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INFO-TURK

A non-government information center on Turkey

Un centre d'information non-gouvernemental sur la Turquie

39th Year / 39e Année
Juin
 
2013 June
N° 418
53 rue de Pavie - 1000 Bruxelles
Tél: (32-2) 215 35 76 - Fax: (32-2) 215 58 60
Chief Editor /Rédacteur en chef: 
Dogan Ozgüden

Responsible editor/Editrice responsable:

Inci Tugsavul
Human Rights
Pressures on  media
Kurdish Question
Minorities
Interior politics
Armed Forces
Religious affairs
Socio-economics
Turkey-Europe
Turkey-USA
Regional Relations
Cyprus and Greece
Migration

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Titres des évènements du mois
Titles of this month's events



sterk
28 Haziran 2013'te Lice'de halka ateş açılması ve ertesi gün Brüksel'de toplanacak olan
Avrupa Barış ve Demokrasi Konferansı, Sterk TV'de Cavit Mervan'ın yönettiği,
Doğan Özgüden, Murat Çakır ve Ali Ertan Toprak'ın katıldığı programda tartışılıyor

(İzlemek için fotoğraf üzerinde tıklayınız)



Droits de l'Homme / Human Rights

Les manifestations antigouvernementales continuent à Ankara

 IHD: Four dead, 7681 wounded, 2841 detained in Gezi protests
Plus de 2.000 manifestants à nouveau près de la place Taksim
 Eloge d'Erdogan à la sauvagerie policière
Violence policière contre la manifestation des oeillets
Les inculpations continuent en Turquie après les manifestations
18 membres d'un parti de gauche écroués après les manifestations
Les médecins turcs dénoncent un usage dangereux du gaz lacrymogène
La Turquie en eaux troubles après les manifestations
Le pouvoir islamiste menace d'utiliser l'armée!
L'«homme à l'arrêt», nouveau héros de la place Taksim

FIDH: Suspend sales of tear-gas and crowd-control equipment to Turkey

Erdogan attise toujours la polarisation et l'hostilité
Alarm cry from the Turkish Bar Association
Voluntary Doctors Face Investigation!
Erdogan a déclenché une guerre sauvage contre le peuple
La résistance de Taksim poursuit son mouvement
Minuit: Un petit pas en arrière d'Erdogan
 Erdogan veut en finir vite avec le dernier carré de manifestants
Contestataires: La proposition de référendum d'Erdogan "pas légale"
Des milliers d'avocats protestent après l'arrestation de 73 confrères
HRW says tear gassing protesters won't end Taksim crisis
 Taksim: Sauvagerie policière d'Erdogan
Plus de 70 avocats interpellés par la police à Istanbul
La police a repris le contrôle de la place Taksim
Erdogan joue la surenchère belliqueuse face à la contestation
Taksim résiste, Erdogan persiste

economist
The Economist: Democrat or Sultan?

Retour en Turquie: Erdogan toujours arrogant et agressif
Mobilisation syndicale après 6 jours de contestation
ONU: La Turquie doit enquêter sur le comportement de la police
Declaration by Democratic Lawyers to the UNO
Deux morts, toujours des milliers de protestataires
 Les manifestants déterminés contre Erdogan, qui rejette tout "printemps turc"
Un manifestant tué dimanche par une voiture qui a percuté la foule
Le ras-le-bol contre la dérive autoritaire d'Erdogan
Les manifestants continuent à défier le gouvernement
Du printemps arabe à l'été turc?
Victoire des manifestants sur Erdogan
Les manifestants fêtent leur première victoire sur le Premier ministre
Nuit blanche à Istanbul en colère contre le gouvernement
Un projet d'aménagement urbain enflamme le centre d'Istanbul
Amnesty International condemns use of excessive force
Saturday Mothers protest against a general's appointment


Pression sur les médias / Pressure on the Media

Des intellectuels appellent le gouvernement à cesser sa "rhétorique de haine"

Le régime turc somme les réseaux sociaux de coopérer sous peine de sanction
"Ne pliez pas!": L'hebdomadaire allemand Der Spiegel en turc
Journalist beaten by policemen at Gezi Park protests in Istanbul
 Turkish "penguin" media protested at Speak Up Conference
EFJ Condemns Continuous Targeting of Journalists in Turkey
RSF: Déchaînement de violence policière contre les journalistes
 An urgent call from the Journalists' Union of Turkey
Media banned from reporting on new claims against MİT
 RTÜK Fines TV Networks on Gezi Resistance Coverage
Eighteen journalists wounded, four others detained in Taksim

Conférence de presse de Nisanyan à Bruxelles sur la liberté de presse en Turquie
RSF: Vague d’interpellations d’acteurs de l’information
FIJ condamne les violences visant les reporters
76 journalistes en prison : il faut soutenir la liberté d'expression
Les réseaux sociaux dans le collimateur du pouvoir turc
RSF: Au moins quatorze journalistes blessés par les forces de l’ordre
Erdogan gets into row with Reuters reporter over Taksim protests
 Manifestation à Istanbul pour dénoncer la "soumission" de la presse turque
Distinguished Turkish political exile Güzin Dino died in Paris
RSF: Les autorités doivent mettre un terme aux violences policières à Istanbul
No Acquittal For Women activist Canan Arın, Case Suspended


Kurdish Question / Question kurde

Final declaration of the Peace and Democracy Conference in Europe
Peace and Democracy Conference in Europe opened in Brussels
Workers and BDP members march in Istanbul to protest Lice clashes
Kurdish mourners blast Turkish gov’t after shootings

Soldiers opened fire on protestors in Lice, one dead and ten wounded
BDP launches campaign for urgent action by Turkish government
No Peaceful Promise from Erdogan to "Wise Persons"
 Peace and Democracy Conference to open on 29 June in Brussels
 Öcalan initie une nouvelle étape dans le processus de paix
Karayılan calls on EU delist PKK as a terrorist organization
Northern Kurdistan Conference in Amed calls for an immediate solution
Quand la contestation croise la question kurde - Jean Marcou
 Peace and Democracy Conference in Europe to be held on 29-30 June
Ocalan approuve et salue les manifestations
Echange de coups de feu entre la guérilla et l'armée
BDP: EU should redefine PKK’s status after process

Minorités / Minorities

Slain German publisher’s wife denied Turkish citizenship

Génocide arménien : le pape François enfonce le clou
Sous le parc occupé d'Istanbul, un cimetière arménien

Politique intérieure/Interior Politics

Main opposition CHP building in Istanbul attacked

La contestation expose les dissensions entre Erdogan et Gül
 Top judge warns on bans on different lifestyles

Forces armées/Armed Forces

Changement d'un article qui a justifié des coups militaires
Prosecutor's Office refers Uludere case to military
 L'armée turque a riposté lundi soir à des tirs venus de Syrie

Affaires religieuses / Religious Affairs
 

Name Yavuz Sultan Selim for third bridge causes outrage among Alevis

12 personnes soupçonnées de liens avec un groupe terroriste arrêtées

Socio-économique / Socio-economic

Les transsexuels aussi manifestent contre le gouvernement turc

 Un segment de faille sous haute tension aux portes d'Istanbul
 Appel à la grève générale
Le président  promulgue la loi qui limite la consommation d'alcool
Les syndicats mobilisent au 6e jour de la contestation anti-Erdogan
Un syndicat appelle à la grève contre le recours à la "terreur par l'Etat
La bourse d'Istanbul chute de 10,47% au 4e jour des manifestations
Les grands projets urbains d'Erdogan à l'origine de la contestation à Istanbul
Erdogan lance la construction d'un troisième pont sur le Bosphore

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Merkel à la Turquie: "les valeurs européennes ne sont pas négociables"
 L'UE relance les négociations, mais avec des réserves
Une étudiante française expulsée après les manifestations
Les conservateurs de Merkel toujours contre l'adhésion turque
 Ankara menace l'Allemagne de représailles
 Une délégation du Parlement européen annule une visite en Turquie
Le Conseil de l'Europe appelle à éviter l'"escalade de la violence"
Berlin appelle Ankara à respecter la liberté de manifester
 Le Parlement européen critique l'usage "excessif" de la force
Ankara juge "inacceptable" une résolution du Parlement européen
Manifestation réprimée en Turquie : un mauvais signal, selon Berlin
La France préconise la "retenue" et le "dialogue"
Füle critique le recours excessif à la force par la police
Merkel: La Turquie ne doit pas exercer de violence contre les manifestants
Paris dénonce la "répression policière" en Turquie
Rassemblement à Paris en soutien aux manifestants en Turquie
La CGT condamne la répression, collabore avec le Disk
GUE/NGL condemns Turkish government's violent clampdown on protestors
 Les troubles en Turquie embarrassent les Européens
Reynders appelle au dialogue en Turquie
EU and US concerned by violent police raid against Taksim protesters

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Washington appelle Ankara à respecter la liberté d'expression
Manifestation à New York en soutien aux protestataires de Turquie
 La contestation turque s'offre une pleine page de pub dans le NYT
La fronde en Turquie embarrasse l'allié américain
Kerry tance l'allié turc pour l'usage "excessif de la force" policière
Manifestation à New York en solidarité avec les protestataires en Turquie
Violences à Istanbul: Washington rappelle à l'ordre son allié turc

Relations régionales / Regional Relations

La CIA entraîne depuis des mois des rebelles syriens

Les manifestations en Turquie inquiètent les islamistes arabes
Du Maroc, Erdogan assure que la situation est en voie "de se calmer"
La Syrie retourne avec ironie les mots qu'Ankara avait utilisés contre elle
 Manifestation anti-Erdogan à Tel-Aviv
Damas accuse Erdogan d'agir de façon "terroriste" contre le peuple turc

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les négociations de paix à Chypre au point mort, pour des mois encore

 Manifestation de la gauche grecque en solidarité avec les manifestants turcs
Rassemblement en solidarité avec les manifestants turcs
Enquête policière après l'enlèvement d'un réfugié kurde en Grèce
Première rencontre depuis un an entre dirigeants de l'île divisée

Immigration / Migration


Des dizaines de milliers défilent à Cologne contre Erdogan

Duel Hellings-Milquet au Sénat sur l'arrestation de Kimyongür
Mise au point avec la ministre Joëlle Milquet
Kimyongur: «Je soupçonne Joëlle Milquet d'avoir trafiqué sur mon dos»
Kimyongür a été libéré par un tribunal espagnol
Libérez Bahar Kimyongür, chercheur primé par Info-Türk
Bahar Kimyongur arrêté en Espagne
Interview sur les Belges qui se battent en Syrie
Un tribunal suisse accorde l'asile à un Kurde
Rassemblement à Strasbourg en soutien aux manifestants turcs
Procès de néonazis en Allemagne : l'un des accusés s'excuse
 Manifestation à Bruxelles contre la répression d'Erdogan en Turquie
Groupe Yorum en concert en Allemagne contre les terroristes nazis

Droits de l'Homme / Human Rights

Les manifestations antigouvernementales continuent à Ankara

La police antiémeute turque a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de canons à eau tard jeudi dans le centre d'Ankara pour disperser des centaines de manifestants antigouvernementaux, procédant à quatre arrestations, ont indiqué des témoins et les médias.

L'intervention de la police s'est produite dans le quartier résidentiel de Dikmen, théâtre d'accrochages depuis plusieurs semaines entre manifestants et les forces de l'ordre depuis le début, le 31 mai, de la fronde contre le régime islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002.

"Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, ont conspué le gouvernement et n'ont pas voulu se disperser jusqu'à tard dans la nuit", a expliqué à l'AFP un manifestant.

Les manifestants ont érigé des barricades sur une artère routière empêchant la circulation et poussant la police à disperser la foule, selon la chaîne d'information NTV qui a fait état de quatre manifestants arrêtés.

Depuis le début manifestations quatre personnes sont mortes -- trois manifestants et un policier -- et près de 8.000 autres ont été blessées, selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs.

La contestation à Istanbul, coeur de la fronde, s'est nettement apaisée mais les manifestations se poursuivent dans la capitale et la police procède quasi quotidiennement à des interventions dans la nuit.

La répression de la contestation par la police turque a suscité de nombreuses critiques dans le monde et terni l'image du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui l'a ordonnée.
(AFP, 28 juin 2013)

IHD: Four dead, 7681 wounded, 2841 detained in Gezi protests

Human Rights Association (IHD) head office has released a report on the violations of rights witnessed during Gezi Park protests across the country from 27 May to 24 June.

According to the report, 7681 people were wounded, five killed and 2841 detained and among them 70 were remanded in custody as a result of police interventions in the protests.

Speaking at the press conference IHD held for the release of the report, IHD Chairperson Öztürk Türkdoğan strongly criticized the release of the police officer who shot protestor Ethem Sarısülük on the head using a rubber bullet in capital Ankara on 1 June. Türkdoğan commented the court's decision as unacceptable.

The report by IHD, read by Türkdoğan, included the figures compiled by Turkish Doctors' Union (TTB), according to which four people were killed and 7832 others were wounded in protests in 13 cities by 20 June.

The report listed the figures by TTB as follows;

* Istanbul: 4478 wounded, 21 severely. One person died, four are still in critical situation. Six people suffered head trauma, six lost their sight.
* Ankara: 1539 wounded, 21 severely. One person died, seven suffered head trauma, four lost their sight.
* İzmir: 800 wounded, two severely.
* Antakya: One person died, 162 wounded, six severely, five suffered head trauma
* Eskişehir: 300 people wounded, among them two are held in intensive care unit and three in critical situation.
* Adana: One person died, 162 wounded, six severely. Five suffered head trauma
* Muğla: 50 wounded, one severely
* Mersin: 17 wounded, one severely
* Bursa: Two wounded, one suffered head trauma
* Balıkesir:155 wounded
* Kocaeli:10 wounded
* Antalya:150 wounded, one severely
* Rize: Eight wounded
* A total of 7681 people wounded, 63 severely, and four dead

The report pointed out that police used pressure water not only to disperse the protestors but also to injure them. It remarked that police also added chemical inside the pressure water used during protests, leading to chemical burns on protestors' bodies.

The report said police also used expired tear gas against protestors, and that more then 150 thousand tear gas canisters were used during protests.

IHD report said police used firearms as well against protestors, remarking that the worst incident with firearms was that suffered by worker Ethem Sarısülük whose brain death was declared twelve days after he was hit on the head with a rubber bullet, as is also seen on a video shot at the scene. IHD said security officials denied permission for Sarısülük's funeral ceremony to take place at the central Kızılay Square on 15 June, dispersing the people joining the ceremony with pressure water and tear gas.

The report said five people, including one police officer, lost their life in protests and added the following details about the deaths;

"Mehmet Ayvalıtaş died on 2 June after he was hit by a car that drove on TEM highway didn't stop despite all warnings by the protestors who had gathered in the neigborhood of 1 Mayıs in Istanbul's Ümraniye district. Abdullah Cömert (22) died in Antakya Public Hospital after he was wounded with a rubber bullet on the head in Hatay's Armutlu district on 3 June. İrfan Tuna (47) who was working on the night shift at a private teaching institution in in the central Kızılay Square died of heart attack on 5 June after he was subjected to intense tear gas police used in the Square on Wednesday. Police commissioner Mustafa Sarı died on 5 June after he fell down a subway bridge, five meters in height, while chasing protestors in Adana. Ethem Sarısülük (26) was hit on the head during protest demonstrations in Ankara on 1 June. He was declared brain dead on 13 June".

IHD said journalists were also subjected to police violence while covering protests and demanded the imeediate ending of the excessive use of police force and violence against protestors, urgent release of all those who were detained for only exercising their right of peaceful assembly, initiation of an independent and efficient inquiry into the cases of violence and the legal process against those responsible for all the happenings.

The report listed the following figures as to the detentions and arrests compiled by branches of the IHD, bar associations and doctors' unions.

Istanbul; 918 taken into custody, 33 arrested
Ankara; 973 taken into custody, 22 arrested
İzmir; 485 taken into custody, 13 arrested
Mersin; 485 taken into custody
Antakya; 76 taken into custody
Elazığ; 6 taken into custody
İskenderun; 4 taken into custody
Adana; 425 taken into custody
Eskişehir; 13 taken into custody
Kocaeli; 4 taken into custody, 2 arrested
Urfa; 1 taken into custody

A total of 2841 people detained, 66 still remanded in custody, and 70 arrested
(ANF, June 25, 2013)

Plus de 2.000 manifestants à nouveau près de la place Taksim

Plus de 2.000 personnes se sont réunies mardi soir en lisière de la place Taksim à Istanbul pour dénoncer la décision de la justice de laisser un liberté un policier accusé d'avoir tué un manifestant, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous demanderons des comptes aux assassins", "pour Ethem, pour la justice", "contre le fascisme, épaule contre épaule", ont scandé pendant plus d'une heure les manifestants, dont plusieurs centaines étaient assis face à un cordon de dizaines de policiers en tenue antiémeute qui leur barrait l'accès au centre de la place.

Un policier turc a été renvoyé lundi devant un tribunal pour avoir mortellement blessé par balle un manifestant, Ethem Sarisulul, le 1er juin à Ankara, mais il a été laissé libre sous contrôle judiciaire jusqu'à l'ouverture de son procès.

Le jeune homme, âgé de 26 ans, est décédé le 14 juin des suites d'une blessure par balle à la tête. Une vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux le montre s'écroulant subitement face à un policier casqué, qui s'enfuit ensuite l'arme au poing.

Depuis le début le 31 mai des manifestations contre le gouvernement islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie depuis 2002, quatre personnes sont mortes --trois manifestants et un policier-- et près de 8.000 autres blessées, dont plusieurs dizaines très gravement, selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs.

Samedi soir, la police a évacué manu militari plusieurs milliers de personnes qui s'étaient réunies sur la place Taksim pour commémorer l'assaut donné le 15 juin par la police contre le parc Gezi, le long de la place, qui constituait le bastion des manifestants. Des heurts avaient ensuite opposé policiers et protestataires jusqu'au milieu de la nuit.

Depuis l'évacuation du parc et de la place, les manifestants ont inventé de nouveaux modes de contestation, comme celle des "hommes à l'arrêt", qui protestent de manière silencieuse et immobile, et animent chaque soir des forums de discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul.

La répression de la contestation par la police turque a suscité de nombreuses critiques dans le monde entier.
(AFP, 25 juin 2013)

Eloge d'Erdogan à la sauvagerie policière

polis

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé lundi que la police de son pays, très critiquée dans le monde entier pour la violence de ses interventions contre les manifestations antigouvernementales des dernières semaines, avait écrit une "épopée héroïque".

"La police turque a écrit une épopée héroïque (...) nos forces de police ont passé avec succès un test de démocratie", a déclaré M. Erdogan lors d'une cérémonie de remise de diplôme à l'école de police d'Ankara.

Lors de son allocution, le chef du gouvernement s'en est une nouvelle fois pris à plusieurs pays de l'Union européenne (UE) qui ont dénoncé la répression policière en Turquie, notamment l'Allemagne.

"Notre police est victime de coups de feu et répond par des tirs de gaz lacrymogène et des canons à eau. S'ils consultent l'acquis communautaire, ils verront que c'est le droit le plus naturel conféré à la police (...) qui a agi avec la plus grande retenue et sang-froid", a-t-il lancé.

Le mouvement de contestation sans précédent visant le régime au pouvoir depuis 2002 qui a débuté le 31 mars a fait quatre morts, trois manifestants et un policier, et près de 8.000 blessés, dont 60 graves.

Selon un rapport de la police cité dimanche par le quotidien libéral Milliyet, 2,5 millions de personnes ont participé aux manifestations à travers toute la Turquie depuis le 31 mai. Environ 5.000 d'entre eux ont été arrêtés, selon ce rapport.

Le chef du gouvernement turc doit recevoir mardi à Ankara le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, qui avait appelé la Turquie à la retenue face aux manifestants.

Un policier turc accusé d'avoir tué un manifestant laissé en liberté

Un policier turc a été renvoyé lundi en justice pour avoir mortellement blessé par balle un manifestant anti-gouvernemental à Ankara mais a été laissé en liberté, ont rapporté les médias turcs.

Un tribunal d'Ankara a rejeté la demande des avocats de la victime, Ethem Sarisuluk, 26 ans, qui demandaient l'incarcération du policier, se contentant de le soumettre à un contrôle judiciaire jusqu'au procès, a précisé la chaîne de télévision NTV.

Ethem Sarisulul est décédé le 14 juin des suites d'un coup de feu tiré à la tête lors d'une manifestation sur la place Kizilay d'Ankara le 1er juin. Une vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux le montre s'écroulant brutalement face à un policier casqué, qui s'enfuit ensuite l'arme au poing.

Interrogé par l'AFP, le frère de la victime a dénoncé la décision de la justice de ne pas placer en détention le policier mis en cause.

"Dans ce pays, les meurtriers sont toujours remis en liberté. C'est le dernier exemple en date", a
regretté Mustafa Sarisulul. "Mon frère a été abattu devant le monde entier", a-t-il ajouté, "mais nous allons continuer notre combat et porter cette affaire devant les instances internationales pour dénoncer cette illégalité et cette injustice".
(AFP, 24 juin 2013)


Violence policière contre la manifestation des œillets

oeillets

La police turque a dispersé des milliers de manifestants portant des oeillets samedi sur la place Taksim à Istanbul, provoquant à nouveau de violents heurts après plusieurs jours de calme qui succédaient à trois semaines de manifestations sans précédent contre le gouvernement islamo-conservateur.

Les manifestants s'étaient rassemblés en fin de journée sur la place Taksim pour commémorer l'assaut donné par la police une semaine plus tôt dans le parc Gezi, jouxtant la place, le dernier bastion de la contestation antigouvernementale.

Les contestataires ont conspué le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, appelant à sa démission et scandant: "ce n'est qu'un début, continuons le combat", avant de jeter des oeillets rouges sur la place et sur les marches menant au parc Gezi, en hommage aux morts, aux blessés et aux personnes arrêtées au cours de la répression policière des manifestations.

Mais une heure et demie plus tard, et après sommations, des centaines de policiers des unités antiémeute ont repoussé la foule avec leurs boucliers, appuyés par des canons à eau, a constaté un journaliste de l'AFP.

La police n'a pas utilisé sur la place de grenades lacrymogènes, dont l'usage massif contre les manifestants au cours des dernières semaines avait été très critiqué, notamment par les associations de médecins.

Mais elle y a eu ensuite abondamment recours pour venir à bout des centaines de manifestants qui l'ont harcelée dans les ruelles du quartier de Beyoglu, autour de la place Taksim.

Pendant plusieurs heures, des échauffourées se sont poursuivies, les jets de grenades lacrymogènes et les tirs de balles en plastique des forces de l'ordre répondant aux jets de pierres et de bouteilles de petits groupes de contestataires très mobiles.

Dans la rue Mis, connue pour ses bars, un groupe de policiers antiémeute a été pris à partie par les consommateurs, qui jetaient des verres et des bouteilles depuis les balcons, et des chaises et des tables depuis les terrasses sur la rue. Il a réussi à quitter les lieux après avoir tiré une grenade de gaz lacrymogène.

La police a brièvement roué de coups quelques manifestants, sous les yeux d'un journaliste de l'AFP.

Vers 2h00 du matin (23h00 GMT samedi), les forces de l'ordre étaient parvenues à disperser les derniers groupes de manifestants, à démanteler leurs barricades et à reprendre le contrôle des rues menant à la place Taksim.

La police est également intervenue samedi soir contre des manifestants dans deux quartiers d'Ankara, Tunali Hilmi et Dikmen, a rapporté le quotidien Radikal.

Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 ont été blessées lors de la répression des précédentes manifestations, selon l'Union des médecins de Turquie.

Des milliers de personnes ont été interpellées, mais la plupart ont été relâchées.

Une cinquantaine de suspects, liés selon les autorités à une organisation d'extrême gauche clandestine, ont été inculpés pour appartenance à une organisation terroriste et placés en détention préventive vendredi et samedi à Istanbul et Ankara.

Le mouvement de contestation est né le 31 mai dans le parc Gezi quand la police a violemment réprimé quelques centaines de défenseurs de l'environnement qui voulaient s'opposer à l'arrachage des arbres du parc dans le cadre d'un projet d'aménagement voulu par le gouvernement.

La fronde a ensuite gagné tout le pays, les contestataires reprochant à M. Erdogan son autoritarisme et sa volonté d'islamiser la société turque, le parc Gezi devenant alors un camp retranché des manifestants.

La confrontation avec la police a pris fin après que celle-ci a investi le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Mais les manifestants ont depuis inventé de nouveaux modes pacifiques de contestation, tels celle des "hommes à l'arrêt", protestant de manière silencieuse et immobile, et animent chaque soir des forums de discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul. (Agences, 23 juin 2013)

Les inculpations continuent en Turquie après les manifestations

Les inculpations se poursuivaient samedi en Turquie après les manifestations antigouvernementales sans précédent qui ont secoué le pays pendant trois semaines, avec 22 nouveaux suspects placés en détention préventive à Ankara.

Un tribunal de la capitale turque a inculpé 22 suspects et a ordonné leur mise sous écrou pour leur participation aux manifestations, a affirmé l'Association des avocats contemporains (CHD), précisant que trois autres personnes ont été relâchées avec un placement sous contrôle judiciaire.

L'inculpation porte sur leur rôle dans l'organisation des manifestations et leur participation supposée à des actions violentes au nom d'une organisation clandestine, a rapporté la chaîne d'information CNN-Türk sur son site internet.

Ces mises sous écrou font suite à un coup de filet mené mardi par la police contre des milieux d'extrême gauche à Istanbul et Ankara.

Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait souligné mardi que l'opération était préparée de longue date mais que les suspects étaient également impliqués dans les manifestations.

"L'opération, préparée depuis un an (...) vise l'organisation terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du parc Gezi", à Istanbul, d'où est parti le mouvement national de contestation, a affirmé M. Güler.

A Istanbul, 18 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP) arrêtés lors de la même opération ont été inculpés et placés en détention vendredi pour "appartenance à une organisation terroriste" et "destruction de biens publics".

La police avait arrêté mardi matin à leurs domiciles plusieurs dizaines de membres de l'ESP, une petite formation d'extrême gauche très active dans les manifestations, et perquisitionné les locaux d'un quotidien, Atilim, et d'une agence de presse, Etkin, proches de cette formation politique.

Avec les mises sous écrou de samedi, au moins 46 personnes au total ont été placées en détention préventive depuis l'intervention de la police une semaine plus tôt pour évacuer le parc Gezi, le dernier bastion des manifestants qui réclamaient depuis le 31 mai la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 autres ont été blessées lors de ces manifestations, les plus violentes contre le gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en 2002.
(AFP, 22 juin 2013)

18 membres d'un parti de gauche écroués après les manifestations

Dix-huit membres du Parti socialiste des opprimés turc (ESP) ont été inculpés et placés en détention vendredi pour leur participation aux manifestations contre le gouvernement des trois dernières semaines en Turquie, a-t-on appris auprès de l'association des avocats CHD.

Les membres de l'ESP, une petite formation très active pendant la contestation, sont poursuivis pour "appartenance à une organisation terroriste" et "destruction de biens publics", des charges punies de plusieurs années de prison, a précisé la chaîne de télévision d'information NTV.

La police avait arrêté mardi matin à leur domicile d'Istanbul plusieurs dizaines de membres de l'ESP et perquisitionné les locaux d'un quotidien, Atilim, et d'une agence de presse, Etkin, proches de cette formation politique. D'autres interpellations ont été réalisées dans la capitale Ankara.

Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait évoqué un coup de filet avec 62 arrestations à Istanbul et 23 à Ankara.

"L'opération, préparée depuis un an (...) vise l'organisation terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du parc Gezi", d'où est parti le mouvement national de contestation, a affirmé M. Güler.

Au total, 24 personnes ont d'ores et déjà été placées en détention depuis l'intervention de la police samedi pour évacuer le parc Gezi, le dernier bastion des manifestants qui réclamaient depuis le 31 mai la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Selon le CHD, ce nombre devrait encore progresser.

La police turque a procédé à de nombreuses interpellations, dont 600 personnes dimanche à Istanbul et Ankara. La plupart d'entre elles ont depuis été relâchées.

La police peut procéder à quatre jours de garde à vue, selon la loi turque, avant de présenter le suspect à un procureur qui décide de son éventuelle inculpation, de son placement en détention ou de sa remise en liberté.

Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 autres ont été blessées lors de ces manifestations, les plus violentes contre le gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en 2002.
(AFP, 21 juin 2013)

Les médecins turcs dénoncent un usage dangereux du gaz lacrymogène

Six organisations turques de médecins ont déploré jeudi l'usage massif par la police du gaz lacrymogène lors de la répression des manifestations antigouvernementales qui ont secoué la Turquie depuis la fin mai, évoquant deux cas probables de décès liés au gaz et dénonçant son usage comme une "arme chimique".

"Nous avons de sérieuses inquiétudes sur la mort de deux citoyens des suites de leur exposition au gaz lacrymogène, et dont le décès n'a pas été pris en compte dans les statistiques" sur les victimes des heurts, a déclaré le Pr Ümit Biçer, au nom de l'Association des spécialistes en médecine légale.

Les autorités et l'Union des médecins de Turquie (TTB) ont jusque là fait état de quatre morts lors des incidents: deux civils atteints par des projectiles à Hatay (sud) et Ankara --le premier vraisemblablement par une grenade lacrymogène, le deuxième par une balle de pistolet--, un autre écrasé par une voiture à Istanbul et un policier tombé d'un pont à Adana (sud).

A ce bilan, il faut probablement ajouter la mort d'un homme de 47 ans employé dans une école privée à Ankara atteint de troubles respiratoires après une forte exposition aux gaz lacrymogènes et une femme de 50 ans décédée d'une crise cardiaque à Istanbul dans des circonstances analogues, a indiqué le Pr Biçer.

La police a utilisé le gaz lacrymogène "non comme un moyen de contrôler les foules, mais comme une arme chimique" en tirant des grenades a proximité immédiate des personnes ou dans des lieux clos, deux actes proscrits par les conventions internationales, a accusé le médecin.

Quelque 41% des personnes affectées par le gaz se trouvaient à proximité immédiate (moins de cinq mètres) d'une grenade lacrymogène, et 21% étaient dans un lieu clos, a indiqué le Pr Elif Dagli, de la Société turque de médecine thoracique, révélant les résultats d'une enquête auprès de 356 personnes gazées.

Les symptômes constatés chez ces personnes allaient de toux (78%) et de douleurs thoraciques (74%) à des toux accompagnées de crachements de sang (3%), a affirmé Mme Dagli.

Le Pr Dogan Sahin, de l'Association turque de psychatrie, a pour sa part dénoncé un usage du gaz lacrymogène "pouvant s'apparenter à de la torture" dès lors que l'objectif était "d'infliger une douleur physique et psychologique dans un but de punition" aux manifestants.

Il a évalué à 50.000 le nombre de personnes qui pourraient être victimes de "troubles psychologiques récurrents ou permanents" à la suite de ces interventions policières.

Les heurts en Turquie au cours des trois dernières semaines ont fait au moins quatre morts et 7.800 blessés, dont 59 blessés graves, selon le dernier bilan de la TTB, publié jeudi.
(AFP, 20 juin 2013)

La Turquie en eaux troubles après les manifestations

La fronde antigouvernementale qui a agité la rue turque pendant trois semaines a cédé la place à une contestation moins radicale mais elle a libéré le désir de démocratie des manifestants et mis en difficulté le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, estiment les analystes.

Depuis mardi, les détonations des grenades lacrymogènes ont quasiment cessé mais les protestataires refusent encore et toujours de rendre les armes.

Beaucoup répètent la posture de "l'homme à l'arrêt", d'autres déposent leurs chaussures dans la rue en mémoire des trois manifestants tués lors de la crise et les forums de discussion organisés dans les parcs d'Istanbul se multiplient.

"Ce mouvement va continuer d'une façon ou d'une autre, il va se transformer en une forme de désobéissance civile", juge Cengiz Aktar, politologue à l'université Bahçesehir d'Istanbul, "le gouvernement a peut-être les moyens physiques, mais il n'a pas les moyens intellectuels de coexister, de composer avec ces revendications".

Le mouvement est parti le 31 mai d'une réaction épidermique à l'intervention brutale de la police contre une poignée de militants écologistes sur la place Taksim, qui refusaient la destruction du désormais fameux parc Gezi.

Mais très vite, il a focalisé les colères accumulées contre le parti islamo-conservateur au pouvoir et s'est transformé en une puissante lame de fond contre son chef, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.

Pour la sociologue Nilufer Narli, il est "encore trop tôt" pour se prononcer sur la direction que va prendre la contestation. Mais, prédit-elle, les jeunes, diplômés et issus des classes moyennes, qui en ont constitué les gros bataillons ne renonceront pas à leurs revendications en faveur d'une société plus démocratique.

"Leurs exigences sont toujours là, comme leur insatisfaction politique", estime Mme Narli, "et elles sont encore plus fortes maintenant qu'auparavant".

Face à cette pression, le chef du gouvernement a joué, comme à son habitude, de la fermeté et de la provocation.

Une Turquie contre l'autre

A longueur de discours, il a dénoncé les "pillards" qui ont occupé les rues de la plupart des grandes villes du pays et dénoncé un "complot" ourdi par des "terroristes".

Aux jeunes, laïques et tournés vers l'étranger qui manifestaient, il a opposé la "vraie Turquie", conservatrice et musulmane, qui a fait les larges victoires électorales de son Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

"On rejoue le même film", a déploré la sociologue Nilufer Gole sur le site internet de la télévision T24 en évoquant les vieilles rancunes qui ont longtemps opposé républicains et musulmans en Turquie. "Les suspicions mutuelles, l'absence de confiance nous divisent et nous mènent à grande vitesse droit dans le mur", a-t-elle ajouté.

"Après les incitations nationalistes ont commencé les incitations religieuses, à destination des gens pieux et conservateurs", a confirmé le journaliste Hasan Cemal sur la même chaîne T24. "Ce langage (...) radicalise la Turquie", a ajouté M. Cemal, "il pousse l'ensemble de la société à ses limites".

Au sein même de ses troupes, la tonalité intransigeante du discours du Premier ministre n'a pas fait l'unanimité.

"Si Erdogan décide de radicaliser la population et d'aiguiser les divisions pour consolider son propre camp, il met en danger non seulement son propre avenir politique mais aussi la stabilité de l'ensemble du pays", a jugé Abdullah Bozkurt, le chef du bureau d'Ankara du quotidien jusque-là proche du gouvernement Today's Zaman.

Ce titre de langue anglaise a été cette semaine accusé de "trahison" par de nombreux militants de l'AKP pour avoir publié un sondage qui créditait le parti de M. Erdogan de 35,3% d'intentions de vote, en forte baisse par rapport aux près de 50% récoltés lors des élections législatives de 2011.

Pour de nombreux analystes, l'image du Premier ministre a été sérieusement écornée par ces 20 jours de fronde. "Ceux qui ont conduit ce mouvement ne peuvent pas dire qu'ils ont gagné", a écrit l'éditorialiste Ahmet Insel dans le quotidien libéral Radikal, "mais tout le monde, à commencer par Erdogan, sait bien que c'est le cas".
(AFP,19 juin 2013)

Le pouvoir islamiste menace d'utiliser l'armée!

afp
(afp)

La terreur d'état relancée par le pouvoir islamiste a déjà un bilan noir qui suscite des protestations tant au pays qu'à l'étranger: 4 morts, 7822 blessés, 11 pertes de vue et un millier d'arrestations.
Malgré cela, le gouvernement turc est allé encore plus loin par la menace de faire intervenir l'armée pour empêcher les éventuelles manifestations à Istanbul et dans toute la Turquie.

"Tout d'abord, un policier n'est pas un vendeur de rue mais un membre des forces de l'ordre. Les policiers useront de tous les moyens qui leur sont conférés par la loi", a déclaré
lundi le vice-Premier ministre Bulent Arinç. Dans un entretien accordé à la télévision A Haber, "Si cela ne suffit pas, même les forces armées turques peuvent être utilisées dans les villes sous l'autorité des gouverneurs" de régions, a-t-il ajouté.

Le gouvernement a déjà eu ponctuellement recours à la gendarmerie, un corps de militaires dépendant du ministère de l'Intérieur.

Au lendemain de la manifestation de deux grands syndicats venus soutenir la fronde, le chef du gouvernement Erdogan a profité de son discours hebdomadaire devant les députés de son Parti de la justice et de la démocratie (AKP) pour tourner la page de la contestation sans précédent qui a agité son pays.

"Notre démocratie a de nouveau subi un test et en est sortie victorieuse", a-t-il lancé sous un tonnerre d'applaudissements, "le peuple et le gouvernement de l'AKP ont déjoué ce complot tramé par des traîtres et leurs complices à l'étranger".

Pendant plus d'une heure, Erdogan a dénoncé une nouvelle fois les "pillards" et les anarchistes" qui ont occupé la rue, les "médias internationaux" coupables de "désinformation" et les critiques qui ont mis en cause son intransigeance pendant la crise et la brutalité de la répression policière.

Depuis le début de la contestation le 31 mai, le gouvernement turc a eu recours à la police antiémeute pour réprimer les manifestants à Istanbul et à Ankara.

Cette utilisation de la police dans un pays qui a connu au XXe siècle quatre coups d'Etat militaires avait mis en lumière le lien privilégié entre Erdogan et les forces de police.

"Je remercie encore et encore la police pour sa patience et son bon sens", a-t-il lancé, justifiant son recours massif aux gaz lacrymogènes. "En fait, notre police a adopté une attitude démocratique contre la violence

Sûr de sa force, Erdogan a mis en garde contre toute velléité de manifestation, après l'évacuation samedi des occupants du parc Gezi et de la place Taksim à Istanbul.

"A partir de maintenant, il ne sera pas question de montrer la moindre tolérance envers des gens ou des organisations qui s'engagent dans des actions violentes", a-t-il menacé.

Si la nuit de lundi à mardi a été plutôt calme à Istanbul, la police a utilisé des canons à eau et des grenades lacrymogènes pour déloger des manifestants qui avaient installé des barricades à Ankara, ceux-ci répliquant par des jets de pierre.

Mardi matin, la police a procédé à des dizaines d'interpellations dans les milieux d'extrême gauche soupçonnés d'être liés aux manifestants.

A Istanbul, quelque 90 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP), une petite formation active dans les manifestations, ont été arrêtés, selon le barreau d'Istanbul. Les médias turcs ont rapporté l'interpellation de 30 personnes à Ankara, 13 à Eskisehir (nord-ouest) et des descentes de police dans 18 autres provinces.

Le ministre de l'Intérieur Muammer Güler a lui évoqué 62 arrestations à Istanbul et 23 à Ankara, dans le cadre d'une opération préparée de longue date contre "l'organisation terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du parc Gezi".

Les forces de l'ordre avaient déjà arrêté près de 600 personnes dimanche à Istanbul et Ankara, selon les barreaux de ces deux villes.

Selon le quotidien Hürriyet Daily News, le ministère de la Justice a par ailleurs commencé à travailler sur un projet de réglementation de la criminalité sur internet pour restreindre le rôle des médias sociaux dans la propagation des appels à manifester.

Au début de la fronde, M. Erdogan avait qualifié de "fauteur de trouble" le réseau Twitter, le moyen de communication favori des manifestants.

Pour contourner l'interdiction de manifester sur la place Taksim, toujours étroitement surveillée par la police, les manifestants ont inauguré une nouvelle forme de défi au gouvernement: la posture de "l'homme à l'arrêt".

Lundi soir, un chorégraphe, Erdem Gunduz, s'est ainsi immobilisé pendant de longues heures au milieu de la place, debout, sans dire un mot, avant que la police ne mette fin à son happening en dispersant la foule qui l'encerclait. Il avait déjà fait mardi de nombreux émules.

L'«homme à l'arrêt», nouveau héros de la place Taksim

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(afp)

Muet, le regard fixe, il n'a pas bougé pendant des heures. Un homme est arrivé lundi soir à la nuit tombée et s'est planté au milieu de la place Taksim d'Istanbul, à quelques dizaines de mètres du parc Gezi. Son action pacifique, dans ce lieu interdit au rassemblement par les autorités turques, a intrigué et fasciné les centaines de personnes qui l'ont observé, lui, et la police. Le parc, berceau de la contestation du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est solidement gardé par des dizaines de policiers depuis l'opération coup de poing samedi soir des unités antiémeute qui l'ont vidé à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau de ses milliers de manifestants.

Cinq heures plus tard, l'homme était toujours là, les mains dans les poches, un sac et des bouteilles d'eau à ses pieds. Il fixait l'immense portrait du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, accroché au sommet de l'ancien centre culturel. La nouvelle de son action s'est propagée à grande vitesse sur les réseaux sociaux. Elle porte un nom sur Twitter, #Duranadam, «l'homme à l'arrêt».

Erdem Gunduz, un chorégraphe stambouliote

L'auteur de cette action inédite à Istanbul, qui vise à contourner l'interdiction de manifester tout en occupant la place Taksim après le coup dur porté par l'évacuation du parc Gezi, s'appelle Erdem Gunduz. Ce chorégraphe stambouliote est aidé par ses amis qui empêchent les centaines de personnes présentes de s'approcher de lui et le ravitaillent en eau. «Nous voulons le protéger de toute provocation. Il faut qu'il soit seul au milieu de la place, sinon la police prétextera un rassemblement pour disperser tout le monde», a expliqué Asma, une jeune femme turque qui tente de repousser la foule sur le bas côté. Progressivement, une chaîne humaine a formé un immense cercle autour de lui. Les appels à quitter la place se sont multipliés. Des jeunes se sont disputés, en désaccord sur la stratégie à adopter. (www.leparisien.fr, 18 juin 2013)


FIDH: Suspend sales of tear-gas and crowd-control equipment to Turkey

The repression of protests that began on 28 May 2013 has intensified in recent days. Police abuse documented during the first weeks was deemed "regretful" by the Turkish authorities, who opened parallel channels of dialogue with the representatives of Gezi park.

Despite these openings, on Saturday 15 June, Prime Minister Erdogan called upon the police to clear Gezi park. The police assisted by the gendarmerie attacked protesters in the park and surrounding areas to evacuate the site. This operation resulted in human rights violations greater than those previously committed. The lack of independent investigation into the violations committed in recent weeks has raised concerns that this impunity has been the breeding ground for an escalation of violence.

Criminal and disproportionate use of force

According to figures published by the Turkish Medical Association, on the 17th of June 7,642 people were injured during the repression of protests throughout Turkey. Many injuries to the head or to the body reflect the inappropriate use of teargas or plastic bullets, in violation of international law, notably the UN Principles on the use of force and firearms by law enforcement officials.

According to information gathered by the Human rights foundation of Turkey (HRFT) and the Human rights association (IHD), two protestors were killed. One protestor and a policeman also died. One of the protestors was shot in the head by a police officer who has not been suspended from duty. Another one was killed by the police forces after being shot in the head by a tear gas canister. One was ran over by a car that was intentionally driven into the crowd. A policeman fell down and died while he was running after protesters.

Additionally, two people, including a cleaning officer, have died as a possible result of tear gas intoxication.

Many injuries to the head or to the body reflect the inappropriate use of teargas or plastic bullets.

The Divan, Ramada and Hilton hotels, which served as a refuge and infirmaries for sick or injured protesters were raided by police who used teargas grenades in violation of the prohibition of their use in enclosed spaces. In addition, several hospitals were attacked with teargas, notably the Universal German Hospital near Taksim Square.

Medical personnel under threat

Many doctors and medics who were bringing assistance to injured protesters were also threatened. According to the Istanbul Medical Chamber (İstanbul Tabip Odası), three nurses and a doctor are currently in detention.

Criminalisation of political activity

On Tuesday 11 June while a particularly violent police operation designed to evacuate Taksim Square was taking place, 70 people were arrested during a raid against the Social Democracy Party (SDP). While most were released after four days of detention, four remain detained and are prosecuted for having participated in organised criminal activities. They will thus be judged according to special procedures (closed trial, heavier sentences, etc.).

In addition, this morning on 8th June, a large and unconfirmed number of political opponents’ houses and offices were raided and their occupants detained both in Ankara and Istanbul. They are accused, amongst other things, of ’belonging to an illegal organisation’.

FIDH is concerned about the use of criminal provisions that have been repeatedly condemned by the United Nations’ mechanisms of protection of human rights and by the European Court of Human Rights. Nothing today justifies this use of special judicial procedures or the use of vague charges of organised criminal activities instead of the law governing demonstrations.

Violation to freedom of information

Independent media coverage of the protests and incidents that surrounded them has been seriously lacking in the Turkish media. The few independent channels that relayed the information have been prosecuted and sentenced to huge fines in violation of freedom of expression and information.

Thus, Halk TV, Ulusal TV, Cem TV and EM TV were sentenced to very high fines (Halk TV was sentenced to 1­46,000 Turkish lira) by the High Council of Radio and Television of Turkey (RTÜK) for "undermining the physical, moral and mental development of children and young people”, after broadcasting images of the repression.

In this context, FIDH and IHD reiterate their calls to the Turkish authorities which were sent in recent weeks, and in particular to:

- release and drop the charges against all those arrested during the protests, at the headquarters of the Social Democracy Party, and during police raids;
- guarantee freedom of expression and ensure that the fight against political violence complies with human rights standards, as requested to Prime Minister Recep Tayyip Erdogan during the 38th FIDH Congress in Istanbul in May;
- send an independent commission of inquiry to shed light on the disproportionate use of force by the law enforcement agents during the demonstrations all across Turkey in recent weeks;
- ensure that the individuals responsible for human rights violations be prosecuted and tried under international human rights standards.

Given the increasing number of human rights violations committed by the authorities in charge of policing, FIDH, HRFT and IHD have decided to seize the relevant international monitoring mechanisms of the United Nations and of the Council of Europe, namely the UN Special rapporteur on freedom of expression, on freedom of association, on the prevention of torture, on protection of human rights while countering terrorism, and the Council of Europe Commissioner for Human Rights, and the Committee for the Prevention of Torture.

In addition, FIDH and IHD call upon the international community to:

- condemn in the most stark terms the disproportionate use of force and repression of demonstrations;
call for the immediate establishment of an independent and impartial commission of investigation into the repression of these protests;
- suspend and ban all exports of tear gas and crowd control material to Turkey, until investigations have been made as regards to their improper use and until the perpetrators of such improper use are held accountable.

Press contacts:

Tel: +33 6 72 28 42 94;
+33 6 8 05 91 57 (in Paris) – Email : presse@fidh.org


Erdogan attise toujours la polarisation et l'hostilité

gezi

Le Premier ministre Erdogan,
au lieu de mettre fin à l'état de guerre, a continué dimanche d'attiser  la polarisation et l'hostilité en Turquie. Il a essayé de justifier lors d'un meeting de ses partisans à Istanbul l'évacuation brutale du parc Gezi, dernier bastion des manifestants qui réclament sa démission depuis plus de deux semaines à Istanbul.

"J'ai dit que nous étions arrivés à la fin. Que c'était devenu insupportable. Hier, l'opération a été menée et (la place Taksim et le parc Gezi) ont été nettoyés", a lancé M. Erdogan sous les vivats de la foule, la plus importante rassemblée depuis le début de la crise qui secoue la Turquie.

"C'était mon devoir de Premier ministre", a-t-il ajouté, arpentant de long en large l'immense estrade en bras de chemise.

"Nous n'abandonnerons pas cette place aux terroristes", a insisté le dirigeant islamiste, en référence aux drapeaux ou aux banderoles de certains mouvements politiques interdits qui avaient été déployés sur la place Taksim.

Pendant près de deux heures d'un discours au ton accusateur, M. Erdogan a fustigé les médias internationaux complices des "terroristes", le Parlement européen qui dépasse les "limites" et les "pillards" qui détruisent le pays.

Au même moment, des accrochages continuaient d'opposer les forces de l'ordre à des groupes de manifestants tout autour de la place Taksim. A plusieurs reprises, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour les empêcher d'approcher.

Pour la première fois depuis le début de la crise, des unités de gendarmerie sont venues renforcer la police, notamment en barrant l'entrée d'un des deux ponts qui enjambent le Bosphore pour empêcher les manifestants venus de la rive anatolienne de la ville de prêter main forte à ceux qui font le coup de poing côté européen.

A Ankara, la police a également dispersé à plusieurs reprises des centaines de personnes qui tentaient de se réunir sur la place Kizilay, le coeur de la contestation dans la capitale.

Partout, les manifestants ont assuré qu'ils ne baisseraient pas les bras. "Je n'abandonnerai pas", a assuré à l'AFP Mey Elbi, une professeur de yoga de 39 ans délogée du parc Gezi. "Nous sommes en colère, tout ça n'est pas fini", a-t-elle ajouté, "le monde a vu qu'ensemble, nous pouvions tenir tête à Tayyip".

Sitôt connue la nouvelle de l'évacuation du parc, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul pour tenter de "reprendre" la place Taksim. Toute la nuit, la police est intervenue à grand renfort de gaz, de canons à eau et de tirs de balles en caoutchouc pour disperser la foule sur plusieurs artères de la ville.

Selon la coordination des manifestants, baptisée Solidarité Taksim, des "centaines" de personnes ont été blessées lors de l'opération.

Selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs publié plus tôt dans la semaine, 4 personnes sont mortes et près de 7.500 autres ont été blessées. (AFP, 17 juin 2013)

Alarm cry from the Turkish Bar Association

The Turkish Bar Association’s administrative body has called on the Council of Europe head to request an explanation from the Turkish government on the role of the security forces during the ongoing protests around the country, as a result of an emergency meeting June 16.

The association called on the Secretary General of the Council of Europe to take action about "statements made by the Turkish government that raise tensions and escalate violence and the bad treatment of people by the authorities and the security forces.”

The demand was based on Article 52 of the Convention for the Protection of Human Rights and Fundamental Freedoms, which permits the Secretary General of the Council of Europe the right to request Turkey to "furnish an explanation of the manner in which its internal law ensures the effective implementation of any of the provisions of the Convention."

The Bar Association also said it would be applying to a number of other international institutions.

The Bar Association has also decided to launch judicial and administrative investigations into officials who had opened a preliminary inquiry into the health care teams helping injured protesters during the clashes.

Meanwhile, administrative and judicial applications will be made by the association regarding public emergency medical teams who “neglected their duty” by not building emergency medical centers in the areas during the events, according to the statement.

The Bar Association also vowed to continue an active dialogue with the bar heads and to take further steps, if deemed necessary. 


350 detained according to Istanbul Bar Association

Police have detained almost 350 people since the crackdown began in Istanbul on June 15, according to the Istanbul Bar Association.

Police continued to use intense tear gas against protesters trying to gather in neighborhoods close to Taksim Square.

Dozens of protesters were detained during the police intervention on Sıraselviler Avenue which links to Taksim Square on June 16. One British citizen were among those detained, according to Doğan News Agency.

Those detained were later held in riot police buses at Taksim Square.

The police intervened with water cannons and tear gas on Sıraselviler Avenue to remove the barricade after calling on protesters to clear the route.

Clashes between police and the protesters also occurred in the Mecidiyeköy and Nişantaşı neighborhoods of the Şişli district, as well as the Galata neighborhood of Beyoğlu.

A group of people who tried to build a barricade on Ergenekon Avenue in Şişli, were dispersed with tear gas and water cannons. Another group blocked the highway access road in the Nurtepe neighborhood of the Kağıthane district.

Police intervention on İstiklal Avenue

Another group of protesters, after being driven by the police from Osmanbey toward Nişantaşı, built a barricade to halt the police. The police then used a large amount of tear gas in the area in order to disperse the protesters, and several of the group took shelter in a mall.

Ferries not working

Meanwhile, city line ferries working between the Anatolian and Asian sides of Istanbul have been partially canceled following a direction from the Istanbul Governorate.

Lines from Kadıköy to Beşiktaş and from Kadıköy to Kabataş are currently not working.  The ferries are operating only between Kadıköy and Eminönü.

Intervention at mall in Mecidiyeköy

Earlier in the day, another group made up of around 100 people had gathered in Mecidiyeköy in front of another mall, Cevahir AVM.

The group had planned to march toward Taksim Square, until they faced a police intervention while chanting slogans. Ten riot policemen chased members of the group seeking shelter in the mall.

The police officers left the mall after the majority of those shopping in the mall reportedly chanted slogans against the police intervention.

Security guards at the mall distributed water for the protesters affected by the tear gas.
(hurriyetdailynews.com, June 16, 2013)

Voluntary Doctors Face Investigation!

Health Ministry Audit submitted an official statement to Chamber of Medicines Administration, saying that it launched investigations on doctors of Gezi Park - a group of volunteer doctors who made the first aid to dozens of injured protestors due to police violence and saved lives.

Health Ministry claimed that Gezi Park protests were “illegal”:

“Departing from a statement released by Istanbul Chamber of Medicines, the ministry observed certain information and statistics on medical interventions to those who are wounded in illegal protests and treated by a group of self-organized and voluntary doctors  in so-called infirmaries.”

Even the ministry claimed that it detected those “voluntary infirmaries”, voluntary doctors and Chamber of Medicines already announced their existence previously.

