine, familles des victimes - ont été auditionnées par les auteurs du rapport.

Huit personnes ont été formellement inculpées suite à cette catastrophe, dont le directeur de la mine et plusieurs de ses adjoints.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout en affirmant que les éventuels responsables ne seraient pas "épargnés", a déclaré que ces accidents sont le fait du "destin". (AFP, 10 nov 2022)

HRW accuse Ankara et Damas d'aggraver l'épidémie de choléra

Human Rights Watch (HRW) accusé lundi la Turquie de contribuer à la propagation du choléra dans le nord de la Syrie, en réduisant le débit des eaux de l'Euphrate, et le régime syrien d'entraver les aides dans les zones sous contrôle kurde.

Pour la première fois depuis 2009, le choléra est réapparu début septembre en Syrie où environ deux tiers des usines de traitement d'eau, la moitié des stations de pompage et un tiers des châteaux d'eau ont été endommagés par onze ans de guerre, selon l'ONU.

"Cette épidémie de choléra dévastatrice ne sera pas la dernière maladie d'origine hydrique à affecter les Syriens si les graves problèmes d'eau du pays ne sont pas immédiatement résolus, en particulier dans le nord-est", a déclaré Adam Coogle, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord pour HRW.

"La Turquie peut, et doit, immédiatement cesser d'aggraver la crise de l'eau en Syrie", a-t-il ajouté.

L'ONG de défense des droits humains précise que "les autorités turques n'ont pas assuré un débit d'eau adéquat vers la partie syrienne de l'Euphrate et un approvisionnement constant en eau depuis la station de pompage d'Allouk", tenue par la Turquie dans le nord de la Syrie.

"La Turquie devrait veiller à partager équitablement les ressources en eau de l'Euphrate avec la Syrie et l'Irak et à ce que la station d'Allouk reprenne immédiatement l'approvisionnement en eau des communautés dans le besoin", a ajouté l'ONG.

L'Organisation mondiale de la Santé a fait état de 81 morts et de plus 24.000 cas suspects depuis l'apparition de l'épidémie en Syrie, comptabilisant les victimes dans les zones tenues par le régime, les rebelles et celles sous administration kurde.

La maladie est favorisée par l'absence de réseaux d'égouts ou d'eau potable. Les Kurdes syriens accusent la Turquie voisine, par laquelle passe l'Euphrate, de retenir plus d'eau que nécessaire dans ses barrages, réduisant le débit du fleuve côté syrien, ce qu'Ankara dément.

En Syrie, plus de cinq millions de personnes dépendent de l'Euphrate pour l'eau potable selon l'ONU.

HRW a accusé également le régime syrien d'entraver l'arrivée des aides destinées à combattre le choléra dans les zones contrôlées par l'administration kurdes.

L'ONG a appelé "toutes les parties au conflit" à accorder "aux travailleurs humanitaires un accès sans entrave" à toutes les régions de la Syrie. (AFP, 7 nov 2022)

4 blessés après une nouvelle explosion dans une mine

Quatre mineurs ont été blessés, dont deux grièvement, après une explosion dans une mine de la province de Zonguldak (nord-ouest), ont rapporté dimanche les médias turcs, trois semaines après que 42 mineurs ont péri dans un coup de grisou à 50 kilomètres de là.

Cette nouvelle explosion est survenue dans la nuit de samedi à dimanche dans une mine privée du district de Kilimli, pour une raison encore inconnue, selon l'agence de presse turque DHA.

Les deux blessés graves, brûlés au corps, ont été transportés vers un hôpital d'Ankara, la capitale turque, a rapporté DHA.

Des membres de l'opposition turque ont aussitôt appelé à des mesures d'urgence, rappelant que 42 mineurs ont péri des suites d'une explosion survenue le 14 octobre dans une mine de charbon d'Amasra, dans la province voisine de Bartin.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout en affirmant que les éventuels responsables ne seraient pas "épargnés", avait déclaré que ces accidents étaient le fait du "destin".

Les autorités turques ont annoncé fin octobre avoir arrêté 25 personnes, dont le directeur de la mine d'Amasra, détenue l'État. (AFP, 6 nov 2022)


Inflation record en 25 ans en Turquie, à 85,5%

L'inflation poursuit son envol en Turquie où elle a atteint son niveau record en 25 ans, à 85,5% sur un an au mois d'octobre, entretenue par la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation, selon les données officielles publiées jeudi.

Le précédent record annuel d'inflation remonte à 1997 avec une hausse de 85,67% sur l'année.

Jeudi matin, la livre turque restait stable à l'annonce de ces nouveaux chiffres tant la hausse était attendue: la monnaie nationale a déjà perdu plus de 28% face au dollar depuis le 1er janvier, après avoir fondu de 44% en 2021.

Selon la Tuik (le bureau officiel des statistiques), les postes les plus impactés, car liés au prix de l'énergie, sont les transports, en hausse de 117% sur les douze derniers mois, l'alimentation (+99%) et le logement (+85%), ce qui rend la vie quotidienne particulièrement difficile pour les Turcs.

Ces chiffres officiels sont cependant contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Nage) qui affirment que la hausse des prix atteint 185% sur l'année - dont 115% depuis le 1er janvier .

Près de la moitié (48%) des salariés perçoivent le salaire minimum, qui s'élève à 5.500 livres turques, soit moins de 300 dollars.

Malgré deux fortes hausses du salaire minimum cette année - +50% en janvier et +30% en juillet -, l'inflation est un sujet brûlant dans le pays à quelques mois de l'élection présidentielle prévue en juin 2023, à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan sera candidat à sa succession.

Or la politique monétaire du président encourage l'inflation.

La Banque centrale a de nouveau abaissé en octobre, pour le troisième mois consécutif, son principal taux directeur de 12% à 10,5%.

A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan affirme que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.

Le chef de l'Etat, qui dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix, promet régulièrement que la Turquie "surmontera" le problème de l'inflation après le Nouvel an.

Mercredi, le président s'est même félicité de la bonne santé de l'économie turque: "Dieu merci, les roues de notre économie tournent. Notre modèle économique, que nous avons résumé comme étant la croissance par l'investissement, l'emploi, la production, l'exportation et l'excédent courant, porte ses fruits". (AFP, 3 nov 2022)


Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Berlin appelle la Turquie à agir de façon "proportionnée" en Syrie et Irak

Le gouvernement allemand a appelé lundi la Turquie à agir de façon "proportionnée", au lendemain d'une série de raids aériens contre des positions kurdes en Syrie et en Irak.

"La Turquie se réfère à son droit d'autodéfense pour agir. Nous demandons à la Turquie d'agir de manière proportionnée, en respectant le droit international", a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères lors d'un point-presse régulier.

"Cela implique notamment que les civils doivent être protégés", a ajouté Christofer Burger, jugeant "extrêmement inquiétantes" les informations sur des frappes turques sur des civils.

La série de raids aériens qui a fait une trentaine de morts dimanche en Syrie a été déclenchée en représailles à l'attentat qui a tué six personnes le 13 novembre à Istanbul, attribué par Ankara aux "terroristes" kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également évoqué lundi le possible lancement d'une "opération terrestre" en Syrie.

"Nous demandons à la Turquie, comme à toutes les autres parties concernées, de ne rien faire qui puisse aggraver la situation déjà tendue dans le nord de la Syrie et de l'Irak", a fait valoir M. Burger, rappelant que Berlin avait "exprimé sa solidarité" avec Ankara après l'attentat d'Istanbul. (AFP, 21 nov 2022)

L'UE "rejette" le statut d'observateur de Chypre-Nord dans une organisation turcique

L'Union européenne a "rejeté" samedi les déclarations de la Turquie sur l'adhésion de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) comme membre observateur de l'Organisation des États turciques (OET), dénonçant "toute action visant à faciliter (...) la reconnaissance internationale de l'entité sécessionniste chypriote turque".

Lors d'un sommet de l'OET à Samarcande, en Ouzbékistan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a "remercié" vendredi les membres de cette organisation d'avoir "accepté la République de Chypre-Nord comme membre observateur", ce qui n'a toutefois pas été confirmé par les autres pays. Cette entité est uniquement reconnue par Ankara.

"Cette décision, en attente de ratification par les membres de l'Organisation, est regrettable et contredit le fait que plusieurs membres de l'Organisation ont exprimé leur soutien ferme au principe de l'intégrité territoriale et à la Charte des Nations unies", a déclaré Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans un communiqué.

"Toute action visant à faciliter ou à aider de quelque manière que ce soit la reconnaissance internationale de l'entité sécessionniste chypriote turque nuit gravement aux efforts visant à créer un environnement propice à la reprise des pourparlers sous les auspices des Nations unies", a-t-il poursuivi, rappelant que l'UE "ne reconnaît que la République de Chypre comme un sujet de droit international, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies".

"L'UE est pleinement attachée à un règlement global du problème chypriote fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale (...) Il n'y a pas d'alternative à cette solution", a-t-il dit.

La RTCN a proclamé son indépendance unilatéralement en 1983, neuf ans après l'invasion du nord de Chypre par l'armée turque, en réaction à un coup d'Etat par des nationalistes chypriotes-grecs. Cette "déclaration de sécession" a été jugée "juridiquement nulle" par le Conseil de sécurité de l'ONU trois jours plus tard.

Chypre reste aujourd'hui divisée, la République de Chypre, membre de l'UE depuis 2004, n'exerçant son autorité que sur la partie sud de l'île. (AFP, 12 nov 2022)

EU extends eastern Mediterranean sanctions on Turkey

The European Council has announced that it has prolonged the sanctions on Türkiye over its hydrocarbon exploration activities in the eastern Mediterranean.

The sanctions will remain in place until November 13, 2023, the council announced yesterday (November 8).

"The European Union will therefore maintain its ability to impose targeted restrictive measures on persons or entities responsible for or involved in unauthorized drilling activities of hydrocarbons in the Eastern Mediterranean," it said.

The sanctions consist of a travel ban to the EU and an asset freeze for persons, and an asset freeze for entities. In addition, EU persons and entities are forbidden from making funds available to those listed.

Currently, two individuals are subject to sanctions.

The activities of Türkiye's drillships led to a dispute with Southern Cyprus and Greece, as well as the EU.

The bloc imposed the sanctions first in October 2019, "reaffirming its full solidarity with Cyprus regarding respect for its sovereignty and sovereign rights." ((BIA, 11 November 2022)


German deputy demands investigation into Turkey's chemical warfare allegations

A German member of parliament applied to an international body demanding an investigation into the chemical warfare accusations against Turkish armed forces in their fight with the PKK militants in the Kurdistan Region of Iraq (KRI), Mezopotamya Agency reported.

