Acte
final de la farce électorale
DEUX TIERS DES
DEPUTES POUR UN TIERS DES VOTES
Comme prévu, le parti de la mère
patrie (ANAP) d'Özal, en gran-de partie grâce au systè-me électoral de
la double barrière, a retrouvé son poste le 29 novembre 1987, avec la
majorité absolue au parlement. Bien que sa part effective du vote
populaire soit tombée de 45.1% en 1983 à 36.3%, le parti d'Özal a gagné
292 sièges dans l'assemblée nationale de 450 membres, soit 64,9
%, tandis que les partis d'opposition, malgré 63.3 %des votes, ont été
obligés de se contenter de 158 députés, soit 35.1 des sièges.
Parmi les 26.340.265 électeurs
enregistrés, 23.964.472 ont remis un bulletin de vote valide. Alors que
66.3 % des votes allaient aux cinq partis de droite et 33.3 % au partis
de gauche, 0.4 % des voix sont revenues à des candidats indépendants.
Des sept partis en course pour
les élections, trois seulement obtiennent une représentation dans la
nouvelle assemblée nationale. Les quatre autres ont été éliminés de la
scène parlementaire.
Contre l'ANAP d'Özal, le parti
populiste social démocrate (SHP) d'Inönü s'est vu confirmé en tant que
principal groupe d'opposition. Avec 24.7 % des votes, le parti a
enlevé 99 sièges, assez pour lui donner un fort impact
parlementaire.
Quant à l'ancien premier
social-démocrate Ecevit, n'ayant pu passer la barre des 10 % requis
pour que son Parti de la Gauche Démocratique (DSP) soit représenté, il
a immédiatement annoncé sa décision de se retirer de la politique. Il
était accusé par toutes les forces de gau-che d'avoir refusé toute
forme d'unité ou de propositions d'alliance venant du SHP, autorisant
l'ANAP à avoir carte blanche au parlement. En fait, en cas d'al-liance
électorale entre le SHP et le DSP, l'ANAP n'au-rait eu que quelques
points en plus sur le centre-gauche.
Süleyman Demirel, qui, comme
Ecevit, était juste sorti de son bannissement politique, a réussi son
retour à la vie parlementaire avec 19 % des voix et 59 sièges pour son
Parti de la Juste Voie (DYP).
Quant aux trois autres partis de
droite, le Parti du Bien-Etre (RP) intégriste islamique de Necmeddin
Erbakan; un autre parti islamique, le Parti de la Démocratie Réformiste
(IDP) d'Aykut Edibali; et le Parti Nationaliste du Travail (MCP),
néo-fasciste, d'Alparslan Tür-kes, ils n'ont pu franchir la barrière.
Les leaders de l'opposition,
après l'annonce des résultats électoraux, ont dénoncé le système
électoral qui a éliminé tous les petits partis et relégué les deux
principaux partis d'opposition, avec près de la moitié du vote
national, à une relative impuissance. Comme le commentait le Financial
Times du 1er décembre, "l'im-portance de la majorité d'Özal signifie
que l'opposition n'aura virtuellement aucune influence et que le
parlement ne jouera qu'un rôle essentiellement formel." Cependant, une
telle distorsion chronique va sans nul doute affaiblir l'autorité
morale d'Özal.
Après avoir renversé le
gouvernement en 1980, les militaires avaient arrêté Demirel, Ecevit,
Erbakan et Türkes et les ont bannis de la politique. Les généraux ont
également fait Özal vice-premier ministre, et l'ont chargé d'appliquer
les mesures économiques draconien-nes imposées par l'IMF.
Les généraux, après trois ans de
pouvoir, se sont retirés après avoir supervisé une élection en 1983, à
laquelle n'ont pu participer que les partis et candidats approuvés par
eux.
Malgré qu'Özal ait gagné les
élections de 1983 avec 45 % des voix, les forces démocratiques turques
aussi bien qu'européennes, ne considérèrent pas la victoire d'Özal
comme légitime, car les anciens dirigeants politiques n'avaient pas été
autorisés à participer.
En septembre 1987, quand les 26
millions d'élec-teurs turcs autorisaient, par une très fine majorité,
les politiciens à retourner à la politique, Özal a immédiatement
organisé de nouvelles élections, apparemment confiant dans son avantage
sur les anciens hommes politiques, en grande partie grâce au
système électoral de la "double barrière" qu'il avait imposé.
Néanmoins, on ne peut affirmer
que les élections aient été ouvertes à la participation de tous les
courants politiques en Turquie. Alors que les néo-fascistes (MCP) et
les intégristes (RP et IDP) étaient autorisés à entrer en compétition,
les partis représentant la classe ouvrière et la communauté
kurde étaient toujours hors-loi et interdits à la participation aux
élections. De plus, deux dirigeants officiels du Parti Communiste
U-nifié de Turquie (TBKP), en exil, ont été arrêtés au moment de leur
arrivée en Turquie, et mis en détention, a-lors que les chefs
néo-fascistes et intégristes se sont librement adressés aux électeurs
sur les ondes de la radio et la télévision d'état.
Si ce système se maintient sans
modifications, il va probablement éliminer tous les petits partis de la
scène parlementaire et conduire à l'établissement d'un système fort,
quoique non représentatif, de deux partis. Özal a déjà laissé entendre
qu'il pourrait essayer de ga-gner sur quelques députés des partis de
l'opposition pour obtenir les 300 sièges nécessaires pour amender la
constitution sans référendum. Il a dit qu'il prévoyait une rapide
désintégration du DYP de Demirel par des défections.