Ministry asked doctors names

Health Ministry submitted the following questions to Chamber of Medicines Administration:  * Why did you not seek permission from Health Ministry on the medical practices and “voluntary infirmary” service coordinated by your chamber?

* For what reason did you come up with your own medical teams when Health Ministry’s medical staff and ambulances were already positioned during the events in Taksim?

* Who worked in the voluntary infirmaries? What are the duties, competences and titles of these individuals? How did you make sure that these individuals were competent and permitted to make medical interventions?

* What medical records have these “health volunteers” take and what is legal ground of these registries? Your website mentions “Judicial Phenomena Preliminary Evaluation and Documentation”. What is the legal ground of this process?

* Have patients been put through surgical interventions? If yes, are there any registries? 

* How many patients were admitted and treated in these voluntary infirmaries? Are there any medical records? What are the names of admitted patients? Did you share this information with the ministry? (BIA, June 16, 2013)

Erdogan a déclenché une guerre sauvage contre le peuple

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Le Premier ministre Tayyip Erdogan a finalement déclenché une guerre totale contre tous ces opposants. Suivant ces ordres, les policiers ont évacué samedi soir à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau le parc Gezi d'Istanbul, berceau de la contestation, provoquant des scènes de chaos et des affrontements qui se sont poursuivis toute la nuit en ville.

Deux heures après un dernier ultimatum du chef du gouvernement, les forces de l'ordre sont passées à l'action dans la soirée en investissant le parc Gezi qu'elles ont vidé en quelques minutes de ses milliers d'occupants en les noyant sous un nuage de gaz lacrymogènes.

Les tentes dans lesquelles les occupants du parc s'apprêtaient à passer une nouvelle nuit ont été détruites, leurs banderoles arrachées et des dizaines de personnes interpellées.

Le collectif Solidarité Taksim, qui chapeaute l'organisation de la contestation au Premier ministre, a condamné l'opération, qui "a transformé le parc Gezi, Istanbul et le pays en zone de guerre". "Cette attaque brutale de la police doit s'arrêter. Le parti au pouvoir sera tenu pour responsable des événements", a-t-il ajouté.

"A l'heure actuelle, nous manifestons à travers le pays contre l'attaque du gouvernement et nous marchons dans le quartier de Taksim", où se situe le parc Gezi, ajoute le collectif, qui dénonce des "centaines de manifestants blessés" et des dizaines de personnes touchées par des "balles en caoutchouc" qui ne peuvent pas être hospitalisées.

La police a dispersé samedi soir à coups de canons à eau et de gaz lacrymogènes la place Taksim où se massaient des centaines de manifestants. Dans la foulée, elle a lancé l'assaut sur le parc Gezi occupé depuis le 1er juin par des milliers de manifestants. Ces derniers ont fui les gaz lacrymogènes permettant aux policiers de démanteler les tentes dressées dans le camp. Depuis plusieurs heures, la police cherche à repousser le plus loin de la place Taksim tout manifestant. Des centaines de policiers sont déployés dans les rues donnant sur la place à la recherche des manifestants.

La police intervient jusque dans le lobby de grands hôtels, comme le Hilton et le Divan. L'hôtel Divan, proche du camp Gezi, a été transformé en hôpital de campagne pour soigner les manifestants touchés par les gaz lacrymogènes ou les balles en caoutchouc. Pour sa part, le gouvernement avance un bilan de 29 blessés.


"Ils sont entrés de force, avec beaucoup de gaz. Ils nous ont frappés, même les femmes", a raconté à l'AFP un des manifestants, Ader Tefiq. "J'étais à l'intérieur de la tente-hôpital (...), ils ont lancé des grenades lacrymogènes et des dizaines de policiers sont entrés", a rapporté de son côté Elif, une thérapeute de 45 ans.

La police a poursuivi les manifestants dans toutes les rues environnantes jusque tard dans la nuit, y compris dans le hall d'un hôtel luxueux copieusement arrosé par les canons à eau de véhicules antiémeute et gazé.

Selon la coordination des manifestants, baptisée Solidarité Taksim, des "centaines" de personnes ont été blessées lors de l'opération. Le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a lui évalué le nombre des blessés à 29.

Le vice-Premier ministre Huseyin Celik s'est félicité de l'évacuation du parc. "J'espère que nous pourrons oublier tout ça, comme un mauvais rêve ou un cauchemar", a-t-il dit.

A peine connue la nouvelle de l'évacuation du parc, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul.

"Nos revendications dépassent les limites du parc Gezi, à présent, il s'agit d'un mouvement contre le gouvernement", a déclaré à l'AFP une étudiante, avant d'ajouter: "Nous allons continuer et personne ne nous arrêtera". "C'est le point de non-retour", a renchéri un autre manifestant, estimant qu'"il s'agit de défendre la liberté en Turquie".

La police est intervenue toute la nuit à grand renfort de gaz, de canons à eau et de tirs de balles en caoutchouc pour disperser la foule sur plusieurs artères de la ville, notamment près du Bosphore.

A l'aube, les camions de nettoyage et les bulldozers continuaient de s'affairer sur la place Taksim et dans le camp Gezi pour effacer les traces de la contestation qui a débuté le 31 mai et s'est soldée par quatre morts et plus de 7.500 blessés dans le pays.

A Ankara, des milliers de personnes ont également manifesté en fin de soirée. Aucun incident n'avait été signalé dans la capitale. Des manifestants sont également descendus dans la rue à Izmir (ouest).

Samedi, le chef du gouvernement avait lancé un nouvel avertissement aux manifestants, lors d'un discours prononcé devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans réunis dans une lointaine banlieue d'Ankara.

"Je le dis clairement: si Taksim n'est pas évacuée, les forces de sécurité de ce pays sauront comment l'évacuer", a lancé Erdogan sur le ton ferme qu'il affectionne depuis le début de la crise. Le Premier ministre doit tenir dimanche après-midi une nouvelle réunion publique avec des dizaines de milliers de manifestants à Istanbul.

La résistance de Taksim poursuit son mouvement

Les contestataires qui occupent le parc Gezi d'Istanbul, d'où est parti un mouvement sans précédent de contestation populaire du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé samedi leur refus de partir malgré les concessions du pouvoir.

Après plus de deux semaines de fronde à Istanbul, Ankara, et dans plusieurs villes de Turquie, le collectif Solidarité Taksim, qui chapeaute les manifestants, a sonné la poursuite du mouvement de "résistance".

"Nous allons poursuivre notre résistance contre toute injustice dans notre pays (...) Ce n'est qu'un début, notre lutte se poursuivra!", indique le collectif dans un communiqué.

"Aujourd'hui nous sommes bien plus forts, organisés et optimistes qu'il y a 18 jours", lorsqu'un petit groupe de militants écologistes avait commencé à camper dans le parc pour s'opposer au projet d'aménagement des autorités, souligne Solidarité Taksim après une nuit de débats entre les occupants.

Les manifestants estiment par ailleurs que le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis 2002, "a perdu sa légitimité aux yeux de la presse nationale et internationale (...) par ses efforts pour diviser et provoquer la résistance" sur la place emblématique de Taksim.

Le Premier ministre, principale cible des manifestants qui l'accusent d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque, avait promis de ne pas toucher au parc tant que la justice suivait son cours, un geste d'apaisement qui n'a donc pas suffi.

Toute la nuit et encore samedi matin, les protestataires -- plusieurs centaines d'irréductibles -- qui avaient engagé le bras de fer le 31 mai, ont discuté, divisés en groupes de discussion, les concessions du régime.

"Nous ne partirons pas. Pourquoi le ferions-nous au point où nous en sommes ?", demandait Mustafa, 43 ans. "Nous avons beaucoup souffert, il n'y a pas de retour en arrière possible", ajoute-t-il en évoquant les manifestants blessés par la police.

"Nous restons dans le camp parce que nos demandes n'ont pas été satisfaites par le gouvernement", explique Ata, futur docteur en mathématiques.

L'AKP organise samedi à Ankara et dimanche à Istanbul deux meetings électoraux avec en ligne de mire les élections municipales de 2014. Mais pour les manifestants, le but du Premier ministre est tout autre.

"Il veut montrer son pouvoir pour nous intimider, nous menacer. Mais c'est précisément pourquoi nous sommes là, c'est tout le problème", ajoute Ata en référence aux penchants autocratiques, selon les manifestants, du dirigeant turc au pouvoir depuis 11 ans.

"Rien ne sera plus jamais comme avant en Turquie", après ces deux semaines de prise de parole, de liberté, dit Ata. Nuits blanches dans le parc Gezi, affrontements violents réprimés à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, arrestations de centaines de manifestants rapidement relâchés, près de 7.500 blessés à travers le pays, 4 morts : la Turquie a connu sa plus grave crise politique de l'ère Erdogan.

La crise a mis en lumière la cohabitation de deux modèles: une Turquie conservatrice et majoritaire, des pauvres et des campagnes, et une Turquie laïque, urbaine, occidentalisée, qui accuse l'AKP de vouloir islamiser la société.

Le chef du gouvernement avait fait des concessions en trompe-l'oeil dans la nuit de jeudi à vendredi en promettant à une délégation de représentants de la société civile, dont deux porte-parole de la contestation, de ne pas toucher au parc tant que la justice n'aurait pas statué.

Mais le processus juridique pourrait prendre des mois alors que le gouvernement a fait appel de la décision rendue le 31 mai par un tribunal administratif de suspendre l'aménagement du parc.

M. Erdogan a par ailleurs répété qu'il organiserait un référendum municipal sur l'avenir du parc.

Délaissant le ton menaçant de l'ultimatum qu'il leur avait adressé auparavant, le Premier ministre a prié le dernier carré de manifestants qui occupent le parc de vider les lieux d'ici vendredi soir. Il n'a pas été entendu.

Parallèlement, les policiers antiémeute ont dispersé dans la nuit de vendredi à samedi à coups de gaz lacrymogènes les manifestants rassemblés à Ankara. Plus de trente protestataires ont été arrêtés, selon la chaîne de télévision turque NTV.

Les brutalités policières et l'intransigeance de M. Erdogan face aux protestataires lui ont valu de nombreuses critiques et terni son image à l'étranger, notamment auprès des Etats-Unis et des pays de l'Union européenne.
(AFP,15 juin 2013)

Minuit: Un petit pas en arrière d'Erdogan

guardian
The Guardian, June 14, 2013

A l'issue d'une rencontre avec des représentants des contestataires, Recep Tayyip Erdogan s'est engagé vendredi matin à ne pas poursuivre le projet d'aménagement urbain prévu dans le parc Gezi d'Istanbul avant qu'un tribunal ne rende une décision à ce sujet.

Des représentants de la contestation ont été reçus jeudi soir à Ankara au cours d'une réunion d'urgence par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, quelques heures après avoir rejeté son ultimatum leur demandant de quitter leur dernier bastion du parc Gezi d'Istanbul.

M. Erdogan leur a réaffirmé sa proposition de procéder à une consultation des habitants d'Istanbul sur ce terrain contesté.

"Nous voulons savoir ce que pense la population d'Istanbul, sa décision est très importante pour nous", a indiqué à la presse au terme de l'entretien Hüseyin Celik, le porte-parole du parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, dirigé par M. Erdogan.

Alors que la fronde contre le gouvernement est entrée dans sa troisième semaine, des milliers de manifestants se préparaient à passer une nouvelle nuit dans ce jardin public proche de la place Taksim, dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi de la contestation le 31 mai.

"Nous resterons au parc Gezi avec nos tentes, nos sacs de couchage, nos chansons, nos livres, nos poèmes et toutes nos revendications", a annoncé en fin d'après-midi un des représentants de la coordination des manifestants, Solidarité Taksim, l'avocat Can Atalay.

Pour tenter d'éviter une nouvelle confrontation violente avec la police, le chef du gouvernement a convoqué une réunion d'urgence avec une délégation d'artistes et de membres de la société civile dans sa résidence d'Ankara.

Ce rendez-vous nocturne, qui a débuté peu après 23h00 locales (20h00 GMT), est le premier entre le dirigeant turc et des porte-parole autorisés des manifestants qui réclament sa démission.

Le collectif Taksim Solidarité n'avait pas été invité à une première rencontre organisée mercredi entre le Premier ministre et des "représentants" de la contestation choisis par les autorités.

Pressé d'en finir avec cette fronde sans précédent depuis l'arrivée de son parti islamo-conservateur au pouvoir en 2002, M. Erdogan a adressé jeudi un "dernier avertissement" aux irréductibles qui occupent le parc Gezi.

"Nous avons fait preuve de patience jusqu'à présent, mais la patience a des limites. Je lance mon dernier avertissement : mères, pères, s'il vous plaît, faites sortir vos enfants de là", a lancé le chef du gouvernement dans un discours à Ankara.

"Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps parce que le parc Gezi n'appartient pas aux forces qui l'occupent", a-t-il plaidé, "il appartient à tout le monde".

Depuis vingt-quatre heures, le gouvernement a renforcé sa pression sur le dernier carré des protestataires, épargné par l'opération des forces de police qui ont repris mardi manu militari le contrôle de la place Taksim.

Mercredi soir, le Premier ministre avait fait un geste en proposant un référendum municipal sur le projet d'aménagement contesté de la place, avec l'espoir qu'il accélère l'évacuation du parc Gezi.

Détermination

 "Je crois qu'après ce geste de bonne volonté, les jeunes vont décider de quitter le parc Gezi", a souhaité le vice-Premier ministre Huseyin Celik. "Tout ceci doit s'arrêter", a renchéri, plus impatient, son homologue à l'Intérieur Muammer Güler.

Mais, dans les allées du parc, l'idée du référendum a été très fraîchement accueillie et les sommations du gouvernement balayées d'un revers de main.

"Nous n'avons pas vécu toutes ces attaques qui ont fait des morts et quelque 5.000 blessés parmi nos concitoyens pour un référendum", a déclaré M. Atalay au nom de leur coordination.

"Nous n'acceptons pas le référendum parce que nous avons combattu la police, nous avons reçu du gaz lacrymogènes (...) et nous n'allons pas lui permettre (à M. Erdogan) d'avoir l'air d'un démocrate", a tranché Fulya, une des manifestantes. "Nous n'irons pas voter à ce référendum", a-t-elle ajouté, "nous sommes ici et nous y resterons".

Retranchés sous "leurs" platanes, les irréductibles du parc Gezi ont reçu jeudi soir le soutien de plusieurs milliers de personnes qui ont réinvesti la place Taksim malgré la présence de centaines de policiers.

Les manifestants ont afflué sur la place à la nuit tombée en scandant des slogans hostiles à M. Erdogan, avant d'écouter un concert de piano.

Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté, depuis le début de la crise, un ton très ferme contre les manifestants, qui dénoncent sa dérive autoritaire et l'accusent de vouloir "islamiser" la société turque.

Son intransigeance lui a valu de nombreuses critiques et a terni son image à l'étranger. Jeudi, après de nombreux pays alliés comme les Etats-Unis, le Parlement européen a exprimé dans une résolution sa "profonde inquiétude" face à "l'intervention brutale de la police" contre les manifestants.

Piqué au vif, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a jugé "inacceptable" la résolution européenne, répétant que son pays était une "démocratie de tout premier plan".

"Vous vous prenez pour qui ?", a lancé de son côté aux députés européens M. Erdogan.

Selon le dernier bilan publié mardi par le syndicat des médecins turcs, les manifestations ont fait quatre morts, trois manifestants et un policier, et près de 5.000 blessés, dont plusieurs dizaines grièvement.
(AFP,14 juin 2013)

Contestataires: La proposition de référendum d'Erdogan "pas légale"

La proposition par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan d'un référendum municipal sur l'avenir du parc Gezi à Istanbul, à l'origine des protestations contre le gouvernement, n'est ni légale ni souhaitable, a affirmé jeudi à l'AFP un représentant des manifestants.

"Il y a déjà une décision de justice, qui a imposé l'arrêt des travaux d'aménagement du parc Gezi. Dans ces conditions, il n'est pas légal d'envisager une consultation populaire pour décider du sort du parc", a déclaré Tayfun Kahraman, de Solidarité Taksim, la principale coordination des manifestants du parc Gezi.

Il a par ailleurs souligné que "les conditions ne sont pas remplies" pour pratiquer une telle consultation, le droit turc ne prévoyant de recours au référendum que dans le cadre de réformes constitutionnelles.

M. Kahraman, qui est également le président de la Chambre des urbanistes d'Istanbul, s'est en outre déclaré hostile au principe même d'un référendum.

"Est-ce qu'on décide d'organiser un vote pour savoir si on doit soigner ou pas un patient malade du cancer ?", a-t-il commenté, précisant que Solidarité Taksim, qui regroupe 116 associations animant la contestation, se réunirait dans la matinée pour présenter une position officielle commune sur la proposition de M. Erdogan.

Le Premier ministre a tenté mercredi de désamorcer la fronde qui vise son gouvernement depuis deux semaines en évoquant l'idée d'un référendum sur le projet d'aménagement de la place Taksim et des 600 arbres du parc Gezi.

Un tribunal administratif d'Istanbul a ordonné le 31 mai la suspension des travaux à des fins conservatoires dans l'attente d'un jugement sur le fond concernant la légalité du projet d'aménagement voulu par le gouvernement.
(AFP,13 juin 2013)

Des milliers d'avocats protestent après l'arrestation de 73 confrères

Des milliers d'avocats ont manifesté mercredi à travers la Turquie pour dénoncer la brève arrestation, la veille à Istanbul, de 73 de leurs confrères lors d'une action de soutien au mouvement de protestation antigouvernementale qui secoue la Turquie depuis 12 jours.

A Ankara, près de 3.000 personnes, pour la plupart des avocats revêtus de leur robe, ont marché du tribunal au parc Güven, dans le centre de la capitale, aux cris de "la démocratie maintenant" et "nous voulons la justice", selon un photographe sur place.

Le mouvement a été suivi à Istanbul, où le président du barreau de la ville, Ümit Kocasakal, a appelé à "une fin immédiate des violences policières contre les avocats et le peuple", devant des centaines de juristes réunis sur le parvis du palais de justice.

"La police a attaqué nos confrères de manière éhontée et irrespectueuse, elle les a arrêtés en faisant un usage intensif et illégal de la force, en les tirant par leur robe", a dénoncé Me Kocasakal, dont la déclaration a été publiée avec des photos sur le site internet du barreau d'Istanbul.

"Que des avocats soient soumis à de tels traitements alors qu'ils sont dans l'exercice de leur profession, sur leur lieu de travail, est absolument inacceptable", a-t-il ajouté.

Des manifestations de juristes ont également eu lieu dans huit autres villes de Turquie, dont Izmir (ouest) et Diyarbakir (sud-est), a rapporté le site internet d'information Bianet.

La police stambouliote a interpellé et interrogé mardi pendant quelques heures 73 avocats qui protestaient contre l'intervention des forces de l'ordre contre les manifestants occupant la place Taksim d'Istanbul, selon l'Association des avocats contemporains (CHD).

En grève depuis le début de la fronde qui vise le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan il y a treize jours, ces avocats se sont réunis dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul pour dénoncer la police aux cris de "Taksim est partout", "la résistance est partout", jusqu'à l'intervention de la police.

Les avocats sont fréquemment la cible des autorités turques.

Plusieurs dizaines d'avocats sont actuellement en détention provisoire en Turquie pour leurs liens supposés avec des organisations clandestines, principalement les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
(AFP,12 juin 2013)

HRW says tear gassing protesters won't end Taksim crisis

“Teargassing tens of thousands of protesters in Taksim Square won't end this crisis,” Emma Sinclair-Webb, Turkey researcher at Human Rights Watch (HRW), has said.

“If Turkey is to be counted among rights-respecting countries the police brutality has to stop and the government should talk to the protesters,” she added.

In a statement published on HRW'S website on Tuesday, the group said Turkish government's decision to send riot police into Taksim Square and to tear gas “tens of thousands of peaceful protesters” has all but destroyed efforts to foster a peaceful dialogue between the government and protesters. The demonstrators have been demanding an end to the redevelopment of Taksim Square and Gezi Park in İstanbul.

Coinciding with a warning by the İstanbul Governor's Office on Tuesday morning, riot police moved into Taksim Square. The purpose, the statement said, was “to remove the many flags and banners of illegal organizations hung on the Atatürk Monument and on the Ataturk Cultural Center (AKM),” both well-known landmarks in Taksim Square. During an evening protest at which the group counted tens of thousands of people in Taksim Square and the surrounding streets, HRW said it watched police again repeatedly tear gas the crowds.

The deployment of riot police in Taksim Square came on the eve of government plans to hold a meeting between Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan and representatives from nongovernmental groups, who would either be able to represent the protesters or potentially mediate with the Taksim Solidarity Platform, which unites various groups among the protesters.

Erdoğan made a speech in the morning on Tuesday following the clashes in which he again sought to discredit the protesters and their aims and called on them to withdraw from the park. He thanked the police for their intervention and said, “We will continue decisively; Gezi Park is not an occupation site.”

“The prime minister's words this morning seem to have been a green light for the teargas attack on peaceful demonstrators this evening,” Sinclair-Webb said.

HRW's statement said law enforcement officials should not use firearms against people “except in self-defense or defense of others against the imminent threat of death or serious injury.” Because rubber bullets may in certain circumstances have lethal effects, they should be treated for practical purposes as firearms, the rights watchdog added.
(TODAY'S ZAMAN, June 12, 2013)

Taksim: Sauvagerie policière d'Erdogan

A la veille d'un entretien entre le chef du gouvernement et des représentants de la contestation Taksim qui agite le pays depuis douze jours, la sauvagerie policière a provoqué de nouveaux violents affrontements tout au long de la journée dans le centre de la mégapole turque, faisant de nombreux blessés.

Mardi, Le Premier ministre Erdogan a fait évacuer à deux reprises par la force dans la journée en prévenant qu'il n'aurait plus "aucune tolérance" envers leur mouvement.

Après huit jours de contestation sur cette place emblématique, la police anti-émeute a tiré ses dernières salves de gaz lacrymogènes vers 03H00 (00H00 GMT) et peu avant 05H00 (02H00 GMT), alors que l'appel à la prière du muezzin montait dans les rues menant vers le Bosphore, des camions-poubelle achevaient de ramasser douilles de gaz lacrymogènes, détritus et restes des barricades.

La police est également intervenue à Ankara pour disperser, à grands renforts de gaz lacrymogènes et de canons à eau, quelque 5.000 manifestants.

Les forces de l'ordre ont investi peu après 07h30 locales (04h30 GMT) la place Taksim, le bastion de la fronde commencée le 31 mai, et facilement repoussé les quelques centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit.

Les barricades qui bloquaient l'accès à la place ont été rapidement démantelées par des pelleteuses et les drapeaux et banderoles hostiles au gouvernement arrachées.

Mais les échauffourées se sont poursuivies jusqu'au soir, lorsque la police s'est brutalement retirée en lisière de la place, ouvrant la porte à des milliers de personnes scandant "Tayyip, démission !" Mais une heure plus tard, elle a pour la seconde fois dispersé la foule, provoquant la panique.

De nombreux manifestants ont trouvé refuge dans le parc Gezi, dont la destruction annoncée a lancé la contestation le 31 mai, transformé par les militants en hôpital de campagne, et de fortune, pour les nombreux manifestants blessés.

Lors de son adresse hebdomadaire aux députés de son parti, le Premier ministre a fermement justifié l'intervention des forces de l'ordre.

"Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à semer la terreur: cette affaire est maintenant terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance", a-t-il déclaré devant les élus de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste).

Même si la police s'est abstenu d'intervenir directement dans le parc, M. Erdogan a clairement menacé ses occupants de l'évacuer de force. "Le parc Gezi est un parc, pas une zone d'occupation", a-t-il lancé, "j'invite les manifestants sincères (...) à se retirer".

Surpris dans leur sommeil par l'opération des forces de l'ordre, les manifestants n'ont pas caché leur surpris et leur colère.

 "Pouvez-vous croire ça ? Ils attaquent Taksim et nous gazent ce matin alors qu'ils ont proposé hier soir de discuter avec nous ?", s'est interrogé Yulmiz, un manifestant de 23 ans. "Si on nous chasse d'ici, nous reviendrons", a renchéri Ali, un retraité de 63 ans, un masque de chirurgien sur le visage.

La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation, qu'il n'a eu de cesse de présenter comme des "pillards" ou des "extrémistes".

L'ONG Greenpeace, invitée à ce rendez-vous, a déjà fait savoir qu'elle ne s'y rendrait pas. "D'abord, la violence doit cesser", a-t-elle demandé.

La police a par ailleurs procédé mardi à des dizaines d'arrestations, dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul, l'intervention de la police, selon l'Association des avocats contemporains. Tous ont été relâchés en soirée.

Les forces de l'ordre avaient quitté la place Taksim le 1er juin, après vingt-quatre heures presque ininterrompues de violences avec des centaines de manifestants venues dénoncer la brutalité de l'évacuation par la police du parc Gezi, à l'aube du 31 mai.

Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient pour dénoncer l'arrachage des 600 arbres dans le cadre d'un projet contesté d'aménagement urbain.

Depuis le retrait de la police, la place du centre d'Istanbul a accueilli tous les soirs des milliers de personnes, parfois des dizaines de milliers, exigeant la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.

Le Premier ministre a adopté un ton très ferme depuis le début de la crise, en renvoyant les contestataires aux élections municipales de 2014 pour exprimer leur mécontentement. Lors des législatives de 2011, l'AKP avait recueilli 50% des suffrages.

Son intransigeance a valu à M. Erdogan de nombreuses critiques dans le monde, notamment de la part de son allié américain ou de l'Union européenne (UE), qui ont dénoncé le recours excessif à la force par la police turque.

Amnesty International s'est insurgée mardi contre l'intervention de la police, appelant au dialogue. De son côté, Human Rights Watch a estimé que "gazer des dizaines de milliers de manifestants ne règlera pas la crise".

Le syndicat des médecins turcs a annoncé mardi la mort d'une quatrième personne, grièvement blessée il y a quelques jours à Ankara, depuis le début des manifestations. Outre ces quatre personnes tuées, trois manifestants et un policier, près de 5.000 autres ont été blessées, dont plusieurs dizaines grièvement.


Plus de 70 avocats interpellés par la police à Istanbul

La police a interpellé et interrogé mardi pendant quelques heures 73 avocats qui protestaient contre l'intervention des forces de l'ordre contre les manifestants occupant la place Taksim d'Istanbul, a annoncé leur association.

En grève depuis le début de la fronde qui vise le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan il y a douze jours, ces avocats se sont réunis dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul pour dénoncer la police aux cris de "Taksim est partout", "la résistance est partout", a raconté à l'AFP une avocate ayant requis l'anonymat.

La police est alors intervenue dans le palais de justice pour les en déloger et a interpellé 73 d'entre eux après de brèves échauffourées, a rapporté l'Association des avocats contemporains (CHD).

Tous ont finalement été remis en liberté en soirée après leur interrogatoire, a précisé la CHD dans un communiqué.

Dans un commentaire publié sur sa page Facebook, le président des barreaux de Turquie, Metin Feyzioglu, s'est ému de ces arrestations. "Nous nous rendons (d'Ankara) à Istanbul pour rencontrer les autorités sur place", a dit Me Feyzioglu.

Le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) a pour sa part réclamé dans un communiqué "la libération immédiate des avocats en garde à vue et le lancement d'une enquête contre les responsables qui ont abusé de leur charge officielle en ayant recours à la violence".

Il a également enjoint le gouvernement d'arrêter d'utiliser "le langage de la violence".

Les avocats sont fréquemment la cible des autorités turques.

Plusieurs dizaines d'avocats --32 selon le BDP-- sont actuellement en détention provisoire en Turquie pour leurs liens supposés avec des organisations clandestines, principalement les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le bâtonnier du barreau d'Istanbul et neuf de ses confrères sont par ailleurs poursuivis pour avoir mis en cause l'attitude des juges à l'égard de la défense lors d'une audience, en avril 2012, d'un procès controversé sur un projet de coup d'Etat contre le gouvernement islamo-conservateur. (AFP, 11 juin 2013)



La police a repris le contrôle de la place Taksim

La police turque a repris mardi le contrôle de la place Taksim d'Istanbul aux manifestants qui exigent depuis douze jours la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à la veille de sa rencontre annoncée avec des représentants de la contestation.

Peu après 07h30 locales (04h30 GMT), les forces de l'ordre sont intervenues manu militari sur la place, le coeur de la mobilisation antigouvernementale, repoussant les quelques centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit en tirant des grenades lacrymogènes ou des billes de plastique et en utilisant des canons à eau.

Sitôt l'apparition de la police, des groupes de manifestants casqués et équipés de masques à gaz ont riposté par des jets de pierre et de cocktails Molotov.

"Nous allons nous battre, nous voulons la liberté. Nous sommes des combattants de la liberté", a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Burak Arat, 24 ans, qui a passé la nuit dans le parc Gezi, ce petit jardin public dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi le 31 mai à la fronde antigouvernementale qui agite toute la Turquie.

Après trois heures d'échauffourées, les forces de l'ordre sont parvenues à éloigner les contestataires du centre de la place. La plupart des drapeaux et des banderoles qui hérissaient Taksim ont été rapidement enlevées et des pelleteuses ont démantelé les barricades érigées dans la plupart des rues menant à la place

"Le spectacle (de ces manifestants) a contrarié la population (...) et terni l'image du pays aux yeux du monde", a justifié le gouverneur d'Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, lors d'une conférence de presse.

La police n'est, par contre, pas intervenue dans le petit parc Gezi, ce jardin public adjacent à Taksim dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi le 31 mai à la fronde antigouvernementale qui agite aujourd'hui toute la Turquie.

"Est-ce que vous pouvez croire ça ? Ils attaquent Taksim et nous gazent ce matin alors qu'ils ont proposé hier soir de discuter avec nous ?", s'est interrogé Yulmiz, un manifestant de 23 ans. "Nous n'abandonnerons pas le parc", a-t-il assuré, "ils peuvent envoyer des milliers de policiers s'ils veulent".

La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation, qu'ils a présentés à longueur de discours comme des "pillards" ou des "extrémistes".

Fermeté

 "Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains des groupes qui organisent ces manifestations", a déclaré lundi soir le vice-Premier ministre Bülent Arinç à l'issue du conseil des ministres, "notre Premier ministre écoutera ce qu'ils ont à dire".

En même temps que ce premier geste concret d'apaisement du chef du gouvernement, M. Arinç avait ajouté que "les manifestations illégales ne (seraient) plus tolérées en Turquie", ouvrant la porte à l'intervention de mardi matin.

Les forces de l'ordre avaient quitté Taksim le 1er juin, après vingt-quatre heures presque ininterrompues d'affrontements avec les manifestants.

Des centaines de manifestants étaient venus dénoncer la brutalité avec laquelle la police avait évacué le parc Gezi à l'aube du 31 mai. Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient pour dénoncer l'arrachage des 600 arbres du parc dans le cadre d'un projet contesté d'aménagement de Taksim.

Depuis le retrait de la police, la place du centre d'Istanbul a accueilli tous les soirs des milliers de personnes, parfois des dizaines de milliers, qui exigent la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.

Dimanche, le Premier ministre avait nettement durci le ton en multipliant les harangues publiques contre les contestataires, devant des milliers de partisans de son Parti de la justice et du développement (AKP) .

"Ceux qui ne respectent pas le parti au pouvoir dans ce pays en paieront le prix", a lancé le dirigeant turc à Ankara, "si vous continuez comme ça, j'utiliserai le langage que vous comprenez, parce que ma patience a des limites".

Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté un ton très ferme depuis le début de la crise, en renvoyant les contestataires aux élections municipales de 2014 pour exprimer leur mécontentement.

En 2011, son Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, avait recueilli 50% des suffrages.

Son intransigeance a valu à M. Erdogan de nombreuses critiques dans le monde entier, notamment de la part de son allié américain, de l'Union européenne (UE) et des organisations de défense des droits de l'Homme, qui ont dénoncé le recours excessif à la force par la police turque.

Selon le dernier bilan publié vendredi par le syndicat des médecins turcs, trois personnes, deux manifestants et un policier, sont morts et près de 5.000 blessées, dont plusieurs dizaines très grièvement, depuis le début des manifestations.
(AFP,11 juin 2013)

Erdogan joue la surenchère belliqueuse face à la contestation

Alors que les protestataires ont une nouvelle fois occupé la rue à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), l
e Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a renoué avec sa rhétorique offensive contre les "pillards" et les "extrémistes", et dénoncé un complot "organisé à l'intérieur et à l'extérieur" du pays.

En même temps que les diatribes du Premier ministre, des dizaines de milliers de manifestants ont occupé tout l'après-midi la place Taksim d'Istanbul pour un concert-meeting où les harangues anti-Erdogan ont succédé aux chansons assourdissantes et aux slogans "gouvernement, démission !" repris par la foule.

Tout au long de la journée, Erdogan a multiplié les discours télévisés devant des foules de partisans réunis par son Parti de la justice et du développement (AKP) pour occuper l'espace médiatique, un enjeu vital dans l'affrontement qui l'oppose aux manifestants qui défient son autorité.

Alors qu'Erdogan prononçait son énième discours de la journée à Ankara, la police est intervenue en soirée à quelques kilomètres de là pour disperser un rassemblement de plusieurs milliers de personnes. Des centaines de policiers anti-émeutes ont abondamment utilisé le gaz lacrymogène pour déloger les protestataires qui manifestaient pacifiquement sur la place centrale de Kizilay, théâtre de manifestations anti-gouvernementales, et ont fait au moins deux blessés.

La police a aussi procédé à des interpellations parmi les manifestants qui se sont enfuis dans les ruelles avoisinantes sous une épaisse fumée de gaz toxique.

A son arrivée en fin de journée à Ankara, Erdogan a laissé paraître son impatience devant la persistance de la contestation. "Nous restons patients, nous sommes toujours patients, mais notre patience à des limites", a-t-il menacé.

"Nous ne rendrons pas de comptes à des groupes marginaux mais devant la nation (...) la nation nous a amenés au pouvoir et c'est elle seule qui nous en sortira", a-t-il poursuivi devant la foule chauffée à blanc qui scandait "La Turquie est fière de toi".

Le Premier ministre a donné rendez-vous à ses adversaires aux élections municipales de mars 2014. "Soyez patients encore sept mois au lieu d'occuper (le parc) Gezi (à Istanbul) ou (le parc) Kugulu (à Ankara)", a lancé M. Erdogan. "Vous parlez de démocratie, de libertés et de droits, mais vous ne les obtiendrez pas par la violence mais par la loi".

Un peu plus tôt, il avait demandé à ses troupes réunies à Adana (sud) de donner à la jeunesse qui conteste son pouvoir à Istanbul, Ankara et dans plusieurs villes de Turquie "une première leçon par des voies démocratiques, dans les urnes".

Épreuve de force

L'AKP a d'ores et déjà prévu d'organiser deux réunions publiques de masse samedi prochain à Ankara et le lendemain à Istanbul, officiellement pour lancer sa campagne pour les élections municipales de l'an prochain.

Taksim et le petit parc Gezi, dont la destruction annoncée a lancé la fronde le 31 mai, avait enregistré samedi soir sa plus forte affluence depuis le début du mouvement, dopée par la présence de milliers de supporteurs des clubs de football rivaux de la ville, Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, réconciliés pour l'occasion.

Buse Albay, une architecte de 25 ans, a promis de rester sur la place "aussi longtemps qu'il faudra", jusqu'à la démission de M. Erdogan. "Les gens veulent leur liberté et ils le disent", a-t-elle ajouté.

A Izmir (ouest), des milliers de manifestnats ont également défilé, selon un photographe de l'AFP.

Des incidents violents ont déjà eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche à Ankara. Et, selon les médias turcs, des échauffourées ont été signalées à Adana (sud) à l'issue d'une manifestation entre opposants et partisans du Premier ministre.

Ces incidents et la stratégie de la confrontation à nouveau adoptée par M. Erdogan dimanche, à la faveur de son déplacement à Adana, suscitent questions et inquiétudes sur la suite du mouvement et les risques d'escalade entre les deux camps.

La vague de contestation qui secoue depuis dix jours la Turquie a affaibli son gouvernement, critiqué par des alliés clés comme les Etats-Unis ou l'Union européenne pour la brutalité de la répression policière.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé dimanche à "une solution rapide" en Turquie et demandé aux opposants comme aux partisans de M. Erdogan de faire preuve de "retenue".

Le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, une voix respectée en Turquie, a lui-même confié son désarroi après plus d'une semaine d'une contestation sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP en 2002.

"Je suis inquiet car il n'y a toujours pas en vue de signes d'un dénouement pacifique", a déclaré l'écrivain lors d'une conférence à Rome, cité par la presse turque, "Je comprends la façon de protester des gens". (Agences, 9 juin 2013)

Taksim résiste, Erdogan persiste

Plusieurs milliers de manifestants ont à nouveau occupé vendredi soir la place Taksim d'Istanbul pour exiger, pour le huitième soir consécutif, la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan,.

Défiant l'appel de M. Erdogan à cesser immédiatement leur mouvement, les protestataires ont envahi la place au son de la musique et des slogans antigouvernementaux, dans une ambiance moins tendue que celle des soirs précédents.

Très ferme contre les "vandales et les "extrémistes" devant ses partisans lors de son retour en Turquie dans la nuit, le chef du gouvernement s'est montré un peu plus conciliant dans l'après-midi devant un forum international, en se déclarant prêt à entendre toutes les "revendications démocratiques".

"Nous sommes contre la violence, le vandalisme et les actions qui menacent les autres au nom des libertés", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence à Istanbul sur l'Europe. Mais "nous accueillons de tout coeur ceux qui viennent avec des exigences démocratiques", a-t-il ajouté.

La Bourse d'Istanbul a immédiatement salué ce changement de ton en clôturant sa séance de vendredi en hausse de plus de 3%.

Juste avant qu'il ne prenne la parole, les Européens ont une nouvelle fois rappelé le dirigeant turc à ses devoirs démocratiques.

"Le recours excessif à la force n'a pas sa place dans une démocratie", a lancé devant son hôte le commissaire européen à l'Élargissement Stefan Füle, en soulignant que les manifestants avaient un droit "légitime" d'exprimer leur opposition. Il a aussi demandé une enquête "rapide et transparente" sur les violences policières.

M. Füle a toutefois assuré que la fronde qui agite la Turquie n'aurait pas d'impact sur son processus d'adhésion à l'Union européenne (UE), paralysé depuis des années.

La chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi haussé le ton contre les autorités turques, insistant sur la nécessité de "discuter des problèmes avec les jeunes du pays".

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a "condamné l'usage disproportionné de la force" par les autorités turques et les "tirs ciblés de grenades lacrymogènes" visant particulièrement les journalistes à Istanbul.

Le chef emprisonné des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a de son côté approuvé les manifestations antigouvernementales, en dépit de ses négociations de paix en cours avec les autorités turques.

Et un tribunal suisse a annulé vendredi la décision de l'Office fédéral des migrations (BFM) de rejeter la demande d'asile d'un jeune militant kurde, estimant qu'il y avait encore pour lui un vrai risque de tortures et de mauvais traitements en Turquie.

Le Premier ministre turc a réagi vigoureusement en dénonçant le "deux poids, deux mesures" des critiques qui pleuvent sur son pays.

"Dans n'importe quel pays d'Europe, lorsqu'il y a une protestation violente contre un projet de démolition de ce genre, croyez-moi, ceux qui sont impliqués subissent une répression plus sévère", a-t-il lancé.

Risque de confrontation


M. Erdogan a évoqué "17 morts" lors du mouvement de contestation pacifique "Occupy Wall Street", qui a dénoncé en 2011 à New York les abus du capitalisme financier. "Faux", lui a répondu l'ambassade des Etats-Unis sur Twitter, "il n'y a eu aucun mort américain".

De retour dans la nuit d'une tournée à l'étranger, M. Erdogan, parfois qualifié de "sultan" par ses détracteurs, avait adopté un ton beaucoup plus ferme. Devant des milliers de partisans chauffés à blanc, il avait exigé la fin "immédiate" des manifestations qui, a-t-il dit, "ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme".

Cette démonstration de force était la première réponse publique organisée dans la rue par le Parti de la démocratie et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, depuis le début de la fronde, avec le risque d'une escalade des violences.

Au même moment, des dizaines de milliers de personnes étaient réunies sur l'emblématique place Taksim d'Istanbul pour réclamer la démission de M. Erdogan. Vendredi soir, ce coeur de la rébellion contre le gouvernement était à nouveau occupé par les manifestants, comme les soirs précédents.

"Nous ne partirons pas", a assuré vendredi à l'AFP Murat Tepe, un styliste de mode de 36 ans. "Les gens vont continuer à venir", a-t-il pronostiqué, "nous n'avons peur de rien, avant tout le monde craignait de parler, maintenant c'est fini".

Grâce à une collecte sur Internet qui a permis de récolter 102.000 dollars, les contestataires se sont offert vendredi une pleine page de publicité dans le New York Times dans laquelle ils exigent "la fin des brutalités policières" et dénoncent "l'érosion constante de nos droits civiques et de nos libertés".

La destruction annoncée du parc Gezi et ses imposants platanes, près de Taksim, a lancé la contestation, rapidement devenue une fronde contre le gouvernement et son chef.

Les détracteurs du Premier ministre lui reprochent un exercice "poutinien" du pouvoir : médias sous la main-mise du pouvoir, concentration par l'APK de l'ensemble des pouvoirs, arrestations en masse des opposants kurdes et d'extrême gauche et islamisation rampante de la société.

Au pouvoir depuis 11 ans pendant lesquels l'économie turque a connu une forte croissance, M. Erdogan a pu constater au Maroc et en Tunisie cette semaine l'ombre portée par la contestation sur sa réputation: le roi du Maroc Mohammed VI ne l'a pas reçu et son voyage à Tunis a été marqué par des manifestations hostiles.

La contestation a causé la mort de deux manifestants et d'un policier et fait 4.785 blessés en une semaine, selon un dernier bilan du syndicat des médecins turcs.

A New York, dimanche, des milliers de personnes sont attendues pour une manifestation en soutien au mouvement de protestation en Turquie. (Agences, 8 juin 2013)

Retour en Turquie: Erdogan toujours arrogant et agressif

erdoganLe Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a tenté de faire une nouvelle démonstration de force vendredi à son retour en Turquie en exigeant, devant des milliers de partisans, la fin "immédiate" des manifestations qui réclament sa démission depuis huit jours.

Accueilli dans la nuit par ses partisans à l'aéroport d'Istanbul au terme d'une tournée de trois jours au Maghreb, le chef du gouvernement a une nouvelle fois dénoncé les "anarchistes" et les "extrémistes" qui défilent dans les rues des principales villes du pays en défiant son autorité et ordonné l'arrêt de leur mouvement.

"J'appelle à une fin immédiate des manifestations, qui ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme", a-t-il lancé à la foule, qui agitait des drapeaux turcs en scandant "nous sommes prêts à mourir pour toi, Tayyip" ou encore "allons-y, écrasons-les tous".

Juché sur un bus et flanqué de son épouse et d'une bonne partie de son gouvernement, M. Erdogan a assuré qu'il n'était pas "le maître mais le serviteur" de la Turquie et remercié ses partisans pour leur retenue depuis le début de la crise.

"Vous êtes restés calmes, responsables et vous avez fait preuve de bon sens", a lancé M. Erdogan. "Nous allons tous maintenant rentrer chez nous (...) vous n'êtes pas le genre de gens qui tapez sur des casseroles dans les rues", a-t-il ajouté.

Les défenseurs de M. Erdogan sont jusque-là restés discrets, mais le Premier ministre s'est targué à plusieurs reprises du soutien d'une large partie de la population, rappelant que son Parti de la justice et du développement (AKP) avait obtenu 50% des suffrages aux législatives de 2011.

Avec cette première mobilisation massive en faveur du gouvernement, la crise a tourné au bras de fer entre les partisans et les adversaires de M. Erdogan.

Au moment-même où il était attendu à l'aéroport d'Istanbul, plusieurs dizaines de milliers de manifestants étaient toujours réunis sur l'emblématique place Taksim, à une vingtaine de kilomètres de là, aux cris de "Tayyip, démission!". Des milliers de personnes étaient également rassemblées dans la capitale Ankara.

Quelques heures avant son retour, M. Erdogan a répété à Tunis son refus de céder aux protestataires en excluant de revenir sur le projet d'aménagement de la place Taksim d'Istanbul, à l'origine de la fronde.

"Nous mènerons ce projet à son terme (...) nous ne permettrons pas à une minorité de dicter sa loi à la majorité", a-t-il assuré.

Comme il l'a déjà fait, M. Erdogan a aussi dénoncé la présence d'"extrémistes", certains "impliqués dans le terrorisme" parmi les protestataires. Une allusion au groupe d'extrême gauche turc DHKP-C (Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple) qui a revendiqué un attentat en février contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.

Intransigeance

Les Etats-Unis ont dénoncé cette "rhétorique inutile" qui, a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, "ne contribue pas à apaiser la situation".

La Bourse d'Istanbul a chuté de 4,70% à la clôture après les propos de M. Erdogan.

L'intransigeance du chef du gouvernement a alimenté la colère des manifestants, qui dénoncent sa dérive autoritaire et sa volonté d'islamiser la société turque.

"Nous sommes en colère, il ne veut pas écouter", a indiqué à l'AFP Senay Durmus, une biologiste de 25 ans, "je reviendrai à Taksim jusqu'à notre victoire". "Il ne veut rien changer mais on va le contraindre à le faire. Je ne sais pas quand, mais il changera", a assuré un autre manifestant, Mersad Jahed.

Signe de la tension qui monte, des incidents ont été signalés mercredi à Rize, sur les bords de la mer Noire (nord-est), entre des contestataires et des partisans de l'AKP.

Sept étrangers "impliqués dans les troubles" ont été interpellés en Turquie, a par ailleurs indiqué jeudi le chef du gouvernement, sans autre détail.

Son ministre de l'Intérieur, Muammer Güler, a précisé ultérieurement que deux de ces sept personnes - deux Français, deux Iraniens, un Grec, un Allemand et un Américain - avaient été remises en liberté.

A Adana (sud), un policier a succombé à ses blessures après être tombé d'un pont mercredi en poursuivant des manifestants, a annoncé jeudi la chaîne de télévision privée NTV. Il s'agit du premier mort dans les rangs de la police depuis le début, le 31 mai, de la contestation, qui a aussi fait deux morts chez les manifestants.

Outre les trois morts, 4.355 personnes ont été blessées en une semaine, dont 47 très grièvement, a déclaré jeudi le syndicat des médecins turcs.

Le dernier bilan officiel faisait état de "plus de 300" blessés seulement.

Paris et Berlin ont une nouvelle dénoncé jeudi la brutalité de la répression policière.

"Aucune démocratie ne peut se construire sur la répression", a estimé le ministre délégué français aux Affaires européennes, Thierry Repentin. "Le grand nombre de personnes arrêtées et blessées est choquant", a déclaré le chargé des droits de l'Homme du gouvernement allemand, Markus Löning. (Agences, 7 juin 2013)

Deux Françaises, un Chypriote arrêtés à Istanbul

Au moins trois étrangers, deux Françaises et un Chypriote, ont été arrêtés à Istanbul par la police turque dans les manifestations antigouvernementales qui secouent la Turquie depuis une semaine, ont affirmé à l'AFP des responsables du barreau d'Istanbul.

Une étudiante française de 21 ans, venue de Nantes (ouest) dans le cadre du programme d'échange européen Erasmus pour une année d'études en communication à l'université de Galatasaray, a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi avec 82 autres personnes pour leur participation supposée à des heurts contre la police, selon un avocat proche du dossier s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

La jeune femme a été présentée mardi soir à un procureur qui a décidé de sa remise en liberté. Elle a néanmoins été placée dans un centre de rétention dans l'attente d'une décision de la direction générale de la Sûreté sur son éventuelle expulsion.

Une telle décision semblait cependant peu probable, la quasi-totalité des personnes arrêtées à Istanbul dans le cadre des manifestations ayant été relâchées, a estimé cette source, pronostiquant une libération d'ici deux ou trois jours.

Le barreau d'Istanbul a indiqué qu'une autre Française avait été arrêtée, sans pouvoir donner plus de détails. Le consulat de France a confirmé cette deuxième arrestation, sans préciser les identités.

Un troisième étranger, chypriote, a aussi été interpellé, selon le barreau, qui n'a pas pu préciser s'il s'agissait d'un Chypriote grec ou d'un Chypriote turc.

Les consulats américain et britannique ont assuré qu'aucun de leurs ressortissants n'avai été arrêté dans les manifestations. (AFP, 6 juin 2013)

Mobilisation syndicale après 6 jours de contestation

Des dizaines de milliers de personnes ont poursuivi leurs manifestations à l'appel de deux syndicats qui réclament depuis près d'une semaine la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, attendu en Turquie jeudi soir de Tunis, dernière étape d'une tournée au Maghreb.

La tension restait vive dans la nuit de mercredi à jeudi à Ankara, selon un journaliste de l'AFP, et des violences ont éclaté à Rize, une localité des bords de la mer Noire (nord-est), tandis que mercredi, le gouvernement turc s'est défendu de diriger une "démocratie de seconde zone".

Après six jours de contestation, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK) et la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), toutes deux marquées à gauche, ont organisé des défilés dans plusieurs grandes villes du pays.

A Istanbul, leurs deux cortèges se sont fondus dans l'après-midi sur la place Taksim, au coeur de la fronde qui agite la Turquie depuis vendredi, en scandant "Taksim, résiste, les travailleurs arrivent" ou encore "Tayyip, les pilleurs sont là !".

Mêmes scènes dans la capitale Ankara, où plus de 10.000 manifestants ont marché aux cris de "Dégagez la route, les révolutionnaires arrivent !" ou "Taksim est partout !" en agitant des drapeaux turcs.

Dans l'attente du retour de M. Erdogan, les contestataires restent déterminés, malgré les "excuses" présentées par le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, aux victimes de brutalités policières.

"Avant, les gens redoutaient d'exprimer leur peur publiquement. Mêmes les tweets étaient un problème. Maintenant, ils n'ont plus peur", s'est réjouie, au milieu des manifestants stambouliotes, Tansu Tahincioglu, qui dirige une société sur Internet.

"Erdogan doit présenter des excuses, démissionner et être traduit en justice pour le recours excessif à la force (par la police) et tout ce qu'il a fait aux médias", a-t-elle ajouté.

A l'issue d'une rencontre avec M. Arinç à la mi-journée à Ankara, des représentants de la contestation ont exigé du gouvernement le renvoi des chefs de la police de plusieurs grandes villes, dont Istanbul et Ankara.

Ils ont aussi exigé pèle-mêle la remise en liberté des personnes interpellées, l'abandon du projet d'aménagement de la place Taksim à l'origine de la révolte, l'interdiction des gaz lacrymogènes et un meilleur respect de la liberté d'expression dans le pays.

"Les décisions du gouvernement détermineront l'issue du mouvement", a déclaré un de leur porte-parole, Eyup Mumcu, de la chambre des architectes d'Istanbul.

Brutalités policières


Comme les jours précédents, des affrontements ont à nouveau éclaté à Ankara mercredi en fin de journée. Les forces de l'ordre ont dispersé à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau plusieurs milliers de manifestants.

Deux personnes sont mortes et plus de 2.800 ont été blessées dans les seules villes d'Istanbul, d'Ankara et d'Izmir (ouest) depuis les premiers affrontements de vendredi, selon les ONG de défense des droits de l'homme turques et internationales.

Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, dont le plus récent bilan mardi faisait état de "plus de 300" blessés, en majorité des policiers.

Mercredi soir, un groupe d'une trentaine de "musulmans anticapitalistes" a été ovationné par les manifestants du parc Gezi à Istanbul après avoir lu des versets du Coran à l'occasion d'une fête religieuse et avoir conspué le gouvernement islamo-conservateur turc.

Une jeune femme voilée a lu quelques versets, en arabe puis en turc, pour célébrer la nuit sacrée du Miraç, l'ascension du prophète Mahomet aux cieux en compagnie de l'ange Gabriel.

De son côté, l'écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, a dénoncé l'attitude "répressive" du gouvernement islamo-conservateur turc et rendu hommage aux manifestants stambouliotes, dans un texte publié mercredi par le quotidien Hürriyet.

Piqué au vif par les critiques de plusieurs pays dénonçant le recours "excessif" à la force par la police turque, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a assuré mardi soir à son homologue américain John Kerry que son pays n'était pas "une démocratie de seconde zone", selon un diplomate turc.

Une remarque qui a aussitôt généré une réaction de confiance de la part des Etats-Unis lesquels ont assuré mercredi que leur allié turc n'était pas une "démocratie de seconde classe".

M. Davutoglu a également assuré qu'une enquête officielle était en cours sur les agissements de certains policiers.

Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été interpellées à Izmir pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des "informations trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence de presse Anatolie. Ali Engin, un responsable local du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré que les suspects étaient détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".

Dimanche, M. Erdogan avait pesté publiquement contre Twitter et les réseaux sociaux, les qualifiant de "faiseurs de problèmes".