German Die Linke deputy Gokay Akbulut, said she wrote a letter  to the OPCW (Organization for the Prohibition of Chemical Weapons) to demand that allegations of Turkey’s usage of chemical weapons be investigated, referring to the video posts on social media showing the alleged effects of those weapons on PKK (Kurdistan Workers Party) militants and a report by the International Association of Doctors Against the Atomic War (IPPNW.)

"We demand that delegations be sent to the region and that research be carried out independently," Akbulut said in an interview with Mezopotamya, adding that she sent the letter to evoke action from Germany, the UN and the OPCW.

Akbulut said her party planned to meet with OPCW's German Representative Thomas Schieb next week, as well as SPD (Social Democratic Party of Germany) and Green Party over the chemical attack allegations.

"War crimes are being committed systematically against the Kurds. An investigation needs to be made. On the one hand, the German government demands investigations into Russia's war crimes, but unfortunately it is silent about Turkey's war crimes," she said.

According to Akbulut, the OPCW has been ineffective because this organization only investigates attacks against national armies.

“We do not accept the quietism of the EU, the German government and the UN. As the Left Party, we will support the protests across Germany in the near future,” she said.

After videos posted on social media showing PKK militants who allegedly suffered from attacks with chemical weapons, many rights groups from in and out of Turkey called on international institutions to investigate the allegations concerning the use of chemical weapons by the Turkish military in the Kurdistan Region of Iraq (KRI).

But Turkish authorities denied allegations and started an oppression campaign against those who demand independent investigation over the matter.

Renowned forensic science expert Sebnem Korur Fincanci has already been jailed and another lawyer was detained over their remarks about the chemical attack allegations. (gerceknews.com, 4 November 2022)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Otan: la Turquie convoque l'ambassadeur de Suède

L'ambassadeur de Suède à Ankara a été convoqué lundi au ministère turc des Affaires étrangères pour protester contre la projection par des militants kurdes d'images sur la façade de l'ambassade de Turquie à Stockholm, a indiqué une source diplomatique turque.

"Nous avons fait part à l'ambassadeur de Suède de notre condamnation de la projection par des groupes en lien avec le PKK d'images de propagande terroriste et insultantes envers notre président (...) sur le bâtiment de notre ambassade à Stockholm", a détaillé cette source, sous couvert d'anonymat.

Cette réaction turque fait suite à la publication lundi sur Twitter d'une vidéo par le Comité suédois pour le Rojava, qui affiche son soutien aux Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, considérée comme une organisation terroriste par Ankara.

Cette vidéo, non datée, montre des images projetées sur la façade de l'ambassade turque à Stockholm qui dénoncent des liens supposés entre Ankara et le groupe Etat islamique ainsi que l'emploi - également supposé - d'armes chimiques par l'armée turque contre les combattants kurdes.

Ankara a demandé que "les auteurs de ces actes soient identifiés et que les mesures nécessaires soient prises", selon la source diplomatique turque.

La Turquie accuse la Suède et la Finlande,candidates à l'Otan, de mansuétude envers le Parti des travailleurs kurdes (PKK) et ses alliés comme les YPG.

Ankara bloque depuis mai l'entrée des deux pays nordiques dans l'Alliance atlantique, et a signé avec eux un mémorandum d'accord en juin liant leur adhésion à leur lutte contre les mouvements kurdes et leurs partisans sur leur sol.

En visite début novembre à Ankara, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a promis de répondre aux inquiétudes exprimées par la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme, afin de lever tout obstacle à son entrée dans l'Otan.

La convocation de l'ambassadeur de Suède survient alors qu'Ankara a menacé lundi de lancer une opération terrestre en Syrie, après une série de raids aériens contre des positions kurdes en Syrie et en Irak et des tirs de roquettes sur le sol turc. (AFP, 21 nov 2022)

Otan: la Suède amende sa constitution pour durcir ses lois antiterroristes

Le Parlement suédois a voté mercredi un changement de la Constitution permettant à la Suède de durcir sa lutte antiterroriste, un point exigé par la Turquie pour autoriser le pays à entrer dans l'Otan.

Adopté par 278 voix pour sur 349 sièges, cet amendement constitutionnel rend possible de limiter le principe de liberté d'association "quand un groupe se réclame du ou soutient le terrorisme".

Seul le parti de Gauche, dans l'opposition, a voté contre.

Selon des experts, cet amendement, dont l'entrée en vigueur est prévue pour janvier, devrait notamment permettre de mener plus facilement des poursuites contre les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé sur la liste des organisations terroristes entre autres par la Suède et l'Union européenne.

Ce changement constitutionnel, qui devait être approuvé par deux parlements différents séparés par des élections législatives, avait été amorcé par la précédente majorité suédoise sociale-démocrate.

Cette dernière avait également adopté un premier durcissement des lois antiterroristes en vigueur depuis le 1er juillet.

Depuis l'annonce de la candidature commune de la Suède et de la Finlande à l'Otan en mai, la Turquie freine l'adhésion des deux pays nordiques dans l'Alliance atlantique.

Ankara accuse notamment les deux pays, et en premier lieu la Suède, de servir de refuge à des militants proches du PKK mais aussi des Unités de protection du peuple (YPG) actives en Syrie, que la Turquie considère toutes deux comme terroristes.

Par défense de la liberté d'association, la Suède a longtemps eu une législation libérale en matière d'antiterrorisme, empêchant par exemple jusqu'à récemment des inculpations pour simple appartenance à un groupe considéré comme ayant une entreprise terroriste.

Lors d'une visite à Ankara la semaine dernière, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a promis de répondre aux inquiétudes exprimées par la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme, afin de lever tout obstacle à l'adhésion de la Suède à l'Otan.

Il a décrit ce changement constitutionnel comme "un grand pas".

"La Suède va faire de grands pas d'ici la fin de l'année et au début de l'année prochaine qui donneront aux autorités légales suédoises plus de muscles pour combattre le terrorisme" a-t-il déclaré à la presse aux côtés du président turc Recep Tayyip Erdogan. (AFP, 16 nov 2022)


Le patron de la CIA parle nucléaire et prisonniers avec son homologue russe en Turquie

Dans un rare face-à-face, les patrons des services de renseignement américain et russe se sont rencontrés lundi en Turquie, Washington réitérant sa mise en garde à Moscou contre tout recours à l'arme nucléaire dans sa guerre en Ukraine et évoquant le sort de ses ressortissants détenus en Russie.

William Burns, chef de la CIA et ancien ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, devait transmettre à son homologue russe Sergueï Narychkine un message avertissant "des conséquences de l'emploi d'armes nucléaires par la Russie et des risques d'escalade pour la stabilité stratégique", a indiqué un porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche.

M. Burns "ne conduit pas des négociations de quelque sorte que ce soit" ni "ne discute d'un règlement de la guerre en Ukraine", a-t-on tenu à préciser de même source, en ajoutant que les Ukrainiens avaient été préalablement informés de la rencontre.

Le haut responsable devait aussi évoquer avec son homologue russe le cas de ressortissants américains "injustement" détenus en Russie, a poursuivi la Maison Blanche, faisant notamment allusion à la championne de basket Brittney Griner et un ancien militaire, Paul Whelan.

"Nous confirmons que des pourparlers russo-américains se tiennent aujourd'hui à Ankara", a déclaré de son côté lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes, en soulignant qu'il s'agissait d'une "initiative de la partie américaine".

Il s'est refusé à donner tout détail sur le contenu des discussions.

La présidence turque a confirmé pour sa part que "la Turquie avait accueilli une réunion entre les chefs des services du renseignement américain et russe plus tôt aujourd'hui".

La rencontre à Ankara intervient à un moment clé dans la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, après le retrait la semaine dernière des forces russes de la ville de Kherson.

- "Offre" d'échange de prisonniers -

Le président russe Vladimir Poutine a suscité l'inquiétude de la communauté internationale lorsqu'il a fait une allusion à la bombe atomique dans un discours télévisé le 21 septembre, se disant prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal face à l'Occident.

Depuis, les Etats-Unis et leurs alliés se sont employés, publiquement et en privé, à mettre en garde la Russie, y compris lors d'un échange téléphonique entre le ministre américain de la Défense Lloyd Austin et son homologue russe Sergueï Choïgou.

En dépit de la guerre, des responsables américains insistent sur le fait que les Etats-Unis et la Russie ont maintenu depuis le début de l'offensive russe le 24 février des "canaux de communication", notamment via l'ambassade américaine à Moscou, pour faire passer des messages ou concernant leurs relations bilatérales.

Le président américain Joe Biden a dit espérer mercredi dernier que le président russe soit davantage disposé à discuter d'un échange de prisonniers avec les Etats-Unis.

"Mon espoir c'est que maintenant que l'élection est finie, M. Poutine pourra discuter avec nous et sera disposé à parler plus sérieusement d'un échange de prisonniers", a dit le président américain lors d'une conférence de presse au lendemain des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

La star du basket féminin Brittney Griner, arrêtée en février dans un aéroport de Moscou en possession d'une vapoteuse contenant du liquide à base de cannabis, a été condamnée à neuf ans de prison pour "trafic de drogues" et récemment transférée vers une colonie pénitentiaire non identifiée.

Washington a indiqué à plusieurs reprises avoir soumis à la Russie une "offre significative" pour la libération de la sportive et de l'ancien militaire Paul Whelan, restée sans réponse jusqu'à présent.

Selon des sources diplomatiques russes, un possible échange de prisonniers pourrait concerner Brittney Griner et un trafiquant d'armes russe détenu aux Etats-Unis, Viktor Bout, qui purge une peine de 25 ans de prison aux Etats-Unis.

Russes et Américains se sont entendus par le passé sur plusieurs échanges de prisonniers. (AFP, 14 nov 2022)


La Turquie "rejette" les condoléances de Washington "qui soutient les terroristes"

La Turquie "rejette" les condoléances des Etats-Unis qui "soutiennent les terroristes" kurdes de Kobané, a indiqué lundi le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu, au lendemain d'un attentat qui a fait six morts à Istanbul.

"Nous n'acceptons pas, nous rejetons, les condoléances de l'ambassade des Etats-Unis. Notre alliance avec un Etat qui entretient Kobané et des poches de terreur (...) doit être débattue", a déclaré M. Soylu, qui accuse les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et certains de leurs alliés, soutenus par les Américains, d'avoir perpétré l'attentat d'Istanbul.

"Le responsable est celui qui fournit des renseignements internes au PKK. Il n'est pas nécessaire de discuter les pions", a ajouté le ministre.

Plus tôt dans la matinée, la police turque avait annoncé que la jeune femme interpellée et accusée d'avoir posé la bombe était de nationalité syrienne.