Il existe aussi des rumeurs selon
lesquelles, s'il peut s'assurer une majorité de 300 sièges grâce à des
défections éventuelles dans le DYP, Özal imposera un "système
présidentiel" en modifiant la constitution et en remplaçant le général
Kenan Evren dont le mandat de 7 ans expirera en 1989.
Pourtant, les années qui viennent
seront riches en difficultés pour l'ANAP. Tout d'abord, juste
après le victoire électorale, le gouvernement d'Özal appliquera de
nouvelles mesures économiques draconiennes frappant les masses
travailleuses.
Les dernières élections montrent
que les deux partis d'opposition parlementaires ont un fort soutien
populaire dans les masses: le SHP social-démocrate parmi les salariés
des grandes villes et le parti de droite DYP parmi les paysans de
l'Anatolie.
Les futures élections
législatives, qui se tiendront normalement en 1992 si les circonstances
n'imposent pas d'élections anticipées, vont sans nul doute éroder les
voix de l'ANAP, et le SHP social-démocrate, s'il mène une opposition
efficace, pourrait arriver au pouvoir avec un accroissement de 10 % de
ses votes, grâce à ce système électoral et à la désintégration du parti
rival social-démocrate DSP.
LES 18 POINTS NOIRS DU GROUVERNEMENT ÖZAL
M. Süleyman Demirel, ancien
premier ministre et actuel président du Parti de la Juste Voie (DYP),
durant sa campagne électorale, a mis en évidence 18 points noirs dans
les quatre années de pouvoir d'Özal:
Anarchie et Terreur: Dans
l'Anatolie du sud-est, environ un millier de citoyens ont été victimes
de violences politiques. Le nombre d'officiers, soldats et policiers
tombés est le plus élevé de l'histoire de la République.
Droits et libertés démocratiques:
Ils sont toujours extrêmement restreints.
Inflation: Les prix ont augmenté
de 300 % en quatre ans.
Appauvrissement: Les travailleurs
se sont appauvris et les pauvres sont devenus plus pauvres.
Pouvoir d'achat: La part des
ouvriers, employés, paysans, retraités, veuves et orphelins dans le
revenu national a baissé de 50 % à 37.5 %.
Dévaluation de la lire: Le dollar
américain valait 280 LT en 1983, son prix a grimpé jusqu'à 1.000 LT en
1987.
Chômage: Le nombre de personnes
sans emplois s'est considérablement accru et le gouvernement a déclaré
qu'il n'est plus obligé de leur fournir du travail.
Répartition des richesses: La
Turquie a grimpé jusqu'à la 10ème position parmi les pays où la
répartition des richesse est la plus injuste.
Exploitation des ressources: Les
priorités dans ce domaine ont été entièrement négligées de manière de
créer de nouveaux problèmes économiques.
Dettes: Les dettes intérieures et
extérieures de l'état ont doublé et même triplé.
Etat social: L'Etat a perdu
son caractère d'état social. La part de l'éducation nationale dans le
budget de l'Etat est tombée à 8.63 % en 1987 alors qu'elle était
de 11.2 % en 1983.
Injustice du système des taxes:
Le principe de taxation des plus riches, qui avait été en vigueur
depuis le 19ème siècle, a été supprimé.
Agriculture: Alors que la Turquie
était l'un des pays qui n'importait pas d'alimentation, elle doit
maintenant payer chaque année 1 milliard de dollars pour suppléer à la
nourriture.
Energie: Le gouvernement a cessé
de développer l'exploitation des sources d'énergie, et la Turquie est
tombée sous la dépendance des pays étrangers.
Sous-développement: 55% de la
population travaille toujours dans le secteur agricole et ne reçoit que
19 % du revenu national. Le PNB par habitant du pays est encore en
dessous du niveau des 1.000 dollars alors qu'il devrait avoir augmenté
jusqu'à 2.500 dollars.
Niveau de vie: L'essence,
l'électricité et le téléphone ne servent qu'à récolter plus de taxes.
Les gens pauvres ne peuvent plus les utiliser.
Gaspillage et corruption: Ils
sont une pratique quotidienne dans les services publics, et le
gouvernement ne prend aucune mesure pour l'empêcher.
ARRESTATIONS PENDANT LA CAMPAGNE
Au cours de la campagne
électorale, aucune action politique autre que celles des
sept partis en compétition n'était tolérée par les forces de
sécurité.
Alors que les deux
dirigeants du TKP et du TIP hors-la-loi étaient arrêtés au moment de
leur arrivée à Ankara en retour d'exil, la campagne électorale des
candidats socialistes qui participaient aux élections comme
indépendants a souvent été interrompue ou interdite par la police.
Le 26 novembre, cinq ouvriers en
train de distri-buer des tracts appelant la population à un
rassemblement organisé par des candidats socialistes indépendants ont
été emprisonnés. Le même jour, M. Yalcin Büyükdagli, porte-parole du
comité pour la fondation d'un parti socialiste, était amené devant la
cour de sûrété de l'Etat.
Tous sont accusés d'avoir
contrevenu aux articles 141 et 142 du code pénal turc, qui interdisent
"l'orga-nisation et la propagande sur des critères de classes sociales".