A l'opposé du ton ferme du Premier ministre, son numéro deux Bülent Arinç a qualifié mardi de "légitimes" les revendications écologistes à l'origine des troubles et assuré que son parti islamo-conservateur respectait "les différents modes de vie" des Turcs.

Depuis le début de la contestation vendredi dernier, les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.

"Nous n'avons pas le droit ou le luxe d'ignorer le peuple, les démocraties ne peuvent pas exister sans opposition", a également souligné M. Arinç.
(AFP, 6 juin 2013)

ONU: La Turquie doit enquêter sur le comportement de la police

La Turquie doit mener une enquête rapide et indépendante sur le comportement de la police face aux manifestants anti-gouvernementaux, a indiqué mardi à Genève une porte-parole de la Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme.

"Nous accueillons favorablement le fait que les autorités admettent qu'un usage excessif de la force peut avoir eu lieu et leur appel pour une enquête sur les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l'Homme", a déclaré dans un point de presse Cécile Pouilly, porte-parole de la Haut Commissaire Navi Pillay, demandant une enquête "rapide, complète, indépendante et impartiale".

"Les responsables doivent être présentés à la justice", a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre Recep Erdogan avait admis qu'il y "avait eu des erreurs, des excès dans
la réponse de la police" et s'était engagé à des actions contre les policiers qui auraient agi de façon disproportionnée.

La porte parole a également demandé que les manifestants blessés aient rapidement accès à des soins.
(AFP, 4 juin 2013)

Declaration by Democratic Lawyers to the UNO

The International Association of Democratic Lawyers took note of the report presented by the Special Rapporteur on the rights to freedom of peaceful assembly and of association to the 23rd Session of the UNO Human Rights Council:


As he stated, the freedom to take part in protests and demonstrations is an important mean of expression and strengthening of everyone's right to participate in public debate and dialogue. States have the duty to facilitate and protect the exercise of this fundamental right.

In the recent years the right to freedom of assembly has become very popular. We felicitate this attitude and the establishment of this new special procedure. But, is this fundamental right respected by the countries who formally promote it and require its respect by other countries? Or is it just a 'privilege' of people who are demonstrating against the so called “rogue states”?

Turkey, for example, is one of the countries who co-sponsor the Human Rights Council resolution 15/21 which, recognizing that freedom of peaceful assembly is an essential component of democracy, decided to establish the mandate of the Special Rapporteur. In the meantime Turkey restrains the exercise of this right by its own citizens and too often repress protests with an excessive use of force by police.

Last week the Turkish police turned Istanbul in a proper battleground. Taskim square has been literally under siege during 2 days. On the 30th of May, riot police deployed tear gas and water cannon to disperse a peaceful protest against the controversial project of the government to demolish Gezi Park in central Istanbul to erect a shopping center. The heavy-handed intervention of the police provoked nationwide protests against the government which have been violently repressed by the authorities. As a result, thousands of people have been detained and hundreds injured. Some of them needed intensive care and emergency surgery. According to reliable sources two people have been killed.

We call upon the government of Turkey to immediately put an end to all forms of violence against peaceful demonstrators and to comply strictly with its obligations under international law.

We also urge the government of Turkey to promptly investigate all allegations of abuse and to ensure accountability for those responsible for such gross violations of international human rights law and standards. We urge the Special Rapporteur to envisage a mission in this country as soon as possible. Indeed excessive force is frequently used by police to disperse protests in Turkey as it also happened just four weeks ago during the May Day demonstrations. Finally we ask the Council to strongly condemn the disproportionate use of force against peaceful demonstrators and opponents regardless of where it takes place.


Deux morts, toujours des milliers de protestataires

Un jeune homme de 22 ans est décédé lundi à l'hôpital après avoir été blessé par balle pendant une manifestation dans le sud de la Turquie, a annoncé la télévision privée NTV.

"Abdullah Comert a été grièvement blessé (...) par des coups de feu tirés par une personne non identifiée", a indiqué NTV citant un communiqué du gouvernement local de la province de Hatay, près de la frontière syrienne. Le jeune homme est mort un peu plus tard à l'hôpital, précise-t-on de même source.

Aucune information n'a fait état jusqu'ici de coups de feu tirés soit par la police, soit par des manifestants, mais des militants anti-gouvernementaux ont affirmé que le jeune homme avait été atteint à la tête par un coup de feu tiré par la police pendant une manifestation.

Selon un parlementaire du principal parti d'opposition, Hasan Akgol, cité par NTV, Abdullah Comert était membre de la section des Jeunes du Parti du peuple républicain (CHP).

La mort d'une première personne en liaison avec les troubles avait été signalée un peu plus tôt par l'Union des médecins turcs: il s'agit du décès d'un jeune homme tué dimanche soir à Istanbul par une voiture ayant percuté la foule.

Signe de l'aggravation du mécontentement populaire, l'une des plus importantes confédérations syndicales turques a appelé à une grève de deux jours à partir de mardi pour dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les contestataires.

A Ankara, la police a dispersé lundi soir à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau des groupes hostiles au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. De son côté, le Premier ministre turc a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'idée d'un "printemps turc", assurant même du Maroc, où il était en déplacement, que la situation était en voie d'apaisement dans son pays.

Assurant l'intérim en l'absence du chef du gouvernement, le vice-Premier ministre Bülent Arinç doit donner mardi une conférence de presse à 09H00 GMT sur ces événements sans précédent. Il a prôné lundi les vertus du dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".

Lundi soir, dans le quartier de Kavaklidere d'Ankara, les unités antiémeute ont tiré des balles en caoutchouc en direction des contestataires, pour la plupart des jeunes, qui les ont attaquées à coups de pierres, selon la chaîne de télévision CNN-Türk.

A Istanbul, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène pour déloger du quartier de Gümüssuyu (rive européenne) quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé des feux, d'après des témoins et des télévisions.

Mais tant dans cette mégalopole qu'à Ankara, d'autres rassemblements de plus grande ampleur se poursuivaient dans le calme dans la nuit.

Dans la journée de lundi, manifestants et forces de l'ordre avaient repris leur violente confrontation, aussi bien dans la capitale, sur la place centrale de Kizalay, qu'à Istanbul, à proximité des bureaux du chef du gouvernement.

Toujours aussi déterminés, les Stambouliotes ont à nouveau envahi par milliers la place Taksim, au coeur de la contestation et désertée depuis samedi après-midi par la police, brandissant des drapeaux turcs et scandant "Tayyip, démission !"

Voix dissonantes au sein du pouvoir

Sûr de lui, M. Erdogan a une nouvelle fois défié la rue avant de quitter lundi à la mi-journée la Turquie pour une tournée de quatre jours dans les pays du Maghreb.

"Nous resterons fermes", a affirmé le chef du gouvernement à la presse. "Mon pays donnera sa réponse" à l'occasion des élections locales de 2014, "si vraiment nous avons des pratiques antidémocratiques, notre Nation nous renversera", a-t-il souligné.

"Oui, nous sommes maintenant au printemps, mais nous ne le laisserons pas devenir un hiver", a-t-il ajouté dans une allusion au "Printemps arabe". Avant d'accuser les manifestants d'être menés par des "extrémistes" ayant des "liens" avec l'étranger.

Quelques heures plus tard, de Rabat cette fois, M. Erdogan a estimé que la situation était "en train de revenir au calme". "A mon retour de cette visite (au Maghreb, ndlr), les problèmes seront réglés", a-t-il poursuivi.

Plus conciliant, le président turc Abdullah Gül a, quant à lui, appelé les manifestants au calme et pris, une fois encore, le contrepied du Premier ministre. "Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) dans des manifestations pacifiques", a déclaré M. Gül.

La Bourse d'Istanbul a terminé sa séance de lundi sur une baisse de 10,47%, traduisant l'inquiétude des marchés. Dans son sillage, la livre turque a également brutalement chuté.

Depuis vendredi, la protestation d'une poignée de militants associatifs contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul a peu à peu gagné l'ensemble de la Turquie.

Accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque, M. Erdogan est aujourd'hui confronté à un mouvement de contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) en 2002.

Les violences des trois derniers jours ont fait plus de mille blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins des deux villes.

Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, le ministre de l'Intérieur Muammer Güler ayant évoqué dimanche un bilan de 58 civils et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées entre mardi dernier et dimanche dans 67 villes.

La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni.

La puissante Confédération des syndicats du secteur public (KESK) a appelé mardi à la grève: "La terreur exercée par l'Etat contre des manifestations totalement pacifiques se poursuit de telle façon que cela menace la vie des civils", ecrit-elle dans un communiqué publié lundi sur son site Internet.

Marquée à gauche, la KESK, qui revendique 240.000 adhérents regroupés dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression traduisait l'"hostilité envers la démocratie" du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir.
(AFP, 4 juin 2013)

Les manifestants déterminés contre Erdogan, qui rejette tout "printemps turc"

Les affrontements ont repris lundi pour la quatrième journée consécutive en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'éventualité d'un "printemps turc".

Dans la foulée d'une nouvelle nuit de violences entre la police et les manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), des incidents ont repris dans l'après-midi dans la capitale turque, où la police a dispersé à jets de grenades lacrymogènes un groupe d'un millier de personnes, étudiants et jeunes en majorité, réunis au centre-ville.

Très sûr de lui, le chef du gouvernement, principale cible de la contestation, a quitté à la mi-journée la Turquie pour une tournée de quatre jours dans les pays du Maghreb en répétant qu'il ne cèderait pas face à la rue.

"Nous resterons fermes (...) calmez-vous, nous dépasserons tout ça", a lancé M. Erdogan à la presse. "Mon pays donnera sa réponse lors de cette élection (ndlr: les élections locales de 2014)", a-t-il souligné, sûr de sa force électorale, "si vraiment nous avons des pratiques antidémocratiques, notre Nation nous renversera".

"Oui, nous sommes maintenant au printemps mais nous ne le laisserons pas devenir un hiver", a-t-il ajouté en référence aux "printemps" arabes.

Sur un ton plus conciliant, le président turc Abdullah Gül a lui appelé lundi les manifestants au calme et pris, une fois encore, le contrepied du chef du gouvernement.

"Une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections (...) Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques", a dit M. Gül à la presse.

Depuis vendredi, la protestation d'une poignée de militants associatifs contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul a peu à peu gagné l'ensemble de la Turquie.

Accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque, M. Erdogan est aujourd'hui confronté à un mouvement de contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) en 2002.

Dans la nuit de dimanche à lundi, de violents incidents ont à nouveau opposé la police et des milliers de manifestants à Istanbul, autour des bureaux de M. Erdogan, ainsi qu'à Ankara, dans le quartier résidentiel de Kavaklidere, où les protestataires scandaient "personne ne veut de toi Tayyip !".

Brutalité policière

 Dimanche, la police turque a également dispersé sans ménagement plusieurs manifestations à Izmir (ouest), Adana (sud) ou encore Gaziantep (sud-est), faisant à chaque fois de nombreux blessés. De nombreux manifestants cités par les télévisions turques ont dénoncé la brutalité des forces de l'ordre.

Les violences des trois derniers jours ont fait plus d'un millier de blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins des deux villes.

Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, le ministre de l'Intérieur Muammer Güler évoquant dimanche un bilan de 58 civils et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées depuis mardi dernier dans 67 villes.

Selon M. Güler, la police avait interpellé dimanche plus de 1.700 manifestants dans tout le pays, pour la plupart rapidement relâchés.

Coeur symbolique de la révolte, la place Taksim d'Istanbul a retrouvé lundi un semblant de normalité. En milieu d'après-midi, seuls quelques centaines de personnes, touristes compris, y déambulaient sous le soleil.

La plupart des commerces ont rouvert leurs portes mais des barricades bloquaient toujours les rues environnantes, signe de la détermination des protestataires à ne pas se laisser reprendre le contrôle de la place par les forces de l'ordre, qui l'ont désertée samedi sur ordre du gouvernement.

Dans la matinée, environ 3.000 personnes ont défilé à plusieurs kilomètres de là, devant le siège du groupe de médias Dogus, pour dénoncer la "soumission" de la presse turque, accusée de ne pas rendre compte de l'ampleur de la protestation.

La brutalité de la répression a suscité de nombreuses critiques, aussi bien en Turquie que dans les pays étrangers comme les Etats-Unis, le Royaume uni ou la France.

Au sein même du pouvoir, plusieurs voix dissonantes se sont fait entendre pour regretter la brutalité des interventions policières. Comme le vice-Premier ministre Bülent Arinç, qui a prôné le dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".

Le Premier ministre a reconnu que des "erreurs" avaient été commises par la police et a promis des sanctions contre ses excès. Mais il a répété qu'il mènerait le projet d'aménagement urbain contesté de la place Taksim jusqu'à son terme. Et, comme un défi aux manifestants, ajouté dimanche qu'il y construirait une mosquée.
(AFP, 3 juin 2013)

Un manifestant tué dimanche par une voiture qui a percuté la foule

Une jeune manifestant turc a été tué dimanche soir à Istanbul par une voiture qui a percuté la foule protestant contre le gouvernement islamo-conservateur, a annoncé lundi l'Union des médecins turcs (TBB).

Le jeune homme, Mehmet Ayvalitas, membre d'une association de gauche, a été renversé par un véhicule qui a foncé sur des protestataires sur une autoroute occupée par les manifestants, dans le district de Pendik, sur la rive asiatique de la mégapole, a précisé cette ONG dans un communiqué.

Selon la TBB, l'automobiliste qui a provoqué le drame ne s'est pas arrêté "en dépit de tous les avertissements", suggérant qu'il s'agissait d'un acte délibéré.

Dans son communiqué, l'ONG a attribué la responsabilité de cet accident à "l'intransigeance" du gouvernement turc et a dénoncé la brutalité des forces de l'ordre. "La première chose à faire est d'arrêter immédiatement la brutalité policière", dit-elle.

La Turquie est secouée depuis vendredi par des manifestations antigouvernementales sans précédent depuis l'accession au pouvoir, en 2002, du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, faisant plusieurs dizaines de blessés.

Ces violences ont fait plus d'un millier de blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins. Le ministre de l'Intérieur Muammer Güler a évoqué dimanche un bilan de 58 civils et 115 policiers blessés.
(AFP, 3 juin 2013)

Le ras-le-bol contre la dérive autoritaire d'Erdogan

Partie d'un petit groupe de militants associatifs, la contestation populaire qui a embrasé Istanbul et d'autres villes de Turquie a agrégé la colère d'une population excédée par un gouvernement qui monopolise tous les pouvoirs depuis dix ans.

De l'extrême gauche à la droite nationaliste, c'est tout le spectre politique turc qui s'est rejoint samedi pour envahir la place Taksim et célébrer aux cris de "dictateur démission !" la défaite du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan face à la rue.

Tous ont exprimé la colère accumulée contre la politique du gouvernement islamo-conservateur, exacerbée par la violence de la répression policière.

"Ces manifestations ne sont pas l'oeuvre d'une poignée de militants ou d'une organisation mais l'expression d'une frustration généralisée de la part de gens de toutes les tendances politiques", juge le politologue Ilter Turan, de l'université privée Bilgi d'Istanbul.

"C'est un mouvement populaire sans précédent, soudain (...) qui résulte de la frustration et de la déception des franges laïques de la société qui ne peuvent plus influer sur la vie publique depuis dix ans", renchérit Sinan Ulgen, de la fondation Carnegie Europe.

Issu de la mouvance islamiste, le Parti de la justice et du développement (AKP) a été porté au pouvoir en 2002 par une Turquie qu'avaient épuisée une crise financière et l'instabilité politique elle-même nourrie par les interventions de l'armée dans la vie publique.

En dix ans, son gouvernement est parvenu à multiplier par trois le revenu par habitant grâce à une croissance économique qui a dépassé les 8% en 2010 et 2011, a généralisé l'accès à l'éducation ou la santé et mis l'armée au pas. Mais il a aussi fait entrer la religion dans l'espace public, au grand dam des tenants de République laïque.

Le voile islamique a été autorisé dans certaines universités. Le pianiste virtuose Fazil Say a été condamné pour blasphème après une série de tweets moquant la religion musulmane. La semaine dernière, le gouvernement a fait voter une loi qui interdit la vente d'alcool à proximité des mosquées et des écoles. La liste est longue, sans compter les tentatives pour limiter le droit à l'avortement ou prohiber l'adultère.

Un "nouveau sultan"

De nombreux manifestants d'Istanbul, d'Ankara et des autres villes turques ont exprimé ce ras-le-bol face à un pouvoir qui, disent-ils, veut leur "imposer sa façon de vivre".

De leur côté, la gauche et l'extrême gauche ont aussi dénoncé la répression exercée par les autorités, sous couvert de lutte contre le terrorisme. Des milliers de personnes, dont des avocats, étudiants ou journalistes, sont détenues dans l'attente d'un procès pour leur soutien à la cause kurde.

Tous montrent du doigt la dérive autoritaire d'un pouvoir fort de ses succès électoraux. Face à une opposition dépassée, le parti de M. Erdogan a largement remporté les élections législatives de 2007 et 2011, avec 47% et 50% des voix.

Contraint par les règles de l'AKP à céder la direction du gouvernement en 2015, M. Erdogan ne cache plus son intention de briguer l'an prochain le poste de président, qui sera pour la première fois élu au suffrage universel.

Ses adversaires raillent déjà un "nouveau sultan" et ses projets pharaoniques lancés ces derniers mois à Istanbul, comme le troisième pont sur le Bosphore et le futur aéroport géant de cette ville.

"M. Erdogan n'accepte aucune limite à son pouvoir de chef de la majorité", note Ilter Turan, "il considère que tout ce qu'il fait est le fruit de la volonté démocratique".
 Certains veulent toutefois croire que les événements des trois derniers jours ont changé la donne. "La vague de protestation de Taksim a écorné pour la première fois l'image de toute-puissance du Premier ministre", a écrit dimanche l'éditorialiste Murat Yetkin, du quotidien libéral de langue anglaise Hürriyet Dailynews.

Dans un discours prononcé dimanche, M. Erdogan n'en a pas paru affecté. "S'ils appellent dictateur quelqu'un qui sert le peuple", a-t-il lancé, ironique, "qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?"
(AFP, Fulya OZERKAN, 2 juin 2013)

L
es manifestants continuent à défier le gouvernement

Au troisième jour de leur mouvement, les manifestants ont maintenu dimanche la pression sur le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan en occupant la place Taksim d'Istanbul, tandis que de nouveaux incidents ont éclaté dans la capitale Ankara.

Plusieurs milliers de personnes continuaient tard dans la soirée à manifester contre le gouvernement islamo-conservateur dans le quartier résidentiel de Kavaklidere, à Ankara, après avoir été brutalement délogés plus tôt par la police de la place centrale de Kizilay de la capitale.

"Personne ne veut de toi Tayyip", scandaient les protestaires à Ankara.

Les manifestants reprochent au Premier ministre Erdogan d'être trop conservateur et de aux manifestants de vouloir "islamiser" la société turque.

"Tous les Turcs sont sous pression depuis dix ou onze ans", a confié à l'AFP Hallit Aral, "aujourd'hui, tout le monde veut que le Premier ministre s'en aille".
 
La police a tiré dimanche après-midi des dizaines de grenades lacrymogènes et fait usage de canons à eau pour disperser les protestataires rassemblés sur la place de Kizilay.

Les forces de l'ordre sont aussi intervenues à plusieurs reprises afin d'empêcher un millier de protestataires qui voulaient se diriger vers les bureaux du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

"L'intervention est constante, la police n'arrête pas de repousser les manifestants qui ne les menacent absolument pas. Nous avons beaucoup de mal à respirer", a indiqué Gözde Özdemir, une secrétaire âgée de 27 ans.

Plusieurs personnes ont été blessées, a affirmé cette protestataire.

Selon l'agence officielle Anatolie, environ 200 personnes ont été interpellées et ont été amenées à bord d'autocars de la police à la direction de sûreté.

A Istanbul, tout l'après-midi, des milliers de personnes ont envahi l'emblématique place du centre de Taksim, désormais vide de toute présence policière après deux jours de violents incidents qui ont fait plusieurs centaines de blessés et provoqué l'arrestation de plus de 1.700 manifestants dans toute la Turquie.

Fer de lance du plus important mouvement de contestation populaire du gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en 2002, les militants de la société civile turque ont largement cédé la place à la gauche et à l'extrême gauche qui ont célébré leur victoire après le retrait des forces de l'ordre samedi.

Au terme d'une journée plutôt calme, des affrontements ont repris dans la soirée entre les forces de l'ordre et plusieurs milliers de manifestants qui s'étaient réunis autour des bureaux stambouliotes du Premier ministre.

Dans la nuit de samedi à dimanche déjà, des affrontements très violents avaient opposé policiers et manifestants dans la capitale, causant d'importants dégâts.

Selon le syndicat des médecins d'Ankara, 414 civils avaient été blessés dans ces incidents, dont six souffrant de graves traumatismes à la tête. De son côté, l'agence de presse Anatolie a fait état de 56 blessés au sein des forces de l'ordre.

Signe de la persistance de la mobilisation, des manifestations contre le pouvoir ont également eu lieu à Izmir (ouest), Adana (Sud) et Gaziantep (sud-est).

Sous le feu des critiques, le Premier ministre a été contraint samedi de lâcher du lest, au terme de deux jours d'affrontements, ordonnant à la police de quitter la place Taksim et le petit parc Gezi, dont la destruction annoncée a donné le signal de la révolte.

Critiques

Les organisations de défense des droits de l'Homme turques et étrangères ont dénoncé la violence de la répression, faisant état de plus de mille blessés. Amnesty International a même évoqué la mort de deux personnes.

Ces chiffres n'ont pas été confirmés de source officielle. Le ministre de l'Intérieur Muammer Güler n'a fait état que de 58 civils et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées depuis mardi dernier dans 67 villes du pays. Selon M. Güler, la police a interpellé plus de 1.700 manifestants, pour la plupart rapidement relâchés.

Au sein même du pouvoir, plusieurs voix dissonantes se sont fait entendre pour regretter la brutalité des interventions policières. Le chef de l'Etat Abdullah Gül a jugé "inquiétant" le niveau de la confrontation. Et le vice-Premier ministre Bülent Arinç a prôné le dialogue "plutôt que de tirer du gaz sur des gens".

Des pays alliés occidentaux, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni samedi, puis la France dimanche, ont eux aussi appelé le gouvernement turc à la retenue.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a lui-même déploré les dommages causés par ces événements à la "réputation" de son pays qui, a-t-il dit sur son compte Twitter, est "admiré dans la région et dans le monde".

Face à ces réactions, le Premier ministre a reculé et concédé que la police avait agi dans certains cas de façon "extrême". "Il est vrai qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la police", a-t-il dit, ajoutant qu'une enquête avait été ordonnée par le ministère de l'Intérieur.

Mais il a répété qu'il mènerait le projet d'aménagement urbain contesté de la place Taksim jusqu'à son terme.

Et comme un nouveau défi aux manifestants qui lui reprochent de vouloir "islamiser" la société turque, M. Erdogan a confirmé dimanche qu'une mosquée serait bâtie sur la place Taksim, rendez-vous traditionnel de toutes les contestations à Istanbul.

"Oui, nous allons aussi construire une mosquée. Et je ne vais pas demander la permission du président du CHP (Parti républicain du peuple, principal parti d'opposition) ou à une paire de pilleurs pour le faire", a-t-il lancé, "ceux qui ont voté pour nous nous ont déjà donné l'autorité pour le faire".
(AFP, 3 juin 2013)

Du printemps arabe à l'été turc?

Le 28 mai 2013, un collectif d'organisations de la société civile veut manifester contre le projet de construction d'une caserne et d'un supermarché sur un parc public (Gezi) à la place historique de Taksim (Istanbul). Les autorités turques réagissent violemment et répriment les manifestants. De plus, le gouvernement turc interdit toutes manifestations et entrave également la liberté de communication en coupant l'accès aux moyens de communication (internet, email, twitter, etc.). Arrogant, le Premier Ministre turc déclare qu'il est décidé de construire non seulement une caserne, mais également une mosquée à Taksim, tout en qualifiant les manifestants de maraudeurs.

Déterminés, les manifestants poursuivent leurs actions et obtiennent, au fil des jours, un soutien très large de la part de la population. Les manifestations se propagent à 67 provinces (presque à tout le pays). La répression également. Le bilan est lourd, puisqu'on compte, selon des sources concordantes: trois morts dont deux à Istanbul et un à Ankara (par balle, visée directement par un policier), plusieurs milliers de blessés et d'arrestations.

Il s'agit sans doute de la plus grande révolte populaire de ces dernières années en Turquie, si l'on fait abstraction à la révolte kurde. Elle démontre le ras le bol de la population face à l'arrogance et la dérive autoritaire d'un gouvernement qui n'hésite pas utiliser tous les moyens à sa disposition (police, justice, armée et médias) contre les revendications démocratiques de ses opposants. A tel point que dans des localités où les manifestations sont interdites, les gens protestent en tapant sur des casseroles depuis leurs fenêtres et en éteignant leurs lumières. Les manifestants réclament désormais la démission du gouvernement turc.

Voici un résumé des revendications du Platform Taksim (composé de 80 organisations de la société civile d'Istanbul), à l'origine de la mobilisation contre le projet d'aménagement de la Place de Taksim:
 
·     Préservation du parc Gezi et la place Taksim tel quel;
·     Démission des responsables de la répression féroce contre les manifestants, à commencer par le gouverneur d'istanbul et le directeur général de sûreté de Turquie;
·     Libération de tous les manifestants arrêtés;
·     Levée d'interdiction des manifestations;
·     Respect de la pluralité d'opinion et des principes démocratiques;
·     Respect des droits du travail et de l'environnement;
·     Non au pillage des ressources naturelles (eau, forêt, etc.), à la destruction de l'environnement et des quartiers populaires au profit des intérêts privés.

Ce collectif annonce qu'il poursuivra sa mobilisation sur la place de Taksim.

Nous appelons l'opinion publique mondiale à la solidarité internationale avec les organisations de la société civile turque.

Pour la Maison populaire de Genève
Demir SÖNMEZ
www.assmp.org


Victoire des manifestants sur Erdogan

Des milliers de manifestants célébraient leur victoire à Istanbul, dans la nuit de samedi à dimanche, après le retrait de la police de la place Taksim, le coeur de la révolte, ordonné par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Plusieurs organisations des droits de l'Homme ont dénoncé les violences de la police et Amnesty International a affirmé qu'il y avait eu deux morts et plus d'un millier de blessés, - des chiffres qui n'ont pas été confirmés de source officielle.

Les pays alliés occidentaux, les Etats-Unis et le Royaume Uni ont appelé le gouvernement turc à la retenue, et des centaines de personnes ont manifesté samedi soir à New York pour exprimer leur soutien aux protestaires en Turquie.

Les affrontements à Istanbul et dans d'autres villes ont fait en deux jours 79 blessés, dont 53 civils et 26 policiers, a indiqué dans la soirée le ministre de l'Intérieur, Muammer Guler.

La police a interpellé 939 manifestants au cours de plus de 90 manifestations survenues dans 48 villes, a précisé le ministre.

Confronté à l'un de ses plus importants mouvements de contestation depuis l'arrivée de son parti au pouvoir en 2002, le Premier ministre Erdogan a ordonné aux forces de l'ordre de se retirer en milieu d'après-midi de la place et du petit parc Gezi, dont la destruction annoncée a lancé la révolte.

Immédiatement, des milliers de personnes ont envahi les lieux dans une immense clameur de victoire en défiant le chef du gouvernement aux cris de: "Nous sommes là, Tayyip. Où es-tu ?". A la nuit tombée, la place Taksim était toujours noire de milliers de personnes qui chantaient et dansaient avec l'intention d'y rester toute la nuit.

Quelques heures avant ce repli, M. Erdogan avait pourtant fermement assuré que la police resterait sur la place Taksim "aujourd'hui" et "encore demain" car elle "ne peut pas être un endroit où les extrémistes font ce qu'ils veulent".

Sur le même ton, il avait sommé les manifestants de cesser "immédiatement" leur mouvement et assuré que son gouvernement maintiendrait le projet d'aménagement urbain contesté de la place qui a mis le feu aux poudres.

Saisi par ces opposants, un tribunal administratif d'Istanbul a suspendu vendredi la partie du projet qui prévoit la reconstruction d'une caserne de l'époque ottomane, qui a cristallisé la colère des manifestants.

Après quelques heures de répit, les affrontements qui ont embrasé le centre de la mégapole turque vendredi ont repris samedi en milieu de matinée et se sont poursuivis sporadiquement jusqu'au retrait de la police.

A plusieurs reprises, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau autour de la place Taksim pour disperser des petits groupes qui ont riposté par des jets de pierre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Nous étions assis là, près du suare, et nous lisions un communiqué de presse quand la police est venue vers nous avec des véhicules anti-émeute, nous aspergeant de gaz lacrymogènes", a déclaré un manifestant, Burak Ozbey, 34 ans.

Il a indiqué que son amie avait dû subir deux opérations au cerveau après avoir été frappée vendredi par une cartouche de gaz, et qu'elle était toujours dans un état critique.

D'autres échauffourées avaient été signalées un peu plus tôt dans un autre quartier de la ville, Besiktas.

Le mouvement est parti vendredi à l'aube avec l'intervention musclée de la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient depuis trois jours le parc Gezi, sur la place Taksim, pour y empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain très contesté.

Ameutés par les réseaux sociaux, les militants associatifs ont afflué pour prêter main forte aux manifestants et surtout dénoncer la politique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.

Critiques

"Ce règne autoritaire doit cesser", a déclaré samedi à l'AFP Sermin Erdemci, un employé de banque de 37 ans, "on ne peut pas réduire les masses au silence, nous voulons vivre dans une Turquie laïque".

Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis 2002, M. Erdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque. Le récent vote d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool a suscité l'ire des milieux libéraux.

Dès vendredi soir, la contestation partie d'Istanbul s'est propagée à d'autres villes du pays, comme Izmir (ouest), Antalya (sud) ou Ankara. Samedi encore, des incidents ont opposé dans la capitale turque la police à des manifestants qui défilaient aux cris de "Dictateur démission". Plusieurs personnes, manifestants ou policiers, ont été blessées, selon un photographe de l'AFP.

L'opposition politique a pris le relais de ces critiques en s'affichant avec les protestataires. "Nous voulons la liberté et la démocratie dans notre pays", a lancé samedi le président du Parti républicain du peuple (CHP) Kemal Kiliçdaroglu.

Au sein même du pouvoir, plusieurs voix se sont élevées samedi pour dénoncer la réaction disproportionnée de la police.

Peu avant le repli de la police, le président turc Abdullah Gül lui-même a lancé samedi un appel au "bon sens" et au "calme", jugeant le niveau de la protestation "inquiétant".

"Dans une démocratie, les réactions doivent être exprimées (...) avec bon sens, avec calme et, en retour, les dirigeants (du pays) doivent déployer plus d'efforts pour prêter une oreille attentive aux différentes opinions et inquiétudes", a-t-il ajouté.

Avant le président turc, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait présenté ses "excuses" pour les événements d'Istanbul. "Plutôt que de lancer du gaz sur des gens qui disent 'nous ne voulons pas de centre commercial ici' (...) les autorités auraient dû les convaincre et leur dire que leurs inquiétudes étaient partagées", a-t-il ajouté.

Face à ces réactions, le Premier ministre lui-même a concédé que la police avait agi dans certains cas de façon "extrême". "Il est vrai qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la police", a-t-il dit, ajoutant qu'une enquête avait été ordonnée par le ministère de l'Intérieur.
(AFP, 2 juin 2013)

Les manifestants fêtent leur première victoire sur le Premier ministre

"Nous sommes là Tayyip. Où es-tu ?" Après plus de vingt-quatre heures de violents affrontements avec la police, des milliers de manifestants ont célébré samedi après-midi la reconquête de la place Taksim, au coeur d'Istanbul, en raillant leur cible favorite, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Il n'aura fallu que quelques minutes pour que la clameur envahisse la place. Sitôt engagée la marche arrière sous les sifflets des policiers en tenue antiémeute, la foule s'est déversée à flots continus sur la place en criant victoire.

Les uns chantent à tue-tête l'Internationale, les autres tapent dans leurs mains ou dansent. Après les volutes irritantes des gaz lacrymogènes, c'est désormais un doux parfum de victoire qui se déverse sur Taksim.

Dans cette foule vibrante, tous les bords politiques sont représentés. De la droite nationaliste aux gauchistes revendiqués, des musulmans pratiquants aux laïcs purs et durs. Une poignée d'entre eux a recouvert de drapeaux multicolores le monument à la gloire du père de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.

Partout, la colère accumulée contre le gouvernement islamo-conservateur du Parti de la démocratie et du développement (AKP) au pouvoir depuis 2002, accusé de vouloir "islamiser" la société turque, se déverse sans retenue.

"Le gouvernement fait pression sur tout: 'faites trois enfants, non faites-en deux, non ne buvez pas, non ne fumez pas, ne vous baladez pas main dans la main avec votre amoureux si vous n'êtes pas sérieux'", rouspète une retraitée qui préfère ne pas décliner son identité. "Moi je suis une fille d'Atatürk et je m'y oppose. On partage tous ici cette idée, et c'est pour cela que nous sommes là".

Prudence

 "Je ne pense pas que le gouvernement de l'AKP s'attendait à cela", se réjouit aussi un étudiant qui a demandé à rester anonyme : "les gens se soulèvent pour empêcher une série d'interdictions imposées par un gouvernement qui ne nous comprend pas".

Malgré l'euphorie ambiante, certains restent plus prudents. Ils ont remporté une bataille, mais certainement pas la guerre déclarée au gouvernement.

"L'ambiance ici est heureuse et bon enfant. Aujourd'hui la police s'est enfin retirée", se réjouit Berk Sentürk, un directeur artistique. "Mais malgré cette foule immense rassemblée ici, le Premier ministre a déclaré qu'il allait continuer et que s'il le fallait, il détruirait également le centre culturel Atatürk derrière moi", poursuit-il. "Alors nous restons là, nous montons la garde", conclut-il.

"Notre combat n'est pas terminé", estime lui aussi Batuhan Kantas. "Nous sommes toujours dirigés par un Premier ministre qui pense que les gens sont des moutons et qui se prend pour un sultan", poursuit l'étudiant, âgé de 19 ans.

"Nous avons réussi à faire reculer la police", dit une institutrice de 38 ans identifiée sous le prénom de Leyla, "mais ce gouvernement est résistant comme de la colle et ne laissera pas tomber facilement".

Lors d'une de ses interventions samedi, M. Erdogan a concédé que les victoires électorales écrasantes de son parti ne constituaient pas "un ticket pour imposer la volonté de la majorité à une minorité".

Ces mots n'ont pas suffi à satisfaire les manifestants. Et encore moins à les désarmer. "Taksim est partout, la résistance est partout", a entonné un groupe de manifestants bien décidé à passer la nuit sur "leur" place Taksim.
(AFP, 1 juin 2013)

Nuit blanche à Istanbul en colère contre le gouvernement

Des milliers de Stambouliotes ont passé la nuit de vendredi à samedi dans la rue à défier la police et ses grenades lacrymogènes après la violente répression d'un rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé, qui a viré en protestation contre le gouvernement islamo-conservateur.

Dans plusieurs quartiers du centre d'Istanbul, de nombreux groupes de manifestants ont déambulé jusqu'à l'aube armés de casseroles pour battre la chamade contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, souvent encouragés par les riverains depuis leurs balcons et leurs fenêtres, a constaté l'AFP.

"Tayyip, regarde combien on est, face à toi", ont scandé les protestataires dans le quartier résidentiel de Cihangir, sur la rive européenne de la métropole turque.

Parmi eux, Özkan, un jeune étudiant en philosophie, est particulièrement remonté contre le Premier ministre et son cabinet. "Des salauds de fascistes", clame-t-il.

Pas seulement à cause du déracinement prévu de 600 arbres dans un parc de la place de Taksim, toute proche, pour y construire un centre commercial --un projet à l'origine du mouvement de contestation, dont la répression vendredi a fait de nombreux blessés.

"Les arbres, c'est juste la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les gens en ont ras-le-bol de tout ce que ce gouvernement leur fait", commente le jeune homme, s'indignant du vote la semaine dernière d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool.

Comme un geste de défi, certains manifestants avancent dans les rues bière à la main.

"Ils veulent transformer ce pays en un Etat islamiste, ils veulent nous imposer leur vision en prétendant respecter le cadre démocratique", s'insurge une autre manifestante, une femme d'une trentaine d'années qui refuse de donner son nom mais dit travailler dans le cinéma.

Issu de la mouvance islamiste, M. Erdogan est régulièrement accusé par les milieux pro-laïcité de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque.

Dans d'autres quartiers comme Beyoglu et Besiktas, toujours dans le centre européen d'Istanbul, la confrontation avec les forces de l'ordre est plus musclée.

Massivement déployée, la police y fait un usage immodéré de grenades lacrymogènes, auxquelles les manifestants répondent par des jets de pierre.

Les rues sont jonchées de pavés et de douilles de grenades. Quelques allées sont obstruées par des barricades de fortune. Dans le ciel, un hélicoptère de la police observe les mouvements des manifestants.

Les locaux d'un syndicat servent de refuge à des centaines d'activistes entre deux opérations coup de poing. Des médecins y ont installé un service de premiers soins, qui traite principalement les irritations cutanées et respiratoires occasionnées par le gaz lacrymogène.

D'autres militants y ont constitué une cellule de crise.

"Nous essayons d'envoyer des avocats quand il y a des arrestations, de fournir un soutien médical, de réunir des informations", explique Me Can Atalay, un avocat du barreau d'Istanbul.

Sur un tableau, un activiste note les dernières informations sur les déplacements de troupes de la police, les manifestations dans d'autres quartiers et d'autres villes, des cités balnéaires de la mer Egée (ouest) aux communes des montagnes kurdes (est), ou encore les adresses e-mail où témoigner de violences policières.

Les nouvelles de la mobilisation sont encourageantes: "la police a refusé d'intervenir à Edirne" (nord-ouest), "un bureau de l'AKP incendié à Izmir (ouest), écrit le préposé.

"J'ai 62 ans, et jamais je n'ai connu un tel espoir", affirme Mücella Yapici, architecte, "j'ai de l'espoir pour la démocratie et pour la fraternité dans notre pays".

A ses côtés, un jeune militant, tout en muscles et en tatouages, parlant sous le couvert de l'anonymat, se prend à rêver: "Il y a eu un printemps arabe, moi j'espère que c'est le début du printemps turc".
(AFP, 1 juin 2013)

Un projet d'aménagement urbain enflamme le centre d'Istanbul

De violents affrontements ont opposé vendredi toute la journée les forces de l'ordre à des manifestants dans le centre d'Istanbul, faisant des dizaines de blessés, à la suite d'un rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé qui a viré en protestation antigouvernementale.

Les incidents ont débuté dès l'aube, lorsque des policiers ont délogé à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes quelques centaines de personnes qui campaient dans un parc de la place Taksim, au coeur de la mégapole turque, pour empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain.

Violente, l'intervention a fait de nombreux blessés et suscité la mobilisation de toute la société civile stambouliote, dont de nombreux militants ont grossi les rangs des protestataires au fil de la journée.

Jusqu'à la tombée de la nuit, la police et les manifestants se sont affrontés sur la place et dans les rues environnantes, au milieu de nombreux touristes et d'une épaisse fumée toxique qui a contraint les autorités à fermer plusieurs stations de métro.

Des nombreux manifestants ont été blessés, victimes de fractures ou de détresse respiratoire, certains gisant inconscients de longues minutes avant d'être secourus. Deux personnes, dont un journaliste, ont été sérieusement blessées à la tête, a constaté un photographe de l'AFP.

Selon le gouverneur de la ville Huseyin Avni Mutlu, douze personnes étaient toujours hospitalisées en fin de journée, dont une femme victime d'une fracture du crâne, et au moins 63 personnes ont été interpellées.

Amnesty International a de son côté évoqué "une centaine" de blessés.

"Ils pulvérisent du gaz sur tout le monde, comme si c'était du pesticide. Enfants, bébés, personnes âgées, touristes, plus personne ne compte", a écrit sur le site de micro-blogging Twitter l'un des manifestants, sous le nom de "@blogcuanne".

Amnesty International a critiqué "le recours excessif à la force contre des manifestants pacifistes", pendant que Reporters sans frontières (RSF) dénonçait les "attaques ciblées" des forces de l'ordre contre des journalistes.

Contre le gouvernement

Sur les réseaux sociaux, des milliers de personnes ont exprimé leur soutien aux manifestants opposés au projet de transformation de la place Taksim. En soirée, la contestation a commencé à gagner la capitale Ankara et Izmir (ouest), où des milliers de personnes ont dénoncé les violences d'Istanbul, selon les télévisions turques.

A l'origine de la contestation, le réaménagement de la place Taksim prévoit la suppression du parc Gezi au profit d'un centre culturel, d'un centre commercial et de la reconstitution d'une caserne militaire de l'époque ottomane.

Le projet de la municipalité, tenue par le parti islamo-conservateur au pouvoir, est dénoncé par de nombreux urbanistes, architectes et écologistes. Ils ont remporté une première victoire vendredi avec la décision d'un tribunal administratif d'Istanbul de suspendre le projet de reconstruction de la caserne.

L'apparition des premiers bulldozers lundi matin a provoqué les premiers incidents entre la police et les militants et riverains qui montaient la garde dans le parc, soutenus par des députés de l'opposition.

Leur mouvement a très vite pris un tour politique en dénonçant le gouvernement et ses méga-projets de construction à Istanbul, comme le troisième pont sur le Bosphore, dont la première pierre a été posée mercredi, ou un aéroport géant.

"Vous ne pouvez pas faire ça. Vous n'êtes pas propriétaires de la ville, vous n'êtes pas propriétaires de la Turquie", a lancé le député kurde Ertugrul Kurkcu, en assénant: "Ceux qui servent le peuple ne peuvent pas le frapper ou le gazer".

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est devenu la cible des réseaux sociaux, qui l'ont rebaptisé "Tayyip le chimique" ou "l'homme qui gaze". "Ces gens ne se soumettront pas devant toi", ont proclamé les contestataires du parc Gezi sur une banderole.

La violence de la répression a conduit Washington à rappeler à l'ordre son allié turc.

"Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

La porte-parole a appelé les autorités turques à "respecter les libertés d'expression, d'association et de rassemblement telles que ces personnes, visiblement, les exerçaient". "Ces libertés sont vitales à toute démocratie saine", a-t-elle souligné.

Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis l'arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002, M. Erdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque.

La semaine dernière, le vote d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool a ainsi suscité l'ire des milieux libéraux.

M. Erdogan avait fait savoir mercredi qu'il ne reculerait pas. "Faites ce que vous voulez, nous avons décidé", avait-il lancé à ses détracteurs. (AFP,
31 mai 2013)

Amnesty International condemns use of excessive force

Amnesty International is concerned at the use of excessive force, including pepper spray, against peaceful protestors in a park in central Istanbul. At least one protestor was seriously injured, needing emergency surgery.

Gezi Park in Taksim, Istanbul, is facing demolition to make way for the construction of a shopping centre as part of a large scale regeneration of the area. Dozens of protestors opposed to the plans have been camping in the park for the last two days. In the early hours of 30 May, police moved in to destroy their tents, and used pepper spray to disperse the protestors. A 23 year-old protestor was seriously injured after sprayed with tear gas, kicked and hit by police when he was holding onto a tree.

Any decision to disperse an assembly should be taken only as a last resort and in line with the principles of necessity and proportionality. International standards require that in dispersing assemblies, police must avoid the use of force or, where that is not practicable, must restrict any such force to the minimum necessary. Amnesty International calls on the authorities to carry out a prompt, independent and impartial investigation into the allegations of excessive and unnecessary use of force, and ensure that any law enforcement officials responsible for arbitrary or abusive use of force to be prosecuted. Amnesty International also calls on the authorities to ensure protestors’ rights of peaceful assembly and freedom of expression.

http://amnesty.org/en/library/info/EUR44/013/2013/en

Saturday Mothers protest against a general's appointment

The Saturday Mothers marched from the Kızılay district of Ankara on May 31 and staged a brief sit-in in front of the Justice Ministry building.

The Saturday Mothers group marched peacefully from the Kızılay district of Ankara to the Justice Ministry yesterday, in order to protest the appointment of Brig Gen. Musa Çitil as Ankara gendarmerie regional commander.

The group has been holding sit-in protests every Saturday at Istanbul’s Galatasaray Square to raise awareness and learn the fate of loved ones who disappeared after the Sept. 12, 1980 coup. There is an ongoing public case against Çitil on charges related to 13 murders committed in 2012 when he was Derik (Mardin) district gendarmerie commander.

The Saturday Mothers staged a brief sit-in protest in front of the ministry after walking from Kızılay.

Emini Erbek, the daughter of Ahmet Kaya, whose body was found dead in a burned out car after he was detained in Şırnak in 1996, spoke at the demonstration. “13 were killed with my father ... Their only crime was being Kurdish. All their bodies are lost, but Musa Çitil is on duty,” Erbek said.

Fikriye Alpsoy, the spouse of Halil Alpsoy, who was abducted in 1994, also spoke. “They took my husband at 01:00 a.m. in front of the house and tortured him. He was beyond recognition when was found ... I want Musa Çitli be on trial and imprisoned,” Alpsoy said.

According to reports by the Human Rights Foundation of Turkey (TİHV), Mardin’s Chief Public Prosecution Office in late April finalized the indictment against Çitil. The case has been sent to Çorum province due to security reasons.

On 29 April, 2013, the Çorum Heavy Penal Court No. 2 began to hear the case without the participation of Musa Çitil. The court declined the demands of the lawyers of the intervening party for the detention of Çitil and adjourned the hearing to July 1, 2013.
(hurriyetdailynews.com, June 1, 2013)

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Des intellectuels turcs appellent le gouvernement à cesser sa "rhétorique de haine"

Des artistes, journalistes et écrivains turcs, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, ont publié samedi, sur une pleine page dans plusieurs journaux, un appel au gouvernement lui demandant de cesser d'employer une rhétorique de division alimentant, selon eux, la haine dans le pays.

L'appel, signé par plus de 80 personnalités, intervient à la suite d'un mouvement de contestation sans précédent qui a visé pendant près de trois semaines le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

"Nous sommes inquiets", "La rhétorique du +vous contre nous+ accentue les divisions au sein de notre société", avertissent les signataires, appelant le gouvernement à mettre fin aux pressions contre les militants.

"Il y a une atmosphère de frustration et de haine", note le texte, qui accuse implicitement M. Erdogan et son gouvernement de dérive autoritaire après une décennie au pouvoir.

 Le Premier ministre n'a de fait cessé de fustiger les manifestants, issus pour la plupart de la classe moyenne, jeunes et éduqués, au moyen d'une rhétorique dévalorisante, les qualifiant de "voyous" et de "terroristes".

 Les artistes, eux, ont été accusés par M. Erdogan d'appartenir à des "groupes marginaux".

Tandis que la fronde anti-gouvernementale, partie le 31 mai d'une mobilisation contre la destruction programmée d'un jardin public d'Istanbul, le parc Gezi, a rassemblé des dizaines de milliers de personnes -- 2,5 millions de personnes dans 80 villes le weekend dernier --, M. Erdogan a poussé ses partisans à organiser des contre-manifestations. Il a ainsi déclaré: "Personne ne peut nous intimider (...) nous ne prenons d'ordre ou d'instruction de personne sauf de Dieu".

Dans leur gestion du mouvement de contestation, la plus grave crise politique depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002, les autorités ont pris pour cible les journalistes et artistes.

Samedi, le quotidien pro-gouvernemental Takvim a annoncé avoir porté plainte contre la chaîne américaine d'informations en continu CNN et sa journaliste vedette Christiane Amanpour les accusant d'avoir incité la population à la haine par leur couverture des manifestations et la diffusion de "fausses nouvelles".

L'acteur turc Mehmet Ali Alabora a, lui, été pris à partie par M. Erdogan après avoir posté un tweet soutenant les manifestants. Le Premier ministre l'a accusé de susciter des troubles et l'a menacé de poursuites.

L'acteur avait signalé récemment avoir reçu des menaces après avoir été désigné comme un dirigeant d'un "complot visant à faire tomber le gouvernement" par le journal pro-gouvernemental Yeni Safak.

Et lundi, la BBC s'est dite inquiète de la campagne des autorités turques visant à "intimider ses journalistes". Le maire d'Ankara, Melih Gokcek, avait qualifié, sur son compte Twitter, la correspondante turque de la BBC Selin Girit d'espionne à la solde du Royaume-Uni.

Le pianiste turc de renommée internationale Fazil Say, 43 ans, a, lui aussi, subi l'ire des autorités turques. Connu pour son athéisme militant, il a été condamné le 15 mai pour blasphème pour ses tirades provocatrices contre la religion musulmane sur Twitter, provoquant une volée de critiques contre la Turquie à l'étranger.

Fazil Say, dont la condamnation a été annulée, doit être rejugé prochainement devant un tribunal d'Istanbul.

Le mouvement de contestation a fait quatre morts et près de 8.000 blessés et la répression violente par la police a été très critiquée dans le monde tandis que l'image de M. Erdogan a été écorné.

Les attaques répétées du Premier ministre contre les médias et les recours devant les tribunaux pour faire taire ses ennemis ont alimenté les inquiétudes quant au respect des droits de l'homme dans un pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne.

La Turquie est régulièrement critiquée par les ONG pour ses atteintes à la liberté d'expression et le nombre de journalistes ou d'avocats détenus dans ses prisons.

Les artistes soutenant le mouvement de contestation redoutent, par ailleurs, qu'en représailles il ne leur soit interdit de participer aux festivals ou spectacles organisés dans les municipalités dirigées par des membres du parti au pouvoir, l'AKP.
(AFP, 29 juin 2013)

Le régime turc somme les réseaux sociaux de coopérer sous peine de sanction

Le ministre turc de la Communication Binali Yildirim a critiqué vendredi le rôle joué par les réseaux sociaux dans la fronde antigouvernementale des dernières semaines, les sommant de coopérer avec les autorités turques sous peine de sanctions.

"Oui aux libertés jusqu'au bout et à l'utilisation de l'Internet, mais non, absolument non à ce qu'il serve de moyen pour le chaos, la violence et le crime", a déclaré M. Yildirim lors d'une réunion à Kars (est).

"S'il y a un délit, celui-ci peut-être commis aussi bien dans la vie réelle que virtuelle", a-t-il souligné, en évoquant les manifestations contre le régime islamo-conservateur au pouvoir qui ont fait 4 morts et quelque 8.000 blessés depuis le 31 mai.

Les plateformes comme Twitter et Facebook ont été largement utilisée pour la mobilisation des manifestants.

Lundi déjà, le même M. Yildirim avait déploré que le site de micro-blogging Twitter ait refusé de coopérer avec les autorités turques au moment des manifestations, notamment pour identifier leurs instigateurs.

Son collègue de l'Intérieur Muammer Güler avait annoncé le 17 juin que le gouvernement travaillait à l'élaboration d'une loi permettant de poursuivre les internautes publiant des messages diffamatoires ou incitant à la révolte sur les réseaux sociaux.

M. Yildirim a reconnu vendredi que les réseaux sociaux constituaient un "domaine libre" et qu'il n'était pas question de l'interdire. Mais, "c'est le droit le plus naturel pour la Turquie" de réclamer que les réseaux sociaux ne constituent pas un moyen d'incitation à la violence, a-t-il fait valoir.

Le ministre a exhorté Facebook et Twitter à ne pas "jouer avec la dignité et la crédibilité" de la Turquie qui, a-t-il menacé, pourrait leur asséner "une gifle".

Au début de la fronde qui le vise, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vivement dénoncé la "menace" Twitter, qualifié de "fauteur de troubles". "C'est là que se répandent les plus gros mensonges", avait-il accusé, "les réseaux sociaux sont la pire menace pour la société".

Plus de la moitié de la population de la Turquie, qui compte 76 millions d'habitants, bénéficie d'un accès à l'internet.
(AFP, 28 juin 2013)

"Ne pliez pas!": L'hebdomadaire allemand Der Spiegel en turc

Sous le titre "Ne pliez pas!", l'hebdomadaire allemand der Spiegel fait pour la première fois de son histoire sa Une en turc en signe de soutien aux manifestants anti-Erdogan, et consacre une dizaine de pages en turc et en allemand à la fronde stambouliote.

"Boyun Egme" ("ne pliez pas"), proclame le prestigieux magazine sur sa couverture parue dimanche avec une photo d'une jeune femme portant cette pancarte. "Pour la première fois en 66 ans d'existence, l'article de Une de Der Spiegel paraît aussi en langue turque", explique-t-il.

"C'est un geste, un signal", ajoute-t-il alors que l'Allemagne compte la plus forte communauté turque à l'étranger, avec quelque 3 millions de Turcs ou de personnes d'origine turque.

"Les événements en Turquie, officiellement candidat à l'adhésion à l'UE, les sorties (verbales) du ministre turc aux Affaires européennes contre la chancelière Angela Merkel, la répression et la fracture qui traverse la société turque ne sont en aucun cas une 'affaire intérieure' comme le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan l'a prétendu ces dernières semaines", explique encore Der Spiegel.