Selon la police, elle a reconnu les faits et avoir agi "sur ordre du PKK", ainsi qu'avoir reçu des directives en ce sens à Kobané, dans le nord-est de la Syrie.

Elle serait entrée clandestinement en Turquie en passant par Afrine, localité du nord-est syrien contrôlée par des soldats turcs et leurs supplétifs syriens.

Ankara accuse régulièrement les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux de protéger les combattants kurdes du PKK et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara.

La ville de Kobané est restée célèbre pour la bataille qui, en 2015, a permis aux forces kurdes soutenues par la coalition occidentale de repousser le groupe jihadiste Etat islamique.

Elle est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les YPG - alliées au PKK - sont une composante majeure. (AFP, 14 nov 2022)

Adhésion à l'Otan: le chef de la diplomatie suédoise prochainement à Ankara

Le chef de la diplomatie suédoise Tobias Billström a annoncé jeudi à Berlin qu'il se rendrait prochainement à Ankara pour y plaider en faveur de l'adhésion de la Suède à l'Otan.

"La Suède travaille avec diligence à une entrée rapide et sans heurts dans l'Otan", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemande Annalena Baerbock.

"Je pense que les discussions se poursuivent de manière très positive", a-t-il assuré, précisant que "la Suède préparait sa propre ratification qui conclura le protocole d'adhésion et confirmera que la Suède est un allié de l'Otan".

Lors d'une visite à Ankara le 8 novembre, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a promis de répondre aux inquiétudes exprimées par la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme, afin de lever tout obstacle à son entrée dans l'Otan.

Suite à ces engagements, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé une nouvelle réunion "à la fin du mois" à Stockholm, disant espérer "une conclusion plus positive".

"Personnellement, je pense que la visite du Premier ministre suédois à Ankara a montré qu'il y a encore beaucoup de place pour le dialogue, un dialogue qui est maintenant en cours et qui doit être mené à tous les niveaux", a déclaré M. Billström.

"Je me rendrai prochainement à Ankara, cet automne" pour poursuivre le dialogue, a-t-il indiqué.

 Le chef de l'Etat turc bloque depuis mai l'élargissement de l'Alliance atlantique à la Suède et à la Finlande, accusant les deux pays nordiques de protéger notamment des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara.

Pour répondre aux inquiétudes d'Ankara, le Parlement suédois va voter la semaine prochaine pour changer la constitution afin de durcir sa lutte antiterroriste.

Selon des experts, ce durcissement devrait notamment permettre de mener plus facilement des poursuites contre des membres du PKK kurde. (AFP, 10 nov 2022)

Otan: le Premier ministre suédois donne des gages à Ankara

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a promis mardi à Ankara de répondre aux inquiétudes exprimées par la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme, afin de lever tout obstacle à son entrée dans l'Otan.

Pour faire suite à ces engagements, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé une nouvelle réunion "à la fin du mois" à Stockholm, disant espérer "une conclusion plus positive".

"Nous souhaitons sincèrement que l'adhésion de la Suède à l'Otan se concrétise", a déclaré le président à l'issue de ce premier entretien avec M. Kristersson, soulignant toutefois que la Suède doit "sout[enir] nos préoccupations propres en matière de sécurité".

Le chef de l'Etat turc bloque depuis mai l'élargissement de l'Alliance atlantique à la Suède et à la Finlande, accusant les deux pays nordiques de protéger notamment des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara.

"Nous comprenons la responsabilité qu'une adhésion à l'Otan implique pour nous", a affirmé M. Kristersson devant la presse au côté de M. Erdogan, promettant que son pays "respectera toutes ses obligations face à la Turquie dans la lutte contre la menace terroriste".

La Suède "a déjà fait beaucoup pour mettre en place le mémorandum" d'accord signé à Madrid en juin, a-t-il ajouté, allusion au durcissement prochain des lois antiterroristes en Suède, qui laisse augurer d'un changement d'attitude envers les membres du PKK.

- impatience turque -

Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, avait ouvert la voie la semaine dernière au Premier ministre suédois en se rendant à Istanbul.

"Il est temps d'accueillir la Suède et la Finlande [dans] l'Otan", avait-il lancé, jugeant nécessaire "d'envoyer un message clair à la Russie".

Si la Turquie a salué des progrès dans les discussions depuis la formation le mois dernier du nouveau gouvernement suédois, le président Erdogan avait affirmé vendredi -- pour la troisième fois en un mois -- que son parlement ne ratifierait l'adhésion des deux pays nordiques qu'une fois certaines "mesures" prises.

La Turquie a formulé des demandes d'extraditions précises, avec une liste de noms, dans un mémorandum d'accord signé fin juin entre les trois pays lors du sommet de l'Otan à Madrid.

Ankara a depuis exprimé son impatience, la Suède n'ayant procédé depuis qu'à une seule extradition pour "fraude".

M. Erdogan a également insisté mardi auprès de M. Kristersson sur l'extradition des partisans du prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis de longue date, qu'il accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016.

Les autorités turques ont procédé à des centaines de nouvelles arrestations de personnes soupçonnées d'appartenir à la mouvance guléniste ces dernières semaines.

- "la pression va monter" -

Pour certains analystes, les élections présidentielle et législatives en Turquie, prévues en juin 2023, risquent toutefois de retarder le processus.

"La partie turque ratifiera l'adhésion quand elle jugera que c'est le meilleur moment. La pression va sans doute monter entre-temps, mais il semble que de nombreux pays de l'Otan considèrent déjà que l'élargissement aura lieu l'année prochaine, voire au second semestre de l'année prochaine", remarque Ilke Toygür, professeure de géopolitique européenne à l'université Carlos III de Madrid.

"En outre, il est largement admis que la Turquie essaie de négocier d'autres choses: il pourrait s'agir des [chasseurs américains] F-16 ou de sa relation globale avec la Russie", ajoute Mme Toygür.

"Erdogan considère-t-il qu'il a reçu assez de signes de bonne volonté de la part de la Suède et qu'il est dans son intérêt politique et militaire de déclarer victoire? Ou est-ce qu'il préfère garder une rhétorique pour servir sa campagne électorale?", s'interroge sous couvert d'anonymat une diplomate européenne.

Pour cette fine connaisseuse du dossier, il reste une "chance raisonnable" de voir le parlement turc ratifier l'adhésion à l'Otan des deux pays nordiques avant juin 2023. (AFP, 8 nov 2022)

Adhésion à l'Otan : Erdogan rappelle les «mesures à prendre» par la Suède et la Finlande

La Turquie ne ratifiera l'adhésion à l'Otan de la Suède et la Finlande qu'une fois les mesures nécessaires prises par les deux États, a affirmé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une rencontre avec le patron de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg.

«Le président Erdogan a souligné que le rythme et le moment du processus de ratification (...) seront déterminés par les mesures que ces pays ont encore à prendre», a indiqué la présidence turque dans un communiqué à l'issue de cette rencontre à Istanbul entièrement fermée à la presse.

Le chef de l'Etat turc, qui doit recevoir mardi à Ankara le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, bloque depuis mai l'entrée de la Suède et la Finlande dans l'Alliance atlantique. La Turquie accuse les deux pays nordiques de protéger notamment des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara.

Pour lever les objections de la Turquie, les trois pays ont signé un mémorandum d'accord en marge du sommet de l'Otan en juin à Madrid, portant notamment sur des demandes d'extraditions exigées par Ankara. Jens Stoltenberg «s'est félicité des mesures significatives et concrètes déjà prises par les deux pays pour mettre en pratique le mémorandum et a souligné que leur adhésion renforcerait l'Otan», a indiqué vendredi soir l'Alliance atlantique dans un communiqué.

Le secrétaire général de l'Otan avait appelé jeudi à Istanbul à accueillir Suède et Finlande dans l'Alliance afin d'«envoyer un message clair à la Russie», au cours d'une conférence de presse commune avec le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu. À ce jour, 28 États membres - sur 30 - de l'Alliance atlantique ont ratifié l'adhésion des deux pays nordiques, qui doit être approuvée à l'unanimité. Outre la Turquie, seule la Hongrie doit encore donner son accord final. (AFP, 4 nov 2022)

Relations régionales / Regional Relations

Pourquoi les Kurdes craignent un rapprochement entre Damas et Ankara

Menacés par une offensive terrestre des forces turques contre leurs régions autonomes, les Kurdes de Syrie redoutent en outre de faire les frais du rapprochement qui se dessine entre Ankara et le régime de Damas.

Les relations sont rompues depuis le début de la guerre en Syrie entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui soutient les groupes rebelles opposés à Damas, et son homologue syrien, Bachar al-Assad.

Mais M. Erdogan, dont l'armée mène depuis dimanche des raids aériens contre les zones kurdes en Syrie et menace de déclencher une offensive terrestre, a jugé "possible" mercredi une rencontre avec le chef de l'Etat syrien.

- Quelles relations entre la Syrie et la Turquie?

Avant le début du conflit en Syrie en 2011, Ankara était un partenaire politique et économique privilégié de Damas et une relation d'amitié liait les président des deux pays.

Mais au début du soulèvement populaire en Syrie, la Turquie a conseillé à son allié d'engager des réformes politiques, avant de l'appeler à "démissionner pour empêcher l'effusion de sang".

En mars 2012, la Turquie a fermé son ambassade à Damas et le président Erdogan a commencé à taxer Bachar al-Assad de "meurtrier" et de "terroriste".

Ankara a alors accueilli les groupes de l'opposition politique syrienne, avant de commencer à soutenir les rebelles armés.

La Turquie a lancé depuis 2016 trois offensives sur le sol syrien contre les forces kurdes, qui lui ont permis de contrôler une bande frontalière. Elle ne s'est heurtée aux forces du régime que lors de sa dernière opération en février 2020, qui visait à arrêter l'avancée de l'armée de Damas dans la province d'Idleb. La Russie était alors intervenue pour calmer le jeu.

- Quels liens entre Damas et les Kurdes syriens?

Depuis le début du conflit en Syrie, les Kurdes ont évité toute confrontation avec le régime de Damas, à l'exception d'escarmouches limitées, et ont maintenu leurs relations avec le pouvoir central.

Les combattants kurdes, qui contrôlent de vastes pans de territoires dans le nord et le nord-est de la Syrie et sont appuyés par Washington, ont institué une administration autonome dans les zones qu'ils contrôlent. Damas refuse cette administration autonome, taxant les Kurdes syriens de "séparatisme".

Plusieurs sessions de pourparlers entre les deux parties n'ont pas abouti, mais les deux camps sont néanmoins parvenus à un accord, via une médiation russe, en vertu duquel l'armée de Damas a déployé des forces limitées dans certaines zones kurdes pour freiner l'avancée turque.

- Des signes de rapprochement syro-turc?