De plus, la police a annoncé le
28 novembre qu'environ cent militants de gauche avaient été arrêtés au
cours de la campagne électorale, sous la suspicion qu'il pourraient
causer des incidents pendant le vote.
Le 30 novembre 1987, à Istanbul,
la police a pris en embuscade deux militants supposés de la
Dev-Sol et capturé l'un d'eux après avoir tué l'autre par balles.
Par ailleurs, la presse a
rapporté les arrestations suivantes au cours des dernières mois:
7.9, à Istanbul, 10 militants
présumés du TKP/B.
13.9, à Istanbul, 8 militants
présumés de Dev-Sol.
15.9, à Ankara, 10 membres
présumés de différentes organisations de gauche.
20.9, à Izmir, 18 membres
présumés du TKP.
28.10, à Ankara, 16 membres de la
Dev-Sol.
29.10, à Agri, cinq militants
présumés du PKK.
30.10, à Istanbul, 8 militants
présumés du DHB.
31.10, à Siirt, 20 personnes
accusées de soutien à la guérilla du PKK.
4.11, à Mersin, un paysan âgé de
58 ans et ses deux enfants, sous la même accusation.
9.11, à Hakkari, 18 militants
présumés du PKK.
10.11, à Kars, 11 militants
présumés du PKK.
14.11, à Istanbul, 18 militants
présimés du PKK.
20.11, à Diyarbakir, 37 personnes
accusées de soutien au PKK.
D'un autre côté, alors que le
gouvernement affirmait au cours de la campagne électorale que le
"mouvement séparatiste" était écrasé en Anatolie orientale, des
confrontations armées entre la guérilla kurde et les forces
pro-gouvernementales ont très souvent fait la une dans la presse turque:
12.10, une centaine de
militants effectuent un raid contre le village de Cobandere à
Siirt et tuent 13 personnes.
27.10, à Midyat (Mardin), un
groupe de guérilla kurde kidnappe et exécute un policier.
28.10, à Sirnak, une échauffourée
entre la guérilla kurde et les forces de sécurité se solde par la mort
d'un soldat et d'un militant.
3.11, à Cizre (Mardin) les forces
de sécurité tuent sept militants kurdes, mais perdent un lieutenant.
14.11, à Sirnak, la guérilla,
lors d'un raid contre deux villages, tuent un enseignant et kidnappent
neuf paysans.
ARRESTATION DES DEUX PRINCIPAUX DIRIGEANTS DU PARTI COMMUNISTE
UNIFIE DE TURQUIE (TBKP)
Nabi Yagci (alias Haydar Kutlu),
secrétaire général du parti communiste (TKP), et Nihat Sargin,
secrétaire général du Parti ouvrier de Turquie (TIP),
deux formations politiques hors-la-loi, ont été arrêtés par
la police à leur arrivée à l'aéroport d'Ankara le 16 novembre 1987, en
même temps que des journalistes et homme politiques
européens, après sept années d'exil volontaire
en Europe.
Ils ont été pris par la police
peu après l'atterrissage de leur avion de la Lufthansa en
provenance de l'Allemagne de l'ouest, et ont été emmenés aux quartiers
généraux de la police dans la capitale.
Un responsable de la sûrété de
l'Etat a dit que les deux hommes, qui ont fuit la Turquie à
l'époque du coup d'état militaire de 1980, risqueraient jusqu'à
15 ans de prison s'il étaient accusés et reconnus coupables. Le
procureur de la République a déclaré qu'ils avaient, en tant que
leaders de deux organisations hors-la-loi, violé plusieurs articles du
code pénal turc, qui interdisent la propagande communiste et la
formation d'un parti communiste.
Yagci et Sargin avaient dit
avant leur depart qu'ils envisageaient de retourner en Turquie,
où le communisme a été interdit depuis le milieu des années 20, pour
fusionner leurs deux groupes en un parti communiste unifié. Peu de
temps avant leur arrivée, le "président de la République" Kenan Evren a
dit: "La situation actuelle en Turquie n'est pas propice pour
l'établissement d'un parti communiste ou d'un parti basé sur la
religion."
Les députés communistes européens
qui les accompagnaient ont dit qu'ils venaient pour tester
le niveau de la la réaliisation des libertés démocratiques en
Turquie, par l'acceptation des activités légales des deux communistes.
En septembre dernier, un
référendum national a levé, par une toute petite marge électorale, les
interdictions imposées par les militaires sur environs 100 opposants
politiques. Des funérailles publiques pour les deux responsables de
gauches exilés ont été autorisées, bien que les organisations qu'ils
représentaient soient interdites. En dépit de ces signes de tolérance,
la réponse de M. Özal au retour des deux communistes a été sans
concession . Une déclaration de son bureau a blâmé les
communistes pour leurs actions "terroristes" et
affirmé que les deux hommes seraient arrêtés aussitôt après leur
arrivée.