"Cela nous regarde tous: les Turcs et les Allemands, les Allemands d'origine turque, les Européens", ajoute-t-il.

Berlin et Ankara se sont livrés ces derniers jours à des échanges verbaux cinglants alors qu'Angela Merkel a eu des mots très durs sur la répression des manifestations anti-gouvernementales en Turquie.
(AFP, 23 juin 2013)

Journalist beaten by policemen at Gezi Park protests in Istanbul

A journalist was assaulted by police on June 22 during the intervention towards Gezi Park protesters in Istanbul’s Taksim Square.

Alpbuğra Bahadır Gültekin, a reporter for Turkish daily Radikal, has told the Daily News that he had been attacked, hit with a baton and kicked at by the police late on June 22, while he was trying to reach home after covering the Gezi Park protests and the police intervention in central Istanbul.

“I insistently said I was press after I was beaten up with a baton by the police officer, whose anger on his face I could so clearly define. His answer in response was to hit me with the baton while swearing at me,” said Gültekin, describing how the assault took place.

Gültekin added that after he fell down on the ground almost all the policemen around hit or kicked him.

He has a swelling eye, bruises on his hips and baton marks on his back.
(hurriyetdailynews.com, June 24, 2013)

Turkish "penguin" media protested at Speak Up Conference

Journalists, academics and politicians from the Balkan region attended the opening session of the second “Speak Up” Conference in Brussels, hosted by the European Commission.

Addressing the topic, “Freedom of Expression and Media in the Western Balkans and Turkey,” participants expressed disappointment with the state of the media in the region as well as hope about the new possibilities presented by social media and independent funding.

Two years after the first conference, at which journalists and editors from the Balkans and Turkey voiced high hopes over the role that the EU could play in the struggle for a truly independent media, some of those expectations have faded.

While some praise the EU for pushing for the adoption of laws that meet EU standards, others say the EU should have been more pro-active in combating growing political pressures. Click here for Balkan Insight's regional analysis.

With the ongoing protests in Turkey weighing on the minds of participants, the European Enlargement Commissioner, Stefan Fule, underlined the importance of media freedom in achieving democracy.

“The deafening silence of the mainstream media [in Turkey] in the first days of the recent protests in Istanbul… and the worrying use of police actions against the media only serve to underline how much this conference is needed,” he said.
 
One of the harshest speeches came from Turkish columnist Yavuz Baydar who said the situation for the freedom of the press in his country had never been worse.

Dunja Mijatovic, OSCE Representative on Freedom of the Media, observed that she had had to intervene in more cases of media freedom violations than any of her predecessors.

This should be seen as a “wake-up call” for the Balkans and Turkey, as well as the rest of Europe, she said.

In the afternoon session, on the “new media”, panellists sounded an equally concerned but at times more light-hearted note. Discussing the impact of social media on the protests in Turkey, Professor Yaman Akdemiz stripped off his shirt to reveal a penguin.

The image has become iconic of the protests in the social media in Turkey, referring to the fact that a major news channel failed to carry any reports of the protests when they began and instead aired a wildlife documentary about penguins. (www.balkaninsight.com, June 20, 2013)

EFJ Condemns Continuous Targeting of Journalists in Turkey

The European Federation of Journalists (EFJ) has today condemned the continuous targeting of journalists and media organisations following the police raid on the residences of journalists working for the daily newspaper Atilim, Özgür Radio and Etkin News Agency Tuesday morning.

According to the Turkish Journalists’ Union (TGS), the police raided the residences of Sedat Şenoğlu, general editorial coordinator of the daily Atılım, Selvi Coşar of Özgür Radio and the news editor of Etkin news agency, Derya Okatan as part of operations launched against the anti-government demonstration, #occupygezi. Following the raid, Sedat Şenoğlu and Selvi Coşar were taken into custody for questioning by the prosecutor.

Meanwhile, IMC TV news editor Gökhan Biçici and Ulusal Channel cameraman Emer Fidan who were arrested earlier this week were released Tuesday evening after giving a statement to the prosecutor. It was reported that they were beaten by the police during the arrested.

‘‘The continuous arrests and targeting of journalists are becoming a growing concern among the global community of journalists,’ said Mogens Blicher Bjerregård, EFJ President. ‘We urge the government to release immediately the arrested journalists who were exercising their rights to inform the public.’’

Concerns have also grown over the increasing state control of media organisations by the censoring body, RTÜK (the Supreme Board of Radio and Television). According to media report, the RTÜK threatened to impose fines on TV channels that are critical of the government, including Ulusal Channel, Halk TV, Hayat TV and Cem TV.

It was also reported that the government is planning a draft law to regulate the use of social media following the Turkish Prime Minister, Recep Tayyip Erdogan‘s claim that the social media is a ‘‘threat to society’’.

The EFJ and the  the International Federation of Journalists, earlier this week  called on their affiliates around the world to press the heads of the states and governments around the world to end the violent crackdown on media in Turkey.

Today, the EFJ delegates will speak up for the journalists who are fighting for press freedom in Turkey at  a European conference focusing on media freedom in the Western Balkans and Turkey hosted by  the European Commission in Brussels. It is estimated that 450 participants from the region and EU Member States including journalists, media analysts and politicians will attend.

''We call for solidarity among journalists and citizens in Europe to support the fight for press freedom in Turkey,'' added Blicher Bjerregård. (EFJ, June 20, 2013)

RSF: Déchaînement de violence policière contre les journalistes

Reporters sans frontières condamne fermement les brutalités et interpellations arbitraires dont sont victimes les journalistes qui couvrent la répression des manifestations antigouvernementales en Turquie. Au moins huit représentants des médias ont été interpellés par la police, le 16 juin 2013 à Istanbul. Les violences se sont largement multipliées après la prise d’assaut du parc Gezi par les forces de l’ordre, à Istanbul, dans la soirée du 15 juin 2013. Les journalistes ont été largement tenus à distance de l’opération et l’accès à la place Taksim était interdit à tous les professionnels des médias dépourvus de carte de presse.

« Nous sommes extrêmement inquiets du caractère de plus en plus systématique des violences policières. Cette brutalité évoque bien davantage une revanche sans limite que le maintien de l’ordre. Il est inacceptable que les journalistes soient délibérément pris pour cible, empêchés de faire leur travail et passés à tabac par des policiers censés les protéger. Les interpellations illégales doivent immédiatement prendre fin, et des enquêtes doivent impérativement être diligentées pour sanctionner les auteurs de ces abus », a déclaré Reporters sans frontières. « Les autorités doivent clairement condamner ces agissements et cesser de prendre les médias comme boucs émissaires dans leurs discours, sans quoi elles donneront l’impression d’encourager ces débordements », a-t-elle ajouté.

Le journaliste de la chaîne pro-kurde IMC TV Gökhan Biçici, son cameraman Okan Altunkara, les reporters de l’agence de presse Dogan (DHA) Ferhat Uludaglar et Ugur Can, le cameraman de la chaîne nationaliste Ulusal Kanal Emre Fidan, ainsi que le reporter du quotidien Aydinlik Aslan Sahan, ont été interpellés le 16 juin alors qu’ils couvraient les affrontements entre les forces de l’ordre et certains manifestants dans divers quartiers d’Istanbul. Les policiers ont arraché le masque à gaz de Gökhan Biçici, saisi son iPad et l’ont longuement traîné à terre. Aux dernières nouvelles, il était toujours en garde à vue, de même que le photographe freelance italien Daniele Stefanini, blessé et arrêté hier. Ugur Can et Okan Altunkara ont été rapidement remis en liberté. Uludaglar a été libéré le 17 juin. D’après l’agence DHA, plusieurs autres journalistes dépourvus de carte de presse ont été interpellés. Le quotidien Hürriyet a mis en ligne une vidéo documentant des incidents similaires.

Plusieurs professionnels des médias ont vu leurs enregistrements détruits par la police. Dans la nuit du 15 au 16 juin, le photographe du quotidien Aksam (Soir) Cem Türkel a ainsi été contraint d’effacer les clichés qu’il avait pris d’affrontements survenus dans le quartier de Harbiye, non loin de Taksim. Un journaliste indépendant britannique a raconté à Reporters sans frontières qu’il avait été interpellé et placé en garde à vue pendant trois heures, dans la nuit du 16 au 17 juin, dans le quartier Osmanbey. Les policiers ne lui ont rendu son appareil photo et son microphone qu’après avoir supprimé tout ce qu’ils contenaient. Ils ne lui ont pas rendu son carnet de notes, ni sa carte de presse.

La journaliste Eylem Düzyol a été agressée à coups de matraque avec sa collègue Fulya Atalay, alors qu’elle prenait des images à Istanbul le 16 juin. « Nous travaillions sous leurs yeux depuis le matin. La police savait pertinemment que nous étions journalistes. J’ai même montré ma carte de presse pour les convaincre. Mais ils ont continué à nous frapper », a-t-elle raconté à Reporters sans frontières. Les deux journalistes ont fait part de leur intention de porter plainte. Le même jour, le journaliste de Today’s Zaman, Abdullah Ayasun, a rapporté sur son compte Twitter qu’il avait été frappé au visage et plaqué au sol pendant trois minutes par des policiers qui lui avaient « presque cassé le bras », bien qu’il leur ait montré sa carte de presse

Les journalistes étrangers n’ont pas été épargnés par ce déferlement de violence. Le 14 juin 2013, le journaliste russe Arkady Babtchenko a été brutalement interpellé alors qu’il photographiait des voitures de police sur la place Taksim. Il a passé la nuit en garde à vue, et se déplace avec difficulté du fait des coups reçus aux jambes. La correspondante de la rédaction hispanophone de la chaîne Russia Today, Alexandra Bondarenko, a été atteinte par une balle en caoutchouc alors qu’elle couvrait les affrontements dans la soirée du 15 juin. Paulo Moura, du quotidien portugais Publico, a été passé à tabac par des policiers le 16 juin.

Selon certains témoignages, les professionnels des médias ont également été pris pour cible ce weekend par des tirs de gaz lacrymogène à Ankara, alors qu’ils couvraient les protestations près de la place Kizilay.

L’Association turque des journalistes (TGC) a demandé au gouverneur d’Istanbul et aux chefs de la police de mettre un terme aux interpellations de journalistes, et estimé que les menaces du Premier ministre à l’encontre des médias « mettaient en péril la sécurité des journalistes ». Reporters sans frontières partage cette inquiétude : à chacun des discours tenus devant ses partisans ce weekend, Recep Tayyip Erdogan s’en est pris aux médias internationaux, accusés de couvrir les événements de façon biaisée, et a promis de sanctionner ceux qui s’étaient livrés « à la provocation et à la désinformation » dans les médias comme sur les réseaux sociaux.

Le bilan des violences subies par les journalistes depuis le début du mouvement de protestation évolue constamment à la hausse. Reporters sans frontières a appris que le reporter américain Jake Price (BBC in Pictures) avait été atteint par un projectile alors qu’il prenait des photos près du parc Gezi, le 11 juin. Le même jour, le directeur du service de l’information du quotidien islamiste Zaman, Ibrahim Dogan, avait été atteint au bras par une grenade lacrymogène lancée par la police. Il a été hospitalisé à l’hôpital de Taksim avec un bras cassé. Cihan Acar (Zaman) et Can Sisman (Milliyet) ont également été blessés par des tirs de grenades lacrymogènes. Le premier a un bras cassé, le second a dû subir quatre points de suture à l’arrière du crâne. Le 11 juin, deux reporters canadiens de CBC, Sasa Petricic et Derek Stoffel ont été interpellés et placés en garde à vue pendant une journée alors qu’ils travaillaient sur la place Taksim.

An urgent call from the Journalists' Union of Turkey

Dear colleagues,

Everything is getting worse.

In Istanbul, yesterday evening, police entered Gezi Park by using tear gas, water cannon towards civilian people including women and children. Police also used tear gas within hotels around where the peoples got in for treatment.

Police does not allow press to work freely in Taksim or other places where they attack to people. Pictures of a photo-journalist (Cem Türkel from Akşam daily) has been deleted by using force in Harbiye near Taksim yesterday night.

Today police began to arrest the doctors from the hotels who treated the peoples.

Police also made operation to some houses to arrest the leaders of Çarşı group (which is the fan group of Beşiktaş football team that was very active at the protesting demonstrations.)

Today in Ankara, there was a funeral ceremony for Ethem Sarısülük who killed by plastic bullet fired by police. Police does not allow people to meet in Kızılay, the center of Ankara. Police used water cannon against people, also by targeting journalists and especially cameramen who try to broadcast in live.

Most of the Turkish media companies do not publish the realities. The people share the information and pictures mainly by the social media, and a few tv companies and daily newspapers. The Radio and Television High Council gave fine sentences for 4 tv companies because of their broadcasting the demonstration related with Gezi Park resistance.

Today, it was announced that the publication of Taraf daily has been banned.

At the moment many people within a big shopping center (Cevahir AVM) in Mecidiyeköy protests police attack and government. Police wait within the building.

This is an unseen brutally attack against the civilian people in Turkey. This is a crime against humanity. I make the criminal complaint against the Prime Minister who ordered the police attack.

The Prime Minister said yesterday at the meeting in Ankara held by his party: "Everybody should empty Taksim until tomorrow (when there would be the second meeting of the Prime Minister in Istanbul), otherwise my police knows how to empty there."

Egemen Bağış who is the Minister of the Responsible for the EU Relations declared that "everyone who wants to go to the Taksim from now on are terrorists."
 
I ask all of you to protest the Turkish government by emphasizing the situation of Turkey in the freedom of press and expression field.

I ask you to move your governments, the EU authorities to condemn Turkish government.

I hope I could have a chance to travel to Brussels on Wendesday to participate the Speak-up conference.

But before the conference please Speak-up.

Ercan Ipekci
President of the Journalists' Union of Turkey (TGS)

Media banned from reporting on new claims against MİT

An Ankara court issued on Saturday a ban on media reports covering claims that Turkey’s intelligence agency has been profiling businesspeople close to opposition parties to prevent them from winning public tenders and being employed in public service.

The Ankara 6th Criminal Court of Peace announced on Saturday that a ban had been imposed on reporting about claims laid against the National Intelligence Agency (MİT) in line with the 24th and 26th articles of the Constitution, which deal with the revelation of state secrets. 

The court also said an investigation had been launched into the Taraf daily, which claimed in a series of reports during the past week that MİT has been engaged in illegally collecting data about people and profiling them in such a manner that well deserves the label of "big brother" tactics. The press has been banned from covering similar stories until the investigation is completed.

In a report that appeared on Monday, Taraf claimed that MİT nearly a year ago concluded protocols with Turkish Airlines (THY) and the Ministry of Education (MEB), among other public institutions, enabling the intelligence agency to profile anyone receiving services from these institutions. According to the report, which was denied by the intelligence agency, MİT has access to personal information, including e-mail addresses, photographs and the private information of family members of people flying with THY, as well as information about students, together with their parents, who attend schools that fall under the jurisdiction of the MEB.

In another story, the Taraf daily accused the intelligence agency of profiling hundreds of people and companies, including politicians from the main opposition Republican People’s Party (CHP) and businesspeople close to the CHP and the Nationalist Movement Party (MHP), to inform the government about their political views, religious affiliation and other details about their private lives.

The aim, according to the daily, is to prevent those CHP members for whom records have been kept from being employed in public service and from taking part in public tenders. Businesspeople who previously managed to win public tenders have since failed -- after they were labeled as close to the MHP in the MİT documents -- to win even a single public tender, the MİT documents demonstrate, the daily reported.
(TODAY'S ZAMAN, June 16, 2013)

RTÜK Fines TV Networks on Gezi Resistance Coverage

Turkey's High Council of Radio and Television (RTÜK) issued fines and warnings on several television networks for “encouraging people to violence” and “violating broadcasting principles”.

On a meeting yesterday, the council ordered Ulusal TV, Halk TV, Cem TV and EM TV to pay roughly 5,000 euros as penalty.

According to Gazeteport, the council reasoned its decision saying that these channels broadcasted program content that could harm the physical, moral and mental development  of children and young people.

RTÜK members from Turkey’s main opposition party (CHP) objected to a report by Content Evaluation Office President - a bureaucrat that resumed office as interim despite a court on his removal from office.

RTÜK members from Turkey’s opposition parties Hülya Alp and Süleyman Demirkan (CHP) and Esat Çıplak (MHP) objected to the decision saying that mainstream media remained silent to Gezi Resistance on its very first days and public had the right to information. But the remaining 5 members of the commission - who were selected from the quota of governing AKP - supported the fines and warnings. (BIA, June 12, 2013)

Eighteen journalists wounded, four others detained in Taksim

In a statement on yesterday's incidents at Taksim Square, Turkish Journalists Association (TGC) said eighteen journalists were wounded and four others beaten and detained by police while covering news during the daylong protests at Taksim Square on Tuesday.

TGC called on the government, the opposition and the media to active duty to ensure the safety of journalists and underlined that media and press organizations must resist against all kinds of repression and perform a transparent duty while covering the news, so that they can reveal the truths and serve for people's freedom of information.

"Those who have so far turned a blind eye to the severe conditions press members are facing today, under the repression and threat of imprisonment, and the politicians who claim that the people have no demands for the freedom of expression and the press have to see the truth now", said TGC.

TGC remarked that the criticism that government and opposition side's criticism directed at the media since the beginning of the incidents have made press workers become a target. TGC called on politicians to pay attention to their statements about the media and to provide media organizations with necessary equipment to guarantee the safety of life for journalists.

Media organizations are responsible for ensuring journalists a working environment free from censorship and self-censor, TGC underlined and criticized the Radio and Television High Council (RTÜK) for imposing a fine on Ulusal TV, Halk TV, Cem TV and EM TV for allegedly promoting violence in society by broadcasting scenes of the events during the last two weeks.

TGC said RTÜK acted in line with the opinions of the government and called on the Council to display an objective attitude.
(BIA, June 12, 2013)

Conférence de presse de Nisanyan à Bruxelles sur la liberté de presse en Turquie


CONFERENCE DE PRESSE

Où en est la liberté d'expression en Turquie ?


par
M. Sevan NISANYAN
(Ecrivain condamné récemment par la justice turque à 13,5 mois de prison)

Le lundi 24 juin 2013 à 10h30
IPC, 155 rue de la Loi, Bloc C, Magritte Room – 1040 Bruxelles


Organisée par:
L'Association des Arméniens Démocrates de Belgique
Les Ateliers du Soleil
L'Institut Assyrien de Belgique
L'Institut Kurde de Bruxelles
La Fondation Info-Türk
RSVP: 0478-240 222 ou 0478-211 592

Qui est Sevan Nisanyan ?

Sevan Nisanyan est un écrivain, linguiste arménien de Turquie, qui a été condamné par la 14ème Cour pénale d’Istanbul à 13 mois et demi de prison le 22 mai 2013 pour avoir « ouvertement insulté les valeurs religieuses d’une certaine partie de la société ».

La condamnation de Nisanyan est une atteinte à la liberté d’expression, mais cela contribue également à le designer officiellement, à la vindicte des islamo-nationalistes, comme ce fut le cas de Hrant Dink avec les nationalistes.

Actuellement, il y a 76 journalistes incarcérés en Turquie. La Turquie détient le triste record d’être le premier pays dans ce registre avant la Chine et surtout l’Iran tellement d’écriée. Mais comme c’est allié de l’Occident, les gouvernements et même les médias sont beaucoup moins regardants.

A la lumière des évènements et surtout de la répression sanglante qui a suivi l’occupation du Gezi Parc, le pouvoir Islamo-Nationaliste a montré son véritable visage au monde entier. Cette arrogance, cette impunité dont le pouvoir use et abuse devrait déclencher une prise de conscience en Europe pour s’informer et informer l’opinion publique des réalités auxquelles font face les peuples de Turquie.

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RSF: Vague d’interpellations d’acteurs de l’information

Reporters sans frontières est vivement préoccupée par le nombre croissant d’acteurs de l’information interpellés en marge du mouvement de protestation antigouvernementale qui secoue actuellement la Turquie.

« Les interpellations d’acteurs de l’information qui se succèdent à travers le pays suscitent notre profonde inquiétude. Nous appelons instamment les autorités à faire preuve de retenue et à cesser de recourir à de telles mesures, si disproportionnées qu’elles s’apparentent à une manœuvre d’intimidation. L’exercice des libertés d’information et de rassemblement ne saurait être criminalisé », a rappelé l’organisation.

Trentre-quatre cyberactivistes interpellés

Au moins trente-quatre jeunes utilisateurs de Twitter ont été interpellés à Izmir (Ouest) dans la nuit du 4 au 5 juin. Ils sont accusés d’« incitation à commettre un crime » (article 214 du code pénal) et d’« incitation à désobéir aux lois » (article 217). Tous, sauf un, ont été progressivement relâchés dans la soirée du 5 juin. Reporters sans frontières demande des explications urgentes quant au sort de celui qui reste en garde à vue.

Les suspects, impliqués dans le mouvement de protestation antigouvernementale, avaient posté sur Twitter les numéros de téléphone des médecins volontaires et des avocats qui portent assistance aux manifestants. D’après Imdat Atas, avocat de certains des cyberactivistes interpellés, ses clients sont accusés d’avoir échangé des informations liées aux interventions policières. D’après lui, ils avaient également posté une photographie montrant des policiers en train de traîner par les cheveux une jeune fille dans le quartier Kordon d’Izmir. « Nous n’avons rien noté qui puisse constituer un délit. La plupart des accusés ne se connaissent même pas. Il n’y a rien de sérieux dans leur dossier. Nous estimons que [leur arrestation est une conséquence] des déclarations du Premier ministre au sujet de Twitter », a-t-il déclaré.

Parmi les contenus incriminés, figurent les Tweets suivants : « Voici les codes Wi-fi à utiliser lors de la manif », « On se rassemble sur la place Gündogdu à 19h30 », « Il y a des flics sur la place Lausanne et l’avenue des Martyrs de Chypre », « Ils ont lancé du gaz lacrymogène, n’y allez pas », « Les TOMA [véhicules anti-émeutes] y sont ; ils projettent du gaz. Ils frappent avec des bâtons. »

Deux journalistes d’Ulusal Kanal interpellés

Mustafa Kaya, correspondant de la chaîne nationaliste Ulusal Kanal (Chaîne nationale), et son cameraman Serkan Bayraktar, ont été interpellés à Ankara le 5 juin. Ils retransmettaient en direct la dispersion d’un rassemblement par les forces de l’ordre, quand des policiers en civil sont intervenus pour les empêcher d’émettre et saisir leur matériel. Des manifestants se sont interposés, puis les deux journalistes ont été interpellés. Selon le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), ils ont été déférés à la section antiterroriste de la direction de la sécurité d’Ankara. Ils ont été remis en liberté en fin de journée.

Une étudiante française risque l’expulsion

Lorraine Klein, étudiante française en journalisme et communication, en échange Erasmus à l’université de Galatasaray (Istanbul), a été brutalement interpellée dans la nuit du 3 au 4 juin, alors qu’elle effectuait un reportage sur les manifestations et photographiait des barricades dans le quartier de Beyoglu. Après une nuit en garde à vue et des passages à l’hôpital pour faire constater ses blessures, elle se trouve actuellement au centre de rétention de Kumkapi. Elle risque d’être expulsée et interdite de séjour en Turquie pendant cinq ans.

Les locaux de Sol saccagés par la police

Les locaux du quotidien Sol (Gauche), édité par le Parti communiste turc (TKP), ont été saccagés par les forces de l’ordre à Ankara, dans la nuit du 3 juin. La police a procédé à une descente dans le bâtiment, qui abrite également le siège du TKP et le Centre culturel Nazim Hikmet. La représentante à Ankara du journal, Hatice Ikinci, la reporter Fatos Kalaçay, ainsi que le directeur du site www.haber.sol.org.tr, Can Soyer, ont été brutalisés. La police aurait fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau à l’intérieur du bâtiment pendant dix minutes. (RSF, 6 juin 2013)

FIJ condamne les violences visant les reporters

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a "condamné" vendredi "l'usage disproportionné de la force" par les autorités turques envers les manifestants et les "tirs ciblés de grenades lacrymogènes" visant particulièrement les journalistes à Istanbul.

Dans une motion d'urgence adoptée au cours de son congrès mondial à Dublin, la FIJ dénonce "l'usage disproportionné de la force, l'utilisation massive de gaz lacrymogènes, le recours aux véhicules blindés pour défoncer les barricades, les tirs tendus de grenade à hauteur d'homme (...) par les forces de l'ordre en Turquie contre des manifestants pacifiques".

Elle condamne aussi "les tirs ciblés de grenades lacrymogènes de la police antiémeute d'Istanbul visant particulièrement les journalistes de la presse écrite et audiovisuelle" et "s'étonne" des "propos du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan relatifs à l'impact des réseaux sociaux comme Twitter qu'il qualifie de +menace pour la société+".

La FIJ dénonce également "les intimidations verbales et les dégâts matériels commis par certains manifestants qui (...) se trompent de cibles en s'en prenant aux journalistes turcs travaillant pour des médias jugés favorables au gouvernement".

Le congrès de la FIJ a chargé son comité exécutif "d'interpeller le gouvernement turc sur les événements" pour obtenir notamment la libération des journalistes en garde à vue et l'abandon des poursuites éventuelles à leur encontre.

La Turquie est secouée depuis fin mai par des manifestations contre le Premier ministre et son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002.

Le mouvement a fait trois morts -deux manifestants et un policier- et près de 5.000 blessés, selon le syndicat des médecins turcs. Le bilan officiel fait état de "plus de 300" blessés.

La FIJ a également réclamé vendredi "la libération immédiate" des deux journalistes français portés disparus en Syrie depuis jeudi, et de "tous les journalistes pris en otage au cours de ce conflit".

La FIJ comprend notamment les syndicats NUJ au Royaume-Uni, le SNJ-CGT et la SNJ en France, ainsi que la FNSI en Italie.
(AFP, 7 juin 2013)

76 journalistes en prison : il faut soutenir la liberté d'expression

APPEL SUR LE SITE DU NOUVEL OBS:
Les affrontements qui se déroulent en ce moment en Turquie s'enracinent contre le gouvernement de l'AKP, le parti au pouvoir accusé de museler l'opinion publique et les libertés individuelles. Pour le collectif Vigilance Arménienne contre le Négationnisme, il faut faire bouger la Turquie et soutenir les prisonniers politiques. Tribune collective d'intellectuels turcs et arméniens soutenue également par de nombreuses associations.
Les évènements en cours en Turquie traduisent l’exaspération d’une jeunesse qui ne supporte plus les dérives et l’autoritarisme du gouvernement AKP de Recep Tayyip Erdogan. L'usage disproportionné de la force par la police turque est symptomatique de la violence exercée à tous les niveaux de l’appareil d’État. Depuis 2009, le pouvoir mène en effet une véritable répression à l’encontre de ses opposants, emprisonnant des milliers d’étudiants, enseignants, universitaires, avocats, journalistes et élus.
 
Sevan Nichanian, emprisonné pour insulte à l'islam
 
Le collectif Vigilance Arménienne contre le Négationnisme (VAN) ainsi que les personnalités et associations signataires s’élèvent contre la décision de la 14e chambre du Tribunal de police d’Istanbul qui a condamné le 22 mai 2013, l’intellectuel arménien de Turquie, Sevan Nichanian, à 13 mois et demi de prison pour avoir, dans l’un de ses articles, "ouvertement insulté les valeurs religieuses d'une certaine partie de la société".

Ce libre-penseur, bien connu pour ses prises de position estimées iconoclastes, ne peut bénéficier de sursis pour cause d’une condamnation antérieure : ayant interjeté appel, il devrait néanmoins rester en liberté jusqu’à son nouveau procès pour "blasphème".
 
Condamner Sevan Nichanian, c’est une atteinte à la liberté d’expression, mais c’est aussi le désigner officiellement à la vindicte des islamo-nationalistes et intimer le silence aux Arméniens de Turquie, déjà en proie à des discriminations, des menaces récurrentes et des assassinats ciblés, suivis de procès biaisés.
 
Le cas Ragip et Deniz Zarakolu

 
Ainsi, les véritables commanditaires de l’assassinat, le 19 janvier 2007 à Istanbul, du journaliste arménien de Turquie, Hrant Dink, n’ont pas été inquiétés jusqu’à présent ; l’exécution par un appelé ultra-nationaliste le 24 avril 2011, date commémorative du génocide arménien, du jeune Sevag Balikci, qui accomplissait son service militaire, a été jugée "accidentelle". Le meurtre raciste de Maritsa Küçük, une Arménienne âgée, égorgée à Istanbul le 28 décembre 2012, a été fort opportunément imputé à un Arménien qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales.
 
À l’occasion du verdict qui frappe Nichanian, le "Don Quichotte arménien", il est bon aussi de se souvenir du sort que l’État turc réserve à ses opposants turcs et kurdes.
 
Le procès de Ragip et Deniz Zarakolu se tient du 27 mai au 7 juin 2013 à Silivri, à 60 km d’Istanbul.

Si l’emblématique éditeur et défenseur des droits de l’homme, Ragip Zarakolu, incarcéré pour "terrorisme" le 28 octobre 2011, comparaît en prévenu libre après avoir effectué 5 mois et demi de préventive, il n’en est pas de même de son fils Deniz Zarakolu, toujours emprisonné depuis le 4 octobre 2011 pour avoir donné une conférence sur "La Politique" d’Aristote, dans le cadre de l’Académie du BPD, parti légal pro-kurde ayant 36 députés au parlement turc. Doctorant en sciences sociales, Deniz Zarakolu travaille pour la maison d’édition familiale "Belge" (prononcer "Belgué" qui veut dire "documents"). Son incarcération – tout comme celle de son père Ragip – vise à museler "Belge", renommée pour ses publications sur le génocide arménien et les droits des minorités de Turquie.
 
D’autres collaborateurs de "Belge", tels Aziz Tunç, le poète kurde Mulazim Ozcan, la traductrice Ayse Berktay, attendent dans leur cellule l’issue de procès-fleuves regroupant des centaines de prévenus et risquent de lourdes peines de prison à l’instar de l’universitaire Busra Ersanli, en libération conditionnelle. Enfin, n’oublions pas la sociologue féministe Pinar Selek, en exil à Strasbourg du fait de son invraisemblable condamnation à perpétuité au terme de moult procès kafkaïens.
 
76 journalistes incarcérés en Turquie
 
On s’interroge sur l’indifférence générale de l’Europe. Avec 76 journalistes incarcérés, la Turquie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, a pourtant été désignée en 2012 "plus grande prison du monde pour les journalistes devant l’Iran, l’Erythrée et la Chine" par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Les lois anti-terroristes en vigueur renforcent la tendance du pouvoir turc à "assimiler journalisme critique et terrorisme".

Une pétition intitulée "Sevan Nichanian n’est pas seul" a été lancée par des intellectuels de Turquie, publiée en solidarité avec lui mais également avec les journalistes Ibrahim Güvenç et Necati Abay qui viennent de se voir infliger respectivement 10 et 11 ans et de 3 mois de prison pour "terrorisme".
 
Le Collectif VAN ainsi que les personnalités et associations signataires s’associent à cette démarche : tous les militants des droits de l’homme doivent voir la fin des procédures indues engagées à leur encontre, qu’ils soient en libération conditionnelle à l’instar de Ragip Zarakolu et Busra Ersanli, en exil comme Pinar Selek, en prison tels Deniz Zarakolu, Aziz Tunç, Mulazim Ozcan et Ayse Berktay, en attente d’un second jugement comme Sevan Nichanian, ou sous le coup de poursuites au titre du liberticide article 301, "pour insulte à l’identité turque", comme Rober Koptas, rédacteur en chef du journal arménien de Turquie Agos, l’écrivain Ümit Kivanç et le journaliste Temel Demirer.
 
Il est temps que la France, qui semble avoir abdiqué sur le terrain de la défense des droits de l’homme en Turquie, trouve le courage d’affronter ceux qui piétinent l’idée même de démocratie. Elle se doit d’apporter son soutien à ces femmes et ces hommes d’exception : ils représentent le seul avenir possible pour un pays qui n’arrive toujours pas à se défaire de ses tentations totalitaires.
 
Signataires :

Séta Papazian, Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme], Benjamin Abtan, Président du Mouvement Antiraciste Européen EGAM (European Grassroots Antiracist Movement), Catherine Coquio [Professeur de littérature à Paris 7], Aircrige-Paris [Association internationale de recherche sur les crimes contre l’humanité et les génocides], Serge Klarsfeld, Mémorial 98, Meïr Waintrater, Yves Ternon [Historien], Seve Izouli-Aydin [Avocate], Frédéric Encel [Politologue], Etienne Copeaux [Historien de la Turquie], Claire Mauss-Copeaux [Historienne], Erol Ozkoray [Ecrivain-journaliste - Istanbul/Turquie], Dogan Özgüden [Journaliste - Bruxelles/Belgique], Inci Tugsavul [Journaliste - Bruxelles/Belgique], Jacques Bérès [Président de France Syrie Démocratie], Bernard Schalscha [Secrétaire général de France Syrie Démocratie], MPCT [Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme], André Métayer [Président d’Amitiés kurdes de Bretagne], LICRA [Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme], Alain David [Bureau exécutif de la LICRA, philosophe], Roger W. Smith [Professor of government emeritus, College of William and Mary, Virginia, USA], Jacky Mamou [Président du CUD - Collectif Urgence Darfour], Alain Gauthier [Président du CPCR - Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda], Appui Rwanda, Serge Avédikian [Acteur et réalisateur], Anne Lainé [Cinéaste], Taner Akçam [Historien, Center for Holocaust and Genocide Studies, Clark University, USA], Marcel Kabanda [Président d’Ibuka-France], Cindy Léoni [Présidente de SOS Racisme], Jonathan Hayoun [Président de l’UEJF – Union des Etudiants Juifs de France], Aline Le Bail-Kremer [Directrice de la Communication de l’EGAM - European Grassroots Antiracist Movement].
Les réseaux sociaux dans le collimateur du pouvoir turc

Le gouvernement turc a engagé la chasse aux utilisateurs des réseaux sociaux, qui ont détrôné les médias traditionnels jugés beaucoup trop complaisants comme principaux vecteurs d'information sur la contestation qui agite la Turquie.

Au sixième cinquième du mouvement, au moins vingt-cinq personnes ont été interpellées mardi à Izmir (ouest) pour avoir tweeté des "informations fausses ou diffamatoires" relatives aux manifestations qui se déroulent depuis vendredi dans le pays.

"Auraient-ils déjà supprimé la liberté d'opinion et je ne serais pas au courant ?", a écrit un utilisateur du réseau de micro-blogging Twitter, @CRustemov, "qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire d'être arrêté pour avoir tweeté ?"

Le Comité de protection des journalistes (CPJ), une ONG basée à New York, a réagi très promptement pour critiquer les velléités des autorités turques d'encadrer l'internet. "Imposer des restrictions va promouvoir la rumeur et les conjectures à un moment où le pays a besoin de faits et d'opinions librement exprimées", a jugé Nina Ognianova.

Comme ce fut le cas dans les "printemps arabes", Twitter et Facebook ont joué un rôle moteur aux premières heures de la contestation sans précédent qui vise le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la Turquie.

Les manifestants, jeunes en majorité, préparent leur rassemblements et battent le rappel de leurs troupes sur les réseaux sociaux. Ils y diffusent aussi une foule de photos et de vidéos dénonçant la brutalité de la répression policière, lancent des appels à témoins ou diffusent des numéros de téléphone d'urgence.

Pour beaucoup de protestataires, ces réseaux constituent même le seul espace de réelle liberté face à des journaux, radios et télévisions très contrôlés.

"Il n'est pas surprenant que les médias sociaux jouent un tel rôle dans les manifestations populaires, essentiellement à cause de l'échec des médias traditionnels", juge Asli Tunc, professeur à l'université Bilgi d'Istanbul.

"Les jeunes ne lisent plus les journaux ni ne regardent la télévision", poursuit M. Tunc, "les médias sociaux sont devenus une plateforme de résistance qui contredit l'idée selon laquelle la jeunesse de ce pays est très largement apolitique".

Prudence

Au moment où ces nouveaux médias crépitaient de "posts" ou de "tweets", l'essentiel de la presse turque, largement aux mains de grands conglomérats jugés proches du pouvoir, a commencé sa couverture de la contestation très... prudemment.

Alors que les premiers affrontements faisaient rage la semaine dernière, certaines chaînes de télévision d'information ont refusé d'interrompre leurs programmes. Ainsi CNN-Türk, qui a diffusé un documentaire sur les pingouins...

Invité de la chaîne, l'acteur et réalisateur Sermiyan Midyat a protesté contre ce qu'il a qualifié de censure en retirant en direct sa chemise pour laisser un apparaître un T-shirt floqué d'un pingouin et du logo de la station.

Autre anecdote, un animateur de jeu télévisé de la chaîne Bloomberg TV qui a eu le mauvais goût lundi de faire tourner toutes ses questions à un candidat sur le thème des manifestations a vu son émission supprimée dès le lendemain.

Environ 3.000 personnes ont défilé lundi à Istanbul devant le siège de la chaîne d'information NTV pour dénoncer cette "soumission" au gouvernement. Et l'association internationale d'écrivains PEN Club s'est déclarée "choquée (...) par les contraintes imposées aux médias turcs ces dernières années".

Le relais pris par Twitter n'a pas été du goût du Premier ministre. "Il existe un fauteur de troubles qui s'appelle Twitter", a-t-il fulminé dans un discours dimanche, "on peut y trouver les pires mensonges".

Ces propos ont alimenté les craintes de ses utilisateurs, qui redoutent une nouvelle offensive du gouvernement contre les médias sociaux.

En 2008, la plateforme de distribution de vidéo YouTube avait été interdite en Turquie après avoir diffusé des images montrant des supporteurs de football grecs se moquant des Turcs. L'interdiction avait été levée plus tard sur décision de justice.

En attendant, les utilisateurs de Twitter s'en donnent à coeur joie. "La révolution ne sera pas télévisée, elle sera tweetée", a résumé un usager, en@ela_suleymangil.
(AFP, 5 juin 2013)

RSF: Au moins quatorze journalistes blessés par les forces de l’ordre

Reporters sans frontières déplore la poursuite des agressions brutales, par la police, contre les professionnels de l’information couvrant le mouvement de contestation de l’“Occupation du Parc Gezi” (Gezi Parki Isgali) à Istanbul. Selon nos informations, quatorze journalistes ont été blessés depuis le début des contestations, certains gravement, à Istanbul et dans le reste du pays. Des dizaines d’autres ont aussi été affectés par l’usage abusif de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Regarder la vidéo de CNN Turk


“Ces émeutes se transforment en vague de contestation antigouvernementale et et ont fait deux victimes et de nombreux blessés parmi les manifestants et les observateurs du mouvement. Nous regrettons que malgré les multiples appels au calme lancés depuis la fin de semaine dernière et le retrait partiel des forces de police de la place Taksim à Istanbul, les violences policières continuent”, a déclaré Reporters sans frontières.

“Nous condamnons avec vigueur le fait que plusieurs journalistes ont été délibérément pris pour cibles par les forces de l’ordre durant les événements. Nous nous joignons à l’indignation ressentie et exprimée par des dizaines d’autres organisations, comme l’Association turque des journalistes (TGC). Nous demandons que la sécurité des journalistes couvrant les manifestations soit garantie et que le mouvement de contestation bénéficie d’un traitement neutre et impartial sur les médias publics”, a poursuivi l’organisation.

Le mouvement de contestation vis-à-vis du pouvoir et de son projet d’urbanisme au Parc Gezi, situé sur l’emblématique place Taksim à Istanbul (rive européenne), a causé en une semaine deux morts et plusieurs centaines de blessés selon les derniers bilans. Des professionnels des médias ont été atteints par des jets d’eau et des grenades lacrymogènes projetées contre les manifestants.

Ainsi le photoreporter de l’agence britannique Reuters, Osman Orsal, a été grièvement blessé, le 31 mai, par une grenade lacrymogène qui l’a atteint à la tête. Le journaliste a été touché à proximité du Consulat de France à Istanbul, dans le district de Beyoglu. Transféré à l’hôpital de Taksim, il a reçu neuf points de suture. Son état de santé s’améliore.

Osman Orsal est l’auteur d’une photo déjà emblématique de la répression policière lors du mouvement d’occupation du Parc Gezi.

Déluge de balles

Un autre photoreporter du quotidien libéral Hürriyet (« Liberté »), Selçuk Samiloglu, a été touché au cours de la nuit du 31 mai par une balle en caoutchouc tirée à partir d’une arme à feu. Blessé à la main droite, le journaliste a ensuite reçu un projectile sur la tête. Après avoir subi une intervention chirurgicale dans une clinique mobile avoisinante, il a été transporté dans le même hôpital de Taksim pour des points de suture. Ses jours ne sont pas en danger.

Le reporter du quotidien de gauche Günlük Evrensel (« Quotidien Universel ») et de la chaîne nationaleHayat TV (« Vie »), Ismail Afacan, a été blessé à l’œil lors d’une intervention à jet d’eau depuis un blindé de la police le 31 mai. Le journaliste a été projeté à terre et sa caméra a été endommagée. Le reporter du quotidien Sol (« Gauche »), Onur Emre, fait aussi partie des journalistes blessés par une capsule de gaz lacrymogène. Son collègue d’Ankara, Fatos Kalaçay, aurait été agressé par les forces de l’ordre alors qu’il couvrait les manifestations en cours dans la capitale en signe de solidarité avec le mouvement de Taksim.

Deux autres reporters ont été brutalisés : le journaliste de l’agence de presse Dogan (DHA), Ugur Can, et sa consoeur du quotidien Taraf (« Camps »), Tugba Tekerek, qui aurait également été insultée.

Le reporter de la chaîne privée ATV (proche du gouvernement), Mesut Ciftçi, et le cameraman Ismail Velioglu ont été blessés respectivement à l’épaule et à la main par des balles en caoutchouc le 1er juin. Les journalistes ont été admis à l’hôpital de Taksim à Istanbul. Leurs jours ne sont pas en danger. Le reporter du quotidien de gauche Birgün (« Jour »), Olgu Kundakçi, a été, lui aussi, blessé par une balle en caoutchouc reçue à la tête.

Un journaliste de la chaîne nationale privée Kanal D, Erhan Karadag, a été interpellé par la police d’Ankara, la nuit du 1er juin, au motif qu’il soutiendrait le mouvement de contestation qui a gagné la capitale. Il a été retenu à la direction de la sécurité d’Ankara puis libéré le lendemain matin. Son avocat affirme que son client a été arrêté pour avoir apporté du lait aux manifestants, afin que ces derniers l’appliquent sur leur visage pour soulager l’effet du gaz lacrymogène.

Ahmet Sik, qui a été atteint à la tête le 31 mai, a quitté l’hôpital de Taksim le 1er juin, dans l’après-midi. Ses points de suture derrière la tête seront retirés dix jours plus tard.

« Silence médiatique »

Sur la place Taksim, les manifestants ont aussi protesté contre les grands médias, y compris les chaînes d’information en continu, lesquels gardent le silence sur le déroulement des événements. Des acteurs, des écrivains, des musiciens, ainsi que des intellectuels ont protesté contre l’attitude des médias de large audience depuis le déclenchement des manifestations. Ces personnalités reprochent aux chaînes NTV (dont le car a été renversé par les manifestants), CNN Türk, Haber Türk, Kanal D, ATV, Star TV, Show TV et TRT, ainsi qu’aux quotidiens Star, Sabah et HaberTürk d’assurer une couverture partiale de l’information. Par ailleurs, certains de ces médias ont diffusé le discours du Premier ministre prononcé devant un parterre d’hommes d’affaires. Dans son discours, Recep Tayyip Erdogan a accusé le CHP (Parti républicain du peuple) d’utiliser ce mouvement à des fins politiques. Il a demandé l’arrêt des manifestations et a été contraint de reconnaître l’usage abusif de la force par la police d’Istanbul, notamment dans son utilisation des gaz lacrymogènes. Une enquête judiciaire est en cours.

Les manifestants se sont organisés grâce aux réseaux sociaux qui ont permis un accès immédiat à l’information. Le Premier ministre Erdogan a manifesté le 2 juin, son hostilité vis-à-vis des réseaux sociaux, plus particulièrement Tweeter. Dans certains quartiers d’Istanbul, Internet a été rendu inaccessible pendant quelques heures et certains sites web de médias ont été hackés. Des perturbations ont également été relevées sur les communications par téléphones portables. On en ignore les raisons. (RSF, 4 juin 2013)


Erdogan gets into row with Reuters reporter over Taksim protests

Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan argued today with Reuters reporter Birsen Altaylı about the seven-day long Taksim Gezi Park protests, accusing her of misinforming her agency about the situation in the country.

“Don’t tell me that all of society [is supporting the protests], I will not believe it,” Erdoğan told the reporter. “There might be extensions of ideological structures [behind the protests]. This might have gotten them to revolt. You have to see that. What haven’t we done in this country that [led the protesters to] take such a step?” said Erdoğan.

Altaylı also asked the prime minister whether more protesters were coming out onto the streets because he had underestimated their strength.

Erdoğan replied, asking what he could do to moderate the protests. “If you can tell me [what to do], I’ll do it,” he said.

“There is 50 percent of [the country who voted for the ruling Justice and Development Party - AKP], and we can barely keep them at home [and prevent them from coming onto the streets for counter-protests]. But we have called on them to calm down,” the prime minister said after Altaylı said the people on the ground did not represent any single party and that they included students and housewives, unlike Erdoğan’s claims.

After the Reuters reporters said the people on the ground had demands about education and recent alcohol restrictions, Erdoğan said he had seen no demands about education and accused Altaylı of misinforming her agency about the situation.

Before Altaylı’s question session with the prime minister, she had 195 followers on Twitter, but the number exploded to more than 54,000 shortly after the argument.

The protests were triggered last week when a group of people were exposed to gas and water cannon as they attempted to prevent the construction of a shopping mall in a park on Taksim Square.
(hurriyetdailynews.com, June 3, 2013)

Manifestation à Istanbul pour dénoncer la "soumission" de la presse turque

Environ 3.000 personnes ont défilé lundi à Istanbul pour dénoncer le travail jugé partial des médias turcs au sujet du mouvement de protestation antigouvernemental qui secoue la Turquie depuis quatre jours, ont indiqué des manifestants à l'AFP.

"Presse vendue !", "on ne veut pas d'une presse soumise", a scandé la foule, rassemblée devant les locaux du groupe de médias Dogus Holding, qui détient notamment la chaîne d'information en continu NTV.

Les manifestants ont également protesté contre "la soumission" de nombreux groupes
de presse, dont la couverture de la protestation dirigée contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est jugée trop timide.

A l'inverse, les réseaux sociaux se sont massivement mobilisés dès vendredi pour relayer les appels à manifester dans tout le pays et dénoncer la brutalité des interventions des forces de l'ordre.

La presse écrite et télévisée en Turquie est largement contrôlée par des conglomérats
jugés proches du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.

Seuls quelques journaux et chaînes de télévision affichent leur indépendance ou même leur opposition politique au pouvoir mais subissent, selon les organisations de défense de la presse, des pressions politiques et financières de sa part.
(AFP, 3 juin 2013)

Distinguished Turkish political exile Güzin Dino died in Paris

One of the distinguished Turkish political, literary scholar, linguist, translator and writer Güzin Dino died at the age of 103 in Paris on May 30, 2013. She was married with the painter Abidin Dino, another famous political exile, who died earlier in 1993.

Subject to political pressure and prosecution, Abidin Dino left Turkey in 1952 to settle in Paris, France. She followed her husband in 1954 to France.

Güzin Dino worked in the French National Centre for Scientific Research (CNRS), and was an instructor at the Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).

By translating the works of the poet Nazım Hikmet and the writer Yaşar Kemal into French language, she introduced Turkish literature into France. Her translations were published by many renowned publishing houses, and her essays found positive interest by French and American journals.

She served also many years as the head of the Turkish language section of the Radio France Internationale (RFI).

Güzin Dino continued to live her entire life alone in Paris after Abidin's death from throat cancer.

Telling about her life with Abidin Dino, the Turkish policy and the memories with Nazım Hikmet to the younger generations, she used to lament that "That country never showed respect and dignity for its valued citizens".

RSF: Les autorités doivent mettre un terme aux violences policières à Istanbul

Reporters sans frontières condamne fermement la violence dont sont victimes les journalistes qui couvrent le mouvement de protestation « Occupy Gezi Park » à Istanbul, depuis quelques jours. Les professionnels des médias subissent à la fois la violence indiscriminée avec laquelle les forces de l’ordre dispersent les manifestants, et des attaques ciblées.

« Les excès de violence répétés auxquels se livre la police d’Istanbul sont intolérables et doivent impérativement faire l’objet d’un rappel à l’ordre. Des enquêtes complètes et impartiales doivent être diligentées pour identifier et sanctionner les policiers qui s’en prennent délibérément aux journalistes. La police est tenue de faire respecter l’ordre public, mais aussi de protéger les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions », a rappelé l’organisation.

Dans la matinée du 31 mai 2013, alors qu’il photographiait les affrontements non loin de députés du parti d’opposition CHP, le célèbre journaliste indépendant Ahmet Sik a été atteint à la tête par une grenade lacrymogène. Les observateurs présents sur place assurent que le projectile, lancé à une dizaine de mètres de distance, visait délibérément le journaliste. Blessé à l’arrière du crâne et au côté droit du visage, Ahmet Sik a été hospitalisé. Selon le représentant de Reporters sans frontières en Turquie, Erol Önderoglu, il est conscient, mais les médecins préfèrent le garder en observation et effectuer des analyses complémentaires.

De nombreux autres journalistes ont été affectés par l’usage massif et disproportionné de la force par les forces de l’ordre. Hüseyin Özdemir, photoreporter du quotidien Milliyet, a fait état de troubles respiratoires, les environs de parc Gezi étant constamment plongés dans un épais nuage de gaz lacrymogène. Emrah Gürel, photographe du quotidien Hürriyet, a été blessé à la jambe dans des circonstances encore floues.

La destruction du parc Gezi dans le cadre du chantier de piétonisation de la place Taksim, dans le centre d’Istanbul, a été annoncée fin avril. Les opposants au projet occupent les lieux depuis le 26 mai, conduisant à l’interruption des travaux. Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises depuis lors pour les disperser, à chaque fois plus brutalement. Le 30 et le 31 mai, à l’aube, elles ont lancé des raids contre le camp des manifestants, faisant usage de véhicules blindés, de canons à eau et de grandes quantités de gaz lacrymogène. Des tentes ont été brûlées et selon certains témoignages, des manifestants ont été poursuivis alors qu’ils fuyaient les lieux par les rues avoisinantes.

La police d’Istanbul s’est déjà rendue responsable de plusieurs incidents similaires ce mois-ci.

Voir le photoreportage de Hürriyet Daily News

No Acquittal For Women activist Canan Arın, Case Suspended

An Antalya court suspended the trial of Canan Arın - advocate and founder of Mor Çatı women organization who was charged with “insulting Prophet Mohammed and President Abdullah Gül - providing that she will not be sued over the same charges for the next 3 years. She was charged for a prison sentence up to 5 years. The suspension decision was taken according to the third judicial package.

“I should have been acquitted instead. It was my expectation. I am not satisfied with the outcome,” Arın said after the hearing.

The court also overturned its former decision to have lawyers from Antalya Bar Association join the trial.

What happened?

During a conference organized by Antalya Bar Association between December 3-4, 2011 on “Violence Against Women and Women Rights Law”, Arın reminded that early marriages was a common practice in Turkey’s history mentioning the marriages of Prophet Mohammed and President Abdullah Gül.

A group of male advocates filed lawsuits against Arın for “insulting the islamic prophet” and were granted to become a plaintiff by the court as they were “muslim”.

Judicial advisory studies conducted by academicians from Galatasaray and  Yeditepe University, as well as Prof. Dr Nur Centel found no evidence of crime in Arın’s statement.

Last week, 85 women worldwide organizations from 31 countries released a statement supporting Canan Arın and wrote a letter to President Abdullah Gül to bring awareness on the issue on an international level. (BIA, May 30, 2013)

Kurdish Question / Question kurde

Final declaration of the Peace and Democracy Conference in Europe

The final declaration of the Peace and Democracy Conference in Europe pointed out that the participants of the conference have undertaken task of peace as the constituents of the peace and democracy process.

The final declaration, which was prepared following a series of debates and proposals during two days of the conference in Brussels, was approved by the delegates.

The sixteen-point declaration called on the AKP government and the Turkish parliament to fulfill their responsibilities for the immediate initiation of the second stage of the democratic solution process.

The declaration urged the AKP government to end its interventionist and threatening policies against neighboring countries and called on European countries to urgently end the arms sale and the military and intelligence support they provide for the Turkish state.

The declaration also pointed out that the Turkish state needed to face all massacres Armenians, Assyrians, Ezidis and Alewis have suffered on these lands, the unsolved murders and the truth on disappeared people.