Ankara a infléchi sa position à l'égard de Damas ces derniers mois. En août, le chef de la diplomatie turque a appelé une réconciliation entre le régime syrien et l'opposition. Et mercredi, M. Erdogan a jugé "possible" une entrevue avec le dirigeant syrien, estimant qu'il "n'y avait pas de place pour le ressentiment en politique".

Selon plusieurs analystes, la Russie joue un rôle essentiel dans le processus de rapprochement entre les deux pays voisins qui ont un ennemi commun: les combattants kurdes.

Le chroniqueur proche du gouvernement turc Abdulkadir Selvi a écrit mercredi dans le quotidien Hurriyet que la rencontre Erdogan-Assad pourrait avoir lieu avant les élections turques de juin 2023, et que le président russe Vladimir Poutine en serait l'hôte.

Depuis le lancement dimanche des raids turcs, qui ont fait une vingtaine de tués dans les rangs de l'armée syrienne, Damas s'est contenté d'une faible protestation. Le vice-ministre des Affaires Etrangères, Ayman Soussan, a dénoncé mercredi "les prétextes invoqués par l'occupation turque pour justifier sa politique en Syrie".

"La position de Damas est plus faible que lors des offensives turques précédentes", a déclaré mardi à l'AFP le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, à majorité kurde), Mazloum Abdi, affirmant avoir des informations sur "des contacts entre les deux parties".

- Quelles conséquences pour les Kurdes syriens?

Pour M. Abdi, Ankara veut "éradiquer l'expérience" de l'administration autonome kurde par le biais de son offensive militaire ou d'un "accord" avec Damas.

Pour les forces kurdes syriennes, "une réconciliation sérieuse entre Ankara et Damas serait un désastre", estime l'analyste Aron Lund, membre du groupe de réflexion Century International.

"Elle les priverait de leur principale protection contre Ankara, qui est Damas, soutenu par la Russie, et permettrait à MM. Erdogan et Assad d'agir de concert pour résoudre leurs +problèmes+ kurdes". (AFP, 24 nov 2022)

Manifestations en Iran: tirs à balles réelles dans des régions kurdes

Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles lundi pour réprimer des manifestations dans les régions kurdes de l'ouest de l'Iran, a indiqué le groupe de défense des droits des Kurdes d'Iran Hengaw, basé en Norvège.

Le groupe a fait état de 13 morts en 24 heures dans ces régions mais ce chiffre n'a pu être vérifié dans l'immédiat.

Hengaw a posté des vidéos montrant les forces de l'ordre tirant à balles réelles dans les villes de Piranchahr, Marivan et Javanroud.

Des renforts ont été envoyés ces derniers jours dans les régions kurdes, l'un des foyers du mouvement de contestation déclenché le 16 septembre par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes de porter le voile en public.

Les manifestations s'y sont récemment intensifiées, notamment à l'occasion des funérailles des manifestants tués par les forces de sécurité.

Selon Hengaw, au moins sept personnes ont été tuées à Javanroud, quatre à Piranchahr et deux dans d'autres localités.

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a également posté des images montrant, selon elle, les forces de sécurité tirer à balles réelles à Piranchahr et le chagrin de la mère devant la dépouille d'un adolescent de 16 ans. "Mère, ne pleure pas, nous allons nous venger", chantent en kurde des personnes présentes à ses côtés, d'après l'ONG.

Une autre vidéo postée par Hengaw montre ce qu'elle présente comme des habitants de Javanroud qui tentent de prendre en charge un corps dans une rue en essayant de se protéger des tirs.

D'autres images montrent des forces de sécurité lourdement armées se dirigeant de la ville de Sanandaj à celles de Mahabad et Boukan.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est déclaré sur Twitter "grandement préoccupé par le fait que les autorités iraniennes accentuent la violence contre les manifestants, en particulier à Mahabad".

Les Kurdes représentent l'une des principales minorités ethniques en Iran - environ 10 millions sur 83 millions d'habitants - et adhèrent majoritairement à l'islam sunnite et non au chiisme dominant dans le pays.

Au moins 378 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, selon un dernier bilan diffusé samedi par IHR.

Parmi elles, 255 ont péri lors des protestations liées à la mort de Mahsa Amini et 123 au Sistan-Baloutchistan, une province du sud-est, dont plus de 90 le 30 septembre dans la capitale provinciale Zahedan, lors de manifestations contre le viol d'une adolescente imputé à un policier.

Lundi, un policier a été tué et un autre blessé par des tirs de "malfaiteurs" à bord d'une voiture dans un village de Zahedan, a indiqué à l'agence Fars le général Mohammad Ghanbari, le chef de la police provinciale. Les assaillants ont pris la fuite.

Par ailleurs, les forces iraniennes ont de nouveau bombardé des groupes d'opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d'Irak voisin, tuant un combattant de ces factions dissidentes accusées d'attiser les manifestations en Iran. (AFP, 21 nov 2022)


Première poignée de main entre les présidents Erdogan et al-Sissi au Qatar

Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont échangé dimanche leur première poignée de main en marge de l'ouverture de la Coupe du monde de football, au Qatar, selon la présidence turque.

Un responsable de la présidence turque a confirmé dimanche soir à l'AFP ce "premier contact bilatéral" entre les deux dirigeants, lors de la cérémonie d'ouverture du championnat.

Un cliché, posté sur le site officiel de la présidence, montre les deux dirigeants, en froid depuis l'arrivée au pouvoir de M. Sissi, échangeant une poignée de main en souriant.

La photo figure parmi d'autres montrant les échanges souriants entre M. Erdogan et les chefs d'Etat et de gouvernement présents pour assister aux festivités au Qatar.

Le Caire et Ankara sont en froid depuis l'arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2013, après le renversement du président Mohamed Morsi.

M. Erdogan avait ensuite affirmé que M. Morsi, qui s'était effondré soudainement en plein procès au Caire en juin 2019, "avait été tué".

"Jamais je ne m'entretiendrai avec quelqu'un comme lui", avait-il également asséné quelques mois auparavant, après l'exécution de neuf condamnés à mort en Egypte.

Cependant, lors d'un échange avec la presse turque la semaine dernière, de retour du sommet du G20 en Indonésie, M. Erdogan avait laissé entendre qu'il était prêt à revoir ses relations avec la Syrie et avec l'Egypte.

"Nous pouvons reconsidérer les relations avec des pays avec lesquels nous avons eu des difficultés. Nous pouvons même repartir de zéro, surtout après les élections de juin" avait-il indiqué en réponse à une question, selon l'agence officielle Anadolu.

Le chef de l'Etat a annoncé qu'il serait candidat à sa propre succession lors du scrutin présidentiel prévu en juin 2023.

Au Caire, la présidence égyptienne s'est abstenue de tout commentaire. (AFP, 20 nov 2022)

L'accord sur les céréales ukrainiennes reconduit pour l'hiver

L'accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports d'Ukraine a été reconduit pour les quatre mois d'hiver, levant les inquiétudes sur une possible crise alimentaire mondiale.

L'Initiative sur les céréales en mer Noire expirait vendredi soir à minuit.

Les quatre parties impliquées dans cet accord, la Turquie, l'Ukraine, la Russie et les Nations unies ont confirmé jeudi la poursuite de cette entente, "sans aucun changement" a précisé la diplomatie russe dans un communiqué.

"Suite aux pourparlers quadripartites organisés par la Turquie, l'accord sur le corridor céréalier de la mer Noire a été prolongé de 120 jours à compter du 19 novembre", avait annoncé jeudi le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un message sur Twitter.

M. Erdogan, l'un des artisans de cet accord, a aussi fait valoir "l'importance et le bénéfice" de cet accord "pour l'approvisionnement et la sécurité alimentaire dans le monde, avec près de 500 bateaux et plus de 11 millions de tonnes de céréales et de produits alimentaires" livrés depuis l'été.

Sur Twitter, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rappelé que Kiev avait proposé de "prolonger indéfiniment l'Initiative de la mer Noire". "C'est vital pour la stabilité", a-t-il insisté.

Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a néanmoins "salué" la nouvelle, via un communiqué transmis par le Centre de coordination conjointe (JCC) basé à Istanbul, qui supervise les mouvements de bateaux via le Bosphore.

Selon un haut responsable turc, s'exprimant sous couvert d'anonymat, "l'accord reste en place dans les mêmes termes durant les mois d'hiver" puis de "nouveaux arrangements" pourront être pris à la sortie de la mauvaise saison en Mer Noire.

- engrais russes -

D'intenses tractations sous l'égide de l'Onu étaient menées ces dernières semaines pour assurer la prolongation de l'accord alors que plus de dix millions de tonnes de céréales restent encore bloquées dans les silos d'Ukraine.

Ces céréales sont indispensables pour stabiliser les cours sur les marchés internationaux et pour ravitailler les populations les plus vulnérables aux risques de faim, en particulier en Afrique.

Sur les 11 millions de tonnes exportées à ce jour, environ 40% ont été servies aux pays en développement.

Dans son communiqué, M. Guterres précise par ailleurs que "l'Onu est pleinement engagée à lever les obstacles qui entravent les exportations de produits agricoles et engrais de la Fédération de Russie".

Moscou s'était temporairement désengagé de l'accord et avait exigé sa suspension le mois dernier, après la chute d'un missile en Crimée annexée, avant d'y revenir.
 La Russie "n'a pas formulé de nouvelles exigences", selon un négociateur. Mais elle a insisté ces dernières semaines sur le principe, agréé l'été dernier, de ses propres exportations d'engrais et de produits alimentaires.

Une accord séparé, parallèle à celui sur les céréales ukrainiennes, avait été signé en même temps, le 22 juillet à Istanbul.

La semaine dernière, des négociateurs russes et des Nations unies se sont retrouvés pendant plusieurs heures au siège de l'Onu à Genève.

Les produits agricoles ne tombent pas sous le coup des sanctions à l'égard de la Russie, mais en raison des risques liés au conflit encourus en Mer Noire, les armateurs ne voulaient plus engager leur bateaux faute de trouver à les assurer.

Selon une source au sein des Nations unies, associée aux tractations, il a fallu "travailler dur" pour trouver les moyens de garantir les exportations russes de produits agricoles et d'engrais.

Selon cette source, un cadre a pu être établi "en matière d'assurance, d'accès aux ports, de transactions financières et d'accès au transport maritime", cohérent avec les trois systèmes de sanctions en vigueur, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne.

"Il fallait clarifier ce cadre politique pour que les acteurs du secteur privé soient prêts à se réengager avec la Russie" a expliqué cette source.

L'Onu a d'ailleurs "facilité à titre humanitaire" la livraison de 260.000 tonnes d'engrais russes dont la première cargaison ira au Malawi, l'un des pays d'Afrique australe le plus démuni.