A propos de ces arrestations, le
Parlement européen, suivant une proposition émanant du groupe
communiste, a adopté le 19 novembre, par 123 voix contre 76 et 4
abstentions , la résolution suivante:
"Le Parlement Européen,
"A. considérant que la Turquie
est liée à la C.E.E. par un accord d'association,
"B. considérant la décision du
gouvernement turc de tenir des élections le 29 novembre,
"C. considérant sa décision
d'envoyer une délégation d'observateurs à ces élections,
"D. considérant le retour en
Turquie de MM Nihat Sargin et Haydar Kutlu, secrétaires généraux du
Parti ouvrier de Turquie et du Parti communiste de Turquie,
"E. considérant que plusieurs
parlementaires nationaux et européens dont décidé d'accompagner dans
leur retour à Ankara ces deux personnalités,
"1. fait part de son inquiétude
après avoir appris que MM. Nihat Sargin et Haydar Kutlu on été arrêtés
à leur arrivée à Ankara, brutalement séparés des parlementaires qui les
accompagnaient et gardés à vue, dans l'isolement, au commissariat
central de la ville;
"2. demande la libération
immédiate de ces deux personnalités, et que soit garantie dans l'avenir
leur libre activité politique dans le pays, afin de contribuer à
l'établissement d'un processus démocratique en Turquie;
"3. demande aux Ministres des
Affaires Etrangères réunis dans le cadre de la coopération politique
d'intervenir d'urgence auprès du gouvernement turc;
"4. demande à son Président
d'intervenir dans le même sens auprès des autorités turques;
"5. charge son Président de
transmettre la présente résolution à la Commission, aux ministres des
Affaires étrangères réunis dans le cadre de la coopération politique,
aux gouvernements des Etats membres, ainsi qu'au gouvernement turc et à
la Grande Assemblée national de Turquie."
Néanmoins, quelques jours plus
tard, le 23 novembre, la commission pour les relations économiques
extérieures du Parlement européen a adopté le protocole d'accord
d'association avec la Turquie et le protocole supplémentaire qu'i l
accompagne (afin de maintenir les exportation turques traditionnelles
de citrons frais et de raisins de table), malgré l'opposition du député
communiste, M. Pierre-Benjamin Franchère, qui a demandé au comité de
remettre le vote, étant donné la résolution du parlement sur
l'arrestation des dirigeants communistes à Ankara.
PROCES EN MASSE ET CONDAMNATIONS
En dépit des prétentions au
retour à la démocratie, aussi bien les tribunaux de la loi martiale que
les cours de sûreté de l'Etat continuent à juger et à condamner les
prisonniers politiques.
10.9, le procureur réclame des
peines de prison allant jusqu'à 15 ans pour 101 accusés du procès du
TKKKO (Armée de Libération du Nord Kurdistan) devant la cour de sûreté
de l'Etat à Istanbul.
6.10, le procureur militaire
réclame la peine capitale pour 580 inculpés dans le procès de la
Dev-Sol (gauche révolutionnaire) qui se poursuit devant la cour de la
loi martiale d'Istanbul depuis 1980. Quant aux 623 autres inculpés du
même procès, ils risquent tous diverses peines de prison.
11.10, deux inculpés du procès de
la DHB (Union Révolutionnaire du Peuple) sont condamnés à la prison à
vie et deux autres à des peines de 16 ans de prison chacun, par la Cour
de la Loi Martiale d'Ankara.
25.10, la Cour militaire de
cassation approuve quatre peines capitales, trois emprisonnements à vie
et 51 différentes peines de prison pour les accusés du procès du TKP/ML.
27.10, le procès de 722 membres
présumés de la Dev-Yol (Voie Révolutionnaire) entre dans sa sixième
année, devant la cour de la loi martiale n° 1 d'Ankara. 236 des accusés
risquent la peine capitale. Les avocats estiment que le procès, avec la
procédure appliquée par la justice militaire, ne peut se terminer avant
1989.
29.10, la Cour militaire de
cassation approuve des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 16 ans et
8 mois pour 104 inculpés dans le procès du TKP. Les condamnations de
100 autres inculpés sont annulées.
5.11, le procureur militaire
réclame 30 peines capitales au procès du TKP/ML devant la cour de la
loi martiale d'Istanbul. 163 autres inculpés dans le même pro-cès
risquent des peines de prison allant jusqu'à 15 ans.
13.11, quatre femmes sont amenées
devant la cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul, accusés d'adhérer au
TKP. Elles risquent chacune une peine de 10 ans de prison.
26.11, la Cour militaire de
cassation approuve sept peines capitales et 16 peines de prison
diverses pour les activistes d'extrême-gauche du MHP.
TORTURE ET MAUVAIS TRAITEMENTS
Le quotidien Cumhuriyet du 18
octobre 1987 a rapporté qu'Ibrahim Öztürk, détenu à Istanbul le 10
octobre, est mort après avoir été brutalement battu au poste de police
pendant son interrogatoire.
Le 5 novembre 1987, Mme
Seviye Köprü, inculpée dans le procès du TKP à Izmir, a
déclaré devant la cour de sûreté de l'Etat avoir été violée par les
policiers au cours de son interrogatoire au poste de police.
Il a été rapporté par la presse,
le 10 novembre 1987, que Aziz Biltekin est mort après son
interrogatoire au poste de police à Izmit.
A Ankara, au cours d'un
procès politique devant la cour de sûreté de l'Etat, le 8
novembre 1987, les accusés ont affirmé qu'il avaient été torturés
pendant leur interrogatoire par la police. Devant cette déclaration, le
juge principal de la cour, M. Ekrem Celenk, a dit: "Nous en avons assez
d'entendre des allégations de torture depuis huit ans. N'abusez pas de
votre droit à la défense pour clamer vos revendications." L'inculpé
Senal Sarihan a répondu: "Oui, tout le monde en a assez d'entendre
parler de torture, sauf les tortionnaires!"