The declaration called on all individuals and institutions siding with peace, democracy and labor to act together for the achievement of a honorable and fair peace.

The final declaration said that:

1- Our conference believes it is essential to form a pluralist, equitable and liberal constitution for the achievement of a lasting peace and continuation of the negotiation processes, to grant equal constitutional rights for all nations and belief groups and to establish countrywide democratic self-governance systems basing on the European Charter of Local Self Government. We believe the practice of democracy and the building of peace constitute an entire totality.

2- We however put emphasis on our concerns over the problems that constitute an obstacle to the advancement of the peace and democracy process in mutual trust. We are of the opinion that the failure of the beginning of the second stage of the three-stage action plan and the recently revealed authoritarian sense of politics in the face of Gezi protests lead up to significant problems considering the fact that the first stage of the resolution process began with a ceasefire and continued with the withdrawal of guerrilla units (from Turkish borders). The AKP government and the Turkish parliament should fulfill their responsibilities to strengthen the democratic solution and peace process and to enable the beginning of the second stage, which includes the initiation of a legal-constitutional process, immediately so that the steps aiming to ensure mutual confidence do not remain as one sided.

3- In order to ensure the advance of negotiations with success, it is a must to provide Mr. Abdullah Öcalan with necessary conditions of health, security and freedom and to ensure that he gets in contact with the Turkish parliament, public opinion and representatives of various social circles. Our conference calls on the AKP government to take all these steps in the soonest time.

4- The AKP government must pave the way for democratic politics to ensure that the revealed historic opportunities of peace could be used for the benefit of peoples and the negotiation process could become socialized. To achieve this purpose, we call on the government to remove all the obstacles to democratic politics (democratization of the law on political parties and election law and the removal of the election threshold etc.) to end all precautions that restrict the freedoms of expression, organization, meetings and demonstrations, press and broadcast, and to create a democratic environment where everyone can receive education in their mother tongue and use it in all areas of life.

5- In this respect, we urge the Turkish republic to meet the requirements of the international conventions it is a party to, such as the Charter of the United Nations, the Universal Declaration of Human Rights and the European Convention on Human Rights, to end the violation of human rights, to abide by the rule of law and the principle of separation of powers strengthened by equilibrium and inspection mechanisms, to immediately remove all drawbacks concerning all international conventions for basic rights and freedoms, European Charter of Local Self Government, Convention on the Rights of the Children and Convention on the Elimination of all Forms of Discrimination Against Women (CEDAW) being in the first place, and to sign other conventions on human rights and nature conservation.

6- We demand the urgent implementation of legal arrangements necessary to enable the release of all ill, child and political prisoners. In connection with this, we call on the government and the parliament to make necessary legal arrangements to ensure that all those exiled to Europe in tens of thousands, as victims of military coups and the dirty war in the country, can return their homeland and be granted all their citizen rights.

7- Our conference calls upon the Turkish parliament to contribute to the domination of a manner and language of politics conformed with the spirit of peace in order to enable the advancement of the democratization process, to abolish the coup constitution and to prepare a new democratic constitution with the participation of all social circles.

8- Our conference demands constitutional assurance for all houses of worship as well as the ending of the constrained building of mosques in the villages inhabited by Alewis, Assyrian-Syriacs, Armenians and Ezidis as part of assimilation policies. The new constitution should present a secular description of the state, abolish the Directorate of Religious Affairs and end compulsory religion lessons. The houses of worship seized by the state should be returned to relevant belief groups and the name Yavuz Sultan Selim proposed for the third bridge in Istanbul should be recalled for insulting the Alewi community.

9-Our conference believes the construction of a free and common future depends on confronting our past. It is a precondition for peace to face all massacres of Armenians, Assyrian-Syriacs, Ezidis, as well as the Dersim, Maraş, Çorum, Sivas, Gazi and Roboski massacres being in the first place, and unsolved murders and disappeared people. It is also essential for the achievement of democratization and a lasting peace to ensure the trial and punishment of the perpetrators of all prescribed crimes against humanity.

10- Believing that peace and democracy is an indispensable necessity for Turkey, four parts of Kurdistan and the Middle East, our conference calls on the AKP government to end its interventionist and threatening policies against neighboring countries.

11- The attendees of the conference, as people in solidarity with Kurds in Rojava and peoples in Syria and feeling the pains they are suffering, declare objection to all kinds of interventions in this region. We declare that we are always standing by the Syrian peoples in their struggle for building an equal, free, democratic and peaceful future.

We also demand that light is shed on perpetrators of the Paris massacre, bans on political institutions in Turkey and Kurdistan be removed and those arrested for their connection with these institutions be released.

12- As attendees of the European Conference for Peace and Democracy, we see ourselves as the constituents of the peace and democracy process. Our task includes not only monitoring the negotiation process but also taking part in the process as intervening subjects, ensuring the broader participation outside the constituents of the conference for the socialization of the peace and negotiation process, and briefing the democratic community in Europe about the process and to enable their provision of contribution to peace.

13- As constituents of the conference, we call on all people who come from Turkey and Kurdistan and live in Europe, and all the institutions and establishments formed by these people to join the struggle in Turkey for equality, justice and democratization. We point out that we are open to different opinions in this regard, thinking that the assurance of diversities will be achieved by means of the co-movement of all victims.

14- We announce that we will be giving a common struggle as people who have common demands and approaches about the achievement of peace, solution and democratization. We declare that it is our common and strong will to display determination about enhancing the struggle for the socialization of the peace and democratization process and negotiations, and for crowning the struggle for equality, freedom, labor, rights and ecological justice with democracy.

15- Considering its determination that gender dilemma is one of the basic problems of the 21st century, we point out that women, the most dynamic and founding actor of community, cannot be handled separately from the society.

Any intervention on women constitutes an intervention on the society. Our conference declares objection to all kinds of attacks that target women. It adopts the determination for equal participation in all areas of the society basing on the principle of equality with diversities.

16- Our conference has been a strong will serving for solution, peace and democratization by gathering together many various circles that come from Turkey and Kurdistan and live in Europe. Our conference sees it as one of its basic duties to organize a peace struggle from bottom to top in order to contribute to the construction of a lasting peace and a common democratic future.

Our conference has decided on the formation of a Peace and Democracy Assembly to conduct the works it aims. It also decided on the establishment of commissions affiliated to the Assembly, including a truth and justice commission, a commission for briefing the European community, public relations commission, law, arrangement and new constitution commission, women's freedom commission and youth's commission.

We call on all individuals and institutions that side with peace, democracy and labor to take part in the joint struggle for the achievement of a lasting peace, an equitable and liberal constitution and the construction of a common democratic future.

Well aware of our responsibilities, we announce to our peoples and the public opinion that we have undertaken the task of an honorable and fair peace. (ANF, 30 JKune 2013)

Peace and Democracy Conference in Europe opened in Brussels

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The Peace and Democracy Conference in Europe, the 3rd conference to debate and decide on a working plan for the democratization of Turkey and the resolution of the Kurdish question, has opened in Brussels on Saturday.

The conference has been organized as part of the four conferences Kurdish leader Abdullah Öcalan proposed as a necessity for the ongoing process of talks aimed at a peaceful and democratic solution to the Kurdish question. The first two Peace and Democracy conferences were held on 25-26 May in Ankara and 15-16 June in Amed (Diyarbakır). Following the conference in Brussels, the fourth one will take place in Hewler in the coming months.

The conference is being attended by a number of institutions and individuals including representatives of Kurdish, Turkish, Armenian, Pontus-Greek, Assyrian-Syriac, Laz, Circassian, Arab and Roman peoples and Alewit, Ezidi, Christian and Islamic organizations, as well as Siirt deputy mayor Selim Sadak and BDP (Peace and Democracy Party) deputy Nazmı Gür.

The first session of the conference included presentations about the outcomes of the Ankara Conference, of the Amed Conference and of the 3. Ankara Great Alevi Congress, by Saruhan Oruç, member of the People's Democratic Congress (HDK).

Following the opening speeches by KNK (Kurdistan National Congress) co-chair Nilüfer Koç, Kongra-Gel President Remzi Kartal and KADEP Chairperson Lütfi Baksi, the session continued with the reading of the message Kurdish people's leader Abdullah Öcalan sent to the conference.

Öcalan put emphasis on the importance of the conference in terms of providing contributions of great importance to the ongoing process of negotiations.

He said the democratic solution process has entered the second stage and remarked that this stage required concrete steps without being left in suspense.

The Kurdish leader said it was time to build peace that should dominate the entire Middle East region on the basis of a new paradigmatic change in Turkish-Kurdish relations. He said the Kurdish Liberation Movement has decided on the withdrawal of armed units of the PKK (Kurdistan Workers' Party) in order to give a chance to a solution. “It is thanks to PKK's fulfillment of its responsibilities that deaths have ended and the withdrawal process has been finalized to a large extend. It is now the government's turn to make a move and to enable the achievement of democratic politics now that I have conveyed to the government my proposals about the progress of the second stage”, he said.

Öcalan said the government's making necessary legal and constitutional amendments was the major step it is expected to take in this process in order to create a system that guarantees everyone's right to democratic politics. He said this stage required concrete steps without facing the risk of being left in suspense, noting that everyone should avoid statements and practices that may deepen the lack of confidence in the process.

The Kurdish leader said the government's failure to pave the way for democratic politics would conflict with the meaning of the resolution process. However- he added- we will continue making an effort and giving a struggle for the achievement of this purpose.

Öcalan called on the Kurdish people in diaspora, representatives of classes and cultures, women, oppressed sects and belief groups and all those excluded by the system to ensure active participation in the process of democratic politics and struggle by means of the Peace and Democracy Conference in Europe.

The second session of the conference witnessed debates and proposals handling the question “What sort of Turkey does the people of Turkey and Kurdistan living in Europe want?”.


Workers and BDP members march in Istanbul to protest Lice clashes

Turkish public sector workers joined members of the pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP) in a peaceful march through Istanbul's İstiklal Avenue to protest the killing of a demonstrator by the security forces in the southeastern Diyarbakır province yesterday. Clashes had broke out in Diyarbakır's Lice district between soldiers and demonstrating villagers who were denouncing the construction of a gendarmerie outpost.

The group held banners reading, "We don't want outposts but peace" and "Resist Lice, resist Gezi Park." BDP deputies Sırrı Süreyya Önder, who was also very active during the early Gezi Park protests, and Sabahat Tuncel also participated in the march.

Protestors also held posters of Medeni Yıldırım, the 18-year-old victim of the Lice clashes.

Peace won’t come this way

Önder said that the government was showing a lack of determination in the peace process. “Someone who wants peace does not waste time building outposts. Civilians expressing their outcry in a peaceful way were fired upon. All their wounds were on their back. Peace won’t come this way,” Önder said.

He also said that there were many parallelisms between the social demands of Gezi Park protesters and Kurdish people. The government should use this brutal incident as a reason to review its policies,” he added.

Tuncel also slammed the attempt of building outposts, saying that it reminded the Kurdish people of torture and death.

"The ruling Justice and Development party should remove the commander of the gendarmerie station and do what's right. You didn't understand Gezi Park, and if you don't understand Lice you will be unable to cope with the [peace] process," Tuncel said.

“All those who don’t come out into the streets will be accomplice of the massacre,” she added.

Turkish security forces had opened fire killing 18-year-old Medeni Yıldırım and wounding ten others during a demonstration against the construction of a new gendarmerie outpost in the Kayacik village.

The incident had raised huge outcry and fear that it could derail the ongoin peace process as the Interior Ministry commissioned four inspectors to investigate into the incident.
(hurriyetdailynews.com, June 29, 2013)

Kurdish mourners blast Turkish gov’t after shootings

Hundreds of Kurds chanted anti-government slogans at the funeral on Saturday of a demonstrator killed by security forces in southeast Turkey, raising fears of violence at weekend protest marches planned around the country.  

Turkish security forces killed one person and wounded ten on Friday when they fired on a group protesting against the construction of a new gendarmerie outpost in Kurdish-dominated southeastern Turkey.

The incident, in Kayacık village in Diyarbakır province, appeared to be the most violent in the region since a ceasefire declaration by jailed Kurdish rebel chief Abdullah Öcalan in March in a decades-old conflict between his fighters and the Turkish state, and it risks derailing the nascent peace process.

The mourners in the city of Diyarbakır warned Turkish Prime Minister Tayyip Erdoğan to respect the peace process.

"Behave, Erdoğan, don't push us to the mountains!" they chanted, referring to the camps of Öcalan's Kurdistan Workers Party (PKK) in the mountains of northern Iraq from where they used to attack targets within Turkey.

In a mark of solidarity with the Kurds, Turkish public sector workers joined members of the pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP) in a peaceful march through İstanbul on Saturday.

The Kurdish tensions come at a time of increased vigilance and nervousness among Turkish security forces after weeks of unrelated anti-government protests in İstanbul, Ankara and other cities in which four people died and thousands injured.

Erdoğan tried on Friday to reassure Turkey's Kurds that those protests, quelled with water cannons and tear gas, would not harm the peace process in the southeast.

"The peace process was not affected (by these protests)... and our brotherhood grew stronger thanks to our people's common sense," he said.

Turkey's interior ministry said four inspectors would investigate Friday's incident, which it said had involved up to 250 people attacking the construction site. It said the death resulted from warning shots fired to disperse the crowd. (Reuters, June 29, 2013)


Soldiers opened fire on protestors in Lice, one dead and ten wounded

According to the reports received, soldiers from Kayacık military
in Diyarbakır's Lice district post attacked villagers who took to the streets today to protest against the construction of additional buildings to the military post in the village. The wounded protestors have been taken to Lice public hospital.

Villagers responded to soldiers with stones and set fire to three tents where workers of the building are staying near the post.

Gendarme regimental command has sent armored vehicles and a number of soldiers as well as special operation teams to the area.

A protestor, Medeni Yıldırım, was killed after the bloody attack by Turkish soldiers. Yıldırım's body has been taken to morgue in Lice public hospital where casualties are being treated.

Ten people are reported wounded in the attack, including Salih Bedirhan, Ramazan Çakır, Veysi Özmen, Mehdi Aslan and 16 years old Ronida Pervane.

A delegation of the Peace and Democracy Party (BDP), including co-chair Gültan Kışanak and DTK (Democratic Society Congress) co-chair Aysel Tuğluk have left for Lice where tension is quite high and the number of casualties is feared to increase.


BDP co-chair Gültan Kışanak and independent Van deputy Aysel Tuğluk have gone to the site to collect clear information.

The attack in Lice was marked at the forums in Istanbul parks, which emerged in the aftermath the Gezi Park protests that shook the city for more than three weeks.

Participants in the forums at city parks both on the Asian and European sides of Istanbul chanted slogans today in support of the people in Lice and condemning the violence there. (ANF, June 28, 2013)

BDP launches campaign for urgent action by Turkish government

Peace and Democracy Party (BDP) has announced the outcomes of the Party Council and Central Executive Board meeting it held in the main Kurdish city Amed on 27-28 June.

The statement by BDP pointed out that the ongoing process in search of a democratic and peaceful solution to the Kurdish question has entered its second stage. The party indicated that the ongoing first stage has proved its success with the maintenance of the non-conflict environment for the last six months without any kind of actions from the Kurdish side violating the process.

Remarking that Kurdish people's leader Abdullah Öcalan has conveyed his proposals to the government for the second stage of the resolution process, BDP said the government must now take urgent steps for the accomplishment of the second stage.

BDP noted that the party has launched a campaign calling for urgent steps from the government, adding that the campaign will be started with the mass marches to take place in Amed, Mersin and Adana on 30 June.

BDP said HPG (People's Defense Forces) guerrillas have agreed on the withdrawal and put it into practice with no preconditions upon the call by Kurdish leader Abdullah Öcalan.

Remarking that the people cannot leave the matters of democracy and freedom to the initiative of the AKP government, BDP said “It is our basic duty to establish democracy and to lead the march to freedom. The urgent duty that must be fulfilled today is to advance the second stage of the democratic solution process and to take a common action with all social circles that demand democracy. Considering the fact that the democratic solution process has been initiated by Mr. Öcalan, it is our duty and responsibility to ensure its advancement”.

BDP said that the campaign calling on the government to take steps will start with the marches in Amed, Mersin and Adana and continue in all areas during the summer season demanding freedom for Öcalan as well as more democracy and more freedom.

BDP said the Kurdish people, Women's Councils being in the first place, will also take to the streets in mass to bring those to book who raped a sixteen years old girl in Bingöl. We will create public sensitivity to the fight against prostitution and drugs and also develop social policies in this respect”, it said.

BDP ended its statement by calling on all circles in search of democracy, freedom, peace and a honorable life to organize activities and events in support of the democratic solution move.
(ANF, June 28, 2013)

No Peaceful Promise from Erdogan to "Wise Persons"

The group of "Wise Persons", which was gathered by the government as part of the recent bid to find a solution to the Kurdish issue, submitted their final reports to Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan in Istanbul on June 26. Although the reports by the "Wise Persons" asked for a deeper democratisation and the recognition of all fundemantal rights of the Kurdish people, Erdogan  replied them by omitting any promise for peaceful solutions.

Four members of the group were missing after two academics, Murat Belge and Baskın Oran, resigned a day earlier, and two others declared excuses.

Oran, who was the first on Friday to announce that he would not attend the final meeting of the commission, told Today's Zaman that the government has been sabotaging the settlement process since the new year by having not uttered a single word on the reforms as concerns the Kurdish issue. “The prime minister's style and rhetoric during the Gezi Park protests provoked everyone,” said Oran in reference to Erdoğan's definition of Öcalan as the “chief of the terrorists.” Oran reacted to Erdoğan by saying, “The one who you call the chief terrorist is your partner [in the negotiations].”

On Tuesday, Belge announced that he would not attend the final meeting in a column published in the Taraf daily. It is no longer possible to attend the meeting of the wise people while being critical of how the prime minister managed the three-week crisis, Belge said. He added that the choice of words and language the prime minister used to describe those who had participated in the Gezi Park protests were also a “personal insult” directed at him.

The meeting between "Wise People" commission and Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan ended in the evening, lasting shorter than expected as Erdoğan listened only to the presidents of the delegations on the grounds that he had another program for late today.

According to the information ANF obtained, Erdoğan made no mention of his AKP's projects about the ongoing resolution process.

Referring to the withdrawal of Kurdish guerrillas from Turkish borders, Erdoğan reportedly said that “Only 10-15 percent of the groups has finalized the withdrawal, with the rest creating problems for still being present in their areas”. Erdoğan claimed that Kurdish guerrillas detained people in some regions.

Erdoğan continued speaking about the construction of dams in the Kurdish region, defending that the enhancement of dam constructions had nothing to do with "security" policies but was related with arrangements in international water management policies. "Turkey will be facing water shortage should we fail to build these dams", he said.

The PM remarked that the construction of new military posts in the Kurdish region was supposed to continue as a need for border security and a precaution against potential internal problems considering the probability of various developments in Syria, Iran and Iraq.

Referring to demands for education in Kurdish, Erdoğan said his government had no constitutional projects on the mother tongue issue. "Turkish is the only official language and we have already enabled Kurdish as an elective course", he said.

The PM alleged that they employed no further village guards, saying they retired old village guards from th system and could appoint the rest to various institutions by granting all their social rights.

Erdoğan noted that their reform works were going on, remarking that they had however no reform package concerning the resolution process.

Maintaining his attitude towards the10 percent election threshold in Turkey, the highest in Europe, the PM pointed out that they in no way considered removing the threshold. "They should make an effort to pass it", he said, referring to the parties remaining below the threshold.

Erdoğan said they would take notice of the reports of the "Wise People" commission, collect all the outcomes of these works into a book and share it with the public.

Report highlights urgent need for deeper democratization

The report prepared by the Southeastern Group of the "Wise People" Commission has highlighted urgent need for deeper democratization in order to solve the decades-old Kurdish dispute and terrorism problem through introducing constitutional, legal and administrative changes to the political system in address to demands of Turkey’s Kurds.

After analyzing the underlying dynamics and causes of the decades-old Kurdish dispute,
The 39-page report presents a proposal including a long lists of demands to bring a permanent and viable solution to the simmering conflict which killed at least 40,000 people over the past three decades.

Led by Yılmaz Ensaroğlu, the southeastern group comprising of several academics, intellectuals and artists worked for more than two months to finalize its report after meeting hundreds of representatives of non-governmental organizations (NGO), rights groups and civil society groups in the southeastern region.

According to the report, majority of the people in the region demand constitutional guarantee for Kurds’ cultural and political rights. The major rights of Kurdish population, such as education in one’s mother tongue, identity, political decentralization, equality and others must be guaranteed in constitutional basis.

The demands of region’s people fall into some major categories such as constitutional demands, changes on administrative level, demands which require legal regulations, demands based on rights stemming from international treaties.

According to the report, people address the need for introduction of a new definition of citizenship, a much more inclusive in comparison to existing one in the current constitution in which citizenship is defined in reference to Turkish ethnicity.

The removal of the compulsory military service, the removal of obstacles on freedom of thought and religion, a decentralized political system in which governors of provinces are elected by locals, not appointed by government in Ankara, granting a status to Kurds in the constitution, recognition of right of education in one’s mother tongue on constitutional ground, introducing constitutional guarantee to all minority groups in the country constitute the major demands on constitutional level.

The report also insists the need for adopting programs for social rehabilitation of militants once they return to home after de-armament of the terrorist Kurdistan Workers’ Party (PKK) is fully completed as part of the settlement process aimed at finding a political and peaceful solution to the Kurdish dispute and armed conflict.

The removal of the mechanism of village guards also bears critical importance for the settlement process, the report said in reflecting thoughts of locals regarding the security mechanism that long endured due to the ensuing armed conflict until this year.

The report also suggests that establishment of truth commissions is required to investigate the crimes committed by state officials during the three decades of the armed conflict in a move to heal the wounds in the region and to restore the sense of justice.

Peace and Democracy Conference in Europe to open on 29 June

The Peace and Democracy Conference in Europe, the 3rd conference to debate and decide on a working plan for the democratization of Turkey and the resolution of the Kurdish question, will be held on 29-30 June 2013 in Brussels.

The first two Peace and Democracy conferences were held on 25-26 May in Ankara and 15-16 June in Amed (Diyarbakır). Following the conference in Brussels, the fourth one will take place in Hewler in the coming months.

Participants invited to the conference include 30 institutions and organizations, various ethnic and religious groups as well as prominent personalities from Turkey and North Kurdistan who live in Europe. The conference is expected to be attended by some 350 participants representing 60 organizations, associations and a great number of individual VIPs from many European countries.

A committee consisting of 14 representatives of various associations and organizations has carried out the preparations for the conference and held talks with all relevant circles in Europe.

The drafting committee, involving representatives of the national, religious, gender based, and cultural organizations, issued a call to all the ancient ethnic peoples of Anatolia and Mesopotamia now living in Europe, namely Arabs, Armenians, Assyrian-Syriacs, Circassians, Greeks, Kurds, Laz, Roms, Turks, and those of repressed beliefs: Alevi, Christian, Ezidi, Jewish, Muslim, to support the Peace and Democracy Conference where common ideas will be discussed and a programme will be developed that reflects the democratic aspirations and demands of all the oppressed peoples.

The committee called on all these groups to gather at the conference for founding together an equitable and free life with their proper identities, without oppressing and being oppressed. “During the historic process that we are going through, an opportunity for a lasting peace has been created that lays the foundation for a free and democratic future for all our peoples. This period marks a turning point for the future of everyone. The peoples living in Europe who can trace their origins to Kurdistan and Turkey are a fundamental part of this process. All the peoples and religious groups who have suffered massacres, exile and have been cut off from their lands as a result of the repressive policies of the Turkish Republic must be involved in this process and put forward their own demands”, the committee underlined.

The first session on the first day of the conference will include presentations about the outcomes of the Ankara Conference, of the Amed Conference and of the 3. Ankara Great Alevi Congress.

The second session on the same day will handle the question “What sort of Turkey does the people of Turkey and Kurdistan living in Europe want?”. It will witness discussions on the designation of the problem and resolution suggestions about the following points;

a) the problems and suggestions of ethnic and belief identities living in the Europe
b) the reasons of exiles and their problems and their return projects
c) the problems originated from Turkish State of Migrant workers, the labour exploitation and suggestions
d) the unique problems originated from Turkish State of Migrant Women and Youths and suggestions
e) the negative roles and demands of EU and EU countries with the politics of Turkey

The third session on the second day will debate the role that people living across Europe and originated from Turkey and Kurdistan might play while building the Democracy and Peace process, including discussions and suggestions around
a) the active participation of all peoples and organisations living across Europe and originated from Turkey and Kurdistan to the Democracy and Peace process,
b) what kind of diplomatic and lobby activities must be conducted to create awareness in European Public and Politics to the Democracy and Peace process (Discussions and suggestions to adopt global democratic principals and agreements to Turkey)

The fourth session will handle discussions and decisions towards organisation methods for building the future and mutual struggle as well as planning and decision drafts.

The last session will include final declaration and closing.

The Place of the Conference:
Boulevard International 7, 1070 BRUSSELS
 
Please do not hesitate to contact us if you need any further information
Tel:  0032 – 489 592 192 (english)    /   0032 - 485041539 (german)
e-mail: demokrasibariskonferansi2013@gmail.com

The institutions and personalities that called for the conference:
Armenians from Dersim
Association of Protecting Laz Language and Culture (LAGEBURA)
Assyrian-Syriac Federation in Germany and Central Europe
Communist Party of Kürdistan
Confederation of  Oppressed Migrants in Europe (Aveg-Kon)
Confederation of Alevis Unions in Europe
Confederation of Kurdish Associations in Europe (KON-KURD)
Europe Karerli Association in Europe 
European Federation of Pontus Greeks
European Peace Assembly
European Platform of Exiles
Federation of Democratic Alevis (FEDA)
Federation of Democratic Workers Associations
Federation of Ezidi Associations
Federation of Kurdish Associations in Germany (YEK-KOM)
Freedom and Solidarity Party (ÖDP Europe)
Group of Ezidi Scholars
Human Rights Association Germany-Turkey  (TÜDAY)
Inititative of Freedom to Ocalan
Islam Party of Kürdistan
Journalists' Union of Kürdistan
Karakoçan Association in Europe
Kurdish Institute
Kurdish Women Movement in Europe
Kürdistan Federation of İslam Community
Peace Inititative of Kurdish and Turkish Women -Stockholm
Revolutionary Proletariat (A World to be Lived)
Socialist New Establishment Party
Sweden Peace Assembly
Union of Socialist Women

Derwich Ferho (Brussels Kurdish Institute)
Doğan Özgüden (Journalist)
Günay Aslan (Journalist-Writer)
İ. Metin Ayçiçek (Journalist-Writer)
İnci Tuğsavul (Journalist)
Mahmut Şakar (Lawyer, MAF-DAD)
Murat Çakır (Journalist-Writer)
Mustafa Ayrancı (The Union of Workers of Turkey in Netherlands)
Remzi Kartal (President of Kongra-Gel)
Teslim Töre (Politician)
Zeynel Özen (Politician)
Zübeyir Aydar (Member of KCK Executive Council)
(ANF-DIDF, June 26, 2013)

Öcalan initie une nouvelle étape dans le processus de paix

Le chef emprisonné des rebelles kurdes de Turquie, Abdullah Öcalan, a annoncé mardi le début d'une deuxième étape dans le processus de paix engagé avec les autorités d'Ankara, après la fin prochaine du retrait de ses combattants du territoire turc.

"A l'heure actuelle, nous sommes passés à la deuxième étape. J'ai présenté à l'Etat (turc) par écrit nos propositions sur les modalités de cette deuxième étape", a déclaré M. Öcalan dans un message remis lundi à des députés kurdes qui lui ont rendu visite sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest), où il purge une peine de prison à vie.

Les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont commencé à se retirer le mois dernier vers leurs bases du nord de l'Irak, première étape de l'accord passé entre le chef rebelle et Ankara pour un règlement au conflit kurde qui a coûté la vie à plus de 40.000 personnes depuis 1984.

Selon les médias turcs, le retrait des rebelles touche à sa fin.

La deuxième étape devrait permettre au gouvernement islamo-conservateur turc de faire les réformes nécessaires pour accroître les droits de la communauté kurde de Turquie, estimée à environ 12 à 15 millions sur 76 millions d'habitants.

Le dirigeant kurde a indiqué qu'il souhaitait mener le processus en cours à son terme.

"J'espère que l'Etat prendra en considération nos propositions concernant la deuxième étape et parviendra aux bonnes conclusions", a-t-il souhaité dans son message, se disant convaincu que "malgré certaines obstructions (...) nous parviendrons au but".

La semaine dernière, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde), impliqué dans le processus de paix, avait appelé le gouvernement à accélérer les réformes, attendues d'ici les vacances parlementaires début juillet.

Les Kurdes revendiquent des amendements au code pénal et aux lois sur les élections de façon à favoriser la minorité kurde. Ils réclament aussi le droit à l'éducation en langue kurde, ainsi qu'une forme d'autonomie régionale.

Une frange de l'opinion turque reste catégoriquement opposée aux discussions engagées par le gouvernement avec le chef du PKK, largement considéré comme un "terroriste".
(AFP, 25 juin 2013)

Karayılan calls on EU delist PKK as a terrorist organization

In an interview to German daily Die Presse's correspondent Wieland Schneder, KCK (Kurdish Communities Union) Executive Council President Murat Karayılan called on the EU to remove the PKK (Kurdistan Workers Party) from the list of terrorist organizations.

Karayılan remarked that the Turkish government must make the next step in the ongoing solution process, noting that the first phase, the withdrawal of Kurdish guerrillas from Turkish borders, is about to end by now.

Karayılan commented Gezi protests as a manifestation of Turkey's need for democracy, adding that he didn't think the protests would have a negative effect on the peace process in search of a democratic solution to the Kurdish question. “I am of the opinion that the public demand for democratization should be united with Kurdish people's demand for peace. There are no doubt nationalist circles among the demonstrators taking part in Gezi protests. This movement could therefore lead up to wrong ways should the protestors give the control away to these circles”.

Karayılan pointed out that the AKP government should understand the fact that Turkey's democratization depended on Kurdish question's solution.

Asked about his opinion about the consideration of the PKK as a terrorist organization by the U.S. and the EU, KCK Executive Council President said that; “It is not acceptable that a movement sympathized by millions of Kurds is still being regarded as a terrorist organization. The EU can provide a contribution to the ongoing peace process by removing the PKK from the list of terrorist organizations. Should it fail to do so, it means that Europe is not interested in the peace process between the PKK and the Turkish state”.

Asked whether it was the situation in Syria that forced the Turkish state to establish dialogue with PKK, Karayılan said that, “It may have had some effects but is not the basic reason for the initiation of negotiations. The main reason is the revolutionary operation the Kurdish movement launched in Turkey's Kurdistan together with the Kurdish people. On the other hand, the formation of a defacto autonomy in the Kurdish region and the strengthening of the position of the Kurdish side in Syria has made the Turkish government angry”.

Karayılan, asked whether PKK had ties with the PYD (Democratic Union Party) or any other organizations in Syria, pointed out that PKK had no wings or organizations in Syria affiliated to itself. “There are a number of Kurdish parties in Syria and PYD is one of them. What differs PYD from other parties is the fact that it bases on our leader Abdullah Öcalan's ideology and philosophy. It is quite natural that a party or a person could be inspired by the ideology of a leader who has written over 300 books so far”.
(ANF, 23 June 2013)

Northern Kurdistan Conference in Amed calls for an immediate solution

The two day “Northern Kurdistan Conference for Solution and Unity” in the main Kurdish city Amed has ended on Sunday. The conference was organized as a part of the four conferences Kurdish leader Abdullah Öcalan suggested should take place in the ongoing process in search of a peaceful and democratic solution to the Kurdish question.

The final declaration of the conference called on the government to take more sincere steps for the solution of the Kurdish question and demanded Kurdish leader Abdullah Öcalan's freedom to ensure a healthy progress in the solution process.

Reading the Turkish side of the final declaration, which was released in Kurdish as well, DTK (Democratic Society Congress) co-chair Aysel Tuğluk underlined that "the conference which was attended by Kurdistani identities has been a significant step serving for a free future for Kurdistan".

Tuğluk listed the following thirteen points decided on at the conference;

* Mr. Öcalan created a historic opportunity and taken concrete and sincere steps for a democratic and peaceful solution to the Kurdish question. Our conference has stated that the government must also take steps displaying the same sincerity and seriousness.

Our delegation is concerned over the language the government is still using and the attitude it is displaying, the construction of new military posts in the Kurdish region and the increase in the employment of village guards. It calls for the ending of these practices which lead to the loss of public trust and questioning of the government's sincerity towards the process.

In this respect, our conference demands freedom for Abdullah Öcalan, the main actor of the democratic solution process, in order to ensure a healthy progress in the solution process.

* Our conference decided that no lasting solution could be achieved for the Kurdish question unless Kurdistan gains a status. It was agreed that the people of Kurdistan have the right to national self-determination (such as autonomy-federation-independence) on the basis of their own decisions and choices.

* Our delegation demands the formation of a contemporary and democratic constitution and constitutional guarantee for Kurds' right of organization, for mother tongue education and for the recognition of Kurdish as official language.

*Kurdistan is facing great social problems such as poverty, migration, unemployment and ecocide. Our conference puts emphasis on the importance of the establishment of a mechanism that shall include politics, NGOs, local administrations, and the transfer of public funding to Kurdistan on the basis of positive discrimination principle.

Our conference expresses its trust in the youth in the establishment of Kurdistan's future and attaches importance to their will.

*Legal arrangements are required to enable the release of all political prisoners in jails, child and ill prisoners in particular.

The Turkish state must fulfill its responsibilities to shed light on unsolved murders and mass graves.

*Considering its evaluation of the gender paradox as one of the basic problems of 21st century, our conference points out that the situation of women, the most dynamic and the founding actor of the community, cannot be handled as distinguished from the society. Any kind of intervention against women is an intervention in the society. Our conference declares objection to all kinds of attacks targeting women. The Kurdish women's role in the fight for Kurdistan serves as a model to the entire world. Our conference embraces women's determination for equal participation in all stages of the social life on the basis of gender equality.

*The policies of the Turkish state and the false consciousness they raise lead up to significant problems for the peoples living in Kurdistan territory, such as Armenians, Assyrians, Arabs, Turkmenians, and belief groups such as Muslims, Christians, Jews, Ezidis and Alewis. We see it a must to face the past of these peoples and to build a new and equal life for them. Our conference will make great efforts to provide the conditions needed to enable identities to lead a free life basing on their beliefs. Northern Kurdistan Conference for Solution and Unity calls for the return of all circles that monist policies forced to leave their territory in the 20th century.

*Our conference announces support to the popular revolution people in Rojava reformed on the basis of their own power and politics. It considers it significant that their unity and alliance should be ensured under the umbrella of Kurdish High Council. It indicates that each person in Kurdistan should protect the achievements accomplished in Rojava. It condemns the dictator regime and all attacks some gang groups affiliated to the Syrian opposition launch against Rojava. Our conference calls on Rojava to keep its door open and the people of Kurdistan to launch aid campaigns for Rojava. It urges the international community to demand that relevant Syrian mechanisms officially recognize the Rojava Kurdistan.

*Our conference attaches vital importance to the gathering of the National Conference and announces that it will be doing its part in this respect. It calls on Iraqi President Jalal Talabani, Kurdistan Federal Region (KRG) President Massoud Barzani, KCK (Kurdish Communities Union) Executive Council Presidency and all other powers in Kurdistan to take steps for the gathering of the National Conference as soon as possible.

* The conference delegation expresses respect and gratefulness to all individuals and structures that have provided contribution to the cause of Kurdistan.

*Our conference calls on the United Nations, the European Union, İKÖ and all peoples in the world to display responsibility towards the struggle the people of Kurdistan give for justice, freedom and equality. Our conference urges all international organizations and states to delist the PKK (Kurdistan Workers' Party) from terrorist organizations.

*The conference delegation decided on the establishment of a “Unity and Solution Committee” to represent the will of the Northern Kurdistan Conference for Solution and Unity. In a way open to broader participation, the committee will be authorized to monitor all the decisions the conference makes, establish commissions in the event of need and to gather the Conference again at a later time. The committee will perform its works on the basis of its mission as the operative body of the democratic negotiation process.

* Our conference calls on the peoples of Turkey to recognize the will presented at the conference and to urge the Turkish Republic to recognize the rights of Kurdish people. Our conference also supports the democratic and fair struggle of Turkey's peoples. (ANF, June 20, 2013)

Turquie : quand la contestation croise la question kurde

Par Jean Marcou

Au cours des derniers jours, le mouvement de Gezi Parkı a volé la vedette de l’actualité turque au «processus de règlement» de la question kurde. Il faut dire que ce dernier avait déjà commencé à se faire discret. Après de premières initiatives spectaculaires, comme les visites des députés du BDP à Abdullah Öcalan, le leader du PKK emprisonné sur l’île d’İmralı, et l’appel de ce dernier au cessez-le-feu, ce processus était presqu’entré dans la routine, ses phases successives s’enclenchant sans surprise, comme si elles avaient été répétées de longue date. La dernière d’entre elle, amorcée le 8 mai dernier (cf. notre édition du 11 mai 2013), avait vu, comme prévu, les militants du PKK commencer à se retirer du territoire turc et certains annoncer qu’au train où il se déroulait, ce retrait ne prendrait pas plus d’un mois. Mais depuis une dizaine de jours, l’attention se polarise sur Taksim et sur les lieux qui cristallisent la contestation en Turquie. Le règlement de la question kurde est-il pour autant oublié, voire même menacé dans son existence ?

Si le mouvement de protestation parti de Gezi Parkı est parvenu, contre toute attente, à rassembler un ensemble extrêmement hétérogène de contestataires et de mécontents, allant de l’extrême-gauche aux nationalistes, en passant par les militants associatifs, des féministes, des alévis, des étudiants, des syndicalistes, des écologistes ou des fans de clubs de supporters (…), il n’a guère attiré les Kurdes. Les provinces du sud-est, si promptes à s’embraser, sont restées étonnamment calmes, ces derniers jours. En dépit de quelques déclarations de sympathie et même si certains de ses députés ou de ses militants ont été vus sur les barricades, le BDP est donc prudemment resté en dehors du coup.

Force est de constater que Gezi Parkı survient au plus mauvais moment pour la cause kurde, celui où un règlement d’ensemble du premier problème de la démocratie en Turquie semblait être enfin à portée de main.  À bien des égards, le processus engagé a largement reposé sur la personne de Recep Tayyip Erdoğan et sur sa capacité à faire reculer les hostilités et les nationalismes les plus radicaux qui se manifestaient jusque dans son propre camp. Ainsi, dès lors qu’un mouvement nouveau et inattendu entame l’autorité du chef du gouvernement, cela peut avoir des conséquences sur le bon déroulement du «processus de règlement».

Le 7 juin 2013, Abdullah Öcalan a quand même salué le mouvement de Taksim, en déclarant qu’il constituait une véritable «rupture», mais il l’a aussi mis en garde contre les risques d’instrumentalisation nationaliste venant entre autres des réseaux Ergenekon ! Une manière de ne pas enfoncer totalement le gouvernement en l’occurrence. Les propos du leader kurde ont été de surcroît rendus publics par une délégation du BDP qui revenait de l’île d’İmralı et qui a surpris par sa composition, puisque ne comprenant que Pervin Buldan et Selahattin Demirtaş, et se passant des services de Sırrı Süreyya Önder (interviewé sur la photo), qui a été la grande révélation du «processus de règlement», mais qui a surtout été vu au premier rang des manifestants lorsque le mouvement de Taksim a commencé. Les dirigeants du BDP ont certes affirmé que le gouvernement n’était pas intervenu dans la composition de la délégation en question, mais l’on peut penser que l’absence du fantasque Önder dont Erdoğan a dit à plusieurs reprises qu’il était imprévisible, n’était probablement pas pour déplaire, en pareilles circonstances, au leader de l’AKP. Après avoir entre autres rencontrés le président Gül pour tenter de faire cesser les violences policières, l’ancien réalisateur de cinéma a d’ailleurs appelé les animateurs de la contestation de Gezi Parkı, à transformer leur mouvement en un «festival». Un conseil qu’ils ne sont pas loin d’avoir suivi d’ailleurs !

En ces jours d’effervescence, le BDP est-il donc trop prudent, voire suspect de vouloir sauver le soldat Erdoğan ? Peut-être, mais cette attitude se comprend mieux quand on se rend compte que, soucieux de protéger les acquis des premiers développements du «processus de règlement», les Kurdes n’entendent pas devenir un bouc-émissaire tout désigné pour le cas où ils s’impliqueraient par trop dans les manifestations en cours. Et puis, certains mots d’ordre nationalistes ou kémalistes, qui traversent le mouvement de contestation sans pour autant l’incarner dans sa totalité, ne sont pas sans les inquiéter. Le MHP demeure farouchement hostile au «processus de règlement», et le CHP s’est divisé sur la question, sa direction se montrant néanmoins particulièrement critique à l’égard des premiers efforts de paix entrepris.

Dès lors, tout en laissant une marge de manœuvre à leurs militants et partisans, les principales forces représentatives kurdes préfèrent attendre que l’orage passe, en priant pour qu’il ne soit pas fatal, non seulement au gouvernement mais aussi à son chef qui, depuis qu’il s’est mis en tête de régler le problème kurde, en a fait comme on pouvait s’y attendre, un de ses nouveaux grands projets, presqu’aussi important que le 3ème pont, le 3ème aéroport, le Kanal d’Istanbul et bien sûr le réaménagement de la place Taksim réunis… (http://ovipot.hypotheses.org/, 11 juin 2013))

Peace and Democracy Conference in Europe to be held on 29-30 June

The Peace and Democracy Conference in Europe will take place in the Belgium capital Brussels on 29-30 June and witness participation from Europe and Scandinavian countries as well as by the representatives of all ethnic groups in European diaspora, belief groups, political groups, left-wing, democrat and opponent groups and all other circles supporting the democratic solution process.

The drafting committee of the Conference held its second meeting in Brussels on Saturday, following the first meeting on 19 May. The committee has finalized preparations on the context of the conference, including the topics to be discussed and the number of participants to attend the conference which has been increased to 300 due to great interest.

The two-day conference will be held in four separate sessions, among which the first one on the first day, titled 'Opening and Presentations' will handle the questions what kind of a Turkey is wanted by the Kurds and Turks living in Europe, problems of ethnic and belief identities in Europe and their proposals on these problems, reasons and problems of the European diaspora and the return project, Turkey-based problems of immigrant workers, women and youth, exploitation of labor and proposals for a solution, negative roles the EU and EU countries play with their policies on Turkey.

The second day will witness two sessions, of which the first one will be titled "the role people of Turkey and Kurdistan living in Europe can take in the process of democracy and peace". The session will witness presentations and proposals on the active participation of all Turkish and Kurdish peoples and structures in the democracy and peace process and proposals on the diplomatic and lobbying work to be practiced by the European Public Opinion and Politics with an aim to create sensitivity towards the democracy and peace process.

The last session of the conference will be titled "the mechanisms to be used by the people of Turkey and Kurdistan living in Europe for their participation in the process" and include presentations and debates on the "ways of organization for the construction of a democratic future and a joint struggle".

Following the planning of decisions to be reached after the presentations and debates, the conference will end after the approval of the final declaration.

During the second meeting, the drafting committee also saluted the Gezi park resistance which is going on within the second week today and called for the enhancement of the joint struggle in Europe to ensure mass and effective participation in the resistance by the constituents of the conference. (ANF, June 11, 2013)

Ocalan approuve et salue les manifestations

Le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a approuvé vendredi les manifestations antigouvernementales qui secouent la Turquie depuis huit jours, en dépit de ses négociations de paix en cours avec les autorités turques.

"Je trouve le mouvement de résistance plein de sens et je le salue", a déclaré M. Öcalan, dans un message lu par le vice-président du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde), au retour d'une visite sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest), où le chef rebelle purge une peine de prison à vie.

Il a en revanche appelé dans ce message les manifestants, qui réclament la démission du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, à se prémunir contre toute éventuelle récupération par des mouvements nationalistes turcs, a rapporté la chaîne d'information CNN-Türk sur son site Internet.

"Personne ne doit se laisser utiliser par les milieux nationalistes et putschistes", a-t-il conseillé aux manifestants, les encourageant au contraire à s'ouvrir aux forces "démocratiques, révolutionnaires patriotiques et progressistes de Turquie".

Concernant le processus de paix en cours depuis plusieurs mois en Turquie entre le PKK et Ankara, M. Öcalan a estimé qu'il s'était à ce stade "acquitté de ses responsabilités et au-delà".

"J'espère que le gouvernement fera ce qui lui incombe avec le même sérieux. Ceux qui croient en ce moment qu'ils peuvent m'utiliser et me berner se trompent", a-t-il prévenu.

Malgré l'échec de plusieurs tentatives précédentes, le gouvernement turc a repris à la fin 2012 des discussions avec M. Öcalan pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984.

Les combattants du PKK ont commencé le 8 mai à se retirer du sol turc pour rallier leurs bases du nord du Kurdistan irakien, un mois et demi après l'appel historique de M. Öcalan à se retirer.

En échange de son retrait, le PKK a exigé des réformes en faveur des Kurdes de Turquie, qui réclament la reconnaissance de droits spécifiques, notamment le droit à l'éducation en langue kurde, pour leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une forme d'autonomie régionale.
(AFP, 7 juin 2013)

Echange de coups de feu entre la guérilla et l'armée

Des rebelles kurdes ont échangé lundi des coups de feu avec des soldats turcs, pour la première fois depuis le cessez-le-feu proclamé le 20 mars par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé l'état-major de l'armée turque.

"Un groupe de terroristes a tiré des coups de feu d'intimidation sur une base de l'armée (...) dans la ville de Sirnak, dans le sud-est (du pays) et un hélicoptère a riposté en légitime défense", a indiqué le commandement militaire dans un communiqué.

Un soldat a été légèrement blessé lors de cet incident par une pierre qui ricochait, selon la même source, qui n'a donné aucune précision sur d'éventuelles victimes dans les rangs rebelles.

Les combattants du PKK ont commencé le 8 mai à se retirer du sol turc pour rallier leurs bases du nord du Kurdistan irakien, un moi et demi après l'appel historique de leur chef emprisonné Abdullah Öcalan à se retirer.

Les quelque 2.000 combattants du PKK doivent achever leur retrait de Turquie d'ici au début de l'hiver.

Malgré l'échec de plusieurs tentatives précédentes, le gouvernement turc a repris à la fin 2012 des discussions avec M. Öcalan, qui purge une peine de prison à vie, pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

En échange de son retrait, le PKK a exigé des réformes en faveur des Kurdes de Turquie qui réclament la reconnaissance de droits spécifiques, notamment le droit à l'éducation en langue kurde, pour leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une forme d'autonomie régionale.
(AFP, 3 juin 2013)

BDP: EU should redefine PKK’s terrorist organization status after process

If the ongoing peace process is successful, there will be no need to keep the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) on the list of terrorist organizations, the co-chair of the Peace and Democracy Party (BDP) Selahattin Demirtaş said in Brussels May 29.

“If the violence ends, the weapons end, it is not necessary to define [the PKK] as a terrorist organization. Quite on the contrary, this can put the process at risk,” Demirtaş said following a meeting with the President of the European Parliament Martin Schulz and the head of the EU-Turkey Joint Parliamentary Committee Hélène Flautre. “The [terrorist organizations] list should be reviewed in order to support and facilitate the transition of PKK militants to a normal life or to politics.”

Demirtaş also called on the EU to encourage the current process in Turkey. “We said that the PKK was withdrawing all its militants from Turkish soil and we have indicated that the EU should play an encouraging role for the stage of laying down the arms.”

Support for new charter

Following a meeting with the EU Enlargement Commissioner Stefan Füle a day earlier, Demirtaş said that his party would “lead and support” the new Constitution, which is currently being written.
“As you know, we have a clear manner regarding the new charter. If Turkey makes a new Constitution, the BDP will absolutely be a part of it, lead it and support it.”  The two discussed recent political developments in Turkey, notably the peace process, the drafting of a new civilian Constitution, and recently passed legal changes, as well as the need for further reforms, according to a written statement from the European Commission released after the meeting.

For his part, Füle expressed the European Union’s support to Turkey in this process. “I reiterated our decisive support for the peace process. Ending terrorism is a key objective which will allow the Kurdish issue to be solved, bringing peace and prosperity to southeast Turkey,” Füle said. 
(hurriyetdailynews.com, May 31, 2013)

Minorités / Minorities

Slain German publisher’s wife denied Turkish citizenship

Suzanne Geske, the widow of Tillmann Geske, who was killed in the 2007 Malatya Zirve Publishing House massacre, has been denied Turkish citizenship.

Living with her children in the eastern province of Malatya, where the massacre took place, Geske is determined to continue her struggle for citizenship. Geske told the Hürriyet Daily News that they faced some difficulties due to the alleged reports issued by the Turkish National Strategies and Operations Department (TÜSHAD).

“We saw in the ongoing Zirve Publishing House massacre case that TÜSHAD forged false reports about us. They submitted the reports to the prosecutor. The reports were also sent to the National Intelligence Agency (MIT). My attorney went to the Interior Ministry for the procedures about my citizenship but they told him that a citizenship could not be granted to me due to these reports,” Geske said.

When asked whether she was considering leaving Turkey if she could not obtain citizenship, Geske said “I don’t have a plan yet. I only believe in God. If God wills, I will take the citizenship one day.”

Geske also said all the smear campaigns made against her, her family and friends were unjust.

Three missionaries, including Tillman Geske and two Turks, Necati Aydın and Uğur Yüksel, were tied up and tortured before their throats were slit at the Zirve Publishing House, a Christian publisher in Malatya, on April 18, 2007. Before the incident, Father Andrea Santoro and Armenian journalist Hrant Dink were murdered.
(hurriyetdailynews.com, June 26, 2013)

Génocide arménien : le pape François enfonce le clou

La semaine dernière, alors qu'il recevait Sa Béatitude Nersès Bédros XIX Tarmouni, le primat de l’Église catholique arménienne, le pape François avait déclaré que « le premier génocide du XXe siècle a été celui des Arméniens » (en 1915).

En 2006, alors archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait déjà appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien comme « le plus grave crime de la Turquie ottomane contre le peuple arménien et l'humanité toute entière ». Il n'avait pas encore réaffirmé cela publiquement depuis son élection.

Ses propos ont en tout cas provoqué une réaction de la Turquie qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a répondu : « Ce que l'on attend du pape, c'est qu'il contribue à la paix dans le monde, avec toute la responsabilité de la place spirituelle qu'il occupe, pas qu'il ressorte des différends du passé ». Le ministre a également appelé le nonce apostolique en Turquie pour lui expliquer que la déclaration du pape était « inacceptable » et inviter très fortement le Vatican à « éviter de poser des actes qui risqueraient d'affecter de façon irréparable les relations bilatérales » entre les deux Etats.

Un autre responsable politique turc, cité par le journal Today's Zaman, précise : « Ce n'est pas à la papauté d'exprimer une opinion sur les affirmations de génocide par les Arméniens ; en réalité, ce devrait être aux historiens et aux avocats de commenter cela après avoir examiné les faits historiques ».

Malgré cela, le pape François a précisé depuis qu'il souhaitait visiter Erevan, la capitale arménienne, et y célébrer une cérémonie religieuse en 2015, à l'occasion du centenaire des massacres de 1915.

Cette déclaration pourrait avoir pour conséquence de voir la Turquie interdire au pape de se rendre prochainement à Istanbul pour rencontrer le patriarche grec orthodoxe, comme ses prédécesseurs l'ont fait avant lui, même si, selon des responsables turcs, cette question n'a pas encore été débattue. (
lavie.fr, 11 juin 2013)

Sous le parc occupé d'Istanbul, un cimetière arménien

Istanbul, correspondance. Dans une allée du parc Gezi, qui jouxte la place Taksim, les jeunes militants arméniens de Nor Zartonk ("Nouvel éveil") ont collé deux plaques de polystyrène gris qui forment une tombe symbolique. Dessus figure l'identité du défunt : "Cimetière arménien Sourp Hagop 1551-1939". Et un message : "Vous nous avez pris notre cimetière, vous n'aurez pas notre parc !" Car là où s'est installé depuis dix jours le mouvement de protestation contre le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, sous le parc Gezi, reposent les morts d'une partie de la communauté arménienne d'Istanbul. Une histoire inconnue de la plupart des manifestants, que quelques-uns tentent de faire revivre. Là où M. Erdogan affirme vouloir "reconstruire l'histoire" bâtissant la réplique d'une ancienne caserne ottomane, qui abritera un centre commercial ou un musée de la ville.

L'histoire du cimetière Sourp Hagop remonte à Soliman le Magnifique. Une tentative d'assassinat se préparait contre le sultan. Les comploteurs approchèrent l'un de ses cuisiniers, un Arménien de Van, Manouk Karaseferyan, pour qu'il empoisonne le dîner impérial. Mais le cuisinier n'en fit rien et dénonça le plan au sultan. En signe de sa gratitude, Soliman lui demanda ce qu'il pouvait lui offrir. Karaseferyan émis un souhait inattendu : un lieu pour les morts de sa communauté, un cimetière.