Avec la flambée des prix du gaz, l'Europe a suspendu 70% de sa production de fertilisants. Cette pénurie plus la quasi-absence des engrais russes sur le marché mondial ont provoqué "une hausse des prix de plus de 250% par rapport à leurs niveaux pré-Covid", en 2020, estime l'Onu.

L'accord trouvé a permis d'ouvrir la voie à la poursuite du commerce en Mer Noire. (AFP, 17 nov 2022)

Pétrole russe: la Turquie devient une route détournée vers l'UE, selon un rapport

La Russie engrange moins d'argent avec ses exportations d'énergies fossiles mais la Turquie devient une route détournée pour exporter du pétrole russe vers l'UE, une "faille" dans les sanctions, met en garde un centre de recherche indépendant mercredi.

Cette publication du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), basé en Finlande, intervient alors que l'Ukraine a été visée mardi par d'intenses bombardements russes sur des infrastructures et qu'un missile d'origine inconnue est tombé en Pologne.

"Est-ce que cela serait possible si les Russes n'avaient pas accès à des financements? Tout le monde comprend que non", a souligné Oleg Ustenko, le conseiller économique du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

"Il est ridicule qu'ils reçoivent toujours près de 700 millions (d'euros) par jour de leurs énergies fossiles", a-t-il ajouté par visioconférence lors d'une présentation du rapport à la COP27 en Egypte.

Il a appelé à la mise en place d'un plafonnement du prix des énergies russes et à l'interdiction immédiate de tous les produits raffinés provenant de Russie.

"Cela devrait être interdit tout de suite par l'UE et tous nos alliés comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni mais aussi tous les autres, y compris naturellement la Turquie", a-t-il dit.

Selon le rapport, la Russie a collecté 21 milliards d'euros de ses exportations fossiles en octobre, en baisse de 7% par rapport à septembre et au plus bas depuis le début de l'invasion en Ukraine. Les revenus de tous les produits ont reculé, à l'exception du gaz naturel liquéfié (GNL).

Les revenus tirés des exportations vers l'Union européenne ont pour leur part chuté de 14% à 7,5 milliards.

L'UE a décidé d'un embargo progressif sur ses importations de pétrole et de produits pétroliers, à quelques exceptions prêt. Elle a aussi déjà mis fin à ses achats de charbon mais le gaz russe, dont elle est très dépendante, n'est pour l'instant pas concerné.

Le CREA met toutefois en garde contre une nouvelle route détournée par laquelle le pétrole russe trouve le chemin des pays occidentaux.

"Une nouvelle route pour le pétrole russe vers l'UE émerge via la Turquie, où une quantité croissante de brut russe est raffinée", préviennent les auteurs, dont le travail doit être présenté à la COP27.

La Turquie a en effet augmenté ses importations de brut de Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Et les exportations de produits pétroliers de Turquie vers les ports européens et américains ont bondi de 85% en septembre-octobre comparé à la période juillet-août, indique le rapport.

"Alors que l'UE va bannir les importations de brut de Russie au 5 décembre, cette faille pourrait devenir importante", souligne le CREA.

Le centre de recherche juge ainsi "essentiel" que l'UE et les Etats-Unis mettent en place un embargo plus strict en renonçant aux produits pétroliers issus de raffineries qui acceptent du brut russe.

Lauri Myllyvirta, analyste du CREA, a aussi souligné que la Russie dépend fortement du secteur du transport naval européen pour faire transiter ses énergies fossiles.

"Au moins 50% des exportations se font à bord de bateaux possédés par des sociétés de l'Union européennes ou sont assurés au Royaume-Uni ou en Europe", si bien que les Européens disposent d'un éventuel moyen de pression "énorme", a-t-il remarqué. (AFP, 16 nov 2022)


La Turquie nomme un ambassadeur en Israël après quatre ans de vacance

Turquie a nommé dans la nuit de vendredi à samedi un ambassadeur en Isräel après une absence de quatre ans, dernière étape de la reprise complète des relations diplomatiques entre les deux pays annoncée en août.

Sakir Özkan Torunlar, un diplomate expérimenté qui a été consul général de Turquie à Jérusalem entre 2010 et 2014, a été nommé ambassadeur de Turquie en Israël par décret présidentiel, ont annoncé les médias turcs.

Après plusieurs mois de réchauffement, les deux pays avaient annoncé en août le rétablissement complet de leurs relations diplomatiques et le retour des ambassadeurs.

Israël avait nommé un ambassadeur à Ankara en septembre.

Les relations entre les deux pays s'étaient tendues en 2010 après l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi Marmara, qui tentait d'acheminer de l'aide à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien et contrôlé par les islamistes du Hamas.

En mai 2018, après la mort d'une cinquantaine de Palestiniens tués par l'armée israélienne à Gaza, la Turquie avait rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et renvoyé l'ambassadeur israélien à Ankara ainsi que le consul général israélien à Istanbul. Israël avait riposté en renvoyant le consul général turc à Jérusalem.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs envoyé une lettre de félicitations à Benjamin Netanyahu après sa victoire aux élections législatives israéliennes du 1er novembre, ont annoncé jeudi les services de l'ancien Premier ministre israélien.

M. Erdogan, fervent défenseur de la cause palestinienne, a dans le passé critiqué les politiques israéliennes menées sous les gouvernements de M. Netanyahu (1996-1999 et 2009-2021) envers les Palestiniens. (AFP, 12 nov 2022)

Erdogan vante sa relation de "confiance et solidarité" avec Poutine

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a expliqué jeudi qu'il avait pu convaincre son homologue russe Vladimir Poutine de revenir dans l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes grâce à "la confiance et la solidarité" instaurées entre eux.

"Nous n'aurions pas pu faire ce pas, s'il n'y avait pas eu de confiance entre nous", a affirmé le chef de l'Etat turc en réponse à un journaliste qui lui demandait comment il avait pu convaincre M. Poutine de reprendre sa participation à l'accord, indispensable pour poursuivre les exportations agricoles d'Ukraine.

"La confiance et la respect entre nous nous encouragent à faire ce genre de pas. Ca a marché comme ça jusqu'à présent. La solidarité entre nous, dans des domaines comme l'énergie nucléaire, (...) les initiatives dans l'industrie de défense, nourrissent le respect entre nous", a-t-il fait valoir.

La Turquie fournit des drones de combat à l'Ukraine, mais elle a aussi acquis un système de défense anti-missiles russe S-400 et une centrale nucléaire en cours de construction dans le sud du pays.

Ankara a commencé mardi à payer le gaz russe en roubles, selon le ministre de l'Energie, conformément à un accord passé l'été dernier qui porte sur un quart environ des livraisons.

Membre de l'Otan, la Turquie ne s'est pas associée aux sanctions contre la Russie, tout en affirmant son soutien à l'Ukraine et tente de maintenir une position de médiateur entre Kiev et Moscou.

M. Erdogan a également ordonné le mois dernier à son gouvernement de commencer à travailler sur le "hub gazier" que lui a proposé Vladimir Poutine, pour exporter le gaz russe vers l'Europe.

Les exportations de céréales ukrainiennes via le couloir humanitaire en mer Noire ont repris début novembre à la suite d'un entretien de M. Erdogan avec M. Poutine après quelques jours de suspension de l'accord par la Russie. (AFP, 10 nov 2022)

La Russie retourne à l'accord céréalier, le trafic reprend en mer Noire

La Russie a repris mercredi sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, affirmant avoir reçu des "garanties écrites" de la part de l'Ukraine sur la démilitarisation du couloir maritime utilisé pour leur transport.

Les cours mondiaux des céréales, qui s'étaient envolés en début de semaine, promettant d'aggraver les difficultés d'alimentation dans le monde, ont aussitôt entamé un repli, malgré les doutes sur la tenue de ses engagements par Moscou.

Les Etats-Unis se sont félicités, comme l'ONU, de ce dénouement, et ont salué le rôle de la Turquie, mais ont souligné que l'accord céréalier, initialement signé en juillet pour quatre mois, devait maintenant être reconduit. Ils se sont dits dans le même temps "de plus en plus préoccupés" par l'éventualité d'un recours à l'arme nucléaire par la Russie en Ukraine, après des informations sur des plans d'attaque tactique.

Dans l'immédiat, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est garant de l'accord céréalier, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, a confirmé la reprise à partir de la mi-journée des exportations ukrainiennes en mer Noire via le couloir sécurisé.

"La Russie considère que les garanties reçues jusqu'à présent semblent suffisantes et reprend la mise en oeuvre de l'accord", a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.

Des formulations que s'est empressé de railler le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne sur Telegram. Les demandes de garanties formulées par la Russie alors même que son armée occupe et bombarde l'Ukraine "montrent à la fois l'échec de l'agression russe et à quel point nous sommes forts lorsque nous restons unis", s'est félicité le président ukrainien face caméra, assis à un bureau, s'adressant aux Ukrainiens et aux Ukrainiennes comme tous les soirs depuis fin février.

Moscou avait suspendu samedi sa participation à l'accord céréalier après une attaque menée avec des drones marins contre sa flotte basée dans la rade de Sébastopol, en Crimée annexée.
 L'armée russe a accusé l'Ukraine d'avoir mené cette opération, qui a touché au moins un bâtiment militaire russe, avec l'aide "d'experts britanniques" et en utilisant le couloir maritime réservé aux exportations de céréales.

Il a fallu une série d'appels téléphoniques ces derniers jours entre responsables russes et turcs, notamment mardi entre M. Erdogan et le président Vladimir Poutine, et l'intercession de l'ONU, pour que Moscou révise sa position.

M. Zelensky a indiqué avoir appelé son homologue turc et l'avoir "remercié pour sa participation active à la préservation de +l'accord sur les céréales+".

- Menaces nucléaires -

Vladimir Poutine a en revanche averti que la Russie se réservait le droit de "se retirer" de l'accord "en cas de violation de ces garanties par l'Ukraine".

Les craintes d'une frappe nucléaire russe en Ukraine se faisaient, elles, plus pressantes, les Etats-Unis disant être devenus "au fil des mois" de "plus en plus préoccupés par cette éventualité", selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Ces propos font suite à une information du New York Times selon lequel les généraux russes ont discuté récemment des modalités possibles de frappe nucléaire tactique en Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a jugé mercredi "irresponsable" que les médias occidentaux selon lui "gonflent délibérément le sujet des armes nucléaires".

La veille, l'ex-président russe et actuel numéro 2 du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, avait pourtant une nouvelle fois brandi la menace de l'arme nucléaire, mettant en garde l'Ukraine contre sa volonté de reprendre tous les territoires occupés par la Russie, dont l'armée enchaîne les revers.