LE PRIX POUR ETRE TORTURE
Une cour criminelle à Aydin, lors
du procès de trois détenus politiques le 2 octobre 1987, après avoir
reconnu que les inculpés avaient été torturés par la police pendant
leur interrgatoire, a décidé que l'Etat de-vrait payer à chacun d'entre
eux 125.000 LT (125 dollars) en indemnité. Néanmoins, les inculpés ont
déclaré que la somme est dérisoire et qu'ils feraient appel devant la
cour de cassation.
ACTIONS PAR ET POUR LES PRISONNIERS
Protestant contre les mauvais
traitements, 19 pri-sonniers à Adana et 39 autres dans les prisons
spéciales de type E à Mersin ont entamé une grève de la faim,
respectivement les 5 et 7 novembre 1987. Ils se plaignent des
restrictions des visites des parents, du non-respect des conditions
hygiéniques, de l'interdic-tion de l'introduction de certaines
publications en pri-son. Ils ont affirmé que lorsqu'ils parlaient avec
leus parents pendant les visites, au moins trois ou quatre gardiens de
prison écoutaient leur conversation.
Par ailleurs, le 19 novembre 1987
à Istanbul, sept prisonniers politiques, en protestation contre le fait
d'être amenés avec des menottes et enchainés devant la cour de sécurité
de l'état, se sont déshabillés devant les juges. Suite à cet acte, ils
ont été battus avec brutalité par la police.
Le 25 novembre, la cour de sûreté
de l'Etat a condamné 11 autres détenus à des peines de prison allant
jusqu'à cinq mois pour avoir recouru à de semblabes actes de
protestation auparavant.
Le 21 novembre l'Association pour
la solidarité avec les parents des personnes arrêtées ou déclarées
coupables (TAYAD) a organisé une soirée intitulée "la liberté entre nos
mains". Mais la soirée a été interdite au dernier moment sur ordre du
gouverneur d'Ankara.
La campagne pour une amnistie
générale et pour la levée de la peine capitale, lancée le 4 octobre
1987 par l'Association des droits de l'homme de Turquie (IHD) s'est
étendue à tout le pays et aux pays étrangers. Des milliers de personnes
ont participé à la collecte de si-gnatures en faveur de l'amnistie
générale et de la levée de la peine capitale.
Au commencement de la campagne,
l'IHD avait annoncé qu'au moins 250.000 personnes avaient été mi-ses en
détention, et beaucoup d'entre elles torturées depuis la proclamation
de la loi martiale en 1979.
Selon un rapport publié par le
Conseil de l'Europe, la Turquie conserve le premier rang parmi les 21
pays membres en ce qui concerne le nombre de prisonniers. Sur 52.718
prisonniers, 42.6% sont des personnes qui n'ont pas encore été
condamnées et attendent la décisision du tribunal.
SUPPRESSION DU DROIT AU TRAVAIL
Les quartiers généraux de l'état
major ont annoncé le 21 octobre 1987 que 4.891 employés civils, consi
dérés comme "suspects", avaient été renvoyés de leurs postes de 1980 à
1983. Bien que l'interdiction portant sur 3.406 d'entre eux ait été
levée par la suite, 1.485 sont toujours considérés comme
"inadmissibles".
Selon les rapports de presse du
28 octobre, la pratique des enquêtes de la sécurité frappe des milliers
de candidats à des emplois civils. Ainsi, le ministère de l'éducation
nationale (MEB) a engagé 11.444 nouveaux professeurs pour les écoles
primaires et secondaires. Mais seuls 865 d'entre eux ont été autorisés
à occuper leur poste par les services de renseignements du mi-nistère,
tandis que les enquêtes de la sécurité sont toujours en cours pour
10.579 autres candidats. En raison de cette pratique répressive, de
nombreuses écoles primaires et secondaires ne peuvent entamer leur
programme d'éducation.
Le quotidien Hürriyet du 2
novembre 1987 rapporte que les services de renseignement considèrent
comme "inadmissibles" pour des emplois publics même ceux qui ont eu des
relations avec des personnes de tendance de gauche.
PRESSIONS SUR LA VIE INTELLECTUELLE
8.11, Hasan Selim Acan,
éditeur responsable de la revue politique Halkin Kurtulusu, est une
fois de plus condamné, de sorte que la peine de prison à laquelle il a
été condamné jusqu'à présent se monte à 331 ans. De plus, il risque
encore 100 ans de prison dans d'autre procès de presse. Trois autres
éditeurs responsables de la même revue, Veli Yilmaz, Osman Tas et
Mustafa Yildirimtürk ont été condamnés respectivement à 748, 660 et 155
ans de prison.
9.11, le livre du Dr Arslan
Yüzgün, "les femmes aux cartes d'identité bleues", est confisqué sous
le prétexte qu'il est nuisible pour la morale publique.
11.11, 30 étudiants de
l'université technique du moyen orient (ODTU) sont en procès devant la
cour de sûreté de l'Etat à Ankara pour avoir organisé sans autorisation
un rassemblement pour protester contre les nouveaux règlements dans les
dortoirs d'étudiants. Ils risquent des peines de prison allant jusqu'à
trois ans.
21.11, les associations
estudiantines de l'universi-té égéenne à Izmir déclarent lors d'une
conférence de presse que la police politique propose très souvent à des
étudiants d'être des informateurs, en échange de certains avantages.
L'un de ces étudiants a commis une tentative de suicide, suite à une
dépression nerveuse causée par cette proposition.