PIERRES TOMBALES RÉUTILISÉES

Le terrain donné par le sultan se trouve aujourd'hui au nord de la place Taksim, occupé par une partie du parc Gezi, quelques hôtels de luxe, des immeubles et un bâtiment de la Radio télévision turque (TRT). De ce vaste terrain, seul l'hôpital Sourp Hagop subsiste. Le reste, qui appartenait à la communauté, a été spolié par la République. Le cimetière a été entièrement détruit dans les années 1930 et ses pierres tombales ont été réutilisées dans la construction d'un nouveau centre urbain par l'urbaniste Henri Prost, l'auteur du plan d'aménagement d'Istanbul choisi par Atatürk.

Un mémorial au génocide arménien fut même brièvement construit dans le cimetière, à la place de l'hôtel Divan. Le monument subsista de 1919 à 1922, avant d'être détruit à son tour. Dans le brouhaha de la révolte de Taksim, l'association antiraciste DurDe, qui organise chaque année un rassemblement silencieux sur la place Taksim pour le 24 avril, l'anniversaire du déclenchement du génocide arménien, voulait faire revivre ce monument.

L'inauguration était programmée pour lundi soir. Mais l'association a dû renoncer sous la pression de militants nationalistes, brandissant des drapeaux turcs, et scandant des slogans hostiles, confirme Cengiz Algan, de DurDe. Cette mouvance extrémiste, que l'historien Hamit Bozarslan qualifie de courant "national-socialiste", est bien loin de faire l'unanimité parmi les manifestants, mais elle se fait entendre. "Tous les partis politiques s'entretuent, mais lorsqu'il s'agit des Arméniens, il y a toujours un consensus", lance une figure de la communauté d'Istanbul.
(Le Monde, Guillaume Perrier, 11 juin 2013)

Politique intérieure/Interior Politics

Main opposition CHP building in Istanbul attacked

A group of people attacked the main opposition Republican People’s Party’s (CHP) provincial branch's building in Şişhane, breaking the windows, while two CHP deputies, Binnaz Toprak and Melda Onur, were inside.

“We were told that the building was being attacked by a group of around 35 to 40 people who had sticks. The young people who were sheltered inside the CHP building rushed to the entrance. They later told me that the group attacked the building with stones and chanted ‘Recep Tayyip Erdoğan.’ But I did not witness this as I was on the upper floors. I heard that this group dispersed after they saw the young people inside our building,” Toprak told the Hürriyet Daily News immediately after the incident.

She said nobody was hurt in the attack, but that the windows of the building were broken, adding that there was still an unpleasant atmosphere outside.   

While all routes linked to Taksim Square are being kept closed by the police, some protesters tried to escape from the tear gas and took shelter in the CHP provincial branch's building in Şişhane. Toprak said that some of these people exposed to tear gas were in a bad situation. “Our nurse was treating them. Then we heard the attack,” she added.

After the attack, Toprak said she called the CHP deputy leader Haluk Koç, who contacted Interior Minister Muammer Güler. “Haluk Koç told me that the interior minister told him that he was sending a team here immediately. We haven’t seen any security outside yet, but CHP deputies Sezgin Tanrıkulu and Bülent Tezcan have come here,” she added.

Toprak stressed that the attack on the CHP building came after Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan repeatedly targeted the CHP during his speech at the Kazlıçeşme rally today, adding that the prime minister could have used a “calmer tone” in his address. 
(hurriyetdailynews.com, June 16, 2013)

La contestation expose les dissensions entre Erdogan et Gül

La contestation qui agite la Turquie a exposé les divergences au sommet de l'Etat entre le très ferme Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, cible préférée des manifestants, et le plus conciliant président Abdullah Gül, rivaux potentiels pour la présidentielle de 2014.

Depuis les premiers tirs de gaz lacrymogène vendredi aux abords de la place Taksim d'Istanbul, le chef du gouvernement turc est resté fidèle à son image. Sûr de son poids électoral --son parti islamo-conservateur a récolté 50% des voix aux élections générales de 2011--, ferme, provocateur même.

Pas question de céder aux "extrémistes" ou à une "bande de vandales", a-t-il répété sur tous les tons, avant de s'envoler pour une tournée de quatre jours dans les pays du Maghreb comme si de rien n'était. "A mon retour de cette visite, les problèmes seront réglés", a-t-il même assuré lundi depuis Rabat.
 "C'est très blessant d'être traité de cette façon", estime Ahmet Insel, politologue à l'université Galatasaray d'Istanbul en rappelant que la masse des protestataires est constituée de jeunes laïcs non politisés.

"Ce qui se passe en Turquie c'est une révolte de la dignité par des gens méprisés par le Premier ministre", ajoute-t-il, "il a du mal à contenir son langage agressif et arrogant qui passe mal au sein d'une frange importante de la société".

Sans surprise, le ton très ferme, presque méprisant, du chef du gouvernement a concentré l'hostilité des manifestants sur sa seule personne. Et des dizaines de milliers de personnes se déversent chaque jour dans les rues dans de nombreuses villes du pays aux cris de "Tayyip, démission !"

A la faveur du déplacement de M. Erdogan, le chef de l'Etat Abdullah Gül et le vice-Premier ministre Bülent Arinç ont tenté de réparer les pots cassés en imposant un autre ton, plus accommodant, à la tête de l'Etat.

Convoqué au palais présidentiel par M. Gül, le numéro deux du gouvernement a présenté des excuses pour les manifestants blessés et tenté de désamorcer les critiques en assurant que le pouvoir avait compris les "leçons" des événements.

Rivalité

Garant de l'unité du pays, le président a lui aussi pris le contrepied du Premier ministre, accusé de dérive autoritaire et raillé par ses opposants comme un "nouveau sultan". "La démocratie ne se résume pas aux élections", a lancé M. Gül, "il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques".

Pressé de réagir à ces propos, M. Erdogan n'a pas caché son inconfort. "Je ne sais pas ce qu'a dit le président, mais pour moi la démocratie vient des urnes", a-t-il lancé.

Ce n'est pas la première fois que les deux hommes sont pris en flagrant délit de contradiction. Au cours des derniers mois, M. Gül, 63 ans, et M. Erdogan, 59 ans, se sont opposés publiquement sur l'opportunité de lever l'immunité de députés kurdes, ou encore sur l'interdiction d'une manifestation à Ankara.

Ces deux compagnons de route ont pourtant longtemps évolué ensemble en politique, incarnant la tendance réformiste au sein de l'islam politique, étaient inséparables. Ils ont notamment participé à la création du Parti de la justice et du développement (AKP), arrivé au pouvoir à la faveur des élections de 2002.

Mais la perspective de l'élection présidentielle de 2014 a brouillé cette parfaite entente.

Réputé proche, comme M. Arinç, de la puissante confrérie musulmane de Fetulllah Gülen Abdullah Gül se verrait bien rempiler. Mais Recep Tayyip Erdogan, qui tient l'AKP, envisage lui aussi de briguer une présidence aux pouvoirs renforcés, empêché par les règles de son parti de rester à la tête du gouvernement au-delà de 2015.

Dans l'ombre, la bataille est lancée, très ouverte.

"M. Erdogan a été affaibli par cette crise et son accession au poste de président est compromise", tranche Deniz Zeyrek, éditorialiste au quotidien libéral Radikal, alors que M. Gül "a consolidé son image de démocrate".
(AFP, 5 juin 2013)

Top judge warns on bans on different lifestyles

Adding new chains of interference in lifestyles will only overstrain an already exhausted public consciousness, Turkey’s top judge has warned, in an apparent reference to ongoing discussions over lifestyles that were sparked after the government passed a regulation restricting the use of alcohol.

“Steps that have been taken without convincing the public consciousness bring about nothing but a distortion of the record of the democratic rule of law in the state. Causing inconceivable violations of rights as a result of ignoring this reality is unacceptable for those who have the state authority,” Haşim Kılıç, President of the Constitutional Court said in his address to the High Advisory Council of the Turkish Industrialists’ and Businessmen Association (TÜSİAD) yesterday.

The top judge’s remarks followed the parliamentary approval of a government-led alcohol regulation that strictly restricts the sale and the use of alcoholic drinks.

“Our social and political history is full of traces of interference in different lifestyles based on imaginary fears and concerns,” Kılıç said, recalling interferences in the lifestyles of pious Muslims in Turkey in the past. “It’s a virtue to protect the rights of others. Even though we do not agree with them, it’s a natural reflex to share the burden of those whose rights have been violated.”

Kılıç also warned that violations on lifestyles caused irrecoverable damage to human dignity and it was the state’s mission to provide assurances to the individual to freely exercise his or her rights in his or her autonomous area.

Risks of presidency

Another message by Kılıç was on the ongoing debate over the government’s intention to change the administrative system from the current parliamentary system into a presidential one. Using French philosopher Montesquieu’s famous Spirit of Laws as the base of his conceptualization of today’s discussion in Turkey, Kılıç recalled the philosopher’s famous saying: “There would be an end of everything, were the same man or the same body, whether of the nobles or of the people, to exercise those three powers, that of enacting laws, that of executing the public resolutions, and of trying the causes of individuals.”

Underlining that the modern democratic-constitutional system was based on the principle of the separation of powers with concerns that those who have absolute power could abuse it, Kılıç urged that any amendment should be based on principles and not on specific personalities, giving the example of the 1982 Constitution that was designed to elect junta-leader Kenan Evren as the president. “The healthiest way to take our nation to the enlightenment is to shape our societal projects on the basis of principles. If the goal is to establish a rule of law state in which rights and freedoms of individuals are under assurances and to create a strong and stable administration, then this good will find its answer in the public opinion,” he stressed. “Whatever the system is, the system of checks and balances is of vital importance,” he said, and added that apart from an independent judiciary, an influential opposition was also needed in this sense. “The vacuum that would be caused by the inefficiency of the opposition in balancing would push the intention of authoritarianism of the governing power.”

No to ‘dead silence’

Recalling that Turkish political history had suffered from party closures and strict prohibitions against different voices in the past, he said freedoms guaranteed by the principle of rule of law should not be understood as “dead silence.” “On the contrary, the pluralistic and participatory nature of the democratic system obliges ‘vocal existence’ of those who are different,” he added.

Fair trials and the full independence of judges and prosecutors were also very important for the existence of the principle of the rule of law, he explained, adding that the majority of the individual applications to the Constitutional Court were made due to violations of the right to a fair trial. 
(hurriyetdailynews.com, May 31, 2013)

Forces armées/Armed Forces

Changement d'un article qui a justifié des coups militaires

Le AKP a déposé jeudi au Parlement un projet de loi qui amende une disposition controversée du règlement intérieur des armées maintes fois utilisée pour justifier des coups d'État militaires.

"La proposition qui amende la disposition 35 sera remise aujourd'hui (jeudi) au Parlement",
a déclaré le vice-Premier ministre Bekir Bozdag.

L'article 35, entré dans la législation après le coup d'État de 1960, stipule que le devoir de l'armée est notamment de "préserver et de protéger la République de Turquie".

Les militaires turcs ont mené leurs deux coups d'État de 1971 et 1980, sur la base de cet article, arguant que les autorités civiles ne parvenaient pas à préserver les principes constitutionnels.

La formule présentée par le Parti de la justice et du développement (AKP, issue de la mouvance islamiste) cantonne l'armée aux seules fonctions militaires.

L'opposition parlementaire devrait appuyer la proposition du parti gouvernemental, qui devrait être votée après les vacances parlementaires en octobre, selon M. Bozdag.

La modification de l'article 35 s'inscrit dans la volonté du régime turc de réduire l'influence de l'armée sur la vie politique. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, l'AKP a mis en oeuvre des réformes en ce sens, notamment pour accélérer ses négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Depuis 2007, des centaines de militaires d'active ou à la retraite ont également été incarcérés, poursuivis ou condamnés pour des complots présumés contre le régime.

L'armée turque, gardienne autoproclamée des valeurs républicaines, a réalisé trois coups d'État et forcé en 1997 un gouvernement d'inspiration islamiste à démissionner.
(AFP, 27 juin 2013)

Prosecutor's Office refers Uludere case to military

The Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office has ruled that a case concerning the killing of 34 civilians in a military air strike in late 2011 in Uludere is outside of its jurisdiction and decided to refer the case to military prosecutors.

The office, which had been investigating the tragic death of the 34 victims, on Tuesday decided to send the Uludere case to the General Staff Military Prosecutor's Office, claiming that the case is outside of its jurisdiction.

Retired judge Reşat Petek in initial comments about the prosecution's decision recalled that a parliamentary commission investigating Uludere had released an unsatisfactory report. “There is the Uludere report from Parliament and there is also the judicial investigation. The parliamentary report was not adopted by unanimous vote. The prime minister told everyone to wait for the outcome of the judicial investigation. The jurisdiction ruling is about procedural methods. It doesn't mean that there is no crime, rather it means that the investigation falls under the scope of the military judiciary.”

Petek said that by its nature, a ruling that states that a case is outside one's jurisdiction indicates that the person who committed a certain crime has not yet been identified. “So this is not about closing the case. It is only saying the military judiciary is in charge of this investigation. Although the judicial scope of the military judiciary was narrowed in the [2010] referendum, the military court of the General Staff is still functional. After this point we should look at this within the scope of military trial procedures. If the military court also rules the case out of its jurisdiction, the case might be referred to a court of disputes,” Petek explained.

A retired prosecutor from the Supreme Court of Appeals, Ahmet Gündel also stated that the prosecutor has only announced a decision that it is not his job to investigate Uludere. “Now the General Staff will assign the task of investigating this case to the military prosecutor's office and if that office decides that the case is within its own jurisdiction, it will carry out the investigation. If it also rules it out of its jurisdiction, then a court will decide which court should hear the case.”

However, Gündel also noted that the civilian prosecutor didn't have to wait this long to decide whether it should be the prosecutor's office or the military judiciary investigating the case. “Most probably they thought it was their job initially, but later they decided that this wasn't the case. But the people who died were killed in an airstrike. This was obviously done by military individuals. This is why they should have made this ruling earlier.”

Thirty-four men and boys were traveling back to their villages in Şırnak's Uludere region from cities in northern Iraq after a day of trading in late 2011 when Turkish jets bombed the border-crossers, later saying that the commanders mistook them for Kurdistan Workers' Party (PKK) terrorists.

The parliamentary sub-commission investigating the incident said in its report in March that the killings were not deliberate although it listed numerous flaws in the decision-making leading up to the incident.
(TODAY'S ZAMAN, June 11, 2013)

L'armée turque a riposté lundi soir à des tirs venus de Syrie

L'armée turque a riposté lundi soir à des tirs venant de Syrie qui n'ont pas fait de victimes, a annoncé mardi l'état-major turc, cité par l'agence de presse Anatolie.

Les tirs ont visé des véhicules blindés de l'armée turque dans la province de Hatay, dans le sud de la Turquie, frontalière avec la Syrie, précise un communiqué.

"Soixante coups de feu ont été tirés à la hauteur de la localité de Narlica contre des véhicules blindés", selon le document, qui déclare que l'armée turque y a répliqué par 50 tirs.

"Aucun dégât, ni perte en vie humaine n'est à déplorer", indique le communiqué, ajoutant que le groupe qui a ouvert le feu vers la Turquie a pris la fuite à l'intérieur du territoire syrien.

L'armée turque avait déjà annoncé la semaine dernière avoir riposté à des tirs similaires ayant visé l'un de ses blindés lors d'une patrouille à la frontière.

La Turquie soutient les rebelles syriens et a appelé au départ du pouvoir du président Bachar al-Assad. Elle accueille sur son sol quelque 400.000 réfugiés syriens.

Le 11 mai, un double attentat à la voiture piégée dans une ville turque située non loin de la frontière a coûté la vie à 52 personnes, Ankara imputant l'attaque à un mouvement turc ayant des liens avec les services de renseignement syriens.
(AFP, 4 juin 2013)

Affaires religieuses / Religious Affairs

Name Yavuz Sultan Selim for third bridge causes outrage among Alevis

President Abdullah Gül, who attended the groundbreaking ceremony for the third Bosporus bridge on Wednesday, announced that the bridge will be named after Yavuz Sultan Selim, an Ottoman sultan, resulting in Alevi organizations across the country harshly criticizing the name of the bridge, claiming that Yavuz Sultan Selim killed 70,000 Alevis in Anatolia during his rule in the 1500s.

Hüseyin Aygün, a deputy of Kurdish and Alevi origin from the Republican People's Party (CHP), said on his Twitter account on Wednesday, “The fact that the name of the executioner of Alevis was given to the bridge is open bullying of Alevis.”

In remarks to the media, İzzettin Doğan, the head of the Cem Foundation, said that it was the wrong political decision to name the third bridge after Yavuz Sultan Selim.

“Yavuz Sultan Selim is an important political figure. He has been remembered for his deeds for centuries. But history also recorded his massacre of 70,000 Alevis. It is politically wrong use the name of a person with this kind of record on a place where he will always be remembered,” he said.

Alevis accuse Yavuz of killing more than 70,000 Turkmen-Alevis during the Battle of Chaldiran against the Safavid Empire in 1514.

Yavuz Bahadıroğlu, a historian and writer, on Thursday denied claims by some Alevis about the murder of 40,000 Alevis during Yavuz's rule. Speaking to Moral FM radio, he said that such accusations were nothing but lies.

“There aren't any documents in either national or foreign sources proving that claims are true. Most of such allegations have their sources in the Iranian Safavid Empire,” he said.

Professor Ahmet Şimşirgil, a historian and a lecturer at the history department of Marmara University, also refuted the claims about Yavuz.

“Yavuz is a sultan who was misunderstood by Alevis. The claims suggesting that he killed 40,000 Alevis and carried out a massacre have no basis. The most prominent historians of the republic have said that such claims are exaggerated and that such incidents never took place. None of the historians today who take historical realities into consideration give credit to such claims, either,” he said.
(TODAY'S ZAMAN, May 30, 2013)

12 personnes soupçonnées de liens avec un groupe terroriste arrêtées

La police turque a interpellé ces derniers jours dans plusieurs villes de Turquie douze personnes en possession de "substances chimiques" non identifiées et soupçonnées de liens avec une "organisation terroriste", a annoncé jeudi le gouverneur de la ville d'Adana (sud).

Selon plusieurs médias turcs, ces personnes, arrêtées à Istanbul, Adana et Mersin, seraient liées à la nébuleuse Al-Qaïda et au Front al-Nosra, un groupe islamiste engagé dans la guerre contre le régime du président syrien Bachar al-Assad.

Le gouverneur, Huseyin Avni Cos, s'est refusé pour l'heure à confirmer l'appartenance de ces personnes. "Nous ne pouvons révéler pour l'instant le nom d'une quelconque organisation, mais leurs liens seront évidents dès lors que nous les aurons interrogées", a-t-il dit, cité par l'agence de presse Anatolie.

Le quotidien libéral Radikal a affirmé que la police avait saisi deux kilos de gaz neurotoxique sarin en perquisitionnant dans une cache à Adana, à environ 150 kilomètres de la frontière syrienne.

"Nous n'avons pas saisi de gaz ou quelque produit qui y ressemble", a pour sa part déclaré M. Cos, confirmant toutefois que la police avait mis la main sur des "substances chimiques" en cours d'analyse.

Six des personnes arrêtées ont été remises en liberté après avoir été interrogées, selon le gouverneur d'Adana, qui a ajouté que les autres étaient toujours en garde à vue.

Cette opération de police est intervenue près de trois semaines après le double attentat à la voiture piégée qui a fait 52 morts et plus d'une centaine de blessés dans la ville turque de Reyhanli, près de la frontière syrienne, qui a relancé les craintes d'un débordement du conflit syrien.

Une dizaine de personnes, toutes de nationalité turque issues d'un mouvement clandestin d'extrême gauche, ont été interpellées à la suite de cet attentat. Ankara les a accusées d'avoir agi pour le compte du régime syrien, qui l'a catégoriquement démenti.

L'opposition turque a au contraire mis en cause la responsabilité du front al-Nosra.

Signe de la tension persistante à la frontière turco-syrienne, un véhicule blindé de l'armée turque a été la cible de tirs venus de Syrie, auxquels il a riposté, selon un communiqué de l'état-major de l'armée turque. Cet incident n'a fait aucun blessé.

Une commission d'enquête de l'ONU a fait état début mai de "soupçons" d'emploi de gaz sarin par les rebelles syriens mais n'a pas réussi à produire de preuves formelles.
(AFP, 31 mai 2013)

Socio-économique / Socio-economic

Les transsexuels aussi manifestent contre le gouvernement turc

Près d'un millier de manifestants réunis dimanche sur la place Taksim d'Istanbul pour une "marche en l'honneur des transsexuels" en ont profité pour entonner des slogans du mouvement contre le gouvernement islamo-conservateur qui secoue la Turquie depuis des semaines, sans être réprimés par la police.

"Ce n'est que le début, la lutte continue", a scandé la foule colorée de militants des droits des transsexuels, travestis, gays et lesbiennes, là où la veille encore, la police avait repoussé des milliers de contestataires hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avec des canons à eau, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Tayyip, les invertis arrivent!", ont également crié les militants, "je suis là mon amour, ouvre, ouvre!"

Partis de la place Taksim, théâtre de nombreux heurts entre policiers et manifestants depuis la fin mai, les manifestants ont marché sur l'avenue commerçante Istiklal en arborant des pancartes en turc et en kurde sur lesquelles on pouvait lire "être transsexuel n'est pas une maladie" et "la transphobie tue".

Le mouvement de contestation antigouvernementale est né le 31 mai dans le parc Gezi, jouxtant la place Taksim, quand la police a violemment réprimé quelques centaines de défenseurs de l'environnement qui voulaient s'opposer à l'arrachage des arbres du parc dans le cadre d'un projet d'aménagement voulu par le gouvernement.

La fronde a ensuite gagné tout le pays, les contestataires reprochant à M. Erdogan son autoritarisme et sa volonté d'islamiser la société turque, le parc Gezi devenant alors un camp retranché des manifestants.

La confrontation avec la police a pris fin après que celle-ci a investi le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Une nouvelle manifestation a cependant été dispersée samedi.

En Turquie, pays en majorité musulman mais au régime laïc, les relations homosexuelles et les opérations de changement de sexe ne sont pas illégales, contrairement à d'autres pays musulmans. Mais l'homophobie y est très présente et souvent accompagnée de violences.
(AFP, 23 juin 2013)

Un segment de faille sous haute tension aux portes d'Istanbul

Epargné de longue date par les séismes qui frappent régulièrement la Turquie, un petit segment de faille situé aux portes d'Istanbul, sous la mer de Marmara, expose la mégalopole turque à un tremblement de terre potentiellement dévastateur, avertit une étude publiée mardi.

La faille nord-anatolienne, la plus active d'Europe, a provoqué d'importants séismes tout au long du XXe siècle, à commencer par celui de Ganos (ouest de la Turquie) en 1912 et celui d'Erzincan (est de l'Anatolie) en 1939.

Les deux secousses les plus récentes sont survenues en 1999, près d'Izmit et Düzce, à l'est d'Istanbul. Toutes deux avaient une magnitude supérieure à 7 et ont fait de nombreuses victimes, quelque 20.000 morts au total dans le cas d'Izmit.

Depuis lors, l'activité sismique semble s'être accrue le long de la faille nord-anatolienne juste au sud d'Istanbul, sous la mer de Marmara.

Pourtant, cette zone d'environ 150 km de long est la seule à n'avoir pas été à l'origine d'un séisme significatif depuis le début du XXe siècle.

Les géologues ont malgré tout des indices suggérant que les tensions ne cessent de s'accumuler dans cette région.

Marco Bohnhoff, du centre allemand pour les Géosciences de Potsdam, et son équipe ont étudié l'activité sismique de cette zone, décortiquant les données récoltées sur 835 micro-séismes entre 2006 et 2010.

D'après leur analyse, un segment de la faille long de seulement 30 km, situé à une dizaine de kilomètres sous l'archipel des îles des Princes, servirait de point d'ancrage à toutes ces tensions telluriques. Et si ce verrou sautait brutalement, il pourrait provoquer un séisme d'une magnitude supérieure à 7 aux portes d'Istanbul, mégalopole d'environ 13 millions d'habitants.

"Le contraste entre l'activité sismique croissante enregistrée dans la partie orientale de la mer de Marmara depuis 2002 et le calme qui règne sous les îles des Princes, au large d'Istanbul, est frappant", souligne l'étude, publiée dans la revue britannique Nature Communications.

Selon les chercheurs, ce segment "pourrait avoir servi de barrière contre la rupture d'Izmit en 1999, empêchant le glissement de la faille de se poursuivre en direction d'Istanbul", un peu plus au nord.

Si c'est bien le cas, en bloquant et en concentrant les tensions sismiques, ce même segment "pourrait aussi être la source d'un futur séisme" frappant Istanbul, avertit l'étude, qui recommande de surveiller étroitement les micro-séismes sur cette portion de la faille pour donner l'alerte en cas de signes avant-coureurs.

Des relevés historiques font état d'importants séismes (magnitude supérieure à 7) dans la région d'Istanbul, les deux derniers en date ayant eu lieu en 1509 et 1766, ce qui aboutirait à une fréquence d'environ 200 à 250 ans.

Selon des estimations récentes, la probabilité qu'un tel séisme se reproduise d'ici 2034 est comprise entre 35 et 70%.
(AFP, 20 juin 2013)

Appel à la grève générale

Deux des principaux syndicats turcs ont annoncé dimanche une grève générale à partir de lundi dans toute la Turquie pour dénoncer les violences policières contre les manifestants opposés au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a déclaré à l'AFP le porte-parole du syndicat KESK.

"Nous nous mettons en grève demain (lundi) dans tout le pays, avec le (syndicat) DISK et d'autres organisations", a déclaré Baki Cinar, porte-parole du KESK. Des médecins, des ingénieurs, des architectes et des dentistes se joignent à l'appel à la grève.

Les organisations syndicales appellent également à la fin "immédiate" des violences policières.

Ces syndicats avaient déjà observé un grève mercredi au lendemain d'une opération coup de poing de la police pour évacuer les dizaines de milliers de manifestants de la place Taksim à Istanbul.

Ce premier appel à la grève générale avait été peu suivi. La Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK) revendique 420.000 membres et la Confédération syndicale des salariés du secteur public (KESK) 250.000 membres.
(AFP, 17 juin 2013)

Le président  promulgue la loi qui limite la consommation d'alcool

Le président turc Abdullah Gül a promulgué lundi une loi controversée voulue par le gouvernement islamo-conservateur qui restreint la consommation, la vente et la publicité des boissons alcoolisées, en dépit des manifestations qui secouent le pays depuis 11 jours.

Le président "a transmis la loi 6.487 aux services du Premier ministre pour publication" au Journal officiel, a annoncé la présidence dans un communiqué.

La loi entrera en vigueur dès sa publication au Journal officiel.

Voté le 24 mai au terme d'une procédure d'une rare célérité, le texte a été présenté au Parlement par le Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan au nom de la protection de la santé de la population.

Aux termes de cette loi, la vente d'alcool est interdite dans tous les commerces entre 22h00 et 6h00 du matin, de même qu'à toute heure à proximité des établissements scolaires et des mosquées. Des messages rappelant les dangers de l'alcool sont désormais obligatoires sur chaque boisson en contenant.

De même, le parrainage d'événements sportifs ou autres par les producteurs de boissons alcoolisées est banni, tout comme la présence d'images incitant à sa consommation dans les films projetés en salles, les séries télévisées et les clips musicaux.

Le texte renforce également la répression contre l'ivresse au volant en prévoyant une amende de 700 livres turques et une suspension de six mois du permis de conduire pour tout automobiliste contrôlé avec un taux d'alcoolémie supérieur à 0,05%. Ceux dont le taux dépasse 0,1% sont passibles d'une peine de deux ans de prison ferme.

Tout au long des débats parlementaires, l'opposition laïque a violemment dénoncé un texte liberticide en prêtant au régime la volonté de vouloir régir les comportements privés de la population et d'islamiser la société turque.

L'approbation de ce texte controversé intervient alors que des dizaines de milliers de Turcs manifestent depuis onze jours pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir islamiser la Turquie.

La loi fait partie des principaux griefs des manifestants, qui sont nombreux à boire de la bière dans la rue pour braver l'ordre moral que tente, selon eux, d'imposer le gouvernement.
(AFP,10 juin 2013)

Les syndicats mobilisent au 6e jour de la contestation anti-Erdogan

Deux importants syndicats devaient rejoindre mercredi les manifestants qui demandent la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans toute la Turquie, où des dizaines de milliers de personnes continuaient d'occuper la rue, pour la sixième journée consécutive.

Au lendemain d'une nouvelle nuit de mobilisation et de violences, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK) et la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), marquées à gauche, ont annoncé pour la mi-journée des marches de protestation et des grèves dans les grandes villes du pays.

Dans l'attente du retour jeudi en Turquie du chef du gouvernement, en visite officielle au Maghreb, les protestataires restent plus que jamais déterminés à montrer leur force, malgré les "excuses" présentées par le vice-Premier ministre Bülent Arinç aux victimes de brutalité policières des derniers jours.

M. Arinç devait rencontrer mercredi à la mi-journée à Ankara des responsables du collectif de défense du parc Gezi, ce jardin public proche de Taksim dont le projet de destruction a allumé la mèche de la fronde vendredi.

"Nous voulons des excuses du Premier ministre Erdogan. Nous voulons la libération des personnes qui ont été arrêtées. Nous voulons la démission du gouverneur d'Istanbul, du chef de la police et du Premier ministre", a dit mercredi à l'AFP Kerem Aligil, un manifestant étudiant, "nous voulons tout ça et ensuite seulement nous envisagerons de ne plus manifester".

Comme c'est devenu la tradition, des milliers de personnes ont encore envahi mardi soir l'emblématique place Taksim d'Istanbul, le coeur de la contestation, et les rues de la capitale Ankara en scandant des slogans réclamant le départ de M. Erdogan.

Des milliers de manifestants ont également défilé à Izmir, Bursa (ouest) ou encore Hatay (sud), ainsi que dans des villes plus petites.

Et comme les nuits précédentes, des affrontements ont à nouveau éclaté à Istanbul et Ankara. Les forces de l'ordre ont dispersé à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau quelques centaines de manifestants qui tentaient de s'approcher des bureaux du chef du gouvernement.

Dans ces deux villes, la masse des manifestants est restée à distance de la police, respectant les appels au calme des réseaux sociaux. Seuls des militants plus politisés ont été "au contact" des forces de l'ordre.

Twitter dans le collimateur


 "Les manifestations de la nuit ont surtout été organisées par des groupes radicaux. Nous, nous avons voulu rester à distance", a expliqué à l'AFP Gamze Güven, une dentiste d'Ankara, "ce sont surtout les plus jeunes qui ont attaqué la police".

Des heurts ont également eu lieu dans la ville de Hatay (sud-est) à la frontière syrienne où un jeune homme de 22 ans est décédé la veille après avoir été blessé lors d'une manifestation. Selon la chaîne de télévision privée NTV, deux policiers et trois manifestants ont été blessés mercredi à Hatay.

Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été interpellées à Izmir (ouest) pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des "informations trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence de presse Anatolie. Ali Engin, un responsable local du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré que les suspects étaient détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".

Dimanche, M. Erdogan avait pesté publiquement contre Twitter et les réseaux sociaux, les qualifiant de "faiseurs de problèmes".

A l'opposé du ton ferme du Premier ministre, son numéro deux Bülent Arinç a qualifié mardi de "légitimes" les revendications écologistes à l'origine des troubles et en assurant que son parti islamo-conservateur respectait "les différents modes de vie" des Turcs.

Depuis le début de la contestation vendredi dernier, les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.

"Nous n'avons pas le droit ou le luxe d'ignorer le peuple, les démocraties ne peuvent pas exister sans opposition", a également souligné M. Arinç.

M. Erdogan, qui est resté muet mardi sur les événements, doit rentrer de Tunisie jeudi.

Hormis les deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des quatre derniers jours ont fait plus de 1.500 blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins, des chiffres qui n'ont pas été confirmés par les autorités.
(AFP, 4 juin 2013)

Un syndicat appelle à la grève contre le recours à la "terreur par l'Etat

L'une des plus importantes confédérations syndicales turques a annoncé lundi qu'elle appelait à partir de mardi à une grève de deux jours pour dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les manifestants qui défient le gouvernement.

"La terreur exercée par l'Etat contre des manifestations totalement pacifiques se poursuit de telle façon que cela menace la vie des civils", a estimé la Confédération des syndicats du secteur public (KESK) dans un communiqué publié sur son site Internet.

Marquée à gauche, la KESK, qui revendique 240.000 adhérents regroupés dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression traduisait l'"hostilité envers la démocratie" du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir.

La Turquie est agitée depuis quatre jours par un mouvement de protestation antigouvernementale sans précédent depuis l'accès du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en 2002.
(AFP, 3 juin 2013)

La bourse d'Istanbul chute de 10,47% au 4e jour des manifestations

La bourse d'Istanbul a dégringolé lundi de 10,47% en clôture, au quatrième jour des manifestations contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui agitent l'ensemble la Turquie.

Le principal indice du marché turc s'est établi à 76.983,66 points à la clôture, en baisse de 9.006,35 points par rapport à la clôture de vendredi soir.

Le cours de la livre turque a également brutalement chuté. L'euro s'échangeait lundi à 2,46 livres turques contre 2,35 vendredi, tandis que le dollar américain cotait 1,89 livre turque contre 1,81 vendredi.

Les marchés financiers ont largement profité de la forte croissance de l'économie turque depuis l'arrivée de l'actuel gouvernement islamo-conservateur au pouvoir en 2002, qui a affiché des taux de plus de 8% en 2010 et 2011.
(AFP, 3 juin 2013)

Les grands projets urbains d'Erdogan à l'origine de la contestation à Istanbul

Les grands projets urbains du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan sont à l'origine de la contestation qui secoue Istanbul depuis quatre jours, les manifestants se mobilisant pour préserver leur ville des intérêts économiques et idéologiques du gouvernement.

C'est d'un petit espace de verdure, quelque 600 arbres au coeur de la rive européenne d'Istanbul, qu'est parti le mouvement de protestation qui s'est ensuite répandu à travers le pays et a agrégé toutes les colères contre le gouvernement.

Les premiers manifestants ont investi le parc Gezi pour empêcher la construction à sa place de la réplique d'une caserne militaire de l'empire ottoman, qui doit accueillir un centre culturel, un centre commercial et, M. Erdogan l'a souligné dimanche, une mosquée.

"On peut clairement voir à l'oeuvre la synthèse entre le libéralisme et l'islamisme prônée par le gouvernement: d'un côté il parle de construire un grand centre commercial et de l'autre il parle de construire une splendide mosquée qui va symboliser la gloire de la société musulmane", estime Simten Cosar, politologue à l'université de Hacettepe (Ankara).

Le symbole est d'autant plus fort que le parc Gezi est situé en bordure de la place Taksim, qui pendant des décennies a été le lieu d'expression de toutes les luttes sociales.

"Il s'agit de faire de Taksim un lieu plus conservateur, plus capitaliste, il s'agit d'un règlement de comptes avec le courant réformiste", confirme l'urbaniste Murat Cemal Yalçintan, de l'université stambouliote Mimar Sinan.

Le gouvernement a également lancé le projet de construction d'une gigantesque mosquée d'une capacité de 30.000 places sur la plus haute colline d'Istanbul, Camlica, d'où elle surplombera le détroit du Bosphore.

Mais au-delà du parc Gezi et de la construction de mosquées, M. Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP) ont d'autres ambitions pour Istanbul.

Au nord de la ville, le Premier ministre a officiellement lancé la semaine dernière la construction d'un troisième pont reliant les deux rives du Bosphore, pour un coût d'environ 3 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).

Spéculation

Le pont doit s'intégrer dans un gigantesque projet incluant la construction d'un immense aéroport --il pourrait accueillir usqu'à 150 millions de passagers par an--, celle d'un canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara pour désengorger le Bosphore et de deux villes nouvelles d'un million d'habitants chacune aux abords de ce canal.

"L'enjeu de ce projet, c'est l'ouverture de nouvelles terres à la construction", prévient Tayfun Kahraman, président de la Chambre des urbanistes d'Istanbul, dont l'organisation a planté une tente dans le parc Gezi.

"Dans la ville, il ne reste plus de terres constructibles. C'est pour cela que l'Etat privatise tous les terrains publics et qu'il met en oeuvre des projets géants d'infrastructure qui lui permettront de déclarer de nouveaux terrains constructibles", ajoute M. Kahraman, déplorant le massacre attendu des forêts du nord d'Istanbul, "une richesse naturelle d'une importance vitale pour la cité".

Derrière ces grands projets comme ceux plus discrets de réhabilitation urbaine, beaucoup dénoncent la mainmise de certains groupes économiques proches de l'AKP sur la ville.

"Il est clair que le projet de réhabilitation urbaine n'a pas été conçu pour assurer un meilleur logement aux habitants, mais pour faire changer de mains certains titres de propriété", commente Sami Yilmaztürk, secrétaire général de la Chambre des architectes d'Istanbul.

Il rappelle que, dans de nombreux quartiers "rénovés", les habitants de condition modeste ont été contraints de se chercher un nouveau logement dans la périphérie de la ville, cédant la place à une population plus aisée, pour le plus grand plaisir des promoteurs immobiliers.

"Il y a plein d'exemples à Istanbul où des terrains municipaux ont été vendus et on a ensuite modifié le plan d'occupation des sols pour permettre la construction de grands gratte-ciels. Il y a là de gros enjeux financiers, qui impliquent des groupes bien déterminés", indique pour sa part M. Kahraman.

"Les gens en ont conscience et réagissent très fortement à cela", ajoute l'urbaniste, selon lequel "les Stambouliotes veulent s'approprier leur ville".
(AFP, 3 juin 2013)

Erdogan lance la construction d'un troisième pont sur le Bosphore

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé mercredi la construction d'un troisième pont reliant les rives européenne et asiatique d'Istanbul au dessus du détroit du Bosphore pour un coût d'environ 3 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).

"Quand le projet sera complètement achevé, il va alléger le fardeau d'Istanbul, qui est un des plus importants corridors de transit au monde", a déclaré M. Erdogan avant d'appuyer sur le bouton commandant la première coulée de ciment, près du village de pêcheurs de Garipçe, sur la rive européenne du Bosphore.

"Nous pensons grand", a affirmé avec fierté le chef du gouvernement islamo-conservateur en énumérant les projets pharaoniques envisagés par son administration, de la construction d'un aéroport géant --l'appel d'offres a été remporté début mai par un consortium turc pour 22,15 milliards d'euros-- à celle d'un canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara pour désengorger le Bosphore.

M. Erdogan a évoqué un coût approximatif de 3 milliards de dollars.

"Ce pont sera nommé Sélim 1er Yavuz", a indiqué le président Abdullah Gül, en hommage au premier sultan ottoman à avoir endossé le titre de calife, c'est-à-dire de dirigeant de la communauté des musulmans, et dont le règne a duré de 1512 à 1520.

Le nouveau pont autoroutier et ferroviaire, d'une longueur de 1.275 m, doit franchir le Bosphore dans sa partie nord, près de la mer Noire. Il doit faire partie d'un nouvel axe autoroutier de quelque 260 km reliant la Thrace orientale à l'Anatolie en contournant la zone urbaine d'Istanbul.

Sa construction et son exploitation pour 10 ans et 3 mois ont été attribuées en mai 2012 par un appel d'offres au consortium turco-italien Içtas-Astaldi.

Un premier appel d'offres organisé en janvier 2012 avait été annulé en raison de l'absence de candidatures.

Deux ponts suspendus ont déjà été construits sur le détroit du Bosphore, en 1973 et 1988.

Istanbul, la principale agglomération de Turquie avec plus de 15 millions d'habitants, est confrontée à de graves problèmes de trafic routier, notamment en raison des goulets d'étranglement que constituent les deux ponts existants.

Les détracteurs du projet de troisième pont, en discussion depuis plusieurs années, estiment que celui-ci va défigurer le nord du Bosphore et les forêts voisines, jusque-là plutôt bien préservés de l'urbanisation, et encourager les Stambouliotes à utiliser d'avantage la voiture.
(AFP, 31 mai 2013)

Relations turco-européennes / Turkey-Europe Relations

Merkel à la Turquie: "les valeurs européennes ne sont pas négociables"

La chancelière allemande Angela Merkel a martelé jeudi à l'adresse de la Turquie que les valeurs défendues par l'Europe, liberté d'expression en tête, n'étaient "pas négociables".

L'accord mardi entre l'Union européenne et Ankara sur l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations d'adhésion "montre clairement que la Turquie est un partenaire important", a dit Mme Merkel dans une allocution aux députés du Bundestag. Mais elle a aussi assuré que "les valeurs européennes (...) s'appliquent tout le temps, ne sont pas négociables".

"Je me réjouis du résultat" trouvé mardi qui fait avancer ce dossier mais dans le même temps "ne fait pas comme si de rien n'était", a-t-elle ajouté.

Berlin a sévèrement critiqué les violences des forces de l'ordre turques contre les manifestants en Turquie ces dernières semaines, les responsables allemands se disant inquiets et même choqués de la situation dans le pays.

L'Allemagne accueille la plus importante communauté turque à l'étranger, avec environ trois millions de personnes ayant des racines turques sur son territoire.

L'Union européenne a décidé mardi de relancer les négociations d'adhésion avec la Turquie, un processus au point mort depuis plusieurs années, malgré les réticences de l'Allemagne après la répression des manifestations contre le gouvernement turc.

L'ouverture effective d'un nouveau chapitre de ces négociations ne devrait cependant pas intervenir avant l'automne, et non mercredi comme prévu initialement.

Ce compromis a été trouvé après d'intenses discussions entre ministres européens réunis à Luxembourg sur fond de divergences sur le message à envoyer aux autorités turques après les troubles politiques.

L'Allemagne, soutenue par les Pays-Bas et l'Autriche, prônait la fermeté. Les autres pays de l'UE étaient favorables à la relance des négociations.
(AFP, 27 juin 2013)

L'UE relance les négociations, mais avec des réserves

L'Union européenne a décidé mardi de relancer les négociations d'adhésion avec la Turquie, un processus au point mort depuis plusieurs années, malgré les réticences de l'Allemagne après la répression des manifestations contre le gouvernement turc.

L'ouverture effective d'un nouveau chapitre de ces négociations ne devrait cependant pas intervenir avant l'automne, et non mercredi comme prévu initialement.

Ce compromis a été trouvé après d'intenses discussions entre ministres européens réunis à Luxembourg sur fond de divergences sur le message à envoyer aux autorités turques après les troubles politiques.

D'un côté, l'Allemagne, soutenue par les Pays-Bas et l'Autriche, prônait la fermeté, affirmant qu'il n'était pas possible d'"ignorer ce qui s'est passé ces dernières semaines", selon son chef de la diplomatie, Guido Westerwelle.

Les autres pays de l'UE étaient favorables à la relance des négociations car il est important de "laisser la porte ouverte" à la Turquie, selon le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn.

"Nous devons penser davantage au peuple qu'au gouvernement turc. Des millions de personnes en Turquie espèrent que l'UE va continuer à mettre la pression" sur le pouvoir, a-t-il expliqué.

"Je ne suis pas sûr que les gens qui manifestaient dans la rue auraient souhaité que l'Union européenne ferme la porte du dialogue entre l'Union et la Turquie", a renchéri le ministre français des Affaires européennes, Thierry Repentin.

Parlant de donnant-donnant, il s'est réjoui que l'UE n'ait "pas rompu le dialogue avec un partenaire stratégique à l'égard de qui il faut avoir à la fois l'ouverture du dialogue pour un arrimage à l'Europe et le rappel des règles fondatrices, des principes de l'Union européenne".

La France a exprimé en début d'année sa volonté de relancer ses relations avec Ankara, très fraîches ces dernières années en raison de l'hostilité de l'ancien président Nicolas Sarkozy à l'adhésion de la Turquie. Paris a ainsi donné en février son feu vert à l'ouverture du chapitre 22, sans toutefois se prononcer sur l'évolution à long terme du processus.

Bloqués par la question de Chypre

 L'UE n'a "pas à être guidée par le court terme", a soutenu le ministre suédois, Carl Bildt, en liant la position de Berlin aux enjeux politiques du scrutin législatif de septembre. "Les élections allemandes ne doivent pas être une excuse pour retarder tout le reste en Europe", a-t-il dit.

Les autorités turques ont accusé la chancelière Angela Merkel d'utiliser les événements récents à des fins de "politique intérieure" alors que son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), a réaffirmé dimanche son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Le compromis trouvé mardi repousse de fait l'ouverture du nouveau chapitre après les législatives du 22 septembre. Il interviendra opportunément après "la présentation du rapport annuel de la Commission", qui évalue chaque automne les progrès réalisés dans l'harmonisation de la législation turque avec celles de l'UE, ont précisé les ministres.

Malgré ce report, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a salué l'accord européen. "Une question qui aurait pu constituer un obstacle dans les relations euro-turques a pu être surmontée (...) Le train Turquie-UE pourra ainsi avancer à toute vitesse", s'est-il félicité.

Dans les faits, le processus de négociations engagé en 2005 s'avère le plus lent jamais mené avec un pays candidat à l'adhésion. Le dernier chapitre ouvert l'a été en 2010 et seul un chapitre sur 35 a pu être clos.

De plus, le chapitre 22 prochainement ouvert concerne l'un des sujets les plus consensuels, la politique régionale. Il restera ensuite à aborder des chapitres jugés cruciaux portant sur la justice et les droits fondamentaux.

Il s'agira également de résoudre les blocages liés à la question chypriote, Ankara refusant de reconnaître la République de Chypre, l'un des 27 pays de l'UE.

Ils empêchent actuellement d'avancer sur un dossier central, le Protocole d'Ankara, destiné à élargir l'union douanière entre l'UE et la Turquie.
(AFP, 25 juin 2013)

Une étudiante française expulsée après les manifestations

Une étudiante française a été expulsée lundi soir de Turquie après avoir été arrêtée le 11 juin à Istanbul en marge de manifestations antigouvernementales, a annoncé mardi une source au consulat de France à Istanbul.

Elisa Couvert, 24 ans, a été renvoyée en France par une décision administrative après avoir passé quatre jours en garde à vue, puis dix jours dans un centre de rétention pour étrangers, alors que la justice turque avait renoncé à engager des poursuites contre elle, a indiqué cette source.

La jeune femme a été interpellée au siège local du Parti de la démocratie socialiste (SDP), une petite formation de gauche active dans les manifestations qui ont secoué la Turquie depuis la fin mai et dont la police a investi le 11 juin les locaux, arrêtant une quarantaine de personnes, selon une responsable de l'Association des droits de l'homme (IHD).

Elle venait d'achever un stage à l'IHD et continuait de travailler à titre bénévole pour l'association, selon cette militante. Elle est aussi étudiante en master de sociologie à l'université de Galatasaray à Istanbul, selon une de ses proches.

Mme Couvert a dénoncé dans un message diffusé sur Facebook "des conditions de détention inacceptables" dans le centre de rétention stambouliote de Kumkapi et l'obligation qui lui a été faite de payer elle-même son billet d'avion pour rentrer en France.

Un autre Français arrêté lors des manifestations a en revanche été libéré samedi, a indiqué la source consulaire.

Thibault Alquier, arrêté durant le week-end du 15 au 16 juin, n'a pas fait l'objet de poursuites et a été relâché samedi soir après quelques jours en centre de rétention, selon cette source.

Deux autres Françaises, dont une étudiante venue à Istanbul dans le cadre du programme d'échange européen Erasmus, avaient été arrêtées le 4 juin dans les manifestations, puis relâchées le 8 juin après un parcours analogue.
(AFP, 25 juin 2013)

Les conservateurs de Merkel toujours contre l'adhésion turque

Les conservateurs allemands de la chancelière Angela Merkel ont réaffirmé dimanche dans leur programme électoral leur opposition à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne alors que Berlin et Ankara ont eu des paroles sévères l'un pour l'autre ces derniers jours.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son alliée bavaroise de la CSU ont renoncé à employer le terme de "partenariat privilégié" entre la Turquie et l'Union européenne, au motif que Ankara était opposé à la formule.

"Nous avons renoncé à ce terme car ce que nous tenons pour quelque chose de bon (le terme de partenariat privilégié, ndlr) n'est pas considéré comme tel par l'autre partie", a expliqué la chancelière lors d'une conférence de presse dimanche soir à Berlin.

Sur le fond, rien de changé, le programme parle "d'approfondissement et d'amélioration du partenariat", a expliqué Horst Seehofer, chef de la CSU.

"Nous voulons une coopération si possible forte entre l'Union européenne et la Turquie ainsi qu'une étroite collaboration stratégique dans les questions de politique étrangère et de sécurité", peut-on lire dans le programme pour les élections législatives du 22 septembre.

Les Unions chrétiennes se sont toujours montrées hostiles à l'adhésion de la Turquie assurant que le pays ne remplissait pas les critères. "L'Union européenne serait en outre débordée en raison de la grandeur du pays et de sa structure économique", répète le texte de près de 130 pages présenté dimanche.

La répression des manifestations antigouvernementales en Turquie a créé de vives tensions entre les deux capitales. Samedi le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a estimé, après un entretien avec son homologue turc, qu'il restait encore du chemin à faire pour apaiser les différends.

Les ambassadeurs des deux pays avaient été convoqués aux ministères des Affaires étrangères respectifs.
 Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a menacé la chancelière Angela Merkel de "réactions" turques si elle ne revenait pas sur ses déclarations, alors qu'elle avait qualifié de "beaucoup trop dure" la répression policière contre les manifestants opposés au Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

M. Bagis avait accusé Mme Merkel d'utiliser la situation en Turquie à des fins de "politique intérieure", avec en tête les élections législatives.

La chancelière a toujours affiché son scepticisme quant à l'aboutissement des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, entamées en 2005 et qui n'avancent que très lentement, mais elle s'était montrée favorable en début d'année à l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations.

Toutefois selon des diplomates européens, l'Allemagne et les Pays-Bas s'opposent désormais à l'ouverture de ce chapitre.
(AFP, 23 juin 2013)

Ankara menace l'Allemagne de représailles

Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a mis en garde vendredi la chancelière allemande Angela Merkel contre toute velléité de bloquer l'ouverture d'un nouveau chapitre des négociations d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne (UE).

"J'espère qu'elle va corriger l'erreur qu'elle a commise lundi
(...) ou cela donnera lieu à des réactions", a déclaré M. Bagis devant la presse, faisant allusion aux déclarations de Mme Merkel déplorant la répression "beaucoup trop dure", selon elle, des manifestations antigouvernementales en Turquie.

"La Turquie n'est pas n'importe quel pays", a encore dit M. Bagis, cité par les médias turcs, déplorant une "manoeuvre électoraliste facile" de la part de Mme Merkel à l'approche des élections législatives en Allemagne.

M. Bagis avait déjà mis en garde l'Allemagne jeudi en des termes particulièrement fermes. "Si Mme Merkel se cherche de la matière destinée à la politique intérieure pour ses élections, cette matière ne doit pas être la Turquie", avait-il déclaré faisant allusion aux élections prévues le 22 septembre en Allemagne.

Berlin a convoqué vendredi l'ambassadeur de Turquie en Allemagne pour protester contre les propos jeudi de M. Bagis, et Ankara devait faire de même, par mesure de réciprocité.

Dans une déclaration publiée vendredi soir, le ministre turc des Affaires européennes a "regretté" la réaction de Berlin et s''est déclaré "déçu" par son attitude.

"Nous avons été déçus par la décision de l'Allemagne d'empêcher l'ouverture de ce (nouveau) chapitre des négociations", a déclaré M. Bagis, "nous estimons que notre sincérité nous impose d'exprimer notre déception".

"Nous regrettons également de constater l'intolérance et la mauvaise interprétation de nos rappels sincères par nos amis allemands, qui critiquent injustement la Turquie en matière de liberté d'expression", a-t-il ajouté, avant de plaider pour que les deux pays dépassent leur différend.

A Odessa (Russie), où il se trouve en visite de travail, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a fait part de son "malaise".

"Nous avons eu connaissance d'un blocage d'inspiration politique sous le prétexte
d'arguments techniques", a indiqué M. Davutoglu à la presse turque qui l'accompagnait.

Le chef de la diplomatie turque a lui aussi brandi la menace d'une détérioration des relations euro-turques si Berlin persistait dans son refus. "Nous (...) prendrons les mesures nécessaires contre les pays qui feront en sorte d'interrompre les relations entre la Turquie et l'Union" européenne, a-t-il dit.

La chancelière a toujours affiché son scepticisme quant à l'aboutissement des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, entamées en 2005 et qui n'avancent que très lentement depuis, mais elle s'était montrée favorable en début d'année à l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations.

Toutefois selon des diplomates européens, l'Allemagne et les Pays-Bas s'opposent désormais à l'ouverture de ce chapitre, dans la foulée de leurs critiques déplorant la brutalité de la répression des manifestations antigouvernementales qui ont agité la Turquie pendant près de trois semaines.