- "On s'y est habitué" -

Sur le terrain, les affrontements se poursuivaient mercredi avec des combats surtout dans l'est et des bombardements sur 25 localités au total, selon le commandement militaire ukrainien.

Le gouverneur de la région de Donetsk (est), Pavlo Kyrylenko, a rapporté la mort de 4 civils ces dernières 24 heures.

Celui de Zaporijjia, dans le sud, Oleksand Staroukh, a écrit sur Telegram que l'armée russe attaquait les environs de la ville, proche de la centrale nucléaire du même nom, sans donner de détails.

Le chef de l'administration de Krivyi Rih, dans le sud également, a fait état pour sa part d'attaques russes au drone kamikaze.

Plus au sud encore, sur le front de Kherson, les journalistes de l'AFP ont constaté d'importantes destructions dans le village de Bilozirka, sur lequel les forces russes tirent des salves depuis une zone où elles sont retranchées depuis leur retrait de ce village au mois de mars.

"Au début, on ne pensait qu'au moment où ça allait enfin se terminer. Mais maintenant, cela semble normal. On s'y est habitué", a raconté une jeune habitante, Angelika Boryssenko, âgée de 20 ans.

La Russie avait mené lundi une nouvelle vague de frappes massives sur les infrastructures critiques ukrainiennes, provoquant des coupures de l'approvisionnement en eau et électricité, notamment à Kiev.

L'opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé mercredi de nouvelles restrictions d'électricité, tandis que le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko, a promis de déployer un millier de "points de chauffage" pour les habitants d'ici l'hiver.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes, contraignant le pays à stopper ses exportations vers l'UE, où les prix de l'électricité flambent. (AFP, 2 nov 2022)


Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

A Chypre-Nord, des universités "vendent du rêve" aux étudiants étrangers

"Je pensais venir à Chypre, pas à Chypre-Nord." Plus de 50.000 étudiants étrangers sont inscrits dans des universités de ce petit territoire isolé, reconnu par la seule Turquie, une manne pour l'économie locale mais aussi un piège pour certains qui pensaient avoir mis un pied en Europe.

"C'est à mon arrivée que j'ai compris que je n'étais pas en Europe", raconte à l'AFP un étudiant nigérian sous couvert d'anonymat. "Tout est affiché en livres turques ici."

L'île méditerranéenne de Chypre est divisée depuis l'invasion du nord par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs.

Le Sud, membre de l'Union européenne, est habité par des Chypriotes-grecs, et la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et non reconnue par la communauté internationale, par des Chypriotes-turcs et des colons turcs.

Sous embargo international, coupée du reste de l'île par une ligne de cessez-le-feu contrôlée par l'ONU et bordée de barbelés, Chypre-Nord souffre de la crise économique qui frappe la Turquie et mise sur ses 21 universités reconnues par Ankara pour attirer des étudiants étrangers, exigeant qu'ils paient leur scolarité en euros ou en dollars.

Ce secteur représente "environ 35% du PIB" du territoire, dit à l'AFP le ministre de l'Education Nazim Cavusoglu. "Plus que le tourisme."

 En 2021-2022, sur les 108.588 étudiants inscrits dans les universités du Nord, 51.280 étaient étrangers et en majorité africains. Ils venaient notamment du Nigeria (17.406), de la République démocratique du Congo (3.177), du Cameroun (2.693) et du Pakistan (2.432).

- "Une ruse" -

Pour attirer ces étudiants, les universités font appel à des agents qui s'activent notamment sur les réseaux sociaux, contre des commissions allant de 300 à 1.000 euros par nouvelle recrue.

Mais selon des ONG locales et internationales, beaucoup de ces agents "abusent" les étudiants en omettant de mentionner que l'île est divisée.

Rictus Franck Ngongang, un étudiant en gestion camerounais de 28 ans, se souvient du "choc" vécu dès son arrivée à Chypre-Nord en 2019: "J'ai payé mon agent 300 euros pour une chambre, mais je me suis retrouvé avec 10 autres étudiants dans un appartement de deux chambres."

"Ils nous vendent du rêve", lâche-t-il.

Constatant qu'il n'est pas seul à avoir été trompé, il lance en 2022 une association pour "guider" les étudiants.

Ces derniers arrivent sur l'île via la Turquie, attirés par la rapidité des démarches et l'absence de visa dans la plupart des cas. Rictus Franck Ngongang confie avoir été séduit par "la magie" de ce scénario.

L'autre attrait, ce sont les promesses de "bourses" supposées couvrir jusqu'à 75% des frais de scolarité. Mais "ce n'est qu'une ruse", de l'aveu d'un responsable universitaire à Chypre-Nord ayant requis l'anonymat, qui admet des rabais fictifs.

Salih Sarpten, chercheur spécialisé en éducation à Chypre-Nord, regrette que "les universités ne cherchent que les profits" au détriment de la qualité de l'enseignement. "Les étudiants sont devenus des clients", assure-t-il.

Il dénonce également l'arrivée sur l'île d'étudiants "en quête d'un raccourci vers l'Europe".

Selon M. Cavusoglu, chaque année, entre 10.000 et 15.000 étrangers abandonnent leurs études ou ne mettent jamais un pied sur les campus.

Dans une ruelle étroite dans la partie nord de la vieille ville de Nicosie, dernière capitale divisée d'Europe, une bâtisse ottomane abrite l'American University of Cyprus (AUC), fondée en 2015 et qui, contrairement à ce qu'indique son nom, n'a pas d'accréditation américaine.

A l'intérieur, une dizaine d'étudiants africains apprennent le turc, alors que l'appel à la prière résonne d'une mosquée voisine.

Sur les 400 étudiants inscrits cette année, 200 sont étrangers, mais 100 sont "inactifs", explique Hazan Sherifli, une responsable de l'AUC.

- Risque de trafic humain -

"Certains étudiants font face à des difficultés financières, les opportunités de travail étant quasi-inexistantes, et finissent par tomber entre les mains de criminels", met en garde un rapport du Centre pour la migration et les droits humains, une ONG chypriote turque.

"Cette situation ouvre la porte au trafic humain", poursuit le document, affirmant que des dizaines d'étudiantes ont été "forcées à se prostituer".

"On vit dans la peur tous les jours", confie l'étudiant nigérian, qui craint d'être identifié et expulsé, son permis de séjour ayant expiré faute de fonds pour payer sa scolarité.

Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des passeurs se font passer pour des agents universitaires à Chypre-Nord, "offrant leurs services aux potentiels demandeurs d'asile". Deux tiers des migrants clandestins dans le Sud sont venus du Nord, toujours selon le HCR.

Chypre détient le ratio le plus important de l'Union européenne de demandeurs d'asile comparé à sa population. Entre janvier et septembre, 16.705 migrants, dont 2.522 Nigérians, y avaient demandé l'asile, affirme le HCR. Un record.

Face à cette situation, le Nigeria a récemment mis en garde sa population contre "les éléments sans scrupules qui se présentent comme agents et promettent de nouveaux horizons" à Chypre-Nord.

Assis dans son bureau sous un portrait d'Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, M. Cavusoglu assure qu'une "nouvelle loi pour responsabiliser les agents sera présentée l'année prochaine au Parlement", prévoyant des sanctions en cas d'abus.

Pour Ibraham Isaac, un agent nigérian, le secteur doit certes être réglementé, mais "si les étudiants n'ont pas les moyens de venir, je leur dis honnêtement, ne venez pas".

Rictus Franck Ngongang quant à lui rêve de rentrer un jour au Cameroun, espérant développer un programme d'échanges universitaires africain, à l'image du programme européen Erasmus.

"Nous sommes des étudiants, pas des demandeurs d'asile", dit-il. "L'Europe ne doit plus être une destination coûte que coûte." (AFP, 23 nov 2022)

Chypre-Nord nouveau membre observateur de l'Organisation des Etats turciques

La République turque de Chypre-Nord (RTCN) autoproclamée va rejoindre l'Organisation des États turciques (OET) en tant que membre observateur, a annoncé vendredi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.

"La République turque de Chypre du Nord a été acceptée comme membre observateur de l'Organisation des États turciques. Nous serons toujours et partout à vos côtés #RTCN", a tweeté le chef de la diplomatie turque.

La RTCN est à ce jour reconnue uniquement par Ankara.

Fondée en 2009 et autrefois appelée "Conseil turcique" avant d'être renommée en 2021, l'OET est réunie en sommet vendredi à Samarcande, en Ouzbékistan.

L'organisation regroupe, outre la Turquie, quatre ex-républiques soviétiques du Caucase (Azerbaïdjan) et d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan et Ouzbékistan), ainsi que deux pays observateurs: le Turkménistan --autre pays ex-soviétique d'Asie centrale-- et la Hongrie.

L'OET est vue par la Turquie comme un outil qui pourrait lui permettre d'accroître son influence en Asie centrale, région dominée depuis des décennies par Moscou qui, même après la chute de l'Union soviétique, a conservé sa mainmise à travers des alliances militaires et économiques. (AFP, 11 nov 2022)

Athènes dénonce la "détention" quelques heures d'un gouverneur grec en Turquie

Athènes a annoncé samedi avoir officiellement protesté auprès de la Turquie après que le gouverneur d'une région grecque en visite dans ce pays y a été "détenu" quelques heures.

"Nous condamnons sans équivoque la détention et le refus d'entrée inacceptables et totalement abusifs infligés par les autorités turques à Izmir aujourd'hui au gouverneur de la Macédoine centrale", a déclaré dans un communiqué le ministère grec des Affaires étrangères.

"Nous attendons des autorités turques compétentes qu'elles fournissent immédiatement des explications et les appelons à prendre les mesures nécessaires pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent plus à l'avenir", a-t-il ajouté.

Le gouverneur de la Macédoine centrale, Apostolos Tzitzikostas, se rendait à Izmir pour une réunion de l'Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne.

D'après les informations disponibles à Athènes, il s'est vu refuser à l'arrivée au port de cette ville l'entrée sur le territoire turc et a attendu dans un bureau pendant six heures.

La Grèce et la Turquie se livrent depuis des mois une guerre verbale, qui va en s'intensifiant, sur leurs différends régionaux, la question de l'immigration et l'exploitation des ressources gazières de la Méditerranée orientale.

La querelle a été exacerbée par les déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan et d'autres hauts responsables qui ont mis en doute les traités délimitant le territoire grec dans la mer Égée. (AFP, 5 nov 2022)


Naufrages de migrants en Grèce: le bilan s'alourdit, au moins 21 morts

Le bilan de deux naufrages meurtriers au large des îles de Samos et d'Eubée en mer Egée s'est alourdi mercredi à 21 morts tandis que des dizaines de personnes sont présumées portées disparues, selon les gardes-côtes.