24.11, l'éditeur de la revue pour
la jeunesse Ogrenci Postasi, Serhat Simsek, le correspondant de la
revue pour la jeunesse Yarin, Zekeriya Aytemur, ainsi que deux autres
étudiants sont arrêtés par la police pour avoir exprimé certaines
exigences démocratiques de la jeunesse.
25.11, Mme Fatma Yazici, éditeur
responsable de l'hebdomadaire 2000'e Dogru, est condamnée à une peine
d'un an de prison par une cour criminelle à Istanbul pour avoir publié
un article considéré irrespectueux pour le prophète Mohammed. La même
journaliste est également en procès devant la cour de sûreté de l'Etat
d'Istanbul pour avoir publié les paroles d'Atatürk sur la question
kurde.
26.11, à Ankara, la cour
administrative commence à traiter le procès ouvert par M. Süleyman Ege,
éditeur du Bilim ve Sosyalizm Yayinlari contre le premier ministre.
133.667 livres publiés par cette maison d'é-dition ont été détruits en
1982 par l'usine de papier d'Izmit sur ordre du Commandement de la loi
martiale d'Ankara. Rappelant qu'il n'existait aucune décision du cour
habilitée à la destruction de livres, Ege réclame une indemnité de
240.000 dollars. L'avocat de la défense du premier ministre affirme que
les commandants de la loi martiale disposent d'une autorité permettant
la destruction de n'importe quel livre, même s'il n'est l'o-bjet
d'aucune procédure légale.
27.11, le ministre de l'éducation
nationale ordonne à toutes les écoles publiques d'exclure "le bourgeois
gentilhomme" de Molière, "Candide" de Voltaire et "la peste" de Camus
des bibliothèques publiques, sur base du fait qu'il contiennent des
phrases anti-turques et anti-islamiques.
29.11, les exemplaires du
quotidien Günaydin sont confisqués dans tout le pays, sous le prétexte
qu'il enfreint les interdictions électorales.
PERSECUTION D'ACTIVISTES RELIGIEUX
Amnesty International a publié le
10 novembre 1987 un rapport détaillé sur les persécutions d'activis-tes
religieux en Turquie.
Le nombre des personnes
persécutées pour leur activités religieuses en Turquie s'est accru de
façon subs-tantielle au cours de l'année 1987, d'après AI.
"Rien que pour la cour de sûreté
de l'Etat d'Istanbul, 44 procès pour 128 inculpés ont commencé pendant
les sept premiers mois de 1987. La laïcité est l'un des principes
fondamentaux de la République turque, et les tendances anti-séculaires
ont été poursuivies sous le coup de l'article 163 du code
pénal turc depuis son introduction en 1926. Cet article n'a jamais été
utilisé pour poursuivre ceux qui usent de violence, et ces inculpés ne
devraient pas être confondus avec des membres de groupements musulmans
militants qui opèrent en Turquie et dans d'autres pays.
"En 1983, la peine maximum pour
une infraction à l'article 163 a été plus que doublée, jusqu'à 15 ans
d'emprisonnement. En février 1987, un projet d'amen-dement au code
pénal a prévu la prison à vie comme maximum.
(Selon le quotidien Cumhuriyet du
30 juillet 1987, la Cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul, depuis sa
fondation en 1984, a condamné, dans 7 affaires différentes, 109
inculpés à 32 ans et 11 mois d'emprisonnement, sept ans et onze mois de
résidence surveillée et 20.380 LT d'amende.)
"Parmi ceux qui sont en procès,
on trouve des participants à des manifestations pacifiques, des membres
de partis politiques légaux, des journalistes et des écrivains, ainsi
que des membres de confréries islamiques. Une des principales cibles
des poursuites sont les membres dirigeants des associations islamiques
regroupant des travailleurs turcs travaillant principalement en
République fédérale d'Allemagne. Bien que ces associations soient
légales hors de Turquie, leurs membres sont poursuivis une fois qu'ils
rentrent au pays.
"Par exemple, Hasan Damar,
secrétaire général de l'association Milli Görüs (Vision Nationale) en
RFA depuis 1982, a été arrêté alors qu'il rentrait en Turquie le 27
octobre 1986 et condamné par la cour criminelle d'Ankara à 25 mois
d'emprisonnement avec caution fixée à 500.000 TL ($500). Bien que la
somme ait été payée, Hasan Damar n'a pas été relâché car entre-temps la
cour de sûreté de l'Etat d'Ankara a publié un avis d'arrestation
portant une accusation similaire.
"Amnesty International considère
toutes les personnes emprisonnées pour expression non-violente de
leurs croyance comme prisonniers de conscience.
"Comparativement aux milliers
d'allégations de torture en prison reçues par Amnesty International de
Turquie, il y a relativement peu d'allégations de torture et de
mauvais traitements d'activistes religieux en détention. Mais
Hüseyin Kurumahmutoglu serait mort en juillet 1987 après avoir été
battu par un garde à la prison militaire de Mamak (Ankara) pour avoir
refusé de retirer sa coiffe.
Minorités chrétiennes
"Amnesty International a aussi
reçu quelques rapports des poursuites contre des individus ou des
grou-pes de chrétiens.
"En juin et juillet 1984, trente
trois adhérents de la secte des témoins de Jéhovah ont été mis en
détention à Ankara, et inculpés ensuite sous le coup de l'article 163.