Si un accord unanime des 27 n'est pas trouvé lundi à Bruxelles, la conférence intergouvernementale qui devait donner mercredi prochain son feu vert à l'ouverture de ce nouveau chapitre pourrait être reportée, selon les diplomates européens.
(AFP, 21 juin 2013)

Une délégation du Parlement européen annule une visite en Turquie

Une délégation du Parlement européen a annulé mercredi une visite prévue en Turquie en raison de déclarations très critiques faites par le gouvernement turc à l'encontre du Parlement européen.

"Face à des déclarations faites par des représentants du gouvernement turc, la délégation a décidé de reporter sa visite", a indiqué l'eurodéputé conservateur allemand Elmar Brok, qui devait diriger cette délégation.

"Je le regrette", a ajouté M. Brok. "La Turquie est et reste un partenaire important pour l'UE, mais elle doit savoir comment réagir aux critiques", a-t-il dit.

"Nous poursuivrons les contacts avec nos homologues turcs pour rétablir un dialogue constructif avec eux", a-t-il affirmé.

Une délégation de 13 eurodéputés de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen devait se rendre à Ankara et dans le Kurdistan turc, à Diyarbakir, mercredi et jeudi. Les députés avaient prévu de rencontrer des représentants du gouvernement ainsi que des dirigeants de la Grande Assemblée nationale de Turquie, des partis de l'opposition, des groupes de réflexion ainsi que des représentants des médias.

Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, avait jugé la semaine dernière "inacceptable" une résolution adoptée jeudi dernier par le Parlement européen qui critiquait un usage "excessif" de la force par la police turque contre les manifestants anti-gouvernementaux.

"Cette résolution, lorsqu'elle nous sera transmise, sera immédiatement rejetée", avait dit le ministre turc.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait également vivement critiqué la résolution des députés européens.

"Vous vous prenez pour qui? Avec quelle audace vous osez adopter une telle décision? Je ne la reconnais pas", avait lancé M. Erdogan, principale cible d'une contestation sans précédent qui agite la Turquie.

Dans leur résolution, les députés européens ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes".

Le Parlement "met en garde" par ailleurs le gouvernement d'Ankara contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation".
(AFP,19 juin 2013)

Le Conseil de l'Europe appelle à éviter l'"escalade de la violence" en Turquie

Le Conseil de l'Europe a appelé dimanche la Turquie à éviter "toute escalade supplémentaire de la violence", au lendemain de l'évacuation par la force du dernier bastion des manifestants à Istanbul.

"J'appelle toutes les parties à poursuivre le dialogue", a écrit dans un communiqué le secrétaire général de l'organisation paneuropéenne, Thorbjorn Jagland, ajoutant que "toute escalade supplémentaire de la violence doit être évitée".

Au regard des normes "juridiquement contraignantes" imposées par la Convention européenne des droits de l'homme, et qui s'applique à la Turquie, toute restriction à la liberté de rassemblement "doit être prévue par la loi et nécessaire dans une société démocratique", a par ailleurs rappelé M. Jagland.

Ainsi, "au cas où les forces de sécurité doivent intervenir avec force, cette intervention doit être strictement adaptée et nécessaire".

Les autorités se doivent d'assurer le "déroulement pacifique" des manifestations et la "sécurité de tous les citoyens", selon le secrétaire général.
(AFP, 16 juin 2013)

Berlin appelle Ankara à respecter la liberté de manifester

Berlin a appelé dimanche la Turquie à "respecter la liberté de manifester et d'expression", estimant qu'Ankara envoyait par "son comportement regrettable" de "mauvais signaux".

"Le gouvernement allemand réitère sa mise en garde : la liberté de manifester et d'expression doit être garantie, les citoyens pacifiques doivent être respectés", a écrit le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, dans un tweet réagissant aux derniers événements en Turquie.

Dans un autre tweet, M. Seibert se prononce en faveur de la "poursuite du dialogue" en Turquie, ajoutant que "le gouvernement allemand appelle à nouveau toutes les parties à la raison".

"Le gouvernement turc envoie par son comportement regrettable des signaux totalement mauvais, d'une part, en direction de son propre pays, et d'autre part, en direction du monde entier, et aussi, vers nous l'Europe", a dit de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

"Ces derniers jours, nous avions espéré que la situation s'apaiserait", a dit le ministre qui a qualifié de "revers" l'escalade des violences, dans un entretien avec la télévision publique ZDF.

"J'attends du gouvernement turc qu'il contribue à l'apaisement (...) et qu'il fasse un pas en direction de ceux qui veulent exercer leur droit de manifester", a-t-il ajouté.

Et d'enfoncer le clou : "Quand il y a des manifestations, c'est le signe d'une société civile mûre. On ne doit pas en avoir peur dans une démocratie, mais on doit s'en réjouir".

L'Allemagne abrite la plus grande communauté turque des pays de l'Union européenne et des manifestations y ont eu lieu dans plusieurs villes dimanche en solidarité avec les opposants au gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan.

Une lettre ouverte signée par une vingtaine de personnalités célèbres du monde artistique, dont le réalisateur allemand d'origine turque, Fatih Akin, a été adressée à la chancelière allemande Angela Merkel, l'appelant à s'engager en faveur de la fin des violences en Turquie, a indiqué leur porte-parole dimanche à l'AFP.

"Les événements et leur évolution en Turquie parlent d'eux-mêmes. S'il vous plaît, ne restez pas passifs. Faites en sorte, avec vos collègues européens, que le gouvernement turc cesse immédiatement ses violences contre la population", déclarent les artistes, selon le texte de cette lettre, dont l'AFP s'est procurée une copie.

En outre, Fatih Akin, a envoyé une lettre ouverte, écrite en allemand et en turc, au président turc, Abdullah Gül, dont l'AFP a également obtenu une copie.

"J'en appelle à votre conscience : Mettez fin à cette folie !", a-t-il dit.

La coprésidente de Verts -parti de l'opposition-, Claudia Roth, qui s'est rendue à Istanbul pour manifester aux côtés des opposants à M. Erdogan, s'est insurgée dans un entretien avec la chaîne de
télévision publique ARD contre la "violence brutale" des forces de l'ordre turques.

Elle a appelé "l'Europe" à "montrer plus que jamais de quel côté elle est (...) du côté des démocrates" et a appelé le gouvernement allemand à de très vives critiques des violences en Turquie.
(AFP, 16 juin 2013)

Le Parlement européen critique l'usage "excessif" de la force

Le Parlement européen a critiqué jeudi le "recours excessif à la force" par la police en Turquie, et le "refus" du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'oeuvrer à la réconciliation dans son pays.

Dans une résolution adoptée à mains levées, les députés européens ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes".

Le Parlement "met en garde" le gouvernement d'Ankara contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation".

Il "demande la libération immédiate de tous les manifestants pacifiques arrêtés et actuellement détenus". Les autorités turques doivent "enquêter de manière approfondie sur les violences policières, traduire les responsables en justice et proposer de dédommager les victimes", selon la résolution.

Le Parlement "déplore" les "réactions dures du gouvernement turc et du premier ministre Erdogan, dont le refus de prendre des initiatives en faveur de la réconciliation, de présenter des excuses ou de comprendre les réactions d'un segment de la population turque n'ont fait que contribuer à polariser davantage la société".

La Turquie, "en tant que candidate à l'adhésion à l'Union, est tenue de respecter et de promouvoir la démocratie et de renforcer les droits et libertés démocratiques et humains", soulignent les députés.

Le mouvement de contestation actuel "reflète également le mécontentement qui grandit dans des pans de la population turque", analysent les parlementaires, qui demandent au gouvernement de "respecter la pluralité et la richesse de la société turque", de "protéger les modes de vie laïcs" et de respecter la liberté de la presse.

Au cours du débat avant ce vote, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait
appelé mercredi M. Erdogan à privilégier "le dialogue et non la confrontation".

"Ce qui s'est passé en Turquie est une claire violation des droits de l'Homme, et nous savons tous que ce n'est pas un cas isolé", avait fustigé le chef de file des élus libéraux, l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt.

M. Erdogan "doit changer s'il ne veut pas éloigner la Turquie de l'Europe et du respect des valeurs européennes", avait estimé son homologue du groupe socialiste, l'Autrichien Hannes Swoboda.
(AFP,13 juin 2013)

Le texte adopté par le PE:

1.    exprime ses sincères condoléances aux familles des manifestants et du policier qui ont perdu la vie et souhaite un prompt rétablissement aux nombreux blessés;

2.    fait part de sa profonde inquiétude face au recours disproportionné et excessif à la force par la police turque en réponse aux manifestations pacifiques et légitimes du parc Gezi d'Istanbul et appelle les autorités turques à enquêter de manière approfondie sur les violences policières, à traduire les responsables en justice et à proposer de dédommager les victimes; met en garde le gouvernement turc contre l'adoption de mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques et exhorte le premier ministre à adopter une position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation;

3.    déplore que les autorités turques aient annoncé qu'elles tiendraient des pourparlers avec certains des meneurs des manifestations, les violences policières sur et autour de la place Taksim se poursuivent, jetant de fait une ombre sur les perspectives de pourparlers entre le gouvernement et les manifestants;

4.    invite les autorités turques à garantir et à respecter les droits de tous les citoyens à la liberté d'expression et à se réunir et à manifester pacifiquement; exige que tous les détenus aient accès sans restriction à l'avocat de leur choix; demande la libération immédiate de tous les manifestants pacifiques arrêtés et actuellement détenus; demande des informations sur le nombre exact de détenus et de blessés;

5.    déplores les réactions dures du gouvernement turc et du premier ministre Erdogan, dont le refus de prendre des initiatives en faveur de la réconciliation, de présenter des excuses ou de comprendre les réactions d'un segment de la population turque n'ont fait que contribuer à polariser davantage la société turque;

6.    se félicite de la réponse modérée du président Gül et des excuses que le vice-premier ministre Arinç a présentées aux manifestants blessés, ainsi que de leur dialogue avec la plate-forme Taksim et les personnalités de l'opposition politique en vue d'apaiser les tensions; souligne l'importance du dialogue entre le gouvernement turc et les manifestants pacifiques;

7.    rappelle à la Turquie que, dans une démocratie intégrative et pluraliste, tous les citoyens devraient se sentir représentés et que la majorité est tenue d'associer l'opposition et la société civile au processus décisionnel; rappelle également aux partis d'opposition le rôle qu'il leur incombe de jouer pour instaurer une culture politique démocratique dans le respect des divergences de points de vue et d'opinion;

8.    se déclare préoccupé par les confrontations actuelles entre les partis politiques et par le peu d'empressement du gouvernement et de l'opposition à œuvrer pour atteindre un consensus sur des réformes clés; exhorte l'ensemble des acteurs politiques, le gouvernement et l'opposition à œuvrer de concert pour améliorer le pluralisme politique au sein des institutions de l'État et pour promouvoir la modernisation et la démocratisation de l'État et de la société;

9.    attire l'attention sur le caractère essentiel de l'existence d'un système d'équilibre des pouvoirs dans la gouvernance d'un État démocratique moderne, laquelle doit se refléter dans le processus constitutionnel en cours et reposer sur le principe de la séparation des pouvoirs et de l'équilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, sur le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, en particulier la liberté d'expression et la liberté de la presse, ainsi que sur une culture politique de participation qui offre un reflet fidèle du pluralisme d'une société démocratique; estime qu'en soi, l'organisation de manifestations pacifiques et légitimes atteste le dynamisme de la société civile turque; rappelle à la Turquie l'importance de poursuivre ses efforts pour continuer de renforcer ses institutions démocratiques, l'état de droit et le respect des libertés fondamentales;

10.    insiste sur la nécessité de continuer à former les forces de police et la magistrature de manière intensive, tant lors de la formation initiale que de la formation continue, à l'application du protocole d'Istanbul (ensemble de lignes directrices internationales contre la torture et les mauvais traitements) et à la primauté des droits individuels et des libertés;

11.    demande aux autorités locales et nationales turques de lancer des consultations publiques pour tous les projets de développement urbain et régional; rappelle la nécessité d'équilibrer la croissance économique avec les facteurs sociaux, environnementaux, culturels et historiques; demande que tous les projets concernés en Turquie soient soumis à une évaluation d'impact environnemental, sans exception;

12.    observe que la vague de protestations sans précédent reflète également le mécontentement qui grandit dans des pans de la population turque face à la réglementation du mode de vie; rappelle que dans le cadre d'une politique démocratique, les gouvernements se doivent de promouvoir la tolérance et de garantir la liberté de religion et de conviction de tous les citoyens; demande au gouvernement de respecter la pluralité et la richesse de la société turque et de protéger les modes de vie laïcs;

13.    met en garde contre le fait que la répression policière met à mal la crédibilité de la Turquie dans son rôle régional de champion des changements démocratiques dans les pays du voisinage méridional;

14.    rappelle que la liberté d'expression et le pluralisme des médias sont au cœur des valeurs européennes et qu'une société démocratique, libre et pluraliste réclame une véritable liberté d'expression; rappelle que la liberté d'expression s'applique non seulement aux informations ou aux idées reçues favorablement ou jugées inoffensives, mais aussi, dans le respect de la convention européenne des droits de l'homme, aux idées qui heurtent, choquent ou dérangent l'État ou une frange quelconque de la population;

15.    exprime sa préoccupation face à la détérioration de la liberté de la presse, à certains actes de censure et à l'autocensure de plus en plus pratiquée parmi les médias turcs, y compris sur internet; invite le gouvernement turc à veiller au respect du principe de la liberté de la presse; fait observer qu'une presse indépendante est indispensable à une société démocratique et met en avant, dans ce contexte, le rôle essentiel du pouvoir judiciaire pour protéger et améliorer la liberté de la presse, afin de garantir ainsi un espace public propice aux débats libres et ouverts à tous; s'inquiète du grand nombre de journalistes en détention et des nombreux procès de journalistes en cours; demande la libération des militants actifs dans les médias sociaux; juge profondément regrettable la décision du RTUK (Conseil suprême de la radio et de la télévision) de sanctionner les chaînes de télévision qui ont couvert les événements du parc Gezi depuis le début pour "atteinte au développement physique, moral et mental des enfants et des jeunes";

16.    relève à nouveau avec préoccupation que la plupart des médias sont concentrés entre les mains de grands groupes aux intérêts commerciaux multiples; rappelle la nécessité d'adopter une nouvelle loi sur les médias traitant notamment des questions de l'indépendance, de la propriété et du contrôle administratif;

17.    charge son président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité / vice présidente de la Commission, au Secrétaire général du Conseil de l'Europe, au président de la Cour européenne des droits de l'homme, aux gouvernements et aux parlements des États membres ainsi qu'au gouvernement et au parlement de la République de Turquie.

Ankara juge "inacceptable" une résolution du Parlement européen

Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a jugé "inacceptable" une résolution adoptée jeudi par le Parlement européen qui critique un usage "excessif" de la force par la police turque contre les manifestants anti-gouvernementaux.

"Cette attitude est inacceptable", a martelé M. Davutoglu devant les journalistes, affirmant que la Turquie était une "démocratie de première classe" et n'avait de leçon à recevoir de personne.

"Cette résolution, lorsqu'elle nous sera transmise, sera immédiatement rejetée", a dit le ministre turc.

Peu auparavant, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a aussi vivement critiquée la résolution des députés européens.

"Vous vous prenez pour qui? Avec quelle audace vous osez adopter une telle décision? Je ne la reconnais pas", a lancé M. Erdogan, principale cible d'une contestation sans précédent qui agite la Turquie depuis deux semaines, faisant quatre morts et près de 5.000 blessés.

Dans leur résolution, les députés européens ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes".

Le Parlement "met en garde" par ailleurs le gouvernement d'Ankara contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation".
(AFP,13 juin 2013)

Manifestation réprimée en Turquie : un mauvais signal, selon Berlin

Le gouvernement allemand a condamné mercredi la répression dont ont été victimes les manifestants de la place Taksim à Istanbul, la qualifiant de "mauvais signal" pour la Turquie et pour l'Europe.

"Les images de la place Taksim sont dérangeantes. Le gouvernement envoie jusqu'ici avec sa réaction un mauvais signal, dans son propre pays mais aussi vers l'Europe", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, dans un communiqué.

Faisant part de "l'inquiétude" de Berlin à la vue de ses images, au cours d'un point de presse régulier, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a rappelé le droit de tout citoyen "à la liberté d'expression, la liberté de rassemblement".

"C'est un principe de la démocratie qui doit être respecté", a-t-il ajouté. Et d'appeler à "l'apaisement et au dialogue". "Le gouvernement allemand espère que des entretiens constructifs restent possibles", a-t-il dit.

Interrogé pour savoir si Berlin avait des contacts avec ses partenaires sur la situation en Turquie, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Andreas Peschke, a précisé que M. Westerwelle avait eu des "entretiens téléphoniques" avec plusieurs partenaires et qu'il était "naturellement en contact" avec les partenaires turcs.

Selon une source proche du gouvernement allemand, le scepticisme est de plus en grand à Berlin sur la possibilité d'ouvrir un nouveau chapitre des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

"Il semble que cela ne va pas être possible", a indiqué cette source à l'AFP. Il y a "de sérieux doutes" en raison de nombreuses questions en suspens, a-t-elle ajouté.

Le 3 juin, le gouvernement allemand avait estimé que les événements en Turquie n'avaient pas d'influence sur les discussions d'adhésion à l'UE.

En février, la chancelière allemande Angela Merkel s'était montrée favorable à l'ouverture d'un nouveau chapitre avec la Turquie, tout en affirmant qu'elle était sceptique quant à l'aboutissement.

La Turquie a ouvert en 2005 des négociations d'adhésion à l'UE, mais les pourparlers patinent, en raison de l'hostilité de pays européens comme la France et l'Allemagne à une pleine adhésion de ce pays, mais aussi à cause de blocages d'Ankara.

L'Allemagne abrite la plus grande communauté turque des pays de l'UE et quelques petites manifestations y ont eu lieu ce week-end en solidarité avec les opposants au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.
(AFP,12 juin 2013)

La France préconise la "retenue" et le "dialogue"

La France souhaite "l'apaisement et la retenue" en Turquie et préconise "le dialogue" entre le gouvernement turc et les manifestants, a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui craint que les autorités ne jouent la carte du "pourrissement".

"Nous appelons à l'apaisement et à la retenue", a déclaré à la chaîne de télévision France 2 le chef de la diplomatie française qui a dit en avoir parlé mardi avec son homologue turc Ahmet Davutoglu, au cours d'un entretien téléphonique portant sur la Syrie.

"On a parlé aussi de la Turquie. Il m'a expliqué quelle était sa vision et je lui ai dit la position de la France: nous souhaitons la retenue et l'apaisement et la solution passe par le dialogue, là-bas, comme partout", a affirmé M. Fabius.

"Il y a un apaisement démocratique à trouver et j'espère que ça va être trouvé rapidement", a dit M. Fabius qui, en réponse à une question, a admis que le gouvernement turc jouait plutôt la carte de la fermeté, "et peut-être même du pourrissement".

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait évacuer à deux reprises par la force mardi les manifestants sur la place Taksim, au centre d'Istanbul, en prévenant qu'il n'aurait plus "aucune tolérance" envers leur mouvement.

"Dans une démocratie, il faut le dialogue. C'est ce qu'a demandé le président turc, M. Abdullah Gül, et j'espère qu'on ira vers cela", a poursuivi M. Fabius.

La Turquie s'éloigne-t-elle de l'Europe? "Je ne crois pas, mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre de pratiques qui ne sont pas celles qu'on souhaite voir se développer en Europe", a-t-il ajouté.

Le ministre a estimé qu'on ne pouvait parler de "printemps turc" en allusion aux "printemps arabes": "Ce n'est pas le même phénomène, d'abord parce que la Turquie est en développement économique alors que les pays arabes ne l'étaient pas au moment des printemps arabes, ensuite parce que M. Erdogan a été élu, ce qui n'était pas le cas de M. Moubarak (Hosni Moubarak, l'ex-président égyptien) ou de M. Ben Ali" (Zine El Abidine Ben Ali, l'ex-président tunisien).
(AFP,12 juin 2013)

Füle critique le recours excessif à la force par la police

Le recours excessif de la police à la force n'a "pas sa place" dans une démocratie mais les manifestations en cours en Turquie ne remettent pas en cause son processus d'adhésion à l'Union européenne (UE), a estimé vendredi à Istanbuk le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Füle.

"Les manifestations pacifiques constituent une voie légitime pour l'expression d'opinions dans une société démocratique. L'usage excessif de la force par la police contre ces manifestations n'a pas sa place dans une démocratie", a déclaré M. Füle lors d'un discours devant M. Erdogan.

"Permettez-moi (...) d'appeler la Turquie à ne pas abandonner ses valeurs de liberté et de respect des droits de l'Homme. Et permettez-moi de vous assurer que, de notre côté, nous n'avons pas l'intention d'abandonner le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE", a ajouté le commissaire européen.

Plusieurs pays de l'UE ont dénoncé ces derniers jours les brutalités policières dans la répression des manifestations anti-Erdogan qui agitent depuis huit jours la Turquie.

Selon le dernier bilan fourni par l'Association des médecins turcs, cette vague sans précédent de contestation et sa répression ont fait trois morts, deux manifestants et un policier, et 4.785 blessés, dont 48 très grièvement.
(AFP, 7 juin 2013)

Merkel: La Turquie ne doit pas exercer de violence contre les manifestants

La chancelière allemande Angela Merkel a dit vendredi à Berlin "compter sur le fait (...) qu'il n'y ait pas de violence contre les manifestants" turcs.

"Je compte sur le fait que l'on discute des problèmes avec les jeunes du pays, et qu'aucune violence ne soit exercée contre les manifestants", a déclaré la chancelière en réponse à une question sur la Turquie lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre tunisien Ali Larayedh.

"Nous suivons l'évolution en Turquie et nous sommes d'avis que les manifestations font partie d'un Etat de droit et pour cette raison il faut se comporter conformément à l'Etat de droit avec les manifestants", a dit Mme Merkel.

Egalement questionné sur la Turquie, M. Larayedh, qui a reçu mercredi et jeudi la visite du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan en Tunisie, a botté en touche : "je ne connais pas tous les détails de la situation en Turquie", a--t-il répondu.

"M. Erdogan a été questionné (lors de sa visite en Tunisie, ndlr) sur la situation en Turquie et il a répondu qu'il avait compris les manifestations comme étant l'expression de la colère des jeunes, tant qu'elles restaient dans le cadre législatif", a dit M. Larayedh.

 "Il a présenté ses excuses auprès de tous pour l'utilisation de la violence envers les manifestants", a-t-il ajouté, en exprimant sa "confiance envers le peuple turc qui surmontera ces problèmes et retrouvera le chemin du progrès".
(AFP, 7 juin 2013)

Paris dénonce la "répression policière" en Turquie

Le ministre délégué aux Affaires européennes Thierry Repentin a dénoncé jeudi "la répression policière" en Turquie et appelé à nouveau les autorités turques "à la retenue" et au respect du droit de manifester.

"La répression policière a fait deux morts, 2.000 blessés, 1.700 arrestations temporaires, c'est trop! Aucune démocratie ne peut se construire sur la répression de ceux et celles qui s'expriment dans la rue. Le droit de manifester, le droit de s'opposer, doit être respecté", a déclaré M. Repentin, devant les sénateurs.

Face à "l'usage excessif" de la force en Turquie "par les forces de l'ordre à l'égard de la jeunesse qui a manifesté, la France a appelé et appelle à la retenue vis-à-vis des manifestations démocratiques", a-t-il poursuivi.

Dimanche, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déjà appelé les autorités turques à faire preuve de "retenue" face aux manifestants qui dénoncent la politique du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Ce dernier, en déplacement jeudi à Tunis, a fait état de l'arrestation de sept étrangers impliqués dans les troubles dans son pays.

Le Quai d'Orsay a confirmé jeudi l'arrestation à Istanbul de deux Françaises, désormais sous le coup d'une procédure judiciaire, et précisé qu'elles bénéficiaient de la protection consulaire.

Au Sénat, M. Repentin a rappelé qu'en février, Paris avait "fait un geste" envers vers la Turquie concernant le processus de son adhésion à l'Union européenne.

"Ce geste ne doit pas être à sens unique. Il faut que les autorités turques fassent preuve aussi d'avancée à l'égard du respect de la démocratie et des droits de l'homme", a-t-il affirmé.

M. Repentin qui doit rencontrer son homologue turc Egmen Bagis la semaine prochaine, a dit aborder cet entretien dans un "esprit à la fois d'ouverture mais aussi d'exigence".

En février, le gouvernement socialiste s'était dit prêt à rouvrir l'un des cinq chapitres de négociations (sur 35) bloqués par l'ancien président Nicolas Sarkozy, celui relatif aux aides régionales, relançant le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, entamé en 2005.
(AFP, 6 juin 2013)

Rassemblement à Paris en soutien aux manifestants en Turquie

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi soir à Paris pour apporter leur soutien aux manifestants en Turquie et dénoncer les violences policières du régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a constaté un journaliste de l'AFP.

"A bas le régime fasciste en Turquie", "Vive la résistance de Taksim", clamaient au son des tambours les manifestants, en très grande majorité des jeunes, en référence à l'emblématique place Taksim, dans le centre d'Istanbul, où se réunissent régulièrement les opposants.

Organisé dans le centre de Paris par l'Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT), le rassemblement a été rejoint par de nombreuses organisations turques, kurdes et de défense des droits de l'homme, comme Amnesty dont une banderole proclamait "Halte aux violences policières".

"On veut enfin la démocratie en Turquie, les Turcs n'y ont jamais goûté", a expliqué à l'AFP Ozan Keçeli, membre de la fédération des Alévis de France (une confession progressiste et mystique particulière à la Turquie, qui regroupe environ 15 millions de personnes), qui dénonce "la répression des Kurdes, de la gauche, des intellectuels, des écologistes"...

La Turquie est en proie depuis vendredi à un mouvement de contestation sans précédent. Les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.

Hormis deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des quatre derniers jours ont fait plus de 1.500 blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins.

Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités.

La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni.

Une porte-parole du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Mme Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête "rapide, complète, indépendante et impartiale" sur "les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l'Homme".
(AFP, 4 juin 2013)

La CGT condamne la répression, collabore avec le Disk


La CGT condamne avec force mardi "l'usage disproportionné de la violence et l'ampleur de la répression" en Turquie et suit les événements "en collaboration" avec le syndicat turc Disk.

"La CGT condamne avec force l'usage disproportionné de la violence et l'ampleur de la répression, exprime sa pleine et entière solidarité aux manifestants et appelle le gouvernement turc à
respecter les droits fondamentaux internationaux", indique le premier syndicat français dans un communiqué.

La CGT affirme qu'en "collaboration avec l'organisation syndicale Disk, elle suit au plus près les événements et les initiatives qui peuvent être prises pour le respect des droits en Turquie".

Elle rappelle que déjà, à
l'occasion du 1er mai, à Istanbul "quelques 25.000 policiers, des véhicules antiémeutes et des hélicoptères avaient été mobilisés pour empêcher les stambouliotes de manifester à Taksim".

Les violents heurts lors de la célébration du 1er mai à Istanbul avaient fait près de 30 blessés et donné lieu à de nombreuses arrestations.
(AFP, 4 juin 2013)

GUE/NGL condemns Turkish government's violent clampdown on protestors
 

In light of the Turkish government's oppression of mass peaceful protests and its stifling of media reporting, the GUE/NGL Group condemns Prime Minister Erdogan's actions and calls for an immediate end to the violence.
 
GUE/NGL President Gabi Zimmer, said: "We condemn the state violence of the Turkish Government against the demonstrators. The government must stop its authoritarian style of governing and hold talks with the protesters to avoid an escalation of the violence and further victims. Erdogan's actions are creating a dangerous division in Turkish society."
 
GUE/NGL Vice-President Takis Hadjigeorgiou, Member of the Delegation to the EU-Turkey Joint Parliamentary Committee, commented: "We express our solidarity with the demonstrators' demands for respect of democracy and democratic and human rights and freedoms. We call on the Turkish Government to immediately end this violence against its people."
 
According to reports more than 1000 people have been arrested and hundreds injured while several people are said to have died. Turkish anti-riot police are also specifically targeting political parties. 
 
MEP Hadjigeorgiou continued: "These mass protests highlight the numerous and deep-rooted problems the country is facing. Although positive steps have been made by AKP-led governments to limit the role of the army in political life and on efforts to negotiate a solution to the Kurdish problem, the government projects an increasingly more despotic image, which is of course of great concern first and foremost to the Turkish people. Turkey, as a candidate for EU accession, must promote democracy and reinforce democratic and human rights and freedoms." (
www.guengl.eu, June 4, 2013)

Les troubles en Turquie embarrassent les Européens

La brusque flambée de manifestations antigouvernementales en Turquie a pris par surprise les pays européens, qui appellent Ankara à la "retenue" et au "dialogue" en attendant de voir si ce pays sera à son tour saisi par la fièvre qui déstabilise le Moyen-Orient.

Quatre jours après le début des troubles, la prudence prévalait lundi à Bruxelles comme dans la plupart des capitales européennes, témoignant de l'embarras à appréhender la situation.

Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé dimanche sa "vive inquiétude au sujet de la violence qui a éclaté à Istanbul et dans d'autres villes de Turquie", et a "regretté l'usage disproportionné de la force par la police turque". Elle a appelé à un "dialogue ouvert pour trouver une solution pacifique".

L'Allemagne, qui suit "avec inquiétude" la situation, a également prôné lundi le "dialogue" et "l'apaisement".

A Paris, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a appelé dimanche les autorités à faire preuve de "retenue" face aux manifestants et à analyser "les causes" de la contestation.

Mais il a réfuté l'idée d'un "printemps turc", par analogie avec les printemps arabes. "Je rappelle qu'on a affaire à un gouvernement qui a été démocratiquement élu", a déclaré le chef de la diplomatie française.

Sur la même ligne, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a rappelé que le parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la justice et du développement), avait "obtenu un soutien incroyable des électeurs" et que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait "été reconduit à plusieurs reprises". Il l'a toutefois appelé à "répondre favorablement" aux "pressions pour davantage d'ouverture, davantage de liberté de la presse et des réformes dans le sens d'une libéralisation".

Au-delà de ces réactions modérées, "nous attendons de voir l'évolution de la situation au cours des prochains jours. Est-ce un feu de paille ou le début d'une véritable contestation?", s'interroge un diplomate à Bruxelles. "Mais il est à ce stade très hasardeux d'établir des liens avec le Printemps arabe", selon lui.

Sinan Ulgen, un expert turc invité par l'institut Carnegie Europe, estime que "les comparaisons avec les manifestations de la place Tahrir (au Caire) ne sont pas pertinentes" car "il n'y a pas d'appel à un changement de régime comme cela avait été le cas en Egypte".

La prudence des Européens est également liée aux craintes qu'une poursuite des troubles ne rende encore plus compliquée la recherche d'une solution pour mettre fin
à la guerre civile en Syrie, pays voisin de la Turquie.

Négociations UE-Turquie au point mort

Dans l'immédiat, les événements des derniers jours ne devraient pas avoir d'influence sur les négociations en cours entre l'Union européenne et la Turquie sur une éventuelle adhésion au bloc européen. "Cela n'a pas d'effet sur les discussions (...) Je ne vois pas de lien direct", a estimé le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.

De fait, les négociations engagées en 2005 piétinent depuis des mois, en raison de l'hostilité de pays européens, comme la France et l'Allemagne, à une pleine adhésion turque, mais aussi de blocages d'Ankara.

Le 27 mai, l'UE avait indiqué "constater avec beaucoup de regrets que, malgré ses demandes répétées, la Turquie refusait toujours de remplir ses obligations".

Présent ce jour-là à Bruxelles, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, avait réclamé à l'UE de "débloquer le processus", car "à ce rythme, il faudra 50 ans pour l'achever". "Sans la Turquie, l'UE ne sera pas complète, elle n'aura pas de continuité stratégique et géographique", avait-il soutenu.

Daniel Cohn-Bendit, vice-président des Verts au Parlement européen, a appelé lundi l'UE à "accorder plus d'attention aux événements" après "s'être détournée de la Turquie au cours des dernières années". Selon lui, "ouvrir les négociations d'adhésion sur les chapitres cruciaux que sont la justice et les droits fondamentaux serait particulièrement pertinent et opportun".
(AFP, 3 juin 2013)

Reynders appelle au dialogue en Turquie

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders suit de près les événements de ces derniers jours en Turquie. Comme la Haute Représentante de l’UE Catherine Ashton, il regrette que les manifestations pacifiques aient été réprimées d’une façon disproportionnée par des membres de la police turque.
 
Didier Reynders rappelle l’importance qu’il attache à la liberté d’expression et d’assemblée qui contribue à la vivacité de la démocratie. Le Ministre plaide pour recourir à un dialogue ouvert, participatif et franc comme méthode privilégiée de résolution des questions de société conformément aux principes et aux valeurs défendus par l’Union européenne.
 
Le Ministre Reynders rappelle aux touristes belges présents en Turquie de se tenir à l’écart des rassemblements et autres manifestations. (press@diplobel.fed.be, 3 juin 2013)

EU and US concerned by violent police raid against Taksim protesters

The United States State Department and the European Union have expressed their concerns May 31 following the brutal police raids on demonstrators protesting against the demolition of Taksim Gezi Park at the heart of Istanbul.

The Spokesman of U.S. State Department Jen Psaki said that Washington was concerned about the number of injured in the police raids, emphasizing the respect for the rights of the protesters.

“We believe that Turkey’s long-term stability, security and prosperity can be guaranteed with the protection of the fundamental freedoms. That’s what the [protesters] seemed to be doing. These freedoms are very important in a healthy democracy,” Psaski said, adding that they had seen Amnesty International’s report condemning police’s violence.

Psaki also noted that the crackdown of the police forces armed with tear gas and water cannons happened in one of the most touristic places where many of the biggest hotels are located, indirectly warning that a travel advisory for U.S. citizens could be issued. “We will follow regularly the latest developments,” he said.

Meanwhile, the European Commissioner for enlargement Stefan Füle’s spokesperson Peter Stano also stressed that the freedom of assembly should be protected. “The European Commission is concerned about the recurring clashes between police and demonstrators in Istanbul. We condemn all excessive and disproportionate use of force,” Stano said in a statement. Füle will raise the issue during his meeting with Turkish Justice Minister Sadullah Ergin in Istanbul next week, Stano added. 
(hurriyetdailynews.com, May 31, 2013)

Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO

Washington appelle Ankara à respecter la liberté d'expression

Les Etats-Unis ont exhorté mercredi la Turquie, en proie à des manifestations, à respecter la liberté d'expression, se disant "préoccupés" par "toute tentative de punir des individus pour avoir simplement exercé" ce droit.

"Nous sommes préoccupés par toute tentative de punir des individus pour avoir simplement exercé leur liberté d'expression", a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, évoquant ce droit suprême aux Etats-Unis protégé par le 1er amendement de la Constitution.

"Nous condamnons les tentatives de toutes les parties de provoquer des violences", a-t-elle ajouté.

"Nous comptons sur les autorités turques pour faire respecter ces libertés", a affirmé Mme Psaki, énumérant les "libertés d'expression, de réunion, d'association" et l'existence de "médias libres et indépendants" comme piliers nécessaires d'une Turquie stable et prospère.

Depuis près de deux semaines, un large mouvement de contestation contre le gouvernement turc agite le pays, marqué par des heurts entre manifestants et forces de l'ordre.

Ces protestations ont été déclenchées après une intervention brutale de la police le 31 mai pour évacuer les occupants du parc Gezi, voué à la destruction dans le cadre d'un projet d'aménagement de la place Taksim, à Istanbul.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a tenté mercredi de désamorcer la fronde en évoquant l'idée d'un référendum sur ce projet d'aménagement de la place Taksim.
(AFP,12 juin 2013)

Manifestation à New York en soutien aux protestataires de Turquie

Tapant sur des casseroles et brandissant des drapeaux turcs, plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi square Zuccotti à New York, en signe de soutien aux protestataires en Turquie.

"Erdogan écoute ton peuple", pouvait-on lire sur certains panneaux, d'autres demandant carrément la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, confronté depuis la semaine dernière à un mouvement de contestation qui s'est répandu dans toute la Turquie.

"Je veux vivre dans une Turquie moderne, dans une démocratie, pas dans l'ancien temps", expliquait une manifestante, Tezcan Baris, une comptable venue du New Jersey voisin, en brandissant un grand panneau "Resistance for democracy".

"Ceux qui suppriment les droits démocratiques doivent s'en aller", ajoutait une autre protestataire.

"Nous sommes là pour que les gens se rendent compte" ajoutait Volkan Yargici, venu aussi du New Jersey avec son fils de 4 ans. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Assez, c'est assez", ajoutait-il, dénonçant les violences policières et des arrestations "sans raison" en Turquie.

"Nous avons un gouvernement élu mais le Premier ministre se comporte un dictateur", ajoutait un de ses amis.

Un groupe de Grecs très applaudi s'était joint aux manifestants turcs, également soutenus par le mouvement Occupy, qui avait démarré dans ce square Zuccotti à l'automne 2011.

Cette manifestation était la 3e organisée en soutien de la contestation turque en une semaine à New York.

Sous le titre "Qu'est-ce qui se passe en Turquie?", la contestation turque s'est offerte vendredi une pleine page de publicité dans le New York Times, après avoir récolté sur internet plus de 100.000 dollars en cinq jours.
(AFP, 8 juin 2013)

La contestation turque s'offre une pleine page de pub dans le NYT

Sous le titre "Qu'est-ce qui se passe en Turquie", la contestation turque s'est offerte vendredi une pleine page de publicité dans le New York Times, après avoir récolté sur internet plus de 100.000 dollars en cinq jours.

"La population de Turquie a parlé, nous ne serons pas oppressés", affirme cette publicité, dont le titre disparaît partiellement derrière la fumée d'un gaz lacrymogène.

"Durant les dix ans au pouvoir du Premier ministre Erdogan, nous avons vu l'érosion constante de nos droits civiques et de nos libertés. Les arrestations de nombreux journalistes, artistes et élus, et les restrictions sur la liberté d'expression, les droits des femmes et des minorités, montrent que le parti au pouvoir n'est pas sérieux sur la démocratie", ajoutent les auteurs du texte, qui se disent solidaires des "citoyens ordinaires qui protestent" en Turquie.

Ils demandent "la fin de la brutalité policière (...) une presse libre (...) un dialogue démocratique ouvert (...) et une enquête sur les abus de pouvoir récents du gouvernement qui a conduit à la mort d'innocents".

La publicité, signée "Gezi Democracy Movement", du nom du parc d'Istanbul où la contestation a démarré il y a une semaine avant de s'étendre dans le pays, a été payée par une collecte de fonds sur internet, qui en cinq jours a permis de récolter 102.000 dollars, le double de ce qui était espéré.

Plus de 2.500 personnes ont contribué, ont précisé à l'AFP ses organisateurs, l'immense majorité pour des sommes ne dépassant pas 50 dollars.

Une nouvelle manifestation de solidarité est prévue samedi à New York, et ses organisateurs y attendent plusieurs milliers de personnes venues de toute la région.
(AFP, 7 juin 2013)

La fronde en Turquie embarrasse l'allié américain

La fronde en Turquie embarrasse les Etats-Unis qui ont érigé leur alliée en une démocratie islamique modèle pour le monde arabe et sur laquelle ils s'appuient pour régler les conflits en Syrie et au Proche-Orient, relèvent des analystes.

La crise turque est particulièrement épineuse pour Washington car la bête noire des manifestants, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, vient d'être reçu à la Maison Blanche par un président Barack Obama réputé entretenir une relation très chaleureuse avec l'homme fort d'Ankara.

"Les Américains sont vraiment mal à l'aise avec la Turquie qu'ils présentaient il y a peu comme un exemple pour le monde musulman, un pays qui a concilié islam, démocratie et progrès économique", résume pour l'AFP Bayram Balci, chercheur au centre de réflexion Carnegie Endowment.

Depuis une semaine, l'exécutif américain marche effectivement sur des oeufs face à une vague de contestation en Turquie qui l'a visiblement pris de court.

Le secrétaire d'Etat John Kerry a certes condamné l'usage "excessif" de la force par la police turque et réaffirmé l'attachement des Etats-Unis aux "libertés d'expression et de rassemblement". Mais la Maison Blanche s'est empressée ensuite de saluer les "excuses" du vice-Premier ministre Bülent Arinç aux victimes de la répression et les appels au calme du président Abdullah Gül.

Barack Obama n'a pas dit un mot et son vice-président Joe Biden s'est montré fort prudent, qualifiant Ankara d'"allié vital".

De fait, "la Turquie est une alliée stratégique" des Etats-Unis, membre de l'Otan depuis 1952, abonde Steven Cook, du centre de recherche Council on Foreign Relations (CFR).

Mais, critique l'analyste, Washington s'est mis dans une position "délicate en faisant de la Turquie un modèle (démocratique) pour le monde arabe sans jamais dire un mot, par exemple, sur les journalistes emprisonnés", un gros grief d'organisations des droits de l'homme contre Ankara.
(AFP, 7 juin 2013)

Kerry tance l'allié turc pour l'usage "excessif de la force" policière

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tancé l'allié turc lundi en condamnant l'usage "excessif" de la force par la police contre le mouvement de protestation en cours en Turquie.

Le chef de la diplomatie américaine s'est dit "inquiet" des "informations faisant état d'un recours excessif à la force" par la police turque et a réaffirmé l'attachement des Etats-Unis aux "libertés d'expression et de rassemblement".

"Nous espérons évidemment qu'il y aura une enquête complète sur ces incidents et que la police fera preuve d'une grande retenue dans le recours à la force contre ce genre d'incidents", a prévenu M. Kerry qui s'exprimait lors d'un point de presse au département d'Etat en recevant son homologue polonais Radoslaw Sikorski.

"Nous exhortons tous ceux qui sont impliqués --ceux qui manifestent et font usage de leur liberté d'expression et ceux au gouvernement-- d'éviter toute provocation violente", a encore exigé le secrétaire d'Etat, dont le ministère s'était déjà ému vendredi de la réponse policière turque aux manifestations.

M. Kerry a assuré qu'il ne cherchait pas à "interférer" dans les affaires intérieures de la Turquie --très proche alliée de Washington notamment sur le dossier syrien--, mais à réaffirmer des "principes et valeurs universels essentiels à la pratique démocratique".

Les affrontements ont repris lundi pour la quatrième journée consécutive en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'éventualité d'un "printemps turc".
(AFP, 3 juin 2013)

Manifestation à New York en solidarité avec les protestataires en Turquie

Aux cris de "nous voulons la liberté", une centaine de personnes ont manifesté lundi devant le consulat de Turquie à New York, demandant la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et exprimant leur solidarité avec les protestataires turcs.

"Nous voulons la liberté", "Erdogan, démission", scandaient les manifestants, rassemblés à l'angle de la 3e avenue et de la 50e rue sous stricte surveillance policière, à l'heure du déjeuner, a constaté l'AFP.

Certains portaient la photo du Premier ministre accompagnée de symboles nazis, d'autres des drapeaux turcs. "Turquie, tu n'es pas seule", "arrêtez la brutalité policière", dénonçaient d'autres pancartes brandies par les manifestants contenus derrière un cordon de sécurité.

Ces manifestants, turcs pour la plupart, entendaient ainsi afficher leur solidarité avec ceux qui depuis quatre jours manifestent à Istanbul et ailleurs en Turquie.

Des milliers de personnes ont à nouveau envahi lundi soir la place Taksim d'Istanbul, tandis que la police est intervenue pour disperser une manifestation aux abords des bureaux stambouliotes du chef du gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Ankara, sur la place Kizilay, la police est également violemment intervenue pour déloger des centaines de personnes, essentiellement des jeunes étudiants et des lycéens.

Le gouvernement islamo-conservateur turc est confronté depuis quatre jours à sa plus forte contestation depuis son arrivée au pouvoir en 2002.

Il est accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" le pays.

Le Premier ministre Erdogan a cependant estimé lundi depuis Rabat que la situation était "en train de se calmer".

Le ministère de l'Intérieur a fait état de 1.700 interpellations dans plus de 67 villes.
(AFP, 3 juin 2013)

Violences à Istanbul: Washington rappelle à l'ordre son allié turc

Washington a exceptionnellement rappelé à l'ordre vendredi son allié turc au sujet des libertés publiques, condamnant la répression par la police d'Istanbul d'une manifestation contre le gouvernement.

"Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a critiqué la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

"Le meilleur moyen de garantir la stabilité, la sécurité et la prospérité de la Turquie, c'est de respecter les libertés d'expression, d'association et de rassemblement telles que ces personnes visiblement les exerçaient", a poursuivi la responsable américaine, dont le pays est un très proche allié d'Ankara, notamment sur le dossier syrien.

"Ces libertés sont vitales à toute démocratie saine", a encore averti Mme Psaki.

De violents affrontements ont opposé vendredi toute la journée les forces de l'ordre à des manifestants dans le centre d'Istanbul, faisant des dizaines de blessés, à la suite d'un rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé qui a viré en protestation antigouvernementale.

intervient au lendemain d'une réunion à Amman des "amis de la Syrie", dont font partie les trois pays qui ont présenté cette requête. Elle intervient également alors que les efforts diplomatiques se multiplient pour réunir une conférence internationale dite Genève2 pour chercher une issue politique au conflit.

 La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire devenue insurrection armée face à la répression du régime. Plus d'1,5 million de Syriens ont trouvé refuge dans la région depuis le début du conflit tandis qu'en Syrie 6,8 millions de personnes ont besoin d'aide (dont 4,25 millions de déplacés), selon l'ONU.

Une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Melissa Fleming, a expliqué vendredi aux médias que cela faisait désormais sept jours que presque plus aucun Syrien ne franchissait la frontière jordanienne. Le HCR est particulièrement inquiet et demande qu'aucune personne ne soit empêchée de quitter la Syrie.

Sur le terrain, dimanche, le Hezbollah, allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad, est entré à Qousseir, bastion de la rébellion proche du Liban, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le contrôle de Qousseir est essentiel pour les rebelles, car cette ville de 25.000 habitants se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban. La ville est également stratégique pour le régime car elle est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.
(AFP, 31 mai 2013)

Relations régionales / Regional Relations

La CIA entraîne depuis des mois des rebelles syriens

La CIA et des forces spéciales américaines entraînent des rebelles syriens en Jordanie et en Turquie depuis des mois, soit bien avant que la Maison Blanche n'annonce son intention d'accroître son aide "militaire" à l'opposition, rapporte vendredi le Los Angeles Times.

La formation des insurgés comprend le maniement d'armes de guerre antichars et anti-aériennes, affirme le journal, citant des responsables américains et des commandants de la rébellion syrienne.

Ces entraînements, qui n'avaient jamais dépassé dans la presse le stade de la rumeur, ont débuté en novembre 2012 dans une base américaine du sud-ouest de la Jordanie, d'après le L.A. Times, qui explique qu'ils consistent en des sessions de deux semaines pour 20 à 45 combattants syriens rebelles.

La Maison Blanche a annoncé le 13 juin qu'elle voulait apporter un "soutien militaire" aux rebelles syriens, mais sans jamais préciser officiellement s'il s'agissait de fournir des armes. Des analystes pensent que Washington n'enverra pas d'armements lourds et sophistiqués, mais des armes légères qui seraient insuffisantes pour changer le cours du conflit.

Historiquement, la CIA est réputée entraîner et armer en secret des insurgés dans de nombreux conflits du globe, avec l'appui de forces spéciales américaines.

Ni la centrale de renseignements, ni la Maison Blanche n'ont voulu commenter les informations de presse.

Des rebelles de l'armée syrienne libre (ASL) sont formés au maniement de fusils et missiles antichars et d'armes lourdes pour résister aux avions des forces armées syriennes, détaille le L.A. Times, citant un commandant de l'opposition armée.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est envolé vendredi pour le Qatar, où il participera à une nouvelle conférence des "Amis de la Syrie" pour coordonner avec dix autres pays l'aide, y compris militaire, à apporter à la rébellion syrienne.
(AFP, 21 juin 2013)

Les manifestations en Turquie inquiètent les islamistes arabes

Les manifestations dans plusieurs villes turques sont suivies de près dans le monde arabe, inquiétant les dirigeants islamistes qui vantent depuis longtemps la Turquie comme un modèle de réussite de l'islam politique, selon des analystes.

Des milliers de Turcs ont participé à ces manifestations contre le gouvernement, défiant l'appel du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à mettre fin aux pires troubles depuis qu'il est entré en fonctions il y a environ dix ans.

Les troubles ont commencé lorsque la police a brutalement réprimé une petite campagne pour sauver un parc d'Istanbul, se transformant en manifestations à l'échelle nationale contre M. Erdogan et son parti, l'AKP, considérés comme de plus en plus autoritaires. Des évènements que les pays du "Printemps arabe" suivent de près.

L'Égypte et la Tunisie, où les islamistes sont arrivés en tête aux élections, "doivent être inquiètes devant les problèmes rencontrés par la Turquie d'Erdogan, censée constituer un modèle abouti de fonctionnement" de l'islam politique, estime Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes, à Paris.

La Tunisie et l'Égypte, où des révoltes sans précédent ont fait tomber deux dictateurs en 2011 et ouvert la voie aux islamistes, ont à plusieurs reprises vanté la Turquie comme un modèle de démocratie islamiste modérée.

Le parti islamiste tunisien Ennahda, arrivé en tête à la première élection après la révolte, a ouvertement exprimé son admiration pour "le modèle turc", tandis que le président égyptien Mohamed Morsi, qui a prononcé un discours devant un congrès de l'AKP en septembre 2012, a affirmé que le parti de M. Erdogan était "une source d'inspiration".

Mais les deux pays arabes pâtissent d'une polarisation croissante entre islamistes et laïcs, les islamistes au pouvoir étant notamment accusés de ne pas tenir leur promesse de garantir les droits et libertés.

En Egypte, beaucoup font le parallèle entre les manifestations anti-AKP et un rassemblement prévu le 30 juin contre le président Morsi à l'occasion du premier anniversaire de son accession au pouvoir.

Mais des membres du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) de M. Morsi affirment que de telles comparaisons visent seulement à couper l'herbe sous le pied des dirigeants islamistes.

"Ce qui se passe en Turquie n'a rien à voir avec les besoins quotidiens ou économiques. Cela vise à promouvoir l'idée que les régimes islamistes, qui ont fait des prouesses économiques et prouvé au monde qu'ils pouvaient faire face à tous les défis externes, ont échoué", assure Mourad Ali, un responsable du PLJ, dans une interview au quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom.

Mais M. Basbous estime que les manifestations en Turquie servent à rappeler aux libéraux et aux laïcs dans le monde arabe "qu'ils ont été les moteurs du changement" en 2011.

Cela ne se traduira toutefois pas nécessairement en un changement sur le terrain, ajoute-t-il, l'opposition aux islamistes en Egypte et en Tunisie restant faible et peu organisée.

L'analyste politique tunisien Sami Brahem affirme de son côté qu'"il y a des tentatives d'exporter ce qui se passe en Turquie vers la Tunisie. Ce sera difficile d'en faire un mouvement de protestation d'envergure, mais (la situation en Turquie) peut constituer un soutien moral à tous les laïcs face à des gouvernements islamistes".

Certains considèrent que les manifestations en Turquie reflètent un mécontentement à travers la région face à l'islam politique, toutes proportions gardées toutefois: M. Erdogan a été élu trois fois, avec une augmentation constante des votes en sa faveur.

"Au final, ce qui importe ce n'est pas la justesse de l'analogie, mais sa perception publique et sa capacité à frapper les esprits, ce qui semble le cas en ce moment", affirme Hesham Sallam, un politologue de l'Université de Georgetown, aux États-Unis.

Plus de deux ans après les soulèvements, l'Égypte et la Tunisie traversent une crise économique et pour certains spécialistes, c'est l'économie, plus que l'idéologie, qui conduirait à de nouveaux mouvements de protestation.

L'incertitude politique en Tunisie a paralysé les investissements étrangers et menace une reprise du tourisme, qui représente 7% du PIB et emploie quelque 400.000 Tunisiens. L'instabilité en Egypte a les mêmes effets et pèse sur les négociations autour d'un prêt du FMI.

"L'échec des gouvernements à réaliser les promesses (économiques et sociales) peut conduire à un nouveau mouvement de contestation", estime M. Brahem.
(AFP, 9 juin 2013)

Du Maroc, Erdogan assure que la situation est en voie "de se calmer"

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, confronté à une vive contestation populaire, a estimé lundi, au premier jour d'une tournée au Maghreb, que la situation était "en train de se calmer" dans son pays.

"La situation est en train de se calmer. (...) A mon retour de cette visite (au Maghreb, ndlr), les problèmes seront réglés", a affirmé lors d'une conférence de presse M. Erdogan, selon une traduction de ses propos tenus en turc.

Le chef du gouvernement, qui est arrivé au Maroc en début d'après-midi, a par ailleurs accusé ses opposants de vouloir instrumentaliser la contestation.