Après avoir découvert treize corps jeudi en fin matinée au large d'Eubée, les patrouilleurs des garde-côtes ont annoncé quelques heures plus tard avoir retrouvé sept nouveaux corps au large d'Eubée, près d'Athènes, où un voilier s'était retourné mardi matin pris par de forts vents de 50km/heure.

Le nombre de rescapés de ce naufrage qui a fait jusqu'ici vingt morts, s'élève à douze hommes, qui ont été transférées sains et saufs par les patrouilleurs grecs à Karystos, ville dans le sud d'Eubée.

Selon leurs déclarations 68 personnes se trouvaient à bord de ce voilier qui avait appareillé des côtes occidentales turques.

Par ailleurs, le naufrage d'un bateau gonflable au large de l'île de Samos dans l'Est de l'Egée lundi soir a fait jusqu'ici un mort et sept présumés portés disparus selon les déclarations des cinq rescapés, ont indiqué les garde-côtes.

C'est un patrouilleur des garde-côtes turques naviguant dans la zone, qui avait repêché ce corps en entrant illégalement "dans les eaux grecques", selon la police portuaire grecque.

Les autorités grecques ont protesté mardi contre la présence du patrouilleur turc qui a "voulu provoquer un incident" en Egée, théâtre de tensions récurrentes entre les deux voisins, Athènes et Ankara, a indiqué mardi Yannis Plakiotakis, ministre de la Marine marchande.

Les recherches pour retrouver les dizaines de personnes présumées portées disparues dans ces deux naufrages se poursuivaient mercredi après-midi, ont indiqué les garde-côtes grecs.
 Ces nouveaux drames interviennent moins d'un mois après un naufrage meurtrier en mer Egée. Le 11 octobre, au moins trente personnes sont mortes dans deux naufrages au large des îles de Lesbos et de Cythère.

Selon des données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) 299 personnes ont péri ou sont portées disparues en Méditerranée orientale depuis le début de 2022 jusqu'ici contre 111 au total l'année dernière.

La Grèce, l'Italie et l'Espagne comptent parmi les principaux pays d'arrivée pour les migrants venus d'Afrique et du Proche-Orient désireux de gagner l'Union européenne.
 Au cours des neuf premiers mois de cette année, la Grèce a connu une augmentation de 80% du nombre d'arrivées de migrants venant de la Turquie voisine par rapport à la même période en 2021, selon les données officielles.

Les garde-côtes grecs ont fait état du sauvetage d'environ 1.500 personnes contre moins de 600 l'année dernière, selon les données officielles.

Le ministre grec des Migrations et de l'Asile, Notis Mitarakis, a de nouveau renvoyé mardi la responsabilité de ces naufrages sur la Turquie qui laisse "les passeurs turcs profiter des eaux internationales en mer Egée pour envoyer les migrants et réfugiés en Italie". (AFP, 2 nov 2022)


Immigration / Migration


Germany introduces dual citizenship reform

The coalition government in Germany formed by the Social Democratic Party (SPD), the Free Democratic Party (FDP) and the Greens is preparing to undertake a comprehensive reform of the citizenship law to facilitate the transition to German citizenship and remove the barrier to dual citizenship, Deutsche Welle Turkish reported. Preparations for the new law are expected to be completed before the end of the year.

With the amendment of the citizenship law, people who have resided five years in Germany will be able to apply for citizenship. Currently they have to wait for five years.

Immigrants who have "special success" in social and economical adaption to Germany will be able to become naturalized at "turbo speed", that is, in three years.

One of the most important changes that the reform will bring, especially for Turkish citizens, is the right to dual citizenship. Anyone who will acquire German citizenship after the reform will not be required to renounce the citizenship of the country of origin.

The naturalization of the first generation immigrants who came to Germany since the 1960s will also be facilitated with lowering the German language level required.

According to Hakan Demir, an SPD deputy and a member of the Federal Parliament's Internal Affairs Committee, the amendment to the citizenship law constitutes one of the most important reforms of the coalition government.

Demir reminded that the right to secure residence, diplomatic protection abroad, transferring citizenship to their own children and especially the right to vote depend on citizenship, and said that "Citizenship is the most important way to live in a country on truly equal terms."

Germany's current regulations on naturalization have been criticized for years, especially by Turks, who constitute the largest immigrant group in the country.

German authorities can also exercise their discretion. They can exceptionally grant dual citizenship to those who are at risk of being economically disadvantaged, or in special cases such as professional reasons.

In 2021, about 70 percent of immigrants who acquired German citizenship were those who did not have to renounce the citizenship of their country of origin. In addition, 99.2 percent of US citizens who became German citizens and 95.2 percent of Canadian citizens were granted dual citizenship.

On the other hand, the percentage of Turks who demanded the right to dual citizenship and whose demands were accepted was limited to only 9.8 percent.

The SPD, the Free Democratic Party and the Greens promised to reform the citizenship law when signing the coalition government contract last year.

However, the main opposition Christian Unity Parties (CDU/CSU) are objecting to the government's reform of German citizenship law.

The CDU/CSU had in the past turned down requests for dual citizenship and blocked attempts to change the law. In fact, in 1998-1999, they organized a campaign "Yes to integration, no to dual citizenship" and prevented the reform step of the citizenship law of the coalition government consisting of the SPD and the Greens.

But the ruling parties are confident that a sufficient majority will be obtained for the amendment to be passed in the federal parliament this time.

It is also considered that the current regulation does not fall within the scope of a draft law subject to the approval of the Federal Council, even if it does, a possible objection may be rejected by the Bundestag, and the regulations may thus enter into force. (Gerçek News, 22 November 2022)

En Grèce, des ONG d'aide aux réfugiés confrontées à une hostilité croissante

Les ONG d'aide aux réfugiés en Grèce, qui dénoncent les refoulements illégaux vers la Turquie, font face à une hostilité croissante depuis des mois au point que certaines ont fini par jeter l'éponge.

"La majorité des ONG qui étaient en activité entre 2015 et 2019 sont parties d'elles-mêmes" de Grèce, s'est félicité cette semaine le ministre des Migrations, Notis Mitarachi, insistant sur le fait que "certaines (...) font l'objet de poursuites pénales pour avoir facilité l'entrée illégale de migrants".

Du côté des organisations qui apportent soins, orientations et conseils aux migrants, le cri d'alarme est venu récemment de 16 d'entre elles lassées justement d'être la cible des attaques répétées du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis et de certains médias pro-gouvernementaux.

"Les autorités grecques se livrent à une chasse aux sorcières qui vise les réfugiés, mais aussi leurs défenseurs", ont dénoncé notamment Refugee Support Aegean, le Conseil grec pour les réfugiés (GCR) ou la Ligue grecque des droits humains, dans un communiqué commun.

Athènes est régulièrement accusée d'enfreindre le droit international en refoulant vers la Turquie des personnes qui souhaitent déposer une demande d'asile dans l'Union européenne.

Malgré les enquêtes minutieuses de médias et d'ONG et les nombreux témoignages de victimes, les autorités grecques ont toujours nié avoir recours à de telles pratiques.

La ministre adjointe aux Migrations Sofia Voultepsi avait lancé en septembre qu'"en tant que Grecque, elle ne compte pas travailler avec des ONG qui portent atteinte à l'intérêt national" en dénonçant ces renvois illégaux.

- Mur -

Dans l'Evros, région pauvre du nord du pays, le mur de 40 km, qui marque la frontière avec la Turquie, doit être prolongé de 80 km et 250 garde-frontières supplémentaires vont être déployés d'ici la fin de l'année.

Mais au niveau du fleuve Evros proprement dit, des réfugiés continuent de se frayer un chemin vers l'Europe. Pour les secourir, les humanitaires ne peuvent que rarement avoir accès à cette zone militarisée, quadrillée par les patrouilles de police, les soldats grecs et les contingents de l'agence européenne de surveillance aux frontières Frontex.

En juillet, dans l'Evros, ce sont deux avocats qui ont été arrêtés alors qu'ils essayaient de déposer des demandes d'asile pour deux Irakiens et cinq Turcs.

Actuellement, une cinquantaine d'humanitaires sont poursuivis en justice, ce qui fait de la Grèce avec l'Italie un des pays à la pointe de la criminalisation de l'aide aux migrants.

Début octobre, l'ONG Josoor présente dans la région frontalière a fermé. Elle faisait l'objet de trois poursuites judiciaires qui n'ont pas donné lieu à des condamnations mais qui ont fini par rendre leur travail impossible. L'organisation a notamment justifié sa décision par "l'érosion de l'État de droit en Europe".

Human Rights 360 n'a plus non plus d'activité de surveillance des violations des droits humains aux frontières.

"Cinq à 10 personnes en Grèce aidaient les victimes de +pushbacks+ (renvoi illégal de migrants NDLR) dans la région de l'Evros, nous sommes de moins en moins..." se désole l'avocate Evgenia Kouniaki, qui a quitté l'ONG après de nombreuses pressions.

Durant l'été, cette organisation a été prise dans une tempête quand 38 exilés syriens se sont retrouvés bloqués pendant plusieurs jours sur un îlot de l'Evros.

Les réfugiés affirment qu'une fillette de 5 ans est morte des suites d'une piqûre de scorpion. Mais Athènes émet de sérieux doutes sur la mort de cette enfant et tente depuis de discréditer les humanitaires venus leur porter secours.

- Diffamer -

La rhétorique contre les ONG est devenue "toxique" à partir de février 2020 lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il laisserait passer tous les exilés désireux de se rendre dans l'Union européenne, soutient Lefteris Papagiannakis, directeur du GCR.

"Athènes accuse Ankara d'instrumentaliser les réfugiés et de s'en servir pour déstabiliser la Grèce. Du coup, les ONG qui prennent leur défense sont décrites dans le discours public comme des agents de la Turquie", poursuit-t-il.

Les humanitaires "sont la cible de commentaires hostiles, y compris de la part d'acteurs clés du gouvernement", s'était déjà inquiétée Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains, en juin. (AFP, 20 nov 2022)

Cinq Afghans retrouvés morts poignardés à Ankara

Cinq Afghans ont été retrouvés morts poignardés jeudi dans un appartement à Ankara, la capitale turque, ont rapporté les médias turcs.

Selon la chaîne de télévision étatique turque TRT, les corps sans vie gisaient depuis plusieurs jours à l'intérieur du logement, situé dans le district d'Altindag, au nord-est d'Ankara.

Aucune piste n'a pour l'heure été avancée par les enquêteurs.

Des images diffusées par les médias turcs montraient des policiers et des techniciens de la police scientifique dans l'entrée et à l'extérieur d'un immeuble de plusieurs étages.

Une équipe de police s'était rendue sur place plus tôt jeudi après avoir été alertée par des proches sans nouvelles.