Onze d'entre eux ont été formellement arrêtés. En décembre 1984, 23
accusés ont été condamnés: 18 à quatre ans et deux mois
d'emprisonnement et cinq à six ans et huit mois d'emprisonnement. Les
sentences n'ont pas été confirmées par la cour d'appel et les inculpés,
qui ont été relâchés en juin 1985, ont dû être rejugés. Finalement, en
avril 1987, l'ensemble des juges de la cour d'appel a ordonné que tous
les inculpés soient a-cquittés, reconnaissant par là que la secte des
témoins de Jéhovah était un groupe religieux qui ne menace pas la
nature séculaire de l'Etat.
"Le 27 janvier 1987, dix
personnes accusées d'ap-partenance à un groupement protestant et de
propagandisme pour ce groupe, ont été mises en détention par la police
à Ankara. Après quelque jours ils ont parus devant la cour de sûreté de
l'Etat d'Ankara, et ont été relâchés. Suite à cela, les charges ont été
retirées.
ACCROISSEMENT DE LA PROSTITUTION DE 6.259%
Un des indicateurs de la
détérioration des conditions de vie dans un pays est sans nul doute
l'augmen-tation du nombre des prostituées. Selon une étude
menée par la section de sociologie de l'Université égéen-ne,
parue dans le quotidien Milliyet du 6 novembre 1987, le nombre de
prostituées enregistrées, par un accroissement de 6.259 %, a grimpé
jusque 338.000 en 1987 alors qu'il était de 5.400 en 1980. Un
grand nombre de ces femmes sont considérées par leurs familles comme
des salariées et ne sont pas répudiées comme c'était le cas avant.
Après leurs activités professionnelles quotidiennes, elles mènent une
vie de famille normale avec leurs maris et leurs enfants.
Le même journal rapporte dans son
numéro du 8 septembre 1987 qu'environ 20.000 de ces femmes se
prostituent comme "call girls" et que celles qui ont des relations avec
des hommes d'affaires ou des riches touristes étrangers reçoivent 1
million de lires turques (1000 US dollars) pour chaque "affaire".
4 MILLION D'ENFANTS SUR LE MARCHE DU TRAVAIL
Un raid policier sur la place du
marché de Bafra, où des enfants au dessous de quinze ans sont "loués"
pour un certain temps à des employeurs comme travailleurs, a attiré une
fois de plus l'attention sur la destinée des enfants de famille pauvre.
La police a pris huit enfants sur
le point d'être em-menés par leur employeur, ainsi que les pères qui
a-vaient apporté ces enfants afin de les louer en échange de
rétributions allant de 20.000 LT ($20) à 40.000 ($40) LT par mois selon
leurs capacités. Les deux pères "capturés" ont dit: "Il n'y a même pas
d'herbe qui pous-se dans ce village. Qu'est ce qu'on pourrait donner à
manger à ces enfants si ils ne travaillent pas?" et il ont ajouté
qu'ils avaient dû travailler eux-mêmes de cette façon quand ils étaient
enfants.
"On se sent comme des esclaves,
plus on donne d'argent plus le travail est dur. Après les adieux avec
nos parents on ne sait pas ce qui va nous arriver jusqu'à la fin du
contrat," ont dit Ulget Gürcü, âgé de 14 ans, et Bekir Erol, âgé de 11
ans.
Selon un article du quotidien
Cumhuriyet du 11 septembre 1987, environ 4 million d'enfants en âge de
scolarité ne peuvent poursuivre leurs études secondaires à cause de la
pauvreté de leurs familles, et sont obligés de travailler comme
apprentis, bergers ou colporteurs, même s'ils ont l'âge d'être en
primaire, ceci malgré que l'école primaire soit obligatoire en Turquie.
DONNES RECENTES SUR L'IMMIGRATION
- Les travailleurs turcs de la
RFA ont envoyé 48.950 millions de DM à leur pays, sur une période de 27
ans allant de 1960 à la première moitié de 1987.
- Le nombre de travailleurs turcs
qui sont employés à la RFA est, selon les données provenant du
ministère allemand de l'éducation nationale, de 499.000. En com-ptant
leurs femmes et enfants, la population turque dans la RFA est au total
de 1.434.000. Quant aux jeunes turcs qui suivent des études
professionnelles dans ce pays, leur nombre était de 19.717 en 1983, de
20.777 en 1984, de 21.664 de 1985. Par ailleurs, 256.000 enfants turcs
sont à l'école primaire, 18.284 à l'école secondaire, 13.205 aux études
supérieures, 23.500 dans des écoles pour enfants handicapés et 6.332
dans des écoles du soir.
- Au cours des quatre dernières
années, 3.020 ressortissants turcs ont été naturalisés en RFA.
- Le Daily Telegraph a rapporté
que la RFA, en vue de compenser le manque de soldats natifs, envisage
de recruter des jeunes immigrés dans l'armée allemande (Bundeswehr) et
de mettre sur pied une légion étrangère avec eux.
- Le nombre de mariages mixtes
entre femmes turques et hommes allemands est tombé à 1.312 en 1985
alors qu'il était de 3.982 en 1981. Le nombre de mariages entre femmes
et hommes turcs en 1985 est de 4.025 en 1985.
- Le nombre de naissance
d'enfants turcs dans la RFA a également décru, tombant à 25.171 en 1984
a-lors qu'il était de 43.498 en 1977.