"Au début, le problème des arbres a provoqué les événements. Mais ensuite les manifestants ont été poussés par des gens qui n'ont pas gagné les élections", a-t-il avancé.

"Le parti républicain (du peuple) et d'autres sont parties prenantes dans ces événements", a ajouté M. Erdogan.

Interrogé sur les propos plus conciliants du président Abdullah Gül, Recep Tayyip Erdogan s'est montré inflexible: "Je ne sais pas ce qu'a dit le président, mais pour moi la démocratie vient des urnes", a-t-il déclaré.

M. Gül avait jugé qu'"une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections". "Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques", avait-il proclamé.

La Turquie a connu lundi sa quatrième journée de manifestations antigouvernementales, et des milliers de manifestants envahissaient à nouveau l'emblématique place Taksim d'Istanbul en soirée, d'après un journaliste de l'AFP.

Partie de protestations contre un projet immobilier qui impliquait la destruction d'un parc au coeur d'Istanbul, la contestation s'est transformée en un vaste mouvement anti-AKP après la répression brutale par la police des premières manifestations.

Ce mouvement est sans précédent depuis l'accession au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan, accusé par les manifestants d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la société turque.

Malgré ces manifestations, qui ont fait un mort et des centaines de blessés à Istanbul et Ankara selon un dernier bilan, Recep Tayyip Erdogan a maintenu sa visite au Maghreb, rejetant toute idée de "printemps turc" et affichant sa fermeté face aux manifestants.

Lundi après-midi, il s'est entretenu avec son homologue marocain, Abdelilah Benkirane, issu tout comme lui d'un mouvement islamiste qualifié de "modéré".

Après sa conférence de presse, M. Erdogan, qui est accompagné de plusieurs ministres et d'une imposante délégation d'acteurs économiques, devait participer à un forum d'hommes d'affaires.

Le Maroc et la Turquie sont liés depuis plusieurs années par un accord de libre-échange et le commerce bilatéral, en hausse constante, atteint 1,3 milliard de dollars.

Après le Maroc, le Premier ministre turc est attendu mardi en Algérie puis le lendemain en Tunisie.

Son retour en Turquie est prévu jeudi.

Avant de quitter Istanbul, lundi matin, il avait redit sa fermeté.

"Nous resterons fermes (...) calmez-vous, nous dépasserons tout ça", avait-il lancé à la presse.
(AFP, 3 juin 2013)

La Syrie retourne avec ironie les mots qu'Ankara avait utilisés contre elle

Le régime syrien savoure sa vengeance et les médias officiels prennent depuis trois jours un malin plaisir à utiliser le même vocabulaire dont la Turquie, soutien des rebelles syriens, a usé à l'égard de Bachar al-Assad.

Raillant les malheurs du gouvernement turc, qui fut un grand ami du régime syrien avant d'appuyer la rébellion, les ministres syriens ont accusé Ankara de "terroriser" sa population et ont décrit le mouvement de protestation comme le "vrai Printemps".

Dimanche, le ministère des Affaires Etrangères a "conseillé" aux Syriens d'éviter de se rendre en Turquie "à cause de la détérioration de la situation sécuritaire".

Plus de 400.000 réfugiés ayant fui les violences en Syrie se trouvent actuellement dans le sud de la Turquie, et Istanbul a récemment accueilli une grande réunion de l'opposition syrienne.

La télévision officielle syrienne, qui n'a jamais accordé d'importance aux manifestations contre M. Assad, couvre les événements en Turquie en continu et a annoncé dans une alerte que les manifestants réclamaient la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

"Vous devez démissionner si vous respectez réellement la démocratie. Le mouvement en Turquie est un vrai Printemps", a lancé à M. Erdogan un expert syrien sur la chaîne officielle al-Ikhbariya.

"C'est une révolution pure car ni le Qatar ni Israël ne sont impliqués", assure la télévision, qui accuse régulièrement ces deux pays de soutenir les insurgés syriens.

Samedi, le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi a repris mot pour mot les appels à la démission de M. Erdogan à l'adresse de Bachar al-Assad.

"Le fait qu'il empêche les manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan est déconnecté de la réalité. Le peuple turc ne mérite pas une telle sauvagerie", a-t-il dénoncé.

Dimanche, le ministre a enfoncé le clou en appelant la Turquie à "libérer tous les prisonniers de conscience" et en estimant que "rien ne justifiait l'arrestation d'un si grand nombre de manifestants pacifiques".

Deux jours de violents incidents ont fait des centaines de blessés en Turquie, où plus de 1.700 manifestants ont été arrêtés. En Syrie, les violences ont fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011 et plusieurs dizaines de milliers de personnes sont détenues dans les prisons du régime, selon des ONG.

Pour Damas, les images de violences en provenance d'Ankara représentent une occasion de rendre la pareille au gouvernement islamo-conservateur d'Ankara.

La Turquie est le principal appui à la rébellion, et la longue frontière commune permet le passage de rebelles et de munitions. Une grande partie du nord syrien est d'ailleurs hors de contrôle du gouvernement, qui accuse son voisin de piller ses usines dans la région d'Alep.

La télévision syrienne accorde une couverture exceptionnelle aux manifestations contre "la junte au pouvoir" en Turquie.

Les médias syriens assurent même que le projet d'aménagement urbain contesté, à l'origine de la révolte à Istanbul, vise à construire un centre commercial "financé par des investisseurs qataris et la famille d'Erdogan".

Les mots comme "protestations populaires", "manifestations pacifiques" et "révolution" utilisés pour décrire ce qui se passe chez le voisin honni, n'ont jamais été employés pour le mouvement de révolte syrien, considéré par Damas comme un complot terroriste international.

Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, résumait ainsi dimanche le sentiment des autorités syriennes: "Après des dizaines de déclarations critiquant la Syrie, le Premier ministre a autorisé ses forces à utiliser une force excessive et la barbarie contre des milliers de manifestants pacifiques".
(AFP, 3 juin 2013)

Manifestation anti-Erdogan à Tel-Aviv

Une centaine de personnes se sont rassemblées dimanche soir devant l'ambassade de Turquie à Tel-Aviv pour exiger la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, selon un photographe de l'AFP sur place.

"Erdogan démission,", "démocratie pour la Turquie", ont scandé les manifestants parmi lesquels se trouvaient notamment des Israéliens d'origine turque. La manifestation s'est déroulée sans incident.

En Turquie, plusieurs milliers de personnes manifestent depuis trois jours contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste, donnant lieu à de violents affrontements avec la police à Istanbul et à Ankara.
(AFP, 2 juin 2013)

Damas accuse Erdogan d'agir de façon "terroriste" contre le peuple turc

Le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a accusé samedi les autorités turques d'agir de façon "terroriste" contre le peuple turc, et a appelé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à démissionner.

"Les revendications du peuple turc ne méritent pas toute cette violence et si Erdogan est incapable d'user de moyens non-violents, il doit démissionner", a déclaré le ministre syrien, cité par la télévision officielle.

"Erdogan dirige son pays d'une façon terroriste et détruit la civilisation et les acquis du peuple turc", selon M. Zohbi.

Au deuxième jour d'un violent mouvement de protestation contre le gouvernement turc, M. Erdogan a sommé les manifestants à Istanbul de cesser "immédiatement" leur mouvement, tout en concédant que la police avait agi de façon extrême contre les manifestants.

"Le fait qu'il réprime des manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan est déconnecté de la réalité", a ajouté M. Zohbi, assurant que "le peuple turc ne méritait pas toute cette sauvagerie".

"Nous souhaitons la stabilité et le calme au peuple turc et nous conseillons la sagesse à Erdogan et qu'il ne traite pas le peuple turc comme il l'a fait avec le peuple syrien", a poursuivi M. Omrane.

La Turquie soutient les rebelles syriens face au régime du président Bachar al-Assad. Elle accueille sur son sol 400.000 réfugiés syriens ayant fui les violences dans leur pays.

Le pouvoir de M. Assad fait face depuis mars 2011 à une révolte populaire violemment réprimée, qui s'est transformée en un conflit armé. Au total, ces violences ont fait plus de 94.000 morts dans le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales.
(AFP, 1 juin 2013)

Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece

Les négociations de paix à Chypre au point mort, pour des mois encore

Les négociations de réunification peinent à reprendre à Chypre, divisée depuis 1974 entre Chypriotes-grecs au Sud et Chypriotes-Turcs au Nord, et des avancées significatives semblent difficiles à court terme malgré les pressions liées à la crise économique.

Les pourparlers, déjà poussifs, ont été suspendus en juillet 2012 par la partie chypriote-turque, qui voulait protester contre le fait que la partie chypriote-grecque assure la présidence tournante de l'Union européenne.

Elu en février, le nouveau président chypriote-grec Nicos Anastasiades a rencontré le dirigeant chypriote-turc Dervis Eroglu la semaine dernière, plus d'un an après la dernière réunion à un tel niveau.

Les tractations et psychodrames ayant précédé cette rencontre -- un simple dîner --, en disent long sur la méfiance entre les deux parties, tandis que l'ONU, déployée depuis bientôt un demi-siècle sur l'île, fait profil bas en attendant des jours meilleurs.

L'île de Chypre est coupée en deux depuis l'invasion turque de 1974, et l'occupation turque d'un tiers Nord, à la suite d'un coup d'État fomenté par des nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher à la Grèce.

Les Chypriotes-turcs se disent prêts à reprendre sans attendre des négociations. Mais les Chypriotes-grecs, insistant sur le fait qu'ils ne se laisseront pas acculer à des compromis, veulent auparavant remettre sur les rails leur économie, durement ébranlée par les conditions draconiennes d'un plan de sauvetage financier controversé.

"Les pourparlers vont commencer aux alentours d'octobre", assure à l'AFP le ministre chypriote-grec des Affaires étrangères, Iaonnis Kasoulides.

De son côté, le négociateur turc, Osman Ertug, se dit conscient des difficultés économiques du Sud: "Mais cela ne devrait pas retarder la reprise des négociations, d'autant que nous avons eu de notre côté des soucis économiques pendant des décennies, et nous n'avons jamais fui la table des négociations".

"Les négociations atteignent un seuil de plus en plus critique", souligne-t-il car "les nouvelles générations s'éloignent l'une de l'autre et la division pourrait finir par devenir permanente".

Le contexte ne semble pourtant guère propice.

Côté turc, M. Eroglu est en pleine tourmente alors que se profilent des échéances électorales, et les manifestations en Turquie accentuent l'incertitude politique.

Côté grec, le président Anastasiades, qui n'a toujours pas nommé de négociateur, "a été très affaibli politiquement" par les mesures drastiques qu'il a dû mettre en oeuvre à la demande de l'Union européenne et du FMI en échange d'un prêt de 10 milliards d'euros pour sauver l'île de la faillite, souligne l'expert politique Hubert Faustmann, spécialiste de Chypre.

Or il est "l'un des politiciens les plus susceptibles de parvenir à une solution", dans la mesure où il a été l'un des rares dirigeants chypriotes-grecs à soutenir le plan de réunification de 2004, accepté par le Nord mais rejeté par le Sud, estime M. Faustmann.

Une fois relancés, les pourparlers risquent fort de faire un bond en arrière.

En effet, M. Anastasiades veut remettre en cause certaines avancées, concernant par exemple le mode de scrutin pour les futures institutions fédérales ou encore la possibilité que certains colons turcs restent sur l'île.

En outre, les Chypriotes grecs veulent que leur représentant puisse aussi négocier avec Ankara, car, souligne M. Kasoulides, "le véritable différend est entre Chypre et la Turquie".

Dénonçant "des complications", M. Ertug réclame dans ce cas de parler directement à Athènes.

Pourtant, Chypre a plus que jamais besoin d'unité, alors que les réserves d'hydrocarbures découvertes au large de l'île apparaissent comme une planche de salut face à une récession historique.

"L'Union européenne a commencé avec le charbon et l'acier, l'Union chypriote peut commencer avec le gaz et le pétrole", espère M. Ertug.

Mais M. Kasoulides rappellent que les Chypriotes-grecs seront consultés par référendum sur toute solution et risquent de se braquer si on leur dit: "Maintenant que vous êtes en difficulté économique, il faut faire des concessions pour résoudre le problème de Chypre".

A court terme au contraire, "la crise financière rend les choses beaucoup plus difficiles", remettant par exemple en cause les compensations prévues pour les propriétaires spoliés, fait-il valoir.
(AFP, 7 juin 2013)

Manifestation de la gauche grecque en solidarité avec les manifestants turcs

Plusieurs milliers de Grecs, essentiellement de gauche, ont manifesté lundi soir à Athènes leur soutien aux manifestants turcs hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui ont affronté la police pour le quatrième jour consécutif, dans plusieurs villes en Turquie.

"L'autoritarisme a été brisé par la rue, solidarité avec le peuple turc", ont clamé près d'un millier de manifestants issus de différents partis de gauche, dont le principal parti d'opposition grec, Syriza gauche radicale.

"De la place Taksim à Athènes, nous luttons contre la pauvreté et la faim", chantaient les manifestants,faisant allusion à la place qui a servi de point de rassemblement aux manifestants.

Au sein des manifestants, qui se sont rassemblés à proximité de l'ambassade de Turquie à Athènes, se trouvaient des réfugiés kurdes qui brandissaient une banderole en grec et en turc demandant un "renversement du régime".

Un groupe plus important de communistes, estimés par l'AFP à 2.000 personnes et à 1.500 par la police, se sont rassemblés séparément à quelques blocs d'immeubles de là scandant: "Travailleurs grecs et turcs unis"

Une manifestation de soutien similaire a eu lieu à Thessalonique dans le nord de la Grèce dimanche.

Les manifestations ont été déclenchées par un problème local d'environnement mais se sont vite transformées en un mouvement de grande ampleur, le plus important auquel le gouvernement d'Erdogan ait eu à faire face depuis son arrivée au pouvoir en 2002.

Syriza, deuxième plus important parti politique du pays, a dénoncé la réaction disproportionnée de la police et demandé aux autorités de l'Union européenne de faire pression sur la Turquie.
(AFP, 3 juin 2013)

Rassemblement en solidarité avec les manifestants turcs

Un millier de militants de gauche se sont rassemblés dimanche soir devant le consulat turc de Thessalonique, dans le nord de la Grèce, pour exprimer leur solidarité avec les manifestants turcs, a-t-on appris de source policière locale.

"Resist Ankara Ismir", "(Recep) Tayyip (Erdogan) dictator, stop police terrorism", "It's not about the parc, it's about human rights", proclamaient en anglais des banderoles des manifestants, selon un journaliste de l'AFP.

Parmi les manifestants figuraient une centaine d'étudiants turcs participant au programme d'échange universitaire Erasmus de l'Université de Salonique.

La plupart des manifestants étaient des militants des organisations grecques de gauche et du principal parti grec d'opposition, la Gauche radicale Syriza.

Des organisations grecques de gauche ont appelé dimanche à de nouveaux rassemblements lundi en fin d'après-midi dans le centre d'Athènes en solidarité avec les manifestants en Turquie.
(AFP, 2 juin 2013)

Enquête policière après l'enlèvement d'un réfugié kurde de Turquie en Grèce

La police d'Athènes a ouvert samedi une enquête après la dénonciation par des ONG de l'enlèvement d'un jeune réfugié turc d'origine kurde dans un quartier du centre de la capitale grecque, a-t-on appris samedi de source policière.

Des avocats du Réseau grec de défense des réfugiés ont dénoncé à la police "l'enlèvement" jeudi soir de Bulut Yayla, un étudiant qui avait été torturé en Turquie et était arrivé il y a environ deux mois à Athènes, où il tentait d'obtenir l'asile politique.

"Alors que le réfugié traversait une rue du quartier athénien d'Exarchia jeudi soir, cinq hommes sortis d'une voiture l'ont attaqué et l'ont poussé dans le véhicule", ont déclaré vendredi dans un communiqué le Réseau de défense des réfugiés et le Conseil grec des réfugiés, une ONG qui dépend de la section grecque du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).

Les ONG soulignent qu'un retour forcé du jeune réfugié en Turquie constituerait "une violation de la Convention européenne des droits de l'Homme".

Elles estiment que la vie de Bulut Yayla "est en danger" et expriment leur "inquiétude, car les autorités turques exercent systématiquement des pressions sur la Grèce pour (l'arrestation) et la remise des réfugiés turcs (aux autorités turques)".

Selon les ONG, la police grecque a nié avoir arrêté le réfugié.

Athènes a été impliqué dans la capture par Ankara en 1999 du chef historique des rebelles kurdes de Turquie, Abdullah Öcalan. Ce dernier s'était caché à Athènes pendant deux jours avant d'être aidé par les services de renseignement grecs à gagner l'ambassade de Grèce au Kenya, où il avait finalement été arrêté le 15 février 1999 par des agents turcs avec l'aide des services de renseignement américains.
(AFP, 1 juin 2013)

Première rencontre depuis un an entre dirigeants de l'île divisée

Le dirigeant chypriote grecque, Nicos Anastasiades, et chypriote turque, Dervis Eroglu, se retrouvent jeudi pour un dîner à l'invitation de l'ONU, la première rencontre à ce niveau depuis plus d'un an.

C'est la première fois depuis son élection en février que M. Anastasiades, président de la République de Chypre, rencontre M. Eroglu, qui dirige la République turque de Chypre Nord, entité autoproclamée sur la partie Nord de l'île occupée par la Turquie depuis 1974.

La partie chypriote grecque a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un événement "purement social", et en aucun cas d'une reprise des négociations, formellement suspendues depuis mi-2012 et qu'elle ne veut pas reprendre avant l'automne.

Seuls participeront au dîner les deux dirigeants et leurs épouses ainsi que le Conseiller spécial de l'ONU sur Chypre Alexander Downer, la représentante spéciale de l'ONU à Chypre Lisa Buttenheim, et leurs conjoints respectifs.

"Cela ne sert à rien de se jeter dans des négociations tant que le travail de préparation n'a pas été fait", a affirmé M. Downer, sans évoquer de calendrier pour une reprise du dialogue.

Signe de l'impasse dans laquelle se trouvent les parties, aucun des deux dirigeants n'a pris la parole à l'issue du dîner, M. Downer s'est cantonné à dire que "la soirée avait été très sympathique", refusant de répondre aux questions de la presse.

"Les dirigeants des deux communautés étaient satisfaits de se rencontrer et son engagés à participer au processus de paix pour trouver une solution aceptable", a-t-il assuré sans élaborer.

Ce type de rencontre exclusivement conviviale a été organisé par le passé à Chypre pour tenter de briser la glace et relancer le processus de paix après un blocage.

Les négociations sur la réunification de l'île, qui étaient au ralenti depuis plusieurs mois, ont été suspendues en juillet 2012 par la partie turque, pour protester contre l'exercice par la République de Chypre de la présidence de l'Union européenne.

Les Chypriotes turcs se sont dits prêts à reprendre sans délai les pourparlers, mais les Chypriote grecs ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas reprendre les négociations avant l'automne, le temps de remettre sur les rails leur économie mise à mal par une sévère récession et un plan de sauvetage européen controversé.

Les Chypriotes grecs ont demandé récemment, pour restaurer la confiance entre les deux parties avant toute nouvelle négociation, une restitution de Varocha, ancien fleuron commercial et touristique de l'est de l'île, actuellement clôturé et sous administration turque. Ils ont proposé en échange une légalisation du port de Famagouste, qui permettrait à Chypre Nord de commercer directement avec l'Union européenne.

Chypre est divisé depuis l'invasion turque en 1974 du tiers Nord de l'île à la suite d'un coup d'État fomenté par des nationalistes chypriotes grecs et visant à rattacher le pays à la Grèce.

Seule la Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord. La République de Chypre, qui rassemble les Chypriotes grecs, est la seule entité internationalement reconnue.
(AFP, 30 mai 2013)


Immigration / Migration


Des dizaines de milliers défilent à Cologne contre Erdogan

Des dizaines de milliers de personnes, répondant à l'appel de la communauté islamique alévie, ont manifesté samedi à Cologne (ouest de l'Allemagne) contre le gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé les organisateurs du rassemblement.

La police de Cologne, interrogée par l'AFP, s'est refusée à donner un chiffre de participation précis, évoquant seulement "plusieurs dizaines de milliers de personnes" pour ce rassemblement qui s'apparente à la plus grande manifestation anti-gouvernementale turque en Allemagne depuis le début de la contestation contre M. Erdogan.

L'afflux de participants a été tel que le défilé prévu à travers les rues de Cologne a dû être annulé, les manifestants se contentant de rester sur une grande place de la cité rhénane.

"Pour la tenue immédiate de nouvelles élections", a lancé le secrétaire général de la Communauté alévie d'Allemagne, Ali Dogan.

Les manifestants, venus de toute l'Allemagne mais aussi de France, de Suisse et d'Autriche, étaient réunis sous ce slogan: "Taksim (le nom d'une place d'Istanbul devenue le symbole de la révolte anti-Erdogan, ndlr), c'est partout. La résistance c'est partout. Finissons-en avec la dictature d'Erdogan". Des pancartes affirmaient: "La révolution vient seulement de commencer" ou "Nous ne sommes pas tous là, il manque les personnes emprisonnées".

Pendant trois minutes, les protestataires ont également adopté la posture de "l'homme à l'arrêt". Cette action pacifique et muette, le regard fixe, adoptée par un artiste stambouliote, est devenue le symbole de la contestation en Turquie. Relayée par les médias et les réseaux sociaux, elle a été adoptée par plusieurs milliers de personnes depuis plusieurs jours en Turquie.

"Nous voulons montrer notre solidarité avec les manifestants en Turquie", a expliqué une jeune manifestante de 19 ans, Laura, qui portait un masque de protection de la bouche pour protester contre l'utilisation de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre turques à Istanbul.

Une minute de silence a également été observée en hommage aux trois manifestants tués lors de la crise.

L'alévisme constitue une branche hétérodoxe de l'islam essentiellement présente en Turquie.

Les Alévis étaient aussi au coeur des protestations en Turquie alors qu'ils ont dans le passé eu à subir la répression de la majorité musulmane sunnite. L'Allemagne, où vivent quelque trois millions de Turcs ou personnes d'origine turque, accueille également quelque 500.000 Alévis qui se présentent volontiers comme libéraux notamment envers les femmes.

De nombreuses manifestations anti-Erdogan se sont déroulées ces dernières semaines en Allemagne, notamment à Berlin, en parallèle à la fronde stambouliote. A Kreuzberg, l'un des quartiers berlinois où vit une importante communauté turque, plusieurs défilés ont été organisés.
(AFP, 22 juin 2013)

Mise au point avec la ministre Joëlle Milquet
 

La ministre de l'Intérieur a réagi à l'article « La vérité dérange, Milquet se venge » publié par
Investig’Action après l'arrestation de Bahar Kimyongür en Espagne ce 17 juin. Dans sa lettre, Milquet dit:

"Cher Monsieur Collon,
 
"J’ai pris connaissance de l’article sur votre site Investig’action relatif à Bahar Kimyongür et souhaite vous faire part des éléments suivants :
 
"L’objectif exclusif de ma visite en Turquie en mai dernier portait sur le renforcement de la coopération relative à la situation des ressortissants belges et européens combattant en Syrie. A aucun moment, il n’a été question du cas spécifique de Monsieur Bahar Kimyongür.
 
"Je n’ai par ailleurs rien à voir avec l’arrestation effectuée en Espagne par des autorités judiciaires indépendantes.
 
"Il s’agit en outre d’un dossier judiciaire, qui n’entre pas dans mes compétences de Ministre de l’Intérieur.

"En restant à votre disposition, je vous prie de croire, cher Monsieur Collon, à l’assurance de ma parfaite considération."

La réponse de Michel Collon à cette lettre se trouvent au lien suivant:

http://www.michelcollon.info/Mise-au-point-avec-la-ministre.html?lang=fr

Duel Hellings-Milquet au Sénat sur l'arrestation de Kimyongür

La question orale du sénateur Benoit Hellings (Ecolo) et les réponses de Joëlle Milquet (vice-première ministre et ministre de l'Intérieur et de l'Égalité des Chances) sur l'arrestation de Bahar Kimyongür en Espagne.

http://www.youtube.com/watch?v=Hq9y5v1Nefc

Kimyongur: «Je soupçonne Joëlle Milquet d'avoir trafiqué sur mon dos»

MARC METDEPENNINGEN
Le Soir, Vendredi 21 juin 2013

INTERVIEW EXCLUSIVE Arrêté alors qu’il visitait la cathédrale de Cordoue avec femme et enfants, Bahar Kimyongur a été libéré mercredi. Il commente son arrestation: « La Belgique, une nouvelle fois, a été l’objet de pressions de l’Etat turc.»

Il était tard. La chaleur renaissante pesait sur Madrid et la prison Soto del Real où le militant d’extrême-gauche belge Bahar Kimyongur avait été emprisonné sur foi d’un mandat d’arrêt international lancé par la Turquie pour un chahut lancé au Parlement européen en 2000 alors que s’y trouvait un ministre turc, décédé depuis… Devant la prison, une foule de journalistes se pressaient. Non pas pour Bahar Kimyongur, mais bien pour une personnalité espagnole, elle aussi libérée, et impliquée dans des faits de détournements.

La veille, Bahar Kimyongur avait été transféré du commissariat de Cordoue dans une camionnette pénitentiaire, entravé, les mains dans le dos, sur les sièges de cuir de ce bahut qui fonçait à vive allure vers le tribunal de l’Audience Nationale de Madrid où le juge Javier Gomez Bermudez devait statuer sur son sort. «Soto de Real était une prison correcte, en regard de ce que j’avais connu à Cordoue dans les cellules rongées par la mérule», esquisse Bahar Kimyongur, quelques heures après sa libération conditionnelle, accordée sous le bénéfice du versement d’une caution de 10.000 euros (rassemblée par sa famille), dont le remboursement est conditionné à sa représentation « à tous les actes de procédure » nécéssités par la demande d’extradition turque.

Dans la cathédrale de Cordoue

Il était 15h45, peut-être 16 h, ce lundi 17 juin. Bahar Kimyongur, son épouse Deniz et leurs deux enfants étaient arrivés à Cordoue, après être passés par Genève, Faro (Portugal). Il voulait contempler, lui le licencié en archéologie et histoire de l’art de l’ULB, ce lieu magique de l’architecture religieuse, d’abord temple romain, ensuite mosquée symbole de l’art des Omeyades, devenue enfin église, puis cathédrale au gré de la Reconquista espagnole du XVIeme siècle. Les enfants étaient sans nul doute fatigués de ces vacances studieuses. « J’étais à la recherche d’une ambiance, comme celle que je connaissais à Antioche, la ville dont ma famille est originaire, raconte Bahar Kimyongur. Les forêts de colonnes de ce bâtiment islamo-chrétien sont merveilleuses. Les enfants étaient exténués. Nous nous sommes assis sur les longs bancs de bois de la cathédrale. On était sur le point de sortir. J’ai vu un jeune homme. Je lui ai demandé où étaient les toilettes ». Son épouse, Deniz, avait mangé une pêche dans l’édifice religieux. Elle a cru que l’intervention policière était motivée par cela. « Ce jeune homme, poursuit Bahar Kimyongur, était un policier en civil. Neuf autres ont fait irruption pour m’arrêter. Il y avait une femme qui parlait vaguement le français. Et dehors nous attendaient trois fourgons. Même mes enfants ont été emmenés au commissariat ».

Transféré à Madrid à l’audience Nationale, Bahar Kimyongur a finalement été libéré sous caution. « Le juge a demandé à la Turquie des précisions sur cette demande d’extradition », précise son avocat belge Christophe Marchand.

Un précédent avec les Pays-Bas

Bahar Kimyongur, acquitté par les tribunaux et Cours belges des accusations d’appartenance à une organisation terroriste (le DHKP-C), avait déjà été arrêté en 2008 aux Pays-Bas. Les services hollandais avaient été renseignés par les services belges, désireux de laver l’affront subi par l’évasion réussie de Fehriye Erdal, cette militante du DHKP-C qui devrait répondre prochainement par défaut devant la cour d’assises de Gand du triple assassinat commis à Ankara dans la tour Sabanci. Les services belges, au cours d’une réunion rassemblant 30 fonctionnaires ministériels et policiers, avaient, comme l’avait révélé « Le Soir » à l’époque, sciemment organisé la livraison d’un ressortissant belge à une puissance étrangère.

Pour Bahar Kimyongur, il n’y a pas de doute. « La Belgique, une nouvelle fois, a été l’objet de pressions de l’Etat turc. Je soupçonne Joëlle Milquet (la ministre de l’Intérieur CDH qui s’était rendue en Turquie à la fin du mois de mai) d’avoir trafiqué sur mon dos. Depuis mon acquittement définitif à Bruxelles, je me suis rendu à une centaine de reprises dans des pays étrangers, sans avoir connu de problèmes. Je crois qu’avoir dénoncé le sale rôle de la Turquie dans le conflit syrien m’a porté préjudice. J’ai mis le doigt où cela faisait mal. Ce n’est pas étonnant de constater que le mandat d’arrêt international délivré contre moi l’a été le 28 mai, soit quelques jours après le retour de Mme Milquet de Turquie ».

Hier, au Sénat, la ministre de l’Intérieur, interpellée par le sénateur Ecolo Benoît Hellings sur l’implication éventuelle des services belges dans l’arrestation de Bahar Kimyongur, a démenti, renvoyant le questionnement à sa collègue de la Justice, Annemie Turtelboom.


Kimyongür a été libéré par un tribunal espagnol

Arrêté à Cordoue, Bahar Kimyongur, ce ressortissant belge victime d’un mandat d’arrêt international délivré par Ankara, devrait rapidement sortir de prison et regagner la Belgique.

Le juge de Madrid, où se traitent les questions d’extraditions, a entendu les arguments de sa défense, suggérant le versement d’une caution de 10.000 euros. Hier soir, des sympathisants de Bahar Kimyongur ont lancé un appel à une récolte de fonds lors d’un rassemblement (non autorisé) devant le ministère des Affaires Étrangères à Bruxelles.
(Communiqué du Clea)

Son avocat belge, Christophe Marchand, s’interroge sur les circonstances de son interpellation en Espagne qui reproduit celle qu’il dût subir en avril 2008 aux Pays- Bas, avec la complicité des autorités belges.

Le sénateur Ecolo Benoît Hellings interpellera aujourd’hui la ministre de l’Intérieur de l’Intérieur Joëlle Milquet (CDH). Lors de son voyage en Turquie, fin mai, elle avait établi des protocoles d’accord avec Ankara sur la lutte contre les opposants du DHKP-C. Bahar Kimyongur en fut le porte-parole du bureau bruxellois. Il fut acquitté après un long parcours judiciaire. 
(Le Soir, 20 juin 2019)

Libérez Bahar Kimyongür, chercheur primé par Info-Türk

Nous venons d'apprendre avec indignation que Bahar Kimyongür, chercheur primé par notre fondation en 2008 pour son travail intitulé "l'impact des coups d'état militaires de 1971 et 1980 sur l'exode de Turquie vers l'étranger", a été arrêté en Espagne par une escouade de policiers en civils, probablement membres de la Sûreté espagnole, alors qu’ils visitaient la cathédrale de Cordoue avec son épouse et ses deux enfants.

Il s'agit d'un nouvel acte inacceptable à l'encontre d'un opposant du régime répressif d'Ankara, fomenté par les services obscures du pays d'origine et des pays européens.

Il s'agit également d'une honte pour les instances européennes de ne pas intervenir alors que la terreur du pouvoir islamiste contre le peuple de ce pays "candidat à l'Union européenne" a atteint un degré insupportable notamment lors de la résistance de Taksim.

Rappelons que Bahar Kimyongür a été primé par un jury présidé par l'historienne Anne Morelli (ULB) et le sénateur-journaliste Josy Dubié le 12 mars 2008 lors d’une cérémonie organisée par des organisations, arménienne, assyrienne, kurde et turque, issues de l’émigration politique en provenance de Turquie, à l’occasion du 37e anniversaire du coup d’état militaire de 1971.

Le concours portait sur l’impact des coups d’état militaires sur l’émigration politique.

Plusieurs personnalités des milieux politique, académique et associatif étaient présentes à la cérémonie déroulée dans les locaux des Ateliers du Soleil à Bruxelles. (Voir)

La Fondation Info-Türk, une des plus anciennes organisations de l'émigration politique en Belgique appelle tous les dirigeants belges, le Premier ministre Elio di Rupo, le ministre des affaires étrangères Didier Reynders et le ministre des affaires intérieures Joëlle Milquet, à intervenir tout de suite auprès des instances espagnoles pour la libération immédiate de Bahar Kimyongür.

Bruxelles, ler 19 juin 2013

Dogan Özgüden
Président
Fondation Info-Türk

Bahar Kimyongur arrêté en Espagne
La visite de Joëlle Milquet en Turquie est-elle à l’origine de cette arrestation? Bahar Kimyongur avait déjà été arrêté aux Pays-Bas grâce à la complicité des services belges. Il sera tranferé demain à Madrid où un juge statuera sur son sort
L’histoire semble se répéter pour Bahar Kimyongur, ce ressortissant belge (il est né dans la banlieue bruxelloise), autrefois poursuivi pour « appartenance à une organisation terroriste (le mouvement d’extrême-gauche Dhkp-c », des faits dont il fut acquitté.

Kimyongour se trouvait en Espagne avec son épouse Deniz et ses deux enfants. Ils ont été interpellés, hier, par une escouade de policiers en civils, probablement membres de la Sûreté espagnole, alors qu’ils visitaient la cathédrale de Cordoue. Bahar Kimyongur a été emmené en détention. Il devait être transféré jeudi à Madrid devant une unité anti-terroriste et présenté au juge appelé à statuer sur son extradition demandée par la Turquie. L’état ottoman réclame depuis des années son extradition pour des « faits de terrorisme ». Le mandat d’arrêt transmis par Interpol avait été suspendu avant d’être réactivé le 28 mai dernier, soit quelques jours avant son départ en vacances. Ce mandat d’arrêt international se fonde sur son intervention lors d’une comparution à Bruxelles de l’ex-ministre de la Justice turc qui avait été verbalement vilipendé par Bahar Kimyongur et ses sympathisants, sans qu’aucune violence n’ait été commise.

L’histoire semble effectivement se répéter pour Kimyongur. Ce diplômé d’histoire de l’art et d’archéologie de l’ULB avait été poursuivi devant les tribunaux de Bruges (5 ans de prison), les Cours d’appel de Gand, Anvers et Bruxelles qui l’avait définitivement acquitté, après un long parcours devant la cour de cassation. Après sa libération, il avait été l’objet d’une surveillance continue de la Sûreté de l’Etat et des unités anti-terroristes de la police judiciaire. Le 28 avril 2008, comme l’avait révélé « Le Soir » à l’époque, il avait été intercepté à Doordrecht (Pays-Bas) dans le but d’être livré à la Turquie, malgré sa nationalité belge. Deux jours plus tôt, une réunion rassemblant 30 fonctionnaires (Justice, Parquet fédéral, police judiuciaire et zonale, etc.) avait mis au point ce scénario de l’interpellation de Kimyongur dans le but de satisfaire les services turcs qui reprochaient aux services belges d’avoir laissé échapper la militante du DHKP-C, Fehryie Erdal, logée dans le « bureau » bruxellois de l’organisation turque, et soupçonnée d’avoir commis trois meurtres dans la tour Sabanci à Ankara. Ces faits ont été dénoncés à la Belgique et devraient faire prochainement l’objet d’un procès d’assises par défaut (Erdal est en fuite).

La livraison de Kimyongur aux Pays-Bas avait fait l’objet de nombreux débats parlementaires. Le dossier relatif à cette affaire est contenu dans un coffre-fort du Sénat. Les proches de Kimyongur s’étonnent de la répétition de cet épisode. « Les agents qui l’ont arrêté étaient en civil, ils ne pouvaient pas savoir qu’il était en Espagne sans l’appui des services belges », estime l’une de ses proches. « Parce qu’il n’y a pas d’enregistrement aux frontières, donc, il devait être surveillé ».

Bahar Kimyongur était revenu ces dernieres semaines au faîte de l’actualité en commentant (dans « Le Soir », notamment) le sort des Belges partis combattre en Syrie. Ses positions, contestées, ont sans doute refocalisé l’attention des autorités turques sur lui et la délivrance d’un nouveau mandat d’arrêt international.
(Le Soir, MARC METDEPENNINGEN, 18 juin 2013)

Appel par
l'équipe Investig'Action

Nous appelons chacun à dénoncer cette violation du droit d'expression, cette basse vengeance des politiciens qui s'alignent sur les Etats-Unis, Israël et la Turquie !

Faites circuler ce message sur le Net, facebook et partout, interpellez vos mandataires politiques et les médias.
Demandez des comptes à la ministre Milquet. Elle ne bouge pas pour aider les parents désemparés, mais se rend complice d'Erdogan pour arrêter Bahar :

Cabinet du ministère de l'Intérieur, 2 rue de la Loi, 1000 Bruxelles
Tél : 02 504 85 40 Attaché de presse : Geoffroy Kensier : 0478 59 41 51
www.milquet.belgium.be

(http://www.michelcollon.info/Bahar-Kimyongur-arrete-La-verite.html?lang=fr)

Appel par le Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association


Dès ce mercredi 19 juin, à 16 heures 30, donnons-nous rendez-vous devant le ministère des Affaires Etrangères (rue des Petits Carmes, entre la Porte de Namur et le Sablon).

Et exigeons «la libération immédiate de Bahar !»…

N.B. Dans sa qualité de Directeur pour la Belgique de l'organisation suisse «Institut international pour la paix, la justice et les droits de l’Homme (IIPJHR)», Bahar Kimyongür joue un rôle très actif dans l'aide des familles belges à retrouver leurs enfants partis sur le front syrien. [Lire]

Par ailleurs, Bahar Kimyongür a joué un rôle actif dans la solidarité envers les manifestants turcs à Istambul et ailleurs en Turquie, se trouvant, d'ailleurs, parmi ceux qui ont appellé à une manifestation de solidarité avec les démocrates turcs le samedi 1er juin à Bruxelles. [Lire]

(http://leclea.be/clea/communiques/19-06-2013_empechons_l-extradition_de_bahar.html)

Autres réactions et données :

Fr. Wallemacq (RTBF-radio-La Première) : “Focus” 18-06-13 - spécial arrestation Bahar Kimyongür (audio)
RTBF-Info : Bahar Kimyongür a été arrêté en Espagne
Secours Rouge : Belgique/Turquie : Bahar Kimyongür arrêté hier en Espagne
•PTB-News : Bahar Kimyongür arrêté en Espagne à la demande de la Turquie : quel rôle joue la Belgique ?
•Bahar Kimyongür interpelle Mme Milquet dans «Ces Belges partis en Syrie» (RTBF-radio-La Première : «Face à l'info» - 13/06/2013 - audio)
•Bahar Kimyongür : «Une ministre belge confirme : Al Qaïda est notre allié indirect en Syrie»

Interview sur les Belges qui se battent en Syrie

Le Soir, Propos recueillis par RICARDO GUTIERREZ, 7 juin 2013

Le Belgo-Turc Bahar Kimyongür, 39 ans, militant d'Attac-Bruxelles, poursuivi pour terrorisme en 2006 mais acquitté en 2009, a un regard tout particulier sur les Belges partis en Syrie pour soutenir la rébellion contre le régime de Bachar el Assad. Il est en effet originaire d'Antioche, dans la province turque du Hatay, par où transitent les jeunes candidats à la résistance.

Que se passe-t-il dans votre région d'origine?

La situation est dramatique. On fait face à de véritables tour-opérateurs du terrorisme international. Pour 200 euros, en quelques heures, un jeune Bruxellois peut se retrouver, via Istanbul, à Antioche, où des recruteurs viendront le cueillir, en camionnette ou en 4X4 rutilant, afin de l'affecter aux brigades internationales de la rébellion: les étrangers de Sham, les Mouhajiroun, voire Al Nosra. Tous les camps de réfugiés syriens, le long de la frontière turco-syrienne, au sud d'Antioche, sont doublés de camps d'entraînement. Les ateliers de fabrication d'armes pullulent. La frontière est une passoire. C'est un vrai far-west. C'est Mad Max !

A entendre les rebelles aguerris, comme Abdel Rahman Ayachi, fils de l'imam franco-syrien Bassam Ayachi, ces volontaires sont des poids morts.

Je suis de près une maman dont les deux enfants sont partis se battre en Syrie. Comme beaucoup de jeunes volontaires, ils sont généralement affectés à des tâches de ravitaillement et de logistique, en arrière-garde. Pour monter au front, les brigades préfèrent les Lybiens, les Yéménistes ou les Tunisiens. Ce qui est inquiétant, c'est que ces jeunes sont exposés à des heures de formation théologique. Un véritable endoctrinement.

Qui sont ces jeunes?

Parfois de simples frimeurs qui rêvent de se faire photographier le lance-roquettes à l'épaule; des idéalistes qui croient sincèrement oeuvrer à la "libération" de la Syrie; des fous furieux, anciens délinquants, qui sont pressés d'en découdre; et puis des idéologues, de vrais djihadistes.

Il y a donc bien un fond religieux.

Certains instrumentalisent la religion pour attiser la haine. Il faut que les parents des enfants qui partent en Syrie sachent que leurs mômes sont embrigadés par des réseaux qui ne sont pas émancipateurs, qui pratiquent la surenchère anti-chiite, anti-alaouite. La Syrie vit sous la coupe d'une dictature militaire, mais j'ai bien peur qu'on remplace un mal par un pire: le djihadisme inféodé aux pays du Golfe.

Que dites-vous aux jeunes tentés par la Syrie.

Qu'ils se trompent de lutte. Que les réseaux qui les embrigadent, infiltrés de criminels sans foi ni loi, distillent la haine. En partant en Syrie, nos jeunes se livrent aux pires islamophobes que je connaisse, les sbires d'Al Qaïda et de Sharia4Belgium.


(Bahar Kimyongür est l'auteur de Syriana, coédité par Investig'Action et Couleur Livres, en 2012)

Un tribunal suisse accorde l'asile à un Kurde

Un tribunal suisse a annulé vendredi la décision de l'Office fédéral des migrations (BFM) de rejeter la demande d'asile d'un jeune militant kurde, estimant qu'il y avait encore pour lui un vrai risque de tortures et de mauvais traitements en Turquie, sous le feu des critiques après la violente répression de manifestations.

Le Tribunal fédéral administratif suisse a fait valoir que bien que des progrès concernant les droits de l'Homme aient sans aucun doute été faits en Turquie depuis 2001, la situation y restait "problématique", d'après l'agence de presse ATS.

Cette décision intervient à un moment où la Turquie fait face à des critiques internationales concernant les violations des droits de l'Homme pendant les manifestations qui la secouent depuis fin mai et qui ont fait trois morts et des milliers de blessés.

L'Office fédéral des migrations de la Suisse avait rejeté en 2011 la demande d'asile de ce militant kurde, dont le nom n'a pas été révélé, considérant qu'il ne serait pas en danger s'il rentrait en Turquie, selon ATS.
 Membre du Parti de la société démocratique (DTP) aujourd'hui interdit par la justice turque car soupçonné de liens avec les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), le jeune homme avait dit s'être fait plusieurs fois menacer et battre par la police. Il avait aussi dit avoir été détenu par les services de renseignement, qui lui avaient ensuite administré pendant deux jours des électrochocs et des coups sur la plante des pieds.

Le BFM avait néanmoins conclu que la Turquie avait fait de considérables progrès en matière de respect des droits de l'Homme, en vue de son intégration à l'Union européenne, et que les actes mentionnés par ce militant n'étaient pas crédibles. Pour l'Office fédéral des migrations, le fait qu'il n'ait pas porté plainte ou tenté de rendre publiques ces exactions, ainsi que l'absence d'un certificat médical donnant le détail de ses blessures, étaient le signe qu'il n'avait pas été maltraité, a expliqué ATS.

Le jeune Kurde avait alors fait appel de la décision auprès du Tribunal administratif fédéral suisse.

Pour le tribunal, il ne pouvait pas être exclu que le demandeur d'asile avait subi des mauvais traitements, ni qu'il avait été torturé, ni qu'il risquait de passer des années en prison pour son militantisme politique s'il retournait en Turquie. Il a en conséquence ordonné au BFM de lui accorder le droit d'asile.

Avec des lois floues sur l'antiterrorisme, les autorités turques peuvent poursuivre leurs citoyens exerçant leur liberté d'expression ou prenant part à des activités politiques légales, a ajouté le tribunal suisse.

Sa décision survient deux jours seulement avant un référendum concernant l'approbation ou non d'un durcissement d'urgence de la législation sur le droit d'asile en Suisse, pays prospère qui fait face à une arrivée en masse de réfugiés.

Avec un réfugié pour 332 habitants, la Suisse est au quatrième rang des pays d'accueil les plus populaires d'Europe, uniquement dépassée par Malte, la Suède et le Luxembourg.
(AFP, 7 juin 2013)

Rassemblement à Strasbourg en soutien aux manifestants de Taksim


Entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées jeudi soir sur une place du centre-ville de Strasbourg pour apporter leur soutien aux manifestations organisées depuis plusieurs jours en Turquie, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Ne touche pas à notre liberté Tayyip"(Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, ndlr), "un pays uni ne sera jamais vaincu", pouvait-on notamment lire sur les pancartes des manifestants, qui se sont déjà réunis plusieurs fois à Strasbourg depuis le début des manifestations en Turquie.

"Montrons-nous solidaires avec les citoyens de la Turquie! Prouvons que là-bas, ils ne sont pas seuls, qu'on les soutient de loin et qu'on refuse de voir notre pays à nouveau divisé", ont exhorté les organisateurs du rassemblement.

Ces derniers avaient appelé les participants à ne pas brandir de drapeaux aux couleurs de partis politiques ou d'associations, pour éviter toute récupération.

Des membres de l'équipe municipale socialiste de la Ville de Strasbourg étaient présents lors du rassemblement.

Des élus municipaux d'origine turque de plusieurs villes de l'est de la France avaient regretté mercredi des prises de position d'élus PS strasbourgeois soutenant ces rassemblements de soutien, dans un texte communiqué à la presse.

Ce soutien "froisse la majorité des associations turques de la ville, favorables en très grande majorité au parti de l'AKP", au pouvoir à Ankara, avaient-ils affirmé.

"Ce qui se passe en Turquie aujourd'hui est très préoccupant, et le rôle de Strasbourg, ville symbole de la démocratie et des droits de l'homme, est d'appeler au dialogue et à la fin des violences", a réagi jeudi le maire PS de la Ville, Roland Ries, dans un communiqué.

Les manifestations en Turquie, qui durent depuis une semaine, ont fait trois morts (deux manifestants et un policier). Le syndicat des médecins turcs a recensé 4.355 blessés, dont 47 grièvement. Le dernier bilan officiel fait état de "plus de 300" blessés.

Le ministre français délégué aux Affaires européennes Thierry Repentin a dénoncé jeudi "la répression policière" en Turquie.
(AFP, 6 juin 2013)

Procès de néonazis en Allemagne : l'un des accusés s'excuse

L'un des cinq néonazis allemands jugés à Munich (sud) pour leur participation à une série de meurtres racistes en Allemagne au début des années 2000, a présenté des excuses aux familles des victimes jeudi.

"Cela me fait une immense peine d'avoir fait ça. Je souhaite m'en excuser (...) Je veux avant tout exprimer mes condoléances aux proches des victimes", a déclaré Holger G., qui comparaît pour "assistance à une association terroriste".

Holger G. est le premier accusé dans ce procès - le plus important concernant des crimes néonazis dans l'Allemagne d'après-guerre - à exprimer des regrets.

Il est accusé d'avoir aidé un groupuscule d'extrême droite, "Clandestinité nationale-socialiste" (NSU) (composé d'Uwe Böhnardt et d'Uwe Mundlos, deux hommes qui se sont suicidés en 2011 et qui sont soupçonnés d'avoir tué dix personnes, dont neuf pour des motifs xénophobes, entre 2000 et 2007, et de leur complice Beate Zschäpe, 34 ans, la principale accusée du procès, qui a échappé à la police pendant des années.

Holger G. est l'un des deux accusés du procès, sur cinq, à coopérer avec la justice. Beate Zschäpe qui est jugée pour sa participation aux crimes, garde un silence absolu depuis l'ouverture du procès.

Holger G. n'a cependant pas reconnu l'intégralité des faits qui lui sont reprochés dans l'acte d'accusation. Il reconnaît avoir aidé le trio dans leur fuite, en leur fournissant des faux papiers, mais il assure ne jamais avoir su ou avoir pu deviner les crimes commis par le groupuscule.

Cette affaire a été caractérisée par une série de scandales autour de l'enquête et a mis en lumière de graves dysfonctionnements au sein de la police et des services de renseignements intérieurs qui semblent avoir fait preuve d'un aveuglement coupable. Une commission d'enquête parlementaire travaille actuellement sur cette affaire.
(AFP, 6 juin 2013)

Manifestation à Bruxelles contre la répression d'Erdogan en Turquie

Quatre cents manifestants, selon les organisateurs, ont manifesté, samedi, de 17 heures à 19 heures, place du Luxembourg, à Bruxelles, pour dénoncer les violences policières en Turquie.

Deux musiciens du groupe Yorum, Muharrem Cengiz et Caner Bozkurt, ont témoigné, dès 13 heures, au Sazz n'Jazz, rue Royale, à Saint-Josse Ten Noode, des émeutes de la place Taskim, à Istanbul. Plusieurs musiciens de Yorum ont participé aux manifestations du parc Gezi, à proximité de la place Taksim, à Istanbul.

Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a ordonné le retrait des forces de police, samedi après-midi, après deux jours de répression policière.

"Cette action écologique pour sauver le dernier ilot vert dans cet océan de béton qu'est devenu Istanbul s'est muée en un mouvement social contre la politique d'Erdogan qui tend à formater la jeunesse et à anéantir toute forme de contre-pouvoir", a expliqué Bahar Kimyongür, militant belge d'origine turque. Une caserne de l'époque ottomane devait être construite sur le site.

Les musiciens du groupe sont régulièrement poursuivis pour leur lien supposé avec le groupement d'extrême gauche turc du DHKP-C. Cinq membres de Yorum ont ainsi été arrêtés en janvier. Les deux musiciens venus à Bruxelles assurent que la population les a largement rejoints dans leur engagement. "A force d'être persécutés, nous avons reçu un énorme soutien de la population. Nombre de personnes se sont auto-proclamées membre du groupe pour ce que nous représentons. Des milliers de poèmes, de partitions et d'enregistrements nous sont parvenus", ont-ils fait valoir (Belga, 1 juin 2013)

Groupe Yorum en concert en Allemagne contre les terroristes nazis

Yorum est le nom du groupe musical le plus populaire de Turquie et sans doute le plus résistant du monde.

La répression, Grup Yorum connaît.

Depuis sa création en 1984, Yorum cumule en effet plus de 400 procès, des dizaines de garde à vue, la prison, la torture, les intimidations, la censure, la destruction par la police de ses instruments de musique et de ses locaux, la confiscation de ses enregistrements audio...

Au fil des années, cette répression a eu pour effet de consolider Yorum et d'accroître son public de manière fulgurante.

Au début, le groupe donnait des concerts quasi clandestins dans les squares des bidonvilles, aux portes des usines, sur les campus universitaires et même parmi les "gueules noires" au fond des mines de charbon.

Aujourd'hui, il compte des millions de sympathisants en Turquie, plus que tous les mouvements de gauche réunis.

Ses concerts se convertissent en manifestations anti-impérialistes monstre.

Le 14 avril dernier, Grup Yorum a réuni 550.000 fans sur la place de marché de Bakirköy à Istanbul.

Ce jour-là, les yankees, l'OTAN, le gouvernement AKP et les fascistes en ont eu pour leur grade ainsi que les mercenaires d'Erdogan qui sèment la mort en Syrie.

Plus qu'un groupe musical, Yorum est un phénomène social qui étonne de nombreux observateurs étrangers peu habitués à voir des centaines de milliers de personnes agitant des drapeaux rouges et levant le poing dans un pays historiquement dominé la droite conservatrice.

Le samedi 8 juin prochain, les musiciens de Yorum se produiront à Oberhausen près de Düsseldorf en Allemagne pour un concert de solidarité avec les victimes des attentats commis par l'organisation fasciste NSU.

Ce concert fait également écho à la mobilisation contre la criminelle néonazie Beate Zchäpe et son réseau terroriste dont le procès pour l'assassinat de dix commerçants étrangers (neuf Turcs et un Grec) se déroule à Munich.

L'entrée du concert de Yorum à Oberhausen est de 10 euros. Des bus affrétés pour l'occasion partiront de plusieurs villes d'Europe. Les frais de transport seront gratuits.

Samedi 8 juin à 17h

Les départs en autocar (de Charleroi, Hasselt, Bruxelles, Anvers et Liège) vers Oberhausen en Allemagne sont gratuits.

Adresse: Arenastrasse 1, 46047 Oberhausen

Pour plus d'information, veuillez contacter le numéro suivant: 0486 846 170
deniz-demirkapi@hotmail.com



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