Quelque 140.000 réfugiés et demandeurs d'asile afghans vivent en Turquie, selon les derniers chiffres du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). (AFP, 10 nov 2022)

9 Syriens, dont huit enfants, tués dans un incendie

Neuf Syriens, dont huit enfants, sont morts dans la nuit de mardi à mercredi à Bursa, grande ville du nord-ouest de la Turquie, après qu'un incendie s'est déclaré dans leur appartement, ont annoncé les autorités locales.

"Il y a neuf corps à l'intérieur. Huit d'entre eux sont ceux d'enfants", a déclaré le gouverneur de la province de Bursa, Yakup Canbolat, cité par l'agence de presse officielle Anadolu.

M. Canbolat a précisé que les neuf victimes étaient syriennes.

Selon les médias turcs, les victimes sont une mère, ses six enfants âgés de 1 à 10 ans et deux neveux de 11 et 12 ans.

Le père, qui regagnait son domicile au moment de l'incendie après avoir assisté à des funérailles à Istanbul, a été intoxiqué par la fumée en tentant de sauver les siens, a rapporté Anadolu.

Le maire de la ville, Alinur Aktas, a précisé dans un tweet que l'incendie, qui s'est déclaré peu avant minuit, avait probablement été causé par un poêle à bois qui se trouvait dans l'appartement où la famille, réfugiée en Turquie depuis 2017, avait élu domicile il y a un mois et demi.

Des photos publiées par M. Aktas montrent un immeuble de trois étages à la façade noircie et cerné de pompiers et secouristes.

Au moins 3,7 millions de réfugiés syriens vivent officiellement en Turquie, arrivés pour la plupart depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. (AFP, 9 nov 2022)


Migrants: un policier bulgare tué à la frontière avec la Turquie

Un policier bulgare, qui patrouillait à la frontière avec la Turquie dans un contexte de forte pression migratoire, a été tué lundi soir par des tirs venus du territoire turc, a annoncé mardi le gouvernement.

L'homme âgé de 30 ans, muni d'une lampe torche, était descendu de son véhicule près du village de Golyam Dervent après avoir remarqué un endroit endommagé de la clôture en barbelés qui couvre la quasi-totalité de la frontière de 259 km.

"Des tirs ont alors fusé et il est mort sur le coup", tué d'une balle dans la tête, a déclaré aux journalistes Petar Todorov, secrétaire général du ministère de l'Intérieur, après une visite sur les lieux.

Un militaire qui accompagnait le policier "a réussi à se mettre à l'abri derrière la voiture", a-t-il précisé.

Selon le récit du soldat, 10 à 15 coups de feu ont été tirés à travers la barrière alors qu'un groupe de migrants et de passeurs prenaient la fuite.

"Il s'agit d'un acte sans précédent, la première attaque à arme à feu depuis des années" contre les forces de l'ordre, a réagi le ministre de l'Intérieur Ivan Demerdjiev.

"Nous avons reçu des garanties des autorités turques que (les coupables) seraient localisés et renvoyés devant la justice", a-t-il dit, ajoutant que les policiers seraient désormais dotés d'armes plus puissantes pour se défendre.

La Commission européenne, qui s'est dite "choquée et attristée", a indiqué mardi qu'Europol, agence de l'UE pour la coopération policière, était "en contact avec les autorités bulgares pour apporter un soutien total à l'enquête", selon une porte-parole de l'exécutif européen.

La Bulgarie avait déjà renforcé les mesures et envoyé des troupes supplémentaires à la frontière après la mort de deux policiers percutés par un autocar transportant des migrants, fin août dans la ville de Bourgas sur la Mer Noire.

Le ministre a fait état d'une pression migratoire qui s'intensifie.

Sur les neuf premiers mois de 2022, environ 12.700 clandestins ont été détenus dans le pays, soit 2,5 fois plus qu'aux neuf mois de 2021, selon les chiffres officiels, avec également une forte hausse du nombre de refoulements. (AFP, 8 nov 2022)

Policier tué à Schaerbeek: L'assaillant criait "Allah Akbar"

Une patrouille de la zone de police Bruxelles-Nord a été attaquée par un individu armé d'un couteau, jeudi soir vers 19h15, rue d'Aerschot à Schaerbeek. D'autres policiers sont venus en renfort et ont tiré sur l'assaillant afin de le maîtriser. Les deux policiers et l'auteur, blessés, ont été emmenés à l'hôpital. L'un des policiers, qui a été touché au cou, est entre-temps décédé des suites de ses blessures.

Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral, a apporté des détails ce matin: "Un homme armé d'un couteau a attaqué un véhicule de police arrêté à un feu rouge. Avec ce couteau, l'individu a porté un coup à la gorge du conducteur. Il s'est ensuite déplacé rapidement côté passager à qui il a port également un coup de couteau.  Ce policier a pu appeler les secours via sa radio en précisant que leur agresseur avait crié 'Allah Akbar'."

Le suspect a été intercepté dans sa fuite et privé de liberté par une seconde patrouille. L'agresseur a été blessé par balle. "Le conducteur de la voiture de police, Thomas.M (29 ans) a été emmené à l'hôpital où il est décédé. Son collègue, Jason.P, (23 ans) a été admis aux urgences. Il a été opéré cette nuit. Ses jours ne semblent plus en danger." (LLB, 11 novembre 2022)

Belgium's largest human trafficking case still troubles workers from Türkiye

In the summer of 2022, the large-scale human trafficking case Belgium ever saw came to light. According to Klaus Vanhoutte, head of Payoke, an NGO fighting against human trafficking, it is possibly the biggest human trafficking case Europe has ever seen.

Some 174 workers said they were victims of human trafficking by the chemical company Borealis. Among the victims are 17 people from Bengal, 52 from Philipinnes, and 105 from Türkiye. By August, 138 of the workers were attributed the stature of being a victim of human trafficking.

In 2019, Borealis, a European chemical industry giant, invested around 1 billion euros in a new propylene factory scheduled to open in the middle of 2022 in the port of Antwerp. Propylene is a raw material that is used to make plastics.

When Payoke received eight complaints of possible human trafficking; an investigation was launched. Subsequently, at the beginning of July this year, the Belgian social inspection and police discovered 174 victims of human trafficking. The workers were heavily exploited, receiving only about 600 euros a month while working more than 10 hours a day, 6 days a week. Many were illegal in the country because their work permits had expired. Furthermore, many had entered Europe via Hungary and Poland, where they had received a temporary work permit.

"Worse than Qatar"

In a recent interview with Belgian News Magazine Knack, one of the workers from Bangladesh explained that he felt treated like a slave. He expressed that while there is a lot of critique in Belgium on how foreign workers were mistreated during the construction of football stadiums in Qatar, they have been treated worse than their colleagues in Qatar.

The workers were not employed by Borealis itself but by its subcontractor French-Italian Subcontractor IREM-Ponticelli who contracted partners. According to the lawyer of the exploited workers, Jan Buelens, this is a typical outsourcing story, as Borealis outsources most of its operations to other subcontractors like the Irem. IREM has another called "IREM General Contracting" and they used the Turkish company Ankitech, which employed workers from Türkiye.

Borealis has been aware of the issues since April. However, they did not terminate their contract with IREM until the situation started appearing in the media at the end of July.

In a recent statement on the human trafficking allegations, Ankitech denied involvement and claimed that they did not cause the problems. Stating that they follow a corporate policy that takes care of their laborers and that the workers were paid a corresponding legal wage. They indicated that Italian-origin IREM requested specialist workers for an industrial construction to be built for Borealis in Antwerp in 2021. Ankitech stated that the contract was submitted to the Belgian authorities after signing with the company.

Temporary work permits

Fifty of the 174 foreign workers exploited by a Borealis subcontractor found work almost immediately with a BASF subcontractor. But the social inspectorate found fraud there too.

The 105 workers from Türkiye became unemployed but received temporary residence. Bayram Gümüş, one of the workers, described this success as incomplete, He indicated that Ukrainian, Bangladeshi and Filipino workers, were given an Orange Card, which provides unlimited residence and work permits.

According to Gümüş, they were given an Annex 51, which provides the right to stay for 60 days. Gümüş remarked that about 30 of the 104 workers returned to Türkiye and said that the rest of the workers were looking for a job in Belgium. The majority of them found a job "on paper." Early in October, social affairs Alderman Meeuws indicated that the Belgium Labor Prosecutor's Office will probably not grant 75 Turks the status of victims of human trafficking. As they highly likely were paid accordingly. However, the alderman also stated that they are working on a solution for them.

"Perfect Flat"

Bayram Gümüş commented that they still stay at the place allocated to them by Ankitech. According to Belgian Daily De Tijd, currently, eight of the workers from Türkiye stay in 'Residence Renée'. Described as "a home away from home" by real estate company 'Perfect Flat'.

However, the apartment building is in terrible condition. With worn and closed curtains, damaged letterboxes in the entrance hall, and broken lights in the stairwell. The social inspectorate recently sealed several apartments in the Renée residence.

Opposite the Renée residence, there is an apartment building, also owned by Perfect Flat, which was evacuated in July due to fire safety deficiencies. The building housed 18 Bengal, Romania and Ukraine workers who also worked in the Borealis factory.

Ethics Hotline

The Borealis factory was closed, but in October, work resumed at the Borealis factory. Borealis is furthermore opening up a new factory that should be ready in the second half of 2024.

The chemical giant stated that it found the social malpractice totally unacceptable and indicated that it took measures, such as an ethical hotline. Borealis employees and outside personnel can report ethical concerns in 24 languages. Additionally, there is stricter control over their contractors and subcontractors. Each contractor and subcontractor must also sign a binding declaration in advance, confirming that they comply with the Belgian laws on labor, social security and taxes. (BIA, 2 November 2022)

Record-high number of doctors seek emigration from Türkiye in 2022

In the first 10 months of the year, some 2,153 doctors have applied to the Turkish Medical Association (TTB) to receive a "document of good conduct," which is required to work abroad, the association announced today (November 1).

In October alone, 215 doctors filed an application with the association.

The number of doctors seeking emigration from the country has increased drastically over the past decade, the TTB figures show.

In 2012, only 59 doctors applied for a document of good conduct, whereas this number has increased nearly 40-fold this year.

Last year, some 1,405 doctors applied to work abroad.

Doctors' groups have increasingly been complaining about low wages and long working hours, as well as violence against healthcare workers.

A "document of good conduct" shows a doctor's professional record and whether they had received a fine before.

Applications in the last 10 years:

2012: 59,
2013: 90,
2014: 118,
2015: 150,
2016: 245,
2017: 482,
2018: 802,
2019: 1047,
2020: 931,
2021: 1,405,
2022: 2,153

(BIA, 1 November 2022)



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