- La mise en pratique du système
incitant les travailleurs immigrés sans travail à retourner dans leur
pays n'a pas eu le succès escompté. Selon les données de la fin du mois
de septembre 1987, seuls 140 des 7.342 immigrés turcs sans travail ont
demandé à béné-ficier de la prime au retour offerte par le gouvernement
belge. 25.8 millions de francs belges ont été payés au total pour ceux
qui sont retournés en Turquie. Le nombre de travailleurs immigrés turcs
en Belgique, y compris les sans-travail, est de 32.500.
ACTES RACISTES ET XENOPHOBES
22.4, à Norheim (RFA), des
skinheads qui s'étaient réunis pour célébrer l'anniversaire de la
naissance d'A-dolf Hitler attaquent un groupe de jeunes turcs. Au cours
de la rixe, qui a duré jusqu'au matin, vingt personnes ont été blessées
et la police a arrêté 8 des skinheads.
24.4, à Bielefeld (RFA), le local
de l'association culturelle turco-islamique est mis en feu par des
indivi-dus non identifiés.
25.4, à Gröplingen (RFA), un
local turc est mis en feu et une bombe éclate dans une épicerie turque.
4.5, à Oberhausen (RFA), des
skinheads, au cours d'un de leurs rassemblements, attaquent un groupe
de travailleurs turcs qui écoutait leurs discours. Au lieu de
skinheads, la police arrête sept turcs.
5.5, à Hamburg (RFA), un
travailleur turc de 37 ans, Musa Eker, est tué de quatre balles alors
qu'il rentrait chez lui de la mosquée. Il avait trois enfants et sa
femme est enceinte.
6.5, le Ministère de l'Intérieur
de l'Etat de Niedersachsen (RFA) annonce que les agressions racistes
ont considérablement augmenté en 1986. La police a enregistré 25 cas
d'agressions contre des campements de réfugiés politiques et des
demeures d'étrangers à Hannover, Melle et Gronau.
20.5, à Ingolstadt (RFA), un
immeuble habité par sept familles turques est mis en feu une deuxième
fois par des personnes non identifiées.
11.6, à Montargis près de Paris
(France), deux policiers tuent par balles un adolescent turc de 14 ans
sous le prétexte qu'il conduisait une voiture volée.
15.6, à Langen (RFA), un groupe
de membres du groupement FAP néo-nazi peignent des slogans racistes
tels que "étrangers dehors!" et "l'Allemagne aux allemands!" sur les
murs des écoles, des bâtiments et des arrêts de bus.
18.6, à Berlin, une boulangerie
turque est mise en feu par des personnes inconnues.
3.7, l'hebdomadaire allemand Der
Spiegel rapporte que certains disquettes d'ordinateur contenant des
jeux provoquants à l'égard des Turcs sont largement distribu-ées et
vendues. L'un de ces jeux est intitulé "Fête d'hostilité aux Turcs dans
le camp de Buchenwald" et porte l'inscription "copyright: Hitler
and Hess" et le symbole de swastika. Une autre disquette contient un
'test anti-türk".
6.7, à Berlin, un groupe de
skinheads attaque des turcs au cours d'une fête. Ils blessent certains
des Turcs, de même que six policiers. Après cette agression, quatre des
policiers blessés démissionnent.
9.7, selon le quotidien
Frankfurter Rundschau, des groupes néo-nazis envoient des tracts
racistes à des ad-resses privées d'étrangers dans les villes de
Göttingen et Hamel (RFA). Signés par Oskar Hinzmann, le chef local des
néo-nazis, les tracts disent: "si vous ne quittez pas l'Allemagne après
avoir reçu ce tract, rien ne pourra empêcher la catastrophe à laquelle
vous vous exposez!"
29.7, à Vienne, une épicerie
turque est mise en feu pendant la nuit par des personnes inconnues.
26.8, à Kiel (RFA), quatre
skinheads attaquent un groupe de Turcs qui rentrent d'une cérémonie de
maria-ge, et blessent 6 des onze personnes. Une femme tur-que de 50 ans
grièvement blessée, Elif Yilmaz, est hospitalisée. La police place
trois skinheads en détention.
8.9, à Hamburg (RFA), une bande
de jeunes allemands attaque une discothèque turque et battent huit
jeunes turcs dont deux sont emmenés à l'hôpital. En représailles à
cette agression, un des jeunes turcs battus blesse un Allemand au lieu
de l'incident.
15.9, à Hannover (RFA), un groupe
de skinheads attaque un club turc en criant "l'Allemagne sera une tombe
pour les étrangers. Il n'y a pas de place pour les cannibales dans ce
pays!".
23.9, une mosquée turque de la
ville de Herne (RFA) est détruite par des individus non
identifiés.
27.9, à Hannover (RFA), un groupe
de skinheads fait un raid contre un club turc et attaque les clients à
l'intérieur. Comme les clients turcs résistent contre cette agression,
ils s'en vont et cassent les vitres, causant ainsi un dommage de 30.000
DM. Ils attaquent également les policiers qui essayaient d'empêcher la
rixe, et blessent deux d'entre eux. Treize skinheads portant des armes
sont mis en détention.
15.10, à nouveau à Hannover, un
autre groupe de skinheads attaque un club turc et provoque une querelle
saglante.
26.10, à Hildesheim (RFA), un
fillette turque de 5 ans est trouvée étranglée après avoir été violée
par des individus non identifiés.